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REMERCIEMENTS
Je ne saurai guère taire les multiples soutiens dont je suis bénéficiaire de la part d’une
pluralité de personnes et d’institutions.

A cet effet, je remercie de tout cœur mes formateurs qui ont consacré l’essentiel de leur
temps pour meubler ma mémoire, ma conscience et mon esprit. Leurs multiples apports ont
sans doute ravivé en moi le goût de la recherche scientifique.

Que la grande famille «CIRHIBUKA» et particulièrement Désiré MBALABALA


CIRHIBUKA, lui qui a posé en fait, l’armature même de ma formation universitaire et post-
universitaire, reçoive des tréfonds de mon être, ma gratitude pour la plus grande attention
rigoureuse attirée en ma faveur.

Déogratias MUSHAMARHA et Arlène MURHONYI, loin d’être respectivement oncle et


dulcinée, vous avez été aussi en profondeur, témoins et complices de mes ambitions voilées et
traduites. Soyez-en remerciés de vive voix.

A vous tous, mes remerciements réitérés.


 ï

DEDICACE
A ma famille et à mes formateurs pour le souci et l’engagement constant et sans
relâche en vue de mon élévation dans l’arène hiérarchique des détenteurs de la connaissance
scientifique,

A Déo MUSHAMARHA et à Arlène MURHONYI, pour s’être dépensés à tous


égards à travers toutes les marques d’encouragement me témoignées,

A tous ceux qui ont fait de la conservation de la nature leur préoccupation


quotidienne.
 ð

SIGLES ET ACRONYMES

AME : Accords Multilatéraux Environnementaux

BM : Banque Mondiale

CCNUCC : Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques

CDB : Convention sur la diversité biologique

CNUCD : Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification

DSCRP : Document de Stratégies de la Croissance pour la Réduction de la Pauvreté

FEM : Fonds pour l'environnement mondial

OMC : Organisation Mondiale du Commerce

ONG: Organisation Non Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations-Unies

PNB : Produit National Brut

PNKB : Parc National de Kahuzi Biega

PNUD : Programme des Nations-Unies pour le Développement

PNUE : Programme des Nations-Unies pour l’Environnement

UOB : Université Officielle de Bukavu


 ñ

INTRODUCTION

1. Objet, choix et intérêt du sujet


Les dégradations insidieuses subies par l’environnement menacent les vies humaines
et animales. Ainsi, l’aspiration de l’humanité à la croissance et à la prospérité s’accompagne
d’une inquiétude profonde: la Terre possède une taille limitée à laquelle le genre humain doit
s’accommoder. Cela peut se traduire par une réduction de la croissance économique, voire
menacer la civilisation en cas de catastrophes déclenchées par le dépassement de seuils
critiques. Le pessimisme l’emporte si l’on extrapole l’avenir à partir de la situation actuelle,
avec sa croissance démographique et l’industrialisation des pays émergents. Les maîtres mots
sont émissions de gaz à effet de serre, perte de la biodiversité et hausse vertigineuse de la
consommation de matières premières1.

En ces dernières décennies, les questions relevant de la conservation de la nature


occupent une place privilégiée dans les programmes du développement des nations au regard
des menaces qui pèsent sur les vies humaines. Cette ouvrage élucide comment une gestion
rationnelle de l’environnement peut favoriser à la longue une conservation des espaces verts
dans le bushi montagneux et son hinterland, à l’Est de la République Démocratique du Congo.
Ce bouquin se veut donc un instrument d’alerte de la curiosité tant des scientifiques que celle
des décideurs sociopolitiques en ce qui concerne l’impérieuse nécessité de la mise en route
des programmes de conservation des espaces verts et ce, à travers une gouvernance collective
des ressources environnementales.

2. Objectifs de la recherche
Cette étude s’inscrit dans un ensemble de préoccupations trilogiques. Premièrement, il
s’agit pour nous de repérer les différents sites susceptibles de drainer à nouveau la masse de
ressources naturelles pouvant faciliter à la longue le rétablissement du couvert végétal en vue
d’une régulation climatique. Deuxièmement, il s’agit pour nous de déceler les facteurs
majeurs à la base de la perte sensible de la verdure dans certaines parties du bushi
montagneux. Troisièmement enfin, cette étude propose une gamme de solutions en vue d’une
gestion rationnelle des ressources environnementales et de la conservation à long terme des
espaces verts au bushi ses périphéries.


1
JACQUELINE KAISER, THOMAS ROTH et ISABELLE SCHLUEP CAMPO, L’économie verte, pour
concilier croissance et ressources épuisables in La Vie économique, n° 5-2012
 ò

3. Etat de la question
Aborder pareille étude nous amène à faire un parcours de la littérature existante en ce
qui concerne la préservation des espaces verts et la lutte contre le déboisement et la
dégradation de l’environnement. Ainsi dit, l’arène scientifique n’étant pas l’apanage d’un seul
homme, plusieurs études ont déjà été produites en ce qui concerne la gestion rationnelle de
l’environnement. La recension de ces études nous amène à considérer les travaux que voici :

Mohamed BEHNASSI2 fait remarquer que jusqu'à la fin des années 1970, la grande part
des problèmes menaçant les équilibres vitaux de l'écosystème planétaire avaient des
dimensions et des effets limités dans le temps et l'espace. Les Etats ont souvent réussi à en
contenir les impacts négatifs et à en réduire la gravité par : la délocalisation des activités
polluantes; la coopération régionale, l'adoption des mesures efficaces, le développement des
techniques anti-pollution, et ce, dans un cadre plus prévisible. Pour l’auteur, les années 1980
ont témoigné l'apparition d'une nouvelle génération d'enjeux environnementaux (changements
climatiques, biodiversité, couche d’ozone, pollution maritime, désertification…) ayant des
impacts globaux et plus graves sur l'équilibre écologique planétaire, sur l'avenir et l'intégrité
de l'espèce humaine. Par ailleurs, et devant ce type de défis, on n'a pas pu ni distinguer
clairement entre responsables et victimes, ni en déterminer précisément les causes et les
sources, ou prévoir toutes les incidences qui en résultent. De plus, le caractère interactif et
expansionniste de ces défis leur permet de transcender toutes les frontières géopolitiques et
culturelles. Face à ces menaces, la haute fragilité et sensibilité de l’écosystème planétaire vis-
à-vis de l’activité humaine, deviennent une évidence. En outre note t-il, les problèmes
environnementaux globaux entretiennent une relation étroite avec le système économique
mondial d'une part, et avec les différents modèles de développement existants d'autre part.
Ces problèmes portent également les germes d'une nouvelle génération de conflits
internationaux, pouvant affecter à la fois la stabilité des relations internationales et la sécurité
collective. D’où l’apparition du concept de la "sécurité environnementale". C'est pour toutes
ces raisons qu'en dépit de l'importance des actions unilatérales visant à limiter les effets de ces
problèmes, les efforts collectifs et communs s'imposent avec acuité, vu le caractère global et
interactif de ces défis, et la nécessité d'investir, pour en contenir, d’une multitude de
ressources dont il est impossible pour les Etats de garantir individuellement. Il y a lieu de
préciser également que la plupart des solutions efficaces proposées pour résoudre ces

î
MOHAMED BEHNASSI, "Les Négociations Environnementales Multilatérales : Vers une Gouvernance
Environnementale Mondiale", Thèse de Doctorat en sciences juridiques, économiques et sociales, Université
Hassan II, Casablanca, 2003
 ó

problèmes environnementaux planétaires représentent une certaine menace pour l'équilibre


économique mondial actuel. La mise en œuvre de ces solutions constitue, dans le court et le
moyen terme, une contrainte pour les membres de la communauté internationale, et ce, dans la
mesure où elle limite leur processus de croissance économique, affecte leur compétitivité et
diminue leurs avantages au niveau mondial. Pour sa part, Nicolas Milot3, la participation de
la société civile à la gouvernance de l’environnement et des ressources naturelles est devenue
incontournable. De nombreuses expériences témoignent de la capacité d’acteurs locaux à
contribuer à une gestion durable de leur milieu. Conséquemment, de nombreux États ont
développé récemment des modèles de gouvernance ayant recours à la collaboration des
acteurs de la société civile. Le passage d’une utilisation descriptive du nouveau paradigme de
la gouvernance à sa mise en œuvre planifiée est toutefois une entreprise complexe.
Notamment, l’institutionnalisation de la collaboration dans un modèle de gestion planifiée de
l’environnement apparaît problématique étant données les réponses variées pouvant émerger
des collectivités locales concernées. Pour l’auteur, la transformation générale des régimes de
gouvernance d’une action collective essentiellement dirigée par l’État vers un engagement
accru de multiples acteurs au sein d’approches collaboratives est une tendance forte,
notamment dans le cas d’enjeux environnementaux. De ce fait note l’auteur, plusieurs
expériences ont démontré l’intérêt du concours des acteurs de la société civile,
particulièrement en ce qui a trait à la gestion locale des ressources naturelles. Une
connaissance plus précise des caractéristiques des systèmes naturels visés et un lien plus
direct entre les participants et les conséquences de l’exploitation des ressources naturelles sont
deux arguments soutenant l’importance du phénomène. Parallèlement notent Michel Asencio,
Nicolas Beriot, Agnès Colin et compagnons 4 , les changements climatiques actuels et
potentiels constituent une inquiétude voire une menace qui tend à multiplier les tensions et
l'instabilité existante et pourraient conduire à fragiliser davantage des États et des régions déjà
vulnérables et exposés aux conflits. Pour ces auteurs, les risques de nouveaux conflits
résultent du besoin indispensable d'accès des populations aux ressources vitales (eau,
alimentation, …) et des modifications de données géopolitiques comme les pertes de



ï
NICOLAS MILOT, « Institutionnaliser la collaboration : planifier le recours aux approches collaboratives en
environnement », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], Volume 9 Numéro
1 | mai 2009, mis en ligne le 29 mai 2009, consulté le 14 janvier 2016. URL : http://vertigo.revues.org/8542 ;
DOI : 10.4000/vertigo.8542 

4
MICHEL ASENCIO, NICOLAS BERIOT, AGNES COLIN et al, Réflexion stratégique sur le changement
climatique et les implications pour la défense, Paris, ed de l’IRSEM, juillet 2011, 37p.
 ô

territoires, les migrations dues aux bouleversements environnementaux, l'ouverture de


nouvelles voies de transport maritime comme en Arctique. Ces risques n'ont pas seulement un
caractère environnemental, sanitaire ou humanitaire, mais aussi une dimension politique et de
sécurité globale.

De leur coté, Lionel Charles et Bernard Kalaora5U révèlent qu’ en ces jours, un constat
d’évidence semble caractériser l’espace public : l’émergence d’« objets » sociaux
relativement nouveaux comme le territoire, le risque ou la ville, répondant à un vaste
répertoire de préoccupations présentant souvent une composante environnementale
importante, sans qu’on puisse pour autant réduire ceux-ci à l’environnement (ou au moins à
une vision classique de l’environnement). Ces « objets » sont complexes, multifactoriels,
relevant de nombreux arrière-plans et d’un large éventail d’approches scientifiques et
techniques, politiques, administratives, économiques, sociales et culturelles, au sein duquel
l’apport de la sociologie, quand il se manifeste, est loin d’être déterminant. Il consiste en un
éclairage très partiel sur des questions qui relèvent de décisions et de mises en œuvre
collectives dont l’échelle semble se situer très au-delà des plans d’intervention du sociologue.
L’univers de référence semble bien éloigné d’une réflexion en termes de fondements de la
socialité, au cœur de la tradition sociologique : il met en relief les dynamiques collectives
associant de multiples comportements et leur interaction à des contextes eux-mêmes évolutifs.
Pour ces auteurs, le paradigme moderne sur la nature consiste à comprendre cette dernière et
la dominer. Il s’agit donc d’une construction qui est liée à une vision de la nature issue d’un
long développement, qui trouve son origine dans la pensée grecque. La nature s’y manifeste
comme une force générique dont la puissance s’impose à l’homme et avec laquelle il est en
concurrence permanente, dans un rapport largement dominé par la peur. L’homme est voué à
la rivalité avec une nature infiniment vaste et polymorphe, qu’il doit imiter, dont il doit
s’inspirer et qui lui fournit même, chez les stoïciens, un modèle moral à partir duquel il faudra
conduire son existence (« vivre selon la nature »). Ces auteurs soulignent que la science
moderne, dans le très large faisceau de ses composantes constitutives, trouve une de ses
origines dans la redécouverte de la nature à travers une relation renouvelée entre celle-ci, la
technique et la science : cette redécouverte par l’humanisme renaissant signe l’émergence
d’une nouvelle proximité entre la nature et l’expérience humaine dont la science portera le
développement et qui parcourt toute la modernité

ñ
LIONEL CHARLES ET BERNARD KALAORA, « Sociologie et environnement en France. L'environnement
introuvable ?», Ecologieetpolitique1/2003(N°27),p. 31-57
URL : www.cairn.info/revue-ecologie-et-politique-2003-1-page-31.htm
 õ

Selon A. Bertrand et al, la végétation naturelle, définie comme celle ne résultant pas
d’une action volontaire de l’homme, a longtemps été le premier réservoir de ressources
alimentaires, énergétiques et de matières premières pour l’espèce humaine. Même si la
production agricole a de plus en plus recours à des espèces domestiquées et sélectionnées, la
végétation naturelle est encore, pour les sociétés actuelles, un pourvoyeur important en
matériaux, quel que soit leur niveau de développement. Elle fournit les bois d’œuvre et de
service, le bois énergie, des produits alimentaires variés comme les fruits ou indirectement la
viande de chasse, du fourrage pour le bétail, des substances diverses pour l’artisanat,
l’industrie et les médicaments, etc. Pour ces auteurs les espaces laissés à la végétation
naturelle sont donc le lieu d’activités multiples : exploitation forestière, élevage pastoral,
cueillette de produits dits « non ligneux » comme la gomme et, parfois, chasse, pêche et
activités de loisir. Outre ces fonctions, la végétation naturelle constitue l’un des
compartiments de la biosphère et l’un des principaux réservoirs de biodiversité. C’est en ce
sens que l’on cite la végétation comme une ressource naturelle renouvelable6.

Dans ce même prolongement, F. Besse et B. Toutain font remarquer qu’au niveau


mondial, les problèmes environnementaux actuels ou futurs touchant les continents sont le
réchauffement climatique lié à l’effet de serre, la perte de biodiversité, la désertification, la
déforestation. S’y ajoute l’avenir des ressources naturelles telles que l’eau douce, l’énergie
fossile et la terre arable. Par rapport à l’élevage, les sujets de préoccupation majeurs sont :

> La dégradation des terres par le surpâturage dans les régions sub-arides. On constate les
méfaits du surpâturage sur la végétation et le sol en Afrique tropicale (Sahel, Afrique
australe), en Afrique du Nord (Maghreb), au Moyen-Orient, dans les parties sèches de la
péninsule indienne, en Asie centrale ;

> La déforestation : Amérique tropicale humide (Amérique centrale, Amazonie) ;


> La pollution des sols et de l’eau par les excès de nutriments résultant de l’épandage des
déchets animaux. Cela touche certaines régions localisées de l’Amérique du Nord, de
l’Europe occidentale, de l’Asie tempérée (Chine, Japon, Corée) et de l’Asie du sud-est.
Pour ces auteurs, les risques de dégradation ou, au contraire, les avantages écologiques
concernent :


ò
BERTRAND et al., La gestion des forets et des pâturages, CIRAD, Montpellier, 2009.
 íì

> Les caractéristiques physiques : ce sont la dégradation de la structure du sol, la baisse de la


stabilité structurale, le tassement superficiel (diminution de la porosité et de la vitesse
d’infiltration de l’eau), l’érosion éolienne et hydrique ;
> Les caractéristiques chimiques : le pH, la capacité d’échange des cations, le taux de
saturation du complexe, les teneurs en éléments minéraux tels que l’azote, le phosphore, le
calcium, les oligo-éléments et les minéraux lourds ;
> Les propriétés hydriques et la capacité de rétention en eau, liées à l’état de la structure, à la
teneur en matière organique et aux conditions de drainage ;
> L’activité biologique, elle-même liée à la teneur organique et aux autres propriétés du sol.
Ainsi notent ces auteurs, que les techniques de maitrise des risques s’imposent. En effet, une
première étape consiste à confectionner un “ tableau de bord “ environnemental suffisamment
objectif, précis et fiable et de le rendre disponible pour tous ceux qui en ont besoin. Etablir
des indicateurs pertinents, mettre en place des dispositifs de suivi environnemental, recueillir
et conserver les données utiles, analyser les évolutions sur le long terme : telles sont les tâches
nécessaires pour fournir aux décideurs les éléments techniques qui leur permettent d’élaborer
leur stratégie. Le rôle des scientifiques en amont des choix politiques s’affirme de plus en plus
; il suppose une excellente communication entre les scientifiques et les politiques, donc une
pédagogie et une nécessaire adaptation de l’expression des résultats scientifiques aux
utilisateurs. Un éventail de moyens est alors à la disposition de ceux qui ont la responsabilité
des politiques d’élevage et des filières de production. Ces moyens sont de nature politique et
technologique. Somme toute, ces auteurs font remarquer que l’information et la formation, en
assurant le transfert des connaissances, accélèrent les processus de prise de conscience des
risques environnementaux, d’adoption de techniques écologiquement acceptables et
d’application de politiques prenant en compte l’environnement dans la production. Le
changement d’attitude des producteurs et des utilisateurs des produits animaux repose sur les
services de recherche, de vulgarisation et d’information des consommateurs. Un certain
nombre de techniques innovantes sont connues. Le contexte sociologique et le cadre
réglementaire doivent en favoriser l’utilisation7.

Pour sa part, P. Lavigne-Delville analysant la question foncière dans la dynamique de


la gestion des ressources naturelles note que toute activité productive s’exerce dans le cadre
de droits d’accès et d’exploitation des ressources mobilisées : une parcelle ne peut être
exploitée que par celui ou ceux qui détiennent des droits dessus. Amener son troupeau sur un

ó
F. BESSE et B. TOUTAIN, L’élevage et l’environnement, Montpellier, CIRAD, 2011.
 íí

pâturage, s’abreuver à un point d’eau ou cueillir les fruits d’un arbre est souvent réservé à
certains acteurs. Pour l’auteur, le foncier est l’ensemble des règles d’accès, d’exploitation et
de contrôle s’exerçant sur les terres et les ressources renouvelables. Il met en jeu :

> Des règles ou normes sur l’héritage, les formes d’appropriation, les modes d’exploitation,
etc.

