Sommaire sommaire

Des boites xxii

Préface xxiii

CHAPITRE 1 Qu'est-ce que l'anthropologie? 3

MODULE 1: Anthropologie, science et narration 21

CHAPITRE 2 Pourquoi l'évolution est-elle importante pour les anthropologues ? 31 Que peut

CHAPITRE 3 nous apprendre l'étude des primates sur les êtres humains ? 61
MODULE 2 : Méthodes de datation en paléoanthropologie et archéologie 82

CHAPITRE 4 Que peut nous dire les archives fossiles sur les origines humaines ? 95

CHAPITRE 5 Que peut nous dire la théorie de l'évolution sur la variation humaine ? 143
CHAPITRE 6 Comment connaissons-nous le passé humain ? 169

CHAPITRE 7 Pourquoi les humains se sont-ils installés, ont-ils construit des villes et établi des 201
CHAPITRE 8 États ? Pourquoi le concept de culture est-il important ? 237

MODULE 3 : Sur les méthodes ethnographiques 257

CHAPITRE 9 Pourquoi la compréhension du langage humain est-elle importante ? 273

MODULE 4 : Composants du langage 298

CHAPITRE 10 Comment donner du sens ? 303

CHAPITRE 11 Pourquoi les anthropologues étudient-ils les relations économiques ? 337
CHAPITRE 12 Comment les anthropologues étudient-ils les relations politiques ? 363
CHAPITRE 13 Que peut nous apprendre l'anthropologie sur le sexe, le genre et la 393
CHAPITRE 14 421
sexualité ? D'où viennent nos proches et pourquoi sont-ils importants ? Que

CHAPITRE 15 peut nous dire l'anthropologie sur les inégalités sociales ? 469
CHAPITRE 16 Comment l'anthropologie est-elle appliquée dans le domaine de la médecine? 503

Glossaire 530
Les références 541
Crédits 554
Indice 559

vii
Contenu
Des boites xxii
Préface xxiii

TYPE ropologie ? 3
casquette L'anthropologie est-elle ? 5

chapeau est le concept de culture ? 6

chapeau fait de l'anthropologie une discipline interdisciplinaire ? 7
Anthropologie biologique 8

DANS LEURS PROPRES MOTS : L'anthropologie comme vocation : l'écoute

aux voix 9
Anthropologie culturelle 11
Anthropologie linguistique 14
Archéologie 14
Anthropologie appliquée 15
Anthropologie médicale 16
Les usages de l'anthropologie 17

DANS LEURS PROPRES MOTS : Que pouvez-vous apprendre d'un

Majeure anthropologie ? 18
RÉSUMÉ DU CHAPITRE 19
POUR ÉVALUATION 19
MOTS CLÉS 20
LECTURES SUGGÉRÉES 20

MODULE 1: Anthropologie, science et conte 21

Explications scientifiques et non scientifiques 21

Quelques concepts scientifiques clés 23
RÉSUMÉ DU MODULE 29
POUR ÉVALUATION 29
MOTS CLÉS 29

TYPE tion important pour les anthropologues? 31

casquette est la théorie de l'évolution ? 32

chapeau preuve matérielle existe-t-il pour l'évolution ? 33

Vues e-darwiniennes du monde naturel 33
Essentialisme 33
La grande chaîne de l'être 34 Catastrophisme
et uniformitarisme 36 Évolution
transformationnelle 36

viii
 CONTENU ix

Qu'est-ce que la sélection naturelle ? 38

Pensée de la population 39
La sélection naturelle en action 40
Comment les biologistes ont-ils découvert les gènes ? 41
Les expériences de Mendel 42
L'émergence de la génétique 43

Quelles sont les bases de la génétique contemporaine ? 43

Gènes et traits 44

ANTHROPOLOGIE dans la vie de tous les jours: Enquêter sur les droits de l'homme

Violations et identification des vestiges 46

Mutation 48
L'ADN et le génome 49
Génotype, phénotype et norme de réaction 50
DANS LEURS PROPRES MOTS : Comment les organismes vivants construisent

Leurs environnements 54

Que signifie l'évolution ? 55

RÉSUMÉ DU CHAPITRE 56
POUR ÉVALUATION 57
MOTS CLÉS 58
LECTURES SUGGÉRÉES 58

TYPE L'étude des primates nous disent-

ils des êtres ? 61

casquette Les primates sont-ils ? 62

Comment les biologistes classent-ils les primates ? 62
Combien y a-t-il de catégories de primates vivants ? 64
Strepsirrhines 64
Haplorhines 65

DANS LEURS PROPRES MOTS : L'avenir de la biodiversité des primates 70

Qu'est-ce que l'ethnoprimatologie ? 72

DANS LEURS PROPRES MOTS : Tourisme aux chimpanzés 74

Existe-t-il des modèles dans l'évolution des primates ? 74

Comment les paléoanthropologues reconstruisent-ils l'histoire de

l'évolution des primates ? 76
Primates du Paléocène 76
Primates de l'Eocène 77
Primates de l'Oligocène 77
Primates du Miocène 78
RÉSUMÉ DU CHAPITRE 79
POUR ÉVALUATION 80
MOTS CLÉS 80
LECTURES SUGGÉRÉES 80
Traduit de Anglais vers Français - www.onlinedoctranslator.com
4 CHAPITRE 1 : QU'EST-CE QUE L'ANTHROPOLOGIE ?
je n début 1976, les auteurs de ce livre se sont rendus dans le nord
du Cameroun, en Afrique de l'Ouest, pour étudier les relations
sociales dans la ville de Guider, où nous avons loué une petite maison.
Au cours des premières semaines où nous avons vécu là-bas, nous
avons apprécié de passer les chaudes soirées de la saison sèche à lire
et à écrire à la lueur du luminaire électrique le plus brillant de la
maison, qui illuminait une grande véranda sans moustiquaire. Peu de
temps après, cependant, les pluies commencèrent et avec elles
apparurent des essaims de termites ailés. Ces insectes au mouvement
lent avec de gros abdomens de deux pouces ont été attirés par la
lumière sur la véranda, et nous nous sommes vite retrouvés à passer
plus de temps à les écraser qu'à lire ou à écrire. Un soir, dans un accès
de désespoir, nous avons enroulé de vieux exemplaires de l'édition
internationale deSemaine d'actualités et a commencé un assaut total,
déterminé à débarrasser la véranda de chaque termite.
Le loyer que nous avons payé pour cette maison comprenait
les services d'un veilleur de nuit. Alors que nous lancions notre
attaque contre les termites, le veilleur de nuit est soudainement
apparu à côté de la véranda portant une boîte de lait en poudre
vide. Quand il a demandé s'il pouvait avoir les insectes que nous
avions tués, nous avons été un peu décontenancés mais l'avons
chaleureusement invité à se servir. Il se dirigea vers la véranda,
ramassa rapidement les cadavres d'insectes tombés, puis se
joignit à nous pour s'attaquer aux termites encore en vol. Bien
que nous soyons devenus habiles à frapper les insectes avec nos
magazines enroulés, nos compétences pâlissaient à côté de celles
du veilleur de nuit, qui arrachait simplement les termites de l'air
avec sa main, les serrait doucement et les laissait tomber dans sa
boîte de conserve qui se remplissait rapidement. Nous avons
réussi tous les trois à nettoyer l'air des insectes et à remplir sa
boîte en 10 minutes environ.
à son poste, et nous retournâmes à nos livres.
FIGURE 1.1 De nombreuses personnes
dans le monde mangent des insectes. Ici, un
employé de restaurant à Bangkok, en
Thaïlande, prépare des larves à cuisiner.
Le lendemain soir, peu après que nous ayons pris nos places
habituelles sur la véranda, le gardien parut au perron portant un
plateau avec deux plats couverts. Il a expliqué que sa femme avait
préparé la nourriture pour nous en échange de notre aide pour la
collecte des termites. Nous avons accepté la nourriture et
soigneusement soulevé les couvercles. Un plat contenaitnyiri, une
pâte ferme à base de sorgho rouge, un aliment de base de
l'alimentation locale. L'autre plat contenait une autre substance
pâteuse avec un aspect moucheté de sel et de poivre, dont nous nous
sommes rendu compte qu'il s'agissait de pâte de termites préparée à
partir des insectes que nous avions tous tués la nuit précédente.
Le veilleur de nuit attendait au pied des marches de la véranda, un
sourire plein d'expectative sur le visage. De toute évidence, il n'avait pas
l'intention de partir avant que nous ayons goûté la nourriture que sa
femme avait préparée. Nous nous sommes regardés. Nous n'avions jamais
mangé d'insectes auparavant ou les considérions comme comestibles dans
le régime alimentaire nord-américain de la classe moyenne auquel nous
étions habitués. Certes, il existe des « délices » comme les fourmis
enrobées de chocolat, mais de tels articles sont considérés par la plupart
des Nord-Américains comme des aliments adaptés uniquement aux
excentriques. Cependant, nous avons compris l'importance de ne pas
insulter le veilleur de nuit et sa femme, qui ont été si généreux avec nous.
Nous savions que les insectes étaient un aliment de prédilection dans de
nombreuses sociétés humaines et que leur consommation n'avait aucun
effet néfaste (figure 1.1). Alors nous sommes allés dans le plat denyiri, en
retirant une petite quantité. Nous avons ensuite utilisé la boule denyiri
ramasser une petite portion de pâte de termites, porter le mélange à notre
bouche, manger, mâcher et avaler. Le gardien rayonna, nous souhaita le
bonsoir et retourna à son poste. Nous nous sommes regardés avec
émerveillement. La pâte de sorgho avait une saveur granuleuse plutôt

Peu de temps après, nous avons reçu un colis de notre
famille aux États-Unis qui contenait, entre autres friandises, un
sac de mélange commercial pour biscuits aux pépites de
chocolat. La cuisine de la maison que nous louions avait un four ;
désireux de savourer cette gâterie nord-américaine par
excellence, nous avons préparé les biscuits et les avons offerts à
l'un de nos assistants de terrain. Il goûta poliment les cookies,
mais refusa une seconde portion en expliquant qu'ils étaient tout
simplement trop sucrés pour lui.
Qu'est-ce que l'anthropologie?
Cette anecdote ne se résume pas à une rencontre entre notre
assistant de terrain et nous ; il illustre également certains des
éléments centraux de l'expérience anthropologique. Les
anthropologues veulent en savoir plus sur autant de modes de vie
humains différents que possible. Les personnes qu'ils apprennent à
connaître sont membres de leur propre société ou vivent sur un autre
continent, dans des villes ou dans des zones rurales. Leur mode de vie
peut impliquer des schémas de déplacements réguliers à travers les
frontières internationales, ou ils peuvent s'établir eux-mêmes de
façon permanente dans les régions frontalières. Les archéologues
reconstituent d'anciens modes de vie à partir de traces laissées dans
la terre qui sont vieilles de centaines ou de milliers d'années ; les
anthropologues qui s'efforcent de reconstituer l'origine de l'espèce
humaine elle-même utilisent des restes fossiles qui remontent à des
millions d'années dans le passé. Quoi qu'il en soit, les anthropologues
sont parfois exposés à des pratiques qui les effraient. Cependant,
comme ils prennent le risque de mieux connaître ces modes de vie, ils
sont souvent traités à la douce découverte de la familiarité. Pourtant,
la réponse de notre assistant de terrain aux cookies aux pépites de
chocolat est un rappel précieux que les rencontres avec l'inconnu
peuvent aussi parfois être « trop sucrées ». L'une des forces de
l'anthropologie vient précisément des aperçus inattendus qui
émergent de telles rencontres, lorsque nous et les personnes avec qui
nous travaillons découvrons que nous pouvons nous connecter les
uns aux autres de manière parfois surprenante, même si de telles
connexions peuvent parfois être gênantes (Tsing 2005). Dans ce livre,
nous partageons des aspects de l'expérience anthropologique dans
l'espoir que vous puissiez trouver du plaisir, de la perspicacité et de la
reconnaissance de vous-même à partir d'une implication avec
l'inconnu.
Anthropologie peut être défini comme l'étude de la nature
humaine, de la société humaine et du passé humain (Greenwood et
Stini 1977). C'est une discipline savante qui vise à décrire dans le sens
le plus large possible ce que signifie être humain. Les anthropologues
ne sont pas les seuls à focaliser leur attention sur les êtres humains et
leurs créations. La biologie humaine, la littérature, l'art, l'histoire, la
linguistique, la sociologie, la science politique, l'économie — toutes
ces disciplines savantes et bien d'autres encore — se concentrent sur
l'un ou l'autre des aspects de
Qu'est-ce que l'anthropologie? 5
vie humaine. Les anthropologues sont convaincus, cependant, que les
explications des activités humaines seront superficielles à moins qu'ils ne
reconnaissent que les vies humaines sont toujours empêtrées dans des
schémas complexes de travail et de famille, de pouvoir et de sens.
Quelle est la particularité de la façon dont les anthropologues
étudient la vie humaine ? Comme nous le verrons, l'anthropologie est
holistique, comparative, basée sur le terrain et évolutive.
Premièrement, l'anthropologie souligne que tous les aspects de la vie
humaine se recoupent de manière complexe. Ils se façonnent les uns
les autres et s'intègrent les uns aux autres au fil du temps.
L'anthropologie est donc l'intégrale, ouholistique, étude de la nature
humaine, de la société humaine et du passé humain. Cetteholisme
rassemble des anthropologues dont les spécialisations pourraient
autrement les diviser. Au niveau le plus inclusif, nous pouvons donc
considérer l'anthropologie comme l'étude intégrée (ou holistique) de
la nature humaine, de la société humaine et du passé humain. Le
holisme a longtemps été au centre de la perspective anthropologique
et reste la caractéristique qui rassemble des anthropologues dont les
spécialisations pourraient autrement les diviser.
Deuxièmement, en plus d'être holistique, l'anthropologie est une
discipline qui s'intéresse à Comparaison. Généraliser sur la nature
humaine, la société humaine et le passé humain nécessite des preuves
provenant de l'éventail le plus large possible de sociétés humaines. Il ne
suffit pas, par exemple, d'observer uniquement notre propre groupe social,
de découvrir que nous ne mangeons pas d'insectes et de conclure que les
êtres humains en tant qu'espèce ne mangent pas d'insectes. Lorsque nous
comparons les régimes alimentaires humains dans différentes sociétés,
nous découvrons que la consommation d'insectes est assez courante et
que notre aversion nord-américaine pour manger des insectes n'est rien de
plus qu'une pratique alimentaire spécifique à notre propre société.
Troisièmement, l'anthropologie est également une discipline de
terrain. C'est-à-dire que pour presque tous les anthropologues, la
pratique réelle de l'anthropologie - sa collecte de données - se déroule
hors du bureau et en contact direct avec les personnes, les sites ou les
animaux qui les intéressent. Qu'il s'agisse d'anthropologues
biologiques étudiant les chimpanzés en Tanzanie, d'archéologues
fouillant un site haut dans les Andes péruviennes, d'anthropologues
linguistiques apprenant une langue non écrite en Nouvelle-Guinée ou
d'anthropologues culturels étudiant l'identité ethnique en Afrique de
l'Ouest ou les festivals de petites villes du Minnesota, les
anthropologues sont en contact direct
anthropologie L'étude de la nature humaine, de la société humaine et du
passé humain.
holisme Une caractéristique de la perspective anthropologique qui décrit, au
niveau le plus élevé et le plus inclusif, comment l'anthropologie essaie d'intégrer
tout ce qui est connu sur les êtres humains et leurs activités.
Comparaison Une caractéristique de la perspective anthropologique qui oblige les
anthropologues à considérer les similitudes et les différences dans un éventail aussi large
que possible de sociétés humaines avant de généraliser sur la nature humaine, la société
humaine ou le passé humain.
 6 CHAPITRE 1 : QU'EST-CE QUE L'ANTHROPOLOGIE ?
contact avec les sources de leurs données. Pour la plupart des
anthropologues, la richesse et la complexité de cette immersion dans
d'autres modes de vie est l'une des caractéristiques les plus distinctives de
notre discipline. La recherche sur le terrain relie directement les
anthropologues à l'expérience vécue d'autres personnes ou d'autres
primates ou aux preuves matérielles de cette expérience qu'ils ont laissées
derrière eux. Les anthropologues universitaires essaient d'intercaler la
recherche sur le terrain avec les autres tâches qu'ils accomplissent en tant
que professeurs d'université. D'autres anthropologues, anthropologues
appliqués, consacrent régulièrement la majeure partie ou la totalité de leur
temps à des recherches sur le terrain. Toute anthropologie commence avec
un groupe spécifique de personnes (ou de primates) et revient toujours à
eux aussi.
Enfin, les anthropologues essaient de proposer des généralisations
sur ce que signifie être humain qui soient valables dans l'espace et dans le
temps. Parce que les anthropologues s'intéressent à la documentation et à
l'explication des changements au fil du temps dans le passé humain,
évolution est au cœur de la perspective anthropologique. Les
anthropologues examinentévolution biologique de l'espèce humaine, qui
documente l'évolution dans le temps des caractéristiques physiques et des
processus de vie des êtres humains et de leurs ancêtres. Les sujets d'intérêt
comprennent à la fois les origines humaines et la variation génétique et
l'hérédité dans les populations humaines vivantes. Si l'évolution est
comprise au sens large comme un changement au fil du temps, alors les
sociétés et les cultures humaines peuvent également être comprises
comme ayant évolué depuis la préhistoire jusqu'à nos jours.
Les anthropologues s'intéressent depuis longtemps à
évolution culturelle, qui concerne l'évolution dans le temps des
croyances, des comportements et des objets matériels qui
façonnent le développement humain et la vie sociale. Les
premières discussions sur l'évolution culturelle en anthropologie
ont souligné une série d'étapes universelles. Cependant, cette
approche a été rejetée par les anthropologues contemporains
qui parlent d'évolution culturelle, comme William Durham (1991)
et Robert Boyd (par exemple, Richerson et Boyd 2006). Les débats
théoriques sur le changement de culture et sur la question de
savoir si cela devrait être appelé « évolution culturelle » sont très
animés en ce moment, non seulement en anthropologie mais
aussi dans des domaines connexes comme la biologie évolutive
et la psychologie du développement. Au milieu de ce débat, l'une
des contributions les plus importantes de l'anthropologie à
l'étude de l'évolution humaine reste la démonstration que
l'évolution biologique n'est pas la même chose que l'évolution
culturelle.
évolution Une caractéristique de la perspective anthropologique qui oblige les
anthropologues à placer leurs observations sur la nature humaine, la société
humaine ou le passé humain dans un cadre temporel qui prend en considération le
changement au fil du temps.
culture Ensembles de comportements et d'idées appris que les êtres humains acquièrent en tant
que membres de la société ainsi que les artefacts matériels et les structures que les êtres humains
créent et utilisent. Les êtres humains utilisent la culture pour s'adapter et transformer le monde
dans lequel ils vivent.
une façon de démontrer les erreurs et l'incohérence des
arguments affirmant que tout ce que les gens font ou pensent
peut être expliqué biologiquement, par exemple, en termes de
« gènes », de « race » ou de « sexe ».
Qu'est-ce que le concept
de culture ?
Une conséquence de l'évolution humaine qui a eu l'impact le plus
profond sur la nature humaine et la société humaine a été
l'émergence de culture, qui peuvent être définis comme des
ensembles de comportements et d'idées appris que les êtres humains
acquièrent en tant que membres de la société ainsi que les artefacts
et les structures matériels que les êtres humains créent et utilisent.
Notre patrimoine culturel permet aux humains de s'adapter et de
transformer le monde qui nous entoure à travers nos interactions
avec les structures matérielles et les objets dans les communautés où
nous vivons, à travers les liens que nous formons avec d'autres
personnes et d'autres organismes vivants, à travers les actions et les
compétences de notre individu corps, et à travers les idées et les
valeurs de notre esprit. Le patrimoine culturel de l'espèce humaine est
à la fois significatif et matériel, et il nous rend unique parmi les
créatures vivantes.
Les êtres humains dépendent plus que toute autre espèce de
l'apprentissage pour survivre, car nous n'avons pas d'instinct qui nous
protège automatiquement et nous aide à trouver de la nourriture et
un abri. Au lieu de cela, nous en sommes venus à utiliser notre
cerveau vaste et complexe pour apprendre des autres membres de la
société ce que nous devons savoir pour survivre. L'apprentissage est
un objectif principal de l'enfance, qui est plus longue pour les
humains que pour toute autre espèce.
Du point de vue anthropologique, le concept de culture est central
pour expliquer pourquoi les êtres humains sont ce qu'ils sont et pourquoi
ils font ce qu'ils font. Les anthropologues sont souvent capables de
montrer que les membres d'un groupe social particulier se comportent
d'une manière particulièrene pasparce que le comportement était
programmé par leurs gènes, mais parce qu'ils observaient les autres et
copiaient ce qu'ils faisaient. Par exemple, les Nord-Américains ne mangent
généralement pas d'insectes, mais ce comportement n'est pas le résultat
d'une programmation génétique. Au contraire, on a dit aux Nord-
Américains quand ils étaient enfants que manger des insectes est
dégoûtant, n'ont jamais vu aucun de leurs amis ou de leur famille manger
des insectes et ne mangent pas d'insectes eux-mêmes. Comme nous
l'avons découvert personnellement, cependant, les insectes peuvent être
mangés par les Nord-Américains sans effets néfastes. Cette différence de
comportement alimentaire peut s'expliquer en termes de culture plutôt
que de biologie.
Cependant, pour comprendre le pouvoir de la culture, les
anthropologues doivent également connaître la biologie humaine. Les
anthropologues d'Amérique du Nord ont traditionnellement été formés
dans les deux domaines afin qu'ils puissent comprendre comment
 Qu'est-ce qui fait de l'anthropologie une discipline interdisciplinaire?
les organismes vivants travaillent et se familiarisent avec des
informations comparatives sur un large éventail de sociétés
humaines. En conséquence, ils peuvent mieux évaluer comment la
biologie et la culture contribuent aux différentes formes de
comportement humain. En effet, la plupart des anthropologues
rejettent les explications du comportement humain qui les obligent à
choisir la biologie ou la culture comme cause unique. Au lieu de cela,
ils soulignent que les êtres humains sontorganismes bioculturels.
Notre constitution biologique – notre cerveau, notre système nerveux
et notre anatomie – est le résultat de processus de développement
auxquels nos gènes et notre chimie cellulaire contribuent de manière
fondamentale. Il fait aussi de nous des organismes capables de créer
et d'utiliser la culture. Sans ces dotations biologiques, la culture
humaine telle que nous la connaissons n'existerait pas. En même
temps, notre survie en tant qu'organismes biologiques dépend de
façons apprises de penser et d'agir qui nous aident à trouver de la
nourriture, un abri et des partenaires et qui nous apprennent à élever
nos enfants. Notre dotation biologique, aussi riche soit-elle, ne nous
fournit pas d'instincts qui prendraient automatiquement en charge
ces besoins de survie. La biologie humaine rend la culture possible ; la
culture humaine rend possible la survie biologique de l'homme.
Pour comprendre le pouvoir de la culture, les anthropologues
accordent également une attention croissante aux culture matérielle
dans la vie des organismes humains bioculturels. De nombreux
anthropologues culturels, y compris nous-mêmes, ont
traditionnellement mis l'accent sur la façon dont les relations des
gens avec les artefacts sont façonnées par les significations culturelles
qu'ils attachent à ces artefacts. Cet accent a semblé particulièrement
nécessaire face aux hypothèses largement répandues dans notre
propre société nord-américaine selon lesquelles les objets matériels
ont des significations fonctionnelles évidentes qui sont les mêmes
pour tout le monde, partout. Mais les anthropologues culturels ont
constaté à maintes reprises qu'un même objet peut signifier
différentes choses pour différentes personnes. Considérez
simplement les significations variées attachées aux armes d'assaut ou
à la «pilule du lendemain» dans l'histoire récente des États-Unis.
Néanmoins, les théories innovantes de la matérialité
développées dans des domaines appelés anthropologie cyborg et
études scientifiques ont fourni aux anthropologues culturels de
nouvelles façons de conceptualiser les relations entre les personnes
et les choses, permettant de nouvelles connexions entre le travail en
anthropologie culturelle et en archéologie, un domaine avec une
longue expérience dans le traitement avec et en pensant à la culture
matérielle (voir chapitres 6 et 7). D'autres exemples illustrant ces
nouvelles approches seront trouvés tout au long de cet ouvrage. De
nombreux exemples sont centrés sur des expériences humaines avec
de nouveaux types de choses (ordinateurs, téléphones portables,
Internet) qui sont de plus en plus au cœur de la vie des gens partout
dans le monde. Par exemple, les personnes qui jouent à des jeux
vidéo en ligne semblent se joindre à la technologie et aux autres
joueurs pour former une entité hybride transparente ; ou la
technologie qui nous relie à des amis sur Facebook disparaît de notre
conscience. C'est un phénomène qui
7
l'anthropologue Daniel Miller appelle l'humilité des choses :« les
objets sont importants, non parce qu'ils sont évidents et qu'ils
contraignent ou permettent physiquement, mais bien au contraire.
C'est souvent précisément parce que nous ne les voyons pas » (2010 :
50). La fusion des personnes et des choses est parfois source de
plaisir, comme lorsque l'on fait ses emplettes des Fêtes sur Internet ;
mais cela peut aussi être troublant lorsque nous réalisons que nos
activités de navigation sur le Web sont suivies par des robots Web
commerciaux ou par des entités gouvernementales comme la
National Security Agency. Pour ces raisons et d'autres, nous
convenons avec Daniel Miller que « la meilleure façon de comprendre,
de transmettre et d'apprécier notre humanité est de prêter attention
à notre matérialité fondamentale » (2010, 4). Et cela signifie prendre la
culture matérielle au sérieux.
Ce qui fait de l'anthropologie une
discipline interdisciplinaire
La discipline?
En raison de sa diversité, l'anthropologie ne s'intègre pas facilement
dans l'une des classifications académiques standard. La discipline est
généralement répertoriée comme une science sociale, mais elle
couvre également les sciences naturelles et les sciences humaines. Ce
que c'estne pas, comme nous le verrons, est l'étude de l'« exotique »,
du « primitif » ou du « sauvage », termes que les anthropologues
rejettent. La figure 1.2 met de l'ordre dans la variété des intérêts que
l'on retrouve sous l'égide anthropologique.
Traditionnellement, l'anthropologie nord-américaine a été
divisée en quatre sous-domaines : anthropologie biologique,
anthropologie culturelle, anthropologie linguistique, et
archéologie. En raison de leur engagement envers le holisme, de
nombreux départements d'anthropologie essaient de
représenter la plupart ou la totalité des sous-domaines de leurs
programmes universitaires. Cependant, les universités d'autres
parties du monde, comme l'Europe, ne réunissent généralement
pas toutes ces spécialités. Cependant, de nombreux
anthropologues nord-américains associent l'anthropologie nord-
américaine holistique à quatre domaines à la répudiation réussie
du racisme scientifique du XIXe siècle par Franz Boas et d'autres
anthropologues du début du XXe siècle. Ils valorisent également
l'anthropologie à quatre domaines en tant que «zone
commerciale» protégée au sein de laquelle les anthropologues
sont encouragés à rassembler des concepts et des connaissances
nouveaux provenant d'une variété de traditions de recherche.
L'anthropologue nord-américaine Rena Lederman (2005), par
exemple,
organismes bioculturels Organismes (dans ce cas, les êtres humains) dont les caractéristiques
déterminantes sont codéterminées par des facteurs biologiques et culturels.
culture matérielle Objets créés ou façonnés par des êtres humains et auxquels les
pratiques culturelles donnent un sens.
 8 CHAPITRE 1 : W

Anthropologie
L'étude intégrée de la nature humaine, de la société humaine et de l'histoire humaine.

Anthropologie culturelle
Anthropologie biologique
parenté et
Paléoanthropologie organisation sociale
Biologie humaine
Durée de vie des matériaux et
et variante technologie Subsistance et économie
Primatologie Vision du monde
Anthropologie appliquée
Anthropologie médicale
Anthropologie du développement
Anthropologie urbaine
anthropologique
Archéologie linguistique

Archéologie préhistorique Linguistique descriptive

Archéologie historique Linguistique comparée
Linguistique historique

FIGURE 1.2 Aux États-Unis, l'anthropologie est traditionnellement divisée en quatre spécialités :
l'anthropologie biologique, l'anthropologie culturelle, la linguistique anthropologique et l'archéologie.
L'anthropologie appliquée s'appuie sur les informations fournies par les quatre autres spécialités.

Le holisme anthropologique est attrayant même ce qui nous rend différents ou similaires aux autres animaux. L'intérêt
pour ceux qui n'ont pas été formés en Amérique du précoce pour ces questions était un sous-produit de siècles
Nord. L'anthropologue britannique Tim Ingold (1994), d'exploration. Les Européens de l'Ouest avaient découvert d'énormes
par exemple, soutient que « la meilleure écriture variations dans l'apparence physique des peuples du monde entier et
anthropologique se distingue par sa réceptivité aux avaient longtemps essayé de donner un sens à ces différences.
idées issues de travaux sur des sujets bien au-delà de Certains chercheurs ont développé une série de techniques élaborées
ses frontières conventionnelles, et par sa capacité à pour mesurer différentes caractéristiques observables des
relier ces idées d'une manière qui n'aurait pas est populations humaines, notamment la couleur de la peau, le type de
venu à l'esprit de leurs auteurs, qui peuvent être plus cheveux, le type de corps, etc., dans l'espoir de trouver des preuves
enfermés dans leurs cadres disciplinaires particuliers scientifiques qui leur permettraient de classer tous les peuples du
» (xvii). Nous partageons les points de vue de monde dans un ensemble de catégories non ambiguës basées sur des
Lederman et Ingold : formés à l'anthropologie ensembles distincts d'attributs biologiques. De telles catégories ont
holistique à quatre domaines, nous continuons été appeléesles courses, et de nombreux scientifiques étaient
d'apprécier la perspective unique qu'elle apporte à convaincus que des critères clairs de classification raciale seraient
l'étude de la nature humaine, de la société humaine et découverts si des mesures minutieuses étaient effectuées sur
du passé humain. En effet, comme l'ont observé les suffisamment de personnes appartenant à une gamme de
organisateurs d'une récente conférence populations différentes.
anthropologique, Les scientifiques européens ont d'abord appliqué les catégories
raciales aux peuples de l'Europe elle-même, mais leurs classifications
ont rapidement inclus les peuples non européens, qui étaient soumis
à une domination politique et économique croissante par l'expansion
des sociétés capitalistes européennes et européennes américaines.

