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par
Pierre Simard
Novembre 2001
Mise en garde/Advice
Une structure de texte qui en dit parfois aussi long que ie lui-même, chacune des
parties, complétant et expliquant la précédente, rendant ainsi possible un processus
d'actualisation des plus efficaces.
Je ressens une grande joie d'avoir pu contribuer, si peu soit-ii, à mettre à jour
quelques structures de sens qui sauront nourrir, en même temps, ia foi et la raison de
ceux et ceiies qui cherchent Dieu dans sa Parole.
Ill
Remerciements
Résumé i
Avant-propos ii
Remerciements iii
Table des matières iv
Introduction 1
1 Auto-observation
Apprentissage d'une méthode d'exégèse dite critique structurelle 3
1.1 Une pratique pédagogique universitaire 3
1.2 Auto-observation 4
1.2.1 La démarche initiale 4
1.2.2 Mon apprentissage de la méthode 6
1.2.3 Le choix d'une méthode 9
2 Problématisation
Stratégies pour susciter et entretenir la motivation pour lire la Bible
en milieu populaire 13
2.1 Du discernement 13
2.2 Des handicaps lourds pour la motivation 13
2.2.1 L'impossibilité d'utiliser les textes de première source 13
2.2.2 L'inadéquation de certaines expressions linguistiques 16
2.2.3 L'insuffisance des méthodes de présentation 17
2.2.4 Le virage informatique que tous n'ont pas pris 18
2.2.5 Le manque d'outils de référence 19
2.2.6 L'utilisation de mots nouveaux 19
2.2.7 L'ère du visuel 20
2.2.8 Le manque de motivation des apprenants 22
2.3 Dynamique: motivation/apprenant 24
2.3.1 Trois types d'apprenants : l'enfant, l'adolescent et l'adulte 24
2.3.2 Le visage du formateur aidant 27
2.4 Vers des solutions pédagogiques et andragogiques 30
2.4.1 Reconnaissance des groupes d'âge 32
2.4.1.1 Les enfants et la quête de sécurité 32
2.4.1.2 Les adolescents et la quête de liberté 33
2.4.1.3 Les adultes et la quête de sens 34
2.4.2 Des formateurs compétents 35
2.5 Conclusion 35
3 Analyse littéraire
Recherche de points de repère structurels dans l'évangile de Matthieu 37
3.1 Une intuition 37
3.2 Quelques structures intermédiaires qui font pressentir une
structuration globale de l'évangile de Matthieu 38
3.2.1 Exemple d'un parallélisme synonymique régulier : Mt 5,44 39
3.2.2 Exemple d'un parallélisme antithétique : Mt 10,39 40
3.2.3 Exemple d'un parallélisme ternaire : Mt 8,20 41
3.3 Les parallélismes courts et longs, un «écho-système» 42
3.3.1 Exemple d'un parallélisme court : Mt 9,32-34 et Mt 12,22-24 43
3.3.2 Exemple d'un lien à distance entre un texte court et un texte long :
Mt 14,3-12 et Mt 26,57-27,61 44
3.4 À la recherche d'un plan méga-structurel 45
3.5 Esquisse d'une autre proposition méga-structurelle 49
3.5.1 L'« écho-système » de l'évangile de Matthieu 49
3.5.2 Esquisse de parallélismes entre le début et la fin 51
3.5.3 Vision de parallélismes plus larges 52
3.5.4 Restriction volontaire d'une vision trop élargie 52
3.5.4.1 Mt2,1b ;2b//Mt27,45 53
3.5.4.2 Mt2,2//Mt27,37. 53
3.5.4.3 Mt 2,10//Mt27,54 54
3.6 À la recherche d'autres points de repères 54
3.6.1 Mt 5,18//Mt 24,35 55
3.6.2 Mt 7,7//Mt21,22 56
VI
Évidemment, il n'est pas question de faire de mon travail une œuvre exégétique,
car la méthode, dans sa forme originale, ne sera jamais que l'apanage d'une élite, mais
plutôt de proposer un usage populaire de la méthode dans la lecture du premier
évangile.
Un tel projet ne peut évidemment pas « décoller » du terrain, il est étroitement lié
aux participants et à leurs spécificités, par groupe d'âges. Aussi, avant d'exposer
certaines stratégies pour susciter et entretenir la motivation pour lire la Bible en milieu
populaire, il conviendra de souligner les handicaps lourds, voire incontournables,
auxquels je devrai faire face dans l'exposition de mon plan d'intervention : l'impossibilité
d'utiliser des textes de première source, l'inadéquation flagrante entre une expression
linguistique et sa traduction dans une langue étrangère, une insuffisance marquée dans
les méthodes de présentation, le virage informatique que tous n'ont pas pris, le manque
flagrant d'outils de référence, l'utilisation fréquente de mots nouveaux et le passage de
l'ère de l'auditif à l'ère du visuel.
Le terrain, ce n'est pas seulement les apprenants, c'est aussi les formateurs. Un
coup d'œil sur la dynamique «formateur-apprenant» nous en apprendra beaucoup sur
les qualités essentielles d'un formateur, à la fois croyant, participant et animateur.
Mes propres observations m'ayant amené à croire que l'évangile de Matthieu est
savamment structuré, en partant à la recherche de points de repère et en les exposant
au lecteur, j'entends bien démontrer mon hypothèse, comme quoi Matthieu a suivi un
plan de composition en deux parties. J'emprunte ici l'expression «écho-système»1 à
Roland Meynet. Évidemment, pour y arriver, j'entends présenter quelques structures de
parallélisme synonymique, antithétique, ternaire, sans parler des parallélismes courts
ou à distance, qui sont une bonne part de mon observation. Ensuite seulement, il me
sera possible de tracer une proposition d'un plan méga-structurel.
1
MEYNET, Roland, L'analyse rhétorique : une nouvelle méthode pour comprendre la Bible, Paris, Cerf,
1989, 347 p.
Chapitre 1
Auto-observation
Apprentissage d'une méthode d'exégèse dite critique structurelle
Depuis plusieurs années déjà, l'UQAC offre un vaste choix de cours bibliques.
C'est principalement à l'intérieur de deux de ceux-ci, "Sages et Poètes de la Bible" et
"Théologie Johannique", cours dont la responsabilité revient au professeur Marc Girard,
qu'est offerte une initiation, un peu technique, à la méthode appelée critique
structurelle2.
Au fil des ans, des étudiants de toute catégorie s'y sont frottés, des passionnés
de la Bible, des prêtres, des séminaristes, des chargés de cours, des membres de
groupes charismatiques et même des étudiants inscrits à d'autres concentrations que
les sciences religieuses.
Devenu un outil de présentation fort utile, Power Point offre maints avantages,
ajouts de couleurs, de graphiques, de dessins et de "clip arts", choix de police de
caractères d'une très grande variété, possibilité d'animation automatique ou manuelle
de chacune des diapositives. Sans vouloir anoblir outre mesure la critique structurelle,
je crois que peu de méthodes de recherche en exégèse ont fait l'objet d'une
présentation aussi soignée.
!
Voir une description sommaire de la méthode en ANNEXES : A,B,C,D,E,F,G,H,I,J,K
1.2 Auto-observation
Mon intention, très simple au départ, qui était de vérifier, pour mon seul plaisir,
mes propres observations dans divers écrits, ne trouva ni écho, ni répondant. Ce que
j'avais observé au départ et qui me paraissait anodin, se présenta quelques mois plus
tard comme une source intarissable de correspondances, de juxtapositions,
d'oppositions et de sections complémentaires.
Dans le cadre du premier cours suivi en études bibliques, j'ai fait part de mes
observations à M. Jean-François Racine3. Celui-ci, en plus de me parler en termes très
flatteurs de l'œuvre de Marc Girard au niveau des Psaumes, me propose une lecture
portant sur les structures pressenties par certains exégètes de réputation mondiale.
Force m'est d'admettre que plusieurs personnes ont déjà divisé l'évangile de Matthieu
selon des critères qui me semblent parfois à des kilomètres de mes propres
observations.
Après quelques lectures, insatisfait, j'ai rencontré M. Marc Girard à son bureau
pour lui faire part de mes observations. D'entrée de jeu, M. Girard qui a pris un bon
moment pour jeter un coup d'œil sur mon premier schéma de correspondances, me
répond qu'il s'agit de diptyques, de triptyques, et de parallélismes divers. Enfin, je
trouvais écho à ma demande.
Malgré cet accueil favorable, je sentais bien que mon travail devait prendre une
tournure différente, plus officielle, plus structurée. Je fus généreusement mis en garde
contre certains pièges qui m'attendaient dans ce domaine d'étude et de recherche, et
heureusement !
Bon joueur, je me suis demandé si une autre méthode ne serait pas plus efficace
pour arriver à mes fins. Des recherches bibliographiques fructueuses m'ont amené à lire
certains auteurs. Mon premier choix de lecture se porta sur Frey, qui souligne le point
suivant :
Sans m'y attendre, j'avais trouvé chaussures à mon pied. Il devenait évident que
ce que Marc Girard avait réussi à démontrer concernant la composition des psaumes
4
FREY, Louis, Analyse ordinale des évangiles synoptiques. [Mathématiques et sciences de l'homme ;
11], Paris, Mouton, 1972, p. 2-4
8
À cette étape, j'étais toutefois convaincu de deux choses. D'abord, je n'étais pas
à la hauteur de ces grands noms et je devais en tout premier lieu, avant même de croire
à une carrière en ce domaine, acquérir des compétences supplémentaires dans divers
champs bibliques, linguistiques et exégétiques. De plus, j'étais persuadé, après
plusieurs lectures, qu'il y avait une autre manière de percevoir l'évangile de Matthieu,
structure qui n'avait pas encore, jusqu'à ce jour, été mise à nue, quoique pressentie.
Pour en avoir eu l'intuition avant même d'avoir lu Meynet, je suis d'accord avec
lui sur la portée du phénomène :
5
MEYNET, Roland, L'analyse rhétorique ; p. 9
6
AUFFRET, Pierre, Quatre psaumes et un cinquième. Étude structurelle des psaumes 7- 10 et 35.
Paris, Letourney et Ané, 1992, 273 p.
7
CHARPENTIER, Etienne, Pour lire le nouveau testament. 11lèfne édition, Paris, Éditions du Cerf, 1992,
127 p. ; ill.
8
LÉON-DUFOUR, Xavier, Études d'évangile. [Parole de Dieu], Paris, Éditions du Seuil, 1965, 396 p.
9
MARCHADOUR, Alain, Les évangiles au feu de la critique, Paris, Bayard Éditions/Le Centurion, 1995,
187 p.
10
PATTE, Daniel et Aline, Pour une exégèse structurale. [Parole de Dieu], Paris, Éditions du Seuil, 1978,
251 p.
11
REBOUL, Olivier, Introduction à la rhétorique. Théorie et pratique. 2lème éd. corr. [Premier cycle], Paris,
Presses universitaires de France, 1991, 242 p.
12
TASSIN C, L'évangile de Matthieu. Commentaire pastoral, Paris, Éditions du Centurion, 1992, c1991
Outremont, Québec : Novalis Centurion, 1991, 304 p.
«Ce système d'échos garde toujours, même en prose, une efficacité
poétique, pour diriger toujours le regard vers un sens qui ne peut exister
qu'entre les lignes .»
J'ai trouvé dans l'œuvre de Meynet, plus d'une réponse à cette question. Lui-
même partisan de l'appellation "analyse rhétorique", il fait valoir son fair-play en
mentionnant à priori que :
« II fut d'abord admettre que "structurel" est bien trouvé. Le terme est
transparent, car ce sont bien des structures que ce genre d'analyse met
au jour, c'est-à-dire des formes qui structurent les textes, structures qui
13
MEYNET, Roland, L'analyse rhétorique, p. 11
14
Ibidem p. 16-17
10
Par ailleurs, le mot de style évoque trop souvent ce qui est propre à un
auteur. "Rhétorique" rend mieux, semble-t-il, ce qui particularise, non pas
un individu, mais une culture et une tradition. "Rhétorique" a enfin
l'avantage de marquer le lien entre cette méthode "moderne" qu'est
l'analyse rhétorique et la grande tradition classique de la science du
discours qui prend sa source en Grèce il y a vingt-cinq siècles15.»
Dès 198416, Marc Girard introduisait une distinction entre "analyse structurale",
un moyen efficace de dégager les structures profondes d'un texte, et "l'analyse
structurelle" qui cherche à discerner un patron stylistique, sciemment élaboré, pour une
bonne part.
15
MEYNET, Roland, L'analyse rhétorique, p. 16-17
16
GIRARD, Marc, Les Psaumes. Analyse structurelle et interprétation. 1-50, Montréal, Bellarmin, 1984,
Paris, Éditions du Cerf, [Recherches, Nouvelle série], 2, 412 pages
11
Devant une telle argumentation, le lecteur comprendra sans peine mon choix de
méthode et d'appellation.