> Des droits détenus et transmis par les acteurs. Ces droits sont la traduction concrète des
règles, appliquées à cet individu ;
> Des autorités qui ont le pouvoir d’affecter des droits, la responsabilité de faire appliquer les
règles et le pouvoir de les modifier, le pouvoir d’arbitrer et de trancher les conflits.
Analyser les systèmes fonciers constitue une étape nécessaire dans la compréhension d’une
agriculture locale. En effet :
> La répartition des droits entre les acteurs explique une partie importante des différences
économiques entre familles, et donc de la diversité des stratégies de production : des
inégalités foncières ou le contrôle d’un type de terre particulièrement productive peuvent être
déterminants dans les différenciations économiques
> Le statut foncier des exploitants peut conditionner leur possibilité d’innover : certaines
innovations techniques sont possibles sur des parcelles familiales mais non sur des parcelles
louées ; l’insécurité foncière dissuade l’investissement et l’intensification;
> L’inexistence ou les défaillances d’un système de règles sont souvent à l’origine de
phénomènes de surexploitation des ressources naturelles : dégradation de pâturages, érosion
des sols.8
Sous une nouvelle perspective beaucoup plus enrichie, Michel Renner9 affirme
que les conséquences catastrophiques de la déforestation ne sont pas seulement produire des
simples sentiments de menaces anti-écologiques pour l’homme : pour lui, le déboisement
appauvrit et anéantit les communautés indigènes dans leurs modes de vie ; leurs cultures et
leurs identités sont totalement liés à la forêt et à toute autre formes inhérentes à la
conservation de la nature. Les individus peuvent certes survivre physiquement mais ils n’ont
plus l’existence collective et spirituelle, l’exploitation intensive des forets et le déboisement
par la pratique de l’élevage intempestif, la recherche pétrolière ou d’autres activités chassent
parfois les tribus indigènes de leurs territoires ; il reste convaincu que la dégradation des sols,

ô
P. LAVIGNE-DELVILLE, Le foncier et la gestion des ressources naturelles in Mémento de l’agronome,
Montpellier, CIRAD, 2011.
9
MICHEL R., Combat pour la survie, dégradation de l’environnement, affrontement social : le nouvel âge de
l’insécurité, éd. Nouveaux horizons, Manille, 2004 p.21
 íî

la pénurie en eau et la surexploitation des fonds marins laisse prévoir d’immenses difficultés
pour subvenir aux besoins alimentaires d’une population mondiale en rapide augmentation.
Dans ce même prolongement, Samy Ngoy et Mumbu Mukuna10 soulèvent de leur coté la question
de la responsabilité de la population dans le reboisement et la plantation des arbres selon eux, certaines
personnes détruisent volontairement les plantes obligeant alors le projet de reboisement de faire sans
cesse le garnissage. Ils ajoutent que les problèmes auxquels se heurte le projet de reboisement
pourraient être d’une part le non suivi de l’évolution des essences forestières plantées dans divers sites
et d’autre part l’ignorance de l’importance de l’arbre de la part de la population. Pour eux, il est
nécessaire de tenir compte des exigences écologiques et sociologiques quand on veut faire la
plantation.
Abordant la question du fonctionnement d’un peuplement végétal cultivé, Y.
Crozat et F. Levrault font remarquer que le peuplement végétal est constitué d’une
population de plantes (mono-spécifique ou plurispécifique) soumise à des conditions de
milieu identiques et concourant à un objectif de production. Quelle que soit la nature de cet
objectif, l’agriculteur crée un groupe d’individus qui, du fait de leur proximité, ont chacun un
comportement différent de celui qu’ils auraient isolément. Par exemple, lorsque la densité de
peuplement s’accroît au-delà d’un certain seuil, la biomasse de chaque plante diminue alors
que celle du peuplement se maintient à un niveau dépendant des potentialités du milieu. Cette
compétition se manifeste aussi bien pour la lumière, que l’eau ou les éléments minéraux. En
outre, elle évolue en nature et en intensité tout au long du cycle 11 . Cependant selon le
Document de Stratégies de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté en RDC, il est
démontré aujourd’hui que la protection de l’environnement et la lutte contre les changements
climatiques sont des éléments structurant d’un développement économique et social durable.
Selon ce document, la lutte contre les changements climatiques représente à la fois des défis
et des opportunités en termes d’adaptation, d’atténuation, des financements, de transfert des
technologies et de renforcement des capacités. La RDC a confirmé sa volonté de participer à
l’effort global au niveau planétaire par son adhésion aux accords et conventions
internationaux en matière de négociations climatiques afin de lui permettre de faire entendre
sa voix et de faire avancer ses préoccupations. La RDC a développé depuis 1975, un cadre
institutionnel de gestion de l’environnement et conservation de la nature. Ce cadre
institutionnel, au travers de ses structures administratives évoluant aux niveaux central et
provincial, est en train de subir une série d’actions. Ce pilier pour la RD Congo s’articule

10
SAMY NGOY et MUMBU MUKUNA dans la revue « pour quelle théorie du développement rural ?» in
AMKA N°30,1998 pp36-42
íí
Y. CROZAT et F. LEVRAULT, Fonctionnement d’un peuplement végétal cultivé, Op Cit. pp414-430
 íï

autour de deux volets principaux à savoir : (i) gérer et protéger l’environnement et les
ressources naturelles qui implique la gestion durable de l’environnement et la gestion durable
des ressources naturelles renouvelables et (ii) lutter contre le changement climatique qui
implique : l’atténuation et l’adaptation. Pour ce faire, le gouvernement va mettre en œuvre les
actions suivantes : (i) la mise en application effective des cadres législatifs et règlementaires
capables d’assurer une gestion efficace du système relatif à la pollution ; (ii) la mise en place
d’un cadre législatif et réglementaire qui régit l’assainissement de base et la gestion des
établissements classés dangereux, insalubres ou incommodes ; (iii)la mise en place d’un
Observatoire National pour le suivi de l’état de l’environnement et d’une Agence Nationale de
l’Environnement ; (iv)la prise en compte la dimension « égalité de genre » dans la gestion des
ressources naturelles renouvelables plus particulièrement ceux des femmes; (v) l’amélioration
des capacités de gestion par des mesures éducatives, la formation, la recherche et la
consolidation institutionnelle ; (vi) le renforcement des capacités institutionnelles dans la
pratique de la protection de l’environnement et la poursuite de la réforme organisationnelle;
(vii)l’organisation des campagnes de sensibilisation et d’éducation de la population sur
l’environnement humain en vue de changement de comportement ; (viii)l’implication active
de toutes les parties prenantes, particulièrement les Ministères et les Administrations
publiques sectorielles, la Société civile et le Secteur privé12.
Qui plus est, Philippe Boudes13 note que la véritable socialisation de la nature qui s’est
accélérée dans la seconde moitié du XXème siècle a révélé les interconnexions entre les
activités humaines et les logiques écologiques, faisant de l’environnement une thématique
phare des enjeux scientifiques et politiques et l’entraînant au cœur des préoccupations
contemporaines. Et réciproquement, depuis que l’environnement est entré sur la scène
politique, médiatique, civile et économique, c'est-à-dire dans la sphère sociale, il est devenu,
nécessairement, un objet d’étude pour les sociologues. Pour cet auteur, jusqu’à présent, les
sociétés occidentales et leur tradition scientifique, inspirée de la science galiléenne et
newtonienne, ont presque toujours séparé les deux éléments, la société et la nature, pour les
étudier chacun indépendamment de l’autre, « introduisant un abîme entre le domaine de
l’action humaine et celui des lois de la nature ». L’auteur fait remarquer que la récente prise
de conscience des dommages causés par certaines activités humaines sur ce milieu naturel a
eu pour conséquence de mettre en question cette séparation, en la présentant comme une

12
MINISTERE DU PLAN, Document de Stratégies de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté, Version2,
Kinshasa, février 2012, 126p.
íï
PHILIPPE BOUDES (2008), « Simmel et l’approche sociologique de l’environnement », in Emulations.
URL : http://shortlinks.revue-emulations.net/boudes
 íð

construction sociale voire en l’abolissant totalement. Il apparaît qu’une telle reconnaissance


des « problèmes » d’environnement a d’abord été impulsée par les sciences naturelles, mais
bien des penseurs ont su associer ces préoccupations environnementalistes à des thématiques
sociales, comme la technique, la population, les systèmes scolaires et médicaux et plus
généralement aux limites d’une civilisation industrielle, de son système de pouvoir, de ses
technosciences, en un mot d’une société et d’une humanité de plus en plus inhumaine et
mécaniste. Cette association des préoccupations environnementales et des questionnements
sociaux pourrait d’ailleurs définir l’écologie politique ; elle s’impose en tous cas comme l’une
des composantes majeures de ce changement de millénaire

4. Problématique
Protéger et/ou conserver l’environnement est l’une des conditions essentielles d’une vie
meilleure pour les peuples. Qu’il s’agisse des changements climatiques, des innovations
énergétiques et de la salubrité de l’air, de la gestion des forêts, de l’eau douce et des déchets,
la question de l’environnement touche tous les domaines de notre vie. Bien que ces
phénomènes ne soient pas nouveaux, le concept de l’environnement a connu un regain
d’intérêt ces dernières années. Ainsi dit, le monde connaît des mutations écologiques
profondes et rapides dans une large mesure à cause des activités de l’homme dans des
domaines aussi variés que l’énergie, l’industrie, la santé, etc. Ces activités ont des impacts
négatifs sur l’environnement et même l’hygiène des populations locales. C’est compte tenu de
l’ampleur des impacts négatifs des activités anthropiques sur l’environnement que l’homme
apparaît de plus en plus comme l’ennemi de la nature et pourtant sa survie dépend.
L’amélioration touristique des forets, la conservation de la nature et des sites forestiers trouvent leur
raison d’être et leur justification dans la nécessité impérieuse de satisfaire de manière durable les
besoins et les aspirations de l’homme. Si la conservation de la nature et l’aménagement des ressources
naturelles des régions boisées ne sont que des multiples facultés qui doivent être pensées en fonction
des besoins de l’homme, aujourd’hui ils intéressent tout au temps et même d’avantage les générations
qui lui succèderont au cours des siècles et des millénaires à venir14.

La République Démocratique du Congo est comptée parmi les 16 pays du monde


qualifiés de méga biodiversité (taux élevé d’endémisme). Cette situation est liée aussi bien par
l’immensité de son territoire (234,5 millions d’hectares) que par la variété des conditions

íð
ROISIN P., La forêt des loisirs, Gembloux, Presses agronomiques de Gembloux, 1975, p64
 íñ

physiques et climatiques influant sur la richesse biologique. Sa biodiversité, importante, est


représentée par un complexe végétal imposant et de faciès varié, allant de type forestier dense
jusqu’aux savanes plus ou moins boisées et forêts claires; habitats d’une faune également
diversifiée, constituée des espèces endémiques, rares ou uniques au monde. Le plan d’eau
intérieur occupe 3.5 % de l’étendue du territoire national et son potentiel représente plus de 50
% d’eau douce du continent 15 . Cependant, les écosystèmes naturels en RDC ne sont pas
seulement pourvoyeuses de la matière première et habitats pour la faune sauvage. De par leurs
rôles et fonctions variés, ils subissent des sollicitations diverses de la part de l’homme, dont
certaines conduisent à des modifications et des dégradations irréversibles. En effet, plus de 70
% de la population nationale y recourent directement pour leur subsistance et pour la
satisfaction de leurs besoins élémentaires de survie. Ils deviennent ainsi des lieux où se
côtoient différentes personnes, aux intérêts souvent divergents qu’il importe de concilier.
D’où la pertinence d’une approche intégrée et d’une vision systémique dans la gestion des
ressources qui prennent en compte autant les différentes structures de gestion intéressées que
l’impérieuse nécessité d’harmoniser la législation. Par ailleurs, la notion de biens communs,
généralement comprise comme bien sans maître, constitue une entrave sérieuse à une gestion
concertée et durable des ressources naturelles. Ainsi, l’accès aux ressources n’étant
généralement pas réglementé ou encore, compte tenu du laxisme dans le suivi de la mise en
œuvre de diverses réglementations sectorielles existantes et de leur manque de coordination et
d’harmonisation par rapport aux traités et conventions internationaux, les pressions sur ces
ressources vont grandissantes au risque de compromettre à plus ou moins long terme, les
conditions d’existence même des générations à venir. En effet, le degré de dépendance de la
population vis-à-vis des ressources naturelles reste principalement lié au niveau de pauvreté
qui touche plus de 80% de la population, ce qui représente une menace, notamment par (i) la
pratique extensive d’agriculture itinérante sur brûlis en zones forestières, la récolte de bois de
feu aux alentours de principaux centres de peuplement, l’exploitation minière artisanale et
industrielle, l’exploitation pétrolière, l’exploitation de bois d’œuvre, la récolte des produits
autres que le bois, la chasse commerciale, les pratiques non durables de pêche; (ii)
l’introduction incontrôlée des espèces exotiques dont certaines deviennent envahissantes et
nuisibles ; (iii) la pollution par le rejet dans l’environnement des déchets d’exploitation16.


íñ
PNUD- Ministère de l’environnement de la RD Congo, Autoévaluation Nationale des Besoins en Renforcement
de Capacités pour la Gestion de l’Environnement en République Démocratique du Congo, Rapport final,
Kinshasa, Mars 2009, p11.
16
Ministère de l’environnement de la RD Congo, La communication au cœur de la gouvernance forestière en RD
Congo in « forets et vie », n° 00Kinshasa, Mars 2011.
 íò

Néanmoins, certaines dispositions permettent d’atténuer les différentes menaces observées sur
les composantes de la diversité biologique. Outre les méthodes conventionnelles relatives à
l’évaluation, à la surveillance et à l’atténuation des menaces devant servir de référence et de
guide à la mise sur pied d’un programme national cohérent, la RDC dispose des structures
éparses spécialisées dans les domaines d’alerte, de surveillance ainsi que de la quarantaine
dans le cadre de l’introduction du matériel vivant intact ou modifié. Cependant la logistique
utilisée ainsi que les compétences requises paraissent inadaptées, inefficaces et rudimentaires.
La Province du Sud-Kivu n’est pas du reste de la politique nationale de gestion de
l’environnement. En effet, les milieux péri-urbains de Bukavu et une bonne partie du bushi
connaissent en ces jours des perturbations relatives au déboisement effréné des espaces jadis
verts pouvant faciliter la conservation d’une atmosphère nécessaire à la vie humaine. De ce
fait, l’on note que la grande partie du bushi montagneux connait de graves problèmes liés à la
dégradation de l’environnement qu’il s’agisse de la gestion rationnelle des déchets que de la
conservation des espaces verts.
Ainsi au regard de tous ces faits ci-hauts fournis, des questions suivantes méritent d’être
soulevées en ces termes :
i. Quels sont les facteurs explicatifs de la disparition sensible des espaces verts dans le
bushi montagneux?
ii. Existe-t-il de nouvelles alternatives en vue du rétablissement des espaces verts dans
ces milieux?

5. Hypothèses de travail
A titre provisoire, les réponses suivantes peuvent être retenues:
1. Les facteurs explicatifs de la disparition des espaces verts dans le bushi montagneux
sont entre autres l’explosion démographique accrue, le déboisement effréné par suite
de la recherche du bois de chauffe, les éboulements, etc.
2. Comme alternatives nouvelles en vue du rétablissement des espaces verts, on noterait
par ordre d’importance le reboisement continu et permanent des sites jadis déboisés
pour rétablir et améliorer le couvert végétal, la valorisation des foyers améliorés à
travers l’usage des matières recyclées à la place de la braise ainsi que la
communautarisation de la gouvernance des ressources environnementales.
 íó

6. Méthodologie du travail
La réalisation d’une recherche scientifique implique le recours à une méthode et à des
techniques raisonnablement choisies. Ainsi dit, la méthode est alors comprise selon Maurice
Anger17, comme un ensemble de techniques d’élaboration d’une recherche et qui guident la
démarche scientifique.

6.1. Méthode

En vue de la réalisation de ce travail, nous avions fait recours à la méthode systémique de


l’orientation d’Hubert Coudrieau qui repose sur la dynamique À trois dimensions dont l’exploitation
(0), l’Acteur (A) et l’encadrement (E). Ces trois sous-systèmes forment selon Coudrieau un grand
système qui est la société globale18.

Système global

Sous-système Encadrement(E

Sous-système
Sous-système
exploitation(0)
Acteur(A)

Le premier sous-système qui est l’environnement, fait allusion aux activités et les liens où
elles se déroulent, les échanges (travail-information) et donc un système d’encadrement, il peut couvrir
le milieu culturel et symbolique, les ONG, les appareils spécialisés de l’Etat. Il forme ainsi un
ensemble très complexe dont la maitrise est difficile à assurer complètement compte tenu du grand
champ concerné. Cet environnement est aussi relativement sensible aux réactions des acteurs. Ces
derniers peuvent contribuer à assurer l’ordre ou provoquer le désordre dans son fonctionnement
tendant à améliorer leur degré d’autonomie. Cette marge d’autonomie est en quelque sorte réponse des
acteurs qui, le plus souvent s’imposent à eux. Dans le cadre de cette étude, ce sous-système
correspond donc à tous les intervenants dans le domaine de la conservation de l’environnement et la
préservation des espaces verts dans le bushi montagneux. Il s’agit donc des services environnementaux
de la chefferie, les ONG locales et internationales, les ASBL, etc., Parallèlement, le sous-système


íó
MAURICE ANGERS Cité par JULES BASIMINE, Cours des méthodes de recherche en sciences sociales,
UOB , FSSPA, 2014-2015, notes inédites.
18
COUDRIEAU H., La science des systèmes et les exploitations agricoles, Paris, éd. Universitaires, 1988, p80.
 íô

acteur renferme à la fois les populations impliquées dans la déforestation et celles qui s’activent dans
les activités de rétablissement du couvert végétal en vue de la préservation des espaces verts en
milieux ruraux. Cependant, le troisième sous-système est celui d’exploitation. Coudrieau affirme que
c’est une unité économique dans laquelle le paysan et les membres de sa famille s’insèrent en vue de
la satisfaction des leurs besoins vitaux les plus primaires. Dans le cadre de cette étude, il s’agit de tout
le bushi et son hinterland qui est notre champ d’étude. Le reboisement dans cette région interprété en
ce sens fait allusion à ce que Coudrieau appelle systémisme interfaciel car chaque sous-système
représente une unité d’analyse appelée interface. Ainsi, il rend compte du déroulement des
changements tant qualitatifs que quantitatifs dans cette zone à la suite de la pratique du reboisement.

