Vous êtes sur la page 1sur 3

EMSI

Casablanca

Examen 3ème IIR Roudani : TEC


Mariem EL OUAFI

C’est quoi, « l’intelligence émotionnelle » ?


EVE, LE BLOG 18 OCTOBRE 2018 DERNIÈRES CONTRIBUTIONS,  LEADERSHIP

Intelligence, intelligence… Hum… C’est quoi, l’intelligence  ? La tentation première, servie par l’étymologie
latine  intellĕgō (discerner, démêler, comprendre), veut que l’on définisse l’intelligence comme un
ensemble de capacités cognitives  : apprentissage de connaissances, rapidité de raisonnement,
conceptualisation, anticipation… On s’en serait tenu là si de telles dispositions permettaient de prendre à
coup sûr de bonnes décisions. Sauf que d’une part, l’expérience aura montré que des champions du QI se
révèlent particulièrement crétin·e·s en situation (voire prennent de catastrophiques décisions)  ; et que
d’autre part, sur tout ce qui constitue cette intelligence «  classique  », l’humain est aujourd’hui
sérieusement défié par l’intelligence artificielle.

Et soudain, à l’aube des années 1990, on a vu apparaître la notion d’ «   intelligence émotionnelle  ». Est-ce
là l’avenir de l’intelligence humaine  ? Un simple retour au bon sens  ? Une réconciliation cartésienne  ? La
revanche annoncée de celles et ceux qui n’ont jamais réussi à piger les équations du troisième degré ni le
début d’un chapitre de la Critique de la raison pure  ? On remonte le fil de l’histoire de la notion et avec
celle de la perception et de la valorisation des émotions pour comprendre ce qu’intelligence émotionnelle
veut dire… Et comment la développer.

Réhabiliter les émotions !

En 1990, les psychologues Peter Salovey et John D. Mayer font paraître un grand article dans la
revue Imagination, Cognition & Personality, intitulé « Emotional Intelligence » dont les premiers mots
posent les termes du débat : « l’intelligence émotionnelle, est-ce une contradiction dans les termes ? ».
Et de faire état de tout ce que les émotions inspirent de soupçons, voire de rejet, dans des mentalités
collectives ayant hérité de tout une littérature philosophique hostile aux affects. Associées aux réactions
viscérales, aux tentations sentimentales, aux agitations pathétiques, aux passions fiévreuses, aux
excitations incontrôlables, voire au désordre mental, les émotions ont acquis au cours du temps une
fâcheuse réputation de trouble à l’organisation de la pensée et de mauvais génie de la capacité à décider.
L’émotif/l’émotive est disqualifié·e dès lors que l’on décèle dans ses paroles ou ses actes la trace de
quelque forme d’irrationalité !

Mais, disent Salovey et Mayer, cette méfiance à l’endroit des émotions provient d’une erreur originelle de
définition. Les émotions ne sont pas l’expression d’un chaos interne qui déborderait sans prévenir mais
appartiennent à un système de « réponses organisées » à « un événement, interne ou externe, positif ou
négatif pour l’individu » permettant à celui-ci de s’adapter dans une situation donnée, mais aussi de se
transformer à plus long terme. Autrement dit, l’expérience de la joie, de la tristesse, de la colère, de la
surprise, de la peur, de la fierté etc. sont des moments d’apprentissage. Sur soi et sur les relations avec
les autres.
L’intelligence émotionnelle, définition

Salovey & Mayer donnent une première définition de l’intelligence émotionnelle dans leur article de
1990, qu’ils préciseront dans une publication de 1997 : « l’habileté à percevoir et à exprimer les émotions,
à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à réguler
les émotions chez soi et chez les autres ».

L’intelligence émotionnelle, c’est donc 3 facultés successives :

 L’accès à ses propres émotions : qu’est-ce que je ressens ? Qu’est-ce que telle ou telle situation
suscite en moi ?

 La transposition du ressenti en compréhension : pourquoi je ressens cela ? Qu’est-ce qui se joue


dans cette situation qui me « touche » ainsi ?

