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(Fiche Apprenant)
Le passé simple (B1-B2)
destin, dans une famille d’employés. Elle n’avait argenteries brillantes ; elle songeait aux plats donne pas beaucoup aux employés. Tu y verras quatre cents francs je pourrais trouver quelque Elle poussa un cri de joie.
pas de dot, pas d’espérances, aucun moyen exquis servis dans des vaisselles merveilleuses, tout le monde officiel. chose. - C’est vrai. Je n’y avais pas pensé.
d’être connue, comprise, aimée, épousée par un aux mots chuchotés et écoutés en souriant, tout Elle le regardait d’un œil irrité, et elle déclara : Il avait un peu pâli, car il réservait juste cette Le lendemain, elle alla chez son amie et lui
homme riche et distingué ; et elle se maria avec en mangeant des plats raffinés. - Que veux-tu que je me mette pour y aller ? somme pour acheter un fusil et s’offrir des parties raconta son problème. Madame Forestier alla
un petit employé du ministère de l’Instruction Elle n’avait pas de toilettes, pas de bijoux, rien. Il n’y avait pas pensé ; il balbutia : de chasse, l’été suivant, avec quelques amis. vers son armoire à glace, prit un large coffret,
publique. Et elle n’aimait que cela ; elle se sentait faite - Mais la robe avec laquelle tu vas au théâtre. Elle Il dit cependant: l’apporta, l’ouvrit, et dit à Madame Loisel :
Elle était simple et naturellement élégante mais pour cela. Elle désirait tant plaire, être enviée, me semble très bien. - D’accord. Je te donne quatre cents francs. Mais - Choisis, ma chère.
elle était malheureuse. être séduisante et recherchée. Il se tut, stupéfait, en voyant que sa femme tâche d’avoir une belle robe. Elle vit d’abord des bracelets, puis un collier de
Elle souffrait beaucoup car elle se sentait née Elle avait une amie riche, une camarade de pleurait. Deux grosses larmes descendaient perles, de l’or et des pierreries, d’un admirable
pour toutes les délicatesses et tous les luxes. couvent qu’elle ne voulait plus aller voir, tant elle lentement des coins des yeux vers les coins de la Le jour de la fête approchait, et Madame Loisel travail. Elle essayait les parures devant la glace,
Elle souffrait de la pauvreté de son logement, souffrait en revenant. Et elle pleurait pendant des bouche ; il bégaya : semblait triste, inquiète, anxieuse. Sa toilette hésitait, ne pouvait se décider à les quitter, à les
de la misère des murs, de l’usure des sièges, de jours entiers, de chagrin, de regret, de désespoir - Qu’as-tu ? qu’as-tu ? était prête cependant. Son mari lui dit un soir : rendre. Elle demandait toujours :
la laideur des étoffes. Toutes ces choses, dont et de détresse. Elle répondit d’une voix calme en essuyant ses - Qu’as-tu ? Voyons, tu es toute drôle depuis trois - Tu n’as plus rien d’autre ?
une autre femme de sa caste ne se serait même joues humides : jours. - Mais si. Cherche. Je ne sais pas ce qui peut te
pas aperçue, la torturaient et l’indignaient. Elle Or, un soir, son mari rentra, l’air glorieux et - Rien. Seulement je n’ai pas de toilette et par Et elle répondit : plaire.
rêvait des appartements avec des décorations tenant à la main une large enveloppe. conséquent, je ne peux aller à cette fête. Donne - Cela m’ennuie de ne pas avoir de bijou, pas Tout à coup elle découvrit, dans une boîte de
orientales, éclairés par des chandeliers de - Tiens, dit-il, voici quelque chose pour toi. ta carte à un collègue dont la femme sera mieux une pierre, rien à mettre sur moi. J’aurai l’air satin noir, une superbe rivière de diamants ; et
bronze. Elle s’imaginait dans un grand logement Elle déchira vivement le papier et en tira une habillée que moi. misérable. J’aimerais presque mieux ne pas aller son coeur se mit à battre d’un désir immodéré.
décoré de soie ancienne, aux meubles fins carte qui portait ces mots : Il était désolé. Il reprit : à cette soirée. Ses mains tremblaient en la prenant. Elle l’attacha
portant des bibelots inestimables, et aux petits «Le ministre de l’Instruction publique et Mme - Voyons, Mathilde. Combien cela coûterait-il, Il reprit : autour de son cou, sur sa robe montante et resta
salons parfumés, faits pour la discussion de Georges Ramponneau prient M. et Mme Loisel une toilette convenable, qui pourrait te servir - Tu mettras des fleurs naturelles. C’est très chic en extase devant elle-même.