13
Chapitre 2
Problématisation
Stratégies pour susciter et entretenir la motivation
pour lire la Bible en milieu populaire
2.1 Du discernement
Alors que je pensais qu'il suffirait de traduire certains termes techniques, parfois
rébarbatifs aux non-initiés, et de les présenter d'une manière "correcte" pour rendre
accessible à tous l'apprentissage de la méthode d'analyse structurelle, je me suis
rapidement heurté à un mur, et quel mur !
Le premier élément qui cause problème est de taille : l'impossibilité pratique pour
le commun des mortels de pouvoir mettre la main sur le texte original de la Bible. Nous
ne disposons que de traductions plus ou moins fiables. Déjà, Marc Girard présentait ce
14
point comme primordial pour pouvoir bien appliquer la méthode, car toute traduction
comporte une part de trahison20.
Il s'agit d'un point majeur, car dès le premier contact, le néophyte se butte à des
manques, des nuances ou, pire encore, à des distorsions de sens. Comment est-il
possible de pouvoir saisir tous les sens cachés d'un texte fondateur comme l'évangile
de Matthieu, sans un accès direct à une édition critique du texte grec, ou mieux encore,
pour les spécialistes, à un manuscrit en langue originale ou au moins à une traduction
servile, qui colle au texte grec original ?
Nous le verrons, certains mots, certaines phrases ou certaines parties d'un texte
peuvent être organisés selon des correspondances de nombre, de sens ou de forme.
La moindre erreur de traduction, le moindre ajout, la moindre substitution de mots,
même minime et involontaire, peut entraîner un glissement de sens.
Comment saisir toute la subtilité d'un texte avec, comme seul ouvrage de
référence, une traduction de type "populaire" rédigée et prédigérée qui s'écarte tant soit
peu de l'original ? En effet, les traducteurs ont pris l'habitude d'inclure, dans la Bible,
des indicateurs, des titres et des sous-titres. Pour celui qui ne veut que parcourir un
texte, cela peut être utile, mais déjà le traducteur peut trahir le texte inconsciemment en
raison du type de lecture favorisé.
Parfois résolu à me rabattre sur le texte grec pour y trouver une confirmation à
mon intuition première, j'ai là aussi rencontré une disparité entre un texte grec et un
autre. Pour ne citer qu'un exemple, je me limiterai à citer deux recensions grecques de
Mt 5,44.
20
GIRARD, Marc, Les psaumes redécouverts, p. 105
15
Le second, beaucoup plus large a été trouvé sur un site biblique Internet22
Évidemment, cette dernière proposition inclut des variantes attestées par des
manuscrits que la critique structurelle juge peu ou pas du tout fiable. Il suffit à cet égard
de consulter une bonne édition critique23.
Déjà qu'une traduction courante de la Bible comporte une certaine part de risque
et même de trahison, s'ajoute à cela les ajouts de sous-titre qui relève de l'édition et qui
peuvent dans certains cas, fausser complètement le sens que l'auteur entendait donné
à son travail. À titre d'exemple, jetons un coup d'œil rapide sur Le 15,11-32. Alors que la
Bible de Jérusalerr?5 donne le sous-titre suivant : "Le fils perdu et le fils fidèle: l'enfant
21
The Greek New Testament, Fourth Revised Edition, Germany, Biblia-Druck, 1994, 918 p.
22
http://unbound.biola.edu/index.cfm?lang=English (site consulté e n janvier 2001 )
23
Par exemple : A L A N D , K. et autres, The Greek New Testament, Munster, United Bible Societies, 1983
24
GIRARD, Marc, Les psaumes redécouverts, p. 127-129
25
La Bible de Jérusalem: La sainte Bible. Traduit en français sous la dir. de L'École biblique de
Jérusalem, Paris, Édition du Cerf, (1973) 1996, p. 1505-1506
16
prodigue", la TOB26 propose : "La parabole du fils retrouvé". Alors qu'il est tout aussi
possible que Luc ait voulu mettre l'accent sur l'amour d'un père ou encore sur
l'importance du pardon ou sur le pardon qui suit la repentance juste.
Je l'ai déjà dit, je ne suis pas un spécialiste des langues bibliques. Alors il me
paraît essentiel d'avoir sous la main une traduction littérale, une source fiable, une
traduction qui colle au texte. Une langue, ce n'est pas comme une équation
mathématique, ce n'est pas quelque chose qui est donné une fois pour toutes. C'est un
processus en marche, vivant. Une langue baigne dans un contexte culturel. Il y a des
mots qui ne peuvent prendre tout leur sens que dans la langue dans laquelle ils sont
prononcés ou écrits.
Être conscient de ce problème, c'est déjà prendre un certain recul face au texte.
C'est un premier pas qui devrait inciter à la prudence face à une interprétation trop
rapide.
26
La Bible TOB, Paris, Éditions du Cerf, 1972-1975, p. 1461-1462
17
Aussi, d'après moi, il importe d'avoir en réserve toute une panoplie de procédés
pédagogiques capables de rejoindre tous les apprenants, ce qui n'est pas le cas
encore.
18
Pour faire école et devenir un outil de lecture et/ou de relecture, il semble que le
choix très limité de procédés de présentation de la méthode d'analyse structurelle fait
problème. Il faudra donc envisager divers scénarios de procédés utiles, plus simples et
plus accessibles.
19
Mis à part les ouvrages de Marc Girard27 et de Roland Meynet28, des livres où
nous pouvons abondamment plonger et retrouver terminologie et méthodologie, il existe
peu ou pas de volume traitant exclusivement de la méthode d'analyse structurelle et de
ses possibilités.
Je comprends qu'il est beaucoup plus pratique de faire usage de termes comme
homéophonie, ou syntagme, mais pour les gens du peuple, ces expressions peuvent en
laisser plus d'un devant un mur d'incompréhension, et même provoquer un mouvement
de recul.
27
GIRARD, Marc, Les psaumes redécouverts. De la structure au sens. p. 1-136 ; GIRARD, Marc,
L'analyse structurelle ; DUHAIME, J. et MAINVILLE, O. (Éd.) Entendre la voix, du Dieu vivant.
Interprétations et pratiques actuelles de la Bible. Montréal-Paris, Médiaspaul, 1974, p. 149-159.
28
Voir : MEYNET, Roland, L'analyse rhétorique : une nouvelle méthode pour comprendre la Bible, Paris,
Cerf, 1989, 347 p. ; MEYNET, Roland, Initiation à la rhétorique biblique ; qui donc est le plus grand ?
Paris, Éditions du Cerf, [Initiations], 1982, 347 p. + bibliographie ; MEYNET, Roland, Quelle est donc
cette Parole ? ; lecture rhétorique de Luc (1-9, 22-24) Préface d e Georges Mounin, Paris, Éditions d u
Cerf, [Lectio Divina, 99], 1979, 2 vol.
29
Voir des exemples en Annexe K
20
Tout devient visuel : les centres commerciaux, les vitrines illuminées, le papier
d'emballage, les écrans d'ordinateur. Un changement social et communautaire majeur
s'est produit sans attirer l'attention. Pourquoi s'étonner que les gens délaissent les
vieilles bâtisses religieuses, conçues moins pour plaire à l'œil que pour favoriser une
ambiance d'intériorité30 ?
30
Pourtant, avec ses vitraux flamboyants, une iconographie et une statuaire généreuse, elles ont eu leur
période de gloire. Mais, le modernisme et sa remise en question du monde au seul profit de la raison a
eu raison du visuel de sens pour le visuel de forme.
21
II fut un temps, pas si loin non plus, où les fidèles se rendaient en masse aux
offices religieux pour entendre le sermon du dimanche. Cette époque du règne de
l'auditif n'est plus ; à l'oreille s'est substituée la vue.
Le Nouvel Âge apporte avec lui une culture moderne détrempée de marketing.
Les gourous de la spiritualité, aux aguets face aux besoins de sens, offrent un milieu
agréable dans des couleurs à la mode. Fini le temps des vêtements sacrés, en noir et
blanc ! Aujourd'hui tout est flamboyant comme au temps du Moyen Âge31, autre période
visuelle.
Nous savons tous qu'un enfant est un bon miroir de la société. Pour l'avoir moi-
même expérimenté avec mes propres enfants, instinctivement un poupon va courir vers
un livre plein de couleurs et de dessins, délaissant un autre livre qui aurait pu être plus
intéressant mais, faute de savoir se présenter, est resté aux oubliettes.
Pour que passe le contenu, aujourd'hui, il faut que le contenant soit "vendant".
Ce qui n'est malheureusement pas le cas de notre Église catholique et encore moins
des saintes Écritures.
Il y aura toujours des gens pour acheter telle ou telle vieille marque de produit
devenue presque une antiquité. Mais les autres, ceux qui veulent de la foi, mais
présentée autrement, sont légion. C'est à eux que l'Église doit s'adresser, en offrant une
31
II suffît de se rappeler les costumes d'apparat du clergé et de la royauté, la splendeur des salons et des
salles de bal, les peintres de renom qui rehaussaient les plafonds et les murs, les sculptures, etc.
22
Il suffit de si peu pour rendre un texte attrayant pour l'œil. Par une présentation
soignée, des évangiles entre autres, on peut faire toute la différence entre le départ ou
le retour du fils prodigue. Autrement dit, ce n'est pas le message qui doit changer,
seulement la présentation, qui doit nécessairement s'adapter pour fleurir et donner des
fruits.
Comme des centaines d'autres, durant plusieurs années, je me suis tenu à l'écart
de toute forme de religiosité, incluant la lecture de la Bible. Ne trouvant plus de goût à
cette nourriture devenue fade, j'ai tout simplement cherché ailleurs nourriture pour ma
foi, mais en vain. Il me manquait ce petit élan personnel qui me soulèverait de ma
chaise et qui me pousserait à m'envoler. Après tout, pourquoi aurais-je fait des efforts
pour m'approprier ce qui ne me plaisait ni dans la présentation, ni dans le contenu ?
Toujours je restais sur ma faim. Déception après déception, j'avais rompu les amarres
et je me laissais voguer au fil des intempéries, essuyant vents et marées de mon mieux.
23
Nuttin32, tout en conseillant la plus grande des prudences dans le choix des
formateurs, affirme que la motivation est un processus temporel. La motivation oriente
dans le temps, elle confirme la présence d'une idée dans le passé et sa transformation
d'instant en instant vers le futur, vers une nouvelle composition de sens. Il souligne de
plus que si la réponse est donnée, pour maintenant, la motivation tombe, car une fois la
réponse trouvée, la motivation, processus temporel, tombe nécessairement33. D'où
l'importance de toujours et sans cesse veiller à garder bien vivante la motivation par la
proposition constante de nouveaux défis atteignables à courts, moyens et longs termes.
Nuttin mentionne qu'il faut se rappeler qu'une ancienne vision des choses
ordonnait les choses d'une telle manière. Forcément, une modification en profondeur de
cette vision va entraîner une altération ou une modification significative dans la vie du
chercheur34.
32
NUTTIN, Jozef, Théorie de la motivation humaine : du besoin au projet d'action /Joseph Nuttin. - 2e
édition remaniée et augmentée, Presses universitaires de France, Paris, c1980, [Psychologie
d'aujourd'hui ], 1985, 383 p.
33
Ibidem, p. 9-13
34
Ibidem, p. 14-35
24
Nous sommes coincés dans un double culture, celle qui refuse le changement
parce qu'elle insécurise et celle qui, plus pressée, veut tout détruire pour repartir à zéro
sans avoir pris le temps de regarder à fond ce qu'elle jette. Un modèle de
consommation rapide, où le fast-food est en demande, même dans l'univers religieux,
dans une société de plus en plus à la course.
Après avoir discouru sur les handicaps majeurs qui semblent causer problème, il
m'apparaît essentiel de devoir réfléchir sur ce qui peut stimuler, encourager et maintenir
la motivation de l'apprenant. N'oublions pas que la motivation s'inscrit dans une relation
vivante, dans un contact de personne à personne, dans un mouvement action réaction
mettant en interaction, un apprenant et un formateur aidant.
Selon Giguère, l'adulte compte sur lui-même. Contrairement à l'enfant qui, faute
d'expérience, doit s'en remettre totalement à l'enseignant. L'adulte est capable de
participer à l'élaboration de l'activité éducative. Il y a un contraste frappant entre l'enfant
dont les capacités physiques, en plein développement, l'aident dans ses
apprentissages, alors que du côté de l'adulte, à mesure qu'il avance en âge, il doit gérer
des capacités physiques déclinantes (vue, ouïe, énergie, rapidité de réactions,
attention). Cette diminution rend plus difficile l'apprentissage37.
Il faut se le rappeler, pour l'adulte, ce n'est pas tant le savoir qui compte, mais ce à
quoi ça va servir dans la vie de tous les jours. Il faut que le nouveau savoir soit intégré à
la vie courante38.