Anthropologie biologique
Depuis le XIXe siècle, lorsque l'anthropologie se développait en
tant que domaine académique, les anthropologues ont étudié les
êtres humains en tant qu'organismes vivants pour découvrir
les courses Groupements sociaux qui reflètent prétendument des différences biologiques.
Ces peuples différaient des Européens « blancs » non seulement en
raison de leur couleur de peau plus foncée, mais aussi en raison de
leurs langues et coutumes inconnues. Dans la plupart des cas, leurs
technologies n'étaient pas non plus à la hauteur de la puissance de
l'Occident. Au début du XVIIIe siècle, le biologiste européen Carolus
Linnaeus (Carl von Linné, 1707-1778) a classé les populations
humaines connues en quatre races (américaine, européenne,
asiatique et noire) en fonction de la couleur de la peau (rougeâtre,

DANS LEURS PROPRES MOTS
L'anthropologie comme vocation
Écouter des voix
James W. Fernandez (Ph.D., Northwestern University)
est professeur d'anthropologie à l'Université de
Chicago. Il a travaillé parmi les Fang du Gabon et
parmi les éleveurs de bétail et les mineurs des
Asturies, en Espagne. Ceci est un extrait d'un essai
sur la vocation anthropologique.
Pour moi, la vocation anthropologique a fondamentalement à voir avec
l'inclination à entendre des voix. Une partie importante de notre
vocation est « l'écoute des voix », et nos méthodes sont les procédures
qui nous permettent le mieux d'entendre des voix, de représenter des
voix, de traduire des voix.
En écoutant attentivement les voix des autres et en essayant
de faire entendre ces voix, nous agissons pour élargir les horizons
de la convivialité humaine. Si nous n'avions pas atteint une
certaine complicité en étant là, en écoutant attentivement et en
négociant de bonne foi, il serait d'autant plus difficile de
s'exprimer d'une manière qui élargirait les horizons de la
convivialité humaine. Quoi qu'il en soit, l'appel à
blanc, jaune et noir, respectivement). Linnaeus a également relié
l'appartenance raciale aux attributs mentaux et moraux des
membres du groupe. Ainsi, écrit-il, les Européens étaient «
inconstants, sanguins, aux yeux bleus, doux et régis par des lois
», tandis que les Noirs étaient « colériques, obstinés, satisfaits et
régis par la coutume » et les Asiatiques étaient « graves, avares,
dignes et gouverné par l'opinion » (Molnar 2001, 5-6).
Au XIXe siècle, des naturalistes influents tels que Louis Agassiz,
Samuel George Morton, Francis Galton et Paul Broca supposaient que
les races biologiques étaient réelles et qu'elles pouvaient être classées
dans une hiérarchie. Ils se sont alors lancés dans un programme de
recherche scientifique (parfois appeléracisme scientifique) qui
cherchait des preuves matérielles qui définiraient les frontières
raciales et expliqueraient pourquoi la hiérarchie raciale existait. Par
exemple, ils ont classé différentes populations du monde en fonction
de la taille du cerveau ; ils ont trouvé que le cerveau des Européens et
des Nord-Américains « blancs » était plus gros et considéraient les
autres races comme représentant divers degrés d'infériorité, les
Africains étant classés au bas de l'échelle (Gould 1996). Ces résultats
ont été utilisés pour justifier les pratiques sociales familières que nous
appelons maintenantracisme: l'oppression systématique des
membres d'un ou
Anthropologie biologique 9
élargir les horizons et accroître la convivialité humaine semble
une vocation digne d'un optimisme et d'un bon sens très
humains. Qui résisterait à la proposition selon laquelle plus de
sympathie dans le monde vaut mieux que moins, et
qu'étendre l'interlocutoire dans le monde vaut mieux que de
le diminuer ?
En même temps, il y a là un paradoxe, qui exige de nous le
sens des proportions. Si l'anthropologue est appelé à amener
diverses personnes à l'intercommunication, il est également
appelé à résister à l'homogénéisation qui réside dans la
communication de masse. Notre expérience même nous
appelle à célébrer la grande variété de voix dans le chœur
humain. Le paradoxe est que nous travaillons à la fois à
amplifier l'échelle de l'intercommunication et à contribuer en
fait à l'homogénéisation — tout en travaillant à insister sur la
grande variété des voix dans la communication. Il faut garder
ici aussi le sens des proportions. Nous devons reconnaître à
quel point une intercommunication culturelle de plus en plus
large peut conduire à des voix dominantes cachées dans le
processus d'homogénéisation. L'intercommunication
humaine a ses usages et ses abus.
La source: Fernandez 1990, 14-15.
des « races » plus définies socialement par une autre « race »
socialement définie qui est justifiée en termes de supériorité
biologique inhérente supposée des dirigeants et de l'infériorité
biologique inhérente supposée de ceux qu'ils gouvernent.
L'anthropologie biologique ou physique en tant que
discipline distincte a ses origines dans le travail de chercheurs
comme ceux-ci, dont la formation était dans une autre discipline,
souvent la médecine. Johann Blumenbach (1752-1840), par
exemple, que certains ont appelé le « père de l'anthropologie
physique », a reçu une formation de médecin. Blumenbach a
identifié cinq races différentes (caucasoïde, mongoloïde,
américaine, éthiopienne et malaise), et sa classification a eu une
influence à la fin des XIXe et XXe siècles (Molnar 2001, 6). Lui et
ses contemporains supposaient que les races de
« l'humanité » (comme ils l'auraient dit) étaient des subdivisions
fixes et immuables de l'humanité.
racisme L'oppression systématique d'une ou plusieurs « races » socialement définies par
une autre « race » socialement définie qui est justifiée en termes de supériorité biologique
inhérente supposée des dirigeants et de l'infériorité biologique inhérente supposée de
ceux qu'ils gouvernent.
 dix
une
FIGURE 1.3 Certains anthropologues biologiques sont des primatologues, comme Agustín
Fuentes (a) représenté ici avec un macaque, également nommé Fuentes. D'autres
anthropologues biologiques sont des paléoanthropologues, comme Matthew Tornow, qui
étudie les anciens ancêtres des primates (b).
Cependant, à mesure que les scientifiques en apprenaient davantage
sur la variation biologique des populations humaines, certains d'entre eux
se sont rendu compte que les traits traditionnellement utilisés pour
identifier les races, tels que la couleur de la peau, n'étaient pas bien
corrélés avec d'autres traits physiques et biologiques, sans parler des traits
mentaux et moraux. En effet, les scientifiques ne pouvaient même pas
s'entendre sur le nombre de races humaines ou sur l'endroit où les
frontières entre elles devraient être tracées.
Au début du vingtième siècle, certains anthropologues et
biologistes soutenaient que la « race » était une étiquette culturelle
inventée par les êtres humains pour trier les gens en groupes et que
les races avec des ensembles distincts et uniques d'attributs
biologiques n'existaient tout simplement pas. Des anthropologues
comme Franz Boas, par exemple, qui au début des années 1900 a
fondé le premier département d'anthropologie aux États-Unis, à
l'Université de Columbia, ont longtemps été mal à l'aise avec les
classifications raciales en anthropologie. Boas et ses étudiants ont
consacré beaucoup d'énergie à démystifier les stéréotypes racistes,
en utilisant à la fois leur connaissance de la biologie et leur
compréhension de la culture. Au fur et à mesure que la discipline de
l'anthropologie s'est développée aux États-Unis, les étudiants ont été
formés à la fois en biologie humaine
anthropologie biologique (ou anthropologie physique) La spécialité
de l'anthropologie qui considère les êtres humains comme des organismes biologiques et
essaie de découvrir quelles caractéristiques les rendent différents des autres organismes et
quelles caractéristiques ils partagent.
primatologie L'étude des primates non humains, les plus proches parents vivants
des êtres humains.
paléoanthropologie La recherche des restes fossilisés des premiers ancêtres
de l'humanité.
b
et la culture humaine pour leur fournir les outils nécessaires pour
lutter contre les stéréotypes raciaux. Après la Seconde Guerre
mondiale, cette position a gagné en force dans l'anthropologie
nord-américaine, sous la direction énergique de l'anthropologue
Sherwood Washburn. La « nouvelle » anthropologie physique
Washburn développée à l'Université de Californie, Berkeley, a
répudié la classification raciale et a déplacé l'attention sur les
modèles de variation et d'adaptation au sein de l'espèce humaine
dans son ensemble. Ce changement d'orientation a conduit de
nombreux adeptes de Washburn à définir leur spécialité comme
anthropologie biologique, un mouvement qui a mis en évidence
leurs différences avec l'ancienne «anthropologie physique»
consacrée à la classification raciale.
Certains anthropologues biologiques travaillent dans les
domaines de la primatologie (l'étude des plus proches parents
vivants des êtres humains, les primates non humains),
paléoanthropologie (l'étude des os et des dents fossilisés de nos
premiers ancêtres) et la biologie squelettique humaine (mesurer et
comparer les formes et les tailles - ou la morphologie - des os et des
dents à l'aide de restes squelettiques de différentes populations
humaines) (figure 1.3). Les nouvelles spécialités se concentrent sur
l'adaptabilité humaine dans différents contextes écologiques, sur la
croissance et le développement humains, ou sur les liens entre
l'histoire évolutive d'une population et sa susceptibilité aux maladies.
Les anthropologues médico-légaux utilisent leurs connaissances de
l'anatomie du squelette humain pour aider les enquêteurs chargés de
l'application des lois et des droits de l'homme. Les anthropologues
moléculaires tracent des similitudes chimiques et des différences
dans le système immunitaire, un intérêt qui a conduit à des
recherches actives sur le virus qui cause le VIH/SIDA. De plus, de
nouvelles techniques analytiques,

telles que la biostatistique, l'imagerie tridimensionnelle et la
communication et l'édition électroniques, ont transformé le
domaine (Boaz et Wolfe 1995; Weinker 1995). Encore plus
révolutionnaire a été le développement récent de techniques
d'extraction d'anciennes biomolécules à partir de fossiles.ADN
ancien (ADNa) extrait d'os fossiles peut révéler une gamme
d'informations sur l'individu dont il provient, comme le sexe de
l'individu et ses relations avec d'autres populations dans le passé
et le présent. Des génomes entiers d'individus fossilisés, comme
les Néandertaliens, ont été reconstitués, offrant de nouvelles
fenêtres éblouissantes sur les migrations et les contacts entre les
populations anciennes, ainsi que leurs liens avec les populations
vivantes (voir chapitre 5). Des molécules anciennes peuvent
également être récupérées, non seulement à partir d'os
fossilisés, mais également à partir d'artefacts anciens. Par
exemple, la caséine, une protéine présente dans le lait, laisse des
résidus dans les récipients utilisés pour stocker les produits
laitiers tels que le fromage, ce qui fournit des informations sur
les anciennes pratiques alimentaires. Ce type d'information
intéresse aussi bien les paléoanthropologues que les
archéologues, créant de nouvelles opportunités pour eux de
collaborer à la reconstruction du passé humain (Brown et Brown
2013). De toutes ces manières, les anthropologues biologiques
peuvent mettre en lumière ce qui rend les êtres humains
similaires et différents les uns des autres, des autres primates et
des autres formes de vie.
Qu'ils étudient la biologie humaine, les primates ou les
fossiles de nos ancêtres, les anthropologues biologiques
partagent clairement de nombreuses méthodes et théories
utilisées dans les sciences naturelles, principalement la biologie,
l'écologie, la chimie et la géologie. Ce qui tend à distinguer les
anthropologues biologiques de leurs collègues non
anthropologiques, c'est la perspective holistique, comparative et
évolutive qui fait partie de leur formation anthropologique. Cette
perspective leur rappelle de toujours considérer leur travail
comme une partie seulement de l'étude globale de la nature
humaine, de la société humaine et du passé humain.
Anthropologie culturelle
La deuxième spécialité de l'anthropologie est anthropologie
culturelle, qu'on appelle parfois anthropologie socioculturelle,
anthropologie sociale, ou ethnologie. Au début du XXe siècle, les
anthropologues ont réalisé que la biologie raciale ne pouvait pas être
utilisée pour expliquer pourquoi tout le monde dans le monde ne
s'habillait pas de la même manière, ne parlait pas la même langue, ne
priait pas le même dieu ou ne mangeait pas d'insectes pour le dîner. À
peu près à la même époque, des anthropologues comme Margaret
Mead montraient que la biologie de la différence sexuelle ne pouvait
pas être utilisée pour prédire comment les hommes et les femmes
pourraient se comporter ou quelles tâches ils effectueraient dans une
société donnée. Les anthropologues ont conclu
Anthropologie culturelle 11
que quelque chose d'autre que la biologie devait être
responsable de ces variations. Ils ont suggéré que cette «
autre chose » était la culture.
De nombreux anthropologues ont mené des recherches
importantes tout au long du vingtième siècle pour séparer la
variation biologique humaine des pratiques culturelles humaines,
montrant que ces pratiques ne pouvaient pas être réduites à une
différence «raciale». Vers la fin du vingtième siècle, les
anthropologues distinguaient aussi régulièrement entre lessexe
d'un individu et de la forme culturelle genrerôles jugés
appropriés pour chaque sexe dans une société donnée. Comme
nous le verrons tout au long du texte, l'attention au genre est
devenue partie intégrante de tout travail anthropologique.
Parce que les gens de partout utilisent la culture pour s'adapter
et transformer tout dans le monde plus vaste dans lequel ils vivent, le
domaine de l'anthropologie culturelle est vaste. Les anthropologues
culturels ont tendance à se spécialiser dans l'un ou l'autre domaine de
l'activité culturelle humaine (figure 1.4). Certains étudient la manière
dont des groupes particuliers d'êtres humains s'organisent pour
accomplir des tâches collectives, qu'elles soient économiques,
politiques ou spirituelles. Cette orientation au sein de l'anthropologie
culturelle ressemble le plus à la discipline de la sociologie, et de là est
venue l'identification de l'anthropologie comme l'une des sciences
sociales.
La sociologie et l'anthropologie se sont développées au
cours de la même période et partagent des intérêts similaires
dans l'organisation sociale. Ce qui différenciait l'anthropologie de
la sociologie, c'était l'intérêt anthropologique de comparer
différentes formes de vie sociale humaine. Dans le cadre raciste
des sociétés européennes et nord-américaines du XIXe et du
début du XXe siècle, certains considéraient la sociologie comme
l'étude des sociétés industrielles « civilisées » et qualifiaient
l'anthropologie d'étude de toutes les autres sociétés, regroupées
comme « primitives ». Aujourd'hui, au contraire, les
anthropologues se préoccupent d'étudiertous sociétés humaines,
et ils rejettent les étiquettes civilisé et primitifpour la même
raison, ils rejettent la notion de race biologique. Les
anthropologues contemporains font des recherches dans des
milieux urbains et ruraux à travers le monde et parmi les
membres de toutes les sociétés, y compris la leur.
Les anthropologues ont découvert que, dans de nombreuses
sociétés non occidentales, les gens n'organisent pas de bureaucraties,
d'églises ou d'écoles, mais qu'ils parviennent néanmoins à mener à
bien toute la gamme des activités humaines parce qu'ils
anthropologie culturelle La spécialité de l'anthropologie qui montre comment la variation des
croyances et des comportements des membres de différents groupes humains est façonnée par des
ensembles de comportements et d'idées appris que les êtres humains acquièrent en tant que
membres de la société, c'est-à-dire par la culture.
sexe Caractéristiques physiques observables qui distinguent deux types
d'humains, les femelles et les mâles, nécessaires à la reproduction biologique.
genre La construction culturelle des croyances et des comportements considérés comme
appropriés pour chaque sexe.
 12

sociétés ou dans l'évolution de la technologie au fil du temps.

Les tuyaux intéressés par la vie matérielle décrivent également
le cadre naturel pour lequel les technologies ont été
développées et analysent la manière dont les technologies et les
environnements se construisent. D'autres ont étudié la manière
dont les peuples occidentaux ont répondu aux défis politiques
et économiques du colonialisme et de la technologie industrielle
capitaliste qui l'accompagnait.
Les anthropologues culturels, quel que soit leur
domaine de spécialisation, collectent généralement leurs
données au cours d'une longue période d'implication
étroite avec les personnes dont la langue ou le mode de vie
les intéressent.
Cette période de recherche, appelée travail sur le terrain, a
pour caractéristique centrale l'implication des anthropologues dans la

FIGURE 1.4 Les anthropologues culturels parlent à de nombreuses personnes,

routine quotidienne de ceux au milieu desquels ils vivent. Les
observer leurs actions et participer le plus possible au mode de personnes qui partagent des informations sur leur culture et leur
vie d'un groupe. Ici, l'anthropologue sri lankais Arjun Guneratne langue avec des anthropologues sont traditionnellement appelées
s'entretient avec certains de ses consultants au Népal.
informateurs; cependant, les anthropologues utilisent moins ce
terme aujourd'hui, et certains préfèrent décrire ces individus comme
répondants, collaborateurs, enseignants, ou simplement "les gens
développé des institutions de parenté qui leur ont permis
avec qui je travaille» parce que ces termes mettent l'accent sur une
d'organiser des groupes sociaux à travers lesquels ils pourraient
relation d'égalité et de réciprocité. Les agents de terrain acquièrent
vivre leur vie. Une forme de parenté, appeléeparenté, relie les
un aperçu d'une autre culture en participant avec les membres à des
gens les uns aux autres sur la base de la naissance, du mariage
activités sociales et en observant ces activités comme des étrangers.
et de l'éducation. L'étude de la parenté est devenue très
Cette méthode de recherche, connue sous le nom deobservation
développée en anthropologie et reste un centre d'intérêt
participante, est au cœur de l'anthropologie culturelle.
aujourd'hui. En outre, les anthropologues ont décrit une variété
de formes de groupes sociaux organisés selon différents
Les anthropologues culturels écrivent sur ce qu'ils ont
principes, tels que les sociétés secrètes, les tranches d'âge et de
appris dans des articles ou des livres savants et documentent
nombreuses formes d'organisation politique complexe, y compris
parfois la vie des personnes avec lesquelles ils travaillent sur des
les États. Ces dernières années, les anthropologues culturels ont
films ou des vidéos. Unethnographie est une description des «
étudié les questions contemporaines de genre et de sexualité, les
comportements sociaux coutumiers d'un groupe identifiable de
migrations transnationales de main-d'œuvre, l'urbanisation, la
personnes » (Wolcott 1999, 252-253) ;ethnologie est l'étude
mondialisation, la résurgence de l'ethnicité et du nationalisme
comparative de deux ou plusieurs de ces groupes. Ainsi, les
après la guerre froide dans le monde et les débats sur les droits
anthropologues culturels qui écrivent des ethnographies sont
de l'homme.
parfois appelésethnographes, et les anthropologues qui
Les anthropologues culturels ont étudié les modèles de vie
comparent les informations ethnographiques sur de nombreuses
matérielle trouvés dans différents groupes humains. Parmi les plus
pratiques culturelles différentes sont parfois appelés
frappantes figurent les variations mondiales dans les vêtements, le
ethnologues. Mais toute écriture anthropologique n'est pas
logement, les outils et les techniques pour obtenir de la nourriture et
ethnographique. Certains anthropologues se spécialisent dans la
fabriquer des biens matériels. Certains anthropologues se spécialisent
reconstruction de l'histoire de notre discipline, retraçant, par
dans l'étude des technologies dans différentes
exemple, comment les pratiques de terrain des anthropologues
ont changé au fil du temps et comment ces changements
peuvent être liés à des changements politiques, économiques et
travail sur le terrain Une période prolongée d'implication étroite avec les personnes dont la
langue ou le mode de vie s'intéressent aux anthropologues, au cours de laquelle les sociaux plus larges au sein des sociétés dont ils sont issus et au
anthropologues collectent habituellement la plupart de leurs données. sein de laquelle ils ont fait leurs recherches.
informateurs Les personnes d'une culture particulière qui travaillent avec des
anthropologues et leur fournissent des informations sur leur mode de vie. Également
appelés répondants, enseignants ou amis.
Partout, les gens utilisent de plus en plus des biens

ethnographie Description écrite ou filmée par un anthropologue d'une

matériels et des technologies produits en dehors de leurs
culture particulière. propres sociétés. Les anthropologues ont pu montrer que,
ethnologie L'étude comparative de deux ou plusieurs cultures. contrairement à de nombreuses attentes, les non-occidentaux

n'imitez pas servilement les manières occidentales. Au lieu de
cela, ils utilisent les technologies occidentales de manière
créative et souvent imprévue, mais qui ont du sens dans leur
propre contexte culturel local. Ces formes d'échange culturel
se sont puissamment accélérées après la fin de la guerre
froide en 1989, lorsque les progrès des technologies de
communication, de fabrication et de transport ont semblé
dissoudre, ou du moins réduire sérieusement, les anciennes
barrières spatiales et temporelles. Toutes les régions du
monde ont été entraînées dans ces processus de
mondialisation: le remodelage des conditions locales par de
puissantes forces mondiales à une échelle toujours plus
intense. La mondialisation suggère un monde plein de
mouvements et de mélanges, de contacts et de liens, et
d'interactions et d'échanges culturels persistants (Inda et
Rosaldo 2002, 2). Certaines personnes ont clairement
bénéficié de la mondialisation, tandis que d'autres en ont
souffert, et partout, les gens luttent pour répondre aux effets
de la mondialisation qui semblent impossibles à gérer. Dans
un monde globalisé, il n'est plus possible de présumer que
les peuples et les cultures sont fermement attachés à des
lieux géographiques spécifiques. En conséquence, de
nombreux anthropologues culturels accordent désormais
une attention croissante aux migrations entreprises par les
peuples du monde entier et se sont souvent concentrés sur
des régions comme la frontière entre le nord du Mexique et
les États-Unis,
Il serait difficile de trouver des projets de recherche
d'anthropologues culturels contemporains qui ne reconnaissent pas d'une
manière ou d'une autre la manière dont les processus mondiaux affectent
les communautés locales où ils travaillent. En effet, les flux mondiaux de
technologies et de produits de base ont poussé les ethnographes à élargir
leur champ d'intérêt ethnographique à des sujets et à des contextes sans
précédent du point de vue des recherches entreprises pendant la majeure
partie du XXe siècle. L'évolution des anthropologues culturels dans des
domaines comme l'ingénierie informatique ou dans des milieux
ethnographiques comme les laboratoires scientifiques ou Internet est
particulièrement frappante. Comme nous l'avons noté précédemment, cet
intérêt a également stimulé de nouvelles approches de la culture
matérielle, en particulier la manière dont les êtres humains et leurs
appareils informatisés se connectent les uns aux autres.
La cybernétique était l'un des premiers noms donnés à ces
technologies qui connectaient les gens et les machines de cette
manière intime, et elle a influencé la pensée de Donna Haraway,
une biologiste et féministe radicale, qui a publié « A Cyborg
Manifesto » en 1980. L'image du cyborg— un hybride organisme-
machine a été popularisé dans la science-fiction, mais Haraway a
souligné que, pour le meilleur ou pour le pire, de tels hybrides
étaient tout autour de nous, des systèmes d'armes
cybernétiquement avancés aux rats de laboratoire avec des
dispositifs de cyber-contrôle implantés. Même si
Anthropologie culturelle 13
beaucoup de gens sont troublés par la notion d'hybrides organisme-
machine, Haraway a exhorté ses lecteurs à adopter l'image du cyborg
en tant que nouveau modèle pour remettre en question les frontières
sociales, politiques et économiques rigides qui ont été utilisées pour
séparer les gens par sexe, sexualité, classe, et la race, frontières
proclamées par leurs défenseurs comme « naturelles ». Le travail de
Haraway a attiré l'attention d'un large éventail de chercheurs dans de
nombreuses disciplines, y compris l'anthropologie.anthropologie
cyborg fait référence à la recherche ethnographique qui se concentre
sur les hybrides homme-machine qui brouillent les frontières entre la
nature et la culture, le vivant et le non-vivant. Les idées de cyborg de
Haraway ont également contribué au développement du domaine
interdisciplinaire deétudes scientifiques, qui explore les
interconnexions entre les conditions et les pratiques socioculturelles,
politiques, économiques et historiques qui rendent la recherche
scientifique à la fois possible et réussie. La pensée cyborg a renforcé
les travaux d'universitaires comme Bruno Latour, qui ont entrepris
des travaux ethnographiques sur le terrain dans des laboratoires
scientifiques, suivant des scientifiques en exercice s'engageant dans
un travail habile avec différents types d'appareils matériels, et les
suivant plus tard à l'extérieur des laboratoires alors qu'ils cherchaient
divers types de soutien pour leur travail (par ex. , Latour et Woolgar
1986) (voir module I). Mais la pensée cyborg a également été reprise
avec succès par des anthropologues qui explorent les nombreuses
autres façons dont la culture matérielle et les organismes non
humains sont profondément mêlés aux significations, croyances,
valeurs et pratiques culturelles humaines. Les modèles des études
scientifiques et de l'anthropologie cyborg permettent de nouvelles
compréhensions des êtres humains en tant qu'hybrides bioculturels,
mêlés aux caractéristiques vivantes et non vivantes de leurs mondes
matériels, y compris les artefacts de leur propre fabrication. Ces
orientations théoriques recoupent aussi de manière productive les
travaux sur les processus de réorganisation et d'hybridation culturels
produits par la mondialisation.
Alors que les anthropologues culturels sont devenus de plus en plus
conscients des influences socioculturelles qui s'étendent à travers l'espace
pour affecter les communautés locales, ils sont également devenus
sensibles à celles qui s'étendent au fil du temps. En conséquence, de
nombreux anthropologues culturels contemporains
mondialisation Le remodelage des conditions locales par de puissantes forces mondiales à une
échelle toujours plus intense.
anthropologie cyborg Une forme d'analyse anthropologique basée sur la notion
d'hybrides animal-machine, ou cyborgs, qui offre un nouveau modèle pour remettre en
question les frontières sociales, politiques ou économiques rigides qui ont été utilisées
pour séparer les gens selon le sexe, la sexualité, la classe et la race, limites proclamées
par leurs défenseurs comme « naturelles ».
études scientifiques Recherche qui explore les interconnexions entre les conditions et
les pratiques socioculturelles, politiques, économiques et historiques qui rendent la
recherche scientifique à la fois possible et réussie.
 14
FIGURE 1.5 Professeur d'anthropologie et de linguistique H.
Samy Alim (deuxième à partir de la gauche) dirige un séminaire d'études supérieures à
l'Université de Stanford.
faire de sérieux efforts pour replacer leurs analyses culturelles dans un
contexte historique détaillé. Les anthropologues culturels qui effectuent
des études comparatives du langage, de la musique, de la danse, de l'art,
de la poésie, de la philosophie, de la religion ou des rituels partagent
souvent bon nombre des intérêts des spécialistes des disciplines des
beaux-arts et des sciences humaines.
Anthropologie linguistique
La caractéristique culturelle la plus frappante de notre espèce est
peut-être Langue, que nous pouvons provisoirement définir
comme le système de symboles arbitraires que les humains
utilisent pour parler de tous les domaines de notre vie, du
matériel au spirituel, et pour coder notre expérience du monde et
des autres. Anthropologie linguistique étudie donc la langue,
non seulement comme une forme de communication
symbolique, mais aussi comme un vecteur majeur d'informations
culturelles importantes. En effet, les anthropologues
linguistiques comprennent le langage au sens large, insistant sur
le fait que les mots et les phrases ne peuvent être compris en
dehors des contextes sociaux et culturels dans lesquels ils sont
prononcés ; et, à l'inverse, que l'étude du langage dans ses
contextes d'utilisation est un moyen particulièrement utile pour
étudier les aspects sociaux et culturels de la société humaine. De
nombreux premiers anthropologues ont été les premiers à
transcrire des langues non occidentales et
Langue Le système de symboles arbitraires utilisé pour coder son
expérience du monde et des autres.
anthropologie linguistique La spécialité de l'anthropologie concerne
l'étude des langues humaines.
archéologie Une anthropologie culturelle du passé humain impliquant
l'analyse des vestiges matériels laissés par les sociétés antérieures.
o produire des grammaires et des dictionnaires de ces langues
(figure 1.5). Les anthropologues linguistiques contemporains et
leurs homologues en sociologie (appelésociolinguistes)
étudient la corrélation entre les différences linguistiques et les
différences de sexe, de race, de classe ou d'identité ethnique.
Certains se sont spécialisés dans l'étude de ce qui se passe
lorsque les locuteurs parlent couramment plus d'une langue et
doivent choisir quelle langue utiliser dans quelles circonstances.
D'autres ont écrit sur ce qui se passe lorsque des locuteurs de
langues non apparentées sont obligés de communiquer les uns
avec les autres, produisant des langues appeléespidgins. Certains
anthropologues linguistiques étudient les langues des signes.
D'autres examinent les façons dont les enfants apprennent la
langue ou les styles et stratégies suivis par des locuteurs fluides
engagés dans la conversation. Plus récemment, les
anthropologues linguistiques se sont penchés sur la manière
dont les idées politiques dans une société contribuent aux idées
des gens sur ce qui peut ou ne peut pas être dit et sur les
stratégies que les locuteurs élaborent pour échapper à ces
formes de censure. Certains participent à des discussions
politiques sur l'alphabétisation et la normalisation des langues et
abordent les défis auxquels sont confrontés les locuteurs de
langues qui sont remplacés par les langues internationales du
commerce et de la technologie telles que l'anglais.
Dans tous ces cas, les anthropologues linguistiques essaient de
comprendre le langage par rapport aux contextes culturels,
historiques ou biologiques plus larges qui le rendent possible. Parce
qu'une formation hautement spécialisée en linguistique ainsi qu'en
anthropologie est requise pour les personnes qui la pratiquent,
l'anthropologie linguistique a longtemps été reconnue comme un
sous-domaine distinct de l'anthropologie. Les anthropologues
linguistiques contemporains continuent d'être formés de cette
manière, et de nombreux anthropologues culturels reçoivent
également une formation linguistique dans le cadre de leur
préparation professionnelle.
Archéologie
Archéologie, une autre spécialité majeure de l'anthropologie, est
une anthropologie culturelle du passé humain impliquant
l'analyse de vestiges matériels. Grâce à l'archéologie, les
anthropologues découvrent beaucoup sur l'histoire humaine, en
particulierpréhistoire, la longue période de temps avant le
développement de l'écriture. Les archéologues recherchent des
preuves d'activités culturelles humaines passées, telles que des
trous de poteaux, des tas d'ordures et des modèles de
peuplement. Selon l'emplacement et l'âge des sites qu'ils
creusent, les archéologues peuvent également être des experts
en fabrication d'outils en pierre, en métallurgie ou en poterie
ancienne. Parce que les fouilles archéologiques fréquemment
découvrir des restes tels que des ossements ou du pollen de plantes,
les archéologues travaillent souvent en équipe avec d'autres
scientifiques spécialisés dans l'analyse de ces restes.
Les découvertes des archéologues complètent celles des
paléoanthropologues. Par exemple, les informations archéologiques
sur les traditions successives d'outils en pierre dans une région
particulière peuvent être en corrélation avec des preuves fossiles de
l'occupation préhistorique de cette région par d'anciennes
populations humaines. Les archéologues peuvent utiliser des
techniques de datation pour établir des âges deartefacts, objets
portatifs modifiés par des êtres humains. Ils peuvent créer des cartes
de distribution d'artefacts culturels qui leur permettent de faire des
hypothèses sur les âges, les étendues territoriales et les modèles de
changement socioculturel dans les sociétés anciennes. Retracer la
diffusion des inventions culturelles dans le temps d'un site à un autre
leur permet d'émettre des hypothèses sur la nature et le degré des
contacts sociaux entre les différents peuples dans le passé. Le passé
humain qu'ils enquêtent peut être assez récent : certains
archéologues contemporains creusent dans des couches d'ordures
déposées par des êtres humains au cours des deux ou trois dernières
décennies, découvrant souvent des informations surprenantes sur les
modes de consommation contemporains.

