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Remarques préliminaires
C’est dans l’esprit du Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL)
que les nouvelles méthodes et manuels de langue initient aux quatre principales
activités langagières (compréhension orale, compréhension écrite, production
orale, production écrite) dès les premières leçons. Ces méthodes exigent beaucoup
de l’apprenant. Elles offrent un apprentissage très diversifié, introduisant simulta-
nément une masse d’informations, du domaine de la phonétique, du lexique, de la
syntaxe et de la grammaire, qui diffèrent selon le canal réceptif (auditif et visuel).
Si le but officiel des cours de FLE de nos jours est d’amener les apprenants à un
niveau commun européen, le Cadre européen, non prescriptif, ne recommande
en aucun cas le développement simultané des compétences pour l’ensemble des
activités langagières. Par ailleurs, si selon le CECRL, au niveau A2, l’apprenant :
« Peut écrire avec une relative exactitude phonétique (mais pas orthographique)
des mots courts qui appartiennent à son vocabulaire oral » (Descripteurs de la
production écrite, p. 96), quel rôle joue alors l’orthographe dans l’apprentissage ?
Si l’exactitude orthographique n’est plus un des buts primaires de l’apprentissage
initial, l’apprenant court le risque de visualiser et de mémoriser une fausse ortho-
graphe qui, par la suite, sera difficile à rayer de la mémoire (Kross, 2011).
Approche théorique
L’image visuelle ne correspondant pas à l’image acoustique, les débutants en FLE
sont souvent dans une situation d’erreur aussi bien au niveau de la prononciation
qu’au niveau de l’écriture. Sans connaissances préalables de la langue française,
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les débutants s’aident de leur langue maternelle pour décoder l’image acoustique
ou l’image visuelle qu’ils mémorisent. Comment donc pallier ce phénomène
de « surdité phonologique », tel que le dénomme Michel Billières (2005, p. 2),
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La nouvelle méthode présentée dans cet article propose des outils pour résoudre
ces problèmes. Elle se base dans un premier temps, sur une approche phonétique
et acoustique en renonçant à l’image visuelle (documents écrits de toutes sortes, à
l’exception des notations au tableau) et dans un second temps, sur une approche
phonographique qui se servira de la phonologie pour faire un pont entre la langue
orale et la langue écrite.
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ISABELLE KROSS Hors-thème
catalyser leurs expériences cognitives pour trouver, par un travail synergétique de
groupe, la solution.
CONTENU
Exemples Règles Cas
Dans l’apprentissage d’une langue étrangère, il est rare que sémantique et prosodie
fassent bon ménage. Il en est de même pour tous les autres domaines linguistiques,
la recherche de la signification étant, semblerait-il, prioritaire dans l’apprentis-
sage d’une langue. Donc, pour pouvoir mieux cerner les éléments prosodiques,
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Présentation du cours
Une introduction au début du cours est nécessaire pour en expliquer l’approche
et la progression. En raison de la structure non isomorphe de la langue française,
on demande aux participants qu’ils se concentrent, dans une première phase d’ap-
prentissage, sur la langue orale afin qu’ils puissent mémoriser l’image acoustique et
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2/. La plupart des étudiants connaissent l’alphabet phonétique. Pour les autres, c’est un apport supplémentaire qu’ils
adoptent de bon gré.
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ISABELLE KROSS Hors-thème
Ainsi, ce seront les différences entre les langues et non les similitudes qui seront
au centre de l’observation. Croire que la similitude offre une base sécurisante à
l’apprenant est trompeur. Ce n’est rassurant que jusqu’au moment où il constate
de plus en plus de différences. Si, au contraire, on considère de prime abord la
différence comme générique, elle peut servir, elle aussi, comme base de référence.
De plus et surtout, cette approche facilite le fait que l’apprenant n’ait plus auto-
matiquement recours aux grilles de sa langue maternelle qui, si tout est différent,
n’offrent plus d’aide systématique. Cet automatisme reste, par contre, si les simi-
litudes sont mises en exergue. L’école enseigne aux apprenants que chaque langue
possède son propre lexique et sa propre syntaxe. Ainsi, il s’agira de leur présenter
les différences dans les systèmes (langue orale versus langue écrite), la prosodie
(prononciation syllabique versus prononciation morphologique), la phonétique
et la phonologie.
