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Psychologie de F adolescence
gaëtan morin
Il éditeur
Tableau : "LES AGRO-DOLLARS, MOI J'Y CROIS".
•Oeuvre de Michelle Hamel.
Née à Montréal le 14 octobre 1953. Michelle Hamel obtient en 1 965 un baccalauréat en éducation artistique de l'Université du Québec
à Montréal.
Membre de l'Association des artistes de chez-nous inc., Michelle Hamel expose depuis décembre 1978.
Psychologie de l’adolescence
Richard Cloutier
Psychologie de F adolescence
gaëtan morin
éditeur
gaëtan morin éditeur
C.P. 180, BOUCHERVILLE, QUÉBEC, CANADA
J4B 5E6 TÉL. : (514) 449-2369 TÉLÉC. : (514) 449-1096
ISBN 2-89105-077-0
Psychologie de l'adolescence
© gaëtan morin éditeur Itée, 1 982
Tous droits réservés
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TABLE DES MATIÈRES
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THÉORIE DES RÔLES SOCIAUX: APPROCHE SOCIOLOGIQUE DE L’ADOLESCENCE. .25
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AUTO-ÉVALUATION.'. .QA
Le meilleur traité sur ce sujet serait sans doute celui qui cernerait la psycho¬
logie des jeunes sans la morceler en secteurs spécialisés et qui utiliserait un langage
dans lequel les adolescents eux-mêmes pourraient se reconnaître et puiser des idées
utiles au vécu de leur propre expérience. Malheureusement, le phénomène de 1 ado¬
lescence demeure trop complexe pour qu’un tel traité puisse exister. Comme 1 illus¬
tre la division de ce livre en chapitres, l’étude de l’adolescence se fait par secteurs
spécifiques, comme la socialisation, la sexualité, la croissance physique, etc. Ce sont
les chercheurs qui sont à l’origine de ces divisions et non pas le développement
lui-même. Dans ce contexte, le lecteur ne peut parvenir à une perspective d’ensem¬
ble de l’adolescence sans un effort personnel d’intégration des contenus.
AUTO-ÉVALUATION
Telle quelle est aujourd’hui, l’adolescence est un phénomène très récent qui,
sous certains aspects, évolue encore d’une decennie à 1 autre (Elder, 1980). Ainsi des
données recueillies auprès d’adolescents en 1950 ne peuvent être interprétées de la
même façon que celles recueillies auprès de jeunes du même âge en 1960 ou en 1980.
Même dans ses assises physiques, l’adolescence est influencée par l’histoire: l’âge de
la maturation et les normes de croissance varient d’un siècle à l’autre (voir le chapi¬
tre 3, section 3.2.2.1 «La tendance séculaire de la croissance physique»). Cependant
c’est sur le plan du caractère psychosocial de l’adolescence que les changements
historiques les plus marqués se manifestent.
(1) Dans plusieurs ouvrages, l'adolescence est divisée en deux périodes: l’une allant de 12 à 14-15 ans («early
adolescence») et l'autre de 15 à 18 ans («later adolescence»). En reconnaissant ici que ce que vit un jeune
au début de son adolescence peut être fort différent de ce qu’il vit à la fin de cette période, nous consi¬
dérerons l’adolescence en une phase unique du développement.
4 Chapitre 1
Il semble que ce soit au XVe siècle que l’usage du mot adolescence ait fait son
apparition (Muuss, 1975; Katchadourian, 1977). Toutefois, dès l’époque des philo¬
sophes grecs, il existait une conception théorique du développement humain de
l’enfance à l’âge adulte.
1.2.1.1 Platon
Platon (427-347 av. J.-C.) croyait que le caractère d’une personne se déve¬
loppait très tôt en fonction des habitudes prises, de telle sorte que les règles de
conduite proposées à l’enfant par l’environnement sont très importantes pour son
évolution future. Platon croyait en la dualité du corps et de l’âme et pour lui, l’âme
était constituée de trois couches: la première comprenant les désirs et les appétits
de l’homme; la deuxième, le courage, la persévérance et l’agressivité; et la troisième
qui représentait l’essence de l’âme, indépendante du corps était constituée par
l’esprit, l’immortalité et le surnaturel. Selon lui, le processus de développement de
l’enfance à l’âge adulte consistait en une maturation graduelle transformant la pre¬
mière couche, intrinsèque à l’homme, en une seconde caractérisée par le dévelop¬
pement des convictions et de la compréhension des choses, pour atteindre enfin le
développement de la raison et de l’intelligence à la troisième couche que nous
pouvons associer à l’adolescence et à l’âge adulte (Muuss, 1975). Selon Platon, cette
troisième couche de l’âme n’est pas nécessairement atteinte par tout le monde.
Platon croyait aussi que les idées étaient innées et que l’apprentissage consistait à
redécouvrir ces pensées oubliées; l’étendue de cette «redécouverte» n’était cepen¬
dant pas la même pour tout le monde.
1.2.1.2 Aristote
Aristote (384-322 av. J.-C.), autre grand philosophe grec et disciple de Platon,
ne croyait pas à la dualité du corps et de l’âme car selon lui, ce sont des structures
reliées fonctionnellement. Aristote concevait le développement vers la maturité
adulte comme le résultat de trois périodes de sept ans chacune: la petite enfance, de
0 à 7 ans; l’enfance, de 8 à 14 ans; et la jeunesse, de 15 à 21 ans. Selon Aristote le
développement s’effectue de façon hiérarchique, c’est-à-dire que les derniers stades
Théories de l’adolescence 5
1.2.3.1 Comenius
dans leur langue maternelle (et non en latin comme cela était plus courant à l’épo¬
que) de façon à acquérir une bonne connaissance de leur langue, des usages sociaux
et de la religion, et aussi pour développer leurs facultés mentales (mémoire, imagina¬
tion, etc.)- Comme Platon, Comenius estimait qu’au cours de l’adolescence, c’est-à-
dire la période de 12 à 18 ans, l’éducation devait favoriser le développement du
raisonnement grâce à l’apprentissage en latin de disciplines comme les mathémati¬
ques, la rhétorique, l’éthique, etc. Enfin, le système d’éducation devait susciter chez
les jeunes de 18 à 24 ans, le développement de l’autocontrôlé et de la volonté,
notamment en permettant au jeune adulte de voyager et de fréquenter l’université.
Plusieurs notions adoptées par Comenius apparaissent dans la théorie de Piaget et
dans les objectifs éducatifs des systèmes scolaires que nous connaissons aujourd’hui
(Muuss, 1975).
Influencé par les idées de Locke lequel concevait la raison comme l’élément
primordial de la nature humaine, Rousseau l’envisageait plutôt comme étant d’abord
émotionnelle. Selon lui, l’enfant est fondamentalement bon et la société doit se
garder de le corrompre en ignorant sa nature au profit de normes et de règles
limitatives qui viennent à l’encontre de l’harmonie du développement naturel. Rous¬
seau proposa quatre stades de développement: la petite enfance ou stade «animal»
(de 0 à 4 ans); l’enfance ou stade «sauvage» (de 5 à 12 ans); la jeunesse (de 12 à 15
ans); et l’adolescence (de 15 à 20 ans). Au premier stade, l’enfant est comme un
animal, il est dominé par ses besoins physiques et ses émotions: l’éducation doit
donc stimuler l’exploration sensorimotrice et respecter sa nature. Au stade «sau¬
vage», l’expérience des sens doit être l’objectif premier de l’éducation et il n’est pas
bon, au cours de cette période, d’enseigner des contenus formels comme la lecture
ou l’écriture. L’idée est de munir le coeur de l’enfant de défenses contre le vice et de
protéger son esprit contre l’erreur. Rousseau suggérait que l’éducation rationnelle
mettant au premier plan le processus d’apprentissage autonome et la découverte
active plutôt que l’enseignement de contenus et de produits devait se faire à compter
Théories de l’adolescence 7
Le naturaliste anglais Charles Darwin (1809-1882) est l’un des savants les darwinisme
plus importants du XIXe siècle. Il proposa une théorie de l’évolution aujourd’hui
appelée le «darwinisme», basée sur la sélection naturelle des espèces à travers les
âges. Darwin suggéra une vision intégrée de l’évolution biologique des espèces
depuis les organismes unicellulaires jusqu’à l’homme. Il observa que tous les repré¬
sentants d’une même espèce ne pouvaient survivre à cause de l’insuffisance de
nourriture et de la présence de prédateurs; une lutte pour la survie se jouait à
l’échelle philogénétique. Seuls les organismes les mieux adaptés survivaient et se
reproduisaient. De même, les espèces les moins adaptées à l’environnement avaient
tendance à s’éteindre ou encore donnaient naissance à de nouvelles lignées, à de
nouvelles races mieux équipées et possédant des caractéristiques adaptatives meil¬
leures pour survivre. C’est le principe de la sélection naturelle des espèces. sélection naturelle
(2) De l’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle. 1859; De la variation des animaux et des
plantes domestiques. 1868 ; De la descendance de l’homme. 1871.
8 Chapitre 1
création de l’homme par Dieu. Il fut très difficile aux adeptes de plusieurs courants
de pensée d’accepter que l’homme est une espèce animale plus évoluée que les
autres et soumise aux mêmes lois.
ans); et d) l’adolescence (de 13 à 24 ans). Pour lui, le jeune enfant vit comme un
animal (comme nos ancêtres l’avaient fait un jour lorsqu’ils marchaient à quatre
pattes) et, poussé par ses forces maturationnelles internes, codées génétiquement, il
évolue graduellement vers un comportement plus articulé, mieux contrôlé. Dans ce
contexte, l’environnement n’a pas beaucoup d’importance puisque tous les hommes
traversent les mêmes étapes peu importe le contexte socio-culturel où ils se déve¬
loppent. L’enfance correspond pour Hall à l’époque où l’homme vivait de chasse et
de pêche comme en témoignent les jeux de cache-cache, les poursuites et les
constructions de cabanes et de cavernes. Entre 8 et 12 ans (c’est-à-dire la jeunesse
ou la préadolescence), une prédisposition à l’apprentissage du contrôle personnel et
d’habitudes diverses se manifeste. Pour Hall, c’était un moment privilégié pour
l’apprentissage de la lecture, de l’écriture, de langues étrangères, d’habiletés méca¬
niques, etc. L’adolescence est une période que l’on pourrait comparer à l’époque où
l’homme vivait dans des sociétés tribales sans technique mais où se présentaient des
transitions fréquentes et turbulentes. C’est l’époque précédant la civilisation; c’est
une période de tumulte et de stress («storm and stress») caractérisée par les contra¬
dictions, par l’oscillation entre l’activité passionnée et la léthargie indifférente et par
le passage de l’égocentrisme étroit à l’altruisme noble. L’adolescent veut tantôt
s’isoler dans la solitude, tantôt vivre parmi les amitiés les plus présentes (Muuss,
1975).
Pour Hall, l’adolescence est une période très importante, capable de changer
le cours de la vie future. C’est le moment où les rôles sociaux se déterminent, où les
valeurs se développent en fonction des capacités nouvelles de raisonner et d’entrer
en relation interpersonnelle de façon consciente et plus mature.
(3) GESELL, A. et ILG, F.L. Le Jeune Enfant dans la civilisation moderne. 10e éd. Paris: Presses universitaires
de France, 1978, p. 258-260. Traduction de F. Lézine.
12 Chapitre 1
stade oral De la naissance à 12 ou 18 mois, l’enfant est au stade oral. La bouche, alors
principal médium de gratification libidinale, joue un rôle important dans les contacts
avec le monde extérieur (nutrition, contact avec la mère, succion à vide, exploration
d’objets, etc.). Cette période se divise en deux sous-stades: le sous-stade «oral
dépendant» allant de la naissance au sevrage, et le sous-stade «oral agressif» à partir
du sevrage et de l’apparition des dents (et conséquemment, l’apparition de la capaci¬
stade anal té de mordre). Le stade anal (12-18 mois à 3 ans) se caractérise par la substitution de
la bouche à la zone anale comme source principale de plaisir. Le contrôle des
sphincters associé à l’apprentissage de la propreté est un phénomène caractéristi¬
que de cette période où la recherche du contrôle des objets influence l’ensemble des
stade phallique relations du jeune avec son environnement. Le stade phallique apparaît à partir de 3
ou 4 ans; au cours de cette période, les organes génitaux deviennent le centre
(4) Pour un bon résumé de la théorie de Sigmund Freud, voir: BALDWIN, A.L. Théories of Child Development.
2e éd. New York: Wiley, 1980, p. 327-395.
Théories de l’adolescence 13
principal de satisfaction. C’est à cette période que le garçon vit le complexe d’Oe-
dipe, c’est-à-dire qu’inconsciemment il désire sa mère et envie son père qu’il craint
comme rival (peur de la castration). Le complexe d’Oedipe se résorbe par l’abandon
du désir de la mère et par l’identification au père. Chez la fille, un conflit analogue
existe sous le nom de complexe d’Electre: le père est désiré et des sentiments
hostiles sont ressentis à l’égard de la mère. La période de latence s’étend de 6-7 ans
à 11-12 ans et se caractérise par un ralentissement des pulsions sexuelles et une
forte identification au parent du même sexe. Enfin, le stade génital couvre l’ensem¬
ble de la période adolescente (de 12 à 18 ans) et se caractérise par une grande
préoccupation à l’égard des moyens adultes de satisfaction sexuelle et par une
croissance marquée des pulsions sexuelles. Selon Freud, cette longue période de
développement psychosexuel inclut une régression au stade phallique: la masturba¬
tion apparaît à nouveau comme mode de gratification sexuelle et le retour du conflit
oedipien débouchant non plus sur l’identification au père mais plutôt sur l’identifica¬
tion aux pairs et sur l’établissement de relations hétérosexuelles avec des contem¬
porains plutôt qu’avec la mère (ou le père dans le cas du complexe d’Electre).
(5) La libido est l’énergie psychologique de base issue de l'instinct sexuel dirigé vers la recherche du plaisir.
14 Chapitre 1
«En premier lieu, l’adolescence est vue comme une période où il y a une
vulnérabilité marquée de la personnalité résultant principalement de la
résurgence des instincts à la puberté. Deuxièmement, l’accent est mis
sur la probabilité des conduites inadaptées en raison des défenses psy¬
chologiques inadéquates pour faire face aux conflits et aux tensions
internes. Des exemples de ces conduites se trouvent dans les fluctua¬
tions extrêmes de l’humeur, l’inconsistance des relations interperson¬
nelles, la dépression et le non-conformisme. Troisièmement, le processus
de désengagement y prend une importance spéciale car il est considéré
comme nécessaire à l’établissement de relations émotionnelles et
sexuelles matures à l’extérieur de la famille.»7
(6) BLOS, P. The Adolescent Passage. New York: International Universities Press, 1979, p. 496-497. Traduction
de l’auteur du présent ouvrage.
(7) COLEMAN, J.C. The Nature of Adolescence. Londres: Methuen, 1980, p. 6. Traduction de l'auteurdu présent
ouvrage.
16 Chapitre 1
Le tableau 1.1 schématise les huit stades d’Erikson en fonction des tendances
qui s’opposent dans chacun d’eux. On peut y voir que l’auteur décrit le développe¬
ment humain dans un contexte socio-culturel marquant un élargissement important
par rapport au triangle père-mère-enfant (comprenant le complexe d’Oedipe) pro¬
posé par Freud. À chacun des stades, l’identité personnelle est confrontée aux
attentes et aux aspirations influencées par le monde social et culturel de l’individu;
chaque stade est une crise psychosociale à résoudre mettant en jeu des tendances
opposées qui ne sont pas absentes pendant les autres stades mais en viennent à leur
(8) Homburger est le nom de son beau-père. Le couple Erikson s’étant séparé avant la naissance d'Erik, sa
mère a épousé ce médecin alors que l'enfant n'avait que cinq ans (Coles, 1970).
Théories de l’adolescence 17
TABLEAU 1.1: Description des huit stades du développement humain selon Erikson*
* Source: Ce tableau a été élaboré à partir des données de: ERIKSON, E. H. Identity: Youth and Crisis. New York: Norton, 1968.
Selon Erikson, à aucun autre moment l’enfant n’est plus disponible pour
apprendre qu’au stade 4 auquel correspond la période de latence chez Freud. L’en¬
fant s’ouvre alors à tout ce qui lui semble important dans son environnement dans
l’espoir de devenir quelqu’un. Son industrie et sa méticulosité à apprendre, à déve¬
lopper toutes sortes d’habiletés dans divers domaines amènent éventuellement des
réussites et une reconnaissance qui estompent le sentiment d’infériorité pouvant se
situer à l’origine même de cette avidité d’apprendre. Cependant, dans son désir
d’apprendre il y a danger d’un trop grand conformisme où l’imagination peut être
sacrifiée au profit d’une vocation trop vite choisie, ce qui peut inhiber l’épanouisse¬
ment ultérieur.
Selon Erikson (1959), tous les adolescents ne passent pas par le même pro¬
cessus de recherche d’identification; ainsi il appelle «identité forclose» («forclosure identité forclose
identity») celle qui survient sans crise, sans expérimentation réelle. C’est le cas par
exemple d’une jeune personne qui joue très tôt un rôle social ou occupe un emploi
sans avoir connu autre chose, ni s’être questionnée sur sa propre orientation future.
Ces personnes sont souvent devenues ce quelles sont, non par choix délibéré, mais
souvent selon les décisions de leurs parents (ou autres intervenants) lesquelles sont
prises en fonction de valeurs religieuses, culturelles ou politiques. Par conformisme
et respect de l’autorité, ces jeunes ont accepté tacitement ce type de futur sans
réellement participer à leur devenir personnel. Encore aujourd’hui, il existe des
cultures où les jeunes évoluent dans un chemin qui leur est tracé à l’avance par leurs
parents.
«Par exemple, une mère dont le fils aîné est décédé et qui, à cause de
sentiments compliqués de culpabilité, n’a jamais réussi à s’attacher à
ses autres enfants de façon comparable à l’importante dévotion qu’elle
consacre à la mémoire de son fils, suscita chez l’un de ses autres fils la
conviction que le fait d’être malade ou mort constituait une meilleure
assurance d’être «reconnu» que d’être en bonne santé.
Le stade six, ou la sixième crise, est celle de l’intimité. Pour Erikson, l’intimité
réelle, en tant que fusion de deux identités, n’est possible que lorsque l’identité
individuelle est formée. Pour cet auteur, l’intimité sexuelle n’est qu’une partie de
cette relation: «La jeune personne qui n’est pas certaine de son identité évitera de se
compromettre dans des relations intimes ou se lancera dans des actes intimes qui
sont «promiscuitifs» mais sans abandon réel de soi13.»
Le jeune adulte qui n’arrive pas à établir des relations intimes se cantonnera
dans un style stéréotypé de relations interpersonnelles et pourra éprouver un senti¬
ment profond d’isolement. Dans le modèle d’Erikson, l’isolement est la tendance
opposée à l’intimité.
1.7.8 La transcendance
La théorie d’Erikson n’est sans doute pas toujours aussi précise qu’on pour¬
rait le souhaiter, mais elle a le rare mérite d’accompagner la personne du début à la
fin de son développement. Elle propose une perspective complète de la vie et 1 ado¬
lescence y tient une place cruciale. Dans ce scénario en huit actes de l’évolution
psychosociale humaine, l’adolescence a pour rôle de mouler le visage adulte de la
personne en définissant son identité.
22 Chapitre 1
Ainsi, dans la culture occidentale, il existe une différence marquée entre un enfant et
un adulte. Par exemple, l’enfant n’a pas accès a la sexualité, on restreint son expres¬
sion sexuelle, il ne voit pas de relations sexuelles et n’a que très rarement l’occasion
de voir une naissance, etc. Cela n’est toutefois pas le fait de toutes les cultures et
Mead (1928) a observé qu’à Samoa (Samoa orientales, en Polynésie) les enfants
(15) MEAD, M. «The primitive child». A Handbook of Child Psychology (C. Murchison, dir.). 2e éd. Worcester.
Massachusetts: Clark University Press, 1933, p. 918. Traduction par l'auteur du présent ouvrage.
24 Chapitre 1
avaient accès à ce type d’information parce qu’ils n’étaient pas considérés comme
différents des adultes. En Occident, l’enfant se distingue facilement de l’adulte par le
fait qu’il n’a pas de responsabilité et qu’il est placé sous l’autorité de ce dernier. Les
enfants occidentaux n’ont pas l’occasion d’exercer le rôle de dominance car la
culture ne leur reconnaît pas ce droit à cause de leur statut. Or, à Samoa Mead
(1928) a observé une alternance contextuelle dès l’enfance dans l’exercice des res¬
ponsabilités et des rôles dominants: «Aucune mère ne s’occupera de discipliner l’un
de ses jeunes enfants si l’un de ses plus vieux peut s’en voir confier la responsabili¬
té16.» Les filles surtout ont la responsabilité de s’occuper des enfants plus jeunes et,
dès 6-7 ans, elles peuvent vivre un rôle de dominance et pas seulement de dominée.
À Samoa dans des secteurs comme le transport de la nourriture, les garçons ont
aussi très tôt des responsabilités concrètes. Mead a ainsi décrit une société où
l’adolescence n’apportait pas de changement brusque mais une augmentation gra¬
duelle de la charge de responsabilités dont l’enfance avait déjà permis l’exploration
et l’exercice.
(16) MEAD, M. Corning of Age in Samoa. New York: Blue Ribbon Books, 1928, p. 24. Traduction par l’auteur du
présent ouvrage.
Théories de l’adolescence 25
que, l’adolescence est stressante en raison des changements et des conflits qui
surviennent dans les rôles. Les jeunes doivent changer de fonction sociale, redéfinir
et agrandir leur participation sociale et le stress provient de la complexité de cette
tâche développementale rendue plus difficile par la discrimination associée à l’âge et
par les contradictions entre les valeurs et les modèles sociaux.
Coleman (1980) estime que ces deux approches théoriques sont mal ap¬
puyées empiriquement; selon lui, peu d’études récentes peuvent nous permettre
d’affirmer qu’il y a une sérieuse crise d’identité à l’adolescence. D’après la plupart
des études empiriques, une relation positive et constructive et un partage important
des valeurs de base existent entre les adolescents et leurs parents et non un profond
fossé entre les générations. Les études empiriques n’appuient pas 1 idée que le
groupe des pairs encourage les comportements antisociaux et les études que Cole¬
man (1980) a passées en revue n’indiquent pas une incidence de psychopathologie
plus forte à l’adolescence qu’à d’autres moments de la vie.
Pour Coleman, les deux grands courants théoriques présentent une vision
biaisée de la réalité adolescente: ils consistent en des théories sur l’anormalité les¬
quelles ne répondent pas au besoin d’une théorie sur l’adolescence normale. Alors
que les psychanalystes rencontrent une population non représentative des jeunes
dans leur travail clinique (hôpitaux, cabinets, etc.), les sociologues ont du mal à faire
le partage entre les mouvements de jeunes (les groupes de pression) et les jeunes en
général. Voilà ce qui peut expliquer l’écart entre ces deux courants théoriques et les
données empiriques de recherche rendant ainsi ces théories inadéquates pour ex¬
pliquer le développement de la majorité des adolescents, c’est-à-dire le développe¬
ment normal.
Coleman (1974) propose une théorie basée sur l’étude du concept de soi, des
relations avec les parents et les pairs, etc. Selon cette théorie, les relations avec les
parents, l’attitude à l’égard des pairs et des relations avec l’autre sexe se modifient
pendant l’adolescence mais ces facteurs atteignent des sommets d importance dis¬
tincts et se manifestent à des moments différents:
«La théorie propose qua différents âges des patrons ou types de rela¬
tions particuliers se focalisent, c’est-à-dire deviennent plus importants,
mais qu’aucun patron n’est spécifique à un âge donné. Ainsi, les patrons
se chevauchent, différents sujets deviennent plus captivants à des mo¬
ments précis, mais ce n’est pas parce qu’une problématique n’est pas le
sujet le plus important d’un âge donné quelle ne peut pas être critique
pour certains individus.»17
Coleman croit que cette perspective par étapes dominantes n est pas complètement
différente des théories qui proposent des stades, mais il la perçoit plus souple. Pour
(17) COLEMAN, J.C. The Nature of Adolescence. Londres: Methuen, 1980, p. 184-185
28 Chapitre 1
lui, la résolution d’un problème n’est pas une condition essentielle au passage à une
autre étape puisqu’une majorité de jeunes sont aux prises avec plusieurs problèmes
à la fois (conflits avec les parents, peur d’être rejeté par le groupe d’amis, anxiété à
théorie focale l’égard des liens hétérosexuels, etc.) De plus, selon cette théorie focale la séquence
des événements de l’adolescence n’est pas invariante mais elle peut être influencée
par le contexte socio culturel. Coleman estime qu’une explication possible du fait
que la majorité des jeunes passent sans heurt important à travers les nombreux
changements de l’adolescence est qu’ils vivent un problème à la fois en étalant le
processus de changement sur des périodes annuelles.
Coleman (1980) juge que sa théorie focale a l’avantage d’être basée sur des
données empiriques et d’expliquer l’apparente contradiction entre l’importance de
l’adaptation requise par les changements dans les relations interpersonnelles et le
fait qu’une majorité d’adolescents réussissent avec succès l’imposante transition de
l’enfance à l’âge adulte.
der selon une séquence invariante dans plusieurs cultures (Dasen, 1972; Baldwin,
1980). On peut retrouver chez Piaget des idées déjà émises par des auteurs qui l’ont
précédé, notamment en ce qui a trait aux fondements biogénétiques de l’évolution
du comportement, mais Piaget a vraiment proposé une nouvelle façon de compren¬
dre le développement. Son oeuvre gigantesque, qui possède d influentes ramifica¬
tions dans plusieurs disciplines (psychologie, épistémologie, biologie, philosophie,
sociologie, mathématiques, etc.), repose non seulement sur une réflexion active et
cohérente mais aussi sur des données empiriques abondantes issues d une observa¬
tion originale de l’enfant et de l’adolescent. On déplore parfois que le courant
cognitivo-développemental compte beaucoup plus de reproductions des idées de
Piaget que d’études originales mettant sa théorie à l’épreuve (Diamond, 1982).
Pour Piaget, il n’y a pas que le corps qui évolue de cette façon mais aussi
l’intelligence. Il propose un modèle du développement cognitif dans lequel une diffé¬
renciation et une articulation de plus en plus grandes sont attribuées à la pensée
dont les structures se modifient en fonction des stades traversés. Comme Stanley
Hall, Piaget croit que l’enfant traverse, au cours du développement de sa connais¬
sance, les mêmes stades que l’humanité au cours de 1 histoire et qu en conséquence,
l’observation de l’enfant peut apporter des explications épistémologiques très riches.
Toutefois, à la différence de Hall qui croyait en une récapitulation des stades de
l’histoire humaine transmise génétiquement, Piaget soutient que c est par le biais de
la filiation des structures cognitives que le développement ontogénétique a une
signification épistémologique. En d’autres mots, c est parce que les structures de la
pensée se transforment selon une séquence unique et que l’intelligence n’a qu un
seul chemin structural pour se développer, que 1 enfant passe par les mêmes étapes
que nos ancêtres et non, comme le croyait Hall, parce que 1 histoire de 1 humanité
est codée génétiquement. Ce sont les mécanismes fondamentaux de 1 adaptation
humaine qui sont transmis génétiquement et donnent lieu à ce «plan» invariant de
développement, et non les événements de l’histoire. Pour Piaget, l’intelligence est
une forme d’adaptation de l’organisme à son milieu au même titre que l’adaptation
biologique. La connaissance est une construction qui résulte de l’interaction de
l’individu avec son milieu. Ainsi chacun de nos actes dépend de l’équilibre entre ce
que nous sommes et ce qu’est notre milieu; le milieu pose des exigences auxquelles
nous devons nous accommoder («accommodation»), mais notre organisme a des
30 Chapitre 1
(18) BRONFENBRENNER, N. The Ecology of Human Development: Experiments by Nature and Design:
Cambridge, Massachusetts. Harvard University Press, 1979, p. 13. Traduction par l’auteur du présent
ouvrage.
Théories de l’adolescence 31
Les travaux de Barker sont à l’origine de cet intérêt pour l’étude du compor¬
tement dans son contexte naturel (Barker et Wright, 1955; Barker, 1963, 1968,
Barker et Gump, 1964). Pour Barker, le comportement observé est le résultat d’un
lien écologique entre les caractéristiques de la personne et les caractéristiques du
contexte dans lequel elle se trouve au moment de l’observation. Certains contextes
environnementaux seront reliés à certains comportements de façon privilégiée: la
classe, une soirée dansante, une joute de hockey sont autant d exemples de
contextes comportementaux adolescents. Pour Barker et Wright (1955), 1 étude du
comportement dans son contexte doit tenir compte: 1) du nombre d heures passées
dans le contexte (par année); 2) du degré d’implication de la personne dans le
contexte et des responsabilités qu’elle y assume; 3) des schèmes de comporte¬
ments, c’est-à-dire des façons de faire typiquement associées au contexte; et 4) des
fonctions comportementales incluant la fréquence, le rythme et la vitesse des
conduites, des exigences situationnelles sur le plan du raisonnement, des échanges
verbaux, des activités motrices, des implications émotionnelles, etc. Afin de cerner
l’ensemble complexe que représente ce spectre de variables, l’observation directe
en milieu naturel a été la méthode adoptée. Barker (1968) décrit des courants de
comportements («behavior stream») apparaissant en fonction du contexte, dans
certaines situations, des conduites probables surgiront selon les attentes du milieu
indépendamment des individus pris isolément.
(19) Ibid. p. 3.
32 Chapitre 1
TABLEAU 1.2: Exemples de concepts centraux de l’approche écologique du développement humain selon
Bronfenbrenner (1979)*
«L écologie du développement humain implique l’étude scientifique de l’accommodation mutuelle et progressive entre d’une part la
personne en croissance et en action, et d’autre part les propriétés changeantes des milieux immédiats dans lesquels l’individu vit, ce
processus d accommodation étant influencé par les relations entre ces milieux et les environnements plus vastes dans lesquels ces
derniers sont intégrés».
2. Les quatre niveaux structuraux de l’environnement écologique sont: le microsystème, le mésosystème, l’exosystème et le
macrosystème
A) «Le microsystème est un patron d’activités, de rôles et de relations interpersonnelles connus par la personne dans un milieu
d activités donné qui possède des caractéristiques physiques et matérielles particulières». La garderie, la maison familiale ou l’école sont
des exemples de milieux avec les interactions concrètes qu’elles permettent selon les rôles, les activités et les contacts interpersonnels
qui s’y trouvent.
B) «Le mésosystème correspond aux interrelations qui existent entre plusieurs lieux de participation tels que, pour l’enfant, sa famille,
son école, ses amis du voisinage; ou, pour I adulte, la famille, le travail et la vie sociale». Il faut comprendre le mésosystème comme un
réseau de microsystèmes. À l’adolescence, le mésosystème s’accroît considérablement puisque la personne étend et intensifie sa
participation à diverses cellules sociales dans divers rôles.
C) «L’exosystème concerne un ou plusieurs milieux («settings») qui n’impliquent pas la participation active de la personne mais dans
lesquels des événements surviennent qui affectent ou sont affectés par ce qui se produit dans le milieu propre de l’individu en
développement». Le milieu de travail du père ou de la mère, le réseau d’amis des parents, le comité municipal des loisirs, le conseil
d’administration de l’école, etc., sont autant d’exemples d’éléments de l’exosystème d’un adolescent. La conscience que peut avoir la
jeune personne de l’influence de tels éléments se développe considérablement au cours de l’adolescence grâce aux outils conceptuels
nouveaux et à l’accroissement de la diversité des expériences.
D) «Le macrosystème est le système de croyances, de valeurs, des façons défaire caractéristiques d’une société ou d’une culture telles
que véhiculées dans les sous-systèmes. Par exemple, la place qu’occupent les 12-18 ans dans chacun de ces sous-systèmes définit une
perception culturelle d ensemble à I égard de I adolescence; cette perception globale fait partie du macrosystème».
3. La transition écologique
Bronfenbrenner (1979; p. 26) estime qu’une transition écologique survient à chaque fois que la position écologique se modifie à la suite
d’un changement de rôle ou de milieu. Pour lui, la transition écologique est l’élément de base du changement développemental et
conséquemment devrait être le principal point d’intérêt des études sur le développement humain. Dans cette optique, l’adolescence peut
être perçue comme une période de transition écologique intense compte tenu des changements nombreux qui surviennent dans les rôles
et les milieux de vie (changements d’école, responsabilités nouvelles, rôles sexuels, etc.)
«Le développement humain est le processus par lequel la personne acquiert une conception plus étendue, mieux différenciée et plus
valide de l’environnement écologique et devient motivée et apte à initier des activités qui font connaître, supportent ou restructurent cet
environnement à des degrés égaux ou plus grands de complexité quant à la forme et au contenu». Cette définition très complexe de la
nature du développement humain est peut-être moins directement applicable à ce que vit le nouveau-né, mais est certes pertinente à
l’adolescence à cause du renouvellement de la conception sociale qui se produit en même temps que la participation plus intense et mieux
différenciée à diverses instances sociales.
‘ Source: BRONFENBRENNER, U The Ecology of Human Development: Experiments by Nature and Design. Cambridge,
Massachusetts:
Harvard University Press, 1979, p. 21 et suivantes. Traduction et adaptation par l'auteur du présent ouvrage.
Théories de l’adolescence 33
appelée à jouer un plus grand nombre de rôles et donc à élargir son répertoire
comportemental.
(20) Pour une revue détaillée et synthétique de la littérature sur cette approche, voir.
BELSKY, J. «Early human expérience: a family perspective». Developmental Psychology. 1981, vol. 17,
n° 1, p. 3-23.
34 Chapitre 1
AUTO-ÉVALUATION
1. Selon la perspective adoptée, l’adolescence peut être perçue: 1) comme un stade intermédiaire; ou 2) comme une période de
tumulte. En respectant cet ordre de mention, indiquez le motif à l’appui de chacune de ces deux perceptions parmi les propositions
suivantes:
2. Même dans ses assises physiques, l’adolescence est influencée par l’histoire car les normes de croissance et l’âge de la maturation
varient d’un siècle à l’autre.
a) Vrai
b) Faux
3. Platon croyait que l’âme avait trois couches; en respectant leur ordre de mention, indiquez la couche associée à chacun des éléments
suivants:
a) Première couche
b) Deuxième couche
c) Troisième couche
a) Platon
b) Aristote
c) Comenius
5. Selon Aristote, le développement vers la maturité adulte se ferait selon des périodes de développement. Parmi les propositions
suivantes identifiez les âges concernés par chacune des périodes développementales proposées par Aristote:
a) De 0 à 7 ans;
b) de 8 à 14 ans;
c) de 12 à 18 ans;
d) de 15 à 21 ans;
e) de 18 à 24 ans.
6. Différentes conceptions psychologiques ont émergé de l’histoire avant la Renaissance. En respectant leur ordre de mention, de quelle
approche nous provient chacune des conceptions suivantes:
a) Platon
b) Aristote
c) Le Moyen-Âge
7. Pour John Locke, la réalité intérieure évolue de la passivité mentale de la petite enfance à l'activité cognitive de l’adolescence et
l’environnement n’y joue pas un rôle significatif
a) Vrai
b) Faux
Théories de l’adolescence 35
8. Pour Jean-Jacques Rousseau, l’enfant est fondamentalement bon et la société doit se garder de le corrompre en lui imposant des
normes et des règles allant à l’encontre de l’harmonie naturelle de son développement.
a) Vrai
b) Faux
a) De 0 à 14 ans;
b) de 5 à 12 ans;
c) de 12 à 15 ans;
d) de 15 à 20 ans.
À quels âges correspondent respectivement les stades «jeunesse», «animal» et «sauvage» dans sa théorie?
10. Rousseau fut vraiment l’avocat du respect de la nature humaine dans sa conception développementale au risque de mettre au second
plan le rôle de l’environnement dans l’évolution personnelle.
a) Vrai
b) Faux
12. Choisissez la ou les propositions vraies concernant la théorie de la récapitulation de Stanley Hall:
a) Le plan de développement de toute l’espèce humaine est inscrit dans la structure génétique de chaque individu;
b) l’enfant évolue par des stades reproduisant ceux qu’a traversé l’humanité au cours de l’histoire, et cette récapitulation est
provoquée par la culture humaine;
c) les stades traversés par l’évolution humaine ont laissé une trace génétique en chacun de nous.
