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La méthode MoSCoW

Bien avant de mettre la main sur la méthode MoSCoW, les entrepreneurs productifs que j'ai

côtoyés ont fait le deuil de cette idée :

Quand je suis occupé, je suis productif.

Ils ont compris - après s'être épuisés au travail, après avoir obtenu des résultats dans les

cris, les pleurs et la sueur - qu'être agité n'est pas synonyme de performance.

"Il n'y a rien de plus inutile que de faire parfaitement ce qui ne mérite pas d'être fait"

... est la devise de ces ex-bourreaux du travail qui ont cessé de faire des heures

supplémentaires pour commencer à créer des résultats massifs.

C'est aussi la citation de Peter Drucker (auteur, consultant en entreprise et théoricien), qui

souligne l'importance de bien choisir vos activités.

La méthode MoSCoW, c’est quoi exactement ?

C’est Dai Clegg, expert en développement logiciel chez Oracle UK, qui en 1994 a créé la

méthode MoSCoW, appelée aussi démarche d’analyse Moscow ou hiérarchisation Moscow,

afin d’aider les membres de son équipe à hiérarchiser les tâches dans le cadre de la

démarche de projet agile DSDM : « Dynamic Systems Development Method. »

Le concept motivateur primordial de la démarche, en termes de gestion des exigences

d’un projet, est de pouvoir dire pourquoi choisir un tel ou tel constituant ou

paramètre plutôt que d’autres.

Et ce, pour la satisfaction des exigences et attentes de toutes les parties prenantes d’un

projet quel qu’il soit.

Ce qui va amplement faciliter la prise de décision.

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La méthode MoSCoW pour définir vos priorités.
L'inventeur de la méthode s'appelle Dai Clegg (auteur du livre Case Method Fast-Track: A

Rad Approach).

MoSCoW est un acronyme qui regroupe 4 catégories de tâches.

1. Must do (M) - je DOIS faire

Il s'agit des tâches impératives à réaliser pour pouvoir utiliser le résultat. Si vous ne les

réalisez pas, le projet est un échec. Le produit est inutile. La valeur n'est pas libérée.

2. Should do (S) - je DEVRAIS faire

Il s'agit des tâches qui apportent une grosse valeur ajoutée au projet.

3. Could do (C) - je POURRAIS faire

Il s'agit des "petit plus" que vous pourriez faire s'il vous restait du temps ou de l'argent (après

avoir terminé les actions M et S).

4. Won't do - je NE FERAIS PAS

Il s'agit des actions que vous décidez de ne pas faire, car elles se trouvent en dehors de

votre triangle QCD (le triangle QCD est une méthode pour transformer les plans impossibles

en projets réalistes).

Gardez ces tâches dans votre boîte à idées d'amélioration du projet / produit pour la

seconde version.

Le focus est le fait de décider des choses que l'on ne fera pas - John Carmack (ingénieur en

informatique américain et programmeur de jeux vidéo)

La technique Moscow peut aussi s'utiliser pour prioriser les fonctionnalités qu'on va

développer pour un produit :

• Must have - le projet DOIT avoir cette fonctionnalité

• Should have - le projet DEVRAIT l'avoir

• Could have - le projet POURRAIT l'avoir

• Won't have - le projet N'AURA PAS cette fonctionnalité

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Méthode MoSCoW, exemple :
Voici, ci-après, un tableau qui schématise clairement la répartition des tâches à accomplir en
4 catégories selon l’échelle de priorité MoSCoW.

MoSCoW Exemple

Must have (Vital)


M
Tâches impératives à exécuter en priorité absolue

Should have (Essentiel)


Valeurs ajoutées du projet
S
Activités essentielles à effectuer après avoir finalisé les « Must
have »

Could have (Confort)


« La cerise sur le gâteau » du projet
C
Initiatives à ne faire qu’après les « Must have » et les « Should
have », si disponibilité de temps

Won't have (Luxe)


À exclure du projet actuel
W
À laisser de côté pour l’instant
Peut-être, une autre fois si conditions favorables

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La technique MoSCoW en 4 étapes

4 étapes sont nécessaires à travailler afin de mettre au point votre processus de


priorisation.