35
GIGUÈRE, Paul-André, BELLEFLEUR-RAYMOND, Denise, T O U P I N , Bruno, Q u a n d un adulte veut
apprendre, Ottawa, Novalis c1985, Montréal, Office d e catéchèse d u Québec, [Dossiers d'andragogie
religieuse ; 9], 4 8 p. : ill. ; GIGUERE, Paul-André ; BELLEFLEUR-RAYMOND, Denise, GRAVELINE,
Roger, TOUPIN, Bruno, Comment stimuler et soutenir la motivation? Ottawa, Novalis, 1982, Montréal,
Office de catéchèse d u Québec ; [Dossiers d'andragogie religieuse; 4], 4 7 p. ; ill. ; GIGUERE, Paul-
André, BELLEFLEUR-RAYMOND, Denise, TOUPIN, Bruno, Éducateurs de la foi: compétences et
convictions, Ottawa, Novalis, 1982, Montréal, Office d e catéchèse d u Québec; [Dossiers d'andragogie
religieuse; 10], 48 p. ; ill.
36
GIGUÈRE, Paul-André, Quand un adulte veut apprendre, p. 9
37
Ibidem p. 10
38
GIGUERE, Paul-André, Éducateurs de la foi: compétences et convictions, p. 34
26
Alors que pour l'enfant, majoritairement, ce sont les parents et les éducateurs de la
foi qui prennent sur eux le fardeau de leur engagement et de leur cheminement de foi,
pour l'adulte, la foi est un choix personnel qui n'engage a priori que soi face à Dieu, une
adhésion libre et volontaire et non une imposition.
Mais il n'y a pas que les enfants et les adultes, il y a aussi les adolescents. Tant au
niveau de la foi que de la société, ce sont eux qui remettent tout en question et qui sont
prêts à tout jeter sans prendre le temps de goûter. Leur soif de liberté s'inscrit très bien
dans un processus de découverte de sens. C'est un terreau idéal pour semer du bon
grain, mais encore faut-il que le semeur puisse tracer des sillons dans la terre avant de
penser à semer. Ce ne sont pas de promesses d'un monde à venir qu'ils veulent, mais
du sens pour maintenant. Pleins de bonne volonté mais sans expérience, pleins d'idées
mais sans moyen, ils sont rêveurs, batailleurs, rebelles et ils osent dire ce à quoi les
plus vieux ont renoncé.
Souvent mis de coté, ils sont pourtant une partie importante de la population. Ne
pas s'en préoccuper, c'est donner l'occasion, à de fins stratèges, lors des inévitables
remises en question propres à l'adolescence, de les embrigader dans des mouvements
révolutionnaires ou sectaires. À cet âge ce n'est pas la réponse qui compte mais d'avoir
une réponse. Il faut mettre un accent majeur sur cette génération, sous peine de se
priver d'un avenir prometteur.
Trois visages de la vie, mais une seule foi, une seule Église, un seul Dieu. Qui
peut encore croire qu'une seule pédagogie puisse rejoindre efficacement tout le monde
là où ils sont dans l'histoire de leur vie ?
39
GIGUÈRE, Paul-André, Quand un adulte veut apprendre, p. 11-14
27
On est pas animateur dans un groupe de foi comme on est animateur d'un
groupe quelconque. L'animateur "est un croyant parmi d'autres croyants, une personne
en recherche de sens au milieu d'autres personnes en recherche de sens40".
En prenant du temps pour aider les participants à explorer leur propre savoir
d'expérience, l'animateur aide les participants à se rendre compte de la richesse et des
limites de leur expérience, il les aide à faire le point sur leur savoir par rapport à l'objet
de l'activité, il leur donne le goût d'enrichir ou de corriger ce savoir, il leur fournit des
bases pour accueillir un savoir théorique de façon personnelle et critique, il valorise les
personnes en reconnaissant qu'elles possèdent déjà un savoir, il reconnaît que
l'expérience est importante au point qu'on puisse en tirer un savoir et finalement il
favorise leur activité intérieure et personnelle42.
Il faut être prudent dans la manière dont les choses sont amenées. Giguère nous
met en garde d'une manière très adroite. "Et quand la vision de la réalité religieuse se
transforme, les personnes ne peuvent plus se comporter comme avant43". Prudence,
certes, mais construire sa foi est un risque44, personne ne peut croire pour un autre.
40
GIGUERE, Paul-André, Éducateurs de la foi: compétences et convictions, p. 19
41
Ibidem p. 8-9
42
Ibidem p. 26
43
Ibidem p. 37
44
Église catholique. Assemblée des évêques du Québec. Comité de recherche. Institut de pastorale
(Montréal). Risquer l'avenir: bilan d'enquête et prospectives. Montréal : Fides, 1992 [L'Église aux quatre
vents], 227 p.
28
S'il est une chose entre toutes qui est intime et personnelle, c'est bien la foi, un
cheminement personnel qui ne regarde que la personne elle-même mais qui
immanquablement s'inscrit dans une dimension communautaire. "Plus que tout autre
domaine, il faut réserver du temps pour l'intégration, pour faire le point sur le chemin
parcouru. Il ne s'agit pas de foncer tête baissée. Il n'est pas question dans cette double
lecture biblique, foi et raison, de partir aveuglément à la recherche de mots, de faits ou
de correspondances, mais aussi et surtout de sens45 ".
Selon Giguère, l'éducateur de la foi, le formateur, est un guide qui aide l'adulte à
apprendre de façon efficace. Habitué à une certaine distance face à l'autorité, l'adulte
apprenant aime garder sa liberté d'expression et d'opinion. Il a un vécu riche
d'expérience personnelle et des valeurs auxquelles il tient mordicus. Contrairement à
l'enfant, il a une idée claire de ce qu'il veut et se retrouve avec des responsabilités
familiales et sociales importantes. Il a une grande soif de connaître, un haut degré
d'exigence, un esprit critique très développé et un sens des responsabilités aiguisé.
Pour lui le temps passe vite, il est empressé de savoir et d'intégrer ses nouvelles
connaissances. Il attache une importance au contact personnel et il a un grand souci du
détail46.
45
GIGUERE, Paul-André, Éducateurs de la foi: compétences et convictions, p.41-43
46
GIGUÈRE, Paul-André, Quand un adulte veut apprendre, p. 10
29
Selon Miller47, pour enseigner aux adultes, le formateur doit tenir compte de trois
facteurs importants : identifier et préciser des besoins de formation souvent mal perçus
ou mal exprimés, traduire des besoins en activités éducatives appropriées et assurer la
préparation adéquate des personnes ressources.
Forcément l'Église devra refaire ses classes, car avec des croyants adultes il ne
suffit plus de raconter des histoires fantastiques déconnectées de la réalité quotidienne,
il faut plus. Il faut être capable de répondre aux attentes, aux demandes et aux
questions d'un peuple en marche, en proposant des moyens pédagogiques et
andragogiques adaptés à un monde en mutation.
47
MILLER, François, L'enseignement aux adultes, Québec, Éd. Université Laval, 1984, 79 p.
48
Ibidem p. 35-37
30
"Motiver, c'est faire en sorte que les gens trouvent un sens à leur travail
et connaissent les motifs qui les amènent à s'engager dans une action.
Mobiliser le personnel, c'est faire en sorte qu'il se mette en mouvement,
qu'il s'organise pour agir dans le sens des résultats souhaités. Enfin,
responsabiliser les personnes, c'est faciliter la prise en charge de leur
travail; c'est la quête de cette énergie auto-porteuse qui fait que les
gestionnaires se sentent en confiance quant à la qualité du travail, sans
avoir à tout vérifier constamment51".
Il apparaît, chez ce même auteur, qu'il faut savoir reconnaître chez l'être humain
trois niveaux qui conduisent à stimuler et entretenir une saine motivation. Au premier
niveau, l'adulte cherche à donner une orientation, une finalité, une orientation à son
travail. Plus il sera partie prenante de la direction de la recherche et plus il sera motivé.
Au deuxième niveau, il semble qu'il ne puisse développer son plein potentiel
intellectuel (mémoire, pensée, intuition), émotif (joie, passion, dynamisme) et physique
(vitalité), que s'il a été partie prenante au niveau précédent. Au troisième niveau, à
48
PETITPAS, Jean-Guy, GAGNE, Paul-André, BOUCHER, Guy, Régie des assurances agricoles du
Québec. Ministère d e l'agriculture, d e s pêcheries et d e l'alimentation, Comment motiver, mobiliser et
responsabiliser mon personnel, Québec, Éd. La Régie, 1994, Le Ministère, [Profession gestionnaire],
35p.
50
PETITPAS, Jean-Guy, Comment motiver, mobiliser et responsabiliser mon personne, p. 7
51
Ibidem p. 13
31
L'auteur souligne aussi que le climat est un des facteurs essentiels auquel tient la
motivation. Est-ce que les liens tissés ne sont qu'apparents ou profonds, basés sur la
complicité ou la suspicion, la froideur ou la chaleur, le lien d'autorité ou de partage53 ?
Autant de questions auxquelles il faut répondre au premier chef.
Il faut être conscient que nous vivons tous, à titre privé, des situations de
tensions ou de frustrations. Il est impossible à quelqu'un de toujours être en parfaite
situation de contrôle de soi. Les attentes du groupe et de l'animateur ne doivent pas
être irréalistes. La motivation est un phénomène dynamique, donc avec ses hauts et
ses bas, ses pointes et ses creux54.
52
PETITPAS, Jean-Guy, Comment motiver, mobiliser et responsabiliser mon personne, p. 14-15
53
Ibidem p. 25-26
54
Ibidem p. 31
55
Ibidem p. 32-33
32
Sans porter de jugement sur l'Église, il est clair que beaucoup de croyants en
sont encore à cette étape dans leur cheminement spirituel. La quête de sécurité trouve
écho à l'intérieur du système, des coutumes et de la tradition. Pourquoi douter ?
Pourquoi remettre en question ? Comme un réflexe d'enfant, ce serait risquer de quitter
le noyau sécurisant. La peur, beaucoup plus que la foi, retient maintes personnes à
conquérir la liberté promise par la foi en Dieu.
Sans le nier totalement, il rejette le système qui fut le sien et qui l'étouffé. Il part à
la conquête de son "moi". Il rencontre des jeunes de son âge, il forme une gang, il
forme son propre noyau, au lieu de s'en voir imposer un par les autres. Il n'est pas si
différent des autres, mais il le croit.
Dans leur cheminement spirituel, plusieurs aussi sont à cette étape d'éclatement,
de rejet. On ne peut pas asseoir de force quelqu'un qui est en train de partir, on ne peut
pas le retenir, on ne peut qu'être présent, attentif et conscient que cette étape, plus ou
moins difficile, plus ou moins longue, ne dure qu'un temps.
Comment interpeller des gens de cet âge, physique ou spirituel, sans les froisser,
les brusquer ou les éloigner davantage ? C'est un peu à ces questions que s'attardera
mon projet d'intervention vis-à-vis de ce groupe d'âge.
34
Socialement, et les auteurs l'ont abondamment illustré par leurs propos, arrive un
âge où tout est remis en question. Ce n'est plus savoir ou posséder des choses qui
comptent, mais donner un sens à ce qui se passe. Cette quête de sens peut se faire
tout en douceur ou par un coup d'éclat. Pour certains qui cherchent dans l'ancien
système parental et social, votre religieux, des réponses qui tardent à venir, la société
se charge de remplir ce vide par du fast-food spirituel, la surconsommation. Pour
d'autres, ce sont les prédateurs de la foi qui les guettent, comme des loups à l'affût.
Certains mouvements religieux, pseudo-religieux, certaines sectes et gnoses sont là,
prêts à accueillir ces nouveau adultes, en leur promettant réponse à leur quête de sens.
Cette clientèle adulte, qui sort à peine de sa crise d'adolescence, abonde à tous
les coins de rues. Ces nouveaux adultes en quête de sens arrivent avec une histoire de
vie qui ne demande qu'à être racontée, avec des responsabilités, avec de l'expérience,
mais pas encore avec un jugement critique. La quête de sens, faute de réponse
adéquate disponible rapidement, les pousse là où le vent souffle.
chemin, ne manquant pas de critiquer et d'écorcher au passage celle qui n'a pas su le
retenir.
Le drame, c'est qu'en ne retenant pas les adultes prêts à tenir le double discours
"foi et raison", les enfants seront de moins en moins nombreux à grandir dans le
système parental. Une fois partis par les portes de côtés, peu reviendront.
2.5 Conclusion
Ce long parcours, qui a pu paraître un détour, démontre pourtant bien que pour
susciter et entretenir la motivation à lire la Bible en milieu populaire, il faut d'abord et
avant tout redéfinir ce que sont, dans la foi, des enfants, des adolescents et des
adultes.
Il faut faire un triple choix : 1) instruire les enfants dans la foi, même s'ils sont
encore dépendants et impuissants à penser totalement par eux-mêmes, avec tous les
risques cela comporte : 2) stimuler les adolescents en leur proposant des activités
aptes à leur donner le goût de la Parole : 3) accompagner et guider les adultes en quête
de sens vers la lecture de la Bible, vers le Christ, vers l'Église. Trois groupes, trois
pédagogies, mais une même foi.
