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Lycée Naval 2021–2022 MPSI

Chapitre 15 – Arithmétique

1 - Divisibilité
1.1 Relation de divisibilité
Définition 1. Soit (a, b) ∈ Z2 . On dit que a est divisible par b ou bien que b divise a s’il existe k ∈ Z
tel que
a = bk
Auquel cas, on note b | a.

Vocabulaire 2. On dit que a est un multiple de b et que b est un diviseur de a.

Notation 3. On note div(a) l’ensemble des diviseurs de a et aZ l’ensemble des multiples de a.

Application 4. Calculer l’ensemble des diviseurs et des multiples de 0.

Proposition 5. La relation de divisibilité est une relation d’ordre sur N.

Application 6. Cette relation d’ordre est-elle totale ? Que peut-on dire de la relation de divisibilité sur Z ?

Proposition 7. La relation de divisibilité est compatible avec les opérations suivantes.


• Combinaison linéaire : Pour tout (a, b, d, u, v) ∈ Z5 ,
 
d | a et d | b =⇒ d | (au + bv)

• Produit : Pour tout (a, b, c, d) ∈ Z4 ,


 
a | b et c | d =⇒ ac | bd

• Puissance : Pour tout (a, b) ∈ Z2 , pour tout k ∈ N,

a|b =⇒ ak | bk

Théorème 8. Division euclidienne des entiers.


Soit (a, b) ∈ Z × N∗ . Il existe un unique couple d’entiers (q, r) ∈ Z × N tel que

a = bq + r et 06r<p

L’entier a est le dividende, l’entier b est le diviseur, l’entier q est le quotient et l’entier r est le reste
de la division euclidienne de a par b.

Application 9. Effectuer la division euclidienne de 44 par 3, puis de 171 par 13.


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1.2 Diviseurs et multiples communs


Définition 10. Soit (a1 , ..., an ) ∈ Zn .
• Un diviseur commun des ai est un entier d ∈ Z qui divise chacun des ai .

∀i ∈ J1, nK, d | ai

• Un multiple commun des ai est un entier m ∈ Z qui est divisible par chacun des ai .

∀i ∈ J1, nK, ai | m

Application 11. Trouver tous les diviseurs communs de 12 et de −18.

Définition 12. Soit (a, b) ∈ (N∗ )2 .


• Le plus grand commun diviseur ou pgcd de a et b est le plus grand entier naturel qui divise à
la fois a et b. On le note a ∧ b ou pgcd(a, b).

pgcd(a, b) = max div(a) ∩ div(b)

• Le plus petit commun multiple ou ppcm de a et b est le plus petit entier naturel non-nul qui
est divisible à la fois par a et par b. On le note a ∨ b ou ppcm(a, b).

Convention 13. Pour tout a ∈ N, on a a ∧ 0 = 0 ∧ a = a et a ∨ 0 = 0 ∨ a = 0.

Application 14. Calculer le pgcd de 12 et de 18.


Proposition 15. Soit (a, b) ∈ (N∗ )2 . Soit r ∈ N le reste de la division euclidienne de a par b. Alors
l’ensemble des diviseurs de a et b est égal à l’ensemble des diviseurs de b et r.

div(a) ∩ div(b) = div(b) ∩ div(r)

En particulier, leur pgcd sont égaux.


pgcd(a, b) = pgcd(b, r)
Proposition 16. Algorithme d’Euclide.
La proposition précédente permet de calculer en pratique le pgcd de deux entiers (a, b) ∈ (N∗ )2 .
• On pose r0 = a et r1 = b.
• Pour tout k ∈ N, on pose rk+2 le reste de la division euclidienne de rk par rk+1 .
• Pour tout k ∈ N, la propriété a ∧ b = rk ∧ rk+1 est conservée.
• Comme les restes (rk )k∈N forment une suite strictement décroissante d’entiers naturels, il existe un
rang N ∈ N tel que rN 6= 0 et rN +1 = 0.
• On a alors a ∧ b = rN ∧ rN +1 = rN ∧ 0 = rN , autrement dit : le dernier reste non-nul de la succession
de divisions euclidiennes est égal au pgcd de a et de b.
Corollaire 17. L’ensemble des diviseurs de deux entiers a et b ∈ N∗ est égal à l’ensemble des diviseurs
de leur pgcd.
div(a) ∩ div(b) = div(a ∧ b)

Application 18. Calculer le pgcd de 216 et 126. Calculer le pgcd de 96 et 81.