FIGURE 1.6 Des membres de l'équipe d'anthropologues médico-légaux

Anthropologie appliquée argentins travaillent sur la plus grande fosse commune de l'ère de la dictature à
ce jour, où environ 100 victimes présumées de la junte militaire de 1976 à 1983
Anthropologie appliquée est le sous-domaine de l'anthropologie ont été enterrées dans un cimetière local de Cordoue, à 800 km (500 miles) au
dans lequel les anthropologues utilisent les informations recueillies nord-ouest de Buenos Aires .

auprès des autres spécialités anthropologiques pour proposer des

solutions à des problèmes pratiques (figure 1.6). Certains peuvent
utiliser les idées d'un groupe particulier de personnes sur la maladie
et la santé pour introduire de nouvelles pratiques de santé publique
d'une manière qui a du sens et sera acceptée par les membres du
groupe. D'autres anthropologues appliqués peuvent utiliser leur
connaissance de l'organisation sociale traditionnelle pour atténuer les
problèmes des réfugiés qui tentent de s'installer dans un nouveau
pays. D'autres encore peuvent utiliser leur connaissance des
méthodes de culture traditionnelles et occidentales pour aider les
agriculteurs à augmenter le rendement de leurs cultures. Compte
tenu de l'inquiétude croissante dans le monde concernant les effets
des différentes technologies sur l'environnement, ce type
d'anthropologie appliquée est prometteur en tant que moyen de
rassembler les connaissances occidentales et les connaissances non
occidentales pour créer des technologies durables qui minimisent la
pollution et la dégradation de l'environnement. Certains
anthropologues appliqués sont devenus consultants en gestion ou
réalisent des études de marché, et leurs découvertes peuvent
contribuer à la conception de nouveaux produits.
processus qui tentent de façonner l'avenir de ceux parmi lesquels
ils travaillent (Moore 2005, 3), et cela a impliqué un changement
dans leur compréhension de ce qu'est l'anthropologie appliquée.
Les W. Field (2004), par exemple, a abordé l'histoire de
l'anthropologie appliquée sur les réserves amérindiennes – «
Indian Country » – aux États-Unis. Il observe qu'à la fin du
vingtième siècle, une transformation majeure s'était produite, «
de l'anthropologie appliquée dans le pays indien aux applications
d'outils anthropologiques dans le pays indien pour atteindre les
objectifs tribaux » (472). Cela amène souvent les anthropologues
à travailler dans l'arène juridique, comme lorsque, par exemple,
ils ont apporté leur expertise à des arguments en faveur d'une
législation rendant obligatoire le rapatriement d'artefacts et de
terres tribales d'importance culturelle en Amérique du Nord ou
aux efforts déployés par des groupes tribaux pour récupérer

anthropologie appliquée Sous-domaine de l'anthropologie dans lequel les anthropologues

Ces dernières années, certains anthropologues se sont utilisent les informations recueillies auprès des autres spécialités anthropologiques pour résoudre
impliqués dans des questions politiques, participant activement à des des problèmes interculturels pratiques.
 16 CHAPITRE 1 : QU'EST-CE QUE L'ANTHROPOLOGIE ?
statut officiel reconnu par le gouvernement (Field 2004) ou à la
défense des droits fonciers autochtones en Amérique latine
(Stocks 2005).
Bien que de nombreux anthropologues croient que le travail
appliqué peut être effectué dans l'un des quatre domaines
traditionnels de l'anthropologie, un nombre croissant ces
dernières années en est venu à considérer l'anthropologie
appliquée comme un domaine distinct de spécialisation
professionnelle (voir la figure 1.2). De plus en plus d'universités
aux États-Unis ont commencé à développer des cours et des
programmes dans une variété de formes d'anthropologie
appliquée. Les anthropologues qui travaillent pour des agences
gouvernementales ou des organisations à but non lucratif ou
dans d'autres milieux non universitaires décrivent souvent ce
qu'ils font comme leanthropologie de la pratique. Au XXIe siècle,
il a été prédit que plus de la moitié de tous les nouveaux docteurs
en anthropologie deviendront des anthropologues praticiens
plutôt que d'occuper des postes de professeur dans les
départements universitaires d'anthropologie.
Anthropologie médicale
Anthropologie médicale est l'une des branches de
l'anthropologie qui se développe le plus rapidement.
Commencée il y a un demi-siècle en tant que forme
d'anthropologie appliquée, elle est devenue une
spécialité anthropologique importante qui a offert de
nouvelles façons de lier l'anthropologie biologique et
culturelle. L'anthropologie médicale s'intéresse à la
santé humaine – les facteurs qui contribuent à la
maladie et aux façons dont les populations humaines
traitent la maladie (Baer et al. 2003, 3). Les
anthropologues médicaux peuvent considérer les
variables physiologiques impliquées dans la santé et la
maladie humaines, les caractéristiques
environnementales qui affectent le bien-être humain
et la façon dont le corps humain s'adapte à divers
environnements.
Le développement de anthropologie médicale critique,
qui relie les questions de santé humaine et de maladie dans
des contextes locaux aux processus sociaux, économiques et
politiques opérant à l'échelle nationale ou mondiale. En effet,
les anthropologues médicaux critiques ont été parmi les plus
virulents en soulignant comment
anthropologie médicale La spécialité de l'anthropologie qui s'intéresse à la santé
humaine - les facteurs qui contribuent à la maladie ou à la maladie et les façons dont
les populations humaines traitent la maladie ou la maladie.
diverses formes de souffrance et de maladie ne
peuvent s'expliquer uniquement par la présence de
microbes dans un corps malade, mais peuvent
dépendre ou être aggravées par la présence
d'inégalités sociales et d'un manque d'accès aux soins
de santé. Selon l'anthropologue Merrill Singer (1998),
l'anthropologie médicale critique « s'engage à 'faire
social' et à 'faire politique' la santé et la médecine
» (195). Ainsi, les anthropologues médicaux critiques
prêtent attention à la façon dont les divisions sociales
basées sur la classe, la « race », le sexe et l'ethnicité
peuvent bloquer l'accès aux soins médicaux ou rendre
les gens plus vulnérables à la maladie et à la
souffrance. Ils attirent l'attention sur la façon dont la
biomédecine occidentale traditionnelle « encourage
les gens à combattre la maladie plutôt qu'à apporter
les changements nécessaires pour la prévenir », par
exemple, en liant le faible poids à la naissance des
nouveau-nés à une mauvaise nutrition,
L'une des idées les plus importantes des anthropologues
médicaux critiques a été de souligner que « diverses pratiques
que les anthropologues bioculturalistes ont traditionnellement
appelées « adaptations » pourraient mieux être analysées comme
des ajustements sociaux aux conséquences de relations
sociopolitiques oppressives » (Singer 1998, 115). Gavin Smith et R.
Brooke Thomas, par exemple, attirent l'attention sur des
situations où « les relations sociales compromettent les options
des gens » pour atteindre le bien-être biologique et la satisfaction
culturelle, mais où les gens n'acceptent pas passivement cette
situation et choisissent plutôt « d'essayer d'échapper ou de
changer ces rapports"; Smith et Thomas (1998) appellent ces
pratiques des « adaptations de résistance » (466). Le chapitre 16
est consacré à une étude des recherches ethnographiques et des
études de cas en anthropologie médicale.
Les anthropologues médicaux attirent l'attention sur les
difficultés qui surviennent lorsque les conceptions occidentales
de la santé et de la maladie, enracinées dans la science de la
biologie, sont supposées être universellement applicables, quel
que soit le contexte. Ces dernières années, leurs points de vue
ont été renforcés par le développement d'un vaste corpus de
travaux multidisciplinaires appelés études scientifiques. Comme
nous l'avons noté précédemment, dans notre discussion sur
l'anthropologie des cyborgs, la recherche en études scientifiques
explore les interconnexions entre les conditions socioculturelles,
politiques, économiques et historiques qui rendent la recherche
scientifique à la fois possible et réussie. Au tournant du XXIe
siècle, la recherche en études scientifiques était bien établie non
seulement en Europe et aux États-Unis, mais aussi en Asie
(Fischer 2016).

Les études scientifiques sont donc un domaine dans lequel de
nombreux types d'anthropologie cyborg et d'anthropologie médicale
s'intègrent très bien. Les études scientifiques sont devenues de plus
en plus influentes dans tous les sous-domaines de l'anthropologie,
suggérant des moyens innovants de rapprocher divers sous-
domaines de l'anthropologie. Des exemples de ce type de
collaboration apparaîtront dans plusieurs chapitres de ce livre.
Les usages de l'anthropologie
Pourquoi suivre un cours d'anthropologie ? Une réponse immédiate
pourrait être que les fossiles humains ou les morceaux brisés de pots
antiques ou les coutumes des peuples lointains inspirent une
fascination qui est sa propre récompense. Mais l'expérience d'être
ébloui par des lieux et des peuples apparemment exotiques comporte
un risque. Au fur et à mesure que vous devenez de plus en plus
conscient de l'éventail des données anthropologiques, y compris les
nombreuses options qui existent pour vivre une vie humaine
satisfaisante, vous pouvez vous interroger sur la vie que vous vivez. Le
contact avec l'inconnu peut être libérateur, mais il peut aussi être
menaçant s'il sape votre confiance dans la vérité absolue et la justesse
universelle de votre compréhension antérieure du fonctionnement du
monde.
Le monde contemporain est de plus en plus interconnecté.
En tant que personnes d'origines culturelles différentes
e Utilisations de l'anthropologie 17
FIGURE 1.7 L'anthropologue médicale
Andrea Wiley est montrée ici dans un
décor de haute altitude dans l'Himalaya
du Ladakh (Inde), où elle a étudié la
santé maternelle et infantile.
entrer en contact les uns avec les autres, apprendre à faire face
aux différences culturelles devient crucial. Les anthropologues
font l'expérience à la fois des avantages et des risques
d'apprendre à connaître le mode de vie des autres, et leur travail
a contribué à dissiper de nombreux stéréotypes nuisibles qui
rendent parfois les contacts interculturels dangereux ou
impossibles. Étudier l'anthropologie peut vous aider à vous
préparer à certains des chocs que vous rencontrerez en traitant
avec des personnes qui vous ressemblent, parlent une langue
différente ou ne sont pas d'accord pour dire que le monde
fonctionne exactement comme vous le pensez.
L'anthropologie consiste à découvrir les types d'organismes
vivants que nous sommes, les êtres humains, les différentes façons
dont nous vivons nos vies et la façon dont nous donnons un sens à
nos expériences. Étudier l'anthropologie peut vous permettre de
traiter avec des personnes d'origines culturelles différentes d'une
manière moins menacée et plus tolérante. On ne vous demandera
peut-être jamais de manger de la pâte de termites. Pourtant, vous
pouvez un jour rencontrer une situation dans laquelle aucune des
anciennes règles ne semble s'appliquer. Alors que vous luttez pour
donner un sens à ce qui se passe, ce que vous avez appris en cours
d'anthropologie peut vous aider à vous détendre et à oser essayer
quelque chose de totalement nouveau pour vous. Si vous le faites,
vous découvrirez peut-être aussi les récompenses d'une rencontre
avec l'inconnu qui est en même temps inexplicablement familier.
Nous espérons que vous savourerez l'expérience.
18 CHAPITRE 1 : QU'EST-CE QUE L'ANTHROPOLOGIE ?

DANS LEURS PROPRES MOTS

Que pouvez-vous apprendre d'une majeure en anthropologie ?

Le Career Development Center de SUNY Plattsburgh a élaboré un document qui met en évidence ce que les étudiants apprennent
généralement d'une spécialisation en anthropologie.

1. Agilité sociale Dans un contexte social ou professionnel inconnu, vous apprenez à mesurer
rapidement les règles du jeu. Vous pouvez être accepté plus rapidement que vous ne le
pourriez sans cette compétence anthropologique.

2. Observation Vous devez souvent découvrir une culture en son sein, vous apprenez donc à
interviewer et à observer en tant que participant.

3. Analyse et planification Vous apprenez à trouver des modèles dans le comportement d'un groupe culturel. Cette
connaissance des schémas vous permet de généraliser sur le comportement du groupe et de
prédire ce qu'il pourrait faire dans une situation donnée.

4. Sensibilité sociale Bien que les façons de faire des autres puissent être différentes des vôtres, vous
apprenez l'importance des événements et des conditions qui ont contribué à cette
différence. Vous reconnaissez également que d'autres cultures considèrent vos
manières étranges. Vous apprenez la valeur de se comporter envers les autres avec
une préparation, des soins et une compréhension appropriés.

5. Précision dans l'interprétation du comportement Vous vous familiarisez avec l'éventail des comportements dans différentes cultures. Vous
apprenez à examiner les causes culturelles du comportement avant d'attribuer vous-même
les causes.

6. Capacité à remettre en cause les Vous apprenez que les analyses du comportement humain sont sujettes à caution. Vous apprenez à

conclusions de manière appropriée utiliser les nouvelles connaissances pour tester les conclusions passées.

7. Interprétation perspicace des Vous apprenez à utiliser les données collectées par d'autres, à réorganiser ou à interpréter les

informations données pour tirer des conclusions originales.

8. Simplification des informations Parce que l'anthropologie est menée auprès des publics ainsi que sur eux, vous
apprenez à simplifier l'information technique pour la communication à des personnes
non techniques.

9. Contextualisation Bien que l'attention aux détails soit un trait de l'anthropologie, vous apprenez qu'un
détail donné peut ne pas être aussi important que son contexte et peut même être
trompeur lorsque le contexte est ignoré.

dix. Résolution de problème Parce que vous travaillez souvent au sein d'un groupe culturel ou que vous agissez sur des questions

culturellement sensibles, vous apprenez à aborder les problèmes avec soin. Avant d'agir, vous

identifiez le problème, définissez vos objectifs, décidez des actions que vous allez entreprendre et

calculez les effets possibles sur les autres.

11. Écriture persuasive Les anthropologues s'efforcent de représenter le comportement d'un groupe à un autre
groupe et doivent continuellement s'engager dans l'interprétation. Vous apprenez la valeur
d'amener quelqu'un d'autre à partager - ou au moins à comprendre - votre point de vue par
le biais d'arguments écrits.

12. Assomption d'une perspective sociale Vous apprenez à percevoir les actes des individus et des groupes locaux comme à la fois
façonnés et façonnés par des systèmes socioculturels plus larges. La perception vous permet
« d'agir localement et de penser globalement ».

La source: Omohundro 2000.


Résumé du chapitre
1. L'anthropologie vise à décrire au sens le plus large ce que
signifie être humain. La perspective anthropologique est
holistique, comparative et évolutive et s'est appuyée sur le
concept de culture pour expliquer la diversité des modes de
vie humains. Les êtres humains dépendent de l'apprentissage
culturel pour réussir leur survie biologique et leur
reproduction, c'est pourquoi les anthropologues considèrent
les êtres humains comme des organismes bioculturels.
L'anthropologie est aussi une discipline de terrain. Aux États-
Unis aujourd'hui, l'anthropologie est considérée comme ayant
cinq sous-domaines principaux : l'anthropologie biologique,
l'archéologie, l'anthropologie culturelle, l'anthropologie
linguistique et l'anthropologie appliquée.
2. L'anthropologie biologique a commencé comme une tentative de
classer toutes les populations du monde en différentes races. Au
début du vingtième siècle, cependant, la plupart des
anthropologues avaient rejeté les classifications raciales comme
scientifiquement injustifiables et se sont opposés à la manière
dont les classifications raciales étaient utilisées pour justifier la
pratique sociale du racisme. Les anthropologues contemporains
qui s'intéressent à la biologie humaine comprennent les
anthropologues biologiques, les primatologues et les
paléoanthropologues.
3. Les anthropologues culturels étudient la diversité culturelle dans
toutes les sociétés humaines vivantes, y compris la leur. Les
anthropologues linguistiques abordent la diversité culturelle
Pour évaluation
1. Qu'est-ce que l'anthropologie, telle que définie dans le texte ?
2. Quelles sont les quatre approches distinctes que les
anthropologues adoptent pour l'étude de la vie humaine ?
3. Comment les anthropologues définissent-ils la culture ?
4. Qu'est-ce qui fait de l'anthropologie une discipline
transversale ?
5. Décrire les principaux sous-domaines de
l'anthropologie moderne.
6. Quels sont certains des principaux sujets d'intérêt en
anthropologie biologique?
Pour évaluation 19
en reliant diverses formes de langage à leurs contextes culturels.
Tous deux recueillent des informations par le biais du travail sur le
terrain, en participant avec leurs informateurs à des activités
sociales et en observant ces activités en tant qu'étrangers.
Aujourd'hui, certains d'entre eux mènent des recherches dans des
domaines comme l'ingénierie informatique ou dans des milieux
ethnographiques comme les laboratoires scientifiques ou
Internet. Ils publient des comptes rendus de leurs recherches
dans des ethnographies. L'archéologie est une anthropologie
culturelle du passé humain, avec des intérêts allant des premiers
outils de pierre aux décharges d'ordures du XXIe siècle. Les
anthropologues appliqués utilisent les informations des autres
spécialités anthropologiques pour résoudre des problèmes
interculturels pratiques. L'anthropologie médicale chevauche
l'anthropologie biologique, l'anthropologie culturelle et
l'anthropologie appliquée et se préoccupe de la santé et de la
maladie humaines,
4. Dans l'anthropologie contemporaine, le domaine multidisciplinaire
des études scientifiques a influencé le travail dans tous les sous-
domaines de l'anthropologie, en particulier dans des domaines
comme l'anthropologie médicale et l'anthropologie cyborg. En
proposant de nouvelles façons de repenser les liens entre la
nature et la culture, les personnes et les artefacts, et les
personnes et autres espèces vivantes, les études scientifiques
continuent de suggérer des moyens innovants de rapprocher
divers sous-domaines de l'anthropologie.
7. Quels sont les principaux sujets d'intérêt en
anthropologie culturelle ?
8. Résumez la différence entre l'ethnographie et
l'ethnologie.
9. Qu'est-ce que les anthropologues linguistiques essaient
d'apprendre sur les langues humaines ?
dix. Quelles sont certaines des choses que les archéologues étudient?
11. Comment l'anthropologie appliquée est-elle reliée aux
autres branches de l'anthropologie ?
12. Qu'est-ce que l'anthropologie médicale critique ?
20 CHAPITRE 1 : QU'EST-CE QUE L'ANTHROPOLOGIE ?

Mots clés
anthropologie 5 anthropologie culturelle 11 sexe 11 médical
anthropologie appliquée 15 culture 6 mondialisation 13 anthropologie 16
archéologie 14 anthropologie cyborg 13 holisme 5 paléoanthropologie dix
organismes bioculturels 7 ethnographie 12 informateurs 12 primatologie 10
anthropologie biologique ethnologie 12 Langue 14 courses 8
(ou physique évolution 6 linguistique racisme 9
anthropologie) 10 anthropologie 14 études scientifiques 13
travail sur le terrain 12
comparaison 5 culture matérielle 7 sexe 11

Lectures suggérées
Ashmore, Wendy et Robert J. Sharer. 2013.Découvrir-
ing our past: Une brève introduction à l'archéologie, 6e éd. New
York : McGraw-Hill.Une introduction intéressante aux
techniques, hypothèses, intérêts et découvertes de l'archéologie
moderne.
Besteman, Catherine et Hugh Gusterson (éd.). 2005.Pourquoi
Les meilleurs experts américains se trompent : les anthropologues
répliquent. Berkeley : Presse de l'Université de Californie.Selon les éditeurs,
les « experts » sont des personnalités médiatiques – conservatrices et
libérales – qui manquent de connaissances faisant autorité sur des
questions importantes mais dont les déclarations confiantes, faisant
autorité et divertissantes attirent un large public, en particulier lorsqu'elles
défendent des points de vue simplifiés sur des questions qui renforcent
plutôt que défient les opinions populaires. les préjugés. Douze
anthropologues proposent des évaluations critiques des écrits des experts
Samuel Huntington, Robert Kaplan, Thomas Friedman et Dinesh D'Sousa et
explorent également des récits populaires douteux sur les origines de
Feder, Kenneth L. 2014. Fraudes, mythes et mystères : Sci-
ence et pseudoscience en archéologie, 8e éd. New York :
McGraw-Hill.Une exploration divertissante et informative de
fraudes fascinantes et de véritables mystères archéologiques
qui explique également la méthode scientifique.
Kidder, Tracy. 2004.Des montagnes au-delà des montagnes : la quête
du Dr Paul Farmer, un homme qui guérirait le monde. New York :
maison aléatoire. Kidder suit le Dr Farmer, anthropologue et
médecin, racontant ses efforts pour enrôler de puissants bailleurs de
fonds, l'Organisation mondiale de la santé et des gens ordinaires
dans des communautés négligées dans une quête pour apporter la
meilleure médecine moderne à ceux qui en ont le plus besoin.
Relethford, John. 2013.L'espèce humaine : une introduction à
anthropologie biologique, 9e éd. New York : McGraw-Hill.Une
excellente introduction claire à l'anthropologie biologique.
Strang, Véronique. 2009.Que font les anthropologues. Oxford :
Berg. Écrit pour les étudiants, ce livre fournit des illustrations de nombreuses

l'inégalité raciale et de la violence sexuelle.. façons dont l'anthropologie est utilisée dans la vie quotidienne.
MODULE 1: Anthropologie, science et conte

« Les choses sont similaires : cela rend la science possible. Les choses sont
différentes : cela rend la science nécessaire » (Levins et Lewontin 1985,
141). De nombreux anthropologues prétendent que leurs tentatives pour
expliquer la nature humaine, la société humaine et le passé humain sont
scientifiques. Une approche scientifique est ce qui distingue l'ethnographe
du touriste, l'archéologue du chasseur de trésors. Mais les scientifiques ne
sont clairement pas les seuls à proposer des explications sur les
caractéristiques intrigantes et souvent contradictoires de notre monde.
Dans toutes les sociétés, les gens racontent pourquoi nous sommes
comme nous sommes et pourquoi nous vivons comme nous le faisons. En
quoi ces explications non scientifiques sont-elles différentes des
explications scientifiques d'un anthropologue ?

Explications scientifiques et non scientifiques

À certains égards, les explications scientifiques et non scientifiques du
fonctionnement du monde ont beaucoup en commun. D'une part, les
scientifiques d'aujourd'hui sont plus conscients que jamais du fait que la
théorisation scientifique est une forme de narration (Landau 1984). Comme
les récits recueillis par les anthropologues auprès de peuples du monde
entier, les théories scientifiques offrent des récits narratifs sur la façon
dont les choses sont devenues ce qu'elles sont.
Considérez les deux extraits suivants tirés de récits plus longs.
Le premier vient d'Amazonie et fait partie de l'histoire de la
création du peuple Desana (Tukano) (Figure M1.1) :

Le soleil a créé l'Univers et c'est pour cette raison qu'il est

appelé Père Soleil (pagé abé). Il est le père de tous les Desana.
Le Soleil a créé l'Univers avec la puissance de sa lumière jaune
et lui a donné vie et stabilité. De sa demeure, baignée de
reflets jaunes, le Soleil a fait la terre, avec ses forêts et ses
FIGURE M1.1 Desana (Tukano) homme jouant de la flûte de Pan.
rivières, avec ses animaux et ses plantes. Le Soleil a très bien
planifié sa création, et c'était parfait.
Le monde dans lequel nous vivons a la forme d'un grand après. Aussi, avec les animaux, le Soleil a fait les esprits et les
disque, une immense plaque ronde. C'est le monde des hommes et démons de la forêt et des eaux.
des animaux, le monde de la vie. Alors que la demeure du Soleil a Le Soleil a créé tout cela lorsqu'il avait l'intention jaune -
une couleur jaune, la couleur de la puissance du Soleil, la demeure lorsqu'il a fait pénétrer le pouvoir de sa lumière jaune, afin de
des hommes et des animaux est de couleur rouge, la couleur de la former le monde à partir d'elle. (Reichel-Dolmatoff 1971,
fécondité et du sang des êtres vivants. Notre terre estmaria turí, et 24-25)
est appelé « niveau supérieur » (vekámaha turí ) car en dessous se
Le deuxième extrait provient d'un ouvrage américain sur la
trouve un autre monde, le « niveau inférieur » (dohkámaha turí ).Le
physique moderne :
monde d'en bas s'appelle Ahpikondia, Paradis. Sa couleur est verte,
et les âmes de ceux qui ont été bons Desana toute leur vie y Au début de l'ère des leptons, l'univers a un dixième de seconde, la
vont. . . . Vu d'en bas, depuis Ahpikondia, notre terre ressemble à température est de 1 000 milliards de Kelvin (1012 K) et chaque
une grande toile d'araignée. Il est transparent et le Soleil brille à centimètre cube de la soupe quantique cosmique pèse environ
travers lui. Les fils de cette toile sont comme les règles selon mille tonnes. L'univers est constitué d'un mélange d'un nombre à
lesquelles les hommes devraient vivre, et ils sont guidés par ces fils, peu près égal de photons, d'électrons, de neutrinos électroniques,
cherchant à bien vivre, et le Soleil les voit. . . . de muons, de neutrinos de muons et d'autres particules comme les
pions. . . et leurs antiparticules, plus une « contamination »
Le Soleil a créé les animaux et les plantes. A chacun il assigna la relativement faible d'un nombre égal de protons et de neutrons qui
place où il devait vivre. Il créa tous les animaux à la fois, à ne sont plus en équilibre avec les autres particules. . . .
l'exception des poissons et des serpents ; ceux-ci qu'il a fait

21
MODULE 1: Anthropologie, science et conte a continué
Lorsque la température chute de sa valeur au début de l'ère
leptonique, le seuil de production des muons est franchi. Tous les
muons et antimuons s'annihilent maintenant en électrons,
positrons et neutrinos muoniques et électroniques. Toute charge
excessive des muons peut être transmise aux électrons. . . . Pour
cette raison, aucun muon ne survit au massacre des muons. . . .
A la fin de l'ère des leptons tous les leptons lourds, muons et
tauons ont disparu, tandis que des hordes de neutrinos inondent
l'univers mais n'interagissent plus avec rien. Photons, électrons et
antiélectrons sont toujours en équilibre, se créant et se détruisant
les uns les autres. Lorsque la température tombe en dessous du
seuil de production pour créer des paires électron-positon, la
plupart des paires s'annihilent en photons. Ce seuil de température
marque le début de l'ère des photons. . . .
À la première seconde (qui marque le début de l'ère des
photons, qui dure 300 000 ans), la température des photons
était de 10 milliards de Kelvin et la densité du rayonnement
d'environ 100 kilogrammes (environ 220 livres) par centimètre
cube. -un fluide visqueux très épais de lumière. . . . (Pagels
1985, 250-53)
L'histoire de Desana et l'histoire scientifique pourraient être appelées
mythes- tant que nous utilisons ce terme comme les anthropologues
l'utilisent. Pour les anthropologues, les mythes sont des histoires qui
racontent comment divers aspects du monde sont devenus tels qu'ils sont.
Le pouvoir des mythes vient de leur capacité à donner un sens à la vie de
ceux qui les acceptent. La vérité des mythes semble aller de soi car ils
intègrent efficacement les expériences personnelles avec un ensemble plus
large d'hypothèses sur la façon dont la société, ou le monde en général,
fonctionne. Dans le langage courant, en revanche, le termemytheest utilisé
pour désigner une histoire qui est fausse. Certes, les mythes d'origine
comme le conte de Desana contiennent des éléments merveilleux et
fantastiques qui étirent la crédulité des gens sensés ordinaires. Pourtant, la
compréhension anthropologique du mythe ne suppose pas que les mythes
soient nécessairement faux. Les histoires qui survivent pour devenir des
mythes sont généralement liées de manière importante aux expériences
humaines quotidiennes dans une société particulière. Mais qu'en est-il des
histoires qui racontent des événements que nous n'avons jamais pu vivre
personnellement, comme l'origine de l'univers ? Si nous étudions une
variété de mythes d'origine issus de différentes traditions culturelles, nous
apprenons que bon nombre de ces histoires diffèrent considérablement les
unes des autres. Puisque personne
mythes Des histoires qui racontent comment divers aspects du monde sont devenus ce
qu'ils sont. Le pouvoir des mythes vient de leur capacité à donner un sens à la vie de ceux qui
les acceptent. La vérité des mythes semble aller de soi car ils intègrent efficacement les
expériences personnelles avec un ensemble plus large d'hypothèses sur la façon dont la
société, ou le monde en général, doit fonctionner.
science L'invention d'explications sur ce que sont les choses, comment elles fonctionnent et
comment elles sont apparues qui peuvent être testées par rapport à des preuves dans le monde
lui-même.
22
vivant aujourd'hui était là lorsque le monde a commencé ou lorsque nos ancêtres
ont parcouru sa surface pour la première fois, comment pourrions-nous jamais
savoir ce qui s'est réellement passé ?
Pour un nombre croissant de personnes au cours des derniers siècles,
la réponse à cette question a résidé dans la science. La croissance de la
science moderne en Europe occidentale et sa diffusion dans le monde sont
en grande partie le résultat de la conviction des scientifiques que les
réponses à l'histoire du monde pourraient être trouvées dans le monde lui-
même si seulement les gens regardaient le monde d'une manière nouvelle.
Cette nouvelle perspective prétendait que « le monde des phénomènes est
une conséquence du fonctionnement régulier de causes répétables et de
leurs effets répétables, opérant à peu près selon les lignes de la loi
physique connue » (Lewontin 1983, xxvi). Les scientifiques pensaient que de
nouvelles connaissances remarquables sur l'univers, les objets qu'il
contient et même nous-mêmes pourraient être obtenues si nous
effectuions des observations selon un nouvel ensemble de règles.
Ces règles ont d'abord été établies sur une base solide par Isaac
Newton (figure M1.2). Chrétien pieux, Newton ne doutait pas que Dieu ait
créé l'univers, mais il croyait que l'univers que Dieu avait créé était
ordonné, que les mouvements des objets à l'intérieur étaient limités par
des lois découvrables par la raison humaine, et que ces lois pouvaient être
précisément décrit à l'aide du langage mathématique. L'approche de
Newton a gagné des adeptes parce qu'elle réussissait extrêmement bien à
décrire et à prédire, exactement comme elle l'avait promis. De plus,
différents observateurs pourraient tester indépendamment les descriptions
et les prédictions, et les connaissances scientifiques pourraient se
développer à mesure que les prédictions vérifiées étaient conservées et
que les prédictions non vérifiées étaient rejetées. Le plus fatal, le nouveau,
les connaissances scientifiquement vérifiées sur les lois de la nature
pourraient être mises à profit pour transformer la nature de manière sans
précédent. Il est apparu que les désirs humains pouvaient être satisfaits
par la maîtrise scientifique du monde matériel. Pour de nombreuses
personnes, l'application pratique des découvertes scientifiques dans
l'astronomie, la navigation et l'industrie est devenue la preuve irréfutable
de la supériorité scientifique.
Niles Eldredge et Ian Tattersall (1982), deux éminents biologistes de
l'évolution, ont écrit que la science est « la narration, quoique d'un genre
particulier. Science est l'invention d'explications sur ce que sont les choses,
comment elles fonctionnent et comment elles sont apparues. Il y a des
règles, bien sûr : pour qu'une affirmation soit scientifique, nous devons
être capables d'aller dans la nature et d'évaluer dans quelle mesure elle
correspond réellement à nos observations de l'univers » (1). En effet, ces
règles donnent à la science sa dynamique particulière parce que la science
est fermement et explicitement engagée dans une autocorrection ouverte.
Si des idées sur le fonctionnement du monde peuvent être montréesne pas
pour s'adapter à nos observations de l'univers, alors le scientifique doit
rejeter ces idées, quelles qu'en soient les conséquences, et en inventer de
meilleures.
Les scientifiques pensent que les réponses aux questions sur le
fonctionnement du monde peuvent être trouvées en allant dans le
monde lui-même. En d'autres termes, la science estempirique, sur la
base d'expériences concrètes et d'observations. Les scientifiques ne
se sont jamais contentés d'observer le monde sans