36
Chapitre 3
Analyse littéraire
Recherche de points de repère structurels dans l'évangile de Matthieu
Déjà, à mes premières lectures, sans une formation appropriée, comme si cela était
possible, naïvement, je m'étais mis à rêver d'être celui qui découvrirait enfin la vérité sur
la structure de l'évangile de Matthieu56. Un hasard qu'il convient de citer en exemple a
tôt fait de me "rasseoir" et heureusement. Certes, j'avais constaté certaines répétitions
et une apparence de désordre dans la rédaction de l'évangile, mais un coup d'œil sur
une certaine disposition du Psaume 67 dans la tradition juive 57 a vite fait de me
convaincre de la possibilité de divers autres styles d'agencements de textes qui
dépassent largement ma propre intuition et mes compétences.
TABLEAU 1
/
%jr £ s fc 2 h
f3 £ « H t
56
J'insiste sur le mot "na/Vemenf", car aujourd'hui il est clair que l'évangile de Matthieu ne compte pas
une mais plusieurs possibilités de structure, toutes dépendantes de l'angle de lecture.
57
HAKHAM, Amos, Sefer Tehillîm, Mossad Harav Hook, Jérusalem, t.1 p.386
38
Nous le savons tous, Matthieu cite abondamment les Écritures juives. Ainsi, bien
que cette façon de disposer un texte, disons l'utilisation d'une stratégie d'écriture, ne
soit pas utilisée chez nous, il est indéniable, pour peu que l'auteur veuille s'en servir
pour inclure un point culminant, son idée centrale, que le sens peut être organisé selon
une forme prédéterminée.
Je présume bien humblement que chacune des citations n'est pas le fruit du hasard
ou de la chronologie du texte, mais relève plutôt d'une volonté ferme de l'auteur de
souligner ou de compléter son point de vue en prenant appui sur la tradition scripturale
de l'époque. Si tel était le cas, la forme structurelle d'un texte, en occurrence l'évangile
de Matthieu, pourrait signifier des choses par elle-même avant-même que le texte ait
commencé à livrer ses secrets.
Je ne tenterai pas ici de prouver cette deuxième intuition, ce qui me ferait déborder
du cadre de ce travail, quoiqu'elle puisse être des plus utiles dans des études
subséquentes.
Je l'ai dit, mon intérêt porte sur le premier évangile. Aussi, il me paraît essentiel de
montrer, à défaut de pouvoir le prouver hors de tout doute, que le texte, dans l'état où il
nous est parvenu, suit un plan structurel précis.
Pour appuyer mon exposé, j'utiliserai, le plus abondamment possible, les sigles
proposés par Marc Girard. En ce qui concerne le texte grec qui me servira de base pour
l'analyse, j'utiliserai trois sources distinctes58.
J'entends garder pour la dernière partie de mon exposé, les éléments les plus
intéressants dans le cadre de ce travail : les correspondances entre le début et la fin de
l'évangile de Matthieu. Mais avant, puisque, en général, il convient de distinguer au
moins trois niveaux de lecture, c'est-à-dire le mot, les parallélismes courts et les
parallélismes longs, je présenterai dans le même ordre, très brièvement, quelques
points de repères structurels qui semblent s'imposer à l'évidence.
Très simplement, je désire attirer l'attention du lecteur sur les formes structurelles
d'un texte. Je présuppose que la disposition du texte lui-même en dit déjà long sur le
contenu. Parfois même, nous le verrons, l'organisation du texte est de la plus grande
utilité pour mettre à jour un sens dont, trop souvent, les traducteurs et les éditeurs n'ont
pas eu l'heur de découvrir toute la richesse, faute d'appliquer la méthode d'analyse
structurelle.
58
The Greek New Testament, Fourth Revised Edition, 1994, Germany, Biblia-Druck ; CARREZ, Maurice,
Nouveau Testament interlinéaire grec/français, Traduction par Société Biblique française 1992, Swindon,
Angleterre, 1993 ; Ainsi qu'un site Internet : http://unbound.biola.edu/index.cfm?lang=English
40
Pour le Jésus de Matthieu, il ne suffit pas d'aimer béatement les ennemis qui
parfois fauchent des vies, mais de faire un pas dans leur direction et de leur souhaiter
par la prière la conversion plutôt que la mort.
TABLEAU 2
aya7iai8 KOU 7ipoaeox£<70s orcsp
a
Aimez et priez pour
b xooç exôpouç XCOV ÔUDKOVTCÛV b1
les ennemis les persécutants
c UHCDV vtxaç c
de vous de vous
Je l'ai mentionné plus tôt, la méthode d'analyse structurelle distingue les liens de
forme et les liens de sens. Dans le tableau suivant, Mt 10,39 laisse apparaître
clairement ce qu'est un parallélisme antithétique.
TABLEAU 3
o supcov KOU o anoXeaac,
a le trouvant et le perdant
a"
xr\v i|/uxr|v auTOU TT|V \]fV%r\V OCOTOU
b la vie de lui la vie de lui b
SVSK8V S^IOU
à cause de moi c
ooioÀecsi 8upr|crei
a" perdra trouvera a
aorr|v aurr|v
b1 elle elle b1
Ici, chacun des deux bouts de phrases constitue en elle-même une antithèse.
Mis ensemble, les deux mêmes segments constituent aussi une antithèse quant au
41
sens. La forme, elle, est chiastique (trou ver... perdre... perdre... trou ver). L'ajout d'un
complément causal en plein centre du second bout de phrase joue un peu le rôle d'une
pointe émergente. En utilisant les sigles appropriés, nous pouvons décrire ainsi le
procédé dans une formule : a b a"1 b1 // a"1 b / c / a b'
Bien habilement, Matthieu souligne l'inutilité des efforts personnels pour sauver
sa propre vie : ce qui pourrait avoir l'air d'une défaite n'en sera pas une si la raison de la
perte est Jésus Christ. Mais ce petit bout de texte en dit beaucoup plus : il laisse
entendre quelle devrait être la place du Christ dans nos vies, en plein milieu, au cœur
de toutes nos motivations.
D'une manière fort habile en Mt 8,20 (voir tableau 4), l'évangéliste semble vouloir
exprimer qu'une réalité peut à la fois être prise et comprise entre deux autres, et en
même temps les transcender au point de ne plus avoir de lien avec elles.
TABLEAU 4
59
Expression déjà utilisée par Roland MEYNET dans, L'analyse rhétorique : une nouvelle méthode pour
comprendre la Bible, Paris, Cerf, 1989, 347 p.
43
existe trop de détails de correspondances pour que l'ensemble soit le seul fruit du
hasard. Aussi je vais relever certains parallelismes à distance.
Pour peu que nous jetions un coup d'œil attentif, il saute aux yeux que ces deux
sections sont parallèles. La formule structurelle du parallélisme est d'autant plus claire:
ABCDE//ABCDE.
44
Un regard plus attentif, cette fois, révèle au moins deux autres éléments qui
semblent confirmer cette affirmation. Premièrement, d'un côté on a un sourd-muet
possédé d'un démon. De l'autre il est, en plus, aveugle. Comme si le pouvoir d'ouvrir
les yeux renchérit la surprise des foules et des Pharisiens. Ne paraît-il pas clair que
Matthieu a voulu exprimer que même si un prophète ou un grand Israélite peut guérir un
sourd-muet, seul le messie attendu peut ouvrir les yeux puisqu'il est Fils de David ?
3.3.2 Exemple d'un lien à distance entre un texte court et un texte long :
Mt 14,3-12 et Mt 26,57—27,61
Dès mon premier contact avec l'évangile de Matthieu, je m'étais retrouvé devant
un mur de questions sans réponse. J'avais cru percevoir un parallélisme entre la mort
de Jean le Baptiste et la mort de Jésus le Christ, comme si pour Matthieu, il n'y avait
qu'une seule manière de décrire la mort d'un prophète. Aujourd'hui, grâce à la méthode
d'analyse structurelle, je peux mieux démontrer que mon intuition était fondée.
45
TABLEAU 6
A Arrestation de Jean 14,3 26,57-64 Arrestation de Jésus
A1
B Motif de l'arrestation de Jean 14,4 26,65-66 Motif de l'arrestation de Jésus B1
Jean est pris pour un prophète 14,5 26,67 Jésus est traité comme un
C prophète
C
D La condamnation a lieu lors d'une
fête
14,6 27,15 La condamnation a lieu lors d'une
fête
D1
E Une femme intercède pour la mort
de Jean
14,8 27,19 Une femme intercède en faveur de
la vie de Jésus
E1
F Le roi est contristé et agit contre sa 14,9a 27,20-25 Le roi est contristé et agit contre
volonté sa volonté
F1
G Le roi donne ses ordres pour la mort 14,9b 27,26
de Jean
Le roi donne ses ordres pour la
mort de Jésus
G1
H Jean qui a prêché dans le désert,
meurt seul, écroué dans une prison
14,10 27,32-38 Jésus est envoyé à la mort,
immobilisé sur une croix, entouré
H1
de deux brigands
1 La "TÊTE" de Jean est apportée sur 14,11a 27-33
un plateau
Jésus meurt sur le Golgotha, lieu
du "CRÂNE"
r
J Les disciples de Jean emportent le
cadavre pour l'enterrer
14,12 27,57-61 Un disciple de Jésus prend le
cadavre pour le porter au tombeau
J1
Avant d'exposer son propre point de vue, Davies60 cite en toile de fond six
hypothèses ou théories sur l'organisation de l'évangile de Matthieu, celles de B.W.
Bacon, C.R. Lohr, J.D. Kingsbury, M.D. Goulderet R.H. Gundry.
60
DAVIES, William David, ALLISON, Dale C. Jr., A critical and exegetical Commentary on the Gospel
according to Saint Matthew, Edinburg, ICC, T. & T. Clark, 1988-1997, 3 vol.
46
manière que la Torah consiste en cinq livres contenant chacun une part de narrations et
de discours, ainsi en va-t-il aussi de l'évangile. Pour Bacon, Matthieu a organisé ses
sources dans le but de produire un nouveau Pentateuque61. Hypothèse intéressante
selon moi, mais qui néglige néanmoins toute une série de repères structurels.
TABLEAU 7
Le préambule ou prologue:
1-2: Le récit de la naissance
Livre 1 :
a. 3,1-4,25; Matériel narratif
b. 5,1-7,27 ; Le sermon sur la montagne
c. La formule: 7,28-29: " Et il advint quand Jésus eut achevé ces discours ..."
Livre 2:
a. 8,1—9,35: Matériel narratif
b. 9,36—10,42: Le discours sur la mission et la vie du martyr
c. La formule II, 1 : "Et il advint quand Jésus eut achevé de donner ces consignes ..."
Livre 3:
a. 11,2—12,50: Matériel narratif et débats
b. 13,1-52: L'enseignement sur le Royaume des deux
c. La formule: 13,53: " Et il advint quand Jésus eut achevé ces paraboles ..."
Livre 4:
a. 13,54—17,21 : Matériel narratif et débats
b. 17,22—18,35: Le discours sur l'administration de l'Église
c. La formule: 19,1 : " Et il advint quand Jésus eut achevé ces discours ..."
Livre 5:
a. 19,2—22,46: Matériel narratif et débats
b. 23,1—25,46: Le discours eschatologique et le discours d'adieu
c. La formule: 26.1 : " Et il advint quand Jésus eut achevé ses discours, ..."
Épilogue:
26,3—28,20: À partir du dernier repas jusqu'à la résurrection
61
DAVIES, William D., ALLISON, Dale C. Jr., A critical and exegetical commentary on the Gospel
according to Saint Matthew, p. 59
62
~ Ibidem p. 59
47
TABLEAU 8
TABLEAU 9
63
La Bible de Jérusalem a retenu cette option et la propose dans son édition de 1998, pp. 1669-1670.
64
DAVIES, William D., A L L I S O N , Dale C. Jr., A critical and exegetical commentary on the Gospel
according to Saint Matthew, p. 6 0
65
GOULDER, Michael D., Midrash and Lection in Matthew, LondonSPCK, 1974.
48
TABLEAU 10
À vrai dire, je suis convaincu qu'il s'agit là d'indices très intéressants. Peut-être
que si mon travail avait porté spécifiquement sur la recherche du plan pré-établi de
Matthieu, je me servirais de ces indices, mais, aussi intéressantes soient-elles, ces
observations ne peuvent être vues dans le cadre de ce travail que comme une
démonstration complémentaire du fait que Matthieu a bel et bien suivi un plan de
rédaction très élaboré.
66
DAVIES, William D., ALLISON, Dale C. Jr., A critical and exegetical commentary on the Gospel
according to Saint Matthew, p. 60
67
Ibidem p.61
68
Ibidem p.60
49
Pour ma part, je ne voudrais pas être en reste. Il me semble que mon intuition
première, qui bien sûr demande à être étoffée, a aussi droit de cité puisqu'aucune des
présentations précédentes n'a su faire la preuve formelle de son invulnérabilité face à la
critique. La mienne, comme les autres, ne saurait tenir la barre devant des biblistes et
des exégètes de haut niveau, mais j'ai l'idée que mon intuition première est à même de
donner un coup de barre vers un nouveau cap.