13. Pour Stanley Hall, l’environnement n’a pas beaucoup d’importance puisque tous les hommes traversent les mêmes étapes sans égard
au contexte socio culturel où ils se développent.
a) Vrai
b) Faux
14. Stanley Hall croyait que les parents et les éducateurs n’avaient pas à s’inquiéter des comportements indésirables des jeunes puisque
ces conduites déviantes disparaîtraient d’elles-mêmes sans que l’environnement n’intervienne.
a) Vrai
b) Faux
16. Parmi les propositions suivantes, identifiez celle qu’utilise Gesell pour expliquer les variations dans la vitesse des changements
ontogénétiques:
17. Parmi les critiques suivantes, identifiez celles qui ont été le plus fréquemment adressées à l’égard des profils psychologiques de
chaque âge proposés par Arnold Gesell:
a) De trop donner d’importance aux facteurs socio-culturels tels que la famille, l’école, la culture, les amis, etc.;
b) de négliger de considérer les différences existant entre maturation tardive et maturation précoce;
c) de trop insister sur l’âge chronologique;
d) de trop insister sur les différences entre garçons et filles.
36 Chapitre 1
18. Gesell estime que nous trouvons chez l’adolescent des problèmes de croissance comparables et des mécanismes de croissance
analogues à ceux de l’enfant d’âge préscolaire.
a) Vrai
b) Faux
19. Sur le plan des relations parents-adolescents, à quoi Gesell attribue-t-il la qualité des interactions réciproques? Choisissez la meilleure
proposition:
20. Selon Sigmund Freud, le psychisme est articulé selon trois structures: a) le ça; b) le moi; et c) le surmoi. En respectant l’ordre de
mention des fonctions suivantes, identifiez leur structure psychique d’appartenance:
1) Le régisseur du raisonnement;
2) le réservoir des pulsions;
3) la structure qui désigne les interdits.
21. La théorie psychanalytique conçoit le développement comme une série de stades déterminés génétiquement dont la succession est
relativement dépendante de l’environnement.
a) Vrai
b) Faux
22. Parmi les propositions suivantes, identifiez celles qui s’accordent le mieux avec la description de l’adolescence (12 à 18 ans) de
Sigmund Freud:
23. Selon Anna Freud, quelle est la différence entre les pulsions sexuelles de l’enfance et celles de l’adolescence?
24. Selon Anna Freud, l’augmentation de l’énergie sexuelle amenée par la puberté peut avoir deux types de conséquences. Identifiez
chacun de ces types parmi les propositions suivantes:
25. À l’instar de Peter Bios, Sigmund et Anna Freud mettent davantage l’accent sur la fonction adaptative du moi dans la dynamique
adolescente par opposition à sa fonction de défense contre les pulsions.
a) Vrai
b) Faux
26. Parmi les événements suivants, identifiez celui ou ceux que Peter Bios associe au processus de «déidéalisation»:
27. Selon Peter Bios, la croissance personnelle à l’adolescence est fonction de l’intégration de la maturité biologique et de la conscience
psychologique.
a) Vrai
b) Faux
29. Pour Erik Erikson comme pour Peter Bios, la tension et les conflits entre des tendances contradictoires à l’adolescence sont
présentés comme des inhibiteurs de croissance.
a) Vrai
b) Faux
30. Dans la théorie d’Erikson, un stade de développement est une crise psychosociale à résoudre mettant en jeu des tendances opposées
qui sont absentes pendant les autres stades mais en viennent à se confronter lors d’une phase déterminée du développement.
a) Vrai
b) Faux
31. Erikson propose quatre stades de développement avant l’adolescence: 1) la petite enfance; 2) l’âge préscolaire; 3) les débuts à
l’école; et 4) la période de latence. En respectant leur ordre de mention, reliez chacun de ces stades à son enjeu psychosocial:
a) La reconnaissance mutuelle;
b) l’identification des tâches;
c) la volonté d’être soi-même;
d) l’initiative.
32. De l’adolescence à la fin de la vie, Erikson propose quatre stades dont les enjeux sociaux concernent: la descendance, l’identité
personnelle, la transcendance et la relation intime. En respectant cet ordre de mention, reliez chacun de ces enjeux à son stade
développemental:
a) Adolescence;
b) jeune adulte;
c) adulte;
d) âge mûr.
33. À quel stade freudien correspond la période du développement de la confiance de base dans la théorie d’Erikson?
a) Oral;
b) anal;
c) phallique;
d) période de latence;
e) génital.
34. À quel stade de la théorie freudienne correspond le stade de l’initiative chez Erikson?
a) Oral;
b) anal;
c) phallique;
d) période de latence;
e) génital.
35. Dans la théorie d’Erikson, chaque stade implique 1 opposition de deux tendances. Ainsi, 1 autonomie, I habileté, 1 intimité et 1 intégrité
sont des forces positives auxquelles s’opposent des forces négatives. En respectant cet ordre de mention, identifiez les forces
négatives qui leur font respectivement opposition parmi les suivantes:
a) Infériorité;
b) désespoir;
c) isolement;
d) doute.
38 Chapitre 1
36. Quel est le stade au cours duquel l’enfant présente une disponibilité maximale pour apprendre dans le modèle d’Erikson?
a) Stade 1;
b) stade 2;
c) stade 3;
d) stade 4;
e) stade 5;
f) stade 6;
g) stade 7;
h) stade 8;
37. Expliquez comment, dans la théorie d’Erikson, la recherche de l’identité personnelle est reliée à un processus d’intégration?
38. Parmi les conséquences négatives suivantes, identifiez celles (2) qu’Erikson prévoit en cas d’échec dans l’établissement de l’identité
personnelle:
39. Le groupe des pairs constitue pour Erikson un milieu très favorable pour expérimenter des rôles à l’adolescence.
a) Vrai
b) Faux
41. Parmi les éléments suivants, identifiez ceux qu'Erikson associe à la notion «d’identité négative»:
42. À quelle tendance Erikson relie-t-il le désir de s’actualiser survenant à l’âge adulte?
a) La perpétuation;
b) la transcendance;
c) l’isolement;
d) l’intimité; <
e) l’intégrité.
43. Parmi les contributions théoriques suivantes, identifiez celles qui accordent une prépondérance à la biologie par rapport à la culture,
comme facteur responsable du développement humain:
a) Ruth Benedict;
b) le darwinisme;
c) Margaret Mead;
d) l’approche psychodynamique;
Théories de l’adolescence 39
e) l’approche écologique;
f) la théorie des rôles sociaux;
g) Gesell.
44. Selon Mead et Benedict, la transition de la dépendance du nouveau-né à l’autonomie adulte ne peut se faire sans stades, c’est-à-dire
selon une progression uniforme.
a) Vrai
b) Faux
45. L’anthropologie culturelle estime que l’adolescence dans les sociétés occidentales est associée à des changements majeurs sur trois
plans psychosociaux. Quelles sont ces trois dimensions de changement?
46. Selon Mead et Benedict, les sociétés primitives possèdent une culture plus homogène avec moins de changements brusques dans les
rôles, et des différences individuelles moins marquées que dans les sociétés modernes.
a) Vrai
b) Faux
47. Parmi les propositions suivantes, identifiez celle ou celles que l’approche sociologique de l’adolescence (théorie des rôles sociaux)
appuie:
48. Coleman (1980) croit que les deux grands courants théoriques de l’adolescence que sont l’approche psychanalytique et l’approche
sociologique sont mal appuyées empiriquement. Parmi les arguments suivants, identifiez celui ou ceux qu’il utilise pour se justifier:
a) Plusieurs études récentes font mention d’une crise sérieuse d’identité à l’adolescence;
b) selon la plupart des études, il y aurait un partage important des valeurs entre les adolescents et leurs parents plutôt qu’un fossé de
génération;
c) les travaux empiriques connus appuient l’idée que le groupe des pairs encourage les comportements antisociaux.
49. Comment la théorie focale de Coleman peut-elle être considérée comme un modèle de développement par étapes dominantes?
50. Parmi les propositions suivantes, identifiez les accords théoriques que Baldwin (1980) considère comme la base de 1 accord entre les
tenants du courant cognitivo-développemental:
51. Identifiez parmi les énoncés suivants, ceux qui sont en accord avec la perspective piagétienne du développement humain:
52. L’approche écologique se distingue des perspectives biologiques ou sociologiques en ce qu’elle ne privilégie pas nécessairement le
bagage génétique du sujet ou son environnement comme source de conditionnement du développement.
a) Vrai
b) Faux
40 Chapitre 1
53. Expliquez brièvement comment l’approche écologique se distingue des autres théories par sa considération du contexte global dans
lequel se produit le développement humain.
54. Barker (1968) décrit des courants de comportements («behavior stream») impliquant que dans certaines situations, certaines
conduites surgiront probablement plus en fonction des individus, indépendamment des attentes du milieu.
a) Vrai
b) Faux
55. Bronfenbrenner (1979) propose un modèle écologique structuré selon quatre sous-systèmes: 1) le microsystème; 2) le mésosystème;
3) l’exosystème; et 4) le macrosystème. En respectant cet ordre de mention, indiquez à quel sous-système se rattache respective¬
ment chacune des entités suivantes:
a) La relation famille-garderie;
b) la famille;
c) le conseil d’administration de l’école;
d) les attitudes sociales face aux jeunes au Québec.
Chapitre 2
La croissance physique
à l’adolescence
AUTO-ÉVALUATION
42 Chapitre 2
FIGURE 2.1: Rythmes de croissance des filles et des garçons, de l’enfance à la fin de l’adoles¬
cence
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
ÂGE (ANS)
Source: TANNER, J.M. «Growing up». Scientific American. 1973, vol. 229, n°3, p. 34-43.
44 Chapitre 2
FIGURE 2.2: Courbes illustrant la croissance typique des filles et des garçons
A) HAUTEUR B) POIDS
LÉGENDE: GARÇONS
FILLES
Source: TANNER, J.M., WHITEHOUSE, R.H., TAKAISHI, M. «Standards from birth to maturity for height,
weight-height velocity and weight velocity; british children, 1965». Archives of the Diseases in Child-
hood. 1966, vol. 41, p. 455-471. Ce tableau a été reproduit avec la permission des auteurs.
FIGURE 2.4: Illustration de la croissance de la face. (Ce dessin compare le crâne d’un
nouveau-né avec celui d’un adulte.)
Source: Redessiné à partir de KATCHADOURIAN, H. The Biology ot Adolescence. San Francisco: W.H.
Freeman, 1977, p. 44.
Les yeux et les oreilles ont aussi une évolution importante à la période pré¬
adolescente, de sorte que leur croissance à l’adolescence est plutôt faible par rap¬
port au reste du corps.
46 Chapitre 2
Parmi les phénomènes les plus manifestes amenés par la croissance physique
à l’adolescence, on trouve la distinction de l’apparence en fonction du sexe. En effet,
les caractéristiques corporelles spécifiques à chaque sexe, de peu manifestes
qu’elles étaient au cours de l’enfance, s’accentuent de façon importante. Typique¬
ment, l’élargissement des épaules des garçons est proportionnel à celui de leurs
hanches, de sorte que le rapport de largeur épaules/ hanches est constant de 9 ans à
18 ans (Hansman, 1970), tandis que chez les filles ce rapport change en raison de
l’élargissement plus important aux hanches qu’aux épaules. Les garçons connais¬
sent par ailleurs une plus grande augmentation de leur masse musculaire, tandis que
les filles emmagasinent une masse plus importante de tissus adipeux.
TABLEAU 2.1: Principales caractéristiques sexuelles secondaires apparaissant chez les filles
et chez les garçons*
Ces caractéristiques sont dites secondaires parce qu’elles ne sont pas essentielles à la reproduction; leur
contribution à la psychologie de la sexualité et aux comportements sexuels est cependant très importante.
Ces changements varient en intensité selon les individus.
Source: Redessiné à partir des données de KATCHADOURIAN, H. The Biology of Adolescence. San Fran¬
cisco: W.H. Freeman and Co. 1977, p. 73.
temps1. Les pieds, les mains et les jambes atteignent leurs dimensions maximales au
début. Ensuite, la taille (c.-à-d. la hauteur du corps) connaît sa poussée de crois¬
sance, suivie par celle de la masse musculaire (incluant le muscle cardiaque), la
largeur des épaules et des hanches, et l’augmentation conséquente du poids. Il est à
noter que la taille augmente davantage en raison de l’allongement du tronc que de
celui des jambes dont une bonne partie de la croissance s’est produite plus tôt, au
moment de la prépuberté. Sur le plan squelettique, outre l’allongement et l’élargis¬
sement des os, l’adolescence amène un changement de composition et de structure.
Alors qu’au début de l’enfance, les os sont relativement flexibles en raison de leur
forte teneur en tissus cartilagineux, la croissance infantile amène une calcification
progressive qui s’accélère au moment de la poussée de croissance pubertaire. Les
os deviennent alors plus durs, plus denses et plus fragiles. Le tableau 2.2 présente la
séquence probable des changements physiologiques importants qu’amène l’adoles¬
cence chez les filles et chez les garçons.
(1) Cette séquence probable n’est elle-même pas exempte de variations entre individus: Faust (1977) obtient
des données où 76 % des garçons et 75 % des filles possèdent un ordre variable par rapport au moment de
croissance maximum de 5 dimensions squelettiques (hauteur, longueur du tronc corporel, longueur des
jambes, largeur des épaules et des hanches).
La croissance physique à l’adolescence 49
- Début du développement des seins et des - Augmentation du volume des organes génitaux.
hanches.
- Apparition des premiers poils pubiens.
- Apparition des premiers poils pubiens.
- Début de la muance.
- Atteinte de la vitesse maximale de croissance.
- Premières éjaculations (par émissions nocturnes
• Apparition de poils pubiens plus denses et plus ou autrement).
drus.
- Apparition de poils pubiens frisés plus denses et
- Premières menstruations. plus drus.
• Élargissement des lèvres vaginales internes et ex¬ - La croissance physique atteint sa vitesse maxi¬
ternes; les sécrétions vaginales deviennent plus male.
acides (de basiques qu’elles étaient).
- Apparition des premiers poils au visage (barbe),
- Apparition de poils aux aisselles et sur les mem¬ aux aisselles et éventuellement sur l’abdomen.
bres (avant-bras et jambes).
- Maturation finale de la voix.
- La voix se rapproche de sa tonalité adulte.
- Apparition graduelle de la barbe adulte.
- Les seins et les hanches atteignent leurs dimen¬
sions adultes.
* Tableau élaboré à partir des données fournies par Muuss (1975) et Dacey (1979).
” Les changements commencent généralement deux ans plus tôt chez les filles.
FIGURE 2.6 : Accroissement de la masse musculaire telle que mesurée par la quantité de créati¬
nine excrétée
Source: Redessiné à partir des données de TANNER, J.M. Growth at Adolescence. 2e éd. Oxford: Blackwell,
1962. Reproduit avec permission.
50 Chapitre 2
Après avoir révisé les données sur le sujet, Asmussen (1973) situe deux
différences prédominantes entre garçons et filles sur le plan du développement de la
force musculaire force musculaire. Premièrement, pendant l’enfance, les garçons tendent à être plus
forts que les filles de même taille et ce, à tous les âges. Cette différence est percepti¬
ble dans la force des mains, des bras et du tronc corporel mais n’apparaît pas pour
les jambes des enfants. Deuxièmement, à la puberté, les changements hormonaux
reliés au sexe font que la masse musculaire des garçons augmente davantage, de
sorte qu’à compter de 13 ans, l’écart de force enregistré plus tôt s’accroît et devient
plus perceptible pour les membres supérieurs, le tronc et les jambes. Cet écart
s’accroîtra jusqu’à l’âge adulte et se maintiendra par la suite. La différence moyenne
de force entre les deux sexes correspond à environ 35 % de la force du mâle. La force
musculaire est en relation positive avec la taille et le poids. Par contre, et contraire¬
ment à ce que l’on pourrait croire de prime abord, la performance motrice (c.-à-d. la
capacité de grimper, de sauter, de courir, de lancer; les tâches d’équilibre, etc.) n’est
que peu influencée par la dimension du corps (Espenschade, 1940). Ce n’est que
pour des rendements exceptionnels que la taille entre en jeu. Ainsi, les garçons
affichant de hautes performances athlétiques posséderaient un corps de taille
moyenne, avec des jambes relativement courtes et des hanches plutôt étroites,
comparativement aux garçons affichant de faibles performances et dont la carrure
est grosse, les hanches larges et les jambes longues (Espenschade, 1940). La même
étude rapporte que chez les filles aussi, les rendements moteurs élevés se trouvent
davantage chez les physiques minces avec jambes plutôt courtes, comparativement
aux physiques grands et lourds dont les performances motrices sont plutôt faibles
(Espenschade, 1940).
Source: Redessiné à partir des données de KATCHADOURIAN, H. The Biology of Adolescence. San Fran¬
cisco: W.H. Freeman and Co. 1977, p. 41.
La croissance physique à l’adolescence 51
Dans la plupart des activités motrices, les capacités physiques plus grandes
des garçons se traduisent par des rendements plus élevés. La dimension du corps, la
structure anatomique, les indices de capacité physiologique (poumons, coeur, etc.)
sont autant de facteurs qui avantagent les performances masculines. L’écart moteur
entre garçon et fille ne se manifeste toutefois clairement qu’à partir de 1 adolescence
puisque auparavant, les capacités physiques des garçons n’étaient que légèrement
supérieures.
Eckert (1973) mentionne que cet écart de motricité entre garçon et fille
s’explique, au moins en partie, par des facteurs socio culturels. La plupart des
cultures dévalorisent l’effort physique soutenu et violent chez les filles. L’auteur cite
des données (comparatives avec les données américaines) où des filles bulgares
n’affichent pas un écart aussi important par rapport aux garçons pour les tâches
motrices courantes (courir, sauter, lancer). La culture bulgare aurait une attitude
analogue envers les garçons et les filles eu égard à ces activités motrices (Eckert,
1973).
On sait que l’adolescence est la période qui sépare l’enfance de l’âge adulte.
Un des jalons les plus significatifs de ce passage correspond à l’accession à la
maturité sexuelle, c’est-à-dire la puberte qui s exprime par 1 apparition des premières
menstruations chez la fille et par l’apparition des spermatozoïdes chez le garçon.
Ces indices ne sont toutefois pas des critères absolus, et ce, même s’ils sont les plus
fréquemment utilisés.
Enfin, il demeure que les critères les plus couramment admis pour déterminer
la maturité sexuelle sont les premières menstruations chez la fille et la présence de
spermatozoïdes dans les testicules pour le garçon. Les figures 2.8 et 2.9 illustrent
l’évolution de l’apparence des organes génitaux pendant l’adolescence.
FIGURE 2.8: Évolution de l’apparence des organes génitaux masculins du début à la fin de
l’adolescence
La croissance physique à l’adolescence 53
FIGURE 2.10: Schéma des principales composantes des appareils sexuels féminin et masculin
FEMME HOMME
VÉSICULE SÉMINALE
GLANDE DE COWPER
La ménopause correspond à I arrêt définitif des menstruations et donc du cycle menstruel. Elle survient
généralement vers 45-50 ans.
La croissance physique à l’adolescence 55
Sur la figure 2.11, on peut voir que le sperme sécrété par le testicule séjourne
dans l’épididyme pour s’acheminer ensuite dans le canal déférent avant d’évoluer
vers la vésicule séminale et la prostate. Le liquide sécrété par la glande de Cowper
modifie le pH de l’urètre et le lubrifie; il est expulsé avant l’éjaculation, au moment où
la stimulation sexuelle est devenue intense. À la figure 2.11, il est possible de retracer
le cheminement complet des spermatozoïdes.
FIGURE 2.11: Schéma du parcours effectué par le spermatozoïde du testicule lors de l’éjacu¬
lation
4 VÉSICULE
SÉMINALE
5 PROSTATE
GLANDE DE
b COWPER
3
7 URÈTRE
AUTO-ÉVALUATION
1. Le corps humain est en développement depuis sa conception jusqu’à la fin de sa vie. Des périodes d’accélération de croissance
surviennent cependant à des étapes spécifiques de l’existence. Ordonnez les périodes de vie suivantes selon le rythme de crois¬
sance qu’on y trouve (de la plus forte croissance à la moins forte).
a) 17 à 20 ans;
b) 2 à 3 ans;
c) 0 à 1 an;
d) 13 à 15 ans.
2. Une personne exercée à l’examen d’enfants peut sans doute prédire avec justesse le type de physique (le somatotype) qu’aura à
l’âge adulte un individu photographié à l’âge de 5 ans.
a) Vrai
b) Faux
3. Le début de l’accélération de la croissance typique de l’adolescence n’apparaît pas au même moment chez les filles et chez les
garçons. Indiquez laquelle des propositions suivantes décrit le mieux les moments moyens de croissance maximale:
a) 12-13 ans chez les garçons et 14-15 ans chez les filles;
b) 10-12 ans chez les filles et 12-14 ans chez les garçons;
c) 12-13 ans chez les filles et 14-15 ans chez les garçons;
d) 10-12 ans chez les garçons et 11-12 ans chez les filles.
4. L’accélération de la croissance physique survient en même temps que l’atteinte de la maturité sexuelle, c’est-à-dire la puberté.
a) Vrai
b) Faux
5. Des différences individuelles assez importantes peuvent être observées quant au moment d’apparition de i’accélération de crois¬
sance, de sorte que pour englober toutes les variations de l’ensemble d’une population, il faut considérer la période allant de 8 à 19
ans pour les filles et de 10 à 23 ans pour les garçons.
a) Vrai
b) Faux
6. Tanner (1961) mentionne qu’à un an le cerveau atteint 60 % de son poids adulte et 90 % environ dès l’âge de cinq ans.
a) Vrai
b) Faux
ÂGE (ANS)
La croissance physique à l’adolescence 57
8. Le rapport de largeur épaules/hanches est constant de 9 ans à 18 ans chez les garçons (Hansman, 1970).
a) Vrai
b) Faux
9. Les filles et les garçons connaissent une augmentation équivalente de leur masse musculaire et de leurs tissus adipeux à 1 adoles¬
cence.
a) Vrai
b) Faux
12. Une caractéristique sexuelle est dite secondaire parce quelle survient à la suite de la puberté.
a) Vrai
b) Faux
13. À taille égale, les filles ont généralement tendance à avoir des jambes plus longues.
a) Vrai
b) Faux
14. Même si l’on y observe des variations dans la pratique, il existe une séquence probable des changements physiologiques chez la fille
à l’adolescence. Ordonnez les événements suivants selon cette séquence probable (Muss, 1975; Dacey, 1979).
15. Même si l’on y observe des variations dans la pratique, il existe une séquence probable des changements physiologiques chez le
garçon à l’adolescence. Ordonnez les événements suivants selon cette séquence probable (Muss, 1975, Dacey, 1979).
a) Vrai
b) Faux
17. Pendant l’enfance, les garçons ont tendance à être plus forts que les filles de même taille. Cette différence est perceptible dans la
force des mains, des bras et du tronc corporel mais n’apparaît pas pour les jambes des enfants.
a) Vrai
b) Faux
18. Parmi les dimensions physiques suivantes, indiquez-en trois qui augmentent à 1 adolescence.
a) Le rythme cardiaque;
b) la force physique;
c) la coordination motrice;
d) le rythme respiratoire;
e) le volume sanguin.
58 Chapitre 2
19. Comment certaines études expliquent-elles, par des facteurs socio-culturels, au moins une partie des différences de capacités
motrices entre filles et garçons?
20. Lequel des énoncés suivants définit le mieux le concept de «stérilité adolescente»?
21. Chez le garçon, la première éjaculation nocturne a été populairement utilisée comme critère de maturité sexuelle, mais c’est
I analyse microscopique pour détecter des spermatozoïdes dans l’urine qui semble l’une des techniques les plus sûres d’attestation
de la maturité sexuelle.
a) Vrai
b) Faux
22. Indiquez parmi les suivantes deux des trois hormones reconnues responsables du cycle ovarien chez la femme:
a) Testostérone;
b) oestrogène;
c) gonadotropine;
d) progestérone;
e) androgène;
f) adrénocorticotropine.
23. Ordonnez les éléments suivants selon la séquence de leur apparition dans le cycle de reproduction chez la femme.
24. Ordonnez les éléments suivants selon le cheminement effectué par les spermatozoïdes lors de l’éjaculation.
a) Urètre;
b) vésicule séminale;
c) épididyme;
d) prostate;
e) canal déférent.
Chapitre 3
Facteurs reliés aux
transformations_
physiques à l’adolescence
AUTO-ÉVALUATION
60 Chapitre 3
Ce n’est que récemment - vers la fin des années soixante - que l’influence de
1 hypothalamus sur la glande pituitaire antérieure a été démontrée (Guillemin et
Burgus, 1972). L’hypothalamus sécrète des hormones qui provoquent la libération
des hormones pituitaires qui, à leur tour, en voyageant dans le sang, stimulent les
sécrétions des glandes périphériques.
Source: Figure dessinée à partir des données de D P. Ausubel (1954), J.K. Thomas (1973) et D.H. Eichorn
(1980).
62 Chapitre 3
à 3 centimètres par décade. Autrement dit, les adolescents qui avaient 14 ans en
1970 étaient, selon la moyenne statistique de l’ensemble de la population, de 2 à 3
centimètres plus grands que les adolescents qui avaient 14 ans en 1960. La taille
adulte a aussi augmenté depuis un siècle mais à un degré moindre. Ainsi, en Europe
occidentale de 1880 à 1960, la taille moyenne des adultes a augmenté de 0,6 centimè¬
tre par décade (Tanner, 1972).
La tendance séculaire s’est aussi manifestée quant à l’âge des premières tendance séculaire
menstruations par une atteinte plus précoce de la maturité physiologique. Tanner
(1962) fournit des données provenant de plusieurs pays occidentaux lesquelles indi¬
quent un abaissement de l’âge moyen des premières menstruations de l’ordre de 4
mois par décade depuis 1850. En Norvège par exemple, l’âge moyen était de 17 ans
en 1840 et 13 ans 3 mois en 1960; aux États-Unis, il était de 14 ans en 1900 et 12 ans 8
mois en 1960; en Angleterre, de 13 ans 6 mois qu’il était en 1947, il est passé à 12 ans
7 mois en 1960.
3.2.2.2 La nutrition
Tel que mentionné ci-dessus, la nutrition apparaît comme l’un des facteurs
responsables de l’évolution de la maturation physique humaine au cours des siècles.
Pour chaque individu, l’alimentation apparaît comme le facteur environnemental qui
influence le plus le développement physique. Avant même que l’enfant naisse, la
qualité de l’alimentation maternelle conditionne la croissance foetale. La malnutri¬
tion en cours de grossesse augmente la probabilité de complications neo-natales,
d’un poids déficient à la naissance et de mortalité infantile. L’adolescence, comme la
64 Chapitre 3
FIGURE 3.2: Courbes d’évolution des besoins quotidiens de calories en fonction de l’âge
(garçons et filles)
Source: Figure redessinée à partir de KATCHADOURIAN, (H. The Biology of Adolescence San Francisco:
W.H, Freeman and Co., 1977, p. 81.
à une disproportion entre la quantité de calories absorbée par rapport à celle dépen¬
sée, mais aussi à des adaptations métaboliques dues à la passivité nouvelle (Parisko-
vâ, 1973).
capacité aérobique Sur le plan du métabolisme, la capacité fonctionnelle aérobique est grande¬
ment favorisée par l’exercice physique et ce, à tout âge. La consommation d’oxy¬
gène est plus efficace autant dans des conditions d’effort normal que dans des
conditions d’effort maximal, le rythme cardiaque est ralenti, etc. L’exercice physique
amène un meilleur fonctionnement métabolique du corps. L’augmentation de la
quantité d’information diffusée à ce sujet et la plus grande disponibilité des équipe¬
ments sportifs ont amené la société contemporaine, et peut-être encore davantage
la population adolescente, à accepter la relation «exercice-bonne forme physique».
La popularité accrue des programmes d’exercice physique chez les adolescents
(jogging, vélo, natation, ski de fond, etc.) témoigne de cette attitude nouvelle dont les
bienfaits psychologiques non négligeables s’ajoutent au bien-être physique.
3.2.2.4 La maladie
Selon Eberly (1975), les maladies vénériennes sont les infections les plus
sérieuses à l’adolescence. Le fait que ces maladies ne soient pas déclarées à temps
constitue l’obstacle principal à la prévention de leurs effets. Or, le risque de conta¬
mination augmente en fonction des pratiques sexuelles plus libérales des adoles¬
cents d’aujourd’hui lesquels n’ont toutefois pas acquis la maturité suffisante à l’égard
de la consultation médicale (Newman et coll., 1979).
Imaginez que l’élément physique le plus près de vous, le plus intime, c est-à-
dire votre propre corps, se mette à changer, à se transformer sans que vous puissiez
contrôler la direction, le rythme ou le point d’arrêt de l’évolution. Certes, ce n’est
pas en une nuit que se produit la «métamorphose», mais chacune des nouvelles
transformations survient de façon imprévisible et malheureusement, pas toujours
conforme à l’idéal visé. En effet, bien que nous puissions prévoir objectivement
certaines caractéristiques physiques à partir des observations faites sur les parents,
l’espoir qu’ont les «trop petits» de devenir «grands» persiste jusqu’à l’âge adulte et
même au-delà. Les adolescents n’ont toutefois pas nécessairement le dédain de tous
les changements que subit leur corps, et bon nombre de caractéristiques nouvelles
font l’objet d’une grande fierté, leur venue étant vivement souhaitée. La force muscu¬
laire, la barbe des garçons, ou les seins, la forme des hanches et la taille des filles, en
sont autant d’exemples. Dans la section qui suit, les effets psychologiques et sociaux
du rythme pubertaire et des transformations physiques seront discutés.
Dans une classe de niveau secondaire regroupant des garçons de 14-15 ans
par exemple, l’élève qui a déjà sa voix adulte, de la barbe et un corps presque
achevé, possède une image sociale très différente de celle de son collègue qui a un
visage, une voix et une taille d’enfant. Weatherley (1964), après avoir examiné la
documentation sur ce sujet, mentionne que, pour les garçons, une maturité précoce
comporte des avantages incluant un statut social plus élevé auprès des pairs et des
adultes, un impact hétérosexuel plus grand et d’autres bénéfices comme des succès
athlétiques plus faciles, etc. Par contre, une maturation tardive chez le garçon a
tendance à ternir l’image qu’il a de lui-même face aux autres, à inhiber ses compor¬
tements d’interaction sociale, à susciter des sentiments de rejet et d’impuissance
(Jones, 1957; Weatherley, 1964). À l’école, l’individu qui a l’air jeune pour son âge
entre quand même en concurrence avec des collègues qui ont l’air de «grands
frères» par rapport à lui. Conséquemment, pour tout ce qui implique la popularité
personnelle, les attentes d’efficacité dans les sports, les responsabilités de groupe,
etc., l’apparence enfantine est généralement défavorable pour le garçon.
Chez les filles, l’effet du moment de maturation n’est pas aussi clair. Par
exemple, on a longtemps affirmé qu’une maturation sexuelle tardive avantageait les
filles. Jones (1946) mentionnait que les adolescentes qui ont l’air plus jeunes étaient
jugées plus favorablement par les adultes et par leurs pairs sur des dimensions
comme la sociabilité, le leadership, la jovialité, la tenue et l’expressivité. Le même
auteur mentionnait aussi que les parents des adolescentes précoces étaient plus
craintifs en ce qui a trait aux relations hétérosexuelles de leurs filles. Ainsi, au cours
des années 1949-1950, les signes précoces de maturité sexuelle féminine consti¬
tuaient une sorte de handicap social pour les filles mais un avantage pour les
garçons. La culture occidentale de l’époque se reflétait sans doute dans ce genre
d’attitude.
Des données plus récentes (Hamachek, 1980) indiquent toutefois que ces
attitudes fortement teintées des valeurs culturelles du moment ont évoluées puisque
les adolescentes contemporaines retirent des avantages d’une maturation physique
précoce même si ces derniers ne sont pas aussi apparents que chez les garçons.
C’est sur le plan social que le fait d’avoir l’air d’une femme a d’abord un impact et
rétroactivement, la popularité plus grande et le statut plus adulte que l’entourage
confère à l’adolescente précoce favorisent le développement de sa confiance en
elle-même.
FEMMES
HOMMES
Facteurs reliés aux transformations physiques à l’adolescence 71
Traditionnellement, l’apparence physique était considérée comme une pré¬ apparence physique
occupation plutôt féminine puisque «la beauté» n’avait pas tellement d’importance
pour les hommes. Des données récentes sur ce sujet démontrent que les relations
interpersonnelles des hommes comme celles des femmes sont influencées de façon
significative par l’apparence du visage et du corps (Adams et coll., 1979). Toutes
choses étant égales par ailleurs, les personnes de belle apparence sont mieux
aimées, jugées plus favorablement et considérées comme ayant davantage de pou¬
voir social que les autres (Wilson et Nias, 1976; Snyder, Berscheid et Tanke, 1977;
Hamachek, 1980). Ce phénomène joue pendant la plus grande partie de la vie de
sorte qu’il ne peut être considéré comme le propre de l’adolescence. Mais cette
période a ceci de particulier qu’elle permet la découverte, chez soi et chez autrui, de
l’interdépendance de l’apparence physique, de la popularité, du statut social, etc.
dans les relations interpersonnelles.
Quel est toutefois le pouvoir réel que l’individu possède sur son «apparence
sociale»? Four certains, la nature a bien fait les choses, pour d’autres non. Le type
physique (somatotype) et le rythme de croissance étant déterminés génétiquement,
il reste à chacun l’option de tirer le meilleur parti de son sort. C’est d’ailleurs en
bonne partie au moment de la prise de conscience et de l’acceptation de cet état de
fait que se décide le style social personnel. Les adolescents qui ont une belle appa¬
rence physique vont utiliser cet avantage dans leur développement social, c’est
normal. Trop tabler sur cet aspect risque cependant de nuire à long terme en
négligeant les autres fonctions personnelles à développer. Les adolescents qui pos¬
sèdent un moins bon «équipement corporel» vont tenter de construire leur image à
partir d’autres éléments. Les exemples de réussite sociale de personnes ayant un
physique désagréable sont nombreux, et servent d’ailleurs à maintenir la conviction
que l’individu lui-même possède un pouvoir significatif dans son évolution person¬
nelle.
72 Chapitre 3
AUTO-ÉVALUATION
1. La glande pituitaire postérieure sécrète les six hormones de contrôle des glandes périphériques.
a) Vrai
b) Faux
2. Les six hormones pituitaires contrôlent la sécrétion des glandes périphériques. Chaque hormone pituitaire est reliée à une glande
spécifique. Parmi les associations «hormone-glande» suivantes, identifiez celles qui sont justes.
3. Les hormones pituitaires se véhiculent par le sang vers les glandes périphériques.
a) Vrai
b) Faux
a) Vrai
b) Faux
5. Parmi les dimensions suivantes, identifiez-en deux qui sont davantage susceptibles d’être reliées au bagage génétique.
a) Le poids du corps;
b) la grandeur du corps;
c) l’âge des premières menstruations;
d) les goûts alimentaires;
e) la couleur des yeux.
6. La tendance de la croissance physique au cours des siècles se traduit par l’apparition plus tardive de la maturité physique et par une
augmentation progressive de la taille et du poids de la population.
a) Vrai
b) Faux
7. La tendance de la croissance physique au cours des siècles se manifeste par certaines modifications du pattern de croissance.
Identifiez parmi les facteurs suivants ceux que l’on a décrit comme étant influencés par cette tendance.
8. La carence alimentaire prolongée peut être une cause de ralentissement du rythme de croissance et de retard de la maturation
sexuelle.
a) Vrai
b) Faux
Facteurs reliés aux transformations physiques à l’adolescence 73
9. À quelle période de la vie les besoins alimentaires en calories sont-ils les plus importants?
a) 0 à 2 ans;
b) 8 à 10 ans;
c) 12 à 14 ans;
d) 14 à 18 ans;
e) 10 à 12 ans;
10. L’exercice physique à l’adolescence ne semble pas affecter le rythme de croissance du corps ni modifier de façon importante
sa morphologie.
a) Vrai
b) Faux
11. Identifiez, parmi les éléments suivants, deux des conséquences les plus perceptibles de l’exercice physique à l’adolescence.
a) La grandeur du corps;
b) la composition du corps;
c) le fonctionnement métabolique;
d) la robustesse du squelette;
e) la circonférence du thorax.
