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THEME 3 – Etudier les divisions politiques du Monde 

: Les frontières

– Voir pourquoi les acteurs tracent des frontières ; quelles conséquences 


– Voir les affrontements, débats et négociations liés aux frontières

La frontière est une ligne de démarcation politique et juridique.


Ligne de démarcation de la souveraineté d'un état (on reste sur des front POL)
Nombre de frontières augmente depuis 1945 (de 50 à 193 pays)
« Epidémie de murs » de Michel Foucher
Décolonisation, chute URSS
frontières maritimes (ZEE, nationalisation mers et océans) et aériennes
Arctique et espace
Ces frontières de + en + poreuses (mondialisation, UE/Mercosur/Tafta)
Frontières renforcées (migrations, sécurité, Homeland Security act 2001, mur, « smart borders »
drones, satellites, caméras therm/infra)

Chapitre 1 – TRACER DES FRONTIERES, UNE APPROCHE GEOPOLITIQUE

I. Pour se protéger
A – L'origine et les raisons d'être des frontières
Frontières sous forme de lignes remontent à l'Antiquité. Les premiers empires ont cherché à borner
leur souveraineté politique et à se protéger contre les « barbares » (personne qui n'a pas la même
langue et pas la même culture). Ils ont donc transformé les « marches des empires » (confins), en
lignes de démarcation frontalières, juridiques et politiques. Vers le IVe siècle, commence la
construction de la Muraille de Chine, pour faire face aux peuples nomades du Nord de la Chine.
B – Les origines du limes
Aux alentours du Ier siècle av JC, les romains disposent d'un immense territoire, mais connaissent
des problèmes à la frontière du Rhin, avec les peuples germaniques ; le général Varus et ses légions
sont massacrés à Teutobourg. L'empereur Auguste décide alors de fixer et de matérialiser la
frontière. Il crée donc le limes sur le Rhin, qui est désormais bien plus qu’un simple mur : il s’agit
d’une zone frontalière marquée, délimitée et protégée par des fortifications militaires. Ces
fortifications ont atteint 550 kilomètres de long, et étaient parfois larges de 3 kilomètres.
C – Un usage diversifié de la frontière
Mais le limes n'est ni totalement imperméable, ni totalement militaire : elle est également
symbolique, séparant la civilisation de la barbarie.
Le limes a également une fonction économique : c’est le lieu des échanges commerciaux avec
l'extérieur de l'Empire, où les marchands sont protégés et accompagnés par les soldats. Elle a
également une fonction d’intégration. En effet, les légions romaines s’appuient de plus en plus sur
des auxiliaires venant des peuples dits « barbares », intégrés à l'armée, puis souvent, au peuple
romain.
D – Les limites du Limes
Prévu pour résister aux invasions, le limes rhénan n’a pas survécu aux grandes migrations qui ont
eu lieu en Europe à partir du IVe et Ve siècles. Cependant, il avait, pour la première fois, un rôle de
frontière relativement similaire à la définition qu’on en donne aujourd’hui.
II. Pour
se partager des territoires : La fixation des frontières et la
colonisation en Afrique
A – Jusqu'au XIXe siècle, des frontières pas toujours bien délimitées
Entre la chute de l'Empire Romain (476) et le début de la renaissance, les frontières bougeaient
énormément, notamment à cause de la féodalité et des échanges de territoires durant les mariages.
Ce n'est qu'avec le Traité de Westphalie (qui met fin à la guerre de trente ans en 1648) qu'est affirmé
le principe d'intangibilité des frontières, de la souveraineté des états à l'intérieur de leurs frontières,
et de l'intégrité du territoire.
Pourtant, les guerres continuent de faire bouger les frontières. Entre 1789 et 1815, les peuples ont
commencé à s'affirmer, sous l'influence des idées nouvelles, révolutionnaires et napoléoniennes
(code civil, liberté, égalité,...). Ainsi, à la fin de l'épopée napoléonienne, en 1815, le Congrès de
Vienne (1815) réaffirme les principes de souveraineté des États et cherche à établir un équilibre
