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Investissez dans votre
capital créatif

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Collection Les communicateurs

La collection Les communicateurs vise à réunir des écrits spécialement


rédigés pour un large public par des spécialistes et des univer-
sitaires qui sont reconnus, chacun dans son domaine, pour leur
avant-gardisme.
Ces ouvrages se veulent donc pratiques, tout en offrant un solide
contenu intellectuel. De ce fait, c’est tout autant au cœur qu’à l’esprit
qu’ils font appel.
Ils sont toujours le fruit d’orateurs de talent, aptes à transmettre
efficacement des messages parfois complexes.
Cette collection, loin de se limiter à un champ d’étude particulier,
est essentiellement ouverte à une recherche d’information et à une
qualité du discours.
Pour tous renseignements sur ces conférenciers ou pour nous
faire part de vos commentaires, n’hésitez pas à communiquer avec
l’éditeur.

Isabelle Quentin éditeur


iquentin@sim.qc.ca
http ://iqe.qc.ca

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Lawrence J-E Poole et Suzy Ethier

Investissez dans votre


capital créatif

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Catalogage avant publication de la Bibliothèque nationale du Canada
Éthier, Suzy, 1952-
Investissez dans votre capital créatif
2e éd. rev. et augm.
(Collection Les communicateurs)
Publ. antérieurement sous le titre: Le quatrième paradigme-- quand l’âme
agit.
Comprend des réf. bibliogr.

ISBN 2-922417-46-8

1. Actualisation de soi. 2. Pensée créative. 3. Changement d’attitude. 4.


Éducation et discipline mentales. I. Poole, Lawrence J.-E., 1948- . II. Titre.
III. Titre: Le quatrième paradigme-- quand l’âme agit. IV. Collection.
BF637.S4P66 2003 158.1 C2003-940653-9

Dépôt légal :
Bibliothèque nationale du Québec • Bibliothèque nationale du Canada
Imprimé au Canada

Diffusion Amériques :
Somabec
B.P. 295, 2475 rue Sylva Clapin
St-Hyacinthe (Québec) J2S 7B6
Téléphone : (514) 467-8365 • 1-800 361-8118
http://www.somabec.qc.ca

Diffusion Europe :
D.E.Q.
30, rue Gay-Lussac
75005 Paris
Téléphone : 01.43.54.49.02
http://www.libriszone.com/lib/indexquebec.htm

Sauf à des fins de citation, toute reproduction, par quelque procédé que ce soit, est interdite sans
l’autorisation écrite de l’éditeur.
Révision : Catherine Saguès
Couverture : Trait d’union
Photo de la couverture : Nancy Lessard
Conception graphique et montage intérieur : Olivier Lasser et Trait d’union
© Isabelle Quentin Éditeur, 2003
http://iqe.qc.ca
ISBN : 2-922417-46-8 2 3 4 5 05 04 03

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Table des matières

Avant-propos 9
Préface 13
Le capital créatif, la plus précieuse de nos ressources 5
naturelles 13
Chapitre 1 L’esprit préparé 15
Une ère de changements 17
Les paradigmes agricole, industriel et informatif 20
Le quatrième paradigme : une transformation globale 22
La nature du changement 26
Chapitre 2 Le monde des paradigmes 31
Le paradigme individuel 32
Conscience, cerveau et couloirs neurologiques 33
Une question de perception 35
La structure du paradigme 37
Un nouveau contexte social 39
Le contexte et le contenu 41
La formation du paradigme 41
Les empreintes physiques 43
Les empreintes environnementales 43
Les empreintes philosophiques / sémantiques 44
Les empreintes morales 45
Les empreintes expérimentales 45
Le langage des paradigmes 46
L’effet du paradigme 46
La paralysie due au paradigme 48

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

L’échange de paradigmes 48
Le comportement paradigmatique 49
Le complexe paradigmatique 50
Le flexi-paradigme 50
Les pionniers du paradigme 50
L’autorité paradigmatique 51
Le paradoxe du paradigme 51
Chapitre 3 Une nouvelle perspective 53
Une sphère de conscience limitative 57
Le paradigme réactif 58
Le paradigme proactif 60
Le paradigme créatif 62
Le paradigme évolutif 64
La nature de l’évolution 65
Chapitre 4 L’intelligence créative 69
6 Les domaines de la créativité 71
Le processus créatif 74
Le paradigme réactif : stimulus / réaction 74
Le paradigme proactif : stimulus / je 74
Le paradigme créatif : stimulus / choix / perception /
imagination / intention / action 75
Les attributs du créateur 78
Des limites à transcender 79
La réponse « non-relaxe » 80
La peur 83
La perception fataliste 84
Le manque d’intention évolutive 85
Chapitre 5 Connais-toi toi-même 89
Nos zones d’influence 89
Les hémisphères du cerveau et la perception dualiste 91
Les caractéristiques de la conscience 97
Le rythme d’ondes cérébrales 99
Bêta : l’état de veille 100
Alpha : l’état méditatif 100
Thêta : la visualisation créative, le rêve ordinaire ou
l’état de rêve lucide 100
Delta : la conscience silencieuse du sommeil ou
la méditation profonde 103

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Table des matières

Oméga : l’état de béatitude, de Lumière Pure 104


La clé de la créativité 105
Chapitre 6 Motivation et volonté 111
La motivation humaine 111
Les principes d’une motivation créative 113
Le paradigme de la pensée est une boucle fermée 114
La solution d’un problème ne peut pas se trouver au
même niveau de compréhension que le problème 115
Résoudre ses problèmes est un besoin 116
La motivation est l’impulsion intérieure qui pousse à
satisfaire tous ses besoins 117
Un besoin satisfait n’est plus motivant 118
Un besoin non satisfait motive négativement 118
L’échelle de la motivation 118
Les besoins physiques 120
Les besoins de sécurité 120
Les besoins sociaux 121 7
Les besoins d’ego 123
Chapitre 7 Métamotivation 125
Au-delà des limites égocentriques 126
Les besoins de qualité de vie 126
Le besoin d’évolution 127
Le besoin d’actualisation 129
Le besoin de pensée... d’un ancien à un nouveau paradigme 131
Le besoin de puissance 132
Le besoin de superconscience 133
La 11e dimension ou la poursuite de l’idéal 135
La 12e dimension où tout est Un 136
Les besoins organisationnels 138
Chapitre 8 Le paradigme évolutif 139
L’identité ultime 141
Tout est absolu, relativement 142
L’ordre créatif et ses plans de conscience 144
La magnitude 145
L’amplitude 147
La fréquence 152
Les humeurs et la pensée 152
L’esprit sain 155

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

L’intelligence du corps 156


Chapitre 9 La gestion du capital créatif 159
La puissance personnelle 160
L’investissement de notre énergie 162
L’énergie est transactionnelle 163
Les cinq attitudes du fin stratège 165
La gestion créative de soi 170
Soyez un chasseur 170
Soyez un rêveur 171
Soyez un clairvoyant 172
Soyez un guerrier 174
Soyez un maître-communicateur 175
La transformation par tâches 175
Pourchasser 176
Rêver 178
Voir clairement 181
8 Devenir guerrier 185
Communiquer créativement 189
La volonté d’agir et l’actualisation 191
Chapitre 10 Une passion pour la vie 193
L’évolution humaine est une obligation personnelle 194
Développer sa passion 196
Un saut conscient dans l’inconnu 199
Mes 10 meilleurs conseils pour une vie magique 200
Cocréer notre futur collectif 205
Liste des synthèses 208
Liste des exercices 209
Remerciements 210
Les auteurs 211

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Avant-propos

J
e devins conscient de la noirceur. C’était un noir épais comme
un velours mat. Je me rappelai ma vie. J’étais dans la noirceur
me rappelant ma vie.
Il était 11 heures, le 20 août 1977, et ces minutes de rémi-
niscence signalaient le début d’un voyage qui n’aura pas de fin. 9
À 3 h 20, ce même matin, j’avais eu un accident de voiture dans
lequel ma vie d’homme d’affaires, de père, d’époux, de fils et de com-
pagnon, se termina brutalement. C’était un accident spectaculaire.
J’ai toujours aimé le spectacle, mais cette fois-ci, j’étais l’antihéros
d’une aventure qui m’a conduit à plusieurs reprises aux portes de
la mort. Durant les éternités que j’ai passées suspendu au-dessus
d’un abîme appelé survie, je suis devenu conscient de moi, de la
continuité de la vie comme d’une succession d’instants s’égrenant
un à un, un précieux moment après l’autre.
Mon introspection était continuellement interrompue par la
réalité: j’étais divisé entre ma lutte consciente pour vivre et une
analyse de mes souvenirs. Après quatre jours de combat et deux
morts cliniques, mon cœur cessa de battre et je me retrouvai hors
de mon corps, sans douleur pour la première fois depuis l’accident.
Du plafond où mon moi intégral avait le sentiment de se trouver,
je regardais la scène d’un œil calme et détaché. Un ami entraînait
rapidement ma femme en dehors de la chambre, tandis que les
infirmières tentaient de joindre l’équipe de réanimation cardiaque.
Présent depuis plusieurs heures, un médecin s’affairait autour de
moi; sachant l’état de mes côtes, mon sternum et mes clavicules
brisés, je voyais son hésitation à me toucher. Il se mit à m’appeler,
à me conjurer de revenir. J’étais totalement détaché de ses appels…
il n’y avait plus de souffrance.

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

J’observais mon corps relié aux appareils; des tubes sortaient


de mes bras, de ma bouche, de mon nez et de ma gorge. J’étais un
beau gâchis. Je commençais à me sentir abattu lorsqu’à l’intérieur de
moi j’entendis une voix qui disait: «Il n’y a pas de mots plus tristes
que les mots “Cela aurait pu être…”» À l’extérieur, une autre voix
attirait mon attention; désespéré, le médecin m’implorait: «Reviens
pour Natalie.» À ces mots, je fus rempli d’émotion, d’un sentiment
d’amour sans pareil; j’explosai en 1000 morceaux de lumière et réin-
tégrai mon corps, immédiatement conscient de la douleur. Natalie
est ma fille; elle avait alors six ans.
Plus tard, malgré mon état critique, je tentai de me remémorer
«quelque chose de particulier». Je remontai le temps, revivant mes
expériences, cherchant à me rappeler. J’avais été entrepreneur, ges-
tionnaire, conseiller technique, représentant, analyste de marché,
commis et matelot de l’État à ma sortie de l’école. Je continuai à
reculer et m’arrêtai à mes huit ans.
10 Je me rappelai que mon frère aîné avait gagné un livre dans un
concours d’étudiants. Il l’avait offert à mon père qui me le donna,
m’engageant à le lire et me promettant la somme rondelette de 20$
si je répondais à 50 questions. Pour bien le comprendre, je le lus
à trois reprises, l’appréciant chaque fois un peu plus. À la surprise
de mon père, je répondis aux questions et acceptai un modeste 5 $
qu’il réussit à me négocier. Ce livre racontait l’histoire d’un homme
à la recherche de son frère. Je me souvins, tout à coup, de ce que je
cherchais de «particulier» et qui émergeait de la conclusion de ce
livre: l’auteur disait que tout individu cherche la paix, la compréhen-
sion et la joie, et que celles-ci se trouvent à l’intérieur de chacun.
Je revins à moi à une vitesse étourdissante et rencontrai la douleur.
Avant qu’elle ne m’emporte de nouveau, je pris rendez-vous avec
le destin, me promettant de trouver mon oasis, mon îlot de paix
intérieure et sa promesse de joie.
1980

A
yant connu la mort, perdu l’usage de mon corps et vu ma car-
rière s’interrompre brutalement, il semblait qu’il ne me restait
plus rien. Je n’avais plus de travail, peu de ressources financiè-
res, et tous les aspects de ma vie étaient affectés. Mais parce que
j’étais déterminé à vivre, j’entrepris de faire le bilan de mon passé,

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L’ e s p r i t p r é p a r é

d’examiner l’homme que j’étais et d’imaginer celui que je pouvais


encore devenir. Je créai mon dossier du futur dans lequel j’inscrivais
tout ce que je voulais et que je pouvais encore faire. Je remplis ainsi
plus de 300 pages.
Cet exercice me permis de réaliser que, malgré le handicap, je
possédais toujours les connaissances, les qualités, les compétences
et les habiletés qui m’avaient bien servi lorsque j’étais ambulant.
J’étais curieux, résolu et suffisamment créatif pour savoir qu’il me
faudrait apprendre comment reconfigurer les liens entre tous ces
morceaux pour refléter la personne que je m’apprêtais à devenir. Je
n’avais aucune idée de la façon dont je pouvais encore être actif et
productif, mais mon intuition me disait que ce n’était qu’une ques-
tion de temps. Malgré ma grande faiblesse, je me sentais habité
d’une force intérieure dont j’avais souvent ressenti la présence, mais
qui maintenant s’imposait avec puissance.
J’appris rapidement que je pouvais cultiver et utiliser cette
force pour créer une vie à ma mesure, tenant compte des récen- 11
tes expériences ayant transformé ma façon de voir et de penser.
Je savais que je devais croître au-delà de ma difficile situation si
je voulais en relever les multiples défis. Mais, je savais également
que, pour entreprendre avec succès cette immense tâche, je devais
devenir plus puissant, plus créatif et stratégique, plus discipliné, et
certainement beaucoup plus heureux que je ne l’étais au moment
de l’accident qui m’a paralysé. Dans les années qui suivirent, je me
concentrai sur cet apprentissage personnel, loin de penser que la
compréhension et l’intégration de cette démarche, de ce nouveau
savoir-être, deviendrait l’œuvre de ma vie.
À travers mes recherches et mes expérimentations, je pénétrai
de plus en plus profondément les secrets de l’évolution humaine,
de la motivation, de la puissance personnelle et du potentiel créatif.
Je compris que de la somme de mon savoir, de mes talents et de
mes compétences, alliée à ma créativité et à ma force intérieure,
résulterait un extraordinaire cocktail que j’appellai mon capital créatif.
Étant la seule chose sur laquelle je pouvais exercer un véritable
contrôle, je réalisai que mon actualisation personnelle et profes-
sionnelle dépendait totalement de la façon dont je développerais
et investirais ce capital.

Lawrence J-E Poole


2003

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

J
’ai rencontré Lawrence près de 10 ans après ces événements.
Nous avons rapidement fraternisé. J’étais non seulement fasci-
née par son histoire, mais également par la façon dont il avait
reconstruit sa vie autour de la joie, malgré sa paraplégie et les limi-
tes imposées par l’utilisation d’un fauteuil roulant. Pendant sa très
longue période d’immobilisation et d’introspection, il avait compris
que l’esprit humain est l’outil le plus extraordinaire qu’il nous ait été
donné. Avec l’intention de démystifier ce qu’il avait vécu et d’en tirer
une conclusion significative, il avait entrepris de se connaître lui-
même, d’étudier sa propre neurologie et physiologie, et d’explorer
les religions comparées, l’histoire, la mythologie, l’évolution de la
conscience, le potentiel humain, les philosophies occidentales et
orientales, ainsi que la physique quantique. De cette recherche et de
ses expériences à travers la mort émergea la théophysique, la science
de la créativité, un modèle mathématique qui considère l’énergie
créative comme une ressource pouvant être utilisée à volonté.
12 Je participai à un premier séminaire sur le sujet, organisai le
second, puis remis les clés de mon entreprise à mes collègues.
Séduite par la passion et la force intérieure qui animaient Lawrence,
je décidai de tenter moi-même l’expérience et de réorienter ma
démarche personnelle en utilisant la logique évolutive qu’il avait
intégrée à sa vie. Demandez et vous recevrez, dit la parole de
sagesse. Avec le temps, j’ai compris que demander n’est pas un
acte de foi, mais l’expression de gestes concrets qui résultent d’une
décision de se libérer des limites imposées par notre façon de voir
et de penser. Aujourd’hui, je vois ma vie comme une œuvre d’art
en constante évolution, le résultat d’une intensité de joie, d’une
discipline et d’une intention créative.

Suzy Ethier

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L’ e s p r i t p r é p a r é

Préface

Le capital créatif, la plus précieuse de nos


ressources naturelles

Plus de 25 ans après que le destin ait complètement modifié le 13


cours de ma vie et réorienté ma carrière, j’enseigne qu’il existe trois
façons d’assurer le succès d’une personne, d’une entreprise ou d’une
société: elle doit ajouter une valeur à son capital structurel, son capital
client et/ou à son capital créatif.
Le capital structurel est l’ensemble des processus, des métho-
des, des biens immobiliers et des infrastructures qui sont des pro-
priétés exclusives. Le capital client est la relation commerciale qui
existe, ou qui peut être développée, avec les clients et fournisseurs
et le capital créatif est le savoir, l’expérience et la créativité d’un
individu ou des ressources humaines d’une entreprise. Il inclut la
connaissance de soi, la conscience sociale, l’habileté de se gérer,
l’automisation et l’actualisation créative.
Or, de ces trois capitaux, le capital créatif est le plus important
car c’est celui qui valorise les deux autres. Dans un marché fluc-
tuant et un environnement qui change à la vitesse de la pensée,
toutes sortes de situations difficilement contrôlables peuvent vite
affecter les sociétés et altérer leurs processus et structures. La
personne qui apprend comment penser et agir avec créativité est
mieux outillée pour comprendre les événements inhabituels et les
nouveaux problèmes et, par conséquent pour innover avec de nou-
velles solutions.
Investissez dans votre capital créatif nous apprend qui nous sommes
et pourquoi. Il débute avec la compréhension que chaque personne

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF Préface

est unique dans sa manière de penser et de percevoir et propose


que ce paradigme personnel est ce qui donne forme et signification
au monde qui nous entoure. Ce modèle qui nous définit est réactif,
soumis aux aléas de la vie, ou proactif, c’est-à-dire conscient de
pouvoir changer. En poursuivant son développement, il peut devenir
créatif, maintenant le cap en direction de la joie et de la passion.
Évolutif, le quatrième paradigme engage totalement son capital
créatif dans l’actualisation de sa vie.
Pour tous ceux et celles qui veulent apprivoiser l’art de vivre, cet
ouvrage est un guide logique qui vise à faciliter le passage d’une
façon réactive de vivre sa vie à la magie qui découle d’une attitude
puissante. Il offre un contexte objectif qui explique la conscience
humaine et son évolution à la lumière des dernières découvertes
de la science. Parce que je connais la valeur de notre capital créatif,
je considère que cette précieuse ressource est indispensable à la
transformation personnelle et collective, et essentielle pour relever
14 les défis.

Lawrence J-E Poole

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1
L’esprit préparé

J
’aime beaucoup cette phrase de Louis Pasteur : « La chance favo-
rise l’esprit préparé. » Lorsque je l’ai lue pour la première fois, 15
elle m’a profondément touché, comme si elle m’était adressée.
Toute ma vie, on m’a accusé d’être chanceux. « Toi, me disait-on,
tu es une de ces personnes chanceuses. » Pourtant, j’ai eu un acci-
dent de voiture qui m’a cloué dans un fauteuil roulant. Pendant
les semaines passées aux soins intensifs, les longs mois d’hôpital
et les années qui ont suivi, j’ai été déclaré mort à quatre reprises.
Étrangement, durant ce douloureux chemin, on me répétait :
« Ouais ! Mais toi, tu es chanceux. »
Ma fille Natalie m’a un jour confié que ses collègues de l’uni-
versité lui disaient souvent combien elle était chanceuse. Suzy m’a
également mentionné que ce leitmotiv était courant dans sa vie.
En effet, j’ai souvent entendu ce genre de commentaires de la part
d’individus qui considéraient travailler très fort plutôt que d’être
bénis par la chance et je comprends pourquoi le sujet est géné-
ralement accompagné d’un certain ressentiment. À moins d’avoir
personnellement vécu l’expérience, il est difficile pour ceux qui ne
se considèrent pas chanceux d’apprécier le travail qui réside der-
rière les événements presque magiques de notre vie. Ils perçoivent
la chance comme totalement étrangère à l’individu qu’elle semble
honorer, sans raison aucune, comme par hasard. Ainsi, c’est souvent
dans les yeux des autres que nous sommes chanceux.
Je ne peux m’empêcher de sourire à cette réflexion. J’ai changé
d’avis. Je suis un homme chanceux. Malgré ma compréhension

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

de la chance dans ma vie, je peux maintenant affirmer que je me


considère l’homme le plus chanceux sur la terre. La chance, ce
mot abstrait qui échappe à plusieurs, n’attendait qu’une définition
sensée pour que je l’adopte et l’intègre définitivement : la chance
survient lorsque la préparation croise l’opportunité.
Par expérience, je peux vous assurer que malgré la simplicité
de la recette, le gâteau est délicieux. Dans un monde en perpé-
tuelles mutations, les circonstances favorables ne manquent pas,
mais seules la préparation et l’intention dictent celles que nous
poursuivrons. La préparation donne l’occasion de participer pleine-
ment aux événements de notre vie. Elle peut prendre de multiples
formes : on peut se préparer physiquement, intellectuellement et
même spirituellement à vivre des changements ou à les provoquer.
Sans préparation, l’occasion qui serait bénéfique est fréquemment
perçue comme une perturbation ou un obstacle.
Apparentée au hasard, la chance est souvent décrite comme
16 un heureux événement qui se produit sans que nous soyons néces-
sairement engagés dans sa manifestation. La loterie en est un bel
exemple, puisque gagner un million, c’est être chanceux, dit-on.
Quoique cette possibilité soit mince1, encore faut-il prendre un billet
pour avoir la chance de gagner !
La science suggère que le pur hasard n’existe pas, parce que les
lois universelles et naturelles s’appuient sur un principe créatif qui
gère la loi de cause à effet. Lorsque nous constatons un effet, nous
pouvons sans crainte affirmer qu’une cause le précède et qu’elle
peut être vue à travers le continuum espace/temps. Parce que nous
pouvons percevoir l’effet sans comprendre la cause, il est facile de
l’identifier à un pur hasard. Depuis ces dernières années, les physi-
ciens ont déterminé que différentes sortes de causes existent que
celles qui s’expliquent par des relations linéaires. Dans la nature,
les causes sont associées aux forces et non aux choses. Composé
de champs d’énergie contenus par des forces interdépendantes,
l’univers est constamment en changement.
Aujourd’hui les chercheurs comprennent que l’existence elle-
même est créée et maintenue à l’intérieur d’une toile complexe de
relations de causes et d’effets et que tout l’univers répond à chaque
événement et à chaque individu, simultanément. Or, qu’on y pense

––––––––––
1 Selon Loto-Québec — 6/49, il y a un numéro gagnant pour 14 millions de perdants.

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L’ e s p r i t p r é p a r é

peu, qu’on la remarque ou pas, la loi de cause à effet de la nature est


toujours active. La chance n’est pas un hasard, elle est influençée.
Nous expliquerons dans ce livre comment le changement est
une magnifique source d’opportunités. De plus, nous démystifierons
de quelle façon la préparation, comme cause, pourrait avoir comme
effet une vie d’intelligence créative, de passion et de puissance
personnelle. La loi est une carte et la carte est un processus. La
puissance personnelle est un résultat de ce processus.

Une ère de changements

Notre monde se transforme à toute vitesse. Nous avons vécu plus


de changements dans ce siècle que depuis le commencement des
temps et plus encore dans la dernière décennie que dans les 100
dernières années – des récessions / dépressions à Internet et son
Web. Les comportements sociaux et individuels, la dégradation de 17
l’environnement, la vitesse des communications, les découvertes
technologiques et médicales, le concept du travail, la violence géné-
ralisée, l’éveil spirituel, la crise dans l’éducation ainsi que dans les
valeurs morales et religieuses ne représentent que quelques-uns
des changements qui s’imposent à nous. La rapidité avec laquelle ils
apparaissent et cherchent à s’implanter socialement et individuelle-
ment provoque une résistance face à leur inévitable intrusion.
Personne n’a pu prédire l’orientation de notre propre époque,
chaque décennie nous ayant surpris. Aujourd’hui, toutes les organi-
sations font face au plus sérieux dilemme de leur histoire : évoluer
ou disparaître. Tout comme les dinosaures qui ne purent s’adapter
rapidement à l’ère glaciaire, l’individu ou l’organisme qui résiste
aux extraordinaires transformations de notre temps sont appelés
à disparaître. Nous pouvons maintenant constater que la force
invisible de cette résistance provoque des situations nuisibles à
la santé et la croissance des individus : stress, surmenage, épuise-
ment, maladies dites de société (embolies cérébrales, problèmes
cardiovasculaires et pulmonaires, cancers). Elles sont à la fois
symptômes et mal/aises.
Le rythme des transformations globales nous propulse au-
delà de notre modèle traditionnel de gestion personnelle et pro-
fessionnelle ; sa vitesse nous pousse à dépasser la force d’inertie
provoquée par la résistance que nous éprouvons à changer. Nous

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

devons maintenant transcender nos limites actuelles et apprendre à


« gérer d’avance les conséquences d’événements qui ne se sont pas
encore produits2 ». Malheureusement, de plus en plus d’individus
sont dépassés et stressés par tous ces changements qui les fati-
guent et les dépriment.
Depuis que Suzy et moi enseignons comment développer son
capital créatif, nous avons posé la question suivante à plus de 2000
personnes : « Si vous aviez subitement deux jours à vous seul, que
feriez-vous de ceux-ci ? »
Imaginez deux jours sans avoir de compte à rendre à personne : que
feriez-vous ? Fermez les yeux et prenez quelques instants pour répondre
à cette question.
Comme la majorité des participants, peut-être avez-vous
répondu « dormir » ou « lire tranquillement un bon petit livre, me
détendre dans une baignoire à remous, me cacher dans un coin
18 sauvage à la campagne. »
Nous posons également une autre question qui demande une
projection à plus long terme : « Si vous aviez tout le temps, tout
l’argent et toutes les ressources au monde, quel rêve de vie réali-
seriez-vous ? »
Encore une fois, prenez quelques instants ou quelques jours pour réfléchir
à cette question.
Si vous avez répondu : « M’acheter une maison au bord d’un lac
ou d’une plage, voyager, faire le tour du monde, etc. », vous rejoignez
l’esprit de la majorité des répondants. Toutefois, peu d’entre eux
savent réellement où ils veulent aller, à peine sont-ils conscients
qu’ils veulent quitter leur ici, leur vie actuelle et le stress qui l’ac-
compagne. On sait aujourd’hui que le stress est la cause de plus de
75 % des maladies ou mal/aises physiques, émotifs, psychologiques,
voire spirituels3. Fléau des entreprises, les surmenages (burn-out)
sont aujourd’hui monnaie courante, tandis que les victimes du burn-
in, eux, cachent leurs symptômes et « brûlent » tranquillement à
leur poste de travail. Malgré les récentes découvertes médicales,
les gens sont plus malades que jamais.
À l’inverse, certaines personnes sont excitées par les change-
ments et stimulées par le mouvement qu’ils entraînent. Elles voient
––––––––––
2 Davis, Stanley M. Future Perfect, Addison Wesley, 1987.
3 Dr Earle, Richard et Dr David Emery. The Vitality Quotient, Random House, 1989.

01 Chapitre 1 18 4/29/03, 09:30


L’ e s p r i t p r é p a r é

et saisissent les occasions qui se présentent pour réorienter leur


carrière et leur vie. La différence entre ces deux groupes d’individus
est tellement notable qu’elle mérite d’être explorée. En fait, tout cela
n’est qu’une question de paradigme, mot qui explique notre façon
de voir la vie, de réagir différemment à des situations semblables.
Les changements rapides qui se produisent à l’échelle plané-
taire nous affectent socialement et nous forcent à changer indivi-
duellement, qu’on le veuille ou non. Personne ne s’est réveillé un
bon matin décidé à changer pour le plaisir de le faire ; changer n’est
pas nécessairement plaisant ou facile. Or, aujourd’hui, nous n’avons
plus le choix, sauf celui de changer.
On a découvert que les humains n’ont pas de réels problèmes
face à la nouveauté. Certains tests psychocorporels démontrent que
le corps et l’esprit humain sont même stimulés par celle-ci. S’ouvrir
à la nouveauté n’est pas le problème. La grande folie humaine con-
siste à ne pas pouvoir, ou vouloir, laisser aller le « vieux », parce
que nous sommes attachés à d’anciennes façons de voir qui ne 19
servent plus.
Nous souhaitons le changement, surtout s’il nous convient, mais
nous voulons un changement qui ne dérange pas. Protecteurs de
notre passé, nous parlons même de retourner au bon vieux temps.
À ceux ou celles qui croient que ces temps étaient bons, nous
proposons d’étudier quelques tranches d’histoire. Il y a 50 ans, la
Seconde Guerre mondiale produisait des monstres ; il y a 500 ans,
l’Inquisition tuait au nom de Dieu ; il y a 5000 ans, les pharaons
traitaient leurs esclaves comme du bétail.
L’explosion de l’information est certainement ce qui a engendré
le plus grand nombre de changements. Il y a 2000 ans, soit l’an 0
de notre ère, nous disposions d’une quantité X d’informations
accumulées depuis la nuit des temps. Dans les 1400 ans qui suivi-
rent, X a doublé. À son tour, 2X a doublé en 275 ans ; 4X a doublé
de nouveau 100 ans plus tard et 8X a doublé en 50 ans. En 1998,
la totalité de l’information doublait tous les 15 mois. Selon une
projection linéaire calculée par ordinateur, elle doublera tous les
jours en 2012. Ce calcul suggère également que, vers la fin de cette
année-là, ce phénomène se produira toutes les minutes, puis toutes
les secondes et nanosecondes4. La somme d’informations offerte
est hallucinante et provoque de véritables changements. Tout cela
––––––––––
4 Dr Wilson, Robert A. The Cosmic Trigger II, New Falcon Publications, 1991.

01 Chapitre 1 19 4/29/03, 09:30


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

exige de nouvelles habiletés, une nouvelle façon d’envisager la vie


et notre participation à l’intérieur du village global.

Les paradigmes agricole, industriel et informatif

Si le dictionnaire définit le mot paradigme comme un modèle, nous


verrons que c’est aussi une façon de penser et d’agir. Amorçant la
quatrième transformation majeure depuis 300 ans, le monde se
trouve face à un changement de paradigme d’une envergure diffi-
cilement imaginable.
Au xviiie siècle, nous étions au crépuscule d’une ère agricole
qui durait depuis 700 générations, avec peu de changements. Le
film Le retour de Martin Guerre, basé sur un fait réel, démontre bien la
stabilité relative de la vie et le besoin qu’éprouvaient les gens à la
maintenir ainsi, parfois contre toute évidence. Martin, un pleutre
20 maigrichon, quitte son village natal pour aller à la guerre ; quelques
années plus tard, c’est un homme grand, fort et puissant (Gérard
Depardieu) qui revient au village.
Parce que la croyance populaire affirmait que l’éloignement du
berceau social provoquait d’importantes transformations chez l’hu-
main, tous les villageois, incluant sa femme, acceptèrent l’incroyable
changement. Une malencontreuse question d’héritage, puis le retour
du véritable Martin menèrent le filou à la potence. Ce fut, dans les
annales judiciaires, la plus grande supercherie de l’histoire.
À cette époque, le citoyen moyen ne s’éloignait jamais de sa
ferme ou de son village natal dans un rayon de plus de deux milles,
durant toute son existence. Sept cents générations de vie rurale
stable ne préparaient personne au changement de paradigme qui
se produisit. Au début, les indices furent très difficiles à détecter,
car qui aurait pensé que la découverte de la pomme de terre par les
conquistadores provoquerait un tel bouleversement ? Soumis depuis
des siècles aux cycles de famine et d’abondance, les Européens se
nourrissaient essentiellement de céréales, aliments de base forte-
ment assujettis aux caprices de la nature. Or, parce qu’elle représen-
tait une source de protection protégée du climat, l’introduction de la
patate dans l’alimentation de la population contribua à transformer
le paradigme agricole d’une façon radicale. Les moulins à vent et à
eau, qui servaient surtout à produire de l’huile et de la farine, furent

01 Chapitre 1 20 4/29/03, 09:30


L’ e s p r i t p r é p a r é

moins utilisés et dorénavant disponibles pour le tissage. Ce fut le


début de la mécanisation, puis de l’urbanisation.
En effet, le potentiel de production de tissus et de confection
de vêtements augmenta de telle sorte que beaucoup de jeunes gens
quittèrent la campagne pour trouver du travail au village, puis à la
ville5. Simultanément, la maîtrise de l’électricité accéléra le proces-
sus d’industrialisation qui ne dura que 275 ans. Tout ce qu’on prend
pour acquis dans notre monde moderne fut inventé entre 1890 et
1910 : téléphone, radio, électricité, phonographe, avion, automobile,
rayons X, etc.
La Seconde Guerre mondiale marqua l’apogée de l’ère indus-
trielle. Les femmes travaillèrent dans l’industrie, occupant des
postes traditionnellement réservés aux hommes. De retour à la mai-
son, les soldats comprirent que le paradigme s’était profondément
transformé. Les femmes ne voyaient plus leur foyer comme unique
source d’expression et l’expérience du travail avait aiguisé leur
indépendance et modifié leur perception d’elles-mêmes. Tout 21
avait changé.
L’avènement de la télévision caractérisa l’arrivée de l’ère infor-
mative. Soudain, il était possible de transmettre des images à des
milliers de gens à la fois. On pouvait influencer leurs décisions,
vendre des produits et des services, des façons de penser et d’agir,
des modes et des idées. Aujourd’hui, Internet offre à l’individu un
accès direct à la banque d’informations la plus élaborée qui soit.
Malgré cela, les plus avisés se rendent comptent qu’en elle-même,
l’information n’a aucune valeur. La bombe atomique ne fut-elle pas
créée par des physiciens diplômés, les fours crématoires allemands
construits par des ingénieurs, tandis que les armes bactériologiques
étaient inventées par des chimistes ? L’état critique de notre planète
et la dégénérescence de nos sociétés industrialisées démontrent
que la nature de l’information ne garantit pas la qualité de son
utilisation.
« On tue la planète et on se tue avec elle », a-t-on pu lire dans
The Gazette 6. Depuis quelques années, les scientifiques exposent
l’étendue des dégâts et les conséquences de nos actes irrespon-
sables. Certains prévoient qu’en 2012, au plus tard, la planète
atteindra sa masse critique. Que fait-on de cette information ? On

––––––––––
5 Weatherford, Jack. Indian Givers, Crown Publisher inc., 1988.
6 Morris, Chris. « Taking Action », Can. Press. sur le Rapport 1996 produit par l’ONU.

01 Chapitre 1 21 4/29/03, 09:30


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

continue à couper des arbres, à déverser des produits chimiques


dans les fleuves, à polluer sans vergogne, à consommer sans aucune
considération pour l’effet environnemental, à laisser les politiciens
décider de la qualité de vie de nos enfants et à mourir d’apathie.
La masse critique est un point de non-retour. Prenons un
exemple. Notre corps produit des cellules cancéreuses que notre
système immunitaire s’empresse de détruire. Toutefois, si nous en
produisons plus ou que nous en détruisons moins, notre corps
atteint une masse critique et nous sommes maintenant cancéreux,
dans une phase d’entropie mortelle. Le cancer de la planète aussi
est mortel.
Si les conditions qui assurent la vie humaine sur terre se dété-
riorent au point de ne plus être en équilibre, ce sera la fin de la
vie. Or, cette fin ne sera pas un Big Bang catastrophique, mais un
dernier et triste soupir.

22
Le quatrième paradigme : une transformation globale

Les sociologues se disputent encore le qualificatif du nouveau


contexte de changement global : évolution ou adaptabilité. Dans
sa brillante prophétie de 1965, Alvin Toffler définit le choc du futur
comme les limites de l’adaptabilité, soit « comme une détresse phy-
sique et psychologique provenant des systèmes d’adaptation physi-
que de l’organisme humain et de son processus décisionnel7 ». Plus
simplement, Toffler explique que ce choc est la réponse humaine
aux nécessités et aux demandes réclamées par le changement. En
1986, le biologiste Lyall Watson signale : « Au cours de l’évolution
humaine, un changement d’idée ou un nouveau concept peut avoir
autant d’importance vitale et d’adaptation significative que la com-
plète mutation d’un gène8. » Ce « changement d’idée », ce nouveau
paradigme, éveille les individus à leur responsabilité personnelle
face à la réalisation de leurs besoins globaux.
Transformée par trois vagues géantes, la société fut propulsée
d’un âge agricole relativement paisible à un âge industriel agité,
puis à la fulgurante vitesse de l’âge informatif. Cette ère se termine
et cède le pas à une nouvelle vague : l’accès à l’information intro-
––––––––––
7 Toffler, Alvin. Future Shock, Bantam Books, 1971.
8 Watson, Lyall. Earthworks : Ideas of the Edge of Natural History, Hodder and Stoughton,
1986.

01 Chapitre 1 22 4/29/03, 09:30


L’ e s p r i t p r é p a r é

duit un nouvel âge d’évolution, de potentiel créatif et de puissance


personnelle.
Les principes d’organisation dans la biologie expliquent com-
ment la vie répond à certains instincts prédéterminés. Au départ,
puisque notre programme est de survivre, je suppose que nous
nous réveillerons éventuellement et commencerons à satisfaire
nos besoins globaux. Toutefois, nous devons ajuster notre façon
de penser aux nouvelles informations : la terre est un « tout » indivi-
sible, un système vital diversifié, interdépendant et co-créatif – une
Biosphère. La terre elle-même est vivante!
À son retour de l’espace, l’astronaute James Irwin écrivit : « La
Terre nous rappellait une boule de Noël qui pend dans la noirceur
du cosmos. Au fur et à mesure que nous nous en éloignions, sa
taille diminuait. Finalement, elle rapetissa jusqu’à ressembler à une
bille, la plus merveilleuse bille que l’on puisse imaginer. Cet objet
magnifique, chaud et vivant, avait l’air si vulnérable, si délicat, que si
on l’avait touché du doigt, il se serait écroulé et brisé en morceaux. 23
De voir cela doit changer un homme, cela doit amener un individu
à apprécier la création de Dieu et l’amour de Dieu9. »
Notre survie comme espèce requiert une autre sorte de trans-
formation sociale : un changement d’attitude. Et nous, les humains,
sommes les seuls qui peuvent le faire. La vie est un concept beau-
coup plus complexe que nous le percevons généralement. Décrite
comme « une toile interactive » dont l’équilibre est très fragile, la
vie elle-même est comme un tout créatif, même s’il est constitué
de parties séparées. Les conditions pouvant assurer la vie humaine
sont prédéterminées. En dégradant notre environnement, nous ne
diminuons pas uniquement la qualité de notre vie, mais nous
en réduisons l’espérance. Nous nous sabotons en détruisant la
matrice planétaire. Endommagez la matrice et toute vie qui l’ha-
bite mourra.
Tout un chacun est appelé à se transformer de manière créative
et cette prochaine étape doit refléter notre compréhension de l’en-
vironnement planétaire comme un écosystème interdépendant et
cocréatif. Notre participation pleine et entière est plus que jamais
nécessaire à notre survie, mais elle requiert une transformation,
un changement d’attitude. Certains individus ont déjà entrepris
un cheminement ; ils apprennent à mieux se connaître, à changer
––––––––––
9 Kelley, Kevin W., The Home Planet, Addison-Wesley Publishing, 1988.

01 Chapitre 1 23 4/29/03, 09:30


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

leurs comportements et leurs idées. Poussés par les événements,


plusieurs vivent une période de transition et repensent l’orientation
de leur vie. Ceux qui se recyclent dans une nouvelle carrière, qui
ont un passe-temps qui les passionne ou qui poursuivent un rêve
et développent un projet, sont excités par le changement et les
nouvelles possibilités qu’il apporte. Victimes d’une malheureuse
dichotomie, d’autres veulent maintenir leur statu quo tout en
sachant qu’ils doivent changer. Pour eux, la transition au nouveau
paradigme risque d’être pénible.
La transformation globale provoque une série de réactions
en chaîne qui se répercute à tous les niveaux de l’organisation
humaine. Associée à la technologie des communications, l’explo-
sion de l’information entraîne une véritable révolution mondiale
dont les effets multiplicateurs ne peuvent encore être évalués. Déjà,
certains d’entre nous croulent sous cette masse d’informations qui
ne cessent de s’accumuler. Pourtant elles n’ont jamais été aussi
24 nécessaires qu’aujourd’hui puisque nous en avons besoin pour
relever les défis auxquels nous faisons face (pollution, extinction
de multiples espèces de la faune et de la flore, désastres naturels,
grandes migrations, etc.).
Cette nouvelle ère qui s’installe dans une pétarade de chan-
gements demande une flexibilité et une grande ouverture d’esprit
si nous voulons survivre à ceux-ci. Déjà dépassés par la quantité
incalculable d’informations, la plupart d’entre nous ne sont aucu-
nement préparés à recevoir celles qui frappent à la porte de notre
futur, aujourd’hui.
Par ordre croissant d’importance, voici quatre catégories d’infor-
mations pouvant nous aider à reconnaître et maîtriser celles qui
sont essentielles à notre survie individuelle et collective.

Synthèse théophysique 1
Les quatre catégories d’informations essentielles

 L’information cognitive ou le savoir quoi, c’est-à-dire l’ensemble des informa-


tions liées à une fonction professionnelle ou à une activité spécifique, qui peuvent
être enseignées et accréditées.
Cette formation provient des milieux académiques reconnus et/ou de
stages et enseignements complémentaires en milieu de travail.

01 Chapitre 1 24 4/29/03, 09:30


L’ e s p r i t p r é p a r é

 Les connaissances de pointe ou le savoir comment, soit l’ensemble des infor-


mations qui permettent d’utiliser le savoir quoi dans les situations complexes du
quotidien et d’offrir la possibilité de transformer volontairement ces situations par
l’ajout d’une valeur.
Nulle formation, aussi complète soit-elle, ne peut nous préparer à l’im-
prévisible. Généralement, comme pour vérifier notre adaptabilité, la
première situation au sortir d’un cours est exactement celle qui n’a jamais
été discutée pendant celui-ci. Sachant qu’aucune circonstance ne sera
exactement identique à la précédente, le savoir comment est la capacité
de prendre le savoir quoi et de l’appliquer en y ajoutant notre touche
personnelle.

 La compréhension systémique ou le savoir pourquoi correspond à l’ensemble


des informations qui permettent de lier la cause à l’effet. Cette connaissance facilite
l’anticipation des enjeux ainsi que la gestion du processus et des conséquences d’une
situation.
Un sondage auprès de fonctionnaires gouvernementaux révèle qu’un
fort pourcentage d’employés ne comprenaient pas l’utilité de la tâche à
25
exécuter ni comment elle profitait à l’ensemble. Ils reconnaissaient unique-
ment la partie du système à laquelle ils appartenaient. Le savoir pourquoi
nous donne une perspective globale permettant de comprendre les cau-
ses et les effets et de juger efficacement les conséquences d’une décision.
Ceci n’est plus réservé aux gestionnaires décisionnels, mais touche tous les
individus, dans tous les aspects de leur vie.

 La connaissance de soi ou le savoir être représente l’ensemble des informations qui


démystifient l’intelligence créative, la vision personnelle et la volonté de réussir (vouloir
évolutif). Ce sont le quoi, le comment et le pourquoi liés à l’estime de soi.
L’apprentissage créatif optimise l’intégration des trois catégories d’infor-
mations précédentes et nous aide à faire des choix qui assurent la réalisa-
tion de nos projets et de nos rêves. Parce que le désir de s’améliorer est
entièrement lié à l’estime de soi, nous serons stimulés à vouloir évoluer
uniquement si nous nous aimons assez pour le faire.

Quoique les trois premiers gèrent l’information que nous


pouvons obtenir de l’extérieur de soi, le quatrième invoque un
sens d’identité personnelle et de puissance qui émerge de ce que
l’on apprend sur notre intérieur. L’intelligence créative fait appel
à la façon dont nous utilisons et transformons l’information en
actions significatives. Sans action, rien ne se produit. D’acquérir
de la puissance (et de la chance) est le résultat d’un processus
évolutionnaire.

01 Chapitre 1 25 4/29/03, 09:30


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

La nature du changement

Tout changement de paradigme exige un délai variant de 6 mois à


15 ans pour s’accomplir10. Un changement personnel qui ne dépend
que de l’individu, demandera au moins six mois. Celui qui arrête de
fumer du jour au lendemain a peut-être pris six mois pour y penser,
se convaincre et rabattre les oreilles de ses amis et de sa famille.
Sans préparation, beaucoup recommencent à fumer très vite ; ils
continuent à jouer avec l’idée, ils se tracassent, mais ils auront tout
de même besoin de ce délai minimal pour arriver à leur fin.
Un changement de culture requiert jusqu’à 15 ans. Il y a 15 ans,
je militais activement pour la cause des personnes handicapées
du Québec. Aujourd’hui, je suis un consultant, sur le même sujet ;
mon message n’a pas changé mais la société s’est ajustée. Dans le
milieu des affaires, cela fait au moins une décennie qu’on joue avec
le concept de qualité totale et d’innovation. Jusqu’à présent, peu
26 d’entreprises ont réussi à implanter cette idée dans sa globalité,
car près de 15 ans séparent la nouvelle direction de son intégration.
Impatientes de constater des résultats concrets, plusieurs d’entre
elles ont introduit quatre ou cinq programmes différents au cours
des 15 dernières années.
Les statistiques démontrent que seulement 3 % à 5 % des
individus sont des visionnaires11. Ce sont eux qui introduisent
le changement, qui le provoquent, qui le prévoient. Pour bien
comprendre la nature du visionnaire, il faut saisir les paroles de
Robert Kennedy : « Certains hommes voient les choses telles
qu’elles sont et demandent “pourquoi ?” et d’autres hommes voient
les choses qui pourraient être et demandent “pourquoi pas” » ?
Les pionniers d’un nouveau paradigme représentent 5 à 10 % des
gens. Les pionniers reconnaissent ce que le visionnaire propose et,
sans plus de discussion, endossent le changement. De 20 à 30 % des
gens veulent le changement, l’attendent, le souhaitent et sont prêts à
l’accepter. Cette masse motivée vit dans une anticipation positive du
changement. Le reste, soit 40 à 60 % des individus, fait partie de la
masse générale. Résistant au changement autant qu’elle peut, elle
finit, péniblement, par changer. Cependant, 5 à 10 % des gens, les
irréductibles, ne changeront jamais.
––––––––––
10 Dr Beal, George M. et Dr Joseph M. Bolen. « The Process of Mass Acceptance » dans
The Dimension of Communication, Lee Richardson éditeur, Meredith AAC, 1969.
11 Dr Beal, George M. Et Dr Joseph M. Bolen. Op. cit.

01 Chapitre 1 26 4/29/03, 09:31


L’ e s p r i t p r é p a r é

À titre d’exemple, il existe un regroupement international basé en


Afrique qui s’appelle The Flat Earth Society. Les membres de cette
société ont refusé et refusent toujours d’admettre que nous vivons sur
une terre qui est ronde. Un autre mouvement ayant des représentants
un peu partout en Amérique du Nord est convaincu que l’homme n’a
jamais marché sur la lune et que toutes les images qui ont été diffu-
sées proviennent d’un studio d’Hollywood. Il y a encore des individus
qui nient l’histoire et refusent de croire à l’Holocauste.
Le paradoxe est que nous avons souvent tendance à dépenser
beaucoup d’énergie à essayer de convaincre les gens qui ne sont pas
intéressés à changer et très peu à encourager, aider et encadrer les
personnes qui se transforment ou vivent déjà dans le nouveau para-
digme. Les comités d’innovation se sont heurtés à la résistance de la
masse générale. Isolés, en marge du statu quo, avec peu de formation
et de ressources, les pionniers et les visionnaires se sont épuisés à
convaincre les irréductibles.
Si les aventuriers du nouveau paradigme disposaient réellement 27
des ressources nécessaires au changement et si nous encouragions
la masse motivée dans sa mutation, une vraie transformation pour-
rait se produire. Malheureusement, on tend à se reposer sur le plus
bas dénominateur commun au lieu d’encourager les bons résultats
et d’aider les plus faibles. Même à la maison, nous entourons de notre
admiration l’enfant qui a obtenu 65 % à l’école, alors que normalement
sa moyenne gravite autour de 60 %, et nous dédaignons la réussite
de celui qui atteint 95 %, parce qu’il obtient habituellement 90 %.
Le tableau suivant suggère quelques questions :

Pourcentage d’intégration d’un changement dans la population


Visionnaires 3à5%
Pionniers 5 à 10 %
Masse motivée 20 à 30 %
Masse générale 40 à 60 %
Irréductibles 5 à 10 %

À quel groupe appartenez-vous ? À quelle vitesse se produirait le chan-


gement si seulement vous choisissiez une autre catégorie ? Comment
se transformerait votre environnement si vous encouragiez toutes les
meilleures idées ?

01 Chapitre 1 27 4/29/03, 09:31


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Si nous faisons partie de la masse générale, nous changeons après


que la nouveauté est presque devenue une habitude. Si nous étions
plus motivés, changerions-nous dès que nous constatons l’évidence,
gonflant ainsi les rangs de la masse motivée ? Si nous prenions un
peu plus de risques créatifs, pourquoi ne deviendrions- nous pas les
pionniers d’un nouveau paradigme ? Et si nous étions des visionnai-
res et que nous commencions à penser de manière utopique, posant
régulièrement la question « pourquoi pas » ?
Croire que seulement les autres doivent changer et refuser d’en
voir la nécessité pour soi, trouvant toutes sortes de prétextes pour
retarder l’échéance, affectent l’organisme humain. Savoir et ne pas agir
divise et déchire, avec les conséquences physiques et émotionnelles
que cela implique.
Le changement de paradigme s’effectue à travers les quatre éta-
pes suivantes, où seule la résistance dicte le temps requis pour qu’il
s’implante.
28
Synthèse théophysique 2
Les quatre étapes dans l’intégration d’un changement
 De l’inconscience à la conscience
Êtes-vous conscient de ne pas avoir le choix, sauf celui de changer ?
Réfléchissons un instant. Nous devons créer notre propre travail, car la
sécurité d’emploi a cédé la place à l’employabilité. Nous devons recycler,
sachant que nos enfants apprennent le respect de l’environnement à
l’école. Nous devons apprendre les nouvelles règles de la communication,
puisque Internet nous y pousse. Nous devons changer parce que la vie est
un continuum de changements.

 De la conscience à l’acceptation
Acceptez-vous que le changement soit une bonne chose pour vous, à tous
les niveaux ?
Protéger le statu quo est une entrave au mouvement naturel, même
s’il nous semble accéléré. La seule constante étant le changement, la
résistance ne peut que produire des effets dévastateurs. En acceptant la
transformation, nous pouvons maîtriser la manière dont elle se produit
dans notre vie.

 De l’acceptation aux stratégies d’action


Avez-vous défini une stratégie de transformation ? Savez-vous ce que
vous devez faire pour vous aider à changer (formation, lectures, pra-
tiques, etc.) ?

01 Chapitre 1 28 4/29/03, 09:31


L’ e s p r i t p r é p a r é

L’information est partout disponible, que ce soit dans le milieu des affaires, du
développement personnel ou tout autre sujet pouvant faciliter la transition.
Par exemple, si la santé est la première étape d’un changement personnel,
il faut analyser notre état général afin d’apporter les correctifs nécessaires
(exercices, alimentation, etc.).

 De la stratégie à l’actualisation
Êtes-vous prêt à passer à l’action ?
La procrastination est un obstacle important à l’implantation des chan-
gements. L’enfer étant pavé de bonnes intentions, un gouffre sépare les
paroles et l’action.
Nombre d’individus croient avoir changé parce qu’ils ont accepté la néces-
sité du changement et qu’ils en parlent comme d’une priorité. Consciente
du terrible piège que représente cette illusion, la personne créative agit
sans plus attendre. En fait, la seule façon d’actualiser le changement est
de… changer !
À ce tournant de notre histoire, la transformation est inévitable. Qu’est-
ce qui ralentit donc le processus ? Comment se fait-il qu’on lui résiste ?
Pourquoi préfère-t-on nos vieilles savates qui tombent en lambeaux à
29
des souliers neufs qui tiennent bien le pied ? C’est, encore une fois, une
question de paradigmes.

Tous les jours, vous êtes entouré d’innombrables occasions de changer,


de vous transformer. Mais, êtes-vous prêt ? Voulez-vous devenir
chanceux ?

01 Chapitre 1 29 4/29/03, 09:31


01 Chapitre 1 30 4/29/03, 09:31
2
Le monde des paradigmes

C
’est en 1962, dans l’étude La structure des révolutions scientifiques,
que le sens contemporain du mot paradigme apparaît pour 31
la première fois. Historien de la science, Thomas Kuhn définit
ce nouveau concept comme « les exemples acceptés d’une prati-
que scientifique reconnue – exemples incluant les lois, théories,
applications et instrumentations – qui procurent les modèles d’où
émergent les traditions précises et cohérentes de la recherche scien-
tifique1 ». Sachant que les chercheurs qui partagent les mêmes para-
digmes doivent nécessairement respecter les mêmes règles dans
leurs recherches, Kuhn comprit les difficultés qu’ils éprouvaient à
reconnaître les données inattendues qui provenaient de l’extérieur
du modèle accepté. Il suggéra que la nature limitative du paradigme
puisse nuire à l’entrée d’informations inhabituelles jusqu’à les ren-
dre tout à fait invisibles à leurs yeux.
Quelques années plus tard, Willis Harmon, un des leaders du
Stanford Research Institute, poursuit la réflexion en décrivant le
paradigme comme « la façon dont nous percevons, pensons, éva-
luons et agissons en fonction de notre vision particulière de la
réalité2 ». À cela Adam Smith, nom de plume d’un économiste de Wall
Street, ajoute que le paradigme est « un ensemble de présomptions
partagées qui nous fait voir et expliquer le monde d’une certaine façon
et qui nous aide à prédire son comportement3 ».
––––––––––
1 Kuhn, Thomas. The Structure of Scientific Revolutions, University of Chicago Press, 1962.
2 Harmon, Willis. An Incomplete Guide to the Future, Norton, 1970.
3 Smith, Adam. Powers of the Mind, Ballantine Books, 1975.

02 Chapitre 2 31 4/29/03, 09:31


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

La première à populariser le terme, Marylin Ferguson dépeint


le paradigme comme « une structure de pensée [...] un schéma qui
nous permet de comprendre et d’expliquer certains aspects de la
réalité4 ». Le futurologue Joel Barker en parle comme « d’une série
de règles et de principes qui définissent des frontières et nous
indiquent comment agir avec succès à l’intérieur de celles-ci5 ». Il
observe qu’il existe des paradigmes dans tous les aspects de notre
vie quotidienne, que ce soit dans les grands domaines (politique,
éducation, économie, etc.), comme dans les petits (alimentation,
musique ou méthodes de travail).