Phonétique/Phonologie
Pour introduire la phonétique, il est nécessaire dans un premier temps d’avoir une
liste de sons à disposition. Pour cela, il est judicieux de faire appel aux connais-
sances des apprenants ; tout un chacun connaît quelques mots en français. Ainsi,
il se crée rapidement une liste de mots au tableau qu’ils connaissent déjà et qu’ils
peuvent plus ou moins bien prononcer, comme par exemple :
3/.Les pertinences grammaticale et sémantique doivent être mises en relief, comme par exemple les phonèmes [l ] et [le],
e
alors que l’allongement des voyelles, comme par exemple en allemand, n’a aucune pertinence en français.
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ou par l’analyse4 de chaque mot et/ou l’analyse des caractéristiques communes. Les
analyses se font en tandem dans un premier temps et ensuite avec tout le groupe.
Propositions d’exercices
Les nouveaux sons et les mots sont répétés d’abord en chœur (les yeux fermés si
possible afin d’augmenter la concentration et la mémorisation), puis par chaque
élève. Chaque son est prononcé avec une mimique exagérée. Les apprenants qui
perçoivent les différences distinctives aident les autres en redonnant et expliquant
leurs observations. La répétition se fait jusqu’à ce que le groupe se soit bien familia-
risé avec le nouveau son. Un travail en tandem peut être mené en salle multimédia.
Il existe plusieurs plateformes Internet qui offrent une multitude d’exercices pho-
nétiques et phonologiques5.
Dans une seconde phase, après la moitié du cours, il s’agit de vérifier la bonne
transition entre la phonologie et l’orthographe par le biais de petits exercices de
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4/. L’analyse devrait toujours être faite par les apprenants, l’enseignant se contentant d’ajouter d’autres exemples ou des
exceptions.
5/. Comme par exemple : http://phonetique.free.fr. Les séances en salle multimédia devraient suivre la progression du
cours : premièrement le travail sur les voyelles, consonnes et glides, deuxièmement sur les enchaînements, pour ensuite
passer aux exercices de la production écrite.
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lecture et d’écriture tels que des mots et des phrases courtes jusqu’à écrire des
dictées et des textes. Tous les exercices écrits sont analysés en tandem et expliqués
avec tout le groupe.
Pour terminer, deux mots encore concernant la didactique adoptée. Un bon moyen
pour maintenir l’attention et la concentration des participants est d’introduire des
éléments de suggestopédie6. Le cours est structuré en quatre unités d’une heure et
demie, marquées notamment par des moments de relaxation et de reconcentration.
Lors de la relaxation qui se fait juste avant la pause de midi et juste avant la fin
du cours, l’enseignant répète ce qui a été appris, les participants ayant pris une
position relaxée, les yeux fermés. Les exercices de reconcentration, après les grandes
pauses, sont au contraire remplis de tâches et d’actions de groupe (simulation de
présentation, gymnastique avec les prépositions de lieu, jeux avec les chiffres7, etc.).
La symbiose entre l’atmosphère de détente et ludique et l’analyse linguistique se
reflète dans la motivation et la concentration soutenue des apprenants.
Dans la pratique, la méthode présentée dans cet article a pleinement rempli les
attentes et les buts d’apprentissage. À côté des compétences discursives, les étu-
diants ont appris à analyser et à reproduire formes et structures phonétiques,
phonologiques et graphiques de la langue française.
Références bibliographiques
Billières, Michel (2005). Codage phonologique et boucle articulatoire en mémoire de travail, publié en ligne le
16 février 2005, http://edel.univ-poitiers.fr/corela/document.php?id=187
Kross, Isabelle (2011). L’orthographe reste une compétence stratégique, Le Français dans le monde n° 373,
p. 28-29.
Mordellet-Roggenbuck, Isabelle (2005). Phonétique du français, Théorie et application didactiques, Beiträge zur
Fremdsprachenvermittlung, Sonderheft 8.
Renard, Raymond (Èd.) (2002). Apprentissage d’une langue étrangère/seconde 2. La phonétique verbo-tonale,
Bruxelles.
SchÖnhammer, Rainer (2009). Einfuehrung in die Wahrnehmungspsychologie, Sinne, Koerper, Bewegung,
facultas wuv.
6/. Pour plus d’informations sur les méthodes de suggestopédie et de superlearning, voir entre autres l’édition spéciale de le
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Français Dans le monde (1999), numéro spécial : Apprendre les langues étrangères autrement, janvier 1999, et le site http://
www.lonnygold.com/.
7/. Par exemple, « le massage » : les participants sont debout en cercle, l’un derrière l’autre, de façon qu’ils puissent toucher
le dos de leur voisin de devant. Après un petit massage des épaules (pendant lequel ils apprennent quelques parties du
corps), ils dessinent un chiffre avec un doigt ou avec les deux mains plates sur le dos de leur voisin qui doit deviner de quel
chiffre il s’agit.
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