FIGURE M1.2 L'un des fondateurs de la nouvelle vision du monde de
la science, Sir Isaac Newton (1642-1727), a apporté des contributions majeures
aux mathématiques, à l'optique et à l'investigation expérimentale.
les mains sales. Les théories scientifiques doivent s'appuyer sur
et être testées contre le contact physique direct avec des objets
réels dans le monde. Bien sûr, les scientifiques n'ont pas inventé
l'expérimentation par essais et erreurs avec le monde matériel ;
cette activité est à l'origine des réalisations techniques de toutes
les sociétés humaines. Néanmoins, la recherche scientifique a
porté l'expérimentation à un nouveau niveau de complexité. À
l'aide d'outils élaborés qui sont eux-mêmes le produit de travaux
scientifiques antérieurs, les scientifiques se sont engagés dans
une manipulation expérimentale de plus en plus raffinée d'objets
et de processus matériels dans le monde. L'un des résultats de
cette activité a été la production d'histoires plus sophistiquées
sur la façon dont le monde fonctionne. Le succès et le pouvoir de
persuasion de la biologie évolutive, par exemple,
Quelques concepts scientifiques clés
La première étape pour comprendre les histoires scientifiques est de maîtriser
quelques concepts clés qui font partie du vocabulaire de chaque scientifique.
Dans cette section, nous présentons quelques termes que vous rencontrerez
au fur et à mesure que vous lisez ce livre. Une attention particulière doit être
apportée à la manière dont les scientifiques définissent ces termes car ils sont
également souvent utilisés dans le langage courant avec des significations assez
différentes. Six termes sont particulièrement importants : hypothèses,
la preuve, les hypothèses, la testabilité, les théories et l'objectivité.
hypothèses Hypothèses sont des compréhensions fondamentales
et incontestées de la façon dont le monde fonctionne. Dans des
circonstances ordinaires, la plupart des êtres humains ne se
demandent pas si le soleil se lèvera le matin ; c'est tenu pour acquis.
vous voulez aller observer les oiseaux demain, vous pourriez vous
demander à quel point il fera froid ou s'il va pleuvoir, mais vous n'avez pas
à vous soucier de savoir si le soleil se lèvera.
Tout le monde, scientifique ou non, fonctionne sur la base
d'hypothèses. Les scientifiques sont particulièrement préoccupés par
les hypothèses qu'ils apportent à leurs observations du monde
naturel, car la signification de ce qu'ils voient et mesurent n'est
jamais évidente. Si leurs observations sont guidées par des
hypothèses erronées sur le fonctionnement du monde, leurs
mesures n'auront aucun sens et les conclusions qu'ils
brut à partir de ces mesures sera trompeur.
Preuve Dans la science, preuve fait référence à ce que nous pouvons
voir lorsque nous examinons avec beaucoup de soin une partie
particulière du monde. Les structures et les processus des cellules
vivantes révélés au microscope, la distribution systématique
d'espèces d'oiseaux apparentées dans les régions géographiques
voisines, les différents types d'os retrouvés encore et encore dans les
mêmes strates géologiques, ce sont des exemples des types de
preuves les scientifiques utilisent pour soutenir les théories de
l'évolution biologique. Il existe deux types de preuves différentes :
matérielles et inférées.
Preuve matérielle se compose de choses—objets matériels eux-
mêmes, informations enregistrées à leur sujet ou mesures scientifiques qui
en sont faites. Dans l'étude des origines humaines, par exemple, les
ossements et les pierres sont les formes les plus évidentes de preuves
matérielles (figure M1.3a), mais il en va de même des enregistrements
minutieux (y compris des photographies) d'autres objets matériels
récupérés sur le site d'une fouille. La stratification géologique précise d'un
site est une forme importante de preuve matérielle, mais il en va de même
des objets d'un site (par exemple, certains types de roches ou d'argile cuite)
qui peuvent être soumis à des formes d'analyse en laboratoire qui
fournissent des informations fiables sur les dates auxquelles ils formé. Pour
les anthropologues culturels, les performances rituelles observées et
retranscrites sur le terrain constituent
hypothèses Compréhensions fondamentales et incontestées sur la façon dont le
monde fonctionne.
preuve Ce qui est vu quand une partie particulière du monde est examinée avec
beaucoup de soin. Les scientifiques utilisent deux types de preuves différentes :
matérielles et inférées.
23
MODULE 1: Anthropologie, science et conte a continué

une b

FIGURE M1.3 Ces caractéristiques matérielles particulières, telles que ce pot (une), se trouvent
dans un site archéologique et que les habitants de Bali exécutent une certaine danse (b) sont des
faits matériels, vérifiables par inspection. Comment ou pourquoi le pot est venu ici et à quoi il a
servi ou ce que signifie cette danse peut être loin d'être évident et doit être déduit.

preuves matérielles (figure M1.3b). Les preuves matérielles sont généralement ce
que les scientifiques veulent dire lorsqu'ils se réfèrent aux « faits » ou « les
données ».
Les preuves matérielles ont deux attributs frappants. Premièrement, «
les faits » peuvent être inspectés par quiconque veut les examiner. Comme
des vaches dans un pâturage, les faits existent en eux-mêmes, et leur
existence, leur forme et leur position ne peuvent être ignorées par les
personnes qui souhaitent se promener dans le champ particulier et garder
leurs chaussures propres. Deuxièmement, les faits ne peuvent pas parler
d'eux-mêmes. Qu'une accumulation particulière d'os et de pierres ait été
trouvée à un certain endroit dans un site archéologique et que certaines
personnes accomplissent un rituel particulier sont des faits matériels
vérifiables par inspection. Comment ou pourquoi les os et les pierres sont
arrivés là ou ce que signifie le rituel peut être loin d'être évident. Cela
conduit au deuxième type de preuves utilisées par les scientifiques :
l'interprétation donnée aux preuves matérielles.
Preuve inférée est une preuve matérielle plus une interprétation.
Comme l'observe un paléoanthropologue : « Nous pouvons tous voir un os
et savoir que c'est un os, mais ce pour quoi c'est une « preuve » dépend de
l'interprétation de chacun » (Clarke 1985 : 176-77). L'interprétation
commence par la simple description d'objets ou d'événements individuels
et est suivie par la description des modèles de distribution d'objets et
d'événements similaires. La dernière étape de l'interprétation consiste en
des cadres explicatifs élaborés qui relient de nombreux objets ou
événements différents les uns aux autres en s'appuyant sur les
découvertes de nombreux domaines de connaissances différents. Les
le lien entre les preuves matérielles et les preuves inférées est intime.
Plusieurs scientifiques examinant les mêmes preuves matérielles
mettent fréquemment l'accent sur des descriptions différentes et
construisent des explications différentes de ce que c'est et de la façon
dont ils sont arrivés là. Plutôt que les faits parlent d'eux-mêmes, les
observateurs se parlent les uns aux autres des faits pour tenter de
leur donner un sens.
Par exemple, la découverte d'anciens ossements d'hominidés sur
l'île indonésienne de Flores en 2003 a suscité de nombreux débats
parmi les paléontologues (figure M1.4). Les os ont des dizaines de
milliers d'années et ont l'air humains, mais sont exceptionnellement
petits. Certains paléontologues ont soutenu que les ossements
appartenaient à des humains modernes qui souffraient d'une maladie
qui réduisait leur taille. D'autres paléontologues insistent sur le fait
que les ossements ne présentent aucun signe morphologique d'une
telle maladie et qu'ils représentent très probablement une espèce de
Homo. De plus, ils soutiennent que cette espèce a évolué pour avoir
une petite taille en réponse aux pressions sélectives associées à la vie
sur une île, un phénomène connu sous le nom denanisme insulaire.
D'autres préfèrent retenir leur jugement jusqu'à ce que plus de
preuves fossiles soient disponibles.
Comme vous le verrez, le débat scientifique sur l'évolution a
longtemps impliqué ce genre de dialogue interprétatif. Mais il est
important de se rappeler que les débats sur l'interprétation
seraient inutiles sans quelque chose à interpréter. La science est
plus que « les données », mais elle ne peut jamais s'éloigner trop
des données avant qu'elle ne soit plus de la science. Les données
sont le prétexte et le cadre de débats entre observateurs.

24

FIGURE M1.4 Os anciens d'hominidés de l'Indonésie
l'île de Flores (le crâne est illustré ci-dessus, entre un l'homo erectus
crâne à gauche et un crâne humain moderne à droite) ont fait l'objet
de nombreux débats parmi les paléontologues.
Les données, dans leur matérialité obstinée, fixent des limites aux types
d'interprétation qui sont scientifiquement plausibles.
Hypothèses Les scientifiques exposent leurs interprétations des données
sous la forme de hypothèses, qui sont des déclarations qui affirment un
lien particulier entre les faits et l'interprétation, telles que « Les ossements
trouvés sur le site de Hadar en Éthiopie appartenaient à une forme éteinte
de primate qui semble ancestrale pour les êtres humains modernes ». Les
hypothèses sont également des prédictions sur des données futures
basées sur des données déjà disponibles. Sur la base des découvertes de
Hadar, les paléoanthropologues pourraient formuler l'hypothèse suivante :
« Des ossements similaires à ceux trouvés à Hadar sont susceptibles d'être
trouvés dans des strates géologiques du même âge ailleurs en Afrique de
l'Est. En effet, des hypothèses de ce dernier type ont guidé les
paléoanthropologues dans leur recherche de fossiles d'ancêtres humains.
Les impressionnantes collections de fossiles de toutes sortes qui ont été
amassées au cours des deux derniers siècles montrent à quel point de
telles hypothèses ont réussi à guider les découvertes scientifiques.
Testabilité Testabilité est l'exigence scientifique selon laquelle une
hypothèse doit être comparée à des preuves pour voir si elle est
confirmée ou réfutée. C'est-à-dire que notre affirmation sur le lien
entre les faits et l'interprétation doit être sujette à testabilité si elle
doit être considérée comme une hypothèse scientifique.
Comment tester l'hypothèse sur les ossements du site Hadar ? La
première étape serait de s'assurer que les ossements n'étaient pas
simplement ceux d'un primate moderne récemment décédé. Si
l'examen des ossements révélait qu'ils étaient imprégnés de dépôts
minéraux, les rendant durs et semblables à des pierres, nous serions
fondés à conclure qu'ils étaient très anciens car un tel processus
prend beaucoup de temps. La prochaine étape pourrait être de
comparer les ossements fossiles avec les ossements de primates
vivants, humains et non humains, pour voir comment ils
assorti. Si les ossements de Hadar semblaient plus semblables aux
ossements humains qu'aux ossements de singes ou de singes,
ous aurions raison de conclure que nous avions retrouvé ceux d'un
organisme ancestral de l'homme moderne. Notre confiance dans
l'exactitude de l'hypothèse originale augmenterait, surtout si un
certain nombre d'experts en anatomie des primates étaient d'accord.
Pourquoi les experts ne prétendraient-ils pas simplement,
cependant, que les fossiles de Hadar appartenaient à un être humain
comme nous qui a vécu et est mort il y a des millions d'années ?
Qu'est-ce qui les amènerait à conclure que ces fossiles appartenaient
à un primateancestral aux êtres humains modernes ? La réponse à
cette question dépend de la ressemblance avec laquelle les fossiles de
Hadar semblaient ressembler aux ossements humains modernes. Les
paléoanthropologues seraient justifiés d'attribuer les ossements de
Hadar à un ancêtre de l'homme moderne si les ossements, bien que
clairement humains, différaient néanmoins à certains égards
importants des ossements des êtres humains modernes. Si les os
étaient significativement plus petits que ceux des êtres humains
modernes, si les dents étaient significativement plus grandes par
rapport à la mâchoire, si le crâne était significativement plus petit, si
les os des bras étaient relativement plus longs par rapport aux os des
jambes, si le doigt et les os des orteils semblaient courbés - tous ces
traits suggéreraient fortement que les os de Hadar, bien que
ressemblant à des humains, n'appartenaient pas à un être humain
moderne.
De plus, si les mêmes strates géologiques produisant les
ossements Hadar produisaient les fossiles d'autres organismes
qui étaient également différents des ossements d'animaux
vivants, nous pourrions bien conclure que nous avons découvert
les restes de plus d'une espèce animale éteinte. La plausibilité de
notre hypothèse initiale sur les ossements du site de Hadar serait
encore renforcée.
Certaines hypothèses, cependant, peuvent ne pas être soumises à testabilité.
C'est-à-dire qu'il n'y a peut-être aucun moyen, même en principe, de trouver des
preuves dans la nature qui pourraient montrer qu'une hypothèse est fausse. En
conséquence, même si une telle hypothèse était correcte, elle ne pourrait pas
être considérée comme une hypothèse scientifique. Supposons que quelqu'un
émette l'hypothèse que tous les fossiles du site de Hadar (ainsi que tous les objets
de chaque couche géologique à la surface de la terre) ont été placés dans le sol il
y a 10 000 ans par des extraterrestres d'une autre planète. Ces extraterrestres
avaient le désir et l'habileté de nous tromper sur l'histoire de la vie sur terre. Une
telle hypothèse est-elle vérifiable ? Quelle sorte de preuve la nature pourrait-elle
nous donner qui confirmerait ou réfuterait une telle hypothèse ?
Certes, si nous trouvions les restes d'appareils technologiques
sophistiqués à côté des ossements fossiles, nous
hypothèses Déclarations qui affirment un lien particulier entre les faits et
l'interprétation.
testabilité La capacité des hypothèses scientifiques à être confrontées à la
nature pour voir si elles sont confirmées ou réfutées.
25
MODULE 1: Anthropologie, science et conte a continué
suspectez instantanément que le site était très étrange. Nos
soupçons pourraient être confirmés si les analyses de laboratoire
indiquaient que ces appareils ont été construits à l'aide de
matériaux et de principes d'ingénierie inconnus sur terre. Notre
suspicion s'approfondirait si les restes d'appareils similaires
commençaient à apparaître régulièrement dans les fouilles
paléontologiques, et cela deviendrait plus que suspect si les
restes datables de chaque site, analysés par diverses techniques
de laboratoire, s'avéraient systématiquement vieux de 10 000
ans ! Mais que se passe-t-il si aucune preuve matérielle de ce type
n'a jamais été trouvée ? Et si rien dans aucun site archéologique
ne suggérait la présence d'une technologie de pointe,
extraterrestre ou autre ? Et si les objets récupérés lors des
fouilles variaient en âge d'une manière cohérente avec les
couches géologiques dans lesquelles ils ont été trouvés ? Et si
seuls quelques sites pouvaient être datés de manière fiable à 10 ?
Peut-être que les partisans inconditionnels de l'histoire des extraterrestres
pourraient proposer une nouvelle hypothèse. Ils pourraient prétendre que les
extraterrestres étaient si étonnamment habiles qu'ils étaient capables d'organiser
le mode d'enterrement de manière à nous faire croire que nous observions une
série de dépôts déposés au fil du temps. Les extraterrestres étaient si
diaboliquement intelligents qu'ils étaient capables de traiter chimiquement les
objets qu'ils enterraient d'une manière qui leur ferait donner des dates
trompeuses - un modèle de dates trompeuses - chaque fois qu'ils étaient soumis
à une analyse en laboratoire !
Nous avons maintenant une nouvelle hypothèse extraterrestre à
considérer, mais cette fois nous ne pouvons pas l'appeler une hypothèse
scientifique. La première version de l'hypothèse extraterrestre n'a pas été
confirmée : elle a été testée contre nature et ne correspondait pas. Mais il
n'y a aucun moyen de tester la nouvelle hypothèse selon laquelle les
extraterrestres ont effectué cette tâche massive de réorganiser les couches
de la croûte terrestre et de falsifier son contenu. Si les scientifiques
objectaient que les os et les pierres de leurs laboratoires ne montraient
aucune preuve d'altération chimique, un défenseur de la nouvelle
hypothèse pourrait répondre que cela démontrait à quel point les
extraterrestres étaient habiles à couvrir leurs traces. En effet, toute preuve
offerte par un scientifique pour réfuter la nouvelle hypothèse serait
simplement interprétée par les partisans comme une autre partie du plan
extraterrestre pour tromper les terriens.
En l'absence de toute preuve à l'appui et la présence de preuves
accablantes contre elle (tous les dépôts géologiques à motifs avec des
dates plus anciennes ou plus récentes, recoupées par plus d'une
méthode de datation), la nouvelle hypothèse extraterrestre n'a aucun
intérêt scientifique. Cela ne signifie pas que les scientifiques ont
prouvé hors de tout doute que les extraterrestres n'ont jamais visité
notre planète ou enterré de faux fossiles dans notre
théorie scientifique Une série organisée de manière cohérente d'hypothèses vérifiables utilisées
pour expliquer un ensemble de preuves matérielles.
objectivité La séparation de l'observation et du rapport des souhaits du
chercheur.
26
sol; cela signifie, cependant, que l'hypothèse extraterrestre n'a pas
besoin d'être prise au sérieux par les scientifiques. Dans ces
circonstances, continuer à soutenir l'hypothèse extraterrestre serait
quitter le domaine de la science et entrer dans le domaine de la
science-fiction.
Théories Dans le langage courant, nous utilisons fréquemment le mot
théorie se référer à une explication qui est aussi vraisemblablement fausse
que vraie. En effet, nous avons tendance à inventer des « théories » en
l'absence de preuves. C'est pourquoi nous plaidons souvent « Ce n'est
qu'une théorie » pour nous défendre contre les critiques qui exigent que
nous produisions des preuves pour étayer nos affirmations. En science, le
contraire est vrai. Les scientifiques parlent d'unthéorie scientifique que
lorsqu'ils sont capables de relier de manière cohérente une série
d'hypothèses vérifiables pour expliquer un ensemble de preuves
matérielles. Les théories scientifiques sont le résultat combiné du tri des
données, du test d'hypothèses et de l'imagination de la manière dont
toutes les informations résultantes pourraient être rassemblées de
manière éclairante. Les théories scientifiques sont prises au sérieux car
elles rendent compte d'un large éventail de preuves matérielles de manière
cohérente et convaincante, même si leurs hypothèses restent sujettes à
vérification et à falsification possible. Les théories scientifiques les plus
puissantes, telles que la théorie de la relativité ou la théorie de l'évolution,
sont appréciées non seulement parce qu'elles expliquent davantage de
preuves matérielles que leurs concurrents, mais aussi parce que leurs
hypothèses centrales sont susceptibles d'être testées et potentiellement
falsifiées. , après des tests répétés,
Il arrive souvent qu'un même corpus de preuves matérielles, interprété
de différentes manières, donne lieu à des théories rivales. Les scientifiques
sont depuis longtemps impliqués dans un dialogue animé entre eux sur la
signification des preuves matérielles, ainsi que sur ce qui devrait être
considéré comme une preuve matérielle en premier lieu. Ce compromis
scientifique permet d'affiner et de renforcer certaines théories au fil du
temps tout en exposant les faiblesses d'autres. Les domaines sur lesquels
les scientifiques s'entendent à un moment donné, cependant, peuvent être
rouverts pour le débat à un moment ultérieur, lorsque de nouvelles
preuves matérielles ou une nouvelle hypothèse, ou les deux, apparaissent.
Au fur et à mesure que les scientifiques comparent leurs théories non
seulement avec la nature mais aussi avec les théories de leurs rivaux, leur
compréhension s'approfondit et leurs théories sont révisées.
Objectivité L'une des raisons pour lesquelles les découvertes
scientifiques sont hautement respectées est qu'elles sont considérées
comme objectives. Mais qu'entendons-nous par « objectivité » ? La
signification de ce concept dans la pensée occidentale a varié au fil du
temps, mais au XIXe siècleobjectivité avait acquis le sens que
beaucoup de gens lui associent aujourd'hui : un jugement sur une
caractéristique du monde qui est libre d'idiosyncrasies individuelles
(Daston 1999, 111). La science occidentale a traditionnellement mis
l'accent sur les exigences que l'objectivité impose aux scientifiques
individuels. De ce point de vue, l'objectivité peut être définie comme «
la séparation de l'observation et du rapport des souhaits du
chercheur » (Levins et Lewontin 1985,
225). Parce que les théories sont enracinées dans des preuves matérielles, de
nouvelles preuves matérielles peuvent faire pencher la balance en faveur d'une
théorie par rapport à ses alternatives ou exposer toutes les théories actuelles
comme inadéquates. Les chercheurs scientifiques qui rapportent fidèlement les
résultats même lorsque ces résultats sapent leurs propres hypothèses préférées
seraient considérés comme objectifs dans ce sens individuel.
Mais l'objectivité scientifique peut également être comprise
comme un attribut des communautés de scientifiques, et pas
seulement des chercheurs individuels. La plupart des historiens et
philosophes des sciences reconnaissent que la science telle qu'elle
s'est développée en Europe occidentale a toujours été une activité
sociale. La testabilité des hypothèses scientifiques, par exemple, n'a
de sens que lorsque l'on comprend que le travail d'un individu est
réalisé dans une communauté scientifique dont les membres
partagent leurs travaux, sous forme de présentations publiques ou
d'articles dans des revues professionnelles. Les membres de la même
communauté scientifique scrutent les histoires des uns et des autres
sur la nature, testant pour voir si elles sont confirmées ou infirmées,
dans un processus appelé « examen par les pairs ». L'évaluation
publique du travail des scientifiques fait idéalement appel aux mêmes
normes pour tous, et les membres de la communauté doivent être
sensibles aux observations de tous les critiques avertis (figure M1.5).
Comme le souligne la philosophe des sciences Helen Longino (1990),
la réactivité aux autres membres d'une communauté scientifique «
n'exige pas que les individus dont les données et les hypothèses sont
critiquées se rétractent. . . . Ce qu'il faut, c'est que les membres de la
communauté prêtent attention à la discussion critique qui se déroule
et que les hypothèses qui régissent leur activité de groupe y restent
logiquement sensibles » (78).
Longino (1990) ajoute que la critique ne peut pas durer
indéfiniment si la recherche scientifique veut atteindre ses objectifs.
Les scientifiques s'impatientent si leurs détracteurs répètent
indéfiniment les mêmes critiques, mais ne développent jamais un
programme de recherche alternatif qui produirait de nouvelles
preuves riches à l'appui de leurs propres points de vue (Longino, 79).
Cela s'explique en partie par le fait que les scientifiques ne sont
souvent pas disposés à abandonner même un programme de
recherche inadéquat jusqu'à ce qu'ils trouvent une alternative qui
fonctionne mieux que ce qu'ils ont déjà. Cet état de fait insatisfaisant
provoque régulièrement le développement de nouvelles approches
scientifiques qui produisent de nouvelles preuves, permettant ainsi
aux critiques de faire plus que simplement souligner les lacunes du
travail d'autres scientifiques. L'histoire de la paléoanthropologie est
pleine de débats animés qui ont produit de nouvelles théories, de
nouvelles preuves et de nouvelles techniques de recherche (telles que
celles associées à la datation d'anciens fossiles et artefacts ou à la
récupération d'anciennes biomolécules telles que l'ADN). Ceux-ci ont
énormément augmenté notre compréhension de l'histoire évolutive
complexe de notre espèce et de nos plus proches parents.
Des universitaires comme Helen Longino et Lorraine Daston ont
participé à un important effort multidisciplinaire au cours du dernier
quart de siècle pour repenser les hypothèses traditionnelles sur ce
qu'est la science et son fonctionnement. Dans les années 1980, ces
théoriciens (dont les anthropologues) avaient produit un grand nombre de
travaux connus sous le nom de études scientifiques, qui explore les
interconnexions entre les conditions socioculturelles, politiques,
économiques et historiques qui rendent la recherche scientifique à la fois
possible et réussie. Comme nous l'avons observé au chapitre 1, les études
scientifiques ont fourni un compte rendu plus solide et plus nuancé de la
façon dont la science est faite et pourquoi elle réussit (ou échoue),
principalement en attirant l'attention sur les personnes, la technologie et
les institutions dont l'activité est essentielle au succès de la science, mais
qui sont régulièrement minimisés ou ignorés dans les comptes rendus
standard de la méthode scientifique.
Une innovation des études scientifiques qui est importante pour
l'anthropologie a été laboratoire d'ethnographie. L'un des premiers
ethnographes de laboratoire était Bruno Latour, qui a effectué des travaux
de terrain au Salk Institute en Californie du Sud dans les années 1970
(Latour et Woolgar 1986). Le travail de terrain en laboratoire consiste à
suivre les scientifiques dans leurs activités quotidiennes de laboratoire et
met en lumière l'éventail des compétences intrinsèques que les
scientifiques de certains domaines doivent maîtriser s'ils veulent faire
fonctionner efficacement les appareils technologiques souvent élaborés qui
rendent possible une recherche réussie. En outre, Latour et d'autres ont
révélé l'importance d'un éventail d'institutions et d'individus « non
scientifiques »à l'extérieurle laboratoire dont le soutien était indispensable
si les projets de recherche « strictement scientifiques » à l'intérieur le
laboratoire devait continuer (Latour et Woolgar 1986; Latour 1987). Les
directeurs de laboratoire qui réussissent, par exemple, doivent porter
plusieurs chapeaux : non seulement ils doivent être en mesure d'assurer
des conditions de travail adéquates à leur personnel scientifique, mais ils
doivent également cultiver de bonnes relations avec les administrateurs
universitaires, les fabricants d'instruments de laboratoire, les organismes
de financement gouvernementaux et, de plus en plus, l'industrie privée. De
nos jours, certains scientifiques dirigent même leur propre entreprise.
Les récentes ethnographies de laboratoire réussies entreprises par des
anthropologues peuvent être trouvées dans le volume 2014 Génomique
métisse : mélange racial, nation et science en Amérique latine, édité par
Peter Wade, Carlos López Beltrán, Eduardo Restrepo et Ricardo Ventura
Santos. Trois des quatre éditeurs de cette collection sont des
anthropologues et le quatrième est un historien des sciences. Les chapitres
du volume sont basés sur des ethnographies de laboratoire réalisées dans
des laboratoires de génétique au Mexique, au Brésil et en Colombie, pays
dont les populations ont souvent été considérées comme le produit d'un «
mélange de races » entre les conquistadors européens, les esclaves
africains et les peuples autochtones. Dans chaque pays, les ethnographes
ont travaillé en étroite collaboration avec des scientifiques de différents
laboratoires et ont pu montrer (entre autres) comment les relations des
scientifiques en dehors du laboratoire
études scientifiques Recherche qui explore les interconnexions entre les conditions
socioculturelles, politiques, économiques et historiques qui rendent la recherche
scientifique à la fois possible et réussie.
27
MODULE 1: Anthropologie, science et conte a continué
une
FIGURE M1.5 La science a un aspect social important. Ce n'est pas seulement que les scientifiques travaillent en équipe, mais ils se rencontrent
aussi régulièrement pour discuter et débattre de leurs recherches, de manière informelle pendant que les participants à la conférence cherchent de la
nourriture (une) ou formellement en tant que bioanthropologue Jonathan Marks présente ses recherches (b).
(par exemple, avec des membres de populations locales dont ils
souhaitaient obtenir des échantillons génétiques) a affecté le type de
science menée à l'intérieur du laboratoire. Le souci initial des scientifiques
d'identifier les gènes qui mettent différentes populations à risque de
maladies génétiques s'est aligné sur le souci des gouvernements nationaux
d'accorder une reconnaissance politique officielle aux différents groupes
ethniques et raciaux au sein de chaque pays. Enfin, les auteurs explorent
un paradoxe dans la manière dont les résultats de cette recherche ont été
reçus par différents publics : « alors que [les modèles découverts par les
scientifiques] semblent non raciaux aux experts en génétique, [ils]
pourraient ressembler beaucoup à une race pour les non-experts en
génétique. . . renforcer les compréhensions de bon sens de la diversité
humaine divisée en groupes en forme de continent » (2014a : 2).
De nombreux anthropologues apprécient les études scientifiques pour
avoir fourni une vision plus précise, quoique moins exaltée, des alliances et
des enchevêtrements complexes qui produisent des résultats scientifiques.
L'héritage des études scientifiques en anthropologie a inspiré des
anthropologues tels que des primatologues qui travaillent avec d'autres
espèces (par exemple, Fuentes 2012) ainsi que des archéologues et
d'autres anthropologues intéressés par la culture matérielle, des vêtements
aux ordinateurs en passant par les objets d'art et les artefacts anciens (par
exemple, Miller 2005 ; Hodder 2012). L'historien des sciences Steven Shapin
résume la perspective des études scientifiques dans le titre d'un récent
recueil de ses essais :Jamais pur : les études historiques de la science
comme si elles étaient produites par des personnes atteintes de
28
b
Corps, situés dans le temps, l'espace, la culture et la société, et en lutte
pour la crédibilité et l'autorité (2010). Le titre du livre de Shapin met
également en évidence la façon dont les études scientifiques attirent
l'attention sur les personnes dont les corps ont été impliqués dans la
science et la technologie en tant que chercheurs, sujets de recherche ou
dans d'autres rôles de soutien essentiels. Comme nous l'avons observé au
chapitre 1, la recherche en études scientifiques a influencé les travaux dans
tous les sous-domaines de l'anthropologie et suggère des moyens
innovants de rapprocher divers sous-domaines de l'anthropologie. Nous
présenterons des exemples d'une telle collaboration dans les chapitres
suivants.
Pour évaluer les histoires scientifiques racontées sur les
origines humaines, les gens doivent mieux connaître les types de
preuves matérielles et les interprétations de ces preuves que les
scientifiques utilisent. Ce livre traite des deux sujets. Les deux
chapitres suivants donnent un aperçu des éléments de base de la
théorie de l'évolution moderne et des preuves que les biologistes
évolutionnistes ont rassemblées pour étayer leurs hypothèses.
Les chapitres suivants discuteront, étape par étape, de la
manière dont l'enquête scientifique sur la biologie des primates
vivants, l'analyse des fossiles, l'interprétation des vestiges
archéologiques et l'étude d'un large éventail de sociétés
humaines contemporaines ont fourni un vaste corpus de preuves
dans soutien d'une histoire évolutive sur les origines humaines,
l'origine de la culture et le développement de la diversité
culturelle humaine.
Résumé du module Pour évaluation

1. Les anthropologues prétendent régulièrement que leurs tentatives pour 1. D'après le texte, qu'est-ce que la science ?
expliquer la nature humaine, la société humaine et le passé humain sont
2. En quoi la science diffère-t-elle du mythe ?
scientifiques. Les scientifiques ne sont pas les seuls à raconter des histoires

sur la façon dont le monde fonctionne. Mais les histoires scientifiques sont
différentes des autres histoires car elles doivent être ouvertes à des tests
qui les confirmeront ou les infirmeront. Les histoires sur le monde matériel
qui ne sont pas ouvertes à ce type de test ne peuvent pas être considérées
comme scientifiques.
2. Les scientifiques utilisent le terme théorie d'une manière différente de
l'usage quotidien et non scientifique. Les théories scientifiques bien
confirmées sont prises très au sérieux par les scientifiques car elles
rendent compte d'un large éventail de preuves matérielles d'une
3. Pourquoi les scientifiques doivent-ils être particulièrement préoccupés
par les hypothèses qu'ils apportent à leurs observations du monde
naturel ?
4. Expliquez la différence entre les preuves matérielles et
inférées.
5. Pourquoi une hypothèse doit-elle être testable pour être considérée
comme scientifique ?
6. Que sont les théories scientifiques, et pourquoi sont-elles prises au sérieux

manière cohérente et convaincante, bien qu'elles restent ouvertes à même lorsque leurs hypothèses restent ouvertes à la vérification ?

des tests et à une éventuelle réfutation. Les théories scientifiques les

plus puissantes sont celles dont les hypothèses clés ont été testées à
7. Qu'est-ce que l'objectivité ?
plusieurs reprises et n'ont jamais été infirmées.
8. Résumez la discussion dans le texte sur les communautés
3. Au cours du dernier quart de siècle, de nombreux anthropologues
scientifiques.
et autres chercheurs se sont impliqués dans le domaine
interdisciplinaire des études scientifiques, qui soumet les
laboratoires scientifiques et leurs activités à une enquête
ethnographique, et ont montré à quel point la science en action Mots clés
diffère des récits idéalisés traditionnels de la recherche hypothèses 23 sciences 22
scientifique. Les recherches scientifiques mettant en évidence les preuve 23 études scientifiques 27
interconnexions productives entre les êtres humains, les
hypothèses 25 théorie scientifique 26
organismes non humains et les appareils techniques au cours de
mythes 22 testabilité 25
la recherche scientifique ont inspiré les anthropologues de
nombreux sous-domaines à réviser notre compréhension des objectivité 26
relations entre la nature et la culture, les personnes et les
artefacts, et les personnes et autres espèces vivantes .