cinq heures avec les amis les plus intimes, les de leur faire l’honneur de venir passer la soirée à encore en d’autres occasions, quelque chose de en cette saison-ci. Pour dix francs tu auras deux Puis, elle demanda, hésitante, pleine d’angoisse :
hommes connus et recherchés dont toutes les l’hôtel du ministère, le lundi 18 janvier.» très simple ? ou trois roses magnifiques. - Peux-tu me prêter cela, rien que cela ?
femmes envient et désirent l’attention. Au lieu d’être ravie, comme l’espérait son mari, Elle réfléchit quelques secondes, en pensant à Elle n’était pas convaincue. - Mais oui, certainement.
Quand elle s’asseyait, pour dîner, devant la table elle jeta l’invitation sur la table et murmura : la somme qu’elle pouvait demander sans avoir - Non... il n’y a rien de plus humiliant que d’avoir Elle sauta au cou de son amie, l’embrassa et
ronde couverte d’une nappe de trois jours, en - Que veux-tu que je fasse de cela ? un refus immédiat et un cri effaré de son mari, l’air pauvre au milieu de femmes riches. s’enfuit avec son trésor.
face de son mari qui découvrait la soupière - Mais, ma chérie, je pensais que tu serais contente. économe. Mais son mari s’écria :
en déclarant d’un air enchanté : « Ah ! le bon Tu ne sors jamais, et c’est une occasion, cela, une Enfin, elle répondit en hésitant: - Que tu es bête ! Va trouver ton amie Madame Le jour de la fête arriva. Madame Loisel eut un
pot-au-feu ! je ne connais rien de meilleur belle ! J’ai eu une peine infinie à l’obtenir. Tout le Forestier et demande-lui de te prêter des bijoux. énorme succès. Elle était plus jolie que toutes
folle de joie. Tous les hommes la regardaient, honteux de leur misère pendant le jour. rhabilla. Alors ils allèrent de bijoutier en bijoutier, Elle n’ouvrit pas l’écrin, ce que redoutait son
demandaient son nom, cherchaient à être Il les ramena jusqu’à leur porte, rue des Martyrs, - Je vais, dit-il, refaire tout le trajet que nous cherchant une parure pareille à l’autre, consultant amie. Si elle s’était aperçue de la substitution,
présentés. Tous les attachés du cabinet voulaient et ils remontèrent tristement chez eux. C’était avons fait à pied, pour voir si je ne la retrouverai leurs souvenirs, malades tous deux de chagrin et qu’aurai telle pensé ? qu’aurait-elle dit ? Ne
valser avec elle. Le Ministre la remarqua. fini, pour elle. Et il songeait, lui, qu’il lui faudrait pas. d’angoisse. l’aurait-elle pas prise pour une voleuse ?
Elle dansait avec ivresse, avec emportement, être au Ministère à dix heures. Et il sortit. Elle demeura en toilette de soirée, Ils trouvèrent, dans une boutique du Palais
grisée par le plaisir, ne pensant plus à rien, dans Elle ôta les vêtements dont elle s’était enveloppé sans force pour se coucher, abattue sur une Royal, un chapelet de diamants qui leur parut Madame Loisel connut la vie horrible des
le triomphe de sa beauté, dans la gloire de son les épaules, devant la glace, afin de se voir encore chaise, sans pensée. entièrement semblable à celui qu’ils cherchaient. nécessiteux. Il fallait payer cette dette effroyable.
succès, de cette victoire si complète et si douce. une fois dans sa gloire. Mais soudain elle poussa Son mari rentra vers sept heures. Il n’avait rien Il valait quarante mille francs. Ils le négocièrent Elle payerait. On renvoya la bonne ; on changea
Elle partit vers quatre heures du matin. Son un cri. Elle n’avait plus sa rivière autour du cou ! trouvé. à trente-six mille francs. de logement ; on loua sous les toits une mansarde.