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Proposition 19. L’ensemble des multiples communs à deux entiers a et b ∈ N∗ est égal à l’ensemble des
multiples de leur ppcm.
aZ ∩ bZ = (a ∨ b)Z

Proposition 20. Propriétés du pgcd.


• Associativité : Pour tout (a, b, c) ∈ N3 , (a ∧ b) ∧ c = a ∧ (b ∧ c).
• Commutativité : Pour tout (a, b) ∈ N3 , a ∧ b = b ∧ a.
• Multiplication par une constante : Pour tout (a, b) ∈ N2 , pour tout k ∈ N∗ ,
pgcd(ka, kb) = k × pgcd(a, b)

Proposition 21. Propriétés du ppcm.


• Associativité : Pour tout (a, b, c) ∈ N3 , (a ∨ b) ∨ c = a ∨ (b ∨ c).
• Commutativité : Pour tout (a, b) ∈ N3 , a ∨ b = b ∨ a.
• Multiplication par une constante : Pour tout (a, b) ∈ N2 , pour tout k ∈ N∗ ,
ppcm(ka, kb) = k × ppcm(a, b)

Proposition 22. Le produit de deux entiers a et b ∈ N∗ est égal au produit de leur pgcd et de leur ppcm.
a × b = pgcd(a, b) × ppcm(a, b)

Définition 23. On étend les définitions du pgcd et du ppcm de deux entiers naturels à ceux de deux
entiers relatifs (a, b) ∈ Z2 par
pgcd(a, b) = pgcd(|a|, |b|) et ppcm(a, b) = ppcm(|a|, |b|)
Remarque 24. On pourra vérifier que les propriétés précédentes s’étendent à Z.
Théorème 25. Relation de Bézout
Soit (a, b) ∈ Z2 . Il existe (u, v) ∈ Z2 tel que
au + bv = pgcd(a, b)
Cette égalité est appelée une relation de Bézout.
Remarque 26. Attention, il n’y a pas unicité du couple (u, v) de la relation de Bézout.
Remarque 27. L’algorithme de détermination des entiers u et v s’appelle l’algorithme d’Euclide étendu.
Application 28. Déterminer une relation de Bézout relative aux entiers 93 et 81.
Définition 29. Soit (a1 , ..., an ) ∈ Zn des entiers dont l’un au moins est non-nul.
Le plus grand commun diviseur des ai est le plus grand entier naturel qui divise tous les ai . On le
note a1 ∧ ... ∧ an ou pgcd(a1 , ... , an ).
Remarque 30. Cette notation est cohérente avec l’associativité du pgcd prouvée précemment.
Théorème 31. Relation de Bézout généralisée.
Soit (a1 , ... , an ) ∈ Zn . Il existe (u1 , ... , un ) ∈ Zn tel que
n
X
uk ak = pgcd(a1 , ... , an )
k=1
Cette égalité est appelée une relation de Bézout généralisée.
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2 - Entiers premiers entre eux


Définition 32. Soit (a, b) ∈ Z2 . Les entiers a et b sont premiers entre eux si leur pgcd est égal à 1.

Application 33. Les entiers 63 et 20 sont-ils premiers entre eux ?

Proposition 34. Soit (a, b) ∈ Z2 . Soit d ∈ N∗ le pgcd de a et b. Alors il existe un couple (a0 , b0 ) ∈ Z2
d’entiers premier entre eux vérifiant

a = d × a0 et b = d × b0

Application 35. Résoudre l’équation x2 = y 2 + (x ∧ y) + 2 en les inconnues (x, y) ∈ N2 .

Théorème 36. Théorème de Bezout.