6.2. Techniques de recherche


Les techniques sont des instruments pratiques au service de la méthode pour rassembler les
données susceptibles de conduire à l’analyse scientifique. Pour ce faire, nous avons recouru aux
techniques ci-après :


L’observation libre : elle nous a permis de constater l’état de l’environnement actuel pour
nous permettre d’établir un parallélisme avec les temps anciens,

La documentation : grâce à elle, il a été possible d’accéder aux informations nécessaires à
notre recherche dans le temps et dans l’espace,

L’enquête par questionnaire : cette technique nous a permis de saisir l’opinion de la
population locale au sujet des questions environnementales en comparaison avec la production
agricole, le déboisement et le reboisement des forets en vue du rétablissement du couvert
végétal,

L’entretien : il a été d’une grande nécessité pour notre recherche car à travers elle, nous avons
mené des discussions avec certaines personnes ressources qui, à leur tour, ont essayé de
donner une présentation synthétique des éléments relatifs à notre recherche dans le but de
vérifier l’exactitude des données des autres techniques énumérées ci-haut.

L’analyse du contenu nous permis de vérifier la valeur intrinsèque des données recueillies sur
le terrain.

L’échantillonnage. Cette technique nous a permis de cibler les personnes ressources. Celles-ci
nous ont fourni des informations pertinentes à cette étude. Cependant, il importe de souligner
que l’échantillonnage dont il est question est celui stratifié non proportionnel qui permet
d’étudier finement les pratiques des acteurs à l’échelle des résultats précis de
l’ensemble de la population. Ainsi, cet échantillon constitué de 150 individus, dont la
majorité habite le groupement de Cirunga en territoire de Kabare à part les autres
intervenants extérieurs comme les techniciens des organisations humanitaires
nationales et internationales venus en appui aux initiatives locales de lutte contre la
 íõ

déforestation à travers le rétablissement du couvert végétal dans le groupement qui


constitue notre aire d’étude.

7. Délimitation du travail
Notre zone d’étude est l’espace de Kabare-centre plus précisément le groupement de Cirunga qui
En outre, cette recherche s’étend sur une période allant de 2010 à 2015. Typologiquement, cette étude
s’inscrit dans les préoccupations saisies scientifiquement par la sociologie de l’environnement et les
sciences agronomiques.

8. Subdivision du travail
Hormis l’introduction et la conclusion, ce travail s’articule autour de trois grands chapitres
dont le premier est consacré aux généralités et le second porte sur la compréhension de la gouvernance
environnementale dans la dynamique sociale et culturelle tandis que le troisième se consacre à
l’analyse et l’interprétation des résultats de la recherche.
 îì

Chapitre I : FONDEMENTS EPISTEMOLOGIQUES DE L’ETUDE

I. 1. PRECISIONS CONCEPTUELLES
Pour Jules Basimine19, dans le processus de recherche, la conceptualisation va au-delà
de simples définitions des concepts sur lesquels s’articule l’étude. Elle constitue une
construction abstraite qui, au fil de l’étude, permet au chercheur de réaliser un atterrissage
empirique. Dans le cadre de cette recherche, une discussion conceptuelle s’avère donc à ce
titre, une nécessité impérieuse. Ainsi, nous explicitons dans les lignes suivantes les concepts
de gouvernance, d’environnement, de gouvernance environnementale, de conservation ainsi
que d’un espace vert.

I.1. 1. Gouvernance
Dans une large mesure, ce concept recouvre plusieurs significations selon Guy Herman et
compagnons20:

1) La gouvernance se conçoit comme un mode de gestion d’affaires complexes dans lequel les
acteurs principaux se déploient sur le même plan, à l’horizontal sinon à égalité. Cela à
l’inverse de ce qui se produit dans le gouvernement, où ces acteurs se superposent à la
verticalité.

2) La gouvernance commande de gérer les affaires publiques comme si leur traitement ne


devait pas différer sensiblement de celui des affaires privées.
3) La gouvernance signifie aussi que la relation verticale entre les gouvernants et les
gouvernés se transforme en relations purement horizontales.
4) La gouvernance correspond à un processus de décision toujours révocable et provisoire

5) Selon la logique de la gouvernance, les décisions ne sont plus le produit d’un débat et
d’une délibération. Elles sont les résultats de négociation.

6) La gouvernance est un mode de gestion qui tend à se codifier au regard des normes ou des
codes de conduites négociés plutôt que de lois votées en vertu du principe majoritaire. A ce
titre, le concept de gouvernance peut encore signifier action de gérer les affaires d’autrui et
par extension ses propres affaires ; manière dont on les gère. Cette considération significative


íõ
Jules BASIMINE, Capital social et gouvernance des ressources naturelles, éditions universitaires
européennes, 2012,p56.
20
HERMAN, G., ALIKAZANCIGIL, PRUD’HOMME, J., La gouvernance: un concept et ses applications,
Paris, Karthala, 2005, p.100.
 îí

renvoie à une compréhension d’ordre économique et traduit une action consistant en la


fixation des propriétés, des résultats financiers, etc. en démontrant la santé de l’entreprise ou
de l’organisation tout en protégeant ses intérêts et ceux du public. Dans une autre acception, le
concept traduit une action ou manière de gérer, d’administrer, de diriger et d’organiser
quelque chose21.

I.1.2. Environnement
Au sens global du terme, le concept « environnement » regroupe l’ensemble de
caractéristiques physique, chimique, biologique, dans lesquelles l’homme, les animaux, les
microorganismes vivent. Sous une autre perspective compréhensive, l’environnement
représente un ensemble de milieux anthropisés (transformé par l’homme) et de milieux
naturels (peu ou pas modifiés par l’action de l’homme). De nos jours, l’expression
« environnement » est utilisée spécifiquement pour désigner le cadre de vie de l’homme. Elle
fait également référence à ces interactions souvent négatives avec le milieu naturel et à
22
l’impact aussi négatif de la plupart des activités sur la biodiversité . Cependant
traditionnellement, le concept d’environnement a été emprunté de l’anglais environnement et
signifiait de ce fait milieu. Il ne s’agit néanmoins pas du milieu où se trouve l’être ou la chose
mais plutôt de sa périphérie, de son entourage. Dès lors, ce concept peut signifier l’ensemble
de caractéristique physique, chimique et biologique des écosystèmes plus ou moins modifiés
par l’action de l’homme. Ainsi dit, l’environnement peut être compris comme « l'ensemble
des éléments (biotiques ou abiotiques) qui entourent un individu ou une espèce et dont
certains contribuent directement à subvenir à ses besoins ou encore comme « l'ensemble des
conditions naturelles (physiques, chimiques, biologiques) et culturelles (sociologiques)
susceptibles d’agir sur les organismes vivants et les activités humaines ». Cependant, la notion
d'environnement naturel, souvent désignée par le seul mot « environnement », a beaucoup
évolué au cours des derniers siècles et tout particulièrement des dernières décennies.
L'environnement est compris comme l'ensemble des composants naturels de la planète Terre,
comme l'air, l'eau, l'atmosphère, les roches, les végétaux, les animaux, et l'ensemble des
phénomènes et interactions qui s'y déploient, c'est-à-dire tout ce qui entoure l'Homme et ses
activités -bien que cette position centrale de l'Homme soit précisément un objet de
controverse dans le champ de l'écologie. Au XXIe siècle, la protection de l'environnement est


îí
CLAUDE-DANIELLE ECHAUDEMAISON, Dictionnaire des sciences économiques et sociales, Paris,
Bordas, 2008, p123.
22
DICTIONNAIRE LAROUSSE, Paris, éd. Larousse, 1997, p39
 îî

devenue un enjeu majeur, en même temps que s'imposait l'idée de sa dégradation à la fois
globale et locale, à cause des activités humaines polluantes. La préservation de
l'environnement est un des trois piliers du développement durable. C'est aussi le 7e des huit
objectifs du millénaire pour le développement considéré par l'ONU comme « crucial pour la
réussite des autres objectifs énoncé dans la Déclaration du Sommet du Millénaire23 » Les
problématiques environnementales sont passées de problèmes locaux, comme la protection
d'une espèce à des problèmes mondiaux (trou dans la couche d'ozone, réchauffement de la
planète, par exemple). La nécessité d'avoir des données mondiales est donc apparue,
entraînant le besoin de mutualiser les données Par nécessité, le monitorage (programme de
surveillance) environnemental se développe aujourd'hui à échelle planétaire, aidée par les
avancées techniques, politiques et idéologiques. L'Organisation des Nations unies offre un
cadre international de travail : le PNUE, ainsi que des conférences internationales, et des
sommets mondiaux, comme celui de Rio, permettant ainsi à des chercheurs de divers horizons
de rassembler leurs connaissances. Les problématiques environnementales étant récemment
devenues mondiales, il est fondamental d'appréhender la recherche scientifique de manière
globale, et non plus locale24.

I.1.3.Gouvernance environnementale

La gouvernance environnementale est l’ensemble des règles, des pratiques et des


institutions qui entourent la gestion de l’environnement dans ses différentes modalités
(conservation, protection, exploitation des ressources naturelles, etc.).Une autre définition la
décrit comme "l’ensemble des processus et institutions, aussi bien formels qu’informels, qui
englobe des normes et des valeurs, des comportements et des modalités organisatrices, autour
desquels les citoyens, les organisations et les mouvements sociaux ainsi que les différents
groupes d’intérêts articulent leurs intérêts, défendent leurs différences et exercent leurs droits
et obligations en matière d’accès et d’utilisation des ressources naturelles25 X Dès lors, il
ressort de cet entendement que l’environnement et les ressources naturelles doivent être
considérés comme des biens communs mondiaux, qui appartiennent aux catégories


îï
PHILIPPE CHALMIN et CATHERINE GAILLOCHET, Du rare à l'infini : panorama mondial des déchets
2009, Paris, Economica, 2009,, 442 p.
îð
CLAUDE ALLEGRE, Ma vérité sur la planète, Plon, 2007
îñ
LIBERE BUKOBERO, ASTER BARARWANDIKA et DEOGRATIAS NIYONKURU, « La dynamique de
gouvernance des ressources naturelles collectives au Burundi », VertigO - la revue électronique en sciences de
l'environnement [En ligne], Hors-série 17 | septembre 2013, mis en ligne le 12 septembre 2013, consulté le 18
janvier 2016. URL : http://vertigo.revues.org/13856 ; DOI : 10.4000/vertigo.13856
 îï

spécifiques des biens non manufacturés qui, lorsqu’ils sont partagés, peuvent être soit divisés
soit détruits. Le caractère mondial de ces biens découle de l’appartenance de chacun des
éléments qui le composent à un système intégré. Chacun peut profiter de l’atmosphère, du
climat et de la biodiversité (entre autres) et, en même temps, la planète tout entière souffre des
effets dramatiques du réchauffement global, de la réduction de la couche d'ozone ou de
l’extinction des espèces. Cette dimension planétaire incite à une gestion partagée. Cela
renvoie à considérer l’environnement comme un bien public. Comme bien public,
l’environnement peut se caractériser par sa non-rivalité (une ressource naturelle consommée
par une personne peut toujours l’être par une autre) et par une non-exclusivité (il est
impossible d’empêcher quelqu’un de consommer ce bien). On reconnaît également qu’un bien
public est bénéfique et qu’il bénéficie, par voie de conséquence, de l’attribution d’une certaine
valeur.

I.1.4. Conservation
Ce concept requiert plusieurs significations selon les orientations et les disciplines s’y
rapportant. Ainsi dit, nous retenons ces quelques considérations dans le cadre de cette étude.
Premièrement, le concept de conservation peut signifier un procédé servant à prolonger
artificiellement la durée de consommation des denrées périssables. On parlera par exemple de
la conservation par le froid. Deuxièmement dans son orientation relevant de la physique, ce
concept traduit un état d’équilibre d’un système dans lequel certaines grandeurs restent
constantes indépendamment de l’évolution de ce système ou de des contraintes qu’il subit.
Troisièmement sous une autre optique relevant de la numismatique, ce concept peut designer
un ensemble de mesures visant à enrayer la détérioration des objets d’intérêts historiques ou
artistiques comme par exemple la conservation des manuscrits. Cependant dans une double
perspective à savoir biologique et écologique, et à laquelle nous souscrivons, la conservation
signifie une action de protéger et de sauver de la disparition certaines espèces animales ou des
plantes. C’est aussi un procédé permettant de prolonger, par le froid ou la déshydratation, un
état de vie latent pour la préservation de certains organismes. En somme, ce concept signifie
dans le cadre de cette étude le reboisement des terrains et des sites à protection décrétés dans
le cadre de la politique de la restauration des terrains ; action de garder intact, sauver,
entretenir. La conservation c’est donc l’action de conserver quelque chose intacte, de la
 îð

maintenir dans le même état, de la préserver de toute action pouvant conduire à une altération
de sa nature26.

I.1.4. espace vert


Désigne en urbanisation, tout espace d’agreement « végétalisé » (engazonnée, arborée
éventuelles, planté des fleurs et d’arbres et buissons d’ornement et souvent garni de pièces
d’eau et cheminement). L’expression est généralement plutôt employée aux espaces publics
ou semi publics. Le mot sous-entend une situation en milieu urbain ou péri urbain, en tout cas
en milieu construit. Sous cette optique, un espace vert peut être compris de deux manières.
D’une part, les espaces verts peuvent designer l’ensemble des espaces utilisés comme jardin
public ou des sites d’attraction conservant une verdure naturelle et/ou celle non naturelle mais
souvent entretenue par l’homme pour les finalités susmentionnées. D’autre part, les espaces
verts peuvent également designer l’ensemble des espaces végétalisés et aquatiques d’une zone
construite et/ou aménagées27. Sous une autre perspective, les espaces verts, peuvent désigner
l'ensemble des espaces utilisées parcs urbains, jardins publics, squares, d'une certaine
dimension, accessible à pied et à vélo mais non aux engins motorisés, et ne présentant pas de
dangers pour les usagers, enfants en particulier. Tout compte fait, la création ou l’amélioration
d'espace vert se fait de plus en plus dans une perspective de développement soutenable, et
donc souvent au service de populations et lieux qui en manquent, pour des raisons sociales,
sanitaires et écologiques (trame verte et bleue urbaine et réseau écologique et d'agrément, et
peut être décidée autant par les pouvoirs publics (mairie ou communauté de communes le plus
souvent) ou par un promoteur immobilier a des fins écologiques et promotionnelles, ou
compensatoires obligatoires, ce qui se fait de plus en plus. L'intégration de la biodiversité
dans les espaces verts nécessite une formation initiale et continue des concepteurs d'espaces
verts, mais aussi des équipes qui vont devoir les entretenir ou les surveiller ou les animer. De
ce fait, la double vocation sociale et écologique des espaces verts tend à se développer en
recherchant plus de naturalité avec la gestion écologique et donc différenciée, la conservation
de bois mort et d'arbres sénescents, la création de cheminements et de plans d'eau moins
artificiels, l'abandon des pesticides, l'usage d'essences et d'espèces plus locales et moins
horticoles, et une plus grande tolérance à l'égard de la flore sauvage et spontanée, etc. Sans
négliger les parcs historiques des centres des grandes villes, il apparaît nécessaire de

îò
IRANGA LUSHAHIRE, Stratégies de lutte contre la dégradation de l’environnement dans la ville de Bukavu,
ISDR, inédit, 2003.
îó
BOURGUERRA MOHAMED et al., Etat de l’environnement dans le monde, Paris, éd. Ecosociété, p243
 îñ

considérer les friches, la nature banale et les zones vertes de périphérie où les enjeux pour la
biodiversité sont également importants28.