J'en profite pour exposer ici ma propre hypothèse de travail. L'évangile de Matthieu
semble avoir été composé en deux temps : tout d'abord, les textes ont été préparés
selon le sens et ensuite seulement organisés selon une forme69 prédéterminée. La
méthode d'analyse structurelle, qui s'attarde au niveau d'une lecture de surface, permet
de proposer cette hypothèse comme plausible. Toujours selon moi, l'évangéliste a
délibérément voulu situer le Christ comme étant ni d'ici ni de là, mais à la fois d'ici et de
là, à la fois Dieu et homme.
69
Je suppose que Matthieu a du dresser un plan d'ensemble du travail qu'il entendait écrire. Par
exemple, le début ouvre sur la généalogie, c'est à dire ce qui vient avant, puis vient la naissance, tandis
qu'à l'autre bout, à la fin, il y a la mort et ce qui a suivi la résurrection. De nombreuses sections parallèles
de Matthieu peuvent avoir ainsi montées comme sur un canevas puis composées par la suite. Avec un tel
canevas, la tâche est simplifiée car elle permet à quelques collaborateurs, des scribes aguerris de se
pencher sur l'écriture de telle ou telle section pour regrouper le tout, toujours selon le sens voulu, en une
forme harmonieuse. Des indices de correspondances inclus dans divers tableaux laissent présager cet
écho-système d'écriture, non comme le fruit du hasard, mais comme un désir clair de l'auteur de faire dire
au texte plus que le texte n'en dit au premier coup d'oeil.
50
Je note avec surprise qu'en regardant avec un haut degré d'attention les
structures de surface révélées au moyen de la méthode, j'en arrive à repérer quelques
structures profondes, et ainsi, à redonner vie et sens à des mots ou expressions qui
pourraient être compris différemment de l'interprétation habituelle. Encore une fois, je
dois me ramener au cadre de mon travail de recherche. Ma formation académique, à ce
stade-ci, ne me permet pas de porter un regard critique suffisamment autorisé sur le
travail de mes prédécesseurs. Je m'attarderai donc ici à noter mes observations, en
tentant d'éviter de jouer à l'insecte qui se prend dans la toile d'araignée.
TABLEAU 11
Ayant appelé à lui ses douze 10,1 11,1 Et il advint, quand Jésus et
disciples... achevé de donner ces consignes
à ses douze disciples...
Même si je suis devenu assez à l'aise avec les sigles de la méthode d'analyse
structurelle, je dois cependant avouer une certaine impuissance à codifier tous les
éléments rencontrés, tellement ils sont légion et tellement les formes sont variées.
51
Comme l'illustre le tableau 12, mon attention fut attirée par plusieurs détails. Au
tout début de l'évangile, un ange du Seigneur annonce à Joseph (a) que Jésus s'en
vient (vP), alors qu'à la toute fin, un ange annonce aux deux Marie (©), que Jésus est
reparti (<ts), le tout formant un parallélisme de type polaire bidirectionnel, comme le
montre la formule structurelle : a^ + a»1" = S.
TABLEAU 12
Mt1,20 Mt 28,1b; 2b; 4; 5a
[...] IÔOO (XYYE^OÇ KUplOU [...] r|A.08V uxxpia T] |a<XYÔa?ir|vr|
KOCT ovccp etyavx] aux© Àeyoov Kca r| aXXr] fiapia GecopTjcrai tov xa<|)ov
KOCTTI((> o i o ç 8auiô [...] ayyeÀoç yap Kupiou
KaxaPaç s£ oupavoo m i 7ipooeÀ6cov
[...] owio ÔE TOO <|>O{3OD autou
EasicrGTjaav oi rn,pouvTEç
UT] «froPTlGTlÇ [...] [...] UT) <|>oPexa6e ousiç
[...] alla Marie la Magdalena
et l'autre Marie regarder la tombe
[...] voici un ange du Seigneur [...] un ange, en effet, du Seigneur
en songe apparut à lui disant descendu du ciel et s'étant approché [...]
Joseph fils de David [...] de la crainte de lui
tremblèrent les gardes [...]
ne pas crains [...] [...] ne pas craignez, vous [...]
Je crois maintenant qu'il est temps d'élargir l'angle de vision (tableau 13), car je
pressens des liens plus larges, moins organisés, mais thématiques et complémentaires,
notamment pour les sections comprises entre 1,18-2,28 et 27,45-28,20.
TABLEAU 13
Le début La fin
Un ange du Seigneur apparaît 1,23 28,6 Un ange du Seigneur apparaît
avant la naissance annonçant après la mort annonçant que
la venue de Jésus Jésus est reparti
Le roi s'informe où est le roi 2,4 27,37 Un Romain attache un écriteau
des Juifs mentionnant que celui-ci est le
roi des Juifs
La naissance a lieu la nuit 2,1-11 27,45 La mort a lieu le jour
(présence d'une étoile) (obscurité à midi)
Obéissant à l'ange, les mages 2,12 28,8 Obéissant à l'ange, les femmes
partent sans alerter personne partent en allant annoncer la
nouvelle
Le roi veut faire mourir Jésus 2,13 27,1 Les grands prêtres et les
enfant anciens veulent faire mourir
Jésus adulte
TABLEAU 14
Mt2,1b;2b Mt 27,45
[...] IÔOO u.ayoi ocrco ocvaxoÀcov îiapeyevovxo cwio 8e EKrriç copaç
[...] eiôou.ev yap auxoo TOV aercepa CTKOTOÇ syevexo em rcaaav xrçv yn.v
8V TT| avaxoÀri KCU r|À0ou.8v [...] ecoç ©paç evvaxriç
Voici des mages d'Orient arrivèrent Depuis la sixième heure
[...] nous vîmes en effet de lui l'étoile en une ténèbre survint sur toute la terre
Orient et nous sommes venus [...] jusqu'à l'heure neuvième
TABLEAU 15
Mt2,2 Mt 27,37
7tOO SCTTIV OUTOÇ SCTTIV IT)CTOUÇ
o xsyQsiç flaaiXsvç xœv louSaiov o PamXsoç xe>v touSairav
Où est le étant né roi des juifs ? Celui-ci est Jésus le roi des juifs
54
TABLEAU 16
Mt2,10 Mt 27,54
IÔOVTEÇ ôe xov acrtspa O 08 EKClTOVTapXOÇ KCU Ol [iZX (XOTOU
E%apiiaav xapav neyaÀriv a<j>oôpa f...l E4>o3T]6T]Gav a<|>oôpa
Ayant vu l'étoile ils se Le centurion et ceux avec lui [...]
réjouirent fortement craignirent fortement
Comme je viens tout juste de le souligner, serait-ce trop forcer la note que de
conclure que Matthieu a voulu souligner que la venue du Christ, en chacun de nous, est
comme une lumière dans la nuit, et que la mort du Christ dans nos vies est comme de
vivre dans les ténèbres en plein jour ? Le positif devient négatif sans le Christ, et le
négatif devient positif avec le Christ.
longueur. Pour peu que la prise soit ferme et la technique affinée, si le premier élan est
correct, il sert simultanément de point d'arrivée et de support de lancement vers l'élan
suivant, jusqu'à ce que la manœuvre soit complétée et réussie.
Je ferai plus tard la critique de mon premier saut. Pour l'instant, je tiens à
exposer quelques indices structurels supplémentaires. Le lecteur pourra croire qu'il ne
s'agit là que d'une exposition vaine. Pourtant, il n'en est rien. Jamais, sans la critique
structurelle, je n'aurais pu mettre à jour chacun des points qui suivent, et qui, comme
dans un troisième élan, seront regroupés selon un plan de rédaction assez étonnant.
Telle une taupe dans le noir, j'ai glissé d'une intuition à une autre, m'éclairant
sous le fanal de la méthode, me rassurant d'une oreille attentive et m'encourageant à
chaque nouvelle découverte.
TABLEAU 17
Mt5,18 Mt 24,35
soc av TiapeA.011 o oopavoç Kai T\ yn o oopavoç Kai TI yn rcapeXeoaovxai
icoxa EV T) ^iia Kspaia ou \ir\ o i ôe Xoyoi pou ou JITJ TiapeXBroaiv
napeXQr\ cwto TOO vojiou
scoç av 7KXVTCC ysvîixai
Jusqu'à ce que passe le ciel et la terre Le ciel et la terre passeront
iota un seul ou un seul tiret pas de danger les mais paroles de moi sûrement pas ne
passe de la loi jusqu'à ce que tout soit arrivé passent
3.6.2 Mt 7,7//Mt21,22
TABLEAU 18
Mt7,7 Mt 21,22
avreixs Kai ôoG^asTai op.iv 7iavxa oaa av avrnOTITE
8V XT] TtpoaSOXTl 7ri(Xt£UOVT£Ç
A.T)\|/8(T6&
Demandez et il sera donné à vous Tout ce que vous demanderez
dans la prière croyant
vous le recevrez
que Jésus la prélève dans la Bible juive en exprimant dans une synthèse bipolaire
l'essentiel de la relation avec Dieu (a) et avec les humains (ta).
TABLEAU 19
Mt7,12 Mt 22,37-40
aycwrricjeic Kopiov xov Bsov aou [...]
Tiavxa ouv o a a a v BeA-T^xe i v a rcoicoaiv ufiiv
01 av0po)7ioi ayowrnaeic xov 7tÀ,r|aiov aou [...]
OOTOOÇ KOCI ousiç 7CO181TE aoxoiç EV xauxaiç xaiç ôuaiv EVXOÀOUÇ
ouxoç yap eaxiv O VOU.OÇ K<XI ox n p o ^ t a i OÀOÇ o vonoç Kai oi npo^-qxai Kpejiavxai
Tout, donc, ce que vous voulez que fassent Tu aimeras Seigneur le Dieu de toi [...]
pour vous les humains, Tu aimeras le prochain de toi [...]
ainsi aussi vous faites à eux À ces deux commandements
Ceci en effet est la loi et les prophètes toute la loi et les prophètes sont suspendues
TABLEAU 20
Mt 7,13-14 Mt 22,14
710A.A.01 eioiv 01 siaepxonsvoi 5i amriç [...] TIOAAOI yap siaiv KÀr)toi
oXiyoi siaiv 01 EUPIOKOVTSÇ aurnv oÀiyoi Se SKÀ8KTOI
Nombreux sont les entrant par lui [...] Nombreux, en effet, sont appelés
Peu nombreux sont les trouvant lui Peu nombreux mais élus
C'est le tableau 21 qui m'a réservé le plus de surprise. Je pensais au tout début
que le logion sur les «pleurs et les grincements des dents», Mt 8,12 et Mt 22,13, faisait
l'objet d'une simple répétition à distance. Mais quelle fut ma surprise lorsque, grâce à la
58
méthode d'analyse structurelle, j'ai pu comparer les deux textes en incluant le contexte
immédiat. Le jeu en valait la chandelle.
TABLEAU 21
Mt 8,10-12 Mt 22,9-13
[...] o ir|aooç...£i7r8v xoiç CCKOAOUOOUCJIV
wap ooôevi xoaauxTiv TCICTXIV ev xeo lapa-rjA,
eopov
Là sera le pleur et le grincement des dents Là sera le pleur et le grincement des dents
TABLEAU 22
Mt 8,26 Mt 14,31
TI ôeiÀoi saxe oA.iyO7IlCTT£
oA,iyo7iiaxoi sic TI eôiaxaaaç
Pourquoi peureux êtes-vous, Peu croyant
peu croyants ? pourquoi doutas-tu ?
peut se retrouver guérie. Mt 14,36 généralise : tous les malades qu'on amène à Jésus
cherchent «seulement» à toucher la frange du manteau.
TABLEAU 23
Mt 9,20-22 Mt 14,36
Ken. IÔOO yuvr) aijioppoooaa Kai 7ipoaîivEyKav a u t o
ôcoôsKa STT] 7ipoasX6ouaa OTUG9EV Tiavtaç xooç KOCK©Ç E/ovxac
T]\j/axo xou icpaa7C8Ôoo xou i ^ c m o u aoxou
Kai 7iapEKaA.ouv auxov tva
sksyev yap ev saurn eav |iovov
avj/eojiai xou i f m x i o u aoxou
CTCoGridop-ai
\LOVOV
O ÔE IT|OOUÇ S7llOXpa(|)ElÇ avyœvxai xoo Kpaa7teôou xou i^axiou auxoo
Kai iSov auxr|v sircev Kai oaoi TIHKXVXO 8iecco9iiaav
Gapasi Guyaxep
TJ 7UCTTIÇ OOUCTeaOKEVCTEK a i
EafflOîi i l ywvîi a7ro xr\q ©paç EKEIVTJÇ
Et voici une femme perdant du sang depuis [...] et portèrent auprès de lui tous les ayant
douze ans venant auprès par derrière mal
toucha la frange du vêtement de lui
Elle disait en effet en elle-même si seulement et ils invitaient lui pour que seulement
je touche le vêtement de lui, je serai sauvé ils touchent la frange du vêtement de lui
celui-ci Jésus se tournant et voyant elle dit
la foi de toi a sauvé toi et
fut sauvée la femme à partir de l'heure celle-là et tous ceux qui touchèrent furent sauvés
Dans le même environnement textuel (Mt 9 et 14), deux brèves paroles de Jésus
appellent au courage. La première, Mt 9,22b, est un appel individuel, alors que la
seconde, Mt 14,27b, sonne un appel communautaire (tableau 24).