mari, depuis minuit, dormait dans un petit Son mari, à moitié dévêtu déjà, demanda : Il alla à la Préfecture de police, aux journaux, Ils prièrent donc le joaillier de ne pas le vendre Elle connut les gros travaux du ménage, de la
salon désert avec trois autres messieurs dont les - Qu’est-ce que tu as ? pour faire promettre une récompense, aux avant trois jours. Et ils firent condition qu’on le cuisine. Elle lava la vaisselle, usant ses ongles
femmes s’amusaient beaucoup. Elle se tourna vers lui, affolée : compagnies de petites voitures, partout. reprendrait pour trente-quatre mille francs, si roses sur les poteries grasses et le fond des
Il lui jeta sur les épaules les vêtements qu’il avait - J’ai... j’ai... je n’ai plus la rivière de Madame Elle attendit toute la journée, dans le même état le premier était retrouvé avant la fin de février. casseroles. Elle savonna le linge sale, les chemises
apportés pour la sortie, modestes vêtements Forestier. d’effarement devant cet affreux désastre. Loisel possédait dix-huit mille francs que lui et les torchons, qu’elle faisait sécher sur une
de la vie ordinaire, dont la pauvreté jurait avec Il se dressa, éperdu : Loisel revint le soir, avec la figure creusée, pâlie ; avait laissés son père. Il emprunterait le reste. corde ; elle descendit à la rue, chaque matin, les
l’élégance de la toilette de bal. Elle le sentit et - Quoi !... Comment !... Ce n’est pas possible ! il n’avait rien découvert. Il emprunta, demandant mille francs à l’un, ordures, et monta l’eau, s’arrêtant à chaque étage
voulut s’enfuir, pour ne pas être remarquée par Et ils cherchèrent dans les plis de la robe, dans - Il faut, dit-il, écrire à ton amie que tu as cassé la cinq cents à l’autre, cinq louis par-ci, trois louis pour souffler. Et, vêtue comme une femme du
les autres femmes qui s’enveloppaient de riches les plis du manteau, dans les poches, partout. Ils fermeture de sa rivière et que tu la fais réparer. par-là. Il prit des engagements ruineux et fit peuple, elle alla chez le fruitier, chez l’épicier,
fourrures. ne la trouvèrent pas. Cela nous donnera le temps de trouver une affaire avec des prêteurs. Il compromit toute chez le boucher, le panier au bras, marchandant,
Loisel la retenait : Il demanda : solution. la fin de son existence, risqua sa signature sans défendant sou à sou son misérable argent.
- Attends donc. Tu vas attraper froid dehors. Je - Tu es sûre que tu l’avais encore en quittant le Elle écrivit sous sa dictée. savoir même s’il pourrait y faire honneur, et, Il fallait chaque mois rembourser une partie de
vais appeler un fiacre. bal ? épouvanté par les angoisses de l’avenir, par la la dette, obtenir du temps.
Mais elle ne l’écoutait pas et descendait - Oui, je l’ai touchée dans le vestibule du Au bout d’une semaine, ils avaient perdu toute misère qui allait s’abattre sur lui, il alla chercher Le mari travaillait, le soir, à faire les comptes
rapidement l’escalier. Lorsqu’ils furent dans la Ministère. espérance. la nouvelle rivière, en déposant sur le comptoir d’un commerçant, et la nuit, souvent, il faisait
rue, ils ne trouvèrent pas de voiture ; et ils se - Mais si tu l’avais perdue dans la rue, nous Et Loisel, vieilli de cinq ans, déclara : du marchand trente-six mille francs. de la copie à cinq sous la page.
mirent à chercher, criant après les cochers qu’ils l’aurions entendue tomber. Elle doit être dans - Il faut penser à remplacer ce bijou. Quand Madame Loisel rapporta la parure à Et cette vie dura dix ans.
voyaient passer de loin. le fiacre. Ils prirent, le lendemain, la boîte qui l’avait Madame Forestier, celle-ci lui dit, d’un air Au bout de dix ans, ils avaient tout restitué, tout,
Ils descendaient vers la Seine, désespérés, - Oui. C’est probable. As-tu pris le numéro ? renfermé, et se rendirent chez le joaillier, dont froissé : avec les intérêts.
grelottants. Enfin, ils trouvèrent sur le quai un - Non. Et toi, tu ne l’as pas regardé ? le nom se trouvait dedans. Il consulta ses livres : - Tu aurais dû me la rendre plus tôt, car je pouvais Madame Loisel semblait vieille, maintenant.