I.2. CADRE THEORIQUE DE L’ETUDE


Cette étude souscrit à la théorie de l’acteur- réseau 29 . Cette théorie a été
développée par plusieurs auteurs autour des années 1990 et, dont les figures les plus
importantes sont entre autres Bruno Latour, Michelle Callon et Murdoch. Selon Bruno Latour,
« la théorie de l’acteur-réseau se déploie à partir de la considération que la dualité entre nature
et société propre [etc.], la distinction nature/société. Celle-ci s’est déclinée sous diverses
formes binaires (objet/sujet, vérité/connaissance, etc.) et relève d’une sorte de mythologie de
la modernité puisque les objets purement naturels ou culturels seraient des exceptions dans la
réalité, la plupart d’entre eux débordant largement ces catégories typiquement modernes ».
Pour René Audet « la théorie de l’acteur-réseau doit mettre l’accent sur les hybrides (des
particules, des gènes, des objets, etc.) [...] qui modifient profondément et à notre insu, notre
représentation du monde, devenant acteurs de la vie politique en percutant les sensibilités
humaines ». C’est pourquoi il faudrait, selon Bruno Latour, renouveler la pensée en
considérant les hybrides comme « des médiateurs, c’est-à-dire des acteurs dotés de la capacité
de traduire ce qu’ils transportent, de le redéfinir, de le redéployer et de le trahir aussi ». Il ne
faut donc pas tenter de considérer les entités naturelles comme passives ou inactives, car elles
ont souvent la capacité de transformer les relations sociales. Ceci est d’ailleurs le fondement
de l’émergence de la sociologie de l’environnement. Jonh Law explique très explicitement
cela, lorsqu’il démontre que l’objectif lointain de la théorie de l’acteur-réseau est d’aménager
une place, dans la théorie sociale, aux acteurs qui ne sont pas nécessairement humains. Selon
lui, « le social n’est rien d’autre que des configurations de réseaux de matériaux hétérogènes
».Ce qui ressort de ceci, c’est le principe épistémologique de symétrie développé par Jacques
Murdoch en 1997, selon lequel, « le sociologue doit se refuser de toute distinction entre
classes d’acteurs (naturel ou social, micro ou macro, et ainsi de suite) et de se limiter à suivre
les acteurs dans leurs associations au sein de réseaux hétérogènes ». C’est donc à travers le
concept de réseau que les chercheurs proches de la théorie de l’acteur-réseau tentent de
formuler une nouvelle définition « symétrique » de l’acteur, et éventuellement de rendre
l’idée opérationnelle pour la recherche souvent un réseau lui-même ». Dans certaines

28
NAMIAS, Olivier, Espaces verts : un parc extensif pour écrêter les crues Moniteur (Le) n° 5570 du
27/08/2010, pp. 28-29
îõ
BRUNO LATOUR, MICHELLE CALLON et MURDOCH, cités par Jules BASIMINE, Capital social et
gouvernance des ressources naturelles, éd. européennes universitaires, pp141-171, 2014.
 îò

conditions, l’acteur peut désigner un individu qui mobilise une série d’objets techniques lors
de ses interactions avec d’autres acteurs; ou encore, il peut être formé de plusieurs individus
et objets en réseau et engagés dans des interactions faisant appel à des intermédiaires. Les
acteurs collectifs quant à eux sont fondamentalement des réseaux composés d’entités
hétérogènes. Ils associent et font circuler des intermédiaires. Selon Michel Callon « les
intermédiaires sont humains ou non, mais à la différence des acteurs, ils ont généralement des
rôles pré-attribués ». L’auteur distingue ainsi trois types d’intermédiaires : les informations
inscrites, les objets techniques, les différentes formes d’argent (fonds, capital, réserve, etc.).
Les acteurs et les intermédiaires constituent donc les principales composantes des réseaux, et
un individu peut parfois être considéré comme un acteur et parfois comme un intermédiaire,
selon l’angle sous lequel il est envisagé. Le deuxième ensemble conceptuel de la théorie de
l’acteur-réseau vise à décrire comment les réseaux s’établissent, évoluent et deviennent
durables grâce aux concepts de traduction et de convergence. Selon Michel Callon, « la
traduction est un processus de définition mutuelle et d’inscription des acteurs qui sont en
interaction, elle peut être le résultat de compromis et de négociations qui s’incorporent dans
des textes, machines et autres intermédiaires; la traduction permet d’établir une équivalence,
constamment renégociée, entre des intérêts distants, mais surtout incertains et instables; elle
passe fréquemment par la construction de nouveaux acteurs et de nouveaux intérêts ». Les
traductions et les conventions, selon Michel Callon, peuvent toujours être mises à l’épreuve et
concurrencées par d’autres puisqu’aucune d’elles n’est indéfiniment figée, elles ne sont
jamais totalement irréversibles. Plus un réseau est convergeant, plus il sera capable de résister
aux traductions concurrentes. Ainsi, une traduction fortement irréversible pourra avoir des
effets systémiques, car la normalisation qui accompagne tout ce processus aura comme
conséquence de rendre prévisibles les opérations du réseau, de limiter les fluctuations et de
contraindre les acteurs et les intermédiaires. Cette deuxième considération de la théorie de
l’acteur- réseau est explicative par rapport à notre travail de recherche. Il sous-tend qu’il faut
dépasser la simple identification des acteurs (les paysans pauvres, les groupements
d’agriculteurs et d’éleveurs, les différentes associations et organisations paysannes, les
institutions coutumières et d’administration du terroir, etc.) et pousser plus loin en prenant en
compte des intermédiaires dans la compréhension de la gouvernance des ressources
naturelles. Dans le cas d’espèces, les intermédiaires sont notamment les champs de collines,
les marais, les diverses informations, les mécanismes de prises de décision, etc. qui sont en
réseau continu avec les acteurs, soit individuels, soit collectifs. Le réseau qui se construit entre
les acteurs sociaux et les intermédiaires naturels et leur corollaire réfère au paradigme de la
 îó

circularité entre le social et le naturel très défendu, par les sociologues de l’environnement. La
recherche des convergences entre les réseaux d’acteurs et ceux des intermédiaires naturels
constituent la base du couple systémique nature-société et de surcroît, l’objet de la sociologie
de l’environnement.

I.3. CHANGEMENT CLIMATIQUE AUX PRISES AVEC LA GOUVERNANCE


ENVIRONNEMENTALE COLLECTIVE
Le changement climatique confronte l’humanité à ses limites et interpelle sur les
modalités d’une nouvelle gouvernance. En ce début de 21ème siècle, nous sommes finalement
confrontés en matière d’économie internationale à un double défi : nous héritons de l’époque
précédente un ensemble d’institutions nécessitant plus qu’un toilettage puisque leur réforme
soulève des questions politiques fondamentales. Mais ces réformes sont difficiles à concevoir
et à négocier parce que la question de l’architecture internationale ne s’inscrit ni dans l’ordre
d’une économie dominante qui pourrait imposer ses vues comme les Etats-Unis l’ont fait dans
les conférences d’après-guerre, ni dans la perspective d’un monde multipolaire d’où se
dégagerait une sorte de vision régionale des interdépendances 30 . Quant à l’Europe, si elle
dispose de nombreux atouts en termes de soft power, elle peut également constituer un frein
parce que les avantages acquis par certains de ses membres seront remis en question et parce
que son organisation politique baroque ne lui donne qu’une identité floue dans le monde des
grandes puissances. Contrairement au passé, se réfugier derrière l’absence de connaissance
scientifique est devenue impossible, l’expertise et la veille scientifique ont ces dernières
années régulièrement alimenter l’opinion publique sur le sujet du changement climatique.
C’est donc dans l’action qu’il nous faut rechercher des solutions. Le protocole de Kyoto a été
le premier pas dans cette voie. Malgré une mise en place lente du dispositif pour des résultats
limités, les bases d’une planète plus solidaire à la fois entre les pays du Nord et du Sud mais
également entre les générations ont été posées. Il est en effet de notre responsabilité collective
d’engager cet effort important de réduction des gaz à effet de serre pour ne pas reporter
intégralement sur les générations futures le poids des décisions difficiles dont on sait dès à
présent qu’elles sont inéluctables. Au vu de ces considérations, il se ressort que la rationalité
économique s’impose sur les considérations philanthropiques ou charitables qui ne sont pas
des principes suffisamment durables pour justifier un effort financier de l’ordre d’1 % du
PNB de chaque pays chaque année (les objectifs du millénaire fixe 1% du PNB pour l’aide au


30
FREDERIC CHOBLET, PHILIPPE GICQUEL, GABRIELLE HOPPE et al., Le changement climatique.
Gouvernance politique et économique in Liaison Energie-francophonie, n° 75, Paris, 2007, pp16-17
 îô

développement)31. Il faudrait donc augmenter le prix des énergies fossiles afin d’agir sur la
demande, et accroître l’efficacité énergétique. Seul un accord global qui internalise les coûts
du changement climatique dans le prix des énergies fossiles est une condition de réussite. Un
tel accord doit prendre en compte l’hétérogénéité des pays tant les producteurs que les
victimes du changement climatique. Si un accord global reste la priorité, il n’en demeure pas
moins que des actions efficaces peuvent d’ores et déjà être mises en œuvre à l’instar de
l’énergie hydraulique qui est économiquement et écologiquement fortement profitable.

I.3.a. Nécessité de régulation du développement technologique et de l’ordre économique


Finalement, dans le domaine technologique il y a également des raisons d’investir dans
le développement de technologies futures et à stimuler des initiatives. Il est alors important
d’encourager tous ces potentiels aux niveaux appropriés, locaux, régionaux, nationaux ou
supranationaux. La définition d’un ordre économique international juste doit également
constituer une priorité. La fin de la guerre froide et la montée en puissance des économies
émergentes interdisent de concevoir l’avenir de la planète comme un prolongement de
l’après-guerre. Les institutions existantes doivent rester le cœur du système mais leur réforme
impose des remises en ordre de grande ampleur qui dépassent le cadre des responsabilités
techniques sectorielles. Pour ce faire, il est nécessaire de recréer les mécanismes d’une bonne
gouvernance de l’économie mondiale qui passe par une impulsion politique significative au
sommet32. Dans cette perspective le G7-G8 pourrait être remplacé par un cercle plus large le
L-20 (L pour Leaders), réunissant les chefs d’Etat des pays économiquement les plus
significatifs de la planète. Cette proposition ouvre la négociation et favorise la recherche de
compromis sur un champ étendu, elle permet d’aborder explicitement la question de la
cohérence du système dans son ensemble en corrigeant les manques, en supprimant les
duplications et en organisant les interactions. En tout état de cause, il revient aux chefs d’Etat
qui seuls disposent des responsabilités ultimes, de donner les impulsions et contrôler les
progrès, nouer les compromis les plus délicats33.


31
www.iepf.org/ressources/lef.php, consulté le 5 février 2016
32
M. DESFORGES., La mondialisation, Paris, PUF, « Que sais-je ? », n° 1687
ïï
Rapport Gro Harlem Brutland, 1987
 îõ

I.3.b. Mesures d’atténuations et nouvelles perspectives économiques et sociales34


Il est en effet illusoire d’imaginer un scénario de réussite sans que les éléments suivants
soient acquis :
1. Une prise de conscience universelle du défi climatique avec une adhésion importante des
gouvernements aux objectifs fixés, et au-delà un engagement formel de travailler à la mise en
œuvre des politiques susceptibles de les satisfaire ;
2. Une adhésion collective et durable aux principes déjà posés par le protocole de Kyoto et la
poursuite des efforts entrepris. Ainsi, les pays émergents doivent s’engager sur des objectifs
de croissance prenant en compte la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre ;
3. La construction d’une solidarité internationale effective : les conséquences du changement
climatique sont facteurs d’incertitude notamment pour les pays les moins avancés ;
4. Une approche plus globale de la future politique climatique qui ne retiendrait plus
seulement «une approche descendante» sur la base d’accords internationaux mais qui
intégrerait davantage les politiques nationale et régionale.
Qui plus est, le problème du changement climatique au sens économique est alors
essentiellement une question d’allocation. Sur d’autres domaines environnementaux, cela a
été résolu par l’intervention d’un législateur national ou supra national. Or, dans le cas du
changement climatique, il s’agit d’un problème global. Les effets des gaz à effet de serre ne
sont pas liés au lieu de leur émission. Cette situation crée ce que l’on peut appeler un «
dilemme social » dans lequel plusieurs pays sont concernés par un effet externe qui a le
caractère d’un bien public. Comme aucun pays n’est exclu de la consommation d’une unité
d’environnement, créée dans un autre pays, il n’est pas rationnel qu’un pays aille au-delà
d’une réduction de CO2 qui soit raisonnable par rapport à son niveau national. Dans la théorie
des jeux on parlerait du dilemme du prisonnier : une coopération est contraire au calcul
individuel des pays, ce qui empêche un accord profitable à tous. La réalité devient encore plus
compliquée lorsqu’on prend en compte l’hétérogénéité des pays qui jouent sur deux axes,
d’une part en tant que producteurs d’émission de gaz à effet de serre et d’autre part en tant
que victimes des conséquences du changement climatique. S’agissant des producteurs, on
peut distinguer pays industrialisés, pays émergents et pays en voie de développement. La
typologie des impacts de certains facteurs sur les émissions de CO2 pour ces trois catégories
de pays montre déjà qu’une solution globale doit prendre en compte des intérêts


34
G. DONNADIEU, M. Tarsky, La systémique. Penser et agir dans la complexité, Paris, éd. Liaisons, 2012
 ïì

contradictoires inhérents à leurs situations économiques. Des restrictions d’émissions de CO2


auraient un effet plus grand dans les pays émergents que dans les pays industrialisés35.
Au demeurant, il faut constater que des restrictions sur les émissions de CO2 vont avoir un
impact qui est relativement plus important sur l’économie des pays émergents que sur celle
des pays industrialisés. En tenant compte que la pollution actuelle est principalement due aux
activités des pays industrialisés sur les 2 derniers siècles, se pose la question de savoir
comment un accord global pourrait prendre en compte cette inégalité. A cet effet, les
gouvernements ont un rôle éminent à jouer : mettre en œuvre le principe « pollueur payeur »,
taxer la production de carbone, utiliser le levier fiscal pour encourager la progression du fret
ferroviaire ou les économies d’énergie. Il convient de rappeler que les collectivités locales
dans certains pays ont des attributions qui leur confèrent en matière climatique un rôle
essentiel :
i. en charge des questions d’urbanisme et d’aménagement de leur territoire, elles
disposent des outils stratégiques de définition de politiques ayant un lien étroit avec les
questions de changement climatique. Les plans locaux d’urbanisme, les transports
collectifs, la voirie, les espaces verts, le traitement des déchets sont de leur
compétence. Elles sont le bon niveau d’appréhension des solidarités
intergénérationnelles et un puissant moteur d’adhésion aux problématiques de
changement climatique ;
ii. elles disposent de moyens d’information et de sensibilisation des populations par les
politiques culturelles et éducatives auxquelles elles participent et apparaissent de plus
en plus comme le lieu de la définition d’une véritable participation du citoyen au
débat. L’autre point important sur lequel les collectivités locales peuvent influencer les
décisions prises est celui qui concerne la croissance urbaine. Les choix opérés sont
souvent contradictoires car ils doivent conjuguer plusieurs problématiques telles que
l’emploi, le développement économique et le respect de l’environnement. L’avenir
repose sur la capacité des collectivités locales à définir et mettre en œuvre des
politiques publiques globales sur la base de schémas d’aménagements incluant les
préoccupations environnementales, de transports publics, et en obligeant le cas
échéant les promoteurs et investisseurs privés à participer à la définition et l’exécution
d’équipements publics d’accompagnement. Au-delà de la seule action des pouvoirs


ïñ
M. YUNUS, Vers un nouveau capitalisme, Paris, éd. J.C Lattès, 2008
 ïí

publics sur le changement climatique, les relations entretenues avec le monde de


l’entreprise apparaissent également déterminantes ;
iii. les entreprises modèles pourraient être mises en valeur par les gouvernements en les
incitant à communiquer sur ce qu’elles font en matière d’environnement ;
iv. un soutien pourrait être apporté pour les petites et moyennes entreprises, en faveur de
la valorisation de leurs efforts sur le marché pour lutter contre les conséquences du
changement climatique. De plus en plus, le monde de l’économie est influencé par le
système de la notation des entreprises qui relève de cabinets d’audit spécialisés à
vocation internationale. La prise en compte généralisée d’une part de la notation sur
des critères incluant des éléments du changement climatique peut s’avérer
intéressante.
Ainsi soulevé, il s’observe qu’à moyen terme, les économies d’énergies devraient être, selon
le GIEC, le principal facteur de stabilisation des émissions de CO2. Elles doivent donc être
poursuivies que ce soit dans le bâtiment, l’industrie ou les transports. A titre d’exemple on
peut citer la reforestation pour limiter tant soi peu les effets déjà dévastateurs dans quasiment
tous les coins du monde selon les indications de ce tableau ci-dessous:
IMPACTS DE CERTAINS FACTEURS SUR LES EMISSIONS DE GAZ CARBONIQUE
POUR TROIS TYPES DE PAYS36
Facteurs Pays Pays émergents Pays en voie de
industrialisés développement
Croissance de la Bas Négatif Haut
population
Croissance Modéré Haut Haut
économique
Intensité énergétique Moyen Très haut Bas
du PNB
Intensité des énergies Moyen Moyen Haut
fossiles dans la
consommation
énergétique
Emissions per capita Très haut Haut Bas
Emissions par PNB Bas Haut Haut


36
Rachel Warren et al., Understanding the regional impacts of climate change, Tyndall Centre for Climate
Change Research, 2006.
 ïî

Coûts marginaux de Très haut Bas Bas


substitution
A travers ce tableau, on peut grosso modo que le changement climatique d’un point de vue
économique pose plusieurs problèmes entre autres (1) la consommation du « bien atmosphère
» en tant que bien public qui a atteint ses limites. Bien qu’il soit difficile d’avoir des
prévisions exactes sur les conséquences pour l’économie, il est largement reconnu que les
effets seront négatifs et que l’importance des impacts dépend du niveau du réchauffement;(2)
l’utilisation de l’atmosphère n’est pas chiffrable économiquement. Les pays du monde se
retrouvent dans le dilemme du prisonnier : une coopération est contraire aux intérêts
individuels des pays rendant un accord global impossible ;(3) réduire les émissions de CO2 se
fait à différents coûts d’opportunité, dans les différents pays. Les pays émergents sont, à ce
titre, plus affectés que les pays industrialisés. (4) les conséquences du changement climatique
diffèrent d’un pays à l’autre. Ce sont également les pays riches qui souffriront moins que les
pays pauvres.