Le paradigme individuel

Tiré du mot grec paradeigma, qui signifie modèle ou exemple, le para-


digme est la lorgnette à travers laquelle nous voyons le monde. Les
32 dictionnaires nous suggèrent une gamme de synonymes : arché-
type, plan, règle, culture, formule, pratique, ensemble de valeurs,
religion, race, nationalité, genre, etc.

En pratique, le paradigme désigne les


limites qui agissent comme le cadre de
nos perceptions.

Constitué d’un contexte objectif limitatif et d’un contenu pure-


ment subjectif, le paradigme représente tout ce que nous sommes.
Il dicte notre façon de penser et de voir la vie, et teinte les cloisons à
travers lesquelles nous observons la réalité. Imaginez un instant que
la pièce dans laquelle vous vous trouvez est un immense aquarium
dont les parois translucides sont rouges. Regardant vers l’extérieur,
tout ce que vous verriez aurait une apparence légèrement rougeâtre.
Il serait extrêmement difficile de croire qu’il en est autrement, mal-
gré la conviction avec laquelle on vous décrirait les teintes réelles
perçues de l’extérieur de l’aquarium.
Puisqu’il est le même pour tous, ce contexte est transpersonnel.
Désolé, il n’y pas d’exception ! Nous avons tous un paradigme, un
ensemble de limites qui non seulement filtrent les données qui

––––––––––
4 Ferguson, Marylin. The Aquarian Conspiracy, Tarcher, 1980.
5 Barker, Joel A. Discovering the Future, I.LI Press, 3e édition, 1989.

02 Chapitre 2 32 4/29/03, 09:31


Le monde des paradigmes

proviennent du monde extérieur, mais définissent également com-


ment nous les percevons et réagissons face à elles. De même que la
fragrance d’une fleur est déterminée par son espèce, ses propriétés
et sa famille, la perception qui émane du paradigme dépend de
l’histoire personnelle, le contenu, qui donne à chaque individu sa
teinte unique et exclusive.
Loin d’être simplement une métaphore, cette image nous
amène à considérer la physiologie du paradigme ainsi que son
influence sur la perception, les comportements, les habiletés et
l’acte de penser.

Conscience, cerveau et couloirs neurologiques

Afin de saisir leur dynamique, il faut d’abord définir les différen-


tes composantes qui entrent en action pour animer le paradigme
individuel, à savoir : l’esprit humain, la conscience, le cerveau et les
couloirs neurologiques. 33
Le Robert Méthodique définit l’esprit humain comme « le principe
pensant en général ; le principe de la vie psychique, affective et
intellectuelle chez une personne ; l’ensemble des dispositions et
des façons habituelles d’agir ; l’attitude qui détermine un compor-
tement ». Il décrit également la conscience comme « la connais-
sance immédiate de sa propre activité psychique (psychique : qui
concerne l’esprit, la pensée) ».
Cette connaissance de soi est une forme de lucidité essentielle à
la manifestation de l’esprit humain. Nous verrons plus loin comment
la conscience est réellement une énergie dont la qualité détermine
largement l’intensité de notre présence à nos propres activités. Mais
examinons d’abord comment l’esprit humain résulte de l’interaction
entre la conscience et le cerveau.

Neurones

Naissance 6 mois 2 ans

02 Chapitre 2 33 4/29/03, 09:31


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Dès la naissance, notre cerveau contient 100 milliards de neuro-


nes. Appelés voies neurales lorsqu’ils s’allongent et se regroupent, ils
assurent la communication entre les différentes parties du système
nerveux central et s’assemblent par affinités.
Le neurone est une cellule de mémoire vivante. Cela signifie
que l’information ou la mémoire véhiculée n’est pas réelle mais
virtuelle, c’est-à-dire qu’elle n’existe vraiment qu’au moment où
elle est « ramenée à la conscience ». Lorsque la conscience circule
dans le cerveau et « allume un neurone », elle provoque une réac-
tion électrochimique qui permet à la cellule de révéler son contenu.
De la même façon qu’un objet photographié s’imprime non sur la
plaque ou le film lui-même, mais dans l’émulsion qui les recouvre,
la mémoire s’enregistre grâce à un mélange chimique qui imprègne
la cellule.
Malgré les récentes découvertes, la science ne comprend pas
encore toutes les subtilités de la mémoire. Cependant, à des fins
34 de compréhension, disons simplement que la présence de la cons-
cience dans nos voies neurales active la souvenance et toutes ses
composantes (formes, odeurs, couleurs, sons, etc.).
Si nous voyons une voiture bleue faire le tour d’une piste de
course, la conscience circule dans le cerveau et connecte les neurones
qui correspondent à l’ensemble des données (voiture, bleue, piste),
reconstituant ainsi l’image complète. Par conséquent, au moment où
la voiture fait le tour de la piste, elle est également en train de circuler
dans notre cerveau. Ce processus est à la fois transpersonnel : en ima-
ginant cet exemple, tous les lecteurs vont procéder de la même façon
pour activer leurs neurones ; et personnel : chacun verra différents
modèles de voiture aux différentes teintes de bleu, faisant le tour de
différentes formes de piste.
Formant le contenu de notre paradigme, nous traçons sans
cesse des voies neurales qui enregistrent la mémoire de tout ce que
nous apprenons et expérimentons. Comme les 100 milliards de neu-
rones contenus dans notre cerveau peuvent s’associer de trillions
de façons différentes, notre paradigme n’est donc qu’une expression
très limitée de notre potentiel. Nous disposons d’un incroyable
éventail de possibilités, mais nous n’accédons généralement qu’aux
circuits de la mémoire que nous avons déjà empruntés et desquels
nous tirons nos choix, comportements et perceptions.
––––––––––
6 Goswami, Amit. The Self-Aware Universe, Tarcher/Putnam Book, 1993.

02 Chapitre 2 34 4/29/03, 09:31


Le monde des paradigmes

En effet, bien que la conscience soit libre de créer de nouvelles


voies neurales, elle tend à emprunter les mêmes voies que celles
tracées lors d’une première expérience6. Cela explique l’itinéraire
qui nous mène de la maison au travail et que nous suivons depuis
le premier jour, ou la recette de sauce tomate toujours fidèle à
elle-même.
D’un côté, cette tendance nous évite de réinventer la roue,
mais de l’autre elle crée nos habitudes. Le paradigme est donc une
boucle fermée : son contenu nous pousse à réagir d’une certaine
façon et nos réactions renforcent les voies neurales déjà existantes.
Par conséquent, nous ne voyons pas un monde objectif et neutre
à l’extérieur de nous, nous le reconstruisons subjectivement dans
notre cerveau. Ainsi se forme notre perception.

Une question de perception


35
Jetez un coup d’œil très rapide sur l’illustration suivante.

Qu’avez-vous vu en premier ? Prenez maintenant le temps de


bien observer jusqu’à ce que vous voyiez les deux représentations
dans la même image.
Malgré le fait que cette illustration soit connue, il nous faut
parfois quelques minutes pour voir les deux femmes. Lors de
séminaires, la salle se divise presque équitablement entre les par-
ticipants qui voient la vieille ou la jeune femme en premier. Que ce
soit parce qu’un détail nous attire en particulier ou que nous fixons
notre regard plus haut ou plus bas que le milieu de l’illustration, en
grande partie, la façon dont nous la percevons est prédéterminée.

02 Chapitre 2 35 4/29/03, 09:31


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Avant même de regarder l’image, le contenu du paradigme influence


ce que nous allons voir.
Observez l’autre illustration.

36

Napoléon fut exilé à Sainte-Hélène, où il mourut, puis fut


enterré. Or, son fantôme s’est échappé du tombeau et se dessine
nettement dans cette image. Prenez votre temps et vous verrez
apparaître le spectre de Napoléon.
S’il vous a fallu quelques secondes ou minutes pour enfin le voir
n’est pas très important. Ce qui est intéressant, c’est que, malgré sa
présence très nette à gauche entre les deux arbres, il était invisible
pour la majorité d’entre nous. Toutefois, une fois le spectre repéré,
il nous apparaît inconcevable de ne pas l’avoir vu au premier coup
d’œil. Un jour, si vous revoyez ce dessin, Napoléon vous sautera aux
yeux avant tout autre détail !
Depuis notre naissance, nous avons appris à voir les choses
d’une certaine façon. Notre famille et notre entourage nous ont
enseignés ce qui était essentiel – pour eux – et ce qui ne l’était pas.
Puis, le système éducatif est intervenu dans notre apprentissage,
dictant ce qu’il fallait étudier et comment le faire. Ensuite, formés
à une profession ou un métier, nous atteignons la maturité avec un
paradigme comble qui inclut notre façon de penser et les mécanis-
mes de notre perception. Imprégné d’une description du monde
provenant de diverses sources, chacun présente un caractère unique

02 Chapitre 2 36 4/29/03, 09:31


Le monde des paradigmes

et une configuration particulière de connexions neurologiques qui


déterminent comment nous percevons la vie.
Le paradigme qui nous anime résiste généralement à tout ce qui
risque d’altérer son contenu. Pourtant, nous sommes indéniable-
ment attirés par la nouveauté, sinon nous serions encore à l’âge de
pierre ! Fort aise dans nos vieux neurones, le problème réside dans
la difficulté que nous éprouvons à rejeter les schémas obsolètes,
même s’ils ne servent plus. C’est ce qu’on appelle le chemin de la
moindre résistance.
Cette difficulté explique pourquoi, depuis 150 ans, nous uti-
lisons la même méthode d’enseignement (un professeur avec un
groupe d’étudiants), malgré le changement dans les sujets ensei-
gnés à l’école7.

La structure du paradigme
37
Afin de visualiser plus facilement les limites du paradigme, don-
nons-lui la forme d’un triangle dont les trois côtés représentent
le temps, l’espace et la dimension humaine. Au centre, le point
représente je.
DIM

(( )
PS

EN

)
TEM

SIO


NS
((

ESPACE
Je est en tout temps influencé par sa relation avec ces trois
limites et par le rapport que je, percepteur subjectif, développe avec
l’univers objectif. La paroi externe du contexte perceptuel, tout qui
n’est pas je, peut être appelé non-je et représente l’environnement
––––––––––
7 McRae, Hamish. The World in 2020, Power, Culture and Prosperity, Harvard Business School
Press, 1994.

02 Chapitre 2 37 4/29/03, 09:31


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

extérieur dans lequel je baigne. Une des caractéristiques du para-


digme subjectif est de percevoir la vie à travers cette dualité je /
non-je. Ainsi, lorsque que je pense, sa pensée rayonne du centre du
paradigme vers la périphérie et touche les trois limites qui s’impo-
sent à lui.
Le temps, ce contexte universel circonscrit par l’homme et
marqué par les aiguilles de l’horloge, est une des limites que nous
rencontrons dans un continuum de maintenant. Digne représentant
du baby-boom, j’aborde la cinquantaine en ce début de millénaire.
Profondément influencé par toutes les expériences de ma vie et par
l’ensemble des connaissances acquises jusqu’à présent, ma façon
de penser reflète mon propre mouvement dans le temps. En théo-
rie, plus on vieillit, plus cette limite devrait être repoussée, libérant
une conscience évolutive. En pratique, il n’y a aucune garantie, l’âge
n’étant pas nécessairement synonyme de sagesse.
Chez les adolescents, leur manque d’expériences peut facile-
38 ment les mener dans un cul-de-sac émotif où se trouve le pire
des scénarios. Au Québec, le taux de suicide chez les jeunes est
le plus élevé au monde, principalement dans la jeunesse amérin-
dienne. L’espoir n’est possible que si l’individu a une vision de ce
qui pourrait être, ajoutant ses rêves d’avenir et sa participation à
l’équation. Or, sa perception est aussi étroite que ses expériences
dans le temps sont limitées.
Notre perception du temps dépend également de la façon dont
nous expérimentons les événements de notre vie. Nous savons tous
à quel point le temps se déroule lentement lorsque nous faisons
quelque chose qui nous ennuie, comme patienter dans la salle
d’attente du dentiste ou faire la queue à la banque. Toutefois, pas-
sionnés par un livre, cette attente se transforme en un moment de
plaisir et le temps file alors à toute allure. Ainsi, malgré l’horloge,
seul notre paradigme qualifie le rythme du temps et la façon dont
nous en disposons.
L’espace est une autre limite que rencontre la pensée. L’endroit
où l’on est né, où l’on a vécu et où l’on vit teinte notre façon de voir.
L’individu qui n’a jamais quitté son village natal éprouve beaucoup
de difficultés à imaginer la vie dans une métropole. De même les
citadins ne peuvent comprendre l’existence, simple mais riche, d’un
Shuar vivant dans la forêt amazonienne. Les voyageurs repoussent
les limites d’espace de leur paradigme. Les voyages forment la jeunesse,
dit le proverbe et nous croyons sincèrement qu’ils élargissent nos

02 Chapitre 2 38 4/29/03, 09:31


Le monde des paradigmes

horizons et nous permettent de percevoir au-delà de notre limite


naturelle d’espace. S’il est vrai que l’espace s’impose inévitablement
sur le paradigme, nous pouvons incontestablement en repousser
ou en altérer les limites.
Finalement, la pensée rencontre sa limite dans la dimension
humaine. Objectivement, celle-ci représente l’éventail des pos-
sibilités offertes à l’esprit humain (pensons aux trillions de con-
nexions neurologiques possibles). Subjectivement, elle évoque le
degré de développement des aspects physique, émotif, intellectuel
et spirituel de notre vie. Comment nous voyons et maximisons ce
qui existe en puissance en nous définit la limite de notre dimen-
sion humaine ; l’estime de soi est la mesure nous permettant d’en
apprécier la valeur.
Cette limite du paradigme agit sur la façon dont nous nous per-
cevons comme humain. La pensée dualiste qui teinte notre percep-
tion depuis plus de 300 ans a séparé l’individu de sa nature je et de
son environnement non-je. La dichotomie qui en découle a rendu les 39
individus réactifs, souvent inconscients du potentiel qui les habite.
Cet ouvrage s’adresse principalement à notre dimension humaine,
à cet héritage extraordinaire que nous pouvons tous réclamer.

Un nouveau contexte social

Depuis toujours, le paradigme social influence la pensée et l’évo-


lution de l’individu. Cependant, le monde n’est plus ce qu’il était.
Nous vivons maintenant dans un village global qui, en définissant
sa propre identité et son propre code, exerce une forte pression sur
les limites du paradigme individuel.




➛ (( )
➛ • ) ➛
((

02 Chapitre 2 39 4/29/03, 09:31


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Le temps relatif a changé


Plus rapides que jamais, les communications sont maintenant
simultanées et le télécopieur, le courrier électronique et Internet
ont modifié nos relations. Les paradigmes les plus flexibles « sur-
fent » sur les changements et l’entreprise gagnante lie efficacement
le besoin à sa ressource, le problème à sa solution. Aujourd’hui,
pressés par le temps, les gens se hâtent… d’aller nulle part ! Vite le
travail, vite les activités récréatives, vite c’est l’heure de La petite vie
à la télé, vite tu vas être en retard… À cette étape de notre histoire,
notre perception du temps doit changer si nous voulons ralentir
l’élan de notre frénésie collective et réapprendre l’art de vivre.

L’espace relatif a également changé


Facilement en liaison avec le bout du monde, nous ne pouvons plus
négliger les conséquences de nos faits et gestes sur nos voisins.
Les lignes rouges sur une carte géographique ne protègent rien du
40 tout et malgré les bornes définies par l’homme, les vents, les pluies
acides et les tempêtes tropicales ne s’arrêtent pas aux frontières. Le
libre-échange transforme le visage économique, culturel et social
des pays participants et le gel en Floride affecte le prix de notre
jus d’orange matinal. Cela change tout. Maintenant citoyens de la
planète, tout nous concerne.

La relativité de la dimension humaine a changé


Depuis quelques années, la façon même de nous percevoir a changé.
Il n’y a pas si longtemps, nous pensions être des singes descendus
des arbres ! La physique quantique nous propose une autre version
de l’être humain. Décrivant l’univers physique comme une réso-
nance, une conscience pure, elle nous reconnaît maintenant comme
une goutte de lumière, je, dans un océan de lumière, non-je.
Même si nous ne le voyons pas ainsi, le percepteur je et le perçu
non-je sont liés dans le partage de cette conscience, de ce potentiel
créatif. Cette nouvelle réalité devrait changer la perception que nous
avons de nous-mêmes et provoquer le saut quantique nécessaire à
l’actualisation de notre potentiel. Confirmant qu’un observateur ne
peut observer sans altérer ce qu’il observe, la science estime que
l’observateur et l’observé sont indivisibles et que la différence entre
le je et le non-je n’est en fait qu’une illusion.

02 Chapitre 2 40 4/29/03, 09:31


Le monde des paradigmes

Le contexte et le contenu
Malgré le contexte transpersonnel du temps, de l’espace et de la
dimension humaine, un paradigme est unique dans son contenu
personnel composé de mémoires subjectives. Si nous avons enre-
gistré tout ce qu’on nous a enseigné et que nous avons vécu depuis
notre naissance, comment nous l’avons interprété détermine la
façon dont nous voyons et comprenons le monde.
Lorsque nous observons un paradigme, nous devrions à la fois
examiner le contexte et son contenu. L’analogie suivante démontre
la différence entre les deux.
Trois verres de vin sont posés sur un comptoir devant trois
hommes. Examinant le contexte, soit trois hommes dégustant du
vin, nous pouvons approuver ou désapprouver ce que nous voyons,
exprimer notre opinion et en tirer des conclusions. En effet, nous
pourrions analyser le contexte jusqu’à la fin des temps sans nous
rapprocher un instant des contenus personnels associés à cet évé-
nement. 41
Le premier buveur est alcoolique. Il a accepté de participer à la
dégustation parce qu’il est maladivement attiré par l’alcool. Ayant
appris qu’il y avait une dégustation de vin, il s’est immédiatement
proposé. Le deuxième installait une étagère lorsque de la sciure
de bois est restée prise dans sa gorge. Comme il n’y avait pas d’eau
à proximité, il s’est empressé de participer à la dégustation de vin
afin de déloger l’indésirable. Le troisième n’avale même pas le vin.
Il se rince le palais, un instrument affiné depuis plusieurs années,
et crache dans un seau avant d’expliquer par des mots fleuris, le
bouquet, la gaieté et la clarté du vin. C’est un viticulteur invité à
évaluer ce récent cru.
Nous pouvons tous examiner cette scène ou discuter du même
sujet. Néanmoins, chacun verra, constatera et tirera de la situation
des conclusions différentes face aux mêmes données provenant du
paradigme global. Cette différence reflète notre perception, notre
façon particulière de voir la vie.

La formation du paradigme

Nous avons tous reçu des empreintes qui proviennent de diverses


sources. Elles ont tracé des couloirs qui se sont regroupés en cir-
cuits ou réseaux neuraux répartis à l’intérieur des différentes zones

02 Chapitre 2 41 4/29/03, 09:31


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

de notre cerveau. Malgré un contenu subjectif, nos empreintes peu-


vent être classées en cinq catégories : physique, environnementale,
philosophique / sémantique, morale et expérimentale.

Synthèse théophysique 3
La formation du paradigme
Comment créons-nous des paradigmes ? Le tableau suivant nous donne un bref aperçu
de la façon dont ils se forment ; ce processus est transpersonnel.
Empreinte Circuit Cause
physique physique / survie le code génétique
environnementale émotif l’apprentissage
bon / mauvais
philosophique / sémantique intellectuel la valeurs des mots
et des concepts
morale spirituel une idée du
42 comportement idéal

expérimentale holiste la possibilité de se


transformer, de se
réinventer

L’histoire suivante illustre la façon dont se crée une empreinte.


Il y a quelques années, Suzy et moi étions chez des amis où, assis
autour d’une table, nous discutions du potentiel créatif. Soudain,
Suzy, qui avait alors la parole, se lève et quitte la table. La suivant
des yeux, je constate qu’un bambin de 18 mois escalade allègrement
un barbecue éteint qui commence sérieusement à vaciller. Sans
un mot, Suzy se penche vers lui et le prend doucement à bras-le-
corps. En marchant vers une aire de jeux, elle chuchote à son oreille,
puis le pose à terre. Ayant déjà oublié l’objet de son attention, le
petit garçon se tourne vers une autre aventure en gambadant vers
le carré de sable. Rien qu’en changeant son centre d’intérêt, cette
intervention lui a permis de créer une nouvelle voie neurale et de
quitter, sans traumatisme, l’ancienne voie qui enregistrait sa dan-
gereuse escalade.
Une autre façon de créer une empreinte aurait été de crier au
petit : « Ne fais pas ça, tu vas te faire mal ! » Sans comprendre pour-
quoi, l’enfant se serait alors arrêté dans son mouvement, apeuré par
le ton de la voix et la crainte ou l’impatience qu’il y aurait perçue.

02 Chapitre 2 42 4/29/03, 09:31


Le monde des paradigmes

Consciente pour un instant, puis rapidement enfouie dans son sub-


conscient, sa peur l’aurait influencé toute sa vie et peut-être poussé
à craindre les barbecues, à suer des mains sans savoir pourquoi et
à sentir son cœur battre la chamade sans jamais trouver la source
de son malaise.

Les empreintes physiques

Notre code génétique trace des empreintes qui créent des circuits
« physiques ou de survie » dans nos cerveaux. Hérité de nos père
et mère, qui sont comme deux jeux de cartes totalement distincts,
notre code est un jeu complètement neuf composé de vieilles car-
tes qui déterminent nos traits physiques, ainsi que les forces et
faiblesses de notre organisme.
Notre bagage génétique comprend également des traits méta-
physiques. Des études suggèrent même que nous héritons près
de 70 % des qualités de nos ascendants, comme l’aptitude au lea- 43
dership. L’attitude de la mère ou du père, ou encore des ancêtres
de ceux-ci, correspond à un état physiologique qui façonne les
traits de caractère. Cela n’empêche personne de devenir un leader
mais, pour certains, les voies qui devront être tracées le seront avec
un peu moins de naturel. En étudiant l’origine généalogique d’une
lignée familiale, la science peut déterminer l’incidence d’un trait de
caractère particulier et en prévoir la dominance chez un descendant.
Nous arrivons tous dans la vie lesté de l’héritage de nos ancêtres.
Connaissez-vous votre histoire génétique ? Y a-t-il des cancers ou des
maladies cardiovasculaires dans votre famille ? Quel est votre état de
santé ? Quels traits de caractère avez-vous développés ou trouvez-vous
difficile d’intégrer dans votre vie ?

Les empreintes environnementales

Produits de notre apprentissage, nos empreintes environnemen-


tales créent des circuits émotifs. Nous avons appris ce qui était
bon ou mauvais, ce qui pouvait être dit, pensé ou fait. Nous avons
été soumis à d’une multitude d’interdits qui reflétaient la moralité
du temps et le paradigme familial. On a répété à certains individus
qu’ils étaient beaux et gentils, à d’autres qu’ils n’avaient rien à dire et
qu’ils étaient stupides.

02 Chapitre 2 43 4/29/03, 09:31


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

La plupart d’entre nous ont reçu un conditionnement négatif


(« fais pas ceci, touche pas à ça »), comme si nous savions secrè-
tement comment agir et que nous refusions de le faire. Combien
d’entre nous ont été invités à développer leur intelligence créative,
leur capacité d’aimer et leur puissance personnelle ? Ce n’est pas
un jugement moral mais un constat. Les enfants ne viennent pas
au monde avec un livre d’instructions et les parents apprennent
à être parent en pratiquant. Celui qui entend toute sa vie qu’il est
« un pourri » et « un bandit qui finira en prison », risque de devenir
un pourri, puis un bandit qui finit en prison. L’enfant encouragé à
persévérer dans ses efforts réussira plus facilement ce qu’il entre-
prendra comme adulte. Ce n’est ni miraculeux ni prophétique, mais
simplement logique... neuro/logique !
Qu’est-ce que vos proches vous ont dit ? Quel miroir vous a-t-on pré-
senté ? Quelles sont les règles qu’on vous a inculquées qui régissent encore
votre vie ? Sont-elles toujours adéquates ?
44

Les empreintes philosophiques / sémantiques

Nous recevons également des empreintes philosophiques ou


sémantiques qui deviennent nos circuits intellectuels. Ceux-ci
enregistrent la valeur qu’on donne aux mots et aux concepts.
Conscients de l’effet de l’alphabétisation sur le cerveau, les linguis-
tes comprennent depuis longtemps que lire et écrire ne sont pas les
seules conséquences de cet apprentissage. Outre la maîtrise de ces
habiletés, notre rapport avec le monde des mots nous permet de
coder et décoder notre univers, de transformer un stimulus auditif
en concepts visuels, de penser d’une façon déductive, de classifier
l’information, et d’attribuer un ordre et une priorité aux idées8.
Combien de fois s’échange-t-on des mots dont le sens et la
charge émotive diffèrent pour chacun ? La personne à qui vous
demandez si elle aime les crevettes et qui vous répond : « Avec
une sauce à l’ail », sera surprise d’apprendre que vous possédez un
aquarium dans lequel vous les élevez amoureusement !
La philosophie qui anime notre existence influence la façon
dont nous participons au paradigme social. Un grand nombre d’in-
dividus ont hérité d’une vision du monde réactive qui suggère que
––––––––––
8 Logan, Robert K. The Alphabet Effect, Morrow, 1987.

02 Chapitre 2 44 4/29/03, 09:31


Le monde des paradigmes

la vie leur arrive, qu’ils le veuillent ou non, et qu’ils ont très peu
de maîtrise sur elle. D’autres ont appris comment une philosophie
créative engage leur pleine responsabilité à l’égard de leur vie.
Nous utilisons le même langage, mais échangeons-nous les mêmes idées ?
Votre philosophie de vie encourage-t-elle votre participation entière à la
création de votre vie ou avez-vous appris à subir une vie créée par des
circonstances qui vous sont extérieures ?

Les empreintes morales

Tirées de notre perception du comportement idéal enseigné par


notre environnement, les empreintes morales créent nos circuits
spirituels. Certains individus croient que leur vie peut être vécue au
brouillon, parce qu’ils se réincarneront pour la faire au propre. D’autres
pensent qu’il faut mourir pour aller au ciel. Plusieurs personnes
croient que nous vivons un nouvel âge et que les anges, les enti- 45
tés ou les extraterrestres viendront sur la terre pour nous sauver...
Chacune de ces croyances, incluant les plus traditionnelles, devrait
nous inciter à adopter le comportement prédéterminé par celles-ci.
En réalité, peu d’entre nous vivent leur idéal religieux ou moral.
Les Yanomami du Brésil considèrent nos rites funéraires comme
immoraux. Ils croient que de déposer un corps dans une tombe
pour le visiter une fois par an ne démontre aucun respect à l’égard
des personnes que nous disons aimer. Totalement différente, leur
coutume consiste à brûler le corps, à mélanger ses cendres avec du
plantain et à manger cette mixture qui leur permet de garder leurs
parents et amis avec eux pour toujours. Quel protocole est le plus
acceptable et pour qui ? Qui a raison ? La seule réponse morale est
celle qui satisfait les exigences du paradigme individuel.
Avez-vous une croyance spirituelle qui facilite votre cheminement ? Est-
elle restrictive ou mène-t-elle à la joie ?

Les empreintes expérimentales

Nos empreintes expérimentales, l’expérience imposée par notre


entourage ou celle qu’on décide de vivre, créent des circuits holistes
qui ont un effet sur l’ensemble de nos couloirs. Ce sont elles qui
transforment une vie ou que nous pouvons utiliser avec intelligence

02 Chapitre 2 45 4/29/03, 09:31


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

pour changer. L’individu qui croit être peureux et qui expérimente


une situation d’urgence à laquelle il répond avec courage, voit son
paradigme se transformer profondément.
Nous ne conservons pas nos circuits tels que nous les avons tracés
depuis notre naissance. Nous les affectons positivement ou négati-
vement en fonction de notre style de vie. Certains ont hérité d’une
faiblesse cardiaque, d’autres d’une vulnérabilité au cancer. Or, en
examinant notre bagage génétique et en détectant les forces et les
faiblesses qu’il contient, nous pouvons prévenir et influencer ses
manifestations.
Nous pouvons tracer de nouveaux circuits émotifs et intellec-
tuels, et changer nos valeurs morales et spirituelles. Prisonniers de
notre paradigme, nous sommes souvent inconscients du potentiel
qui nous habite. Pourtant, tous les jours, sans même y penser, nous
empruntons de nouvelles voies neurales (un différent travail, une
expérience culinaire exceptionnelle ou la naissance d’un enfant) qui
46 contribuent à notre transformation personnelle.
Sachant que nous changeons de toute façon, pourquoi ne pas le faire
consciemment, en choisissant ce qu’on veut changer ?

Le langage des paradigmes

Modelé, trituré, sculpté et formé par nos empreintes, notre para-


digme donne naissance à notre vision du monde. Un langage s’est
développé avec le temps pour nous permettre d’approfondir notre
compréhension de ce principe et de connaître certains comporte-
ments auxquels il est associé.

L’effet du paradigme

Nous avons tendance à présumer qu’il n’existe rien d’autre en dehors


de ce que nous pouvons voir ou même concevoir. Aucune hypothèse
ne saurait être plus fausse. Ce qui est vrai est que « lorsque nous
sommes à l’intérieur d’un paradigme, il est difficile d’imaginer tout
autre paradigme9 ». C’est pourquoi, ce qui semble impossible dans

––––––––––
9 Smith, Adam. The Mind, Richard L. Gregory éditeur, Oxford University Press, 1987.

02 Chapitre 2 46 4/29/03, 09:31


Le monde des paradigmes

la perspective d’un paradigme peut parfaitement être réalisable


dans un autre.
Un jour que nous discutions avec des fonctionnaires des effets
du tourisme sur un parc provincial, nous avons été frappés par
deux points de vue diamétralement opposés. La discussion portait
sur l’achat de nouveaux canots et sur la nécessité de répondre à
la demande des visiteurs pour ce genre d’activité. Un des gestion-
naires estimait que l’administration ne pouvait se permettre une
telle dépense, tandis que l’autre y voyait un investissement qui
augmenterait les revenus. Deux perceptions sur le sujet, provenant
de source paradigmatique différente.
Un paradigme est parfois si puissant que, malgré une méconnais-
sance du sujet, il peut nous pousser à rejeter les nouvelles données
– si nous réussissons à les voir – comme étant impossibles ou ina-
déquates. Comme le couloir est neuro/logique, la pensée qui refuse
de s’ajuster réagit ainsi pour des raisons... logiques. Toutefois, nous
savons maintenant qu’il est physiologiquement impossible de consi- 47
dérer quelque chose qui ne fait pas partie de notre paradigme, de nos
mémoires, et d’en tirer des conclusions.
Curieusement, lorsque le paradigme vit une nouvelle situation
ou adopte une nouvelle donnée, il devient beaucoup plus conscient
de tout ce qui est associé à celle-ci. Qui n’a pas acheté un véhicule
qu’il croyait unique, pour ensuite se retrouver sur la route entouré de
voitures identiques ?
L’effet du paradigme peut provoquer également un comporte-
ment manipulateur. Parfois, le paradigme filtre si bien les données
extérieures qu’au lieu de s’ouvrir et de s’ajuster pour les inclure, il
les manipule pour qu’elles se conforment au modèle existant. Nous
manions alors l’information en fonction de nos attentes, désirs,
problèmes personnels ou présomptions.
Dans une expérience qui eut lieu en Allemagne vers la fin du XIXe
siècle, plusieurs sujets mirent des lunettes qui leur faisaient voir le
monde à l’envers. Malgré le fait qu’ils n’ajustèrent pas leur perception
aussi rapidement, tous rapportèrent qu’ils voyaient le monde norma-
lement soit, à l’endroit. Inconsciemment, leur cerveau avait modifié
l’information reçue pour se conformer au paradigme habituel de la
vision10.

––––––––––
10 Smith, Adam. Op. cit.

02 Chapitre 2 47 4/29/03, 09:31


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Comment réagissez-vous à l’information qui vous parvient de l’extérieur ?


Êtes-vous ouverts aux nouvelles idées ? Comment vos attentes affectent-
elles les données provenant d’un autre paradigme ?

La paralysie due au paradigme

Le phénomène de paralysie due au paradigme peut être décrit comme


un embouteillage perceptuel provoqué par notre vision du monde. Joel
Barker ajoute que c’est une maladie mortelle causée par la certitude,
cette dernière poussant un individu ou une collectivité à croire que
leur paradigme est le paradigme11.
Les cultes se régalent de ce phénomène, qui peut être politique,
religieux, économique ou représenter le statu quo. La certitude
d’avoir la réponse ultime a provoquée des guerres (même saintes),
justifié des répressions sociales, excusé la violence, retardé l’évolu-
tion personnelle, brisé des familles et détruit des entreprises.
48 Elle peut même créer des névroses, telle l’anorexie, une
obsession qui mène parfois à la mort. Karen Carpenter, chanteuse
du groupe The Carpenters, pesait moins de 40 kg lorsqu’elle est
décédée à l’âge de 32 ans. L’anorexique à qui on demande de se
regarder nue dans un miroir, puis de se comparer à 10 femmes dont
la taille s’échelonne de mince à grosse, se désigne inévitablement
parmi les femmes les plus corpulentes. Arrêtée à une image d’elle
qui n’existe plus, son paradigme est totalement paralysé, teintant
l’ensemble de sa perception.
Le paradigme qui vous anime est-il le seul à voir juste ? Pensez-vous qu’il
n’existe qu’une seule direction, une seule réponse, une seule vérité ?

L’échange de paradigmes

En observant comment les paradigmes se croisent, nous comprenons


que les individus, les groupes, les sociétés communiquent, et parfois
imposent aux autres leurs bagages personnels et les limites de leur
perception.
Comprendre l’échange de paradigmes facilite l’accueil ou la quête
d’informations. Dans une équipe de travail, un groupe d’amis ou une

––––––––––
11 Barker, Joel A. Op. cit.

02 Chapitre 2 48 4/29/03, 09:31


Le monde des paradigmes

famille, l’utilisation d’exercices de pensée abstraite, de pluie d’idées et de


tout autre outil de créativité, favorise le partage de données. Lors de
séminaires, nous expliquons souvent que chaque nouveau participant
qui entre dans la salle augmente notre potentiel personnel : ce qui
n’est pas dans notre paradigme est peut-être monnaie courante dans
un autre, et inversement.
Que transmettez-vous à vos enfants ? Avec quels filtres leur enseignez-
vous à voir la vie ? Êtes-vous réceptifs aux idées des autres ?

Le comportement paradigmatique

La personne qui adopte une attitude réactive à un modèle prédéter-


miné, tel qu’être macho, cool ou punk, manifeste un comportement
paradigmatique calqué sur la saveur du jour et reflétant le style à la
mode. L’individualisation, la réalisation consciente d’être unique,
est écartée au profit des archétypes contemporains et des principes 49
qu’ils sous-tendent.
Dans notre société, l’individu est stimulé à réagir à ce qu’il doit
faire et non à ce qu’il veut faire. L’éducation lui impose un idéal
douteux ponctué des images restrictives du bon garçon ou de la
bonne fille directement tirées du paradigme des enseignants, qu’ils
soient parents ou professeurs. Par conséquent, s’il ne se conforme
pas aux règles d’un paradigme particulier, il peut être marginalisé.
La politique reflète parfaitement le comportement paradigmatique.
Combien d’élus ont été récusés après avoir exprimé publiquement
leur désaccord face à une décision de leur parti. L’excommunication
existe-t-elle toujours ?
Le film Shine, l’histoire d’un jeune pianiste écrasé par l’autorité
de son père, démontre à quel point un enfant peut être brisé par les
règles rigides et souvent égocentriques des parents. Sans pour autant
nier l’importance des lois destinées à protéger la communauté de ses
membres violents ou dangereux ou contester celles qui définissent un
code d’éthique, interrogeons-nous plutôt sur la rigidité du paradigme
qui oblige l’individu à se comporter de façon réactive et limitative.
Vous sentez-vous obligés d’agir ou de réagir d’une certaine façon ?
Aimez-vous être différent ou adoptez-vous d’office les attitudes à la mode ?
Quelles règles imposez-vous aux autres ? De quelle sorte de paradigme
découlent vos comportements ?

02 Chapitre 2 49 4/29/03, 09:31


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Le complexe paradigmatique

Le complexe paradigmatique décrit la façon dont certains paradig-


mes généralisent et projettent à l’extérieur d’eux ce qu’ils perçoivent
à l’intérieur. Ainsi, les expressions : tout le monde, personne, jamais
ou toujours, ponctuent régulièrement nos commentaires. « Tu es tou-
jours occupé lorsque je te demande de faire quelque chose », « Tu ne
changeras jamais » ou « Tout le monde pense que c’est ainsi » sont
monnaie courante dans la manifestation du complexe paradigmati-
que. Cette tendance à abdiquer toute responsabilité en se cachant
derrière une masse invisible ou à éviter de particulariser un événement
démontre un manque d’estime de soi, une peur de s’exposer et d’être
vulnérable. Si c’est toujours ou jamais, la discussion se termine là. Si
c’est tout le monde ou personne, cela justifie notre position.
Avez-vous tendance à tout colorer du même pinceau ? Les événements
de votre vie se répètent-ils continuellement ?
50
Le flexi-paradigme

Le flexi-paradigme est la capacité d’utiliser différents outils de pen-


sée, d’examiner l’ensemble d’une idée ainsi que ses composantes,
d’évaluer les deux côtés d’une médaille pour en tirer une synthèse
créative. Imaginons le président d’une entreprise qui change sa façon
de voir à la suite d’un commentaire opportun du balayeur. Cette
flexibilité du paradigme, mieux adaptée à un monde en changement,
est indispensable pour développer une intelligence plus créative. Elle
démontre une bonne estime de soi et une capacité de croître et de
se transformer.
Changez-vous facilement d’idée ? Avez-vous un paradigme rigide ou
souple ? Vous adaptez-vous aisément à une nouvelle situation ?

Les pionniers du paradigme

Les pionniers du paradigme sont des individus qui, contre toute


évidence, élaborent et définissent les règles d’un nouveau paradig-
me. Steven Job, fondateur d’Apple, a réduit la taille des ordinateurs
réservés aux entreprises et créé le nouveau paradigme du micro-
ordinateur personnel.

02 Chapitre 2 50 4/29/03, 09:31


Le monde des paradigmes

Ces pionniers repoussent les frontières du connu. Ce sont ceux


qui demandent « pourquoi pas ? » et qui ne se satisfont pas du statu
quo. Certes, ils provoquent l’ancien paradigme et dérangent les habi-
tudes, mais ce sont eux qui font évoluer les choses. Ils expriment le
pouvoir du un, soit la puissance d’un seul individu. Gorbatchev avec
son livre Perestroïka (nouveau paradigme) a fait chuter le communisme ;
Nelson Mandela, après 27 ans d’emprisonnement, devient le premier
président noir d’Afrique du Sud.
En 1954, pour la première fois de l’histoire, Roger Bannister a fait
éclater l’ancien paradigme athlétique en courant un mille en moins de
quatre minutes. Très vite, des dizaines des coureurs accomplissaient le
même exploit. Aujourd’hui, à l’école secondaire, un étudiant qui veut
devenir un champion doit faire de même, sinon on lui recommandera
vivement de changer de sport.
Avez-vous des limites qui vous emprisonnent ? Vos croyances vous
empêchent-elles d’évoluer ? Êtes-vous pionnier ou gardien de votre
propre paradigme ? 51

L’autorité paradigmatique

Un grand nombre de paradigmes sont alourdis de règles ultimes


qu’on croit ne pas pouvoir remettre en question. Si l’infaillibilité du
pape est un exemple trop facile, sauf pour les croyants, considérons
alors l’esprit humain qui s’arrête parce que « le patron a dit... », « les
ingénieurs savent... » ou « le médecin veut que… ». La majorité des
gens sont convaincus que la mort et les impôts sont nécessaires ;
ils ne s’interrogent pas, ne se révoltent pas et acceptent sans mot
dire ce que l’autorité leur impose. Da Free John, un yogi américain,
prétend que l’on peut atteindre l’illumination en se posant cons-
tamment la question : « Qui est le maître (l’autorité, les habitudes,
l’émotion, les autres) que je sers maintenant » ?
Sur quelle autorité repose le paradigme que vous appliquez ? Quel est
l’absolu auquel vous soumettez votre esprit ?

Le paradoxe du paradigme

Parce que l’inconnu est inconnu, tout individu ou collectivité qui


choisit de transformer son paradigme agit sans avoir la garantie

02 Chapitre 2 51 4/29/03, 09:31


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

que le nouveau modèle sera meilleur que l’ancien. Ce mouvement


est uniquement issu de la conviction que le paradigme actuel ne
répond plus aux ambitions, besoins et désirs de celui qui veut chan-
ger. Souvent provoquée par une situation inopinée ou par l’entrée
inattendue de nouvelles données, cette transformation représente
un changement fondamental de notre façon de voir.
Lors d’un sondage sur le décrochage scolaire, un étudiant
témoignait de son expérience. À l’âge de 16 ans, ayant l’impression
d’aller nulle part, il avait quitté l’école secondaire, puis passé les
deux années suivantes à faire ce qu’il voulait, c’est-à-dire rien. Un
jour, il rencontra un copain qui l’invita à une conférence sur l’an-
thropologie. Ce fut une révélation. Profondément fasciné par ce qu’il
entendit, il décida de tout faire pour retourner aux études et obte-
nir une maîtrise en anthropologie. Une chose fondamentale avait
transformé son paradigme : il savait maintenant ce qu’il voulait.
Ce mouvement évolutif du paradigme suggère une forte volonté de
52 changer et la discipline nécessaire pour l’accomplir.
Votre paradigme vous satisfait-il ? Êtes-vous assez heureux ? Avez-vous
réalisé vos rêves ? L’évolution du paradigme est un appel naturel auquel
certains répondent et d’autres non. Beaucoup sont appelés, mais
peu sont élus, signalent les Saintes Écritures. Mais, qui choisit
qui ?

02 Chapitre 2 52 4/29/03, 09:31


3
Une nouvelle perspective

N
ous sommes, en grande partie, prisonniers de notre para-
digme, des circuits neurologiques que nous avons tracés et 53
qui dictent notre façon de voir, de penser et d’agir. Malgré
tout, peut-être pour nous rassurer, nous aimons nous convaincre
philosophiquement que nous disposons d’un libre arbitre. Mais si
nous sommes libres, pourquoi nos réactions aux événements sont-
elles plus rapides que notre volonté, et amnésiques à nos bonnes
résolutions ? « C’était plus fort que moi, dit-on, je n’ai même pas
eu le temps d’y penser, c’était dit, c’était fait » !
En réalité, nous sommes beaucoup plus esclaves de nos habi-
tudes que libres et sans contraintes. Le Dr Charles Tart, professeur
de psychologie à l’université de Californie (UCLA), utilise un exer-
cice très simple pour démontrer à quel point notre libre arbitre est
captif1. Afin de pouvoir mettre leur résolution à l’épreuve, il propose
à ses étudiants de prendre une montre qui marque les secondes
et d’employer toute leur volonté à les regarder s’écouler en même
temps qu’ils concentrent leur attention sur leur respiration. Ils ne
doivent penser à rien d’autre pendant cinq minutes. Faites l’expé-
rience.
Cette nouvelle perspective confirme que développer notre capi-
tal créatif est moins une altération de notre inventaire personnel
– ce à quoi l’on pense – qu’une augmentation de notre potentiel en
modifiant la façon dont on pense. Si vous éprouvez des difficultés
––––––––––
1 Tart, Charles T. Waking Up, Shamballah, 1986.

03 Chapitre 3 53 4/29/03, 09:31


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

à accomplir volontairement cette tâche, imaginez à quel point la


puissance de votre libre arbitre est limitée face à des habitudes de
vie bien enracinées. Le Dr Tart consacre son livre à démystifier le
sujet afin que ses lecteurs comprennent que « le libre arbitre résulte
d’une transformation évolutive de l’individu qui travaille à sa propre
libération ». En fait, la plupart d’entre nous auraient beaucoup de
choses à changer pour être parfaitement heureux. Nous pourrions
nous attaquer à chaque habitude nuisible ou destructive, passant
un temps indéfini à effectuer les changements requis. Mais, de
modifier un morceau ou l’autre de notre contenu a peu d’effets
sur l’ensemble du paradigme et, en conflit avec d’anciens couloirs
neurologiques, un nouveau comportement peut demander beau-
coup de travail pour se développer. La tâche peut donc s’avérer
insurmontable.
Imaginons notre paradigme comme un verre de 250 ml. Peu
importe le contenu qui le remplit, ce contenant (contexte) limité
54 à 250 ml ne peut accepter plus que son volume sans se casser ou
déborder. Si notre contexte paradigmatique est restreint, nous y
vivons à l’étroit, incertains de ce que nous pouvons jeter ou con-
server. Ceci explique la difficulté que nous éprouvons à changer.
Croyant que l’inventaire de notre contenu, le quoi, nous définit et
nous explique, qu’il est important puisqu’il prend toute la place,
nous y sommes profondément attachés. La plupart d’entre nous
ne savent ou ne pensent pas que le comment, notre façon de voir
la vie, est ce qui nous particularise.
Investir dans notre capital créatif signifie d’augmenter la con-
naissance que nous avons de nous, c’est-à-dire d’améliorer notre
niveau de conscience de soi et de conscience sociale en plus d’em-
brasser les processus d’autonomisation créative (self-empowerment) et
d’actualisation personnelle. Le tableau suivant décrit les éléments
intrinsèques à notre capital créatif.

Syntèse théophysique 4
Les quatre dimensions du capital créatif
La conscience de soi
• Conscience de sa vitalité : La capacité d’identifier et de remplir ses besoins
physiques et de sécurité ;
• Conscience émotive : La capacité de reconnaître comment ses émotions
affectent son esprit, ses humeurs, ses attitudes, ses relations et sa vie au
travail ;

03 Chapitre 3 54 4/29/03, 09:31


Une nouvelle perspective

• Conscience intellectuelle : Les habiletés cognitives, incluant la capacité de


lier des idées, de reconnaître ses forces et d’estimer ses valeurs ;
• Conscience spirituelle : La capacité de se doter d’un véritable sens d’iden-
tité et d’une forte estime de soi ; la capacité de reconnaître ses limites et ses
défauts ;
• Maîtrise de soi : La capacité de maîtriser ses impulsions, ses désirs et ses
réactions nuisibles ;
• Éthique : La capacité d’agir avec honnêteté et intégrité ;
• Autorité : La capacité de se gérer et de prendre ses responsabilités ;
• Adaptabilité : La capacité de s’ajuster aux situations, de vaincre les obstacles
et de relever les défis ;
• Initiative : La capacité de saisir les opportunités et d’entreprendre des trans-
formations ;
• Motivation positive : La capacité d’être orienté par « l’idée de bien faire », par
un code de comportement élevé.
La conscience sociale
• Empathie : La capacité de pressentir les émotions et les humeurs des autres,
de comprendre leurs perspectives et d’être activement intéressé à leurs pré-
55
occupations ;
• Conscience organisationnelle : La capacité de comprendre la structure
organisationnelle (qu’elle soit corporative, communautaire, associative,
etc.), d’identifier ses réseaux décisionnels et de naviguer dans sa politique
interne ;
• Attitude altruiste : La capacité de reconnaitre et de répondre aux besoins des
autres ;
• Flair politique : La capacité de voir comment les politiques globales affectent
sa propre qualité de vie.
L’autonomisation créative (self-empowerment)
• Communication : La capacité d’écouter et d’articuler des messages pondé-
rés ;
• Gestion de conflit : La capacité de désamorcer les tensions, de trouver et
d’implanter des solutions ;
• Réseautage : La capacité d’établir et de maintenir des relations, l’habileté à
négocier ;
• Travail d’équipe : La capacité de promouvoir la collaboration, de partager le
pouvoir et d’aider à réaliser une vision et des rêves ;
• Leadership : La capacité de mobiliser les ressources en utilisant une variété
de tactiques et d’habiletés ;
• Perfection : La capacité d’investir sa volonté dans l’amélioration de soi ;
• Puissance personnelle : La capacité d’influencer les gens par une vision
créative ;

03 Chapitre 3 55 4/29/03, 09:31


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

• Mentorat : La capacité d’améliorer les habiletés des autres à travers l’entraî-


nement et la rétroaction.
L’actualisation personnelle
• Catalyseur du changement : La capacité d’explorer une qualité de vie et des
valeurs unifiantes ;
• Chasseur : La capacité de rechercher l’information et les ressources appro-
priées ;
• Rêveur : La capacité de transformer l’information en services, produits et
projets innovateurs, de projeter une vision créative du futur ;
• Clairvoyant : La capacité d’analyser, d’estimer et de juger les idées, d’évaluer
les gens et les concepts, les moyens et les opportunités ;
• Guerrier : La capacité de transcender ses limites et défauts, de poser des
gestes concrets et de donner une plus-value à l’existence ;
• Mage : La capacité d’accueillir, de comprendre et d’utiliser l’information pro-
venant tant de l’environnement extérieur que de ses dimensions intérieures,
d’inspirer et d’influencer les gens, les événement et les circonstances.

56 Quoique le changement soit inévitable, la décision d’investir


dans son capital créatif est personnelle. Les visionnaires qui l’ont
fait, attestent qu’un esprit plus créatif est une ressource inestimable
dans un monde qui change à la vitesse de la pensée. La situation
démographique des 10 à 20 prochaines années suggère qu’avec le
retrait des baby boomers du marché du travail, nous vivrons une
sévère pénurie de gestionnaires compétents et de travailleurs spé-
cialisés. Cela signifie aussi que les travailleurs seront débordés.
Nous pouvons réagir à cette information ou devenir proactif et
entreprendre d’investir dans notre capital créatif.
La transformation personnelle n’est pas une altération de notre
inventaire, mais une évolution de notre contexte, du comment. En
convertissant ce contenant de 250 ml en un baril de 200 litres, l’es-
pace occupé par le contenu du verre devient insignifiant, comparé
à ce qui est maintenant disponible. Nous pouvons alors plus faci-
lement nous tourner vers le futur, le nouveau, parce que le passé,
le vieux, a perdu de son importance.
Dans sa métamorphose, le paradigme social exerce une pres-
sion presque insupportable sur le paradigme individuel, le forçant
à se redéfinir. Cependant, alors que le changement est inévitable,
la décision de changer, elle, doit être personnelle, volontaire et
consciente. Afin de participer de manière créative à ce mouvement
global, nous devons choisir de faire le lien entre la personne que

03 Chapitre 3 56 4/29/03, 09:31


Une nouvelle perspective

nous sommes et celle que nous voulons devenir. Ce choix nous


incite à déterminer notre futur et à entreprendre d’actualiser les
étapes nous y menant.

Une sphère de conscience limitative

Le psychiatre Charles M. Johnson suggère que le seul fait d’être


vivant confirme notre appartenance à un processus évolutif qu’il
qualifie de créatif2. C’est en répondant à des questions fondamen-
tales touchant le changement et le processus de croissance chez
les être vivants que cette conclusion s’imposa chez lui. Durant sa
recherche, il avait compris que la religion et la science avaient été
les seules voies d’exploration utilisées dans l’histoire et qu’elles
étaient toutes deux inadéquates et réactives à l’existence, puis-
qu’elles analysaient la création comme une chose statique. En 57
examinant ces deux approches dans un contexte plus large, il
avait découvert que la causalité dans les systèmes vivants était ni
mystique ni mécanique, mais bien créative.
Pour Johnson, la vie est une série de relations dynamiques qui
ne sont pas l’effet du hasard. Afin d’illustrer ce point, il explique
la façon dont évolue l’amitié : « Nous faisons connaissance et si la
rencontre est convenable et opportune, l’impulsion d’une amitié
potentielle naît entre nous ; si nous honorons ce potentiel, il se
développe et permet à notre unicité de se manifester. » Il ajoute que
l’évolution d’une amitié est un processus créatif, parce que la trans-
formation de la relation se produit lorsque chacun participe à son
déroulement. Or, cette contribution individuelle et constante est ce
qui permet à l’amitié de croître. Observant l’activité qui caractérise
différents types de rapports, le travail du Dr Johnson démontre que
la croissance humaine est ordonnée de façon évolutive.
Pour expliquer comment nous sommes liés à cet ordre créatif,
le paléontologiste jésuite Pierre Teilhard de Chardin décrit l’être
humain comme une noösphère, une sphère de conscience (du grec
noös), dont le corps physique est une extension biologique.
Vu ainsi, le paradigme est composé de conscient, c’est-à-dire
de nos perceptions habituelles, et de subconscient, soit de nos
––––––––––
2 Johnson, Charles M. The Creative Imperative, Celestial Arts, 1986.

03 Chapitre 3 57 4/29/03, 09:31


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

mémoires et neurones encore inutilisés. Tout ce que nous perce-


vons, tout ce qu’il nous est possible de concevoir fait partie inté-
grante
� � � � de
� � �notre
� � � �sphère
� � � � �de� �conscience.
����� ��� �� ����� ����
Au-delà des limites que chaque noösphère peut transcender se
trouvent l’inconscient collectif, – qui contient les idées héritées des
������������passées,
générations ��������� la��� mémoire
��������universelle,
�������������le
���potentiel
����������encore
������
��������������������������������������������������������������������
non actualisé – et le superconscient, qui représente l’ordre créatif de
���������������������������������������������������������������������
l’univers et la pulsion évolutive, source de toute vie. Tout individu,
�����������������������������������������������������������������
en tout temps, peut accéder à ces profondeurs de conscience et
����������������������������������������������������������
établir un lien avec la puissance créative qui y règne.