 La transformation de la compréhension en compétence pour agir et interagir : comment je peux


utiliser ma connaissance des émotions pour prendre des décisions me concernant et
impliquant/impactant autrui ? Comment travailler sur mes émotions pour qu’elles répondent
pertinemment à mes besoins, à ceux de mes interlocuteurs et à ceux du collectif ?

Intelligence émotionnelle et intelligence sociale

Dès lors qu’elle est mise en œuvre en contexte interpersonnel, l’intelligence émotionnelle s’entrelace
avec ce qu’on appelle l’intelligence sociale, à savoir toutes les qualités qui permettent de mieux se
connaître/se comprendre et de mieux connaître/comprendre les autres.

C’est le psychologue Edward Thorndike, pionnier du « béhaviorisme » (ou « comportementalisme ») qui


forge le terme dans un article d’Harper Monthly Magazine daté de 1920. Ce précurseur des théories des
« intelligences multiples » (que popularisera Howard Garder dans les années 1980) est passé par
l’éthologie, science des comportements des animaux, avant de s’intéresser à l’éducation… Et s’étonne de
la façon dont l’humain élève ses petits, les abreuvant de connaissances abstraites et développant
assidûment leurs compétences individuelles tout en laissant en friches, voire en étouffant leurs aptitudes
innées pour communiquer avec les autres, s’insérer dans un groupe et y intégrer de nouveaux
membres, coopérer en traitant des émotions…

Près d’un siècle avant le carton en librairie de Céline Alvarez, Les lois naturelles de l’enfant, Thorndike
voudrait que l’on commence par se mettre à hauteur des enfants pour les écouter et les comprendre,
qu’on entende leurs résistances à l’acquisition des savoirs comme des signaux d’une défaillance de la
méthode d’enseignement et non comme paresse ou caprice de l’enfant… Tiens, au fait, Thorndike
voudrait aussi qu’on développe l’apprentissage par « essai et erreur », dans un contexte à la fois
stimulant et sécurisant pour que l’erreur puisse être plus apprenante que disqualifiante. Oui, oui, c’est
le fameux « droit à l’erreur » dont tout le monde parle aujourd’hui, dans les discours sur l’innovation !

(Ré) apprendre les fondamentaux de l’intelligence émotionnelle et sociale : les « soft skills »

Soft skill en soi, l’intelligence émotionnelle est aussi la compétence ombrelle de toutes ces qualités
aujourd’hui attendues dans la vie professionnelle, et tout particulièrement dans le management :

 Présence : capacité à être pleinement à une activité, à concentrer son attention sur la situation et
les personnes qu’elle implique.

 Communication : capacité à transmettre de l’information de façon claire, mais aussi à créer un


environnement favorable à la circulation de l’information entre parties prenantes et au dialogue.
 Ecoute : capacité à entendre toutes les formes de signaux émis par l’environnement, les individus
et les collectifs qui y évoluent, sans préjuger de leur valeur.

 Empathie

 Confiance : capacité à se sécuriser et à sécuriser les autres, de façon à autoriser et


encourager l’audace, la créativité, l’esprit d’initiative…

 Flexibilité cognitive : capacité à diversifier ses modes de réaction en fonction de conditions


changeantes.

 Négociation : capacité à exprimer ses intérêts et à intégrer ceux de l’autre pour construire une
décision concertée.

La liste est encore longue de ces compétences « douces » qui font appel à l’intelligence relationnelle,
émotionnelle et sociale… Toutes ont deux marqueurs en commun : la considération de l’autre et
l’adaptabilité aux contextes différents ou changeants.

Lisez le texte et répondez aux questions suivantes :

1- Résumez en quelques lignes ce que l’intelligence émotionnelle et ses bienfaits pour une personne
sur le plan personnel et professionnel,
2- Expliquez ce que l’intelligence sociale,
3- Qu’est-ce que l’empathie et quel est son rôle dans la communication en général ?
4- Donnez un exemple pour mieux expliciter la flexibilité cognitive.

Vous aimerez peut-être aussi