de ces vieux coupés noctambules qu’on ne voit - Non. - Ce n’est pas moi, madame, qui ai vendu cette en avoir besoin. Elle était devenue la femme forte, et dure des
familles pauvres. Mal peignée, avec les jupes de travers et prêtée pour aller à la fête du Ministère. II. Répondez aux questions.
les mains rouges, elle parlait haut, lavait à grande eau les - Oui. Eh bien ? 1. Cherchez, dans le texte, un synonyme de « une parure ».
planchers. Mais parfois, lorsque son mari était au bureau, - Eh bien, je l’ai perdue. 2. Pourquoi Mathilde Loisel est-elle malheureuse ?
elle s’asseyait auprès de la fenêtre, et elle pensait à cette - Comment ! puisque tu me l’as rapportée.
3. Quel est le métier de son mari, Monsieur Loisel ?
soirée d’autrefois, à ce bal où elle avait été si belle et si fêtée. - Je t’en ai rapporté une autre toute pareille. Et voilà dix
4. Est-ce que Monsieur Loisel vous semble malheureux ? Pourquoi ?
Que serait-il arrivé si elle n’avait pas perdu cette parure ? ans que nous la payons. Tu comprends que ça n’était pas
Qui sait ? qui sait ? Comme la vie est singulière, changeante ! aisé pour nous, qui n’avions rien... Enfin c’est fini, et je suis 5. Que contient la lettre que Monsieur Loisel a reçue ?
Comme il faut peu de chose pour vous perdre ou vous rudement contente. 6. Pourquoi cette nouvelle ne réjouit-elle pas Mathilde ?
sauver ! Madame Forestier s’était arrêtée. 7. Les 400 francs suffisent-ils à Mathilde ? Pourquoi n’est-elle toujours pas satisfaite ?
- Tu dis que tu as acheté une rivière de diamants pour
8. Qui est Madame Forestier ?
Or, un dimanche, comme elle était allée faire un tour remplacer la mienne ?
9. Comment s’est passée la soirée pour Mathilde ? Pour son mari ?
aux Champs-Élysées pour se délasser des besognes de - Oui. Tu ne t’en étais pas aperçue, hein ! Elles étaient bien
la semaine, elle aperçut tout à coup une femme qui pareilles. 10. Pourquoi ont-ils attendu une semaine avant de rendre la parure à Madame Forestier ?
promenait un enfant. C’était Madame Forestier, toujours Et elle souriait d’une joie orgueilleuse et naïve. 11. Que s’est-il passé pendant les dix ans qui ont suivi ?
jeune, toujours belle, toujours séduisante. Madame Forestier, fort émue, lui prit les deux mains. 12. Pourquoi la fin de l’histoire est-elle dramatique ?
Madame Loisel se sentit émue. Allait-elle lui parler ? Oui, - Oh ! ma pauvre Mathilde ! Mais la mienne était fausse.
certes. Et maintenant qu’elle avait payé, elle lui dirait tout. Elle valait au plus cinq cent francs !...
Pourquoi pas ?
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Elle s’approcha. ------------------------------
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- Bonjour, Jeanne.
Elle balbutia :
Son amie poussa un cri. Il passe son enfance en Normandie. À vingt ans,
il participe à la guerre de 1870 contre la Prusse
- Oh !... Ma pauvre Mathilde, comme tu es changée !
et il garde en mémoire des visions d’horreur.
- Oui, j’ai eu des jours bien durs, depuis que je ne t’ai vue ; Il passe seulement 10 ans de sa vie à écrire 300
nouvelles et 6 romans. Beaucoup de ses nouvelles «La Parure» est un téléfilm français adaptant la nouvelle éponyme «La Parure» de
et bien des misères... et cela à cause de toi ! se passent dans la campagne normande ou à
Maupassant, réalisé par Claude Chabrol en 2006 dans le cadre de la série «Chez
Paris. Il meurt fou à l’âge de 43 ans après 18 mois dans un hôpital
- De moi . . . Comment ça ? Maupassant», dont c’est le deuxième épisode.
psychiatrique. Plusieurs nouvelles sont adaptées en films dans la
- Tu te rappelles bien cette rivière de diamants que tu m’as série «Chez Maupassant.»
3. Terminaisons en -u : verbes en -oir et en -oire (devoir, pouvoir savoir, vouloir, V. Exercices
Exercice 1.
boire, etc.)
Dites si on peut employer le passé simple dans ces cas. Entourez oui ou non.