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Vie, vigne, vivant:

sens logocentriques et dimensions formatrices dans lʼOrthodoxie

Lect. Univ. Dr. Claudia Dinu


Lect. Univ. Dr. Adrian Dinu

Les corrélations entre la vigne et la vie sont très anciennes et en même temps très riches en
significations. Un apport significatif dans ce sens est celui du christianisme. Notre analyse va
sʼarrêter justement sur la présence de ces réalités dans lʼorthodoxie autant au niveau des
représentations que de la pratique.
Le trajet de notre recherche se construit sur la base de deux sources principalement : des
textes de la Sainte Ecriture (surtout du Nouveau Testament) et des aspects du culte orthodoxe avec
une attention particulière accordée à lʼiconographie.
LʼEvangile en tant que Bonne Nouvelle est lʼexpression du Logos divin qui Sʼest incarné
pour révéler aux humains la Vie. Des images de la vigne et du vin sʼinsèrent dans ce contexte
Logocentrique de révélation de la Vie. Ce sont en fait des images fondamentales quʼon retrouve
également dans lʼAncien Testament, très souvent en tant quʼanticipation des réalités messianiques.
Par exemple le Psaume 79 (80 dans la Bible de lʼÉglise Catholique), 9-18 :
9 : « Il était une vigne: tu lʼarraches dʼÉgypte, tu chasses des nations pour la planter »
10 : « Devant elle tu fais place nette, elle prend racine et remplis pays »
11 : « Les montagnes étaient couvertes de son ombre, et de ses pampres les cèndres de Dieu
»
12 : « elle étendait ses sarments jusquʼà la mer et du côté du Fleuve ses rejetons»
13 : « Pourquoi as-tu rompu ses clôtures, et tout passant du chemin la grapille»
14 : « le sanglier des fôrets la ravage et la bête des champs la dévore ? »
15 : « Dieu Sabaot, revins enfin, observe des cieux et vois, visite cette vigne: »
16 : « protège-la, celle que ta droite a plantée »
17 : « Ils ont brulée par le feu comme une ordure, au reproche de ta face ils périront »
18 : « Ta main soit sur lʼhomme de ta droite, le fils dʼAdam ue tu as confirmé »
19 : « Jamais plus nous nʼirons loin de toi; rend-nous la vie, quʼon invoque ton nom ».
Il y a trois aspects à souligner par rapport au contenu de ce Psaume : la grandeur (lʼétendue)
de la vigne décrite, les attaques qui ont taché la détruire, lʼappel à Dieu qui a le pouvoir de la
rétablir et de la renforcer par le Fils de lʼHomme. La vigne est ici le symbole de la vie chrétienne,
un renouvellement de la personne humaine dont la perfection est liée à lʼœuvre divine. Cʼest en fait

1
Dieu qui réalise lʼamélioration qualitative mais à travers une transformation spirituelle rendue
manifeste par la prière qui sollicite son intervention :
« Dieu Sabaot, revins enfin, observe des cieux et vois, visite cette vigne: protège-la, celle
que ta droite a plantée » (Ps. 79, 15-16).
Dans lʼEglise Orthodoxe les Psaumes ce sont des prières et dans ce sens, par le pouvoir des
mots inspirés qui les composent, ils ont la force de bâtir, de former spirituellement le croyant.
Dans le Nouveau Testament on retrouve plusieurs phrases qui contiennent les mots vigne et
vin. Nous allons nous arrêter dans les pages suivantes sur les fragments narratifs ou descriptifs qui
ont au centre ces deux images. Les Noces de Cana constituent le moment dʼune première mise en
valeur de lʼimage du vin.
« Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y ètait. Jésus
aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses disciples. Or, il nʼy avait plus de vin, car le vin des noces
était épuisé. La mère de Jésus lui dit : “Ils nʼont pas de vin”. Jésus lui dit : “ Femme, que me veux-
tu ? Mon heure nʼest pas encore arrivée”. Sa mère dit aux servants : “ Tout ce quʼil vous dira,
faites-le ”. Or, il y avait là six jarres (n.n. cuves) de pierre, destinées aux purifications des Juifs, et
contenant chacune deux ou trois mesures (n.n. chacune contenait environ cent litres). Jésus leur
dit : “ Remplissez dʼeau ces jarres ”. Ils les remplirent jusquʼau bord. Il leur dit : “Maintenant,
puisez, et portez-en au maître du repas ”. Ils lui en portèrent. Lorque le maître du repas eut goûté
lʼeau changée en vin – et il ne savait pas dʼoù venait ce vin, tandis que les servants le savaient, eux
qui avaient puisé lʼeau - alors le maître du repas interpelle le marié et lui dit : “ Tout le monde sert
le bon vin en premier, et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as
gardé le bon vin jusquʼà présent ”. Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. Cʼétait
à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui » (Jean 2, 1-11).
Lʼeau qui est transformée en vin par le Seigneur cʼest le premier miracle mentionné dans
lʼEvangile. Cet épisode a dans ce sens une valeur fondatrice, cʼest le début de lʼœuvre de
rédemption des hommes. Le vin est le signe du renouvellement suite à un processus de
transformation qui est réalisé en tant quʼœuvre divine mais en tant que réponse à la prière (à la
demande) de la Vierge Marie. Le vin cʼest en fait le symbole de la vie spirituelle qui se réalise dans
le contexte des noces – image de la dimension sacramentelle de lʼunion. Le vin a également une
connotation de joie partagée, de joie qui change lʼétat dʼesprit.
Comentariu
Christ se foloșește de chipul apei și al vinului pentru a sugera mai apoi, la Cina cea de
Taină care este adevărata mancare și băutură. Alimentele principale pe care le consumăm noi
sunt pâinea și vinul iar chipurile sau «icoanele» acestora sunt pe deplin înrădăcinate, cu
rațiunile lor, în Trupul și Sângele Lui. Ele sunt transfigurate de El și prefăcute în adevărata
2
mâncare și băutură pentru care trebuie să trăiască omul. Prin iradierea lui Hristos toate
devin o Euharistie universală. Aceasta este împărtășirea adevărată pentru care se roagă
creștinii în biserici și de care vor să aibă parte :
« Voici que je mʼapproche des divins Mystères, ô mon Créateur. Que cette communion ne
me consume pas, car tu es un feu qui brûle les indignes, mais purifie-moi de toute souillure. En
voyant ce Sang qui divinise, tremble, ô homme, car cʼest un charbon ardent qui embrase les
indignes. Cʼest le Corps de Dieu qui déifie lʼesprit et qui nourrit incompréhensiblement lʼâme »
(Prière de Saint Syméon le Métaphraste)1.
La communion eucharistique exprime lʼunité et la réalité de lʼÉglise dans son aspect de
plus grande intensité et plénitude. Selon la conscience et la foi de lʼOrthodoxie, lʼEucharistie
nʼest pas le moyen de lʼunité, mais son couronnement. Elle est inséparable dʼune confession de
la foi orthodoxe, dʼun engagement de foi, de vie, de spiritualité, dans la prise au sérieux de la
totalité dʼune tradition qui converge dans le sacrement de lʼEucharistie. La communion
eucharistique est un acte ecclésial, un acte collégial qui concerne et engage lʼÉglise tout
entière. LʼEucharistie est le sacrement de lʼÉglise elle-même. Cʼest à travers ce sacrement que
lʼÉglise se complète et que le Corps et le Sang du Christ se manifeste.
Dans lʼEglise orthodoxe ce texte évangélique est lu pendant le sacrement du mariage,
moment de célébration de lʼunion de deux jeunes gens, moment de joie et de changement dans leurs
vies survenu après la bénédiction du Saint Esprit. Dʼailleurs, lors de la cérémonie, un verre vin est
présenté au jeune couple pour en gouter, tandis quʼon chante : « Jʼélèverai la coupe du Salut et
jʼinvoquerai le Nom du Seigneur » (Ps. 115, 4) 2.
