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Essai de commentaire composé l’assomoir

1 chap 2

 Plan du commentaire

La maison de la Goutte-d’or, dont le nom évoque les vignes de Montmartre, est l’un des assommoirs
qui aura raison de Gervaise. Zola la présente ici comme le symbole du milieu putride qui va pourrir la
blanchisseuse.

I - UN MILIEU PUTRIDE

Une machine à habiter

La demeure ouvrière est une machine à habiter. Nul souci esthétique ne vient contredire sa
fonctionnalité architecturale : le champ lexical de la géométrie (« carrée », « cube », « façades
régulières », « murailles plates »), celui de l’inachèvement (« bloc de mortier gâché grossièrement »,
« cube brut », murs «non crépis », «sans une moulure ») renforcent l’impression de dénuement.

Avec ses « cinq étages, alignant chacun à la file quinze fenêtres », elle entasse les hommes pour le
rendement des loyers. Dans un souci de rentabilité, le propriétaire a d’ailleurs prévu des «pierres
d’attente» qui lui permettront de continuer ses « murailles grises » mais, économisant sur les frais, il
laisse la grande bâtisse à l’abandon : « ses persiennes noires, aux lames cassées, [lui] donn[ent] un air
de ruine », terme polysémique qui annonce déjà celle de Gervaise.

L’insalubrité et la contagion

C’est qu’il s’agit de décrire les causalités du milieu. Couleur de « boue », la maison est pensée en
termes de putréfaction « se pourrissant, s’émiettant sous la pluie », elle souffle la contagion de sa «
lèpre », par « les caisses béantes [de ses] plombs ». En ce temps où l’on découvre la fonction
respiratoire de la peau, où les épidémies de choléra font des ravages dans les populations ouvrières,
l’air devient en effet l’une des préoccupations essentielles des hygiénistes. Or l’air ne circule pas
entre les quatre façades de six étages «enfermant le vaste carré de la cour »...

Promiscuités ouvrières

Mais l’air que l’on respire, c’est aussi celui des mœurs et tout indique que la promiscuité est ici le
grand fléau «les fenêtres sans persienne montr[ant] des vitres nues », les matelas et les cordes à
linge exposant aux yeux de tous l’intimité des ménages, « les chemises de l’homme, les camisoles de
la femme, les culottes des gamins », les logements «lâch[ant] des bouts de leur misère par toutes les
fentes » évoquent le déterminisme qui va submerger Gervaise ; les «murs de prison» où elle se
risque disent assez que l’on n’échappe pas à la pourriture par le milieu...

 II - UN SOMBRE HORIZON D’ATTENTE

Un vocabulaire métaphorique

Zola a en effet choisi le vocabulaire de la putréfaction, qui bascule facilement du champ matériel au
champ moral, pour sa richesse métaphorique. Tous les termes utilisés sont à double entente la «
tache » est aussi la faute, les «bavures» annoncent déjà les effets démoralisateurs des bavardages,
des cancans qui pourris sent le quartier, et « l’ordure » qui souille cette couche d’enfant évoque la
corruption morale. Lui-même fait-il autre chose que d’exposer la « lessive d’un ménage» ouvrier
dans L’Assommoir?

L’ogre et le champ lexical de l’oralité

Sous la description perce un sombre horizon d’attente. La maison, avec « ses pierres d’attente » qui «
bâillent dans le vide » comme deux « mâchoires caduques ». est un ogre aux larges «flancs ». Déjà,
on pressent qu’il avalera Gervaise comme les «petites constructions basses, chétives, » seront
avalées par la caserne « colossale » : «  Entrez donc, on ne vous mangera pas », dit significativement
Coupeau.

La « gargote graisseuse » qui s’ouvre au rez-de-chaussée est la figure métonymique de l’oralité que
disent les « façades mangées de lèpre », les «bavures » des toits et que reproduiront bientôt la
gourmandise et l’ivrognerie de Gervaise.

Le seuil et l’interdit

Fascinée par sa béance, Gervaise « ne peut s’empêcher de s’enfoncer sous le porche» abusée par le
ruisseau d’ « eau rose très tendre » qui coule de la boutique du teinturier, elle entre, sans le savoir,
en « eau trouble ». Comme dans de nombreux romans de Zola, elle franchit un « seuil », la limite
symbolique de l’interdit.

Conclusion du commentaire

D’une grande richesse symbolique, la description zolienne articule préoccupations hygiénistes,


terreurs morales et fantasmes de l’oralité

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