29
Résumé du module Pour évaluation

1. Les anthropologues prétendent régulièrement que leurs tentatives pour 1. D'après le texte, qu'est-ce que la science ?
expliquer la nature humaine, la société humaine et le passé humain sont
2. En quoi la science diffère-t-elle du mythe ?
scientifiques. Les scientifiques ne sont pas les seuls à raconter des histoires

sur la façon dont le monde fonctionne. Mais les histoires scientifiques sont
différentes des autres histoires car elles doivent être ouvertes à des tests
qui les confirmeront ou les infirmeront. Les histoires sur le monde matériel
qui ne sont pas ouvertes à ce type de test ne peuvent pas être considérées
comme scientifiques.
2. Les scientifiques utilisent le terme théorie d'une manière différente de
l'usage quotidien et non scientifique. Les théories scientifiques bien
confirmées sont prises très au sérieux par les scientifiques car elles
rendent compte d'un large éventail de preuves matérielles d'une
3. Pourquoi les scientifiques doivent-ils être particulièrement préoccupés
par les hypothèses qu'ils apportent à leurs observations du monde
naturel ?
4. Expliquez la différence entre les preuves matérielles et
inférées.
5. Pourquoi une hypothèse doit-elle être testable pour être considérée
comme scientifique ?
6. Que sont les théories scientifiques, et pourquoi sont-elles prises au sérieux

manière cohérente et convaincante, bien qu'elles restent ouvertes à même lorsque leurs hypothèses restent ouvertes à la vérification ?

des tests et à une éventuelle réfutation. Les théories scientifiques les

plus puissantes sont celles dont les hypothèses clés ont été testées à
7. Qu'est-ce que l'objectivité ?
plusieurs reprises et n'ont jamais été infirmées.
8. Résumez la discussion dans le texte sur les communautés
3. Au cours du dernier quart de siècle, de nombreux anthropologues
scientifiques.
et autres chercheurs se sont impliqués dans le domaine
interdisciplinaire des études scientifiques, qui soumet les
laboratoires scientifiques et leurs activités à une enquête
ethnographique, et ont montré à quel point la science en action Mots clés
diffère des récits idéalisés traditionnels de la recherche hypothèses 23 sciences 22
scientifique. Les recherches scientifiques mettant en évidence les preuve 23 études scientifiques 27
interconnexions productives entre les êtres humains, les
hypothèses 25 théorie scientifique 26
organismes non humains et les appareils techniques au cours de
mythes 22 testabilité 25
la recherche scientifique ont inspiré les anthropologues de
nombreux sous-domaines à réviser notre compréhension des objectivité 26
relations entre la nature et la culture, les personnes et les
artefacts, et les personnes et autres espèces vivantes .

29
 2
Pourquoi l'évolution est-elle importante

pour les anthropologues ?

Cette question est fondamentale pour l'anthropologie contemporaine et est un sujet

d'une grande importance dans les discussions scientifiques plus larges. Dans ce chapitre,

nous examinerons comment le monde vivant était compris avant le XIXe siècle, d'où

provenaient les idées de Darwin, comment elles ont été élaborées davantage depuis son

époque et pourquoi la théorie de l'évolution continue d'être notre outil le plus puissant

pour comprendre les processus biologiques. aujourd'hui.

SOMMAIRE
Qu'est-ce que la théorie de l'évolution ? Quelles sont les bases de
Qu'est-ce que la preuve matérielle Génétique contemporaine ?
Là pour l'évolution ? Gènes et traits
Vues pré-darwiniennes de la Mutation
Monde naturel L'ADN et le génome
Essentialisme Le génotype, le phénotype et le
La grande chaîne de l'être Norme de réaction
catastrophisme et Que signifie l'évolution ?
Uniformitarisme Résumé du chapitre
Évolution transformationnelle
Pour évaluation
Qu'est-ce que la sélection naturelle ?
Mots clés
Pensée démographique
Lectures suggérées
La sélection naturelle en action

Comment les biologistes ont-ils appris

à propos de Gènes ?
Les expériences de Mendel
L'émergence de la génétique

Pinson de Darwin des Galapagos dans les îles Galápagos, en Équateur. 31

Traduit de Anglais vers Français - www.onlinedoctranslator.com
32 CHAPITRE 2 : POURQUOI L'ÉVOLUTION EST-ELLE IMPORTANTE POUR LES ANTHROPOLOGUES ?
Les îles Galapagos,
ÉQUATEUR
FIGURE 2.1 Principaux emplacements abordés au chapitre 2.
P hilosophe de la science Philip Kitcher (1982) a suggéré que les
théories scientifiques réussies sont vérifiables, unifiées et
fructueuses. Une théorie est testable lorsque ses hypothèses peuvent
être comparées indépendamment à la nature. Une théorie est unifiée
lorsqu'elle n'offre qu'une ou quelques stratégies de base de
résolution de problèmes qui donnent un sens à un large éventail de
preuves matérielles. Et une théorie est fructueuse lorsque ses
principes centraux suggèrent des possibilités nouvelles et
prometteuses pour de nouvelles recherches. La théorie moderne de
l'évolution biologique possède ces trois caractéristiques. Les
hypothèses évolutionnistes sont hautement vérifiables de plusieurs
manières. Comme nous le verrons, les preuves matérielles provenant
de sources très diverses ont toujours concordé avec les prédictions de
l'évolution. Parce qu'il est basé sur quelques concepts et hypothèses
centraux, le programme de recherche sur l'évolution est également
très unifié.De l'origine des espèces au moyen de la sélection naturelle
est apparu en 1859. Comme Kitcher (1982, 48) le dit, Darwin « a
structuré notre ignorance ». Après cette date, les biologistes
pourraient emprunter les méthodes de Darwin pour les guider dans
des directions nouvelles et prometteuses. L'étude de la vie n'a plus
été la même depuis. Alors que nous commençons notre étude de
l'évolution humaine, vous serez peut-être surpris du nombre de
termes et de concepts que vous apprenez de la biologie, de la
génétique et de l'écologie. La théorie de l'évolution a engagé les
efforts de nombreux scientifiques depuis plus de 150 ans. Leur travail
a déclare que « la théorie de l'évolution ne fait pas que vieillir, elle
théorie de l'évolution L'ensemble d'hypothèses vérifiables qui affirment que les organismes vivants
peuvent changer au fil du temps et donner naissance à de nouveaux types d'organismes, avec pour
résultat que tous les organismes partagent en fin de compte une ascendance commune.
Bassin de la Seine,
LA FRANCE
a produit une théorie à plusieurs volets, puissante et toujours en
développement. Pour comprendre les arguments avancés par les
biologistes évolutionnistes modernes, nous devons apprendre le
langage de l'évolution. Le gain sera une vision nuancée de ce
qu'est vraiment la théorie de l'évolution et de sa puissance.
Qu'est-ce que la théorie de l'évolution ?
Théorie de l'évolution affirme que les espèces vivantes peuvent changer
au fil du temps et donner naissance à de nouveaux types d'espèces, avec
pour résultat que tous les organismes partagent en fin de compte une
ascendance commune. En raison de cette ascendance commune, les
informations sur la variation biologique chez les pinsons ou la transmission
génétique chez les mouches des fruits peuvent nous aider à comprendre
les rôles de la variation biologique et de la génétique dans l'évolution
humaine.
Eldredge et Tattersall (1982) observent que l'évolution « est
une thèse aussi hautement vérifiée que l'on peut trouver en
science. Soumise à un examen minutieux sous tous les angles
depuis plus d'un siècle maintenant, l'évolution apparaît comme la
seule explication naturaliste que nous ayons des modèles
jumeaux de similitude et de diversité qui imprègnent toute vie
» (2). Steven Stanley (1981), un autre biologiste évolutionniste,
s'améliore. Comme tout concept scientifique qui a longtemps
résisté à l'épreuve du temps, celui-ci a subi des revers, mais, à
maintes reprises, a rebondi pour devenir plus riche et plus fort
» (xv). Trente ans plus tard, les penseurs évolutionnistes restent
convaincus que l'histoire qu'ils se proposent de raconter sur la

l'histoire de la vie sur terre est plus convaincante que n'importe
laquelle de ses rivales. A quoi doivent-ils ce sentiment de confiance ?
Quelles preuves matérielles
Existe-t-il pour l'évolution ?
Deux types de preuves matérielles ont été particulièrement
importantes dans le développement de la théorie de l'évolution : les
preuves matérielles de changement dans le temps et les preuves
matérielles de changement dans l'espace. Les recherches géologiques
ont conduit à la découverte des archives fossiles, les restes de formes
de vie qui avaient été préservées dans la terre pendant longtemps.
Lorsque les scientifiques ont comparé ces fossiles entre eux et avec
des organismes vivants, ils ont noté que les organismes vivants
étaient assez différents des organismes fossilisés. Il s'agissait d'une
preuve matérielle de changement au fil du temps, ouévolution, dans
les types d'organismes qui ont vécu sur la terre. Toute théorie
biologique convaincante devrait trouver un moyen d'expliquer cette
preuve matérielle.
Des preuves matérielles tout aussi importantes pour le
développement de la théorie de l'évolution sont venues de
l'étude des organismes vivants. Darwin lui-même s'intéressait le
plus à expliquer le modèle de distribution des espèces vivantes
d'organismes. Dans l'une de ses études les plus connues, Darwin
a noté que les zones géographiques voisines sur les îles de
l'archipel des Galápagos étaient habitées par des espèces de
pinsons différentes des espèces de pinsons trouvées sur la
mainla équatorienne
ressemble
pinson m
FIGURE 2.2 Charles Darwin et Alfred Russel Wallace ont expliqué le
modèle de distribution des espèces vivantes d'organismes (comme les
différentes espèces de pinsons vivant sur les îles Galápagos) en faisant
valoir que toutes les variantes avaient évolué à partir d'une seule espèce
ancestrale.
Vues pré-darwiniennes du monde naturel 33
ce genre suggérait un changement dans l'espace, que, encore une
fois, toute théorie biologique convaincante devrait expliquer.
Dans les siècles avant Darwin, cependant, les archives fossiles
étaient pour la plupart inconnues, et beaucoup de ceux qui
s'intéressaient à la biologie ne considéraient pas le modèle de
distribution des espèces vivantes comme une preuve des
changements passés. Pour comprendre pourquoi les idées de Darwin
ont eu un impact si puissant, il faut comprendre les visions pré-
darwiniennes du monde naturel (tableau 2.1).
Vues pré-darwiniennes du
monde naturel
Dans les sociétés occidentales de l'Antiquité, les Grecs
pensaient que le monde avait été et serait là pour toujours ;
dans la tradition judéo-chrétienne, on pensait que le monde
était jeune et qu'il finirait bientôt. Les deux traditions
considéraient le monde comme fixe et immuable.
Essentialisme
Si le monde ne change pas, alors les diverses formes de vie qui
font partie de ce monde ne changent pas non plus. Nous
pouvons faire remonter ce point de vue à l'ancien philosophe
grec Platon. Un élément central de la philosophie de Platon était
la croyance en un monde idéal de formes parfaites, éternelles et
immuables qui existent en dehors du monde physique imparfait
et changeant des êtres vivants. Platon croyait que ces deux
mondes – idéal et matériel – étaient liés et que chaque forme
idéale – la forme idéale de « cowness », ou instance – était
représentée dans le monde physique et matériel par un certain
nombre de réalités imparfaites mais reconnaissables.
ux de tailles, de couleurs, de tempéraments variables, etc. Lorsque
les observateurs regardaient de vraies vaches et voyaient leurs
similitudes malgré toutes ces variations, Platon croyait que ce qu'ils
voyaient vraiment était la forme idéale, ou l'essence, de la vacherie »
que chaque vache individuelle incarnait.
Selon Platon, tous les êtres vivants qui partagent la même
essence appartiennent à la même « espèce naturelle », et voici
de nombreuses espèces naturelles dans le monde, dont chacune
est le résultat de l'incarnation imparfaite dans le monde
physique de l'un ou l'autre éternel. forme ou idéal (« cowness »,
humanité », « raté », etc.). Cette vue s'appellel'essentialisme.
Pour les essentialistes, comme l'a expliqué Ernst Mayr (1982), «
chaque espèce est caractérisée par son essence immuable. . . et
séparé de toutes les autres espèces par
évolution Le processus de changement au fil du temps.
l'essentialisme La croyance, dérivée de Platon, en des idées fixes, ou « formes », qui existent
parfaites et immuables dans l'éternité. Les objets réels dans le monde temporel, tels que les vaches
ou les chevaux, sont considérés comme des réalisations matérielles imparfaites de la forme idéale
qui définit leur espèce.
 34 CHAPITRE 2 : POURQUOI L'ÉVOLUTION EST-ELLE IMPORTANTE POUR LES ANTHROPOLOGUES ?

TABLEAU 2.1 Vues pré-darwiniennes du monde naturel

VUE PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES

Essentialisme Chaque « espèce naturelle » d'être vivant est caractérisée par un noyau immuable de caractéristiques et
séparée de toutes les autres espèces naturelles par une rupture nette.

Grande chaîne de l'être Basé sur trois principes :

1. Continuité: Les attributs d'un type d'organisme se chevauchent toujours dans une certaine mesure avec les
attributs des organismes les plus proches dans la classification.
2. abondance : Un monde d'organismes créé par un Dieu bienveillant ne peut avoir de lacunes mais doit inclure
tous les organismes logiquement concevables.
3. Gradation unilinéaire : Tous les organismes peuvent être organisés en une seule hiérarchie basée sur
divers degrés auxquels ils s'écartent de la perfection divine.

Catastrophisme L'idée que les catastrophes naturelles, telles que les inondations, sont responsables de l'extinction d'espèces, qui
sont ensuite remplacées par de nouvelles espèces.

Uniformitarisme La croyance que les mêmes processus graduels d'érosion et de soulèvement qui modifient la surface de la terre
aujourd'hui avaient été à l'œuvre dans le passé. Ainsi, nous pouvons utiliser notre compréhension des processus
actuels pour reconstruire l'histoire de la terre.

Transformationnel En supposant que les espèces essentialistes et un environnement changeant uniformément, Lamarck a soutenu que
évolution les membres individuels d'une espèce se transforment de manière identique pour s'adapter aux changements
communément vécus dans l'environnement. Pour expliquer pourquoi, Lamarck invoquait (1) la loi de l'usage et de la
désuétude et (2) l'hérédité des caractères acquis.

une discontinuité brutale. L'essentialisme suppose que la
diversité de la nature aussi bien inanimée qu'organique est le
reflet d'un nombre limité d'universaux immuables. . . . Tous
ces objets appartiennent à la même espèce qui partagent la
même essence » (256). Cette essence est ce qui fait de
chaque vache une vache et non, disons, un cerf.
La grande chaîne de l'être
Les idées grecques ont été adoptées et adaptées par des
penseurs de la tradition religieuse judéo-chrétienne. Au Moyen
Âge, de nombreux érudits pensaient pouvoir décrire les principes
d'organisation responsables de l'harmonie dans la nature. Selon
Arthur Lovejoy ([1936] 1960), ils raisonnaient comme suit :
l'ancien philosophe grec Aristote suggérait que les types
d'organismes pouvaient être organisés en une seule ligne du
plus primitif au plus avancé. Il a en outre soutenu que les
attributs d'un type d'organisme se chevauchent toujours dans
une certaine mesure avec les attributs des organismes les plus
proches de lui dans la classification, de sorte que les différences
entre les organismes adjacents étaient légères. Ensemble, ces
idées constituaient un principe de continuité. Logiquement
impliqué par le principe de continuité est le principe de plénitude,
ou de plénitude, qui stipule qu'un
Grande chaîne de l'être Un cadre global d'interprétation du monde, basé sur les
principes aristotéliciens et élaboré au Moyen Âge, dans lequel chaque type
d'organisme vivant était lié à chaque autre type dans une énorme chaîne divinement
créée. Un organisme différait le moins possible des espèces situées immédiatement
au-dessus de lui et au-dessous de lui sur la chaîne.
monde d'organismes créé par un Dieu bienveillant ne peut avoir
de lacunes mais doit inclure tous les organismes logiquement
concevables. Enfin, l'hypothèse des anciens philosophes selon
laquelle Dieu seul est autosuffisant et parfait impliquait que
chacune des créatures de Dieu devait manquer, à un degré plus
ou moins grand, d'une partie de la perfection divine. En
conséquence, les divers types d'organismes peuvent être
organisés en une seule hiérarchie, ou gradation unilinéaire,
comme une échelle ou une chaîne, en fonction des degrés
auxquels ils s'écartent de l'idéal divin.
Lorsque la notion de gradation unilinéaire a été combinée
avec les notions de continuité et de plénitude, le résultat a été
appelé le Grande chaîne de l'être, un cadre complet pour
interpréter le monde naturel. Ce cadre suggérait que le cosmos
entier était composé « d'un nombre immense ou infini de liens. . .
chacun d'eux différant de celui immédiatement au-dessus et de
celui immédiatement en dessous par le degré de différence « le
moins possible » » (Lovejoy [1936] 1960, 59). Les degrés de
différence étaient compris en termes théologiques comme des
degrés d'excellence. Les créatures les plus éloignées de la
perfection divine étaient les plus basses dans la hiérarchie, tandis
que les créatures ressemblant le plus à Dieu (comme les anges)
étaient les plus élevées. Les êtres humains occupaient une
position unique dans la chaîne. Leurs corps matériels les reliaient
à d'autres êtres matériels, mais contrairement à d'autres
créatures matérielles, ils possédaient également des âmes et
étaient ainsi liés au royaume spirituel par un Dieu qui les avait
créés à son image.
Pendant plusieurs centaines d'années, du Moyen
Âge au XVIIIe siècle, la Grande Chaîne de
 Vues pré-darwiniennes du monde naturel 35

ROYAUME ANIMAL

Sous-royaumes Protozoaires METAZOA

Phyla Porifère Coelentéré Plathelminthes Nemertea Bryozoaires Mollusque annélide arthropodes CHORDATA
(éponges) (coraux, méduses) (vers plats) (Huîtres, (segmenté
calmars, vers)
poulpe)
Crustacé Arachnida insecta
(homard, crabe) (araignées, scorpions)

Sous-embranchement
VERTÉBRÉS Invertébrés cordés

DES CLASSES
Poissons Amphibiens Reptiliens Aves MAMMALIA
(poisson) (salamandres, grenouilles) (dinosaures, serpents, (des oiseaux)

lézards, crocodiles)

Sous-classes
Prototheria métatheria EUTHÉRIE
(Monitrèmes) (Marsupiaux) (Placentaires)
(ornithorynque, fourmilier épineux) (kangourou, opossum)

Ordres Carnivores périssodactyles Artiodactyles Proboscidie Rodentia Chiroptères Insectivores PRIMATS

(ours, (chevaux, rhinocéros) (vaches, cochons, hippopotames, (éléphants) (rats, écureuils, (chauves-souris) (musaraignes, taupes)

chiens, chats) chameaux, cerfs) castors)

Sous-commandes

Prosimii
ANTHROPOIDEA

Superfamilles
Lemuroidea Lorisoidea Tarsioidea Ceboidea Cercopithecoidea HOMINOIDEA
(Maki) (Loris) (Tarsier)
Des familles

Callithricidae Cébidés Cercopithecidés Hyobatidae Pongidae HOMINIDÉS

(Ouistiti) (Araignée, (Gibbon, (orang-outan)
laineux, siamang)
écureuil)
Sous-familles

Cercopithèques Colobines Panines HOMININES

(Babouin, macaque) (Langur) (Chimpanzé, (Humain)
gorille, bonobo)

FIGURE 2.3 Une taxonomie biologique moderne basée sur la classification linnéenne (les noms populaires sont entre parenthèses). Les organismes
partageant des similitudes structurelles sont toujours regroupés, mais leurs similitudes sont considérées comme le résultat d'une ascendance commune,
indiquée par la ligne horizontale les reliant. Ainsi, les Paninae (chimpanzés, gorilles et bonobos) et les Homininae (êtres humains) partagent tous un
ancêtre commun récent.

L'être était le cadre dans le monde occidental dans lequel
s'inséraient toutes les discussions sur les organismes vivants.
Jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, Carolus Linnaeus
(1707-1778), le père de la biologie modernetaxonomie(ou
classification), opérés dans ce cadre. Linnaeus était attaché à
une définition essentialiste des espèces naturelles. Il s'est
concentré sur ce que les taxonomistes modernes appellent le
genre (pluriel genres) (Figure 2.3) et a utilisé la morphologie
des organes reproducteurs pour définir « l'essence » d'un
genre (Mayr 1982, 178). (Le termeespèce, que les biologistes
modernes attribuent à des sous-populations du même genre
savait que les individus diffèrent parfois de façon marquée de ce qui
est considéré comme « normal » pour les autres de leur espèce. Mais
ces déviations étaient encore considérées comme des accidents, ou
des « dégradations », qui ne pouvaient affecter l'unité de l'espèce
naturelle.
taxonomie Un classement ; en biologie, la classification de divers types
d'organismes.
genre Le niveau de la taxonomie linnéenne dans lequel différentes espèces sont
regroupées sur la base de leurs similitudes les unes avec les autres.

qui partagent certains attributs spécifiques, a été utilisé plus espèce (1) Pour Linné, une « espèce naturelle » platonicienne définie en fonction de son
essence. (2) Pour les biologistes modernes, une communauté reproductrice de populations
librement dans le passé par les essentialistes et par les non- (reproductivement isolées des autres) qui occupe une niche spécifique dans la nature.
essentialistes.) Les essentialistes comme Linnaeus
 36 CHAPITRE 2 : POURQUOI L'ÉVOLUTION EST-ELLE IMPORTANTE POUR LES ANTHROPOLOGUES ?

Catastrophisme et uniformitarisme le développement d'une approche arguant que la perfection de

l'adaptation de chaque organisme ne pouvait être que le résultat
Les changements sociaux et scientifiques sans précédent
d'une conception intentionnelle d'un créateur bienveillant. Un
apportés par les Lumières du XVIIIe siècle en Europe ont
groupe de penseurs, connus sous le nom de « catastrophistes »,
progressivement soulevé des doutes sur la Grande Chaîne des
a modifié la théorie de Cuvier et a soutenu que les nouvelles
Êtres. Le principe de continuité a été critiqué par le scientifique
espèces qui ont remplacé les anciennes avaient été spécialement
français Georges Cuvier (1769-1832), un pionnier de l'anatomie
créées par Dieu. D'autres ont souscrit à une position dite
moderne qui a également effectué certaines des premières
uniformitarisme, qui a souligné l'intégration harmonieuse
fouilles importantes de fossiles dans le bassin de la Seine près de
globale de la nature comme preuve de l'œuvre de Dieu. Ces «
Paris. Il croyait fermement à la définition essentialiste des
uniformitaristes » critiquaient les idées de Cuvier et des
espèces naturelles, mais ses études anatomiques l'ont convaincu
catastrophistes. Dieu pouvait permettre au monde de changer,
qu'il n'y avait que quatre catégories naturelles d'êtres vivants.
admettaient-ils, mais un plan de Dieu bienveillant pour la
Chaque catégorie était parfaitement adaptée à son mode de vie
création ne pouvait pas inclure des ruptures nettes entre
mais n'avait aucun lien avec les autres. Les études de Cuvier sur
différentes formes de vie et la disparition brutale d'espèces par
les archives fossiles l'ont convaincu qu'au fil du temps, certaines
extinction. La position uniformitariste a obtenu un puissant
espèces avaient été brutalement anéanties et remplacées, tout
soutien du livrePrincipes de géologie par Charles Lyell
aussi brutalement, par de nouvelles espèces venues d'ailleurs. Il
(1797-1875), publié entre 1830 et 1833. Lyell a soutenu que les
a appelé ces transitions abruptes « révolutions », bien que ce
mêmes processus graduels d'érosion et de soulèvement qui
terme ait été traduit en anglais par « catastrophe ». Ainsi, le
modifient la surface de la terre aujourd'hui avaient également été
termecatastrophisme en est venu à faire référence à l'idée que
à l'œuvre dans le passé. En supposant l'uniformité de ces
les catastrophes naturelles, telles que les inondations, sont
processus, il a soutenu que notre compréhension des processus
responsables de l'extinction de certaines espèces naturelles, qui
actuels pourrait être utilisée pour reconstruire l'histoire passée
sont ensuite remplacées par de nouvelles espèces naturelles.
de la terre.
La querelle entre catastrophistes et uniformitaristes a
À certains égards, les idées de Cuvier étaient
souvent été décrite comme un conflit entre un dogmatisme
parfaitement traditionnelles : il n'a pas rejeté la
borné (identifié aux catastrophistes) et une science empirique à
compréhension essentialiste des espèces et n'a jamais
l'esprit ouvert (identifiée aux uniformitaristes). Mais, comme l'a
suggéré que les nouvelles espèces étaient simplement de
démontré Stephen Jay Gould (1987), cette représentation
vieilles espèces qui avaient changé. Pourtant, son idée que
dénature la nature de leur désaccord. Cuvier et Lyell étaient tous
certaines espèces pourraient disparaître lors d'extinctions
deux des scientifiques empiriques : le premier, un éminent
massives était assez radicale car, selon la théologie judéo-
anatomiste et excavateur de fossiles ; ce dernier, un géologue de
chrétienne, Dieu n'avait créé toutes les formes de vie
terrain. Les deux ont été confrontés à une grande partie des
possibles qu'une seule fois. De la même manière,
mêmes preuves matérielles; cependant, comme le souligne
l'affirmation de Cuvier en 1812 qu'il n'y avait aucun lien entre
Gould, ils ont interprété cette preuve de manières très
les quatre catégories fondamentales d'êtres vivants sapait
différentes. Les catastrophistes étaient prêts à accepter une
sérieusement le principe de la gradation unilinéaire. C'est-à-
vision de l'histoire de la terre qui permettait des ruptures
dire que si les quatre catégories n'avaient rien de commun
d'harmonie pour préserver leur croyance que l'histoire, guidée
les unes avec les autres, alors elles ne pourraient pas être
par l'intervention divine, allait quelque part. En revanche,
rangées dans une simple chaîne d'espèces naturelles,
l'harmonieux, La vision non directionnelle des uniformitaristes
chacune étant précisément placée entre celle un peu moins
était enracinée dans leur croyance que le temps était cyclique,
avancée et celle un peu plus avancée. Ernst Mayr (1982,
comme les saisons changeantes. Les uniformitariens ont promu
Mais la Grande Chaîne de l'Être n'est pas morte en
l'idée que la création de Dieu était « l'incarnation de la rationalité
douceur parce que ses principes étaient devenus
», c'est-à-dire que la création de Dieu s'est déroulée
inextricablement liés aux croyances judéo-chrétiennes sur le
conformément aux lois de Dieu, sans nécessiter une intervention
monde naturel. À la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle,
divine ultérieure ou une trajectoire historique fixe.
l'un des résultats de ce processus de fusion a été

catastrophisme L'idée que les catastrophes naturelles, telles que les inondations, sont responsables
de l'extinction d'espèces, qui sont ensuite remplacées par de nouvelles espèces.
uniformitarisme L'idée qu'une compréhension des processus actuels peut être utilisée
pour reconstruire l'histoire passée de la terre, basée sur l'hypothèse que les mêmes
processus graduels d'érosion et de soulèvement qui modifient la surface de la terre
aujourd'hui avaient également été à l'œuvre dans le passé.
Évolution transformationnelle
Ainsi, dès les premières années du XIXe siècle, les idées traditionnelles
sur le monde naturel avaient été remises en question par de
nouvelles preuves matérielles et des interprétations contradictoires
de ces preuves. Dans l'effervescence de cette période, le naturaliste
français Jean-Baptiste de Monet de

Lamarck (1744-1829) s'est attaqué aux incohérences décrites ci-
dessus, portant le premier coup sérieux contre l'essentialisme
(figure 2.4). Lamarck a voulu préserver la vision traditionnelle
d'un monde vivant harmonieux. L'un des défis les plus sérieux à
ce point de vue était le problème de l'extinction. Comment des
créatures parfaitement adaptées ont-elles pu être soudainement
anéanties, et d'où venaient leurs remplaçants ? Certains ont
suggéré que les extinctions étaient le résultat du déluge de Noé,
mais cela ne pouvait pas expliquer comment les animaux
aquatiques se sont éteints. D'autres ont suggéré que les
extinctions étaient le résultat de la chasse humaine, expliquant
peut-être pourquoi les mastodontes ne parcouraient plus la
terre. Certains espéraient que des espèces naturelles que l'on
croyait éteintes pourraient encore être trouvées dans une région
inexplorée du globe.
Lamarck a suggéré une interprétation originale des preuves
matérielles qui avaient été utilisées pour plaider en faveur de
l'extinction. Remarquant que de nombreuses espèces fossiles
ressemblaient beaucoup aux espèces vivantes, il suggéra en 1809 que
les formes fossiles étaient peut-être les ancêtres des formes vivantes.
Fossile
croire
FIGURE 2.4 Jean-Baptiste de Monet de Lamarck. Lamarck voulait
préserver la vision traditionnelle d'un monde vivant harmonieux,
mais son interprétation des preuves des fossiles a finalement miné
exactement la vision qu'il essayait de défendre.
Vues pré-darwiniennes du monde naturel 37
au fil du temps pour adapter leurs descendants aux changements
climatiques et géographiques. Un tel processus prouverait que la
nature est harmonieuse après tout – que, bien que le monde soit un
monde en évolution, les organismes vivants possèdent la capacité de
changer avec lui.
De nombreux éléments de la Grande Chaîne des Êtres
pourraient être adaptés au schéma de Lamarck. Lamarck croyait
qu'une fois qu'une espèce naturelle avait vu le jour, elle avait la
capacité d'évoluer au fil du temps vers des formes de plus en plus
complexes (ou « parfaites »). Cela pourrait arriver, a suggéré
Lamarck, parce que tous les organismes ont deux attributs : (1) la
capacité de changer physiquement en réponse aux demandes
environnementales et (2) la capacité d'activer cette capacité
chaque fois que le changement environnemental rend la réponse
précédente de l'organisme obsolète. Sinon, le manque
d'adéquation qui en résulterait entre les organismes et
l'environnement créerait une disharmonie dans la nature.
Lamarck n'a jamais suggéré qu'une espèce puisse s'adapter au
changement en se divisant en deux ou plusieurs nouvelles
espèces ; au contraire, chaque membre de chaque espèce est
engagé dans sa propre transformation adaptative individuelle au
fil du temps.évolution transformationnelle.
Lamarck a proposé deux « lois » pour expliquer comment une telle
transformation se produit. Premièrement, a-t-il dit, un organe est renforcé
par l'utilisation et affaibli par la désuétude (une première déclaration de
« l'utiliser ou le perdre »). Si les changements environnementaux amènent
les membres d'une espèce à dépendre plus fortement de certains organes
que d'autres, les premiers s'amélioreront et les seconds se réduiront. Mais
la loi de l'usage et de la désuétude avait
conséquences évolutives, a soutenu Lamarck, parce que le
résultat physique de l'utilisation ou de la désuétude pouvait être
transmis d'une génération à l'autre. La seconde loi de Lamarck
était la loi de l'hérédité des caractères acquis.
Prenons l'exemple suivant : les pandas modernes possèdent un
poignet allongé surdimensionné qui aide l'ourlet à arracher les
feuilles de bambou, leur nourriture préférée, des tiges de bambou
(Figure 2.5). Cet os a été appelé « pouce » du panda, bien que les
pandas conservent les cinq doigts sur chaque patte. Si Lamarck avait
connu le pouce du panda, il aurait pu expliquer son origine comme
suit : supposons que les pandas aient à l'origine des poignets comme
les autres ours. Puis l'environnement a changé, obligeant les pandas
à devenir dépendants du bambou pour se nourrir. Les pandas,
incapables de survivre sur le bambou à moins qu'ils ne trouvent un
moyen efficace d'arracher les feuilles de la tige, ont été forcés
d'utiliser leurs pattes avant de manière plus intensive (la loi
d'utilisation et de désuétude) pour retirer suffisamment de feuilles de
bambou pour
évolution transformationnelle Aussi appelé évolution lamarckienne, elle
suppose des espèces essentialistes et un environnement uniforme. Chaque
membre individuel d'une espèce se transforme pour relever les défis d'un
environnement modifié à travers les lois d'utilisation et de désuétude et l'hérédité
des caractères acquis.
38
FIGURE 2.5 L'évolution transformationnelle lamarckienne et
L'évolution variationnelle darwinienne offre deux explications différentes
sur la façon dont le panda a obtenu son « pouce ». Le pouce est en fait
un poignet allongé qui aide les pandas à retirer les feuilles de bambou,
leur nourriture préférée, des tiges de bambou.
satisfaire leur appétit. L'exercice continu de leurs poignets a fait
grossir et allonger le poignet pour lui donner une forme
ressemblant à un pouce. Après avoir acquis des "pouces" grâce à
une activité intense, les pandas ont donné naissance à une
progéniture avec des poignets allongés (la loi de l'hérédité des
caractères acquis). Ainsi, les lois de Lamarck pourraient expliquer
comment chaque espèce construit de nouveaux organes plus
complexes et atteint, sur de nombreuses générations, des
niveaux de « perfection » de plus en plus élevés.
Parce que l'évolution transformationnelle fonctionne grâce aux
efforts des membres individuels d'une espèce, qu'est-ce qui
empêcherait différents individus de se transformer dans des
directions différentes ? Une partie de la réponse est que Lamarck
s'attendait à ce qu'un environnement changeant affecte tous les
individus de la même espèce de la même manière, conduisant à des
réponses identiques en termes d'utilisation et de désuétude. Mais le
reste de la réponse réside dans le fait que Lamarck acceptait toujours
le point de vue selon lequel chaque membre individuel d'une espèce
était identique en essence à chaque autre membre.
POLOGISTES ?
Ce n'est que s'il en était ainsi que tous les membres de la même espèce pourraient
Elles répondent de la même manière aux mêmes pressions
environnementales et conservent leur identité d'espèce au fil du temps.
La théorie transformationnelle de l'évolution biologique
de Lamarck a été rejetée par les biologistes au début du XXe
siècle, lorsque les généticiens ont pu démontrer que ni la loi
d'usage et de désuétude ni la loi d'hérédité des caractères
acquis appliquée aux gènes. Dans le
Au début du XIXe siècle, cependant, les spéculations de
Lamarck ont ouvert la porte à Darwin.
Qu'est-ce que la sélection naturelle ?
Lamarck avait soutenu qu'une espèce pouvait varier dans le temps.
Les contemporains de Lamarck, observant des organismes vivants à
l'état sauvage en Europe, en Amérique, en Afrique et en Asie, avaient
démontré que les espèces pouvaient également varier dans l'espace.
D'où viennent toutes ces variations vivantes qui coexistent
mutuellement mais qui étaient jusqu'alors inconnues ?
Le mystère de la variation géographique des organismes
vivants était particulièrement contrariant pour Charles Darwin
1809-1882, figure 2.6) et Alfred Russel Wallace (1823-1913), dont
les observations sur le terrain rendaient impossible l'ignorance.
Wallace a estimé que la relation entre des espèces similaires mais
distinctes dans la nature pourrait être expliquée si toutes les
espèces similaires étaient liées les unes aux autres
biologiquement, c'est-à-dire si elles étaient considérées comme
des espèces filles (ou sœurs) d'autres espèces parentales.
Darwin, comparant les pinsons des îles Galápagos avec les
pinsons du continent équatorien, a estimé que les similitudes
entre les pinsons pourraient être expliquées si tous étaient issus
d'une seule population parentale de pinsons. Les deux hommes
ont conclu indépendamment que des espèces similaires doivent
descendre d'un ancêtre commun, ce qui signifie que toute espèce
peut se diviser en un certain nombre de nouvelles espèces avec
suffisamment de temps. Mais combien de temps ? Dans les
années 1650, James Ussher, l'archevêque anglican d'Irlande, a
utilisé des informations dans la Bible pour calculer que Dieu a
créé la terre le 23 octobre 4004 avant JC, une date qui était
encore largement acceptée. Charles Lyell et d'autres géologues
ont cependant affirmé que la Terre avait bien plus de 6000 ans
(en effet, elle a environ 4,5 milliards d'années). Si les géologues
avaient raison, il y avait eu amplement de temps pour que ce que
Darwin appelait « descendance avec modification » ait produit le
degré élevé de diversité des espèces que nous trouvons dans le
monde aujourd'hui.
Darwin s'était abstenu de publier son travail sur l'évolution
pendant des années, mais a été poussé à l'action lorsque Lyell l'a
averti que Wallace était prêt à publier ses idées. En conséquence,
Darwin et Wallace ont d'abord publié leurs points de vue dans un
article scientifique portant leurs deux noms. Darwin est devenu
plus connu que Wallace au cours des dernières années,