La contextualisation cultique des Noces de Cana renforcent la signification du vin. Celle-ci
est directement liée au dynamisme spirituel, à la transformation spirituelle réalisé par Dieu suite à
lʼappel de la personne humaine.
Lʼimage de la vigne se retrouve au centre de deux récits bibliques : celui des ouvriers
envoyés a la vigne et celui vignerons homicides.
Le premier récit cʼest une parabole présentée par le Christ lui-même en tant quʼimage du
royaume céleste : Mathieu 20, 1-16.
« Car le royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui sortit dès le matin, afin
de louer des ouvriers pour sa vigne. Il convint avec eux d'un denier par jour, et il les envoya à sa
1
*, La Divine Liturgie de Saint Jean Chrzsostome, Sous la direction de lʼArchevêché de Suisse, Éditions Tertios, Genève, 1980, p.
61.
2
La communion eucharistique est précédée par une préparation de prière. Il est vivement recommandé d'assister à l'office de vêpres
ou de vigiles précédant la liturgie eucharistique du Dimanche ou de la Fête, surtout lorsque l'on a l'intention de communier. Par
ailleurs, les livres de prières orthodoxes contiennent toujours un « office de la sainte communion » que chacun peut adapter à son
propre usage. Cet office est composé de psaumes, d'un canon, c'est-à-dire d'une composition poétique, et de prières attribuées aux
Pères de l'Église. On peut y ajouter des canons ou acathistes au Seigneur, à la Mère de Dieu, à l'ange gardien, aux saints. Les livres
de prières plus complets nous offrent un choix de ces textes qui remontent à une haute antiquité et qui reflètent la sagesse spirituelle
et la ferveur de nos « Pères dans la foi ».
3
vigne. Il sortit vers la troisième heure, et il en vit d'autres qui étaient sur la place sans rien faire. Il
leur dit: Allez aussi à ma vigne, et je vous donnerai ce qui sera raisonnable. Et ils y allèrent. Il
sortit de nouveau vers la sixième heure et vers la neuvième, et il fit de même. Étant sorti vers la
onzième heure, il en trouva d'autres qui étaient sur la place, et il leur dit: Pourquoi vous tenez-vous
ici toute la journée sans rien faire? Ils lui répondirent: C'est que personne ne nous a loués. Allez
aussi à ma vigne, leur dit-il. Quand le soir fut venu, le maître de la vigne dit à son intendant:
Appelle les ouvriers, et paie-leur le salaire, en allant des derniers aux premiers. Ceux de la onzième
heure vinrent, et reçurent chacun un denier. Les premiers vinrent ensuite, croyant recevoir
davantage; mais ils reçurent aussi chacun un denier. En le recevant, ils murmurèrent contre le
maître de la maison, et dirent: Ces derniers n'ont travaillé qu'une heure, et tu les traites à l'égal de
nous, qui avons supporté la fatigue du jour et la chaleur. Il répondit à l'un d'eux: Mon ami, je ne te
fais pas tort; n'es-tu pas convenu avec moi d'un denier? Prends ce qui te revient, et va-t'en. Je veux
donner à ce dernier autant qu'à toi. Ne m'est-il pas permis de faire de mon bien ce que je veux? Où
vois-tu de mauvais oeil que je sois bon? Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers
seront les derniers ».
Le symbole de la vigne est de nouveau associé à un dynamisme existentiel représenté ici par
le travail des ouvriers. Lʼévaluation quantitative du travail est éludée ici au profit dʼune valorisation
de lʼappréciation nourrie de lʼamour. Travailler dans la vigne représente en fait lʼimage de
lʼévolution spirituelle qui est récompensée selon le critère de lʼamour du Maître.
