Vous êtes sur la page 1sur 2

Notre bon roi Enric

Et si le roi de France frappait un jour à votre porte ?

Nous sommes au mois de mai 1570 à Nay. Devant une petite maison,
Pierre, un jeune homme tranquille joue avec un petit enfant sur un banc.
L’un et l’autre rient aux éclats.

«  - Dis donc Jeanne, mangera-t-on bientôt ?

- Les écuelles sont sur la table, répondit une voix à l’intérieur. Vous
pouvez entrer si vous le voulez. »

Aujourd’hui c’est jour de fête, ce n’est pas un jour comme les autres : il y
a du millas, cette pâtes faite de farine de maïs cuite avec de la graisse
d’oie. Toute la famille s’installe joyeusement autour de la table. A cet
instant, Pierre entend de cris au bout de la ruelle. «  Le roi ! Le roi ! Vive
le roi ! »

Curieux de voir ce qui se passe, Pierre sort avec son assiette. Il voit, assis
sur le banc où il était avant le repas, lou Reyot, comme on nommait Henri
IV au royaume de Navarre.

« -Ah ! Ce n’est pas toi qui vas mourir de faim, dit le roi de bonne humeur.
Mais que manges-tu là ?

- Du millas, Sire, répond Pierre.

- Ah ? Je veux bien goûter aussi. Ma nourrice m’en faisait toujours.

- Vous ? Du millas ? Ce n’est pas une nourriture de roi ! »

Pierre demande à Jeanne de préparer une assiette pour le roi. Henri de


Navarre roule le millas avec ses mains et le mange rapidement.

« - Quel délice ! fait-il aussitôt. Je n’en ai jamais mangé d’aussi bon et
s’adressant à Pierre :

- Tu en manges donc tous les jours ?

- Oui Monseigneur.
- Alors je vois que mon peuple n’est pas à plaindre, il est bien nourri ! De
ce fait, je ne vois pas d’inconvénient à augmenter les impôts.»

Le roi s’éloigne et Pierre rentre chez lui, tête basse. Pour lui la fête est
gâchée.

Deux ans passent. L’impôt a donc augmenté. Un jour, lou Reyot retourne
dans sa belle ville de Nay. Tout le monde met ses plus beaux habits sauf
Pierre qui met des vêtements troués.

Soudain le roi apparaît dans la ruelle et dit en montrant le banc : « C’est


ici que j’ai fait l’un de mes meilleurs repas ! »

Reconnaissant Pierre, assis tristement sur le banc, il lui demande :

«  - Veux-tu, comme autrefois, m’offrir un morceau de millas ?

- Oui, Sire. »

Pierre rentre dans sa maison, il se dirige vers le buffet et en sort un vieux


morceau millas presque sec, qu’il apporte au roi. Le roi mord dedans et
fait la grimace.

« Cette pâte n’est pas bonne, s’écrit-il. Veux-tu m’empoisonner ? Et


pourquoi es-tu habillé comme un gueux ?

- Hélas, Sire, je n’ai plus d’argent.

- Ventre gris ! s’écrie le roi qui comprend tout de suite. Je peux


t’annoncer que les impôts seront réduits.

Vous aimerez peut-être aussi