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personnages et analyse
Enfance est un ouvrage autobiographique publié en 1983, seize ans avant sa mort de son auteur. Ce
récit s’inscrit dans le nouveau roman, mouvement littéraire du milieu des années 50 qui propose de
renouveler les conventions romanesques du réalisme et du naturalisme en rejetant la notion de
héros, d’auteur omniscient et de vraisemblance, au détriment de la clarté de l’intrigue. Enfance
retrace l’enfance de la narratrice jusqu’à sa onzième année, emmenant le lecteur dans plusieurs
décors, de la Russie, son pays natal à Paris, avec un crochet à Genève en Suisse.
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Le Chapitre 10 se situe chez ses grands-parents où elle se rend avec son père. La petite fille qu’elle
est alors se trouve effrayée par la dureté des propos de son père à leur égard alors qu’ils sont venus
les accueillir malgré le froid.
Du Chapitre 11 au Chapitre 15, la narratrice revient vivre à Paris avec sa mère. Elle se souvient
d’une promenade heureuse avec son père venu la visiter et lui présenter sa nouvelle femme ainsi
que d’un tour de manège et d’un mariage où elle était invitée.
Chapitres 16 à 26, elle est avec sa mère à Saint-Petersbourg. Elle y rencontre Kolia, son nouveau
compagnon, et aussi Gacha, sa nouvelle bonne. Elle se souvient d’une période où les livres prennent
une grande place dans sa vie mais aussi d’une ambiance glacée et d’objets effrayants comme un
tableau qui se trouvait dans sa chambre et qu’il a fallu couvrir. Elle se remémore également avec
amertume la visite d’un homme qui se montre critique et cassant envers son travail d’écriture et lui
conseille d’apprendre l’orthographe avant d’écrire.
Chapitres 27 à 70 : La narratrice a 8 ans. Elle retourne à Paris auprès de son père qui lui réserve
un accueil mitigé. Il a une nouvelle compagne, Vera, qui est enceinte.
d’une fille, Hélène, à qui l’on donne sa chambre et après qui elle semble passer pour son père. Elle
ne se sent pas chez elle auprès de son père et de sa belle-mère qui le lui fait bien sentir, ce qui
accentue la blessure de l’absence de sa mère qui lui manque. Au fil du temps, malgré les nouveaux
amis qu’elle rencontre, rien n’efface la tristesse de ne pas avoir sa place et de voir qu’on lui préfère
sa sœur.
A dix ans elle rentre à l’école où les mathématiques lui posent des problèmes mais elle est toujours
accompagnée et aidée par son père. Par ailleurs, elle refuse la proposition de sa mère de la
reprendre et déclare préférer rester avec son père malgré des relations tendues avec sa belle mère
qui lui distille des paroles peu aimantes : elle lui apprend qu’elle a été abandonnée, lui répond
qu’elle ne la déteste pas uniquement parce que c’est une enfant et refuse que Nathalie l’appelle
maman.
Avec Lili, sa demi-sœur, les relations ne sont guère mieux. En effet, la petite déchire et jette son
ours Mischka. Auprès d’elle, les gouvernantes se succèdent et ne restent jamais très longtemps tant
l’enfant est difficile et capricieuse. Durant ces années de pré-adolescence, elle se confronte à
l’injustice de ses professeurs qui ne reconnaissant pas ses talents pour l’écriture, ce qui la met très
en colère. Elle vit également son premier deuil avec son oncle préféré décédé et se rapproche
beaucoup de la mère de Vera qui lui raconte beaucoup d’histoires, puis de Vera qui progressivement
devient plus proche et gentille avec elle qu’auparavant.
Au cours de ces derniers chapitres, elle reçoit une visite de sa mère, qu’elle rencontre à l’hôtel. Elle
est devenue très distance et la narratrice mesure le fossé qui les sépare désormais. Elle repartira
quelques jours plus tard sans avoir renoué de liens maternels avec Nathalie. Pire, l’été suivant, elle
lui envoie une lettre où elle la considère comme un « monstre d’égoïsme ». Trois ans plus tard, sa
mère reviendra à Royan puis repartira de nouveau en Russie au début de la guerre. Enfin, avant sa
rentrée au lycée Fénelon, sur la route du retour de vacances, elle réalise que son enfance s’est
arrêtée.
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Présentation des personnages
Les personnages principaux
Analyse de l’œuvre
Dans ce texte qui se présente sous la forme d’un dialogue entre la narratrice et son double,
l’entreprise autobiographique se soumet constamment à un contrôle critique, au fil de moments
isolés, sans lien entre eux. Nathalie Sarraute tente ainsi de se retrouver en reconstituant ses débuts
avec la lecture et l’écriture dans ce récit original où elle se dédouble constamment à travers ses
deux voix qui incarnent des postures distinctes quand à ce travail de mémoire : le récit de sa vie
d’enfant et des événements qui l’ont marquée d’une part, la prise objective de recul dépourvue
d’affect sur les faits d’autre part. Cette méthode d’écriture nous propose donc de lire deux livres :
d’une part, un récit sur l’enfance de l’auteur jusqu’à sa rentrée au lycée et, d’autre part, une
restitution de la méthode d’investigation du passé élaborée par l’auteur pour compenser les écueils
rencontrés au long de l’entreprise autobiographique.
Ainsi, la narratrice tente d’explorer les sensations éprouvées par l’enfant qu’elle fut sans qu’elles
aient été encore formulées. Et pourtant, cette formulation en mots de ces ressentis lui est nécessaire
pour comprendre la façon dont elle a vécu les toutes premières années de sa vie. Ces sensations sont
appelées tropismes, ou réactions causées par des agents extérieurs, physiques ou chimiques. En
retranscrivant les tropismes à l’aide d’images ou de descriptions, Nathalie Sarraute cherche donc, à
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saisir les réactions profondes et dissimulées de son moi enfant, en allant au fond de l’individu et en
faisant renaître ses sensations du passé. Le travail de l’écrivain consiste ainsi en
une mise en mots et en images à même de restituer l’intériorité de l’enfant. Si la petite fille était
incapable de mettre tout ceci en mots, l’écrivaine en a la possibilité et c’est là sa mission.
Ce roman autobiographique représente d’ailleurs une véritable innovation dans le procédé.
Dès les premières lignes. Nathalie Sarraute, sceptique vis-à-vis du genre autobiographique, en fait
un véritable enjeu en refusant les clichés, les impératifs esthétiques sous-tendant normalement la
mise en mots et les souvenirs pré-construits, ce qui justifie la construction du livre, s’érigeant en
refus d’embellir et de magnifier les souvenirs.
Par ailleurs, ce récit à double sens (récit d’enfance et témoignage sur la méthode d’investigation du
passé) aborde également des thèmes sensibles et profonds. Parmi eux, le sujet de la parentalité est
prédominant dans ce récit. La relation mère fille y apparaît au premier plan, paradoxale et
compliquée car la mère de la narratrice, absente dans la vie de la fillette n’en est pas moins
omniprésente dans son cœur. Par ailleurs, l’œuvre évoque la complicité profonde de l’auteur avec
son père qui, compensatrice, comble le vide, guérit les maladies comme les manques et accompagne
la petite fille vers l’adolescence en la rassurant et en la protégeant.
Par ailleurs, le thème de la famille recomposée prend beaucoup de place. Vera a un rôle ambigu
tantôt affectueux tantôt distant et se dresse entre le père et la fille
Enfin, le roman aborde le sujet de l’importance et du pouvoir des mots pour la petite fille. Il s’agit
d’un langage lié à la mère qui le lui appris, mais aussi d’une matière qui sera transformée en
écriture.
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