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Thème 3 – Chapitre ?

- La frontière germano-polonaise
Pour que les frontières d'un état existent, elle doivent être reconnues par les autres états.
Introduction :
La Pologne, au cours de son histoire, a été victime de grandes guerres entre ses voisins, et fut
dépecée à trois reprises. Au XIXe siècle, elle fut conquise et cessera même d'exister, conquise par
ses voisins, notamment la Russie, l'Autriche et la Prusse (future Allemagne). Les frontières de la
Pologne furent donc partagées entre ses ennemis.

I. D'une frontière contestée à un conflit planétaire – "La pire monstruosité du traité de Versailles"
La frontière germano-polonaise, telle qu’elle a été fixée après le traité de Versailles, a été contestée
par l’Allemagne et violée en 1939 par le Reich hitlérien.
Après la Première Guerre mondiale, un État polonais a été recréé. Le territoire de ce nouvel État
polonais se trouvait en partie sur d’anciens territoires allemands, séparant ainsi la Prusse orientale
du reste de l’Allemagne. Cette configuration donnait à la Pologne un accès à la mer sous la forme
d’un corridor terrestre débouchant sur la mer Baltique. L’Allemagne a ainsi perdu plusieurs
territoires :
– la Posnanie,
– une partie de la Prusse occidentale,
– la ville de Dantzig qui a été déclarée ville internationale sous mandat de la Société des Nations
(dans le but d’éviter un conflit immédiat),
– la Haute-Silésie, rattachée à la Pologne par référendum en 1921.
L’Allemagne a ainsi été amputée de territoires à l’est et n’a jamais reconnu ces nouvelles frontières.
Ce découpage frontalier a également nourri la volonté révisionniste du traité de Versailles,
surnommé par la population allemande, le Diktat.
À l’est de la Pologne, le ministre des Affaires étrangères britannique, Lord Curzon, avait proposé
un découpage qui n’a pas été appliqué immédiatement après la guerre. Or, la Pologne est alors très
rapidement entrée en guerre avec la Russie bolchévique et a conquis des territoires à l’est de la ligne
Curzon. En 1921, cette guerre débouche sur la paix de Riga, qui étendait la Pologne jusqu’à une
ligne qui va à peu près de Vilnius (actuelle Lituanie) à Lviv (actuelle Ukraine). Une grande
Pologne s’est donc reconstituée, au détriment de ses voisins allemands et russes.
Ainsi, à la fin des années 1930, quand Hitler lance sa politique d’expansion territoriale sur
la mitteleuropa, le problème de la frontière entre l’Allemagne et la Pologne revient sur le devant de
la scène.
Après avoir remilitarisé la rive gauche du Rhin, s’être emparé de l’Autriche dans le cadre de
l’Anschluss, annexé les Sudètes en Tchécoslovaquie et l’ensemble de la Bohème-Moravie autour de
Prague, Hitler revendique la ville libre de Dantzig en 1939, alors peuplée à 95 % d’allemands.
Parallèlement à cette revendication, Hitler entame des négociations secrètes avec l’URSS de
Staline pour préparer un plan d’invasion de la Pologne, déclenché début septembre 1939, après la
signature du pacte Ribbentrop-Molotov (pacte germano-soviétique). Ce pacte établissait
le partage de la Pologne et un accord de non-agression entre l’Allemagne et l’URSS. C’est ainsi
que, dès septembre 1939, les troupes allemandes de la Wehrmacht et les troupes soviétiques de
l’armée rouge ont déferlé sur la Pologne et l’ont annexée.
 