I.3.c. L’économie du climat comme antidote à long terme aux migrations environnementales
Une économie du climat a été mise en place depuis quelques années au travers de
négociations sur le plan mondial. En effet, la négociation climatique mondiale est à ce jour
l'un des grands sujets autour desquels se structurent des accords majeurs concernant
croissance, énergie, transferts de technologie, aide au développement, renforcement de
capacités. Un lien indissociable et réciproque existe entre le changement climatique et le
développement économique des pays :
- les trajectoires de développement économique des pays (plus ou moins rapides et plus ou
moins émettrices de GES) sont à la source des changements climatiques ;
- les changements climatiques ont des conséquences sur les milieux naturels et humains et
donc sur le développement des pays.
Ce schéma permet de mieux comprendre les deux types d’actions pour lutter contre le
changement climatique : l’atténuation des émissions de GES et l’adaptation aux conséquences
du changement climatique. En d’autres termes, il importe d’agir sur la cause et limiter/réparer
ses conséquences. En effet depuis 1990, les hausses les plus sensibles d'émissions de GES au
niveau mondial proviennent de la déforestation (+48%), du secteur de l'énergie (+37%) et des
transports (+32%). Au total, la combustion d'énergies fossiles est actuellement à l'origine de
70% des émissions mondiales de GES et cette part augmente rapidement. Le rapport Stern sur
l'économie du changement climatique a mis en avant dès 2006 le coût attendu de la mise en
 ïï

œuvre de politiques pour lutter contre le changement climatique37. Le principal mérite de ce


rapport a été de donner aux décideurs les conclusions d’une analyse économique. La première
de ces conclusions est que le coût de l’inaction face au changement climatique (-5% du PIB
mondial chaque année) est très supérieur au coût de l’action (1% du PIB mondial) qui
permettrait de stabiliser la concentration des GES entre 500 et 550 ppm en équivalent CO2.
Ce rapport propose des voies d’action pour lutter contre le changement climatique. S’agissant
des besoins en financement pour lutter contre le changement climatique, les montants estimés
sont de 94 Mds par an pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre et entre 75 et 100
Mds USD par an en 2020 pour l’adaptation aux conséquences du changement climatique. A
titre de comparaison, le montant total que les pays de l’OCDE consacrent annuellement à
l’aide publique au développement avoisine les 100 milliards de dollars38.
A l’opposé, dans ce contexte, un nouveau phénomène a fini par surgir: il s’agit des
migrations environnementales et climatiques. En effet, la hausse du niveau de la mer pourrait
être de l'ordre de 60 cm à l'horizon 2100, à la suite de la fonte des glaciers et à la dilatation de
l'océan, noyant certaines îles et zones côtières, obligeant des dizaines de millions de
personnes à s'adapter ou à migrer. Une donnée nouvelle apparaît d'ailleurs, celle des migrants
qui viennent de pays qui risquent de ne plus exister avec l'impossibilité de leur demander de
revenir dans le pays d'origine, d'où au-delà du drame humain, il résulte l'émergence de
problèmes juridiques et de droit international. Les migrations environnementales ne sont pas
en elles-mêmes un phénomène créant de l'insécurité. La migration environnementale répond à
la recherche de conditions plus sûres ou simplement viables : à court terme, elle améliore la
sécurité, elle sauve la vie des migrants. Depuis 250 ans, la population mondiale a décuplé et
au cours du 20ème siècle les frontières se sont faites de plus en plus imperméables, ce qui
modifie radicalement les possibilités et les conditions des migrations. Simultanément ou
corrélativement, le monde a connu au cours des dernières décennies des catastrophes aux
conséquences de plus en plus lourdes. Les causes de cette amplification sont diverses ;
l'ampleur des phénomènes naturels se conjugue à des vulnérabilités croissantes, qu'elles soient
socio-économiques comme une plus grande densité de population et une concentration le long
des zones côtières, ou physiques (sols artificialisés, milieux naturels dégradés) ou systémiques
(dépendance à certaines infrastructures de communication ou de transport d'énergie, par
exemple). Nombre de petits États insulaires sont déjà et seront de plus en plus touchés. Au


ïó
BANQUE MONDIALE, Economics of adaptation to climate change study, 2010
38
UNION EUROPEENNE, Cité par MICHEL ASENCIO, NICOLAS BERIOT, AGNES COLIN et
compagnons, Op Cit, pp12-14
 ïð

delà des conséquences pour ces États et leurs populations, ces migrations qui ont commencé,
et l'abandon maintenant prévisible de certains territoires, sont aussi des symboles, des
précurseurs, des cas emblématiques. Ces États font entendre leurs voix dans les négociations
internationales, posent les questions non plus en termes de solidarité mais en termes de justice
et de responsabilité39. Les sécheresses, ou simplement la baisse de précipitations, déclenchent
des migrations internes à certains pays africains : exode rural, avec son impact sur les villes et
leurs périphéries de bidonvilles40. Une minorité, pas les plus pauvres ni les plus vulnérables
de ces émigrés intérieurs, mais les plus aptes, tente ensuite de migrer vers les pays
développés. Les migrations qui suivent certains phénomènes tels que des ouragans sont
souvent définitives41.

I.4. APERCU SUR L’ARSENAL JURIDIQUE INTERNATIONAL EN MATIERE DE


LA CONSERVATION DE LA NATURE
Le processus d’élaboration des traités est aussi excessivement long. Il a fallu une
décennie pour passer de l’étape de l’élaboration d’agendas, à l’aide d’un accord-cadre, à la
négociation du premier protocole opérationnel pour l’action collective. Après un accord
protocolaire, la ratification de ce dernier dépend en outre du degré de capacité des
gouvernements à créer un consensus à l’échelle de l’État. Ils font souvent marche arrière et
laissent à nouveau apparaître la question de l’incertitude scientifique pour des raisons
politiques, ce qui freine le processus et exige davantage de temps pour le compléter 42 .
Jusqu’alors, la formulation de politiques environnementales à l’échelle internationale a été
fragmentée par thème, secteur ou territoire, ce qui aboutit à la négociation de traités qui se
superposent ou entrent en conflit entre eux. Cela engendre des complications inutiles à
l’échelle de l’État, car les signataires essayent de respecter des obligations liées à de multiples
accords. À l’échelle internationale, il existe des tentatives de coordination entre des
institutions environnementales, comme le Comité de coordination inter-agences et la
Commission pour le développement soutenable, mais ces institutions sont trop faibles pour


ïõ
BERKMAN, Paul ; YOUNG, Oran, « Governance and Environnemental Change in the ArticOcean », Science,
vol. 324, april 2009.
ðì
GEMENNE, François ; MAGNAN, Alexandre ; TUBIANA, Laurence, Anticiper pour s'adapter, le nouvel
enjeu du réchauffement climatique, Pearson Education, 2010.
ðí
GEMENNE, François, « Migrations et déplacements de populations dans un monde à +4°C», Revues études,
tome 144/6, juin 2011.
ðî
ZIAKA, YOLANDA, ROBICON, PHILIPPE et SOUCHON, Christian, Éducation Environnementale. Six
Propositions pour l‘Action Citoyenne, Cahiers de propositions de l’Alliance pour un monde responsable, pluriel
et solidaire, 2001
 ïñ

intégrer de façon efficace les trois dimensions du développement durable43 .De ce fait, au
niveau mondial, plusieurs conventions ont été assorties des grandes rencontres internationales
sur l’environnement dénommées les « conventions de Rio » mais dans le cadre de cette étude,
nous retenons les suivantes:

I.4.a. La Convention sur la diversité biologique (CDB) (1992-1993)

Cette convention a pour objectif de préserver la biodiversité, c’est-à-dire qu’elle


vise la sauvegarde des ressources génétiques, des écosystèmes et des espèces, l’utilisation
soutenable de ces éléments et le partage juste et équitable des bénéfices, surtout grâce à un
accès satisfaisant aux ressources génétiques et à un transfert de technologie et financier
approprié. Parmi les accords liés à cette convention se trouve le Protocole de Carthagène sur
la sécurité de la biotechnologie.

I.4.b. La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC)
(1992-1994).

Elle a pour objectif de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans
l’atmosphère à un niveau qui évite tout type de perturbation anthropique et dangereuse pour le
climat, et d’atteindre ce niveau dans un intervalle de temps suffisant pour que les écosystèmes
puissent s’adapter naturellement aux changements climatiques, sans menacer la production
alimentaire et en permettant la poursuite d’un développement économique soutenable. Elle
comprend le Protocole de Kyoto. Pour renforcer cette convention-cadre, les Nations-Unies,
adoptèrent une nouvelle convention dénommée « Convention des Nations unies sur la lutte
contre la désertification (CNUCD) (1994-1996). Cette dernière a eu pour objectif de
combattre la désertification et de limiter les effets de la sécheresse et de la désertification dans
les pays gravement touchés par celles-ci, tout particulièrement en Afrique, grâce à des
mesures efficaces à tous les niveaux. Cependant, il existe d’autres conventions et protocoles
additionnels relatifs à la préservation de la biodiversité dont à titre illustratif nous citons la
Convention de Ramsar sur les zones humides d’importance internationale (1971-1975), la
Convention du patrimoine mondial de l’Unesco (1972-1975), la Convention sur le commerce
international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites) (1973-


ðï
BAUER, STEFFEN, BUSCH, PER-OLOF et SIEBENHÜNER, BERND, Administering International
Governance : What Role for Treaty Secretariats? Global Governance Working Paper n° 29, Amsterdam, The
Global Governance Project, 2006
 ïò

1975), la Convention de Bonn sur la conservation des espèces migratoires (1979-1983), la


Convention sur la protection et l’utilisation des fleuves et des lacs internationaux (ECE,
Convention de l’eau) (1992-1996), la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements
transfrontaliers de déchets dangereux et leur élimination (1989-1992), la Convention de
Rotterdam sur la procédure de consentement préalable en connaissance de cause applicable à
certains produits chimiques et pesticides dans le commerce international, la Convention de
Stockholm sur les polluants organiques persistants (COP) (2001/2004), etc44.

Au demeurant, toutes ces conventions se caractérisent par les aspects fondamentaux


suivants :

• Valeur d’exécution obligatoire par les États signataires ;


• Engagement dans un secteur déterminé de la gouvernance environnementale mondiale
(biodiversité, climat, désertification...) ;
• Focalisation sur la lutte contre la pauvreté et le développement de conditions de vie
soutenables ;
• Financement grâce au Fonds pour l’environnement mondial pour stimuler
l’application des conventions dans les pays à faibles capacités financières ;
• Intégration d’un programme d’évaluation de l’état des écosystèmesX

En somme, les conventions sur l’environnement font régulièrement l’objet de critiques, qui
concernent les points suivants :

• Rigidité et verticalité : les conventions sont trop descriptives, uniformes, structurées de


haut en bas, ce qui ne reflète pas la diversité et la complexité des questions
environnementales. Les pays signataires rencontrent de nombreuses difficultés pour
concrétiser leurs objectifs et les intégrer de façon cohérente dans tous les secteurs et à
tous les niveaux ;
• Structures parallèles et assistance : la formulation sectorielle des conventions a donné
naissance à des structures et des procédures parallèles entre les pays et entre les
organismes de développement, qui entrent en compétition pour l’obtention de fonds et
de sphères d’influence. La coopération entre les différents ministères d’un même État,
nécessaire et urgente, reste bloquée ;


ðð
RIJNHOUT, LEIDA, Reconnaître la dette écologique : un pas vers la justice sociale et environnementale et
vers le développement durable, JADES, avant-projet, 2005.
 ïó

• Contradictions et incompatibilités : la proximité thématique des conventions leur


cause mutuellement préjudice. Exemple : les reforestations organisées pour réduire le
CO2 peuvent nuire à la biodiversité si elles favorisent les monocultures d’espèces
extérieures (tandis que la régénération naturelle peut renforcer la biodiversité et les
conditions de vie). La gestion nécessite de tenir compte des objectifs des différentes
conventions et de les comparer régulièrement, ce qui constitue une tâche difficile,
particulièrement pour les pays pauvres pris entre des besoins économiques urgents et
la conservation écologique à long terme.

Retenons que dans bien des cas aujourd’hui, la législation internationale sur l’environnement
ne conduit pas au développement de solutions collectives aux problèmes environnementaux
ou de développement durable, qui soient coordonnées ou synergiques. Les accords
internationaux concrets se négocient souvent grâce à des régimes « spécifiques » produits
dans un isolement relatif. Chaque accord est plus ou moins traité grâce à la décomposition
artificielle des difficultés causales qui le composent à la recherche d’une « gérabilité »
pratique. Les accords sont gérés par des ministères spécialisés ou des organisations
fonctionnelles dans des forums issus des espaces de négociation d’accords internationaux45.

I.4.c. Accords Multilatéraux Environnementaux (AME)

Il s’agit d’accords entre plusieurs pays à l’échelle internationale ou régionale, qui concernent
les questions environnementales les plus diverses tournant autour de l’atmosphère, de la
matière vivante, de la vie marine, de la désertification, de la protection des écosystèmes, du
rejet de substances dangereuses, de la contamination marine, etc. Il existe actuellement plus
de 500 accords multilatéraux sur l’environnement, dont 45 relèvent du domaine géographique
mondial et ont été signés par 72 pays ou plus. De nombreux accords se rapportent à des
problèmes environnementaux à caractère régional, comme la déforestation à Bornéo ou la
pollution en Méditerranée. Chaque accord a une mission et des objectifs spécifiques, auxquels
un nombre variable d’États souscrit. Les AME représentent le droit international sur
l’environnement. Ceci fait que le Programme des Nations-Unies sur l’Environnement, les
AME et les organisations de développement continuent à adopter la structure définie par les
sommets de Rio et Johannesburg pour la gouvernance de l’environnement, qui consiste à


ðñ
DIALLO, HAMA ARBA, La gouvernance environnementale et la synergie entre les trois conventions
globales, document du Sommet de Johannesburg, 2002
 ïô

élaborer des évaluations et des politiques, et à l’exécution de projets au niveau national. Et la


structure de gouvernance dispose d’une série de phases résumées en sept dont (a) l’évaluation
de la situation environnementale ; (b) l’élaboration de politiques à l’échelle internationale ; (c)
la formulation d’accords multilatéraux sur l’environnement ; (d) l’application des politiques ;
(e) l’évaluation des politiques et des mesures coercitives et (f) le développement durable.
Traditionnellement, le PNUE a prêté une attention spéciale à la fonction normative de
participation dans les trois premières phases. Les phases de d) à f) sont l’objet des AME,
tandis que dans la phase liée au développement durable, participent des organisations de
développement comme le PNUE et la Banque Mondiale46.

Qui plus est, l’absence de coordination entre les différents types d’acteurs affecte
toutefois le développement d’une gouvernance cohérente. Ainsi, selon le même rapport, les
États donateurs appuient les organisations de développement en fonction des intérêts des uns
et des autres pour la création de normes, et surtout pour leur mise en place, mais sans suivre
aucun schéma commun, ce qui se traduit finalement par de nombreux chevauchements et un
travail multiplié par deux. Ainsi peut-on noter d’une part, que les AME sont peu pris en
compte comme cadre de référence commune et, par conséquent, qu’ils reçoivent des appuis
financiers réduits, d’autre part, que les États et les différents organismes préfèrent financer la
mise en place de la réglementation existante plutôt que de la perfectionner et de l’adapter à
une menace sur l’environnement qui peut varier. En somme, on constate qu’il n’existe pas de
lien adéquat entre les activités normatives et les activités opérationnelles47

I.5. PRESENTATION MONOGRAPHIQUE DE LA COLLECTIVITE


CHEFFERIE DE KABARE

I.5.1. Localisation géographique et limites


La collectivité-chefferie de Kabare est située en RDCongo, province du Sud-Kivu dans le territoire de
Kabare. Elle est limitée respectivement par le territoire de Kalehe au nord, de Walungu au sud, le parc
national de Kahuzi-Bièga à l’ouest et à l’est par la ville de Bukavu et le lac Kivu.



ðò
ROUSSEL, MARIE, Institutional Failures of the Global Environmental Governance, inédit, université
d’Adélaïde, 2007

ðó
YOUNG, ZOE, A new green order: The World Bank and the politics of the global environnemental facility,
Pluto Press, London, 2002.
 ïõ

I.5.2. Climat et relief


Le relief est typiquement montagneux, on rencontre à l’intérieur de la collectivité-chefferie de
Kabare des collines entières inhabitées à cause de leur malformation. Le climat est en général tropical
humide avec une température moyenne entre 1300 et 1800mm et généralement elles augmentent avec
l’altitude pendant que la température diminue.

Actuellement à cause de la perturbation climatique due par des facteurs climatiques comme la
déforestation, on remarque que la saison sèche devient de plus en plus longue et cela fait que même le
calendrier agricole n’est plus facile à maitriser et la période de semis apparait précaire suite au manque
de pluies régulières. On sème et souvent semences brulent et ne poussent plus, comme conséquence
une faiblesse de la production et les maladies protéino-caloriques se font observer. Ainsi, les
cultivateurs ne cultivent plus pour gagner et épargner mais plutôt pour l’autosubsistance. En plus de la
déforestation et de la perturbation climatique il y a existence des insectes et ravageurs des plantes.

Cependant, on s’accorde à reconnaitre qu’à l’origine le sol de Kabare était riche en minéraux
et en matières organiques quoi que très sensible à l’érosion. L’appauvrissement est dont récent et dû à
l’action humaine comme rapporte le constat actuel. En effet, les bonnes terres sont dégradées par
l’excès d’usage par les populations, sa mise en culture permanente non composée par les méthodes
culturales appropriées 48 .La végétation originelle de nos jours a disparu pour laisser place à des
étendues d’herbes. Il ne reste que quelque collines non pâturées parmi lesquels la vaste étendue est
occupée par le Parc national de Kahuzi-bièga. Le déboisement du Bushi avait déjà été signalé en 1993
par J. Hecq qui affirme qu’on ne peut plus parler de paysage forestier ni de trace culturale dans les
forêts, c’est plutôt une campagne dans le sentier, des pâturages et des bananerais49.

I.5.3. Aspects sociodémographiques


a. Population
La population est composée majoritairement de la tribu « Shi » et une poignée des pygmées au nord de
la chefferie de Kabare dans le groupement de Mudaka, Miti, Bugorhe, et Irhambi/Katana. Les
principaux clans y trouve sont des Banyamocha constitués des princes et des dirigeants, les Baliga, les
Banyintu, les Basheke, les Bashebeshe, etc.

Groupe Population congolaise Population étrangère Total de la population Total


ment
Ho Fe Gar Fil To Ho Fe Gar Fil T Ho Fe Gar Fille
m mm çon le t mm mm çon les o mm mm çon s
me e s es es s t es es s

48
JULES B., Etude d’adoption et impact des innovations agricoles dans la collectivité-chefferie de Kabare,
Mémoire sociologie, UOB, inédit, 2001. p33
49
HECQ J., BUSHWIRA, âme des cultures des Bashi et ses possibilités, in BACB, 1958, p30
 ðì

s
Cirunga 20 203 1 4 6 14 70 1 5 - 2 8 20 9 203 146 14 9 7 0 8 70
94 2 3 18 97 86 47 28 18 77
6 5 2
Bugobe 74 740 1 1 3 10 36 - - - - - 741 740 11 3 1 03 3 65 6 3
18 2 77 36 56 8 2 77 66
6 3
Kagabi 94 106 1 0 1 10 40 - 3 - - 3 94 8 740 10 1 10 4 4 07 8 8
89 6 0 62 47 78 9 2 62 74
4 3
Buswir 13 146 106 11 50 - - - - - 13 8 106 10 6 11 1 5 0 3 69
a 86 88 78 84 36 60 63 73 48
0 8 9
Source : Rapport annuel sur le recensement de la population congolaise et étrangère de l’Etat du
territoire de Kabare. 2014

b. Densité de la population
La densité de la population est le nombre d’habitants par unité de surface généralement le
kilomètre carré (km2). Dans le calcul, on divise le nombre de la population au cours d’une certaine
période par la superficie pour se rendre compte de la densité.