TABLEAU 24
Mt 9,22b Mt 14,27b
OapGEi Buyaxep TI maxiç aouCTEGCOKEVCE Bapaetxe eyco EIJU J*n ^OPEIOOE
Aie courage, fille, la foi de toi a sauvé toi Ayez courage, moi je suis, ne pas craignez
61
3.6.9 Mt10,11a.15//Mt11,23a.24
TABLEAU 25
Mt 10,11a.15 Mt11,23a.24
sic r|v 8 a v 7ioA.iv r\ KODJITIV Eias>i,0r|TS [...] KouCTOKowtepvaouu.
70
Voir le point 3.4
71
Au tableau 27, j'illustre assez clairement mon hypothèse sur le sujet. Selon ma lecture guidée par les
principes de l'analyse structurelle, il semble que chacune des sections débute par une mise en route
soulignée par l'expression "Et il advint que...", à chaque fois, par la suite, l'expression est suivie d'un
discours, pour finalement se terminer par une recommandation.
63
Malgré les risques, on me permettra d'exposer (voir tableau 27), mon intuition en
espérant que quelqu'un d'autre, quelque part, poussera la roue un peu plus loin. J'en
arrive à sept troncs, construits autour d'un thème central.
TABLEAU 27
SECTION 1 MT 1,1-2,23 SIGLES
Mt1,1 Genèse de Jésus Christ, fils de David, fils d'Abraham
THÈME LA GENÈSE et LA NAISSANCE
Mt 2,22-23 Jésus arrive au point de départ de sa mission
SECTION 2 Mt 3-7,27
Mt 3,1-4,25 En ces jours là, arrive de Jean le Baptiste suivi de Jésus,
tous les deux disant :
« Repentez-vous le Royaume des Cieux est proche »
THEME LE SERMON SUR LA MONTAGNE
Mt 7,21—27 Recommandation pour entrer au Royaume des Cieux
SECTION 3 CH. 7,28-10
Mt 7,28 : Et il advint quand Jésus eut achevé ...
THÈME LE DISCOURS DE LA MISSION (extraverti ) C->
Mt 10,37-42 Recommandation pour être un vrai disciple
SECTION 4 CH. 11,2—13,52
Mt11,1 Et il advint quand Jésus eut achevé ...
THÈME LE DISCOURS DES PARABOLES
Mt 13,1—52: Recommandation pour entrer au Royaume des Cieux
SECTION 5 CH. 13,53—18,35
Mt 13,1-52 Et il advint quand Jésus eut achevé ...
THÈME LE DISCOURS COMMUNAUTAIRE (introverti ) C<-
Mt 18,1-35 Recommandation pour entrer au Royaume des Cieux
SECTION 6 CH. 19—25
Mt 19,1 : Et il advint quand Jésus eut achevé ...
THÈME LE DISCOURS ESCHATOLOGIQUE Bt
Mt 25,1—46 : Recommandation pour entrer au Royaume des Cieux
SECTION 7 CH. 26—28
Mt26,1 : Et il advint quand Jésus eut achevé ...
THÈME LA PASSION ET LA RESURRECTION At
Mt 28,18b—420: Recommandation aux disciples pour faire entrer le peuple
dans le Royaume des Cieux
64
3.8 Conclusion
Ce que j'ai tenté de faire en petit dans les pages précédentes, il faudrait sans
doute que je le démontre en long et en large, pour mieux expliquer comment cet
agencement global supporte et révèle le sens. Mais comme il s'agirait là d'une tâche
titanesque, compte tenu des proportions de ce mémoire, on me permettra de limiter
mon échantillonnage au début et à la fin de l'évangile (A>1 et At), en vue d'une
application pédagogique et pastorale.
65
CHAPITRE 4
4.1 Le groupe-témoin
Le groupe-témoin sélectionné pour la mise à l'essai d'un échantillon, c'est à dire les
deux extrémités de l'évangile de Matthieu, est un groupe de lecture biblique existant
depuis plus de sept années dans la paroisse Saint-Philippe de Jonquière72.
J'ai arrêté mon choix d'une pédagogie de présentation sur une combinaison de
cinq procédés, en alternance : de brefs exposés magistraux, utilisation du tableau noir,
présentation par acétates, interaction avec les membres et, enfin, mise à l'essai d'une
participation plus créatrice.
72
Sous la responsabilité de Mme Anne-Marie Chapleau, les membres se réunissent au moins une fois
par mois pour étudier et partager ensemble. L'âge moyen des participants se situe autour de quarante-
cinq ans. Bien que le groupe compte deux hommes, un seul assistait à la rencontre.
66
compris que Matthieu a utilisé un procédé d'écriture dont la clé reste encore à
découvrir.
4.5 Le climat
8. " Pour beaucoup, après la messe, c'est fini, il faut faire plus."
9. " Dieu me dépasse, il est au-delà de ce que je peux imaginer."
10." Dieu est le Tout-Autre."
11. " II faut faire des liens entre la Bible et notre vie de tous les jours."
12." C'est important de nourrir sa foi."
Surpris, mais plus motivés que jamais à lire différemment la Bible, en tout cas
l'évangile de Matthieu, les participants ont été littéralement fascinés par la structure de
composition de Matthieu, telle que présentée du moins. Ils se sont dit empressés de
pouvoir mettre la main sur un "futur livre" qui étalerait au grand jour toutes les
correspondances de mots et de sens dans l'évangile de Matthieu. Déjà, cette simple
demande montre bien le réel intérêt pour une relecture contemporaine et renouvelée
des évangiles. Peut-être, après tout, n'y a-t-il pas une si grande différence entre ce que
les gens vivaient comme questionnement au temps d'Hérode et ce que nous vivons
aujourd'hui ! Seules les expressions et la façon de les exprimer changent, le fond reste
le même.
Au fil de la rencontre, j'ai eu une l'idée de leur tendre un piège pour vérifier leur
degré de motivation. Presque tous avaient sous la main une copie de la Bible, la leur ou
une fournie par Mme Chapleau. À mesure que je leur parlais de l'ange de Dieu au début
et à la fin de l'évangile, ils vérifiaient si ce que je disais était conforme à la Bible.
Quand je leur ai proposé de trouver l'écho qui, plus loin dans l'évangile, correspond
à la fuite en Egypte de Joseph, Marie et Jésus, l'exercice a ressemblé un peu à une
course contre la montre, les Bibles se sont ouvertes et durant quelques minutes, tous
les yeux étaient partis à la recherche du parallélisme manquant. Encore plus que la
curiosité, ils étaient mus par le goût de la nourriture biblique. Ils n'ont pas trouvé le
parallèle, mais la motivation à continuer à chercher la réponse était visible sur leur
visage.
68
Pourquoi, alors que la coutume catholique n'encourage pas encore tellement une
lecture personnelle ou communautaire de la Bible, certaines personnes font-elles
soudain une démarche de lecture à l'intérieur de groupes restreints comme celui de
Mme Chapleau ? Qu'est-ce qui les pousse à se joindre à ces groupes, à participer, à y
rester ou à en partir ? Voilà aussi quelques questions sous-jacentes à mon travail
d'observation sur le terrain et auxquelles je devais tenter de répondre.
Alors que plusieurs délaissent l'Église catholique pour se tourner vers des
Églises protestantes, évangéliques, ou encore vers un des nombreux mouvements
religieux plus ou moins sectaires, certains font un autre choix, celui de retourner à la vie
de Jésus Christ racontée dans la Bible. En fait, on y vient pour se nourrir, pour savoir et
pour connaître.
Il est clair que les participants à ces soirées d'études bibliques veulent
profondément comprendre et entrer dans une relation personnelle avec le Christ. Selon
les mots d'une participante, avant de se sentir "catholique", il faut se sentir "chrétien"
dans le sens le plus pur du terme. Le retour aux sources et aux petites communautés
de base, de foi et de partage devient donc la réponse à la quête d'une source de
nourriture spirituelle à partager.
les groupes de lecture biblique, mais pas n'importe comment et encore moins sous la
direction de n'importe qui. Il y a un manque flagrant d'animateurs dans ce domaine, des
gens de foi capables de faire une double lecture de la Bible, une lecture de foi et une
autre plus technique, voire plus structurelle.
Un autre souhait général a été exprimé. Par delà les correspondances binaires à
l'intérieur de l'évangile, celui de réussir à ajouter un troisième élément parallèle : le vécu
d'aujourd'hui. Sans être des spécialistes de la Bible, mais ayant au moins le mérite de
répondre sincèrement et avec cœur à l'appel de l'Esprit de comprendre la Parole de
Dieu, tous sont d'accord sur l'importance d'actualiser la Parole par des exemples, tirés
des différents livres de la Bible, qui collent à la peau. Un écho-système qui met en
relation trois personnages, Dieu, l'auteur (l'évangéliste) et le lecteur. Sorte de trinité qui
rend possible une relecture de la Parole vivante.
des participantes m'a demandé quel pouvait bien être la partie qui répond, comme en
écho, à Jésus apaisant la tempête (Mt 8,23-27). Un autre participant, s'attardant à
l'ordre dans lequel j'avais présenté les premiers parallélismes, répondait qu'il s'agissait
peut-être de la section où Jésus marche sur les eaux alors que la barque est secouée
par les vents (Mt 14,22-33).
Il n'aura fallu pas plus de quelques minutes pour qu'un groupe de lecteurs
bibliques réussisse à comprendre un peu comment fonctionne l'écho-système de
l'évangile de Matthieu.
Une piste de relecture a été proposée par les participants eux-mêmes : Jésus a
plein contrôle sur le mal, à tel point qu'il le foule au pied. Jésus, Fils de Dieu, réussit par
sa seule présence à calmer les angoisses et à chasser le mal (8,26), il est capable de
sortir du mal celui qui s'y enfonce par manque de foi (14,31).
4.12 Conclusion
Bien que cette observation, sur le terrain, ait été très brève, elle n'en demeure
pas moins significative. Il suffit de peu pour stimuler le désir de chercher le sens du
message chrétien dans les évangiles. Mais il faut avant tout tracer des paramètres de
recherche et de lecture, pour ensuite faire confiance aux participants, à leur maturité, à
leur motivation, pour qu'ils trouvent d'eux-mêmes des pistes de relecture qui collent à la
peau de la réalité contemporaine.
71
Chapitre 5
Projet d'intervention plus élaboré
Perspective d'actualisation comparée entre le début et la fin
de l'évangile de Matthieu dans la pratique pastorale de la Parole
Il apparaît évident que pour faire école, la méthode doit descendre dans la rue,
au ras du sol, en se simplifiant au maximum.
73
GROOME, Thomas H., Christian Religious Education Sharing our Story and Vision; Dove
Communications, Melbourne, Australia, 296 p.
73
Mon projet, apparemment innovateur, aurait pu être réalisé depuis vingt siècles
déjà. La foi chrétienne repose sur la réalité de la résurrection du Christ, sur la Pâque,
sur le passage. Mais qui est donc ce Christ en croix ? d'où vient-il ? comment sait-on
qui il est ?
Après avoir balancé le bébé avec l'eau du bain, nous sommes, socialement, en
pleine "crise de foi", en pleine course de recherche de sens. La multiplication des
mouvements sectaires est un signe apparent que quelque chose de profond, d'invisible
presque, se produit quotidiennement chez nous. Il faut savoir répondre à cette
demande de sens, en présentant efficacement, avec les moyens les plus actuels, le
message du Christ. Nous l'avons vu plus tôt, alors qu'on cherche le Christ comme des
aveugles dans le noir, une petite lumière guide vers lui. Pour que les gens la voient, il
faut trouver la mèche, l'allumer, l'entretenir, mais surtout il faut garder le goût de la
lumière du monde. En pleine nuit, même pour les étrangers, pour peu qu'on y soit
attentif, la lumière devient buisson et source de vie éternelle.
74
Six (6) enfants, en incluant ceux de ma conjointe, dont l'âge varie de 2 à 23 ans.
75
Les enfants ont vite remarqué la différence de couleurs entre les cartons : le
cadre du premier acte se déroule la nuit, à cause de l'étoile, et le deuxième acte se
déroule le jour, avec des nuages qui obscurcissent le ciel.
Ils n'ont pas été plus loin que cela dans leur observation et je n'ai pas voulu
insister non plus. Alors je leur ai demandé comment ils aimeraient que ce projet leur soit
présenté, si je devais rencontrer toute leur classe.