12. L’augmentation de la quantité de graisse conséquente à l’arrêt d’un régime d’exercice ne serait pas seulement due à une absorption
trop grande de calories par rapport à la dépense d’énergie, mais aussi à des adaptations métaboliques à la passivité nouvelle.
a) Vrai
b) Faux
13. La résistance aux maladies infectieuses décroît à l’adolescence de sorte que l’enfant est plus vulnérable que l’adolescent sur ce plan.
a) Vrai
b) Faux
14. La diphtérie et la tuberculose sont deux types d’affection qui apparaissent plus fréquemment pendant l’enfance qu’à l’adolescence.
a) Vrai
b) Faux
15. La hauteur et la force du corps seraient plus grandes chez les adolescents de milieux favorisés que chez ceux des milieux défavorisés.
a) Vrai
b) Faux
16. Identifiez parmi les éléments suivants, les effets possibles d’un rythme rapide de maturation chez l’adolescent masculin.
17. Au cours des années 40 et 50, les signes précoces de maturité sexuelle féminine constituaient une sorte de handicap social pour les
filles, mais des données plus récentes indiqueraient que les adolescentes d aujourd hui retirent des avantages d une maturation
physique précoce.
a) Vrai
b) Faux
74 Chapitre 3
18. Le somatotype correspond au type d’apparence générale du corps lorsque la croissance est achevée, c.-à-d. vers 20 ans. Identifiez
parmi les types suivants les trois somatotypes définis par Sheldon (1942).
a) Le type ectomorphe;
b) le type picnico-digestif;
c) le type musculomorphe;
d) le type mésomorphe;
e) le type endomorphe;
f) le type allomorphe.
19. Parmi les qualificatifs suivants, indiquez-en deux qui caractérisent théoriquement l’image projetée par le somatotype ectomorphe.
a) Sensible;
b) audacieux;
c) leader;
d) susceptible;
e) calme;
f) discret;
g) jovial;
h) fragile;
i) bonhomme;
j) efficace.
20. Parmi les qualificatifs suivants, indiquez-en deux qui caractérisent théoriquement l’image projetée par le somatotype mésomorphe.
a) Sensible;
b) audacieux;
c) leader;
d) susceptible;
e) calme;
f) discret;
g) jovial;
h) fragile;
i) bonhomme;
j) efficace.
21. Parmi les qualificatifs suivants, indiquez-en deux qui caractérisent théoriquement l’image projetée par le somatotype endomorphe.
a) Sensible;
b) audacieux;
c) leader;
d) susceptible;
e) calme;
f) discret;
g) jovial;
h) fragile;
i) bonhomme;
j) efficace.
22. Sans qu’il soit possible de nier les attraits potentiels des types endomorphes et ectomorphes, il apparaît que le type mésomorphe soit
celui à qui généralement on attribue la plus belle apparence physique (Cavior et coll., 1973).
a) Vrai
b) Faux
23. Des données récentes démontrent que les relations interpersonnelles des hommes ne sont pas influencées de façon significative par
l’apparence du visage et du corps (Adams et coll., 1979).
a) Vrai
b) Faux
Chapitre 4
Le développement de
l’intelligence à
l’adolescence
AUTO-ÉVALUATION
76 Chapitre 4
«J’ai passé cinq ans de mon enfance dans le quartier sud de la ville. De 2 ans à 7 ans j’ai habité sur la rue Dupont. J’ai encore en
tête l’image de la ruelle et des cours arrières des maisons: très longue, la ruelle rassemblait les entrées d’une multitude de grands terrains,
chacun donnant sur une maison différente, sur un «domaine» où vivaient des gens différents. J'ai mis plusieurs années à maîtriser ce
monde, à oser l’explorer en entier, à l’encontre parfois de certaines défenses de mes parents. J’ai maintenant 17 ans et viens tout juste
d’obtenir mon permis de conduire. L’autre jour, j’avais l’auto du paternel, j’ai décidé de retourner rue Dupont en voiture pour revoir ce
coin.
«Incroyable! En arrivant dans la ruelle en voiture, j’ai eu un choc. J’aurais juré qu’on avait tout rapetissé, tout divisé au moins par
deux. La grande ruelle était devenue minuscule, les cours, des espaces exigus où deux voitures trouvent à peine leur place. Dans ma tête,
l’image de mon enfance et celle que j’ai eue l’autre jour ne peuvent coller l’une à l’autre, même si en fait elles traduisent la même réalité. Je
conserve celle de mon enfance et oublie l’autre...»
Exemple 2
Louis, 16 ans.
«Les idoles de l’enfance»
«J’ai été élevé en campagne, non pas sur une ferme mais dans une maison de rang entourée de fermes. Notre voisin de gauche.
Monsieur Martin a toujours été bien équipé: beau tracteur, bons outils, belle voiture. Lorsque j'étais plus jeune j’ai toujours admiré
Monsieur Martin. Il était fier et ne me parlait pas, mais il m’impressionnait beaucoup. Il avait l’air fort, puissant.
«Notre voisin de droite, Monsieur Tremblay, était à peu près le contraire. Il ne possédait qu’une vieille camionnette et un vieux
tracteur, il avait l’air de prendre la vie comme elle venait sans se presser. Lorsqu’il nous voyait mes amis et moi, il nous parlait volontiers.
Nous l’appelions le «père Tremblay» et il ne nous impressionnait guère. Il était trop facile, trop «ordinaire».
«Depuis quelques années j’ai pu aider l’un et l’autre de nos voisins à l’occasion. Ma vision de chacun a complètement changé. Les
beaux outils de Monsieur Martin ne m’impressionnent plus et j’admire beaucoup plus le contact d’amitié de Monsieur Tremblay. Avec lui
je suis traité comme un homme alors que Monsieur Martin me traite comme un petit jeune, ne me confie pas de travaux importants et ne
me parle presque pas. J’aime mieux travailler deux jours avec le père Tremblay qu’une heure avec Monsieur Martin.»
Exemple 3
Louise, 15 ans.
«Le bal de fin d’année»
«Dans un mois c’est le bal de fin d’année de notre classe. C’est maintenant le temps d’inviter un garçon pour m’accompagner. Rien
qu’à y penser je deviens nerveuse. J’ai le coeur qui accélère. Toutes sortes d’idées me viennent à l’esprit. J’ai peur d’être refusée, je ne
sais pas quelle robe mettre, je me dis que je pourrais me déclarer malade ce jour-là et ne pas avoir à aller au bal. Cette série d’idées me
vient continuellement à l’esprit depuis une semaine, depuis que j’ai décidé d’appeler Robert pour qu’il m’accompagne.
«Je connais Robert depuis au moins dix ans. Nous avons très souvent joué ensemble lorsque nous étions jeunes. Plusieurs fois il
est venu passer quelques jours au chalet, l’été. Lorsque nous allions à l’école élémentaire, il m’invitait à manger chez lui et je faisais la
même chose. Ça ne me dérangeait pas lorsqu’il refusait une invitation ou ne pouvait pas venir, sans rancune, je me trouvais un autre ami,
ou amie.
«Maintenant seulement à l’idée de lui téléphoner j’ai peur. Je ne sais pas ce que je vais faire s’il refuse de m’accompagner. Je sais
que je pourrai avoir Paul, le frère de mon amie Lucie. Mais il est plus jeune et je crois que je préférerais ne pas aller à la soirée plutôt que
d’y aller avec lui. Je ne sais pas quoi dire à Robert pour ne pas qu’il refuse. C’est très compliqué...».
Le développement de l’intelligence à l’adolescence 77
Or, si les outils de base de cette activité mentale sont modifiés, transformés
pour devenir plus puissants, toute l’expérience de vie en est affectée. C’est ce qui se
produit à l’adolescence, moment où la capacité d’établir des relations mentales
devient plus grande. L’adolescent peut comprendre des situations plus complexes
que l’enfant parce qu’il peut considérer plusieurs facteurs à la fois. 11 peut élaborer
des projets dans sa tête sans être lié au concret, il peut effectuer des analyses et des
déductions impossibles à l’enfant, ce qui lui permet de comprendre et de critiquer les
positions des adultes.
Jean Pioget Jean Piaget fut d’abord biologiste. Sa formation dans cette discipline influen¬
ça l’ensemble de son oeuvre sur le développement et le fonctionnement de l’intelli¬
gence humaine. Né en 1896, Piaget obtint un doctorat en 1918 de l’Université de
Neufchâtel et sa thèse traitait des mollusques1. Intéressé par l’adaptation biologique,
Piaget s’arrêta sur le développement de l’intelligence chez l’enfant afin d’apprendre
comment évolue la capacité d’adaptation au milieu. Pour Piaget, l’intelligence hu¬
maine est une forme d’adaptation qui est un prolongement des mécanismes adapta¬
tifs biologiques (Piaget, 1963). «Dire que l’intelligence est un cas particulier de In¬
adaptation biologique daptation biologique, c’est donc supposer quelle est essentiellement une organisa¬
Un bon nombre d’ouvrages ont été publiés afin de présenter une vue d’en¬
semble de cette théorie et nous invitons le lecteur désireux de l’approfondir davan¬
tage à s’y référer (Dolle, 1974; Ginsberg et Opper, 1979; Flavell, 1963; Piaget, 1970).
(2) On peut aussi parler de ces mécanismes dans la fonction interne du développement, c.-à-d. dans l’organisa¬
tion. L’assimilation correspondrait alors à l’intégration par un schème «A» d’un autre schème «B», tandis
que l’accommodation correspondrait à l’inverse, soit la transformation du schème «A» au profit du schème
« B ».
80 Chapitre 4
TABLEAU 4.1: L’adaptation définie en fonction des mécanismes d’assimilation et d’accommodation selon Piaget (1963)
ADAPTATION
L'adaptation est l’équilibre entre l'assimilation et l'accommodation. Elle est le résultat de l'assimilation d’éléments en fonction des
structures préexistantes dans l’organisme, et de l’accommodation des structures aux éléments et aux situations nouvelles. Théorique¬
ment, la recherche d’équilibre, c.-à-d. l’équilibration, est constante pendant le développement et ne s’achève que lorsqu’un système stable
d’adaptation est constitué. L’adaptation combine donc les transformations que l’organisme imprime sur son milieu (assimilation) et celles
qu’il subit lorsqu’il incorpore le nouveau (accommodation). C’est l’équilibre entre ces deux pôles qui constitue l’adaptation.
ASSIMILATION ACCOMMODATION
L’assimilation est le mécanisme par lequel l’organisme incorpore L'accommodation est le mécanisme par lequel l’organisme modifie
les éléments extérieurs en fonction de ses structures propres. ses structures afin de s’adapter à une réalité ou à une expérience
nouvelle
L’ensemble des conduites humaines comporte une certaine dose d’assimilation et d’accommodation, depuis le plan biologique jusqu’aux
activités mentales complexes. En voici quelques exemples:
Exemple 1: La digestion. Lorsqu’une personne se nourrit, les éléments incorporés sont digérés, c’est-à-dire assimilés au corps, à ses
structures. Cette incorporation se fait toutefois de façon différente selon le type d’aliment. Le fonctionnement digestif
s’accommode ou se plie aux caractéristiques des aliments de sorte que la transformation pourra être de deux à trois fois plus
longue pour certaines viandes crues que pour certains potages légers.
Exemple 2: Le manche de hache. Au début du siècle, les bûcherons se sculptaient parfois de nouveaux manches de hache en début de
saison de coupe. Une certaine période d’adaptation à l’outil pouvait alors être observée où la main de l’homme (c’est-à-dire
la structure de l’organisme) assimilait l’outil par frottement et en usait des parties de façon distinctive. La main s’accom¬
modait par ailleurs à la carrure du manche en développant des ampoules puis de la corne à certains endroits spécifiques
selon le frottement. La main et la hache s’adaptaient l’une à l’autre.
Exemple 3: La résolution du problème. La solution à un problème posé suppose au préalable que ses données soient assimilées,
c’est-à-dire intégrées aux structures mentales lesquelles, à leur tour, doivent s’accommoder aux caractéristiques spécifi¬
ques des données du problème. La solution au problème, c’est-à-dire l’adaptation, est le résultat de la rencontre entre les
opérations mentales dont le sujet est capable (pôle d’assimilation) et l’application appropriée de ces structures au contexte
du problème (pôle d’accommodation).
Source: Ce tableau a été élaboré à partir des données de: PIAGET, J. La Naissance de l’intelligence. 4e éd. Neufchâtel: Delachaux et Niestlé,
1963.
Le développement de l’intelligence à l’adolescence 81
entre son milieu physique et son milieu social. C’est pour cela que la théorie de
Piaget est dite interactionniste et constructiviste. L’auteur propose quatre facteurs
responsables du développement cognitif: a) la maturation physique; b) l’interaction
avec l’environnement physique; c) l’influence du milieu social; et d) l’équilibration. équilibration
Ce dernier facteur, plus particulier à la théorie de Piaget, correspond à une tendance
innée de l’organisme à rechercher un équilibre adaptatif, à intégrer les données du
milieu à ses structures et à ajuster ces dernières aux impératifs de l’environnement.
Par l’équilibration, le sujet améliore l’organisation de ses conduites lui permettant
ainsi des adaptations mieux réussies.
Exemple d’excès d’accommodation: C’est le cas de l’adolescent qui n’a que peu
d’amis et qui, en groupe, veut tellement établir de bonnes relations avec tous
qu’il approuve à peu près tout au risque de se contredire fréquemment. C’est
alors l’excès d’accommodation. Il néglige sa personne en se pliant abusive¬
ment aux courants d’opinions extérieurs.
TABLEAU 4.2: Sommaire des caractéristiques cognitives à chaque période du développement selon Piaget
Au cours des deux premières années de sa vie, l’enfant Entre deux ans et cinq ans, c’est la fonction symbolique qui
pense par le biais de son action. D’abord limité à une activité marque l’évolution cognitive. L’intelligence de perception et d’ac¬
essentiellement réflexe, à la naissance, l’enfant prolonge graduel¬ tion de la période précédente fait place à une intelligence d’images
lement son interaction avec le monde qui l’entoure. Les réflexes lui utilisant éventuellement des symboles pour représenter le monde.
servent de base pour les comportements nouveaux. Ses premières Les personnes ou les choses n’ont plus à être présentes physi¬
explorations lui permettent de découvrir son propre corps. En¬ quement pour être objets de réflexion puisque leur image est main¬
suite, l’enfant établit des relations entre ses actions et les objets tenant disponible à l’enfant, même en leur absence.
extérieurs, puis, entre les objets extérieurs. Les perceptions de
l’environnement et les actions sont au départ indépendantes mais La fonction symbolique permet le développement du lan¬
vont bientôt se relier, se coordonner pour donner lieu à de nou¬ gage, c’est-à-dire l’ouverture à un système symbolique conven¬
veaux potentiels. La coordination de la vision et de la préhension tionnel permettant de communiquer. Au cours de cette période du
en constitue un exemple. développement, la communication demeure toutefois très proche
du point de vue de l’enfant qui ne peut pas encore se mettre à la
Fondé sur une intelligence d’action, le monde sensori- place de son interlocuteur. Sa communication et sa pensée de¬
moteur est limité au présent, à P«ici et maintenant». Ce qui est meurent centrées sur son point de vue propre; elles sont dites
arrivé plus tôt et ce qui viendra plus tard ne peuvent être intégrés «égocentriques». La pensée symbolique peut se transformer au gré
dans le raisonnement puisque ce dernier ne dispose pas de sup¬ des désirs de l’enfant. Le jeu symbolique constitue d’ailleurs une
port symbolique pour représenter ce qui n’est pas immédiatement activité mentale importante à cette période. L’association entre
perceptible. La pensée sensorimotrice est aussi «privée» et non objet réel et image mentale de l’objet reste alors discrète et ne se
communicable puisqu’il n’existe pas de langage différencié pour en généralise pas en concepts. Piaget parle de préconcepts parce
faire état. Graduellement, le monde extérieur (physique et social) qu’ils demeurent liés à l’expérience privée de l’enfant sans pouvoir
sera intériorisé. Les objets seront «représentés», c’est-à-dire s’en dégager pour se généraliser en concepts.
qu’une image pourra les évoquer même en leur absence. Ainsi,
vers 2 ans les objets possèdent une permanence pour l’enfant: ils La pensée intuitive qui apparaît vers 5 ans permet un cer¬
peuvent demeurer présents à son esprit même en leur absence; tain dépassement de l’image unique pour englober des ensembles
c’est la «permanence de l’objet». Petit à petit, l’enfant dépassera plus larges (on parle alors de configuration d’objets). Elle demeure
l’observation du monde et son exploration de plus en plus systé¬ cependant incapable de réversibilité. L’enfant à ce stade est encore
matique lui permettra de découvrir de nouvelles relations causales, incapable d agir mentalement. Il ne peut combiner plusieurs as¬
d’inventer des moyens nouveaux pour atteindre des buts. pects d’une même réalité (il ne pourra pas combiner la hauteur et
la largeur d’un contenant pour évaluer la quantité de son contenu;
La période sensorimotrice est donc marquée par le déve¬ il sera «centré» sur une seule de ces dimensions dans son évalua¬
loppement des fonctions sensorielles et motrices et par le passage tion). L’enfant est aussi centré sur son propre point de vue, inca¬
d’une activité dominée par les réflexes (à la naissance) à un monde pable d’adopter une autre perspective que la sienne dans l’espace.
représenté par des images mentales vers deux ans. Progressivement, les centrations seront dépassées et l’enfant
pourra considérer, non pas simultanément, mais séquentiellement
plus d une dimension. On parlera alors de régulation d’un aspect à
l’autre, étape préliminaire à l’acquisition de la réversibilité.
Vers l’âge de 7 ans une évolution très importante se produit La pensée formelle permet l’établissement de relations en¬
sur le plan de l’activité mentale. Il s’agit de l’avènement de l’ope'ra- tre le réel et le possible. Vers douze ans, la pensée hypothético-
tion mentale, ou de la capacité d’agir par la pensée. Le système déductive émerge et habilite progressivement l’adolescent à géné^
symbolique développé au cours de la période précédente est main¬ rer ses hypothèses devant une situation et à tester systémati¬
tenant utilisé pour effectuer sur les objets des transformations en quement leur véracité pour finalement en tirer les conclusions
pensée. Ces opérations peuvent se faire et se défaire mentalement, appropriées. Le raisonnement formel permet d’opérer sur plus de
Le développement de l’intelligence à l’adolescence 83
elles sont donc réversibles. Cette réversibilité permet à l’enfant de deux catégories de variables à la fois. L’adolescent pourra par
sortir ds l’apparence immédiate des choses et de retourner en exemple résoudre un problème concernant la durée d’un vol d’a¬
arrière dans le temps. Si par exemple, une boulette de plasticine vion, compte tenu de la distance, des conditions atmosphériques
est aplatie en galette, l’enfant pourra dépasser l’apparence de cette qui influencent sa vitesse et de la durée d’une série d’escales aux
nouvelle forme et retourner mentalement à la boulette initiale pour endroits prévus. La capacité de raisonner sur des propositions
établir l’équivalence de la quantité de plasticine sous les deux abstraites libère l’intelligence du réel et la rend indépendante du
formes (c’est la conservation de la substance par réversibilité). Au contenu sur lequel porte la question. L’avion peut ainsi être rem¬
cours de cette période, les notions de conservation du nombre, du placé par le symbole «X» sans que la question en soit modifiée. Le
poids, du volume seront progressivement acquises en même contrôle des actions concrètes à partir des actions abstraites per¬
temps que les structures logiques relatives à la classification, à la met d’envisager tous les cas possibles dans une situation. En exa¬
sériation etc. minant l’ensemble des actions virtuelles avant d’exécuter les ac¬
tions réelles, l’adolescent peut fonctionner selon un plan d’ensem¬
À partir de sept ans, l’enfant commence à pouvoir passer ble organisé, et non pas de proche en proche, d’une opération
du spécifique au plus général. Il pourra organiser des objets en concrète à une autre.
classes et en sous-classes. Par exemple, si on lui montre un jeu de
ferme miniature, il pourra diviser les éléments selon les classes Le «plateau développemental» souvent manifeste vers 14-15
«hommes», «animaux», «objets inanimés». Dans la classe «ani¬ ans ne marque pas à ce stade la fin de la progression puisque la
maux» il pourra créer des sous-classes «vaches», «cochons», etc. pensée formelle peut évoluer pendant l’âge adulte. Chez la plupart
et distinguer la double appartenance possible d’une vache à la des adolescents, elle ne se présente pas de façon achevée. Dans
sous-classe des «vaches» et à la classe des «animaux». Devant une plusieurs pays différents, des groupes de chercheurs ont repris des
série de bâtonnets de différentes longueurs, l’enfant de ce stade expériences de Jean Piaget et ont démontré que spontanément la
arrivera à les ordonner du plus petit au plus grand. majorité des adolescents ne possèdent qu’une maîtrise partielle du
raisonnement formel (Dale, 1970; Dulit, 1972; Tomlinson-Keasy,
Plus mobile, l’intelligence concrète n’en demeure pas moins 1972; Martorano, 1977; Lagacé, 1981).
reliée à la représentation physique des objets sur lesquels portent
les opérations. La pensée concrète est limitée aux opérations sur L’adolescence s’accompagne donc d’une réorganisation de
le réel, et ce n’est qu’à la période suivante que les opérations l’appareil conceptuel. L’innovation principale de ce changement
pourront porter sur des propositions abstraites ou sur des hypo¬ réside dans la capacité de passer du réel au possible, c’est-à-dire de
thèses. Alors, l’adolescent ne sera plus limité à réfléchir sur des sortir du concret pour accéder à l’abstrait, à l’hypothèse, à la
choses mais pourra songer à des idées, opérer sur des concepts, déduction. Formuler des hypothèses, planifier des activités fu¬
etc. tures, déduire des conclusions à partir de l’examen de certaines
données, estimer des chances de succès ou d’échec, etc. sont
autant d’opérations dorénavant accessibles à la pensée de l’ado¬
lescent.
La pensée opératoire formelle est donc une des acquisitions les plus impor- pensée opératoire
tantes de l’adolescence. Elle permet d’accéder à un monde mental nouveau, à de formelle
nouvelles stratégies de résolution des problèmes. La section qui suit propose une
brève étude des caractéristiques de la pensée formelle par le biais d’exemples de
problèmes spécifiques.
La section suivante propose quelques problèmes dont la solution exige l’application d’une ou de plusieurs aptitudes de la pensée
formelle.
Dans une manufacture de montres, on a reçu plusieurs plaintes à l’effet que certaines montres étaient défectueuses. Le directeur
de l’usine fait alors conduire une enquête par un technicien. Après certaines recherches, le technicien informe le directeur: «J’ai constaté
que toutes les montres fabriquées en septembre sont défectueuses.»
84 Chapitre 4
Le directeur fait alors apporter une série de montres pour les examiner personnellement.
a) Devant une montre fabriquée en juillet, le directeur dit: «Elle ne peut pas être défectueuse puisqu’elle n’a pas été fabriquée en
septembre.»
b) Examinant une deuxième montre, le directeur constate qu’elle retarde. Il dit: «Cette montre est défectueuse, donc elle a été
fabriquée en septembre».
c) Enfin, une troisième montre examinée fonctionne parfaitement. Le directeur dit alors: «Cette montre fonctionne très bien. Elle
n’a donc pu être fabriquée en septembre».
Dans ce problème, l’implication qu’il importe de bien saisir est que si une montre a été fabriquée en septembre, alors elle est
défectueuse. Toutefois, si une montre n’a pas été faite en septembre, elle pourra être soit défectueuse, soit non défectueuse.
Seule la troisième conclusion du directeur (c) est appropriée, les deux autres sont erronées. La première conclusion erronée (a)
suppose la transformation de «toutes les montres fabriquées en septembre sont défectueuses» à «toutes les montres défectueuses ont été
faites en septembre». Cette confusion, plus fréquente chez les sujets préformels, amène à tort la conclusion «qu’une montre qui n’a pas
été faite en septembre ne peut pas être défectueuse».
Un pendule est composé d’un objet suspendu au bout d’un fil. L’objet est mobile par rapport à un point fixe de suspension.
Qu’est-ce qui détermine le rythme d’oscillation du pendule?
On sait que le poids, la forme, la composition, etc. de l’objet suspendu peuvent varier. On sait aussi que la longueur du fil peut
varier ainsi que la hauteur du départ de l’objet lui-même, etc.
Ici, le propre de l’approche formelle serait de poser des hypothèses et de vérifier systématiquement leur valeur. Pour arriver à ne
pas oublier une seule possibilité, un plan d’expérience est élaboré avant l’action concrète de vérification.
Pour simplifier ici, nous ne considérons que les variables «longueur du fil» et «poids de l’objet». Voici comment pourrait se
présenter le plan d’expérience:
Après avoir soumis ces hypothèses à l’expérimentation, vous obtenez les résultats suivants:
C’est la longueur du fil qui détermine le rythme d’oscillation du pendule. Le poids n’influence pas le rythme.
Le développement de l’intelligence à l’adolescence 85
Ainsi, dans cette démarche à caractère formel, un plan d’expérience systématique a été élaboré à partir de la formulation préalable
d'hypothèses, une expérience, a été entreprise selon le plan de départ et les résultats ont permis la déduction d’une conclusion. Le sujet
préformel typique entreprend immédiatement des essais concrets, sans organisation d’ensemble, de sorte qu’il peut très bien oublier des
possibilités et répéter le même essai sans s’en rendre compte. Le raisonnement formel organise l’action de façon hypothético-déductive
tandis que le raisonnement concret fonctionne de proche en proche, d’une situation concrète à l’autre.
On vous donne deux piles de petits cartons sur lesquels sont inscrits des chiffres. Des «1» sont imprimés sur les cartons de la
première pile et des «2» sur les cartons de la deuxième pile.
Combien de nombres différents de deux chiffres pouvez-vous faire avec ces «1» et ces «2»?-
Si maintenant vous disposez de trois piles: des «1», des «2» et des «3». Combien de nombres différents de deux chiffres
pouvez-vous faire?
Pour arriver à résoudre ces problèmes, il faut procéder systématiquement, surtout lorsque le nombre de possibilités augmente.
Une méthode consiste à fixer un chiffre et à faire varier les autres:
Total: 16 nombres 4 1
de 2 chiffres avec 4 2
des «1», des «2», 4 3
des «3» et des «4» 4 4
Cette approche que l’on pourrait appeler «fixation-variation» combine deux opérations systématiques: fixer un chiffre et faire
varier l’autre. En effet, il s’agit d’effectuer une opération sur une opération, ou une opération du second degré typique du degré formel de
raisonnement.
Maintenant, une fois apparue la progression de 4 nombres à 9 nombres à 16 nombres lorsque l’on passe de 2 à 3 à 4 chiffres
disponibles, le raisonnement formel permet de dépasser la vérification concrète et de dégager une loi de cette situation.
Si 2 chiffres donnent 4 nombres à deux chiffres, que 3 chiffres donnent 9 nombres à deux chiffres et que 4 chiffres donnent 16
nombres à deux chiffres, on peut donc déduire que le résultat correspond au carré des chiffres disponibles. Ainsi, avec 5 chiffres
disponibles j’obtiendrai 25 nombres différents, avec 6, 36; avec 9, 81. Combien de nombres différents à 3 chiffres peut-on faire avec des
«1» et des «2»? Réponse 23. Combien de nombres différents à 9 chiffres peut-on faire avec des «1», des «2», des «3», des «4» et des «5»?
Réponse 59.
86 Chapitre 4
Le raisonnement formel permet de dégager des principes de l’observation du réel, de dépasser la situation concrète et de tirer des
lois généralisables, c’est-à-dire s’appliquant à tous les cas possibles. Imaginez le temps qu’il faudrait pour construire réellement tous les
nombres à 9 chiffres que l’on peut faire avec des «1», des «2», des «3», des «4» et des «5» comme le demande la dernière question... Or,
avec la maîtrise de l’algorithme en jeu, la solution exacte est atteinte en quelques secondes. Voilà un bel exemple de dépassement du
concret par l’abstrait.
a) Partage
Voici deux groupes d’individus: «A» et «B». Chacun a un certain nombre de tartes à manger. Dans quel groupe chaque bonhomme
aura-t-il la plus grande quantité de tarte à manger? Où est-ce que tous les sujets auront la même quantité à manger? Inscrivez une croix
dans la case de votre choix.
°^)X) QQ QO
Mi
□
plus
□égal
□
plus
à manger ici à manger ici
b) Hasard
Imaginez que, les yeux fermés, vous avez à piger une bille dans l’une des boîtes ci-dessous. Y a-t-il un côté où vous auriez plus de
chances de choisir au hasard une bille noire, ou est-ce la même chose dans les deux boîtes?
□ □ □
plus chances égalés plus
de chances ici de chances ici
Le développement de l’intelligence à l’adolescence 87
c) Concentration3
Sur les plateaux «A» et «B» on a déposé un certain nombre de verres remplis d’eau (verres blancs) et d’autres de jus d’orange
(verres foncés). Si l’on vidait tous les verres du plateau «A» dans un pot, et tous les verres du plateau «B» dans un autre pot, est-ce qu’un
mélange goûterait plus l’orange ou est-ce que les deux mélanges auraient le même goût?
□
goût plus fort ici
□
même goût
□
goût plus fort ici
Deux peintres ont commencé leur travail en même temps sur deux surfaces différentes à peindre. La partie foncée de la surface
représente ce qui est peint, et la partie blanche ce qui reste à peindre. Si chacun continue au même rythme, est-ce que l’un d’eux finira
avant ou si les deux finiront en même temps?
«A» finira le premier ils finiront en même temps «B» finira le premier
e) Course d’obstacles
Deux coureurs sont partis en même temps chacun sur sa piste d’obstacles. S’ils continuent de courir au même rythme, y aura-t-il
un gagnant ou est-ce que les deux coureurs finiront en même temps? Cochez la case de votre choix.
i i m*i \ LU I 1 i
(3) Exemple tiré de NOELTING, G. «The development of proportional reasoning and the ratio concept.» Educational Studies in Mathematics.
1980, vol. 11, p. 217-253.
88 Chapitre 4
Les cinq petits problèmes qui précèdent sont posés dans des contextes
concrets différents. Sur le plan logique toutefois ils mettent tous en jeu le même
proportions concept: les proportions. On peut en effet remarquer que chaque problème met en
jeu la comparaison de 3/5 avec 4/7, la bonne réponse est «A» dans les cinq situa¬
tions. Le raisonnement formel possède cette autre caractéristique d’être indépen¬
dant du contenu sur lequel il porte. Ainsi, qu’il s’agisse de billes, de tartes ou de
coureurs, la même stratégie d’évaluation des proportions ou des rapports en jeu
peut s appliquer aux cinq problèmes précédents. La même solution se retrouve
d’ailleurs à chacun.
Les sujets de degré préformel sont plus dépendants du matériel concret dans
leur raisonnement et verront difficilement la similitude d’un problème à l’autre, ils
changeront de stratégie selon le contexte matériel.
Le terme identité concerne une opération initiale donnée, par exemple mettre
un poids sur un des deux plateaux d’une balance (voir la figure 4.1). La né-
Le développement de l’intelligence à l’adolescence 89
FIGURE 4.1: Illustration des opérations du groupe INRC par l’exemple de la balance
Plateau A Plateau B
inhérents à une situation donnée. Ce système dont l’explication verbale est relati¬
vement complexe illustre un ensemble de combinaisons accessibles potentiellement
à l’adolescent. Si le sujet arrive à effectuer ces opérations, il n’est pas conscient de
leur structure telle que décrite ici. Seize opérations sont obtenues avec deux signes
(logique bivalente), 256 avec trois (logique trivalente) et 4096 avec quatre (logique
quadrivalente), etc. Le tableau 4.3 fournit la liste des seize opérations de la combina¬
toire construite à partir des événements âge (jeune, vieux) et sexe (homme, femme).
L’enfant, au stade des opérations concrètes (de 7 à 11 ans), arrivait à construire
certaines combinaisons d’événements. Ainsi, à partir des facteurs «jeune», «vieux»,
«homme» et «femme», il lui était possible de produire les quatre possibilités sui¬
vantes: 1) femme jeune; 2) femme vieille; 3) homme jeune; et 4) homme vieux. C est
par sa capacité de dépasser ces premières opérations par des combinaisons nou¬
velles que se distingue le sujet formel du sujet concret. C’est en cela que le raison¬
nement formel implique les opérations du second degré, c est-à-dire des opérations
sur des opérations déjà constituées.
* Une épidémie survient dans un petit village. Afin de contrer ses effets, une campagne de désinfection
générale est organisée. Le maire forme de petites équipes de travailleurs en tenant compte de leur âge
et de leur sexe pour équilibrer les forces. Il envisage d’abord toutes les possibilités et obtient les
combinaisons suivantes:
TABLEAU 4.4: Résumé des principales caractéristiques du raisonnement formel selon Piaget
Le raisonnement formel implique la capaci¬ Il s’agit là de la plus importante propriété Une équipe de hockey connaît des difficul¬
té de passer du réel au possible générale de la pensée formelle puisque tés sur le plan offensif. Elle n’arrive pas à
toutes les autres en découlent. C’est la ca¬ compter des buts. Les quatre trios offensifs
pacité d’envisager toutes les possibilités de l’équipe fonctionnent mal. À titre d’en¬
qu’une situation peut permettre en combi¬ traîneur vous avez à réorganiser l’offensive.
nant mentalement les différentes relations Votre capacité de considérer chaque
possibles. joueur offensif, avec ses qualités, ses dé¬
fauts, en relation avec les autres joueurs,
c.-à-d. de dépasser la situation réelle ac¬
tuelle pour envisager ce qui serait possible,
illustre cette caractéristique générale de la
pensée formelle.
La pensée formelle est une pensée proposi¬ Le raisonnement formel n’est plus limité à Dans l’exemple de l’équipe de hockey dé¬
tionnelle des contenus concrets ou perceptibles crite ci-dessus, la possibilité de l’entraîneur
sensoriellement mais peut porter sur de de mettre en relation les qualités de jeu de
l’abstrait, sur des propositions, des idées, chaque joueur et de trouver l’effet combiné
sur des données abstraites et effectuer sur de chaque nouveau trio sans même que les
elles des transformations. Le raisonnement joueurs soient présents, illustre cette capa¬
formel est indépendant du contenu. Les cité de raisonner sur des propositions.
opérations peuvent donc s’effectuer sur
des chiffres, des symboles nouveaux, des
énoncés verbaux, des villes ou des voi¬
tures, sans être affectées.
La pensée formelle est hypothético- L’adolescent placé devant une situation Si tel joueur est placé avec tel autre, le troi¬
déductive peut générer des hypothèses en les testant sième du trio sera dans telle situation à l’of¬
systématiquement et en tirer des conclu¬ fensive...
sions.
La pensée formelle permet une analyse Placé devant une situation où plusieurs fac-
L’analyse combinatoire permettra à l’en¬
combinatoire des situations teurs sont en jeu, l’adolescent pourra poser
traîneur de l’équipe de hockey de ne pas
des hypothèses sur toutes les combinai¬ oublier de joueur, d’envisager toutes les
sons d’événements possibles, sans en ou¬ combinaisons possibles.
blier. Ainsi, la combinatoire de toutes les
possibilités peut s’établir.
Source: PIAGET, J.et INHELDER, B. De la logique de l'enfant à la logique de l’adolescent. Paris: P.U.F., 1955
Le développement de l’intelligence à l’adolescence 93
AUTO-ÉVALUATION
a) Accélération;
b) conservation;
c) logique de l’inclusion de classe;
d) conservation du poids;
e) proportion.
2. L’adolescent peut réfléchir sur des concepts, penser à des pensées. Ce phénomène est nouveau pour lui
a) Vrai
b) Faux
3. Identifiez parmi les suivantes trois facettes du vécu personnel touchées par le développement cognitif à l’adolescence.
a) L’image de soi;
b) la vie affective;
c) la personnalité sociale;
d) la croissance physique;
e) la réussite scolaire;
f) la vie économique;
g) la pensée logique.
a) Vrai
b) Faux
6. Donnez un exemple d’adaptation en identifiant les dimensions assimilation et accommodation que l’on y trouve
7. Désignez parmi les énoncés suivants la meilleure définition de Y assimilation dans la théorie de Piaget.
a) Vrai
b) Faux
Le développement de l’intelligence à l’adolescence 95
9. Désignez, parmi les énoncés suivants, la meilleure définition de l'accommodation dans la théorie de Piaget.
10. L’adaptation, fonction externe du cycle développemental, est l’équilibre que 1 organisme établit entre lui-même et son milieu.
a) Vrai
b) Faux
11. L’adaptation et l’organisation ne sont pas complémentaires puisqu’une meilleure organisation permet une meilleure adaptation.
a) Vrai
b) Faux
12. Parmi les facteurs suivants, identifiez-en deux que Piaget rend responsables du développement cognitif.
a) La maturation physique;
b) l’équilibration;
c) les relations familiales;
d) l’équilibre écologique;
e) l’exercice physique;
f) l’interaction avec l’environnement physique.