Comentariu
« Jésus-Christ entend par cette « vigne » les commandements de Dieu : Le « temps »
d’y travailler est toute la vie présente. Ces « ouvriers » qui sont appelés à ces différentes
heures, marquent ceux qui sont appelés dans les différents âges de leur vie. Tout cela est clair;
mais la difficulté est de savoir comment ces premiers, qui avaient fait beaucoup, s’étaient
rendus agréables à Dieu et avaient souffert, avec courage tout le travail (502) du jour,
deviennent enfin jaloux, et s’abandonnent à la passion criminelle de l’envie. Ils ne peuvent
souffrir que ceux qui n’avaient travaillé qu’une heure avec eux reçoivent la même
récompense. Ils s’en plaignent et disent en murmurant: «Vous leur avez donné autant qu’à
nous, qui avons porté le poids du jour et de la chaleur » Ils ont, tout ce qu’on leur a promis :
ils ne perdent rien de leur récompense; mais ils sont jaloux et ils s’affligent du bonheur des
autres. Le père de famille ne peut souffrir cette envie, et voulant comme se justifier contre
l’injustice de leurs plaintes, il fait voir en même temps l’excès de sa bonté et celui de leur
malice : « Mon ami», dit-il, «je ne vous, fais point de tort. N’êtes-vous pas convenu avec moi
d’un denier par jour? Emportez ce qui est à vous, et allez vous-en. Il me plaît de donner à ce

4
dernier autant qu’à vous. Ne m’est-il pas permis de faire ce que je yeux, ou faut-il que votre
oeil soit envieux parce que je suis bon »3.
Dans le deuxième récit, la vigne cʼest un lieu dʼhomicides : Mathieu 21, 33-44.
« Écoutez une autre parabole. Il y avait un homme, maître de maison, qui planta une vigne.
Il l'entoura d'une haie, y creusa un pressoir, et bâtit une tour; puis il l'afferma à des vignerons, et
quitta le pays. Lorsque le temps de la récolte fut arrivé, il envoya ses serviteurs vers les vignerons,
pour recevoir le produit de sa vigne. Les vignerons, s'étant saisis de ses serviteurs, battirent l'un,
tuèrent l'autre, et lapidèrent le troisième. Il envoya encore d'autres serviteurs, en plus grand
nombre que les premiers; et les vignerons les traitèrent de la même manière. Enfin, il envoya vers
eux son fils, en disant: Ils auront du respect pour mon fils. Mais, quand les vignerons virent le fils,
ils dirent entre eux: Voici l'héritier; venez, tuons-le, et emparons-nous de son héritage. Et ils se
saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne, et le tuèrent. Maintenant, lorsque le maître de la vigne
viendra, que fera-t-il à ces vignerons? Ils lui répondirent: Il fera périr misérablement ces
misérables, et il affermera la vigne à d'autres vignerons, qui lui en donneront le produit au temps
de la récolte. Jésus leur dit: N'avez-vous jamais lu dans les Écritures: La pierre qu'ont rejetée ceux
qui bâtissaient Est devenue la principale de l'angle; C'est du Seigneur que cela est venu, Et c'est un
prodige à nos yeux? C'est pourquoi, je vous le dis, le royaume de Dieu vous sera enlevé, et sera
donné à une nation qui en rendra les fruits. Celui qui tombera sur cette pierre s'y brisera, et celui
sur qui elle tombera sera écrasé ».
Cʼest une sorte dʼimage renversée de la situation précédente, quand, au moment de
lʼévaluation, on a fait les paiements. Les vignerons homicides refusent le regard évaluatif, refusent
de présenter les fruits de leur travail et tuent les messagers qui sont venus les demander. Le geste
dʼannulation de la vie est relié à celui du refus de la prolificité.
Comentariu
« Jésus-Christ découvre beaucoup de choses par cette parabole. Il fait voir aux Juifs
avec quel soin la providence de Dieu a toujours veillé sur eux; qu’elle n’a rien omis de tout ce
qui pouvait contribuer à leur salut; qu’ils ont toujours été portés à répandre le sang ;
qu’après qu’ils ont tué si cruellement les prophètes, Dieu, au lieu de les rejeter avec horreur,
leur avait envoyé son propre fils. Il leur marque encore par cette figure qu’un même Dieu
était l’auteur de l’Ancien et du Nouveau Testament : que sa mort produirait des effets
admirables dans le monde; qu’ils devaient attendre une terrible punition de l’attentat par
lequel ils allaient le faire mourir sur une croix. Que les gentils seraient appelés à la
connaissance du vrai Dieu, et que les Juifs cesseraient d’être son peuple […] Mais considérez,

3
Saint Jean Chrysostome, Commentaire sur lʼÉvangile delon Saint Mathieu, Homélie LXIV, EIBMBOR, București, 1994,
p. 739-740.