FIGURE 2.6 Charles Darwin (1809-1882).
en partie à cause de la masse de preuves matérielles qu'il a
rassemblées à l'appui de sa théorie ainsi que de ses
interprétations théoriques raffinées de ces preuves.
La théorie de ascendance commune— « la première
révolution darwinienne » (Mayr 1982, 116) — était en soi
scandaleuse car elle allait bien au-delà de la modeste suggestion
de Lamarck selon laquelle les espèces peuvent changer sans
perdre leur intégrité essentielle. Non seulement Darwin a
proposé que des espèces similaires puissent être attribuées à un
ancêtre commun, mais il a également proposé une explication
simple et mécaniste de la manière dont une telle descendance
avec modification a lieu. Son explication, la théorie desélection
naturelle, était « la deuxième révolution darwinienne ». Le fait
que la sélection naturelle reste au cœur de la théorie de
l'évolution moderne témoigne de la puissance de la perspicacité
de Darwin car elle a été testée et reformulée pendant plus de 150
ans et reste la meilleure explication que nous ayons aujourd'hui
de la diversité de la vie sur terre.
La théorie de l'évolution de Charles Darwin n'a été possible que
parce qu'il était capable de penser les espèces d'une manière
nouvelle. Bien que Lamarck ait commencé à le faire lorsqu'il a
suggéré que les espèces pouvaient changer, Darwin a terminé le
travail. Si les organismes pouvaient changer, alors ils n'avaient pas
d'essence fixe. Ceci, à son tour, signifiait que la variation ou les
différences—entre les membres individuels d'une espèce pouvaient
être extrêmement importantes.
Ainsi, Darwin a transformé la définition essentialiste de
espèce sur sa tête. Il a fait valoir que l'important à propos des
membres individuels d'une espèce n'est pas ce qu'ils
Qu'est-ce que la sélection naturelle ? 39
ont en commun mais combien ils sont différents. La théorie
darwinienne de l'évolution par sélection naturelle a soutenu que
la variation, et non une essence unitaire, est le fondement
condition de vie. C'est pourquoi on l'appelleévolution
variationnelle, contrairement à l'évolution transformationnelle
ion de Lamarck (voir, par exemple, Lewontin 1982). L'idée
d'évolution variationnelle dépend de ce qu'Ernst Mayr
1982) appelle la « pensée populationnelle », c'est-à-dire considérer les
populations qui composent une espèce comme composées d'individus
biologiques dont les différences les unes par rapport aux autres sont
authentiques et importantes.
Pensée démographique
Darwin a combiné cette nouvelle vision des espèces avec d'autres
observations sur le monde naturel. Considérons, par exemple, les
grenouilles dans un étang. Personne ne nierait que de nouvelles
grenouilles éclosent à partir de centaines d'œufs pondus par des
femelles matures à chaque saison de reproduction, mais la taille de la
population de grenouilles adultes dans un étang donné change
rarement beaucoup d'une saison à l'autre. De toute évidence, la
grande fertilité potentielle représentée par tous ces œufs n'est jamais
réalisée ou l'étang serait bientôt envahi par les grenouilles. Quelque
chose doit empêcher tous ces œufs de devenir adultes. Darwin (à la
suite de Thomas Malthus) a attribué cela à l'approvisionnement limité
en nourriture dans l'étang, ce qui signifie que les nouveau-nés sont
obligés de lutter les uns contre les autres pour la nourriture et que les
perdants ne survivent pas pour se reproduire. Darwin s'est demandé
quels facteurs déterminaient quels concurrents gagneraient et
lesquels perdraient. Soulignant la variation entre tous les individus de
l'espèce, il a fait valoir que les individus dont les traits variants les
équipent mieux pour rivaliser dans la lutte pour l'existence sont plus
susceptibles de survivre et de se reproduire que ceux qui n'ont pas de
tels traits. On dit que les individus qui laissent un plus grand nombre
de descendants ont desaptitude.
Un tel argument n'a bien sûr aucun sens, à moins que les
espèces ne soient comprises en termes variationnels. Pour un
essentialiste, les membres individuels d'une espèce sont identiques
ascendance commune L'affirmation de Darwin selon laquelle des espèces vivantes similaires doivent toutes
avoir eu un ancêtre commun.
sélection naturelle Une explication mécaniste en deux étapes de la façon dont la
descendance avec modification a lieu : (1) à chaque génération, des individus variants sont
générés au sein d'une espèce en raison d'une mutation génétique, et (2) les individus
variants les mieux adaptés à l'environnement actuel survivent et produisent plus
progéniture que les autres variantes.
évolution variationnelle La théorie darwinienne de l'évolution, qui suppose que les
membres variants d'une espèce répondent différemment aux défis environnementaux. Les
variantes qui réussissent mieux (« plus en forme ») survivent et reproduisent plus de
descendants, qui héritent des traits qui ont rendu leurs parents en forme.
aptitude Une mesure de la capacité d'un organisme à rivaliser dans la lutte pour
l'existence. Les individus dont les traits variants les équipent mieux pour rivaliser avec les
autres membres de leur espèce pour des ressources limitées ont plus de chances de survivre
et de se reproduire que les individus qui n'ont pas de tels traits.
 40 CHAPITRE 2 : POURQUOI L'ÉVOLUTION EST-ELLE IMPORTANTE POUR LES ANTHROPOLOGUES ?
l'un à l'autre parce qu'ils partagent la même essence ; peu
importe lequel ou combien d'entre eux survivent et se
reproduisent. D'un point de vue essentialiste, par conséquent, la
compétition ne peut se produire qu'entre différentes espèces
parce que seules les différences entre les espèces entières (pas
entre les membres individuels d'une espèce) comptent. Une fois
que nous pensons à une espèce en termes variationnels,
cependant, l'idée que la compétition pour les ressources « est "
un chien mange un chien " plutôt que " un chien mange un chat "
» commence à avoir un sens (Depew et Weber 1989, 257).
Lorsque Darwin a interprété ses observations, il a
proposé l'explication suivante sur la façon dont
l'évolution biologique se produit. Levins et Lewontin
(1985, 31ff.) résument sa théorie en trois principes et une
force motrice qui met le processus en mouvement :
1. Le principe de variation. Il n'y a pas deux individus dans une espèce qui
soient identiques à tous égards ; ils varient dans des caractéristiques
telles que la taille, la couleur et l'intelligence.
2. Le principe d'hérédité. Les descendants ont tendance à ressembler à
leurs parents.
3. Le principe de la sélection naturelle. Différentes variantes laissent
un nombre différent de descendants.
La force motrice, selon Darwin, était la lutte pour l'existence.
Dans une édition ultérieure deÀ propos de l'origine des espèces,
il a emprunté une expression inventée par le sociologue Herbert
Spencer et a décrit le résultat de la lutte pour l'existence comme
« la survie du plus fort ».
La sélection naturelle en action
Pour illustrer le fonctionnement de la sélection naturelle,
revenons au problème de la façon dont les pandas ont obtenu
leur « pouce ». Lamarck expliquerait ce phénomène en affirmant
que les pandas individuels utilisaient tous leurs poignets de
manière intensive pour obtenir suffisamment de feuilles de
bambou pour survivre, provoquant l'allongement de leurs
poignets, un trait qu'ils ont transmis à leur progéniture. Darwin,
en revanche, expliquerait ce phénomène en concentrant
l'attention non sur des pandas individuels, mais sur unpopulation
des pandas et les différences entre les membres de cette
population. Il dirait qu'à l'origine il devait y avoir une population
de pandas avec des poignets
apt La mise en forme de toute caractéristique utile d'un organisme, quelle que soit son
origine.
adaptation La mise en forme des caractéristiques utiles d'un organisme par la sélection
naturelle pour la fonction qu'ils remplissent maintenant.
exaptation La mise en forme d'une caractéristique utile d'un organisme par la sélection
naturelle pour remplir une fonction et son remodelage ultérieur par différentes pressions
de sélection pour remplir une nouvelle fonction.
de longueurs différentes (principe de variation). Parce que la
progéniture a tendance à ressembler à leurs parents, les pandas avec
de longs poignets ont donné naissance à une progéniture avec de
longs poignets et les pandas avec des poignets courts ont donné
naissance à une progéniture avec des poignets courts (le principe de
l'hérédité). Lorsque le climat a changé de telle sorte que les pandas
sont devenus dépendants des feuilles de bambou pour se nourrir, les
pandas avec des poignets de différentes longueurs ont dû rivaliser les
uns avec les autres pour obtenir suffisamment de feuilles pour
survivre (la lutte pour l'existence).
Notez que, dans cet exemple, "la lutte pour l'existence"
n'implique pas que les pandas étaient nécessairementcombat les
uns avec les autres sur l'accès au bambou. Les pandas avec de
longs poignets servant de « pouces » pour arracher les tiges de
bambou étaient tout simplement plus efficaces que les pandas
dépourvus d’un tel « pouce » ; c'est-à-dire que dans ce nouvel
environnement, leurs poignets allongés les rendaient plus en
forme que les pandas aux poignets courts. Ainsi, les pandas de la
population avec « pouces » ont survécu et ont laissé plus de
descendants que ceux sans « pouces ». En conséquence, la
proportion de pandas dans la population avec des poignets
allongés dans la génération suivante était plus importante qu'elle
ne l'avait été dans la génération précédente et la proportion de
pandas dans la population avec des poignets courts était plus
petite. Si ces pressions sélectives étaient suffisamment sévères,
les pandas avec des poignets courts pourraient ne laisser aucune
progéniture du tout, résultant à un moment donné en une
population entièrement composée de pandas avec des "pouces".
En termes darwiniens, l'adaptation a été traditionnellement
comprise comme le processus par lequel un organisme « est
conçu pour être en harmonie avec l'environnement naturel » à la
suite de la sélection naturelle (Little 1995, 123). Cependant, ce
concept contient des ambiguïtés qui peuvent confondre letraiter
d'adaptation avec ses résultats (aussi souvent appelées
« adaptations »). En 1982, les paléontologues Stephen Jay Gould
et Elisabeth Vrba ont aidé à résoudre cette confusion en
distinguant l'aptation, l'adaptation et l'exaptation. Unapt fait
référence à toute caractéristique utile d'un organisme, quelle que
soit son origine. Unadaptation fait référence à une
caractéristique utile d'un organisme qui a été façonné par la
sélection naturelle pour la fonction qu'il remplit maintenant. Un
exaptation, en revanche, fait référence à une caractéristique
utile d'un organisme qui a été à l'origine façonné par la sélection
naturelle pour accomplir une fonction mais plus tard remodelé
par différentes pressions de sélection pour accomplir une
nouvelle fonction.
La distinction entre adaptation et exaptation est importante
car confondre l'une avec l'autre peut conduire à des
interprétations erronées de l'évolution. Par exemple, il est de
pratique courante d'expliquer la forme actuelle d'un organisme
(par exemple, la forme des ailes d'un insecte) comme une
adaptation à la fonction qu'il remplit actuellement (c.-à-d. le vol).
Ce genre d'explication pose cependant des problèmes. Si insecte

les ailes ont évolué progressivement via la sélection
naturelle, puis les premiers modestes appendices sur
lesquels la sélection allait opérer ne pouvaient ressembler -
ou fonctionner comme - aux ailes d'insectes vivants. En
conséquence, ces premiers appendices n'auraient pas pu
être utilisés pour le vol. Mais quel avantage adaptatif quelque
chose qui n'était pas encore une aile pouvait-il conférer aux
ancêtres insectes ? Gould et Vrba ont montré que des
appendices qui n'étaient pas encore des ailes pouvaient être
adaptatifs pour des raisons n'ayant rien à voir avec le vol. Par
exemple, la fonction adaptative originale des appendices des
insectes était le refroidissement du corps, mais ces
appendices ont ensuite été remplacés par la fonction de
voler, une fois qu'ils ont atteint une certaine taille ou forme
(figure 2.7). Des spécialistes de l'évolution humaine comme
Ian Tattersall (2012,
La théorie de l'évolution par sélection naturelle de Darwin est
élégante et dramatique. Comme des générations de biologistes ont t
avoir c
débat
FIGURE 2.7 Comment les ailes ont-elles évolué pour le vol ? Gould et Vrba (1982)
suggèrent que les appendices des premiers insectes étaient destinés au
refroidissement du corps, mais qu'ils étaient plus tard adaptés au vol une fois qu'ils
avaient atteint une certaine taille ou forme.
Comment les biologistes ont-ils découvert les gènes ? 41
Certaines personnes ont supposé que les individus les
plus gros, les plus forts et les plus résistants devaient
être, par définition, plus en forme que les membres plus
petits, plus faibles et plus doux de leur espèce. À
strictement parler, cependant, darwinienne, ou
biologique, l'aptitude n'est rien de plus (et rien de moins)
que la capacité d'un individu à survivre et à laisser une
progéniture. La forme physique « absolue » n'existe pas.
Dans un environnement donné, ceux qui laissent plus de
descendants sont en meilleure forme que ceux qui
laissent moins de descendants. Mais tout organisme qui
parvient à se reproduire dans cet environnement est en
forme. Comme le dit le généticien Richard Lewontin
(1982) : « En termes d'évolution, un athlète olympique qui
n'a jamais eu d'enfant a une forme physique de zéro,
alors que JS Bach, qui était sédentaire et très en surpoids,
Il est clair que la théorie darwinienne a été mise au défi de
montrer que l'hérédité biologique fonctionne pour produire
variation qui se renouvelle et expliquer comment cette
variation est générée et transmise des parents aux enfants.
printemps. La formulation originale de Darwin de la théorie de
l'évolution par sélection naturelle était pratiquement muette sur
ces questions. Darwin était convaincu, sur la base de preuves
considérables, qu'une variation héréditaire devait exister, mais
lui et ses collègues ignoraient totalement les sources de
variation. Ce n'est qu'au début du vingtième siècle que les
connaissances sur ces questions ont commencé à s'accumuler, et
ce n'est qu'au cours des années 1930 qu'une nouvelle synthèse
évolutionniste des principes darwiniens et de la génétique s'est
établie.
Comment les biologistes ont-ils
découvert les gènes ?
La progéniture a tendance à ressembler à ses parents, ce qui
suggère que quelque chose d'immuable se transmet d'une
génération à l'autre. Dans le même temps, la progéniture
n'est pas dentaire de leurs parents, ce qui soulève la
possibilité que tout ce que les parents transmettent puisse
être modifié par des forces environnementales. Que
l'héritage biologique soit stable ou modifiable, ou les deux, a
défié Darwin et ses contemporains.
En l'absence de connaissances scientifiques sur l'hérédité,
Darwin et nombre de ses contemporains ont adopté une théorie
de l'hérédité qui a ses racines dans l'Antiquité : la théorie de la
pangenèse. Pangénèse était une théorie de l'héritage
pangenèse Une théorie de l'hérédité suggérant que les traits physiques d'un organisme
sont transmis d'une génération à l'autre sous la forme de multiples particules distinctes
émises par toutes les parties de l'organisme, dont différentes proportions sont transmises
à la progéniture via le sperme ou l'ovule.
 42 CHAPITRE 2 : POURQUOI L'ÉVOLUTION EST-ELLE IMPORTANTE POUR LES ANTHROPOLOGUES ?

FIGURE 2.8 Pois croisés Mendel à fleurs

Observations Hypothèse explicative
rouges et pois à fleurs blanches (le parent,
ou Pje, génération). Cela a produit une
Fleurs rouges fleurs blanches
génération (F1) de fleurs rouges P1 génération
uniquement. Lorsque Mendel a croisé les
Fleurs rouges fleurs blanches CC × cc P1 Les plantes
pois à fleurs rouges du F1 génération, ils
ont produit le F2 génération de pois, dans
Ségrégation des allèles dans la formation des gamètes
laquelle il y avait environ trois plantes à ×
fleurs rouges pour chaque plante à fleurs Œuf Pollen
blanches. Ce rapport de 3:1 de fleurs cellules céréales
rouges à blanches, ainsi que la C c
réapparition de fleurs blanches, C c
pourraient s'expliquer si chaque plante F1 génération
avait deux facteurs génétiques et que le 100% rouge Cc
facteur des fleurs rouges était dominant.
Seule une plante avec deux facteurs pour Cc Cc F1 Les plantes

les fleurs blanches produirait des fleurs × 100% rouge

blanches, tandis que des fleurs rouges Cc
apparaîtraient dans chaque plante qui Ségrégation Ségrégation
avait au moins un facteur pour le rouge.
Œuf Pollen
F2 génération 1/2 1
cellules /2 céréales
1/2 1/2
C C
c c

Cc

rouge blanche Cc Cc F2 Les plantes

75 % rouge
705 spécimens : 224 spécimens cc 25% de blanc
Rapport 3,15 : 1,0

dans lequel plusieurs particules des deux parents se sont mélangées
dans leur progéniture. C'est-à-dire qu'il prétendait que les traits
physiques d'un organisme sont transmis d'une génération à l'autre
sous la forme de particules distinctes. Les partisans de la pangenèse
ont fait valoir que tous les organes de la mère et du père dégageaient
de multiples particules qui étaient en quelque sorte transmises, dans
des proportions différentes, à chacun de leur progéniture. Par
exemple, supposons qu'un enfant ressemble plus à son père qu'à sa
mère dans un trait particulier (par exemple, la couleur des cheveux).
Pangenesis a expliqué cela en affirmant que l'enfant avait reçu plus
de « particules de couleur de cheveux » de son père que de sa mère.
On croyait que les particules héritées des deux parents se
mélangeaient dans leur progéniture. Ainsi, la couleur des cheveux de
l'enfant serait plus proche de celle de son père que de celle de sa
mère.
Les expériences de Mendel
La notion d'héritage particulaire était déjà courante au
milieu du XIXe siècle lorsque le moine autrichien
Gregor Mendel (1822-1884)
Héritage mendélienne L'idée que l'hérédité est basée sur l'hérédité génétique à
une seule particule sans mélange.
a commencé à mener des expériences de sélection végétale dans
le jardin de son monastère. Sa grande contribution a été de
fournir des preuves en faveur de l'hérédité à une seule particule
sans mélange, appeléeHéritage mendélienne. Lorsque Mendel
a croisé des pois avec des traits très différents, certains de ces
traits n'apparaissaient pas dans la progéniture de la première
génération (F1) (Figure 2.8). Ils ont cependant réapparu sous leur
forme d'origine dans la génération suivante (F2). Si les particules
s'étaient mélangées, toute la progéniture des plantes à fleurs
rouges et des plantes à fleurs blanches aurait dû être une nuance
de rose, mais cela ne s'est pas produit, ce qui prouve clairement
que les particules responsables du trait ne se sont pas mélangées
dans la progéniture mais sont restées discrètes. .
Lorsque Mendel a soigneusement compté le nombre de
descendants dans le F2 génération qui a montré chaque trait, il a
systématiquement proposé un rapport de 3: 1 d'une forme à
l'autre, un facteur que personne avant lui n'avait remarqué. Ce
rapport s'est reproduit chaque fois que Mendel a répété ses
expériences. Si la pangenèse était correcte, aucun de ces
rapports ne se serait produit car chaque individu aurait hérité
d'un nombre imprévisible de particules de chaque parent.
Cependant, le rapport 3:1 avait un excellent sens si, comme
Mendel le supposait, chaque individu n'héritait que d'une
particule de chaque parent (Mayr 1982, 721).

Les résultats de ses expériences de sélection suggéraient à
Mendel autre chose également : que la particule responsable
d'une forme d'un trait particulier (la couleur de la fleur, par
exemple) pouvait être présente dans un organisme mais rester
inexprimée. Les particules dont les traits sont exprimés dans un
organisme sont ditesdominant; ceux dont les traits ne sont pas
exprimés sont ditsrécessif. (Nous savons maintenant que parfois
les deux traits peuvent être exprimés, auquel cas on dit qu'ils
sontcodominante.) Mendel a ainsi conclu que les particules
responsables d'un caractère particulier, comme la couleur de la
fleur du pois, se présentent par paires. Un individu reçoit une
particule pour chaque trait (c'est-à-dire la moitié de la paire) de
chaque parent. C'est leprincipe de ségrégation. Mendel a en
outre soutenu que chaque paire de particules se sépare
indépendamment de chaque autre paire lorsque ce qu'il a appelé
les «cellules germinales» (œuf et sperme) se forment. C'est le
principe de l'assortiment indépendant. En conséquence,
chaque spermatozoïde et ovule est pratiquement garanti d'être
différent de tous les autres produits par un individu car la
collection de particules que chacun contient sera distincte. De
plus, les paires de particules qui se réunissent dans une
progéniture individuelle sont aléatoires, en fonction de l'ovule et
du sperme qui se sont unis pour former cet individu.
L'émergence de la génétique
Les idées de Mendel ont été ignorées pendant près de 35 ans
jusqu'à ce que trois biologistes les redécouvrent au début du
vingtième siècle, entraînant une explosion de la recherche et une
vaste croissance des connaissances scientifiques sur l'hérédité.
Le scientifique britannique William Bateson a inventé le termela
génétique en 1908 pour décrire la nouvelle science construite
sur les principes mendéliens. Il a inventé le termehomozygote
pour décrire un œuf fécondé qui reçoit la même particule des
deux parents pour un trait particulier et le terme hétérozygote
pour décrire un œuf fécondé qui reçoit une particule différente
de chaque parent pour le même caractère. En 1909, le généticien
danois WL Johannsen a suggéré le termegène se référer à la
particule elle-même. Bien que les gènes apparaissent par paires
chez n'importe quel individu, les généticiens ont découvert qu'il
pouvait exister bien plus de deux formes d'un gène donné.
Bateson a utilisé le termeallèles pour désigner toutes les
différentes formes qu'un gène particulier peut prendre.
Au début, personne ne savait quelles structures physiques
correspondaient aux gènes et aux allèles qu'ils avaient décrits.
Cependant, les progrès de la biologie cellulaire ont conduit
certains scientifiques à suggérer que lechromosomes dans le
noyau cellulaire pourrait jouer un rôle important. Ces ensembles
de corps appariés étaient faciles à voir au microscope car ils
acceptaient très bien une tache colorée (d'où leur nom, du grec,
qui signifie « corps colorés »).
Quelles sont les bases de la génétique contemporaine ? 43
Les animaux de différentes espèces ont un nombre différent de
chromosomes (les humains en ont 46), mais tous les chromosomes se
trouvent par paires (les humains en ont 23 paires).
Quelles sont les bases de la
génétique contemporaine ?
Les biologistes ont appris que les cellules vivantes subissent deux
types de division différents. Le premier genre,mitose, est
simplement la façon dont les cellules se copient (figure 2.9a).
Le processus est cependant différent lorsque les cellules
sexuelles (sperme et ovule) sont formées. Ce processus estméiose, ou
division de réduction (Figure 2.9b).
Le comportement des chromosomes pendant la méiose a
intrigué les généticiens. Des lames de cellules réalisées à
différentes étapes du processus ont montré que les
chromosomes obéissent aux principes de ségrégation et
d'assortiment indépendant, tout comme les gènes mendéliens.
Ce fait a conduit les généticiens, au début du vingtième siècle, à
émettre l'hypothèse que les gènes et les chromosomes sont
connectés. Le premier véritable test de cette hypothèse est venu
lorsqu'un certain nombre de généticiens ont examiné le rapport
mâles/femelles parmi la progéniture d'espèces sexuellement
reproductrices. Ils ont constaté que ce rapport 1:1 est le même
que "le rapport résultant du croisement d'un hétérozygote (Aa) et
un homozygote récessif (aa). Mendel lui-même avait déjà
suggéré cette possibilité » (Mayr 1982 : 750).
principe de ségrégation Un principe d'hérédité mendélienne dans lequel un
individu obtient une particule (gène) pour chaque trait (c'est-à-dire la moitié de la
paire requise) de chaque parent.
principe de l'assortiment indépendant Un principe mendélien
l'hérédité dans laquelle chaque paire de particules (gènes) se sépare indépendamment de toute
autre paire lors de la formation de cellules germinales (ovule et spermatozoïde).
la génétique L'étude scientifique de l'hérédité biologique.
homozygote Décrit un œuf fécondé qui reçoit la même particule (ou allèle)
de chaque parent pour un trait particulier.
hétérozygote Décrit un œuf fécondé qui reçoit une particule (ou allèle)
différente de chaque parent pour le même trait.
gène Portion ou portions de la molécule d'ADN qui codent pour les protéines qui
façonnent les traits phénotypiques.
allèles Toutes les différentes formes qu'un gène particulier peut prendre.
chromosomes Ensembles de corps appariés dans le noyau de cellules qui sont constitués
d'ADN et contiennent l'information génétique héréditaire que les organismes transmettent
à leur progéniture.
mitose La façon dont les cellules du corps se copient. Les paires de chromosomes
dans le noyau de la cellule se dupliquent et s'alignent le long du centre de la cellule.
La cellule se divise ensuite, chaque cellule fille prenant un jeu complet de
chromosomes appariés.
méiose La façon dont les cellules sexuelles se reproduisent, qui commence comme la
mitose, avec la duplication des chromosomes et la formation de deux cellules filles.
Cependant, chaque cellule fille se divise à nouveau sans duplication chromosomique et,
par conséquent, ne contient qu'un seul ensemble de chromosomes plutôt que l'ensemble
apparié typique des cellules du corps.
 44 CHAPITRE 2 : POURQUOI L'ÉVOLUTION EST-ELLE IMPORTANTE POUR LES ANTHROPOLOGUES ?

FIGURE 2.9 Les cellules se divisent de deux manières Organisme avec deux paires de chromosomes
différentes. (une) Dans la mitose, les cellules ordinaires
du corps doublent le nombre de chromosomes qu'elles Organisme
contiennent avant de se diviser, de sorte que chaque avec deux
cellule fille porte une copie complète de l'information chromosome
génétique dans la cellule mère. (b) La méiose se produit paires
uniquement lorsque des cellules sexuelles (sperme ou
ovule) sont produites. Dans la méiose, chaque cellule Chaque

fille ne conserve que la moitié du matériel génétique de chromosome

la cellule mère ; l'autre moitié sera fournie lorsque le se copie Standard
sperme et l'ovule se joindront à la fécondation. mitose

Ci-joint
copies
s'aligner
Paires
séparer
L'original
et la copie
séparé
comme la cellule

divise
Chaque gamète (sperme ou ovule) a la
La fille moitié du nombre normal de
les cellules sont
chromosomes
copies de
le parent
cellule
(a) Mitose (b) Méiose

Un gène était compris comme une unité occupant une position
particulière, ou lieu (pluriel, lieux), sur le chromosome. Les premiers
généticiens ont découvert que souvent un trait n'apparaît dans un
organisme que lorsqu'un autre trait est également présent. Cette
découverte a suggéré que les gènes responsables de ces traits
doivent, pour une raison quelconque, toujours être transmis
ensemble, un phénomène appelélien. Nous savons maintenant que la
liaison se produit lorsque des gènes pour différents traits
apparaissent sur le même chromosome (figure 2.10a). Cependant,
dans certains cas, les liens attendus ne se produisent pas. Les
généticiens ont finalement découvert qu'une partie d'un chromosome
peut se casser et se rattacher à un chromosome différent au cours de
la méiose, une
lieu Une partie du brin d'ADN responsable du codage de parties spécifiques de la
constitution biologique d'un organisme.
lien Un modèle d'hérédité dans lequel des traits phénotypiques non apparentés se
produisent régulièrement ensemble parce que les gènes responsables de ces traits
co-occurrents sont transmis ensemble sur le même chromosome.
traverser Phénomène qui se produit lorsqu'une partie d'un chromosome
se brise et se rattache à un chromosome différent au cours de la méiose ;
aussi appeléliaison incomplète.
variation discontinue Un modèle de variation phénotypique dans lequel le phénotype
(par exemple, la couleur de la fleur) présente des ruptures nettes d'un membre de la
population à l'autre.
polygénie Phénomène par lequel de nombreux gènes sont responsables de la production
d'un trait phénotypique, comme la couleur de la peau.
variation continue Un modèle de variation impliquant la polygénie dans lequel les
traits phénotypiques se classent imperceptiblement d'un membre de la population
à un autre sans rupture brutale.
phénomène connu sous le nom traverser, ou liaison
incomplète (Figure 2.10b).
Gènes et traits
Les généticiens pensaient à l'origine (et de nombreux non-
scientifiques le croient encore) qu'un gène équivaut à un trait.
Parfois, un seul allèle semble régir un seul trait physique. Cela
peut être vrai pour de nombreux traits physiques qui montrent
variation discontinue, c'est-à-dire des ruptures brutales d'un
individu à l'autre. Rappelez-vous que les fleurs des plants de pois
de Mendel étaient soit rouges, soit blanches; ils ne sont pas
venus dans diverses nuances de rose. Cette observation a
conduit Mendel à conclure qu'une seule particule dominante (ou
deux particules récessives identiques) détermine la couleur des
fleurs.
Les premières recherches, cependant, ont montré qu'un
trait génétique était une explication trop simpliste pour de
nombreux traits héréditaires. Parfois, de nombreux gènes sont
responsables de la production d'un seul trait, comme la couleur
de la peau (Figure 2.12) ; ces traits sont donc dits être le résultat
depolygénie. Des traits comme la couleur de la peau chez les
êtres humains sont différents des traits comme la couleur des
fleurs chez les pois de Mendel parce qu'ils montrentvariation
continue. C'est-à-dire que l'expression du trait s'échelonne
imperceptiblement d'un individu à l'autre, sans rupture brutale.
La découverte de l'hérédité polygénique a montré que les
concepts mendéliens pouvaient être utilisés pour expliquer à la
fois la variation discontinue et continue.
 Quelles sont les bases de la génétique contemporaine ? 45

Assortiment indépendant Lien FIGURE 2.10 Le principe de l'assortiment

(si les gènes sont sur des chromosomes différents) (si les gènes sont sur le indépendant prédit que les facteurs génétiques
mêmes chromosomes) sur différents chromosomes ne seront pas
transmis ensemble ; chacun sera transmis à une
cellule sexuelle différente pendant la méiose.
Parental (une) La liaison prédit que les facteurs génétiques sur
UNEune UNE une
arrangement le même chromosome auront tendance à être
B b Deux Une B b
transmis ensemble, car ce sont les chromosomes qui
paires paire
se séparent pendant la méiose, et non les gènes
individuels. (b) Les prédictions sur l'assortiment
indépendant et la liaison ne tiennent pas si les
chromosomes se croisent avant la méiose. Lorsque
cela se produit, les chromosomes se cassent et se
Possible rattachent à leurs partenaires, ce qui conduit à de
UNE UNE une une UNE une
gamètes nouvelles combinaisons de gènes sur chaque
B b B b B b
(sperme ou œufs) chromosome qui peuvent ensuite être transmises à la
progéniture.