13. Donnez un exemple de problème où un sujet «concret» et un sujet «formel» se distingueraient 1 un de 1 autre par leur approche.
Décrivez la différence entre les deux.
14. Piaget a proposé quatre grandes périodes de développement. Ordonnez la séquence du développement normal selon ces quatre
périodes en vous servant des propositions suivantes.
a) Intelligence psychomotrice;
b) intelligence symbolique et intuitive;
c) intelligence sensorimotrice;
d) intelligence formelle;
e) intelligence opératoire pratique;
f) intelligence opératoire concrète.
15. Pour Piaget, l’intelligence peut progresser plus ou moins vite selon les individus, les milieux et les domaines d’opérations mentales,
mais elle ne peut évoluer que selon une série unique d’étapes définissant des stades.
a) Vrai
b) Faux
16. À partir d’un exemple spécifique, illustrez comment le raisonnement formel permet de dégager des principes de l’observation du réel
et de dépasser le concret pour tirer des lois généralisables. (Voir le problème numéro 3: «arrangements de chiffres» p. 85.)
17. Les sujets de stade préformel (concret par exemple) ne sont pas plus dépendant du matériel concret que les sujets formels, mais ils
changent de stratégie d’un problème à l’autre.
a) Vrai
b) Faux
96 Chapitre 4
18. Parmi les propositions suivantes, identifiez quatre caractéristiques de la pensée formelle.
a) Concrète;
b) intuitive;
c) hypothético-déductive;
d) propositionnelle;
e) abstraite;
f) combinable;
g) combinatoire;
h) égocentrique;
i) dépassement du réel vers le possible.
19. Donnez un exemple pratique d’un système d’opérations où l’on peut retrouver un groupe INRC.
20' SSL'Tr? dp3r°T INRC iden,i,fc N ■ né9a,i°n; R ■ <*"«»* C - corrélative) établi, une relation entre une
operation et une autre. Parmi les propositions suivantes identifiez-en deux qui ne sont pas vraies.
AUTO-ÉVALUATION
98 Chapitre 5
5.1.1 La psychométrie
rentes dont chacune représente théoriquement une habileté mentale spécifique met¬
tant en jeu un type d’opération sur un contenu donné et résultant en un produit. Par
exemple, la compréhension des mots «menhir», «bielle», «douve», comme l’exigent
certains tests de vocabulaire implique l’opération de cognition effectuée sur un
contenu sémantique et produisant une unité (définition). Ou encore, si l’on vous
demande de décrire l’apparence qu’aura, une fois dépliée, une feuille de papier pliée
dont on aura coupé un coin, on exigera de vous une opération de cognition effectuée
sur un contenu figuratif donnant lieu à la production d’une transformation. Enfin, si
l’on vous demande de retrouver tous les 0 et les 9 dans une page pleine de chiffres,
on vous demandera alors d’effectuer des opérations d’évaluations (identifications)
sur des contenus symboliques pour produire des unités. En pratique cependant, une
bonne part des cellules de Guilford restent à identifier au moyen de données empiri¬
ques obtenues chez des sujets humains.
Du point de vue psychogénétique aucune aptitude n’a été identifiée par les
psychométriciens comme surgissant spécifiquement à l’adolescence. Une augmen¬
tation plus marquée du développement de certaines habiletés a cependant été ob¬
servée, notamment: a) la capacité de mémoriser des contenus; b) l’aptitude à re¬
chercher l’information pertinente aux problèmes; c) l’habileté à élaborer des
concepts utiles à englober la réalité; d) la capacité de se représenter mentalement
l’espace physique et d’opérer des transformations sur ces représentations et, e) la
capacité générale de résoudre des problèmes (Newman et Newman, 1979). Notons
cependant l’étroite correspondance entre ces aptitudes accrues documentées par
les mesures de l’intelligence et les caractéristiques de la pensée formelle décrites
plus haut; ces progrès du rendement intellectuel observés en psychométrie sont
prédictibles à partir des caractéristiques de la pensée hypothético-déductive.
tuels (QI). D’autre part, il existe aussi une relation plus grande entre le QI de l’enfant
et celui de sa mère biologique qu’avec celui de sa mère adoptive.
ÉVALUATIONS.
OPÉRATIONS PRODUCTIONS CONVERGENTES.
DE L’INTELLIGENCE PRODUCTIONS DIVERGENTES •<
MÉMOIRE
COGNITION
UNITÉS
CLASSES
PRODUITS
RELATIONS
DE L’INTELLIGENCE
SYSTÈMES
TRANSFORMATIONS
IMPLICATIONS •...
FIGURATIFS
CONTENUS SYMBOLIQUES
DE L’INTELLIGENCE SÉMANTIQUES
COMPORTEMENTAUX
Source: GUILFORD, J.P. The Nature ot Human Intelligence. New York: McGraw-Hill, 1967. Traduction libre de
l'auteur; reproduction avec autorisation.
Activité mentale et différences individuelles 101
FIGURE 5.2: Courbe normale (dite de «Gauss») illustrant la répartition théorique du quotient
intellectuel (QI) dans la population*
Pourcentage de la population
se situant normalement dans cette
* Dans cette figure, ia moyenne du QI est 100 et l’écart type est 16. Le total des pourcentages n’atteint pas 100 parce
qu’il y a une petite fraction de la population dont le QI est supérieur à 148 et une autre dont le QI est inférieur à 52.
À partir de ces constatations, on en est venu à percevoir les tests comme des tests
instrumens de prédiction. En effet, si les tests reflètent la réussite dans certains
secteurs d’activités, ils peuvent établir les chances de succès des individus dans
différents domaines. C’est ce raisonnement qui a fait des tests psychométriques des
instruments privilégiés en orientation scolaire et professionnelle, en sélection de
personnel, etc.
«// est curieux que nous utilisions les tests d’intelligence principalement pour
prédire la capacité à apprendre et qu’aucun de nos tests n’implique quel-
qu’apprentissage que ce soit; ils nous fournissent plutôt un aperçu de ce qui a
déjà été appris par le sujet1».
Feuerstein ( 1979) a mis au point une série d’exercices servant de matériel d’apprentissage en vue d’évaluer
dynamiquement des sujets. L’objectif est alors de voir ce que le sujet peut acquérir plutôt que ce qu’il a déjà
acquis dans le passé. Voici des exemples d’exercices impliquant du matériel figuratif tirés de Feuerstein
(1979).
(1) VERNON, P.E. Intelligence and Cultural Environment. Londres: Methuen, 1969, p. 106.
Activité mentale et différences individuelles 103
O n
A
12 3 12 3
A 3
0 H 0 5
■A. A’ A 0 0 00 a
Voici un trapèze. Il y a quatre côtés. Dans Dans le carré de gauche en haut, on voit
chaque coin, on voit un petit arc de cercle. À un carré. Lorsqu’il passe à droite, ses côtés se
droite, on voit le même trapèze avec les arcs de resserrent. En bas à gauche, on a un cercle.
cercles à l’extérieur. Notez bien leur orientation. Qu’est-ce qui va lui arriver lorsqu’il passera à
En dessous, nous avons un triangle. Dans cha¬ droite? Ses côtés vont se resserrer aussi. La ré¬
cun de ses coins, il y a un petit triangle. Qu’est-ce ponse numéro 6 n’est pas bonne parce que le
qui va arriver lorsqu’ils sortiront du gros triangle? cercle est rétréci en haut et en bas. (La bonne
Le choix numéro 2 n’est pas bon parce que l’o¬ réponse est le numéro 3.)
rientation des petits triangles n’est pas juste; ils
ne sont pas renversés. (La bonne réponse est le
a x ex
Dans le carré de gauche en haut, nous Faites vous-même ce problème,
avons une ligne et dans le carré d’à côté nous
avons une autre ligne parallèle à la première avec
un X qui relie les deux. En bas nous avons un£
(un 3 à l’envers). Qu’est-ce qui lui arrivera lors¬
qu’il passera à droite? Il y aura un autre £ paral¬
lèle à lui et un X réunira les deux. (La bonne
réponse est 6.)
Source: Ce tableau a été élaboré à partir des données de: FEUERSTEIN, R. The Dynamlc Assessment ol
Relarded Pertormers. Baltimore: University Park Press, 1979, p. 374-379. Traduction et adaptation de
R. Cloutier. Reproduit avec permission.
104 Chapitre 5
Les préoccupations récentes concernant les objectifs de ces tests et les effets
nocifs des étiquettes attribuées aux jeunes ne peuvent qu’apporter des améliora¬
tions dans l’utilisation de l’information psychométrique. Très sensible aux attitudes
de 1 entourage à son égard, l’adolescent est parfois le juge le plus sévère de son
propre fonctionnement en manifestant un défaitisme injustifié. Le renouveau psy¬
chométrique place l’éducateur devant les potentialités plutôt que devant les «trous»:
on parle maintenant volontiers de «bilan fonctionnel» plutôt que de «déficits à com¬
bler» chez l’adolescent.
Afin de rendre nos propos plus explicites, nous décrirons ici trois dimensions
connues du style cognitif : a) réflexivité - impulsivité; b) contrôle interne - contrôle
externe du renforcement et c) dépendance - indépendance perceptuelle.
Activité mentale et différences individuelles 105
Plus globalement, le type impulsif aime le risque, les situations nouvelles, les
grands groupes, etc. alors que le type réfléchi est posé, réservé et plutôt incommodé
par l’imprévu (Kagan, 1965). Théoriquement, les deux pôles définissent une échelle
où peut être situé chaque adolescent. Les cas purs de «réfléchi» ou «d’impulsif» sont
plutôt rares.
La notion de lieu de contrôle proposée par Rotter (1966) porte sur l’interpré¬ lieu de contrôle
tation par l’individu des renforcements qu’il reçoit, c’est-à-dire sur la perception
d’une relation causale entre le comportement et les récompenses ou punitions qui
s’ensuivent. Si la personne croit que ce qui lui arrive dans la vie dépend des efforts
qu’elle fait et de son comportement comme tel, elle adhère à un style de contrôle
interne. Le style de contrôle externe se caractérise par la croyance que les récom¬
penses ou les punitions qui surviennent sont causées par des facteurs autres que le
comportement personnel: la chance, la destinée, la superstition, etc. Le style cognitif
d’attribution de ce qui arrive influencera l’ensemble des projets personnels, des
efforts pour réussir et même des stratégies employées pour atteindre les buts fixés
(Lefcourt, 1966).
L’adolescent qui obtient une bonne note et croit qu’il a été «chanceux à
l’examen» risque fort d’être influencé différemment de son compagnon qui croit qu’il
a obtenu une bonne note parce qu’il a beaucoup étudié. L’impression que les succès
de la vie sont obtenus à coup d’efforts (contrôle interne) détermine des stratégies
différentes de celles alimentées par l’idée que ceux qui ont du succès ont eu de la
chance (contrôle externe).
106 Chapitre 5
Encore ici les deux pôles constituent des extrêmes entre lesquels une échelle
graduée offre une place à chacun.
dépendance Proposé par Witkin (1954; 1962; 1976), le facteur de dépendance perceptuelle
perceptuelle correspond au degré selon lequel une personne peut fonctionner intellectuellement
en utilisant une partie du champ perceptuel indépendamment de l’ensemble de ce
champ. La figure 5.3 présente quelques tâches semblables à celles proposées par
Witkin dans son test «Figures cachées» («Embedded Figures») dont le but est d’éva¬
luer le degré de dépendance du champ.
Chaque adolescent est donc unique dans son fonctionnement cognitif. Ses
aptitudes personnelles et son style cognitif impriment sur chacune de ses adapta¬
tions un caractère singulier et de plus en plus personnalisé à mesure qu’il avance
dans cette période de développement.
Activité mentale et différences individuelles 107
FIGURE 5.3: Exemples de «figures cachées» semblables à celles utilisées pour l’évaluation de
la dépendance perceptuelle*
Essayez de retrouver le
plus rapidement possible
DANS CETTE IMAGE
CETTE FIGURE
* Ces dessins ont été créés par l’auteur et ne sont donc pas des reproductions de ceux de Witkin (1954).
La pensée morale correspond à l’ensemble des critères utilisés par une per¬
sonne pour juger des comportements selon leur justice ou leur injustice, selon qu’ils
sont bons ou mauvais. Le développement cognitif possède une influence directe sur
le jugement moral car ce dernier met en jeu le raisonnement logique, la capacité
d’intégrer de l’information et de réfléchir sur différentes possibilités. Aussi la pensée
morale se développe-t-elle de façon parallèle aux structures cognitives. Cela expli¬
que la présence de la section qui suit dans le présent chapitre: la pensée morale est
une des zones de la pensée.
108 Chapitre 5
Au cours des années 30, Fiaget fut l’un des premiers auteurs à décrire le
développement de la pensée morale chez l’enfant (Piaget, 1973). À partir de l’obser¬
vation des enfants face aux règles qui gouvernent leurs activités, il en a proposé
deux stades de développement: le stade de la moralité hétéronome, et le stade de la
moralité autonome. Le premier stade (7 ans et moins) définit une moralité centrée
sur la lettre des règles, qui, de façon rigide, ne s’interprètent pas. La pensée statique
du jeune enfant préopératoire ne lui permet pas de considérer différents points de
intention vue, de tenir compte de l’intention des agents ou du contexte de l’action jugée. C’est
la correspondance avec la règle qui indique si une action est bonne ou pas, rien
d’autre. Pour le sujet de ce premier stade, la justice est immanente, c’est-à-dire que
les méchants sont punis par les événements malheureux qui leur arrivent du simple
fait qu’ils ont commis de mauvaises actions.
À partir de sept ans l’enfant évolue vers une moralité autonome où le sujet
considère l’intention de l’auteur lorsqu’il porte un jugement sur des actes. La règle
n’est plus quelque chose d’immuable mais une convention utile qui peut faire l’objet
d’interprétation. L’autorité n’est plus exclusivement considérée comme une source
de prescriptions, mais aussi comme un partenaire avec lequel il est possible de
coopérer.
Dans ses travaux sur le jugement moral, Piaget (1973) proposait des situa¬
tions à des enfants et étudiait leurs réactions. Dans ses interrogations d’enfants il
utilisait par exemple des scénarios semblables au suivant:
Il était une fois deux petites filles: Louise et Claire. Un jour, Louise
constata que l’encrier de sa mère était vide et décida de lui rendre service en le
remplissant avec la grosse bouteille d’encre. Mais en ouvrant la bouteille
Louise renversa de l’encre sur la table et fit une grande tache sur la nappe.
Claire, elle, joua avec l’encrier de sa mère et fit une petite tache en s’amusant.
Laquelle des deux fillettes est la plus fautive? Pourquoi?
Généralement, les enfants de moins de sept ans jugent les acteurs en fonction
du dégât causé, sans tenir compte de l’intention du personnage. Pour eux c’est
Louise qui est «la plus fautive» car elle a fait une grande tache sur la nappe. Pour les
sujets plus âgés, l’intention entre en ligne de compte dans le jugement moral de sorte
que, pour eux c’est Claire qui est la plus coupable puisqu’elle a fait une tache en
s’amusant alors que Louise voulait rendre service à sa mère. On pourrait ajouter ici
que dans notre culture contemporaine, l’intention de s’amuser est moralement
moins appréciée que celle de rendre service... Il est possible qu’en plus de centrer
leur jugement sur les effets des actes, les jeunes enfants ne partagent pas encore
cette distinction de valeur entre l’amusement et le comportement d’aide. Cette
indifférenciation constituerait une explication supplémentaire de leurs jugements.
Activité mentale et différences individuelles 109
Les travaux initiaux de Piaget ont été poussés plus loin par Lawrence Kohl¬ Kohlberg
berg (1958; 1969; 1972; etc.) qui a proposé une évolution du jugement moral selon
six stades regroupés en trois niveaux de développement.
Ces stades évoluent vers une plus grande autonomie et une plus grande
conscience individuelle. Avant le stade initial, le «devoir» moral se limite à ce que le
moi veut faire ou a le pouvoir de faire physiquement. Au stade initial (stade 1) du
jugement moral, l’individu comprend l’existence de contraintes quelconques sur ses
actions. Cependant, il ne fait pas la différence entre les propriétés objectives, physi¬
ques d’une action et les propriétés subjectives ou psychologiques de cette action. La
valeur morale d’une action n’est pas basée sur le lien entre cette action et un état
subjectif quelconque, un désir, une motivation, ou une valeur, puisque l’individu
confond les résultats de l’action et les motifs qui la sous-tendent. (Exemple : « Quel-
' Source: LABELLE, J. Influence de la méthode dans l’évaluation du jugement moral. Université Laval, 1979.
Mémoire de maîtrise. Reproduit avec la permission de l’auteur.
qu’un d’important voyage en avion et a la phobie des hauteurs; l’hôtesse ne peut lui
donner de médicament parce que le seul qu’elle avait, elle l’a donné à une amie
malade. Au retour, il est probable que l’hôtesse sera emprisonnée parce qu’elle n’a
pas aidé la personne importante». Kohlberg, 1971, p. 89.) Ainsi, il vaut mieux aider
une personne importante et influente et qui de surcroît est riche que sa propre amie.
Pour la première fois, au stade 4/2, le sujet, plutôt que de porter des juge¬
ments uniquement en fonction du système, commence à en porter sur le système de
règles lui-même. Il commence à le considérer comme un système parmi la réalité
totale des systèmes possibles. C’est un stade de transition au cours duquel le sujet
devient conscient de l’aspect arbitraire de son propre système de règles.
Kohlberg et coll. (1975) ont également défini deux sous-stades pour chacun
des stades. Le sous-stade A est orienté vers les règles et les conséquences pratiques
(la perspective objective) et le sous-stade B est orienté vers la réciprocité, l’équité et
la justice (la perspective subjective).
Le sous-stade A est plus pratique, les jugements moraux sont plus descriptifs
et prédictifs «en matière de données objectives». Un individu de stade 3 et de
sous-stade A (3A) se demande, lorsqu’il est confronté à la question du vol du
médicament (voir le tableau 5.2), ce que ferait un bon mari ou ce à quoi peut
s’attendre une épouse. Un individu de stade 4A, face à la même question, s’interroge
sur les attentes du système social.
pas obligatoire; on peut aller d’un sous-stade A vers un autre sous-stade A (par
exemple de 3A à 4A) sans passer par le sous-stade B. Le sous-stade B est plus
mature que le sous-stade A; un sujet de stade 3A progresse au stade 3B, mais un
sujet de stade 3B ne se dirige pas vers le stade 3A. Il évolue plutôt vers le stade 4A
(Kohlberg, Kauffman, Scharf et Hickey, 1974).
Le tableau 5.2 décrit les stades proposés par Kohlberg et fournit des exem¬
ples de raisonnements concernant des dilemmes moraux que l’auteur a utilisés dans
ses recherches.
Par ailleurs, la méthode utilisée pour évaluer le degré de jugement moral peut
influencer les résultats de façon significative. Labelle et coll. (1981) ont montré que
les mêmes réponses donnaient lieu à des classements différents selon qu’on utilisait
la technique «globale» ou la technique «détaillée» de cotation de Kohlberg et coll.
(1977). De plus, les situations hypothétiques proposées aux sujets (voir les dilemmes
dans le tableau 5.3) ne suscitent pas les mêmes réactions que les situations vécues
réellement. En effet, Haan (1975) a observé que la plupart des étudiants interrogés
raisonnaient à un stade différent selon qu’il s’agissait de problèmes hypothétiques ou
de situations réelles. L’auteur explique ces différences par l’implication personnelle
beaucoup plus grande occasionnée par les* situations vécues. Dans ces dernières, les
sujets établissent une balance entre les divers éléments du contexte (c.-à-d. les
pressions sociales, les sentiments envers les autres, les risques, etc.) plutôt que
d’exprimer plus ou moins froidement une opinion sur ce qui est logiquement bien ou
mal dans une situation hypothétique.
En Europe, une femme atteinte d’un cancer était condamnée à mourir. Les médecins croyaient qu’il n’y avait qu’un seul
médicament qui pouvait la sauver; c’était une sorte de radium découvert récemment par un pharmacien de la même ville. Il en coûtait
cher au pharmacien pour le faire, il payait 200 $ pour le radium et il exigeait 2000 $ pour une petite dose du médicament. Henri, le mari de
la femme malade, se présente chez tous ceux qu’il connaît et à toutes les maisons de finances pour leur emprunter de l’argent, mais il ne
réussit qu’à ramasser 1000 $, soit la moitié de la somme requise.
Il explique au pharmacien que sa femme est mourante et lui demande alors soit de lui vendre le médicament moins cher, soit de le
laisser payer plus tard. Mais le pharmacien lui répond: «Non, c’est moi qui ai découvert le médicament et je veux en retirer le plus d argent
possible». Henri se découragea et la nuit suivante, il alla voler le médicament chez le pharmacien pour sauver sa femme. Henri a-t-il bien
fait? Pourquoi?
À ce niveau, l’enfant répond aux règles culturelles du bon et du mauvais, mais il applique ces étiquettes en fonction des conséquences
physiques et hédonistes (plaisir) de l’action (punition, récompense, échange de bons soins), ou encore selon le pouvoir de coercition
physique de ceux qui énoncent ou font respecter ces règles.
Description Exemples
Les conséquences physiques d’une action déterminent ici sa bonté a) «Si vous laissez votre femme mourir, vous aurez du trouble.
ou sa malice, sans égard à la signification ou à la valeur humaine de Vous serez blâmé pour ne pas avoir dépensé d’argent pour la
ces conséquences. L’esquive de la punition et une déférence in¬ sauver et il y aura une enquête sur vous pour la mort de votre
conditionnelle au pouvoir sont ici valorisées en elles-mêmes, et non femme».
pas par respect pour un ordre moral sous-jacent à la punition et à b) «Vous ne pouvez voler la drogue parce que vous serez pris et
l’autorité (ce qui sera plutôt le fait du stade 4). envoyé en prison si vous le faites».
• • •
Source: Ce tableau a été élaboré à partir des données de: LABELLE, J. Influence de la méthode dans l'évaluation du jugement moral. Université
Laval, 1979, appendice I. Mémoire de maîtrise.
114 Chapitre 5
Description Exemples
L’action juste est ici celle qui peut satisfaire des besoins person¬ a) «S’il arrive que vous soyez pris, vous pourrez redonner la dro¬
nels et occasionnellement, les besoins des autres. Les relations gue et vous n’obtiendrez pas beaucoup d’années de prison. Cela
humaines sont considérées comme des relations strictement ne vous dérangera pas de faire de la prison si vous avez votre
commerciales d’une place de marché. On retrouve certes ici la femme quand vous sortirez».
sincérité (fairness), la réciprocité et le partage, mais ces éléments b) «Il n’aura pas beaucoup plus qu’un terme de prison s’il vole la
sont toujours marqués d’un pragmatisme matériel. La réciprocité drogue, mais sa femme mourra probablement avant qu’il soit
consiste en un donnant-donnant où la loyauté, la gratitude et la sorti. De toute façon cela ne sera pas très bon».
justice sont absentes.
À ce niveau, l’action qui satisfait aux attentes de la famille, du groupe ou de la nation est perçue comme valable en soi, indépendamment
des autres conséquences. L’attitude morale comporte ici non seulement une conformité aux attentes de l’entourage et de l’ordre social,
mais aussi une loyauté envers ces dernières, doublée d’une volonté active de maintenir, de supporter et de justifier ses vues avec celles
des personnes physiques ou morales qui le composent.
Description Exemples
La bonne action est ici celle qui plaît, celle qui aide les a) «Personne ne pensera que vous êtes mauvais si vous volez la
autres ou celle que les autres approuvent. Il y a, à ce stade, une drogue mais votre famille pensera que vous êtes un mari inhu¬
forte conformité aux images stéréotypées du comportement de la main si vous ne le faites pas.»
majorité ou identifié comme naturel. De plus, l’action est fré¬ b) «Ce n’est pas seulement le pharmacien qui pensera que vous
quemment jugée selon les intentions qui la sous-tendent. Pour la êtes un criminel, chacun le pensera aussi. Si vous volez en
première fois, le «il a voulu bien faire» devient important. On sachant cela, vous déshonorerez votre famille et vous-même».
cherche ici à gagner l’approbation des autres en étant gentil.
Description Exemples
On trouve ici une disposition à soutenir l’autorité, les règles défi¬ a) «Si Henri vole la drogue, il donnera un exemple qui pourra
nies et l’ordre social. La bonne action est celle qui consiste à causer I anarchie et la destruction de plus de vies que celle de sa
accomplir son devoir, à être respectueux envers l’autorité et à femme».
maintenir l’ordre social établi. b) «Si vous avez un sens de l’honneur, vous ne laisserez pas votre
femme mourir. Vous vous sentirez toujours coupable envers
elle.»
Description
Exemple
À ce niveau, il y a un effort notoire pour définir des valeurs et des principes valides, sans que cette validité ne dépende ni de
l’autorité des personnes physiques ou morales qui peuvent les soutenir, ni du degré d’implication de l’individu avec ces personnes.
Stade 5 Orientation légale de type contrat social (rarement avant 20-25 ans)
Description Exemple
À ce stade, l’action juste est définie surtout selon des droits indivi¬ «Bien que Henri ait brisé la loi pour voler la drogue, que vaut la loi
duels ou selon des critères examinés de façon critique et admis par si elle empêche sa femme de vivre. Les actions du pharmacien sont
l’ensemble d’une société. On reconnaît à ce stade le relatif des totalement immorales et Henri n’a pas le choix et vole la drogue».
opinions personnelles; l’accent est souvent mis sur les règles de
procédure capables de favoriser un consensus véritable. Sauf pour
ce qui est constitutionnellement et démocratiquement admis, le
«bien» relève des valeurs personnelles. L’accent est mis sur le
point de vue légal, accompagné d’une forte insistance sur l’oppor¬
tunité de changer les lois, selon un processus rationnel, lorsque le
bien commun l’exige. En deçà du domaine légal, les ententes libres
et les contrats honnêtes constituent la substance de l’obligation
morale.
Stade 6 Orientation des principes éthiques (peu probable avant 30-35 ans)
Description Exemples
Le bien est ici défini selon la décision de la conscience individuelle a) «Oui une vie humaine l’emporte sur n’importe quelle autre va¬
éclairée appliquant à une situation concrète des principes éthi¬ leur morale ou légale. La vie humaine est une valeur inhérente
ques. Ces principes seront choisis en fonction de leur pertinence, qu’elle soit ou non valorisée par un individu en particulier».
cohérence, globalité et universalité. Ces principes moraux sont (Kohlberg, 1971, p. 90.)
abstraits et ne constituent pas à proprement parler des règles b) «Henri doit voler la drogue si ses actions sont pour sauver la vie
morales, comme par exemple les dix commandements. Fonda¬ humaine. Une loi qui permet à sa femme de mourir est une loi
mentalement, il s’agit des principes de justice, d’égalité et de réci¬ immorale parce qu’elle viole le principe universel selon lequel
procité des droits humains et de respect de la valeur humaine de chacun a un droit légal à vivre. Henri doit désobéir à cette loi
parce qu’elle est incompatible avec le bien-être de l’humanité».
chaque individu.
Description Exemple
Ce stade implique une expérience contemplative de variété non «Chaque religion contredit nécessairement chacune des autres, et
égoïste et non dualistique. Le mouvement part avec du désespoir. probablement se contredit elle-même. Peu importe la religion
116 Chapitre 5
Un tel désespoir implique le commencement d’une perspective qu’un homme peut avoir, c’est un accident historique autant que la
cosmique. C’est quand nous commençons à voir nos vies comme langue qu’il peut parleo>.
finies à partir d’une perspective plus infinie que nous sentons le
désespoir. La signification de nos vies en face de la mort est la
signification du fini à partir d’une perspective de l’infini. La résolu¬
tion du désespoir que l’on appelle stade 7 représente la continuité
d’un processus de prise d’une perspective plus cosmique dont la
première phase est le désespoir. Cela représente en un sens un
changement figure-fond.
TABLEAU 5.3: Exemples de dilemmes moraux utilisés par Labelle et Cloutier (1981)*
La responsabilité du docteur
Le docteur Marois est à la maison en train de regarder une partie de football à la télévision. Soudain, il entend le bruit d’une
énorme collision dehors. Quand il sort pour voir ce qui s’est passé, il constate un gros accident d’autos. Le conducteur de l’une des
voitures repose face contre terre et semble être inconscient. Le docteur Marois craint que si l’homme n’est pas soigné rapidement, il
puisse mourir. Cependant, le docteur est aussi conscient que soigner quelqu’un dans une telle situation pourrait facilement lui entraîner
des poursuites judiciaires.
a) Le docteur Marois craint que si l’homme n’est pas soigné rapidement, il puisse mourir.
( )
b) Lorsqu il s agit d une urgence, le droit de chacun à la vie peut restreindre la liberté de choix du médecin
( )
c) Un des principes les plus importants pour un médecin est de conserver la santé et de soigner la maladie
( )
d) Pour le docteur, soigner quelqu’un dans une telle situation pourrait amener une foule de problèmes.
( )
Ces exemples de dilemmes ont été traduits et adaptés par l’auteur à partir de l’ouvrage collectif de : BLATT, M.M., COLBY A et SPEICHER-DUBIN
B. Hypothetical Dilemmas for Use in Moral Discussion. Moral Education and Research Foundation. 1974. Document miméographié.
Plagiat
Il y a un cours au cégep considéré très difficile. C’est un cours optionnel (non obligatoire) dans lequel le professeur exige cinq
travaux durant le semestre.
Un étudiant à sa dernière année de cégep prend ce cours et fait les quatre premiers travaux. Au moment où il faut remettre le
cinquième travail, il a plusieurs autres travaux à faire pour obtenir son diplôme. Or un de ses amis a suivi le cours deux ans auparavant et
a encore ses travaux, il lui en demande un. Il réécrit quelques parties et remet le travail croyant que le professeur ne se souviendra jamais
d’un travail qui a été fait si longtemps auparavant surtout que depuis ce temps, beaucoup d’étudiants ont pris le cours. Cependant, le
professeur reconnaît le travail et se souvient du nom de l’étudiant qui l’a écrit le premier.
Activité mentale et différences individuelles 117
a) Le professeur pourrait tenir compte du fait que l’étudiant en est à sa dernière année de cégep et qu’il a plusieurs autres
travaux à faire pour obtenir son diplôme. ( )
b) Dans un cégep, les professeurs ne tolèrent pas la tricherie afin que les chances soient égales pour tous. ( )
c) Ce qui compte pour le professeur, c’est qu’il n’a reçu que quatre travaux faits par l’étudiant concerné alors
qu’il en a demandé cinq durant le semestre. ( )
d) Le professeur est confronté avec le cas particulier de l’étudiant qui peut finir son cours bientôt et la règle du
cégep. ( )
Au milieu et à la fin de l’année 1960, il y a eu plusieurs émeutes dans un grand nombre de villes canadiennes. Au cours de presque
toutes les émeutes, il y eut un grand nombre de vols dans les magasins. Durant une émeute à Montréal, les policiers ont reçu 1 ordre de
tirer sur les manifestants et sur les voleurs. Les policiers devaient tirer non pas pour les tuer mais plutôt pour les blesser. Un policier à qui
on avait assigné une partie du territoire à surveiller, voit un groupe d’adolescents en train de voler. Il est en conflit avec lui-même et se
demande s’il doit tirer ou non.
a) Dans notre société, les policiers ont la responsabilité de faire respecter la loi et l’ordre dans le but de protéger tous les
citoyens. ( )
b) Le policier sait que désobéir aux ordres dans une telle situation pourrait lui amener une foule de problèmes sérieux. ( )
c) La validité de l’action policière doit être évaluée en fonction du respect de la vie des gens et aussi du bien-être
de la communauté. ( )
d) Le policier veut bien obéir aux ordres mais il voit qu’il devrait blesser les adolescents qui font partie du groupe des
voleurs. ( )
L’exemple qui suit est boiteux parce qu’il ne propose pas une situation vécue,
mais il peut aider à comprendre la distance entre le réel et l’hypothétique en matière
de jugement moral.
Vous êtes à bord d’un bateau de plaisance sur le point de faire naufrage en
raison d’une très grosse tornade et votre fils vous accompagne. Compte tenu
du matériel disponible vous avez le choix: vous échapper avec votre enfant ou
rester pour sauver la vie de plusieurs passagers. Que faites-vous?
118 Chapitre 5
Lorsque l’adolescent découvre que les règles de la société des adultes sont
souvent bafouées par ces derniers, il réévalue plusieurs notions morales. En consta¬
tant que ce n’est pas toujours avantageux de se conformer aux règles, l’adolescent
remet en question ses adhésions aux divers codes qu’on lui a inculqués. Il découvre,
avec ses capacités plus puissantes de raisonnement, que la société ne correspond
pas toujours aux absolus qu’on lui a présenté depuis son enfance. Ces «décou¬
vertes» apportent des déceptions et provoquent un rejet plus ou moins radical du
monde adulte et de son caractère artificiel.
Si l’on ajoute aux capacités logiques nouvelles de l’adolescent son désir in¬
tense de trouver une identité personnelle, indépendante des «modèles préfabriqués»
des adultes, on peut comprendre les nombreuses remises en question qui donnent à
l’adolescence une allure de révolution dans certains cas (Erikson, 1968; Loevinger,
1966).
AUTO-ÉVALUATION
1. Conçus pour fournir l’image la plus fidèle et la plus stable possible du rendement intellectuel des individus, les tests d’intelligence ont
aussi pour but la compréhension des mécanismes cognitifs.
a) Vrai
b) Faux
2. Le modèle de structuré de l’intelligence de Guilford classifie les aptitudes mentales selon 3 dimensions. Identifiez-les parmi les
propositions suivantes.
a) Produits;
b) concepts;
c) algorithme;
d) contenus;
e) symboles;
f) opérations.
3. Dans le contexte de la théorie de Guilford sur la structure de l’intelligence, si on vous demandait de retrouver tous les «0» et les
«9» dans une page pleine de chiffres, on vous demanderait alors d’effectuer des opérations ? , sur des contenus ? pour pro¬
duire des ? . Retrouvez parmi les suivants les concepts qui remplaceraient chaque point d’interrogation.
a) Évaluation;
b) symbolique;
c) figuratif;
d) mémorisation;
e) unités;
f) relations.
4. Aucune habileté n’a été identifiée par les psychohiétriciens comme surgissant spécifiquement à l’adolescence, ils ont toutefois
observé une augmentation plus marquée du développement de certaines zones. Parmi les propositions suivantes, identifiez deux
habiletés susceptibles de se développer à un rythme accéléré à l’adolescence.
5. L’hérédité est reconnue comme ayant un impact sur les différences de rendement intellectuel. Ordonnez les couples suivants selon
leur probabilité d’avoir un rendement intellectuel similaire en commençant par la probabilité la plus forte.
6. Dans le secteur de l’éducation, on dénonce de plus en plus activement le tort causé aux enfants en les étiquetant de façon quasi
permanente d’après le rendement fourni a certains tests à une certaine epoque de leur vie.
a) Vrai
b) Faux
120 Chapitre 5
7. À partir de la relation entre les deux figures des cases du haut, laquelle de celles proposées en bas irait dans la case vide?
8. L’approche de Feuerstein innove en ce qu’elle propose une situation de test où le sujet peut démontrer son acquis antérieur.
a) Vrai
b) Faux
9. Il existe plusieurs composantes descriptives du style cognitif (Messick, 1976). Retrouvez parmi les propositions suivantes deux
dimensions que l’on connaît du style cognitif.
a) Autonomie-passivité;
b) réflexivité-impulsivité;
c) contrôle interne - contrôle externe;
d) logique - illogique; *
e) passif - impulsif;
f) dépendance perceptuelle - indépendance perceptuelle.
10. Selon Kagan (1965) le type impulsif possède des caractéristiques définies. Identifiez parmi les suivantes deux caractéristiques
attribuées au type impulsif.
11. L adolescent qui obtient une bonne note et qui croit qu il a été «chanceux à l’examen» diffère de son compagnon qui estime avoir eu
une bonne note «parce qu’il a beaucoup étudié». Le premier attribue à la chance ce que le deuxième attribue à ses efforts. Identifiez le
style cognitif de chacun parmi les propositions suivantes.
12. Le style «dépendant» de Witkin organise son espace à partir d’indices intérieurs à lui-même plutôt qu’à partir d’éléments de
l’environnement.
a) Vrai
b) Faux
13. Kohlberg a proposé une série de stades dans le développement du jugement moral. Ordonnez les propositions suivantes selon la
séquence de développement proposée par cet auteur (de la plus évoluée à la moins évoluée).
a) La loi et l’ordre;
b) la bonne concordance interpersonnelle;
c) le contrat social;
d) le relativisme utilitariste.