5
mes frères, d’un côté la vigilance du maître de la vigne, et de l’autre la paresse et la lâcheté
des serviteurs. Il fait lui-même la plus grande partie de ce que ces serviteurs devaient faire
eux-mêmes. Il plante sa vigne, il l’environne d’une haie, et fait tout le reste. Il ne leur laisse à
faire que fort peu de choses, c’est-à-dire à entretenir cette vigne et à conserver en bon état ce
qui leur avait été confié. Car nous voyons par le rapport de I’Evangile que ce Maître si sage
n’avait rien omis. Tout était préparé avec un soin admirable; et cependant tant de soins et
tant de préparations ont été entièrement inutiles. Lorsque les Juifs furent délivrés si
divinement de l’Egypte, Dieu leur donna une loi, il leur (531) bâtit une ville, il leur dressa un
temple, il leur établit un autel, et il s’en alla « dans un pays éloigné », c’est-à-dire qu’il usa
envers eux d’une longue patience, parce que Dieu ne punit pas les pécheurs aussitôt qu’ils
sont tombés dans le crime. Ainsi ce long éloignement marque sa douceur et sa longue
patience: « Il leur envoya ses serviteurs », c’est-à-dire ses prophètes, « pour exiger d’eux le
fruit », c’est-à-dire des témoignages de leur fidélité et de leur obéissance par leurs oeuvres.
Mais ils agissent comme les plus ingrats et les plus méchants de tous les hommes »4.
Dans les deux paraboles la vigne est liée à une responsabilité lucrative et a une évaluation de
la qualité du travail. Ces deux textes représentent des paraboles lues dans le cadre de la Sainte
Liturgie. Les fidèles sont invites ainsi de rattacher ces situations à celles de leur vie, de leur état
spirituel et, par la prise de conscience, opérer un changement intérieur.
Une autre mention biblique très importante cʼest la comparaison entre lʼimage du Seigneur
avec les apôtres et celle de la vigne avec les pousses.
« Je suis la vigne (n.n. le cep) ; vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je
demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15, 5).
Cette fois il sʼagit dʼune image descriptive de la vigne qui représente la présence du
Seigneur lui-même avec ceux qui le suivent. De nouveau il sʼagit de la dynamique spirituelle qui
est reliée à lʼintégration dans la communion et qui conduit à la prolificité.
Comentariu
Fiecare credincios care se împărtășește cu Trupul și Sângele lui Hristos ne face să ne
simțim una în El. Prin Sângele Lui care intră în fiecare mădular al trupului omului, acesta
rămâne distinct dar unit intim cu El. Sf. Simeon Noul Teolog : «Noi devenim mădulare ale lui
Hristos și Hristos devine mădularele mele. Hristos se face mâna mea, piciorul meu, al ticălosului
de mine. Și mâna lui Hristos, piciorul lui Hristos sunt eu ticălosul. Eu mișc mâna mea și mâna
mea este Hristos întreg. Eu mișc piciorul meu și iată el strălucește ca Hristos. Dacă tu voiești, vei
deveni mădularul lui Hristos »5.
4
Saint Jean Chrysostome, Commentaire sur lʼÉvangile delon Saint Mathieu, Homélie LXVIII, EIBMBOR, București, 1994,
p. 780-781.
5
St. Symeon le Noveau Théologien, Hymnes, XV, dans Sources Chrétiennes, no. 156, p. 289.
6
Spiritualitatea ortodoxă ne învață că noi nu ne unim în mod simplist cu Hristos, ci este
o unire în curăție pentru care contează și efortul personal. El ne oferă nu doar o părtășie sau
o stare de curăție pentru a fi ca El, ci și o putere în vederea dobândirii acesteia.