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58

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Le paradigme réactif
��������������������
La noösphère humaine peut être scindée en trois parties : connais-
������������������������������������������������������� � ��������
sances A, expériences B et désirs C. A/B correspond aux connais-
�������������������������������������������������������������������
sances spécifiquement tirées de nos expériences ; A/C à ce que nous
���� ��������������� ������� ��� ���� ����������� �� ���� �� ��� ���� ����
désirons savoir ou apprendre ; et B/C à ce que nous désirons faire et
���������������������������� ����������������������������������������
expérimenter. L’habitude reflète la portion de ces trois composantes
�������������� ����������� �������� ��� �������� ��� ���� ������ ������
la plus souvent mise à contribution.
�������������������������������������������

03 Chapitre 3 58 4/29/03, 09:31


U�n�e� �n�o�u�v�e�l �l �e� �p�e�r�s�p�e�c�t�i �v�e�

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��������������������� � �������
Le paradigme existant : réactif
Notre paradigme existant comprend tout ce que nous avons
��������������������������������������������������������
appris, expérimenté
�������� ������������ ��� et désiré depuis
������� notre������
������� conception, notre façon
������������ �����
coutumière d’expérimenter
������ ����������� la vie, et ���
��������������� nos�����
désirs, envies,
��� ���� intérêts
�������� �������et
ambitions. Évoluant dans le temps, nous sommes
��������� ��� ����������� ��������� ����� ��� ������� ����� ������ fermement atta-
chés au passé���������
���������� par nos connaissances,
��� ������ ���� ���� ces mémoires qui influencent
��������������� ���� ���
même la façon dont nous vivons le
������� ���� ������������ ����� ��� ������ ����� �����présent et créons notre
�������futur. ��
C’est
��������pourquoi nous������
��� ������� réagissons
������� d’une
������ façon
���������habituelle aux diffé-
����� ���������� ��
59
rentes
������situations de notre����
������ ����������� vie.������������
Ainsi, une bonne personne
����������� réagira
��� ������ ����
avec bonté, une personne douce avec douceur,
������� ���� ������ ��������� �������� ����� ������� ���� �������� un colérique avec
colère et une agressive avec agressivité. Habitué à dire « oui » à
������������������������������������������������������������������
tout le monde, l’employé à qui
����������������������������� ���on� demande d’effectuer des heures
��������������������������������
supplémentaires répondra par l’affirmative,
��������������������������������������������������������������avant même de réfléchir
��������������������������������������������������������������������
sa disponibilité. L’individu qui manque de confiance en lui refu-
sera une promotion et celui qui a une bonne estime de soi relèvera
������������������������������������������������������������������
facilement les défis.
��������������������������������������������������������
Généralement inconscients du potentiel illimité qui nous
������������������������������������������������������������
entoure, nous vivons isolés à l’intérieur de nos propres limites.
���������������������������������������������������������������������
Choisissant les expériences de notre vie en fonction des connais-
������������������������������������������������������������������
sances
���� �����que ����������
nous possédons ��� ���et de l’intérêt
���������� (désir)
�������� ���� que
����� nous
������ avons
���
développé, nous devons faire un effort pour
���������������������������������������������������������������� nous ouvrir à une
nouvelle information.
������������������
Cependant, parce qu’il est résistant à tout
������������������������������������� ce qui
�� ����� peut�����
��� ���� le remet-
��� ���
tre en question, ou provoquer un changement important dans son
�������������������������������������������������������������
inventaire personnel, le paradigme développe différentes stratégies
������������������������������������������������������������������
pour empêcher l’intrus de pénétrer. Ainsi, le commentaire en appa-
����������������������������������������������������������������
rence objectif :
��� ���������� ��������« On ne��peut � ���pas ��� faire
�����ça » !������
���� exprime
�� � ��en réalité ��
�������� la
perception subjective suivante : « Je ne sais
����������������������������������������� � � pas comment le faire »,
����������������������
il���
ne�����
possède
��� ��� ��� �������� ���� ��� ������������ ��jamais
pas la connaissance ; « Je ne l’ai � ��� ���fait
�����»,������
il n’a
pas l’expérience ; « Je ne veux donc pas de le faire »,
���� �������������������������� ��� ������������������������������� ����� il n’en a pas le
désir. Inconsciemment, il signale : « Si cela n’existe pas dans mon

03 Chapitre 3 59 4/29/03, 09:31


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

paradigme, cela ne peut pas exister ». À ce genre d’attitude, Joel


Barker répond : « Ceux qui croient que cela ne peut pas être fait
devraient céder la place à ceux qui sont déjà en train de le faire3 ».
Sachant que tout ce qui est nouveau pour nous n’existe pas dans
nos mémoires, nous devons prendre la responsabilité du contenu
de notre paradigme, je, et comprendre qu’il ne représente qu’une
infime partie de ce qui se trouve à l’extérieur de lui, non-je.
Engagée dans une dynamique constante, notre noösphère bouge et évo-
lue, souvent malgré nous. Qui d’entre nous est la même personne qu’il y
a 5 ans, 10 ans ? Qui serez-vous dans 5 ou 10 ans ? Si le changement
est inéluctable, pourquoi ne pas en être le maître-d’œuvre ?

Le paradigme proactif

60 Dans son livre The Courage to Create, Rollo May décrit la conscience je
comme un élément distinctif de notre existence4. Sans les limites
imposées à notre paradigme, ajoute-t-il, nous ne l’aurions jamais
développée. Il compare ces bornes au lit d’une rivière (nos voies
neurales) sans lesquelles l’eau (la conscience) se répandrait sur
la terre. La rivière représente donc la tension entre son lit et l’eau
qui y coule. Comprendre pourquoi et comment l’eau circule dans
le lit de la rivière nous aide à en diriger consciemment le flot et sa
direction.
Ainsi, c’est uniquement lorsque nous prenons conscience de
notre paradigme que nous pouvons le modifier. Imaginons tous les
changements que nous aimerions apporter à notre vie comme un
monstre à 1000 têtes. Nous avons le choix d’affronter chaque tête,
espérant gagner le combat, ou de couper le cou pour les faire tom-
ber toutes à la fois. Cette décapitation symbolise la suppression des
limites du paradigme existant au profit d’un éveil de conscience,
d’une prise de responsabilité face à nos choix, et d’une volonté de
nous libérer de nos habitudes débilitantes.
Pour faciliter notre tâche, nous pouvons ajouter l’apprentissage
du processus créatif à nos connaissances, la pratique de la stratégie à nos
expériences et la compréhension des mécanismes de la motivation

––––––––––
3 Barker, Joel A. Discovering the Future, I.L.I Press, 3e édition, 1989.
4 May, Rollo. The Courage To Create, W. W. Norton & Company, 1975.

03 Chapitre 3 60 4/29/03, 09:31


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Une nouvelle perspective

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à nos désirs. Au centre de ce paradigme transitoire, émerge alors
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une attitude proactive je.
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Réactif
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Le ��������� �������est
processus créatif ���un ��modèle
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dynamique qui��� ��������
facilite l’ex-
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pansion de �� notre����� ���������
paradigme �� ���
et qui ����
nous aide���� � �������
à établir �� ����
de nouveaux
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liens entre ����� ��� ����������
différents éléments �������� �� ��� ��������
de son contenu. Ainsi, ce������
qui nous��
��� ���� ��������� ��������� � ��� ��������������
attachait autrefois à une interprétation limitative de notre passé ���������� �� ����� ��
����� ���� ����������
peut maintenant ���� ���������
être abandonné �� ��������
au bénéfice d’une ����� �������
réorganisation 61
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profitable ���������� �� ������������
et libératrice.
����
Pour constamment����
����������� nous��������
souvenir�� de���������
l’emprise�� du����������
paradigme,
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nous avons affiché dans notre bureau une bande dessinée��
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fils demande à son père : « Papa, quelle est la plus grande force��
������� � ��� ���� � � ����� ������ ��� �� ���� ������ ����� de
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l’univers�?��»,�«��La�����
force��de ����������
l’habitude � ������
» répond ��������� �� ���������
celui-ci. La trans-
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cendance �� ��� ����bons
de nos �����vieux
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neurones, les chemins �� ��de �������
la moindre���
��������� �������� �� ���� �� ����� �� ����������
résistance, requiert la mise en œuvre de stratégies et une bonne �� ��� ����� ����
�����������������
dose d’automotivation.
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Mais,���������
qu’est-ce��� que�� la����������
motivation�?��������
Pourquoi�����������
sommes-nous�� un
���� ������ � ���� �� � ���� �� ��������� � ��
jour gonflé à bloc et à plat le lendemain ? La compréhension des ������������� ���
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mécanismes �� de �� ���������� nous
la motivation ����aide
����non���seulement
��������� � ������
à reconnaî-
������
tre les causes et à anticiper les effets, mais également à �����
��� ������ �� � ��������� ��� ������� ���� ��������� � créer���les
����������
conditions �à �����������
l’intérieur ����������
desquelles ���� nous �������
pouvons ��������
répondre �������
effica-
������
cement��� nos��������
besoins.
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L’individu ��������
proactif �������
aiguise�� sa����������
conscience�� du���je.��Il���������
reconnaît��� ses
�����������
aspirations et mise sur ce qu’il veut de sa vie. Il apprend�à�������
�� ���� ��� �� ����� ���� �� �� ���� �� ������� aligner
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ses �����
voies ��������
neurales �� de �����
façon �����������
stratégique��et��������
pratique��� une��������
attitude
��������� ���������� � ��������� �� ������� ������
réceptive permettant à l’inconnu de devenir connu. Il comprend que �� ��������
��� �� ����������
sa perception de la��réalité
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reflète ����������
uniquement son ��� ���������
paradigme et il
�� �� ������� � �� ���� �� ���������� �����
apprend à ne plus la considérer comme allant de soi. ������ �� ����

03 Chapitre 3 61 4/29/03, 09:31


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Le paradigme créatif

Rollo May constate que la créativité est caractérisée par une inten-
sité de conscience, un état d’éveil particulièrement élevé, libre de
la perpétuelle dichotomie entre le sujet je et l’objet non-je5.
Abraham Maslow a contribué de façon inestimable à la descrip-
tion d’un être épanoui et créatif. Pour lui, les individus actualisés
sont ceux qui se sont affranchis de la majorité des considérations
qui ancre l’homme moyen dans sa médiocrité. Lorsqu’il examine
les moteurs de leurs vies, il décrit ces personnalités comme ayant :
« […] une perception supérieure de la réalité ; une profonde accep-
tation d’eux-mêmes, des autres, de la nature et du grand dessein
de l’univers ; ils manifestent une spontanéité, un détachement et
une indépendance accrus ; ils partagent une gamme plus riche de
réponse émotive, d’excellentes relations partout où ils choisissent
de s’investir, ainsi qu’un caractère et une structure beaucoup plus
62 démocratiques6. »
Ayant intégré une attitude proactive à sa vie, le paradigme créa-
tif manifeste une plus haute intelligence, une sagesse profonde et
une volonté inébranlable. Animé par la passion et par la joie de
vivre, il sait n’être limité que par le potentiel presque infini que lui
offre ses 100 milliards de neurones qu’il peut connecter de trillions
de façons différentes.

––––––––––
5 May, Rollo. Op. cit.
6 Maslow, Abraham. Understanding Human Behavior, Nicholas Writght éditeurs, Colombia
House, 1974.

03 Chapitre 3 62 4/29/03, 09:31


Une nouvelle perspective

Attribué au philosophe romain Cicéron, le mot intelligence


réunit deux termes latins : inter, qui veut dire entre, et legencia, qui
signifie lien. L’intelligence est donc la capacité de faire des liens
entre nos connaissances. D’après cette définition, nous sommes
tous intelligents. Néanmoins, comment nous voyons le monde
influence sérieusement la façon dont nous établissons nos liens.
L’intelligence peut donc être destructive, reflétant l’état du paradig-
me réactif : peur, manque de confiance ou d’estime de soi, égoïsme,
besoin de dominer ou de manipuler, etc. Elle peut également être
créative et établir des liens qui sont expansifs et qui font évoluer
les idées. Cette forme d’intelligence nous aide à clarifier notre
position face aux gens et à constater les situations en fonction de
notre capacité et de notre volonté d’intervenir.
Cette attitude suggère qu’il est possible de choisir les liens
que nous désirons créer. En alliant la stratégie à l’expérience, nous
développons de la sagesse, soit la capacité de se doter d’un éventail
de choix qui facilite la sélection des plus judicieux. Deux fois lauréat 63
du prix Nobel dans deux disciplines différentes, le Dr Linus Pauling
était un ardent praticien de cette technique créative. Lorsqu’on lui
demanda ce qu’il fallait faire pour avoir une bonne idée, il répondit :
« Avoir beaucoup d’idées et jeter les mauvaises ». Plus nous avons
de possibilités, plus il est facile de bien choisir !
Ayant compris que la motivation humaine découle de princi-
pes évolutifs, l’individu créatif aiguise sa volonté pour répondre
efficacement à ses besoins, gérer sa vie adroitement et investir
judicieusement dans le développement de son potentiel.
Selon le Dr Joseph Campbell, toutes les doctrines, philosophies
ou religions suggèrent que nous sommes beaucoup plus que ce
que nous pensons être et que le sens de notre existence est plus
profond et plus large que nous sommes à même de le concevoir.
« Mais, dit-il, notre conception de nous-mêmes n’inclut pas cer-
taines dimensions de notre être, ni un potentiel de réalisation ou
d’éveil de notre conscience7. » Notre expression humaine ne reflète
donc qu’une fraction de ce qui nous habite réellement, de ce qui
nous donne vie.

––––––––––
7 Dr Campbell, Joseph et Bill Moyers. The Power Of Myth, Doubleday, 1988.

03 Chapitre 3 63 4/29/03, 09:31


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Le paradigme évolutif

Le paradigme évolutif est puissant, voire magique, qualité qui


émerge
� � � � �de
� � la créativité
�� � � � � � � �appliquée dans
��� ���� � � � � tous
� � � les
� � �maintenant
���� de sa
vie. Si on considère que la magie est l’art de causer volontaire-
ment un changement, il vise à développer cette habileté jusqu’à la
���������������������������������������������������������������������
maîtrise. Il utilise son intelligence pour assurer une expansion de sa
��� �������� ����� ��������� ���������� �� ������������ ���������� ��� ��� ���
conscience, sa volonté pour toujours s’aligner à l’intention créative,
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et sa sagesse pour prolonger sa vie de manière qualitative.

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64 Réactif Proactif Créatif Évolutif


Puisque rien n’est
������� ��������jamais acquis, �������
la capacité de notre cons-
��������
cience de s’ouvrir à volonté et de prendre de l’expansion requiert
une �����������������������������������������������������������������
attention constante. « Chasser le naturel, il revient au galop »
�����������
dit ����������������������������������������������������������
le proverbe. Rien n’est plus facile que de retomber dans nos
�� �����������������
anciennes habitudes. ���������������������������������������� �����������
������� �����sur
Aligné ������ ����� �������
l’intention ���� ���
créative ���������
– la pulsion����� ���� ���������
évolutive qui nous
����������
rend conscient de notre potentiel –, chaque décision, geste ou
�������������������������������
intervention devient un acte magique, �������������������������������
une manifestation de notre
����� ���������� ��� ������ ����������
puissance personnelle. Cet engagement������� ��� de notre����������
volonté ������
améliore��
�������������
la ��������
qualité de notre ���
vie et ����� ���������
augmente ���� �������������� ��
notre longévité.
������
Le ����������
paradigme������������� ���� �����������
évolutif transcende ��� ������
la perception �������
dualiste (je
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non-je) pour incorporer une vision quantique qui englobe ces
deux�������������������������������������������������������������
aspects. Jusqu’en 1973, la réalité atomiste divisait le monde
��������
en ����� �����������
un macrocosme ����
(là-bas, à ������� ����������
l’extérieur) ���� ��������(ici,
et un microcosme ���
�����������������������������������������������������������������
l’intérieur). Aujourd’hui, la nouvelle physique affirme que
�������������������������
l’observateur ne peut observer ���������������������������������������
sans altérer fondamentalement ce
qu’il observe. La distinction entre le je���������
�������������� ������������� ��� ��������� ��������
et le non-je ���� �����
est réellement
����������
une ���dans
illusion �����un���������
univers ����� ��������où�����������������
quantique, tout est lié de façon ��
���������������������������������������������������������������������
indivisible.
����������������������������������������������������������������
Le magicien dans sa vie comprend que sa relation avec l’univers
������������
physique est une expérience tout à fait subjective. Sachant qu’il est
������������������������������������������������������������
l’unique dénominateur commun de toutes ses expériences, il accep-
����������������������������������������������������������������
te sans réserve la responsabilité de son évolution personnelle.
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03 Chapitre 3 64 4/29/03, 09:31


Une nouvelle perspective

La nature de l’évolution

En 1995, Time Magazine levait un voile sur la nature de l’évolution


en annonçant en gros titre que l’amour est biologique et que des
hormones, sécrétées par le thymus et la glande pituitaire, accom-
pagnent le sentiment amoureux. Avec de la pratique, soulignait-on,
cette sensation peut être déclenchée à volonté sans qu’intervien-
nent des éléments extérieurs. De plus, la science confirme qu’une
attitude d’amour et de joie est la clé de la santé physique, émotive,
mentale et spirituelle ; il existe réellement un lien évolutif entre les
émotions positives et la vie.
L’amour s’épanouit à travers les quatre paradigmes. La première
étape est une forme réactive d’amour égoïste, où l’on dit : « Aime-
moi ». Le nourisson qui ne peut rien faire de lui-même réagit de
toutes les façons possibles pour assurer sa survie. Il a besoin d’être
aimé, car s’il ne reçoit pas d’amour, il peut ralentir ou arrêter son
développement. 65
La deuxième phase d’amour est symbiotique et s’exprime par
« aime-moi et je t’aimerai aussi ». La plupart des gens transcen-
dent difficilement cette étape conditionnelle et ils oscillent entre
la réactivité et une attitude proactive.
C’est au moment où nous décidons consciemment de quitter
notre zone de confort que la troisième phase d’amour émerge
comme un cheminement créatif menant à l’estime de soi : « Je
m’aime suffisamment pour... » Selon le psychologue Matthew
McKay : « La conscience de soi est l’un des facteurs principaux
distinguant les humains des autres animaux : l’habileté de former
une identité et de lui donner une valeur. En d’autres mots, vous
avez la capacité de définir qui vous êtes, puis de décider si vous
aimez cette identité ou non8. » Ayant constaté des transformations
importantes chez un grand nombre de ses patients, le chirurgien
plastique Maxwell Maltz affirme que l’estime de soi est le facteur
déterminant d’une vie heureuse et satisfaisante. Il souligne : « Nous
devons trouver notre “soi” acceptable. Nous devons développer un
“soi” que nous nous sentons libres d’exprimer créativement et en
qui nous pouvons croire. Nous devons avoir une saine estime de
soi9. »
––––––––––
8 McKay, Matthew et Patrick Fanning. Self-Esteem, MJF Books, 1987.
9 Dr Maltz, Maxwell. Psycho-Cybernetics, Prentice Hall, 1960.

03 Chapitre 3 65 4/29/03, 09:31


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INVESTISSEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

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Partie intégrante du paradigme évolutif, l’amour inconditionnel
���������������������������������������������������������������
marque la dernière phase. Cette quatrième forme d’amour est une
�����������������������������������������������������������������
résonance émotive, une sensation de bien-être total, une sérénité
�����������������������������������������������������������������
qui émane de soi et qui n’est pas assujettie aux conditions exté-
�����������������������������������������������������
rieures, mais liée uniquement à notre état intérieur.
�������������������������������������������������������������
Quoiqu’ils nous apparaissent distincts et séparés, les quatre
����������� ���������� ���������� �������� ��� ���������� ������������� ��
paradigmes (réactif, proactif, créatif et évolutif) représentent la
����������� ������ ���� ��������� ����� �������� ��������������
croissance qu’il est possible pour l’homme d’entreprendre cons-
�������������
ciemment.
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�������

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�������

��
66
����������������������������������������������������������������
En réalité, le paradigme existant (réactif) ne disparaît jamais,
��������������������������������������������������������������
nos voies neurales ne s’effaçant pas sans de sérieux dommages.
����������������������������������������������������������������
L’expansion du paradigme
�������������������������� requiert de nouveaux tracés qui peuvent
� �����������������������������������������
être créés de trois façons :
������������������������������������par une évolution naturelle, par un trau-
matisme ou par����������
������������ des choix conscients.
������� ����������� �� ���������� ���� ������
L’évolution naturelle pousse l’individu à traverser des stades
���������������������������������������������������������������
précis de développement neurologique qui correspondent
��������� ������� ��� ��� ���������� � ������� ��������� aux
��������� ����
différentes étapes de sa croissance : petite enfance,
�������������������������������������������������������������������� enfance,
adolescence, âge adulte, maturité et individualité. Lorsque tout se
��������������������������������������������������������������������
déroule sans heurt, l’être atteint cette dernière phase qui lui per-
�����������������������������������������������������������������
met d’exprimer une plus haute créativité. Malheureusement, rares
������������������������������������������������������������������
sont ceux qui n’ont
������������� pas été meurtris
���� ����������� avant
���� ���� l’âge adulte.
��������� Réagissant
��� ���������� �
inconsciemment aux événements qui ont provoqué ou contribué à
�����������������������������������������������������������������
ces blessures, bon nombre d’individus sont ralentis, parfois même
��������������������������������������������������������������������
arrêtés, à une����������������������������
���������������� période ou l’autre de leur vie et n’arrivent jamais à
intégrer leur je et
������� ����� ��� son���caractère distinctif.
����� ��� �������� ���� ��� ������������� �����
Poussé hors de sa zone de confort par
�������������������������������������������� un traumatisme,����
������������������ qu’il
soit physique (accident, maladie, désastre), émotif (perte
����������������������������������������������������������������������� d’un être
cher, divorce, etc.), intellectuel (faillite, changement ou
���������������������������������������������������������������������perte d’em-
ploi, etc.) ou spirituel (crise de conscience, dépression,�����������
�������������������������������������������������������� surmenage,
expérience transcendante, etc.), le paradigme est ramené à sa rai-
son d’être. S’il répond à cet appel, il peut changer sa vie de façon

03 Chapitre 3 66 4/29/03, 09:31


Une nouvelle perspective

significative, profitant de l’événement pour lui donner un nouveau


tournant et se rapprocher de ses véritables intérêts.
Nous ne sommes pas obligés de subir un quelconque destin.
Le cheminement évolutif consiste à faire des choix conscients qui
nous permettent de nous libérer de ce qui nous rattache au passé
et de modifier les attitudes issues de nos blessures et de nos trau-
matismes. Il est possible de créer une vie qui réponde à nos aspi-
rations profondes. Ce potentiel n’a pas d’âge, de race, de culture ni
de religion. Tout le monde, en tout temps, peut oser changer. Mais,
personne ne peut le faire pour nous, car chaque je doit maîtriser
son propre paradigme. Cet acte créatif qui change une vie provoque
une intensité de conscience qui se manifeste par la joie. Rollo May
décrit ce phénomène comme l’extase, suggérant un engagement
total de l’individu qui unit son conscient au subconscient et à l’in-
conscient10. La pulsion évolutive de notre nature humaine s’exprime
par la poursuite active de la joie et de l’exaltation. Sinon, pourquoi
changer, pourquoi évoluer, pourquoi même être conscient, si ce 67
n’est pour ressentir une passion pour la vie ?
Entouré d’un infini potentiel, si la gloire d’être et l’exaltation de faire ne
vous inspirent pas, peut-être devriez-vous considérer un changement de
paradigme ?

––––––––––
10 May, Rollo. Op. cit.

03 Chapitre 3 67 4/29/03, 09:32


03 Chapitre 3 68 4/29/03, 09:32
4
L’intelligence créative

O
n a longtemps cru que la créativité appartenait aux enfants,
aux artistes et aux marginaux. Sans trop de discussions, on
pensait que les Léonard de Vinci, Picasso, Einstein et autres,
69
jouissaient d’une grâce et d’un privilège exceptionnels. Les temps
ont changé et, avec eux, notre perception de cette caractéristique,
désormais reconnue comme une partie intégrante de notre héri-
tage humain.
Le psychiatre Thomas Armstrong explique la créativité comme
« […] la capacité de matérialiser quelque chose de nouveau1 ».
Sommaire, cette définition s’approfondit lorsque divers auteurs
la décrivent comme un processus, une manifestation, une forme
d’intelligence. Ainsi, pour Rollo May, la créativité est plutôt une
attitude et un état d’esprit : « C’est la rencontre d’un être humain
intensément conscient avec son milieu2. » Selon lui, ce niveau de
conscience plus élevé est ce qui motive l’individu à faire l’effort
nécessaire pour créer sa vie afin qu’elle réponde à ses plus profon-
des aspirations. Le maître zen Shunryu Suzuki ajoute que cet état
particulier de la conscience est réellement un « vide » qui permet
à la matéralisation de se produire ; il écrit : « Quand ton esprit est
vide, il est toujours prêt à quelque chose ; il est ouvert à tout. Il
existe beaucoup de possibilités dans la pensée du débutant ; dans
la pensée de l’expert, il y en a très peu3. »
––––––––––
1 Armstrong, Thomas. Kinds of Smart, Plume Books (Penguin), 1993.
2 May, Rollo. The Courage to Create, W.W. Norton & Company, 1975.
3 Suzuki, Shunryu. The Beginner’s Mind, Weatherhill, 1970.

04 Chapitre 4 69 4/29/03, 09:32


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Roger von Oech constate que lorsqu’elle est créative, notre


pensée est assez puissante pour transformer une chose en une
autre. Il suggère qu’en « […] changeant de perspective et en jouant
avec notre connaissance et nos expériences, nous pouvons rendre
l’ordinaire extraordinaire et faire de l’exceptionnel quelque chose
de courant4 ».
Il existe de multiples interprétations de la créativité et une
infinité de variantes qui dérivent des philosophies, approches et
saveurs du jour.
Afin de faciliter notre démarche, nous
utiliserons la définition suivante : la
créativité est la capacité de changer
sa perception afin de matérialiser une
idée.

Aujourd’hui, certains chercheurs s’accordent à dire que la créa-


70 tivité n’est pas un don, mais un ensemble d’opérations complexes
qui dérange les classifications de la raison et les circuits fixes de
la mémoire. Ce dérangement est ce qui permet de bousculer le
paradigme existant, le statu quo, pour laisser émerger le nouveau, le
différent, ce qui n’existe pas encore dans notre mémoire. La figure
suivante démontre que les percées créatives sont une incursion ponc-
tuelle et momentanée hors de notre sphère de conscience.

ÉVOLUTIF
CRÉATIF
PROACTIF
NU

NU
N

N
CO

CO

RÉACTIF
IN

IN

Ce voyage dans l’inconnu provoque un mouvement d’expan-


sion du paradigme, car lorsque les portes de notre perception
s’ouvrent, rappelle l’écrivain Aldous Huxley, elles ne peuvent plus
être refermées. Toutefois, à moins d’apprendre à provoquer volon-
tairement ces percées, l’individu dont l’esprit s’est élargi demeure
réactif, subordonné à des conditions pouvant stimuler sa créativité,
––––––––––
4 Von Oech, Roger. A Whack on the Side of the Head, Warner books, 1983.

04 Chapitre 4 70 4/29/03, 09:32


L’ i n t e l l i g e n ce c r é a t i ve

mais dont il ne maîtrise aucune variable. Pour être créatif, il doit


donc choisir de se libérer des limites que représente le paradigme
existant.
Convaincu qu’il ne peut être créatif de façon abstraite, le psy-
chologue Howard Gardner explique que l’individu a besoin d’un
domaine ou d’un secteur d’activités pour canaliser et exprimer
sa créativité5. Lorsqu’elles sont réalisées dans des domaines de
compétence bien précis, les contributions des personnes créatives
peuvent être décrites et évaluées par leurs pairs, selon le niveau
reconnu de connaissances et de pratique. Par exemple, il considère
important que les réalisations d’Einstein soient examinées en fonc-
tion du niveau de compréhension de la physique des années 1900
et que l’originalité de la pensée de Gandhi, visant à faciliter les
interactions entre les humains, soit observée à la lumière du type
de relations qui existaient à l’époque entre les colonialistes et les
populations indigènes.
71

Les domaines de la créativité

Lorsque nous nous développons dans un domaine particulier, nous


créons des liens entre nos voies neurales et nous établissons des
réseaux ou itinéraires qui correspondent aux connaissances et
expériences couramment mises à contribution dans ce champ de
compétence. Les percées créatives se produisent généralement
dans le secteur d’activités, ou une discipline connexe, que nous
privilégions.
En étudiant les enfants et les personnes ayant subi des dom-
mages au cerveau, Gardner a compris que l’intellect dispose d’un
ensemble de facultés relativement autonomes qu’il appelle les
« intelligences humaines ». Il a également découvert que les indi-
vidus créatifs de l’histoire avaient démontré des formes d’intelligen-
ce dans différents domaines d’activités. Définissant l’intelligence
comme : « […] l’habileté à répondre avec succès aux nouvelles
situations et la capacité d’apprendre de ses expériences passées »,
Thomas Armstrong souligne qu’elle n’est pas une mesure de notre
quotient intellectuel (QI), mais qu’elle dépend du contexte, des
tâches et des demandes que la vie nous présente. Il suggère que la
––––––––––
5 Gardner, Howard. Creating Minds, Basic Books (Haper Collins éditeurs), 1992.

04 Chapitre 4 71 4/29/03, 09:32


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

véritable intelligence inclut un éventail plus important d’habiletés et


qu’il existe plusieurs façons de créer des liens que Gardner appelle
des « intelligences multiples6 ».

Les différentes formes d’intelligence

 L’intelligence verbale se manifeste comme la capacité de choisir des mots


judicieux, d’écrire un texte, une poésie ou de la prose. L’individu qui développe son
intelligence verbale est soucieux de la valeur des mots, tant de ceux qu’il utilise que
de ceux qu’il entend. En les utilisant efficacement, il peut argumenter, persuader,
divertir, raconter et enseigner. Dans une expression artistique, nous reconnaissons
les poètes, les écrivains, les journalistes, etc.

 L’intelligence mathématique est la logique des nombres. Le mathématicien


manifeste un intérêt marqué pour la résolution de problèmes, la science, la
comptabilité, la programmation informatique ou la finance. Il voit la vie d’une façon
séquentielle, étape par étape, et éprouve le besoin de s’expliquer les choses pour
72 bien les comprendre. Rationnel, il pense en terme de causes et d’effets, crée des
hypothèses et cherche les régularités conceptuelles ou les modèles numériques.

 L’individu qui développe son intelligence musicale accorde une importance


marquée à la tonalité, à la cadence, à la vibration sonore. Il est plus touché par le ton
d’une conversation que par son sens littéral. Musicien dans l’âme, il fredonne beaucoup
et souvent dans sa tête. Il perçoit, apprécie, produit des rythmes et des mélodies, et il
peut écouter une sélection diversifiée de musique avec discernement.

 L’intelligence visuelle ou spatiale évoque la capacité de penser en termes


d’images, de tableaux ou de couleurs. La personne qui développe son intelligence
visuelle peut coordonner vêtements et accessoires et posséder un goût marqué
pour la décoration intérieure. Parfois peintre ou dessinatrice, elle aime les belles
choses et est fascinée par les paysages naturels. Si elle est cinéphile, elle retient
mieux l’illustration que le script qui l’accompagne ; elle parle en utilisant des mots
qui stimulent des images chez l’autre. Elle est souvent très sensible aux détails
visuels et possède la capacité de s’orienter facilement dans l’espace.

 L’intelligence kinesthésique est une forme d’intelligence corporelle qui


caractérise l’individu intéressé par le mouvement, la danse, le sport, l’acrobatie,
la menuiserie, la couture, etc. Les chirurgiens, les mécaniciens, les dentistes, les
techniciens de précision, sont souvent des professions de choix. Ils perçoivent le monde

––––––––––
6 Armstrong, Thomas. Op. cit.

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L’ i n t e l l i g e n ce c r é a t i ve

à travers leur corps et ses cinq sens. Leur sensibilité peut facilement être agressée par les
odeurs fortes, les saveurs trop prononcées, le bruit, les images ou mouvements violents.
Ils aiment bouger, apprendre sur le tas et sont souvent proches de leurs intuitions.
 Les personnes qui ont développé l’intelligence intrapersonnelle ont la capacité
de s’intérioriser facilement et de pouvoir reconnaître les différentes manifestations
de leurs états émotifs. Elles peuvent utiliser leur compréhension d’elles-mêmes
pour enrichir leur vie et celle des autres. Elles examinent aisément leur rapport avec
le monde en général et en tirent des conclusions qui leur permettent d’ajuster leur
direction. Elles sont indépendantes et disciplinées. Les entrepreneurs, consultants,
orienteurs, psychologues, philosophes ou théologiens possèdent cette forme
d’intelligence.
 L’intelligence interpersonnelle facilite la communication entre les gens. Les
négociateurs, les enseignants, les relationnistes, les psychologues et les diplomates
ont développé la capacité de saisir facilement l’autre, de comprendre le non-dit, de
lire le langage du corps, d’être empathique et à l’écoute. Ils comprennent la nature
humaine et ses faiblesses. Ils peuvent être compatissants et responsables, tel le 73
Mahatma Gandhi, ou manipulateur et rusé, comme Machiavel.
Nous avons tous développé des affinités particulières pour une
forme d’intelligence ou plusieurs qui teintent notre perception du
monde.
Prenez quelques instants pour regarder ces formes d’intelligence et iden-
tifiez celles que vous avez le plus développées ou avec lesquelles vous avez
le plus d’affinités.
Cependant, même si nous pouvons nous spécialiser dans un
ou plusieurs de ces domaines d’intelligence, cela n’assure pas pour
autant une vie créative. L’intelligence créative est la capacité de
créer des liens entre nos connaissances et nos expériences qui
provoquent une ouverture, un mouvement ascendant qui fait évo-
luer une idée, un concept, une pensée. Il est possible de copier un
tableau, de danser en respectant les pas ou de communiquer selon
les méthodes apprises, mais sans notre touche personnelle, nous
ne faisons que du surf sur l’acte créatif des autres.
La créativité n’est pas une manifestation aléatoire du hasard
ou d’un talent particulier attribué par la chance à quelques per-
sonnages choisis. Elle est le résultat d’un processus très précis
pouvant être appliqué à une ou plusieurs formes d’intelligence et
menant non seulement à des percées créatives, mais à une expan-
sion du paradigme.

04 Chapitre 4 73 4/29/03, 09:32


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Le processus créatif

Il n’est pas suffisant de vouloir exprimer sa créativité, encore faut-


il savoir comment s’y prendre. Nous vous proposons une métho-
dologie très simple qui permet de mettre en place les conditions
favorables à l’émergence d’une attitude créative et/ou d’une percée
innovatrice. La dynamique qui anime le processus créatif incorpore
l’ensemble des forces que l’individu doit appliquer pour en assurer
le succès.

Le paradigme réactif : stimulus / réaction

L’individu réactif réagit de façon habituelle aux stimuli qu’il reçoit


de l’intérieur ou de l’extérieur de son paradigme. Conditionnée,
la réaction est souvent si prévisible qu’on pourrait la qualifier de
pavlovienne. Par exemple, dans une situation déplaisante, l’individu
74 colérique réagit avec colère et le courageux avec courage. Que la
réaction soit positive ou négative, celui qui est inconscient de la
limite que son paradigme représente ne peut rien changer ; il est
prisonnier et limité par le temps, l’espace et sa propre dimension
perceptuelle.

Le paradigme proactif : stimulus / je

Le processus créatif exige du paradigme existant qu’il devienne


conscient de lui-même : je suis. Première étape d’une vie plus
créative, la conscience de soi permet de constater l’effet de nos
habitudes sur nos processus mentaux et nous aide à adopter des
comportements plus créatifs. Cet état d’esprit est un niveau d’éveil
qui nous conduit à mieux comprendre que nous n’avons pas besoin
de réagir comme nous l’avons toujours fait et que nous pouvons
choisir la façon dont nous voulons nous comporter face aux évé-
nements de notre vie. Agir consciemment a un effet cumulatif, car
les nouvelles attitudes que nous développons maintenant seront
les habitudes qui se manifesteront spontanément plus tard, nos
mémoires de demain.

04 Chapitre 4 74 4/29/03, 09:32


L’ i n t e l l i g e n ce c r é a t i ve

Le paradigme créatif : stimulus / choix / perception /


imagination / intention / action

La personne qui a compris que les limites qui lui semblent impo-
sées sont réellement des illusions, sait qu’ici / maintenant est le
seul carrefour spatio-temporel où elle peut être créative à volonté.
Ceci signifie que chaque fois qu’on veut être créatif, cela ne peut
être qu’ici et maintenant.

Stimulus / choix
Stimulés par ce qui provient de l’extérieur ou de l’intérieur de
notre noösphère, nous faisons continuellement face à des choix :
décider de ce qu’on mange, boit, porte, dit, écoute, avec qui et
comment, etc. Or, nous pouvons réagir de façon habituelle en
empruntant les chemins les plus fréquentés (stimulus / réaction),
à moins de devenir créatif en intégrant délibérément le processus
stimulus / choix.
Le choix suggère une capacité de sélectionner d’un ensemble
75
d’actions possibles, celles qui nous permettraient le plus facile-
ment d’atteindre nos buts, compte tenu des circonstances. Une
des grandes qualités de l’individu créatif est son aptitude à se
doter rapidement d’une gamme de solutions, dans laquelle il peut
consciemment puiser.
Une croyance populaire soutient que tout le monde a toujours
le choix. Lorsqu’on pousse cette pensée un peu plus loin, la certi-
tude s’évapore et les doutes surgissent. Le piège ici est le mot
toujours et c’est un mot très long. Parfois, nous n’avons aucun
choix, parce que nous ne disposons d’aucune option viable ou que
celles qui existent ont des conséquences indésirables. Cependant,
si nous n’avons pas toujours le choix des événements ou de leurs
conséquences, nous pouvons toujours choisir la façon dont nous
voyons les choses.
Il est possible d’augmenter notre inventaire de choix en utili-
sant des approches ou techniques comme la pensée abstraite. Tiré de
l’outil brainstorming, conçu par Alex Osborne, cet exercice stimule le
flot d’idées, d’opinions, de concepts et de solutions ; il peut être
très profitable à une personne qui cherche une inspiration ou qui
tourne en rond dans sa propre pensée. Pratiqué en groupe, il empê-
che de passer outre les solutions évidentes et favorise l’émergence
de nouvelles orientations, sans la contrainte de la discussion ou

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

des interruptions. Cet outil, ainsi que tous ceux mentionnés plus
loin, est expliqué au chapitre 9 dans le cadre d’un projet en cours
de réalisation.

Stimulus / choix – perception


Nos sens nous présentent l’information qui provient de l’intérieur
et de l’extérieur de notre noösphère, tandis que la perception nous
la re/présente teintée de nos motivations, de nos attentes, de nos
expériences passées et de nos humeurs. Même si elle est généra-
lement réactive au paradigme, notre perception peut néanmoins
être choisie.
Un verre est à moitié plein ou à demi vide ! Cela ne modifie en
rien la situation, mais notre façon de voir change tout. Choisir notre
vision des choses est un acte créatif en lui-même parce qu’il nous
engage hors des sentiers battus et des préjugés du paradigme et
qu’il nous invite à laisser l’inconnu devenir connu.
76 Nous pouvons apprendre à changer notre perception en nous
familiarisant avec des exercices, telle la pensée latérale (voir le chapitre
9). Développé par Edward de Bono, et utilisé depuis plus de 30 ans
par des chefs d’entreprise, des politiciens et des gestionnaires, cet
outil nous aide à transcender les limites de notre paradigme, de
notre jugement analytique et de nos habitudes de pensée linéaire.
En le pratiquant, vous en constaterez rapidement les bénéfices :
amélioration de votre communication, de vos relations interper-
sonnelles, de la confiance en votre jugement, de votre estime de
soi, de votre aptitude à trouver des solutions créatives, etc.

Stimulus / choix – perception – imagination


L’imagination est un moteur important de la dynamique de la créa-
tivité. Elle est la faculté de se représenter des images ou d’évoquer
des formes déjà perçues. Notre vision du monde influence profon-
dément notre imagination. Par exemple, regarder un film d’horreur
et de violence nous prédispose à imaginer des scènes horribles
lorsque nous entendons un bruit insolite de la maison.
Laissée à elle-même, l’imagination est comme un avion sans
pilote. Intégrée au processus créatif, elle devient l’outil privilégié
de notre intention.
Il existe une myriade d’outils qui permettent de stimuler l’ima-
gination. L’exercice de pensée divergente / convergente, que vous trouverez
aussi au chapitre 9, est une approche qui aide à laisser dériver la

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L’ i n t e l l i g e n ce c r é a t i ve

pensée librement autour de concepts, d’idées, de projets et de


solutions et à en interpréter les résultats.

Stimulus / choix – perception – imagination – intention


Pointant dans la direction choisie, l’intention est la boussole de la
créativité. Notre intention aligne nos choix, notre perception, notre
imagination et nos actions dans la même direction ; elle nous permet
d’y canaliser énergie et efforts. Avoir une intention facilite la vie. Si
elle est claire, il est plus facile de rectifier notre tir ou de refuser
sans regret une belle occasion qui nous en éloignerait. Puisqu’il
n’agit pas sans intention, le paradigme créatif sait toujours où il va
et pourquoi. L’intention détermine lesquelles des idées seront rete-
nues.
Les précédents exercices mentionnés peuvent nous aider à
déterminer notre vision. Néanmoins, l’objectif de l’outil de pensée
critique nous incite à considérer les conséquences qu’elle peut avoir
sur les personnes et les projets concernés (voir chapitre 9). En 77
examinant ce que nous voulons accomplir à travers huit fenêtres
de perception, nous clarifions notre direction et identifions les
ajustements et les gestes à faire.

Stimulus / choix – perception – imagination – intention – action


L’action est la seule façon d’assurer la matérialisation d’une idée,
le deuxième ingrédient de la créativité. Sans intention, l’action
n’est qu’une dépense d’énergie et sans action, l’intention est un
vœu pieux.
L’action est l’apogée du travail effectué dans les coulisses de
votre vie. Mais Benjamin Franklin suggère : « Il est facile de prendre
une bonne et hardie résolution. Plus difficile en est l’exécution. »
Passer à l’action requiert beaucoup plus que des idées et une façon
imaginative de les mettre en application. Elle demande une straté-
gie qui guide créativement le processus vers son aboutissement. En
pratiquant l’exercice de pensée stratégique, soit les cinq rôles d’un fin
stratège (voir chapitre 9), vous tracez des couloirs neurologiques
qui seront utiles non seulement pour assurer le succès de votre
démarche, mais également pour intégrer ces comportements à tous
les stades de votre vie.
À première vue, le processus créatif stimulus / choix – per-
ception – imagination – intention – action peut demander plus
de temps que l’habituel stimulus / réaction. Pour avoir le temps

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

d’emprunter le processus créatif, nous suggérons qu’à la lumière du


dicton : personne n’a le temps de bien faire, mais tout le monde a le
temps de refaire, nous volions du temps à refaire. Prendre le temps de
vivre sa vie créativement nous assure de ne pas avoir de regrets.

Les attributs du créateur

Intrigués par des personnalités qui disaient avoir répondu à leurs


besoins, le psychologue Abraham Maslow chercha à cerner les
caractéristiques qu’ils semblaient partager7. Selon lui, ceux qui
réalisent pleinement leurs potentiels tendent à être réalistes dans
leur orientation. Ils se centrent généralement sur les problèmes,
plutôt que sur eux-mêmes. Résistant à la conformité sociale, ils
s’acceptent et acceptent les autres pour ce qu’ils sont, et non
pour ce qu’ils devraient être, et leur appréciation du monde en
78 général est fraîche, libre et non stéréotypée. S’identifiant au genre
humain, ils partagent un intérêt pour l’humanité et une vision
démocratique. Ils ont besoin de tranquillité et d’une vie privée. Ils
sont spontanés et possèdent un sens de l’humour qui tend à être
plus philosophique qu’hostile ; ils sont autonomes, indépendants
et autosuffisants. Plusieurs ont vécu des expériences spirituelles ou
mystiques (pas nécessairement religieuses) et démontrent un fort
sens de détachement. Ils tendent à être créatif dans leur approche
et ils travaillent fort.
Selon Luc de Brabandere, l’individu créatif démontre plusieurs
des traits de personnalité suivants : indépendance ; mémoire toutes
catégories qui lui fait faire de surprenants rapprochements ; forte
motivation ; tendance au désordre ; aversion pour les horaires ; sens
de l’humour ; absence de préjugés ; attention portée à ses émotions
et intuitions, à la recherche d’échange d’idées ; vif sens critique,
intégrité ; curiosité, ouverture et sensibilité ; attitude amusante,
chaleur humaine, qualité d’être ; réceptivité à l’ambiguïté et apti-
tude aux changements ; habileté à proposer des solutions originales
et à relever des défis ; patience, ténacité, vision globale… ; dévoué
à quelque chose de plus large que lui, soit-elle Dieu, des valeurs
universelles, les besoins des autres, le futur, etc.8
––––––––––
7 Gerow, Josh R. Psychology, An Introduction, Harper Collins éditeurs, 1992.
8 De Brabandere, Luc. Le Latéroscope, La Renaissance du Livre, 1989.

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L’ i n t e l l i g e n ce c r é a t i ve

Pour nombre d’individus, la créativité est encore un don attri-


bué à quelques chanceux, sans aucune raison apparente. Pour les
psychologues et chercheurs J-P. Guilford et E. Paul Torrance, la
créativité est une habileté qui peut être apprise et développée.
Selon Edward de Bono, l’illumination, les percées créatives et le
satori (mot japonais pour créativité), découlent de la pratique et de
la patience9.

Des limites à transcender

La créativité semble être remplie de contradictions. Elle inclut la


complexité et la simplicité, l’analyse et l’intuition, l’ordre et le chaos,
le jugement et l’absence de jugement, penser et ne pas penser...
Mais après avoir dénoué le dernier paradoxe, on s’aperçoit que la
créativité est davantage une liberté, une puissance, au-delà des
doutes, des craintes, des attentes et des contraintes. 79
Si l’être est créatif à la naissance, comment se fait-il que la
majorité d’entre nous ne le sachent pas ? Selon Tarthang Tulku,
un lama du Tibet occidental, la résistance à être créatif s’apprend
lorsque nous sommes enfants : « Lorsqu’un enfant se trouve face
à quelque chose qu’il ne veut pas, il emploie toutes sortes de
manœuvres pour l’éviter telles, pleurer, se cacher, se battre. À
moins de lui enseigner comment affronter et régler ses problèmes
directement, le pattern d’évasion sera répété... cela peut devenir
une façon naturelle et acceptée d’agir10. »
Nos limites personnelles nous évitent de relever des défis et
d’utiliser nos talents. Elles nous encouragent à préférer le confort
au risque, la sécurité au changement, le connu à l’inconnu. Profes-
sionnellement et personnellement, elles nous incitent à nous
dérober devant une occasion de nous exprimer, de nous engager
à n’importe quel niveau, de rencontrer de nouvelles personnes, de
prendre position face à des sujets controversés, d’assumer un rôle
de chef, de nous responsabiliser face à notre vie, etc.
Nous avons regroupé ces limites sous quatre catégories, à la
fois distinctes et reliées : la réponse non-relaxe, la peur, le fatalisme
et le manque d’intention. Tous les résultats le démontrent : la façon
––––––––––
9 De Bono, Edward. Parallel Thinking, Viking, 1996.
10 Tulku, Tarthung. Skillful Means, Dharma Publications, 1978.

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

dont nous pensons (pas ce à quoi nous pensons) influence notre


santé physique, émotive, intellectuelle et spirituelle. Chacune de
ces catégories est une limite sérieuse à notre qualité d’être.

La réponse « non-relaxe »

Parce que sa charge émotive risque de cloisonner ses victimes dans


un rôle passif, nous avons évité d’écrire le mot stress. Sachant
que ce ne sont jamais les événements extérieurs qui induisent le
stress mais plus notre façon de réagir à ceux-ci, nous estimons
que l’expression réponse non-relaxe redonne un sens de maîtrise, de
responsabilité et de puissance à l’individu.
Les théories psychologiques insistent sur le rôle de l’appren-
tissage dans le développement des stratégies qui nous aident à
faire face aux situations perçues comme stressantes. En exerçant
une certaine forme de contrôle sur le contexte, notre perception,
80 il est possible de réduire la réponse physiologique de stress afin
de diminuer ses effets dévastateurs sur le corps.
Durant les années 30, un chercheur canadien du nom de Hans
Selye découvrit que la réaction de peur fuir ou combattre était une
des plus sévères et des plus fréquentes sources de stress de la vie
moderne. Lorsqu’il se prolonge sur une longue période, le stress
provoque un affaiblissement marqué du système immunitaire et
débouche sur ce que Selye appelle le syndrome d’adaptation géné-
rale : les réactions de défense s’effritent et la précieuse homéostasie
de l’homme, son équilibre physiologique, est bouleversée. Cette
limite physique peut provoquer un sentiment d’impuissance face
aux événements de notre vie, ainsi qu’une attitude démotivée et
même dépressive.
Le docteur Peter G. Hanson affirme que nous devons appren-
dre à gérer notre réponse non-relaxe : « […] la majorité de ce que
nous sommes habitués d’accepter comme un vieillissement nor-
mal est maintenant reconnu comme une mauvaise utilisation ou
une désuétude de notre corps. Dans mon expérience, je constate
qu’une mauvaise gestion est la plus importante cause de maladie
et, finalement, de mort11 ».
Mais, qu’est-ce que le stress ? Faites l’expérience suivante.
Prenez un bâtonnet de plastique pour remuer le café (ou un objet
––––––––––
11 Hanson, Peter G. The Joy of Stress, Hanson Stress Mngt Organisation, 1986.

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L’ i n t e l l i g e n ce c r é a t i ve

similaire) et tenez ses extrémités entre votre pouce et votre index.


Constatez à quel point il remplit sa raison d’être : il est rigide et
droit. Demandons-lui de changer de forme. Rapprochez votre index
de votre pouce par une ferme pression qui le fera s’arrondir légè-
rement. Ressentez sa résistance, puis rapprochez un peu plus vos
doigts ; observez à quel point il résiste. Il ne veut pas laisser aller
l’intention première qui lui donne sa rigidité et sa droiture. Si vous
appuyez encore un peu plus, vous verrez qu’il commence à blanchir
à l’endroit où il plie. C’est ce que les ingénieurs nomment un point
de stress. Si vous rapprochez encore plus vos doigts, le bâtonnet
pliera complètement et ne reprendra plus sa forme originale.
Le stress est réellement une résistance au changement. Cette
réponse non-relaxe peut avoir une origine physique (maladie, acci-
dent ou mauvaise diète) ; émotive (peur et tous ses dérivés, comme
l’agressivité ou le manque de confiance) ; intellectuelle (sentiment
d’incompétence, ignorance du stress, de ses effets et de ses solu-
tions) ; spirituelle (manque d’estime de soi, difficulté d’exprimer 81
ou de ressentir l’amour). Dans tous ces cas, si l’individu se sent
menacé ou impuissant à agir, son système nerveux central peut
adopter une attitude protectrice en fermant graduellement ses
centres d’activités.
Toutes les circonstances que nous qualifions de stressantes
demandent un ajustement ou un changement de perception ou de
comportement qui nous permettrait de les gérer ou de les régler
avec succès. Malheureusement, ce que nous attendons d’une
situation nous empêche souvent de modifier notre cap et d’adopter
une autre direction. Oubliant que nous, je, n’avons pas toujours la
maîtrise des éléments du non-je, nous insistons pour que les con-
ditions se transforment et répondent à nos exigences.
L’individu qui devient violent face à un distributeur de bois-
sons qui refuse de lui donner ce qu’il a commandé et déjà payé,
hypothèque sa santé. S’il n’accepte pas la situation, il ne peut rien
faire, sinon se sentir impuissant face à un objet inanimé qui lui en
veut personnellement. S’il constate la situation calmement, il est
en mesure de choisir comment agir. Il pourra peut-être réclamer
son argent auprès de l’installateur de la machine ou décider qu’un
verre d’eau étanchera sa soif.
C’est dans un contexte d’exploration thérapeutique visant à
développer des stratégies diminuant le stress que le rôle de la
relaxation attira l’œil circonspect de la science. Des recherches

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

furent effectuées à la Harvard Medical School par le Dr Herbert


Besson, cardiologue et directeur du service d’hypertension de l’hô-
pital Israël de Boston. Elles démontrèrent l’existence d’une réponse
comportant des processus métabolique, respiratoire et glandulaire
qui semblaient non seulement contrecarrer les effets néfastes du
stress, mais favoriser un état maximum de santé bien au-delà de
ce que l’être humain expérimente normalement. Benson conclut
que : « Si les effets négatifs potentiels de la réponse fuir ou combattre
sont provoqués par un “choix de la mauvaise réaction”, les effets
bénéfiques de la réponse relaxe résultent du “choix de la bonne
réaction”12. » Ce choix qui permet de transformer une menace en
opportunité est la première étape du processus créatif.
Le stress (avec sa réponse non-relaxe) et la créativité sont aux
antipodes : la créativité est la capacité de changer notre perception,
tandis que le stress est la résistance au changement. En fait, plus
nous sommes créatifs, moins nous sommes stressés et moins nous
82 sommes stressés, plus nous pouvons actualiser un potentiel créatif.
Malheureusement, l’inverse est aussi vrai.
Observez à nouveau les quatre paradigmes (réactif, proactif,
créatif et évolutif) à la page 64.
Imaginez chacun d’eux comme une île que l’on peut seulement
quitter en empruntant un pont assez large pour une bicyclette.
Nous vous recommandons d’apprendre à faire de la bicyclette avant
que l’île soit en feu, de pratiquer les techniques de relaxation, les
outils de créativité, une flexibilité du paradigme, etc., avant qu’une
situation d’urgence se présente. Pratiquer aujourd’hui vous permet
de tracer les voies neurales dont vous aurez besoin demain. Vous
trouverez aux chapitres 5 et 9 deux séries d’exercices psychocor-
porels simples, mais efficaces.
L’apprentissage de la relaxation, du bio-
feedback, de la visualisation, de l’ima-
gerie et de toutes sortes de techniques
peuvent nous aider, à court, moyen ou
long terme, à être plus créatif.

Connaissez-vous votre niveau de stress ? Êtes-vous résistant à changer


votre façon de voir ? Êtes-vous en mesure de relaxer et de vous détacher
de ce que vous ne pouvez changer ?
––––––––––
12 Harman, Willis et Howard Rheingold. Higher Creativity, Tarcher Perigee, 1984.