(une)

Traverser

UNE une
Combinaison parentale
(une paire de chromosomes)
B b

UNEUNE une une

Duplication de chromosomes
pendant la méiose
B B b b

UNE UNE une une

La copie d'un chromosome
touche la copie de son
partenaire homologue
B b b
B

UNE UNE une une

Les chromosomes se cassent et
rattacher au point où ils ont
touché
B b B b

Les combinaisons chromosomiques

qui peuvent être transmises à
progéniture via les œufs ou le sperme

AB AB aB ab

(b) Vieille Nouveau Vieille

Peut-être encore plus surprenant que l'activité polygénique
a été la découverte qu'un seul gène peut affecter plus d'un trait,
un phénomène appelé pléiotropie. Par exemple, leS L'allèle qui
confère aux globules rouges humains une résistance accrue aux
parasites du paludisme réduit également la quantité d'oxygène
que ces cellules peuvent transporter (Rothwell
1977, 18). De même, l'allèle qui rend les plumes des
poulets blanches ralentit également la croissance de
leur corps (Lerner et Libby 1976). La découverte de
pléiotropie Phénomène par lequel un seul gène peut affecter plus d'un trait
phénotypique.
ANTHROPOLOGIE dans la vie de tous les jours
Enquêter sur les violations des droits humains et
identifier les restes
En Argentine entre 1976 et 1983, plus de 10 000 personnes ont
disparu au cours de la « sale guerre » menée par le
gouvernement militaire argentin contre de prétendus subversifs.
Une organisation non gouvernementale à but non lucratif
appeléeEquipo Argentino de Antropología Forense (EAAF, équipe
argentine d'anthropologie médico-légale ; Figures 1.6 et 2.11) a
été créé en 1984 pour enquêter sur les cas des disparus. Cette
organisation, que l'anthropologue notoire Clyde Snow a aidé à
fonder, a continué à enquêter sur les violations des droits
humains dans plus de quarante pays, de la Bolivie, de la Bosnie et
du Brésil au Guatemala, au Venezuela, au Kosovo et au
Zimbabwe. Ils ont également formé des équipes médico-légales
similaires au Chili, au Guatemala, au Pérou et ailleurs. L'EAAF
adopte une approche multidisciplinaire
réel un
FIGURE 2.11 Les membres de l'Anthropol médico-légale argentine
ogy Team fouillant dans le cimetière d'Avellaneda, secteur 134, où la
famille de Karina a été secrètement enterrée.
46
génétique, pathologie, balistique et informatique. Leur mission
formelle comprend six objectifs :
1. Appliquer la méthodologie scientifique médico-légale à l'enquête et à
la documentation des violations des droits de l'homme.
2. Témoignez de nos conclusions dans les procès et autres enquêtes judiciaires
dans des affaires de droits de l'homme.
3. Fournir l'identification des victimes, fournir une fermeture pour les
familles des victimes.
4. Former de nouvelles équipes dans d'autres pays où des enquêtes sur les
violations des droits humains sont nécessaires.
5. Organiser des séminaires sur les applications de la science médico-légale
aux enquêtes sur les violations des droits de l'homme en coopération
avec les organisations de défense des droits de l'homme, les systèmes
judiciaires et les instituts médico-légaux.
. Recueillir et analyser des preuves scientifiques de violations
massives des droits humains, en fournissant des données pour
reconstruire les histoires souvent déformées ou cachées des
régimes répressifs (Doretti et Snow 2009, 306).
Un exemple de leur travail, que Doretti et Snow 2009)
appellent l'affaire Manfil, illustre à la fois la multidisci-
les compétences linéaires de l'EAAF et le drame humain profond
que génèrent les violations des droits de l'homme. En 1991, l'équipe
de l'EAAF travaillait dans le secteur 134, une petite zone murée à
l'intérieur d'un immense cimetière municipal à Avellaneda, une
banlieue de Buenos Aires, en Argentine. Un jour, une femme de dix-
huit ans nommée Karina Manfil s'est approchée d'eux et les a
informés de sa recherche de sa famille, qui avait disparu quinze ans
plus tôt lors d'un raid de l'escadron de la mort dans leur maison le
27 octobre 1976. Quelqu'un lui avait dit que son les parents et le
petit frère pourraient être enterrés dans l'ector 134.
À cette époque, l'EAAF travaillait dans le secteur 134 depuis trois ans en
utilisant son approche habituelle en quatre étapes : (1) la recherche
historique, (2) la collecte d'ata ante mortem (avant la mort), (3)
l'archéologie et (4) le laboratoire analyse (Doretti et Snow 2009, 308). En
menant des recherches historiques, ils ont collecté des informations à
partir de documents écrits et d'entretiens avec des témoins dans le but de
répondre à des quesons telles que « Pourquoi la tombe a-t-elle été faite et
combien de temps a-t-elle duré
utilisé pour enterrer les corps? Qui a fait la tombe ? Comment a-t-il
été fabriqué ? Combien de personnes peuvent y être enterrées ?
(308). Les chercheurs ont découvert que les escadrons de la mort qui
opéraient pendant la sale guerre avaient créé un réseau de centres
de détention clandestins (CDC) dans tout le pays et que les CDC
avaient tendance à utiliser le même cimetière pour se débarrasser
des restes de leurs victimes. Cela signifiait que les restes de
personnes emportées ensemble lors de raids (membres
du même parti politique, groupe étudiant, syndicat ou
profession) se sont parfois retrouvés dans le même cimetière,
parfois dans la même tombe. Ce schéma s'appliquait également
aux familles arrêtées ensemble.
Une fois que l'enquête historique a donné une idée de qui pourrait être
enterré dans le cimetière d'Avellaneda, l'équipe a collecté des données ante
mortem - telles que l'âge au décès, le sexe, la taille, la main, les soins dentaires et
toutes les blessures anciennes - grâce à des entretiens avec des membres de la
famille, des médecins , et les dentistes. Au fur et à mesure que les tests ADN sont
devenus plus sophistiqués, ils ont également prélevé des échantillons d'ADN sur
des proches. Ils pourraient ensuite appliquer ces données à l'analyse du matériel
squelettique récupéré.
Troisièmement, l'équipe a utilisé des techniques archéologiques pour
creuser le cimetière. Dans le secteur 134, ils ont trouvé dix-neuf fosses
communes, onze sépultures uniques et plus de 300 balles. Dans les fosses
communes, le nombre de squelettes variait de dix à vingt-huit. Presque
tous avaient été enterrés sans vêtements ni bijoux. L'analyse en
laboratoire, la quatrième étape de l'approche de l'EAAF, a indiqué les restes
de 324 personnes, soit 104 de plus que les archives du cimetière ne
l'indiquaient. Environ les trois quarts des squelettes étaient des hommes,
environ un tiers des personnes âgées, mais la plupart des squelettes
féminins étaient des femmes âgées de 21 à 35 ans au moment du décès.
Les personnes âgées semblaient être décédées de causes naturelles.
Presque tout le groupe beaucoup plus important d'individus plus jeunes
(hommes et femmes) était décédé des suites de blessures par balle.
Grâce à leur travail, l'équipe de l'EAAF qui a entrepris la quête
de Karina a pu reconstituer ce qui s'était passé dans la nuit du 27
octobre. Un escadron de la mort conjoint police-armée s'était
introduit par effraction dans l'appartement du troisième étage de
la famille Manfil, où la plupart des membres de la famille
dormaient : Carlos Manfil, 35 ans, membre politiquement actif du
parti renversé par les militaires ; sa femme de 28 ans, Angélica ;
et trois de leurs quatre enfants—Carlitos, 9 ans; Karina elle-
même, 4 ans; et Cristian, 6 mois. Les invités des Manfils, Rosario
Ramírez, son mari José Vega et leurs deux enfants, dormaient
également dans l'appartement. Au début de l'attaque, Carlitos, 9
ans, s'est penché par la fenêtre pour voir ce qui se passait et a
reçu une balle dans le front. Les autres enfants se sont cachés
sous le lit et ont été blessés lorsque les assaillants ont aspergé la
pièce de balles.
L'équipe de l'EAAF a déterminé que la mère de Karina, Angélica, avait
été tuée à l'intérieur de l'appartement. Les trois autres adultes ont tenté de
s'échapper en descendant les tuyaux d'évacuation. Carlos Manfil et Rosario
Ramirez sont tombés, se fracturant les jambes, et ont été abattus sur le
coup. Karina, son petit frère Cristian et les deux enfants Vega,
apparemment négligés par l'escadron de la mort, étaient les seuls
survivants. José Vega s'est échappé mais a été rattrapé environ un an plus
tard et a disparu. Les corps de Carlos et Angélica, de leur fils Carlitos et de
Rosario Ramirez n'ont pas été rendus à leurs familles, et les familles n'ont
même pas été informées de leur décès. Certains membres de la famille ont
entendu des rumeurs selon lesquelles ils auraient été enterrés dans le
secteur 134. L'équipe a interrogé des membres de la famille à propos de
l'ante mortem
les détails des personnes qui avaient disparu et ont fouillé les
registres officiels, où ils ont découvert les certificats de décès qui
montraient que les corps avaient en fait été enterrés dans le
secteur 134.
Le seul squelette d'un jeune garçon récupéré dans ce secteur avait
une blessure à l'entrée par balle dans l'os frontal du crâne. Les
archives archéologiques ont montré que ce squelette particulier
provenait d'une fosse commune contenant plusieurs squelettes
adultes, dont trois qui correspondaient au sexe, à l'âge, à la taille et
aux informations dentaires fournies par les membres de la famille sur
Carlos, Angélica et Rosario. Le mâle et l'une des femelles présentaient
des fractures périmortem (c'est-à-dire aux alentours ou au moment
du décès) des os longs des jambes. En 1991, le groupe EAAF a trouvé
un dossier sur l'affaire Manfil d'un tribunal militaire qui comprenait un
rapport d'autopsie, qui décrivait des blessures par balle et des
fractures des jambes correspondant à celles des squelettes.
L'équipe de l'EAAF a estimé qu'elle pouvait provisoirement identifier les squelettes mais n'était pas encore en mesure de procéder à
une identification positive. Ils ont donc envoyé des échantillons d'os à un laboratoire de l'Université d'Oxford, où l'ADN nucléaire a été
extrait, et ils ont envoyé des dents de chaque crâne, ainsi que des échantillons de sang de membres de la famille, à un laboratoire de
l'Université de Californie à Berkeley pour des tests d'ADN mitochondrial (ADNmt). . En août 1992, les généticiens avaient connecté l'ADN de
deux des squelettes, ceux de Carlitos et de sa mère, Angélica. De plus, le test d'ADNmt d'une dent du squelette supposé être celle d'Angélica
correspondait à l'ADNmt du sang de sa fille Karina, et l'ADNmt de l'homme présumé être Carlos Manfil correspondait à l'ADNmt du sang de
sa mère. Les analyses génétiques ont confirmé les résultats historiques et anthropologiques, et la Cour d'appel fédérale argentine a accepté
le rapport de l'EAAF sur l'affaire Manfil, remettant les restes à la famille. Cette affaire marquait la première fois que le tribunal acceptait des
preuves ADN pour l'identification du squelette. Il a fallu plusieurs années de plus pour localiser les parents de Rosario Ramirez, mais une
fois trouvé, l'analyse ADN a permis d'établir une identification positive du squelette restant. « En décembre 1992, la quête de seize ans de
Karina s'est finalement terminée lorsqu'elle a pu enterrer les ossements perdus depuis longtemps de son père, de sa mère et de son petit
frère Carlitos dans une modeste crypte familiale. Ironiquement, il se trouve dans le cimetière d'Avellaneda, non loin du secteur 134
» (Doretti et Snow 2009, 311). Cette affaire marquait la première fois que le tribunal acceptait des preuves ADN pour l'identification du
squelette. Il a fallu plusieurs années de plus pour localiser les parents de Rosario Ramirez, mais une fois trouvé, l'analyse ADN a permis
d'établir une identification positive du squelette restant. « En décembre 1992, la quête de seize ans de Karina s'est finalement terminée
lorsqu'elle a pu enterrer les ossements perdus depuis longtemps de son père, de sa mère et de son petit frère Carlitos dans une modeste
crypte familiale. Ironiquement, il se trouve dans le cimetière d'Avellaneda, non loin du secteur 134 » (Doretti et Snow 2009, 311). Cette
affaire marquait la première fois que le tribunal acceptait des preuves ADN pour l'identification du squelette. Il a fallu plusieurs années de
plus pour localiser les parents de Rosario Ramirez, mais une fois trouvé, l'analyse ADN a permis d'établir une identification positive du
squelette restant. « En décembre 1992, la quête de seize ans de Karina s'est finalement terminée lorsqu'elle a pu enterrer les ossements
perdus depuis longtemps de son père, de sa mère et de son petit frère Carlitos dans une modeste crypte familiale. Ironiquement, il se
trouve dans le cimetière d'Avellaneda, non loin du secteur 134 » (Doretti et Snow 2009, 311). mère et petit frère Carlitos dans une modeste
crypte familiale. Ironiquement, il se trouve dans le cimetière d'Avellaneda, non loin du secteur 134 » (Doretti et Snow 2009, 311). mère et
petit frère Carlitos dans une modeste crypte familiale. Ironiquement, il se trouve dans le cimetière d'Avellaneda, non loin du secteur 134
» (Doretti et Snow 2009, 311).
Malgré la difficulté à résoudre de tels cas, l'EAAF poursuit son
travail. Ils précisent que leur travail bénéficie de l'approche
anthropologique en quatre domaines : leurs compétences
d'anthropologues biologiques sont complétées par leur
formation en archéologie, qui leur permet de bien fouiller et
d'interpréter les sépultures qu'ils trouvent, et leur formation en
anthropologie culturelle, qui leur permet de leur fournit « une
certaine perspicacité et sensibilité dans le traitement des familles
et des communautés opprimées par la violence » (Doretti et Snow
2009, 329). Le site Web de l'EAAF est www.eaaf.org.
47
 48 CHAPITRE 2 : POURQUOI EVOLUTION IMP

FIGURE 2.12 La couleur de la peau dans les

populations humaines montre une variation
continue, c'est-à-dire que différentes
nuances de peau se fondent
imperceptiblement les unes dans les autres
sans ruptures nettes. Les généticiens ont
montré qu'une telle variation continue est
produite par la polygénie, l'interaction de
nombreux gènes pour produire un seul trait
observable.

la pléiotropie a montré que les gènes ne produisent pas de traits
isolément. De nombreux généticiens ont attiré l'attention sur ce
que le généticien russe Sergei Chetverikov a appelé le « milieu
génétique », en étudiant les effets que différents gènes
pourraient avoir les uns sur les autres (figure 2.13). Par exemple,
Theodosius Dobzhansky a pu démontrer que « certains gènes ou
chromosomes pouvaient transmettre une aptitude supérieure
dans certaines combinaisons et être mortels en combinaison
avec d'autres chromosomes » (Mayr 1982, 580).
ancienne forme d'un gène change soudainement (ou subit une
mutation) mais que, sinon, les gènes sont stables. La mutation
explique ainsi comment l'héritage génétique peut être immuable
tout en produisant la variation qui rend possible le changement
évolutif (Mayr 1982, 755). Faire partie d'un processus d'hérédité
stable signifie cependant que l'occurrence de mutations
génétiques est aléatoire par rapport aux défis adaptatifs
auxquels est confronté l'organisme dans lequel elle se produit :
les mutations ne se produisent pas parce que l'organisme en « a
besoin ». Ainsi, les généticiens modernes ont rejeté l'évolution

Mutation transformationnelle lamarckienne parce qu'elle suppose une

théorie de l'hérédité modifiable. Autrement dit, pour le dire en
Au début du vingtième siècle, les généticiens ont découvert que très
termes modernes, Lamarck a supposé que les informations sur
occasionnellement un nouvel allèle peut apparaître lorsque le
les besoins adaptatifs d'un organisme peuvent en quelque sorte
être réinjectées directement dans les ovules ou les

mutation La création d'un nouvel allèle pour un gène lorsque la portion de la

spermatozoïdes de cet organisme, remodelant les informations
molécule d'ADN à laquelle il correspond est soudainement altérée. qu'ils contiennent,

Effets génétiques
Un cas inhabituel : Trait de Polygénie :
un gène = un trait plusieurs gènes = un seul trait
Gènes Traits Gènes
Le cas le plus courant, une
combinaison de polygénie et
Pléiotropie : de pléiotropie :
un gène = plusieurs traits plusieurs gènes = plusieurs traits
Gènes Traits Gènes
FIGURE 2.13 Ce n'est que rarement qu'un seul trait physique est le résultat
de l'action d'un seul gène. De nombreux traits sont le résultat d'interactions géniques,
impliquant la polygénie ou la pléiotropie ou, comme c'est généralement le cas, les deux.
La génétique moderne, en revanche, suppose qu'en dehors de la
mutation, les gènes sont hérités inchangés des organismes parents et
qu'il est impossible pour les expériences ou les « besoins » d'un
organisme de réalimenter et de remodeler l'information génétique
dans les cellules sexuelles. La sélection naturelle ne peut agir que sur
une variation produite de manière aléatoire, ce qui fait de l'évolution
par sélection naturelle un processus en deux étapes. Premièrement,
une variation génétique aléatoire est produite. Deuxièmement, les
organismes dont les traits variants les équipent mieux pour relever
les défis environnementaux survivent et produisent plus de
descendants que ceux dont les traits les équipent moins bien.
Il est important de souligner que, d'un point de vue
darwinien, organismes individuels n'évoluent pas
génétiquement. À moins de mutations (ou d'interventions du
génie génétique), les organismes individuels sont coincés avec
les gènes avec lesquels ils sont nés. Cependant, lepopulations
auquel appartiennent les individus peut évoluer car chaque
génération apporte un nombre différent de descendants à la
génération qui la suit. En d'autres termes, d'un point de vue
darwinien, le seulbiologique l'effet qu'un individu peut avoir sur
l'évolution de sa population est en termes denombre de
descendants qu'il lègue à la génération suivante. Plus (ou moins)
de descendants signifie plus (ou moins) de copies des gènes
parentaux dans la génération suivante. C'est pourquoi les
biologistes darwiniens des populations suivent
traditionnellement les changements évolutifs en mesurant les
changements de fréquence des gènes au fil du temps.
Quelles sont les bases de la génétique contemporaine ? 49
L'ADN et le génome
La découverte au début des années 1950 de la structure des
chromosomes a considérablement élargi notre compréhension de la
Traits mutation génétique. Nous savons maintenant que les chromosomes
sont constitués en grande partie de longues molécules d'acide
désoxyribonucléique, ouADN, dont certaines parties sont utilisées par
les cellules vivantes comme modèles pour la construction, ou
synthèse, de protéines qui constituent la plupart des tissus et organes
de tout organisme vivant. La molécule d'ADN, assemblée sous la
forme d'une double hélice, ressemble à une échelle torsadée dont les
barreaux sont constitués de composants chimiques appelés « bases ».
Bien qu'il existe de nombreuses bases, l'ADN n'en utilise
généralement que quatre : la guanine, la cytosine, l'adénine et la
Traits
thymine. Chaque barreau de l'échelle de l'ADN est composé de deux
de ces bases : la guanine se lie toujours à la cytosine et l'adénine se lie
toujours à la thymine. Des copies fidèles des molécules d'ADN sont
faites lorsque les chromosomes sont copiés avant la mitose ou la
méiose. La machinerie biochimique de la cellule brise les liaisons
chimiques qui maintiennent les bases ensemble et l'échelle d'ADN se
sépare, comme une fermeture éclair qui se décompresse (figure 2.14).
La moitié absente de chaque brin d'ADN séparé est ensuite
reconstruite à partir de bases complémentaires appropriées qui
flottent librement dans le noyau d'une cellule. Lorsque ce processus
est terminé, deux copies identiques de la même molécule d'ADN sont
produites.
La somme totale de tout le matériel génétique dans le
noyau de la cellule est appelée le génome. On sait aujourd'hui
que le génome humain contient environ 20 000 gènes, mais
ceux-ci représentent moins de 2 % de l'ensemble du génome. Les
généticiens savent qu'une partie de l'ADN non codant du génome
est impliqué dans des fonctions régulatrices, mais nous ignorons
les fonctions jouées par une grande partie de celui-ci.
La découverte de la structure et du fonctionnement de l'ADN a
solidifié le rejet des vues lamarckiennes par les généticiens. En termes
simples, quelle que soit l'utilité ou la valeur d'une adaptation
particulière pour un organisme, le patrimoine génétique ne fournit
aucun mécanisme par lequel une telle information pourrait être
directement transmise à travers les tissus et les cellules de cet
organisme pour restructurer l'ADN de l'organisme sous une forme
plus « adaptative ». En même temps, la connaissance de l'ADN
expliquait ce qu'étaient les mutations : des changements dans la
structure de la molécule d'ADN. Le rayonnement cosmique, la chaleur
et les produits chimiques peuvent tous altérer la structure de l'ADN ;
lorsque ces altérations se produisent dans les cellules sexuelles, elles
peuvent être transmises à la progéniture.
ADN (acide désoxyribonucléique) La structure qui porte le patrimoine génétique
d'un organisme comme une sorte de modèle pour la construction et le développement de
l'organisme.
génome La somme de toutes les informations génétiques sur un organisme,
portées par les chromosomes du noyau cellulaire.
 50 CHAPITRE 2 : POURQUOI L'ÉVOLUTION EST-ELLE IMPORTANTE POUR LES ANTHROPOLOGUES ?

C. . . g leur fournir une définition sans ambiguïté de ce qu'est un « gène » et

UNE . . . T
de ce qu'il fait. Comme l'observe le biologiste Henry Plotkin (2008),
T UNE
C jusqu'aux années 1950, les généticiens supposaient que les gènes
À
UNE . . . T occupaient des positions discrètes sur les chromosomes, « comme
T. . . UNE
des perles sur une ficelle ».
G..C

C.. G Cette image a dû être radicalement révisée. Il s'avère que les gènes
C. . . g sont structurellement complexes, presque désordonnés. Ils sont
UNE . . . T
En mouvement
étalés sur les chromosomes, avec de grandes étendues d'ADN ne
UNE. . .T

biochimique codant pour rien pour autant que l'on sache actuellement. Les gènes
complexe forment également des familles complexes d'unités spatialement
UNE . . . T
T étendues. . . . Loin d'être des réserves d'informations plutôt
UNE
UNE ennuyeuses, inertes et passives, les gènes interagissent de manière
T
g
g C dynamique avec d'autres molécules cellulaires, y compris leurs
C
UNET propres produits. (38)
C. . . g
À
CG
De nombreux récits populaires sur les gènes décrivent l'ADN comme
C. . . g
G. . C.
une « molécule maîtresse » toute-puissante qui détermine l'apparence
UNE . . . T
C. . . g physique d'un organisme, avec l'hypothèse supplémentaire qu'à
T. . UNE
UNE . . . T

T. . UNE moins que les gènes ne subissent une mutation, de nouveaux traits
G. . C. physiques n'apparaîtront jamais. Ceci est une erreur. La biologiste
UNE . . . T
G . .C
G...C Mary Jane West-Eberhard (2003) souligne que la majeure partie de la
UNE . . . T

G. . .C variation génétique dans les organismes multicellulaires provient du

FIGURE 2.14 Pour que l'ADN se réplique, un complexe biochimique
se déplace le long de la molécule et "dézippe" la double hélice, et deux
copies complètes sont reconstruites à partir des molécules appropriées
flottant dans le noyau. L'adénine (A) attire toujours la thymine (T) et la
cytosine (C) attire toujours la guanine (G).
Les mutations peuvent être nuisibles ou utiles, mais elles
peuvent également n'avoir aucun effet. Les mutations qui
n'aident ni ne nuisent à un organisme sont appelées mutations «
neutres ». Les biologistes moléculaires ont trouvé une énorme
quantité de variation dans les parties de la molécule d'ADN
impliquées dans la synthèse des protéines, dont une grande
partie semble être neutre, bien que cela soit controversé.
Lorsque des segments de la molécule d'ADN sont requis pour
des processus cellulaires particuliers, des parties de la machinerie
cellulaire pénètrent dans le noyau cellulaire, déroulent la partie
pertinente d'un chromosome et font des copies de (ou transcrire)
parties pertinentes de la molécule d'ADN. Ces transcriptions sont
ensuite transportées dans le cytoplasme de la cellule et utilisées pour
construire des protéines, des molécules à la base des processus
vitaux d'un organisme (figure 2.15). Mais ce processus est loin d'être
simple. Ironiquement peut-être, plus les biologistes moléculaires en
apprennent sur le fonctionnement de l'ADN dans les cellules, plus il
devient difficile pour
brassage deexistant séquences génétiques à différents stades du
processus de développement, plutôt que de mutation (334). De plus,
quand de plus en plusdifférentles événements de développement
deviennent dépendants de la mêmeséquences d'ADN, ces séquences
deviennent plus résistantes au changement évolutif, un phénomène
connu sous le nom de enracinement génératif (West-Eberhard 2003,
326; Wimsatt et Schank 1988). Pour ces raisons, de nombreux
biologistes soutiennent qu'une focalisation exclusive sur le rôle de
l'ADN dans l'évolution doit céder la place à une vision plus complexe
qui situe les gènes comme un composant dans les processus
biologiques des cellules vivantes, jouant différents rôles à différentes
étapes des cycles de vie. des organismes en développement et dans
l'histoire de l'évolution des espèces vivantes. C'est pourquoi la
biologiste du développement Anne Fausto-Sterling nous exhorte à ne
pas « rester coincé à essayer de séparer la nature de l'éducation » et à
ne jamais oublier « que les corps vivants sont des systèmes
dynamiques qui se développent et changent en réponse à leurs
contextes sociaux et historiques » (2012 , xii). Au contraire, dit-elle,
nous devons « penser développement et apprécier la diversité
biologique », en rappelant avant tout que « les corps ne sont pas
limités » (2012, xxi, 119).
Génotype, Phénotype,
et la norme de réaction
Les généticiens ont compris depuis longtemps que la structure

génotype L'information génétique sur des traits biologiques particuliers en-

moléculaire des gènes (ou génotype) devait être distingué des
codé dans l'ADN d'un organisme. caractéristiques manifestes observables et mesurables

Cellule Mitochondries
membrane
Cytoplasme
FIGURE 2.15 Une cellule nucléée est un système complexe impliquant de nombreux composants. La réplication de l'ADN et la synthèse des protéines sont des processus cellulaires
qui impliquent et affectent à la fois de nombreux composants cellulaires.
d'un organisme que les gènes aident à produire (sonphénotype).
Par exemple, les séquences de bases sur un tronçon d'ADN
(génotypes) sont utilisées par les cellules vivantes pour assembler
des chaînes d'acides aminés qui se lient pour former des
protéines (phénotypes), mais les bases ne sont pas la même
chose que les molécules de protéines. Comment un génotype se
réalise-t-il dans un phénotype ? La question n'est pas oiseuse car
les œufs fécondés ne se transforment pas en organismes dans le
vide. Les organismes vivants se développent dans un
environnement physique qui leur fournit nourriture, protection et
autres ressources vitales pour soutenir leur développement au fil
du temps jusqu'à ce qu'ils soient matures et capables de
reproduire leur propre progéniture. Sans les matières premières
pour la synthèse des protéines fournies par l'ovule, et plus tard
par l'alimentation, les génotypes ne peuvent rien faire. Dans le
même temps, tout comme un gène n'égale pas un trait,
différents génotypes peuvent être associés au même phénotype.
Mendel l'a montré pour la première fois lorsqu'il a pu démontrer
l'existence de gènes récessifs. C'est-à-dire que les fleurs rouges
pourraient être produites par des parents dominants
homozygotes (c'est-à-dire, les deux rouges) ainsi que par des
parents hétérozygotes (c'est-à-dire un rouge et un blanc), mais
seulement une descendance sur quatre de parents
hétérozygotes aurait la chance de produire fleurs blanches (c'est-
à-dire s'il a reçu un gène blanc récessif de chaque parent).
Génotype, phénotype et norme de réaction 51
Membrane nucléaire
ADN Noyau
endoplasmique
réticulum avec
ribosomes
Néanmoins, des individus avec les mêmes génotypes, par
exemple, ou des boutures d'une seule plante ou d'animaux
clonés, peuvent également développer une gamme de
phénotypes différents.
Pour comprendre comment on passe du génotype d'un
organisme à son phénotype, il faut considérer à la fois le
génotype et le phénotype en relation avec l'environnement dans
lequel cet organisme s'est développé. Les biologistes comparent
les résultats phénotypiques d'organismes avec le même
génotype dans différents environnements et avec différents
génotypes dans le même environnement, et ils tracent ces
résultats sur ce qu'on appelle unnorme de réaction. Levins et
Lewontin (1985) définissent la norme de réaction comme « un
tableau ou un graphique de correspondance entre le résultat
phénotypique du développement et l'environnement dans lequel
le développement a eu lieu. Chaque génotype a sa propre norme
de réaction, spécifiant comment l'organisme en développement
réagira à divers environnements. Dans
phénotype Les caractéristiques manifestes observables et mesurables d'un
organisme.
norme de réaction Un tableau ou un graphique qui affiche la gamme possible
de résultats phénotypiques pour un génotype donné dans différents
environnements.
52 CHAPITRE 2 : POURQUOI L'ÉVOLUTION EST-ELLE IMPORTANTE POUR LES ANTHROPOLOGUES ?
1000
800
Sauvage
600
400
Nombre d'ommatidies
200
Infrabar
100
80
Ultrabar
60
40
20
dix
0 15 20 25 30
Température (°C)
FIGURE 2.16 Chaque génotype a sa propre norme de réaction,
spécifiant comment l'organisme en développement réagira à divers
environnements. Combien de cellules oculaires (ommatidies), le développement
d'une mouche des fruits dépend à la fois du génotype de cette mouche et de la
température environnementale à laquelle le développement a lieu. Non
seulement le même génotype produit des phénotypes différents à des
températures différentes, mais aussi des génotypes différents peuvent produire
le même phénotype aux mêmes températures (Levins et Lewontin 1985, 91).
En général, un génotype ne peut pas être caractérisé par un
phénotype unique » (90–91).
La figure 2.16 montre les normes de réaction pour trois
génotypes différents pour un trait particulier dans drosophile, la
mouche des fruits. Le génotype en question contrôle le nombre
d'ommatidies, ou cellules réceptrices de lumière, qu'un individu
particulier aura dans son œil composé. Les mouches portant le
génotype Wild ont généralement environ 1 000 ommatidies dans
leurs yeux, tandis que celles avec les génotypes Ultrabar et
Infrabar en ont beaucoup moins. Cependant, comme le montre
le graphique, le nombre d'ommatidies qu'une mouche développe
dépend non seulement du génotype de cette mouche, mais aussi
de l'environnement (dans ce cas, la température) auquel le
développement a lieu, c'est-à-dire que le même génotype produit
des phénotypes différents à températures différentes.
La figure 2.16 démontre encore un autre fait surprenant
concernant la relation entre les gènes et l'environnement : à
environ 15 °C, les génotypes Ultrabar et Infrabar développent à
peu près le même nombre d'ommatidies ! En d'autres termes,
différents génotypes peuvent également produire le même
phénotype dans un environnement particulier. Ce fait illustre ce
que Levins et Lewontin (1985) appellent
60
45
Viabilité (pourcentage)
4
1
30 4
1
5
3
3
15 5
2
2
0
14 21 26
Température (°C)
FIGURE 2.17 La comparaison des normes de réaction pour les génotypes
variants de mouches des fruits dans des environnements variants montre deux
choses : (1) certains génotypes font toujours mieux que d'autres à n'importe
quelle température et (2) aucun génotype ne fait mieux que tous les autres à
toutes les températures. De telles preuves s'opposent au concept d'un
génotype unique et idéal qui est supposé être produit de manière déterministe
par les gènes (Levins et Lewontin 1985, 92).
la « relation plusieurs-à-plusieurs entre le gène et
l'organisme » (94) et montre que la fitness d'un
génotype particulier peut varier en fonction de
l'environnement. La figure 2.17 montre les normes de
réaction pour la survie à différentes températures de
mouches des fruits immatures avec différents
génotypes, qui ont tous été prélevés sur des
populations naturelles. Comme l'illustre le graphique,
certains génotypes font toujours mieux que d'autres à
une température donnée, mais il n'y a pas un seul
génotype qui fasse mieux que tous les autres à
chaque température. La complexité de la relation
entre les gènes, l'organisme et l'environnement ne
signifie pas « que l'organisme est infiniment plastique,
ou que n'importe quel génotype peut correspondre à
n'importe quel phénotype. Les normes de réaction
pour différents génotypes sont différentes,
Les principes s'appliquent également aux humains. Différents
génotypes peuvent produire le même phénotype dans certains
environnements, et le même génotype peut produire différents
phénotypes dans différents environnements. Malgré des génotypes
très différents, les yeux des nouveau-nés ont tous tendance à être de
la même couleur, tout comme la couleur des cheveux avec l'âge. En
effet, le phénotype d'un même individu peut varier fortement d'un
environnement à l'autre. Comme Lewontin (1982) le fait remarquer, «
Les personnes qui ont tendance à être
 Géno

gras » sur 5 500 calories par jour « tendent à être mince » sur 2
000. On trouvera des familles avec les deux « tendances » vivant
dans les mêmes villes du nord-est du Brésil, où les deux tiers des
familles vivent avec moins que ce qui est considéré comme un
régime de subsistance minimum par l'Organisation mondiale de
la santé » (20).
De plus en plus de biologistes s'intéressent non seulement à la
manière dont le phénotype de l'organisme est façonné par
l'environnement dans lequel il se développe, mais aussi à la manière
dont les organismes façonnent les environnements dans lesquels ils
se développent. Par exemple, dans leur livreConstruction de niche, F.
John Odling-Smee, Kevin Laland et Marcus Feldman (2003)
soutiennent que les organismes jouent deux rôles dans l'évolution,
portant des gènes et interagissant avec les environnements.

