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La raison manie les concepts : en effet, elle travaille avec des outils intellectuels qui lui permettent de
saisir l’essence des choses. Ces outils sont des concepts et grâce aux concepts et à la notion de causalité,
la raison repère l’ordre intelligible inscrit au cœur du réel. En effet, le propre de la raison est :
- d’ordonner (= mettre en ordre ; par ex. si une forêt brûle, il y a une cause : le feu -> quelqu’un a
allumé le feu ou jeté un mégot ; … la raison remonte toute la chaîne des causes jusqu’à vouloir trouver
LA cause).
- d’organiser et de rationaliser le monde. TOUT a une cause et peut être compris (même la folie :
troubles neuro-psychiques ; même le paranormal : la raison dit soit que ça n’existe pas, soit que nous
n’avons pas les clés pour comprendre les causes de l’événement et admet que qch puisse lui échapper).
- le coté raisonnable : c’est l’usage de notre raison dans son aspect pratique et ici moral. Etre
raisonnable, c’est adopter une conduite sensée ou/et sage en accord avec les règles morales édictées en
société. C’est agir en accord avec les codes moraux établis (cf. 3) du II). Etre raisonnable, c’est agir
correctement et avec respect envers soi et autrui.
♣ Superstition : croyance aux présages, aux prophéties et à des causes surnaturelles des évènements.
Cette croyance est due à la crainte religieuse et à la mentalité archaïque et irrationnelle qui veut voir dans
des signes, figures ou nombres, des pouvoirs maléfiques ou bénéfiques.
Les sophistes prétendent tout savoir (culture universelle) et surtout donner la maîtrise du langage à leurs
élèves, afin qu'ils puissent parler de tout. En réalité, le but de la sophistique n'est pas le savoir mais le
pouvoir. Le but est clairement de donner les clés de la manipulation :
● sophisme = utilisation du langage pour imposer son opinion à autrui = persuader → coeur
● philosophie = utilisation du langage pour construire la vérité avec autrui = convaincre →
Raison
Les sophistes deviennent alors des hommes habiles dans l’art de persuader les foules et de manier le
langage : ils font payer très cher leur enseignement à des fils de bonne famille qui briguent des postes à la
tête de l’état et ils leur enseignent à séduire le peuple à l’aide de belles paroles.
De là vient le mot de sophisme, qui est un raisonnement d'apparence logique destiné à tromper
l'interlocuteur et le rallier à sa cause. On trouve de nombreux sophismes dans les débats d'opinion ou
débats politiques. Exemple de ce slogan d'extrême droite en 1978 : « Un million de chômeurs, c'est un
million d'immigrés en trop » (sophisme qui repose sur la volonté de confondre par l'identité du nombre le
chômeur et l'immigré, en se gardant bien de dire : a/ que les immigrés ne sont pas tous employés ou
chômeurs, ils peuvent être créateurs d'emploi ; b/ qu'ils ne prennent pas tous le travail des « français » et
que certains étant chômeurs, les renvoyer ne résoudrait pas le chômage ; c/ « immigré » peut se dire de
ceux qui ne sont pas encore nationalisés mais aussi de ceux qui le sont et qui sont donc français
(sophisme sur l'équivoque)).
Mais on peut imaginer d'autres sophismes : la violence est en augmentation, le nombre d'enfants aussi,
donc les enfants sont de plus en plus violents (sophisme qui confond succession et causalité).
Exemple actuel : on interdit les propos de Dieudonné qui attaque les juifs mais on n'interdit pas les
caricatures de prophète Mahomet ; alors la France est de parti pris avec les élites juives et les juifs sont
intouchables tandis que les musulmans ne seraient pas respectés ... Sophisme qui confond attaque contre
personnes et attaque d'un symbole : Dieudonné incite à la haine raciale (il hait les juifs !) tandis que
Charlie Hebdo caricature un symbole !!! et n'est pas irrespectueux envers les musulmans (il attaque de
même les symboles de la religion catholique !).
Ainsi la raison conduite selon un usage raisonnable, rationnel et justifié peut éviter toutes ces formes de
perversion de la pensée qui la détourne de sa véritable destination (la justice et la justesse, la
vérité).
C’est ainsi que les sophistes deviennent les adversaires des philosophes véritables (Socrate, Platon ( 420 -
340 av JC), Aristote (384-322)…etc.). Platon passe sa vie à combattre, grâce à un dialogue juste et vrai,
les sophistes.
♠ La communication animale
Les animaux eux, communiquent, c'est-à-dire font passer des messages dictés par le
besoin ou l’instinct…Ils obéissent au programme que la nature a inscrit en eux. La
communication animale existe bel et bien mais on ne peut pas dire que ce soit un langage
car il n’y a pas d’intention de signifier, pas de SENS réfléchi, conscient et raisonné →
l’animal ne parle pas, il agit à travers des SIGNES dictés par l’instinct et il ne lui est
pas possible de dialoguer. La communication animale est faite de signes et ces signes
sont émis à sens unique (pas de réciprocité de la communication : l’animal en face
réagit à un message mais ne répond pas !) : ces signes sont divers comme des cris, des
odeurs (phéromones), des gestes, des danses …etc.
♠ Parole = pensée
L’homme communique également mais chez lui, d’emblée ça se place au niveau
intellectuel et rationnel ; il peut aussi en rester à une communication banale et sans
réciprocité véritable (« Chéri, achète la baguette de pain … »). Mais quoiqu’il en soit de
la communication quotidienne, le langage humain, c’est la parole c'est-à-dire un
ensemble de sons articulés traduisant une pensée (logos). Ainsi la parole humaine est
toujours l’énonciation d’une pensée.