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L’ i n t e l l i g e n ce c r é a t i ve

La peur

À travers l’histoire, l’homme a nourri des systèmes sophistiqués de


croyance irrationnelle et élaboré des rituels qui l’ont aidé à alléger
certaines de ses plus profondes angoisses. Deux peurs humaines se
trouvent à la racine de la majorité de nos anxiétés et superstitions :
la peur du changement et celle de l’inconnu.
La peur est une limite émotive, une sensation d’appréhension
de dangers tangibles à prédominance réaliste, qui se traduit par une
multitude de manifestations, certaines très subtiles. La timidité,
l’anxiété, l’agressivité, le manque de confiance, la peur du jugement
ou de l’opinion des autres, la xénophobie, la peur de l’échec ou du
succès, ne sont que quelques-uns de ses visages.
La peur dérive également d’une perception de menace ou d’un
péril personnel. Parce qu’il confond souvent le sentiment avec son
objet, l’individu qui redoute quelque chose l’évitera plutôt que de
regarder sa peur en face. S’il se croit trop timide, il refusera de parler
en public ; s’il craint d’être jugé, il évitera d’émettre ses opinions et
83
de s’exposer aux critiques. S’adresser à ce qu’il croit être l’objet de
sa peur l’empêche de se tourner vers la cause. Pour lui, c’est l’objet
qui doit changer et non sa peur.
Les recherches démontrent que la peur est une étiquette que
l’on donne au syndrome fuir ou combattre. Cette émotion est un phé-
nomène nécessaire, tout à fait sain et naturel chez une personne en
bonne santé. L’analyste jungien Donald Lee Williams suggère que :
« La peur nous informe du danger et des conséquences possibles
d’une action alors que nous aurions autrement foncé aveuglément
et stupidement. Il n’y a pas d’humanité sans la peur. Nous pouvons
regarder la peur comme une alliée ou comme un obstacle à trans-
cender13. » Cependant, il ajoute que nous devons résister à la ten-
tation de succomber à la peur et de nous identifier à elle, de choisir
un confort temporaire à la détresse de la connaissance. Puisqu’elle
provoque un état de tension, la peur que l’on réussit à transcender
crée une détente qui nous rend conscients de notre conscience et
ouverts aux possibilités que cette qualité d’être suggère.
Ne pas avoir peur n’est pas une définition du courage. Le cou-
rage est la capacité d’agir malgré la peur. Selon la psychologue Joan
Borysenko de la Harvard Medical School : « Même si cet acte est

––––––––––
13 Williams, Donald Lee. Border Crossings, Inner City Books, 1981.

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

difficile, regarder nos peurs en face mène à une transformation de


nos attitudes et à une sensation de contrôle et de force intérieure
qui nous valorisent14. »
S’entraîner pour le courage joue un rôle important dans la
préparation des individus qui occupent des postes dangereux tels
être pompier ou parachutiste. Cette formation est très similaire à
la méthode clinique de désensibilisation qui permet de réduire la
peur.

Pour transcender notre peur, il faut déve-


lopper le courage. Que ce soit une activité
physique qui comporte un risque ou une
formation pratique en conférences ou
discours publics, tous les gestes cons-
cients qui nous approchent du courage
sont appropriés.

84 Avez-vous identifié les peurs qui limitent votre vie, votre joie et l’expression
de votre créativité ? Êtes-vous prêts à les apprivoiser et à pratiquer votre
courage ? Quels sont les gestes que vous pourriez faire pour transcender
votre peur ?

La perception fataliste

Le fatalisme est une vision du monde à travers laquelle nous


n’avons que l’illusion de contrôler notre vie, puisque nous ne pou-
vons modifier le cours des événements fixés d’avance par le destin.
Cette limite intellectuelle s’exprime souvent comme un sentiment
d’impuissance face aux autres, aux conditions ou aux circonstances
de notre vie.
Lorsque nous percevons ou expérimentons une situation pour
la première fois, notre cerveau l’enregistre comme une mémoire.
Si nous sommes soumis au même type de stimulus, le cerveau a
tendance à emprunter de nouveau le même chemin. Amit Goswami,
professeur de physique à l’Institut des sciences théoriques de l’Ore-
gon, indique que : « […] tel un disque classique, le cerveau joue à
nouveau la vieille mémoire. Chaque réponse précédemment apprise
ou expérimentée renforce la probabilité de répondre encore de la
––––––––––
14 Borysenko, Joan. Minding the Body, Mending the Mind, Addison Wesley, 1987.

04 Chapitre 4 84 4/29/03, 09:32


L’ i n t e l l i g e n ce c r é a t i ve

même façon. Cette interaction répétée mène à un changement fon-


damental dans le système quantique du corps-esprit (brain-mind) ;
il ne se régénère plus15. »
Après un certain nombre de répétitions, le cerveau s’organise
pour ne plus voir d’autres possibilités. À moins de prendre cons-
cience du phénomène et d’entreprendre un changement de com-
portement, la personne, dont la réponse conditionnée par son habi-
tude est prédéterminée, n’aura pas de choix. En revanche, lorsque
nous développons de nouvelles habiletés, varions nos ressources
ou adoptons une attitude pour la première fois, nous influençons
notre cerveau qui produit alors des cellules qui appuient notre
démarche.
Le fatalisme emprisonne les individus dans leurs zones d’in/
confort. Ils apprennent à se contenter bien vite et à tolérer long-
temps. Face à l’inconnu, l’être humain tend à y projeter les aspects
négatifs de son passé : « Mieux vaut le “diable” que je connais, que
celui que je ne connais pas », dit-il. La zone d’in/confort protège 85
nos acquis, même s’ils sont maigres et inadéquats.

Pour transcender nos limites intellec-


tuelles, il faut développer une vision
d’un monde meilleur auquel nous contri-
buerons en acceptant de prendre l’en-
tière et totale responsabilité de notre vie
et en empêchant le poids de notre passé,
ou celui des autres, de s’imposer sur notre
présent.

Avez-vous adopté des rôles ou une attitude défaitiste qui vous rendent
impuissant face aux événements de votre vie ? Que croyez-vous devoir
faire sous peine de... ? Que pourriez-vous faire pour détecter vos compor-
tements conditionnés et consciemment les modifier ?

Le manque d’intention évolutive

Définie comme le fait de se proposer un certain but et apparentée


à la raison d’être, l’intention se manifeste comme un sens de direc-
tion, une orientation ; elle semble impliquer la volonté et l’habileté
––––––––––
15 Goswami, Amit. The Self-Aware Universe, Tarcher Putnam, 1993.

04 Chapitre 4 85 4/29/03, 09:32


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

de choisir. Dans son livre Man’s Search for Meaning, Viktor E. Frankl
écrit : « La première motivation dans la vie de l’homme est une
quête de sens et non une “rationalisation secondaire” de ses pul-
sions instinctives. Cette quête de sens est unique et spécifique
parce qu’il est le seul qui doit et peut l’atteindre ; c’est uniquement
à ce moment-là qu’elle aura une signification qui satisfera sa propre
volonté de trouver un sens16. »
Psychiatre, écrivain et survivant du camp de concentration
d’Auschwitz, le Dr Frankl a découvert que la raison d’être, une
vision du futur, une conviction inébranlable d’avoir une mission
à accomplir ou un important travail à terminer soutenait ceux ou
celles qui ont survécu. Ces déportés avaient non seulement un
rêve, une motivation de vivre qui les dépassait et qui les poussait
à continuer de croître en dépit de toutes les indignités, mais ils en
avaient également accepté la responsabilité. Celui qui possède le
pourquoi vivre, disait Nietzsche, peut supporter presque n’importe
86 quoi.
Un manque d’intention évolutive est une limite spirituelle qui
provoque un vacuum existentiel, phénomène très généralisé en
cette fin de siècle. L’individu qui souffre de ce vide tend à désirer
faire ce que les autres font ou à faire ce que les autres désirent qu’il
fasse ; chez lui, cela peut également se manifester par de l’ennui, de
la paresse, un manque de motivation ou de la procrastination.
Swami Prajnananda explique que dans la philosophie du yoga :
« Une action exécutée avec intention ou émotion crée un samskara,
ou une impression, qui est alors enregistré dans le subconscient.
Ces impressions poussent alors l’individu à faire des gestes qui
apportent de la joie ou de la douleur. Ils sont comme les rayons d’un
disque, attendant d’être joué à nouveau17. » Ainsi, notre intention
de vie peut nous permettre de nous libérer de nos entraves et nous
aider à nous propulser vers le futur qui nous apportera le plus de
joie.
Une vie créative débute avec un rêve. Abraham Maslow a divisé
les individus en deux groupes : les gagnants et les perdants. Il
disait que les perdants ont des petits rêves, faciles à réaliser, ou
des immenses rêves impossibles à accomplir. Pour lui, les gagnants
avaient des rêves d’une bonne ampleur qui les forçaient à se trans-
former pour les réaliser.
––––––––––
16 Frankl, Viktor E. Man’s Search For Meaning, Beacon Press, 1992.

04 Chapitre 4 86 4/29/03, 09:32


L’ i n t e l l i g e n ce c r é a t i ve

Toutefois, avoir un rêve ne suffit pas ; il doit être accompa-


gné d’une vision. Une fois que nous avons pris la responsabilité
d’actualiser notre rêve, la vision se manifeste comme la capacité
d’assembler, à partir de différentes images, signaux, prédictions et
alternatives, une cible clairement articulée, à la fois simple, com-
préhensible, désirable et énergisante. La vision nous inclut active-
ment dans une histoire qui a un début, un milieu et une fin. C’est ce
qui donne vie au rêve. L’auteur et consultant en leadership Stephen
R. Covey souligne que la vision est une expression importante de
l’imagination créative qui nous permet de percevoir au-delà de
notre présente réalité, de créer, d’inventer ce qui n’existe pas, de
devenir ce que nous ne sommes pas encore. C’est ce qui nous
donne la capacité de vivre de notre imagination au lieu de notre
mémoire18.
Cependant, pour que la vision devienne réalité, il faut des buts.
Les buts affectent la façon dont nous choisissons nos activités et la
priorité que nous leur accordons. S’ils sont réalistes, ces buts déter- 87
minent quoi faire, comment et quand le faire et assurent l’actuali-
sation de notre vision. Puisque les buts sont des représentations
symboliques des conséquences ou résultats attendus, ils doivent
être définis en termes spécifiques et échelonnés dans le temps.
Pour atteindre nos buts, nous avons besoin d’une discipline.
Cette règle de conduite est l’instrument de réalisation de notre
rêve. Elle nous permet de canaliser nos énergies dans la direction
identifiée par notre rêve et de lui subordonner volontairement les
activités moins importantes. Le rêve illumine la vie et donne un
sens à nos activités quotidiennes ; sans cela, une grande partie de
nos occupations ne sont que contraintes et impositions. La vision
qui nous soutient nous aide à accomplir des tâches et à atteindre
nos buts. La discipline, loin d’être un poids, représente l’outil de
l’artisan, les pinceaux du peintre, les doigts du musicien...

Pour transcender nos limites spirituel-


les, il faut s’accorder à nouveau le droit
de rêver.

––––––––––
17 Prajnananda, Swami. The Mystery of Karma, tiré du livre Ancient Wisdom, Modern Science,
édité par Stanislav Grof, State University of New York Press, 1984.
18 Covey, Stephen R., Roger et Rebecca Merry. First Thing First, Simon & Schuster, Fine
Side Editions, 1995.

04 Chapitre 4 87 4/29/03, 09:32


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Avez-vous un rêve ? Pouvez-vous vous voir agir dans ce rêve ? Avez-vous


des buts qui sont réalistes et réalisables ? Êtes-vous disciplinés ? Voulez-
vous créer de nouveaux liens avec la vie ?

88

04 Chapitre 4 88 4/29/03, 09:32


5
Connais-toi toi-même

P
eut-on réellement choisir comment percevoir la vie, et inten-
tionnellement, provoquer le nouveau, l’unique, le créatif.
Audace, arrogance ou stratégie ?
Puisque nous avons la capacité de choisir comment nous 89
percevons le monde, nous pouvons transformer notre passé, nos
mémoires, en un présent magique et puissant. Cependant, à moins
d’intégrer une stratégie de développement et une discipline person-
nelle à notre transformation créative, nous détacher du passé pour
nous tourner vers l’avenir peut sembler difficile, voire impossible.
Que peut-on changer ? De quelle façon pouvons-nous le faire ?
Qu’est-ce qui assure le succès de notre démarche ?
Puisqu’il n’existe rien dans notre paradigme existant pou-
vant nous assurer que le nouveau sera meilleur que l’ancien, ce
changement débute par un choix conscient. Dans une perspective
évolutive, si notre façon de voir la vie nous limite au lieu de nous
libérer et nous nuit plutôt que de nous aider, choisir de croire qu’un
paradigme plus créatif est à notre portée n’est pas utopique. Mais,
c’est uniquement lorsque nous prenons conscience des déficiences
du paradigme existant que nous pouvons en considérer l’amélio-
ration.

Nos zones d’influence

La physique quantique démontre que nous faisons partie d’un


champ d’énergie dont toutes les composantes exercent des influen-
ces réciproques. Elle confirme que l’univers physique n’existe pas

05 Chapitre 5 89 4/29/03, 09:32


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

sans la pensée des participants et que la forme sous laquelle il


nous apparaît dépend entièrement de notre façon de percevoir.
Fondé sur cette interprétation du monde, nous établissons un
rapport particulier avec deux zones que nous influençons et qui
nous influencent, directement ou indirectement. La première est
intrinsèque et comprend tout ce qui constitue notre monde person-
nel. La seconde est extrinsèque et représente le monde extérieur
et tout ce qu’il inclut.
Les individus qui accordent plus d’importance à la zone extrin-
sèque se trouvent face à des facteurs variables, difficiles à maîtriser.
Vulnérables et réactifs à cet environnement imprévisible, ils rédui-
sent d’autant leur ascendant sur leur zone intrinsèque. Plus ils y
investissent de l’énergie, plus ils deviennent impuissants à gérer les
situations qu’ils croient responsables de leurs problèmes. Ils ten-
dent à accuser l’extérieur, à chercher le coupable : « Le problème,
c’est que le monde... » Ils y projettent leurs attentes et leurs désirs,
90 espérant, souvent inconsciemment, que ce monde s’y conforme.
Parce qu’ils s’attendent à ce que le hasard, la vie ou les autres les
rendent heureux, prospères et en bonne santé, ils sont profondé-
ment soumis à cet extérieur qu’ils voudraient nourricier.
Les psychologues James Johnson et Irwin Sareson de l’univer-
sité de Washington ont découvert que la dépression et l’anxiété
étaient élevées chez ceux qui croyaient n’avoir aucune emprise sur
ce qui leur arrivait1. De leur côté, ceux qui se responsabilisaient
n’éprouvaient ni accablement ni angoisse, malgré des situations
jugées très stressantes pour d’autres. Convaincus de la maîtrise
intrinsèque de leur vie, ils peuvent influencer leur destin et non en
être les victimes. La difficulté d’une situation dépend uniquement
de la façon dont nous choisissons de la percevoir, que ce choix soit
conscient ou non. Ce qui nous démarque les uns des autres est
notre niveau de confiance à l’égard de notre capacité de répondre
à l’adversité d’un événement. Par nos attitudes et croyances, nous
pouvons dominer nos réactions face à notre réalité objective, ainsi
que les effets qu’un incident peut avoir sur nous.
L’ère dans laquelle nous vivons est extrêmement difficile pour
qui ne prend pas sa vie en main : involution, compressions bud-
gétaires, éclatement de la famille, décrochage scolaire, isolement,
etc. L’individu devient proactif lorsqu’il comprend être le seul à
––––––––––
1 Johnson, James et Irwin Sareson. « Life, Stress, Depression and Anxiety », Journal of
Psychosomatic Research, 22, 205-208, 1978.

05 Chapitre 5 90 4/29/03, 09:32


Connais-toi toi-même

pouvoir agir directement sur sa vie. Se désignant, il affirme : « La


solution, c’est que je… ». Il choisit alors d’investir son énergie à
développer ses propres ressources et apprend à distinguer les
événements indésirables qu’il peut maîtriser de ceux qu’il ne peut
fuir ou combattre. Loin de se sentir impuissant s’il ne peut rien
changer, il accepte la situation et concentre toute son attention sur
son attitude. En procédant ainsi, son cercle d’influence s’accroît
et déborde de plus en plus sur la zone extrinsèque ; sa puissance
personnelle augmente ainsi que son rayon d’action. N’étant pas
limité par l’extérieur, il développe à l’intérieur les outils nécessaires
pour actualiser ses rêves et son intention créative. En adoptant ce
comportement, il réalise que tout commence et se termine en lui.
Nous avons tous la capacité d’être heureux, puissant et créatif,
mais si nous nous laissons envahir par la colère, la peur ou toute
autre émotion négative, nous accordons à l’autre, aux facteurs
extérieurs, aux circonstances incontrôlables, le pouvoir de nous
affecter. La meilleure réponse à ce que nous percevons comme une 91
provocation est une gestion créative de la situation.
Chaque fois que nous laissons l’extérieur influencer notre inté-
rieur, nous perdons un peu de nous-mêmes. L’individu proactif
comprend que, s’il veut changer quelque chose dans sa vie, il doit
commencer par modifier sa façon de percevoir. Ainsi, en se souciant
principalement de l’intérieur de sa noösphère, il peut mieux s’oc-
cuper des situations extérieures. Plusieurs recherches révèlent que
ceux qui gèrent leur vie efficacement, augmentent leur résistance
aux maladies physiques et mentales. S’il s’avère difficile de règler
rapidement leurs problèmes, ils changent les facteurs externes sur
lesquels ils ont un contrôle et pallient aux effets physiques, émotifs,
intellectuels et spirituels par l’exercice, la relaxation, le repos, une
meilleure alimentation, etc.

Les hémisphères du cerveau


et la perception dualiste

La base de toute stratégie personnelle débute par la célèbre phrase


de Socrate : « Connais-toi toi-même. » Le cerveau et son mode de
fonctionnement en sont la clé de départ.
Notre cerveau est séparé en deux moitiés symétriques unies
en leur centre par des séries de fibres appelées le corps calleux. À

05 Chapitre 5 91 4/29/03, 09:32


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

travers ces riches interconnexions, les hémisphères demeurent en


contact permanent. Débutant à ce point précis, la moelle épinière
s’étire dans la colonne vertébrale jusqu’à la pointe du coccyx. Le
cerveau est connecté à tout le corps par des myriades de ramifica-
tions qui agissent comme des antennes et lui permettent de rece-
voir et transmettre des messages à une vitesse fulgurante. Ayant
des fonctions distinctes et complémentaires, chaque hémisphère
ressent, perçoit, conceptualise de façon indépendante et gouverne
le côté du corps qui lui est opposé. De plus, ils possèdent un lan-
gage, une mémoire, une coloration émotionnelle ou sensorielle des
faits, qui leur sont propres.
Si la différence entre les hémisphères est fondamentale, con-
naître leurs caractéristiques et maximiser les possibilités qu’elles
évoquent est nécessaire pour assurer une vie créative et harmo-
nieuse. À cet égard, le tableau qui suit est révélateur.

92
Caractéristiques générales
des hémisphères du cerveau

Cerveau gauche Cerveau droit


• connaissances • expériences
• pensée logique • émotions
• perception du monde extérieur • perception du monde intérieur
• concepts, mots, nombres • images analogiques
• parole • musique
• perception analytique • perception systémique
• raisonnement • réflexion
(à partir des connaissances acquises) (alimentée de faits vécus)
• rationalisation • intuition
• langue (grammaire, syntaxe, etc.) • art (danse, peinture, etc.)
• sciences exactes • sciences humaines
• symbolisme • interprétation
• temporel • intemporel
• plein, matière, forme • vide, antimatière, informe

05 Chapitre 5 92 4/29/03, 09:32


Connais-toi toi-même

• spécialisation • généralisation
• localisation • globalisation
• problème • solution
• routine • nouveauté
• connu • inconnu
• savoir-faire • savoir-être
• mode répétitif • mode complexe
• conscience • conscience de la conscience

L’hémisphère gauche du cerveau est verbal, analytique, séquen-


tiel, rationnel, orienté par le temps et discontinu. Il isole les élé-
ments, élabore des plans détaillés, passe de l’abstrait au concret ;
il gère le comment. L’hémisphère droit est non verbal, holiste,
synthétique, visuo-spatial, intuitif, intemporel et diffus. Il possède
une vue d’ensemble des choses, détermine des objectifs précis et 93
passe du concret à l’abstrait ; il gère le pourquoi.
Les études du psychologue Robert Ormstein sur l’asymétrie
du cerveau démontrent que différents modes d’apprentissage sont
reflétés dans les fonctions hémisphériques. Intéressé par la nature
de la conscience et de sa relation avec ces activités, Ormstein note
que la préoccupation des sociétés de l’Ouest pour le langage et la
pensée logique a favorisé le développement du cerveau gauche. Il
constate que si les fonctions de l’hémisphère droit sont une partie
négligée des habiletés humaines et de l’intellect occidental, elles
sont plus développées dans les cultures, les religions, la spiritualité
et la façon de penser orientales.
Ormstein suggère également que les hémisphères puissent
se spécialiser selon différents paradigmes de pensée2. Ce concept
de spécialisation mène directement à celui de dominance selon
lequel tout individu repose plus sur un hémisphère que sur l’autre.
Cette différence se reflète dans le comportement, les préférences
et le type d’approche utilisée par un individu pour résoudre ses
problèmes. Une tendance à employer une approche verbale ou ana-
lytique peut signifier une domination du cerveau gauche, tandis
qu’une façon holiste ou spatiale de gérer l’information est perçue
comme une activité de l’hémisphère droit. La culture et les activités
––––––––––
2 Ormstein, Robert. The Psychology of Consciousness, Harcourt Beace Jovanovich,1977.

05 Chapitre 5 93 4/29/03, 09:32


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

semblent également influencer cette théorie de dominance et font


actuellement l’objet d’études expérimentales.
Bien qu’un hémisphère puisse dominer l’autre, il a rarement la
maîtrise totale d’une fonction essentielle du cerveau. Cependant,
la différence qui existe souvent entre le savoir et notre vécu est suf-
fisamment importante pour susciter de réels conflits intérieurs. Le
dialogue interne qui en résulte est une conversation animée entre
les deux hémisphères pour réconcilier leurs différends.
Parce qu’ils n’ont pas assez de connaissances pour leur dire
comment expérimenter la vie, les jeunes enfants ont peu de dia-
logue interne ; ils se parlent plutôt à voix haute, jouent avec des
amis imaginaires, fredonnent des chansons ou se murmurent des
paroles de consolation. S’ils ne peuvent comprendre une chose, ils
l’ignorent ou posent la fameuse question du cerveau droit : pour-
quoi ? Inlassables curieux, ils continueront de questionner jusqu’à
ce qu’ils se fassent rabrouer ou obtiennent une réponse acceptable
94 ou qui leur convient. Étrangement, le dialogue interne s’engage
vers l’âge de sept ans, souvent appelé l’âge de raison. En effet, à
cette période, l’enfant a suffisamment bien intégré la description
du monde qu’on lui a inculqué et sa capacité de réflexion est assez
élaborée pour qu’il puisse soutenir son dialogue interne. À moins
qu’il ne soit guidé autrement, il deviendra tributaire de la division
marquée entre son expérience et sa connaissance.
Ormstein soutient que notre formation intellectuelle se concen-
tre trop sur l’analytique, « […] ce qui fait que nous avons appris à
regarder des fragments qui ne sont pas connectés, plutôt qu’une
solution globale […] Avec cette préoccupation pour les faits isolés,
il n’est pas surprenant que nous soyons face à tant de problèmes
simultanés dont les solutions dépendent de notre habileté à saisir
la relation des parties avec l’ensemble3. »
La domination d’un des hémisphères sur tout le cerveau expli-
que pourquoi on dit que les contraires s’attirent, les partenaires
de vie ou d’affaires cherchant réellement à combler leur manque
personnel. En effet, chacun est en quête de sa douce mais évasive
moitié, l’autre côté de son propre miroir, de son cerveau dominant.
Une fois unifié, le cerveau global jouit d’une saine communication
qui assure maturité, créativité et actualisation. On ne cherche plus
à compenser ses faiblesses par l’ajout d’un élément extérieur, mais
––––––––––
3 Ormstein, Robert. The Split and Whole Brain, Human Nature, 1978.

05 Chapitre 5 94 4/29/03, 09:32


Connais-toi toi-même

à partager avec un compagnon de route ses valeurs et sa direction


de vie.
L’harmonie entre les deux hémisphères facilite également
l’interprétation des symboles qui tapissent notre vie. Si nous
apprenons à les comprendre, nous développons une relation plus
profonde avec nos propres intuitions.
Cette connexité entre nos hémisphères nous donne accès tant
à l’intemporel, ou capacité de vivre intensément le moment présent,
qu’au monde temporel du passé et du futur. Les jeunes enfants
vivent un éternel maintenant qui les rend imperméables à tous
les mots et expressions définissant un événement précis dans le
temps. Les artistes, musiciens et scientifiques délaissent aisément
le temps et le monde matériel pour toucher l’informe, l’immatériel
et l’intemporel. Lorsque nous sommes passionnés par ce que nous
faisons, le temps et ses contraintes se dissolvent, totalement absor-
bés par l’objet de notre attention.
Longtemps, nous avons cru que l’hémisphère droit était le 95
siège de la créativité et, jusqu’à la fin des années 80, beaucoup
d’auteurs, psychothérapeutes et philosophes le glorifiaient aux
dépens du cerveau gauche. Les nombreuses recherches sur le
sujet démontrent plutôt que la créativité émerge d’une harmonie
entre les deux hémisphères. L’imagination, le rêve, l’intuition et la
visualisation du cerveau droit favorisent « la capacité de changer
notre perception », tandis que la logique, l’application pratique,
l’aptitude à la concrétisation du cerveau gauche permettent de
« matérialiser une idée ».
Il est possible de vivre un état d’illumination dans lequel la
pensée est à la fois analytique et holiste, intellectuelle et intuitive,
active et réceptive4.
Ce sentiment d’unité est tellement intense qu’Abraham Maslow
l’a surnommé l’expérience sommet. Il caractérisait cet état comme « le
sentiment d’être complet, unifié et intégré, de se sentir entière-
ment soi, d’utiliser ses capacités à leur maximum, d’être libre de
blocages, d’inhibitions et de peurs, d’être spontané et expressif,
de vivre ici / maintenant, d’être un esprit et une psyché pure, de ne
ressentir aucun désir ni besoin, de se sentir simultanément enfant
et adulte, d’être béni au-delà des mots5 ». La description de Maslow
––––––––––
4 Russell, Peter. The Global Brain, Tarcher, 1983.
5 Maslow, Abraham. Religions, Values and Peak Experiences, Cleveland, State University of
Ohio, 1964.

05 Chapitre 5 95 4/29/03, 09:32


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

ne représente qu’un échantillon de ce qu’il est possible de vivre...


en tout temps.
Des études sur l’activité énergétique du cerveau d’individus
en profonde méditation ont prouvé que les deux hémisphères se
synchronisaient progressivement et que plus profonde était la
méditation (subjectivement parlant), plus grande était l’intégra-
tion. Cette synchronisation suggère un équilibre accru entre les
deux modes de pensée.
L’exercice créatif qui suit peut vous aider à harmoniser la
communication entre vos hémisphères en prenant d’abord cons-
cience du pourcentage d’utilisation de chacun d’eux au cours d’une
semaine normale d’activités, puis en effectuant les changements
appropriés.

Exercice créatif : la pensée globale


96 Introduction
Cet exercice a été conçu pour nous permettre de constater le pourcentage d’utilisation
des hémisphères gauche et droit lors de nos activités hebdomadaires et de cerner le
niveau de déséquilibre pouvant exister entre les deux. Comme les percées créatives
émergent d’une harmonie entre nos hémisphères, plus le déséquilibre est accusé,
plus le dialogue interne est fortement engagé à réconcilier nos connaissances avec
notre expérience. Le dialogue est le geôlier de notre créativité qu’il empêche d’éclore.
Cette agitation entre notre conscient et notre subconscient est un obstacle majeur à
l’émergence de la superconscience, notre source créative.
Directives
1. Dressez la liste des activités diverses qui composent votre semaine ;
2. Notez le temps que vous accordez à chacune, ainsi que le pourcentage d’utilisation
des hémisphères engagés dans chaque activité ;
3. Une fois la liste complétée, calculez le pourcentage moyen des interventions des
deux hémisphères ;
4. Ajustez l’équilibre en ajoutant n’importe quelle activité dominée par les
caractéristiques de l’hémisphère que vous voulez développer. Pour ce faire,
reportez-vous au tableau de Synthèse théophysique 2 (caractéristiques générales
des hémisphères du cerveau) en page 86.
Note
Rappelez-vous que la créativité émerge d’un équilibre entre les hémisphères du cerveau.
Répétez régulièrement l’exercice afin d’effectuer d’autres ajustements, si nécessaire.

05 Chapitre 5 96 4/29/03, 09:32


Connais-toi toi-même

Soyez vigilant à régler le plus rapidement possible toutes les situations non résolues
(unfinished business), car elles sont une nourriture de choix pour le dialogue interne.
Ajoutez d’autres activités qui, en stimulant un hémisphère ou l’autre, renforceront les deux.
Par exemple, jouer aux échecs ou se promener selon un itinéraire précis et chronométré active
l’hémisphère gauche, tandis que rêver, jardiner ou animer un groupe stimule le cerveau droit.
Être superconscient consiste à avoir accepté la nécessité de changer et d’adopter de
nouveaux comportements. La transformation personnelle est un processus qui a un
effet cumulatif. Soyez patient mais attentif : Rome ne fut pas bâtie en un jour !

Êtes-vous plus cerveau gauche, orienté par le monde extérieur ? Êtes-


vous trop cerveau droit, sujet à la contemplation de votre nombril ? Que
pourriez-vous faire pour faciliter l’émergence de votre cerveau global ?

97
Les caractéristiques de la conscience

Physiologiquement, le cerveau serait une masse de viande inerte


sans sa composante énergétique, la conscience, cet aspect indivi-
sible du processus de la pensée. L’interaction entre la conscience
subjective et le cerveau crée l’esprit humain et son monde percep-
tuel. La conscience est beaucoup plus qu’un résultat accidentel de
processus neurophysiologiques et biologiques se produisant dans
le cerveau. Dans le paradigme des neurosciences, elle est partie
intégrante de la trame de l’univers.
Il y a plus de 60 ans, l’astronome anglais James Jeans soulignait
que l’univers du physicien moderne ressemble plus à une grande
pensée énergétique qu’à une supermachine géante. Cette mégapen-
sée interpénètre tout ce qui existe et ce qui donne un ordre créatif
à notre univers. Ainsi, le rapport entre la matière et la conscience
peut être compris dans l’exemple suivant : si toute chose physique
est représentée par de la glace et la conscience par de l’humidité,
il est possible de voir où les deux se joignent dans la vapeur d’eau.
Issue d’une même source qui se manifeste différemment, chaque
composante est affectée par une force plus grande qu’elle : la tem-
pérature.
Examinons maintenant les cinq qualités principales procurant
à la conscience un caractère objectif et transpersonnel.

05 Chapitre 5 97 4/29/03, 09:32


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Synthèse théophysique 5
Les qualités de la conscience
 La conscience est fluide. Toujours en changement, son flot est constant ; elle ne
peut être arrêtée et étudiée. Comme William James l’a décrit en 1892, la conscience
peut être comparée à une rivière ou un ruisseau qui s’écoule sans interruption. C’est
pourquoi on y fait souvent référence comme le flot de la pensée ou de la conscience. Ce
courant véhicule des idées circulant à toute vitesse dans notre tête ou des pensées plus
lentes, lors d’une réflexion posée.

 La conscience est expérimentée de façon personnelle. Puisqu’elle est perçue


subjectivement, elle existe uniquement pour l’individu qui la constate. Même s’il
reconnaît sa conscience comme un je individuel, ce qu’il identifie est réellement
une perception subjective du non-je. C’est ainsi que La conscience devient ma
conscience.

98  La conscience est indivisible. Continue, elle ne peut être divisée en morceaux.


Nous ne pouvons donc pas distinguer le moment où une pensée termine et une
autre commence. En outre, la conscience ne se limite pas au monde solide et au
cerveau humain. Elle est également une longueur d’onde omniprésente ou, comme
le dit la science, non locale.

 La conscience est sélective. Elle choisit. En concentrant notre pensée sur un


point en particulier, notre conscience peut s’isoler de l’ensemble. Mais, lorsqu’elle
s’ouvre sur l’infini, elle peut se joindre à toute la création. En fonction de ce qui lui
est présenté, elle sélectionne continuellement la manière dont elle répartit son
attention, mettant en évidence un élément et en supprimant un autre.

 La conscience est constante. Transcendant l’expérience individuelle, elle qualifie


l’expérience universelle. Tout est conscience, une manifestation du potentiel créatif
expliquée par les formules d’Einstein, [E = mc2], et de Max Planck, [E = hf]. En
outre, la formule théophysique [L.O.V.E.] explique comment tout émane d’une
même énergie vibratoire (Limiteless Oscillating Vibrational Energy), un jeu de mot
exquis provenant de la langue anglaise.

Nous ne sommes pas uniquement des animaux évolués possé-


dant un ordinateur en guise de cerveau : nous sommes des sphères
de conscience ayant accès à un potentiel illimité. Les qualités de la
conscience nous lient de façon indivisible à un univers infiniment
créatif. Afin d’en récolter les bénéfices, nous devons augmenter

05 Chapitre 5 98 4/29/03, 09:32


Connais-toi toi-même

notre puissance personnelle et nous débarrasser des interférences


qui nuisent à cette réalisation. Une façon de raffermir notre lien à
cet héritage créatif et de mieux comprendre notre conscience, est
d’en examiner les particularités lorsqu’elle est altérée. Par défini-
tion, un état altéré de conscience change notre perception du je et
du non-je. Divers états sont associés à différents rythmes d’ondes
cérébrales et à une variété d’activités hormonales modifiant la
biochimie du cerveau.

Le rythme d’ondes cérébrales

Les neurones de notre cerveau communiquent à travers un réseau


très sensible. En voyageant le long d’un neurone, l’influx nerveux
incite son nucléus à relâcher une hormone appropriée au type de
communication. Appelée neurotransmetteur, elle remplit l’espace,
ce synapse, entre un neurone et son voisin qui, à son tour, établit 99
le contact avec le neurone suivant, et ainsi de suite. Certaines fonc-
tions élémentaires sont localisées dans des sections spécifiques du
cerveau, tandis que la majorité de celles nécessaires pour mener
une vie intelligente requièrent la coopération de différentes parties
du cerveau. Une électroencéphalographie (EEG) peut enregistrer
l’amplitude et la fréquence de ces courants électriques et mesurer
les cycles par seconde (ou hertz) de l’activité cérébrale.
L’amplitude détermine la puissance de l’impulsion électrique et
la fréquence définit le rythme et la catégorie d’ondes cérébrales :
bêta, alpha, thêta, delta et oméga.

secondes 0 1 2 3
BÊTA

ALPHA

THÊTA

DELTA

OMÉGA

05 Chapitre 5 99 4/29/03, 09:32


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Bêta : l’état de veille

Le cerveau produit des ondes bêta lorsqu’on est éveillé et conscient


et que l’attention est tournée vers le monde extérieur. Ce rythme
provoque une augmentation générale du métabolisme et du flux
sanguin. La force du signal augmente avec l’anxiété et diminue
avec la relaxation musculaire. Les ondes bêta se situent entre 40 et
14 hertz. La suractivité, plus de 40 hertz, est souvent provoquée par
un état d’hypervigilance, d’agitation, de peur, de tension et d’éner-
vement. Entre 30 et 14 cycles par seconde, la conscience est active,
les pensées sont agréables et faciles et l’énergie est élevée.
Comme ces écarts le suggèrent, nous n’avons pas tous le même
rythme, parce que nous ne vivons ni ne pensons tous à la même
vitesse. Il y a 50 ans, le rythme normal atteignait rarement plus de
30 hertz. Puisque nous pensons plus vite qu’avant, nous sommes
non seulement plus excités et plus excitables, mais également plus
stressés.
100
Alpha : l’état méditatif

De bêta, le rythme d’activité du cerveau peut ralentir et accéder


aux ondes alpha, où l’on vogue doucement dans un état méditatif,
oscillant entre 14 et 8 hertz. L’attention se tourne alors vers le monde
intérieur, le processus de pensée devient indépendant des stimuli
extérieurs et l’on pénètre la rêverie. Méditatif veut dire à médi, c’est-à-
dire en équilibre, à mi-chemin, entre le cerveau gauche et le cerveau
droit. Ce rythme d’ondes cérébrales se manifeste lorsqu’on ferme les
yeux et il est associé à la relaxation, à une sensation de détachement,
à l’inspiration et à la réceptivité.
Créant un pont entre notre conscient et notre subconscient,
cette zone s’ouvre aux profondeurs de la pensée. Par la détente,
nous pouvons améliorer notre mémoire, augmenter notre imagi-
nation et accéder plus facilement aux ressources de notre sub-
conscient.

Thêta : la visualisation créative, le rêve ordinaire


ou l’état de rêve lucide

Oscillant entre 8 et 4 hertz, le rythme cérébral thêta indique qu’on


glisse vers l’inconscience du sommeil. Cette période est souvent

05 Chapitre 5 100 4/29/03, 09:32


Connais-toi toi-même

accompagnée d’une imagerie qui n’est pas associée à la pensée


consciente. L’amplitude de l’activité énergétique diminue considé-
rablement, la respiration devient régulière, le battement cardiaque
ralentit, la pression sanguine diminue et les hormones de crois-
sance sont relâchées afin de faciliter le processus de restauration.
C’est la phase tranquille du sommeil dans laquelle il ne se passe
parfois rien de significatif et où les rêves, lorsqu’ils se produisent
à ce niveau, sont fragmentés et inconsistants. Les individus qu’on
réveille alors se sentent désorientés et se rappellent difficilement
de leurs rêves.

L’imagerie mentale et la visualisation créative


Ce rythme est également associé à la visualisation ou à l’expérience
créative. Les recherches démontrent une relation entre cet état de
tranquillité profonde, l’imagerie mentale et la créativité. Nombre
d’individus créatifs ont trouvé leurs idées intuitives et solutions
créatives durant l’état de rêverie ou de rêve lucide. Ainsi, Einstein 101
rêva qu’il voyageait à la vitesse de la lumière et fut témoin de la vie
microcosmique qui donna naissance à E = mc2 ; de l’expérience de
la mort et du rêve, j’ai ramené la synthèse théophysique, la physique
de la créativité.
Ayant étudié la psychophysiologie de la conscience et de la créa-
tivité depuis près de 30 ans, Alice et Elmer Green pensent que cet
état est non seulement la porte des percées créatives, mais également
celle de la régénération et de la guérison physique, de la capacité
d’effectuer les changements d’attitudes visant l’harmonie intérieure
et de l’aptitude à synthétiser de nouvelles idées. À ce niveau de cons-
cience, ils suggèrent qu’on peut accéder à ces processus internes en
raccourcissant ou éliminant volontairement l’espace entre le conscient
et le subconscient. Quand la rêverie est délibérément établie, le corps
peut être programmé à volonté et les instructions exécutées. Les
états émotifs peuvent alors être examinés, acceptés ou rejetés sans
passion, ou même supplantés par d’autres émotions plus utiles, et les
problèmes insolubles dans un état de conscience normale peuvent
être stratégiquement résolus6.
Depuis longtemps déjà, la plupart des athlètes pratiquent la
visualisation de leurs mouvements autant, sinon plus, que dans
le gymnase, sur la patinoire ou la piste de course. Les recherches
––––––––––
6 Green, Elmer et Alice. Beyond Biofeedback, Dell, 1977.

05 Chapitre 5 101 4/29/03, 09:32


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

prouvent que lorsqu’on voit son corps agir, des changements inter-
nes se produisent en conséquence et qu’il est possible, pour tout
individu, d’altérer son système immunitaire et son état de santé
uniquement en utilisant l’imagination et la visualisation.
Plusieurs études confirment que les événements que nous
expérimentons dans le rêve ou la rêverie profonde affectent notre
cerveau et notre corps, quoique d’une façon moindre, comme si
nous étions éveillés. Pour notre cerveau, rêver ou visualiser une
activité quelconque équivaut à l’exécuter réellement. Cette décou-
verte explique pourquoi les rêves semblent si réels. En fait, le
cerveau ne fait aucune différence entre la visualisation, l’illusion,
la réalité et le rêve. Cette réalisation est importante pour notre
cheminement créatif, parce qu’elle ouvre la porte de notre puis-
sance personnelle. Nous pouvons visualiser tout changement que
nous désirons apporter à notre vie, toute activité qui demande de
la préparation, toute poursuite d’un rêve ; pour notre cerveau, c’est
102 la pratique avant la représentation.

Le rêve ordinaire
Plus près de 4 hertz, le dormeur effectue une transition dramatique et
enclenche la phase active, appelée sommeil paradoxal. Ce sommeil
a toujours été considéré comme paradoxal, parce que l’excitation du
corps est accompagnée d’une paralysie presque totale du cou jus-
qu’aux pieds. On pénètre alors dans le monde du rêve, la respiration
s’accélère, devient irrégulière, et le cerveau brûle autant de carburant
que durant la période d’éveil. À ce stade, les personnes qu’on réveille
se souviennent de rêves dont les composantes sont souvent plus
claires, vivantes et intenses que dans la réalité, et plusieurs rapportent
des rêves lucides dans lesquels elles sont conscientes de rêver.
Le rythme d’ondes thêta serait significatif dans les rêves parce
qu’il pourrait indiquer que l’information enregistrée à l’état d’éveil
est absorbée à nouveau durant cette phase du sommeil. Si notre
vie éveillée est très agitée, stressante, hyperactive et que nous bou-
clons difficilement nos activités quotidiennes, cette période sera
principalement utilisée à les traiter, plutôt que d’avoir des rêves
mémorables ou même lucides.

Le rêve lucide
Stephen Laberge, docteur en psychophysiologie spécialisé dans
l’étude du rêve lucide, fut le premier à prouver que le rêveur peut

05 Chapitre 5 102 4/29/03, 09:32


Connais-toi toi-même

être totalement conscient qu’il dort, en plus d’être réveillé dans


son rêve7. Le dormeur comprend que le monde du rêve est distinct
du monde physique, bien qu’issu de la même source. Il constate
également qu’il peut diriger son rêve à volonté et faire des choses
considérées comme impossibles dans la réalité physique. Par
exemple voler, se déplacer à la vitesse de la pensée, changer la
direction du rêve et en affecter n’importe quel élément uniquement
en le voulant.
Le rêve lucide est un outil extraordinaire pour stimuler le
développement personnel, augmenter la confiance en soi, réduire
l’anxiété et les cauchemars, promouvoir la santé physique et men-
tale, réaliser ses rêves ou souhaits, se préparer à un événement,
faciliter la résolution de problèmes et la prise de décision créative.
Le Dr Laberge, qui suggère que les applications du rêve lucide se
traduisent par des manifestations de l’intelligence créative, ajoute que
l’avantage de la conscience lucide, tant dans notre vie éveillée que
dans le rêve, repose dans la capacité qu’elle nous offre d’entrepren- 103
dre des actions créatives et flexibles.

Delta : la conscience silencieuse du sommeil


ou la méditation profonde

Situé entre 4 et 0,5 hertz, le rythme d’ondes cérébrales delta est


l’étape du sommeil la plus réparatrice et permet d’accéder au sub-
conscient, à l’inconscient collectif et même à l’entrée du supercons-
cient. Présent durant le sommeil profond, ce rythme se déclenche
quand les autres activités énergétiques se reposent. Atteint lors
d’une profonde méditation, ce niveau de conscience est regardé
par les traditions orientales comme l’état à l’intérieur duquel l’ego
de la conscience éveillée s’évanouit. Les mémoires, les problèmes,
les images troublées du rêve sont abandonnées.
Selon les recherches de la Dre Jayne Gackenbach, tutrice et
instructrice en psychologie éducative de l’Université d’Alberta,
la lucidité est le point de départ d’un niveau encore plus élevé,
rapporté par des méditatifs : l’état de témoin. Dans le rêve lucide,
le dormeur qui atteint cet état se détache du contenu du rêve et
choisit de participer ou de se retirer pour adopter la position de
témoin. Dans le sommeil ou la méditation profonde, le niveau
––––––––––
7 Laberge, Stephen. Lucid Dreaming, Tarcher Books, 1985.

05 Chapitre 5 103 4/29/03, 09:32


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

de conscience est très élevé, mais les objets de cette conscience


sont libres de contenu, de mots, de charges émotives et même de
limites. Le sentiment qu’on retire de cet état est une sensation de
détachement et d’expansion à travers l’infini potentiel.

Oméga : l’état de béatitude, de Lumière Pure

Entre 0,5 et 0 hertz, rêveur et rêve se dissolvent, devenant une seule


conscience qui quitte les voies neurales du cerveau, comme l’eau
abandonne le lit de la rivière. Tout est maintenant perçu comme une
Lumière Pure. Les recherches en neurophysiologie confirment les idées
très anciennes exprimées dans la Mandukya Upanishad : « Cet état
de conscience est Atman dans sa forme la plus pure : la vie éveillée
de la Conscience Suprême. Il ne s’agit ni d’une conscience tournée
vers l’extérieur ou vers l’intérieur, ni d’une semi- conscience, ni d’une
conscience endormie, ni d’une conscience, ni d’une inconscience. Il
104 est Atman, l’esprit lui-même qui ne peut être vu ni touché, qui est
au-dessus de toutes distinctions, au-delà de la pensée, ineffable. La
preuve suprême de sa réalité est dans l’union avec Lui. Il est non-
dualité. Il est paix et amour. »
L’état de superconscience oméga fut uniquement enregistré sur
des cerveaux de mystiques en état de méditation profonde et chez
les personnes ayant vécu une expérience au seuil de la mort. Nous
voyons tous la Lumière au moment de la mort, parce que notre
paradigme n’intervient plus pour interpréter le monde extérieur
qui, subjectivement, a disparu.
Ceux, qui comme moi ont réchappé de la mort, ont perçu cette
Conscience Pure et disent tous avoir rencontré Dieu, même si nous
savons que cette description n’est pas juste, qu’il n’y a aucun mot
pour décrire cette illumination.
Pas besoin de mourir pour voir la Lumière Pure, car une parfaite
méditation peut arrêter notre dialogue interne. Cette tâche évolu-
tive est l’essence de la majorité des disciplines spirituelles dans le
monde. Lorsque la conscience n’est plus occupée à interagir avec
le cerveau, l’univers perceptuel, nos images solides, cessent d’exis-
ter pour être remplacées par la perception d’un univers informe,
d’une Lumière Pure que les mystiques appellent Dieu mais qui est
uniquement Sa partie visible, Sa Conscience, Son énergie primaire
et universelle.

05 Chapitre 5 104 4/29/03, 09:32


Connais-toi toi-même

La clé de la créativité

La capacité de gérer le flot de la conscience sur le corps calleux per-


met de passer volontairement d’un hémisphère du cerveau à l’autre,
au lieu d’être réactif aux mouvements habituels du paradigme.
Puisque le flot naturel de la conscience se fait du cerveau droit (la
charge émotive) vers le cerveau gauche (la perception du monde exté-
rieur), la personne créative adopte une discipline spirituelle et utilise
une gamme d’outils et d’exercices pour maîtriser ses émotions. Ce
faisant, elle apprend à passer du cerveau gauche au cerveau droit en
ralentissant volontairement son rythme d’ondes cérébrales. Parce que
cela nous mène rapidement plus bas que 22 hertz, rire est un moyen
exquis de nous rapprocher du cerveau droit. Le rire nettoie l’âme,
dit-on ; il chasse la peur.
Puisque nous avons défini la créativité comme la capacité de
changer sa perception afin de matérialiser une idée, ce change-
ment volontaire requiert l’abandon de notre façon habituelle de voir
– le connu – afin qu’une nouvelle perception puisse se manifester
105
– l’inconnu. Chaque paradigme est entouré d’une source créative, la
superconscience. Seule l’harmonie entre les deux hémisphères nous
permet d’y accéder ; la magie est l’art de s’y rendre à volonté.

La maîtrise du flot de notre conscience et


de notre dialogue interne mène au vrai
libre arbitre : libres de nos habitudes,
de nos comportements intempestifs, de
notre passé, de nos désirs et de nos peurs,
nous pouvons actualiser notre plein
potentiel et vivre de façon magique.

En expérimentant des approches psychocorporelles qui peu-


vent provoquer différents états de conscience, nous pouvons ouvrir
la voie à l’exploration du monde intérieur, de notre nature profonde
qui est aussi celle de l’univers. Nous vous suggérons de vous fami-
liariser avec les exercices qui suivent. Pratiquées 20 minutes par
jour, ces techniques simples amélioreront rapidement votre qualité
de vie et vous aideront à éliminer la tension et le stress. Intégrées
à une discipline quotidienne, elles augmenteront votre créativité
et faciliteront la transformation de votre paradigme.
Avez-vous déjà constaté l’effet qu’une altération de votre niveau de
conscience peut avoir sur votre perception du monde (alcool, drogue,

05 Chapitre 5 105 4/29/03, 09:32


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

stress, relaxation, rêve) ? Pratiquez-vous la méditation, la visualisation,


la concentration ou la relaxation ? Êtes-vous conscient de posséder toutes
les ressources nécessaires à votre mieux-être global ?

Exercices psychocorporels
Les exercices présentés dans ce livre ont été conçus spécifiquement pour faciliter
le développement de votre créativité et de votre puissance personnelle. Il existe de
nombreuses variantes pour chacune de ces techniques, mais nous nous sommes
particulièrement penchés sur celles qui nous apparaissent essentielles.

Exercice 1 : l’asana
L’asana est un exercice de posture. La position du lotus est la posture la plus connue, mais
elle est difficile pour la moyenne des gens. S’il en existe de nombreuses autres, c’est en
les expérimentant que vous trouverez celle qui, tout en étant efficace, vous convient le
106 mieux. Le critère essentiel consiste à avoir le dos droit, la tête et le cou sont alignés avec
la colonne vertébrale et respectent les courbes naturelles du dos. Les premiers jours, les
débutants peuvent utiliser une chaise droite ou un mur comme support.

Exercice 2 : la respiration pranayama


L’air que nous respirons possède une vie propre. Le pranayama est un exercice de
respiration. Il veut littéralement dire respirer le prana qui est la vitalité contenue dans
l’air. La respiration pranayama est profonde et rythmique. Elle s’accompagne d’une
perception consciente de la texture, du volume, de la vie et du voyage physique de l’air
à travers le corps. Comme il existe de nombreuses variantes à cet exercice, nous vous
recommandons d’explorer afin de trouver le type de respiration qui vous convient.
Maîtriser notre respiration est un art qu’il est facile d’apprivoiser. La respiration
abdominale en est la base. En plus de nous aider à se détendre, elle permet d’être plus
centré, moins vulnérable au stress et aux déséquilibres émotifs qu’il provoque. Nous
vous suggérons de pratiquer et d’intégrer cette forme à votre quotidien.

Technique de respiration abdominale


L’exercice proposé ici permet de prendre conscience de la qualité de notre respiration.
Les bébés sont maîtres dans l’art de respirer. Observez-les lorsqu’ils dorment et vous
constaterez que seul leur ventre se soulève à l’inspiration, puis se dégonfle à l’expiration.
Au moment où ils arrivent à s’asseoir seuls, confortablement, ils sont en équilibre et leur
respiration agit comme une ancre. Plus tard, les différentes activités, tensions, craintes

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Connais-toi toi-même

ou excitations, les poussent hors de leur centre d’équilibre et la respiration commence à


transformer. Elle se déplace alors et se produit de plus en plus haut dans le corps jusqu’à
ce qu’elle atteigne un point où seul le thorax est engagé. Remarquez votre respiration
en ce moment. Nous respirons superficiellement, ce qui nous rend vulnérables aux
assauts du stress et des émotions négatives qui en résultent.

Directives
1. Adoptez votre asana et dégrafez vos vêtements. Inspirez profondément, puis
expirez en soupirant sans contrainte.
2. Portez votre attention sur un point situé approximativement à 5 cm sous le nombril
(centre du corps et point d’équilibre).
3. Inspirez en gonflant uniquement votre abdomen, puis expirez en le contractant
légèrement, jusqu’à ce que vous ayez expulsé la majorité de l’air absorbé. Ne
vous tendez pas. Laissez la respiration prendre sa place sans vous crisper et vous
constaterez qu’elle adopte d’elle-même le rythme d’une vague. Prenez conscience
du voyage de l’air lors de l’inspiration et de l’expiration. Laissez-vous bercer par 107
cette respiration.
4. Expérimentez pendant au moins 10 minutes, puis revenez doucement à votre
respiration habituelle.
Note
Il est possible que vous éprouviez un léger malaise au début. Persévérez néanmoins et
pratiquez cette respiration au moins une fois par jour. Au fil de votre propre expérience,
vous pourrez l’intégrer à votre quotidien et la mettre en pratique même lors d’activités
normales. Avec le temps, elle deviendra une seconde nature et vous reconnaîtrez de
vous-mêmes tous les bienfaits qu’elle procure.

Exercice 3 : la relaxation

Directives
1. Dégrafez vos vêtements et adoptez votre asana. Pour bien comprendre la
relaxation, comparons-la à la tension. Bandez tous les muscles de votre corps, un
à un. Ne vous crispez pas jusqu’à la crampe, tendez-les seulement en comptant
jusqu’à quatre, puis relâchez. Commencez avec vos pieds et vos orteils. Tendez-les,
comptez jusqu’à quatre : laissez aller. Lorsque vous relâchez la tension, imaginez-la
s’écouler hors de vous. Tendez maintenant vos jambes, relâchez.
2. Puis, vos hanches et votre bassin. Relâchez.
3. Crispez votre abdomen comme si vous vous prépariez à recevoir un coup. Relâchez.

05 Chapitre 5 107 4/29/03, 09:32


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

4. Passez à votre poitrine, puis à vos épaules, vos bras, vos mains et vos doigts, votre
cou, votre visage et votre tête. Tendez à chaque fois en comptant jusqu’à quatre,
puis relâcher en visualisant la tension que vous expulsez. Sentez-vous de plus en
plus détendu et calme. Tendez votre corps complètement, chaque muscle que vous
sentez lâche, prenez une profonde respiration, inspirez, retenez cet air, expirez
profondément, relâchez.
5. Prenez conscience que vous êtes complètement et totalement détendu. Votre corps
est léger comme l’air. Laissez-vous flotter dans cette détente, inspirez profondément,
pause, expirez. Sentez le stress vous quitter. Laissez derrière vous préoccupations et
anxiété. Sentez-les s’écouler hors de vous et pénétrer dans le sol. Sentez-vous devenir
frais et neuf. Inspirez... pause... expirez.
Ici, vous pourriez pratiquer l’exercice de respiration abdominale décrit plus haut.
Laissez-vous aller plus profondément dans la relaxation et demeurez ainsi pendant
10 à 15 minutes. Puis, doucement, revenez à la réalité. Ouvrez les yeux et bougez
lentement vos membres. Levez-vous calmement.
108 Note
En pratiquant cet exercice quotidiennement vous arriverez à vous détendre
complètement sans passer par toute la méthode. Vous pouvez également expérimenter
l’exercice en prenant conscience des différentes parties du corps sans avoir à les tendre
avant de les détendre. Entraînez votre esprit à être alerte et totalement détendu en
tout temps. Vous retirez de cette discipline une sérénité et une force inébranlables.