Étape 1 - Constituer votre équipe de travail

Choisir et sélectionner les membres représentatifs des différentes parties prenantes au


projet et leur expliquer :

• De quoi, il s’agit ?
• Pourquoi ils étaient choisis ?
• Qu’est-ce que vous attendez d’eux et comment vous allez travailler ensemble ?

Étape 2 - Lister les éléments à hiérarchiser

En faisant participer les membres de l’équipe de travail (Équipe du projet, client,


fournisseurs, autres parties prenantes…), procédez à lister toutes les tâches à accomplir.
Absolument, toutes.

Même celles jugées, de prime abord, comme secondaires.

Étape 3 - Prioriser vos tâches selon les critères Moscow

Une fois votre liste est finalisée, entamer ensemble la catégorisation des éléments listés.

• Commencer par définir vos activités « Must have »,


• Ensuite, identifier vos « Should have »,
• Puis, déterminer vos « Could have » et,
• Finir par connaitre vos « Won't have ».

Étape 4 - Relire et valider

Revoir ensemble le travail réalisé. En vérifier la pertinence et au final, valider.

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7 bonnes raisons pour utiliser la méthode Moscow
La technique Moscow représente un outil de priorisation des tâches de première nécessité.

Elle permet ainsi une excellente gestion des exigences projet selon leur niveau de criticité et
elle autorise également l’équipe à bien répondre aux attentes du client selon leur échelle de
priorité et pertinence.

1) Priorisation en respect du temps alloué

C’est vrai que Dai Clegg avait inventé l’approche dans l’optique d’aider son équipe à
hiérarchiser leurs tâches en fonction du temps limité qui leur était alloué pour le projet.

Cependant, il est des situations, autres que le temps, pour lesquelles la hiérarchisation des
activités s’impose.

2) Priorisation en respect du budget alloué

Lorsque le budget assis par l’entreprise est serré ou limité, l’outil d’analyse MoSCoW
constitue une excellente alternative pour la gestion de cette situation.

Ainsi, on peut se limiter, par exemple, aux activités « Must have » et « Should have » pour
finaliser le projet et rester par conséquent en ligne avec le budget assigné.

3) Priorisation en fonction des compétences de l’équipe

Quand l’équipe affiche un manque à gagner en termes d’expérience ou d’expertise, ces


facteurs manquants joueront un rôle dans la notation des éléments d’analyse Moscow.

De la sorte, on se contentera par exemple des activités « Must have » et certaines tâches «
Should have ».

4) Priorisation en situation de gestion multi-projet

Il est des fois où les membres de l’équipe travaillent simultanément sur deux ou trois
projets différents octroyés par l’entreprise pour un délai impérativement serré.

Là aussi, l’outil de magie MoSCoW va entrer en lice pour le bon dénouement de cette
situation.

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De cette façon, et à titre d’exemple :

• Il est des projets pour lesquels on traitera les « Must have », « Should have » et
« Could have »,
• Il est d’autres où on se limitera aux « Must have » et « Should have »,
• Et il se pourra que pour d’autres, on se contentera uniquement des « Must have
».

5) Identification des points de développement pour les projets futurs

Dans la catégorie « Won't have », la méthode Moscow identifie des points intéressants qui
pourraient bien être reconduits lors de projets futurs.

Par conséquent, la technique Moscow stimule le développement de nouvelles idées qui


peuvent aider le chef de projet et son équipe à gagner en professionnalisme et en expertise
au fil du temps.

6) Optimisation du temps

Nous avons bien saisi que cette formidable démarche nous permet non seulement
d’apprendre comment prioriser ses tâches, mais aussi et surtout comment gérer et optimiser
notre temps de travail.

Pour ce faire, il faut savoir déléguer efficacement à son équipe. La délégation est une
compétence clé qui permet un énorme gain en efficacité et performance.