Plus précisément, les organismes interagissent avec les

environnements, prélèvent de l'énergie et des ressources dans les
environnements, font des choix de micro et macrohabitats par
rapport aux environnements, construisent des artefacts, émettent
des détritus et meurent dans les environnements et, en faisant toutes
ces choses, modifient au moins une partie de la sélection naturelle.
pressions dans leur propre environnement local et dans celui de
l'autre. Ce second rôle des phénotypes dans l'évolution n'est pas bien
décrit ou compris par les biologistes évolutionnistes et n'a pas fait
l'objet de beaucoup d'investigations. Nous l'appelons « construction
de niche ». . . . (1)

Création de niche est censé se produire soit lorsqu'un

organisme perturbe activement l'environnement, soit lorsqu'il se
déplace activement dans un environnement différent (Odling- FIGURE 2.18 De nombreuses espèces, y compris les castors, construisent des clés

caractéristiques de leurs propres niches écologiques. Les barrages de castors

Smee et al. 2003, 41). Si les conséquences physiques et
environnementales de la construction de niches s'effacent entre
les générations, ce processus ne peut avoir d'effets à long terme
sur l'évolution. Mais si ces conséquences perdurent, elles se
répercutent dans le processus évolutif,modifier les pressions de
sélection vécues par les générations suivantes d'organismes
(figure 2.18). Odling-Smee et al. (2003) fournissent de nombreux
exemples tirés de tous les groupes taxonomiques d'organismes
vivants, y compris les algues bleu-vert, les vers de terre, les
castors constructeurs de barrages, les rongeurs fouisseurs et les
oiseaux constructeurs de nids (50-115). Leur proposition la plus
controversée est que la construction de niches soit incorporée
dans la théorie de l'évolution en tant que processus adaptatif
supplémentaire aux côtés de la sélection naturelle et que les
« héritages des pressions de sélection naturelle modifiées »
soient reconnus en plus des héritages génétiques transmis dans
l'ovule et le sperme. À leur avis, une théorie de l'évolution
suffisamment étendue reconnaîtrait à la fois la construction de
niches et la sélection naturelle comme des processus évolutifs
contribuant ensemble à la correspondance adaptative
dynamique entre les organismes et les environnements (Odling-
Smee et al. 2003,
La prise en compte de la construction de niches incite les
biologistes à porter un regard nouveau sur les organismes. Plutôt
modifient les pressions de sélection subies par les castors, mais ils modifient
également les pressions de sélection subies par les espèces voisines dont les
propres niches sont altérées par la présence du barrage de castors dans leurs
habitats.
que de les imaginer comme restant passivement en place, soumis à
des pressions de sélection qu'ils ne peuvent pas affecter, les
organismes sont maintenant considérés comme parfois capables
d'intervenir activement dans leur destin évolutif en modifier
l'environnement : Odling-Smee et al. (2003) prédisent que « les
membres de la population qui sont le moins en forme par rapport au
régime sélectif imposé seront les individus qui présentent les preuves
les plus solides de la construction de niches » (298). Alternativement,
les organismes quiemménager dans un nouvel environnement avec
des pressions de sélection différentes ne peuvent plus être
automatiquement identifiés comme les perdants incontestables de la
compétition évolutive dans leur
construction de niche Lorsque les organismes perturbent activement l'environnement
de manière à modifier les pressions de sélection subies par les générations d'organismes
suivantes.
54 CHAPITRE 2 : POURQUOI L'ÉVOLUTION EST-ELLE IMPORTANTE POUR LES ANTHROPOLOGUES ?

DANS LEURS PROPRES MOTS

Comment les organismes vivants construisent leur environnement

Le généticien Richard Lewontin rejette l'idée que les évoluer vers une taille plus grande, il peut en effet se retrouver
organismes vivants sont passivement façonnés par dos dans la « stratosphère » et seulement jusqu'aux genoux dans

« l'environnement », nous mettant ainsi au défi de la couche limite chaude et humide pendant qu'il se nourrit. La

repenser exactement ce qu'est un environnement. conséquence sera que l'évolution du moustique l'a placé dans un
tout autre monde. De plus, comme les êtres humains au début de
leur évolution ont perdu leurs cheveux et la répartition des
glandes sudoripares sur leur corps a changé, l'épaisseur de la
couche limite a changé et a ainsi changé le micro-monde qu'ils
Nous devons remplacer la vision adaptationniste de la vie par une
transportent avec eux, le rendant plutôt moins hospitalier pour les
vision constructiviste. Ce n'est pas que les organismes trouvent
puces, les moustiques et autres parasites qui vivent sur les
des environnements et s'adaptent aux environnements ou
animaux velus. La première règle de la relation réelle entre les
meurent. Ils en faitconstruction leur environnement à partir de
organismes et l'environnement est que les environnements
morceaux. En ce sens, l'environnement des organismes est codé
n'existent pas en l'absence d'organismes mais sont construits par
dans leur ADN et on se retrouve dans une sorte de position
eux à partir de morceaux du monde extérieur.
lamarckienne inversée. Alors que Lamarck supposait que des
changements dans le monde extérieur entraîneraient des
La deuxième règle est que l'environnement des organismes est constamment refait au cours de
changements dans les structures internes, nous voyons que
la vie de ces êtres vivants. Lorsque les plantes envoient des racines, elles modifient la nature physique
l'inverse est vrai. Les gènes d'un organisme, dans la mesure où ils
du sol, le brisent et l'aèrent. Ils dégagent des molécules organiques, des acides humiques, qui
influencent ce que cet organisme fait dans son comportement, sa
modifient également la nature chimique du sol. Ils permettent à divers champignons bénéfiques de
physiologie et sa morphologie, contribuent en même temps à
vivre avec eux et de pénétrer dans leurs systèmes racinaires. Ils modifient la hauteur de la nappe
construire un environnement. Ainsi, si les gènes changent au
phréatique en éliminant l'eau. Ils modifient l'humidité dans leur voisinage immédiat et les feuilles
cours de l'évolution, l'environnement de l'organisme changera
supérieures d'une plante modifient la quantité de lumière disponible pour les feuilles inférieures.
également.
Lorsque le ministère canadien de l'Agriculture prend des relevés météorologiques à des fins agricoles,
Considérez l'environnement immédiat d'un être humain. Si l'on
il n'installe pas de station météorologique dans un champ ouvert ou sur le toit d'un bâtiment. Ils
prend des films d'une personne à l'aide d'une optique Schlieren
prennent des mesures de température et d'humidité à différents niveaux au-dessus du sol dans un
qui détecte les différences d'indice de réfraction de l'air, on peut
champ de plantes en croissance, car les plantes changent constamment les conditions physiques
voir qu'une couche d'air chaud et humide nous entoure
pertinentes pour l'agriculture. Les taupes s'enfouissent dans le sol. Les vers de terre par leurs
complètement et s'élève lentement de nos jambes et de notre
moulages changent complètement la topologie locale. Les castors ont eu un effet au moins aussi
corps et sortir du sommet de nos têtes. En fait, chaque organisme
important sur le paysage en Amérique du Nord que les humains l'ont fait jusqu'au début du siècle
vivant, y compris les arbres, possède cette couche limite d'air
dernier. Chaque respiration que vous prenez supprime l'oxygène et ajoute du dioxyde de carbone au
chaud créée par le métabolisme de l'organisme. Le résultat est
monde. Mort Sahl a dit un jour : « Souvenez-vous, peu importe à quel point vous êtes cruel, méchant et
que nous sommes encapsulés dans une petite atmosphère créée
diabolique, chaque fois que vous respirez, vous rendez une fleur heureuse. Les taupes s'enfouissent
par nos propres activités métaboliques. Une conséquence est ce
dans le sol. Les vers de terre par leurs moulages changent complètement la topologie locale. Les
qu'on appelle le facteur de refroidissement éolien. La raison pour
castors ont eu un effet au moins aussi important sur le paysage en Amérique du Nord que les humains
laquelle il fait beaucoup plus froid lorsque le vent souffle sur nous
l'ont fait jusqu'au début du siècle dernier. Chaque respiration que vous prenez supprime l'oxygène et
est que le vent chasse la couche limite et que nos peaux sont alors
ajoute du dioxyde de carbone au monde. Mort Sahl a dit un jour : « Souvenez-vous, peu importe à quel
exposées à un ensemble différent de températures et d'humidités.
point vous êtes cruel, méchant et diabolique, chaque fois que vous respirez, vous rendez une fleur
Considérons un moustique se nourrissant à la surface du corps
heureuse. Les taupes s'enfouissent dans le sol. Les vers de terre par leurs moulages changent
humain. Ce moustique est complètement immergé dans la couche
complètement la topologie locale. Les castors ont eu un effet au moins aussi important sur le paysage
limite que nous avons construite. Il vit dans un monde chaud et
en Amérique du Nord que les humains l'ont fait jusqu'au début du siècle dernier. Chaque respiration
humide. Pourtant, l'un des changements évolutifs les plus
que vous prenez supprime l'oxygène et ajoute du dioxyde de carbone au monde. Mort Sahl a dit un
courants pour tous les organismes est un changement de taille, et
jour : « Souvenez-vous, peu importe à quel point vous êtes cruel, méchant et diabolique, chaque fois
maintes et maintes fois, les organismes ont évolué pour devenir
que vous respirez, vous rendez une fleur heureuse.
plus gros. Si l'espèce de moustique commence à
La source: Lewontin 1991, 112-14.

Théorie Evo-devo
Plasticité et
Mutation génétique hébergement
mendélienne Création de niche
héritage
Variation
épigénétique
Population Héritage héritage
la génétique
Naturel Théorie du réplicateur
Contingence sélection
Évolutivité
Spéciation
et tendances
Sélection à plusieurs niveaux
Évolution génomique
ancien environnement. La construction de niche dépeint tous les
organismes (pas seulement les organismes humains) comme des
agents actifs vivant dans des environnements vulnérables aux
conséquences de leurs activités, contribuant de manière
potentiellement significative à l'histoire évolutive de leur propre
espèce et d'autres espèces.
Selon Odling-Smee et al. (2003), reconnaissant la construction de
niches comme un processus adaptatif, offre un moyen de lier la
théorie de l'évolution et l'écologie des écosystèmes, et modifie
également la relation entre la théorie de l'évolution et les sciences
humaines (3). Odling-Smee et ses collègues considèrent les êtres
humains comme des « constructeurs de niche virtuoses » (367), et
leurs arguments devraient être d'un grand intérêt pour les
anthropologues, en particulier les anthropologues culturels qui
insistent sur le fait que toute explication du changement social et
culturel doit faire place àagence humaine: la façon dont les gens
luttent, souvent contre vents et marées, pour exercer un certain
contrôle sur leur vie. Dans le même temps, les théoriciens de la
construction de niches nous rappellent que les humains ne sont pas
les seuls agents à l'œuvre : d'autres organismes et les artefacts
écologiques qu'ils (et nous) avons créés jouent également un rôle
dans la formation des résultats évolutifs. L'action des organismes en
tant que constructeurs de niches est importante dans l'évolution «
parce qu'elle introduit une rétroaction dans la dynamique évolutive
[qui] modifie de manière significative les pressions de sélection [sur
les organismes] » (Odling-Smee et al. 2003, 2 ; voir aussi Deacon
2003). Comme nous le verrons dans les chapitres suivants, en tant
qu'êtres humains, nous ne sommes jamais libres de faire exactement
ce que nous voulons, mais nous avons toujours des options d'action.
Et les actions que nous
Que signifie l'évolution ? 55
FIGURE 2.19 La portée de la théorie de l'évolution s'est
élargie et approfondie au fil du temps. Les théoriciens de
l'évolution Massimo Pigliucci et Gerd Müller représentent
ces changements dans ce graphique. Les vues originales
de Darwin se trouvent dans l'ovale intérieur ; les
caractéristiques ajoutées par la synthèse moderne sont
englobées dans l'ovale du milieu, et de nouveaux
développements en biologie évolutive qui peuvent
présager une nouvelle synthèse étendue, sont inclus dans
l'ovale le plus à l'extérieur.
La source: Pigliucci et Muller, 2010.
choisir d'entreprendre peut parfois remodeler les pressions sélectives
que nous subissons, exactement comme le prédiraient les théoriciens
de la construction de niches.
Que signifie l'évolution ?
Depuis Darwin, la théorie de l'évolution a été soumise à des
tests répétés. Bien que les résultats de ces tests aient conduit
à des modifications de la théorie à certains égards, aucun
d'entre eux n'a jamais remis en cause le concept d'évolution
lui-même. En effet, la puissance de la théorie de l'évolution
est illustrée par la façon dont les travaux de Linnaeus, Darwin
et Mendel s'imbriquent si magnifiquement, bien que chacun
d'eux ait fonctionné indépendamment. Les biologistes
modernes s'accordent à dire qu'aucun processus autre que
l'évolution ne peut expliquer autant l'histoire de la vie sur
terre.
L'étude de l'évolution en biologie contemporaine est très
vivante. De nouvelles preuves et de nouvelles façons d'interpréter les
preuves ont conduit de nombreux évolutionnistes à remettre en
question l'adéquation de leurs anciennes façons de comprendre et à
développer différentes perspectives sur le processus évolutif (Figure
2.19). Ils sont parfaitement conscients qu'un phénomène aussi
complexe que l'évolution nécessite des
agence humaine La façon dont les gens luttent, souvent contre vents et marées,
pour exercer un certain contrôle sur leur vie.
56 CHAPITRE 2 : POURQUOI L'ÉVOLUTION EST-ELLE IMPORTANTE POUR LES ANTHROPOLOGUES ?
le pluralisme, c'est-à-dire la reconnaissance qu'une variété de
processus opérant à différents niveaux travaillent ensemble pour
produire les similitudes et les différences qui caractérisent le
monde vivant. Comme nous le rappellent les théoriciens de
l'évolution Peter Richerson, Robert Boyd et Joseph Henrich
(2003), « la théorie de l'évolution prescrit une méthode, pas une
réponse, et un large éventail d'hypothèses peuvent être
formulées dans un cadre évolutionniste. . . . Le darwinisme en
tant que méthode n'est pas du tout attaché à une image
particulière du fonctionnement de l'évolution ou de ce qu'elle
produit. Toute phrase commençant par « la théorie de l'évolution
prédit » doit être considérée avec prudence » (366).
La vie a une histoire compréhensible pour les évolutionnistes
modernes. Cependant, il est impossible de prédire avec certitude
comment il est susceptible de changer ensuite, car les facteurs
aléatoires continuent de jouer un rôle évolutif important. Les
biologistes humains ont été contraints de repenser la place de leur
propre espèce dans le réseau de la vie. Incontestablement, le résultat
a été de déloger les êtres humains du centre. La plupart des
évolutionnistes contemporains seraient probablement d'accord avec
Steven Stanley (1981) pour dire que « tous les chemins ne mènent pas
versHomo sapiens, et peut-être aucun chemin persistant ne menait
directement vers lui » (151). En effet, la notion même que les
organismes « vont quelque part » le long d'un « chemin » évolutif
linéaire a été remise en question. Stephen Jay Gould (1996) a soutenu
que les tendances directionnelles apparentes de l'évolution, telles que
l'augmentation de la taille corporelle, sont « une évolution vraiment
aléatoire loin de la petite taille, et non une évolution dirigée vers la
grande taille » (162). Il suggère qu'une façon plus appropriée de
penser à l'histoire de la vie est en termes d'expansion ou de
contraction au fil du temps dans la gamme totale de variation des
formes vivantes (c'est-à-dire, la « maison pleine » de la vie). Le faire,
c'est reconnaître
Résumé du chapitre
1. La théorie de l'évolution est une théorie scientifique vérifiable, unifiée et
fructueuse. Des preuves matérielles de changements évolutifs au fil du
temps peuvent être trouvées dans les archives fossiles et dans le
modèle de distribution des espèces vivantes d'organismes.
2. Avant Darwin, les penseurs européens divisaient les êtres
vivants en espèces naturelles, dont chacune était censée
avoir sa propre essence immuable. La Grande Chaîne de
l'Être était comprise comme la création de Dieu,
naturellement harmonieuse et sans lacunes, et elle
que les bactéries ont toujours été la forme de vie la plus courante
sur cette planète. Des organismes d'une extrême complexité
(comme les êtres humains) devaient apparaître à mesure que la
gamme de variation s'étendait, mais le type d'organismes qu'ils
se sont avérés être « est totalement imprévisible, en partie
aléatoire et entièrement contingent - pas du tout prédestiné par
les mécanismes d'évolution. . . . Les humains sont ici par la
chance du tirage, et non par l'inévitabilité de la direction de la vie
ou du mécanisme de l'évolution » (Gould 1996, 174-75).
De plus, une fois que nous considérons notre propre
espèce aux côtés d'autres espèces dont les allées et venues
ont été si bien documentées dans les archives fossiles, nous
ne pouvons éviter de nous débattre avec les faits bien connus
suivants :
La seule certitude sur l'avenir de notre espèce est qu'il est limité.
De toutes les espèces qui ont jamais existé, 99,999 % sont
éteintes. La durée de vie moyenne d'un genre carnivore n'est
que de 10 millions d'années, et la durée de vie moyenne d'une
espèce est beaucoup plus courte. En effet, la vie sur terre est
presque à moitié terminée : des preuves fossiles montrent que
la vie a commencé il y a environ 3 milliards d'années, et que le
soleil devrait devenir une géante rouge dans environ 4 milliards
d'années, dévorant la vie (et finalement la terre entière) dans
son Feu. (Lewontin 1982, 169)
L'histoire de notre espèce est loin d'être terminée. Qui sait? Peut-être
trouverons-nous un moyen de nous étendre au-delà de notre système
solaire, et nos descendants pourraient échapper au sombre destin qui
attend notre planète dans 4 milliards d'années. En attendant, nous restons
sur terre, cherchant des réponses sur qui nous sommes et comment nous
devons vivre notre vie.
inspiré l'importante taxonomie des organismes
vivants de Linnaeus au XVIIIe siècle.
3. Au XIXe siècle, le catastrophisme et l'uniformitarisme ont
miné la Grande Chaîne de l'Être. Le catastrophisme était
basé sur les idées de Georges Cuvier, qui soutenait que
certaines espèces s'étaient éteintes lors de catastrophes
naturelles massives, après quoi de nouvelles espèces ont
été introduites d'ailleurs. L'uniformitarisme a été promu
par le géologue Charles Lyell, qui a soutenu que les
mêmes processus

d'érosion et de soulèvement qui peuvent être observés pour changer la
surface de la terre aujourd'hui avaient été à l'œuvre dans le passé.
L'uniformitarisme impliquait que les changements dans les formes de
vie étaient aussi progressifs et réversibles que les changements à la
surface de la terre.
4. Lamarck a essayé de préserver la vision d'une grande chaîne
d'êtres harmonieuse en affirmant que les espèces fossiles ne
s'étaient pas éteintes. Lamarck a soutenu que les membres
individuels d'une espèce sont tous capables de se
transformer de la même manière face aux mêmes pressions
environnementales. L'évolution transformationnelle
lamarckienne a été rejetée par les chercheurs évolutionnistes
contemporains. Contrairement à Lamarck, Darwin et Wallace
ont conclu que les similitudes partagées par des espèces
vivantes distinctes pourraient être expliquées si toutes ces
espèces étaient descendues d'une seule espèce parentale qui
avait vécu dans le passé. De plus, Darwin a proposé qu'une
telle « descente avec modification » puisse se produire à la
suite du processus simple et mécaniste de la sélection
naturelle.
5. La théorie de l'évolution de Darwin par sélection naturelle (ou
évolution variationnelle) était basée sur le principe de
variation, le principe d'hérédité et le principe de sélection
naturelle. L'évolution variationnelle a été conduite par ce que
Darwin a appelé la « lutte pour l'existence » entre les
individus de la même espèce pour survivre et se reproduire.
Dans un environnement donné, on dit que les individus
variants qui survivent et laissent un plus grand nombre de
descendants ont une meilleure aptitude que les autres
membres de leur espèce qui laissent moins de descendants.
La forme physique « absolue » n'existe pas. Aujourd'hui, les
évolutionnistes reconnaissent quatre processus évolutifs, y
compris la sélection naturelle, qui peuvent déterminer quels
individus variants dans un
Pour évaluation
1. Définir l'évolution.
2. Expliquez les types de preuves matérielles qui ont joué
un rôle important dans le développement de la théorie
de l'évolution.
3. Définir l'essentialisme et la Grande Chaîne de l'Être.
4. Expliquez la différence entre l'évolution
transformationnelle (lamarckienne) et l'évolution
variationnelle (darwinienne).
Pour évaluation 57
population laissera un plus grand nombre de descendants que
les autres.
6. Les théoriciens de l'évolution utilisent le concept d'adaptation
pour désigner à la fois un processus d'ajustement mutuel
entre les organismes et leurs environnements et les
caractéristiques phénotypiques des organismes qui sont
produites par ce processus. Reconstruire des histoires
évolutives précises des organismes nécessite de distinguer
les adaptations des exaptations.
7. Darwin ne savait pas pourquoi la progéniture avait tendance à
ressembler à leurs parents, et il ne comprenait pas non plus
comment la variation était introduite dans les populations.
Les réponses à ces questions ont été développées dans le
domaine de la génétique. Les gènes sont associés à des
portions particulières des molécules d'ADN situées sur les
chromosomes du noyau cellulaire. La machinerie de la cellule
utilise l'ADN pour synthétiser les protéines nécessaires aux
processus vitaux et permet aux chromosomes d'être copiés
avant que les cellules ne se divisent. L'interaction des gènes
aide à expliquer comment les traits continus, tels que la
couleur de la peau ou la couleur des cheveux, sont le résultat
d'un héritage immuable. Différents génotypes peuvent
produire le même phénotype, et le même génotype peut
produire différents phénotypes, selon les types
d'environnements dans lesquels les organismes possédant
ces génotypes vivent et se développent. C'est-à-dire,
8. L'étude de l'évolution en biologie contemporaine est très vivante.
Les biologistes modernes s'accordent à dire que la vie sur terre a
évolué, mais ils ont des points de vue différents sur le
fonctionnement des processus évolutifs. De nombreux penseurs
évolutionnistes sont de plus en plus convaincus qu'un phénomène
aussi complexe que l'évolution biologique nécessite un pluralisme
théorique.
5. Décrire les principes de base et la force motrice de la
sélection naturelle.
6. Distinguer entre l'aptation, l'adaptation
et l'exaptation.
7. Pourquoi la variation est-elle si importante dans la théorie de
l'évolution ?
8. Expliquez l'héritage à particule unique sans fusion
(héritage mendélien).
58 CHAPITRE 2 : POURQUOI L'ÉVOLUTION EST-ELLE IMPORTANTE POUR LES ANTHROPOLOGUES ?

9. Quelle est la différence entre variation discontinue
et continue?
dix. Expliquez comment, d'un point de vue darwinien, ce sont les
populations (et non les organismes individuels) qui peuvent
évoluer.
11. Expliquez ce que Richard Lewontin voulait dire lorsqu'il a écrit « Il n'y a
pas de « mémoire de race » en biologie, seulement dans les livres. »
12. Quelles sont les différences entre le génotype et le
phénotype, et pourquoi sont-elles importantes ?
13. Qu'est-ce qu'une norme de réaction ? Expliquer son importance
pour l'évolution des populations humaines.
14. Résumez les principaux composants de la
construction de niche.

Mots clés
adaptation 40 gène 43 sélection naturelle 39
allèles 43 la génétique 43 construction de niche 53
apt 40 génome 49 norme de réaction 51
catastrophisme 36 génotype 50 pangenèse 41
chromosomes 43 genre 35 phénotype 51
ascendance commune 39 Grande chaîne d'être 34 pléiotropie 45
variation continue 44 hétérozygote 43 polygénie 44
traverser 44 homozygote 43 principe d'indépendance
discontinu agence humaine 55 assortiment 43
variation 44 lien 44 principe de ségrégation des 43
ADN 49 lieu 44 espèces 35
l'essentialisme 33 méiose 43 taxonomie 35
évolution 33 mendélienne transformationnel
théorie de l'évolution 32 héritage 42 évolution 37
exaptation 40 mitose 43 uniformitarisme 36
remise en forme 39 mutation 48 évolution variationnelle 39

Lectures suggérées
Ayala, Francisco J. et John C. Avise (éd.). 2014.Indispensable
lectures en biologie évolutive. Baltimore : Johns Hopkins
University Press.Ce livre est un peu difficile pour les
étudiants novices en biologie de l'évolution, mais c'est un
merveilleux recueil de quarante-huit extraits de penseurs
évolutionnistes influents, de Darwin à nos jours, y compris
les développements théoriques liés à l'essor de la
génétique, la négociation de la synthèse évolutive, la
découverte de la structure de l'ADN, et plus encore.
Gould, Stephen Jay. 1987.Flèche du temps, cycle du temps : Mythe et
métaphore dans la découverte du temps géologique.
Cambridge, MA : Harvard University Press.Un récit fascinant
du contexte historique et culturel à partir duquel le
catastrophisme et l'uniformitarisme se sont forgés au XIXe
siècle.
— — — . 1996.Full house : La diffusion de l'excellence de Platon à Darwin.
New York : Livres d'harmonie.Une défense éloquente et divertissante
de l'idée que les êtres humains n'étaient pas le point final de
l'évolution biologique et que les bactéries sont plus correctement
considérées comme les formes de vie dominantes sur terre.
Kevles, Daniel J. et Leroy Hood. 1992.Le code des codes :
Enjeux scientifiques et sociaux dans le Projet Génome Humain. Cambridge,
MA : Harvard University Press.Cette collection éditée contient un large
éventail d'articles de généticiens, de biologistes moléculaires, de
biochimistes, d'historiens des sciences et de spécialistes des sciences
sociales qui examinent les perspectives et les conséquences de la
cartographie de tous les gènes du corps humain. Le livre offre une gamme
d'opinions sur la façon dont nous saurons pleinement ce que cela signifie
d'être humain si nous apprenons un jour tout ce qu'il y a à savoir sur nos
gènes.
Lewontin, Richard. 1991.La biologie comme idéologie : la doctrine
de l'ADN. New York : vivace Harper.Le texte de ce livre a
commencé comme une série d'émissions de radio pour la
Canadian Broadcasting Company et est complété par un
article Lewontin publié dans le Revue de livres de New York.
L'essai accessible et percutant de Lewontin aborde des
allégations excessives qui sont parfois faites au nom de la
génétique humaine et propose une critique incisive des
efforts actuels des généticiens pour cartographier tous les
gènes du corps humain.

— — — . 2001.La triple hélice : gène, organisme et environnement.
Cambridge, MA : Harvard University Press.Lewontin rappelle aux
biologistes de ne pas oublier le rôle des organismes et de
l'environnement dans les discussions sur l'évolution ; ceux-ci sont
souvent ignorés dans les discussions qui attribuent tout aux gènes.
Lovejoy, Arthur O. [1936] 1960.La grande chaîne de l'être.
New York : Harper Torchbooks. Publié à l'origine en 1936, ce
classique est aussi frais et pertinent que n'importe quoi
Lectures suggérées 59
écrit sur l'évolution aujourd'hui. Un récit merveilleusement
clair et détaillé de la pensée pré-darwinienne sur la vie sur
terre.
Marques, Jonathan. 1995.Biodiversité humaine. New York:
Aldine. Marks est un anthropologue biologique fortement
engagé dans une approche bioculturelle de la nature
humaine. Ce livre est une excellente introduction à
l'anthropologie biologique.