Exercice 4 : la visualisation
Introduction
La visualisation est une image que vous dessinez sur votre écran intérieur en utilisant
toute une série de pensées liées entre elles. Plus l’image est complexe et élaborée,
plus il vous faut de pensées, chacune étant une facette de l’image complète. La
visualisation requiert deux habiletés : la capacité de maintenir dans votre esprit clarté
et concentration et celle de créer l’image que vous visionnez à l’intérieur.

Directives
Technique A
Commencez avec l’exercice de relaxation. Une fois parfaitement détendu, vous êtes
prêt pour l’étape suivante
1. Imaginez que vous êtes assis dans un cinéma. La salle est sombre et comme vous

05 Chapitre 5 108 4/29/03, 09:32


Connais-toi toi-même

êtes très près de la scène, l’écran géant blanc est la seule chose que vous distinguez.
Imaginez maintenant que le chiffre 10 apparaît en gros caractère lumineux. Puis,
au bout de quelques secondes, le chiffre disparaît, tout de suite remplacé par le
numéro 9, puis 8, et ainsi de suite jusqu’à 1.
2. Refaites l’exercice en sens inverse passant de 1 à 10. Prenez le temps de bien
visualiser chaque chiffre sur l’écran avant de passer au suivant. Demeurez calme et
détendu.
3. Au terme de cette visualisation, retrouvez-vous face à un écran blanc pour ensuite
revenir au vide et à la tranquillité. Terminez votre visualisation comme dans
l’exercice de relaxation.

Note
Exercez-vous quotidiennement jusqu’à ce que vous puissiez aisément changer les
caractères à l’écran. Votre capacité d’imaginer et de visualiser tout ce que vous voulez
en sera grandement amélioré.
109
Technique B
1. Sur votre écran intérieur, imaginez-vous dans une situation qui correspond à ce que
vous voudriez être, faire ou obtenir. Exactement comme si vous étiez un réalisateur
de film, développez clairement l’environnement et la situation. Utilisez vos sens
pour vivre l’événement comme si vous y étiez. Voyez-le correspondre en tout point
à ce que vous désirez. Imaginez-vous agir sereinement et joyeusement.
2. Après avoir maintenu votre vision pendant environ 10 minutes, revenez doucement
au vide et à la tranquillité. Terminez votre visualisation comme dans l’exercice de
relaxation.

Note
Entraînez votre imagination à être souple et docile de la même façon que vous le feriez
pour un muscle. Développez vos sens dans la visualisation. Elle peut être utile à bien des
étapes de votre vie. Vous pouvez visualiser tout ce que vous pouvez imaginer...
Encouragez vos images intérieures à devenir de plus en plus vives. Dépassez l’imagerie
et entraînez votre pensée à voir l’insolite et l’inattendu. Soyez prêt à faire de votre
écran intérieur un monde aussi grand que vous le désirez.
Portez une attention particulière aux images mentales qui vous traversent l’esprit
quotidiennement. Remarquez quelles sont celles qui vous dépriment et celles qui vous
inspirent. Soyez conscient que vous avez le pouvoir de réécrire le script de votre film
mental quand vous le voulez.

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Exercice 5 : la visualisation sensorielle


Entrez en relaxation et essayez d’imaginer les perceptions suivantes :
1. Que sent le mot participer ?
2. Comment ressentez-vous le nombre sept ?
3. Qu’est-ce que goûte la couleur bleue ?
4. À quoi ressemble le concept de liberté ?
5. Quelle est la forme de mercredi ?
6. Qu’entendez-vous lorsque vous lisez le mot joie ?
Note
Trouvez pour vous-mêmes des concepts, idées, formes, odeur, etc., et développez votre
vision sensorielle aussi souvent que vous le pouvez.

110

05 Chapitre 5 110 4/29/03, 09:33


6
Motivation et volonté

P
endant les mois qui suivirent mon accident de voiture, j’expé-
rimentai la mort et la renaissance à tous les niveaux de mon 111
être. Ma perception étant profondément altérée, le paradigme
qui m’animait fut définitivement transformé. En juin 1978, je quittai
l’Institut de réhabilitation de Montréal et restructurai mes priorités.
Je divisai ma vie entre une participation extérieure, orientée par ma
connaissance des théories de la motivation de Maslow, et une quête
intérieure, axée sur la compréhension de ce que j’avais vécu.
Mes recherches sur la motivation m’avaient appris que tous les
êtres sont motivés par deux principes de base gouvernant une hié-
rarchie des besoins qui se dévoilaient progressivement. Toutefois, à
la lumière de mes expériences, je compris qu’elle devait inclure les
niveaux d’évolution de la conscience et de ses dérivés, ainsi qu’une
compréhension de l’immensité du potentiel que l’homme peut
actualiser au cours de son voyage à travers l’ordre de l’univers.

La motivation humaine

Nous avons l’habitude d’expliquer nos actes en présumant que nous


avons une raison, une motivation ou une idée en tête qui nous
guide d’une façon relativement intelligente. Nous nous posons la
question « Pourquoi ? » (Pourquoi fait-elle cela ? Pourquoi pour-
suit-il ses études ? Pourquoi se préoccupe-t-elle de ce sujet ?) et
croyons pouvoir y répondre en expliquant ou en cherchant une

06 Chapitre 6 111 4/29/03, 09:33


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

signification (buts, intentions, désirs, motivations et besoins) à


ces gestes. En fait, notre motivation personnelle affecte tout ce
que nous faisons. Elle influence notre capacité d’apprendre, notre
mémoire, notre perception et la façon dont nous expérimentons
la vie. Elle est à la base du comportement humain, de ce qui le
stimule, l’anime et le limite.
Le comportement a pour motif de satisfaire les désirs stimulés
par les besoins de l’individu et par ceux du groupe auquel il appar-
tient. Parce qu’elles sont en changement continuel, ces demandes
le poussent à ressentir différents besoins à différents moments. Le
psychologue Clark Hull définit le besoin comme la manifestation
d’un manque, d’une pénurie ou d’une insuffisance biologique essen-
tielle à la survie1. Ainsi, si l’on empêche l’organisme de s’alimenter,
il cherchera à se nourrir ; s’il manque d’eau, il souffrira de la soif.
Du besoin émerge un désir, une pulsion influencée par l’expérience
et la connaissance du paradigme existant, qui se manifeste dans
112 le comportement. Le besoin se traduit alors comme un sentiment.
En accord avec la théorie de Hull, Maslow poursuivit la réflexion
en ajoutant que l’action humaine n’est pas uniquement motivée
par les besoins physiologiques, mais également par des besoins
touchant l’individu et sa croissance psychologique. Il estimait que
ceux-ci étaient limités en nombre et organisés selon une hié-
rarchie2. Depuis, comme une large part de la gestion a impliqué
l’utilisation efficace des ressources humaines de l’organisation, les
théories de gestion basées sur des présomptions de la motivation
ont évolué très rapidement. Elles ont soulevé des questions psy-
chologiques si intéressantes qu’elles devinrent la base d’études
scientifiques.
La motivation partage avec les mots moteur et motif la même
racine signifiant : motion, mouvement. Le moteur produit l’énergie
permettant le mouvement et le motif détermine la raison qui se
cache derrière lui.

Puisqu’elle implique un niveau d’activa-


tion et une direction, nous définissons la
motivation comme la pulsion intérieure
qui pousse à satisfaire nos besoins.

––––––––––
1 Hull, Clark. Principles of Behavior, Prentice-Hall, 1943.
2 Maslow, Abraham. Motivation and Personality, Harper Collins, 1943-1970.

06 Chapitre 6 112 4/29/03, 09:33


Motivation et volonté

Tous les individus sont en mouvement pour satisfaire une


hiérarchie de besoins qui se manifestent au cours d’une vie et qui
évoluent à travers le temps. Le plaisir et la satisfaction attendent
ceux qui y répondent adéquatement, tandis que l’ennui et le mécon-
tentement accablent ceux qui souffrent d’inaction, d’apathie et de
manque de stimulation.
Intrinsèque à l’individu, la motivation n’a donc rien à voir
avec l’enthousiasme suscité par un « motivologue » enflammé.
Cependant, parce qu’une personne enthousiaste nous semble
motivée, il est facile de confondre les deux. Dans le dictionnaire,
enthousiasme veut dire inspiration divine. Être enthousiaste, c’est être
rempli d’un esprit créatif, du feu sacré, du feu intérieur ou encore
de la passion.
Toutes les personnes que nous rencontrons sont motivées. Or,
être motivé en tout temps ne signifie pas forcément être enthou-
siaste. Nous pouvons être motivés à rester au lit toute la journée,
à ne rien faire ou à ennuyer notre voisin. Nous pouvons aussi être 113
motivés à apprendre, à partager ou à actualiser une vie glorieuse.
Nous sommes subjectivement motivés par et pour des motifs dif-
férents, même s’ils sont uniquement motivants pour nous. Ainsi,
le suicidaire est motivé à s’enlever la vie, l’alcoolique à boire du
mauvais vin et la femme battue à demeurer avec son mari.

Les principes d’une motivation créative

Avant ma longue hospitalisation, je connaissais bien les deux prin-


cipes énoncés par Maslow. Je les avais appris et même enseignés.
L’accident me donna l’occasion de passer de la théorie à la prati-
que. Ce faisant, je découvris quatre autres principes qui pavèrent
la voie de ma nouvelle vie. Cela me servit si bien que, sans aucune
des réactions psychologiques attendues dans un tel cas, je n’ai
jamais nié mon handicap, ni affronté de période de dépression ou
ressenti d’anxiété face à ma situation. C’est pourquoi, au moment
de quitter l’hôpital, je fus invité à donner une conférence sur ce
que j’appelle les principes de la motivation créative, que résume
le tableau suivant.

06 Chapitre 6 113 4/29/03, 09:33


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Synthèse théophysique 6
Les principes de la motivation créative
1. Le paradigme de la pensée est une boucle fermée.
Il est impossible d’arriver à la conclusion de quelque chose qui se trouve à l’extérieur de cette
boucle par un raisonnement à l’intérieur de celle-ci.
2. La solution d’un problème ne peut pas se trouver au même niveau de compréhension
que le problème.
Si la solution du problème se trouvait où le problème est, le problème ne pourrait exister :
[(+1) + (–1) = 0]
3. Résoudre ses problèmes est un besoin.
4. La motivation est l’impulsion intérieure qui pousse à satisfaire tous ses besoins.
5. Un besoin satisfait n’est plus motivant.
6. Un besoin non satisfait motive négativement.
114
Le paradigme de la pensée est une boucle fermée

C’est à l’hôpital que j’expérimentai ce premier principe qui me sauva


du découragement. Lorsque j’eus assez de force pour quitter mon
lit, on amena une énorme chaise roulante, m’annonçant que j’allais
apprendre à m’asseoir. Deux assistants aidèrent mon corps inanimé
à s’y installer. Pour la première fois depuis huit mois, j’étais assis
presque à la verticale. C’était une sensation si étrange que je ne
réalisai pas que je perdais conscience. Je m’éveillai dans mon lit.
On m’expliqua que mon sang avait perdu l’habitude de circuler dans
cette posture, que mes pieds étaient rouges comme du vin et mon
visage blanc comme du lait. « On essaiera de nouveau demain »,
me promit-on.
Cela prit deux semaines avant de pouvoir être assis confortable-
ment. Ne sachant jamais ce qui m’attendait, mes jours se levaient
sur l’inconnu. Si j’avais décidé que je ne pouvais réussir ce geste
simple que nous prenons tous pour acquis, je serais encore dans
une institution spécialisée. Puisque le paradigme de la pensée est
une boucle fermée, je choisis d’accepter mon ignorance du futur,
plutôt que de présumer de l’inconnu.
Nombre de personnes aiment croire qu’elles ont un esprit
ouvert. Si c’était vrai, elles seraient en même temps conscientes
d’une telle quantité d’informations provenant de l’environnement,

06 Chapitre 6 114 4/29/03, 09:33


Motivation et volonté

qu’elles deviendraient folles. Consciemment ou inconsciemment,


chacun sélectionne ce qui lui convient en fonction de son para-
digme et néglige le reste. Parce que nous n’aimons pas être sans
réponse, nous avons tendance à prendre des éléments de notre
connu pour les projeter sur l’écran de notre inconnu.
Le paradigme de la pensée est une boucle fermée. La seule
façon de laisser l’inconnu devenir connu consiste à s’ouvrir à ce que
l’on ignore. Si nous avons décidé de la nature de l’inconnu auquel
nous faisons face, il se révélera teinté de cette présomption.

Pour intégrer le premier principe, il faut


développer la capacité d’ouvrir à volonté
notre esprit.

La solution d’un problème ne peut pas se trouver au même


niveau de compréhension que le problème
115
Le deuxième principe suggère que l’individu doit devenir plus
flexible avec son paradigme s’il veut trouver des solutions à ses
problèmes. Les règles qui paraissent d’une logique douteuse dans
un certain paradigme peuvent émaner de préceptes tout à fait cohé-
rents dans un autre.
Sans nier l’existence de situations devant être gérées ou de
défis à relever, les problèmes n’existent que dans le regard de
celui qui les perçoit. Puisque la solution et le problème ne peuvent
coexister, nous devons changer notre cadre de perception si nous
voulons vaincre nos difficultés. Ce n’est qu’à travers cette réalisation
paradigmatique qu’il est possible de se détacher suffisamment du
problème pour le voir objectivement. C’est pourquoi il est si facile
d’être de bon conseil dans la vie des autres. N’étant pas person-
nellement liés à la situation, nous pouvons plus librement entrevoir
les solutions qui leur échappent. En fait, lorsque nous percevons
un problème, notre connu (+1), nous devrions comprendre que sa
solution existe dans notre inconnu, (–1).
Sachant que ce qui est un problème pour l’un ne l’est pas
nécessairement pour l’autre, aucun problème n’est objectif et
neutre, commun à tous, sans exception. La violence, la guerre ou
l’insurrection est peut-être une tragédie pour le peuple, mais elle
est sans conteste une bonne occasion pour les armuriers d’écouler
leur inventaire et d’augmenter leurs profits.

06 Chapitre 6 115 4/29/03, 09:33


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Face à une situation que nous percevons comme un problème,


l’équation mathématique : [(+1) + (–1) = 0] peut nous aider à trou-
ver une solution. Ainsi, si nous voulons éliminer la guerre (+1), il
faudrait lui ajouter son contraire : la paix (– 1). Cela peut paraître
simpliste, mais les gestes accomplis pour arrêter une guerre ne
sont pas les mêmes que ceux que l’on ferait pour commencer une
paix.
Pour qu’une solution soit efficace, elle doit nécessairement
être plus intelligente que le problème. Par exemple, ce n’est qu’en
poursuivant la nature de la santé, concept qui englobe l’ensemble
de la vie de l’organisme physique, que nous pouvons éliminer effi-
cacement la maladie. Le paradigme qui est flexible invite l’inconnu
à devenir connu et s’ouvre à une multitude de solutions totalement
invisibles à celui qui est rigide. Le dictionnaire des antonymes est
un excellent ouvrage pouvant nous aider à résoudre nos problè-
mes. En réduisant la situation à un mot ou à une expression, ses
116 antonymes nous indiqueront trois ou quatre pistes à suivre pour
trouver une solution.

Pour intégrer ce deuxième principe, notre


paradigme doit devenir plus flexible.

Résoudre ses problèmes est un besoin

La vie de la plupart des individus est remplie de problèmes variés.


Les uns sont simples et/ou triviaux, les autres sont complexes et
très importants pour nous. Nous identifions généralement un pro-
blème lorsque nous constatons une différence importante entre la
situation présente et nos désirs et besoins, ou lorsque le chemin
menant à un but se révèle trouble et confus.
Selon les psychologues, la résolution d’un problème requiert
la compréhension de trois aspects essentiels : 1°) la situation exis-
tante telle que perçue ; 2°) le but visé ou la situation désirée ; 3°) les
stratégies permettant de passer de 1 à 2. Ils soulignent également
la nécessité de bien définir le problème et l’objectif recherché afin
de pouvoir déterminer les stratégies les plus appropriées.
Dans le chapitre précédent, nous soulignons que le problème
et sa solution sont gérés, dans le cerveau, par deux hémisphères
différents. Les problèmes non résolus consomment une quantité

06 Chapitre 6 116 4/29/03, 09:33


Motivation et volonté

inouïe d’énergie. Ils tendent à nous enfermer dans notre cerveau


gauche, loin des solutions produites par le cerveau droit. Ils aug-
mentent également le dialogue interne qui alimente notre percep-
tion de la situation et nous éloigne de la solution. Parfois, l’emprise
de ce dialogue est telle que nous avons peine à nous souvenir
de la route empruntée ou de l’endroit où nous avons déposé nos
clés. Nous débutons alors la journée avec des préoccupations qui
nous accaparent jusqu’au soir et auxquelles nous ajoutons celles
du jour. Nous finissons par passer notre temps à nous promener
dans notre tête avec l’espoir, souvent inconscient, que les solutions
se présenteront d’elles-mêmes.
N’oublions pas que la créativité est composée de 2 % d’inspira-
tion et 98 % de… transpiration ! Les gens les plus créatifs sont ceux
qui n’offrent pas de résistance à prendre soin de tous les détails et
à régler les situations qui le réclament. C’est uniquement lorsque
nous aurons résolu nos problèmes et réconcilié nos pensées et nos
gestes que nous entendrons le bruit du silence, libre d’accéder à 117
notre infini potentiel. Pour ceux qui souffrent d’une agitation mar-
quée de leur dialogue interne, l’utilisation d’un petit cahier de note
s’avère souvent salutaire. Prendre 10 minutes au lever pour noter
ce que nous avons en tête crée un vide qui permet de libérer notre
esprit des pensées parasites qui nous accaparent.

L’intégration du troisième principe nous


amène à nous responsabiliser.

La motivation est l’impulsion intérieure


qui pousse à satisfaire tous ses besoins

La motivation ne provient pas de l’extérieur, de notre environ-


nement, du non-je. Elle ne se manifeste pas nécessairement par
l’enthousiasme ou le dynamisme. Le processus est plutôt simple :
du besoin naît le désir de le satisfaire. La pulsion est d’abord un
instinct de survie, puis une conscience et une estime de soi, et enfin
une volonté d’agir et de répondre à une intention créative.

L’intégration du quatrième principe


nous conduit à accepter sans condition
la responsabilité de satisfaire tous nos
besoins.

06 Chapitre 6 117 4/29/03, 09:33


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Identifiés par Maslow, les deux principes suivants soulignent


l’importance de gravir les échelons de notre hiérarchie des besoins.

Un besoin satisfait n’est plus motivant

Lorsque l’organisme comble ses besoins physiques, il est immédia-


tement dominé par un autre type de besoin qui, s’il est satisfait, en
laisse à son tour émerger un autre. Ce n’est que le ventre plein que
nous pouvons nous protéger des dangers qui peuvent surgir dans
le futur. Lorsqu’ils sont satisfaits de façon continue, nos besoins
cessent d’exister comme des éléments déterminants du compor-
tement. Mais, s’ils sont compromis, ils deviennent un potentiel qui
peut se manifester de nouveau pour dominer l’organisme3.

L’intégration du cinquième principe


nous incite à passer à un autre niveau de
besoin lorsque le précédent est satisfait.
118
Un besoin non satisfait motive négativement

Les besoins qui sont insatisfaits dominent l’organisme et son


comportement habituel. Ce principe suggère que si le besoin de
nourriture n’est pas satisfait, il est peu probable qu’un individu
ait suffisamment d’énergie pour développer des amitiés ou une
vie spirituelle. Par exemple, un niveau de besoin compromis par
des situations incontrôlables peut créer un état d’insatisfaction
qui risque d’affecter la qualité de vie, l’estime de soi, les relations
interpersonnelles et le sentiment de sécurité.

L’intégration du sixième principe nous


pousse à satisfaire chaque niveau à sa
pleine mesure.

L’échelle de la motivation

Le passage d’un paradigme réactif à un paradigme expansif requiert


une meilleure connaissance de soi, de ce qui nous stimule et de ce
qui nuit à notre évolution. Nous examinerons donc la hiérarchie de
––––––––––
3 Maslow, Abraham. « A Theory of Human Motivation », Psychological Review, vol. 50, 1943,
p. 370-396.

06 Chapitre 6 118 4/29/03, 09:33


Motivation et volonté

besoins que nous sommes appelés à satisfaire, la culture ou métho-


dologie nous permettant d’y répondre adéquatement ainsi que l’idéal
visé. Toutefois, notre capacité de diviser pour mieux comprendre ne
doit pas nous empêcher de voir l’être humain et ses besoins comme
une seule et même chose : je. Ainsi, la plupart des individus actuali-
sent plusieurs niveaux de besoins en même temps.
La hiérarchie des besoins étant transpersonnelle, seule la
méthodologie que nous avons choisie pour les satisfaire, une
interaction forte ou faible, est personnelle. Elle nous démarque
les uns des autres et reflète le degré de puissance intérieure qui
nous caractérise. Dans la physique, l’interaction forte assure une
plus grande cohésion, intégrité de notre être ou individuation, et
l’interaction faible mène à l’entropie et à la mort. La façon dont
nous actualisons nos besoins nous rend progressivement plus
puissant ou plus faible.

119
Synthèse théophysique 7
La formule de l’évolution
Besoins Méthodologie Idéal
12. Compréhension holiste Agir Un
11. Poursuite de l’idéal Voir Félicité parfaite
10. Superconscience Arrêt du temps par Fusion
arrêt du dialogue interne
9. Joie et puissance Abandon des limites Ainsi
8. Nouveau / Ancien paradigme Choix conscient Maintenant
7. Besoins d’actualisation Culture spirituelle Vie inconditionnelle
6. Besoins d’évolution Culture psychique Humain en devenir
5. Besoins de qualité de vie Culture de la dîme Paradis
4. Besoins de l’ego Culture de volonté Volonté véritable
3. Besoins sociaux Culture d’éthique Intégrité
2. Besoins de sécurité Culture d’énergie Vitalité énergétique
1. Besoins physiques Culture physique Santé physique
« Le bonheur se trouve dans la joie de l’accomplissement et l’exaltation de l’effort créatif. »
FRANKLIN D. ROOSEVELT

06 Chapitre 6 119 4/29/03, 09:33


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Les besoins physiques

Nous sommes avant tout un organisme physique à la poursuite


des besoins essentiels à sa survie. Ceux-ci sont relativement sim-
ples. Nous avons besoin d’air, d’eau, de nourriture, de vêtements
et d’un abri.
Nous pratiquons tous une culture qui nous permet de soutenir
notre vie physique. Notre façon de la cultiver, interaction forte ou
faible, affecte directement la qualité, la force, l’endurance et la santé
générale de notre organisme et influence profondément notre vie
émotive, intellectuelle et spirituelle.
Pour répondre parfaitement à nos besoins physiques, nous pou-
vons apprendre à bien respirer, à nous abreuver et à nous alimenter
sainement, à nous vêtir confortablement et à vivre sous un toit où le
corps et l’esprit pourront se régénérer en toute quiétude.
Peu se soucier de sa santé ou mal l’entretenir risque d’entraîner
des problèmes à moyen ou long terme.
120
Croyez-vous être en santé, jouissant du souffle de la vie ? Votre alimenta-
tion est-elle adaptée à votre style de vie et à vos besoins ? Êtes-vous habillé
pour le confort ou pour le look ? Sentez-vous que votre environnement
augmente votre bien-être ?

Les besoins de sécurité

Comme pour le niveau physique, les besoins de sécurité sont sus-


ceptibles de dominer l’organisme, d’être les organisateurs exclusifs
du comportement et de détourner toutes les capacités du corps à
leur profit. L’individu sera alors uniquement orienté vers la pour-
suite de sa sécurité.
Projection des besoins physiques à long terme, les besoins de
sécurité représentent l’indivisible lien entre l’organisme humain et ce
qu’il peut devenir. Cette recherche d’une continuité se manifeste tant
par la nécessité de procréer et d’assurer la survie de la race que par
le désir de protéger l’organisme des dangers perçus comme pouvant
compromettre son cheminement. Loin de signifier l’argent et le travail,
la sécurité est un état d’être qui se manifeste par une confiance face
au futur, une assurance intérieure que l’individu sera en mesure de
subvenir à ses besoins physiques à long terme. Or, ce sentiment est
mis à rude épreuve car, forcé d’envisager le changement et l’inconnu,

06 Chapitre 6 120 4/29/03, 09:33


Motivation et volonté

sa préférence pour le familier et le connu s’étiole par défaut. La


transformation rapide du monde du travail, la fragilité et l’instabilité
de la conjoncture économique, la détérioration globale de l’environ-
nement, l’augmentation marquée de la violence et l’érosion du tissu
social, altèrent le sens de sécurité qu’il avait cru, pour un temps, être
acquis. Parce que tout le pousse à redéfinir son besoin de sécurité,
il doit maintenant apprendre à compter sur son propre potentiel, ses
habiletés et sa créativité.
De l’énergie dont nous disposons dépend la façon de se sen-
tir. Ainsi, lorsque nous sommes malades, fatigués ou angoissés,
notre niveau d’énergie est affaibli et notre capacité de répondre
adéquatement aux situations quotidiennes se trouve considé-
rablement réduite. Nous devons développer une culture axée
sur l’augmentation de notre énergie vitale, car une bonne forme
physique ainsi qu’un corps et un esprit reposés reflètent un haut
niveau d’énergie nous prédisposant à gérer efficacement les défis
qui se présentent. 121
Nous pouvons améliorer notre vitalité en intégrant à nos habitu-
des un programme régulier d’exercices physiques et des activités qui
nous apportent bien-être et satisfaction personnelle. La méditation,
une marche en forêt, l’écoute d’un disque ou un joyeux tête-à-tête
contribuent également à rehausser notre niveau d’énergie.
Tout ce qui gaspille ou dissipe notre énergie va compromettre
notre réponse à nos besoins de sécurité. Ne pas résoudre ses pro-
blèmes, éviter de prendre des décisions (l’indécision est un vampire
d’énergie), manger n’importe quoi, ne pas faire d’exercices ou s’abrutir
devant la télévision drainent notre énergie et, donc, notre force vitale
à mauvais escient.
Disposez-vous de votre plein d’énergie ? Est-ce que votre situation per-
sonnelle vous inquiète outre mesure ? Avez-vous des difficultés à vous
détendre ? Est-ce que l’énergie investie est proportionnelle à la demande
à satisfaire ? Pouvez-vous facilement mobiliser et canaliser votre force
vitale pour obtenir les bénéfices que vous désirez ?

Les besoins sociaux

C’est en s’appuyant sur notre culture physique et de sécurité que


nous constatons que notre ligne de vie peut changer et évoluer.
Nous vivons en société et nous poursuivons tous les mêmes besoins

06 Chapitre 6 121 4/29/03, 09:33


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

essentiels qui, une fois suffisamment comblés, laissent place aux


besoins de sentiment d’appartenance, d’amour et d’affection.
Les besoins sociaux reflètent l’importance de vivre en commu-
nauté. Le substrat social est un phénomène complexe qui englobe
toutes les interactions unissant les individus, du langage aux cou-
tumes, de la structure familiale aux traditions sociales. Ces liens
sont invisibles mais très puissants, notamment chez qui croit à
l’importance de relations stables, de discipline dans son quotidien,
de principes spirituels qui suggèrent un ordre universel, et qui dit
puiser de la force des endroits qu’il aime. Ils contribuent au sens de
permanence et de continuité qui influencent la façon dont chacun
poursuit sa propre raison d’être et participe au développement de
la collectivité.
Les besoins sociaux se manifestent également comme des
besoins intellectuels. Notre esprit a soif de stimulation, d’informa-
tions et de défis à relever et, pour ce faire, il est nécessaire de com-
122 prendre ceux qui nous entourent et les événements qui ponctuent
notre vie. Nous avons besoin de variété, de récréation et de plaisir,
et aussi d’exprimer nos pensées librement et honnêtement, en plus
de recevoir des autres une réponse authentique et consistante.
Dans l’échange, le partage et le miroir des autres, nous pouvons
accroître et maximiser nos connaissances et nos expériences.
La moralité ou les règles de conduite de notre société dictent et
teintent les rapports qui se développent entre nous. Cependant, les
valeurs personnelles semblent aussi émerger d’une loi universelle,
d’une espèce de code intrinsèque qui s’applique à tous d’une façon
rationnelle et harmonieuse afin qu’il n’y ait pas de conflits entre
l’accomplissement des besoins d’un individu et ceux d’un autre.
D’une certaine façon, tous les êtres humains doivent développer
un sens intuitif de ce qui est juste et vrai. Par conséquent, si nous
pouvons reconnaître le niveau d’éthique des gens qui nous entou-
rent, nous pouvons faire une sélection et des choix stratégiques
quant aux relations que nous développons avec eux.
L’individu qui cultive son sens intérieur d’éthique et de moralité
est libre des conventions sociales et saura toujours trouver la plus
haute intégrité. Au contraire, celui qui se fie aux autres pour savoir
ce qui est juste compromet son intégrité et son sens de l’éthique.
Éloigné de ses racines profondes, il perd graduellement la capacité
d’entendre son for intérieur. Le manque d’éthique est un manque
d’amour, de respect et de considération pour soi et pour autrui.

06 Chapitre 6 122 4/29/03, 09:33


Motivation et volonté

Carl Jung disait que ce qui séparait les individus était que certains
donnaient à leur éthique et leur intégrité une valeur plus grande
qu’à leur propre vie.
Intégrez-vous les leçons de votre vie ? Êtes-vous aimable ? Avez-vous
des amis qui seraient heureux de vous recevoir pendant leurs vacances ?
Êtes-vous engagé dans des projets communautaires, politiques ou cha-
ritables ? Pourriez-vous chercher et demander l’aide nécessaire si vous
en aviez besoin ?

Les besoins d’ego

D’abord employé par Sigmund Freud, puis par Jung, suivi d’une
armée de psychologues et thérapeutes, le terme ego est commu-
nément utilisé pour décrire l’amour-propre d’un individu. Dans ce
livre, nous définirons l’ego comme une force qui lie notre mémoire,
soit l’ensemble de nos connaissances, expériences et désirs, en 123
un tout organique.
Ainsi, comment l’ego se perçoit et s’estime dépend de ce qu’il est.
L’estime de soi est un besoin dont l’ego ne peut se passer s’il veut
survivre psychologiquement. C’est une condition si essentielle à son
développement que, sans elle, d’autres besoins primordiaux peuvent
être grandement compromis.
C’est en prenant conscience de nous que se forme une identité
à laquelle nous attachons une valeur. Nous possédons la capacité
de définir qui nous sommes et jusqu’à quel point nous aimons cette
identité. L’être humain a besoin de se sentir bien avec lui-même. Les
gens qui s’aiment se permettent de réussir dans tous les aspects de
leur vie. L’estime de soi détermine notre personnalité, la place que
nous occupons dans la vie, notre degré de puissance personnelle,
notre sens de compétence, de valeur et d’amour-propre. L’attitude
qui en résulte teinte nos rapports avec les autres, notre capacité de
nous exprimer malgré les peurs, le rejet et la critique, la foi en nous
et en notre droit de vivre une vie satisfaisante et significative.
L’estime de soi est directement proportionnelle à la qualité
de nos faits et gestes, parce que nous nous sentons comme nous
agissons : mal ou bien. Ceci n’est pas un jugement moral, mais
une vérité qui ne peut qu’être expérimentée. Tout geste qui nous
approche de la créativité, d’une maîtrise de soi, d’un sentiment de
bien-être et de joie est bien ; tout ce qui nous en éloigne est mal,

06 Chapitre 6 123 4/29/03, 09:33


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

pour nous. Abdiquer notre liberté au profit de nos habitudes, de


nos peurs et de notre propre complaisance, vole notre personnalité
de notre vigueur et de notre force intérieure.
Êtes-vous centré sur vous-même ? Comment investissez-vous votre
volonté ? L’avez-vous créativement engagée dans votre culture physique,
d’énergie et d’éthique ? Croyez-vous que votre personnalité a évolué au
cours des cinq dernières années ? Avez-vous pris la responsabilité de votre
bonheur ? Préférez-vous avoir raison ou être heureux ?

124

06 Chapitre 6 124 4/29/03, 09:33


7
Métamotivation

N
otre vision de nous-mêmes affecte la façon dont nous com-
prenons et mettons en pratique les cultures appropriées pour 125
répondre à nos besoins. Parce qu’ils sont liés les uns aux
autres, ils sont organisés selon une échelle de valeur. Le besoin
prépondérant monopolise notre conscience et enrôle à son profit
nos différentes habiletés. Lorsqu’il est relativement bien satisfait, il
cède la place à un autre besoin, qui domine à son tour et devient le
centre autour duquel tourne l’organisation de notre comportement.
La satisfaction de ces besoins n’est pas mutuellement exclusive,
mais tend seulement à l’être.
Selon Maslow, l’individu moyen est souvent partiellement satis-
fait ou insatisfait dans tous ses besoins. Parce qu’un besoin n’est
pas nécessairement pleinement satisfait avant qu’un autre émerge,
le principe de hiérarchie est habituellement observé empiriquement
selon le pourcentage d’insatisfaction croissante se manifestant à
mesure qu’il gravit cette échelle. Ainsi, l’émergence d’un besoin
n’est pas un phénomène soudain, mais plutôt une apparition gra-
duelle et lente. Il suggère également que l’être humain est, en règle
générale, dominé par des besoins dont il est inconscient, mais dont
il peut prendre conscience grâce à des techniques appropriées. Il
ajoute que les besoins qu’un individu n’a pas encore actualisés
l’affectent autant que s’il lui manquait un élément essentiel dans
sa diète.

07 Chapitre 7 125 4/29/03, 09:33


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Au-delà des limites égocentriques

À la recherche de l’homme actualisé, Maslow avait omis certains


aspects de la nature humaine qui influencent profondément le
degré de motivation et de satisfaction des individus. C’est ainsi que
les besoins de qualité de vie et d’évolution s’ajoutent aux étapes de
croissance de l’homme ; s’il cherche à s’actualiser, il aura à changer
de paradigme afin d’atteindre la « joie » et la « superconscience ».
En se familiarisant avec ses quatre premiers besoins (physiques,
de sécurité, sociaux et d’ego), il constatera qu’il peut investir sa
volonté à y répondre avec puissance ou avec faiblesse. Cependant,
la manière dont il s’engagera à intégrer les huit autres besoins sui-
vants dépendra de la façon dont il voit sa contribution à sa vie.

Les besoins de qualité de vie

126 En mouvement dans le temps et l’espace, le paradigme accumule


des expériences et des connaissances qui le rapprochent ou l’éloi-
gnent de ce qu’il désire profondément. La qualité de vie est un
concept résistant à certaines définitions qui, pourtant, semblent
dériver logiquement de ce que pourrait rechercher l’individu. Or,
plusieurs questions furent soulevées quant au lien existant entre
les conditions physiques ou sociales objectives et le bien-être sub-
jectif. Des études suggèrent que des mesures comme le revenu, le
logement, le transport, la santé publique, le niveau d’éducation et
le crime, ne peuvent être utilisées comme des indices de la qualité
de vie1.
Toute personnelle, la définition de la qualité de vie dépend
plutôt de la puissance de l’ego et de sa capacité à faire face aux
exigences de la vie quotidienne. Dès lors, comment nous quali-
fions notre vie dépend moins de critères objectifs, établis par les
sociologues, que de la façon dont l’ego s’adapte subjectivement à
celle-ci : nous sentons-nous seul ou aimé, confiant ou incertain,
fort ou impuissant ? Un ego faible, qui applique le leitmotiv fami-
lial : « Nous sommes nés pour un petit pain », lie la qualité de vie
à l’abondance et la prospérité. D’apparence démesurée, le petit ego
qui n’est jamais satisfait confondra facilement quantité et qualité.
––––––––––
1 Schneider, M. « The Quality of Life in American Cities : Objective and Subjective
Social Indicators », Social Indicators Research, I. 495-509, 1975.

07 Chapitre 7 126 4/29/03, 09:33


Métamotivation

L’ego équilibré jouissant d’une bonne estime de lui mesurera sa


qualité de vie en fonction de la joie qu’il tire de ce qu’il accomplit
et de la richesse de ses relations interpersonnelles.
Cependant, si nous ne possédons pas à l’intérieur de notre
paradigme ce que nous considérons comme une qualité de vie
(peut-être l’amour, la puissance personnelle, la créativité, la joie,
la prospérité, la santé, etc.), ces éléments existent à l’extérieur,
puisque certaines personnes semblent en bénéficier. Le moyen
d’y accéder et de les intégrer à notre vie est ce que nous appelons
la dîme. Loin de se limiter à la définition traditionnelle de don à
l’Église, la dîme est véritablement un don d’amour, un don de soi
à notre vie, à la vie des autres ou à La vie.
La façon la plus efficace de nous assurer d’une haute qualité
de vie est de faire volontairement et consciemment des gestes qui
augmentent la qualité de notre vie. En nous donnant incondition-
nellement à l’actualisation de nos besoins physiques, de sécurité,
intellectuels / sociaux et d’ego et en nous concentrant uniquement 127
à y répondre avec des interactions fortes, nous jouirons d’un bien-
être global très élevé.
L’antithèse du don de soi est l’apathie, le gaspillage, l’avarice
et l’égocentrisme. Les individus qui disposent inconsidérément de
leurs biens matériels, de leur énergie vitale, qui maltraitent leurs
relations interpersonnelles et qui ramènent tout à eux, appauvris-
sent leur qualité de vie. Ils ont tendance à espérer ou à attendre
que les autres la leur fournissent. Constamment insatisfaits, ils
refusent de prendre l’entière responsabilité pour leur vie et leur
bien-être personnel.
Donnez-vous de la qualité à la vie ? À votre vie ? À vos besoins primor-
diaux ? Donnez-vous de la qualité à vos relations ? Accordez-vous du
temps et de l’énergie à augmenter votre propre estime ?

Le besoin d’évolution

En psychologie, le je est perçu comme un ego, l’acteur apparent,


le codeur, le processeur et l’intégrateur de nos expériences. L’ego
est l’image que nous construisons de celui qui semble vivre nos
actions, pensées et sentiments quotidiens. Lorsqu’il prend cons-
cience de lui-même comme d’un ego, le paradigme existant voit
qu’il peut s’améliorer, se développer, évoluer et s’actualiser.

07 Chapitre 7 127 4/29/03, 09:33


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Il y a près de 100 ans, William James, un des pères de la


recherche psychologique, exhortait les gens à s’ouvrir aux vastes
possibilités inhérentes à la condition humaine. Il disait : « La
plupart des gens vivent [...] dans un cercle très restreint de leur
potentiel. Ils utilisent une très petite portion de leur conscience et
des ressources de leur esprit en général, tout comme l’homme qui
de l’ensemble de son corps, développerait l’habitude d’utiliser et
de bouger uniquement son petit doigt2. » Maslow démontra que
notre potentiel pourrait être réalisé si nous écoutions les signaux
intérieurs provenant de notre Soi. L’ego, tout ce que nous sommes
en ce moment, peut concevoir un potentiel de lui-même, le Soi,
qui pourrait être actualisé s’il était développé. De multiples philo-
sophies et religions ont tenté de définir le Soi, mais celui-ci peut
simplement être vu comme une essence ou une identité propre, un
esprit transpersonnel disent les sages, une représentation divine,
une facette de Dieu. Buckminster Fuller suggérait que notre intellect
128 créatif est un don de Dieu et que le Grand Architecte avait sans
doute l’intention que notre vie soit couronnée de succès3.
Le mouvement de l’ego dans le temps et l’espace doit intégrer
toutes nos dimensions. Notre bien-être personnel est le reflet de
notre évolution, de notre perception de nous-mêmes et de ce que
nous croyons mériter. Si notre paradigme existant n’inclut pas la
qualité de vie telle que nous la concevons et la désirons, nous
devons nous ouvrir à l’inconnu avec l’intention d’y faire pénétrer
ce qui nous manque. Ce faisant, notre développement et notre
croissance se produiront consciemment, nous redonnant les règnes
de notre bonheur.
Nous appelons la psyché, la ligne qui unit notre ego à notre Soi
idéal. Une culture psychique consiste alors à pratiquer aujourd’hui
ce que l’on souhaite devenir. Simplement exprimé celui qui veut
améliorer ses communications doit commencer à mieux commu-
niquer aujourd’hui et celui qui veut devenir un musicien reconnu
doit pratiquer son art tout de suite. Il n’y a pas de changement
subit. Ce qui n’est pas développé maintenant n’apparaîtra pas par
hasard demain. « Les fleurs du futur sont les graines du présent »
résume un proverbe chinois.
Cependant, les possibilités qu’offre le cheminement évolutif
––––––––––
2 James, William. Varieties of Religious Experience, Collier, 1961.
3 James, Muriel et John. Passion for Life, Dutton Penguin Group, 1991.

07 Chapitre 7 128 4/29/03, 09:33


Métamotivation

ne peuvent être imaginées par le paradigme existant ; seul le pas-


sage d’un contexte à un autre tournera les pages de notre livre
d’histoire.
La Bhagavad-Gita suggère une approche en trois étapes. La pre-
mière est d’agir sans attente du résultat. Si une orientation basée
sur le résultat peut enlever de la joie à ce que l’on fait, l’orientation
axée sur le processus aiguise le jugement et augmente l’estime
de soi. En devenant plus conscient, nous constatons que chaque
résultat est précédé d’un processus. Le second stade est d’agir au
nom de Dieu, c’est-à-dire uniquement par amour sans condition.
L’amour est un état de conscience, un sentiment de bien-être global
et enveloppant. La dernière étape est de vivre en faisant tout le
temps ce qui est approprié, c’est-à-dire agir en y investissant notre
volonté. Ces trois étapes sont simultanées et constantes à tous les
niveaux de notre développement.
Prisonniers de leur paradigme, nombre d’individus ne pensent
plus à ce qu’ils veulent devenir, parce qu’ils ont cessé de rêver 129
aussitôt qu’un semblant de sécurité s’est installé dans leur vie.
Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux sont poussés hors de leur zone
de confort par les immenses changements qui secouent la pla-
nète ; maintenant plus que jamais, cette question revient les hanter.
L’apathie, le désengagement, l’ignorance, le refus de chercher et de
comprendre, ne sont que quelques-unes des attitudes qui accélè-
rent l’involution et qui assombrissent la lumière vacillante de leur
vie. On récolte ce que l’on sème...
Vous identifiez-vous à une philosophie de vie expansive ? Transcendez-
vous les paradigmes qui vous limitent ? Avez-vous découvert ce qui vous
passionne ? Pratiquez-vous ce que vous voulez devenir ?

Le besoin d’actualisation

L’actualisation reflète le besoin de tout individu de prendre la res-


ponsabilité totale de son évolution, sa raison d’être étant de rendre
actuel son potentiel créatif. William James croyait que la révolution
la plus importante de notre génération était de découvrir qu’en
changeant leur attitude intérieure, les êtres humains pouvaient
transformer les aspects extérieurs de leurs vies.
Nous sommes les seuls en mesure de nous donner une santé
physique et une vitalité énergétique, les seuls à pouvoir entretenir

07 Chapitre 7 129 4/29/03, 09:33


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

des relations interpersonnelles enrichissantes, les seuls à pouvoir


nous aimer suffisamment pour engager notre volonté véritable à
faire les changements qui améliorent notre vie, les seuls à pou-
voir créer notre paradis, à changer et à évoluer. Puisqu’une vie de
gloire ou de misère consomme exactement le même temps et la
même énergie, la logique voudrait qu’elle soit investie dans une
vie créative.
Créateurs de notre quotidien, nous devrions développer la
capacité d’en gérer tous les aspects, minute par minute. Si nous
n’avons pas encore pénétré cet esprit, nous devrions pratiquer une
culture spirituelle. Ceux qui pensent qu’ils ne créent pas leur vie,
créent une vie dans laquelle ils pensent que c’est ainsi, se prou-
vant ainsi créateurs. Si nous prenons la responsabilité de notre vie
55 minutes par heure, notre culture spirituelle consiste à ajouter les
autres 5 minutes. Par exemple, la culture spirituelle d’un individu
agressif qui a réussi à maîtriser ce trait de caractère, sauf dans
130 certaines circonstances, consisterait à engager toute sa volonté à
choisir une autre émotion ou attitude que la colère à ces moments
bien précis.
Conscient de n’avoir qu’une vie à vivre, l’être créatif n’a d’autre
souci que de donner du pouvoir à ses actes et, par des gestes
puissants, d’accumuler de la puissance personnelle. Cette forme
de maîtrise de soi découle d’une stratégie qui allie expérience et
sagesse. Les exercices de créativité, les techniques psychocorpo-
relles ou la pratique d’actes créatifs sont tous des outils essentiels
à la réalisation d’une vie puissante et expansive.
Les individus qui rejettent la responsabilité de créer leur vie ne
la maîtrisent ni ne la dirigent. Certains croient même que de tout
savoir sur le cheminement spirituel, de connaître tous les mots, les
concepts et les philosophies, les dispensent de passer à l’action.
Piège orchestré par le paradigme existant, cette croyance leur évite
de prendre la responsabilité de leur vie et d’évoluer réellement.
Avez-vous pris l’entière responsabilité pour votre vie ? Dans vos réponses
aux questions posées dans ce livre, reconnaissez-vous des comportements
ou attitudes qui vous déplaisent ? Êtes-vous prêt à faire les changements
nécessaires ?

07 Chapitre 7 130 4/29/03, 09:33


Métamotivation

Le besoin de pensée... d’un ancien à un nouveau paradigme

Même si nous ne pensons qu’à travers notre paradigme existant,


il n’est pas nécessaire qu’il nous limite. Nous pouvons choisir de
nous exprimer de façon expansive, utilisant la fenêtre perceptuelle
et la sagesse d’une philosophie évolutive, d’une école de pensée ou
d’une personne qu’on admire. Nous pouvons apprendre à ajuster
notre attitude afin qu’elle reflète toujours notre intention la plus
créative. La décision de changer est nôtre, même celle de ne pas
choisir... Le sorcier Toltèques Juan Matus explique à l’anthropologue
Carlos Castaneda que lorsqu’il ne décide rien, il joue sa vie à la rou-
lette ; il ajoute qu’il est important de placer sa vie en première ligne
et de mettre de l’ordre dans notre esprit de façon à faire plus que le
maximum d’efforts pour mener à bien nos décisions. Il insiste sur
l’importance de faire en sorte que chaque acte accompli compte,
car nous ne restons que peu de temps sur cette terre.
La culture par choix conscient vise à faire taire le dialogue
interne qui nous décrit le monde. Elle nous aide à saisir l’instant,
131
en brisant la fatalité imposée par cette conversation intérieure.
Cherchant à crever la bulle de sa perception, l’individu à la conquête
de lui-même assume sa vie dans sa totalité, choisissant sa liberté
dans tous ses maintenant. Chez lui, tout est décision lucide. Il choisit
consciemment d’investir toute l’énergie accumulée dont il dispose,
sa volonté, dans ses faits et gestes. Ainsi, il rompt graduellement le
flux perpétuel du monde des habitudes et des réactions.
S’il admet qu’il peut toujours décider de la façon de voir les
choses, le paradigme réactif comprend difficilement que la majorité
de ses choix soient inconscients et qu’ils répondent improprement
aux événements de sa vie. Il ne crée pas les situations qui lui per-
mettent de s’épanouir, mais réagit plutôt à celles qui se produisent
sans sa participation consciente. La fin justifiant les moyens, il tend
à se soucier davantage du résultat de ses actes, de ses victoires
ou de ses défaites, au lieu de placer toute son attention dans le
processus, la façon même dont il agit.
Avez-vous pris la décision de changer pour améliorer votre vie ? Êtes-
vous conscient de la puissance de votre subconscient et de vos habitudes ?
Quelles sortes de comportements devez-vous adopter afin d’atteindre vos
objectifs ? Êtes-vous attentif à la façon dont vous agissez ?

07 Chapitre 7 131 4/29/03, 09:33


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Le besoin de puissance

Dans un processus de photosynthèse, la vie de la flore de notre


planète dépend du soleil. N’ayant aucune résistance à le faire, elle
se tourne naturellement vers la lumière. Pour l’humain, la joie est
comme la lumière du jour vers laquelle nous sommes programmés
à nous tourner. Ce mouvement est le changement d’un compor-
tement réactif vers une attitude évolutive qui donne du pouvoir à
notre vie. La joie étant le baromètre de notre puissance person-
nelle, plus nous sommes puissants, plus nous vibrons de joie. En
l’intégrant à tous les niveaux de notre être (physique, sécurité /
émotion, social / intellectuel et spirituel), elle accompagne l’expé-
rience même d’actualiser notre propre potentiel et nous aligne sur
l’ordre de l’univers.
À l’encontre de la croyance populaire, la culture d’abandon ne
veut pas dire tout laisser derrière soi et devenir un être impersonnel
dénué de sentiments. Tôt dans le développement physique d’un
132 individu, la plupart des programmes appris et accumulés dominent
le comportement. Abandonner ses limites consiste à ne plus inves-
tir sa volonté dans celles qui nuisent à sa créativité pour engager
son attention totale à poursuivre inconditionnellement la joie.
Telle une tenture empêchant les rayons du soleil de pénétrer
dans la maison, nos limites personnelles filtrent l’entrée de la joie
et du bonheur dans notre vie. Or, il ne s’agit pas de les forcer à s’im-
poser au paradigme, mais plutôt d’abandonner les résistances à ce
qu’ils se manifestent. Cette toile que nous apprenons à déchirer est
celle de l’illusion, ce que les Anciens appelaient le voile du maya.
Toute activité visant à briser les chaînes de notre perception, du
conformisme, des habitudes et des règles, et à transcender la peur
et ses dérivés (la petitesse, l’agressivité, la gêne, la colère, etc.) nous
rapprochent de la puissance et de la joie. En utilisant des outils
de créativité et en adoptant une discipline qui vise à augmenter
notre qualité d’énergie, nous pouvons délibérément créer l’ordre
dans notre vie. L’ego alors prend conscience du Soi comme d’une
expansion de lui-même, de tout son potentiel auquel s’ajoute infi-
niment plus qu’il ne peut concevoir.
Le paradigme réactif tire ce qu’il perçoit de sa mémoire et de
ses habitudes afin de créer une réalité, la sienne. Elle devient tel-
lement réelle pour lui qu’elle est la seule vraie réalité. L’attachement
au passé, la complaisance, la suffisance, les circonvolutions stériles

07 Chapitre 7 132 4/29/03, 09:33


Métamotivation

de la pensée, les jeux épuisants des passions, la peur, l’indiscipline


et tout ce qui sert à confirmer cette vérité entraînent l’individu
plus profondément dans un monde où il n’a aucune emprise sur
lui-même, ni sur les événements qui meublent sa vie. Se confond
alors la voix de l’évolution avec celle de ses limites qui le rappelle
constamment à l’ordre et lui signale les bornes qu’il ne devrait pas
dépasser.
Reconnaissez-vous le besoin d’être plus puissant ? Êtes-vous attaché à
des événements de votre passé ? Pratiquez-vous une discipline visant à
modifier un comportement qui vous déplaît ?

Le besoin de superconscience

Puisqu’elle représente le lien transcendantal à l’ordre créatif, au-


delà des limites de temps et d’espace, il est difficile de décrire
l’expérience de la superconscience sans avoir l’impression de s’en- 133
velopper d’un mysticisme qui semble n’appartenir qu’aux sages et
aux gourous. En fait, parce qu’elle est foncièrement personnelle, la
superconscience ne peut être comprise que si on l’atteint.
Je peux difficilement mettre des mots sur ce que j’ai ressenti et
vécu lorsque je suis entré en contact avec la superconscience. De
retour du seuil de la mort, je décidai de comprendre ce qui m’était
arrivé et de tenter l’expérience de plein gré. Lors d’une méditation
où mon dialogue interne s’est arrêté, je fus de nouveau arrosé
par la Lumière Pure, en pleine béatitude, envahi par l’extase. Je
compris alors ce que tous les maîtres essaient d’expliquer depuis
des millénaires : le vide, dû à l’arrêt du dialogue interne, provoque
l’illumination. Lorsque l’esprit n’est pas occupé à décrire ce qu’il
perçoit, il s’ouvre à autre chose, à l’essence même de la vie. L’arrêt
du dialogue interne est un état de conscience au cours duquel
notre interprétation habituelle de la réalité disparaît pour laisser
place à un autre monde. Le docteur Joseph Campbell explique que
l’arrêt du dialogue cause la fin du monde parce que la vieille façon
de vivre est annihilée. « La fin du monde n’est pas un événement
à venir [dit-il], mais un événement de transformation visionnaire.
Vous ne voyez pas uniquement le monde des choses solides mais
également le monde de radiance4. »
––––––––––
4 Dr Campbell, Joseph, et Bill Mayers, The Power of Myth, Double Day, 1988.

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Ce nouveau monde émerge lorsque la cloison qui sépare la


raison de l’intuition est abattue et que l’intégralité de l’être appa-
raît ; c’est le début de la libération de l’ego. Cette paroi est le corps
calleux qui unit les hémisphères droit et gauche du cerveau. Le
Dr Stanislav Grof explique qu’atteindre la superconscience est une
expérience transpersonnelle à la fois dramatique et totalement
enveloppante, à l’intérieur de laquelle les frontières semblent se
dissoudre et les distinctions entre soi et les autres individus, objets
ou forces, disparaissent. Le méditatif expérimente l’unité et entre
en contact, jusqu’à s’identifier pleinement, avec le principe créatif
de l’univers5. Une fois expérimenté, la mémoire du contact nourrira
l’esprit ; il n’y a pas de doute.
Cette fusion de l’ego personnel et du Soi transpersonnel, d’où
émerge la superconscience, nous permet d’accéder à l’intelligence,
la créativité et la joie pures, à volonté.
Les techniques méditatives visant à arrêter le dialogue interne
134 nous permettent d’abaisser nos résistances et de transcender nos
limites. Lorsque nous méditons, que ce soit dans l’immobilité ou
le mouvement, ce que nous recherchons est à réduire les fortes
probabilités de répondre d’une façon habituelle aux stimuli con-
ditionnés. Il ne s’agit pas d’isoler la méditation du reste de notre
vie, mais plutôt de l’y intégrer pour lui permettre de nous aider à
transformer nos actions.
Puisque nous pensons le monde, qui devient description, nous
pouvons détacher notre attention de cette simple représentation
en ralentissant notre rythme d’ondes cérébrales (bêta, alpha, thêta,
delta et oméga). L’action d’arrêter le dialogue interne provoque un
silence, réaction qui se manifeste comme de la Lumière Pure, qui
nous donne accès à toutes les pensées, la plénitude du vide.
L’individu réactif s’identifie à ses pensées et à ses croyances.
S’attachant à celles-ci, il alourdit son voyage terrestre et réduit ses
chances d’être heureux. En croyant sincèrement que la réalité est,
pour tout le monde, telle qu’il la perçoit, il s’affaiblit et s’ancre dans
sa tendance à se laisser aller à ses habitudes. En nourrissant la
routine de sa vie, il devient enchaîné par l’opinion des autres, par
le rôle qu’ils veulent lui faire jouer, et il n’a d’autre latitude que de
répondre à leurs attentes. En se laissant aller à la complaisance, il
répond à ses désirs, esclave de ses besoins réels ou artificiels.
––––––––––
5 Dr Grof, Stanislav. The Holotropic Mind, Harper Collins Paperback, 1992.

