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Nadia BIROUK-2024
Ouvrage programmé :
Une Saison en Enfer, d’Arthur Rimbaud
2023-2024
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S4- Poésie au 19ème siècle : Cours anticipés- Séances de révision. Pr. Nadia BIROUK-2024
ce que nous voulons dire par un commentaire composé ou par le commentaire d’un
composé alors ?
Définition
d’un texte. Cela veut dire que l’objectif est d’éclairer le texte et de le rendre plus
cela veut dire que le récepteur n’a pas pu saisir l’essence du texte, objet d’analyse, et
qu’il est incapable d’expliquer un énoncé dont-il ignore les secrets, la nature, le
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Pour réussir son commentaire composé, il faut d’abord maîtriser le code linguistique
ou la langue, il faut surtout bien lire le texte support et bien déterminer son contexte
historique et littéraire sans oublier sa position littéraire au sein d’un siècle précis ou ses
caractéristiques. Quand on ignore sa position, comme c’est le cas dans certains textes
anonymes. Après avoir lu et saisi les particularités de l’énoncé objet d’analyse, il faut
délimiter les moments forts du texte ou ses axes d’analyse en les problématisant dans
L’introduction
Dans l’introduction, il faut surtout présenter brièvement le texte sans trop tarder sur les
détails. Ensuite, il faut le situer au niveau événementiel, surtout quand il s’agit d’un
roman ou d’une pièce théâtrale. Après il faut essayer de déterminer son contexte ou son
intérêt dans une ligne ou deux. Ensuite, il faut prévenir la thèse abordée ou supposée,
axes d’analyses (préférablement deux axes afin de les expliciter dans votre
développement). Annoncer le plan c’est bien, mais aussi vous pouvez, tout simplement,
problématiser vos axes sous forme de questions auxquelles vous allez répondre au
développement. Une manière très efficace pour vous faciliter une méthodologie de
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situer votre texte au niveau événementiel, de problématiser vos axes ou de les annoncer
sous forme d’un plan, afin de les développer dans votre développement.
Le développement
Tout est à observer pour réussir son développement. La structure du texte, son genre,
schéma actantielle ou narratif, les rimes, les thèmes, les idées, le style, qui parle dans
un texte ? À qui ? Pourquoi ? Quel est l’effet d’une certaine figure utilisée ? Quelle est
En effet, en général, le développement doit respecter les axes annoncés déjà précisés
paragraphes précis, tout en employant les liens logiques qui conviennent, et tout en
gardant un style simple, voire clair pour dire les choses telles quelles, sans chercher à
comprendre le « non-dit », il vaut mieux rester simple en optant pour des arguments
par le premier axe et dans un brouillon, il faut noter à l’improviste toutes les idées qui
peuvent l’éclairer ainsi que les procédés stylistiques qui peuvent servir le sens surtout
quand il s’agit d’un texte poétique. Après il faut choisir deux ou trois idées pertinentes
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en expliquant chacune d’elle dans un paragraphe bien argumentée. Une fois l’idée bien
expliquée vous passez au second paragraphe pour expliquer la deuxième idée tout en
argumentant et tout en utilisant les liens logiques adéquats. Et ainsi de suite. Après
avoir achevé l’explication des idées relatives au premier axe. Il faut faire une petite
transition pour passer au second axe et pour l’expliquer à son tour dans des paragraphes
précis englobant les idées sans se répéter ou dire la même chose autrement. Votre
rédaction doit être progressive, cohérente, inventive et non itérative. Il ne faut point
répéter les mêmes idées ni tourner en rond sans pouvoir avancer dans son analyse.
Votre réflexion doit aboutir à une conclusion claire et nette et non à un résultat ambigu.
ce n’est pas utile de le citer. Il faut généralement se contenter de deux axes et de les
argumenter dans des paragraphes précis à idées adéquates qui consolident les axes
lettres en gardant l’espace entre vos mots. Écrire clairement pour faciliter à votre
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La conclusion
Dans la conclusion, il faut surtout clôturer votre analyse. Dans ce cas, il faut récapituler
en quelques lignes l’essentiel de ce qui a été avancé ou dit. Vous pouvez aussi faire une
sur d’autres questions soulevées par votre texte, objet d’analyse, que vous n’avez pas
eu le temps d’aborder dans votre commentaire. Bien sûr, il ne faut pas oublier la
veiller à la bonne utilisation des connecteurs logiques dans ce sens. Restez cohérents,
simples, clairs et progressifs dans votre rédaction. Optez surtout pour des phrases
Remarques :
Le polycopié en papier de tout le cours relatif à votre Module est
déjà déposé au centre copie de votre faculté.