Ces versets bibliques ont été transposés dans des représentations iconiques. Il sʼagit dʼun
élément original et spécifiquement orthodoxe – de présenter le Seigneur avec la vigne qui trouve la
racine dans son cote et dont il cueillit les fruits.
La réalité la plus importante de lʼorthodoxie – la Sainte Eucharistie est préfigurée à la Sainte
Cène du Jeudi Saint. Le récit de la Cène :
Mathieu 26, 26-29 : « Or, tandis qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et
le donna aux disciples en disant: "Prenez, mangez, ceci est mon corps". Puis, prenant une coupe, il
rendit grâces et la leur donna en disant: "Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de
l'alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés. Je vous le dis, je ne
boirai plus désormais de ce produit de la vigne jusqu'au jour où je le boirai avec vous, nouveau,
dans le Royaume de mon Père" ».
Marc 14, 22-25 : « Et tandis qu'ils mangeaient, il prit du pain, le bénit, le rompit et le leur
donna en disant: "Prenez, ceci est mon corps". Puis, prenant une coupe, il rendit grâces et la leur
donna, et ils en burent tous. Et il leur dit: "Ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui va être
répandu pour une multitude. En vérité, je vous le dis, je ne boirai plus du produit de la vigne
jusqu'au jour où je boirai le vin nouveau dans le Royaume de Dieu" ».
Luc 22, 17-22 : « Puis, ayant reçu une coupe, il rendit grâces et dit: "Prenez ceci et
partagez entre vous; car, je vous le dis, je ne boirai plus désormais du produit de la vigne jusqu'à
ce que le Royaume de Dieu soit venu". Puis, prenant du pain, il rendit grâces, le rompit et le leur
donna, en disant: "Ceci est mon corps, donné pour vous; faites cela en mémoire de moi". Il fit de
même pour la coupe après le repas, disant: "Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang,
versé pour vous ».
Cʼest le moment inaugural dʼune nouvelle compréhension de ce qui signifie le devenir
authentique de lʼhomme au sein dʼune communauté qui comprend la présence de Dieu Même. Le
vin transforme dans le Sang du Seigneur cʼest lʼexpression de la Vitalité absolue, de la Vie
authentique qui sʼoffre en tant que nourriture qui réalise la transformation qualitative de la personne
humaine vivante. Pour les chrétiens orthodoxes lʼEucharistie cʼest le cœur de la Sainte Liturgie et
lʼévènement central de lʼévolution spirituelle.
St Jean Chrysosotome dit : « Hristos ne-a dat putința să ne săturăm de Trupul și
Sângele Lui, ridicându-ne la o prietenie și mai mare și arătându-ne dorul Lui către noi, căci

7
nu se dă pe Sine celor ce doresc numai ca să-L vadă, ci și ca să-l atingă, să-L mănânce și să se
sădească în trupul Lui și să ne unească cu El și să sature întreg dorul» 6.
«LʼEucharistie est toujours cette même venue et cette présence, cette même joie et cette
brûlure du cour, cette même certitude suprarationnelle, et cependant absolue, que le Seigneur
ressuscité se fait connaître à la fraction du pain [et aux Calice – n.n.]. A la dernière Cène, le
Christ lui-même dit a ses disciples quʼ leur accordait le Royaume, de sorte quʼils mangent et
boivent à sa table, dans son Royaume. Puisquʼelle est la présence du Seigneur ressuscité,
lʼEucharistie est donc la participation au Royaume qui est joie et paix dans le Saint-Esprit. La
communion est la nourritoure dʼimmortalité, le Pain céleste [et le Vin de la vie – n.n.] et
sʼapprocher de la sainte Table, cʼest véritablement monter au ciel»7.