07 Chapitre 7 134 4/29/03, 09:33


Métamotivation

Êtes-vous affecté par l’opinion que les autres ont de vous ? Croyez-vous
que la réalité est fixe et à l’extérieur de vous ou pensez-vous avoir une
paternité à sa manifestation dans votre vie ? Avez-vous déjà tenté de
ralentir volontairement le flot de votre pensée ?

La 11e dimension ou la poursuite de l’idéal

Chaque individu est un organisme physique en route vers une santé


globale qui représente le maximum de son potentiel. Il n’y a pas de
règles absolues ni de jugements moraux. Il n’existe que des choix
à faire entre les éléments qui renforcent ou nuisent à l’ensemble
de ce qui constitue notre santé physique, émotive, intellectuelle
et spirituelle.
Il n’y a que nous qui puissions définir notre idéal physique,
mais il doit refléter un état de santé se trouvant bien au-delà de
l’absence de maladie. Avec de la discipline et une intention créative,
135
il est possible d’atteindre une vitalité énergétique qui ne nous fera
jamais douter de notre capacité de répondre à tous nos besoins. Si
on dévoue son énergie à la vie, il ne reste rien pour les peurs, les
attachements et les opinions entropiques qui mènent à la faiblesse,
à la maladie et à la mort. Nous accédons alors plus facilement à
notre sens intérieur d’éthique, de moralité et de vérité, car il nous
revient toujours de juger de ce qui est vrai ou non pour nous. Cette
vérité intérieure devient authentique lorsque nous nous aimons
suffisamment pour identifier ce que nous voulons de la vie, pour
laisser le bonheur nous inonder et pour relever stratégiquement
les défis.
Chez l’humain, le changement le plus important survenu pour
favoriser cette évolution est ce que Pierre Teilhard de Chardin nomme
« l’acquisition de la conscience » et « la conscience d’être conscient ».
En développant sa capacité réflexive, l’homme peut transcender ses
limites pour finalement se voir comme un humain en devenir, un
processus en développement, à la poursuite de son indivisible Soi.
Ne pouvant plus se prendre au sérieux, il ne peut que constater avec
beaucoup d’humilité : « Aujourd’hui je suis beaucoup plus créatif que
je l’étais hier, mais beaucoup moins que je ne le serai demain. »
En devenant plus conscients, nous nous ouvrons à de nouvelles
perspectives et à une plus grande part de notre potentiel. Ceci nous

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

donne un sentiment de maîtrise qui, à son tour, nous encourage


à devenir encore plus conscient. Plutôt que d’être une corvée, cet
éveil nous engage dans un mouvement créatif qui mène à une vie
extraordinairement riche.
L’adoption de paradigmes créatifs et magiques permet de gérer
efficacement notre énergie afin de poursuivre ardemment un haut
niveau de mieux-être, de pratiquer des cultures qui élèvent notre
esprit et revitalisent notre corps. En comprenant que la perception
du monde dépend de la façon dont on se sent, nous pouvons emma-
gasiner et investir notre force vitale pour suivre le chemin qui offre
le plus de cœur et de joie.
Don Juan Matus résume ainsi cet idéal : « Pour moi, il n’y a
seulement qu’à parcourir les chemins qui ont du cœur, n’importe
quel chemin qui ait du cœur. C’est ce que je parcours, et la seule
épreuve valable, est de le traverser dans toute sa longueur. Et là, je
le parcours regardant, admirant, le souffle coupé6. » Tout le plaisir
136 de ce chemin est dans le parcours. C’est pourquoi, lorsqu’un chemin
n’a plus de cœur, toute notre énergie doit être utilisée à le quitter.
Si nous n’avons plus le cœur à ce que nous faisons, il faut repenser
notre direction.
Vous sentez-vous prisonnier de certaines de vos décisions ? Êtes-vous prêt
à vous en libérer stratégiquement pour suivre le chemin de votre cœur ?
Savez-vous ce qui vous apporterait le plus de joie ?

La 12e dimension où tout est Un

Diviser pour mieux comprendre l’échelle de la motivation nous


permet d’observer à loisir les éléments de cet ensemble. N’oubliant
jamais que nous sommes un, il est évident que chaque niveau non
actualisé a un effet important sur les autres niveaux. Il n’y a d’ex-
ception pour personne, que nous soyons jeunes ou vieux, homme
ou femme, d’une race ou d’une autre, de n’importe quelle culture
ou religion, chacun est appelé à satisfaire tous ses besoins.
Le tournant dramatique de ma vie m’a renvoyé à la case départ.
J’étais peut-être au premier niveau de besoin, paralysé, sans travail
––––––––––
6 Castaneda, Carlos. L’Herbe Du Diable et La Petite Fumée : une voie Yaqui de la Connaissance,
Éditions du Soleil Noir, 1972.

07 Chapitre 7 136 4/29/03, 09:33


Métamotivation

et sans carrière, mais j’avais la chance de connaître le processus


et les principes d’une motivation créative. Tous les autres besoins
m’étaient familiers. Je savais quel niveau j’avais atteint avant l’acci-
dent : j’avais une belle carrière et un avenir prometteur, une relative
estime de moi et une enviable qualité de vie. Une fois au bas de
l’échelle, il m’a été passablement facile de la remonter, parce que
je possédais les voies neurales qui menaient là-haut.
On dit que la mesure d’un homme n’est pas combien de fois
il tombe, mais combien de fois il se relève. Chaque fois qu’on se
relève, on le fait avec une compréhension plus grande, avec un
peu plus d’expérience qui prouve que ce qui ne nous tue pas, nous
renforce.
Nous partageons tous le même contexte, la vie. Comment
chacun l’expérimente est ce qui nous distingue. Quel niveau de
besoin actualisons-nous ? Ceux qui vivent un état d’insécurité
réagissent mal aux changements qui les troublent encore plus.
D’autres travaillent à combler leurs besoins sociaux. Leur vie est 137
un club social ; ils fréquentent ceux-ci et non ceux-là ; ils se font
des ennemis et des amis ; ils pensent en termes de division, eux
contre nous. Les gens qui accomplissent leur besoin d’ego ont ten-
dance à tout voir à travers leur nombril : ils se sentent vite menacés,
cherchent la reconnaissance des autres et se valorisent à travers
ce qu’ils possèdent.
Ceux qui répondent à leur qualité de vie intègrent les autres
et l’environnement dans leur vision ; ils comprennent les principes
de l’interdépendance qu’ils appliquent consciemment à leurs inter-
ventions et à leurs relations. Ceux qui sont en phase d’évolution
ne se posent pas de questions ; ils se dirigent droit vers la joie et
vers l’actualisation de leurs besoins. Ayant pris la responsabilité de
chacun de leurs gestes, on dira d’eux qu’ils sont chanceux.
Les individus convaincus qu’ils doivent évoluer savent que le
xxie siècle exigera des habiletés et des façons de penser et d’agir
fondamentalement différentes de ce qui était requis jusqu’alors.
Ils développent une intelligence créative et leur puissance person-
nelle et investissent toute leur énergie à poursuivre la joie et la
passion. Leur vie est devenue très simple : tout ce qui les éloigne
de la joie est à éviter et tout ce qui les en rapproche confirme leur
direction.

07 Chapitre 7 137 4/29/03, 09:33


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Avez-vous conscience que nous ne sommes pas tous engagés à actualiser


le même niveau de besoin ; lorsque vous communiquez avec les autres,
êtes-vous sur la même longueur d’ondes ? Où êtes-vous sur cette échelle ?
Quel niveau de besoin actualisez-vous en ce moment ?

Les besoins organisationnels

L’échelle des besoins n’est pas uniquement personnelle, elle est


également organisationnelle. Tout organisme, qu’il soit familial,
communautaire ou entrepreneurial, éprouve et doit satisfaire les
mêmes besoins que l’individu, bien qu’ils se manifestent diffé-
remment. Nos besoins physiques se traduisent dans l’organisation
par des besoins de santé et de sécurité publiques. À long terme, ces
besoins seront comblés par une communication efficace qui établit
entre les membres des liens solides et durables. Pour répondre aux
138 besoins sociaux, l’organisme doit favoriser la collaboration et le tra-
vail d’équipe. Les besoins d’ego sont représentés comme un besoin
de prise de puissance, appelée dans l’entreprise intrapreneuring. Un
entrepreneur peut être décrit comme n’importe quel rêveur qui agit ;
l’intrapreneur est un entrepreneur qui travaille pour une entreprise
autre que la sienne. La qualité de vie rejaillissant sur chacun, tous
évoluent à leur profit et à celui de l’ensemble. Pour sa part, le besoin
de s’actualiser devrait se manifester par un désir de s’améliorer et de
se perfectionner continuellement au sein de l’organisation.
Que ce soit dans votre vie personnelle, professionnelle ou communautaire,
êtes-vous conscients de participer à l’ascension de cette échelle organisa-
tionnelle ? Contribuez-vous à faciliter ce mouvement collectif ?

07 Chapitre 7 138 4/29/03, 09:33


8
Le paradigme évolutif

L
’être humain réagit à une hiérarchie de besoins, dont les prin-
cipes indiquent comment la flèche du temps pointe inexora- 139
blement vers un ordre créatif. Tout au long de sa vie, il doit
répondre à ses besoins présents et à ceux qu’il développera au fil
du temps.
Puisque nous sommes tous motivés intrinsèquement à répon-
dre à nos besoins, nous formons une échelle sociale qui nous
sépare naturellement. Dans ce contexte, l’individu activement
engagé à combler ses propres besoins est souvent perçu comme
une personnalité dominante. Bien que nous soyons généralement
attirés par la notion de puissance personnelle, communément
interprétée comme la maîtrise qu’on semble avoir sur notre pro-
pre vie, la plupart d’entre nous éprouvent une certaine crainte à
cet égard. En fait, ce qui nous divise réellement est la façon dont
chaque je perçoit cette puissance et l’intègre à sa vie.
Dans son livre, The Psychology of Interpersonal Behaviour, Michael
Argyle démontre que si le consensus nous est un idéal, même les
groupes de deux ou trois personnes éprouvent des difficultés à
l’atteindre : « […] aussitôt qu’un groupe grossit au-delà de ce nom-
bre, la nature de l’interaction change radicalement ; le statut et la
hiérarchie deviennent des priorités. Les membres se révèlent alors
dans toutes leurs faiblesses. » De cette faiblesse naît la domination
naturelle et, certainement, la peur.
Comme la hiérarchie s’établit lorsque des individus aux habi-
letés et forces différentes doivent s’asseoir et coexister, le contrat

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social nous place derrière les membres dominants, acceptant leur


façon de voir, leurs valeurs et leurs motivations. Cette soumission
crée l’ordre social, une structure hiérarchique progressivement ron-
gée par le doute que nous éprouvons envers nos dirigeants, leurs
perspectives et leurs directions. Si nous les examinions à la loupe,
nous les verrions très concentrés à combler leurs propres besoins
et à concrétiser leurs idées de ce qui devrait être. Bien que les
puissants dans la société représentent souvent l’illusion de la réus-
site, le vrai succès demeure la poursuite d’une vision personnelle
de la qualité de vie, l’assurance d’une survie physique à laquelle
s’ajoutent les facteurs qui reflètent le besoin d’individualisation
et d’actualisation. La manière dont chacun accomplit cette quête
détermine réellement la position occupée dans la hiérarchie et la
façon dont on s’identifie à l’intérieur de celle-ci.
Fascinés par les personnalités dominantes, nous définissons
nos concepts de puissance personnelle par observation. Ceci
140 explique l’attraction des fans pour les vedettes de cinéma, de la
musique ou du sport. Robert Ardrey, dans son livre The Social Contract,
interprète cette fascination comme un ardent désir de se réaliser
par osmose, un espoir futile que la puissance « s’attrape ». Parce
qu’elle est la force qui nourrit leur passion, celle-ci se manifeste
souvent comme le sentiment d’accomplir une mission, contexte
qui détermine la façon dont les dominants comblent leurs besoins.
Cependant, le même processus qui pousse un individu à déve-
lopper créativement sa puissance personnelle risque également
de l’effrayer. Le seul fait d’ajouter l’inconnu (un soi métaphysique)
au connu (l’ego physique) lui fait craindre ce qu’il perçoit être les
conditions de l’éveil de son individualité.
Par peur que le paradigme existant disparaisse, on résiste
au changement et on se bat pour sa survie. Afin de résoudre ce
dilemme, nous devons volontairement activer notre feu sacré,
notre passion intérieure, là où l’identité est perçue et estimée. La
poursuite de notre identité ultime est une expérience subjective
qui débute avec l’estime de soi.
Êtes-vous un dominant dans votre propre vie ? Avez-vous déjà allumé
votre feu sacré ? Aimez-vous qui vous êtes ?

08 Chapitre 8 140 4/29/03, 09:33


Le paradigme évolutif

L’identité ultime

Certains psychanalystes croient que toutes les névroses sont


réellement une forme de peur de la liberté, alléguant que l’être
humain éprouve des difficultés à se réconcilier avec sa propre
individualité ou identité. Ainsi, il préfère se submerger dans une
sorte de comportement de masse, à la remorque des structures
de croyances ou des paradigmes collectifs d’où il tire ses codes
moraux. Malheureusement, l’acceptation de ces modèles remplace
la recherche intérieure de principes conducteurs et l’empêche de
s’unir avec ce qu’il désire véritablement : son identité ultime.
Carl Jung était persuadé que la source d’une foule de maladies se
situait dans l’éloignement de l’homme pour la quête de son identité
mythique qui, philosophiquement, est un abandon à l’Absolu. Afin
de comprendre les demandes et les exigences de cet Absolu, il étudie
les racines de l’alchimie, de l’astrologie, de la magie et du mythe. Il
conclut que chaque symbole et chaque archétype possédaient une 141
valeur et que l’individu héritait du besoin d’associer leur signification
apparente à sa vie personnelle. En réponse à ce besoin, il crée et nour-
rit sa structure de croyances (ou de non-croyances) et, totalement
réactif, il agit comme il croit devoir agir.
Les dieux et les démons de l’humanité n’ont pas réellement
disparus, mais portent maintenant d’autres noms. Aujourd’hui, nos
démons sont appelés doutes, anxiété, phobies, stress psychologi-
que, burn-out, négativité ou, notre vieil attrape-nigaud, la simple
peur. Comprenant que la psychologie contemporaine poursuivait
principalement les symptômes du mal/aise métaphysique et qu’elle
n’offrait aucune solution, Jung suggéra que nous nous détournions
« du rituel et de la thérapie pour apprivoiser l’art de vivre1 ». Il avait
découvert que la majorité des individus expérimentent cet art de
deux façons. Ils se comportent comme si chaque occasion de plai-
sir pouvait subitement leur être enlevée ou comme si la vie était
un processus trop effrayant pour pouvoir y participer joyeusement
et pleinement. Ils foncent, dominant les occasions et les relations,
ou attendent passivement d’être dominés. Ils s’enthousiasment ou
doutent, suggèrent ou questionnent, aiment ou détestent, accom-
plissent leurs rêves ou dérivent sans but. Sans savoir comment ni
pourquoi, ils sont à la recherche d’une récompense de la vie, d’un
––––––––––
1 Jung, Carl. Man and His Symbols, New York, Garden City Doubleday, 1972.

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état permanent de bonheur que seule une actualisation de leur Soi


pourrait leur apporter.
Désormais, il n’y a plus de mystère à l’art et la science de vivre.
Les perdants, qui ne veulent plus l’être, peuvent changer avant qu’ils
ne fassent des gestes confirmant la petitesse de leurs attentes et
le manque d’ambition de leurs rêves. Les personnalités gagnantes
savent que l’actualisation de leur identité, l’union avec leur feu
créatif, est la clé qui leur permet d’atteindre leur volonté véritable.
Les individus actualisés ont métamorphosé leur paradigme en
unifiant le je suis de leur ego avec celui de leur Soi. Ayant éliminé
cette dualité qui provoque la peur, leur perception individuelle est
profondément transformée.
L’éveil à notre identité ultime est la dernière frontière.
Transcendant l’approche mécaniste du monde qui nous a éloi-
gnés de notre raison d’être, la nouvelle physique nous rapproche
maintenant du vrai motif de l’évolution humaine. La tâche de l’al-
142 chimie scientifique est fondamentale : la transmutation créative du
plomb en or est peut-être une allégorie, mais la conscience nor-
male fusionnée avec le génie de la superconscience, qui anime cet
univers infini, est véritablement un acte de transcendance. Chaque
individu possède un mélange alchimique différent de connus et
d’inconnus subjectifs avec lesquels il doit travailler. Même s’il peut
tirer des leçons des gens qui ont parcouru le chemin de l’actualisa-
tion, l’être humain marche seul en direction de son identité ultime
qu’il ne peut trouver sur la voie d’un autre.

Tout est absolu, relativement

La célèbre pensée cartésienne : « Je pense donc je suis » symbolise


la séparation de l’esprit et de la matière. Créant une dichotomie
qui n’existe pas dans l’univers, cette division perceptuelle a éloigné
l’homme de sa véritable place dans l’ordre créatif. Jusqu’à ce que se
révèle l’univers nucléaire d’Einstein, les philosophies occidentales
penchaient pour les idées du modèle dualiste, où je, l’observateur,
se démarquait totalement du non-je, le monde observé.
Aujourd’hui, la science nous présente un univers qui englobe
tout et qui se déploie de façon ordonnée. La récente démystifica-
tion de la théorie du chaos prouve, malgré l’aspect désorganisé d’un
événement naturel, que l’ordre parfait règne en tout temps. Notre

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Le paradigme évolutif

synthèse théophysique explique comment les individus sont liés


à cet univers. Elle démontre que le paradigme individuel est une
noösphère (sphère de conscience) qui évolue dans une biosphère
(sphère de vie) à l’intérieur d’une hypersphère (sphère d’infini).
Bref, que nous sommes une goutte de conscience baignant dans
une mer d’intelligence.
Les recherches de cette dernière moitié du siècle nous mènent
à concevoir l’univers physique, d’où nous émergeons, comme une
énergie, une intelligence créative, influencée par la façon dont nous
pensons. Malgré sa dimension infinie, l’univers peut être aisément
compris dans la démystification des quatre forces fondamentales
qui le composent : la gravité, l’électromagnétisme et les deux forces
nucléaires. La gravité est le mouvement universel qui s’exprime
comme le temps ; l’électromagnétisme est un champ énergétique
qu’on appelle l’espace. Fusionnés, ils deviennent le continuum
espace/temps à l’intérieur duquel l’existence se manifeste.
Les deux forces nucléaires sont constituées de l’interaction 143
forte, qui crée la forme dans le continuum (la force d’unification),
et de l’interaction faible, qui impose à chacune d’elle une limite
d’entropie. Pour la forme humaine, ces deux interactions repré-
sentent la vie et la mort. Ensemble, les quatre forces constituent
le champ unifié, l’absolu. Après avoir prouvé que la nature était
moins compartimentée que la science ne l’avait cru dans le passé,
Einstein suggéra qu’il existait une source commune à toutes les
transformations de l’espace-temps et de la matière-énergie. Il
croyait à la possibilité d’une fusion de tous les niveaux de la nature,
d’un champ unifiant toutes les forces de la création et expliquant
l’univers comme un Tout. Cette nouvelle idée possède d’anciennes
racines. À l’aube des religions, cet absolu fut appelé Dieu. Et Dieu
le Père disait de lui qu’il était l’alpha et l’oméga ; le commencement
et la fin. Cet aspect de Dieu représentait le temps. Dieu le Saint-
Esprit disait de lui qu’il était partout. Il signifiait ainsi qu’il était
l’espace. Dieu le Fils se voyait comme la forme humaine évoluant
dans un continuum espace-temps, une dimension d’être, vibration
d’énergie-matière, le verbe fait chair.
À la croisée de l’ancienne sagesse et de la science moderne,
la synthèse théophysique conclut que Dieu le père est le temps
« maintenant », que Dieu le saint-esprit est l’espace absolu « ici »
et que Dieu le fils est chacun de nous s’éveillant ici / maintenant
dans un continuum.

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Se distinguant à peine de la métaphysique, l’enseignement de


la physique quantique dégage maintenant un air de mysticisme qui
révèle une autre forme de savoir, une connaissance qui s’adresse
à l’harmonie, à la participation consciente de l’homme à l’ordre de
la Création. Chacun de nous est un être infini, une parcelle de ce
champ unifié d’intelligence à laquelle nous sommes liés. Tout est
absolu, seule notre perception est relative. Nous pouvons nous
aligner volontairement sur cette réalité et éveiller notre potentiel
créatif… ou non.

L’ordre créatif et ses plans de conscience

Étudiant les mouvements et les énergies des particules, les phy-


siciens nous encouragent à nous voir à la fois comme un corps
physique solide et comme une énergie fluide. Ils expliquent que les
144 particules ne sont pas simplement des balles de billard microsco-
piques, qui rebondissent sous l’action des forces atomiques, mais
qu’elles se présentent comme une tendance à exister, un poten-
tiel. L’application de la physique quantique prouve que la matière
est en même temps particule et longueur d’onde. Un phénomène
étonnant, appelé l’effet de l’observateur, démontre que la longueur
d’onde ne devient une particule que lorsqu’elle est observée2.
Nous sommes à la fois solides, avec un paradigme existant
et des habitudes arrêtées, et fluides, avec un potentiel créatif qui
peut se manifester aussitôt que nous y investissons notre volonté.
Comme les deux constats sont vrais, notre intention est la seule
chose qui les différencie. L’intention d’observer un événement, une
situation ou une pensée, de lui accorder notre attention ou de le
percevoir comme important, le transforme de tendance en actualité.
L’effet de l’observateur suggère que cette inclination à laquelle nous
donnons forme nous affecte non seulement au plan physique, mais
également au niveau émotif, intellectuel et même spirituel.
Puisque notre conscience est en perpétuelle évolution, elle se
comporte comme une longueur d’onde qui, possédant une qualité
d’énergie, peut être examinée à travers ses trois caractéristiques
électromagnétiques : la magnitude, l’amplitude et la fréquence.

––––––––––
2 Wolf, Fred Allan The Body Quantum, MacMillan Publishing Company, 1986.

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Le paradigme évolutif

La magnitude

La magnitude est la mesure du rayonnement lumineux apparent


d’un astre. Appliquée à la conscience humaine, elle se divise en
cinq grandes bandes d’intensité lumineuse qu’il est possible d’ob-
server.
Bien que nous irradiions généralement à la même intensité,
notre magnitude habituelle, nous pouvons nous ouvrir à de plus
hauts niveaux d’énergie. Les bandes d’intensité suivantes corres-
pondent à un contexte particulier, une fenêtre perceptuelle à travers
laquelle peut s’exprimer notre conscience.

Synthèse théophysique 8
Les cinq intensités de la conscience subjective

 La première magnitude se manifeste comme l’état d’être conscient. 145


Substance même de la vie dans l’univers, la conscience est à la source de l’expérience
humaine. Bien qu’il n’existe aucun instrument permettant de mesurer directement
l’expérience d’être conscient, il n’y a aucun doute sur sa présence ou sa réalité.
C’est pourquoi, lorsque nous nous éveillons d’un sommeil sans rêve, nous avons le
sentiment de reprendre conscience, d’être de nouveau le je qui expérimente la vie.
Cependant, elle n’est pas uniquement restreinte à l’éveil. Le rêve, la méditation ou
les transes hypnotiques ne sont que quelques-uns des états pouvant engager la
conscience.

 La deuxième magnitude désigne la conscience d’être conscient. Cette


capacité est l’introspection qui nous permet de tourner notre regard de l’extérieur
vers l’intérieur. Conscient de soi et de nos gestes, nous savons que nous pouvons
altérer n’importe quel processus dans lequel nous sommes engagés. Par exemple, se
retirer d’une discussion enflammée, faire apparaître ou disparaître une douleur, agir
ou non sur un désir, maîtriser ses émotions, etc. La méditation est une excellente
façon de comprendre que nous sommes conscients et que nous pouvons modifier
cette conscience. Nous voyons les pensées qui se déroulent devant nous et nous
constatons qu’il est possible de penser ce que nous voulons : des pensées édifiantes
ou ridicules. Utilisant des techniques d’affirmations et de visualisation, nous
pouvons devenir attentifs à ce qui pourrait être et donner forme au futur.

 La troisième magnitude expose la volonté comme un niveau élevé de


conscience. Contrairement à la volonté qui demande un effort, une application

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intentionnelle et critique, ou une décision pour ou contre quelque chose, cette


volonté est une expérience globale, associée à un sens de liberté et caractérisée
par une détente intérieure, une perception élargie et le sentiment d’être uni avec la
conscience de l’univers. Dans sa plus haute magnitude, la Volonté est comme une
fibre lumineuse, une concentration d’énergie, que l’on peut diriger vers n’importe
quel but concevable. À cette intensité, tous nos actes sont délibérés et engagent
discrimination et choix. Parmi les multiples options ou tendances sélectionnées,
seules les plus créatives, celles que l’on veut matérialiser, seront retenues.

 La quatrième magnitude vibre à l’amour. À cette intensité, l’amour n’est pas


une émotion qui va et vient, qui disparaît à l’occasion ou qui nous attache à une
autre personne. Elle est un état d’être, une force de motivation et de puissance, en
relation permanente avec L.O.V.E. (Limiteless Oscillating Vibrational Energy), l’amour
universel. L’individu qui expérimente cette forme d’amour se sent profondément
en vie ; sans attachements ni conditions, il rayonne la joie et l’exaltation à tous les
niveaux de son être.
146
 Finalement, l’intention créative est la magnitude céleste de la
conscience. Elle est l’outil qui permet au paradigme évolutif d’utiliser sa volonté
pour accomplir et transcender tous ses niveaux de besoin et plans de conscience.
Différente de l’intention humaine, qui est le fait de se proposer un certain but,
l’intention créative est une force, une qualité de détachement qui permet
d’appliquer sa volonté à voir, comprendre et agir avec l’essence des choses et des
êtres. Actualisation de la pensée du Créateur, elle donne la capacité de se former, de se
sculpter, de se changer consciemment et en profondeur.

Pour comprendre ce changement d’intensité lumineuse de la


conscience, nous vous invitons à imaginer ou à tenter l’expérience
qui suit.
Vous êtes au centre d’une pièce totalement obscure. Au bout de quelques secon-
des, vos yeux commencent à distinguer faiblement sa dimension, mais la noirceur
empêche toute exploration. Allumant une bougie, vous constatez immédiatement
que vous voyez un peu mieux à l’endroit où vous êtes, bien qu’il fasse, par compa-
raison, beaucoup plus noir autour de vous.
Par analogie, ceci explique pourquoi les individus qui devien-
nent plus conscients ont l’impression que les gens qui les entourent
sont plus négatifs et que le monde va plus mal qu’ils ne le croyaient.
En fait, la vie n’a pas changé, mais ils voient aujourd’hui ce qui était
principalement occulté hier.

08 Chapitre 8 146 4/29/03, 09:34


Le paradigme évolutif

Sous l’influence de la bougie, vos yeux clignent un peu, encore indécis quant
à la direction à prendre. Curieux, vous décidez d’en apprendre un peu plus sur
vous-mêmes et votre environnement. Petit à petit, vous devenez plus attentif et
plus conscient de votre position dans la pièce. Elle s’éclaire alors comme sous l’effet
d’une ampoule de 25 watts. Immédiatement, l’amplitude de son rayonnement
vous permet de distinguer la forme de certains objets. Persévérants, vous continuez
votre cheminement vers le potentiel créatif, ce qui augmente l’intensité lumineuse
à 50 watts. Vous apercevez alors les tableaux qui ornent les murs, les meubles
et la décoration générale. Si beaucoup de détails vous échappent encore, tout ce
que vous percevez maintenant était là depuis votre arrivée, quoique invisible à vos
yeux. Vous commencez à comprendre que la vie est une illusion forgée par votre
perception, mais qu’à moins de connaître et d’intégrer cette information, l’illusion
est bien réelle. Soixante-quinze watts. Vous pouvez admirer les motifs des tapis et la
quantité de livres rangés dans la bibliothèque. Leurs titres, pour l’instant illisibles,
apparaîtront à 100 watts et vous percevez tous les détails, même la poussière...

L’amplitude 147

L’amplitude mesure la quantité d’énergie que véhicule notre


conscience sur une échelle graduée jusqu’à huit. Chaque échelon
représente un contexte spécifique, un point de convergence où s’as-
semblent tous les éléments qui créent notre réalité individuelle, ce
que Juan Matus nomme le point d’assemblage3. Pour donner forme
au monde que nous percevons, nous devons accorder une valeur à
certaines tendances que nous tirons de l’infini potentiel. Une fois
concrétisées, nous les surnommons réalité, rationalité, bon sens.
Parce qu’on nous l’a appris ainsi, nous alignons généralement
les mêmes couloirs neurologiques pour percevoir. C’est pourquoi
nombre de tendances demeurent à notre portée, mais restent en
veilleuse, souvent ignorées et inutilisées tout au long de notre vie.
Notre cerveau enregistre toutes nos expériences, retenant pré-
cieusement les choix que nous avons faits en réponse à certains
stimuli. Lorsqu’une situation identique ou similaire se représente,
le cerveau nous offre la mémoire de notre première réaction tout
en présentant quelques options nouvelles. Si nous choisissons
encore une fois la même route, cette réaction répétée renforce la
probabilité de répondre de façon identique la prochaine fois. En
peu de temps, face à un stimulus semblable, le cerveau n’offrira
––––––––––
3 Castaneda, Carlos. Le feu du dedans, Gallimard, Collection Témoins, 1985.

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

plus d’options ni de tendances, sinon celles qui sont devenues


habituelles.
Le plan de conscience, où nous assemblons notre réalité, est
donc déterminé par l’habitude, par des actes qui se répètent, et il
est maintenu dans sa position d’origine par notre dialogue interne.
Ce dialogue est un processus qui consolide sans cesse la position
du point d’assemblage. Bien que cette position soit arbitraire, elle
nécessite tout de même un renfort constant. Le monde que nous
percevons est le résultat d’une localisation de notre conscience.
Notre point d’assemblage peut être déplacé à volonté sur sept plans
de conscience, le huitième représentant l’infini potentiel, l’informe
dans le continuum.

Synthèse théophysique 9

148 Les plans de conscience et la perception

Plan physique Ce que je perçois


Paradigme réactif Plan émotif Ce que je ressens, face
à ce que je perçois

Plan intellectuel Ce que je pense de


ce que je perçois
Paradigme proactif
Plan spirituel Ce que je pressens, face
à ce que je perçois

Plan de l’atman Ce qui est


Paradigme créatif
Plan de la monade Ce que je peux faire,
face à ce qui est

Plan du logos Ce que je fais


Paradigme évolutif
Plan morphique L’infini potentiel dans le
continuum

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Le paradigme évolutif

Synthèse théophysique 10
Les huit plans de conscience
 L’individu, dont l’attention est concentrée au plan physique, est intensément
conscient du monde de la matière, à savoir son propre corps, son apparence,
sa santé, son confort et les circonstances qui l’affectent. Il vit, ressent et pense
en fonction de son corps, et ses actions sont motivées par des considérations
physiques. Ce qu’il perçoit possède tous les attributs de la réalité concrète. Selon
Manly Palmer Hall, s’il est uniquement préoccupé par le monde des apparences
et des choses, il aurait tendance à substituer l’accomplissement intérieur à
l’ornementation extérieure. Il ajoute que si le corps devient le centre d’attention, la
tension de l’organisme est inévitable et, dans un corps tendu, l’impulsion créative
est bloquée4.

 Lorsque le paradigme assemble le plan émotif, les sentiments et les désirs


dominent sa conscience et les contextes émotifs, comme la peur et l’amour,
domptent sa pensée et ses actions. Dans ce plan, ce qu’il ressent face à ce qu’il 149
perçoit est plus important que l’objet de son attention. Si l’émotion est la peur,
toute action, circonstance, condition ou substance peut provoquer de l’anxiété ou
sembler menaçant. Ne pouvant le comprendre, l’inconnu est alors perçu comme
un potentiel redoutable. Si l’émotion dominante est l’amour conditionnel, elle
peut mener de la dépendance au désir de possession, en passant par divers degrés
d’attachement.

Le paradigme réactif assemble la réalité autour de ces deux plans de conscience. Ce


qu’il perçoit apparaît bien réel et dépend généralement de son état émotif. On dira
de lui qu’il est mené par ses émotions, réagissant impulsivement aux événements
de la vie.

 Lorsque la conscience aborde la réalité du plan intellectuel, la pensée domine


l’émotion et l’action. L’individu accorde à ce qu’il pense de ce qu’il perçoit plus
d’importance que ce qu’il perçoit. Conditionné par une éducation traditionnelle,
son intellect a acquis certaines formes de connaissances qu’il utilise pour observer
la vie, ceci aux dépens de son intelligence, de sa capacité de percevoir, de discerner
et de faire des liens entre différents concepts. Malheureusement, la plupart de ce
qu’il considère comme du savoir est uniquement une opinion toute faite, sans peu
de fondements. Il lui manque l’habileté, si évidente chez les peuples primitifs, de
penser simplement, directement et concrètement.

––––––––––
4 Hall, Manly Palmer. Healing, The Divine Art, Manly Palmer Hall éditeur, 1950.

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

 Lorsque le point d’assemblage se trouve au plan spirituel, l’individu ajoute ses


connaissances à l’intuition, la pensée abstraite qui peut, s’il s’y adonne, le guider
fidèlement. Attentif à ce qui se trouve au-delà de l’apparence, il tourne son regard
vers l’intérieur pour saisir ce qu’il pressent, face à ce qu’il perçoit. Il se dégage plus
facilement de l’attention exclusive de sa perception et arrive à des décisions ou à
des conclusions en fusionnant son intuition aux processus concrets de la raison.

Le paradigme proactif oscille entre ces quatre plans de conscience. Quoiqu’elle soit
fortement teintée du plan émotif, l’amplitude de la conscience de la majorité des
individus atteint le plan intellectuel, gravitant difficilement aux échelons plus élevés.
Ceux qui sont engagés à s’actualiser comprennent que le passage d’un niveau à l’autre
est lié à leur intensité d’énergie et que la maîtrise de leurs émotions est une condition
sine qua non de la transcendance de leur paradigme existant. Ils apprennent à
ébrécher les certitudes dogmatiques partagées par le paradigme collectif et à ébranler
la validité de leurs propres perceptions de la réalité.

150  Centre de la synthèse et de la joie, le plan de l’atman est ce point de fusion entre
les hémisphères du cerveau, là où la conscience amène l’individu à constater ce qui
est, sans qu’interviennent le jugement et la critique. Dans la psychologie orientale,
l’atman est l’expérience d’un état élevé de conscience qui correspond à l’état de
grâce du christianisme. L’harmonie à ce plan favorise l’émergence de l’intelligence
créative. L’individu intègre ses expériences et s’éloigne de tout ce qui ne lui apporte
pas de joie dans sa vie. Au-delà de la dichotomie, il réalise des synthèses créatives
de ce qu’il voit et expérimente, et les utilise pour passer à l’action. Profondément
lucide, sa capacité de communiquer reflète l’intégrité de sa pensée et l’expansion
de sa conscience.

 Lorsque la perception assemble le plan de la monade, ce point où tout est Un,


l’individu qui observe un élément le regarde à l’intérieur de sa totalité systémique ;
il ne confond pas les choses, mais les différencie. Il comprend que ce qui touche une
partie affecte l’ensemble. Ainsi, avant d’engager sa volonté dans ce qu’il peut faire,
face à ce qui est, il augmente ses possibilités de choix, puis opte sans condition pour
la solution la plus créative. Le biologiste Lyall Watson décrit la monade comme la
conscience collective ou la pensée universelle5.

À ce niveau, nous réduisons l’importance accordée à n’importe quelle idée. Les


gens qui accèdent à ce plan de conscience réalisent la voie du détachement ; ils

––––––––––
5 Watson, Lyall. Gifts of the Unknown Things, Destiny Book, 1991.

08 Chapitre 8 150 4/29/03, 09:34


Le paradigme évolutif

comprennent que l’attachement à une chose empêche de voir quelque chose


d’autre et que ce qu’on refuse de contempler ne fait que trahir cet attachement.

 Tiré du grec logos, le verbe, la résonance créatrice, le plan du logos est le niveau
de l’actualisation, de l’action. L’individu dont la conscience assemble la réalité de
ce plan intègre sa nature énergétique et fusionne à son identité ultime : « Je suis
le verbe fait chair... » Il transcende sa pensée, et son dialogue interne, et exprime
sa puissance personnelle à travers des gestes concrets. Selon Maslow, les gens
actualisés ont atteint ce niveau élevé de conscience ; ils n’attendent personne pour
agir et harmoniser leur vie.

Le paradigme créatif gravite autour de ces trois derniers plans de conscience. Il


acquiert peu à peu la capacité de passer d’un niveau à l’autre, en contenant et
canalisant son énergie. Il se détache du passé et de son histoire personnelle,
incluant la description du monde telle qu’apprise depuis sa naissance. Il voit les
choses telles qu’elles sont, non teintées d’une multitude de couleurs par l’ego.
Il conquiert ce qui est conscience pure, son vrai Soi, actualisant son intention 151
d’atteindre les degrés supérieurs d’attention et de libérer enfin sa conscience6.

 Le plan morphique est le monde des idées, de l’intelligence pure, de la conscience


universelle. À ce niveau, l’individu touche l’infini potentiel, l’univers transpersonnel
qui contient tous les univers subjectifs. Chaque forme de la nature est gouvernée
par ce que le biologiste britannique Rupert Sheldrake appelle les « champs
morphogénétiques » qui permettent l’interconnexion et la communication
instantanée entre tous les éléments de l’ensemble. Ceci explique les idées qui
émergent simultanément à divers endroits sur le globe.

Pour le paradigme évolutif, le dialogue interne s’est éteint. Continuellement en


contact avec l’esprit créatif, il est attentif à la qualité de son énergie qu’il utilise
impeccablement. Il procède aux ajustements requis avant même qu’ils deviennent
nécessaires, gérant d’avance les événements qui ne se sont pas encore produits.

Imaginez que tout ce qui constitue votre paradigme actuel est représenté
par un livre que vous tenez fermement à deux mains. Quelqu’un vous
tend sa main droite qui contient créativité, prospérité et sagesse. Il vous
offre le tout. La seule façon d’accepter ce qu’on vous donne est de libérer
vos mains en laissant tomber le livre : que faites-vous ?
––––––––––
6 Dubant, Bernard, Michel Marguerie et Guy Trédaniel. Le saut dans l’inconnu, Éditions de
la Maisnie, 1982.

08 Chapitre 8 151 4/29/03, 09:34


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

La fréquence

La fréquence de la conscience interagit avec le cerveau, comme


nous l’avons expliqué au chapitre 5. Au rythme bêta, la conscience
est fragmentée en une multitude de pensées séparées. En alpha,
l’activité cérébrale diminue et la fluidité de la conscience signale
une réceptivité passive qui peut mener à un état méditatif où
nous devenons conscients de notre conscience. Dans les ondes
thêta, la conscience circule suffisamment lentement pour que nous
puissions volontairement la maîtriser ; à travers des techniques
de visualisation créatrice, nous pouvons lui faire emprunter, ou
même créer, des voies neurales innovatrices. Au rythme delta, dans
le flot ralenti de la conscience, nos pensées deviennent un mur-
mure à peine audible ; à cette fréquence, nous pouvons vivre une
expérience transcendante, au-delà des frontières de l’ego, ouverts
à l’Amour comme l’unique expression de notre identité ultime. À
oméga, la conscience n’est plus en contact avec le cerveau mais ali-
152 gnée sur l’infini potentiel, l’Intention Créative de l’univers.

Les humeurs et la pensée

L’accès aux plans de conscience de l’univers infini est à l’intérieur


de nous. Nos pensées, nos croyances et notre imagination ne sont
pas des abstractions éphémères, mais des réactions biochimiques
qui résultent de notre façon de voir la vie et ses exigences, et qui
ont des conséquences physiologiques.
En majeure partie démystifiée par la science, l’interaction entre
la conscience, le cerveau, nos voies neurales et le système immuno-
endocrinien, et les effets transformateurs qu’elle peut produire chez
l’individu représentent le fondement de plusieurs anciennes cosmo-
gonies. Aujourd’hui, grâce à l’instrumentation sophistiquée, telle la
scanographie PET (positron emission tomography), nous pouvons voir le
cerveau en action au moment où la pensée se produit et suivre le
sang circuler dans les hémisphères cérébraux tandis que les pen-
sées et les émotions changent. Il est même possible de capter les
modifications hormonales qui dérivent des différentes perceptions
d’un individu face à des situations variées.
L’enregistrement cérébral de ces perceptions s’effectue par l’in-
tervention nécessaire des hormones de nos glandes endocrines.

08 Chapitre 8 152 4/29/03, 09:34


Le paradigme évolutif

Les images oniriques ou tirées de la visualisation provoquent les


mêmes effets physiologiques. Ainsi, les surrénales prennent note
du fonctionnement du tonus musculaire et sensibilisent l’oreille à
la valeur des bruits et des musiques fortes. La thyroïde s’occupe
du langage et prépare le cerveau à être réceptif à toute adaptation,
alors que l’hypophyse contribue à l’enregistrement des données
comparatives et procure à l’esprit ses aptitudes au calcul.
Directement ou indirectement, le système nerveux autonome
est responsable de la majorité des changements physiologiques
significatifs qui se produisent dans le corps. Composé des systèmes
sympathique et parasympathique, il est normalement en équili-
bre lorsque l’organisme fonctionne bien. Le système sympathique
mobilise le corps à l’action. Il excite et pousse à agir, facilitant la
relation de l’individu avec son environnement afin qu’il puisse satis-
faire ses besoins, tels qu’il les perçoit. Le système parasympathique
calme et inhibe l’action. Il aide le corps à se dérober d’une source
de douleurs ou de problèmes afin de conserver son énergie, de se 153
réapprovisionner, de se renouveler et de croître. Selon le cas, il peut
inciter au désengagement et la résignation, à un refus d’interagir
avec l’environnement7.
Si la chimie du cerveau, des systèmes nerveux central, immuni-
taire et endocrinien, peut changer nos pensées, celles-ci affectent
profondément notre neurochimie. On peut maintenant démontrer
l’effet de nos émotions sur les niveaux de certains anticorps impor-
tants. Ainsi, l’amour et le sentiment d’avoir une réelle emprise sur sa
vie produisent des effets tout à fait différents du besoin de dominer
les gens et les situations.
À la croisée de la nouvelle physique et des neurosciences,
l’intangible, l’esprit humain, est aujourd’hui perçu comme parfai-
tement en mesure d’affecter le tangible, c’est-à-dire les molécules
chimiques et leurs récepteurs. En fait, l’esprit immatériel a décou-
vert une façon de travailler conjointement avec des molécules de
communication. Leur association est si étroite que notre esprit
ne peut être projeté dans le corps sans ces éléments chimiques.
Ainsi, ce n’est pas la molécule d’adrénaline qui pousse la mère à
pénétrer dans sa maison en feu pour sauver son enfant. L’amour la
pousse et la détermination la protège de la douleur, ces attributs
––––––––––
7 Levy, S.M. « Behavior as a Biological Response Modifier : The psychoimmunoendo-
crine network and tumor immunology », Behavioral Medecine Abstracts, 6 (1), 1- 4, 1985.

08 Chapitre 8 153 4/29/03, 09:34


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

de son esprit ayant trouvé un véhicule chimique qui lui permet de


s’adresser à son cerveau et à son corps.
Appelées immuno-peptides (produits par le système immuni-
taire) et neuropeptides (produits par le cerveau), ces substances
d’informations transportent les messages jusqu’aux sites récep-
teurs qui se trouvent à la surface des cellules réparties dans tout le
corps. Ces molécules voyagent dans les fluides extracellulaires qui
circulent à travers l’organisme pour rejoindre des récepteurs spé-
cifiques, auxquels elles se lient pour transmettre leur information.
La science sait maintenant que le cerveau ne fait pas qu’envoyer
des impulsions voyageant en ligne droite dans les neurones ; il fait
circuler librement cette intelligence à travers l’espace intérieur du
corps.
Prouvant que l’esprit humain englobe toutes les activités du
cerveau et des systèmes immunitaire et endocrinien, ces récentes
découvertes ont modifié la notion d’intelligence. Le Dr Candace
154 Pert suggère que l’esprit se manifeste comme un flot d’information
lorsqu’il se déplace entre les cellules, les organes et les systèmes du
corps. Pert se réfère à l’ensemble du système comme à un réseau
psychosomatique d’informations, unifiant la psyché – qui comprend
tout ce qui ostensiblement est de nature immatérielle, comme l’es-
prit, la pensée et les émotions – au soma, qui est le monde matériel
des molécules, des cellules et des organes8.
Le résultat des travaux du Dr Pert démontrent que les peptides
et leurs récepteurs sont les substrats biochimiques de l’émotion,
les messagers qui assurent une communication constante entre
les processus conscients et subconscients de ce que nous pou-
vons appeler le corps-esprit (bodymind). Produisant des signaux
cellulaires qui traduisent l’information en réalité physique, les
émotions transforment l’esprit en matière, allant et venant entre
les deux, influençant l’un et l’autre. Grâce au réseau d’information,
notre corps sait en tout temps ce qui lui arrive et reflète chaque
événement mental, perception et émotion. Comme rien ne peut se
produire sans affecter le tout, chaque messager est une délicate
fibre de la merveilleuse toile qui unit l’ensemble.
Au-delà du temps et de l’espace, l’intelligence, soit l’informa-
tion qui circule dans le corps-esprit, possède la capacité infinie de
prendre de l’expansion et d’augmenter la matière et l’énergie. Elle
––––––––––
8 Dr Pert, Candace B. Molecules of Emotions, Scribner, 1997.

08 Chapitre 8 154 4/29/03, 09:34


Le paradigme évolutif

ne peut donc appartenir au monde matériel que nos sens peuvent


percevoir, mais elle doit posséder son propre champ d’activité que
nous pouvons expérimenter comme l’émotion, l’esprit et la pensée.
C’est ce que le Dr Pert appelle un domaine d’information (inforealm)
et qu’elle justifie ainsi : « C’est le terme que je préfère, parce qu’il a
un ton scientifique, mais d’autres veulent dire la même chose lors-
qu’ils parlent d’un champ d’intelligence, d’une intelligence innée, de
la sagesse du corps. D’autres encore l’appellent Dieu9. »

L’esprit sain

Pour plusieurs, la maxime : un esprit sain dans un corps sain10, est une
nouvelle invention. En fait, l’expression pensée positive, qui suggère la
culture volontaire d’une façon heureuse de voir la vie, fut employée
pour la première fois il y a 40 ans, par Norman Vincent Peale. Par la
suite, elle fut reprise dans une multitude de livres écrits sur le sujet. 155
Il y a au moins 3000 ans, la littérature védique définissait notre être
physique comme une projection de notre conscience. Aujourd’hui,
après avoir amassé plusieurs siècles d’évidences empiriques, les
scientifiques admettent cette ancienne définition.
Le physicien Fred Allan Wolf suggère que l’énergie se manifeste
dans le corps comme une sensation qui se traduit par un état
émotif. Lorsque notre énergie change, nos sensations se transfor-
ment et modifient notre condition émotive. Ainsi, toute variation
d’énergie dans le corps est ressentie comme un changement de
notre état émotif11. Sachant que notre créativité est directement
liée à la qualité de notre énergie, notre nature évolutive voudrait
que tous nos efforts visent à en maîtriser la magnitude, l’amplitude
et la fréquence.
Le cheminement créatif se manifeste par un éveil nous faisant
réaliser que nous pouvons volontairement investir dans la trans-
formation de notre vie. Plus nous sommes conscients, plus notre
perception s’affine et s’assouplit, répondant à nos ordres et non à
nos habitudes. Nous intégrons le fait que chaque personne (sauf
pour les paradigmes évolutifs) est un ensemble de schémas com-
portementaux qui dicte et ordonne comment elle perçoit la vie.
––––––––––
09 Dr Pert, Candace. Op. cit.
10 Mens sana in corpore sana, maxime du poète latin Juvénal, dans Satires, X, 356.
11 Wolf, Fred Allan. Op. cit.

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Supposons que tous les lecteurs atteignent 65 ans. À cet âge,


certains seront vieux et souffrants, d’autres seront en meilleure
santé qu’ils ne l’étaient à 30 ans. La différence réside dans la ges-
tion des causes, plutôt que dans la réaction aux effets. C’est ce
qu’on appelle l’entretien préventif. Nous produisons continuelle-
ment un riche éventail de perceptions, de pensées et d’émotions,
et ces impulsions d’énergie, qui ondulent dans notre sphère de
conscience, deviennent notre réalité. En apprenant à créer ces
impulsions d’intelligence, nous serons non seulement en mesure
de modifier notre physiologie, mais également de maîtriser nos
émotions, de surveiller le flot de notre pensée et d’atteindre des
niveaux de conscience élevée.

L’intelligence du corps

156 La science a prouvé que l’intelligence de notre corps et de chacune


de nos cellules est indéniable. Les hormones, enzymes et autres
véhicules d’informations que nous produisons peuvent même choi-
sir le type de récepteur auquel elles devraient se lier. Le corps libère
des centaines de substances chimiques en même temps et orches-
tre chacune d’elles en maintenant un regard sur l’ensemble.
Nous sommes liés à cette intelligence par notre conscience,
par l’attention que nous portons à un aspect particulier. Aussitôt
que nous nous arrêtons à n’importe quelle fonction de l’organisme,
une transformation prend place et se répercute sur l’ensemble du
système. Ainsi, le système corps-esprit réagit à chaque stimulus
comme à un événement global. Dans l’ancien paradigme, la vie
était assujettie à l’ADN, une énorme molécule complexe. Dans
le nouveau paradigme, la maîtrise de la vie appartient à la cons-
cience. Toutes les recherches indiquent que les processus organi-
ques vitaux répondent à notre état d’esprit. Par exemple, si nous
entendons subitement une explosion près de nous, l’événement
provoquera une inondation d’adrénaline fabriquée par les surréna-
les. En voyageant dans le système sanguin, cette hormone trans-
mettra son message au cœur, aux vaisseaux sanguins, au foie, au
pancréas, à l’estomac et aux intestins. L’ensemble de cette furieuse
activité est coordonnée par le cerveau, la glande pituitaire et une
variété de signaux chimiques. Afin de susciter, puis de disposer de

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Le paradigme évolutif

cette réaction, le mécanisme molécules d’information / récepteurs est en


fonction partout à la fois.
Si les chercheurs tentent de reproduire cet événement avec un
médicament, les résultats sont loin d’être aussi précis, ordonnés et
merveilleusement orchestrés. De ces faits, le Dr Chopra conclut que
l’intelligence est partout dans le corps et qu’elle est supérieure à
celle que nous pouvons substituer de l’extérieur. Il ajoute que cette
intelligence est plus importante que la matière du corps, puisque
sans elle, cette matière serait non dirigée, sans forme et chaotique.
L’intelligence fait la différence entre une maison construite par un
architecte et une pile de briques.
Parce que nous dilapidons notre énergie au lieu de la concen-
trer, nous ne pouvons maintenir la continuité de notre conscience
et une grande partie de notre vie est hors de notre emprise. Une
des leçons du nouveau paradigme est que si nous voulons changer
n’importe quoi dans notre vie, il faut d’abord changer notre cons-
cience et la qualité d’énergie qui l’accompagne 157
Le Dr Pert croit que la joie est ce que nous ressentons lorsque
nos molécules biochimiques d’émotion, les neuropeptides et leurs
récepteurs, sont ouverts et circulent librement à travers le réseau
psychosomatique, intégrant et coordonnant nos systèmes, organes
et cellules en un mouvement souple et rythmique. La santé et la
joie sont souvent mentionnées d’un même souffle, peut-être parce
que la physiologie et les émotions sont inséparables. En apprenant
à gérer nos émotions, ces messagers qui transportent l’information
et l’intelligence du monde immatériel vers le corps, nous pouvons
diriger nos pensées. Ainsi, d’esclaves de nos émotions, pensées
et comportements, nous devenons le maître de notre vie, en route
vers l’actualisation de notre potentiel créatif et évolutif.
Pouvez-vous reconnaître le degré d’intensité auquel vous vibrez habi-
tuellement ? Êtes-vous conscient de vos humeurs et des effets qu’elles
ont sur vous ? Êtes-vous conscient que vos comportements affectent votre
système organique ?

––––––––––
12 Chopra, Deepak. Quantum Healing, MD, Bantam, 1990.

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9
La gestion du capital créatif

L
e passage du paradigme réactif au paradigme évolutif est une
sérieuse et magnifique randonnée dans le monde fabuleux de 159
notre potentiel. Ce voyage d’une vie n’est pas sans embûches.
Pour les transcender, il requiert une façon plus créative de penser
et d’agir, ainsi que l’énergie indispensable à l’adoption de nouveaux
comportements. Totalement absorbés par nos gestes quotidiens,
où trouverons-nous la vitalité nécessaire à accomplir ces change-
ments ?
Le psychologue jungien Donald Lee William suggère que
l’attention est énergie et que si nous apprenions à être attentifs,
nous pourrions la conserver et la contenir. Mais nous sommes trop
occupés à respecter nos délais, à atteindre nos buts et à satisfaire
les exigences de nos avoirs pour être attentifs et nous ouvrir à une
autre façon de voir et expérimenter la vie. Or, être pressés et être
attentifs sont deux états antagonistes. Pour William, une autre dif-
ficulté réside dans la tendance collective de présumer qu’il n’existe
rien de plus que la réalité que nous voyons1.
Puisque le paradigme existant détermine le quoi et le comment
de notre quotidien, la possibilité de choisir librement est compro-
mise par nos habitudes. Souvent, lorsque nous croyons que nous
décidons, nous ne faisons rien de plus que de mettre en marche
l’enregistreur de notre passé. Non seulement notre ego appuie-t-
il notre histoire personnelle, mais il obéit en plus à ce qu’elle lui
––––––––––
1 William, Donald Lee. Border Crossings, Inner City Books, 1981.