14. Pour Kohlberg, le raisonnement moral se développe selon une séquence dont 1 ordre peut varier d une personne à 1 autre.
a) Vrai
b) Faux
15. Au milieu et à la fin de l’année 1960, il y a eu plusieurs émeutes dans un grand nombre de villes canadiennes. Dans presque toutes les
émeutes, il y eut un grand nombre de vols dans les magasins. Durant une émeute à Montréal, les policiers ont reçu l’ordre de tirer non
pas pour tuer mais plutôt pour blesser les manifestants et les voleurs. Un policier à qui on a assigné une partie du territoire à
surveiller, voit un groupe d’adolescents en train de voler. 11 est en conflit avec lui-même et se demande s’il doit tirer ou non.
a) Dans notre société, les policiers ont la responsabilité de faire respecter la loi et 1 ordre dans le but de protéger tous les citoyens,
b) le policier sait que désobéir aux ordres dans une telle situation pourrait lui amener une foule de problèmes sérieux,
c) la validité de l’action policière doit être évaluée en fonction du respect de la vie des gens et aussi du bien-être de la communauté;
d) le policier veut bien obéir aux ordres mais il voit qu’il devrait blesser les adolescents qui font partie du groupe de voleurs.
16. Il y a un cours au cégep considéré très difficile. C’est un cours optionnel (non obligatoire) dans lequel le professeur exige cinq travaux
durant le semestre.
Un étudiant à sa dernière année de cégep prend ce cours et fait les quatre premiers travaux. Au moment où il faut remettre le
cinquième travail, il a plusieurs autres travaux à faire pour obtenir son diplôme. Or, un de ses amis a suivi le cours deux ans
auparavant et a encore ses travaux. Il lui en demande un. Il réécrit quelques parties et remet le travail croyant que le professeur ne se
rappellera jamais un travail qui a été fait si longtemps auparavant surtout que depuis ce temps beaucoup de personnes ont pris le
cours. Cependant, le professeur reconnaît le travail et se souvient du nom de l’étudiant qui l’a écrit le premier.
Face à ce problème, identifiez la justification la moins développée parmi les suivantes en fonction de 1 échelle de Kohlberg.
a) Le professeur pourrait tenir compte du fait que l’étudiant en est à sa dernière année de cégep et qu’il a plusieurs autres travaux à
faire pour obtenir son diplôme;
b) dans un cégep, les professeurs ne tolèrent pas la tricherie afin que les chances soient égales pour tous;
c) ce qui compte pour le professeur c’est qu’il n’a reçu que quatre travaux faits par l’étudiant concerné alors qu’il en a demandé cinq
durant le semestre; ...
d) le professeur est confronté avec le cas particulier de l’étudiant qui peut finir son cours bientôt et la réglé du cegep.
17 Le docteur Marois est à la maison en train de regarder une partie de football à la télévision. Soudain, il entend le bruit d une énorme
' collision dehors Quand il sort voir ce qui s’est passé, il constate un gros accident d’autos. Le conducteur de l’une des voitures repose
face contre terre et semble être inconscient. Le docteur Marois craint que si l’homme n’est pas soigné rapidement, il puisse mourir.
Cependant, le docteur est aussi conscient que soigner quelqu’un dans une telle situation pourrait facilement lui entraîner des
poursuites judiciaires.
Face à ce problème, ordonnez les justifications suivantes de la moins développée à la plus développée.
122 Chapitre 5
a) Le docteur Marois craint que si l’homme n’est pas soigné rapidement, il puisse mourir;
b) lorsqu’il s’agit d’une urgence, le droit de chacun à la vie peut restreindre la liberté de choix du médecin;
c) un des principes les plus importants pour un médecin est de conserver la santé et de soigner la maladie;
d) pour le docteur, soigner quelqu’un dans une telle situation pourrait amener une foule de problèmes.
18. L égocentrisme de l’adolescent correspond à la croyance que les autres sont préoccupés par son apparence et son comportement
personnel de la même façon que lui-même l’est.
a) Vrai
b) Faux
Chapitre 6
Adolescence et sexualité
AUTO-ÉVALUATION
La sexualité est une réalité présente chez tout individu. Voilà peut-être la
seule généralisation que I on puisse faire en matière de sexualité humaine. Les
sources des différences sont par contre innombrables: l’âge de l’individu, son sexe,
ses caractéristiques physiques, son activité mentale, son histoire personnelle, son
statut civil, sa culture, sont autant de facteurs qui contribuent à rendre unique ce
que chacun de nous vit sexuellement.
C’est par la négative qu’il faut répondre à chacune de ces questions puisque
chaque personne est particulière, unique dans ce qu elle vit psychologiquement.
Toutefois, les connaissances dont nous disposons jusqu’à maintenant sur la sexuali¬
té nous permettent de faire une description relativement précise de la réponse
sexuelle sur le plan physiologique. Les comportements sexuels dans leurs variétés
pratiques ont aussi fait l’objet de plusieurs études. Bon nombre de travaux ont été
consacrés à l’influence de la culture sur les pratiques sexuelles et leur contrôle. Sur
le plan médical, les méthodes contraceptives, et les maladies vénériennes et leur
épidémicité ont été l’objet de beaucoup d’attention au cours des vingt dernières
années. Dans la plupart de ces domaines, les chercheurs avouent avoir encore plus
de distance à parcourir qu’il n’y en a de franchie jusqu’à aujourd’hui; il reste beau¬
coup de chemin à faire. Dans le chapitre qui suit, nous aborderons ces questions
dans ce quelles ont de pertinent pour l’adolescence.
L’anatomie des organes sexuels mâles et femelles a déjà été décrite au chapi¬
tre 2 traitant du développement physique à l’adolescence; elle ne sera pas reprise ici.
La section qui suit s’attardera d’abord brièvement aux dimensions sensorielles de la
stimulation sexuelle et ensuite à la description de la réponse sexuelle chez la femme
et chez l’homme. Une telle considération isolée de la physiologie des fonctions
sexuelles comporte une certaine distorsion de la réalité puisqu’elle néglige les com¬
posantes psychologiques intrinsèques à toute activité sexuelle. Comment, en effet,
considérer la stimulation et l’excitation sexuelle sans y inclure les pensées de la
personne? La même stimulation peut engendrer de l’irritation dans un contexte
donné et de l’excitation dans un autre, selon l’interprétation mentale qu’en fait la
personne stimulée. Or comme on ne peut aborder toutes les dimensions a la fois,
nous devons avouer et accepter ici cette contrainte.
6.2.2 Le toucher
De tous les sens, c’est sans doute le toucher qui constitue le mode prédomi¬
nant de stimulation sexuelle. Il s’agit du seul sens auquel le corps humain peut réagir
sans l’intervention des centres nerveux supérieurs. Ainsi, un homme dont l’épine
dorsale serait intacte mais coupée de ses liaisons avec la tête, pourrait avoir une
érection si ses organes génitaux étaient caressés (Katchadourian et Lunde, 1975).
Toutefois, le plaisir ne serait pas ressenti comme tel.
126 Chapitre 6
zones érogènes Le tableau 6.1 fournit une liste des zones érogènes chez la femme et chez
1 homme; cette liste n’ordonne que grossièrement les zones selon leur degré de
sensibilité, de sorte que chez certaines personnes des inversions peuvent se pro¬
duire dans la sensibilité des diverses parties du corps.
6.2.3 La vue
La vue constitue sans doute le deuxième sens le plus impliqué dans la stimu¬
lation sexuelle. Elle semble toutefois posséder une importance variable d’un sexe à
l’autre. Ainsi par exemple, la vue par un homme des organes génitaux d’une femme
constitue une source certaine d’excitation, mais l’inverse, c’est-à-dire la vue par une
femme des organes génitaux mâles ne semble pas avoir la même puissance d’excita-
Adolescence et sexualité 127
tion. La culture peut avoir une influence sur ce genre de différences entre hommes
et femmes. 11 en va de même pour l’attraction à l’égard de la pornographie (photos,
films, spectacles de strip-tease, etc.) qui semble «se vendre» davantage auprès des
hommes que des femmes.
6.2.4 L’odorat
Malgré une nette régression de la sensibilité olfactive chez l’homme par rap¬
port aux autres mammifères, l’odorat posséderait tout de même un rôle significatif
dans la sexualité (Schneider, 1971). L’usage multiculturel de parfums, les préoccupa¬
tions à l’égard des odeurs corporelles en seraient des indices.
6.2.5 L’ouïe
L’ouïe (ou le son) semble posséder une valeur de stimulation dans le cadre
des activités sexuelles non seulement pour les échanges verbaux entre partenaires,
mais aussi en tant que source additionnelle de rétroaction («feedback») sur les
caresses et contacts physiques divers. L’audition de certaines musiques peut aussi
générer un contexte plus favorable aux explorations sensorielles.
(1) Un résumé succinct en français de leur contribution se trouve dans: MASTERS, W.H. et JOHNSON, V.E.
«Les cycles de la réponse sexuelle de l'homme et de la femme: anatomie et physiologie comparées.»
Sexologie contemporaine (C. Crépault, J. Lévy et H. Gratton, dir.). Slllery: Presses de l'Université du
Québec, 1981, p. 253-270. L'ouvrage de Crépault et coll. (1981) réunit aussi plusieurs textes intéressants
sur la sexualité contemporaine,
128 Chapitre 6
FIGURE 6.1: Cycle de la réponse sexuelle de l’homme selon ses quatre phases: 1) excitation;
2) plateau; 3) orgasme; 4) résolution*
Source: MASTERS, W.H. et JOHNSON, V.E. Human Sexual Response. Boston: Little Brown & Co.. 1966
FIGURE 6.2: Cycle de la réponse sexuelle de la femme selon ses quatre phases: 1) excitation;
2) plateau; 3) orgasme; 4) résolution (avec les trois formes possibles)*
* Source: MASTERS, W.H. et JOHNSON, V.E. Human Sexua, Response. Boston: Little Brown & Co„ 1966
Adolescence et sexualité 129
Pour les deux sexes, les phases sont: a) l’excitation; b) le plateau; c) l’or¬
gasme; et d) la résolution. Malgré cette symétrie des phases de la réponse d’un sexe
à l’autre, il existe des différences fondamentales entre l’homme et la femme, diffé¬
rences ayant leurs racines dans l’anatomie du corps et probablement aussi dans
l’organisation du système nerveux. Cette organisation concernant l’orgasme reste
néanmoins largement inconnue.
Une deuxième différence importante entre les deux sexes consiste en l’exis¬
tence d’une période réfractaire chez l’homme et inexistante chez la femme. Cette période réfractaire
période réfractaire se définit par l’incapacité de l’homme à répondre à une stimula¬
tion tant qu’un certain laps de temps ne s’est pas écoulé depuis la dernière réponse
sexuelle. Dans la figure 6.1 on peut voir que la période réfractaire débute immédia¬
tement après l’orgasme. Cette période n’a pas une durée nettement définie et peut
persister selon l’âge et la santé de l’homme. Pendant cette période réfractaire,
l’homme ne peut atteindre une érection complète ni un orgasme et ce, peu importe
l’intensité de la stimulation sexuelle. La femme n’a pas cette limitation et peut vivre
plusieurs orgasmes consécutifs. Plus de 50% des femmes peuvent vivre ce schème
de réactions multiples (Masters et Johnson, 1965). Si la femme est stimulée à nou¬
veau immédiatement après l’orgasme, elle peut revivre une nouvelle expérience
orgastique sans que le niveau d’excitation ne s’abaisse au-dessous du niveau «pla¬
teau» (voir figure 6.2). La capacité orgastique de l’homme est donc plus limitée que
celle de la femme.
Le tableau 6.2 décrit les réactions observables dans la région pelvienne chez
l’homme et la femme tandis que le tableau 6.3 décrit les réactions plus générales du
corps à chacune des étapes de la réponse sexuelle masculine et féminine. La tension
sexuelle, constituant l’énergie de base de l’ensemble de la réponse sexuelle, est
physiquement associée à: a) la uasocongestion, c’est-à-dire la congestion ou l’engor- vasocongestion
(2) Il s’agit là de patrons types qui peuvent connaître des variantes d’une personne à l’autre.
130 Chapitre 6
Normalement, le flot de sang frais qui se dirige vers les divers organes par les
artères correspond quantitativement au flot sanguin qui retourne vers le coeur et les
poumons par les veines (pour s’oxygéner). Or, au moment de l’activité sexuelle, il y a
plus de sang qui se dirige vers les zones périphériques qu’il y en a qui retourne au
coeur par les veines. 11 en résulte une congestion dans les conduits périphériques (les
petites artères). Les tissus où il y a vasocongestion deviennent enflés, rouges et
chauds. L’exemple le plus apparent d’un effet de la vasocongestion est l’érection du
pénis chez l’homme. La vasocongestion s’accompagne donc d’une tension du sys¬
tème circulatoire. La pompe de ce système, le coeur, est directement impliquée dans
cette augmentation de l’activité circulatoire expliquant ainsi le phénomène de la
«tachycardie» mentionné dans le tableau 6.3. Les poumons, dans leur rôle d’oxygé¬
nation sanguine, sont impliqués aussi et provoquent «l’hyperventilation». Les chan¬
gements de couleur, de volume et de température de diverses régions sont ainsi
amenés par la vasocongestion.
La phase d’excitation peut être initiée par une stimulation sexuelle physique
ou psychique, mais le plus souvent ces deux dimensions sont impliquées. L’excita¬
tion peut augmenter plus ou moins rapidement selon la stimulation en jeu. Cette
phase est la plus variable sur le plan de la durée; on a observé des excitations de
quelques minutes à peine et d’autres beaucoup plus rares de plusieurs heures. Il
s’agit sans doute de la phase du cycle sur laquelle le contrôle volontaire possède
l’emprise la plus forte. Les effets de la vasocongestion et de la myotonie deviennent
apparents (voir le tableau 6.2).
TABLEAU 6.2: Réactions observables dans la région pelvienne selon Masters et Johnson
CHEZ L’HOMME
4. Phase de résolution
1. Période réfractaire avec perte rapide de la
vasocongestion pelvienne.
2. Perte de l’érection pénienne en deux étapes;
la première, rapide, la seconde plus lente.
132 Chapitre 6
un point de non-retour vers l’orgasme. Sa durée, malgré des variations possibles, est
ordinairement courte (une minute ou moins selon Katchadourian, 1975). Au cours
de la phase du plateau, la sensibilité à des stimuli étrangers est affaiblie et la concen¬
tration sur l’activité sexuelle devient très grande. La vasocongestion évolue et donne
lieu, chez la femme, à la formation d’une plate-forme orgastique qui consiste en
l’épaississement des parois du tiers inférieur du vagin jusqu’à une réduction possible
de 50% du diamètre du canal vaginal. Chez l’homme, la circonférence du pénis
s’accroît à la hauteur de la couronne, malgré une pleine érection déjà atteinte à la
phase de l’excitation.
Selon Crépault (1981; p. 273), l’orgasme peut être défini «comme une expé¬
rience psychophysiologique de courte durée consistant en un brusque relâchement
d’une tension érotique accumulée». Le tableau 6.2 renseigne sur les réactions ob¬
servées dans la région pelvienne pendant l’orgasme. Il existe une grande variation
entre les expériences orgastiques chez une même personne, d’une expérience à
l’autre et entre les individus.
(3) Le mot orgasme vient du grec «orgân» qui signifie «bouillonner d’ardeur». Crépault et coll. (1981) en
donnent une description plus détaillée.
Adolescence et sexualité 133
CHEZ LA FEMME
3. Phase de l’orgasme
Réaction pelvienne
1. Contraction de l’utérus à partir du fond et
progressant jusqu’à son niveau inférieur.
2. Relâchement minime du méat urinaire (chez
les nullipares).
3. Contractions de la plate-forme orgastique Utérus
0,8 s pour 4 à 8 contractions (plus lentement
après pour 2 à 4 contractions de plus). Fond du vagin
4. Contractions du sphincter anal externe (2 à 4
contractions à des intervalles de 0,8 s). Col utérin
Parfois: 2 à 3 contractions à intervalles irrégu¬
Diamètre
liers (10 à 15 %).
vaginal
Plate-forme
orgastique
* Tableau élaboré à partir de: MASTERS, W.H. et JOHNSON, V.E. «The sexual response cycles of the human male and female: comparative
anatomy and physiology». Sex and Behavior (F.A. Beach, dir.) New York: Wiley, 1965, p. 512-534.
et:
MASTERS, W.H. et JOHNSON, V.E. Human Sexual Response: Boston: Little Brown & Co., 1966.
134 Chapitre 6
TABLEAU 6.3: Réactions du corps à chacune des étapes de la réponse sexuelle chez l’homme et chez la femme selon
Masters et Johnson (1965 et 1981)*
Phase d’excitation
Phase du plateau
Phase de l’orgasme
Phase de résolution
* Ce tableau a été reproduit avec la permission des auteurs à partir de: MASTERS, W.H. et JOHNSON, V E. «Les cycles de la réponse sexuelle
de l’homme et de la femme: anatomie et physiologie comparée». Sexologie contemporaine (C. Crépault, J. Lévy et H. Gratton, dir.). Sillery:
Presses de l'Université du Québec. 1981, p. 260.
plaisir orgastique Le plaisir associé à l’orgasme est probablement le plus intense que l’on puisse
ressentir naturellement. Quelles sont les structures responsables de ce plaisir? La
(4) Les pourcentages indiquent la fréquence selon laquelle la réaction est observée au moment de l’activité
sexuelle.
Adolescence et sexualité 135
(5) Recherche menée auprès de patients psychiatriques ayant subi des Implantations d'électrodes à des fins
thérapeutiques.
136 Chapitre 6
On observe parfois des enfants de deux ou trois ans qui cherchent à voir les
organes génitaux de leurs copains et à montrer les leurs. Généralement, il s’agit
d’explorations suscitées par la curiosité, un peu comme c’était le cas du plus jeune
bébé pour son propre corps.
sexualité? Est-ce que le fait, pour le bébé de quatre mois, de réagir avec plaisir à la
stimulation de ses organes génitaux est un signe manifeste de sexualité? La question
se pose aussi au sujet des enfants de trois ans qui s’embrassent ou explorent mutuel¬
lement leurs corps.
gation d’enfants. Il semble qu’une forte proportion des conduites sexuelles prépuber¬
taires soient motivées par la curiosité et conditionnées par la présence de parte¬
naires.
TABLEAU 6.4. Expérience des jeux sexuels prépubertaires chez les garçons et les filles selon
Kinsey (1948; 1953)*
Dans les données de Kinsey la notion des jeux sexuels («sex play») implique les organes génitaux. Les
pourcentages expriment la proportion des échantillons Kinsey ayant vécu au moins une expérience à l'âge
indiqué. Ces données exprimées en pourcentage (%) ont été tirées de: KINSEY, A.C., POMEROY, W.B. et
MARTIN, C.E. Sexual Behavior in the Human Male. Philadelphie: W.B. Saunders Co.. 1948. KINSEY, A.C.,
POMEROY, W.B., MARTIN, C.E. et GEBHARD, P.H. Sexual Behavior in the Human Female. Philadelphie:
W.B. Saunders Co., 1953.
Chez les filles, Kinsey (1953) rapporte qu’une fois sur trois les activités,
sexuelles de groupe avant la puberté ne vont pas plus loin que l’examen mutuel des
organes génitaux. Il apparaît aussi que les filles ont plus tendance à s’examiner entre
Adolescence et sexualité 139
elles qu’en présence des garçons. Selon Kinsey, 5% seulement des filles ayant connu
des activités homosexuelles prépubertaires les ont continuées pendant l’adoles¬
cence.
Le tableau 6.4, reconstruit à partir des données de Kinsey et coll. (1948; Kinsey
1953)6, présente une comparaison concernant l’évolution des conduites sexuelles
entre garçons et filles âgés de cinq à treize ans. Vieilles de plus de trente ans, ces
données américaines ne sont évidemment pas présentées ici comme un portrait
fidèle de la situation contemporaine. Elles ne sont fournies qu’à titre indicatif car
malgré leur grande qualité initiale, les données de Kinsey ne réflètent pas les chan¬
gements d’attitudes qui se sont manifestés depuis les années 1950. À cet effet, on
peut émettre l’hypothèse que la libéralisation des perspectives à l’égard de la sexuali¬
té a eu pour effet d’augmenter la probabilité des jeux sexuels prépubertaires en
raison d’une répression des adultes atténuée. Les pourcentages fournis dans le
tableau 6.4 ne signifient pas que les enfants concernés sont constamment engagés
dans des jeux sexuels; pour la plupart, il s’agit d’activités sporadiques et pour cer¬
tains autres, d’activités uniques, c’est-à-dire n’ayant été pratiquées qu’une seule fois.
On remarquera dans le tableau 6.4 que les jeux homosexuels sont plus fré¬
quents à tous les âges et pour les deux sexes que les jeux hétérosexuels. Les
garçons à presque tous les âges sont nettement plus actifs que les filles mais comme
elles, ils affichent une certaine baisse d’activité à l’approche de l’adolescence. Com¬
ment relier cette baisse relative avec «l’explosion pulsionnelle» de la puberté? Peut-
être s’agit-il là de la confirmation du caractère plus enfantin de ces jeux sexuels
prépubertaires qui perdent de l’importance avec la maturation? Il importe toutefois
de souligner que cette baisse est moins considérable chez les garçons en raison de
leur pourcentage élevé par rapport à celui des filles et qu’une bonne partie de
l’activité hétérosexuelle aurait tendance à se maintenir au cours de l’adolescence,
tandis que les contacts homosexuels seront probablement interrompus (Katcha-
dourian et coll., 1975). La différence marquée entre les garçons et les filles dans différence entre
l’activité sexuelle prépubertaire est le début d’une tendance qui se maintiendra au garçons et filles
cours de l’adolescence traçant deux trajectoires clairement distinctes l’une de l’au¬
tre.
L’orgasme semble pouvoir être expérimenté par les deux sexes bien avant la
puberté. Pour le garçon prépubère, l’orgasme se manifestera alors sans sa contre-
(6) Kinsey, entomologiste américain de l’Université de l’Indiana, a consacré une grande partie de sa carrière à
l’étude du comportement sexuel humain. L’entrevue personnelle détaillée fut sa principale méthode de
recueil de données. Lui et ses collègues ont recueilli plus de 16 000 histoires personnelles aux États-Unis.
Bien que l'échantillonnage n’ait pas été aléatoire, ce vaste réservoir d'informations a donné lieu à deux
ouvrages importants encore fréquemment utilisés et cités: Kinsey, Pomeroy et Martin (1948) et Kinsey,
Pomeroy, Martin et Gebhard (1953).
140 Chapitre 6
(7) La notion de «comportements sexuels» implique ici l’ensemble des orgasmes («total sexual outlet») at¬
teints pendant une semaine normale grâce à la masturbation, aux rêves sexuels, au «petting», au coït et
aux activités homosexuelles.
Adolescence et sexualité 141
FIGURE 6.3: Fréquence hebdomadaire moyenne de l’ensemble des activités sexuelles des
hommes de 15 à 85 ans*
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Source: KINSEY, A.C., POMEROY, W.B. et MARTIN, C E. Sexual Behavior in the Human Male. Philadelphia:
W.B. Saunders Co., 1948.
La figure 6.4 élaborée à partir des données de Kinsey (1953) renseigne sur les
fréquences moyennes des activités sexuelles chez l’ensemble des femmes au cours
de la vie depuis l’adolescence. Ces moyennes ne sont pas des barèmes de normalité
puisqu’elles incluent les sujets extrêmes de la population, c’est-à-dire des femmes qui
ont très peu d’activités sexuelles et d’autres qui en ont beaucoup. Dans l’échantillon
de Kinsey, environ 30 % des femmes célibataires des groupes de 16-20 ans, 26-30 ans
et 46-50 vivaient en moyenne un orgasme à toutes les deux semaines. Dans le
groupe des 16-20 ans, moins de 5 % avaient plus d’un orgasme par semaine. Dans les
groupes de 26-30 ans et 46-50 ans, environ 10 % des sujets vivaient un orgasme par
semaine (Katchadourian et coll., 1975).
FIGURE 6.4: Fréquence hebdomadaire moyenne de l’ensemble des activités sexuelles des
femmes de 15 à 85 ans*
Source: KINSEY, A.C., POMEROY, W.B., MARTIN, C E. et GEBHARD, P.H. Sexual Behavior in the Human
Female. Philadelphie: W.B. Saunders Co., 1953.
Adolescence et sexualité 143
Chez les femmes mariées de 21 à 25 ans, le tiers environ vivaient de un à deux femmes mariées
orgasmes par semaine, tandis que 5 % d’entre elles en avaient trois par semaine en
moyenne et un autre 5 % en avaient entre cinq et sept par semaine; moins de 20 % de
ce groupe avaient moins d’un orgasme par deux semaines. Entre 36 et 40 ans, 25 %
des femmes mariées avaient un orgasme par semaine et un autre 25 % un orgasme
par deux semaines. Entre 51 et 55 ans, près des deux tiers des femmes mariées
vivaient moins d’un orgasme par semaine.
Les hommes les plus actifs sexuellement, tel que l’indique la figure 6.3, sont
âgés de moins de trente ans. Dès l’adolescence, la fréquence orgastique quasi
maximale est atteinte et durera une quinzaine d’années pour ensuite baisser de
façon régulière jusqu’à la vieillesse.
Selon les données de Kinsey, les hommes ont donc une activité orgastique activité orgastique
plus grande que celle des femme et la différence est particulièrement marquée au
cours de l’adolescence à partir de 15 ans. Cette observation contraste avec la
capacité orgastique plus grande des femmes telle que décrite par Masters et John¬
son (1966). Ainsi les femmes ont potentiellement la capacité de vivre plusieurs
orgasmes dans une même activité sexuelle, mais elles en atteignent un moins grand
nombre au cours de leur vie.
En comparant les figures 6.3 et 6.4, on peut voir que les fréquences mascu¬
lines baissent à partir de 30 ans tandis que celles des femmes se maintiennent à leur
plus haute fréquence encore pendant les 10 ans suivant cet âge, c’est-à-dire jusqu’à
40 ans. C’est toutefois entre 41 et 45 ans que les fréquences moyennes des deux
sexes sont les plus proches.
Les données de Kinsey (1948; 1953) indiquent que 2 % des filles et 10 % des
garçons avaient vécu une expérience coïtale avant 15 ans, alors que 18 % des filles et
42 % des garçons avaient expérimenté le coït avant 19 ans.
6) les contacts homosexuels; et 7) le contrôle des naissances. Leur étude des don¬
nées tend à démontrer que les filles se sont progressivement mais constamment
rapprochées des garçons en matière de comportements sexuels au cours de cette
période. Les auteurs soulignent que l’évolution s’est faite graduellement et qu’on ne
peut à proprement parler de révolution sexuelle. Nous nous attarderons brièvement
ici à leur étude des données évolutives concernant la masturbation et le coït préma¬
rital à l’adolescence.
6.5.3 Masturbation
Les études revisées par Diepold et coll. (1979) indiquent que les données de
1940 concernant le coït prémarital masculin sont à peine différentes de celles des
années 1970: aujourd’hui le garçon célibataire de 18 ans aurait la même fréquence de
coït que celui de 19 ans en 1940. Les filles ont à cet égard manifesté une forte
augmentation pendant la même période: chez les jeunes filles de 15 ans, il y a 500 %
plus de coïts pour la période de 1940 à 1970 et 300 % chez celles de 18 ans. Ainsi les
filles d’aujourd’hui de plus de 16 ans auraient presque autant d’expérience dans ce
domaine que les garçons. Pour les deux sexes, la fréquence du coït prémarital
doublerait entre 17 et 18 ans.
Adolescence et sexualité 145
11 y auiait aussi chez les deux sexes une relation inverse significative entre la
pratique religieuse et le coït prémarital et entre le niveau socio-économique et cette
pratique sexuelle. Ainsi, plus les adolescents sont impliqués religieusement moins ils
ont de relations coïtales, et plus ils ont un statut social élevé moins ils ont de
relations coitales. Les relations existant entre la religion, le coït et le niveau socio¬
économique tendraient cependant à s’amenuiser vers la fin de l’adolescence.
Il ne semble pas y avoir de différence de fréquence coïtale8 pour les deux fréquence coïtale
sexes entre hétérosexuels et homosexuels (garçons: ± 50 % et filles: 36 %, dans les
deux cas). Toutefois, selon Saghir et Robins (1973), les homosexuels mâles et
femelles auraient des expériences coïtales (c’est-à-dire hétérosexuelles) plus pré¬
coces. Pour ces derniers auteurs, il apparaît que la majorité des homosexuels ren¬
contrent des membres du sexe opposé dans le but d’expérimenter le coït et de tester
la valeur de leur choix sexuel. Ces adolescents davantage préoccupés par leur
orientation sexuelle feraient des efforts d’exploration particuliers dans une relation
hétérosexuelle afin de pouvoir s’identifier par rapport aux informations obtenues au
cours de l’expérience personnelle.
Des données plus récentes que celles de Kinsey sur la fréquence des activités
sexuelles nous proviennent aussi de l’étude québécoise de Crépault et Gemme
(1975). Ces auteurs ont enquêté auprès de 629 célibataires (379 garçons et 250 filles)
de 19 à 22 ans de la région de Montréal. Même si ces sujets sont de jeunes adultes
car ils débordent la période adolescente de 12-18 ans considérée dans cet ouvrage,
nous estimons que les données de cette étude peuvent éclairer notre discussion.
Crépault et Gemme (1975) déterminent une cote d’agir sexuel global à partir cote d’agir sexuel
des 23 activités sexuelles présentées dans le tableau 6.5; à chacune de ces activités
est attribuée une valeur de 1, 2, 3 ou 4 points selon que le répondant affirme n’avoir:
«jamais», «une ou deux fois», «plusieurs fois», ou «très souvent» fait l’acte dont ii est
question.
Dans l’ensemble, les 379 garçons ont obtenu une cote moyenne d’agir sexuel
de 39,58 (écart type: 10,29) tandis que les 250 filles ont obtenu une cote moyenne de
34,17 (écart type: 8,31). Le degré d’activité sexuelle plus grand des garçons se trouve
ainsi confirmé par cette étude. Toutefois, la dispersion plus grande des fréquences
orgastiques féminines observée par Kinsey (1953) ne s’exprime pas ici, les scores
féminins sont moins dispersés autour de la moyenne. Les femmes se trouvent aussi
dans une moins grande proportion parmi les détenteurs de scores les plus élevés et
les moins élevés d’agir sexuel global (Crépault et colL, 1975). Ces résultats démon¬
trent que pour 11 des 23 conduites, les garçons sont de façon significative plus
actifs que les filles. Notons par ailleurs que cette étude québécoise présente des
données assez conservatrices concernant la masturbation: 34 % des garçons et 76 %
TS très souvent
PF plusieurs fois
1-2F une ou deux fois
J jamais
X2 test statistique du khi carré (degré de signification)
(A) amoureux
(NA) non amoureux
M masculin
F féminin
des filles âgées de 19 à 22 ans répondent n’avoir jamais pratiqué la masturbation. Ces
données ne projettent pas exactement la même image que celles résultant de plu¬
sieurs autres travaux publiés sur ce sujet9. Crépault et coll. (1975) ont cependant
tenté de faire la distinction entre les activités sexuelles vécues dans une relation relation amoureuse
amoureuse entre les partenaires et celles vécues dans une relation non amoureuse.
Le résultat de cette recherche tend à prouver que, dans une relation amoureuse,
aucune différence significative entre les sexes n’a été constatée sur le plan des
activités hétérosexuelles, sauf en ce qui a trait au «petting» actif pratiqué par 56,2 %
des garçons et par 42,4 % des filles. Dans une relation non amoureuse, la situation
est très différente puisque pour les sept conduites hétérosexuelles, les différences
sont significatives (p< 0,001). Cette étude met donc en évidence l’importance du
contexte dans lequel apparaissent les activités sexuelles au cours de comparaisons contexte des
entre les garçons et les filles. activités sexuelles
(9) Voir à ce sujet les travaux de Sorenson (1973), Miller et Simon (1974), Hopkins (1977) et Diepold et coll.
(1979).
(10) Selon Miller et Simon (1980), «typique» signifie le mode ou la fréquence la plus élevée qui est observée.
Évidemment, ici il ne s’agit pas de tous les cas observés.
148 Chapitre 6
dont elle est amoureuse et avec qui elle prévoit se marier, tandis que le plus souvent
le garçon fera l’amour pour la première fois avec une partenaire pour laquelle il
première n’éprouve ni amour, ni émotion particulière. Pour les deux sexes, la première expé¬
expérience coïtale rience coïtale aurait lieu le plus souvent avant le mariage.
fantaisies Pour ce qui est des fantaisies (c’est-à-dire les pensées libres ou rêves diurnes),
Miller et coll. (1980) signalent qu’une majorité de garçons (87 %) et de filles (79 %)
affirment qu’au moment de la masturbation ou de l’excitation sexuelle, leurs images
mentales concernent des relations sexuelles dans un contexte d’affection. Les fan¬
taisies intimes de la majorité des adolescents des deux sexes renferment donc des
valeurs considérées positivement par la société (c’est-à-dire l’affection reliée à la
sexualité). Toutefois, comme deuxième élément d’importance dans la fantaisie (lors
de la masturbation ou de l’excitation sexuelle), 75 % des garçons mentionnent l’i¬
mage mentale de «caresses et d’une relation sexuelle avec quelqu’un d’inconnu» et
seulement 22 % des filles impliquent un étranger dans leurs fantaisies alors que dans
une proportion de 74 % (presque autant que dans leur premier choix) elles affirment
penser «à faire des choses non sexuelles avec quelqu’un que l’on aime». Le thème le
plus courant dans la fantaisie masculine serait donc le comportement sexuel mani¬
feste, le contexte émotionnel occupant la deuxième place. Pour la fille, la fantaisie
reliée à l’érotisme serait d’abord émotionnelle, et ensuite sexuelle.
Depuis les trois dernières décennies, nous avons pu constater une évolution
progressive des moeurs sexuelles due en partie à un abaissement de l’âge des
premières relations et a un accroissement de la pratique masturbatoire.
Adolescence et sexualité 149
AUTO-ÉVALUATION
1. Une même stimulation physique peut provoquer une excitation sexuelle dans un contexte et une irritation dans un autre.
a) Vrai
b) Faux
2. Choisissez parmi les sources de stimulation sexuelle suivantes, les trois qui, généralement, sont les plus puissantes:
a) La gustation;
b) le toucher;
c) l’ouïe;
d) la vue;
e) l’olfaction;
f) le rythme.
3. Les stimulations érotiques non sexuelles qui surviennent parfois au début de l’adolescence ne sont pas reliées à une tension
nerveuse.
a) Vrai
b) Faux
4. À mesure que passent les années de l’adolescence, les réponses sexuelles sont de moins en moins spécifiquement associées à des
stimulations à caractère érotique manifeste.
a) Vrai
b) Faux
5. Parmi les éléments suivants, ordonnez les trois zones corporelles généralement les plus sensibles à la stimulation sexuelle chez la
femme (de la zone la plus sensible à la zone la moins sensible):
a) Le scrotum;
b) les fesses;
c) le clitoris;
d) les petites lèvres du vagin et le vestibule;
e) le gland du pénis;
f) l’anus;
g) le dos;
h) l’intérieur des cuisses;
i) la région située entre l’anus et le vagin;
j) la région située entre l’anus et le scrotum.
6. Parmi les éléments suivants, ordonnez les trois zones corporelles généralement les plus sensibles à la stimulation sexuelle chez
l’homme (de la zone la plus sensible à la zone la moins sensible):
a) Le scrotum;
b) les fesses;
c) le clitoris;
d) les petites lèvres du vagin et le vestibule;
e) le gland du pénis;
f) l’anus;
g) le dos;
h) l’intérieur des cuisses;
i) la région située entre l’anus et le vagin;
j) la région située entre l’anus et le scrotum.
150 Chapitre 6
7. Le tronc du pénis et le canal vaginal sont des exemples de régions du corps ne possédant pas une très grande sensibilité érotique.
a) Vrai
b) Faux
8. La vue des organes génitaux d’un membre du sexe opposé constitue une source très puissante d’excitation sexuelle, autant pour les
hommes que pour les femmes.
a) Vrai
b) Faux
9. À partir des éléments suivants, ordonnez les étapes de la réponse sexuelle féminine selon Masters et Johnson (1966):
a) La résolution;
b) le plateau;
c) la période réfractaire;
d) l’excitation;
e) l’orgasme;
f) l’oscillation.