Densité de la population de Kabare-centre de 2001 à 2013

Groupement Superficie Population totale Densité


(Km2)
2001 2013 2001 2013
Cirunga 1 6,2 539 9 70 8 7 0 3 3 1 ,2 43 74 , 6
Bugobe 1 86,5 1 9593 3 656 3 104,0 19 6,0
Kagabi 3 6,2 3 0 4 47 4 07 8 8 1 8 1 ,0 1 126 ,7
Bushwira 51,7 12054 35134 65, 1 188,3
Source : Etat civil du territoire de Kabare

A partir de ce tableau nous constatons que cette population a augmenté significativement dans
les quatre groupements considérés sur un même sol. En 2001, comme nous le voyons la densité du
groupement de Kabare atteint déjà 841 hab/km2, alors qu’en 1977 il s’est montré peuplé d’avec 591
habitants au kilomètre carré50. En 2013, il se trouve déjà à 1126,7 habitants au kilomètre carré. En
1997, les groupements de Bugobe et Bushwira avaient encore la moyenne de 66 hab/km2. Cette
densité a évolué jusqu’à 164,4 habitants en moyenne alors qu’en 2013, ils ont en moyenne 192,2
habitants au Km2.

Cette explosion démographique sur le même territoire engendre des répercutions graves sur la
sécurité socio-économique de cette population et la plonge dans la pauvreté. Elle est dite surtout à un
taux de natalité croissante. En revanche, ce peuple Shi est naturellement très nataliste, il pense que la
progéniture accroit la force, garantie l’espérance de vie et assure la sécurité des parents déjà en

ñì
BARHALENGEHWA J., op.cit, p22
 ðí

vieillesse. Ainsi, on assistera en conséquence à des enfants mal nourris souffrant du Kwashiorkor, du
marasme lié à la carence en substances nécessaires pour la santé humaine.

I.5.4. Modalités d’acquisition des terres


Face à une importante croissance démographique, la terre qui est le capital principal du paysan
Mushi, est devenue insuffisante et les modes d’acquisition de celle-ci diffèrent selon que l’attribution
est définitive ou temporaire51.

• Le droit d’exploitation d’un champ est acquis par le paysan en payant au Mwami qui est le
propriétaire des terres le « Kalinzi ». il est généralement exprimé en vache, chèvre ou mouton
et quelque fois en argent qui varient en nombre selon l’importance et la fertilité de l’espace
consacré,
• Le « bwasa » : suite à la carence en terre arable, ce système qui consiste à une location de terre
qui donne à l’emprunteur le droit d’exploitation pour une certaine période est d’application. Il
est généralement consacré aux cultures vivrières et compté par année,
• Le « Bugule » : c’est la forme évoluée de la première qui est l’enregistrement cadastral d’un
terrain au profit du nouveau propriétaire. Ici, il y a déjà invention de la forme écrite du contrat
contrairement aux précédentes qui ne l’exigent pas forcement. Jusqu’à présent, la plus part des
champs des champs exploités aujourd’hui restent fruit de l’héritage et donc acquis par le
Kalinzi auprès du Mwami ou de ses subalternes.

I.5.4. Aspects socio-économiques


1. L’Agriculture
80% de la population de la chefferie de Kabare vit de l’agriculture, mais la production est très
faible. Ceci est du à l’usage des méthodes agricoles traditionnelles, l’infertilité du sol, la
surexploitation du sol, le dysfonctionnement du système foncier (chefferie de Kabare, service
d’agronomie).

Plusieurs types de cultures sont des pratiques dont le manioc, le haricot, le sorgho, la patate
douce, le bananier. Comme cultures vivrières et maraichères auxquelles s’ajoute des arbres fruitiers
comme l’avocatier, l’oranger, le citronnier, etc. au niveau industriel, à Kabare nous pouvons retenir la
culture du café cultivés sous les bananiers dans certains coins et la canne à sucre, les arbres sont
d’usage dans le circuit commercial.


51
BARHALENGEHWA B., Le capital social et la gouvernance des ressources naturelles dans les
régions post-conflits, UOB, thèse de doctorat en Sociologie, 2012, p174
 ðî

Toute fois, la production agricole dans al collectivité de Kabare reste de subsistance car sa
faiblesse ne permet pas au producteur d’épargner vu la complexité des besoins vitaux. La faiblesse de
la production est due surtout à :

• L’usage des méthodes traditionnelles de la culture ne pas faire surtout aux méthodes modernes
de fertilisation, des engrais chimiques, de lutte antiérosive, la jachère,…
• La surexploitation des champs liée très souvent à l’insuffisance,
• Manque des produits culturaux améliorés alors que les maladies menacent ceux existant,
• L’outil de travail, sa nature (houe, machette,…)

2. L’Elevage
A Kabare, l’élevage était marqué par la laiterie du Bushi qui, jusqu’en 1963, produisait et
exportait des produits laitiers dans toute la région de grands lacs. Les guerres à répétition ont
totalement détruit les infrastructures et décimé la quasi-totalité du cheptel. De nos jours, l’élevage de
gros bétails connait une énorme régression due à l’insécurité, au vol et pillage lui infligés. En outre,
une grande priorité reste malgré tout accordée à l’élevage des chèvres, des vaches, des poules, des
lapins, à cause de leur rôle économique, alimentaire et socioculturel.

3. Calendrier agricole
Culture Nombre Défrichement Labour Semis Entretien Récolte
Manioc 01 Janvier Février Septembre- Novembre- Juin, Juillet, Août
Décembre Décembre
02 Juillet Août Février- Mai - Juin
Mars
Haricot 01 Juillet Août Septembre- Novembre- Décembre-
Octobre Décembre Janvier
02 Décembre Janvier Février- Avril Mai-juin
Mars
03 Mai J ui n Juillet-Mars Août- Octobre
Septembre
Sorgho 01 Août Septembre Septembre- Novembre- Février-Mars
octobre Décembre
02 Avril Mai - juin Juillet-Août Septembre Avril-Mai
Maïs 01 Décembre Janvier Février- Mai-Juin Juillet-Août
Mars
02 Juillet Août- Février- Février Février-Mars
Septembre Mars
Arachide 01 Décembre Janvier- Mai-Févr- Mai-Juin Juin- Juillet
Février Mars
02 Août Septembre- Novembre Janvier- Février-Mars
Octobre Février
S oj a 01 Décembre Janvier- Février- Mars-Avril Mai-Juin-Juillet
Février Mars
02 Juillet Août- Septembre- Novembre- Janvier-Février
 ðï

Septembr Octobre Décembre


03 Mai J ui n Juillet Août- Décembre-
Septembre Janvier
Petit 01 Décembre Janvier- Février- Mars-Avril Mai- Juin
p o i ds Février Mars
02 Août Septembre Septembre- Novembre Janvier-Janvier
Octobre
03 Mai Mai Juillet Septembre Octobre
P om m e 01 Février Mars Avril Mai Juillet
de terre 02 Juillet Août Septembre Octobre Décembre
Patate Toute l’année par temps humide
douce
Source : Inspection agricole territoire de Kabare, rapport 2014

Ce calendrier reste invariable toutes les années. Cependant le semis connait souvent un retard
lorsque la saison sèche prolonge anormalement car le semis, la plantation, le bouturage est conditionné
sur les plateaux par la présence de la pluie. La récolte du manioc, de la patate douce, de la banane, et
des cultures maraichères est permanente tandis que celles des autres cultures a lieu 3 à 3,5 et 5mois
après le semis. Quant à la canne à sucre, la récolte intervient 2 à 3 ans après la plantation selon que le
sol est sec ou marécageux. Néanmoins, il s’observe depuis un temps, une perturbation du calendrier
agricole dans la collectivité-chefferie de Kabare liée aux problèmes environnementaux notamment la
déforestation. La saison sèche commence au mois de mai au lieu de juin et se prolonge jusqu’en
octobre au lieu de septembre. La petite saison sèche du mois de janvier a disparu et a fait place à des
fortes pluies. Des pluies parfois torrentielles et répétitives mêlées des grêles qui hachent les plantes,
déracinent les arbres et provoquent des érosions. On observe également que le soleil est accablant
pendant la saison sèche alors qu’au paravent celle-ci était froide ponctuée de petites pluies. Ces
changements climatiques perturbent le calendrier culturel et la production agricole diminue. Pour le
centre météorologique de l’ISP, la destruction de l’écosystème par des réfugiés rwandais à partir de
1994 et par des habitants accentuent ces problèmes.52

I.5.5. Aspects infrastructures sociales


a. La santé
En dépit du taux démographique élevé, le centre du territoire de Kabare est couvert par la zone
de santé rurale de Kabare disposa à son sein un hôpital général de référence qui Mukongola avec 16
centres de santés. Il est localisé dans le groupement de Kagabi à 10km du bureau du territoire de
Kabare, à plus ou moins 2km du groupement de Bugobe et à 5km du groupement de Bushwira. Il
renferme 16 centres de santé et 10 postes de santé.


ñî
Centre météorologique de l’ISP cité par THAÏS BAGULA, in Retour aux traditions pour lutter contre
le changement climatique, SYFIA grand-lacs, Bukavu, 2007, p18
 ðð

Aires de santé dans le groupement de Kabare

N° Groupement Hôpital Centre de santé Poste de santé


01 Bushwira 0 6 4
02 Kagabi 1 4 2
03 Cirunga 0 3 2
04 Bugobe 0 3 2
TOTAL 1 16 10
Source : BCZS/Kabare

b. Kilométrage des routes vitales

Les routes qui desservent l’entité sont catégorisées de la manière suivante :

1. Routes nationales

• Route nationale numéro 2 (RN2) : le tronçon routier Kazingo-Kabamba : 50km qui relie le
territoire de Kabare à celui de Kalehe,
• La route nationale numéro 5 : le tronçon routier Kasihe-Mumosho de 13km relie le territoire
de Kabare à celui de Walungu,
• La route nationale numéro 3 : long de 10km, le tronçon routier Miti-Tshivanga qui relie le
territoire de kabare et le PNKB. Le territoire de Kabare est desservi par 73 Km de routes
nationales.

2. Les routes de desserte agricole et d’intérêt provincial :

• Tronçon Bagira-Bushwira : 15km


• Tronçon Amsar-Birava-Lugendo-Ishungu :40km,
• Tronçon Katana-Luhihi-Birava :25km,
• Tronçon Cirunga-Bugobe-Mulumemunene-Ninja :35km,
• Tronçon Cirunga-Kajeje-Kalonge :36km,

Subdivision et organisation de la collectivité-chefferie de kabare

La collectivité-chefferie de Kabare est subdivisée en 14 groupements et comprend un total de 70


villages anciennement dits localités. Chacune de ces entités a son chef hiérarchique. Nous présentons
notamment des groupements et les villages dans le tableau suivant :

N° Groupements Villages(Localités)
01 CIRUNGA Ludaha, Cibingu, Mulahwa, Nshanga, Karambi
02 BUSHWIRA Canya, Nshonga, Mugurhu, Mulengeza,Cirhavanyi, Bushwira-
Centre
03 KAGABI Mbiza, Mbobero, Cidjo, Muganda, Kagabi-centre
04 BUGOBE Bugobe-centre, Kahave, Kalulu
05 MUDUSA Buhozi, Ihemba, Mudusa-centre, Luganda, Nyango, Cimpwiji,
bukali
 ðñ

06 MUMOSHO Mumosho-centre, Nyantende, Mandwe, Iganza


07 BUGORHE Nyamakana, Bwinika, Kamakombe, Buhandahanda, Cegera,
Kashanyi, Ciranga
08 MITI Miti-centre, Combo, Kashusha, Kakenge,
09 MUDAKA Cifuma, Mudaka-centre, Cirogole, Cibumbiro, Cihozo, Kajeje
10 IRHAMBI KATANA Mwanda, Kabushwa, Mabingu, Mantu, Kajucu, Kabamba,
Kahungo
11 LUHIHI Luhihi-centre, Lubona, Nzinzi
12 BUSHUMBA Muganzo, Bushumba-centre, Murama, Lwangoma, Buhehe,
Cishoke I et II
13 LUGENDO Lugendo-centre, Irambira nord et sud
14 ISHUNGU Mulamba, Kaboneke
Source : secrétariat de l’administration du territoire de Kabare

I.5.6. Organisation politico-administrative et hiérarchie des pouvoirs


La collectivité chefferie de Kabare est dirigée par le Mwami qui est secondé dans ses activités
par les chefs des groupements, des villages et des sous-villages. Ils exercent un pouvoir traditionnel
sur toute l’étendue de l’entité mais jouent un rôle important dans l’administration politique. Quant au
territoire, c’est une entité territoriale déconcentrée, dépourvu de la personnalité juridique. Il en est de
même pour le quartier, groupement et le village. Le territoire est subdivisé en secteur ou chefferie et en
une ou plusieurs cités. Ses organes sont : l’Administrateur du territoire, et les conseillers consultatifs
de territoire. Ajoutons que l’Administrateur du territoire est nommé par décret présidentiel sur
proposition du ministre de l’intérieur. Il est assisté par deux administrateurs de territoire adjoints
nommés dans les mêmes conditions.
 ðò

Chapitre deuxième: COMPRENDRE LA GOUVERNANCE


ENVIRONNEMENTALE: SES TRAJECTOIRES, SES APPROCHES, SES
CRISES ET SES DEFIS A L’ECHELLE MONDIALE
0. Introduction

53
Pour Oran Young la gouvernance environnementale repose essentiellement sur
l’observation d’hybrides, d’imbrications plus ou moins bien coordonnées entre des éléments
d’organisation de l’action collective en environnement, ces éléments reposant sur différentes
logiques : la réponse à une forme de contrainte appuyée sur l’autorité légitime de l’État, le
comportement d’un usager inscrit dans une économie de marché, l’action d’un acteur inscrit
dans une communauté historiquement construite autour de rapports interpersonnels concrets.
De ce fait, la question de la prise en charge des enjeux environnementaux par nos sociétés est
au cœur d’une littérature qui s’est grandement développée au cours des trente dernières
années. À l’origine portée par des regards disciplinaires en provenance de la sociologie, de
l’étude des politiques publiques, de l’économie ou de géographie, on observe depuis le début
du millénaire un engouement marqué autour de l’utilisation de la notion de gouvernance
environnementale pour cerner ce champ de réflexion. Bien entendu-et cette observation ne se
limite pas au seul secteur environnemental, la notion de gouvernance est éminemment
polysémique54. Qui plus est, Rhodes55 de sa part fait remarquer que la notion de gouvernance
environnementale renvoi à une pluralité d’axes d’interventions et de significations: la
gouvernance comme idée d’un État minimal, la gouvernance corporative, la gouvernance
comme nouvelle approche de gestion publique, la « bonne gouvernance », la gouvernance
comme réseaux socio-cybernétiques et la gouvernance comme réseaux d’action auto-
organisés. Il est en effet intéressant de constater à quel point cette idée de gouvernance a pu
retenir l’attention de chercheurs venant de disciplines aussi variées. Pour plusieurs, cet intérêt
fut révélateur d’une volonté de dépasser les possibles angles d’analyse, parfois trop limitant
pour embrasser la problématique complexe qu’est celle de l’action collective en matière

53
YOUNG, O., Governance for the Environment, New Perspectives, Cambridge University Press, 2009.

54
NICOLAS MILOT, « La gouvernance à l'épreuve des enjeux environnementaux et des exigences
démocratiques », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], Lectures, mis en
ligne le 15 décembre 2012, consulté le 14 janvier 2016. URL : http://vertigo.revues.org/12722

55
RHODES, « The New Governance : Governing without Government ». in Political Studies, Vol. 44, No
4,1996, pp. 652-667 DOI : 10.1111/j.1467-9248.1996.tb01747.x


 ðó

d’environnement. Il est ainsi largement accepté qu’un cadre d’analyse permettant la


compréhension des réponses de nos sociétés aux problèmes environnementaux doit allouer
une place aux politiques publiques, aux comportements des acteurs, aux perceptions de ces
derniers, à l’action des agents économiques, à la négociation et aux impacts des accords
internationaux, à la place de la production scientifique, etc56.

2.1. Approches collaboratives et gestion des ressources naturelles à l’échelle mondiale

Avec le développement d’une logique de compromis à l’échelle mondiale, l’idée de la


participation des acteurs de la société civile dans la gouvernance environnementale est
quelque peu élargie. Primo, des acteurs économiques- responsables par leurs actions
d’impacts négatifs sur l’environnement-sont présents dans la délibération. Ils font partie d’une
société civile qui représente désormais tout ce qui est hors de l’État. S’il s’agit d’une
transformation pragmatique visant la recherche d’une solution concrète à l’échelle locale, il
importe toutefois de faire attention à ne pas oublier les caractéristiques particulières de ces
acteurs par rapport aux autres représentants de la société civile (ressources financières,
responsabilité dans la dégradation de l’environnement, etc.). Secundo, la caractéristique
première permettant à un acteur social de participer n’est plus la citoyenneté, mais le fait qu’il
ait un intérêt à défendre57.

Au demeurant, l’expérimentation positive d’approches collaboratives en matière de


gestion des ressources naturelles au cours des années 1980 et 1990 à renforcé l’idée que le
concours de la société civile est une condition essentielle à une relation durable des sociétés
avec leur environnement. Conséquemment, l’État est appelé à se faire une place de plus en
plus grande à ce type d’approche dans ses politiques publiques inhérentes à la conservation de
la nature et de sa biodiversité. Ainsi au tournant des années 1980, la collaboration de la
société civile se voit institutionnalisée par la création d’espaces délibératifs caractérisant un
nouveau type de politiques publiques de gestion des ressources naturelles. Ce type particulier
d’approches collaboratives se distingue des initiatives locales sur au moins trois points.
D’abord, les objectifs de collaboration sont-en partie-définis avant même que les collectivités

ñò
AGRAWAL, ARUN et MARIA CARMEN LEMOS. 2007. « A Greener Revolution in the Making?
Environmental Governance in the 21st Century » in Environment: Science and Policy for Sustainable
Development, Vol. 49, No 5,2007, pp. 36-45. DOI : 10.3200/ENVT.49.5.36-45

57
GIEC, Bilan 2007 des changements climatiques. Contribution des Groupes de travail I, II et III au quatrième
Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, Genève, Suisse, 103
pages. p16.
 ðô

concernées s’engagent dans un processus de délibération quelconque. Ensuite, le modèle


développé par l’État visera généralement une certaine uniformisation de l’approche sur
l’ensemble du territoire. Une procédure de collaboration fixe certaines « règles du jeu »,
notamment au niveau des critères de représentativité, des livrables attendus ou de la séquence
des événements à réaliser. Enfin, le modèle collaboratif sous-entend une certaine conception
que se fait l’État de la société civile et du rapport qui devra se développer entre eux (l’État et
la société civile)58.