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

dicte ; cette réalité s’impose alors sur notre présent et l’ego s’en
trouve renforcé. Exploitée par la totalité de nos actions, notre
énergie répond à une prédétermination (notre passé) et non aux
ordres de notre volonté.
Concentrés à essayer de modeler la vie au contenu de notre
paradigme, il est possible que nous passions à côté de sa magni-
ficence. Aveuglés par une faible estime de soi, beaucoup d’indi-
vidus présument que leur vie, leurs sentiments, leurs pensées et
leur environnement ne valent pas la peine d’y prêter attention. Si
nous pouvions résister à l’impulsion de contraindre le monde à
se conformer à notre description, nous serions surpris de trouver
que l’objet de notre attention révèle quelque chose d’inattendu et
de nouveau.
Puisqu’il n’existe aucune banque où nous pouvons retirer ou
emprunter de l’énergie, il est indispensable d’apprendre à la maî-
triser et à la diriger consciemment en abandonnant les activités
160 qui drainent notre vitalité et en ajoutant à notre vie une discipline
énergétique qui englobe les plans physique, émotif, intellectuel et
spirituel. Ainsi, l’énergie qui n’est plus dépensée dans le manque
d’estime de soi, les jeux de pouvoir, la peur de vivre pleinement
ou la méconnaissance de nos meilleures qualités, est maintenant
présente pour nous aider à croître et à changer.

La puissance personnelle

Tout ce qui nous arrive et tout ce que nous faisons dépend de notre
puissance personnelle. Que nous en ayons peu ou beaucoup repose
sur la façon dont nous investissons notre énergie. Sa libération est
donc une étape nécessaire pour assurer le succès de notre randon-
née à travers les paradigmes proactif, créatif et évolutif.
Dans le monde de la connaissance, l’information abonde. S’il
n’y a aucune pénurie de gourous, maîtres, enseignants et autres
prédicateurs, il ne manque pas plus de disciples, croyants ou adep-
tes. Ceux qui pensent ne pas avoir la force ni les connaissances
nécessaires pour changer, s’abandonnent aisément à celui ou celle
qui propose de les guider, qui semble posséder ce qui leur manque.
Souvenez-vous des membres dominants…
La formation, les livres et les thérapeutes se révèlent vraiment
profitables au moment où nous sommes prêts à agir. Ce n’est que

09 Chapitre 9 160 4/29/03, 09:34


La gestion du capital créatif

lorsque nous prenons la responsabilité pleine et entière de notre vie


que ces aides peuvent servir de guides pour que nous accomplis-
sions des gestes concrets. Toutefois, seul ce que nous tirons de nos
recherches et de notre expérience détermine si leurs suggestions
nous sont utiles ou non.
Nous n’avons pas besoin de croire, mais nous avons besoin
de passer à l’acte parce que la compréhension suit l’expérience.
L’important n’est pas ce que nous faisons ou ce que nous avons
appris, mais plutôt comment nous agissons et ce que nous devenons
à travers nos actions. Et ce devenir n’appartient à personne d’autre
que nous, puisqu’il est le résultat de nos propres efforts.
À la suite de mon accident, je conclus que je n’avais d’autres
choix que de conquérir et de développer mes ressources intérieu-
res. Ma vie, telle que je la connaissais, n’existait plus. J’étais main-
tenant paraplégique, dans un monde inaccessible, sans travail et
sans un sou vaillant. La seule chose qui me restait était la percep-
tion fugitive qu’un monde nouveau s’ouvrait devant moi et qu’une 161
vie de joie était à ma portée. Si je le voulais. Toutefois, la décision
ne m’appartenait déjà plus. Je ne pouvais nier mon expérience et
adapter mon handicap à mon ancienne existence. Ne croyant plus à
une vie qui nous arrive, je savais désormais que je pouvais créer ce
que je voulais. Convaincu que cette création dépendait uniquement
de l’investissement judicieux de ma volonté et de mon énergie, je
choisis la puissance personnelle qui dérive d’un alignement cons-
cient sur l’ordre créatif de l’univers.
Je ne connaissais rien, n’ayant jamais lu de livres ni suivi de
formations sur le sujet. Je ne savais qu’une chose : il était impérieux
que je devienne habile à augmenter, diriger et gérer le peu d’énergie
dont je disposais à ce moment-là. Même si 80 % de mon corps était
inactif, j’étais conscient qu’il me restait plus que la somme de mes
parties. De mes expériences de mort imminente, j’appris que mon
esprit continuait de vivre, malgré une panne majeure du véhicule.
C’est cet esprit que j’ai choisi d’apprivoiser, de domestiquer et,
finalement, de comprendre.
Très vite, je réalisai que la seule façon d’augmenter ma puis-
sance personnelle était de me libérer de mes habitudes et d’adopter
une discipline spirituelle qui m’aiderait à faire des actes créatifs et
significatifs. Ce que je croyais impossible avant – me détacher de
mon passé, contempler, méditer ou changer de comportements
– était devenu naturel.

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Je ne peux que trop insister sur ce qui suit. La puissance per-


sonnelle n’est pas une notion abstraite que l’on peut comprendre
intellectuellement, ni un concept auquel nous croyons ou non ; lire
sur le sujet, en discuter ou y penser n’ajoute rien que des mots à
notre intellect. Nous ne devenons plus forts qu’à travers des gestes
qui concrétisent la puissance dans notre quotidien. Cette expé-
rience est individuelle.

L’investissement de notre énergie

Beaucoup croient que la notion de paradigme est intellectuellement


intéressante, mais peu sont suffisamment disciplinés pour aller
au bout de cette pensée. Nous sommes réellement un paradigme,
une sphère d’énergie, une noösphère. Constitués de bio ou de vie,
nous sommes non seulement biochimiques ou biologiques, mais
162 également une structure moléculaire formée d’atomes. À ce niveau,
la seule chose qui existe est une charge énergétique positive, repré-
sentée par le proton et le neutron, et une charge négative, figurée
par l’électron. Le sens de négatif ne découle pas d’un jugement
moral, mais exprime une absence d’énergie positive. Si nous dimi-
nuons graduellement l’éclairage d’une pièce, il y fera de plus en
plus sombre, ou négatif ; en augmentant l’intensité lumineuse, il y
fait plus clair, ou positif.
Un individu qui semble dégager une énergie négative signale
simplement une absence de positif. Plus notre magnitude est
basse, moins nous avons d’énergie et plus nous sommes négatifs.
Le monde subatomique est un univers quantique où l’énergie se
manifeste comme une résonance ou une vibration de lumière qui
nous crée. Nous sommes, vous et moi, une manifestation d’éner-
gie.
Malheureusement, nous engageons souvent notre vitalité dans
des activités qui nous déplaisent, nous ennuient ou qui provoquent
un état de stress ou d’anxiété. Nous avons tendance à faire des
compromis, à attendre la retraite ou le moment idéal. Esclaves de
nos peurs et de notre insécurité, nous dilapidons notre énergie
en de vaines discussions, dans l’agressivité, la tristesse et le vide
spirituel.
Toutefois, lorsque nous faisons ce que nous aimons, que nous
actualisons nos rêves, que nous accordons du temps à notre pas-

09 Chapitre 9 162 4/29/03, 09:34


La gestion du capital créatif

sion, nous devenons soudainement radieux, épanouis, lumineux.


En adoptant un chemin qui a du cœur, nous pouvons laisser libre
cours à notre propre bonheur, à une vie toujours remplie à ras
bord, où que nous soyons. Ce chemin qui a du cœur est la con-
fiance en sa propre nature, laquelle n’est pas séparée de la nature
universelle2.
Lorsque je suis sorti de l’hôpital, je me suis associé à un ami
pour fonder une entreprise de fabrication et de vente de saunas
et baignoires à remous. Le défi était excitant, mais il représentait
surtout un moyen de financer mes recherches sur la motivation et
la créativité. Rapidement, je compris que la quantité d’énergie et le
temps nécessaire pour gérer cette société ne laisseraient que des
miettes à mon projet personnel. Je me suis donc retiré de l’affaire.
Je savais que j’aurais à ajuster l’ensemble de ma vie à ce nouveau
tournant financier, mais je n’hésitai pas un instant. Je ne l’ai jamais
regretté.
163

L’énergie est transactionnelle

Nous avons vu que nous sommes une sphère de conscience méta-


physique dont l’énergie se manifeste au niveau physique, émotif,
intellectuel, spirituel et transactionnel. Employée pour gérer notre
métabolisme et accomplir les tâches qui réclament l’utilisation
de notre corps, cette énergie physique est en mouvement et provo-
que notre humeur du moment, notre émotion. Cette énergie émotive
attire les pensées qui lui correspondent ; stimulé par nos émotions,
notre intellect s’empresse d’expliquer rationnellement notre émoi.
Utilisée pour discerner, comparer, lire, étudier, discuter, explorer
des idées et des concepts, notre énergie intellectuelle se manifeste
spirituellement comme la volonté, l’outil utilisé pour nous aligner
consciemment sur une intention créative. Employée à bon escient,
notre énergie spirituelle nous éveille à notre vraie nature, notre Soi, et
elle nous pousse à vivre notre totalité, notre identité ultime.
L’énergie qui émane de nous est également transactionnelle,
parce que nous la partageons et l’échangeons avec les nôtres et
avec notre environnement. Qui n’a pas ressenti l’oppression d’une
––––––––––
2 Dubant, Bernard, Michel Marguerie et Guy Trédaniel. Le saut dans l’inconnu, Éditions de
la Maisnie, 1982.

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

demeure malsaine ou l’énergie tonifiante d’un site naturel ? Qui n’a


pas éprouvé une attraction ou une antipathie instinctive en ren-
contrant quelqu’un pour la première fois ? Chargés d’informations,
nos noösphères se sont croisées, ont communiqué, sans mot dire,
sans un regard. Parfois, une empathie naturelle nous entraîne à
graviter sur le même plan de conscience et à échanger avec faci-
lité. À d’autres moments, l’hostilité est visible à l’œil nu, presque
palpable. Les tout-petits et les animaux sont très sensibles à la
qualité d’énergie. Certains bébés refusent même catégoriquement
de se laisser approcher par un membre de la famille, tandis qu’ils
s’abandonnent totalement dans des bras étrangers.
Avez-vous déjà attrapé la peur de quelqu’un d’autre, ou son hilarité, sans
savoir ce qui se passait réellement ?
Les relations que nous développons avec les autres reposent
sur cette énergie transactionnelle. Certaines personnes sont des
164 vampires d’énergie, tirant de nous tant de vitalité qu’on se sent vidé
après quelques minutes de conversation. D’autres sont si dynami-
ques que l’échange nous survolte complètement. Ces transactions
énergétiques sont appelées interactions fortes et interactions
faibles. Au niveau atomique, notre énergie peut être affaiblie ou
renforcée par une parole, un geste, une attitude, une activité ou un
événement. L’individu qui arrive fatigué au travail et qu’on compli-
mente pour sa belle chemise, se sentira subitement mieux ; d’une
humeur charmante, il y a quelques minutes, la personne anxieuse
que l’on critique se sentira tout de suite mal.
La mesure de notre créativité se reflète dans la façon dont
nous nous influençons les uns les autres. Nous pouvons susciter
un échange qui augmente l’énergie de notre interlocuteur et facilite
sa créativité, l’encourage et le pousse à se dépasser, ou provoquer
le doute et saper sa confiance.
Les gens réactifs sont généralement inconscients de leurs
interactions énergétiques et ne soupçonnent pas l’effet de leurs
faits et gestes. Ils élèvent ou abaissent l’autre, ou ils s’élèvent ou
s’abaissent eux-mêmes.
Croyez-vous avoir une énergie positive ? Percevez-vous facilement l’éner-
gie d’une personne ou d’un lieu ? Êtes-vous conscient de vos échanges
énergétiques ?

09 Chapitre 9 164 4/29/03, 09:34


La gestion du capital créatif

Les cinq attitudes du fin stratège

Tout au début de mon cheminement, constatant à quel point mon


passé et mes habitudes ralentissaient mes efforts, je développai
et j’intégrai une stratégie me permettant de les déjouer. Ennemis
numéro un, ils consommaient trop d’énergie pour que je les ignore.
Paradoxalement, ils fouettaient ma détermination à devenir plus
puissant et créatif. Tel un acteur, je commençai à mettre en prati-
que de nouveaux comportements reflétant cette puissance. À mon
grand bénéfice, j’ai donc apprivoisé et assimilé la formule suivante
à ma vie :
Ego + Identité = Personnalité => Indivi/dualité.
L’ego représente le paradigme existant, la somme de tout ce qui
constitue je, ici / maintenant. À n’importe quel moment, l’ego peut
concevoir un Soi, c’est-à-dire une identité transcendantale de tout
ce qu’il souhaite, peut et voudrait devenir. L’ego, celui qui parle en
tout temps, peut ajouter l’identité indispensable pour incorporer ce 165
qu’il veut à ce qu’il est. Ce qui ressort de cette fusion produit une
personnalité qui devient in/divisible, un individu, je / non-je.
Longtemps, je me suis voué à mieux me connaître et me
comprendre. À la réflexion, je compris que mon rêve ultime était
la liberté totale. Plus je me prenais en charge, plus j’allégeais ma
vie en me libérant des obstacles qui m’empêchaient de croître et
de me développer. Cette nouvelle liberté était proportionnelle à la
quantité d’énergie qui s’offrait à mon usage et à la joie que je res-
sentais au fur et à mesure que je me détachais de l’inutile. J’adoptai
des stratégies précises que je pratiquai avec diligence.
Une autre formule a aussi retenu mon attention :
Attitude x Fréquence = Passion.
Très simple, cette expression signifie que plus nous pratiquons
une attitude stratégique, plus nous devenons créatifs et passionnés
de l’être. En fait, visitant fréquemment les mêmes couloirs neuro-
logiques de notre cerveau, nous pouvons transformer la nouvelle
attitude en bonne habitude. Le paradigme évolutif émerge de l’in-
tégration de cinq identités différentes. En adoptant et pratiquant
chacun des rôles suivants : chasseur, rêveur, clairvoyant, guerrier et
maître-communicateur, nous pouvons faciliter le processus créa-
tif, résoudre un problème personnel ou professionnel, élaborer un
nouveau projet ou réaliser un rêve.

09 Chapitre 9 165 4/29/03, 09:34


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

L’exercice suivant est une technique de jeu de rôle qui permet


de transformer l’information en idées créatives et en projets renta-
bles. Reposant sur la façon naturelle dont le cerveau s’organise de
lui-même, il nous invite tour à tour à chercher de l’information dans
le rôle du chasseur, à l’incuber dans le rôle de rêveur, à l’analyser
comme clairvoyant, à implanter le fruit de notre labeur analytique
à titre de guerrier et à communiquer notre intention aux autres.
Le chasseur est à la recherche d’informations qui complètent
une idée, un concept ou un rêve. Il ne pense pas, ne juge pas,
n’émet aucune hypothèse et évite les conclusions hâtives. Il pose
des questions et écoute attentivement les réponses. Poursuivant
l’accomplissement de ses besoins, il est toujours en alerte, attentif
à tout renseignement, indication ou révélation pouvant l’aider à
atteindre cet objectif. Dès lors, le paradigme qui veut devenir créatif
et évolutif part d’abord à la conquête de ses habitudes limitatives.
Pour les trouver, il développe l’art de se traquer, ce qui signifie qu’il
166 doit examiner son paradigme pour découvrir comment il pense,
réagit aux événements quotidiens et investit son énergie. Il identifie
sa fenêtre de perception, le point à travers lequel il assemble sa
réalité. Il cherche à découvrir quel est le principal adversaire de sa
vie (un état de santé global débilitant, la peur, une sensation de ne
pas maîtriser sa vie, un manque de rêve ou d’intention).
Le rêveur transforme l’information en idée créative et rêve au
résultat de sa poursuite. Il commence à rêver à lui et ce qu’il peut
devenir, à se voir créatif et magique, à modifier la position de son
attention sur le monde extérieur ou de son point d’assemblage. Il
explore son monde intérieur en apprenant à visualiser et à méditer.
Il tire une synthèse créative de ses trouvailles et réconcilie les con-
tradictions. Parmi les informations reçues, il discerne les obstacles
qui nuisent à son évolution.
Le clairvoyant juge de la pertinence de l’information, eu égard
au concept né de la réflexion du rêveur. Il est son pire critique et
utilise tout outil lui permettant d’être le plus objectif possible dans
sa subjectivité. Il vérifie le bien-fondé des informations et élabore
le plan d’action menant du paradigme existant au paradigme évo-
lutif.
Le guerrier passe à l’action. Il sait qu’il est son principal obs-
tacle et le champ de bataille de sa propre guerre. Le guerrier se
concentre sur la qualité de son énergie, sur ses forces et ses alliés
personnels, réduisant ainsi la puissance de ses propres faiblesses

09 Chapitre 9 166 4/29/03, 09:34


La gestion du capital créatif

et de ses ennemis intérieurs. Il reconnaît que ce ne sont pas les


autres qui risquent de lui nuire, puisqu’il réussit à le faire lui-même,
efficacement. Il est conscient que ses propres doutes, peurs ou son
manque de confiance le ralentissent beaucoup plus que la résis-
tance d’un rival. Il s’exerce au détachement et investit sa volonté
à faire des gestes impeccables. Il planifie des stratégies, vainc la
procrastination et passe de l’hypothèse à l’action. Il pratique ses
nouvelles habiletés avec diligence, se libère de son ego et réalise
des prouesses hier encore impensables.
Le guerrier agit avec intention, investissant stratégiquement
son énergie. Il expérimente sa vie de l’intérieur, et non comme
une réaction aux stimuli provenant de l’extérieur. Il prend la res-
ponsabilité de choisir comment il veut être et vivre. Il lutte pour
se libérer de ses limites et traque l’harmonie et la joie. Il maximise
l’utilisation de son énergie en donnant le meilleur de lui-même
dans tout ce qu’il accomplit. Il transforme chaque geste en acte
de pouvoir, devenant chaque fois plus puissant et plus heureux. 167
Tourné vers l’expansion de sa conscience, son regard n’est pas juge
mais acteur, employant toute sa volonté, sa sobriété et sa stratégie
à atteindre cet objectif.
Le maître-communicateur est, avant tout, passé maître dans la
stratégie. Artisan de son succès, il crée les conditions qui stimulent
et maintiennent chez le destinataire un intérêt pour sa communi-
cation (en latin communis signifie commun). Ainsi, lorsqu’il commu-
nique, il tente d’établir une communauté avec quelqu’un en vue de
partager une information, une idée ou une attitude.

Exercice créatif : la pensée stratégique

Ego + Identité = Personnalité -> Individualité


Ego : ce qu’on est (éducation, connaissances, expériences, etc.)
Identité : ce qu’on peut devenir (les rôles créateurs qu’on peut adopter)
Personnalité : la fusion des deux, l’acteur
Individualité : le fin stratège est celui qui endosse tous les rôles à volonté et selon
ses besoins. Il est responsable de ses actes et va au bout de sa démarche (s’actualiser,
réaliser un rêve, réussir un projet, développer une idée…). Sa connaissance du processus
d’actualisation personnelle le stimule à répondre à ses besoins.

09 Chapitre 9 167 4/29/03, 09:34


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Attitude x Fréquence = Passion


Le fin stratège est :

chasseur
Il est à la recherche d’informations et il pourchasse l’accomplissement de ses besoins
(individuels, culturels, sociaux, professionnels…). Il doit donc :
Reconnaître ses buts ;
Transcender ses peurs ;
Être le plus curieux possible ;
Être à la recherche d’idées différentes ;
Être généraliste ;
Faire partie de différents réseaux ;
Sortir de sa boucle, de son univers personnel ;
Visualiser l’image globale de sa démarche ;
Se laisser inspirer par tout ce qui l’entoure ;
168 Comprendre et utiliser les obstacles, et ainsi de suite.

rêveur
Il transforme l’information en idée créative et rêve au résultat de sa poursuite. Il doit
donc :
Mettre de l’ordre dans ses trouvailles, ses informations ;
En faire une synthèse ;
Imaginer l’impossible ;
Visualiser / méditer ;
Inventorier les contradictions et les réconcilier ;
Être extravagant ;
Être l’avant-coureur de l’utopie ;
Être ouvert à tout ;
Éviter de s’accrocher à une nouvelle idée ;
S’adapter et se transformer continuellement, etc.

clairvoyant
Il juge de la pertinence de l’information et, en plus de questionner le processus de sa
démarche, il s’interroge ainsi :
Qu’est-ce que je veux accomplir ?
Quel processus dois-je appliquer ?
Quels sont les avantages / désavantages de ce processus ?

09 Chapitre 9 168 4/29/03, 09:34


La gestion du capital créatif

Ai-je mûrement réfléchi ?


Si je ne peux atteindre mes buts, que puis-je en retirer ?
Qu’est-ce que j’anticipe ?
Est-ce que mes attentes sont encore justifiées ?
De quels faits / informations suis-je inconscient ?
Suis-je prêt à passer à l’action ? etc.

guerrier
Il passe à l’action et entreprend sa démarche. Il sait maintenant qu’il est son principal
obstacle et son propre champ de bataille. Il comprend qu’il doit devenir un fin stratège
et :
Planifier sa stratégie ;
Passer de si à c’est ;
Être impitoyable, rusé (habile), patient et doux ;
Prendre la responsabilité de tous les détails ;
Vaincre la procrastination ; 169
Se débarrasser de toutes ses excuses ;
Laisser choir ses attitudes défensives ;
Être persévérant ;
Maîtriser le scénario gagnant-gagnant-gagnant ;
Être pragmatique, etc.

maître-communicateur
Il est le Verbe de la cocréation et l’artisan de sa joie. Il doit donc :
Comprendre la nature du changement et la résistance à celui-ci ;
Se stabiliser dans l’émotion positive = l’amour ;
Communiquer par la lumière de ses yeux ;
S’exprimer clairement et avec simplicité ;
Comprendre qu’une excessive rapidité est néfaste ;
Être réceptif et empathique en tout temps ;
Établir continuellement le contact avec le meilleur de lui-même ;
Promouvoir l’excellence et l’idée de bien faire ;
Comprendre le pouvoir du silence ;
Différencier les questions des objections, etc.

09 Chapitre 9 169 4/29/03, 09:34


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

La gestion créative de soi

Intégrez les cinq rôles d’un penseur créatif et d’un fin stratège dans
votre vie et vous acquerrez l’intelligence de la transformer de la
façon que vous choisirez. Cet outil peut être utilisé pour clarifier
vos idées, concevoir et implanter des solutions et des plans straté-
giques, pour améliorer vos relations avec les autres, atteindre vos
buts et plus encore.
Avec le temps, vous accumulerez une abondance d’informa-
tions sur des sujets d’intérêt qui satisferont vos besoins et ceux des
autres. Vous pouvez consciemment tranformer cette information
en concepts créatifs en y ajoutant une valeur, votre propre inter
legencia, pour ensuite les relâcher dans le marché global, si tel est
votre désir.

Soyez un chasseur
170
Les experts disent qu’une idée à laquelle nous ne réagissons pas
dans les quelques minutes qui suivent s’étiole et disparaît. Écrivez
vos idées et vos réflexions, même partielles. Avec le temps, ce que
vous avez noté peut devenir un concept, une notion, un projet, etc.
Au bout d’un certain temps, des idées qui semblaient disparates
peuvent être liées en une synthèse surprenante.
Les chasseurs traînent un calepin de notes avec eux pour écrire
leurs découvertes. Il n’est pas nécessaire de comprendre d’où vient
une idée, pourquoi elle apparaît ou comment elle se lie aux autres
idées. Ce qui est important est de bien clarifier les raisons de votre
recherche, de rester alerte et de considérer avec un esprit ouvert
toute information qui peut illuminer votre quête.
Si vous avez répondu aux questions posées dans les chapitres
précédents, vous disposez déjà d’une bonne image de vous et de
l’état actuel de votre vie. C’est un bon endroit pour commencer.
Examinez la Synthèse théophysique 7, à la page 119, et déter-
minez les niveaux de besoins qui demandent une amélioration de
votre culture personnelle. Si votre état de santé n’est pas idéal,
notez vos habitudes alimentaires et leurs effets sur la qualité de
votre énergie. Si vous ne faites pas d’exercices régulièrement, com-
mencez à réfléchir sur une formule simple qui pourrait être appro-
priée et intégrez-la doucement, mais fermement, à votre vie.

09 Chapitre 9 170 4/29/03, 09:34


La gestion du capital créatif

Prenez conscience de votre vitalité énergétique ou de votre état


émotionnel et détectez votre mode habituel de perception.
Êtes-vous stressé, calme, colérique, agressif, serein, soumis, plaintif, opti-
miste ? Quelles sont vos émotions habituelles et quels sont leurs effets sur
votre énergie vitale ? Votre sens de l’éthique est-il incorruptible ? Êtes-vous
satisfait de vos relations interpersonnelles ? Vous surprenez-vous souvent
à dire : « Je n’y peux rien ! » ou « Je n’ai pas le choix » ?
Examinez l’ensemble de votre vie et remarquez si vous êtes
globalement satisfait de ce que vous constatez jusqu’à présent.
Aimez-vous la personne que vous êtes aujourd’hui ? Souffrez-vous d’un
manque de confiance en vous ? D’une anémie émotionnelle ? Votre volonté
est-elle activement engagée à réaliser vos rêves ? Que manque-t-il à votre
qualité de vie ? Avez-vous adopté des moyens d’améliorer vos quatre
premiers niveaux de besoins ?
Reportez-vous à la Synthèse théophysique 9 en page 148 et 171
notez vos réponses habituelles aux situations qui ponctuent votre
vie.
Avez-vous tendance à être totalement emporté par une émotion ? Êtes-
vous si rationnel que le mot intuition vous fait frémir ?
Votre réalité dépend de la façon dont vous vous sentez. Si vous
êtes triste, la vie est pluvieuse malgré un soleil radieux. Si vous êtes
enthousiaste, le défi de la vie vous excite et même les embûches
vous font saliver. Constatez vos humeurs et consignez ce que vous
reconnaissez chez vous. Ne culpabilisez pas : à cette étape, vous ne
faites que pourchasser l’information, sans l’évaluer ni l’analyser.

Soyez un rêveur

Le rêveur visualise la façon dont les choses pourraient être, prend


note de ce qu’elles sont présentement, puis construit le pont entre
ici/maintenant et le futur réalisé. Il donne premièrement forme
aux perceptions intérieures et choisit ensuite les relations qu’il
désire établir à l’extérieur. Bien les imaginer produit un résultat
magique.
N’hésitez pas à rêver pour améliorer votre vie puis allez dans
la direction suggérée par vos rêves. Cette étape du rêveur vous
amène à incuber l’information et à façonner l’individu créatif qui

09 Chapitre 9 171 4/29/03, 09:34


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

n’attend que vous pour se manifester. Pour vous aider à rêver votre
alter ego du futur, utilisez les Synthèses théophysiques 6 et 9 aux
pages 114 et 148.
Appuyez votre nouveau profil sur la joie ; rêvez et visualisez,
sachant que rien n’est immuable. N’oubliez pas que vous continuez
à changer et que cette image de vous changera avec vous. Adoptez
l’image future de vous que vous aimeriez être ici et maintenant.
Avez-vous identifié les niveaux de vos besoins qui requièrent une attention
particulière ? Avez-vous une meilleure idée de la façon dont vous répondez
aux situations ? Connaissez-vous mieux vos schémas émotionnels ?

Soyez un clairvoyant

Lorsque nous avons une bonne idée de ce que nous voulons deve-
nir, de notre destination, il est impérieux d’évaluer le processus
172 qui nous y mène. Si nous investissons notre volonté dans notre
capital créatif, le résultat se prouvera de lui-même. Au contraire, si
nous sommes attachés à notre objectif, nous utilisons une quantité
d’énergie qui n’est plus disponible pour le processus, compromet-
tant la qualité du résultat.
L’histoire zen suivante ajoute une saveur exotique au sujet.
Il était une fois un jeune garçon qui avait traversé le Japon pour
se rendre à l’école d’un célèbre maître d’art martial. En arrivant au
dojo, il fut reçu en audience par le sensei.
« Que désires-tu de moi ?
– Je veux être votre élève et devenir le meilleur karatéka du pays.
Combien de temps dois-je étudier ?
– Au moins 10 ans.
– C’est très long 10 ans. Et si j’étudiais deux fois plus que vos
autres étudiants ?
– Vingt ans.
– Vingt ans ! Et si je pratiquais nuit et jour en y mettant tous
mes efforts ?
– Trente ans.
– Comment est-ce possible d’avoir besoin de plus de temps
pour étudier, si je travaille si fort ?
– La réponse est claire. Lorsqu’un œil est fixé sur la destination,
il ne reste qu’un œil avec lequel nous pouvons trouver la Voie. »
Si nous examinons une idée pendant que nous avons l’œil sur

09 Chapitre 9 172 4/29/03, 09:34


La gestion du capital créatif

un objectif, nous en teintons les résultats, ce qui fausse les faits et


les véritables conclusions qui peuvent en découler. La plupart des
gens sont victimes de ce piège. Imaginez un personne qui désire
perdre 10 kilos et qui se concentre sur cet objectif, altérant tempo-
rairement ses habitudes sans s’interroger sur ce qu’elle mange, ou
pourquoi. L’idée qu’un objectif spécifique dans le temps donnera un
résultat permanent, sans égard pour les habitudes, est irréaliste.
Dans cet exemple, être orienté par le processus signifie appren-
dre à bien manger, à faire de l’exercice et à écouter son corps afin
d’atteindre le poids idéal. Tout plan d’amélioration de soi doit
reconnaître l’ennemi qui s’opposera aux changements suggérés.
Comme clairvoyant, vous pouvez abattre cet ennemi en choisissant
(des faits recherchés et des concepts rêvés) l’information qui vous
permettra de réaliser vos rêves.
Dans son livre, The Art of Strategy, R.L. Wing propose quatre
étapes distinctes qui facilitent le passage à l’acte3.
173
Les quatre étapes de l’art de la stratégie
 Analysez la situation
Il est primordial de savoir si vous êtes prêt à relever le défi. Si vous décidez qu’une
meilleure estime de soi vous rapprocherait de ce que vous voulez être, examinez chaque
facette de la situation et observez ses effets sur votre vie. Si vous considérez que le jeu
en vaut la chandelle, que vous pourrez fournir l’effort requis pour ce changement et que
vous êtes déterminé, c’est que vous êtes prêt.
 Apprenez-en le plus possible sur votre adversaire intérieur
Familiarisez-vous avec ses habitudes, ses schémas de réaction et ses effets sur les autres
aspects de votre vie. Où, quand et comment démontrez-vous une faible estime de vous ?
Vous avez pris des notes durant votre travail de chasseur : cernez alors votre proie le plus
précisément possible.
 Développez une stratégie gagnante
Soyez précis, minutieux et préparez votre plan d’action. Évitez les demi-mesures et
intégrez des récompenses et diverses formes d’encouragement. Bâtissez votre stratégie
comme vous le feriez pour vous débarrasser d’un insecte nuisible. Gagner cette guerre
entre vous et votre adversaire requiert une bonne préparation : pas d’apitoiement,
d’excuses ni de culpabilité. S’il le faut, participez à une formation ou lisez un livre sur
––––––––––
3 Wing, R. L. The Art of Strategy, Dolphin/Doubleday Book, 1988.

09 Chapitre 9 173 4/29/03, 09:34


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

la stratégie.
 Évaluez votre stratégie et ses chances de réussite
Avant de passer à l’action, il est important d’examiner votre plan d’action pour vous
assurer qu’une fois en place, tout se déroulera pour le mieux. Si vous avez prévu cer-
taines étapes qui risquent d’affecter votre famille, vous avez besoin d’en connaître les
retombées éventuelles afin d’éviter d’avoir à ralentir ou à modifier votre démarche.

Passez à l’action. La compréhension et les ajustements ne peu-


vent que suivre l’action, non la précéder.
Avez-vous identifié votre adversaire ? Dans l’affirmative, avez-vous planifié
une stratégie ? Êtes-vous prêt à mettre cette stratégie en application ?

Soyez un guerrier
174
Votre rôle de guerrier vous amène à ajuster votre propre position
dans le monde. Si nécessaire, utilisez les ressources appropriées
dans la communauté pour soutenir votre démarche. Pour expulser
votre ennemi intime, assurez vos arrières contre une chute possible
en extirpant tout élément de votre environnement qui contribue au
problème. Si fumer abaisse votre estime de soi, cessez de fumer. Si
quelqu’un a tendance à abuser de vous, prenez congé de lui pour
un temps indéterminé.
Soyez vigilant, car votre détermination et votre intention créative
sont critiques. Engagez toute votre volonté dans votre stratégie et
évitez les pièges émotionnels. Soyez impitoyable, rusé, patient et…
doux ! Adoptez l’attitude du paradigme créatif et de ses plans de cons-
cience, vous serez surpris des résultats. Surtout, ne vous stressez pas,
mais exercez-vous sans cesse. Commencez à vous visualiser à votre
meilleur, sans obstacle dans votre vie. Conservez cette image et accor-
dez-vous du temps, chaque jour, pour voir ce nouveau je en action.
Gérez votre qualité d’énergie, le meilleur outil à votre disposition. En
fait, plus votre niveau d’énergie est élevé, plus vous êtes en mesure
d’agir efficacement. Le plus grand danger réside dans une discipline
faible ou inexistante, des objectifs qui ne vous inspirent pas, une tac-
tique sans éthique et une stratégie complaisante ou répressive.
Si votre santé et votre joie de vivre en dépendent, vous n’avez rien
à perdre à passer à l’action. « Lorsque vous n’avez rien, vous n’avez

09 Chapitre 9 174 4/29/03, 09:34


La gestion du capital créatif

rien à perdre », chante Bob Dylan. Si vous êtes très timide, faites du
théâtre d’improvisation, jetez-vous à l’eau et donnez une conférence,
chantez au beau milieu d’un parc. Faites taire vos résistances et agis-
sez malgré tout.
Avez-vous tout ce qu’il vous faut pour passer à l’action ? Dans la néga-
tive, adoptez de nouveau le rôle du chasseur. Dans l’affirmative, êtes-vous
prêt à agir dès aujourd’hui ?

Soyez un maître-communicateur

Un maître-communicateur capte l’attention de son interlocuteur


avant de partager son propre message. Soyez réceptif à l’impact de
vos communications sur les autres et voyez comment vous pouvez
les améliorer. Écouter ne se fait pas seulement en silence, mais en
démontrant un réel intérêt à ce que vous entendez. Les commu-
nicateurs efficaces décodent le langage du corps, les humeurs et 175
les mots pour avoir une idée globale de ce qu’ils entendent. Soyez
conscient des résistances que vous provoquez et utilisez une stra-
tégie pour les minimiser.
Il est probable que vos proches soient affectés par les chan-
gements que vous apportez dans votre vie. Pour faciliter votre
démarche et éviter les résistances, il serait utile d’élaborer une
stratégie créative. Ne parlez pas inutilement de vos projets, cela
évite de dilapider votre énergie, surtout si vous croyez devoir les
défendre. Vous n’avez pas besoin de faire participer tout le monde
à votre démarche, à moins d’être absolument convaincu que l’aide
que vous recevez en assure le succès.
Croyez-vous être réceptif aux idées d’autrui ? Avez-vous tendance à inter-
préter les questions comme des objections ? Votre voix et vos yeux reflè-
tent-ils votre confiance lorsque vous exposez une idée ou un projet ?

La transformation par tâches

Pour que la vie devienne passionnante, il faut déterminer un champ


d’application à notre gestion du capital créatif, un domaine spé-
cifique. Puisque personne ne veut changer sans avoir de bonnes

09 Chapitre 9 175 4/29/03, 09:34


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

raisons, celui qui s’engage à actualiser son rêve doit posséder une
vision qui le pousse à croître et à évoluer.

La transformation par tâches est une


façon de provoquer une expansion de
notre conscience par la pratique d’ac-
tions créatives.

En passant du rêve à son accomplissement, non seulement


nous concrétisons une pensée, donnant forme à l’informe, mais le
processus même nous rend plus puissants.
À titre de consultants en créativité, Suzy et moi avons eu
l’occasion d’accompagner de nombreux individus et groupes à la
quête de leur rêve ou de leur mission. Souvent, nous enseignons
le processus et les outils à des personnes qui poursuivent seules
leur cheminement. À d’autres moments, nous avons le mandat de
donner forme au rêve commun d’un groupe. Un de ces rêves est
176 un magnifique projet dans une forêt pluvieuse du Costa Rica. Pour
maintenir cette vision importante, nous avons utilisé des attitudes
et des techniques de créativité et pratiqué l’art de la magie, soit
l’habileté à provoquer un changement en accord avec notre volonté,
la science pure et appliquée. Transformer ce rêve en réalité est une
excellente façon de mettre en application notre intelligence créa-
tive, notre sagesse, et d’engager notre volonté. Pour actualiser ce
rêve, nous avons adopté les cinq attitudes du fin stratège et leurs
outils inhérents. Malgré l’identité propre à chaque attitude, toutes
sont liées aux autres et composantes d’une image plus grande que
la somme de ses parties. Si nous devons reculer, nous pouvons
directement reprendre l’attitude appropriée, mais lorsque nous
sommes prêts à poursuivre la marche, il est nécessaire de respec-
ter l’ordre établit. Ceci veut dire que si nous pratiquons l’attitude
du clairvoyant, mais qu’il nous manque une ou plusieurs informa-
tions, nous pouvons directement adopter le rôle du chasseur pour
redevenir, ensuite, rêveur, puis clairvoyant.

Pourchasser

Lorsque nous avons accepté le mandat au Costa Rica, nous avons


immédiatement recherché tous les renseignements se rapportant
à ce dossier. L’exercice créatif de la pensée abstraite est un magnifique

09 Chapitre 9 176 4/29/03, 09:34


La gestion du capital créatif

outil pour identifier ce que l’on sait déjà, individuellement ou en


groupe, afin de ne pas avoir à réinventer la roue. Nous l’avons appli-
qué pour dresser la liste de toutes les questions relatives au projet,
avant de partir à la chasse aux informations. Nous avons d’abord
visité le site choisi, puis procédé à la collecte exhaustive des don-
nées indispensables à l’élaboration du concept. Cette recherche
s’étendait de la météorologie locale à toutes les dépenses associées
à l’aménagement du terrain.
En adoptant le rôle de chasseur, nous devons être suffisam-
ment disciplinés pour éviter de juger ou analyser le résultat de nos
recherches avant qu’elles soient terminées. Puisqu’il est facile pour
le paradigme de rejeter ou d’accepter a priori l’information, nous
apprenons ici à le transcender, n’accordant aucune importance aux
réactions naturelles de notre perception. Ce qui pourrait ou devrait
être, est ignoré au profit de ce qui est et ce qui sera.
Utilisée à des fins de développement personnel, la pensée
abstraite peut aider le chasseur à constater ce qu’il connaît déjà 177
sur lui et à dresser un inventaire de ses forces et ses faiblesses. Il
peut explorer toutes les directions, relevant toutes idées qui se
présentent, même les plus saugrenues. Une fois sur papier, il est
facile de regrouper chacune d’elles sous des thèmes appropriés,
d’examiner ce qu’elles cachent et ce qu’elles révèlent.

Exercice créatif : La pensée abstraite

Introduction
Tirée de l’exercice appelé Brainstorming, développé par Alex Osborne en 1952, la pensée
abstraite permet d’aller chercher dans l’ensemble des participants tous les éléments con-
nus d’un sujet, d’une situation, d’une idée. Ainsi, ce qui est inconnu dans un paradigme
peut très bien être monnaie courante dans un autre. Cet exercice facilite le partage
d’informations, d’idées et de sagesse.
La pensée abstraite stimule le flot d’idées, d’opinions, de concepts et de solutions, sans la
contrainte de la discussion ou des interruptions. Cela évite de passer outre les évidences
et favorise l’émergence de nouvelles directions ou orientations.
Cette activité de groupe peut également être très profitable pour une personne en
manque d’inspiration ou captive de sa propre pensée. C’est un outil efficace pour une
première exploration de solutions ou de voies possibles afin de résoudre un problème,

09 Chapitre 9 177 4/29/03, 09:34


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

d’ajuster une situation ou d’implanter une nouvelle idée, un nouveau produit ou


concept.

Directives
1. Utiliser un tableau de conférence et des feutres ;
2. Choisir un modérateur ;
3. Éviter tout jugement ;
4. Insister pour noter toutes les idées ou suggestions ;
5. Encourager l’humour ;
6. Lier les idées semblables ou qui dénotent une tendance ;
7. Faire ressortir les idées qui peuvent être limitées par les tendances.

Notes
Définissez clairement l’objet du remue-méninges ;
Pour ne pas interrompre le flot des idées, évitez de commenter ou d’analyser les sug-
gestions ;
178 Faites preuve d’humour, car ses effets psychocorporels aident à transcender les inhibi-
tions ;
Pourchassez autant de suggestions que possible ; les limites sont contraires à l’esprit
même de cet exercice.

Rêver

Nous avons ensuite examiné le produit de notre chasse, ayant


maintenant une meilleure idée de ce qui pouvait être bâti dans
cette région du Costa Rica et dans quelles conditions. C’est à ce
moment que la vision globale du projet a commencé à prendre
forme. Utilisant l’outil créatif des pensées divergente et convergente,
nous avons laissé libre cours à notre imagination en éclatant le con-
cept en 1000 morceaux pour, finalement, le reconstruire en version
améliorée, élargie, évoluée.
Un bon exemple de la façon d’utiliser personnellement cet exer-
cice nous fut donné par un client qui désirait ardemment quitter
son emploi pour devenir entrepreneur. N’ayant encore aucune idée
claire de son projet, nous lui avons proposé d’employer cette sorte
de mind-mapping pour l’aider à découvrir ce qu’il voulait réellement.
Examinant la joie dans sa vie, il prit plusieurs semaines pour rêver,
un crayon à la main. Puis il brandit le résultat de son travail et nous
annonça en souriant qu’il ne voulait plus être… entrepreneur ! Il

09 Chapitre 9 178 4/29/03, 09:34


La gestion du capital créatif

avait pris conscience que plus de 80 % de ce qui lui apportait de


la joie provenait de ses relations avec sa famille. Il savait qu’une
nouvelle entreprise requiert un investissement de temps qui aurait
pu l’éloigner des siens. Il n’était pas prêt à faire ce compromis avant
que ses enfants soient indépendants. Il avait compris que ce qu’il
cherchait était une façon d’être plus autonome et responsable,
d’avoir une meilleure emprise sur sa vie. Suivant nos conseils, il
s’appliqua à devenir un intrapreneur, soit un entrepreneur dans
une structure qui ne lui appartient pas en propre. Aux dernières
nouvelles, il a été recruté pour dispenser des formations sur le sujet
et il est… heureux !
Le travail du rêveur nous pousse à explorer notre imagination,
notre intuition et notre capacité de visualiser tout en considérant
la nature des informations obtenues par le chasseur. Il exige beau-
coup de discipline pour ne pas se laisser emporter ou limiter par les
images fournies par notre cerveau et par les désirs du paradigme
existant. L’apprentissage des exercices psychocorporels, présentés 179
aux pages 99 et 178, aide le rêveur à arrêter son dialogue interne et
à affiner sa vision. Pour ce faire, il évite de gaspiller son énergie en
rêveries inutiles pour se concentrer sur ce qui peut être fait.
Employant la joie comme point de départ, le rêveur utilise
l’exercice des pensées divergente / convergente pour l’aider à clarifier son
image. Possédant une meilleure idée de ce qu’il veut et ne veut pas
dans sa vie, il découvre ou confirme les voies qui mènent à la joie
et celles qui lui permettront d’actualiser le profil qu’il désire. Cet
outil facilite l’expression libre et intuitive, sans jugement ni critique,
à laquelle s’ajoutent analyse et pragmatisme.

Exercice créatif : La pensée divergente

Introduction
Cet exercice a été développé par l’auteure Gabrièle Lusser Rico qui l’appelle grouper. Il
stimulera votre imagination à dériver librement autour de concepts, d’idées, de projets...
Parce que sa structure est ouverte, vous pouvez sans fin développer votre processus de
réflexion. La présence d’une pensée maîtresse sert de point de départ et garde les idées
centrées sur cette pensée.

09 Chapitre 9 179 4/29/03, 09:34


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Directives
1. Au centre d’une feuille de papier, inscrire un mot exprimant un concept ou une idée
que vous aimeriez développer ;
2. Encercler ce mot, puis écrire toutes les pensées, émotions et associations d’idées
qu’il engendre ;
3. Tracer un cercle autour de chacune d’elles (un mot ou deux par cercle) et les joindre
par un trait à la pensée centrale ;
4. Tirer une ligne entre les idées qui se recoupent ;
5. Laisser vos idées s’orienter dans toutes les directions ;
6. Écrire ces idées aussi rapidement que possible jusqu’à ce que plus rien ne vous
vienne à l’esprit.

Note
180
Utiliser l’exercice créatif de convergence qui pour analyser votre exploration. Grouper
vous permet d’organiser vos pensées, d’éclairer votre position actuelle ou future, d’ex-
plorer les options d’une décision, de prendre des notes ou d’étudier un sujet. Cet exercice
vous encourage à changer la direction de votre pensée rapidement et sans effort. Vous
pouvez également exploiter une idée secondaire en écrivant ce qu’elle suggère et lier les
éléments à cette idée. Exercez-vous sur n’importe quel sujet.

Exercice créatif : La pensée convergente

Introduction
L’exercice de pensée divergente étant terminé, il faut l’analyser avec une des trois
méthodes suivantes qui permet de comprendre ce que vous avez écrit. Les résultats sont
souvent révélateurs et extrêmement utiles.

Directives
1. Identifier les éléments qui ressortent le plus et à leur attribuer une couleur distincte.
Par exemple :
Rouge : aspects physiques (sports, art, etc.) ;
Jaune : aspects intellectuels (lecture, ateliers, etc.) ;
Vert : aspects émotifs (amitié, relations personnelles, etc.) ;
Bleu : activités à accomplir.

09 Chapitre 9 180 4/29/03, 09:34


La gestion du capital créatif

Reculez-vous un instant et observez comment vous vous accordez de la Joie.


2. Colorer en :
Rouge : tout ce qui vous apporte de la joie maintenant ;
Jaune : tout ce que vous pourriez ajouter à votre vie qui vous apporterait de la joie
à très court terme ;
Vert : tout ce qui vous donnerait de la joie dans un avenir plus éloigné ;
Bleu : tout ce qui vous apporterait de la joie beaucoup plus tard.
Pénétrez le kaléidoscope du temps et observez vos rêves... Peut-être vaut-il mieux
les actualiser avant que vous manquiez de temps ?
3. Cette méthode peut se faire individuellement mais il est très efficace de l’utiliser
avec les membres de la famille, les collègues ou amis. Lorsque tous les participants
ont terminé leur exercice, chacun colore les activités qui lui donnent de la joie par
ordre de priorité.
Rouge : priorité 1 ; Jaune : priorité 2 ; Vert : priorité 3 ; Bleu : priorité 4.
Examinez ensemble vos regroupements respectifs et mettez l’accent sur les priorités 181
qui se ressemblent. Quant à celles qui diffèrent des vôtres, il est plus facile de les
accepter, de les respecter et peut-être même d’y participer. Amusez-vous !

Voir clairement

L’image du concept que nous avions esquissé devait maintenant


passer le test de l’analyse. Nous avons donc élaboré un document
stratégique de développement qui cernait clairement toutes les
étapes du projet. Le rêve brillait de tous ses feux et suscitait l’en-
thousiasme des différents participants. Mais il restait une étape
importante avant de déclencher le processus. Dans le but d’analyser
tous les aspects de ce dossier, nous avons utilisé l’exercice de la
pensée latérale, conçu par Edward de Bono.
Par exemple, en portant le chapeau noir, un élément qui parais-
sait être un atout dans le chapeau jaune se révéla être le grain de
sable dans l’engrenage. Peu importe sous quel chapeau nous l’ob-
servions, il revenait inévitablement dans le chapeau noir. Pesant
lourd dans la balance, force nous fût de constater qu’il représentait
la différence entre le succès et l’échec de ce rêve.
L’action du clairvoyant est de juger, d’examiner et d’analyser au-
delà des émotions en transcendant les espoirs, les hypothèses et

09 Chapitre 9 181 4/29/03, 09:34


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

les désirs du paradigme. Le clairvoyant présente une image claire


de la situation, sans attachement ni préférence. Il pratique une
discipline intellectuelle qui le conduit au bout d’une pensée, sans
se laisser aveugler par les apparences. Cette attitude nous pousse
à augmenter notre estime de soi, sans nous sentir mal, coupables
ou malheureux face à ce que l’on découvre ou constate.
La pensée latérale est un exercice qui nous aide à assouplir le
paradigme et notre façon de voir la vie, tout en facilitant l’analyse
et l’évaluation de tous les aspects d’une idée, d’un projet, d’une
stratégie ou d’une solution. Grâce à cet outil, il est possible d’amé-
liorer considérablement nos relations interpersonnelles et de ren-
dre nos communications plus efficaces et créatives. Puisque deux
chapeaux noirs ne partagent que du négatif, il est recommandé de
regarder le chapeau que porte notre interlocuteur et d’ajuster notre
comportement en conséquence.

182
Exercice créatif : La pensée latérale

Introduction
Cet exercice de pensée latérale permettra de minimiser vos résistances, celles d’un indi-
vidu ou d’un groupe, et de faciliter la participation dans l’analyse d’une nouvelle idée ou
d’un nouveau projet.

Directives
1. Le chapeau blanc pose les questions et identifie les informations dont nous avons
besoin pour prendre une décision éclairée.
2. Le chapeau rouge exprime nos sentiments ou nos intuitions face à ce que nous
examinons. On n’a jamais besoin de les justifier.
3. Le chapeau noir expose tous les désavantages et conséquences indésirables ainsi
que les problèmes qui risquent de surgir. Il contient la logique négative, la raison
justifiant que quelque chose ne concorde pas avec les faits, réglementation, culture,
systémique, politique, etc.
4. Le chapeau jaune voit tous les bons côtés et les avantages. C’est la logique positive,
les bénéfices, avantages et raisons qui font que cela peut et doit se faire.
5. Le chapeau vert offre des solutions de remplacement et des suggestions. On y trouve
imagination, synthèse créative, alternatives, provocations, propositions, etc.

09 Chapitre 9 182 4/29/03, 09:34


La gestion du capital créatif

6. Le chapeau bleu rend le processus pragmatique en établissant le qui, le quoi, le


comment, le pourquoi et le combien des activités retenues. On peut laisser retom-
ber la poussière, examiner les étapes créatives à suivre, résumer, aller au bout d’une
pensée, planifier, questionner l’origine du projet / idée, etc.

Notes
Trier les éléments de chaque chapeau et les redistribuer sur la liste des chapeaux corres-
pondants. Par exemple, déplacer les points du chapeau noir ou du jaune qui, selon vous,
appartiennent plutôt au chapeau blanc.
Lors d’une rencontre, vous pouvez attribuer le même chapeau à tout le monde afin de
recueillir les opinions de chacun ou de guider une discussion dans une seule direction
avant d’en aborder une autre. Vous pouvez également changer de chapeau en fonction
du type et de l’orientation de la discussion. Comme maître de jeu, souvenez-vous que
vous avez le loisir d’utiliser ou de changer les chapeaux à votre guise. Amusez-vous à
changer de chapeaux aussi souvent que possible. Prenez l’habitude d’explorer.
183
L’exercice de la pensée critique est un autre outil que nous
employons régulièrement dans l’analyse du cheminement créatif
d’une décision. Supposant qu’elle ait déjà été retenue, nous l’exa-
minons rétrospectivement en tenant compte de l’ensemble du pro-
cessus et de ses étapes : ce qui s’est fait et comment, les retombées
sur les individus et les choses, la résistance rencontrée, l’utopie
examinée, l’accord atteint, l’action mise en place et l’ajustement
continu requis.

Exercice créatif : La pensée critique

Introduction
Cet exercice de pensée en cheminement créatif est un puissant outil assurant l’implan-
tation d’un objectif commun dans une période de temps restreinte.
La technique a été conçue afin de nous permettre de constater immédiatement les
retombées d’une idée ou d’un projet et de prévoir l’effet des changements nécessai-
res. L’exercice peut être utilisée avec n’importe quelle autre technique pour définir la
nécessité du changement. Cependant, après un jugement final et une prise de décision,
l’action est critique.

09 Chapitre 9 183 4/29/03, 09:34


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Directives
Planifiez et orchestrez une qualité de temps. Seul ou en groupe, contemplez et enregis-
trez votre perception à mesure que vous rêvassez à travers ces huit fenêtres sur le futur.
La fenêtre rouge :
1. Ce qui sera
Quels sont les paramètres de ce qui doit être fait ? Du présent vers le futur.
2. Ce qui était
Rétrospectivement, que s’est-il fait ? Du futur vers le présent.
La fenêtre orange :
3. Les gens
Quelles sont les répercussions émotives et physiques sur les ressources humaines ou les
personnes engagées dans le projet ?
4. Les choses
Quelles sont les répercussions collectives sur les ressources matérielles ?
184 La fenêtre jaune :
5. La résistance
Quelle logique positive peut être utilisée pour planifier les stratégies qui minimiseront
les résistances ?
La fenêtre verte :
6. L’utopie
Considérant les intérêts communs en vue de gains mutuels, quelle est l’évolution idéale
de ces stratégies ?
La fenêtre bleue :
7. L’accord
Comment pouvez-vous obtenir un consensus pragmatique à l’intérieur d’un échéancier en
temps réel ?
La fenêtre indigo :
8. L’action
Qu’est-ce qui doit être fait immédiatement ?
La fenêtre violette :
9. Le renouveau
Quels mécanismes de suivi pouvez-vous échafauder pour assurer une adhérence conti-
nue aux principes créatifs ?

09 Chapitre 9 184 4/29/03, 09:34


La gestion du capital créatif

La fenêtre blanche :
10. La connexité globale
Liez tous les visages et toutes les tâches aux suivis et aux échéanciers, et créez une
réceptivité à l’idée de bien faire.