10. A partir des éléments suivants, ordonnez les étapes de la réponse sexuelle masculine selon Masters et Johnson (1966):
a) La résolution;
b) le plateau;
c) la période réfractaire;
d) l’excitation;
e) l’orgasme;
f) l’oscillation.
14. Il existe des différences fondamentales entre la réponse sexuelle de la femme et celle de l’homme. Trouvez-en trois parmi les
propositions suivantes:
a) L homme n a qu un seul patron de base dans sa réponse tandis que la femme en a trois possibles;
b) contrairement à la femme, l’homme n’a pas de période réfractaire;
c) la capacité orgastique de l’homme est plus limitée que celle de la femme;
d) contrairement à l’homme, la femme n’a pas de période réfractaire;
e) il n’y a pas de phase du plateau dans la réponse de l’homme.
15. Si la femme est stimulée à nouveau immédiatement après l’orgasme, elle peut revivre une nouvelle expérience orgastique sans que
son niveau d’excitation s’abaisse en dessous du niveau «plateau».
a) Vrai
b) Faux
16. Tout en respectant l’ordre de présentation, indiquez à quelles phases de la réponse sexuelle masculine appartiennent normalement
les réactions physiques suivantes observables dans la région pelvienne.
1) Perte de l’érection;
2) érection du pénis;
3) contractions de l’urètre pénien;
4) émission mucoïde.
a) Excitation;
b) plateau;
c) orgasme;
d) résolution.
17. Tout en respectant l’ordre de présentation, indiquez à quelles phases de la réponse sexuelle féminine appartiennent normalement les
réactions physiques suivantes observables dans la région pelvienne.
a) Excitation;
b) plateau;
c) orgasme;
d) résolution.
18. La tension sexuelle générale est associée à deux phénomènes physiologiques de base. Identifiez-les parmi les propositions suivantes:
a) Vasocongestion;
b) masturbation;
c) excitation;
d) myotonie;
e) hyperventilation.
a) Vrai
b) Faux
20. Masters et Johnson (1966) considèrent que tous les orgasmes féminins sont physiologiquement identiques malgré leur intensité
variable.
a) Vrai
b) Faux
152 Chapitre 6
21. Le liquide spermatique éjaculé au moment de l’orgasme masculin est sécrété par:
a) Le pénis;
b) la prostate;
c) les testicules;
d) la glande de Cowper;
e) les vésicules séminales;
f) l’urètre;
g) le canal déférent.
22. Pendant 1 orgasme de la femme, on peut observer les réactions pelviennes suivantes:
a) Érection du mamelon;
b) contraction de l’utérus;
c) hyperventilation;
d) contraction du sphincter anal externe;
e) contractions de la plate-forme orgastique;
f) tachycardie.
23. Le plaisir ressenti au moment de I orgasme est probablement le plus intense que l’on puisse connaître naturellement. Identifiez, parmi
les propositions suivantes, deux structures nerveuses reliées à la sensation de plaisir (voir Olds, 1956; et Heath, 1972):
a) L’hypothalamus;
b) la moelle épinière;
c) le thalamus;
d) le tractus optique;
e) le mésencéphale;
f) le corps calleux.
24. La phase de résolution implique une période réfractaire observée chez les deux sexes mais davantage chez l’homme.
a) Vrai
b) Faux
25. On sait que les jeunes bébés mâles ne sont pas capables d’avoir une érection pénienne en raison de leur immaturité neurologique.
a) Vrai
b) Faux
26. La sexualité adulte ne peut pas s’expliquer seulement par ses origines biologiques, les comportements sexuels sont aussi fortement
conditionnés par des déterminants psychologiques.
a) Vrai
b) Faux
27. Dans l’optique développementale, la notion de sexualité intègre les activités sexuelles prépubertaires tout en reconnaissant leur
caractère biologiquement et psychologiquement distinct de la sexualité mature.
a) Vrai
b) Faux
28. Parmi les activités sexuelles suivantes, identifiez celles que l’on rencontre avant la puberté en les ordonnant selon un ordre de
fréquence décroissant (voir Kinsey, 1948; 1953): e
a) Le coït;
b) l’érotisme solitaire;
c) l’exhibition et la masturbation en groupe.
Adolescence et sexualité 153
29. Selon Kinsey, les jeux homosexuels des deux sexes sont plus courants à tous les âges prépubertaires que les jeux hétérosexuels.
a) Vrai
b) Faux
30. Le degré d’activité sexuelle prépubertaire des garçons et des filles est équivalent.
a) Vrai
b) Faux
31. Selon des enquêtes, on a constaté que des expériences orgastiques pouvaient se manifester plus de trois ans avant l’âge de la
puberté.
a) Vrai
b) Faux
32. Parmi les propositions suivantes, identifiez celles qui constituent des facteurs limitatifs quant à la possibilité de comparer directement
et avec certitude les comportements sexuels des femmes avec ceux des hommes.
a) La différence existant entre le nombre de phases dans la réponse sexuelle des hommes et des femmes;
b) les contrôles sociaux plus restrictifs envers la sexualité féminine;
c) la présence d’un plus grand nombre d’activités sexuelles significatives sans orgasme chez la femme;
d) l’absence d’éjaculation chez la femme rendant son orgasme moins manifeste;
e) le degré motivationnel moins grand des femmes.
33. Parmi les groupes d’âges suivants, identifiez celui qui, selon Kinsey (1948), correspond à la période la plus intense d’activités sexuelles
chez l’homme.
a) De 16 à 30 ans;
b) de 0 à 15 ans;
c) de 31 à 45 ans;
d) de 46 à 60 ans;
e) de 61 à 85 ans.
34. Parmi les groupes d’âges suivants, identifiez celui qui, selon Kinsey (1953), correspond à la période la plus intense d’activités sexuelles
chez la femme.
a) De 46 à 60 ans;
b) de 0 à 15 ans;
c) de 16 à 30 ans;
d) de 31 à 45 ans;
e) de 61 à 85 ans.
35. La plus grande capacité orgastique des hommes contraste avec la plus grande activité orgastique des femmes.
a) Vrai
b) Faux
36. Selon l’étude des travaux effectuée par Diepold et coll. (1979), il apparaît qu’au cours des trente dernières années les comportements
sexuels des filles se sont constamment rapprochés de ceux des garçons.
a) Vrai
b) Faux
37. Chez les garçons comme chez les filles, ceux qui atteignent une maturité sexuelle précoce auraient tendance à pratiquer la
masturbation plus tôt et davantage que ceux dont la puberté est plus tardive.
a) Vrai
b) Faux
154 Chapitre 6
38. Selon Diepold et coll. (1979), la fréquence du coït prémarital, chez les filles comme chez les garçons, doublerait entre 17 et 18 ans.
a) Vrai
b) Faux
39. Parmi les facteurs suivants, identifiez ceux qui sont reliés (positivement) à une plus faible pratique du coït prémarital:
40. Selon Crépault et coll. (1975), il n y a aucune différence significative entre les filles et les garçons québécois en ce qui concerne les
activités hétérosexuelles dans un contexte amoureux, sauf pour le «petting» actif.
a) Vrai
b) Faux
41. Miller et coll. (1980) ont observé autant chez les garçons que chez les filles, que la première expérience coïtale a lieu avant le mariage,
cependant les filles ont généralement leur première relation sexuelle avec un garçon aimé et prévu comme époux futur.
a) Vrai
b) Faux
42. Psychologiquement, l’érotisme apparaît d’abord sexuel pour le garçon et par la suite seulement émotionnel, tandis que pour la fille
c est l’inverse qui se produit.
a) Vrai
b) Faux
Chapitre 7
Phénomènes
psychosociaux
reliés à la sexualité
adolescente
7.1 LA CONTRACEPTION
7.2 LES DÉVIATIONS SEXUELLES À L’ADOLESCENCE
7.2.1 L’homosexualité
156 Chapitre 7
7.1 LA CONTRACEPTION
contrôle Le contrôle des naissances jouera donc un rôle démographique crucial pour
des naissances l’humanité d’ici la fin du siècle et encore davantage au XXIe siècle. À une autre
échelle, le contrôle des naissances aura une importance capitale pour ce qui est de
maîtriser la transmission des maladies héréditaires comme l’hémophilie et les diffor¬
mités éventuelles causées par la consommation de certaines drogues comme la
thalidomide pendant la grossesse. Le contrôle des naissances aidera aussi à prévoir
Phénomènes psychosociaux reliés à la sexualité adolescente 157
TABLEAU 7.1: Description sommaire des méthodes contraceptives et de leurs caractéristiques d’utilisation*
aux relations sexuelles, par exemple les maladies vénériennes, Crépeault et coll.
(1975) affirment «qu’il serait illogique de maintenir la grande majorité des jeunes
dans l’ignorance, alors qu’ils sont presque tous sexuellement actifs». En effet,
compte tenu de l’importance de l’activité sexuelle à l’adolescence et des consé¬
quences irrémédiables causées par des grossesses prémaritales non désirées, l’igno¬
rance face à la sexualité, à la contraception et aux maladies transmises sexuellement
est la source de problèmes sociaux considérables, partant elle est inacceptable. Le
Conseil du statut de la femme du Québec a recommandé en 1978 qu’un travail de
diffusion systématique des connaissances sur ces sujets soit entrepris dans le milieu
scolaire tant au niveau élémentaire qu’au niveau secondaire.
160 Chapitre 7
Il ressort donc ici que: a) une déviance n’existe que lorsqu’elle implique une déviance
conduite prédominante par rapport au coït hétérosexuel: on ne peut parler de
déviance stable sachant que les adolescents n’ont pas librement accès aux relations
hétérosexuelles et b) les conduites sexuelles de l’enfance et de l’adolescence sont
des comportements déviants au même titre que les autres et ne prédisent pas plus
que ces derniers l’apparition de déviations sexuelles à l’âge adulte. Nous sommes
donc amenés à conclure qu’il n’existe pas de déviation sexuelle typique à l’adoles¬
cence; il est sans doute possible de constater certaines des conduites sexuelles
déviantes de l’âge adulte mais cela est très rare (à l’exception peut-être de l’homo¬
sexualité qui est assez répandue chez les adolescents mais qui conserve encore son
caractère ludique).
7.2.1 L’homosexualité1
(1) Le mot «homosexualité» est un dérivé du grec «hom» qui signifie «le même», il ne tire pas ses origines du
latin «homo» signifiant «homme» comme on pourrait le croire de prime abord.
162 Chapitre 7
Homosexualité: activité sexuelle avec une personne du même sexe. Le terme «lesbienne» est souvent utilisé pour désigner la femme
homosexuelle. C’est la déviation d’objet la plus courante et la plus connue; elle fait maintenant l’objet de mouvements «gais» qui
revendiquent le droit de vivre librement leur homosexualité.
Pédophilie: activité sexuelle caractérisée par l’utilisation d’enfants. Cette déviation est beaucoup plus fréquente chez l’homme et implique
un garçon ou une fille prépubères mais rarement les deux; elle est généralement la conséquence d’un déséquilibre psychologique
important. La pédophilie constitue une offense qui est très sévèrement punie par la loi.
Inceste: relation sexuelle avec un parent; le plus souvent il s’agit du père avec sa fille ou de la mère avec son fils mais le concept englobe
aussi les relations entre frères et soeurs, avec les grands-parents, les oncles et tantes, etc. L’inceste, violation d’un tabou universel, a un
impact psychologique très puissant sur les victimes.
Zoophilie: contacts sexuels avec des animaux. Cette déviation, appelée aussi bestialité, se trouve plus fréquemment dans les sociétés
rurales où l’adolescent côtoie plus souvent et plus facilement les animaux. La zoophilie est, dans la majorité des cas, occasionnelle au
cours de la période de l’adolescence.
Fétichisme: utilisation d’un objet inanimé à titre d’objet sexuel. Cette déviation, presque exclusivement masculine, n’est reconnue que si
l’objet fétiche importe plus que l’objet humain. Plusieurs objets sont susceptibles d’être utilisés par ce type de déviant, notamment des
chaussures ou sous-vêtements féminins.
Autres: Il existe d’autres déviations encore plus rares dont on ne parlera pas ici, par exemple, la nécrophilie, la gérontophilie, etc.
Voyeurisme: perversion d’un individu pour lequel il est plus satisfaisant de voir une personne nue, ou toute autre scène érotique, que de
participer à une relation coïtale. Cette déviation se trouve surtout chez les hommes et dans 95 % des cas il s’agit de l’observation de
personnes étrangères. L’excitation du voyeur réside dans l’acte de défi envers les conventions sociales. Katchadourian et coll. (1975)
soulignent que la moyenne d’âge des voyeurs ayant fait l’objet d’une arrestation est 23,8 ans; cela comprend donc une forte proportion
d’adolescents.
Exibitionnisme: déviation consistant pour un adulte mâle à exiber ses organes génitaux à des femmes ou à des enfants; la réaction du
témoin est un élément important de la satisfaction. Cette offense est très sérieuse mais on considère de plus en plus qu’il y a un
déséquilibre psychique en jeu, au moins pour le premier délit.
Sadomasochisme: relation au cours de laquelle l’individu doit infliger (sadisme) ou recevoir (masochisme) des brutalités pour atteindre la
satisfaction sexuelle.
Viol: utilisation de la force ou de la menace pour obtenir une satisfaction sexuelle d’une personne non consentante. Le viol est
généralement commis par des hommes assez jeunes; selon MacDonald (1971), l’âge moyen des violeurs arrêtés est 24,5 ans ce qui est
susceptible d’intégrer une certaine proportion d’adolescents. Lacerte-Lamontagne et Lamontagne (1980) ont fait une étude à partir de
101 cas de viol au Québec; ils observent qu’en moyenne l’agresseur a 26 ans et la victime 24 ans. Dans plus de la moitié des cas
agresseurs et victimes se connaissent: ils se sont rencontrés chez la victime (39 %), dans un bar ou club (37 %). Dans près de 75 % des
cas, le lieu du délit est le domicile de la victime, une auto (22 %), ou le domicile de l’agresseur (16 %). Ce dernier est souvent chômeur ou
sans métier, et dans 88 % des cas il a un casier judiciaire.
* Les déviations décrites dans ce tableau ne sont pas typiques à l’adolescence; au contraire, elles sont probablement moins fréquentes au cours
de cette période qu’à l’âge adulte.
Source: Ce tableau a été élaboré à partir des données de: KATCHADOURIAN, H.A. et LUNDE, D.T. Fundamentals of Human Sexualitv pean
New York: Holt, Reinhart and Winston, 1975. y'
Phénomènes psychosociaux reliés à la sexualité adolescente 163
Les données de Kinsey (1948; 1953) sont, malgré leur âge, les plus impor¬
tantes quantitativement et servent de base pour évaluer la fréquence. Selon lui,
avant la puberté environ 60 % des garçons ont connu une activité sexuelle quelcon¬
que avec un ou des garçons (Kinsey, 1948). En excluant ces expériences enfantines,
Kinsey estime que 37 % des hommes et 18 % des femmes ont connu un orgasme
homosexuel avant 45 ans. Les expériences orgastiques homosexuelles sont plus expériences
répandues chez les célibataires que chez les gens mariés: avant 45 ans: 50 % des homosexuelles
hommes célibataires et 26 % des femmes ont eu des expériences orgastiques homo¬
sexuelles comparativement à 10 % et 3 % respectivement chez les gens mariés.
En 1952, Kallman démontrait par une étude que si un jumeau identique était
homosexuel l’autre l’était aussi, tandis que la concordance n’était pas aussi parfaite
pour les jumeaux non identiques. Partant, il émettait l’hypothèse d’une base géné¬
tique à l’homosexualité. Ces données ont été fort critiquées par la suite; on accusait
l’auteur de ne pas avoir tenu compte de l’environnement des sujets étudiés. De plus,
d’autres études plus récentes n’ont pas apporté les mêmes résultats que ceux de
Kallman.
En bref, les études connues n’ont pas réussi à identifier une différence biolo¬
gique entre les homosexuels et les hétérosexuels (Katchadourian et coll., 1975), ce
qui ne veut pas dire qu’il n’existe pas de facteurs héréditaires à l’origine d’un com¬
portement homosexuel.
(2) Le qualificatif «bisexuel» concerne les personnes qui ont des activités homosexuelles et hétérosexuelles.
Elles ne sont donc ni exclusivement homosexuelles, ni exclusivement hétérosexuelles.
(3) L'expression «maladies vénériennes» englobe le même concept. Le mot «vénérienne» est déviré de «Vénus»,
déesse de l’amour et de la beauté dans la mythologie romaine. Parce que ces maladies sont transmises
sexuellement, on leur a attribué ce qualificatif.
(4) Ce mot est un anglicisme lexical issu de «gonorrhea»; dorénavant nous utiliserons dans le texte le terme
français correspondant «blennorragie».
Phénomènes psychosociaux reliés à la sexualité adolescente 165
La maladie vénérienne est un problème individuel assez délicat, mais en maladie vénérienne
même temps un problème collectif d’envergure qui touche une proportion élevée de
jeunes. Aux États-Unis, les cas de maladies vénériennes ont triplé depuis 1960. Cette
augmentation est due à plusieurs facteurs, notamment une plus grande permissivité
sexuelle, une ignorance des précautions à prendre et une utilisation de moins en
moins répandue du préservatif masculin depuis l’apparition de la pilule. Johns, Sut-
ton et Webster (1975) ont constaté que parmi tous les cas recencés de maladies
vénériennes, 50% concernaient les jeunes de moins de 25 ans.
7.3.1 La blennorragie
(5) Selon Katchadourian (1977), les premiers symptômes peuvent apparaître une journée après le contact et
parfois trois semaines après la relation sexuelle.
brûlure ressentie au moment d’uriner permet d’identifier l’infection. Au bout d’envi¬
ron deux semaines, les symptômes de l’infection sont plus manifestes: le liquide
devient verdâtre et plus épais, le malade est fiévreux et ressent de la fatigue. Le
médecin peut facilement diagnostiquer la maladie en demandant une analyse en
laboratoire des pertes du pénis attestant qu’il y a ou non présence du gonocoque.
7.3.2 La syphilis
La syphilis est beaucoup moins répandue que la blennorragie mais elle est
beaucoup plus grave. Sans aucun traitement, la syphilis est mortelle.
(6) Les sièges de toilettes, les verres et les tasses, les ustensiles, l’eau des piscines, les animaux domestiques,
les meubles, etc. ne peuvent transporter le germe de la syphilis.
Phénomènes psychosociaux reliés à la sexualité adolescente 167
(7) Le chancre peut parfois apparaître ailleurs que sur le pénis; on a observé son apparition, tant chez l’homme
que chez la femme, dans les régions mammaire, rectale et buccale.
(8) Pour un examen plus approfondi des diverses maladies transmises sexuellement, voir: KATCHADOURIAN,
H.A. et LUNDE, D.T. Fundamentals of Human Sexuallty. 2eéd. New York: Holt, Reinhart and Winston, 1975.
Pour une description assez complète et avec des termes simples, voir: BOUDREAU, Y. La Sexualité expli¬
quée aux adolescents. Montréal: Éditions L'Univers, 1980.
168 Chapitre 7
Sur le plan individuel, la sexualité est reconnue comme étant un des besoins
primaires de l’homme et elle exerce une grande influence motivationnelle sur son
comportement. En effet, le besoin sexuel peut être une source très puissante de
motivation pour amener l’individu à fournir des efforts soutenus afin d atteindre le
but associé à la satisfaction du besoin. Cette tendance innée caractérise tous les
membres de la philogénèse à laquelle appartient l’espèce humaine. Sur le plan col¬
lectif, la sexualité est une source puissante de désintégration ou d’intégration so¬
ciale. Aussi la culture doit-elle assurer le fragile équilibre entre d’une part, la satisfac¬
tion des besoins vitaux primaires associés à la survie de l’espèce et la santé mentale
de ses membres et d’autre part, le maintien d’une stabilité sociale minimale que peut
menacer l’énergie sexuelle non canalisée.
- Dans quelle mesure le double standard imposant des normes sexuelles plus
restrictives pour les filles est-il encore présent chez nous?
- Qu’est-ce que la plus grande contribution financière de la femme moderne
aux besoins de la famille peut amener comme conséquence concernant la
sexualité? le rapport de domination dans le mariage?
- La restriction sociale de la sexualité n’est-elle pas imposée par la domina-
Phénomènes psychosociaux reliés à la sexualité adolescente 169
TABLEAU 7.3: Sommaire d’une série d’études interculturelles sur les attitudes sexuelles humaines*
Sommaire des études sur les normes sexuelles prémaritales des filles
- Les sociétés* patriarcales- tendent à avoir des normes sexuelles restrictives à l’égard de l’activité sexuelle prémaritale des femmes.
- Les normes restrictives incitent les jeunes à axer leurs énergies vers des activités de subsistance intrinsèques aux sociétés industriali¬
sées et exigeant une discipline personnelle. Quant aux sociétés moins organisées vivant de la chasse et de l’agriculture, elles requièrent
moins de discipline et sont plus permissives en ce qui a trait au contrôle de la sexualité.
- Les normes restrictives sont moins nécessaires et moins efficaces dans les petites communautés.
- Dans les sociétés où 1 on considère que les enfants descendent du père d’abord (en portant son nom par exemple), le statut de l’enfant
illégitime est ambigu. Ainsi les normes étant restrictives à l’égard des grossesses prémaritales, la mère non mariée reçoit moins de
support de sa famille. Par contre, dans les sociétés où la descendance relève de la mère plutôt que du père, les grossesses prémaritales
n’ont pas à être évitées; les mères célibataires peuvent compter sur le support de la parenté qui n’est pas humiliée par l’illégalité de
l’acte.
- Dans les sociétés où la mobilité d une classe sociale à l’autre est plus facile, les pères tentent généralement d’empêcher l’union de leur
fille avec un garçon de classe sociale inférieure à la leur.
Si le garçon doit offrir un présent à la famille de sa future femme, la virginité de celle-ci joue un rôle primordial car «les hommes ne paient
pas le plein prix pour un bien endommagé»; une grossesse prémaritale diminue aussi la valeur marchande de la femme.
Là où 1 homme contribue davantage que la femme aux besoins de la famille, l’activité sexuelle devient un moyen d’échange pour elle car
les normes sexuelles la restreignent. Si par contre, la femme contribue plus que l’homme dans le mariage, la valeur du sexe n’est pas
«inflationniste» et l’activité sexuelle prémaritale est permise à la fille. Lorsque la femme contribue beaucoup à la subsistance, l’homme a
de la difficulté à lui imposer des normes restrictives. (Il s’agit de la théorie de l’échange de Eckardt (1971). )
Sommaire des travaux sur les facteurs reliés à l’anxiété face à la sexualité
- Whiting et Child (1953) émettent une hypothèse basée sur la fixation négative. Selon eux, quand pendant l’enfance les comportements
à caractère sexuel sont punis, les adultes développent une anxiété à l’égard de la sexualité. En contrepartie, les auteurs proposent aussi
une hypothèse de fixation positive. La permissivité face aux comportements sexuels pendant l’enfance conduit à une dépendance
durable à l’âge adulte à l’égard de la sexualité en tant que source de sécurité.
- Les principaux prédicteurs de l’anxiété ressentie face à la sexualité et communs à toutes les cultures sont reliés à des tabous sexuels
Parmi les plus courants, on trouve le post-partum (période de continence après un accouchement) qui est en relation positive avec le
tabou menstruel (c’est-à-dire les efforts déployés par la société pour cacher les menstruations et la ségrégation à l’égard de la période
menstruelle); ce dernier est associé à une éducation sexuelle sévère, à une peur de la castration et aux restrictions sexuelles en général.
* Dans ce tableau, le mot «société» désigne une culture distincte et indépendante ayant son évolution propre. Les observations résumées plus haut ont été
vérifiées dans plusieurs sociétés distinctes, ce qui renforce leur potentiel de généralisation.
170 Chapitre 7
Il n’est pas dans notre intention de chercher ici à répondre à toutes ces
questions. À la section suivante, nous nous attarderons brièvement à la comparai¬
son des conduites et attitudes sexuelles des filles et des garçons; cette question nous
apparaît d’une grande importance dans le contexte de 1 adolescence contemporaine.
Nous avons déjà vu que des différences entre les normes sociales relatives à
la sexualité féminine et à la sexualité masculine existent dans de nombreuses cul¬
double standard tures, il s’agit du concept du «double standard». Très fortement enraciné dans les
fondements de la vie sociale, le double standard a fait dans le passé 1 objet de
plusieurs luttes historiques des femmes pour leurs droits à 1 égalité et le combat s est
certainement intensifié au cours de la dernière décennie. Pourquoi traite-t-on
encore la sexualité de la femme d’une façon différente de celle de l’homme dans la
majorité des cultures contemporaines? Serait-ce parce que les femmes ont la res¬
ponsabilité de l’enfantement ce qui les rendraient plus dépendantes dans leurs
conduites sexuelles en raison d’une grossesse possible leur donnant ainsi «naturel¬
lement» le rôle de première responsable des enfants. Serait-ce parce que les femmes
sont moins fortes physiquement et qu’historiquement elles ont été dominées par les
hommes plus puissants? On peut se demander ce qui se passerait sur le plan social si
du jour au lendemain les femmes devenaient physiquement pius fortes que les
hommes. Nous pourrions sans doute spéculer longtemps sur les raisons du double
standard; toutefois la fonction dans la reproduction (reliant sexualité et maternité) et
la constitution physique ont sans doute joué un rôle historique important. Le double
standard maintenant une différence constante entre les sexes s’exprime non seule¬
ment dans la permissivité et la répression sexuelles mais aussi dans la répartition du
travail dans la société et dans l’accès aux postes de pouvoir (politique, économique,
syndical, judiciaire, etc.).
TABLEAU 7.4: Taux d activité des femmes selon l’âge au Québec de 1941 à 1971
(9) CRÉPAULT, C. et GEMME, R. La Sexualité prémaritale. Montréal: Presses de l’Université du Québec, 1975,
p. 34.
L'égalitarisme sexuel détermine une même attitude par rapport aux conduites sexuelles pour les filles et les
garçons, tant pour ce qui est permis que pource qui est défendu. Le double standard orthodoxe définit une
attitude plus restrictive pour la fille que pour le garçon à l’égard de l’ensemble des conduites sexuelles.
172 Chapitre 7
TABLEAU 7.5: Incidence du coït prémarital chez les garçons et les filles*
Ailleurs
Christensen et Carpenter (1962): Danemark 64 60 4
Schofield (1965): Angleterre 20 12 8
Mann (1967): Canada 35 15 20
Zetterberg (1969): Suède 83 86 -3
Luckey et Nass (1969): Canada 57 35 22
Angleterre 75 63 12
Allemagne 54 59 -5
Norvège 67 54 13
Mann (1970): Canada 50 37 13
Israël et coll. (1970): Suède , 78 77 1
Christensen et Gregg (1970): Danemark 95 97 -2
Larsen (1971): Norvège 100 100 0
Schmidt et Sigusch (1971): Allemagne 50 52 -2
Hobart (1972): Canada 56 44 12
Eysenck (1972): Angleterre 55 19 36
Les pourcentages ne tiennent pas compte de la fréquence, ils représentent les proportions de jeunes ayant
vécu l’expérience au moins une fois.
Par ailleurs, le libre choix théorique des jeunes partenaires potentiels dans
notre culture n’est pas vraiment complet. Des pressions parentales s’exercent sou¬
vent à 1 égard de la classe sociale du candidat ou de la candidate, à propos de sa
religion, de sa race, de son emploi, etc., de sorte que les adolescents ou jeunes
adultes des deux sexes subissent des influences réelles dans le choix de leur parte¬
naire hétérosexuel.
174 Chapitre 7
AUTO-ÉVALUATION
1. Identifiez parmi les propositions suivantes, les facteurs souvent mentionnés comme des avantages reliés à la contraception.
2. Avec l’existence de moyens contraceptifs efficaces, on observe que la majorité des parents potentiels contrôlent efficacement les
naissances.
a) Vrai
b) Faux
3. Chez les adolescents, l’augmentation de la fréquence de la pratique du coït et l’abaissement de l’âge des premières relations sexuelles
ne semblent pas avoir été suivis d’une évolution correspondante dans l’usage des contraceptifs.
a) Vrai
b) Faux
4. Identifiez parmi les éléments suivants les facteurs associés au trop grand nombre de grossesses adolescentes non désirées.
a) condom;
b) méthode sympto-thermique;
c) pilule;
d) Ogino-Knauss.
6. La vasectomie implique une opération chirurgicale mineure d’une durée approximative de 15 minutes et n’empêche pas le fonction¬
nement sexuel normal ni l’éjaculation.
a) Vrai
b) Faux
7. Identifiez parmi les propositions suivantes les caractéristiques personnelles les plus souvent observées chez les adolescents à «haut
risque» au sujet des grossesses non désirées.
a) Vrai
b) Faux
Phénomènes psychosociaux reliés à la sexualité adolescente 175
a) Vrai
b) Faux
10. Pour Freud (1905), une déviation sexuelle existe réellement à condition que:
11. Parmi les déviations sexuelles suivantes, identifiez celles qui selon Freud concernent un but sexuel déviant:
a) L’inceste;
b) le viol;
c) l’homosexualité;
d) le sadomasochisme;
e) la zoophilie;
f) le fétichisme;
g) le voyeurisme.
12. Selon l’étude québécoise de Lacerte-Lamontagne et coll. (1980) sur le viol, dans plus de la moitié des cas, victimes et agresseurs se
connaissent déjà, et le plus souvent l’agresseur a un casier judiciaire.
a) Vrai
b) Faux
13. Parmi les caractéristiques parentales suivantes, identifiez celles que Bieber et coll. (1962) ont typiquement associées à l’environ¬
nement familial du garçon homosexuel:
14. Identifiez parmi les facteurs suivants, les éléments reliés à l’augmentation des maladies vénériennes chez les jeunes américains depuis
les années 60.
a) L’augmentation de la prostitution;
b) l’ignorance des précautions à prendre;
c) l’usage moins fréquent du préservatif masculin;
d) les coûts plus élevés des consultations médicales;
e) la permissivité sexuelle plus grande chez les jeunes;
f) la répression sociale de plus en plus forte des maladies dites honteuses.
15. Le problème épidémiologique central des maladies transmises sexuellement ne consiste pas en l’absence de moyens pour combattre
les infections vénériennes mais plutôt en l’attitude de la population qui tarde à consulter un médecin pour une «maladie honteuse».
a) Vrai
b) Faux
16. Parmi les éléments suivants, identifiez ceux par lesquels la blennorragie peut se transmettre d’une personne à une autre:
a) Un siège de toilette;
b) un ustensile de cuisine;
176 Chapitre 7
17. Les premiers symptômes de la blennorragie chez l’homme (notamment un liquide blanc jaunâtre s’écoulant du pénis) apparaissent
généralement dès le lendemain de l’infection et donnent lieu à une sensation de brûlure au moment d uriner.
a) Vrai
b) Faux
18 Chez la femme, l’identification des symptômes de l’infection est plus difficile à faire parce que (identifiez les propositions vraies):
a) La période d’incubation;
b) la phase primaire;
c) la phase secondaire;
d) la phase de latence;
e) la phase tertiaire.
1) Le microbe attaque les yeux, les systèmes cardiaque et nerveux ont des lésions;
2) aucun symptôme depuis l’infection;
3) entre deux semaines et six mois après la disparition du chancre, des rougeurs apparaissent sur le corps accompagnées de fièvre,
de maux de tête et de gorge, etc.;
4) un chancre apparaît;
5) le microbe se répand dans tout le corps attaquant graduellement les vaisseaux sanguins, le système nerveux central et les os, sans
symptôme apparent.
20. Selon Broude (1981), il n’y a pas de culture connue qui permette l’expression sexuelle sans aucune contrainte.
a) Vrai
b) Faux
21. Les sociétés patriarcales tendent à avoir des normes sexuelles restrictives à l’égard de l’activité sexuelle prémaritale des femmes,
tandis que dans les sociétés où la descendance relève de la mère, les grossesses prémaritales n’ont pas à ête évitées et les mères
célibataires peuvent compter sur le support de la parenté.
a) Vrai
b) Faux
22 Lorsque les femmes contribuent beaucoup à la subsistance dans le mariage, les hommes ont de la facilité à leur faire respecter des
normes sexuelles restrictives.
a) Vrai
b) Faux
Phénomènes psychosociaux reliés à la sexualité adolescente 177
23. Lorsque les epoux ont été élevés ensemble, sous un même toit par exemple, leur attraction sexuelle mutuelle est forte et il en résulte
une taible fréquence d’infidélité conjugale.
a) Vrai
b) Faux
24. Le concept de «double standard» se rattache à la répression sociale plus forte des activités sexuelles féminines que des activités
sexuelles masculines.
a) Vrai
b) Faux
25. Dans certains pays occidentaux, on a observé une incidence légèrement plus grande du coït prémarital chez les filles que chez les
garçons.
a) Vrai
b) Faux
26. En matière de choix du partenaire sexuel, les études démontrent que le vieil adage «Qui se ressemble s’assemble» n’a vraiment pas de
fondement.
a) Vrai
b) Faux
\ ri. , f
,■ ï- • .•
Chapitre 8
Le développement social
à l’adolescence
8.1 INTRODUCTION
AUTO-ÉVALUATION
180 Chapitre 8
8.1 INTRODUCTION
* Source: Ce tableau a été traduit par l'auteur d’après l'ouvrage de: KALAFATICH, A. «Adolescence, a separate
stage of life». Approaches to the Care of Adolescents (A. Kalafatich, dir.). New York: Appleton -
Century Crofts, 1975, p. 6.
Le développement social à l’adolescence 181
On peut considérer que l’évolution sociale s’étend de la naissance à la mort. évolution sociale
En effet, ce n’est ni la fin de l’enfance ni celle de l’adolescence qui mettront un terme
aux modifications perceptibles dans les relations d’une personne avec les autres.
Gordon (1971) a proposé un modèle (voir le tableau 8.2) qui présente les stades du
développement social typique du cycle de vie de la classe moyenne de la population
en milieu urbain. L’intérêt de la théorie de Gordon réside en ce qui nous concerne,
dans la représentation qu’elle donne des stades adolescents par rapport à l’ensemble
du cycle social de la vie. Les personnes les plus significatives énumérées dans la
troisième colonne du tableau 8.2 apparaissent selon un ordre approximatif d’impor¬
tance. Parmi les particularités dominantes des stades de l’adolescence (stades 5 et 6
du tableau 8.2), on remarquera la réorganisation de l’importance relative des per¬
sonnes. Les parents viennent en premier au début de l’adolescence (comme pen¬
dant l’enfance d’ailleurs). Au cours de la deuxième partie de l’adolescence, l’indé¬
pendance accrue par rapport à la famille se traduit par une diminution de l’impor¬
tance des parents. Les amis du même sexe et du sexe opposé deviennent alors des
182 Chapitre 8
personnes plus significatives: pour la première fois dans la vie, des relations sociales
relations extra-familiales pourront acquérir une signification plus importante que les relations
extra-familiales intra-familiales. Les parents demeurent importants, mais la transition est amorcée
vers l’attachement à des personnes étrangères à la famille.
tendances vitales Sur le plan des tendances vitales, le début de l’adolescence pose le défi de
réaliser l’équilibre entre l’acceptation sociale et la réussite sociale. Sinon directement
opposées, ces deux tendances n’en possèdent pas moins des zones conflictuelles.
En effet, les attitudes à posséder pour accepter la société et ses normes, pour
s’accepter soi-même et accepter les autres, ne sont pas toujours compatibles avec la
compétition et les combats exigés par la réussite. Ainsi, la compétition pour obtenir
Stade de la vie Âge Personnes les plus significatives Tendances vitales majeures exerçant
approximatif un attrait et devant être intégrées par
l’individu
4. Enfance 6 à 11 ans Les parents, les amis du même sexe et les Relations avec les pairs/évaluation des
enseignants. habiletés
5. Début de 12 à 15 ans Les parents, les amis du même sexe, les Acceptation sociale/réussite sociale
l’adolescence pairs du sexe opposé et les enseignants.
6. Fin de 16 à 20 ans Les amis du même sexe, les amis du sexe Intimité/autonomie
l’adolescence opposé, les parents, les enseignants, la
personne aimée et la femme ou le mari.
10. Le vieil âge De l’âge de la Les membres vivants de la famille, les Intégration de la vie/autonomie
retraite à la mort amis de longue date et les voisins.
* Source: Les données de ce tableau ont été tirées de: GORDON, C. «Social characteristics of early adolescence». 12 to 16 Barty Adolescence
(J. Kagan et R. Coles, dir.). New York: Norton, 1972, p. 26.