7) Prise de décision efficace

Il est certain que la méthode MoSCoW facilite considérablement notre processus de prise de
décisions.

3 pièges à éviter

Maintenant que vous savez implémenter la technique Moscow, je vous invite à prendre
garde des éventuels pièges et écueils pouvant fausser la priorisation des tâches et
initiatives.

En voici les principaux pièges à mon sens :

1) Ne pas disposer d'une échelle de graduation

Nous savons que la méthode MoSCoW n’apporte pas d’échelle précise de graduation.

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Cela peut bien fausser la hiérarchisation des tâches. Du coup, leur catégorisation risque
d’être incohérente.

C’est pourquoi, il est conseillé de disposer d’une notation pondérée des différentes activités
en fonction des objectifs primordiaux du projet et des coûts de chaque tâche à classer.

2) Omettre de faire participer certaines parties prenantes du projet

Le fait d’oublier ou de sous-estimer l’importance de participation de certaines parties


prenantes au projet pourrait induire en erreur le restant de l’équipe dans la catégorisation
des tâches.

À titre d’exemple, nous pourrions faire appel à l’un de nos commerciaux qui peut nous
préciser à quel point certaines cibles sont importantes ou non pour notre projet.

Ainsi, nous pouvons prendre ce paramètre en considération lors de la hiérarchisation des


éléments du projet.

3) Faire attention aux pulsions et parti pris de l’équipe

Subjectivité, opinions personnelles et élans émotionnels sont toujours présents quand il


s’agit d’évaluation et de jugement.

C’est surtout vrai quand un système de notation objectif fait défaut.

C’est la raison pour laquelle, il est fortement recommandé d’asseoir un système de notation
rigoureux et objectif qui reste le seul moyen d’éviter les préjugés et les biais cognitifs des
membres de l’équipe.

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Exemple de cas d’application

Afin de mieux assimiler cette technique, voici une courte illustration qui consiste à classer les
tâches dans le cadre d’un projet de création d’un blog. Vous trouverez alors ci-dessous à
quoi devrait plus ou moins s’apparenter la répartition des tâches en appliquant la méthode
Moscow.

• M:
o Le type de blog envisagé,
o l’attribution d’un nom au blog,
o la création du site web,
o l’intégration des premiers articles.
• S:
o La création d’une section commentaire,
o la création des boutons pour le partage sur les réseaux sociaux.
• C:
o Le changement du design des pages,
o la modification des polices des articles.
• W:
o Le rajout d’autres rubriques.

Avantages / Inconvénients

La méthode apporte plusieurs avantages


• Elle permet une compréhension commune des tâches, activités, critères à classer, et
des objectifs du projet finalement.
• Elle permet également une meilleure compréhension des attendus de chaque partie
prenante : en écoutant les autres défendre leur priorité, chacun comprend mieux ce
dont les autres ont besoins,
• Elle apporte une certaine flexibilité dans les décisions : une fois les 4 étapes
passées, chacun à une bonne vision des priorités, et du pourquoi. Si un changement
doit s’effectuer, les décisions sont plus faciles à prendre.
• Une fois terminée, le résultat constitue une source d’information extrêmement
précieuse pour le chef de projet, pour la construction de son plan, et pour la
planification des ressources.

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Passer en mode plan d’actions

Une fois que vous avez des tâches précises, vous pouvez utiliser un rétroplanning, un plan
d'action ou encore la méthode Kanban pour exécuter les tâches avec régularité.
Mais gardez à l'esprit ce que le général Eisenhower disait : « les plans sont inutiles, mais
planifier est essentiel ».
Soyez agile : adaptez-vous à la réalité. Si cela s’avère nécessaire, modifiez la qualité, les
coûts ou bien les délais de votre projet.

La Matrice d’Eisenhower, une alternative

Il s’agit de la matrice d’Eisenhower dont les deux variables à prendre en compte pour
hiérarchiser les activités sont : l’importance et l’urgence.
Les deux méthodes : Eisenhower et Moscow sont donc excellentes en matière de gestion
des priorités.

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