II. Une frontière recréée en 1945 à Yalta et Potsdam
 
Au cours du conflit, Staline s’est progressivement retrouvé en position de force, après sa rupture
d’alliance avec l’Allemagne en juin 1941. Les deux puissances s’affrontent alors dans une guerre
terrible (il y eut environ 20 millions de morts du côté soviétique).
En 1943, alors que l’issue de la guerre commence à se dessiner et que l’Allemagne nazie accumule
les défaites, Staline devient très gourmand. À Téhéran, en 1943, il revendique la Pologne et la
création d’un nouvel État polonais en le déplaçant vers l’ouest. La nouvelle Pologne est limitée à
l’ouest par les fleuves Oder et Neisse. Les Alliés se retrouvent alors contraints de céder à l’URSS
tout un ensemble de territoires dans l’est de l’ancienne Pologne et donc, par là même, de décaler à
l’est la frontière polonaise vers la ligne Curzon, définie en 1920. C’est ainsi qu’à été recréée la
Pologne à Yalta et Potsdam en 1945.
La Pologne était donc plus resserrée et surtout plus homogène ethniquement. Un grand nombre de
populations de langue germanique, qui vivaient jadis en Pologne, ont été expulsées vers
l’Allemagne. Sept millions de germanophones ont été expulsés dans le but de donner à la Pologne
une unité ethnique, linguistique et religieuse (autour du catholicisme). La question de
la spoliation de leurs biens est restée un enjeu fondamental pendant la Guerre froide dans les
négociations entre la RFA (Allemagne de l’Ouest) et la Pologne (qui faisait partie du bloc de l’Est).
En 1946, alors que Staline commence à soviétiser les pays d’Europe de l’Est, dont la Pologne, et
qu’il ferme la frontière germano-polonaise, Churchill énonce le premier qu’un « rideau de fer
» s’est abattu de Stettin (sur la Baltique, en zone polonaise) à Trieste (en Yougoslavie, sur
l’Adriatique). Il prononce ces mots dans un célèbre discours à Fulton (université du Missouri). La
Pologne est alors rattachée au groupe des « démocraties populaires » qui adoptent une constitution
calquée sur le modèle soviétique, qui planifient et collectivisent leur économie, et qui rentrent, les
unes après les autres, dans l’organisation politico-militaire du pacte de Varsovie, créée en 1955.
Le siège de cette organisation se trouve en Pologne, à Varsovie.
La frontière occidentale de la Pologne est donc fermée. Mais la situation géopolitique très tendue
pendant la Guerre froide entre les deux blocs, n’a pas empêché, paradoxalement, la frontière de se
stabiliser.
 

III. Une frontière stabilisée durant la Guerre froide (jusqu’en 1990)


 
En 1950, Staline demande à tous les pays du bloc de l’Est de reconnaître leurs frontières mutuelles.
Il obtient alors la signature du traité de Görlitz en 1950. Dans ce traité, la Pologne et la
RDA (Allemagne de l’Est) reconnaissent leurs frontières mutuelles. C’est la première fois qu’il y a
reconnaissance de la frontière entre l’Allemagne et la Pologne par les deux États.
La RFA reconnaît cette frontière à son tour grâce à la politique de l’Est (Ostpolitik) menée par le
chancelier Willy Brandt à la fin des années 1960, qui permet la signature du traité de Varsovie en
1970 et la reconnaissance mutuelle entre la RFA, la RDA et la Pologne. Ce traité sert de prélude à la
grande conférence de 1975 sur la sécurité et la coopération en Europe à Helsinki. Au terme de
cette conférence, voulue par les Soviétiques et associant les deux blocs d’Europe, l’ensemble des
frontières issues de la Seconde Guerre mondiale sont reconnues (les accords conclus jusqu’alors, y
compris à Yalta et à Potsdam, n’étaient que temporaires). L’année 1975 est donc un moment
important pour la reconnaissance et la stabilisation des frontières en Europe, y compris la frontière
germano-polonaise.
Cependant, cette frontière est restée fermée jusqu’à la fin de la Guerre froide, et notamment parce
qu’à partir de la fin des années 1970 une importante contestation sociale émanant des milieux
ouvriers s’est déclenchée à Dantzig autour du syndicat Solidarność et des ouvriers des chantiers
navals de la ville. Cela a contribué à fermer la frontière et à imposer un état d’exception (loi
martiale, contrôle des populations, du territoire et des frontières). Une chape de plomb est donc
tombée sur la Pologne de l’époque, dirigée par le général Jaruzelski, jusqu’à la fin des années
1980. Cette chape de plomb s’effondre en 1989, alors que le général Jaruzelski, président de la
République populaire de Pologne, accepte la tenue d’élections libres et de coopérer avec le premier
gouvernement non-communiste dirigé par Mazowiecki. Ce gouvernement décide alors de
la réouverture de la frontière.
Par la suite, le mur de Berlin s’effondre et les deux Allemagnes se réunissent. L’Allemagne
réunifiée négocie alors à nouveau ses frontières avec la Pologne sur la ligne Oder-Neisse.
 

Conclusion
 
En acceptant et en reconnaissant définitivement cette frontière, le problème frontalier entre
l’Allemagne et la Pologne et l’ensemble des litiges qui existaient sur cette frontière depuis le
XVIIIe siècle jusqu’à la fin du XXe siècle ont été résolus.

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