Tous les textes bibliques présentés ce sont des contextes logocentriques (mise en valeur du
Logos, de la communication) qui ont une double force formative qui agit sur la personne humaine :
dʼabord par les significations de la narration qui surgissent au moment de la lecture individuelle et
ensuite par lʼinsertion cultique qui attache aux phrases des textes saints la dimension dʼadresse et
de prière communautaire et la valeur de sacrement par lʼinvocation de la présence du Saint Esprit.
Comentariu
Cuvântul lui Hristos a devenit cuvântul Bisericii arătat ca rugăciuni: psalmi, versete
sau chiar capitole din Scriptură. Acesta îl ajută pe om și-l face părtaş sfinţeniei Domnului. De
aceea el este un cuvânt responsabil și responsabilizator. Iar dovada acestor realități este
faptul că nici în perioada patristică şi nici astăzi desăvârşirea şi sfinţenia Bisericii Ortodoxe
nu au fost şi nu sunt echivalente cu sfinţenia membrilor ei, fie că aceştia sunt mireni, monahi
sau membri ai clerului inferior sau superior. Cuvântul este „viu și lucrător”, dar lucrează
sfințenia numai dacă este lăsat să o facă. Dacă este respins atunci Duhul lui Dumnezeu se
depărtează și cuvântul poate deveni chiar povară și osândă. În Biblie citim: „Căci cuvântul lui
Dumnezeu e viu şi lucrător şi mai ascuţit decât orice sabie cu două tăişuri, şi pătrunde până la
despărţitura sufletului şi duhului, dintre încheieturi şi măduvă, şi destoinic este să judece
simţirile şi cugetările inimii” (Evrei 4, 12). Acest aspect este scos în lumină şi de profesorul
Jaroslav Pelikan: „Desăvârşirea şi sfinţenia Bisericii nu erau echivalente cu sfinţenia
membrilor sau a preoţilor ei, ci cu sfinţenia harului dăruit prin Sfintele Taine” 8.

6
St Jean Chrysosotome, Traités théologiques et éthiques, I dans Sources Chrétiennes, no. 122, p. 123.
7
Alexandre Schmemann, Le grand Carême. Ascèse et Liturgie danss lʼEglise Orthodoxe, Spiritualité Orientale, no. 13,
Abbaye de Bellefonatine, 1977, p. 61-62.

8
Jaroslav Pelikan, Tradiţia Creştină - o istorie a dezvoltării doctrinei. Naşterea Tradiţiei Universale (100-600), Polirom,
Iaşi, 2004, p. 320.
8
Așadar, învăţătura Bisericii Ortodoxe este aceea că fiecare om este o persoană unică
distinctă şi nerepetabilă având o distinctivitate existenţială manifestată mai întâi la nivel de
cuvânt gândit sau rostit9.
Tous le logoi de lʼhomme «sont des paroles de création et de providence quʼon trouve
dans la Genèse et dans les Psaumes. Toute chose crée a son point de contact avec lʼenergie
divine, point vierge, LOGOS, sophianité, qui à la fois la fonde et lʼaimante vers sa plénitude.
Sans le LOGOS, le nom, il nʼy a aurait dans lʼetre crée quʼun choc absurde de messes sourdes
et muetes dans un abime de ténèbres »10. Tous nos logoi sont contenus dans le Logos,
deuxième personne de la Trinité, qui est le principe et la fin de toutes choses.
Les occurrences pour vie, vigne, vivant sont nombreuses dans lʼespace orthodoxe. On peut
parler ainsi de signes Logocentriques dont lʼépiphanie se développe en relation avec les
représentations iconiques et les expressions cultuelles. La formation spirituelle du chrétien
orthodoxe se nourrit de ces sources en enrichissant sa puissance et ses dimensions. Une telle
réflexion aboutit à un approfondissement des significations de la prolificité et de la personne
humaine proligère.

9
Irineu Pop-Bistriţeanul, Chipul lui Hristos în viaţa morală a creştinului, Renaşterea, Cluj-Napoca, 2001, p. 31.
10
Olivier Clément, Le Christ, terre des vivants, Essaies théologiques, Spiritualité Orientale, no. 17, Abbaye de
Bellefonatine, 1976, p. 93.
9

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