entre puissances. Notion équilibre UK Ainsi, en Europe, alors que le concept d'Etats-Nations se
développe, les frontières se figent pour des décennies.
B – Le congrès de Berlin (1885)
Cependant, à partir de la fin du XIXe siècle, dans la période que l’on appelle « le second âge
colonial », les puissances européennes cherchent à s’étendre, et en particulier en Afrique. Scramble
of Africa. À cette époque, le concept de frontière politique évolue et s’exporte vers les colonies.
Dans ce contexte que Bismarck (chancelier allemand) décide de réunir une conférence
internationale dans le but d’éviter que les concurrences pour les colonies n’entraînent une guerre
européenne. En 1884 et 1885 se tient donc le Congrès de Berlin, qui réunit 15 pays européens.
On retrouve ainsi une rivalité intense entre européens, et en particulier entre la France, la
Belgique et le Portugal pour le contrôle du bassin du Congo.
Ces derniers se mettent d’accord, non pas sur le partage de l’Afrique (comme cela a souvent été
dit), mais sur des principes de colonisation. Ils établissent que la première puissance arrivée sur un
territoire, qui a commencé à le mettre en valeur a un droit d’antériorité qu’elle peut faire valoir
pour revendiquer la possession de ce territoire.
C’est ainsi que les Européens, à partir des littoraux africains, ont commencé à pénétrer en Afrique,
en suivant le plus souvent le cours des grands fleuves, dans le but de découper des empires
coloniaux et donc de tracer des frontières en Afrique.
À l’époque, la Belgique s’est taillée un large territoire en Afrique : le Congo. D’abord propriété du
roi des Belges, Léopold II, il l’a transféré à la Belgique au début du XXe siècle.
Suite à la conférence de Berlin, l’ensemble de l’Afrique est colonisé, à l’exception du Libéria et de
l’actuelle Éthiopie (anciennement appelée Abyssinie). Les Européens ont découpé en Afrique
des frontières-lignes qui ont remplacé les anciennes frontières-zones mouvantes qui existaient entre
les différentes structures politiques africaines préexistantes et notamment les anciens royaumes.
Le tracé de ces frontière n’a pas entraîné un apaisement de la situation géopolitique en Afrique. En
effet, la France et l’Angleterre ont failli s’affronter militairement en 1898 pour la possession du
Soudan (incident de Fachoda). Et, quelques années plus tard, l’Allemagne a souhaité annexer des
territoires au Maroc et a provoqué la France en 1905 et 1911. Cette politique de provocation, aussi
appelée « politique de la canonnière » a bien failli entraîner une guerre entre les deux pays, qui fût
toutefois évitée de justesse.
III. Des frontières entre expansion et recul depuis 1945
En 1945, alors que le monde est encore découpé en grands empires coloniaux, seuls 50 pays entrent
à l'ONU, sur 72. Entre temps, il y a eu un grand mouvement de décolonisation et
d’émancipation qui a entraîné la création de nouveaux États-nations partout dans le monde, et
particulièrement en Afrique. Après les indépendances des années 1950-1960, l’Organisation de
l’unité africaine a décidé de reprendre les anciennes frontières coloniales (décision qui date de
1964) et de les appliquer aux nouveaux États-nations pour éviter des conflits multiples de
souveraineté et de tracé des frontières.
Cependant, les conséquences de cette décision ont parfois été négatives et certains pays se sont
affrontés, comme dans le cas du conflit du Sahara occidental. Ce fût également le cas dans le conflit
pour le contrôle de la bande d’Aozou entre la Libye et le Tchad.
Cette décision a pu également entraîner des conflits internes aux États. En effet, au moment de la
colonisation, les colonisateurs ont fixé des ethnies et des identités, comme au Rwanda et
au Burundi avec le cas des Hutu et des Tutsi, ethnies définies par les colonisateurs allemands et
belges, et qui se sont affrontées suite à l’indépendance. Cet affrontement déboucha sur le génocide
des Tutsi, au Rwanda, en 1990.
 