Mon projet pour ce groupe se résume à ceci : les mettre au travail par des jeux
éducatifs, instructifs (foi et raison), et créatifs. Il y a toute une réflexion pédagogique à
faire ici sur ce domaine particulier. Je ne suis pas un spécialiste en pédagogie. Alors
beaucoup d'aspects de ce domaine m'échappent, mais il semble clair qu'il sont tout à
fait prêts et disposés à apprendre par le jeu éducatif.
Mon avis est qu'en intéressant ainsi les plus jeunes à la découverte des
évangiles, par des tableaux, des casse-tête, des coloriages et autres activités, ils
développeront à la fois un esprit d'analyse textuelle et leur connaissance du premier
fondement de la foi, les Écritures. En agissant de la sorte, une graine de désir et de
connaissance sera semée. Restera à bien soigner la moisson.
76
Je l'ai exprimé plus tôt75, les adolescents sont à un âge où la quête de liberté les
amène à tout jeter par-dessus bord. Malgré tout, avec des préoccupations bien à eux,
ils ne sont pas coupé du monde, ils sont tantôt des témoins, tantôt des acteurs.
Lorsqu'ils ont l'occasion de se montrer sous leur meilleur jour, ils n'hésitent pas à
soulever des montagnes, mais encore faut-il que la motivation viennent d'eux-mêmes et
non qu'elle leur soit imposée.
Mettre des ados en appétit de la Parole n'est pas une mince affaire. Mais nous
pouvons compter sur un allié de taille, l'ordinateur.
75
Voir au point 2.4.1
77
Dans une première étape, je propose d'utiliser un groupe-témoin, soit une classe
d'informatique, soit une classe régulière, et de leur demander de préparer, au moyen du
procédé Power Point, une présentation sur les ressemblances, les différences, les
correspondances, les antithèses ou les parallélismes entre le début et la fin de la vie
d'un humain.
Entourage : Alors que l'enfant naissant a besoin d'être entouré de ses parents, le
mourant a besoin d'être entouré de ses enfants.
76
En fait, 5 garçons et 2 filles âgés de 18 et 19 ans qui fréquentent l'école St-Michel de la Commission
Scolaire de la Jonquière, aussi nommée le Centre d'éducation aux adultes.
77
Comme instructeur en art martial et eux comme mes étudiants.
78
Foi : Les parents ont tendance à transmettre à leurs enfants leurs valeurs
spirituelles qui s'expriment à la naissance par le baptême et lors de la mort
à travers le sacrement des malades et la célébration des funérailles.
Hôpital : Chez nous, généralement, autant la naissance que la mort survient en
milieu hospitalier.
Héritage : Lors de la naissance, le bébé hérite des caractéristiques génétiques, mais
aussi des biens matériels, alors que celui qui meurt transmet ce qu'il a et
ce qu'il est.
Intimité : La naissance et la mort sont deux événements qui se vivent dans l'intimité
mais qui ont des répercussions pour toute la famille.
Loi : Lors de la naissance et de la mort, il y a toujours au moins un témoin
officiel qui signer un constat, généralement le médecin.
Nourriture : Le bébé a besoin de nourriture physique pour grandir sainement et le
mourant a besoin de nourriture spirituelle pour mourir sereinement.
Partage : Tout le monde se rassemble autour du nouveau-né pour célébrer et
partager des paroles d'espoir, alors que les mêmes gens se rassemblent
autour du mourant pour se soutenir et partager des souvenirs.
Sécurité : Aux deux bouts de la vie, le passant a besoin de sécurité, il a besoin de se
sentir entouré, réconforté, emmailloté. Car il semble que le passage soit
douloureux.
Solitude : On naît seul et on meurt seul. Personne ne demande à naître et personne
ne devrait à avoir à demander de mourir.
Témoignage : À la naissance, la famille témoigne de sa joie et, lors du décès, elle
témoigne de son chagrin.
Comme il est facile de le constater, les jeunes en ont long à dire sur les deux
extrémités de la vie. Comment maintenant continuer ma démarche d'intervention ? Par
une deuxième étape, une initiation sommaire à une méthodologie.
79
Un premier essai sommaire qui n'aura même pas duré une heure ne peut pas
prétendre déboucher sur une recette-miracle. Mais l'intérêt a été suffisamment marqué
pour que des efforts mis dans cette direction soient prometteurs. Inutile d'exposer
toutes les possibilités de structures puisque la présentation sommaire ne comportait
que l'utilisation de flèches et de deux lettres grecques, a et a>. La méthode, même
simplifiée au maximum, est riche et susceptible de capter l'intérêt des jeunes chez qui la
familiarité avec l'informatique rend plus facile l'intégration de certaines notions
mathématiques.
D'une part, nous savons que la méthode peut être simplifiée et garder toute sa
saveur pour mettre en appétit. D'autre part, nous savons aussi qu'en rejoignant ces
jeunes au cœur de leurs préoccupations, ils sont prêts à faire des grands efforts
d'apprentissage, d'analyse et de compréhension. J'en veux comme preuve les efforts
que les membres de mon groupe-témoin78 ont mis à trouver des parallélismes entre la
vie et la mort. Ainsi, s'il est bien mené, mon projet à toutes les chances de conduire à
une certaine renaissance de l'intérêt pour l'évangile.
Mon projet, pour prendre racine, doit s'inscrire dans un cadre plus structuré, à
l'intérieur même des murs de l'école. Je propose une démarche en deux étapes,
initiation et mise en rapport, mais plus précisément en six temps à la fois distincts et
interreliés. Une démarche qui présuppose une alliance entre deux départements, celui
de l'informatique79 et celui de l'enseignement religieux80.
Avec un investissement de plus ou moins une heure par semaine, mon projet
s'échelonne sur une année scolaire et ce, dès le début du niveau secondaire.
78
Voir les points 5.2.2.2 et 5.2.2.3
79
Lieu d'expression de la raison.
80
Lieu d'expression de la foi.
81
Tel que je le suggère au chapitre 3
81
2° temps : Initiation à Power Point. Nous l'avons vu82, nous sommes dans une ère
visuelle, les jeunes grandissent dans une culture des communications, ils
en sont à la fois le produit et les producteurs. Pour les rejoindre
efficacement, un exposé magistral ou la lecture d'un livre en noir et blanc a
beaucoup moins de chance de captiver leur attention, alors c'est de ce
côté que nous devrons mettre des efforts. Power Point, comme support
d'approfondissement de la Parole, a toutes les chances de réussir puisque
la démarche d'apprentissage suppose un investissement personnel,
conformément aux principes pédagogiques mis de l'avant dans mon
chapitre de problématisation.
82
Voir le point 2.2.7
83
Voir les points 5.2.2.2 et 5.2.2.3
84
Évidemment, le lecteur aura compris qu'il n e s'agit pas de faire des adolescents des apprenti-exégètes,
mais plutôt, progressivement, d e les amener à comprendre le langage de la méthode et comment, dans
une autre culture, cette manière d'écrire pouvait donner d u sens a u texte. Une méthode simplifiée et
adaptée à cette clientèle serait sans doute préférable.
82
les prendre pour des enfants, ils n'en sont plus, ils veulent avoir droit au
chapitre et il faut leur en donner l'occasion. En s'appropriant la méthode,
déjà ils seront plus autonomes, donc plus aptes à l'appliquer. Il ne reste
évidemment qu'à leur fournir de quoi aiguiser leur bec, un texte choisi,
celui de l'évangile de Matthieu.
J'ai exposé un peu plus tôt certains mots clés86 : l'entourage, le lieu de la
naissance, l'intimité, la nourriture, le témoignage et d'autres, ces mêmes mots ne
sauront faire autrement que d'être soulevés dans un travail sur les deux extrémités de
85
Voir le point 5.2.2.2
86
Ibidem
83
l'évangile de Matthieu. Parti prenante de nos vies, Jésus Christ a inscrit avant nous son
histoire dans le grand livre de Dieu. Les parallèles avec la vie contemporaine sont
légion. L'ange qui annonce la venue et le départ, c'est le corps médical. L'enfant qui naît
pour sa mission, c'est chacun de nous dans le plan de Dieu. La présence de quelques
personnes seulement lors de la naissance et de la mort de Jésus est suffisante pour
rendre témoignage du "passage".
5.2.2.5 Conclusion
À cet âge, et puisque la démarche n'est pas encore un choix personnel, faire plus
m'apparaît difficile. Mais avant qu'ils ne soient détournés du chemin du Christ par toutes
sortes de mouvements parasitaires, de grands efforts devraient être investis dans une
nouvelle approche catéchistique de la Parole, notamment en utilisant au maximum les
procédés visuels, dont l'informatique. Tout n'a pas été découvert et encore moins dit sur
le sens des évangiles.
motivation. Un projet aussi inattendu que celui de vérifier les chances d'une méthode
d'exégèse en terrain populaire doit absolument tenir compte des caractéristiques de
l'adulte.
Nous savons que, malgré leur grand appétit de la Parole, ces adultes ne sont
pas tous prêts et disposés, socialement ou monétairement, à investir dans
l'informatique. Qu'à cela ne tienne, l'essentiel n'est pas le plat dans lequel on mange,
mais le repas lui-même. Aussi, je propose, pour les adultes, un repas santé, un repas
minceur qui permet d'enlever un peu de gras pour ne laisser que la bonne viande.
Power Point peut abondamment être utilisé par les adolescents, mais face à de
nouveaux outils, certains parmi les plus âgés se sentiront tellement diminués de ne pas
être à la hauteur qu'ils feront volte-face. Ce qui vaut pour les jeunes vaut aussi, mutatis
mutandis, pour les adultes. À chacun sa méthode.
87
Voir à ce sujet le chapitre 4
85
Ce n'est qu'après cette première présentation, qui doit être vue comme une
occasion de relecture actuelle, que peuvent être intégrés, point par point, les sigles de
la méthode, si utiles pour visualiser ce que l'auteur entendait dire par ses écrits
organisés.
Après que le discours de la raison ait écarté de la main ce qui lui échappait, la
méthode (raison) au service de la Parole (foi) m'apparaît comme un juste retour des
choses.
Et puisque les adultes sont capables d'autonomie, je propose donc, une fois les
rudiments acquis, et non la méthode sous sa forme originale, de mettre en œuvre des
comités de liturgie signifiants, qui préparent Noël durant l'Avent ou Pâques durant le
Carême et qui mettent de l'avant des activités ou des lectures pour les assemblées
réunies pour partager le pain de vie.
L'évangile de Mathieu, ce n'est pas que le début et la fin, c'est aussi tout le reste,
l'histoire, le contexte, les paroles, les guérisons et les voyages. Tout est sujet à
relecture au moyen de la méthode d'analyse structurelle, il convient de ne pas l'oublier.
Plus que jamais, le formateur, l'animateur participant dont nous avons tracé le
profil un peu plus tôt88, doit être à la hauteur de sa tâche pour en arriver à une relecture
qui colle à la peau, qui nourrit le vécu, qui transforme un étang en un ruisseau limpide,
pour finalement relancer la vie ailleurs, un peu plus loin.
Une chose est claire, le postulat "vérifier les chances de la méthode structurelle
en terrain populaire" contient les pistes de solution recherchée. Après des efforts de
synthèse et de simplification de la méthode d'analyse structurelle, après la planification
et l'amélioration d'une pédagogie d'enseignement adaptée à une clientèle adulte en
quête de sens89, après avoir acquis la sécurité et la maturité propre à toute nouvelle
approche, il faut aller un peu plus loin et ouvrir les bras, non pas pour prendre mais
pour donner à pleine main.
Avant toute chose, il faut oublier le mot performance pour le remplacer par
l'expression "prise de sens". Pour les adultes, ce qui compte, c'est de connaître pour
maintenant. Chaque rencontre doit apporter des réponses. Pas question de planifier
une formation de type académique comme je l'ai proposé pour les adolescents90, mais
plutôt d'offrir un mode de fonctionnement pouvant s'insérer sans heurt dans une
assemblée déjà constituée.
88
Voir le point 2.3.2
89
Voir le point 2.3.1 et le point 2.4.1.3
90
Voir le point 5.2.2
87
Pour réussir, mon projet d'intervention élargi a besoin d'un plan de travail bien
élaboré et d'objectifs clairs. Je propose dans un plan d'ensemble, une lecture des divers
parallélismes exposés plus tôt91, tableau par tableau.
Je ne crois pas utile de devoir exposer toute l'argumentation qui suivait chacun
des tableaux proposés. Toutefois dans le cadre de ses présentations, l'animateur
pourra s'en inspirer pour mettre en appétit et même, c'est souhaitable, y aller de ses
propres intuitions. Il ne manque aux adultes qu'un petit coup de pouce pour les mettre
en route. Ils n'ont pas besoin de se faire prendre par la main. Après l'élan initial, pour
eux, la roue tourne toute seule.
91
Voir le chapitre 3
88
5.3 Conclusion
Très simplement, dans les mains d'un animateur compétent et motivé, une
lecture de surface peut faire surgir des liens de sens branchés aux préoccupations
quotidiennes. La méthode d'analyse structurelle peut nourrir la foi par la raison.