Soit (a, b) ∈ Z2 . On a l’équivalence

a et b sont premiers entre eux. ⇐⇒ Il existe (u, v) ∈ Z2 tel que au + bv = 1.

Théorème 37. Lemme de Gauss.


Soit (a, b, c) ∈ Z3 . Si a divise le produit bc et que a et b sont premiers entre eux, alors a divise c.

a | bc et a ∧ b = 1

=⇒ a|c

Remarque 38. L’hypothèse a et b premiers entre eux est indispensable : on a 8 qui divise 24 = 4 × 6,
mais 8 ne divise ni 4 ni 6.

Théorème 39. Forme irréductible d’un rationnel.


p
Tout rationnel r ∈ Q peut s’écrire d’une unique façon sous la forme r = avec (p, q) ∈ Z × N∗ et les
q
entiers p et q premiers entre eux. Cette écriture est la forme irréductible de r.

Proposition 40. Soit (a, b, c) ∈ Z3 tel que a et b soient premiers entre eux et divisent c. Alors ab divise c.

a | c et b | c et a ∧ b = 1

=⇒ ab | c

Proposition 41. Soit (a, b, c) ∈ Z3 tel que a soit premier avec b et c. Alors a est premier avec bc.

a ∧ b = 1 et a ∧ b = 1

=⇒ a ∧ bc = 1

Proposition 42. Soient a ∈ Z et (b1 , ..., bn ) ∈ Zn où n > 2 tel que a soit premier avec tous les bi .
Alors a est premier avec le produit des bi .
  n
Y 
∀i ∈ J1, nK, a ∧ bi = 1 =⇒ a∧ bi = 1
i=1

Corollaire 43. Soient a et b ∈ Z premier entre eux. Alors pour tout (n, m) ∈ N2 , an et bm sont premiers
entre eux.
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Définition 44. Soit (a1 , ..., an ) ∈ Zn .


• Les entiers a1 , ..., an sont premiers entre eux dans leur ensemble si leur pgcd vaut 1.

a1 ∧ ... ∧ an = 1

• Les entiers a1 , ..., an sont deux à deux premiers entre eux si pour tout (i, j) ∈ J1, nK2 ,

i 6= j =⇒ ai ∧ aj = 1

Proposition 45. Des entiers deux à deux premiers entre eux sont premiers entre eux dans leur ensemble.

Remarque 46. La réciproque est fausse : 6, 10 et 15 sont premiers entre eux dans leur ensemble, mais
pas deux à deux.

Théorème 47. Théorème de Bezout généralisé.


Soit (a1 , ..., an ) ∈ Zn . On a l’équivalence
n
X
Les ai sont premiers entre eux dans leur ensemble. ⇐⇒ Il existe (u1 , ..., un ) ∈ Zn tel que uk ak = 1.
k=1
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3 - Nombres premiers
Définition 48. Un entier naturel p ∈ N est premier si p 6= 1 et si ses seuls diviseurs sont 1 et p.
On note P l’ensemble des nombres premiers.

Vocabulaire 49. Un entier naturel p 6= 1 qui n’est pas premier est composé.

Remarque 50. L’entier 1 n’est ni premier ni composé.

Méthode 51. Crible d’Ératosthène.


Pour déterminer tous les nombres premiers inférieurs à un entier n ∈ N, on crée un tableau de tous les
entiers inférieurs à n. On raye successivement tous les multiples du plus petit entier disponible non-égal
à 1, et on recommence juqu’à arriver au bout du tableau. Les entiers restants constituent tous les nombres
premiers plus petits que n.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
31 32 33 34 35 36 37 38 39 40
41 42 43 44 45 46 47 48 49 50
51 52 53 54 55 56 57 58 59 60
61 62 63 64 65 66 67 68 69 70
71 72 73 74 75 76 77 78 79 80
81 82 83 84 85 86 87 88 89 90
91 92 93 94 95 96 97 98 99 100

Les nombres premiers inférieurs ou égaux à 100 sont donc

Théorème 52. L’ensemble P des nombres premiers est infini.

n
Remarque 53. Le nombre de nombres premiers inférieurs ou égaux à n se rapproche de lorsque n
ln(n)
tend vers +∞. C’est le théorème des nombres premiers.