Des questions, des explications supplémentaires, n’hésitez pas à
me contacter via WhatsApp ou émail.
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écrit suite à son incident avec Verlaine. Comment Rimbaud illustre-t-il le travail et le
En effet le travail est l’existence de l’essence humaine, mais le travail n’est jamais
équitable ou rentable quand les méchants accaparent fortunes et biens. Rimbaud est
conscient de cette inégalité sociale qui fait que les uns sont les esclaves des autres, au
point de détester ce système de travailler, qui ne fait que diviser et séparer les hommes.
Le poète avait déjà une vision futuriste sur les dangers de ce progrès intense, de cette
modernité qui augmente la cupidité et la richesse des uns au détriment des autres.
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rêver, de tirer profit de la vie, mais il faut bien travailler pour se procurer certains
plaisirs, mais Rimbaud semble haïr le travail auparavant. Il confirme qu’il y a des
paresseux qui jouissent de la vie, qui travaillent moins ou pas du tout. Des tartuffes,
des profiteurs, des bandits, des malades…Pourtant le travail est l’éclair qui peut
illuminer le monde de temps en temps, qui peut donner sens à la vie, bien que le poète
semple prendre parti des rêveurs : « on se passera de moi. J'ai mon devoir, j'en serai
constamment suite à l’effort humain rapide, pour résoudre l’énigme de son existence
et pour rendre sa vie plus facile. La religion incapable de rivaliser avec le progrès, qui
menacée : « Rien n'est vanité ; à la science, et en avant !" crie l'Ecclésiaste moderne,
écrase l’être humain malgré son travail et son progrès. Il ne peut imaginer un travail
éternel sans résultats fiables, sans dignité. Une science sans âme et sans conscience. Il
ne supporte point que l’homme moderne perde son sens de l’humour, son côté amusant,
ses amours et son plaisir de vivre. Rimbaud va jusqu’à prendre en défi son existence
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garder le feu de son âme éternel, et remettre en second plan ce monde matériel sans
issue. Rimbaud semble renoncer à son projet poétique, écrasé par la réalité et la
Pour conclure, nous pouvons dire que Rimbaud est un poète engagé, qui a ce sens
travail qui peut nuire à l’humain et sa liberté. Faute de ne pas pouvoir y échapper,
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Puis quoi !... Aller mes vingt ans, si les autres vont vingt
ans...
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"J'ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames.
J'ai essayé d'inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres,
de nouvelles chairs, de nouvelles langues. J'ai cru acquérir des
pouvoirs surnaturels. Eh bien ! je dois enterrer mon
imagination et mes souvenirs ! Une belle gloire d'artiste et de
conteur emportée !
Moi ! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute
morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la
réalité rugueuse à étreindre ! Paysan !"
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Bibliographie
Ne vaut-il pas mieux renoncer au travail que de souffrir à cette quête sans solution
possible et claire ? Ce pas vers le monde de l'action, du travail commandé par "en
marche" lui est apparu de façon fugitive comme un éclair . Il vaut mieux vivre en
s'amusant et mettre cette exigence de côté. Il se voit bien parmi ceux que cette société
matérialiste qualifie d'improductifs, les saltimbanques, les mendiants, les artistes, les
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Son orgueil le condamne à la lutte, à la révolte pour son salut et le salut du monde. Le
travail ne lui est apparu jusqu'ici que comme un engourdissement de l'esprit, une
léthargie qui empêche de prendre conscience du temps perdu. Le travail humain devient
l'explosion, qui de temps en temps, éclaire l'abîme du poète, et réintroduit un espoir qui
est aussitôt nié. Le monde moderne vante partout l'esprit positif " Rien n'est vanité", qui
s'oppose au "Tout est vanité" de l'Ecclésiaste 2 , dans la Bible. Il faut adhérer à la science
et au progrès "en avant". Mais ces propos ne le convainquent pas et il leur oppose déjà
une objection. A 19 ans il est déjà désabusé à l'égard du travail ; il craint surtout d'y
perdre son âme. Pourtant ce rythme lui apparaît trop rapide à suivre, il se sent, déjà
fatigué usé. Ce qui lui en reste devrait être consacrée à la paresse. Pour se donner bonne
conscience, Rimbaud nous dit qu'il a suffisamment cherché, qu'il a le droit à la tranquillité.