2.2. Crises et défis de la gouvernance environnementale

La crise due au caractère accéléré et probablement irréversible de l’impact des activités


humaines sur la nature requiert des réponses collectives de la part des institutions
internationales, des gouvernements et des citoyens. La gouvernance, comprise rappelons-le,
comme la gestion plurielle de politiques et d’acteurs sociaux et environnementaux, prétend
répondre à cette crise en mettant en commun l’expérience et les connaissances de chacune des
institutions et de chacun des agents sociaux concernés. L’ampleur et la gravité croissantes des
problèmes environnementaux dus au changement climatique, à la diminution de la diversité
biologique et à la dégradation des écosystèmes menacent d’étouffer toute réponse potentielle
de la part des différents acteurs et limitent déjà les perspectives de développement
économique dans de nombreux pays et régions. Les mesures de protection de l'environnement
sont encore très insuffisantes dès lors qu’on les confronte aux alertes lancées par la
communauté scientifique. Ces réformes constituent un lent processus qui exige du temps, de
l’énergie, de l’argent et surtout d’abondantes négociations diplomatiques. Et la grave crise
environnementale n’a pas été capable de susciter des réponses communes de la part de tous
les pays 59 . Des divisions demeurent, qui ralentissent la possibilité d’une gouvernance
environnementale mondiale bien organisée. Il s’agit de savoir s’il est nécessaire ou non de
trouver une alternative au système de production actuel pour sortir de la crise
environnementale. Ce système dispose-t-il de solutions ? La biotechnologie et le

ñô
INOMATA, TADANORI, Examen de la gouvernance environnementale dans le système des Nations unies,
Nations unies, Corps commun d’inspection, Genève, 2008

ñõ
BOUGUERRA, LARBI, La consommation assassine. Comment le mode de vie des uns ruine celui des autres,
pistes pour une consommation responsable, Éditions Charles Léopold Mayer, 2005. Adaptation de State of the
World. Special Focus - The Consumer Society, The World watch Institute, 2004.


 ðõ

développement durable peuvent-ils être considérés comme des solutions ? L’architecture des
ensembles internationaux de protection de l’environnement reflète ce débat. Rio de Janeiro,
La Haye, Nairobi, Stockholm, Montréal, Kyoto, Johannesburg, Carthagène, Bali... ont vu
défiler tous les acteurs internationaux de l’environnement ainsi que tous les États affectés ou
concernés d’une manière ou d’une autre par la crise environnementale. Ces conférences et ces
accords, ainsi que les modalités qui en découlent, reflètent les relations de pouvoir qui se sont
instaurées au sein d’une multitude d’intérêts et de conceptions contradictoires60.

Au demeurant, force est de constater toutefois que la nature ignore les barrières sociales
et politiques et que certains facteurs de transformation environnementale, tels que la
contamination ou le changement climatique, ne connaissent ni frontières, ni États, ni
affectations thématiques exclusives. La dimension globale de la crise réduit à néant les effets
de toute mesure adoptée de manière unilatérale par un gouvernement ou par une institution
sectorielle, indépendamment de son pouvoir, que celui-ci soit faible ou important. Ainsi
s’impose la nécessité d’inventer et d’appliquer des mécanismes permanents de coopération
intersectorielle du point de vue holistique de la durabilité, entre acteurs et institutions qui se
consacrent à l’environnement, mais aussi entre ces acteurs et institutions et ceux et celles qui
s’intéressent au commerce international, au développement durable, à la paix, etc61. Il importe
faut également de se pencher sur la question des échelles de gestion. Au-delà de l’État-nation,
les échelles continentale et mondiale d’un côté, et l’échelle locale de l’autre, représentent des
pôles fondamentaux du développement de la gouvernance environnementale, même si une
préoccupation majeure demeure, qui est de parvenir à ce que les échelles intermédiaires
(régionale, nationale) deviennent les courroies de distribution effectives entre les initiatives
locales et les décisions globales. Qui plus est, les différents obstacles et défis dans la
gouvernance environnementale peuvent se résumer en ces termes62:


òì
ZIAKA, YOLANDA, ROBICON, PHILIPPE SOUCHON, CHRISTIAN, Éducation Environnementale. Six
Propositions pour l‘Action Citoyenne, Cahiers de propositions de l’Alliance pour un monde responsable, pluriel
et solidaire, 2001.
òí
DIALLO, HAMA ARBA, La gouvernance environnementale et la synergie entre les trois conventions
globales, in Actes du Sommet de Johannesburg, 2002

òî
BEHNASSI, MOHAMED, Les négociations environnementales multilatérales : Vers une gouvernance
environnementale mondiale, Thèse doctorale, Université de Casablanca, 2003.


 ñì

• Il n’a pas été possible de freiner ni d’inverser la tendance à la dégradation des


ressources naturelles. Ainsi, à l’échelle continentale et mondiale, « de nombreux
accords multilatéraux ont été signés et ratifiés au cours des trente dernières années,
mais leur mise en place représente un sérieux problème à l’échelle nationale, régionale
et internationale, tandis que l’environnement poursuit son processus de dégradation» ;
• Différentes sources, dont certaines appartiennent au Programme des Nations unies
pour l'environnement (PNUE), considèrent le manque de volonté politique comme
étant à l’origine de la crise de la gouvernance. En s’obstinant dans une absence de
véritable volonté de résoudre les problèmes environnementaux et de développer une
politique en faveur de l’utilisation durable des ressources de la Terre, la communauté
environnementale génère des conséquences telles que le déficit de financement, le
déséquilibre et l’insuffisance d’entente avec l’économie, l’application restreinte des
AME, etc. ;
• Les ressources financières sont limitées et les investissements directs en faveur de
l’environnement sont insuffisants. Concrètement, bien que le PNUE, en tant que pilier
du système des Nations unies sur les questions d’environnement, ait obtenu
d’importants résultats au cours de son mandat, l’absence de financement durable et
stable l’empêche de faire face aux nouvelles menaces ;
• Les méthodes employées, qui étaient dépourvues de toute coordination à l’échelle
mondiale, régionale et nationale, ainsi que la multiplication et la fragmentation des
mandats ont aggravé la situation. La gouvernance environnementale actuelle se
caractérise de fait par une faible intégration des politiques sectorielles, par des
capacités institutionnelles inadéquates, par des priorités mal définies et par des
objectifs opérationnels peu clairs. En d’autres termes, elle peut être qualifiée de
mauvaise gouvernance ;
• Ce manque de coordination ne se limite pas au système des Nations unies, il existe
également entre les gouvernements, dans le secteur privé et au sein de la société civile.
La coopération à l’échelle régionale et internationale reste difficile, car elle s’appuie
sur les initiatives ponctuelles des acteurs et n’est pas accompagnée d’une conception
ou d’une réglementation communes ;
• On reconnaît de plus en plus que les problématiques environnementales sont liées non
seulement au développement et à une croissance économique durable, mais aussi au
commerce, à l’agriculture, à la santé, à la paix et à la sécurité. Pourtant, il n’y a pas
non plus de coopération permanente entre les acteurs responsables de ces questions ;
 ñí

• Concrètement, il existe un déséquilibre entre la gouvernance environnementale


internationale et d’autres systèmes internationaux de commerce et de finance. Ainsi
l’absence de volonté politique a-t-elle empêché l’intégration de la question
environnementale dans l’espace majeur de la macroéconomie, et particulièrement au
sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), tandis que les forces du marché
continuent de provoquer des distorsions qui accélèrent la dégradation de
l’environnement et rendent difficile l’application des décisions en matière
d’environnement ;
• En ce qui concerne le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), il est nécessaire
que davantage de crédits soient octroyés aux organismes qui réalisent les projets
financés par le Fonds. Il faut également mettre en place une régulation plus précise et
développer les relations entre le PNUE, le Programme des Nations unies pour le
développement (PNUD) et la Banque mondiale d’un côté, et les accords multilatéraux
sur l’environnement (AME) de l’autre ;
• Les obligations souscrites en vertu des accords multilatéraux sur l’environnement à
l’échelle nationale sont difficilement observables généralement en raison du manque
de moyens financiers et humains. De nombreux gouvernements du Sud se sentent
écrasés par la prolifération des normes requises pour la présentation de rapports, par la
fuite des experts techniques et par la multiplication des réunions internationales.
Comme nous l’avons fait observer précédemment, cela se traduit par une application
restreinte des accords multilatéraux environnementaux (AME) ;
• On n’intègre ni la perspective de genre dans le traitement de la dégradation de
l’environnement ni la question de l’équité ;
• En dépit de la popularité de certaines questions liées à la crise de l’environnement, les
points relatifs à l’organisation et aux décisions en matière de gouvernance
environnementale ne semblent pas avoir d’impact sur l’opinion publique.

En somme, la gouvernance environnementale internationale, fragmentée et inefficace,


fait l’objet de plusieurs débats qui empêchent d’arriver à un consensus sur l’analyse des
limites du système et de trouver la meilleure solution. A cet effet, deux optiques apparemment
contradictoires se dessinent: la critique du multilatéralisme au nom de l’efficacité et de la
protection des intérêts nationaux, et la promotion du droit international et du concept de biens
publics globaux. En revanche, pour d’autres, la fragmentation apparente est provoquée par la
complexité des problèmes liés à l’environnement. Les gestionnaires de l’environnement
 ñî

doivent faire face, sans intervenir de manière spécifique, aux “ incertitudes scientifiques ”
ainsi qu’aux incompatibilités entre les ramifications éthiques et les politiques dictées par le
principe de précautionòï.


òï
http :/www.iddri.org/Publications/Collections/Synthèses/:Tubiana, L. et Martimort-Asso, B., Gouvernance
internationale de l'environnement: les prochaines étapes, Institut du développement durable et des relations
internationales (IDDRI), n° 01, 2005


 ñï

Chapitre troisième : MECANISMES COMMUNAUTAIRES DE


CONSERVATION DES ESPACES VERTS DANS LE BUSHI
MONTAGNEUX : ACTEURS, PERIPETIES ET PRATIQUES
0. Introduction

Ce chapitre développe l’arsenal stratégique paysan dans la lutte contre la déforestation


en collectivité chefferie de Kabare dans le bushi montagneux à l’Est de la République
Démocratique du Congo. Il s’agit donc de la mise en relief des acteurs impliqués dans ce
processus et de leurs pratiques susceptibles de contribuer à la longue au rétablissement du
couvert végétal dans les espaces longtemps menacés par les actions humaines dévastatrices.

Aujourd’hui et plus qu’hier, les ressources naturelles en général et forestières en


particulier subissent d’importantes menaces dont les principales causes sont la faible capacité
de l’État à mettre en place un vaste programme de gestion durable des ressources naturelles et
de l’environnement ; la non-organisation du secteur environnement et la mauvaise
valorisation des ressources naturelles ; le manque d’un programme de recherche et
d’accompagnement ; les feux de brousse ; l’exploitation anarchique des ressources naturelles
et de l’environnement ainsi que l’appropriation illégale des forêts et des terres par
l’administration locale ou les personnes plus aisées sans aucun souci de conservation. Les
contraintes conjoncturelles sont liées à la situation sociopolitique dans laquelle le pays a été
plongé. Elles se traduisent par le non-respect par les populations et les responsables de
l’administration à la base des dispositions légales en matière de gestion des ressources
naturelles et de l’environnement. Tant que sur un même espace se côtoieront l’insécurité
sociale, les détournements des biens publics et des ressources naturelles, il sera difficile
d’atteindre les objectifs de gestion participative de ces ressources64.

3.1. Organisation générale de la recherche entreprise dans le groupement de Cirunga


Comme indiqué supra, notre enquête s’est déroulée dans le groupement de Cirunga. Il
s’agit d’un groupement qui a connu ces dix dernières années une forte explosion
démographique consécutive à l’activisme des groupes armés dans les zones périphériques du
groupement sus-évoqué. Plusieurs contrées de ce groupement se sont vues inondées d’une
marrée humaine à la recherche de la quiétude et des terres arables moins portées aux attaques
des miliciens et autres bandits opérant dans la région.

òð
MILOL, C.A., 2006, Gouvernance et participation dans la gestion des ressources naturelles au Cameroun :
impacts inattendus sur les pratiques foncières, paru dans Christoph Eberhard (dir.), Enjeux fonciers et
environnementaux.. Dialogues afro-indiens, Pondichéry, Institut Français de Pondichéry, 549 p (233-255)
 ñð

3.1.a. Ciblage des sites d’enquête et répartition générale de l’échantillon


Considérant la grandeur du territoire de Kabare, nous avons retenu le groupement de Cirunga,

en s’appesantissant sur les localités constitutives (villages) à savoir Ludaha, Cibingu, Mulahwa,

Nshanga, Karambi se situant à Kabare-centre. Ainsi comme annoncé supra, nous avons utilisé

un échantillonnage aléatoire stratifié non proportionnelle qui consiste à choisir les individus

de l’échantillon d’une manière probabiliste. De ce fait, nous avons découpé la population en

différentes strates selon qu’il s’agit des paysans, des acteurs étatiques intervenant dans le

domaine, des intervenants extérieurs ou des associations locales de développement. Cette

stratification était faite d’une manière non proportionnelle car le critère de proportionnalité

n’est pas respecté dans les différentes strates. Ainsi, sur 150 personnes interrogées, nous

avons retenu 83 individus faisant partie des regroupements paysans soit 53.3%, 17 individus

issus des institutions étatiques (ministère de l’agriculture, coordination de l’environnement et

conservation de la nature, les agronomes, …) soit 11.3% de l’échantillon, 36 intervenants

extérieurs (ONG nationales et internationales) soit 24% et enfin 14 membres des associations

locales de développement soit 9.3%.

Fig.1. Représentation graphique de la répartition générale de l’échantillon

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De cette figure, il se dégage un constat selon lequel la majorité de nos répondants est
constituée des membres faisant partie des regroupements paysans. Cela du fait que ceux-ci
sont en même temps acteurs de la déforestation accrue d’une part et de l’autre, ils participent
 ññ

aux différentes tentatives du redressement du couvert végétal engagées et suscitées par les
partenaires au développement tant privés qu’étatiques. Cependant comme on pourra le
constater à travers la figure ci-dessous, tous les répondants sont adultes ayant l’âge qui varie
entre 20 et 65 ans.

Fig.2 et 3. Répartition des enquêtés selon l’âge et le sexe

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îìrîñ îñrïì ïìrïñ ïñrðì ðìrðñ ðñrñì ñìrññ ññròì òìròñ

A travers cette figure, on note que les jeunes occupent une grande proportion pour une
double raison. Premièrement, la plupart d’entre eux, n’ayant pas fréquenté le circuit scolaire
normal, sont soit cultivateurs, soit éleveurs et vivent de ce fait, de ces activités agropastorales
et ces activités obstinément pratiquées sont souvent sources de la déforestation et par voie de
conséquence de la dégradation de l’environnement. Deuxièmement, certains de ces jeunes
ayant acquis un certain niveau de formation intellectuelle pilotent des petites initiatives
locales de développement, structures charnières dans la sensibilisation de la communauté sur
les méfaits de la dégradation avancée de l’environnement en groupement de Cirunga. En
considérant les personnes de troisième âge, nous avions voulu, à travers les témoignages et
récits de vie, dresser un parallélisme entre la situation environnementale d’antan et celle de
ces dernières décennies. Quant à la variable sexe, nos enquêtes prouvent à suffisance que
l’équilibre a été quasiment observé dans le ciblage des personnes ressources en groupement
de Cirunga notre zone d’étude ; cela du fait que les activités à la base de la dégradation de
l’environnement sont simultanément pratiquées et par les femmes et par les hommes de même
que la mise en route des stratégies en vue du rétablissement du couvert végétal et de la
 ñò

conservation des espaces verts. Cette répartition équilibrée se représente graphiquement


comme suit :

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ðì óô W}µŒvšP
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Au demeurant, le niveau d’instruction de nos répondants est sensiblement faibles mis à


part les responsables des institutions étatiques, des organisations non gouvernementales
nationales et internationales ainsi que certains jeunes responsables des structures locales qui
travaillent en partenariat avec les organisations privées. Les indications contenues dans la
figure ci-dessous en donnent une illustration éloquente.

Fig.4. Niveau d’instruction des répondants

õì óô
ôì
óì
òì
ñì ïò
ðì îõ
ïì E}uŒ
îì ò
íì í W}µŒvšP
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 ñó

3.1.b. Facteurs et incidences de la perte du couvert végétal dans le groupement de


Cirunga

Les hommes ont exploité les complémentarités des milieux rassemblés sur des espaces
restreints pour leurs activités agricoles et pastorales : mouvements locaux des troupeaux du
fond des vallées aux sommets voisins, transhumance, montées aux alpages ou déplacement
plus lointain des plaines vers les pâturages d’été des montagnes. Ainsi, la recension des
facteurs à la base de la perte sensible du couvert végétal donne les résultats suivants :

Fig.5. Facteurs de la perte sensible du couvert végétal en groupement de Cirunga

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vŒZ]‹µ uŒŒ] }µŒ–µ

De cette figure, il se dégage par ordre d’importance que les facteurs à la base de la perte
sensible de la couverture végétale en groupement de Cirunga en territoire de Kabare sont
entre autres les déboisements accentués par des coupes anarchiques (avec la recherche du bois
de chauffe, la quête des terrains où construire en faveur des populations fuyant la terreur des
bandes armées dans les milieux périphériques de Cirunga), les feux de brousse, les
inondations des marais et des bas-fonds, le tarissement de petites sources riveraines au
groupement de Cirunga. A ces facteurs, s’ajoutent la surpopulation et le surpâturage ainsi que
la méconnaissance par beaucoup de paysans de la nécessité de conserver les ressources
naturelles dans ce groupement.
 ñô

Cependant, les incidences de la perte de la couverture végétale sont nombreuses comme le


démontrent les résultats de notre recherche selon les indications contenues dans la figure
suivante:

Fig.6. Incidences de la perte de la couverture végétale en groupement de Cirunga

òì

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u]}v Œš](]š]}v o]uš]‹µ

Cette figure illustre les manifestations de la dégradation de l’environnement en


groupement de Cirunga. Il s’agit notamment des cas d’érosions accrues, des éboulements des
terres désormais dépourvues des racines de plantes, les écroulements des maisons, les
menaces de la désertification et des changements climatiques.