89
Conclusion
Comme l'indique le titre de mon mémoire, c'est ici que se jouent les chances
d'une méthode d'exégèse en terrain populaire. Si on ne peut coudre une pièce de
vêtement neuf sur du vieux sans risquer une déchirure92, on peut certainement
s'acheter un pantalon neuf et le porter avec fierté et dignité sans nécessairement jeter
le vieux.
En révélant le sens caché, ici et là, entre les deux extrémités de l'évangile de
Matthieu, la méthode structurelle a, d'après moi, fait la preuve qu'elle a sa place en
terrain populaire et non plus seulement dans le giron exégétique.
Comme le soulignait Marc Girard, la méthode est rendue à l'âge d'un jeune
adulte. Jeter les bases d'une école94 suppose la conception, la naissance, la survie, la
compréhension et la diffusion. En joignant évangiles (foi) et méthode (raison), tous les
92
Cf. Mt 9,16.
93
G I R A R D , Marc, La mission de l'Église au tournant de l'an 2000 : un chemin de discernement basé sur
la Parole de Dieu : retraite aux évêques du Québec, Montréal, Médiaspaul, 1997, c1998, 311 p.
94
GIRARD, Marc, Les psaumes redécouverts, p. 29-30
90
ingrédients sont réunis pour le banquet. Il ne manque que les convives, alors : "Allez au
départ des chemins, et conviez aux noces tous ceux que vous pouvez trouver95".
95
Cf. Mt 22,9
VIII
Annexe A
LES SIGLES UTILISÉS...
...pour l'antithèse
a désigne l'ensemble
-a négation d'une affirmation est rarement utilisé
(a)"1 exprime l'idée d'antithèse
Exemple : Formule structurelle :
« le visible et l'invisible » a + (a)"1
« le ciel et la terre »
« la lumière et les ténèbres »
Annexe B
LES SIGLES UTILISÉS...
Annexe D
LES SIGLES UTILISÉS...
Annexe E
LES SIGLES UTILISÉS...
£ indique la totalité
Annexe F
LES LETTRES UTILISÉS
minuscules, majuscules, italiques, grasses
Les lettres minuscules maigres ordinaires
S'appliquent au niveau des syntagmes et des phrases [parallélismes courts].
Bien entendu, nous prenons les minuscules régulières comme caractère de base,
c'est-à-dire neutre, structurellement parlant.
Annexe G
LES SORTES DE TABLEAUX UTILISÉS
D
Figure 2 D
diptyque à séquence régulière
avec pointe émergente
A A
B B \l / D
D
C C
D D
E \J, B \J, B
A A
Figure 3
diptyque à séquence chiastique Figure 7
r
i A A /h triptyque
i
i
B L B i A A A
i C C i B B B
i
Ni/ D D C C C
D D D
Figure 4
diptyque à séquence chiastique
avec pointe émergente Figure 8
A A tétraptyque
B B A A A A
C C B B B B
D D C C C C
E D D D D
Figure 9 Figure 10
parallélisme climactique parallélisme climactique
en triangle rectangle en palier
a b a b
a b c1 b c
a b c d c d
XV
Annexe H
Au 1 ier niveau : Le syntagme ( le mot )
[lexemes consécutifs coordonnés, formant une unité]
Annexe I
LES RAPPORTS DE SENS
Au 3ième niveau :
Tableau à récurrences : Tableau à rapports synonymiques :
diptyque diptyque
triptyque triptyque
tétraptyque tétraptyque
Annexe J
LES RAPPORTS DE FORME
Annexe K
EXEMPLES DE MOTS DIFFICILES
8. Holistique : du grec (holos), tout entier. Procédé qui consiste à décrire une
totalité par enumeration, par la mention de ses composantes ou par l'utilisation
de symboles numériques.
14. Lexeme : du grec (lexis), mot. Élément significatif appartenant au lexique et non
à la grammaire.
15. Sémantique : du grec (sèmeïon) sens, et (tikto), produire, ce qui est relatif et
qui donne du sens.
CHARPENTIER, Etienne, Pour lire le nouveau testament, 11 ième édition, Paris, Éditions
du Cerf, 1992, 127 p. ; ill.
DAVIES, William David, ALLISON, Dale C. Jr., A critical and exegetical Commentary on
the Gospel according to Saint Matthew, Edinburg, ICC, T. & T. Clark, 1988-1997, 3 vol.
GIRARD, Marc, Les psaumes. Analyse structurelle et interprétation (Ps 1-50), Montréal-
Paris, (Bélarmin-Cerf), 1984
XX!
MEYNET, Roland, Initiation à la rhétorique biblique ; qui donc est le plus grand ? Paris,
Éditions du Cerf, [Initiations], 1982, 347 p. + bibliographie
MEYNET, Roland, Quelle est donc cette Parole ?; lecture rhétorique de Luc (1-9, 22-
24), Préface de Georges Mounin, Paris, Éditions du Cerf, [Lectio Divina, 99], 1979, 2vol.
PATTE, Daniel et Aline, Pour une exégèse structurale, Paris, Éditions du Seuil, [Parole
de Dieu], 1978,251 p.
XXII
BINZ, Ambroise, Pour une didactique des adultes dans le champ ecclésial: références
théoriques, axes, réalisations, Paris, Desclée 1990, [Personne, société et formation],
(Cahiers de l'Institut supérieur de pastorale catéchétique 5)
CARRÉ, Philippe éd., CASPAR, Pierre éd., Traité des sciences et des techniques de la
formation /sous la dir. de Philippe Carré et Pierre Caspar, Paris, Édition Dunod, c1999,
512 p.
DEGUIRE, Carole, Intégration des adultes aux études à temps plein / Carole Deguire ;
avec la collaboration de Hélène Duval, Maurice Lévesque, Salah Zaabat, Montréal,
Édition Collège de Rosemont, 1996, 200 p. ; ill.
FLYNN, Jean-Marc, L'adaptation d'adultes aux études universitaires : une étude des
forces en présence chez des étudiants inscrits a un enseignement en histoire de l'art à
l'Université du Québec à Chicoutimi / par Jean-Marc Flynn ; Chicoutimi : Éd. Université
du Québec à Chicoutimi, 1993 ; [Université du Québec a Chicoutimi. Mémoire de
maîtrise; 441]
LOSONCY, Lewis E., L'art de motiver les gens. Autre titre: Turning people on, Saint-
Hubert, Québec, Éditions un Monde Différent, [Motivation et épanouissement
personnel], 1984, 200 p.
Autres références
http://unbound.biola.edu/index.cfm?lanq=Enqlish
hht://www.ukv.edu/cqi-bin/cqiwrap/~scaife/anrw?stanton
XXVII
Abréviations
Commentaires
Introduction
Que l'évangile de Matthieu est été le fait d'un seul homme, ou d'un travail collectif,
ne change pas grand chose pour moi, là où j'en suis. En fait, je garde au moins une
conviction, que le sens de certains parallélismes demeure à découvrir et à actualiser.
Pour peu que des formateurs compétents et responsables4 osent risquer de prendre
un nouveau chemin, celui de l'actualisation de la Parole au cœur de nos vies, la raison
1
Le lecteur comprendra ma prudence, car il semble que mon hypothèse n'est pas quelque chose qui fait
l'unanimité parmi les exégètes et les biblistes.
2
L'évangile de Matthieu
3
L'analyse structurelle
4
Un pain est un pain, et pourtant il se trouve toujours à quelque part un boulanger qui se démarque par
l'arôme ou la qualité du goût qu'il a su développer.
XXIX
deviendra la servante de la foi et non son ennemie. Le peuple de Dieu, mis en appétit
de la Parole, trouvera pitance dans la Bible.
1. Si c'était à refaire ?
Les écueils furent si nombreux, que si c'était à refaire, il est fort probable que je
m'y prendrais différemment pour aborder un sujet aussi difficile que celui d'allier le
double discours de la raison et de la foi dans un objectif commun, celui de nourrir la
quête de sens du chercheur de Dieu par la Parole. Proposer de mettre la raison au
service de la foi me semble encore un sujet tabou, comme si la raison ne pouvait
cautionner la foi mais plutôt la limiter, la restreindre ou même l'annihiler.
1.1 De la rigueur
II était parfois tentant de sortir du sujet principal de mon travail de recherche pour
explorer de nouvelles avenues, tellement le champ des possibilités était vaste.
La seule manière possible pour moi d'atteindre un objectif précis ou pour le moins
acceptable, a été de m'imposer une rigueur intellectuelle. C'est ainsi que j'ai dû à
plusieurs reprises, restreindre mon champ d'intérêt qui allait en s'elargissant au lieu de
se diriger vers le goulot de l'entonnoir. Comme un enfant qui découvrait le monde, mon
premier plongeon dans les univers de l'exégèse, des études bibliques, de l'analyse
structurelle, de l'animation de groupes, de la pédagogie et de l'andragogie me donnait
XXXI
intellectuelle me ramène à l'ordre, et que le ton scientifique, sec, que devrait prendre un
tel travail ne cadre pas avec le style que j'ai voulu lui donné. Impossible aussi, parce
que mon travail n'en est pas celui d'un d'exégète ou d'un bibliste mais celui d'un croyant
qui cherche un outil pour comprendre et pour savoir.
Comment s'imposer un travail d'une rigueur de tous les instants sans se plier à
l'obligation de suivre et d'utiliser un vocabulaire créé pour rendre adéquatement le sens
désiré par telle ou telle expression ?
1.2 De l'humilité
Je sors de cet exercice de mémoire plus humble que jamais face aux praticiens
d'une science que j'ai pu, à une certaine époque, regarder de haut. Je parle ici, des
théologiens de tous acabits.
Sur le sujet de l'humilité, je retiens également qu'il ne faut pas craindre d'avouer son
erreur, ses faiblesses ou son ignorance, car nul ne peut tout savoir. Ainsi, à quelques
reprises, alors que je croyais faire une découverte extraordinaire, je devais baisser la
tête devant la somme de textes publiés sur le sujet et jusque là inconnus de moi.
La rédaction d'un mémoire n'est pas l'ouvrage de quelques mois, c'est un travail de
longue haleine qui doit finir un jour.
Rédiger, c'est vivre dans un univers de paradoxe. C'est comme de nager entre deux
eaux, entre ce que je veux dire et ce que je peux dire, c'est prendre tout le temps qu'il
faut mais dans un laps de temps restreint. C'est aussi une occasion unique de jouir de
la liberté de parole dans un cadre pourtant rigide. C'est finalement un lieu où il faut
choisir entre deux mots ou deux idées.
Je retiens, qu'il faut dans certains cas une bonne dose de courage pour sortir un
peu de la tradition et oser proposer une mise en route différente.
1.4 De la pertinence
J'ai cru dénoter un piège au sujet de la pertinence de la recherche, car ce qui peut
apparaître pertinent pour un ne l'est peut-être pas pour tous.
Mon travail m'a amené à comprendre que la rigueur doit s'étendre jusque dans le
choix du sujet. Sans cette rigueur extrême, ne peut régner que le chaos et le floue.
XXXIII
2. Des précisions
J'aurais pu, comme d'autres, m'attaquer aux psaumes, mais le terrain a déjà été très
largement défriché par des mains de maîtres. Ma contribution, si cela était encore
possible, n'aurait pu être que d'ajouter une goutte d'eau à la mer des connaissances.
Puisque en Mt 11,2-3, Jean (A) envoie (->) ses disciples (A1) vers (->) Jésus (B) et
demande une confirmation (C) s'il est celui qui est attendu (i). À l'inverse Mt 11,4-5
nous présente Jésus (B) retournant (-*) les disciples de Jean (A1) vers (->) lui (A) pour
lui confirmer (C) que la Bonne Nouvelle est annoncée (t). L'un et l'autre se répondant
par les disciples de Jean. Une possibilité de centre encore plus flagrante lorsque les
deux segments sont présentés sous la forme d'un parallélisme.
(A A1 B)^ & II (B A1 A)* CT
5
Le sujet de la recherche
6
Les exemples choisis
XXXV
Conclusion
J'ai déjà commencer une vaste revue de littérature dans le cadre de mon projet de
doctorat, et ici encore, la formation reçu m'est du plus grand secours pour annoter,
classer ou ficher une idée, un paragraphe ou simplement un livre.
La somme des efforts déployés pour mener à terme mon mémoire, me force à
encore mieux me positionner, quant aux études de doctorat que j'entends entreprendre
dans les mois qui suivent.
Force m'est d'admettre que pour faire ma place dans l'univers de la théologie8, je
dois montrer patte blanche. Aussi, le peu que je pouvais apporter, je crois l'avoir fait.
D'autres auront peut-être l'ardeur qui me manque, pour défricher un peu plus, le riche
terrain des évangiles.
7
En fait, quelques étudiants de premier cycle du baccalauréat en enseignement m'ont demandé de
vérifier si la présentation de leurs travaux correspondait aux attentes de l'UQAC.
8
Un monde bien particulier où la foi chrétienne a déjà été raisonnée et dogmatisée.