Alors il feint et trouve sa raison dans l'homonymie "feignons", "feignant" et "fainéant".
Dans cette abdication, le rêve, le regret, le souvenir peuvent alors envahir l'esprit.
Au bord de l'enfer
En plaçant le mot abîme, dès le début du poème, Rimbaud nous présente le désespoir de
sa situation. On sait que la faim Rimbaldienne est sans bornes, il dévore terre, espaces,
sédatifs ou excitants, l'apaisement n'est que provisoire. Sa vie faite de festins et
d'ivresses se termine par un abîme béant, un vide et au bout du compte, la mort. Enfer
renvoie à infernal. Son éducation chrétienne lui a appris que l'enfer est un gouffre géant
où tombent les cadavres, ceux des méchants, des fainéants comme ceux de tous les
autres. Tout espoir de paradis ou même de purgatoire semble exclu. Il souhaite vivre en
s'amusant, ne rien faire. Les "récompenses futures, éternelles" nous échappent ou,
comme l'écrit Rimbaud de manière plus abrupte, "nous les échappons" ou simplement
nous les laissons échapper. L' Enfer c'est celui de cet été 1873, l'enfer de la chaleur, du
feu, "il fait trop chaud. La température annihile tout effort, toute velléité, tout travail. Par
le témoignage de ses sœurs sur l'été de 1873 passé à la ferme de Roche nous savons
que le poète évitait de mettre la main aux travaux des champs et qu'il s'enfermait dans
le grenier pour écrire "Une saison en enfer" tout en trépignant de rage. Il nargue les
autres "On se passera de moi", les travailleurs des champs, à commencer par les
membres de sa famille. Son devoir, il considère qu'il est ailleurs. Il se souvient de sa
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blessure par les coups de revolver tirés par Verlaine 10 juillet, à Bruxelles, suivi de son
séjour à l'hôpital Saint-Jean où il aurait reçu la visite d'un prêtre "Sur mon lit d'hôpital,
l'odeur de l'encens m'est revenue si puissante".
Cette crise, c'est au plus profond de lui-même que Rimbaud la vit, au cours de cet été
1873, et il la transpose dans la situation du damné. C'est encore là son abîme, celui qui
s'est creusé en lui. La prière ne fait qu'y passer au galop : elle est à peine une velléité
fugitive. La seule occupation intérieure sera l'abandon aux rêveries et aux fantasmes,
aux masques aussi, aux personnalités d'emprunt "saltimbanque, mendiant, artiste,
bandit", et même, la plus inattendue, "prêtre". L'être souffrant est pris entre
les regrets et l'appréhension de l'avenir : l'âge de vingt ans, que Rimbaud ne doit
atteindre qu'un peu plus d'un an plus tard, le 10 octobre 1874. On retrouvera cette
appréhension des "Vingt ans" dans les Illuminations.
C'est assez fréquent, Rimbaud fait ici référence à un livre de la Bible, l'Ecclésiaste. Sans
le citer expréssément, il s'en inspire pour le moderniser et il crée un pseudo verset
attribué à "l'Ecclésiaste moderne" autrement dit laïque, c'est-à-dire la sagesse commune
de "Tout le monde" aujourd'hui : "Rien n'est vanité ; à la science, et en avant !". À en
juger par la seule longueur des alinéas, le mouvement du texte est remarquable. Les
alinéas les plus courts se situent au début et à la fin puis les alinéas se gonflent donnant
l'impression que le ton monte puis à la fin tout retombe, sans le moindre apaisement.
Fausses lumières
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L'espoir c'est celui des récompenses futures dans un paradis qui est moins perdu
qu'inexistant. On pourrait également parler d'un paradis refusé. Car si "la lumière
gronde", c'est qu'elle refuse d'accueillir le damné, ou bien elle devient l'orage de l'enfer.