En Asie, ce processus a également pu déboucher sur des conflits géopolitiques. Ce fût par
exemple  le cas en Corée. Colonie japonaise depuis 1905, suite à la défaite du Japon en 1945, les
Alliés (notamment les États-Unis et l’URSS lors des conférences de Yalta et de Potsdam) décidèrent
de libérer la Corée. La Corée a été libérée au nord (militairement) par des partisans communistes
sous le commandement du chef de guerre Kim Il-sung. Alors qu’au sud, la Corée a été libérée par
des groupes nationalistes ayant le soutien des américains. L’URSS et les États-Unis ont alors décidé
de couper la Corée au 38e parallèle, dans le but, à terme, d’y organiser des élections libres et
d’encourager le réunification des deux Corées.
Or, de part et d’autre du 38e parallèle, après 1945 et suite aux élections de 1948, deux régimes
antagonistes se sont fixés :
– Au Nord, le régime nord-coréen d’inspiration communiste, soutenu par l’URSS puis par la
Chine à partir de 1949. C’est le régime de Kim Il-sung, premier d’une longue dynastie dont est issu
Kim Jong-un.
– Au Sud, s’instaure un régime dictatorial mais pro-occidental et pro-américain de Syngman
Ree auquel succède ensuite le général Park dans les années 1960. Ce régime défend un modèle
capitaliste, libéral sur le plan économique et autoritaire sur le plan politique et social.
 
Survient alors la guerre de Corée, illustration des enjeux frontaliers au temps de la Guerre froide.
Elle a été déclenchée suite à une agression nord-coréenne, dans le but de réunifier la péninsule.
Cette agression a déclenché une intervention militaire américaine dans le cadre de l’ONU et avec
l’aide d’une coalition internationale qui contribue, au terme d’une guerre de presque quatre ans et
qui a fait entre 2 millions et 2,5 millions de morts, à fixer à nouveau la frontière sur le 38e parallèle
avec l’armistice de Panmunjeom (nom de la principale ville frontalière entre la Corée du Nord et
la Corée du Sud).
Depuis 1953, les deux Corées sont techniquement toujours en guerre malgré l’armistice. La
frontière qui s’est constituée entre les deux Corées est la frontière la plus solide et la plus
contrôlée au monde par les armées de chacun des deux pays. Cette frontière reste un front militaire
avec un immense no man’s land, assez profond, sur plus de 250 km de long, et le long duquel les
deux armées s’observent en permanence.
Cette frontière a connu très peu d’évolutions, à l’exception de la Sunshine Policy (politique du
rayon de soleil) lancée par la Corée du Sud, tentative de rapprochement à la fin des années 1990
et au début des années 2000, qui a permis à des familles de se retrouver. Cependant, en parallèle, la
Corée du Nord menait un programme balistique et nucléaire depuis 1996, débouchant sur
les premiers tests réussis de têtes nucléaires en 2006, ce qui a contribué à renforcer les tensions.
Jusqu’en 2018, la frontière oppose deux camps irréconciliables, avant, en 2018, la première
rencontre entre un dirigeant nord-coréen et un dirigeant sud-coréen à Panmunjeom, ouvrant ainsi
l’espoir (alors que parallèlement les États-Unis négociaient avec la Corée du Nord un futur
désarmement) du début d’un rapprochement, voire, à terme, d’une paix. Il faut toutefois signaler
qu’aucun traité de paix n’a jamais été signé sur cette frontière, qui dans le monde actuel est encore
un vestige de la Guerre froide et de la Seconde Guerre mondiale, qui montre que certaines
frontières peuvent rester très conflictuelles.

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