Proposition 54. Deux nombres premiers distincts sont premiers entre eux.

Proposition 55. Soit (p, q) ∈ P 2 avec p 6= q. Pour tout (α, β) ∈ N2 , pα et q β sont premiers entre eux.
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Définition 56. Une suite numérique est presque-nulle si elle est nulle à partir d’un certain rang.

Théorème 57. Décomposition en produit de facteurs premiers.


Tout entier naturel n ∈ N∗ se décompose de façon unique en un produit de facteurs premiers.
Y
n= p αp
p∈P

où (αp )p∈P est une suite presque nulle d’entiers naturels.

Définition 58. L’entier αp , aussi noté vp (n), est la valuation p-adique de n.

Application 59. Calculer la décomposition en facteurs premiers de 384 et de 660.

Proposition 60. Additivité des valuations p-adiques.


Pour tout (a, b) ∈ (N∗ )2 , pour tout p ∈ P,

vp (ab) = vp (a) + vp (b)

Proposition 61. Caractérisation de la divisibilité.


Soit (a, b) ∈ (N∗ )2 . On a l’équivalence

a|b ⇐⇒ ∀p ∈ P, vp (a) 6 vp (b)

Proposition 62. Soit (a, b) ∈ (N∗ )2 . Soient (αp ) et (βp ) deux suites d’entiers presque nulles indexées
sur P constituant les valuations p-adiques de a et de b.
Y Y
a= p αp et b= pβp
p∈P p∈P

Alors le pgcd et le ppcm de a et b s’expriment par


Y Y
a∧b= pmin(αp ,βp ) et a∨b= pmax(αp ,βp )
p∈P p∈P

Application 63. Calculer le pgcd et le ppcm du couple (384, 660).


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4 - Congruences
Définition 64. Soit (a, b) ∈ Z2 . Soit n ∈ N∗ . On dit que a est congru à b modulo n, et on note a ≡ b [n],
si la différence a − b est un multiple de n.

a ≡ b [n] ⇐⇒ n|b−a ⇐⇒ ∃ k ∈ Z, a = b + k × n

Proposition 65. Les relations de congruence sont des relations d’équivalence sur Z.

Remarque 66. Les relations de congruence généralisent la relation de divisibilité.

n|a ⇐⇒ a ≡ 0 [n]

Application 67. À quoi correspondrait la congruence modulo 0 ?

Proposition 68. Propriétés de la relation de congruence modulo n.


Soit n ∈ N∗ .
• Somme : Pour tout (a1 , a2 ) et (b1 , b2 ) ∈ Z2 ,

a1 ≡ b1 [n] et b1 ≡ b2 [n]

=⇒ a1 + a2 ≡ b1 + b2 [n]

• Produit : Pour tout (a1 , a2 ) et (b1 , b2 ) ∈ Z2 ,

a1 ≡ b1 [n] et b1 ≡ b2 [n]

=⇒ a1 a2 ≡ b1 b2 [n]

• Puissance : Pour tout (a, b) ∈ Z2 , pour tout k ∈ N,

a ≡ b [n] =⇒ ak ≡ bk [n]

• Multiplication par un entier : Pour tout (a, b) ∈ Z2 , pour tout k ∈ N∗ ,

a ≡ b [n] ⇐⇒ ka ≡ kb [kn]

Application 69. Montrer que 2345 + 5432 est divisible par 3.

Application 70. Montrer que pour tout entier n ∈ Z impair, n2 ≡ 1 [8].

Théorème 71. Petit théorème de Fermat.


Soit p ∈ P un nombre premier et a ∈ Z un entier relatif. Alors ap est congru à a modulo p.

ap ≡ a [p]

Si de plus p ne divise pas a, alors ap−1 est congru à 1 modulo p.

a∧p=1 =⇒ ap−1 ≡ 1 [p]

Application 72. Soit n ∈ Z. Montrer que tout diviseur premier impair de n2 + 1 est congru à 1 modulo 4.

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