L'idée salvatrice du "travail humain" est une vision chimérique, une illusion. La vraie
lumière est celle de la lucidité, sur soi, sur les autres, sur la vie, sur Dieu. Le texte
aboutit à une acceptation, une légitimation de soi-même comme non-travailleur,
comme simple révolté contre le temps.
Conclusion
Si la damnation de Rimbaud n'est qu'un damnation temporaire compte-tenu de sa
conduite, il comprend, à ce moment de "L'Éclair", que s'il ne trouve pas une autre voie,
peut perdre l'éternité et être damné à jamais. Fulgurante, la prose rimbaldienne est,
dans cette page, une prose limpide, transparente correspondant à une analyse
autobiographique très lucidite de l'auteur.
Source : http://rimbaudexplique.free.fr/saison/eclair.html
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S4- Poésie au 19ème siècle : Cours anticipés- Séances de révision. Pr. Nadia BIROUK-2024
Matin
N'eus-je pas une fois une jeunesse aimable, héroïque, fabuleuse, à écrire
sur des feuilles d'or, - trop de chance ! Par quel crime, par quelle erreur,
ai-je mérité ma faiblesse actuelle ? Vous qui prétendez que des bêtes
poussent des sanglots de chagrin, que des malades désespèrent, que des
morts rêvent mal, tâchez de raconter ma chute et mon sommeil. Moi, je
ne puis pas plus m'expliquer que le mendiant avec ses
continuels Pater et Ave Maria. Je ne sais plus parler !
Commentaire possible :
Introduction
Avant-dernière section d’Une saison en enfer, "Matin" permet, mieux que tout autre
fragment, de percevoir les enjeux de l’écriture rimbaldienne. Si, en première lecture,
le poème en prose parait déroutant, voire hermétique, la rigueur de
sa progression laisse entrevoir un texte logique et, a tous égards, parfaitement
emblématique de l’ensemble du recueil qu’il pourrait à lui seul résumer. "Matin" tient
donc à la fois du bilan, du constat que toute révolte, aussi légitime soit-elle pour
affirmer son identité, doit s'assigner un but et une aspiration à un monde meilleur. C'est
à cette interrogation sur l'avenir que répond le texte. Le présent qu'il veut changer, celui
de l'échec, de l'enfer sur Terre fait apparaitre ce texte comme noir et bien désabusé
alors que le titre "matin" pouvait nous laisser entendre une aube nouvelle, une
renaissance.
La recherche des temps perdus
Le jeu des temps est ici très révélateur. Par rapport au présent de l’écriture, on évoque
au début le passé lointain de la "jeunesse" et de la "chance ". L’expression "une fois",
rend compte du statut particulier de ce moment originel, une période unique
impossible à revivre. C'est l’âge d’or ou "l'homme suçait, heureux sa mamelle chérie",
magnifié par des adjectifs "fabuleuse" ou "héroïque" rappelant les contes de fées. La
deuxième phrase en opposition avec le passé lointain volontairement mythifié fait
apparaître un présent dévalorisé par la "faiblesse". Le contraste est d’autant plus grand
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que le poète en cherche les raisons. Comme Adam chassé du paradis ("ma chute et mon
sommeil"), il ne peut expliquer pourquoi le bonheur lui a échappé, qui le punit ? Et de
quel droit, lui qui n'a pas commis le péché originel et ne mérite pas la déchéance. Il
n'a pas de réponses à ces questions et demande qu'on l'aide à comprendre.
La recherche des causes
Pour trouver ses réponses il se tourne vers les conteurs, les voyants de toute sorte.