Le développement social à l’adolescence 183
les notes scolaires les plus élevées n’est pas toujours un facteur d’acceptation par le
groupe classe. Par contre, la compétition pour acquérir les meilleures performances
sportives peut être un élément de popularité.
Ces schèmes donnent lieu à des pressions que la culture exerce sur les
individus pour les mouler selon une image sociale typique. On pourrait concevoir
des cultures qui se distinguent de ce que le tableau 8.3 présente pour chaque sexe,
mais il semble que les cultures occidentales contemporaines exercent encore ce
type d’influence (Gordon, 1972).
184 Chapitre 8
TABLEAU 8.3: Les tendances associées aux sexes féminin et masculin dans le
développement social
interactions sociales Dans son étude du développement des interactions sociales (à ne pas
confondre avec l’ensemble du processus de socialisation), Newman (1976) propose
trois éléments constituants du style interpersonnel, chacun étant fonction des ac¬
quisitions antérieures de l’individu. Il considère que le style d’interaction est le résul¬
tat de: a) l’habileté à créer un sentiment d’intimité, de contact étroit et d’implication
avec les autres; b) l’habileté de s’exprimer verbalement de façon efficace; et c) la
maturité cognitive. L’auteur associe chacune de ces trois composantes du style
interpersonnel à des habiletés acquises antérieurement par la personne. Ainsi par
exemple, la capacité d’établir un sentiment d’intimité dépendrait: 1) de l’attachement
social; 2) de l’identification parentale; 3) de l’empathie; 4) de l’expérience de partici¬
pation en groupe; et 5) des expériences d’amitié dyadiques (des amitiés à deux
permettant des liens plus étroits). D’autre part, l’habileté à s’exprimer clairement
découlerait des compétences suivantes: 1) l’aptitude à évoquer une réponse sociale;
2) le développement du vocabulaire et de la grammaire; 3) la capacité d’utiliser des
concepts abstraits; 4) la censure du langage (le contrôle de ce que l’on dit); et 5) le
potentiel d’utilisation du langage pour résoudre des problèmes. La figure 8.1 illustre
le rattachement des trois composantes de l’interaction sociale avec les acquisitions
antérieures dont ils sont fonctions.
Le développement social à l’adolescence 185
* Source: Cette figure a été élaborée par l’auteur à partir des données fournies par: NEWMAN, B. «The development of social interaction from
infancy through adolescence». Small Group Behavior. Février 1976, vol. 7, n° 1.
réactivité La «réactivité psychologique» est un concept repris par Diana Baumrind mais
psychologique qui a d’abord été avancé par Brehm (1972). Cette expression se rapporte par exem¬
ple à la vive motivation d’un individu pour retrouver sa liberté alors qu’il l’a perdue
ou qu’il est menacé de la perdre. Ainsi, un adolescent qui remarque chez ses amis
des zones de liberté qu’on lui refuse, peut réagir par un grand désir d’obtenir ces
privilèges. En réaction à une privation ou à une menace de privation, l’attrait
de l’objet de la privation sera augmenté. Si par exemple, l’argent est un sujet d’active
préoccupation dans sa famille, et que l’on est privé sur tout par crainte d’en man¬
quer, la réaction de l’adolescent peut être de rechercher avec une avidité exception¬
nelle le confort financier.
Mécanisme par lequel une personne intègre dans son comportement les modes de conduite des personnes
avec lesquelles elle vit une relation significative.
Mécanisme d’interdépendance dans la répartition des rôles au sein d’une cellule sociale. Le choix des rôles
est conditionné par les rôles joués par les personnes significatives de l’entourage.
Mécanisme par lequel la motivation de l’individu face à une liberté ou un privilège est augmentée en fonction
de la menace (réelle ou imaginée) de perdre cette liberté ou ce privilège. Par exemple, un adolescent peut
être davantage motivé à agir selon ses propres idées s’il ressent une restriction soutenue de son autonomie
d’action.
* Source: Ce tableau a été élaboré à partir des données de: BAUMRIND, D. «Early socialization and adolescent compétence». Adolescence In
lhe Llfe-Cycle: Psychologlcal Change and Social Conlext (S.E. Dragastin et G.H. Elder jr, dir.). Washington, D.C.: Hemisphere, 1975.
188 Chapitre 8
Le concept du moi (ego) figure parmi les apports les plus importants de la
psychanalyse à notre compréhension du développement personnel. L approche
psychanalytique conçoit le moi ou l’ego comme la structure de la personnalité qui
joue le rôle de médiateur entre les pulsions du ça et les demandes du surmoi
(superego). Le rôle particulier du moi à l’adolescence a d’abord été défini, dans les
années 30, comme l’appareil de défense personnel contre les pulsions nouvelles
amenées par la puberté (Freud, 1936). Plus tard, avec la contribution d’Erikson
(1956, 1968), s’est ajoutée une fonction adaptative, indépendante des pulsions du ça.
Selon Erikson, c’est dans le moi que l’expérience individuelle s’organise car le moi
est «le gardien de l’unité de la personne» (Erikson, 1968, p. 289).
Bref, le moi peut être considéré comme le cadre de référence interne à partir
duquel l’adolescent trouve sa propre réponse aux questions fondamentales aux¬
quelles il est confronté: Qui suis-je? Qu’est-ce que je veux devenir? Qu’est-ce qui est
important pour moi? Où est ma place parmi les autres? Le moi ne peut remplir sa
Le développement social à l’adolescence 189
Barker et Gump (1964) ont été parmi les premiers à utiliser la perspective
écologique dans leurs travaux sur la réalité de l’école. Au lieu de s’intéresser spécifi¬
quement à des individus, à des groupes ou à des facteurs comme l’âge, le sexe, etc.,
ces auteurs ont abordé l’école par le biais de contextes de comportement («behavior
settings»). L’histoire suivante peut illustrer leur approche. Imaginons qu’une étu¬
diante en psychologie ne connaissant pas le hockey sur glace veuille comprendre le
rôle du gardien de but sur la patinoire. Quelle méthode adopter pour faire ce travail
le plus correctement possible? Elle pourrait s’installer près de la patinoire et obser¬
ver systématiquement des comportements choisis du gardien: noter le nombre de
rondelles qu’il touche, le nombre de chutes qu’il a faites, le nombre de sorties de la
zone des buts, etc. Cette méthode, quoique très «exacte», ne donnerait sans doute
pas à l’étudiante une bonne compréhension du jeu auquel participe le gardien. Le
contexte du comportement du gardien de but, c’est-à-dire la joute de hockey, n’est
pas perceptible avec cette méthode qui ne permet pas de comprendre le rôle du
gardien. L’étudiante pourrait aussi interviewer le gardien sur ses intérêts, ses pro¬
blèmes de vie, ses craintes au jeu, ses attitudes face aux différentes erreurs de ses
coéquipiers, etc. Mais ces informations sur la personne du gardien ne lui apporte¬
raient pas une bonne compréhension de son comportement sur la glace.
«L’écologie est l’étude des relations entre les êtres vivants et leur milieu»
(Quillet). La perspective écologique du développement social de l’ado¬
lescent s’intéresse aux changements sociaux qui surviennent chez l’indi¬
vidu en tenant compte de son milieu de vie.
C’est ainsi que Garbarino, Burston, Raber, Russell et Crouter (1977) ont
développé une méthode pour cerner la représentation cognitive et affective que se
font les jeunes de leur environnement. La méthode est basée sur les éléments
suivants: a) demander d’abord à l’enfant d’identifier les gens qui sont importants
pour lui dans son environnement; b) rechercher ensuite les caractéristiques objec¬
tives de ces personnes et leurs relations avec l’enfant; c) demander aux parents de
l’enfant d’évaluer ce réseau social si besoin est afin de compléter la description de
l’enfant; d) établir le degré de correspondance entre le tableau social fourni par
l’enfant et celui de ses parents. Ces éléments qui proviennent de l’enfant lui-même,
de ses parents et des caractéristiques objectives des personnes qui lui sont significa¬
tives (leur rôle, leur âge, etc.) constituent des indices de développement social. En
examinant leur évolution d’une année à l’autre, elles ont permis à Garbarino et coll.
(1977) de décrire la transition sociale à l’adolescence.
Qui connaît l’enfant hors de son foyer? Qui s’intéresse à lui? Quelles sont les
personnes que l’enfant a l’impression de bien connaître? Comment les réponses des
parents à ces questions correspondent-elles à celles de l’enfant? Les données objec¬
tives et subjectives ressortant de ces interrogations constituent la base de leur
analyse des ressources sociales de l’enfant. En mettant ces données en relation avec
le degré de maturation physique de l’enfant et de l’adolescent, il devient possible de
situer les effets conjoints de l’environnement et de la biologie.
réseau social Dans leur étude portant sur le réseau social extra-familial des élèves de
sixième année issus de trois milieux géographiques différents (rural, de banlieue et
urbain), Garbarino et coll. (1977) ont observé que les réseaux des garçons ne se
distinguaient pas de ceux des filles. Les enfants des zones rurales ont mentionné un
plus grand nombre de personnes que ceux de la banlieue ou de la ville. Par ailleurs,
pour ce qui est des dix personnes les plus importantes pour l’enfant la description
des enfants banlieusards est plus proche de celle de leurs parents que celle des
enfants des deux autres milieux; ceux des villes ont tendance à mentionner plus
d’adultes que les autres dans ce groupe. Le nombre d’adultes mentionné dans ce
Le développement social à l’adolescence 191
groupe des dix personnes les plus importantes constitue un bel indice de l’implica¬
tion adulte dans la société de l’enfant; les contacts suivis et significatifs des adultes
étrangers à la famille seraient plus nombreux en ville qu’à la campagne ou en ban¬
lieue. Les auteurs observent que 60% des enfants banlieusards ne mentionnent
aucun adulte dans ce groupe des dix. De plus, le nombre d’adultes diminue à mesure
que l’enfant évolue vers l’adolescence.
Selon Rokeach (1973), une valeur implique la croyance qu’une façon d’agir ou
d’être est préférable à une autre. Cette croyance guide les attitudes et les actions à
l’égard des objets, des situations et des idées; elle conditionne l’image de soi que l’on
souhaite présenter aux autres, les évaluations, les jugements, les comparaisons de
soi avec les autres et les tentatives pour influencer autrui. Rokeach (1973) attribue
aux valeurs personnelles un rôle dans l’adaptation sociale, dans l’actualisation per¬
sonnelle, dans le développement des connaissances et dans la défense du moi.
Les valeurs des adolescents par rapport à leur vie future sont influencées par
le type de participation que la société leur offre ou leur permet. Les croyances
personnelles des adolescents, comme celles des enfants et des adultes d’ailleurs,
sont influencées par les relations qu’ils entretiennent avec les autres. Ainsi, dans la
mesure où la société propose des rôles masculins et féminins distincts et où l’intégra¬
tion des individus en son sein est conditionnelle au respect d’un conformisme
sexiste, il ne faut pas s’étonner que les adolescentes ne partagent pas les mêmes
valeurs que les adolescents même si les stéréotypes sociaux liés au sexe évoluent
avec les années.
Parsons (1958) mentionnait dans ses observations que les filles, d’abord
orientées vers les relations interpersonnelles et l’expression de soi, étaient vouées
aux rôles traditionnels de mère et d’épouse, tandis que les garçons étaient davan¬
tage identifiés à un modèle où la réalisation personnelle, l’autonomie et l’indépen¬
dance prédominent. Les modifications observées plus récemment concernant l’ac¬
cès aux responsabilités sociales et la répartition des rôles familiaux (notamment en
ce qui a trait au partage de la responsabilité dans l’éducation des enfants) ont rendu
cette traditionnelle distinction entre les garçons et les filles moins évidente (Hoffman,
1977). Toutefois pour une bonne part de la population adolescente, la valorisation de
la compétence et de la réussite sociale des garçons et l’importance des relations
interpersonnelles et de la «chaleur sociale» des filles demeurent une base vraisem¬
blable de distinction des valeurs entre les sexes (Feather, 1980).
naire de Rokeach (1973) utilise deux catégories de valeurs: a) les valeurs dites valeurs terminales
terminales, c est-à-dire portant sur des objectifs existentiels de grande portée (par valeurs
exemple, la paix, la liberté, le bonheur, etc.) et b) les valeurs dites comportemen¬ comportementales
tales, c est-à-dire portant sur des qualités personnelles ou des modes de conduite.
L instrument de Rokeach (1973) propose 18 valeurs pour chaque catégorie que le
répondant doit ordonner selon leur importance.
Beech et Schoeppe (1974) ont observé que la paix dans le monde, la liberté,
l’égalité et la sécurité familiale apparaissent constamment parmi les quatre ou cinq
valeurs terminales les plus importantes pour les garçons de tous les âges alors que le
salut de l’âme et la reconnaissance sociale étaient constamment situées parmi les
quatre ou cinq dernières valeurs terminales. Pour ce qui est des valeurs comporte¬
mentales, être honnête et être affectueux apparaissaient constamment dans les
premiers rangs tandis qu’être logique et imaginatif se situaient dans les derniers
rangs. De 11 ans à 17 ans, les garçons trouvaient de plus en plus important le sens
de l’accomplissement, le respect de soi, la sagesse, l’ambition, l’ouverture d’esprit,
être intellectuel et être responsable. Au contraire, un monde de paix, la vraie amitié,
être joyeux, être propre, être indulgent, utile et obéissant diminuaient en importance
à mesure que l’âge augmentait.
Chez les filles, à tous les âges considérés, un monde de paix et la liberté
apparaissaient constamment parmi les quatre premières valeurs terminales tandis
que le salut de l’âme apparaissait constamment parmi les valeurs terminales les
moins importantes. Être honnête et affectueuse étaient classées parmi les valeurs
comportementales les plus importantes alors qu’être imaginative et logique obte¬
naient les rangs d’importance les plus bas. Elles accordaient une importance de plus
en plus grande à l’accomplissement personnel, à l’égalité, à l’harmonie intérieure, au
respect de soi, à la reconnaissance sociale, à la sagesse, à l’ambition, à l’ouverture
d’esprit, à l’indépendance, à être logique et à être responsable. Au contraire, la vie
confortable, la vie excitante, un monde de beauté, la sécurité familiale, le plaisir, le
salut, la vraie amitié, être joyeuse, utile, honnête, obéissante, polie perdaient de leur
importance relative selon que les filles interrogées étaient plus âgées.
La figure 8.2 illustre cette évolution de l’importance des valeurs pour les
garçons et les filles de 11 à 17 ans. Pour les deux sexes, on peut y noter l’accroisse¬
ment relatif des préoccupations à l’égard de la réalisation et de l’identité person¬
nelles, de l’autonomie et de la responsabilité sociale. Par contre, les valeurs qui
diminuent en importance semblent réfléter un désir d’éloignement par rapport au
conformisme social plus ou moins imposé par le monde des adultes (par exemple la
baisse des valeurs suivantes: vie confortable, vie excitante, être obéissante, être
polie, etc.).
194 Chapitre 8
17 ans
t GARÇONS
Accomplissement
1
Un monde de paix
t
Accomplissement
FILLES
t
Valeurs qui
I
Valeurs qui
t
Valeurs qui Valeurs qui
augmentent diminuent augmentent diminuent
en importance n importanc en importance >n importance
* Source: Cette figure a été élaborée à partir des résultats des enquêtes de: BEECH, R.P. et SCHOEPPE, A. «Development of values Systems in
adolescents». Developmental Psychology. 1974, vol. 10, p. 644-656.
(1) Des coefficients de corrélation ordinale (rho de Spearman) de 0,8 pour les garçons et de 0,85 pour les filles
ont été obtenus entre les résultats de l'enquête de New York et ceux de l’enquête en Australie (Feather,
1980).
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Le développement social à l’adolescence
Source: Ce tableau a été traduit et adapté par l'auteur à partir des données de: FEATHER, N T. «Values in adolescence». Handbook of Adolescent Psychology
(J. Adelson, dir.). New York: Wiley, 1980, p. 263 et 266, tableaux 2 et 3.
195
196 Chapitre 8
Le tableau 8.6 présente, selon l’ordre d’importance accordée par les répon¬
dants, les valeurs de cette population interviewée. Être bien dans sa peau, avoir le
sens des responsabilités et être à la recherche de soi occupent les trois premières
positions; viennent ensuite le respect de l’environnement et la réussite. Il apparaît
que le sens des responsabilités et la réussite sont plus importantes pour les jeunes
travailleurs que pour les étudiants et que parmi ces derniers, ceux de niveau secon¬
daire y accordent davantage d’importance que ceux du niveau collégial qui ratta¬
chent ces notions à l’épanouissement personnel. Dans l’ensemble, cette étude révèle
que les jeunes sont pragmatiques et que les valeurs actives les intéressent davantage
que les valeurs réflexives. Il ressort des contenus d’entrevues que les jeunes, «par
Rang Valeur
* Source: Ces données sont tirées de: RYAN, N. Les Valeurs des jeunes de 16 à 20 ans. Québec, ministère de
l’Éducation: Éditeur Officiel du Québec. Juin 1980.
Le développement social à l’adolescence 197
Cette «restriction volontaire» des intérêts sociaux amènerait les jeunes à une
certaine tolérance à l’égard des réalités extérieures à leur propre champ de partici¬
pation sociale.
En résumé, l’étude des valeurs des adolescents démontre que ceux-ci ten¬
dent invariablement vers des objectifs d’autonomie et de responsabilité sociales de
réalisation de soi grâce à une identité définie et à l’accomplissement en plaçant
l’honnêteté dans les tout premiers rangs des qualités personnelles. Ces éléments
nous sont utiles afin de mieux préciser la trajectoire généralement suivie dans le
processus de socialisation à l’adolescence. L’étude de l’évolution des valeurs adoles¬
centes selon l’âge nous renseigne aussi sur les changements qui marquent la vie
intérieure des jeunes à mesure qu’ils se rapprochent de leur autonomie sociale et des
responsabilités associées à l’indépendance adulte. L’évolution de la conscience so¬
ciale à l’adolescence aux plans des valeurs, de la conscience de soi et d’autrui, etc.
témoignerait donc de façon relativement significative du processus d’intégration
sociale des 12-18 ans (Tomé, 1972). Enfin, les comparaisons interculturelles permet¬
tent de comprendre que si l’âge apporte des changements, la culture et la période
historique dans laquelle cette période est vécue influencent aussi les priorités intimes
des individus et leur façon de concevoir leur devenir social.
198 Chapitre 8
AUTO-ÉVALUATION
2. Nommez deux facteurs qui contribuent à modifier le rythme du développement social à l’adolescence.
4. La compétition pour obtenir les notes scolaires les plus élevées est toujours un facteur d acceptation par le groupe classe. Par contre,
la compétition pour acquérir les meilleures performances sportives nuit à la popularité personnelle de I adolescent.
a) Vrai
b) Faux
5. À quelles périodes de la vie les stades du développement social de Gordon (1971) sont-ils associés?
6. Quelles sont les personnes généralement les plus importantes pour le jeune adolescent de 12 ans (au début de l’adolescence)?
7. À la fin de l’adolescence, qui remplacent les parents en tant que personnes les plus importantes dans le monde social?
8. À quel moment ou stade de l’évolution sociale, les relations extra-familiales peuvent-elles devenir plus importantes que les relations
intra-familiales?
9. Au cours de la première partie de l’adolescence, comment se distinguent généralement les filles des garçons au sujet des valeurs
sociales de vie?
10. À partir de 16 ans, quelle est la valeur sociale qui côtoie habituellement la recherche d’autonomie?
11. Énumérez deux tendances associées au sexe féminin et deux au sexe masculin dans le développement social.
12. Quelles sont les trois composantes du style interpersonnel selon Newman (1976)?
13. Donnez un exemple du phénomène d’adoption réciproque des rôles selon Baumrind (1975).
14. Baumrind (1975) propose cinq mécanismes psychologiques comme base dynamique de la socialisation: a) le renforcement; b) l’iden¬
tification; c) l’éveil cognitif; d) l’adoption réciproque des rôles; et e) la réactivité psychologique. Identifiez par la lettre correspondante,
le mécanisme impliqué dans les situations suivantes.
a) Paul entretient des relations amicales en tenant compte d’abord des avantages qu’il peut retirer personnellement. Le mécanisme
qui prime chez lui est_(Inscrire une lettre).
b) La mère de Louise est une grande utilisatrice du téléphone et entretient des relations amicales presque exclusivement basées sur
des conversations téléphoniques. Or dans un groupe, Louise est devenue l’agent de liaison téléphonique par excellence. Quel
mécanisme peut avoir suscité le développement de ce trait de la personnalité sociale de Louise?_(Inscrire une lettre).
c) Depuis l’âge de 12 ans environ, Pierre perçoit son père de façon différente: il se rend compte que le rendement élevé que son père
exige de lui n’est pas un caprice personnel mais plutôt un intérêt marqué pour la réussite de Pierre, au risque de voir sa popularité
affectée auprès de son fils. Quel mécanisme parmi ceux proposés par Baumrind (1975) peut avoir occasionné ce changement de
perception chez Pierre?_(Inscrire une lettre).
d) Fille de deux excellents musiciens, Claire ne se sent pas du tout attirée par une carrière musicale pourtant très présente autour
d’elle. Quel est le mécanisme de Baumrind (1975) qui pourrait le mieux expliquer la faible motivation de Claire?_
(Inscrire une lettre).
e) Les parents de Luc, 17 ans, lui refusent la permission de s’acheter un cyclomoteur avec ses économies. Tous ses amis en ont un.
Luc en rêve la nuit, en parle constamment et jure de s’offrir une grosse moto dès sa majorité. Quel est le mécanisme de Baumrind
(1975) qui pourrait expliquer un attrait si intense face à l’objet défendu?_(Inscrire une lettre).
15. Selon Baumrind (1975) la réactivité psychologique est le mécanisme par lequel la motivation de l’individu face à une liberté ou un
privilège est augmentée en fonction de la menace réelle ou imaginée de perdre cette liberté ou ce privilège. Donnez un exemple
pratique de ce mécanisme.
Le développement social à l’adolescence 199
16. Mentionnez deux des trois fonctions maintenant attribuées au moi à l’adolescence.
17. L estime de soi peut contribuer à maintenir un sentiment intime de continuité dans les progressions et régressions de l’adolescence.
Illustrez ce phénomène par un exemple concret.
18. Sans 1 estime de soi, c’est-à-dire ce sentiment de bien-être qui donne confiance et rassure dans les moments de plus grande
turbulence, 1 organisation de l’expérience de vie à l’adolescence ne peut se réaliser de façon cohérente?
a) Vrai
b) Faux
19. Une faible estime de soi est généralement associée à de l’anxiété et à de l’instabilité émotionnelle, ce qui est utile au développement
social harmonieux.
a) Vrai
b) Faux
20. L’écologie du développement social à l’adolescence s’intéresse à l’effet spécifique de facteurs particuliers comme l’âge, le sexe, etc.
sur la socialisation.
a) Vrai
b) Faux
21. La perspective écologique du développement permet d’étudier l’évolution dans son ensemble sans diviser artificiellement la réalité
vécue.
a) Vrai
b) Faux
22. Les travaux de Garbarino et coll. (1977) montrent que l’environnement géographique et le stade de développement ne modifient pas
significativement le réseau social pendant l’adolescence.
a) Vrai
b) Faux
23. Si vous aviez à définir le rôle académique d’un étudiant à l’université dans une perspective écologique, nommez trois éléments (ou
plus) que vous prendriez en considération.
24. Encore aujourd’hui selon Feather (1980), pour une bonne part de la population adolescente, les garçons accordent plus d’importance
aux valeurs de compétence et de réussite, tandis que les filles valorisent davantage les relations interpersonnelles et la chaleur
sociale. Il s’agit là d’une base de distinction toujours valable entre les garçons et les filles.
a) Vrai
b) Faux
25. La connaissance des valeurs ou des systèmes de valeurs des adolescents peut faire mieux comprendre la socialisation parce que:
(choisissez le meilleur énoncé)
a) Les valeurs constituent des réponses à l’interaction entre le monde intérieur d’une personne et les exigences de son milieu;
b) les valeurs sont le résultat d’une série de décisions personnelles qui situent l’adolescent face à lui-même;
c) les valeurs ou les systèmes de valeurs sont le résultat de la force du milieu social de l’adolescent et elles définissent la personne
durant toute sa vie.
26. On a observé qu’entre 11 et 17 ans, les garçons accordaient généralement de plus en plus d’importance à:
a) Un monde de paix;
b) un sens de l’accomplissement;
c) être imaginatif;
d) être joyeux.
200 Chapitre 8
27. On a observé qu’entre 11 et 17 ans les filles accordent généralement une importance de plus en plus grande à:
a) La vie confortable;
b) la vraie amitié;
c) l’accomplissement personnel;
d) la vie excitante.
29. L’évolution des valeurs chez les adolescents s’effectue indépendamment de la culture dans laquelle le développement se produit.
a) Vrai
b) Faux
30. Au Québec, l’étude de Ryan (1980) sur les valeurs des adolescents a montré qu’être bien dans sa peau constitue une valeur de
première importance pour les jeunes de 16 à 20 ans.
a) Vrai
b) Faux
31. Au delà des distinctions socio-politiques observables, les recherches montrent qu’une cohésion interculturelle se trouve dans la
valorisation de certains thèmes et la dévalorisation de certains autres. Parmi les paires de valeurs suivantes, choisissez-en une qui est
généralement placée en tête de liste par les adolescents.
a) Honnêteté et politesse;
b) liberté et responsabilité sociale;
c) imagination et propreté;
d) responsabilité sociale et politesse.
Chapitre 9
Le monde social
adolescent
AUTO-ÉVALUATION
202 Chapitre 9
9.1.1 La famille
Note: Un haut degré est indiqué par le signe©et un faible degré par le signe©
* Source: BAUMRIND, D. «Early socialization and adolescent compétence». Adolescence in the Life Cycle (S.E. Dragastin et G. Elder, dir.).
Washington, D.C.: Hemisphere, 1975.
** Sensibilité sociale: Par rapport à l’adolescent insensible socialement, la personne sensible est amicale plutôt qu'hostile avec ses pairs;
coopérative dans les activités dirigées par les adultes; obéissante, conformiste et désireuse de réussir; objective et
autocontrôlée.
*** Activité sociale: Par rapport à l’adolescent passif, l’individu actif est expressif plutôt que réservé, réactif plutôt que flegmatique,
explosif plutôt que calme, et laborieux plutôt que paresseux.
"** Individualisme social: Par rapport à l'adolescent suggestible, l’individualiste est ascendant socialement plutôt que soumissif; sa conduite
est déterminée plutôt qu'instable et peu influençable.
204 Chapitre 9
agent social L’agent social, à l’opposé de la victime sociale, est capable et puissant,
confiant dans sa capacité d’influencer son destin, tandis que la victime sociale se
perçoit comme incapable et impuissante, dépendante du hasard de ce qui lui arrive.
Le premier est impliqué dans plusieurs activités et idéologies sociales et se comporte
en fonction de principes définis, alors que la victime sociale est un individu passif,
suggestible et peu impliqué socialement.
victime sociale Selon Baumrind (1975), la victime sociale est le plus souvent issue de familles
où les parents ont peu de ressources ou contrôlent de façon arbitraire et inconsis¬
tante les récompenses des enfants: les deux situations peuvent aussi se présenter
simultanément dans une même famille. Les enfants perdent alors confiance dans
leur capacité d’influencer ce qui leur arrive étant donné que les bons comportements
ne sont pas nécessairement récompensés (et vice versa), et que leurs parents eux-
mêmes ne respectent pas les règles que la société juge importantes. Parallèlement,
un statut social élevé et des ressources plus abondantes utilisées avec justice et
conformément à des principes clairs caractérisent les parents des agents sociaux;
ils utilisent activement la communication verbale afin de faire comprendre à l’enfant
les raisons de leurs décisions ce qui permet aux jeunes de mieux distinguer leur
réalité. À l’opposé, les parents des victimes sociales n’offrent pas à leurs enfants un
modèle de compétence sociale, ni l’information qui leur est nécessaire pour saisir les
raisons justifiant les règles imposées. L’agent social serait donc élevé dans une
atmosphère sociale riche, consistante, rationnelle dans ses méthodes de contrôle,
alors que ce serait le contraire pour l’environnement éducatif de la victime sociale.
Le sentiment de pouvoir contrôler et adapter l’environnement selon ses besoins
serait la base de la distinction entre ces deux types sociaux.
Le traditionnaliste et l’aliéné
L’éducation du traditionnaliste est basée sur une discipline ferme, des liens
familiaux étroits et des normes de conduite prescrites par les parents mais appuyées
par des valeurs religieuses et patriotiques. Les parents du type aliéné n’offrent pas ce
modèle d’adhésion mais plutôt une image sociale d’ambivalence et de désespoir, ils
sont incapables d’inscrire le devenir de leurs enfants (ni le leur) dans des options
Le monde social adolescent 205
définies. Ils peuvent être restrictifs à l’égard de leurs enfants et voir leurs valeurs
rejetées par eux, ou être permissifs et libéraux et se voir eux-mêmes rejetés en tant
qu individus, même si leurs valeurs sont compatibles avec celles de leurs enfants.
Le socialisé et le délinquant
Le type socialisé fait spontanément confiance aux autorités et évite d’en¬ type socialisé
freindre les règlements de sorte qu’il reste en conformité avec sa communauté et ses
pairs, c est le conformiste naïf. Le type délinquant ne fait pas confiance aux autori¬
type délinquant
tés et s’attend à être traité injustement, aussi s’emploie-t-il activement à violer les
lois.
Les parents du type socialisé sont consistants et bien organisés mais sévères
et autocratiques. Les enfants acceptent leur code et ont une image positive d’eux,
acceptant de faire ce que les autorités leur demandent en autant que ces dernières
sont respectables. Le type délinquant a aussi des parents dont l’autorité est plus
grande que ce qui est souhaitable, mais avec cette différence qu’elle est employée de
façon inconsistante et abusive. Ceux-ci ne respectent pas les règles qu’ils imposent,
ils utilisent leur autorité pour eux-mêmes en fonction de leurs caprices. L’enfant
réagit à cette autorité arbitraire et abusive en se révoltant car il ne peut juger
positivement ceux qui exercent le pouvoir: pour lui, ce sont des exploiteurs égo¬
centriques.
Les types socialisé et délinquant ont donc en commun une figure parentale
autoritaire, la première donnant lieu à un conformisme naïf, la seconde à une mé¬
fiance de base qui nourrit l’agressivité sociale.
L’humaniste et l’antihumaniste
et leur faible confiance en leurs enfants concernant 1 usage qu ils ront de leur propre
liberté.
S’il est rare de rencontrer un type pur, correspondant en tout point à l’un
des huit portraits présentés dans le tableau 9.1, on y trouve cependant un modèle
d’analyse intéressant de l’insertion sociale à l’adolescence.
9.1.3 L’école
c asse joue un rôle significatif dans l’évolution du concept de soi et des relations avec
es pairs et les professeurs et dans le développement du jugement moral. Une
atmosphère de classe démocratique influence favorablement le développement af¬
fectif, tandis qu’une atmosphère autoritaire suscite la tricherie et le retrait soumissif.
Les relations que peut avoir l’adolescent avec ses pairs (si ceux-ci sont assez
nombreux et s’ils travaillent dans le même service que lui) revêtent un caractère
essentiellement provisoire puisque le fonctionnement du milieu de travail repose sur
un réseau de relations entre adultes. L’intervention du milieu de travail dans la
socialisation de l’adolescent présente, comme l’école, un caractère formel et obliga¬
toire. Toutefois, contrairement au milieu scolaire, cette intervention tend à réduire
et même à supprimer l’importance de l’adolescence, en accélérant l’accession au
statut d’adulte responsable.
} nature des effets que les mass médias ont sur la personnalité des jeunes
n est pas encore très bien connue. On peut cependant affirmer que leurs effets ne
sont pas superficiels si nous considérons qu’ils occupent une énorme place dans
notre vie.
Peut-on parler d’une culture adolescente? Depuis que cette période de vie
séparant l’enfance de l’âge adulte est reconnue, c’est-à-dire depuis les temps an¬
ciens, il existe un stéréotype social de l’adolescent: personne idéaliste, romantique
Le monde social adolescent 209
instable dans son humeur et dans ses options, sujette à l’anxiété et au désespoir plus
ou moins passagers, capable des passions les plus vives, des générosités les plus
folles et des rejets les plus catégoriques. Les façons d’agir et de ressentir des adoles¬
cents ont été identifiées depuis longtemps comme étant constamment sujettes à
1 excès ou à la carence. Ce groupe social composé d’individus qui se cherchent
peut-il se définir par une culture ou par l’absence d’une culture? À en juger par la
récupération de certaines modes contemporaines initiées par les adolescents, on modes
serait plutôt porté à croire qu’il s’agit bien d’une culture ou d’un «marché» identifia¬
ble: par exemple, les styles vestimentaires qui ont fait du jeans un vêtement de ville,
les modes musicales (rock, pop, etc.) qui sont devenues la vocation des disquaires et
des stations de radio et de télévision, etc. Si les psychologues s’interrogent encore
sur l’existence d’une culture adolescente, le marketing occidental semble avoir réso¬ culture adolescente
lu ce problème depuis longtemps. L’importance que la société accorde à l’adoles¬
cence est maintenant perceptible puisque bon nombre d’innovations dans les usages
et les modes ne peut être attribué qu’aux adolescents. Si leur participation sociale
s’est accrue au cours des dernières années, cela est davantage relié à leur potentiel
économique ou politique (notamment avec le droit de vote acquis plus tôt) qu’à
une volonté réelle de partage du pouvoir des adultes. À cela s’ajoute la possibilité de
prolonger socialement l’adolescence: il est maintenant loisible à l’adolescent d’avoir
une vie sexuelle, socio-économique (appartement, voyages, moto, voiture, etc.) et
politique autonome sans pour autant, comme il était de rigueur autrefois, se marier,
avoir des enfants, faire une carrière, en somme assumer des responsabilités sociales.
Si on peut s’interroger encore sur l’existence d’une culture adolescente définie, on
doit considérer que la période entre 12 et 18 ans se traduit manifestement par une
évolution significative des relations entre les personnes. L’amitié et le groupe consti¬
tuent ainsi des bases sociales en pleine évolution même au cours de cette période.
Nous traiterons de cette évolution à la section 9.2.2.
«Tu n’es plus mon ami. Je ne jouerai jamais plus avec toi!» Dans une même
journée, deux amis, pourvu qu’ils aient moins de six ans, peuvent utiliser cette
210 Chapitre 9
, Les amitiés adolescentes tendent à être plus sélectives que les amitiés enfan¬
tines; l’adolescent cherche moins à avoir «beaucoup d’amis» (Horrock, 1969). Les
relations adolescentes sont plus stables que celles entretenues à l’enfance, elles sont
peut-être aussi plus franches et davantage sujettes à la critique explicite qu’elles ne le
seront à 1 âge adulte. D ailleurs, les adultes sont parfois étonnés de voir comment les
adolescents, pourtant amis, se traitent les uns les autres.
Les différences observées entre les garçons et les filles sur le plan des valeurs
se manifestent aussi sur le plan des relations amicales. Ainsi les filles sont davantage
préoccupées par le fait d’aimer et d’être aimées en laissant une place plus grande à
in imite dans les rapports amicaux véritables fondés sur la sensibilité et l’empathie
Les garçons, de leur côté, sont plus soucieux de leur affirmation personnelle (auto¬
nomie et autocontrôlé) et de l’éloignement de l’autorité parentale que des relations
intimes et chaleureuses (Douvan et Adelson, 1966).
Les relations amicales sont donc influencées dans leurs modalités par les
stéréotypes
rôles sociaux relies au sexe. Les stéréotypes masculin et féminin étant distincts les
garçons et les filles réaliseront leur identification à leur rôle social respectif grâce à
des relations qui permettent l’exercice de ces attitudes. Ainsi, entre amis les garçons
cherchent a s affirmer, a afficher leur autonomie et leur indépendance face à l’autori-
Le monde social adolescent 211
té, en même temps qu’ils obtiennent de leurs amis un support personnel et qu’ils
entretiennent avec eux des relations favorables à la connaissance d’eux-mêmes, à
leur identification et à leurs choix futurs. Quant aux filles, elles se lient d’amitié
d’abord parce qu’elles recherchent une compréhension mutuelle, qu’elles veulent
partager leurs intérêts, aimer et être aimées (choisies) et discuter de préoccupations
personnelles (sexualité, angoisses, etc.). Les stéréotypes des rôles sociaux in¬
fluencent donc les valeurs des adolescents et conditionnent le vécu de leurs rela¬
tions amicales. En retour, les contacts avec les amis de même sexe facilitent l’identi¬
fication à ces rôles distincts. Toutefois, les stéréotypes associés aux valeurs, aux
intérêts et aux modes de relations amicales ont des limites et sont sujets à des
remises en question importantes dans le monde contemporain. Par exemple, le
stéréotype de l’adolescente se préparant à son rôle d’épouse et de mère est forte¬
ment ébranlé par la perspective d’une carrière dans un métier choisi (Tangri, 1972).