Le mot LOGOS, qui vient des Grecs, exprime cette indissoluble union : il n’y a pas de
parole sans une pensée qui lui correspond (même parole banale ou irréfléchie) et de
même, pas de pensée sans des mots qui la portent (même si on ne le dit pas à haute voix).
Quand on pense dans sa tête, c’est toujours avec des mots !!!
PAROLE == PENSEE
Raisonnement et discours sont toujours liés, donc, il n’y a pas d’antériorité de l’un sur
l’autre. On ne peut pas dire : d’abord la pensée, ensuite les mots ou vice-versa…Les deux
se développent en même temps. L’enfant apprend à penser en apprenant à parler et en
pensant, il apprend à trouver les mots adéquats. Le langage s’articule toujours à la
pensée ; penser est un terme fort qui génère des concepts, des abstractions (le langage
mathématique, les chiffres …) , des symboles, une logique rationnelle de l’action …
Ce qui explique encore que seuls les humains pensent. L’animal lui, est dans l’instinct ou
l’impulsion ; il est intelligent mais cette intelligence est inconcevable pour nous car elle
utilise d’autres médiations (moyens) pour s’exprimer. Instinct et discours rationnel
conscient sont deux mondes radicalement opposés et impénétrables l’un à l’autre.
IV Langage et société
♦ Pouvoirs négatifs => mensonge /hypocrisie / pouvoir dictatorial qui use d’un langage
unique (ex. : La Pravda en URSS, la seule vérité du Parti …) / sophismes (cf. les
sophistes dans le cours sur la Raison).
♠ HEGEL : le langage recouvre la pensée → tout ce qui est bien pensé peut être bien
nommé
Texte : « Nous n'avons conscience de nos pensées, nous n'avons des pensées déterminées
et réelles que lorsque nous leur donnons la forme objective, que nous les différencions de
notre intériorité, et que par suite nous les marquons de la forme externe, mais d'une
forme qui contient aussi le caractère de l'activité interne la plus haute. C'est le son
articulé, le mot, qui seul nous offre une existence où l'externe et l'interne sont si
intimement unis.
Par conséquent, vouloir penser sans les mots, c'est une tentative insensée. Et il est
également absurde de considérer comme un désavantage et comme un défaut de la
pensée cette nécessité qui lie celle-ci au mot. On croit ordinairement, il est vrai, que ce
qu'il y a de plus haut c'est l'ineffable ... Mais c'est là une opinion superficielle et sans
fondement ; car en réalité l'ineffable c'est la pensée obscure, la pensée à l'état de
fermentation, et qui ne devient claire que lorsqu'elle trouve le mot.
Ainsi, le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie. Sans doute on
peut se perdre dans un flux de mots sans saisir la chose. Mais la faute en est à la pensée
imparfaite, indéterminée et vide, elle n'en est pas au mot. »
Pour Hegel, l’ineffable (=l’indicible, ce qui ne peut pas se dire) n’existe pas !
L’ineffable, ce n’est rien de plus que la pensée obscure, « à l’état de fermentation » ;
l’ineffable, c’est un défaut de pensée claire : il y a ineffable parce que notre pensée
est brumeuse, fumeuse, obscure et embrouillée ! Il n’y a pas d’ineffable en clair : il n’y
a que de la pensée qui n’a pas encore trouvé le mot clair et adéquat pour s’exprimer. La
pensée ne peut se faire que par l’union intime de l’externe (le mot) et de l’interne (la
subjectivité pensante.)
♠ BERGSON :
Texte : "Pour tout dire, nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le
plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles. Cette tendance, issue du besoin, s’est
encore accentuée sous l’influence du langage. Car les mots (à l’exception des noms
propres) désignent tous des genres. Le mot, qui ne note de la chose que sa fonction la
plus commune et son aspect le plus banal, s’insinue entre elle et nous (…)
Et ce ne sont pas seulement les objets extérieurs, ce sont aussi nos propres états d’âme
qui se dérobent à nous dans ce qu’ils ont d’intime, de personnel, d’originalement vécu.
Quand nous éprouvons de l’amour ou de la haine, quand nous nous sentons joyeux ou
tristes, est-ce bien notre sentiment lui-même qui arrive à notre conscience, avec les mille
nuances fugitives et les milles résonances profondes qui en font quelque chose
d’absolument nôtre ? Nous serions alors tous romanciers, tous poètes, tous musiciens.
Mais, le plus souvent, nous n’apercevons de notre état d’âme que son déploiement
extérieur. Nous ne saisissons de nos sentiments que leur aspect impersonnel, celui que le
langage a pu noter une fois pour toutes parce qu’il est à peu près le même, dans les
mêmes conditions, pour tous les hommes. Ainsi, jusque dans notre propre individu,
l’individualité nous échappe. Nous nous mouvons (déplaçons) parmi des généralités et
des symboles (…)."
Le langage a été institué pour faciliter les échanges et la coopération entre les hommes : il
est utile et permet l’entente et la cohésion sociale mais il ne dit de la chose que son aspect
pratique ; le langage est un outil utilitaire. Le langage transcrit en mots généraux (il dit
des genres) des choses particulières. C’est pourquoi, selon Bergson, le langage ne sait
pas retranscrire le sentiment particulier ; il est incapable de saisir les impressions
fugitives qui tissent notre vie intérieure. Les mots ne conservent de nos émotions et
de nos sentiments que leur aspect le plus commun et le plus impersonnel. Au final,
pour Bergson, le langage est trop général et ne nous permet pas de dire
correctement ce qui est spécial, intime, unique, personnel … → et en plus le langage
est un rouleau compresseur qui ne nous permet même pas d’atteindre nos propres
émotions ; le langage occulte même nos propres émotions !
Bergson pensait que seuls les poètes expriment adéquatement leurs sentiments.