De fait, après une transition assurée par le glissement du passé composé (ai-je mérité)
vers l’adjectif "actuelle", le texte est très largement dominé par le présent. On constate
que plusieurs verbes témoignent d'un profond doute chez le narrateur, d’une absence
de certitude ("tâchez ", "je crois") avec une abondance de tournures négatives ("je ne
puis pas plus", "Je ne sais plus", "sans que s’émeuvent"). Les actions mentionnées sont
souvent dépréciées ("Vous qui prétendez", "que des morts rêvent mal"), quand elles
n’évoquent pas directement le malheur ("des bêtes poussent des sanglots", "des
malades désespèrent"). Cette atmosphère de découragement caractérise donc un
"aujourd’hui" décevant, marqué à la fois par l’impossibilité de le communiquer et par
le retour à l’identique, avec répétition de termes ("enfer","même", "toujours")
évoquant le ressassement. Les deux occurrences de "même" et celles de "toujours". Le
"toujours" qui en début de troisième paragraphe, renvoie ainsi à "continuels",
parait emprisonner le narrateur dans une lassitude exprimée par la métaphore du
regard (" mes yeux las"). S’il y a bien réveil — donc évolution par rapport "sommeil",
sa réitération permet de douter de sa réalité. En ce sens, le proche passé guette toujours,
et il serait possible d’interpréter la fin du deuxième paragraphe (avec le retour de verbes
au passé) comme une difficulté supplémentaire à se dégager de l’enfer, ce que
confirmerait le recours à la formule dubitative "je crois avoir fini". La référence au
Christ ("le fils de l’homme") est d’ailleurs ambiguë : l'ouverture des "portes" de l’enfer
peut aussi bien faire allusion à sa résurrection d’entre les morts qu’au risque de
damnation que le baptême fait peser sur les hommes. Quoi qu’il en soit,
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l'"aujourd’hui" est marqué par l'échec. Dans la longue phrase qui débute le troisième
paragraphe, le désir de mythification du moment présent, sur le modèle de l’évocation
initiale de la "jeunesse aimable", vient lui aussi révéler la frustration : le recours à une
image "fabuleuse", celle des "trois mages", ne débouche cette fois que sur un constat
aride, puisque les aspirations au mouvement (ou à l’émotion, selon les deux sens de
"s’émeuvent) et à la spiritualité ne peuvent être satisfaites. Le passage des "feuilles
d’or" à "l’étoile d’argent" pourrait ainsi, paradoxalement, représenter une image
supplémentaire de dégradation.
Conclusion
Si le narrateur s'interroge sur la faute qui aurait pu provoquer sa chute
d'un paradis qu'il a dû connaître, il en recherche un témoin car lui ne peut rien dire,
rien expliquer. Il n'attend pas de réponses, il poursuit sa recherche d'un monde nouveau
qui ne manquera pas de venir et qu'il espère. Il se résout, comme les esclaves à avancer
comme les autres, sans haine avec cette espérance qui est en lui. Source :
http://rimbaudexplique.free.fr/saison/matin.html
Exercices :
- Faites le commentaire composé du poème FAIM, Saison en enfer de
RIMBAUD.
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———
Enfin, ô bonheur, ô raison, j'écartai du ciel l'azur, qui est du noir, et je vécus, étincelle d'or de la
lumière nature.
De joie, je prenais une expression bouffonne et égarée au possible :
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— Jamais l'espérance.
Pas d'orietur.
Science et patience,
Le supplice est sûr.
Plus de lendemain,
Braises de satin,
Votre ardeur
Est le devoir.
Je devins un opéra fabuleux : je vis que tous les êtres ont une fatalité de bonheur : l'action n'est pas la
vie, mais une façon de gâcher quelque force, un énervement.
La morale est la faiblesse de la cervelle.
Aucun des sophismes de la folie, — la folie qu'on enferme, — n'a été oublié par moi : je pourrais les
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Le Bonheur !
Sa dent, douce à la mort, m'avertissait au chant du coq, — ad matutinum, au Christus venit, — dans les
plus sombres villes :
Ô saisons, ô châteaux !
Quelle âme est sans défauts ?
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Ô saisons, ô châteaux !
L'heure de sa fuite, hélas !
Sera l'heure du trépas.
Ô saisons, ô châteaux !
———
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Or, Mathilde Verlaine est venue récupérer son mari à Bruxelles, elle a réussi
à l'entraîner dans le train, mais lors du contrôle douanier Verlaine a refusé
de franchir la frontière, il est resté sur le quai à regarder partir sa femme
qui ne l'a plus jamais revu de sa vie ensuite et il est parti rejoindre
Rimbaud. La grande énigme pour les biographes, outre l'explication à
fournir dans le détail d'un tel comportement velléitaire et indécis de la
part de Verlaine, c'est si oui ou non Rimbaud était dans le train. Il y a un
fait qui plaide pour dire que Rimbaud n'était pas dans le train, c’est que le
témoignage de Mathilde fait prononcer par Verlaine une incertitude
d'opinion "s'il veut encore de moi (après ça)" (citation de mémoire, peu
importe ici). Il reste à bien étudier les lignes de chemin de fer belge en
juillet 1872 pour évaluer aussi quand et où ils se sont retrouvés. En effet,
Rimbaud s'est retrouvé presque sans le sou à Bruxelles en principe. Verlaine
est parti sans crier gare, il n'a même pas dû fournir à Rimbaud de quoi se
retourner. Peut-être Verlaine pensait-il que Rimbaud avait un peu d'argent
sur lui pour retourner à Charleville, à moins que Verlaine ait compté sur
les contacts bruxellois, en particulier parmi les réfugiés communards.