2. Vers une communautarisation de la gouvernance environnementale et de la


conservation des espaces verts dans le groupement de Cirunga

L’état actuel de la situation en matière de gouvernance environnementale est


cependant loin de respecter un ou plusieurs des impératifs qu’impose la conservation des
espaces verts.

2.1. Acteurs et pratiques

Face à la nécessité de répondre au caractère complexe de la problématique


environnementale, il est indispensable de mettre en place une gestion multilatérale cohérente
 ñõ

entre tous les acteurs concernés. Or, jusqu’ici, la communauté mondiale a été incapable de
relever ce défi et la gouvernance actuelle est la proie de nombreux fléauxX En ce qui concerne
l’évolution du processus de la gouvernance en soi, on peut néanmoins constater que « la
durabilité et la protection de l'environnement sont un terrain sur lequel sont en train de se
pratiquer des expériences novatrices avec de nouvelles formes hybrides et multilatérales de
gouvernance, tandis qu’on assiste également à l’implication d’une société civile transnationale
qui permet d’estomper le contraste entre public et privé.òñ Ainsi dit, dans le groupement de
Cirunga, la lutte pour le rétablissement et la conservation des espaces engage plusieurs acteurs
comme l’indique la figure ci-après:

Fig.7. Acteurs et pratiques dans la lutte pour le rétablissement et la conservation de la


couverture végétale en groupement de Cirunga

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W}µŒvšP
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Wǐv µš}Œ]š o}o KE'o}oš DuŒ^>
]všŒvš]}vo

De cette figure, il ressort que dans les processus de prise de décision à l’échelon de la
base, on peut notamment parler de gouvernance environnementale « participative » ou
«décentralisée ». Autrement dit, il s’agit de modèles qui travaillent à l’échelle locale selon des
schémas multipartites de prise de décision concertée, par exemple entre la société civile, les

òñ
AUDET, R., « L’horizon interdisciplinaire de la sociologie de l’environnement sur le terrain de l’agriculture
alternative », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, Volume 8 Numéro 2 | octobre
2008 , [En ligne], mis en ligne le 22 octobre 2008. URL : http://vertigo.revues.org/5534. Consulté le 20 février
2016
 òì

institutions publiques et les acteurs privés. La gouvernance environnementale décentralisée


devient « un nouveau cadre institutionnel dans lequel les processus de prise de décision sur
l’accès et l’utilisation des ressources naturelles ont tendance à rester sur le plan local. Ceci fait
dire à Pulgar Vidal 66 que quatre éléments permettent de développer ces processus entre
autres:

• Les règles ou procédures formelles et informelles, comme les consultations, la


démocratie participative, etc. ;
• L’interaction sociale entre les groupes participants, qui peut naître de facteurs
externes, comme l’implication dans des programmes de développement proposés par
des institutions publiques ou comme la réaction à des situations injustes ;
• La régulation ou la correction de certains comportements sociaux afin de transformer
une question privée en une affaire publique et d’être en mesure de négocier
collectivement une évolution vers des accords durables et acceptables ;
• L’horizontalité au niveau de la structure du groupe social des modalités en matière de
prise de décision et des mécanismes de relation avec des acteurs externes.

Selon le même auteur, ces éléments sont conditionnés par plusieurs facteurs dont :

• Un capital social comprenant la revalorisation de la connaissance locale sur les


potentialités des ressources naturelles, des leaderships locaux légitimes, une vision
commune basée sur des accords conclus dans des espaces de dialogue et de
négociation, l’éducation et la formation ;
• Une participation et un accès à l’information : il s’agit d’assurer l’accès démocratique
à l’information et de garantir des processus de prise de décision basés sur une
information adéquate et légitime ;
• La présence de l’État : cela peut être à l’échelle locale, comme générateur, promoteur,
« dynamiseur » ou récepteur d’un processus de gouvernance environnementale
décentralisée, ou comme fournisseur d’accès aux ressources naturelles, ou encore
comme concepteur de politiques publiques ;
• Une architecture institutionnelle : il est nécessaire de construire des mécanismes
informels participant à une nouvelle architecture institutionnelle qui favorise le


òò
PULGAR VIDAL cité par AUDET, R., Idem, p18
 òí

processus et crée dess espaces pour l’interaction sociale et la création d’accords


acceptables pour les diifférentes parties.

2.2. Défis et contraintes inhérrents à la conservation des espaces verts à Cirunga


C

Plusieurs contraintes s’érrigent en défis majeurs pour la conservationn des espaces verts
dans le groupement de Cirrunga. Ces contraintes sont de plusieurs ordres comme le
démontrent les résultats de cettte figure suivante :

Fig.8. Contraintes et défis de la


l conservation de la couverture végétale

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îñ }ŒŒŒµ‰š]}všv ‰}š]u

Les renseignements contennus dans cette figure permettent de mettre en évidence quatre
facteurs importants comme défis
d de la conservation de la verdure danss le groupement de
Cirunga. Ces défis sont notam
mment :

(a) La pauvreté : coupe


c des arbres et commerce du bois pourr la consommation
domestique (boois de chauffe, construction des meubles, etc)
(b) L’insécurité grrandissante : il s’agit de la recherche de la quiétude longtemps
perdue à la suuite de l’activisme des groupes armés danns les groupements
riverains de Cirrunga; d’où explosion démographique et couupe des arbres pour
trouver des terrrains où construire les nouvelles habitations en
e compensation de
 òî

celles abandonnées dans d’autres contrées jugées exposées à la barbarie des


bandes armées
(c) Le déficit de l’information : c’est en fait la quasi absence de la sensibilisation
populaire à travers une communication environnementale efficace pouvant
induire un changement des mentalités de la communauté en ce qui concerne la
nécessité l’implication de toute la communauté dans la lutte contre la
dégradation de l’environnement.
(d) La corruption : celle-ci se traduit par la spoliation des sites déclarés impropres
à la construction par les instances habilitées.
 òï

CONCLUSION
La communautarisation de la gouvernance environnementale dans le bushi montagneux
constitue un grand défi tant pour les décideurs sociopolitiques que pour les autres acteurs
impliqués dans cette dynamique. Cette étude, s’est proposé d’élucider comment une gestion
rationnelle de l’environnement peut favoriser à la longue une conservation des espaces verts
dans le bushi montagneux et son hinterland. De ce fait, en abordant cette recherche, nous
estimons donc alerter la curiosité tant des scientifiques que celle des décideurs sociopolitiques
en ce qui concerne l’impérieuse nécessité de la mise en route des programmes de gestion et
conservation des espaces verts en milieux ruraux au Sud-Kivu et ce, à travers une
gouvernance collective(participative) des ressources environnementales.

Deux préoccupations majeures ont orienté notre réflexion à savoir d’une part
l’identification des facteurs explicatifs de la disparition des espaces verts dans le groupement
de Cirunga et de l’autre coté les nouvelles alternatives en vue du rétablissement des espaces
verts dans ce groupement sus-évoqué. A ces questions, les considérations suivantes avaient
été retenues à titre provisoire :

1. Les facteurs explicatifs de la disparition des espaces verts dans le groupement de


Cirunga en collectivité chefferie de Kabare sont entre autres l’explosion
démographique accrue, le déboisement effréné par suite de la recherche du bois de
chauffe, l’insécurité grandissante par suite de l’activisme des bandes armées, etc.
2. Comme alternatives nouvelles en vue du rétablissement des espaces verts, on noterait
par ordre d’importance le reboisement continu et permanent des sites jadis déboisés
pour rétablir et améliorer le couvert végétal, la valorisation des foyers améliorés à
travers l’usage des matières recyclées comme à la place de la braise, le rétablissement
de l’autorité de l’Etat, etc.
Pour vérifier ces hypothèses, nous avions emprunté une démarche méthodologique
composée de la méthode systémique de l’orientation proposée par Hubert Coudrieau qui repose
sur la dynamique à trois dimensions dont l’exploitation (0), l’Acteur (A) et l’encadrement (E). Ces
trois sous-systèmes forment selon Coudrieau un grand système qui est la société globale. Cette
méthode a été complétée par une série de techniques comme la documentation, la statistique,
l’échantillonnage, l’analyse du contenu, l’interview ainsi que de la théorie de l’acteur-réseau
empruntée chez Bruno Latour, Michelle Callon et Murdoch.
Au demeurant, cette recherche prouve à suffisance que les facteurs à la base de la perte
sensible de la couverture végétale dans le groupement de Cirunga en territoire de Kabare sont
 òð

entre autres les déboisements accentués par des coupes anarchiques (avec la recherche du bois
de chauffe, la quête des terrains où construire en faveur des populations fuyant la terreur des
bandes armées dans les milieux périphériques de Cirunga), les feux de brousse, les
inondations des marais et des bas-fonds, le tarissement de petites sources riveraines au
groupement de Cirunga. A ces facteurs, s’ajoutent la surpopulation et le surpâturage ainsi que
la méconnaissance par beaucoup de paysans de la nécessité de conserver les ressources
naturelles dans ce groupement. Cependant comme incidences de la dégradation de
l’environnement, il s’agit notamment des cas d’érosions accrues, des éboulements des terres
désormais dépourvues des racines de plantes, les écroulements des maisons, les menaces de la
désertification et des changements climatiques.
Qui plus est, en vue d’une communautarisation de la gouvernance environnementale
réussie au Bushi montagneux plus précisément dans le groupement retenu par l’étude, il
ressort que dans les processus de prise de décision à l’échelon de la base, une gestion
concertée est de mise en ces jours ; d’où, on peut notamment parler de gouvernance
environnementale « participative » ou «décentralisée ». Autrement dit, il s’agit de modèles qui
travaillent à l’échelle locale selon des schémas multipartites de prise de décision concertée,
par exemple entre la société civile, les institutions publiques et les acteurs privés. Néanmoins,
plusieurs contraintes s’érigent en défis majeurs en ce qui concerne la conservation des espaces
en groupement de Cirunga entre autres la pauvreté (coupe des arbres et commerce du bois
pour la consommation domestique, etc) ; l’insécurité grandissante : il s’agit de la recherche
de la quiétude longtemps perdue à la suite de l’activisme des groupes armés dans les
groupements riverains de Cirunga; d’où explosion démographique et coupe des arbres pour
trouver des terrains où construire les nouvelles habitations en compensation de celles
abandonnées dans d’autres contrées jugées exposées à la barbarie des bandes armées ; le
déficit de l’information : c’est en fait la quasi absence de la sensibilisation populaire à travers
une communication environnementale efficace pouvant induire un changement des mentalités
de la communauté en ce qui concerne la nécessité l’implication de toute la communauté dans
la lutte contre la dégradation de l’environnement ;la corruption : celle-ci se traduit par la
spoliation des sites déclarés par les instances habilitées impropres à la construction.
 òñ

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Charles Léopold Mayer, 2005. Adaptation de State of the World. Special Focus - The
Consumer Society, The World watch Institute, 2004
îX DIALLO, HAMA ARBA, La gouvernance environnementale et la synergie entre les
trois conventions globales, Document du Sommet de Johannesburg, 2002
ïX DIALLO, HAMA ARBA, La gouvernance environnementale et la synergie entre les
trois conventions globales, in Actes du Sommet de Johannesburg, 2002
4. GIEC, Bilan 2007 des changements climatiques. Contribution des Groupes de travail
I, II et III au Quatrième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du climat, Genève, Suisse, 103p.
ñX INOMATA, TADANORI, Examen de la gouvernance environnementale dans le
système des Nations unies, Nations unies, Corps commun d’inspection, Genève, 2008
 òô

6. MINISTERE DU PLAN, Document de Stratégies de Croissance pour la Réduction de


la Pauvreté, Version2, Kinshasa, février 2012, 126p.
7. PNUD- Ministère de l’environnement de la RD Congo, Autoévaluation Nationale des
Besoins en Renforcement de Capacités pour la Gestion de l’Environnement en
République Démocratique du Congo, Rapport final, Kinshasa, Mars 2009
ôX ROUSSEL, MARIE, Institutional Failures of the Global Environmental Governance,
inédit, université d’Adélaïde, 2007
õX ZIAKA, YOLANDA, ROBICON, PHILIPPE SOUCHON, CHRISTIAN, Éducation
Environnementale. Six Propositions pour l‘Action Citoyenne, Cahiers de propositions
de l’Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire, 2001.
íìX ZIAKA, YOLANDA, ROBICON, PHILIPPE et SOUCHON, CHRISTIAN,
Éducation Environnementale. Six Propositions pour l‘Action Citoyenne, Cahiers de
propositions de l’Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire, 2001

IV. THESES DE DOCTORAT ET MEMOIRES

1. BARHALENGEHWA B., Le capital social et la gouvernance des ressources naturelles


dans les régions post-conflits, UOB, thèse de doctorat en Sociologie, 2012
2. MOHAMED B, Les négociations environnementales multilatérales : Vers une
gouvernance environnementale mondiale, Thèse doctorale, Université de Casablanca,
2003.

ïX JULES B., Etude d’adoption et d’impact des innovations agricoles dans la collectivité-
chefferie de Kabare, Mémoire sociologie, UOB, inédit, 2001. p33.
 òõ

TABLE DE MARIERES


REMERCIEMENTSXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXî
DEDICACEXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXï
SIGLES ET ACRONYMESXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXð
INTRODUCTIONXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXñ
1. Objet, choix et intérêt du sujetXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXñ
2. Objectifs de la rechercheXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXñ
3. Etat de la questionXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXò
4. ProblématiqueXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXíð
5. Hypothèses de travailXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXíò
6. Méthodologie du travailXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXíó
6.2. Techniques de rechercheXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXíô
7. Délimitation du travailXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXíõ
8. Subdivision du travailXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXíõ
Chapitre I : CONSIDERATIONS GENERALES SUR L’ETUDEXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXîì
I. 1. PRECISIONS CONCEPTUELLESXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXîì
I.1. 1. GouvernanceXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXîì
I.1.2. EnvironnementXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXîí
I.1.3.Gouvernance environnementaleXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXîî
I.1.4. ConservationXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXîï
I.1.4. espace vertXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXîð
I.2. CADRE THEORIQUE DE L’ETUDEXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXîñ
I.3. CHANGEMENT CLIMATIQUE AUX PRISES AVEC LA GOUVERNANCE
ENVIRONNEMENTALE COLLECTIVEXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXîó
I.3.a. Nécessité de régulation du développement technologique et de l’ordre économiqueXXXXXXXXXXXXXXXXXXîô
I.3.b. Mesures d’atténuations et nouvelles perspectives économiques et socialesXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXîõ
I.3.c. L’économie du climat comme antidote à long terme aux migrations environnementalesXXXXXXXXXXXïî
I.4. APERCU SUR L’ARSENAL JURIDIQUE INTERNATIONAL EN MATIERE DE LA
CONSERVATION DE LA NATUREXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXïð
I.4.a. La Convention sur la diversité biologique (CDB) (1992-1993)XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXïñ
I.4.b. La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) (1992-
1994).XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXïñ
I.4.c. Accords Multilatéraux Environnementaux (AME)XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXïó
 óì

I.5. PRESENTATION MONOGRAPHIQUE DE LA COLLECTIVITE CHEFFERIE DE KABAREXXXXXïô


I.5.1. Localisation géographique et limitesXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXïô
I.5.2. Climat et reliefXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXïõ
I.5.3. Aspects sociodémographiquesXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXïõ
a. PopulationXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXïõ
b. Densité de la populationXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXðì
I.5.4. Modalités d’acquisition des terresXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXðí
I.5.4. Aspects socio-économiquesXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXðí
1. L’AgricultureXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXðí
2. L’ElevageXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXðî
3. Calendrier agricoleXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXðî
I.5.5. Aspects infrastructures socialesXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXðï
a. La santéXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXðï
I.5.6. Organisation politico-administrative et hiérarchie des pouvoirsXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXðñ
Chapitre deuxième: COMPRENDRE LA GOUVERNANCE ENVIRONNEMENTALE: SES
TRAJECTOIRES, SES APPROCHES, SES CRISES ET SES DEFIS A L’ECHELLE MONDIALEðò
2.1. Approches collaboratives et gestion des ressources naturelles à l’échelle mondialeXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXðó
2.2. Crises et défis de la gouvernance environnementaleXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXðô
Chapitre troisième : MECANISMES COMMUNAUTAIRES DE CONSERVATION DES ESPACES
VERTS DANS LE BUSHI MONTAGNEUX : ACTEURS, PERIPETIES ET PRATIQUESXXXXXXXXXXXñï
3.1. Organisation générale de la recherche entreprise dans le groupement de CirungaXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXñï
3.1.a. Ciblage des sites d’enquête et répartition générale de l’échantillonXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXñð
ïXíXXšµŒš]v]vo‰Œšµ}µÀŒšÀ P šovoPŒ}µ‰uvš ]ŒµvPXXXXXXXXXñó
îXIŒµv}uuµvµšŒ]š]}voP}µÀŒvvvÀ]Œ}vvuvšošo}vŒÀš]}v
‰ÀŒšvoPŒ}µ‰uvš ]ŒµvPXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXñô
2.1. Acteurs et pratiquesXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXñô
îXîX (]š}všŒ]vš]vZ Œvšo}vŒÀš]}v‰ÀŒš ]ŒµvPXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXòí
CONCLUSIONXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXòï
INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUESXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXòñ


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