Note
Pour le bien de tous, nous devons agir sur les bonnes idées. Nos concepts d’entreprise
émanent de la volonté d’entreprendre ensemble un cheminement lié à l’actualisation de
ces idées. Ayant pris en considération les critères ci-dessus, il est évident que l’entreprise
n’est pas un édifice, ni les ressources matérielles ou le décor ; l’institution n’est pas un
mandat, ni une mission ; le marché n’est pas le papier qu’on échange, ni le produit ou
service qu’on offre. L’entreprise est ce que font les gens, ensemble.
La gestion créative d’un projet ou d’un rêve débute par une profonde compréhension que
l’entreprise est le temps que les gens échangent ensemble. Toutes autres pensées ne sont
jamais aussi critiques. Le cheminement créatif est la gestion d’une qualité de temps, dans
un continuum. Comment on fait des choses, est ce qui se fait. 185
Quand une bonne idée est fondamentalement liée à l’idée de faire, comme force active,
son succès est assuré. La pensée critique nous permet, en même temps, de planter des
graines et de récolter en abondance.

Devenir guerrier

Ayant terminé notre analyse, il était impérieux d’agir immédiate-


ment. Nous avons envoyé des spécialistes sur place pour jouer le
rôle de chasseurs et nous rapporter l’objet de leur recherche. Nos
soupçons confirmés, nous dûmes revoir le concept et le soumettre
à nouveau à l’œil de lynx du clairvoyant.
Ce ne fut pas un long processus, puisque le concept lui-même
n’était pas entaché : seul le site choisi aurait été sa perte. Nous
étions heureux de constater que le résultat de notre travail de chas-
seur, rêveur et clairvoyant avait évité non seulement une catastro-
phe financière, mais la mort d’un magnifique rêve. Il nous restait
encore à rencontrer les principaux intéressés pour leur soumettre
nos recommandations.
Ayant intégré les exercices de ce livre depuis belle lurette, nous
avons réussi à rire de la situation et à apprécier ce que nous avions
appris à travers cette aventure. Tel que son titre le suggère, le rôle

09 Chapitre 9 185 4/29/03, 09:35


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

du guerrier est l’action. Il exige une discipline physique, émotion-


nelle et intellectuelle qui l’entraîne au-delà du stress. Conscient
que son état émotionnel attire des pensées correspondantes, le
guerrier apprend à différencier les émotions des idées, à constater
ce qui est et à ajouter son intuition à l’équation.
Pour ce faire, il pratique et intègre à ses habitudes de simples
techniques de relaxation et de concentration. Celles-ci l’aident à
éviter les tensions inutiles et à augmenter sa créativité et sa capa-
cité d’agir efficacement. Le guerrier considère sa vie comme un défi,
relevant chacun d’eux comme une occasion de croître.
Les quatre exercices psychocorporels présentés à la fin du cha-
pitre 5 et les trois qui vont suivre sont à la fois simples et efficaces.
Si nous les adoptons, nous en tirerons rapidement des bénéfices
appréciables, parce que des voies neurales bien utilisées peuvent
devenir de bonnes habitudes ! Avoir la possibilité de se détendre
lorsque nous sommes anxieux est très précieux. Disposer de tech-
186 niques de visualisation et les utiliser à des moments appropriés
change notre rapport avec la vie.

Exercices psychocorporels
Avant de pratiquer ces exercices psychocorporels, il est bon de se reporter à ceux exposés
la fin du chapitre 5, car nous y faisons référence dans les directives données ici.

Exercice 1 : la pensée puissante


Directives
1. Adoptez votre asana. Respirez par l’abdomen, doucement.
2. Commencez avec l’exercice de relaxation. Une fois parfaitement détendu,
vous êtes prêt pour l’étape suivante.
3. Imaginez que vous êtes au milieu d’une magnifique forêt, confortablement installé
devant un feu de camp qui crépite joyeusement. Vous pouvez admirer l’ombre des
pins se détachant sur un ciel pur, éclairé par la pleine lune. Vous ne vous êtes jamais
senti aussi détendu que maintenant et la chaleur bienfaisante qui vous engourdit
vous fait glisser doucement dans une profonde relaxation.
4. Vous remarquez qu’à travers les flammes, de l’autre côté du feu, une silhouette se
dessine. Au début, il est difficile de distinguer le visage clairement, mais plus vous vous
détendez, plus il apparaît nettement. Vous regardez dans les yeux cette personne et vous

09 Chapitre 9 186 4/29/03, 09:35


La gestion du capital créatif

réalisez que c’est… vous ! Toutefois, ce vous est le vous parfait. Cet être resplendissant
de santé, de sagesse, de calme et de sérénité est la potentialité de ce qui repose en vous,
à l’intérieur. Pour la première fois de votre vie, vous pouvez vous adresser à cette intime
partie de vous déjà accomplie, réalisée
5. En regardant ce vous créatif et serein, décrivez-le sur votre écran intérieur. Comment
le personnage est-il habillé ? Comment est-il assis ? Observez l’intensité de ses yeux,
l’expression et la forme de son visage. Quelle attitude de vie détectez-vous dans ses
yeux ? En contemplant ce vous parfait, imaginez une question que vous voudriez,
plus que tout, lui poser. Formulez-la dans votre esprit, puis laissez venir la réponse.
Détendez-vous.
6. Laissez aller doucement le personnage, l’environnement, le feu et revenez calme-
ment à la réalité. Terminez cette visualisation comme dans l’exercice de relaxation.

Note
Vous pouvez aussi formuler vos questions à voix haute. Il peut être utile de noter les
réponses telles qu’elles se présentent. Le processus en lui-même est plus important que 187
les réponses. Rencontrer régulièrement le meilleur de soi vous permettra de mieux défi-
nir votre direction afin de faire émerger votre potentiel. Il est possible que votre image se
modifie au fur et à mesure de vos rencontres, mais ces changements refléteront toujours
l’ultime perfection telle que votre vous actuel le perçoit.
Exercice 2 : s’enraciner et se centrer
Directives
1. Commencez avec l’exercice de relaxation. Une fois parfaitement détendu, vous êtes
prêt pour l’étape suivante.
2. Visualisez un tube partant de la base de la moelle épinière jusqu’au centre de la
terre. Si vous êtes à l’intérieur, visualisez le tube traversant les étages avant d’at-
teindre le centre de la terre. Imaginez-le comme une prise de terre (énergiquement
parlant). Respirez doucement et profondément. À l’inspiration, visualisez le tube ; à
l’expiration, descendez-le de plus en plus loin jusqu’au centre de la terre. Sentez le
tube bien ancré au centre de la terre et attaché à votre coccyx.
3. Sentez votre squelette. Accrochez votre peau et vos organes à ce squelette, comme si
vous appliquiez du Jello à une structure de bois. Totalement relaxé, portez votre atten-
tion à votre centre (hara) situé environ à 5 cm sous le nombril. Respirez doucement par
ce centre.
4. La gravité vous signalera les ajustements nécessaires pour parfaire votre asana. Sentez-

09 Chapitre 9 187 4/29/03, 09:35


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

vous dans un équilibre physique et psychique parfait. Sentez-vous fermement, mais


souplement, ancré. Respirez doucement, profondément. Au terme de cet exercice,
ouvrez les yeux, puis bougez lentement toutes les parties de votre corps. Levez-vous
calmement.

Exercice 3 : l’oasis
Directives
1. Portez votre attention derrière vos yeux et, dans cette perception, retournez-vous.
Vous vous trouvez face à un ascenseur, dont les portes s’ouvrent doucement.
Pénétrez dans l’ascenseur ; les portes se referment. Vous commencez à descendre
lentement. Au terme de cette descente, les portes s’ouvrent et vous vous trouvez
au cœur de la nature. Tâtez l’herbe douce sous vos pieds, respirez les odeurs parfu-
mées que la brise vous apporte. Vous commencez à marcher dans une forêt millénaire
et apercevez une clairière où le soleil pénètre. Dans cette trouée se trouve un très vieil
arbre. Vous vous assoyez à son pied, sur la mousse invitante qui tapisse le sol. Votre dos
188 appuyé sur le tronc, vous soupirez d’aise. Les yeux fermés, vous écoutez le chant des
oiseaux et le rire cascadant d’un ruisseau qui coule tout près.
2. Vous respirez doucement et lentement ; votre abdomen se gonfle à l’inspiration et se
contracte légèrement à l’expiration.
3. Laissez vos tensions et vos tourments s’écouler dans le sol, sentez-vous totalement en
harmonie avec la nature. Détendez-vous complètement. Vous commencez à sentir la
sève de l’arbre circuler le long de votre colonne vertébrale ; vous pouvez sentir la vie qui
monte et qui descend dans votre dos. Vous ne faites qu’un avec lui, vous vous sentez plein
d’énergie, reposé.
4. Imaginez une situation difficile, un défi que vous devez relever. Voyez-le clairement
dans votre esprit, que ce soit sous forme d’image, de son et/ou de mots, puis faites le
vide. Laissez venir les réponses ou suggestions qui surgiront de votre intérieur. Si rien ne
vient, ne vous en faites pas ; détendez-vous. Cet endroit est une oasis de repos, de paix
et de tranquillité. En tout temps, vous pouvez revenir et profiter de cet espace qui vous
appartient.
5. Au bout d’un certain temps, lorsque que vous êtes prêt, levez-vous doucement et
dirigez-vous vers l’ascenseur. Les portes se referment sur vous et vous commencez
la remontée. Au fur et à mesure que vous montez, sentez-vous habiter votre corps et
revenir à la réalité. Sortez de l’ascenseur ; vous êtes derrière vos yeux, ouvrez-les. Bougez
doucement les doigts et les orteils, puis graduellement le reste du corps. Étirez-vous et
bâillez.

09 Chapitre 9 188 4/29/03, 09:35


La gestion du capital créatif

Communiquer créativement

Nous avions présenté notre dossier aux différents participants. Il


nous restait à nous rendre sur place pour rencontrer le vendeur, un
honnête fermier qui attendait de conclure la vente pour prendre sa
retraite. Connaissant l’amour des Costariciens pour une communi-
cation personnelle et chaleureuse, nous ne voulions pas annuler la
transaction par téléphone ou par le biais de l’avocat. Nous désirions
plutôt nous assurer que nos explications étaient compréhensibles
et apaiser tout sentiment de frustration ou de ressentiment.
Ayant intégré l’exercice de la pensée empathique dans nos rap-
ports personnels et professionnels, nous savions que les rencontres
liées à ce dossier risquaient d’être houleuses et nous étions prêts à
accueillir nos interlocuteurs. Nos efforts créatifs furent récompen-
sés derechef par l’attitude ouverte du vendeur et par l’acceptation
paisible des autres parties.
Adopter le rôle du maître-communicateur nous oblige à devenir
plus stratégique dans nos relations avec l’autre. La pratique de cette 189
attitude développe notre réceptivité et notre capacité de compren-
dre les différents paradigmes. Elle requiert une discipline spirituelle
qui nous incite à pratiquer le détachement émotionnel, à nous sentir
à l’aise en toutes circonstances. Elle nous incite à communiquer
avec la lumière de nos yeux et la puissance de notre sourire.
Pour l’aider à écouter l’autre, à le comprendre, le maître-
communicateur apprend et pratique l’exercice de pensée empa-
thique. Cet outil facilite les communications difficiles et permet
d’explorer profondément une pensée. Nous pouvons l’utiliser avec
nos proches et pour nous-mêmes, sans même un mot à qui que
ce soit.
L’origine de cet exercice remonte à la nuit des temps et, avec
quelques variantes, il était utilisé dans les communautés autoch-
tones en Amérique et en Europe. Appelé salon à la Renaissance, il
était employé par les intellectuels pour discuter, dans un salon, des
grands sujets de l’heure, comme l’art, la politique et la religion.

Exercice créatif : La pensée empathique


Introduction
Cet exercice de communication empathique permet aux intervenants de s’exprimer dans
un contexte réceptif et sans interruption. Il favorise une écoute créative et une ouverture

09 Chapitre 9 189 4/29/03, 09:35


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

d’esprit d’où tout jugement est exclu. L’esprit d’une communication empathique est de
chercher à comprendre avant de chercher à être compris.

Outils
Un bâton de paroles ;
Un engagement à respecter les règles du salon.

Directives
1. Expérimenter l’exercice dans des groupes de 10 personnes ou moins ;
2. Obtenir un accord sur le fait que rien de ce qui se dira dans le salon ne sera discuté à
l’extérieur de la pièce ;
3. Choisir une période temps fixe pour les interventions (entre 1 et 3 min) ;
4. Choisir le thème à explorer ;
5. La première période se passe dans le silence afin que chacun se prépare à l’exercice.
190 Le modérateur passe ensuite le bâton à un premier participant ;
6. Chaque participant s’exprimera sur le thème choisi pendant le temps convenu. Il
peut meubler cette période avec un ou des silences, mais en tout temps, lorsqu’il
parlera, il devra le faire avec son cœur ;
7. Sa période écoulée, il passe le bâton à quelqu’un d’autre, sans ordre précis. Il ne sert à
rien de préparer son intervention, car elle peut venir à n’importe quel moment dans
l’évolution du salon, dans 5 minutes comme dans une demi-heure ;
8. Les auditeurs écoutent créativement, c’est-à-dire sans jugement, le cœur ouvert. Ils
sont réceptifs au sens de l’intervention, de son intention créative.

Notes
Le bâton de paroles est un objet symbolique qui donne, à la personne qui le tient, le
pouvoir de s’exprimer dans le contexte décrit plus haut ;
On peut modifier l’exercice et utiliser le bâton de paroles pour n’importe quelles discus-
sions, avec un nombre plus élevé de participants. L’individu qui le désire peut alors récla-
mer le bâton de paroles et obtenir immédiatement l’écoute créative qui lui permettra de
s’exprimer sans interruption.

La transformation par tâches est une façon puissante et efficace


de développer un paradigme magique, par l’application de notre
créativité. Nous sommes convaincus que quiconque fait l’effort d’in-
tégrer et de pratiquer les cinq identités du fin stratège deviendra un

09 Chapitre 9 190 4/29/03, 09:35


La gestion du capital créatif

magicien hors pair, un individu dont l’intelligence créative garantira


la réalisation de n’importe quelle vision du possible.

La volonté d’agir et l’actualisation

Au chapitre 8, nous avons conclu que la volonté est une expérience


globale caractérisée par une détente intérieure, une perception
holiste et un sens d’unité avec l’Univers. Cet état de détachement
où la volonté semble jouer un rôle prédominant est ce que pour-
chasse l’individu à la conquête du paradigme évolutif. Il ne cherche
pas à se détacher de ses possessions ni de ses sentiments, mais
à agir sans autre but que l’action impeccable qui « consiste à faire
de son mieux, à chaque fois qu’il s’engage dans quelque chose4 ».
Moteur de sa détermination à changer, à s’actualiser, il active et
investi créativement sa volonté.
Puisque chaque paradigme est unique, le processus doit reflé- 191
ter cette unicité. Aucun des outils et exercices de créativité n’est
immuable. Toutefois, comme une nouvelle recette de cuisine, nous
vous suggérons d’abord de les essayer tels qu’ils ont été conçus,
pour ensuite les adapter à votre propre style, y ajoutant votre touche
personnelle. Depuis toujours, les techniques sont légions ; ce dont
nous avons besoin, ce sont des techniciens, des praticiens.
Un commentaire unanime dans le milieu de la formation est que
les participants mettent rarement en pratique ce qu’ils apprennent.
Un ami nous racontait récemment que depuis deux ans, il bénéficie
d’une formation de qualité en gestion. Appliquant les techniques
proposées, il est ravi d’en constater le succès. Il ajoute toutefois que
la majorité de ses collègues de travail et de formation se plaignent
de problèmes qu’ils pourraient aisément résoudre s’ils appliquaient
ce qu’ils apprennent lors des séminaires. Inutile de dire que les
cours, techniques, formules et autres programmes sont totalement
inefficaces s’ils ne sont pas utilisés. Si nous examinons le tableau
du pourcentage d’intégration d’un changement présenté à la page
27, nous constatons que les visionnaires, les pionniers, puis la
masse motivée, sont toujours les premiers à appliquer, essayer,
explorer. Comme le dit si bien le consultant en créativité Roger
––––––––––
4 Dubant, Bernard, Michel Marguerie et Guy Trédaniel. La voie du guerrier, Éditions de la
Maisnie, 1981.

09 Chapitre 9 191 4/29/03, 09:35


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

von Oech : « Nous sommes libres de choisir certains processus à


l’intérieur desquels nous désirons nous immerger. Si vous choisissez
de vous engager dans des projets qui étirent votre créativité, qui
vous forcent à explorer, à manipuler, à évaluer et à agir de façon
provocatrice, vous en serez les ultimes bénéficiaires5. »
Pour toutes les raisons que nous avons déjà exposées, jamais les
projets créatifs n’ont été plus nécessaires et les individus puissants,
plus indispensables que maintenant.
Quel projet personnel ou de société, quelle solution à un problème, quelle
promotion d’une bonne idée ne profiteraient pas du fruit du labeur d’un
paradigme devenu plus créatif ? Comment contribuez-vous à un monde
meilleur ?

192

––––––––––
5 Von Oech, Roger. A Kick in the Seat of the Pants, Harper and Row, 1986.

09 Chapitre 9 192 4/29/03, 09:35


10
Une passion pour la vie

N
ous avons un besoin urgent de protéger notre planète.
Engagés dans un tourbillon de changements qui transforme
profondément la façon dont nous voyons et expérimentons 193
la vie, nous participons à une course contre la montre qui peut, si
nous la perdons, projeter l’humanité dans un chaos dont elle risque
difficilement de sortir. Agissant tel un écosystème interdépendant,
la biosphère possède l’extraordinaire capacité de maintenir les con-
ditions indispensables à l’évolution de la vie.
L’activité humaine a compliqué ce travail en accélérant des pro-
cessus naturels qui sont à l’origine des désastres et des problèmes
écologiques qui nous affectent aujourd’hui. Étant la seule espèce
qui peut directement et consciemment endommager le futur de son
habitat, l’humanité doit choisir entre l’utopie ou l’oubli. « Le monde
est maintenant trop dangereux pour autre chose que l’utopie1 »,
insiste le biophysicien John R. Platt. L’oubli se passe de tout autre
commentaire.
Parce que la planète et l’humanité ne peuvent être dissociées,
nous vivons non seulement une crise écologique d’une magnitude
exceptionnelle dans notre histoire, mais également une désintégra-
tion de nos valeurs morales et spirituelles.
Dans son livre The World in 2020, Power, Culture and Prosperity,
Hamish McRae suggère que deux traditions bien établies aux
États-Unis se disputeront sérieusement dans les 15 ou 20 pro-
chaines années : la robuste autonomie individuelle, qui a créé le
––––––––––
1 Fuller, Buckminster. Utopia or Oblivion, Bantam Matrix Edition, 1969.

10 Chapitre 10 193 4/29/03, 09:35


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

capitalisme américain et contribué à faire de cette nation le plus


riche pays du monde, et la tendance des individus qui refusent de
prendre la responsabilité des conséquences de leurs actes. Ceux-
ci préfèrent blâmer l’État, les grandes entreprises, les compagnies
d’assurance ou n’importe qui pouvant être poursuivit en justice, ou
encore se plaindre d’avoir été désavantagés d’une façon ou d’une
autre. « L’aspect le plus alarmant, ajoute-t-il, est que cette négation
de la responsabilité individuelle s’est infiltrée dans certaines uni-
versités où il n’est pas possible de discuter des problèmes sociaux
comme résultant de la stupidité des individus ou de leur égoïsme,
de leur paresse ou de leur malice, plutôt que causés par quelque
force extérieure. »
Jamais l’homme n’a été aussi éloigné de la nature dont il est
issu. Agressé par une vie trépidante, épuisé par d’étroites notions
liées à la consommation, il a oublié le sens de la vie. « Une culture
qui, par la nature même de ce qu’elle est, se trouve aliénée de
194 son habitat naturel extérieur (c’est-à-dire la nature sauvage, les
écosystèmes fermés et autosuffisants) et intérieur, est destinée à
développer un comportement destructif, et, finalement, sans doute
un comportement autodestructeur2. » Ces mots résonnent sèche-
ment sur l’écran de notre réalité sociale. Malgré cela, ou peut-être à
cause de cela, ils portent en eux les semences d’une transformation
imminente.
Selon les écopsychologistes, la révolution environnementale
appelle une restructuration totale des relations que nous entre-
tenons avec notre biosphère et les noösphères qui l’habitent.
L’harmonie de l’individu avec sa nature profonde ne peut être com-
plète sans un lien sacré avec son habitat. Il n’est pas suffisant de
savoir intellectuellement que nous sommes inséparables du reste
du cosmos, surtout si nous percevons toujours la réalité comme
une dualité : je suis ici et le reste du monde est là-bas.

L’évolution humaine est une obligation personnelle

La décision d’évoluer est personnelle. Mais pour qu’elle soit pos-


sible, nous devons nous considérer comme une partie intégrante
de l’univers, telle une cellule du corps dans l’organisme humain.
––––––––––
2 Roszak, Gomes et Kanner. Ecopsychology, Sierra Club Books, 1995.

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Une passion pour la vie

Le biologiste Lyall Watson constate que « ce n’est qu’à travers la


conscience de la Terre que nous pouvons atteindre de plus hauts
niveaux de conscience. Sans une complète et profonde appréciation
de votre environnement, il n’y a aucune possibilité de vous étirer
au-delà de celui-ci, à un endroit qui a un sens et une significa-
tion3. »
Nous ne pouvons isoler l’évolution de l’humanité de celle de
l’univers. Teilhard de Chardin suggérait que la grande supériorité de
l’Homme Moderne sur l’Homme Primitif se trouve dans le domaine
de la connaissance de soi, dans notre capacité de nous situer dans
le temps et l’espace, au point de devenir conscient de notre place
et de notre responsabilité face à l’Univers4. Il ne fait aucun doute
que l’évolution de la conscience humaine est une étape naturelle
de notre histoire.
Cependant, chacun de nous aborde son évolution d’un point
de vue différent. Nos origines, nos objectifs, nos croyances et
notre compréhension de nous-mêmes influencent la façon dont 195
nous atteignons ce carrefour. Partageant une noösphère collective
fortement influencée par le zeigeist (la culture) de chaque époque
et teintée du paradigme des dominants, il peut sembler difficile
de s’arracher à l’emprise du commun pour actualiser notre unicité.
Pourtant, l’expansion de notre conscience est nécessaire pour
pénétrer le quatrième paradigme où nous pouvons expérimen-
ter et implanter une vision du possible qui résulte de nos efforts
créatifs.
Cette pensée est ce que l’auteur Howard Bloom appelle un
mème, c’est-à-dire toute idée ou concept qui se reproduit facilement
dans la pensée des individus et des collectivités : « La mélodie
émerge dans les rêveries de son auteur. Elle saisit le cerveau du
chanteur. Puis, elle infecte la conscience de millions d’individus.
Cette mélodie est un mème. Un concept scientifique débute comme
une faible lueur dans les pensées du chercheur. Elle se retrouve
dans une école complète d’adhérents. Ce concept est un mème, un
mouvement d’un cerveau à l’autre, se multipliant follement dans le
nouvel environnement5. »

––––––––––
3 Watson, Lyall. Gifts of Unknown Things, Destiny Books, 1991.
4 Teilhard de Chardin, Pierre. Le Futur De l’Homme, Éditions du Seuil, 1959.
5 Bloom, Howard. The Lucifer Principle, Atlantic Monthly Press, 1995.

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

Le marxisme est un mème, la chrétienté également et les élucu-


brations d’Hitler aussi. Se perpétuant dans la biologie, les gènes ont
besoin de plusieurs milliers d’années pour achever une mutation.
Les mèmes, qui se reproduisent dans l’esprit des humains, peuvent
se multiplier en moins de 10 ans et devenir un superorganisme en
transformant en pensée collective les pensées individuelles.
Rejoignant l’esprit du commentaire de Lyall Watson, quant à
l’importance vitale que peut revêtir un changement d’idée ou un
nouveau concept sur l’évolution humaine, l’expansion de notre
intelligence créative, l’évolution de notre conscience, est un mème
nécessaire. Mais pour qu’il puisse se concrétiser, nous devons quit-
ter le rôle passif de témoins du processus évolutif pour adopter une
position active dans la création d’un avenir commun. Cette tâche
requiert de chacun l’expression la plus élevée de son potentiel
créatif et l’actualisation d’une passion pour la vie.

196
Développer sa passion

De tout temps, l’homme a éprouvé le besoin de donner un sens à


sa vie, de poursuivre avec passion des rêves qui reflètent son désir
de croître et de se dépasser. Beaucoup plus qu’un engagement
émotionnel et intellectuel envers quelqu’un ou quelque chose, la
passion est un acte de dévotion, un don de notre énergie créative
et de notre enthousiasme à une activité ou à une cause qui nous
touche personnellement. Dans ce contexte, la puissance person-
nelle pourrait être définie comme la capacité d’investir notre capital
créatif dans la création d’une vie magique et dans la poursuite de
la joie.
Muriel et John James décrivent la passion pour la vie comme
un intense désir, un profond intérêt, et une volonté de canaliser les
pulsions intérieures de l’âme. Ils suggèrent que tout individu en
santé ressent ce besoin fondamental de bien vivre6.

––––––––––
6 James, Muriel et John. Passion for Life, Dutton/Penguin Group, 1991.

10 Chapitre 10 196 4/29/03, 09:35


Une passion pour la vie

Synthèse théophysique 11
Le paradigme évolutif est un paradigme passionné

Intelligence Créative + Sagesse + Volonté => Passion


Pour nourrir une passion Qui se manifeste par Réclame et développe
Pour la vie le désir de bien vivre, longtemps l’espoir
Pour la joie le désir de vivre heureux l’enthousiasme
Pour la liberté le désir d’autodétermination le courage
Pour croître le désir de trouver l’harmonie, l’estime de Soi
l’unité, la paix intérieure,
l’équilibre, etc.
Pour se réaliser le désir de trouver sa raison d’être la curiosité
Pour la connexité le désir de partager, le don de soi l’amour 197
Pour créer le désir d’accomplir, de prospérer la puissance
personnelle
Pour que cet ardent souhait puisse se concrétiser, nous avons
besoin d’une forme d’optimisme doublée d’une confiance en
quelque chose de plus grand que nous. L’espoir que demain sera
meilleur qu’aujourd’hui devrait stimuler un engagement personnel
à faire de notre mieux, à être plus que ce qu’on imagine. Les recher-
ches sur les personnes qui vivent longtemps démontrent qu’elles
ont en commun un sens de l’espoir, de l’ordre et de la maîtrise sur
leur vie. L’espérance semble encourager la longévité en réduisant
les effets du stress sur l’organisme et en améliorant l’efficacité des
systèmes d’auto-guérison7.
Jouant un rôle important dans notre espérance de vie, la joie
s’exprime comme vibration d’allégresse qui exalte toutes nos cel-
lules, le jus de la vie qui anime notre corps. Visible dans l’intensité
lumineuse du regard, elle se perçoit dans la sérénité de la voix, dans
l’humour du propos, et dans la grâce, la noblesse et la légèreté du
geste. La joie et le bonheur apparaissent lorsqu’il n’y a pas de con-
flits internes et que notre attention est pleinement engagée dans la
création de notre vie, conscients de chaque moment comme d’une
grâce. Même si nous n’y pensons pas de cette façon, la joie résulte
––––––––––
7 Shaver et Freedman. « Your Pursuit Of Happiness », Psychology Today, août 1976, pp.29, 75.

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

d’un sens d’unité, de communion avec la beauté et la perfection


de l’ordre naturel. C’est une perception intuitive que tout est à sa
place et que notre univers se déploie comme il se doit, merveilleu-
sement.
Partant, le besoin de liberté est indissociable de notre appré-
ciation de la vie. Il s’accompagne d’une passion pour l’autonomie,
l’interdépendance et la maîtrise de soi ainsi que du courage de les
concrétiser dans notre réalité. Contrairement à la croyance popu-
laire, cette capacité de sauter dans l’inconnu n’est pas une absence
de peur, mais la faculté d’agir malgré la peur. Selon Rollo May, le
courage, qui partage la même racine que le mot cœur, n’est pas une
vertu ou une valeur qui s’apparente aux autres valeurs personnelles,
tel l’amour ou la fidélité, mais le fondement qui les sous-tend et leur
donne vie. Sans le courage, notre amour pâlit dans la dépendance
et notre fidélité n’est que conformisme. Essentiel à notre être, le
courage nous aide à faire des choix évolutifs et à nous engager acti-
198 vement dans leur réalisation. Il ajoute : « Chez les êtres humains,
le courage est nécessaire pour que l’existence et la transformation
soient possibles8. »
Ainsi naît le besoin d’évoluer et de se réaliser, ce désir de
trouver sa raison d’être. Mais si nous voulons mériter d’être
heureux, sentiment qui attire à nous les conditions qui assurent
notre bonheur, il faut être assez curieux de son identité ultime
pour développer son estime de soi. Parce qu’elle est directement
proportionnelle à l’investissement de notre volonté, notre estime
augmente lorsque nous faisons des gestes créatifs qui favorisent
notre évolution et qui nous rapprochent de nos rêves. Elle diminue
énormément quand nos actes sont destructifs ou réactifs, reflétant
un manque d’amour dans notre vie.
L’amour inconditionnel contribue à l’expansion de notre cons-
cience par le sentiment d’unité et d’intégrité qui l’accompagne. Il
nous ouvre au partage et au don de Soi et peut nous libérer de la
dépendance affective et de la crainte de ne pas être aimé par les
autres. Ce sentiment n’est pas une chose, mais un état, un compor-
tement, une attitude. Différent de l’amour romantique, il assouplit
les frontières de l’ego, facilite l’émergence du Soi et transforme
notre rapport avec la vie.
L’effet de l’amour sur le corps a longtemps été reconnu dans la
––––––––––
8 May, Rollo. The Courage to Create, Norton & Company, 1975.

10 Chapitre 10 198 4/29/03, 09:35


Une passion pour la vie

pratique clinique et différentes études ont démontré qu’il améliore


les fonctions immunitaires et notre santé en général. À la clinique
Menninger de Topeka, Kansas, des tests ont prouvé que les gens
amoureux présentaient un taux élevé de globules blancs, luttant
activement contre les infections, et d’endorphines, contribuant au
sentiment d’euphorie et à la réduction de la douleur9. Profitant
d’abord à celui qui aime, aimer est un geste prodigieux qui lui
insuffle la puissance et la vitalité nécessaires à créer le monde
dont il rêve.
Ce sentiment inconditionnel pour ma fille m’a arraché de la
mort, j’en suis convaincu. Depuis, j’ai adopté en permanence cette
sensation extraordinaire qui coule toujours dans mes veines et illu-
mine ma vie. All you need is Love, chantaient les Beatles. Prescription
indispensable à la guérison de notre planète, cet acte magique
représente l’intelligence créative à la source de notre puissance per-
sonnelle et de notre faculté d’imaginer et d’accomplir. L’imagination
est la capacité de rêver et de visualiser, d’étirer sa pensée, de consi- 199
dérer diverses possibilités et de donner forme à l’informe. Puisqu’il
est impossible de créer ce qu’on ne peut concevoir ou imaginer,
nous pouvons apprendre à élaborer une image claire de la personne
que nous aimerions être ou du rêve que nous désirons réaliser.

Un saut conscient dans l’inconnu

Nous sommes un paradigme, une sphère de conscience remplie


d’informations. Évoluant dans un continuum espace-temps, notre
noösphère est composée de conscient (nos habitudes) et de sub-
conscient (nos mémoires). Elle baigne dans une mer d’inconscient
collectif (la mémoire universelle) et est issue d’une superconscience
(l’ordre créatif). En relation constante avec les autres et avec son
environnement, le paradigme peut se contracter, auquel cas l’exis-
tence devient un sombre couloir, ou il peut prendre de l’expansion
et la vie se transforme, devenant magique.
La conquête d’une nouvelle vision du monde, en l’occurrence
d’une vie hautement créative, interpelle notre description actuelle
de la réalité. La perception de ce monde alternatif doit être suscitée
afin qu’il se matérialise. En fait, elle requiert la faculté de déplacer
––––––––––
9 Blair Justice. Who Gets Sick, Tarcher Books, 1987.

10 Chapitre 10 199 4/29/03, 09:35


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

notre attention du quotidien pour effectuer un saut conscient dans


l’inconnu de notre propre vie.
Ce processus n’est pas irréalisable, ni réservé à quelques chan-
ceux. C’est un chemin pavé d’efforts, dont chaque succès nous rap-
proche de notre vraie nature, de l’être que nous avons le pouvoir
de devenir, de ce Soi qui semble parfois nous échapper. Il débute
simplement par la conviction que le paradigme existant n’est pas
suffisant, qu’il ne nous apporte pas tout ce à quoi nous aspirons.
Le saut dans l’inconnu est un éveil de l’individu à son identité
ultime. Chaque tradition particulière provenant de l’enseignement
des sages suggère qu’ils faisaient référence, chacun à sa façon, à
cette expérience fondamentale d’union entre l’ego et le Soi, entre
l’esprit humain et la pensée maîtresse. Décrivant le royaume des
cieux, le nirvâna (délivrance) ou le moksha (libération), ils révélaient
les différents aspects de l’illumination et enseignaient des pratiques
qui permettaient à l’individu moyen de se rapprocher de cet état.
200 En apprenant à contenir notre énergie et à la canaliser dans une
intention créative, nous pouvons diriger notre évolution de manière
précise et accélérer notre croissance spirituelle. Ces formules logi-
ques confirment expliquent le processus :
[Énergie contenue = Force]
[Force canalisée = Puissance]
[Puissance – Obstruction = Vitalité]

Mes 10 meilleurs conseils pour une vie magique

L’infini potentiel existe dans un continuum ; je m’y aligne ou non.


Cependant, puisque le dialogue incessant entre notre conscient et
notre subconscient bloque le flot de la superconscience et nous
empêche d’y accéder, l’arrêt du dialogue interne est une étape
indispensable à notre évolution. Multiples et variés, les outils, res-
sources, techniques et processus créatifs pouvant nous aider ne
manquent pas, il n’en tient qu’à nous de les utiliser.
Voici dix recommandations qui assurent le succès du chemi-
nement évolutif.

Trouvez une méthode de développement


personnelle qui vous attire et appliquez-
la réellement pendant un certain temps.

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Une passion pour la vie

Que ce soit le tai-chi, le yoga, la méditation ou toute autre


forme contemplative qui vous convienne, pratiquez avec diligence
et soyez assez persévérant pour que les bénéfices réels puissent
se manifester dans votre vie. Certains individus méditent quoti-
diennement et passent le reste de la journée à… se plaindre de la
vie ! La méditation n’est pas uniquement un moyen de se détendre,
elle est également une façon de devenir plus conscient, de mener
l’esprit et la pensée plutôt que d’en être victime. Toute activité peut
être un acte méditatif. Directrice de la Mind/Body Clinic du Harvard
Medical School, Joan Borysenko explique que : « Le but ultime de
la méditation est d’être constamment conscient de l’expérience
afin que la relaxation et la tranquillité d’esprit deviennent la norme
plutôt que l’exception10. »

Donnez TOUT ce que vous pouvez à TOUT


ce que vous faites afin de tirer TOUT ce
que vous devriez de TOUT ce que vous
avez fait. 201

Chaque activité est un véhicule naturel pour notre puissance


personnelle. Nous pouvons en profiter pour développer de nouvel-
les habiletés, pour nous discipliner, pour mieux gérer notre énergie
et pour apprendre à nous connaître. Le fait est que comment nous
faisons les choses est ce que nous faisons. Si vous donnez votre
maximum à ce que vous faites, vous obtiendrez des résultats. Vous
pourrez alors utiliser ce que vous avez appris de cette expérience
pour faire avancer vos plans avec confiance, détermination et puis-
sance.

Considérez TOUT comme une expé-


rience.

Puisque vous êtes le seul qui puisse y accorder de l’importance,


considérez tout ce que vous faites comme une occasion d’apprendre.
Devenez stratégique en adoptant les attitudes du fin stratège. Même
si une activité ne vous plaît pas, profitez-en pour devenir pleinement
attentif à ce que vous faites. Ceci ralentit le dialogue interne et vous
aide à apprécier le moment présent. Cette concentration dans tout
ce qu’on fait éveille et donne de l’énergie. Elle élève l’estime de Soi
––––––––––
10 Borysenko, Joan. Minding the Body, Mending the Mind, Addison Wesley, 1987.

10 Chapitre 10 201 4/29/03, 09:35


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

et la capacité d’apprécier ce qu’on devient à travers ce qu’on fait.


Servez l’expérience en vous y donnant totalement.
Faites preuve d’autodiscipline. Choisissez
de suivre la voie la plus créative. Être dis-
cipliné veut dire de la suivre d’une bonne
façon. Faire preuve d’autodiscipline veut
dire de la suivre d’une meilleure façon...
la vôtre.

Sans discipline, l’effort est perdu. C’est par la discipline, pas la


répression, que nous intégrons les nouvelles habiletés créatives à
notre vie. Malgré le fait que les effets positifs peuvent se faire sentir
très rapidement, les bénéfices réels seront progressifs et découle-
ront d’une pratique régulière. La clé du succès est un engagement
profond à l’égard de votre évolution et la discipline personnelle d’en
actualiser tous les aspects. Lorsque nous sommes passionnés par
notre transformation, cette discipline devient partie intégrante du
202 processus et non une tâche additionnelle. Je suis persuadé que le
Créateur n’a pas créé une race de suiveurs. Puisqu’il y a à boire et à
manger dans n’importe quelle philosophie, la synthèse des autres
devrait seulement vous servir de guide pour découvrir et intégrer
la vôtre dans votre vie.
Ne considérez rien comme une erreur. Il
n’y a ni gain ni perte. Il n’y a que faire ou
ne pas faire.

Vous êtes le seul lien commun entre vous et tous les événe-
ments de votre vie. Le succès n’est pas une destination disent les
sages, mais un voyage. Apprenez à gérer le processus plutôt que
de chercher le résultat. Dirigez votre attention sur la définition des
étapes nécessaires à sa réalisation et vous serez surpris de cons-
tater qu’il n’y a pas d’échec, seulement des leçons de vie. En cana-
lisant votre énergie dans votre puissance personnelle, c’est-à-dire
en augmentant votre capital créatif, vous deviendrez chanceux, car il
vous sera plus facile de modifier votre cap si les circonstances de
votre vie changent.
Travailler sur soi est la clé du bonheur !
Déterminez qui vous voulez être... puis
faites tout le travail, en tout temps, et
vous atteindrez votre but..

10 Chapitre 10 202 4/29/03, 09:35


Une passion pour la vie

Vous êtes l’unique responsable de votre vie et de votre évolu-


tion ; seuls vos efforts soutenus vous ouvriront au paradigme créatif
et magique. Si vous choisissez d’évoluer, vous devez vous centrer sur
cette tâche et vous donner totalement à la réalisation d’un rêve de
vie qui vous incite à vous transcender. Indispensable, ce laboratoire
de votre évolution devrait inclure une variété de techniques et de
ressources visant à canaliser votre énergie, à supprimer vos habitu-
des inutiles, à maîtriser votre attention, à gérer vos émotions et à
développer des stratégies visant à assurer le succès des différentes
étapes du processus. À savoir : rêve, vision / plan stratégique, buts /
échéancier, discipline, accomplissement. En adoptant une discipline
psychocorporelle et en pratiquant les cinq identités du fin stratège,
vous pouvez combattre efficacement vos résistances, ainsi que les
sentiments d’apathie, de nonchalance et de suffisance qui sont les
principaux ennemis de notre croissance.

N’essayez pas de créer et d’analyser 203


en même temps. Ce sont des processus
différents.

N’oubliez pas le conseil de Linus Pauling : pour avoir de bonnes


idées, il faut en avoir beaucoup et jeter les mauvaises. Une pensée
engendrée par la crainte et la peur peut tuer dans l’œuf une idée
créative. Ne vous censurez pas. Afin de favoriser l’émergence d’idées
créatives, apprenez à maîtriser l’art de la relaxation, de la concen-
tration, de la visualisation et de la méditation par des exercices
psychocorporels.

Abandonnez-vous à la joie aussi sou-


vent que vous le pouvez. Amusez-vous.
C’est beaucoup plus « illuminé » qu’on
le pense.

L’humour et la joie stimulent des hormones bienfaisantes pour


le corps et l’esprit. Pensez-y, c’est véritablement un phénomène
divin. Face à un problème ou à une situation difficile, apprenez à
rire : c’est le premier pas vers une résolution créative. La recherche
empirique confirme que l’humour et le rire ont des effets physio-
logiques bénéfiques qui augmentent significativement le nombre
d’anticorps et diminuent de façon marquée le niveau des hormones
de stress. Le rire favorise la libération d’endorphines associées à

10 Chapitre 10 203 4/29/03, 09:35


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

l’état d’euphorie et de réduction de la douleur. L’humour provoque


un changement de perspective et d’attitude qui nous aide à aborder
créativement les situations complexes de notre vie.

Questionnez toutes les règles. Même les


vôtres. La créativité est un besoin partout
et en tout temps.

La complaisance est le péché mortel de l’homme, car c’est ce


qui contribue aux zones de confort qui ralentissent ou même arrê-
tent son évolution. La majorité de vos règles provient du paradigme
de quelqu’un d’autre et vous ont été imposées avant même que
vous soyez en mesure de les questionner. Il est parfois plus facile
de suivre les règles que de les interroger. Cependant, puisque cha-
cune d’elle impose un code de comportement et d’action destiné à
résoudre des difficultés passées, il existe un espace entre le besoin
du moment et la solution d’hier qui peut limiter votre expansion. Si
204 une règle est restrictive, si elle n’est pas créative ou évolutive, c’est
qu’elle mérite d’être changée ou même éliminée.
Pour jeter un regard neuf sur une situation, vous devez vous
ouvrir à de nouvelles perspectives donnant naissance aux nouvelles
solutions. Questionner l’origine et la signification d’une règle est
une bonne façon d’évaluer si elle est vraiment nécessaire ou même
efficace.

Développez votre capital créatif dans le


but de pleinement participer à votre vie.

L’infini potentiel n’attend que vous pour se manifester et actua-


liser votre vision. En rêvant votre propre paradis terrestre, vous
rejoindrez l’esprit des milliers d’entrepreneurs du futur, ces rêveurs
qui agissent. Le chemin évolutif est une guerre contre nos limites
et nos faiblesses personnelles, contre une destinée prédéterminée
par les forces de notre passé individuel et collectif.
La poursuite d’une vie passionnée débute en vous et s’exprime
à travers vos actions. En donnant inconditionnellement le meilleur
de soi, vous optimisez votre énergie créative. Toutefois, le vrai défi
repose sur la façon de suivre avec discipline la voie qui mène à votre
actualisation. Cette quête se poursuivra jusqu’à ce que les moments
de joie deviennent plus fréquents et continus dans votre vie, jusqu’à

10 Chapitre 10 204 4/29/03, 09:35


Une passion pour la vie

ce que la magie prédomine sur la réactivité, jusqu’à ce que les rêves


de puissance personnelle et de liberté totale deviennent réalité.
Vous nous accorderez que la Terre n’a jamais eu autant besoin
de chefs de file créatifs qu’aujourd’hui. Contemporaine, cette pen-
sée est pourtant une réflexion de Socrate sur son époque ! Nous
pouvons répéter le passé, et l’histoire des grandes civilisations
suggère notre fin imminente, ou décider aujourd’hui de faire un
saut évolutif et créer le futur dont nous rêvons. L’utopie n’est pas
une chimère irréalisable, mais une nouvelle vision du possible, un
rêve qui ne peut s’actualiser sans vous.

Cocréer notre futur collectif

Dans une perspective globale, nous sommes sur terre pour actua-
liser la pensée créatrice, le rêve du paradis terrestre. Si nous n’avions
qu’une chance de traverser cette étape de transition planétaire 205
relativement indemne, ce serait parce que nous aurions uni et cana-
lisé nos forces dans une direction commune… une conspiration
d’individus engagés dans une intention créative, à la sauvegarde
de notre avenir à tous.
Malgré l’espoir, la confiance et même la croyance populaire en
un dieu anthropomorphique, ou en un éveil collectif se produisant
par osmose, ces idées appartiennent au paradigme réactif. L’univers
ne démontre aucune préférence morale entre la vie et la mort. La
théophysique décrit le continuum comme une seule chose, qui
inclut chaque perception individuelle. Le perçu et le percepteur
représentent les polarités de cette une chose et la dualité, qui
semble apparente, n’est qu’une facette de cette perception. Dans
l’ici et le maintenant, cette polarité exprime la direction du temps :
le passé est entropie / matière, tandis que le futur est fusion /
lumière.
Parce que chaque forme est entourée d’un hyperespace, la
réaction en chaîne d’un éveil par symbiose est impossible. Les
principes théophysiques expliquent que le microcosme est trop
insignifiant pour changer le macrocosme. Le changement, s’il se
produit, aura lieu parce que tous l’auront voulu. Les élus doivent
eux-mêmes se choisir, c’est le sens du jugement dernier qui, tout
comme l’ordre de l’univers, est parfait. Cependant, il ne faut pas nier
l’incroyable puissance qu’un seul individu peut avoir. Notre histoire

10 Chapitre 10 205 4/29/03, 09:35


INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

est ponctuée de héros et héroïnes qui ont tous un visage et qui ont
altéré notre direction commune. Le Dieu de l’Ancien Testament a
bien dit que s’il était possible de trouver 10 hommes honnêtes, le
monde serait sauvé.
Au bord de notre viabilité collective, nous avons considérable-
ment affaibli notre capacité émotionnelle, psychologique et spiri-
tuelle de vivre dans ce monde. La tâche qui consiste à démontrer
si nous pouvons relever le défi de changer le cours des événements
est de taille, car elle s’adresse directement au potentiel de chaque
personne.
Intendants de la terre et de ses habitants, nous sommes tri-
butaires de notre nature évolutive qui nous pousse à la réalisa-
tion de nos plus hautes aspirations, parmi lesquelles se trouve le
rêve d’un éden. Disponible à tous, mais différent pour chacun, ce
paradis terrestre n’est pas un endroit caché quelque part. Il est la
concrétisation d’une résonance de joie, d’un état d’esprit, d’une
206 expansion de notre conscience. Que nous le voulions ou non, que
nous y croyons ou non, que nous y pensions ou non, que nous
choisissons de l’ignorer ou non, nous partageons, vous et moi,
une essence divine. Cependant, pour toutes sortes de raisons, la
majorité d’entre nous avons recouvert cette réalité de dogmes, de
lois et de règles, leur donnant préséance au détriment de ce qu’ils
prétendent sauvegarder.
Heureusement, une importante caractéristique du paradigme
humain est qu’il peut se changer et abandonner les limites qui
l’empêchent de s’aligner sur l’intention créative de l’univers :
[Esprit proactif + Esprit créatif = Esprit puissant].
Nous sommes convaincus que l’être humain n’a pas été créé
pour souffrir, ni pour vivre heureux après sa mort. Sans être naïfs
ni vouloir ignorer que la nature humaine est l’auteure de la majo-
rité des problèmes rencontrés sur cette planète, nous choisissons
de croire que l’homme peut avoir autant de succès à créer qu’à
détruire.
Notre avenir commun repose sur notre capacité de nous unir
à la magnificence du monde naturel – de son esprit créateur à sa
manifestation – et d’accepter la responsabilité de notre participa-
tion à son évolution. Nous pouvons matérialiser l’idéal enchanteur
du paradis en jetant un regard innovateur sur le vaisseau spatial
Terre. Pour ce faire, nous devons réclamer notre droit d’aînesse,

10 Chapitre 10 206 4/29/03, 09:35


Une passion pour la vie

cette volonté créative qui se manifeste à nous à chaque fois que


nous mettons notre âme dans ce que nous faisons. Or, d’accepter
cet héritage individuel et collectif, de nous préparer à être chan-
ceux, stratégiques et puissants, est un travail qui requiert tout notre
capital créatif.
Êtes-vous prêt ?

207

10 Chapitre 10 207 4/29/03, 09:35


Liste des synthèses

Synthèse théophysique 1
Les quatre catégories d’informations essentielles 24

208 Synthèse théophysique 2


Les quatre étapes dans l’intégration d’un changement 28
Synthèse théophysique 3
La formation du paradigme 42
Synthèse théophysique 4
Les quatre dimensions du capital créatif 54
Synthèse théophysique 5
Les qualités de la conscience 98
Synthèse théophysique 6
Les principes de la motivation créative 114
Synthèse théophysique 7
La formule de l’évolution 119
Synthèse théophysique 8
Les cinq intensités de la conscience subjective 145
Synthèse théophysique 9
Les plans de conscience et la perception 148
Synthèse théophysique 10
Les huit plans de conscience 149
Synthèse théophysique 11
Le paradigme évolutif est un paradigme passionné 197

10 Chapitre 10 208 4/29/03, 09:35


Liste des exercices

Exercices psychocorporels
L’asana 106
La respiration pranayama 106
La relaxation 107 209
La visualisation 108
La visualisation sensorielle 110
La pensée puissante 186
S’enraciner et se centrer 187
L’oasis 188

Exercices créatifs
La pensée globale 96
La pensée stratégique 167
La pensée abstraite 177
La pensée divergente 179
La pensée convergente 180
La pensée latérale 182
La pensée critique 183
La pensée empathique 189

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Remerciements

À
Natalie-Ann Poole, fille de Lawrence, qui est le souffle de sa
deuxième vie et sans qui ce livre n’aurait jamais été écrit. À
nos parents qui, chacun à sa façon, nous ont aidés à marcher
sur cette terre et à suivre nos passions.
À notre éditrice Isabelle Quentin pour avoir cru en nous et à
210 notre travail, pour sa patience, son sens de direction, ses conseils
judicieux, ses encouragements et son amitié. Merci à ses collabo-
rateurs, illustrateur, graphiste, réviseure, qui ont fait de cet ouvrage
un livre de qualité supérieur.
Mais nul remerciement ne serait complet sans souligner la
contribution des participant(e)s à nos formations grâce à qui ce
livre a vu le jour. Leurs questions pénétrantes et leurs commentai-
res enthousiastes nous ont inspirés et convaincus de faire de cet
ambitieux projet une aventure de création.
Ce livre est dédié à deux petits-fils exceptionnels, Cameron et
Ryan.
Lawrence J-E. Poole,
Suzy Ethier

10 Chapitre 10 210 4/29/03, 09:35


Les auteurs

L
awrence J-E. Poole – Consultant en formation et conféren-
cier, Lawrence Poole est spécialisé en gestion du capital créa-
tif. Depuis 1987, il a acquis une solide réputation auprès des
gens, des corporations, des institutions et associations, tant au
Canada qu’en Amérique Latine et en Europe. Président fondateur de
Gestion Consult-IIDC Management Inc., il dirige également l’Insti- 211
tuto Internacional de Desarrollo Creativo, un organisme costaricien
d’éducation. Paralysé suite à un accident il y a plus de 25 ans, et
connu comme un activiste pour l’accès universel, il fut président du
comité consultatif du transport accessible pour Transport Canada et
conseiller auprès de plusieurs ministères fédéraux et provinciaux.
Lawrence est sans nul doute le seul chercheur qui parcourt les jun-
gles en fauteuil roulant. Traduisant les principes d’auto-organisation
de la Nature en modèles applicables à l’individu et à l’organisation,
il enseigne comment ses lois et ses forces affectent l’esprit humain,
ses humeurs et son intelligence. Concepteur d’une série de program-
mes heuristiques de formation et d’aventures éducatives au Costa
Rica sous le thème Les leçons de la jungle... il signe également une
chronique mensuelle du même nom dans le journal d’affaires La
Réussite.
Voyageur invétéré, le récit de certaines de ses aventures a été
publié dans la collection The Real Guide (Prentice Hall) tandis que
d’autres étaient l’objet de reportages à la radio et à la télévision.
Lawrence est l’auteur d’un bulletin électronique appelé L’Écho de la
jungle. En collaboration avec Suzy Ethier, il développe en ce moment
un centre de formation heuristique et un parc de sylvothérapie dans
une jungle tropicale du Costa Rica qu’il s’emploie à conserver.

10 Chapitre 10 211 4/29/03, 09:35


S
uzy Ethier – Depuis plus de 15 ans, Suzy Ethier se spécialise
dans l’étude du comportement humain et dans la conception
et l’animation de sessions de perfectionnement. Consultante
en formation, elle anime des ateliers et des sessions de gestion du
capital créatif en utilisant la Nature comme un miroir et un modèle
efficace de créativité appliquée. Facilitatrice chevronnée, elle utilise
de nombreux outils de pensée créative pour aider les personnes et
les groupes à se définir une mission, des objectifs et un plan d’ac-
tion, à démarrer un projet, implanter des changements, et à aviver
le feu créatif des gens appelés à innover.
Diversifiée, son expérience professionnelle inclut, entre autres,
un poste de direction au sein d’une grande entreprise, des missions
internationales en Amérique latine, la présidence de deux entrepri-
ses, ainsi que l’animation d’ateliers de démarrage d’entreprises pour
le Ministère de l’Industrie, Commerce et Technologie. Cofondatrice
de l’Instituto Internacional de Desarrollo Creativo, elle est aussi con-
212 sultante auprès de l’organisme costaricien FAUNA, une fondation
responsable de promouvoir l’accès universel à la nature. Que ce soit
dans les jungles du Costa Rica ou dans la nature du Québec, Suzy
guide des aventures de formation visant à augmenter le leadership
et le capital créatif des participants.

10 Chapitre 10 212 4/29/03, 09:35


GESTION CONSULT-IIDC MANAGEMENT INC.

Lawrence Poole et Suzy Ethier gèrent une firme canadien-


ne de consultants qui réunit des spécialistes de haut cali-
bre et dont la mission est d’offrir à ses clients un éventail
de produits et de services qui visent à développer le capi-
tal créatif de leurs ressources humaines. Sous le thème
Les leçons de la jungle... et par le biais de présentations 213
multimédia, de séminaires, d’ateliers et de voyages de
formation, ils enseignent les principes de stratégie et de
gestion de la Nature et appliquent ses modèles à l’orga-
nisation et à la personne.

Parce que la compréhension suit l’expérience, leurs pro-


grammes heuristiques (découverte par soi-même) com-
portent une importante section expérientielle qui faci-
lite la pratique et l’intégration d’un outil, d’un concept,
d’une technique, d’un comportement, et qui accélère le
processus d’apprentissage. Exposés, échanges dirigés,
aventures, activités et exercices de groupes, appren-
tissage d’outils et de techniques, plénières et suivis en
garantissent le succès.

Visitez leur site Internet à http://www.consult-IIDC.com


ou communiquez avec eux à info@consult-IIDC.com ou
par téléphone à 514-481-2835

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INVE S T I S SEZ DANS VOTRE C APITAL CRÉATIF

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