On imagine mal Rimbaud partir sans le sou à Charleroi, avec une poste
restant inespérée, qui aurait fait que Verlaine aurait rejoint Rimbaud
n'importe où en Belgique. Le scénario le plus crédible, c'est que Verlaine
soit retourné à Bruxelles et qu'il ait retrouvé un Rimbaud sur le qui-vive,
mais toujours là, n'ayant pas eu le temps de prendre une grande initiative.
Comme la mère de Rimbaud faisait rechercher son fils encore mineur et
que nos deux fugueurs devaient se douter qu'il y aurait des suites à la venue
de Mathilde, il semble logique d'imaginer qu'après une dernière nuit
bruxelloise Verlaine et Rimbaud soient partis pour une destination
inconnue de leurs proches. Rimbaud connaissait Charleroi depuis les mois
de septembre-octobre 1870, il en avait un bon souvenir, c'était une ville
ouvrière, et contrairement à ce qui se dit souvent sur la section des
"Paysages belges" de Romances sans paroles, les poèmes intitulés
"Walcourt" et "Charleroi" ont dû être composés après l'échec de
l'intervention de Mathilde et non avant. Dans l'hypothèse de lecture
biographique traditionnelle, on se contente de dire que Rimbaud et
Verlaine sont passés par Walcourt et Charleroi pour aller à Bruxelles autour
du 10 juillet, et qu'ils y ont fait deux escales. Il est vrai que le poème
"Walcourt" de Verlaine semble évoquer un passage fugace, pressé que nos
deux compères étaient par les horaires des trains. En gros, Rimbaud et
Verlaine n'ont pas logé à Walcourt, mais ils y ont passé une journée festive.
Walcourt était une ville liée à Charleroi, une ville industrielle clef, et la
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lancée par le verbe "Tournez", et cette strophe se termine par une mention
du problème de la faim : "sans espoir de foin" avec même peut-être une
équivoque phonétique recherchée entre "foin" et "faim" pour ceux que la
rime fera songer.
De deux choses l'une. Ou Verlaine s'est inspiré partiellement de
"Fêtes de la faim", ou à l'inverse Rimbaud s'est inspiré partiellement de
"Chevaux de bois", ce qui aurait pour conséquence d'inviter à dater le
poème postérieurement au retour à Bruxelles le 9 août.
J'ai tendance à penser, mais c'est une intuition, que Verlaine répond à un
unisson de préoccupations personnelles et ouvrières qui faisaient méditer
Rimbaud et Verlaine depuis le séjour à Charleroi. Par ailleurs, "Chevaux de
bois" est une variante festive dans le milieu populaire au poème "Walcourt".
J'ai donc tendance à penser que le poème de Rimbaud est antérieur et l'un
des supports de la création verlainienne, mais je suis bien loin de pouvoir
établir ce fait. Ceci dit, deux vers de Verlaine ont une forte allure
d'imitation du parler goguenard de Rimbaud, ce qui encourage vraiment à
penser que "Chevaux de bois" est plus à penser comme une imitation de
Rimbaud que comme un poème qui pourrait être une source d'une
composition de Rimbaud.
Révisions :
-Révisez l’ensemble de vos cours.
-Révisez Aussi vos notes prises lors de vos séances en présentiel.
-Faites plus d’exercices en se référant à votre dossier du
commentaire composé déjà communiqué dans ce sens.
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ÉVALUATION DU MODULE :
Examen Commentaire Écrit/ (Examen Final): Commentaire
composé d’un extrait d’Une Saison en Enfer, d’Artur
Rimbaud
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Remarques :
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me contacter via WhatsApp ou émail.
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