Si les attitudes parentales et la situation socio-économique familiale conservent une
influence déterminante sur les options futures des adolescentes, le désir grandissant
d’égalité entre les sexes dans la réalisation personnelle offre aux filles l’accès à la
compétence et à l’autonomie.
Après avoir examiné les nombreuses recherches sur les différences entre les
garçons et les filles, Coleman (1980b) souligne qu’on ne peut affirmer que l’amitié est
plus importante pour un sexe que pour l’autre quoique les filles expriment davantage
leurs préoccupations à l’égard des relations amicales. On observe aussi une diffé¬
rence dans la signification de l’amitié entre les garçons et les filles surtout vers le
milieu de l’adolescence: les garçons privilégient les relations orientées vers l’action
tandis que les filles s’intéressent davantage aux relations qui satisfont des besoins
émotionnels. Une étude menée par Douvan et Adelson (1966) auprès de garçons de
14 à 16 ans révèle que ceux-ci sont très peu préoccupés par les notions de sensibilité
et d’empathie en ce qui a trait à leurs attentes face à l’amitié. Par contre, les projets
communs, les activités de groupe et l’aide apportée en cas de besoin sont fréquem¬
ment mentionnés. La spécificité des sexes dans les stéréotypes de socialisation
(notamment la plus grande valeur accordée aux relations humaines, à l’intimité et à
la dépendance par les filles) peuvent probablement expliquer une bonne partie de
ces différences.
individus du même sexe parce qu’elles impliquaient plus d’échanges sur soi et un
sentiment de réciprocité plus fort. On a aussi remarqué qu’un ami masculin pouvait
apporter à l’adolescente un puissant support moral à l’égard de ses aspirations
personnelles lorsque celles-ci diffèrent du stéréotype féminin traditionnel (Tangri,
1972; Newman et Newman, 1979). Pour les adolescents, une amitié féminine peut
permettre des échanges sur des craintes, des faiblesses personnelles qui ne sont pas
permis avec d’autres garçons sans porter atteinte à l’image de soi. Newman et coll.
(1979) identifient toutefois un certain nombre d’obstacles à l’amitié entre garçons et
filles à l’adolescence. L’égale participation sociale des hommes et des femmes est
d’autant plus difficile à accepter pour un individu qu’il s’identifie à l’un ou l’autre des
stéréotypes masculin ou féminin. Combien de garçons accordent une place égale à
la femme et à l’homme dans leur vision sociale? Pour une adolescente qui refuse le
rôle féminin traditionnel et vise d’abord une réalisation professionnelle, il pourra
s’avérer difficile de trouver un ami qui partage ses vues dans le vécu même de leur
amitié. Sur les plans intellectuel ou émotionnel, celui-ci pourra se sentir menacé par
la supériorité éventuelle de l’adolescente. Inversement, les filles s’attendent à trouver
moins de caractéristiques «féminines» chez les garçons quelles n’en possèdent elles-
mêmes et elles ne sont pas toujours prêtes à répondre aux besoins de dépendance
et de support qu’ils peuvent ressentir (Newman, 1982).
Amitié-activité • L’amitié est plus centrée sur les activités conjointes que sur la relation elle-même.
(Début de l’adolescence: • Les amis sont ceux avec qui on a des activités.
de 11 à 13 ans). • Les sentiments (réciprocité, profondeur du lien, etc.) associés à la relation d’amitié sont encore
mal différenciés.
Amitié-solidarité • La relation est basée sur la solidarité et le désir de sécurité est prédominant.
(Milieu de l’adolescence: • L’ami est avant tout une personne loyale sur laquelle on peut compter.
de 14 à 16 ans). • L’amitié est aussi (surtout pour les filles) une relation de soutien moral et d’échange sur les
nouvelles situations de vie comme les premiers rendez-vous hétérosexuels.
• C’est la période de plus grande insécurité dans l’évolution de l’amitié.
Amitié-réciprocité • Le partage d’expériences devient le principal but de la relation. L’intimité est basée sur la
(Fin de l’adolescence: compréhension mutuelle plutôt que sur la satisfaction d’un besoin individuel.
17-18 ans). • L’ami est considéré selon son apport à la relation. Ses qualités personnelles sont distinguées et
les différences individuelles sont appréciées telles quelles.
• Le besoin d’échange demeure mais l’importance croissante des liens hétérosexuels entraîne la
diminution graduelle de celle des amis de même sexe.
* Source: Ce tableau a été élaboré à partir des données de: DOUVAN, E. et ADELSON, J. The Adolescent Expérience. New York: Wiley, 1966 et
de: COLEMAN. J.C. «Friendship and the peer group in adolescence». Handbook of Adolescent Psychology (J. Adelson, dir ). New
York: Wiley, 1980b.
Le groupe d’amis n’est pas une réalité sociale qui émerge à 1 adolescence;
l’enfant a déjà connu cette réalité dans son voisinage, à l’école, au sein des mouve¬
ments de jeunes qu’il a fréquentés, etc. À l’adolescence, le groupe d amis se rap¬
proche davantage de la personne et de ses choix. Les déplacements géographiques
provoqués par l’entrée au secondaire rompent le lien ami-voisinage; les rencontres
étant plus nombreuses, les groupes sont plus hétérogènes. La conscience de soi plus
articulée donne une signification nouvelle et plus grande au groupe auquel on appar¬
tient ou veut appartenir. Le groupe représente pour l’adolescent une sorte de labo¬
ratoire d’expérimentation pour la recherche d’une identité sociale à adopter dans le
futur. L’adolescent trouve dans le groupe des possibilités de rencontres et d’expé¬
riences interpersonnelles nouvelles et plus nombreuses. C’est souvent à partir du
groupe que s’effectue la transition des amitiés entre individus de même sexe à
l’expérience des relations avec l’autre sexe. Le groupe peut apporter un support
important sur le plan émotionnel grâce au statut qu’il attribue à la personne en lui
offrant une place pour elle-même. Dans un groupe, l’adolescent est évalué selon sa
personnalité avec ses côtés forts et ses côtés faibles. Il y reçoit de l’information
directe sur sa personne et sur son comportement, ce qui n’est pas toujours le cas
dans la famille. Cette information en provenance des pairs, donc d’égaux, peut lui
paraître plus crédible et stimuler l’élaboration de ses objectifs personnels. Face aux
incompréhensions des parents ou des autorités scolaires, le groupe peut devenir le
point d’appui, le milieu où il trouve respect et confiance. L’adolescent y trouve aussi
les normes de conduite (vêtements, activités, choses qu’il faut aimer ou rejeter, etc.)
qui diminuent son incertitude face à ce qu’il doit faire.
1- Le groupe représente pour l’adolescent un laboratoire d’expérimentation pour la recherche d’une identité sociale à adopter dans le
futur.
2- Le groupe offre des possibilités de rencontres et d’expériences interpersonnelles nouvelles et plus nombreuses.
3- Souvent, il permet la transition des amitiés entre individus du même sexe vers des amitiés hétérosexuelles.
4- Le groupe peut donner un appui sur le plan émotionnel par le statut qu’il donne à l’adolescent en lui offrant une place pour lui-même.
5- Le groupe peut fournir une critique sans distorsion à l’adolescent et lui permettre ainsi d’ajuster sa conduite sans intervention de
l’autorité.
6- Le groupe peut devenir le milieu de confiance et d’appui en cas de conflit avec l’autorité parentale ou autres.
Dans sa lutte pour l’indépendance face aux autorités, le groupe peut offrir au
jeune les énergies nécessaires à la conquête de son autonomie. Par exemple lors
d’un conflit momentané avec ses parents, l’adolescent n’est plus isolé, il peut recou¬
rir à un réseau de liens extra-familiaux qui dépendent de lui et où il est autonome.
Voilà autant de raisons qui expliquent pourquoi l’appartenance à un groupe a une
importance plus grande à l’adolescence que pendant l’enfance ou à l’âge adulte.
Le groupe ne doit cependant pas être perçu comme étant seulement une
source d’énergie opposée au monde adulte; plusieurs auteurs ont démontré que
Le monde social adolescent 215
nombre de valeurs du groupe adolescent typique et du citoyen moyen convergeaient valeurs du groupe
(Campbell, 1964; Douvan et Gold, 1966; Wenar, 1971). Par exemple, les adolescents
(qui forment les groupes d’adolescents) valorisent la coopération, l’honnêteté, l’auto¬
contrôlé, le sens des responsabilités, etc. Les garçons adolescents n’aiment généra¬
lement pas les filles dominantes ou sophistiquées tandis que les adolescentes n’ap¬
précient pas les garçons vaniteux, égocentriques ou malpropres. La correspon¬
dance entre ces valeurs et les valeurs sociales traditionnelles est évidente.
o L-\\—l-1-1-[
7-9 ans 11-13 ans 15-17 ans 19-21 ans
Source: Cette figure, reproduite avec la permission des auteurs, a été tirée de COSTANZO, P.R. et SHAW, M.E.
«Conformity as a function of âge level». Child Development. 1966, vol. 37, n°4, p. 967-975.
Fin de l’adolescence
Légende:
* Source: Cette figure a été élaborée à partir des données fournies par: COLEMAN, J.C. «Friendship and the
peer group in adolescence». Handbook ol Adolescent Psychology (J. Adelson, dir.). New York:
Wiley, 1980b.
et par:
DUNPHY, D.C. «The social structure of urban adolescent peer groups». Sociometry. 1963, n° 26,
p. 230-246.
218 Chapitre 9
semaines (danses, fêtes, etc.). Selon Dunphy (1963), la bande, en associant des
cliques, permet le passage des relations sociales exclusivement unisexuelles du
début de l’adolescence aux relations hétérosexuelles. La figure 9.2 décrit l’évolution
de la structure du groupe à l’adolescence selon les données de Dunphy (1963).
AUTO-ÉVALUATION
a) Parce qu’à l’adolescence la famille n’a pas encore cédé sa place comme agent exclusif de socialisation;
b) parce qu’elle continue de modeler les apprentissages sociaux de l’adolescent et qu’elle peut aider à son devenir social extra-familial
ou le freiner;
c) parce que les parents exercent une influence sociale grandissante à mesure que l’adolescent évolue vers l’autonomie.
2. Baumrind (1975) a défini huit types sociaux à l’adolescence en fonction de trois dimensions sociales:
a) Sensible socialement;
b) insensible socialement;
c) actif socialement;
d) passif socialement;
e) individualiste;
f) suggestible.
b) En vous servant des choix offerts à la question 2 a), indiquez deux des caractéristiques sociales définissant le délinquant,
c) En vous servant des choix offerts à la question 2 a), indiquez deux des caractéristiques sociales définissant l’humaniste.
3. Ce qui caractérise le type social traditionnaliste est la concordance de son orientation personnelle, de ses adhésions et de son identité
avec les valeurs de ses parents.
a) Vrai
b) Faux
4. Le type de l’adolescent délinquant ne fait pas confiance aux autorités et s’attend à être traité injustement de sorte qu’il s’emploie
activement à violer les lois. Indiquez deux caractéristiques du style éducatif des parents du délinquant parmi les suivantes:
a) Consistants;
b) autoritaires;
c) abusifs;
d) subjectifs;
e) généreux.
5. Les types socialisé et délinquant ont en commun une figure parentale autoritaire, la première donnant lieu a un conformisme naïf, la
seconde à une méfiance de base qui nourrit l’agressivité sociale.
a) Vrai
b) Faux
6. L’organisation fonctionnelle de l’école reproduit moins le modèle de la société que ne le fait la famille.
a) Vrai
b) Faux
7. Les mass médias renforcent chez les adolescents le sentiment d appartenance à une collectivite spécifique.
a) Vrai
b) Faux
220 Chapitre 9
8. Le processus de socialisation est très accéléré et le statut d’adolescent est très peu reconnu dans:
a) La famille;
b) l’école;
c) le milieu de travail;
d) la collectivité des adolescents;
e) les stéréotypes véhiculés par les mass médias.
9. Pour le jeune travailleur, le milieu de travail tend à ignorer les caractéristiques de l’adolescence car le fonctionnement social du milieu
est basé sur un réseau de relations entre adultes.
a) Vrai
b) Faux
10. L’amitié à l’adolescence diffère à plusieurs égards de l’amitié enfantine. Parmi les facteurs contextuels suivants, indiquez celui ou ceux
qui évoluent de l’enfance à l’adolescence:
11. Comparativement au début de l’adolescence, la fin de cette période se distingue par une dépendance accrue face au groupe d’amis.
Ainsi l’acceptation par la clique d’amis peut inciter davantage l’adolescent plus âgé que le jeune adolescent à adopter des attitudes
fausses (ou des comportements faux) pour se conformer.
a) Vrai
b) Faux
12. Selon Douvan et Adelson (1966), les relations amicales entre filles se distinguent de celles entre garçons à l’adolescence. Des deux
observations suivantes, laquelle caractérise les garçons et laquelle caractérise les filles en ce qui concerne les relations amicales?
1) Plus grande préoccupation à l’égard du fait d’être aimé, avec une place plus grande accordée à l’intimité dans les rapports
amicaux.
2) Plus grande préoccupation à l’égard de l’affirmation personnelle et de l’autonomie face à l’autorité.
13. À I adolescence, 1 amitié semble être aussi importante pour les garçons que pour les filles mais les filles expriment davantage de
préoccupations à l’égard des relations amicales.
a) Vrai
b) Faux
14. On s accorde généralement pour dire que l’âge influe sur l’importance et la signification de l’amitié de sorte que celle-ci possède
habituellement des caractéristiques dominantes distinctes au début, au milieu et à la fin de l’adolescence. Situez les caractéristiques
suivantes en fonction de la période de l’adolescence:
1) Amitié-solidarité;
2) Amitié-activité;
3) Amitié-réciprocité.
Le monde social adolescent 221
15. Énumérez trois contributions possibles que le groupe peut offrir à l’adolescent qui en fait partie.
16. À plusieurs égards, les valeurs des groupes d’adolescents correspondent aux valeurs traditionnelles auxquelles les parents adhèrent.
Parmi les domaines suivants, identifiez les deux zones les plus susceptibles de créer des conflits entre les valeurs du groupe
d’adolescents et les valeurs traditionnelles des parents de la classe moyenne:
a) La coopération;
b) les études;
c) l’autocontrôlé;
d) l’honnêteté;
e) la sexualité.
17. Des travaux expérimentaux sur le conformisme ont démontré qu’à tous les âges de l’adolescence, les filles sont légèrement plus
conformistes que les garçons (Costanzo et Shaw, 1966; Coleman, 1980b).
a) Vrai
b) Faux
18. Parmi les éléments suivants, identifiez en deux qui sont reconnus comme étant souvent reliés à la popularité dans le groupe:
19. Certaines études ont démontré que les attentes de la famille face aux amis de 1 adolescent ne possédaient pas d influence réelle sur le
choix des relations de l’adolescent (Offer et Offer, 1976; Coleman, 1980).
a) Vrai
b) Faux
20. Il semblerait que l’influence du groupe sur l’adolescent soit moindre que ne le croient beaucoup d adultes et que cette influence soit
plus fréquemment en accord avec les idées des parents qu’en opposition avec elles.
a) Vrai
b) Faux
22. Comment les relations entre clique et bande peuvent-elles faciliter 1 établissement de liens hétérosexuels à 1 adolescence?
'
’
Chapitre 10
Psychopathologie
à l’adolescence
10.1 INTRODUCTION
10.2 PSYCHOPATHOLOGIE: UNE DÉFINITION
10.2.1 Le système de classification clinique
10.5 LA SCHIZOPHRÉNIE
224 Chapitre 10
10.6 LA DÉPRESSION
AUTO-ÉVALUATION
10.1 INTRODUCTION
La classification que l’on utilise (ou le système d’étiquettes) doit présenter des
catégories bien distinctes les unes des autres afin d’éviter les confusions entre un
problème et un autre et entre un traitement et un autre. Cela ne pose pas seulement
une difficulté sur le plan linguistique, mais aussi en ce qui a trait au champ d’étude et
au critère de pathologie. En effet, certains symptômes se trouvent dans plusieurs
affections mentales différentes. Par exemple, la difficulté d’établir un contact inter¬
personnel gratifiant est observée chez plusieurs types de schizophrènes, mais aussi
chez des dépressifs, des obsessifs, etc. Aux symptômes communs à plusieurs caté¬
gories diagnostiques doivent donc s’ajouter des symptômes exclusifs à chaque caté¬
gorie, de façon que l’on puisse distinguer un trouble d’un autre. Chaque étiquette
doit définir une configuration unique de symptômes observables.
S’il existe des maladies nerveuses propres aux civilisations modernes, les
troubles mentaux ont généralement des racines historiques profondes. Les sociétés
maladies mentales anciennes attribuaient souvent la cause des maladies mentales, comme des maladies
physiques d’ailleurs, aux esprits maléfiques qui venaient habiter le corps des vic¬
times. Les traitements connus au cours de l’histoire sont innombrables: de la trépa¬
nation simple, c’est-à-dire l’ouverture de la boîte crânienne pour en faire sortir
«l’esprit mauvais», aux bûchers pour les sorcières du Moyen Âge, en passant par la
relaxation pratiquée chez les Grecs et les Romains (et encore aujourd’hui d’ailleurs).
Le vingtième siècle a amené une attitude plus respectueuse des malades mentaux en
leur reconnaissant des droits à un certain respect. Cependant, il y a quarante ans à
peine, on construisait encore de ces immenses hôpitaux psychiatriques, véritables
villes closes, servant de ghettos à ceux dont les sympitômes «anormaux» (et parfois
le destin seulement) y avaient rassemblés. Ce n’est que récemment que les sociétés
modernes ont commencé à avoir moins peur'des malades mentaux et ont compris
que les «villes psychiatriques» n’étaient pas une solution réaliste au problème social
impliqué. On comprend aussi de plus en plus que la psychopathologie n’est pas
toujours le résultat d’un trouble génétique, d’un «bobo» que l’on doit extirper de la
personne atteinte pour la «guérir», mais que c’est souvent le résultat d’une évolution,
d’une réaction à un environnement physique et social.
y a souvent plus de risques de vivre des difficultés psychiques dans certains milieux
défavorisés que dans des zones de vie mieux nanties économiquement; on sait aussi
que les suicides sont plus nombreux dans certaines régions et à certaines époques
de l’année ou de la vie des gens. Ces connaissances, acquises récemment, découlent
de la découverte d’autres approches scientifiques que le modèle médical tradition¬
nel. Dans l’optique du modèle médical traditionnel, la personne qui a un trouble
psychique est victime d’une maladie, partant, il faut trouver de quelle maladie il
s’agit, c’est-à-dire effectuer un psychodiagnostic en fonction d’un système de classi¬ psychodiagnostic
fication donné pour ensuite choisir le traitement approprié à la maladie. L’application
du traitement devrait ensuite permettre à la maladie de s’estomper pour que la
personne «guérisse et redevienne normale». De nouvelles perspectives ont permis
une évolution des attitudes professionnelles à l’égard de l’épidémie et de la santé
mentale. À ce sujet, l’approche écologique du comportement propose un modèle où
l’on considère que l’individu est en constante interaction avec son ou ses environ¬
nements (famille, école, milieu de travail, quartier, ville, culture, etc.).
mentaux est encore plus aigu lorsqu’il s’agit de ceux de la période adolescente.
Période de tumulte, de grands écarts fonctionnels, de changements personnels
rapides, d’intense développement, l’adolescence représente un défi encore plus
grand pour le clinicien: comment distinguer le «normal» du pathologique dans cette
période de transformation généralisée? La fugue, la nouvelle marotte, la gaffe, la
révolte, l’hostilité, etc., si souvent observées chez les 12-18 ans, permettent-elles de
distinguer l’expérience développementale courante du symptôme pathologique?
TABLEAU 10.1: Deux approches théoriques distinctes d’un même problème d’énurésie*
Cause de l’énurésie: Dans la plupart des cas: absence des condi¬ Cause de l’énurésie: Conflit psychologique ou stress. L’énurésie
tions normalement nécessaires pour acquérir un contrôle appro¬ est le symptôme d’un problème plus général dans la majorité des
prié des sphincters de la vessie. Dans une minorité de cas: occu¬ cas.
rence de conditions qui font perdre les acquisitions antérieures de
contrôle (tension nerveuse).
Traitement proposé: Apprentissage par l’acquisition d’un réflexe Traitement proposé: Psychothérapie afin d’annihiler la perturba¬
conditionné grâce à un appareil spécial (toile de lit munie d’un tion émotionnelle sous-jacente.
système de sonnerie qui se déclenche lorsque la toile est humectée
avertissant ainsi le sujet de se rendre à la salle de toilette). Dans
quelques cas, ce traitement s’accompagne d’une drogue ou de
moyens pour réduire la tension environnementale, ou les deux.
Critique du traitement psychodynamique: Inutile dans la plupart Critique du traitement par apprentissage: Traitement de symp¬
des cas. Potentiellement utile dans une minorité de cas pour ré¬ tôme: inutile si appliqué seul. Peut être nuisible en provoquant une
duire la tension nerveuse. crise émotionnelle ou une substitution du symptôme.
* L’énurésie est un manque de contrôle des émissions urinaires à un âge où normalement la majorité des enfants l'ont acquis, c'est-à-dire vers
cinq ans.
Source: Ce tableau, reproduit avec permission, a été adapté à partir de: LOVIBOND, S. Conditioning and Enuresis. New York: Pergamon Press,
1964.
10.4.1 LeDSMIII
Autisme infantile: perturbation fonctionnelle importante caractérisée par une incapacité durable d’entrer en relation avec
d’autres personnes et par un rendement intellectuel généralement déficient mais comportant certains types d’activité mentale normaux
ou quasi normaux.
Troubles d’organicité: troubles psychologiques causés par une lésion cérébrale. La ou les lésions cérébrales peuvent avoir été
occasionnées par divers facteurs comme: un traumatisme à la naissance, une déficience congénitale, un choc crânien, un fonctionnement
métabolique anormal (par exemple: hypoglycémie, intoxication rénale), une infection (par exemple: encéphalite, méningite) ou un
empoisonnement (alcool méthylique, plomb, mercure, etc.). L’épilepsie est considérée comme un trouble organique. Les troubles
d’organicité s’accompagnent très souvent de déficience mentale plus ou moins prononcée.
Problèmes d’anxiété: perturbations psychologiques associées à un état de tension mentale. Les phobies (c’est-à-dire les peurs
irrationnelles suscitées par certaines situations ou objets), le mutisme sélectif, les réactions de retrait en sont des exemples.
Problèmes de contrôle du comportement: hyperactivité, agressivité, désordres de conduite, tics, syndrome de Tourette, mou¬
vements stéréotypés atypiques.
Selon Weiner (1980), les données épidémiologiques disponibles les plus com¬
plètes sur la psychopathologie à l’adolescence proviennent du registre d une clinique
du comté de Monroe dans l’État de New York. Ce registre, tenu depuis 1960, ne
contient pas, comme c’est habituellement le cas, uniquement des informations
concernant les patients hospitalisés ou examinés dans des cliniques, mais aussi des
renseignements sur l’ensemble des consultations psychiatriques de la communauté
qui, selon Gardner, Miles, Bahn et Romano (1963), recencerait 95 % de toute 1 activi¬
té psychiatrique de cette collectivité. À partir de ce registre, Weiner et Del Gaudio
(1976) ont étudié la distribution des catégories diagnostiques de 1334 adolescents
âgés de 12 à 18 ans enregistrés en 1961 et en 1962. Le tableau 10.3 reproduit la
distribution qu’ils ont ainsi obtenue.
Les catégories mentionnées dans le tableau 10.3 sont très larges et compor¬
tent autant de caractéristiques communes qu’il peut y avoir de différences entre
chacune d’elles (Weiner, 1980). Cependant, elles permettent d’évaluer certaines
particularités des problèmes mentaux à l’adolescence dont la plus frappante pro¬
désordres vient du grand nombre de diagnostics (27,1 %) classés «désordres situationnels»
situationnels contrastant avec les 5 à 6 % (maximum) que l’on trouve généralement dans les
populations adultes. Face à cette particularité, Weiner (1980) se demande s’il s’agit
d’une véritable spécificité de la distribution des difficultés à l’adolescence, ou plutôt
du résultat d’une surutilisation de cette catégorie par les cliniciens qui ne peuvent ou
ne veulent pas étiqueter trop tôt des adolescents selon des catégories de la psycho¬
pathologie adulte. L’auteur mentionne que, par définition, les troubles situationnels
ne nécessitent pas de psychothérapie comme telle et qu’ils n’évoluent habituellement
pas vers des formes plus sérieuses de psychopathologie puisque, théoriquement, ils
sont causés par des facteurs précipitants, passagers et contextuels. Or on remarque
que d’après le suivi effectué sur une période de dix ans (de 1962 à 1972)2 (voir le
tableau 10.3) les «désordres situationnels» resurgissent dans une aussi grande pro¬
portion que les catégories «névrose» ou «désordre de la personnalité». On aurait
donc tendance à recourir davantage au diagnostic «désordre situationnel» pour les
adolescents possiblement par crainte de classer à tort un individu dans une catégo¬
rie de pathologie sérieuse. Cette tendance peut toutefois avoir pour effet de mas¬
quer des problèmes plus sérieux que ceux classés «désordre situationnel» et qui,
éventuellement, peuvent resurgir plus tard 9i les soins appropriés n’ont pas été
dispensés à temps. Weiner et coll. (1976) observent que, sur une période de dix ans,
les diagnostics répétés émis au sujet d’un même cas identifié «désordre situationnel»
concordent beaucoup moins (14,9 % d’accord) que ceux identifiant les cas de «schi-
(2) Weiner et Del Gaudio (1976) ont observé que le nom de 52,4 % des cas de leur échantillon initial apparai-
sait au moins une autre fois sur le registre psychiatrique du comté pendant les dix années suivant l’étude.
De plus, ce chiffre est amoindri par l’impossibilité de retracer le nombre de cas qui ont consulté un clinicien
ailleurs que dans le comté au cours de la période 1962-1972.
Fsychopathologie à l’adolescence 231
TABLEAU 10.3: Distribution des catégories diagnostiques observées pendant deux ans sur les 1334 adolescents du comté
de Monroe (État de New York)*
Source: Ce tableau a été adapté et traduit par l’auteur du présent ouvrage à partir des données de:
WEINER, I.B. et DEL GAUDIO, A.C. «Psychopathology in adolescence: An epidemiological study». Archives of General Psychlatry.
1976, vol. 33, p. 187-193.
232 Chapitre 10
que 37,9 % des cas de «névrose» de l’échantillon sont diagnostiqués par des clini¬
ciens de bureaux privés. Les bureaux privés sont d ailleurs le seul milieu clinique où
la catégorie «désordre situationnel» est la plus importante: les cliniciens de ces
bureaux auraient donc tendance à émettre des diagnostics moins graves que les
autres milieux cliniques3.
Le tableau 10.3 indique aussi que la distribution des garçons et des filles n’est
pas exactement la même selon les catégories diagnostiques: il y a plus de névroses et
de tentatives de suicide chez les filles, mais plus de désordres de la personnalité chez
les garçons. Cette distribution confirme les observations faites au Canada, en Tché¬
coslovaquie, en Angleterre et en Nouvelle-Zélande chez les adolescents hospitalisés
(Weiner et coll., 1976). Enfin, le total de l’échantillon de Weiner et coll. (1976)
compte plus de garçons que de filles, ce qui témoigne d une plus forte incidence de
consultations psychiatriques chez les garçons.
Selon Weiner (1980), les difficultés reliées à l’utilisation des catégories dia¬
gnostiques traditionnelles peuvent être évitées en adoptant une approche centrée
sur des problèmes observables comme les tentatives de suicide ou les comporte¬
ments délinquants. Toutefois, de tels indices comportementaux ne mettent pas à
profit les connaissances cliniques et expérimentales associées aux catégories tradi¬
tionnelles comme la schizophrénie ou la dépression. Pour l’adolescence, l’auteur
suggère une approche de compromis en utilisant une nomenclature partagée entre
«problèmes observables» et «catégories traditionnelles»: a) schizophrénie; b) dé¬
pression; c) comportement suicidaire; d) taux d’absentéisme scolaire; e) problème
de réussite scolaire; et f) comportement de délinquance (Weiner, 1980, p. 450). Nous
utiliserons cette classification dans ce chapitre.
10.5 LA SCHIZOPHRÉNIE
(3) Les auteurs ont aussi noté qu’il y avait plus de cas diagnostiqués «schizophrénie» chez les adolescents de
milieux socio-économiques bas et plus de cas diagnostiqués «névroses» et «désordre situationnel» chez
les individus des classes économiques dites moyennes et supérieures.
Psychopathologie à l’adolescence 233
(4) Le mot schizophrénie vient du grec «schizô» signifiant séparer, dissocier, et du mot grec «phren», esprit,
pensée.
234 Chapitre 10
Ces deux profils différents ont aussi été identifiés dans des études visant à
connaître les indices prédicteurs de la schizophrénie. Ainsi, Bower, Shellhamer et
Daily (1960) observent que ceux qui deviennent schizophrènes ont au départ moins
d’intérêt pour les relations sociales et les activités de groupe et affichent une person¬
nalité fermée, retirée. Par contre, Robins (1966) a observé que les enfants et adoles¬
cents devenus plus tard schizophrènes avaient davantage tendance à présenter des
période conduites antisociales qu’à passer inaperçus ou à être fermés pendant la période
préschizophrénique préschizophrénique.
En fait, il semble que ces deux tendances ne sont pas contradictoires mais
complémentaires puisque l’on trouve souvent, pendant l’enfance et l’adolescence
des schizophrènes, des indications: a) de retrait social et b) de comportements
antisociaux (Woerner, Pollack, Rogalski, Pallack et Klein, 1972; Watt, 1978; Weiner,
1980). Watt (1978) mentionne que les garçons de niveau secondaire qui tendent vers
la schizophrénie sont plus irritables, plus agressifs et plus négatifs que leurs compa¬
gnons, tandis que les adolescentes préschizophrènes sont plus inhibées, plus timides
et plus retirées que leurs compagnes. Il est donc possible que le facteur sexe expli¬
que, au moins en partie, cette dualité «retrait social — comportement antisocial»
dans les symptômes précurseurs de la schizophrénie: les filles étant davantage
retirées et les garçons antisociaux.
Kreisman (1970) affirme, d’après des statistiques, que les adolescents qui
n’ont que très peu d’amis avec lesquels ils ont peu d’intérêts et d’activités, qui ne les
voient que sporadiquement et dans un contexte de profit personnel plutôt que de
réciprocité ont plus souvent tendance à devenir schizophrène que les autres adoles¬
cents qui n’ont pas beaucoup d’amis mais vivent avec eux des relations intimes et
réciproques.
Ce premier facteur est présenté comme le plus fiable pour assurer la valeur
du diagnostic mais il peut demander beaucoup de temps et ainsi retarder les actions
curatives. En effet, le temps semble être un puissant élément pour distinguer les
profils très semblables du délinquant sociopathe et de l’adolescent schizophrène
«puisque d’une part les sociopathes sont isolés et sans amis, qu’ils affi¬
chent des poussées sentimentales brutales et des épisodes psychotiques
et que, d’autre part, les schizophrènes ont souvent un faible contrôle de
leurs pulsions et des périodes de passage à l’acte, la combinaison des
deux symptomatologies (c’est-à-dire les symptômes mixtes) chez un
adolescent fermé et non coopératif représente un des problèmes les plus
difficiles à résoudre5» (Masterson, 1967, p. 52).
Par prolongation, cet auteur entendait alors une période de plusieurs semaines ou
de plusieurs mois.
Selon Weiner (1970), un adolescent qui décrit des fantaisies bizarres, des
rêves étranges ou fait état de préoccupations inusitées peut être en réaction schizo¬
phrénique. Toutefois, ces contenus non standards de pensée ne sont pas des indica¬
teurs vraiment sûrs si l’adolescent ne les raconte pas de façon dissociée, en vrac,
sans organisation et avec minutie, style typiquement relié aux perturbations structu¬
rales de la pensée schizophrénique. L’absence de recul ou d’autocritique par rapport
à ses comportements anormaux et un jugement déficient sont aussi des indices
formels de cette pathologie. Weiner (1970) rapporte le cas d’un garçon de 17 ans qui,
à la fin de son cours secondaire, prévoyait jouer au football dès son entrée au
collège. Lorsqu’on lui demanda quelle avait été son expérience antérieure du foot¬
ball, il répondit qu’il n’en avait jamais joué parce qu’il voulait éviter les risques de se
blesser et se réservait pour ce «grand moment».
pronostic relié Le pronostic relié à la schizophrénie n’est pas très encourageant: selon
à la schizophrénie Mosher (1975) un tiers des adultes qui ont déjà été hospitalisés à la suite d’une
Psychopathologie à l’adolescence 237
10.6 LA DÉPRESSION
Selon Beck (1967; 1970; 1974), exception faite des cas de perte réelle d’objet,
il y a trois schèmes possibles de fausse interprétation de la réalité chez les dépressifs:
1) une perte imaginée de l’objet; 2) des impressions négatives et non fondées de soi
amenant l’apathie, un sentiment d’impuissance et de dépendance et des tendances
suicidaires; et 3) des attentes négatives, irréalistes ou invraisemblables à l’égard du
futur nourrissant le désespoir et le pessimisme de la personne.
«Puisque mes efforts n’ont aucune relation perceptible avec ce qui m’arrive, à quoi
bon les maintenir».
sytnptôrnGS associés Le tableau 10.4 renseigne sur les symptômes couramment associes a la de
à la dépression pression chez l’adulte et chez l’adolescent. On y notera que les indications concer¬
nant davantage les adolescents sont fréquentes chez les 12-18 ans. En effet, on
observe fréquemment de la fatigue chez les adolescents, état que l’on attribue à leur
croissance physique rapide et à leur vie active. Il en va de même pour la préoccupa¬
tion à l’égard de la santé souvent rattachée aux changements de l’image personnelle
et à l’attention que les jeunes accordent à leur apparence physique qui se modifie
rapidement.
La réaction dépressive n’est pas une pathologie que l’on diagnostique fré¬
quemment chez les adolescents rencontrés en psychiatrie. Weiner (1980) rapporte
qu’aux États-Unis moins de 10 % des diagnostics posés à l’égard des patients ado¬
lescents rencontrés dans les départements psychiatriques des hôpitaux et des clini¬
ques mentionnent la réaction dépressive comme facteur premier. Toutefois environ
50 % d’entre eux présentent des symptômes d’humeur triste, de dépréciation per¬
sonnelle, de crises de larmes, de pensées suicidaires ou de tentatives de suicide
(Masterson, 1967).
Le tableau 10.5 tiré de Weiner (1975) montre qu’aux États-Unis sur une
population de plus d’un million de patients psychiatriques âgés de 10 à 44 ans
rencontrés dans trois milieux de consultation différents, les diagnostics «réaction
psychonévrotique dépressive» sont croissants. Dans tous les groupes d’âges, il y a
plus de femmes que d’hommes dont le diagnostic mentionne la dépression, le rap¬
port atteignant parfois 2 pour 1.
Psychopathologie à l’adolescence 239
Chez l adulte (plusieurs symptômes sont pertinents tant pour les enfants que pour les adolescents)
Perte d’intérêt et de plaisir dans la plupart des activités courantes ou de loisir, ou simultanément dans ces deux types
d activités.
- Humeur caractérisée par la tristesse, le désespoir, la morosité, l’irritabilité et l’apathie.
- Perte ou gain d’appétit ou de poids significatifs.
- Insomnie ou hypersomnie.
- Perte d’énergie et fatigue généralisée.
- Dévalorisation de soi-même, autocritique sévère, sentiment de culpabilité excessif ou inapproprié.
Impressions ou observations d une diminution dans la capacité de penser ou de se concentrer.
- Idées suicidaires, désirs de mort ou tentatives de suicide.
C, iez l adolescent (symptômes plus typiques de l’adolescence mais pas nécessairement les seuls apparents)
- Fatigue généralisée.
- Préoccupation excessive à l’égard du corps et de la santé (hypocondrie).
Difficulté de concentration souvent associée a une baisse de rendement et d’intérêt scolaires.
- Crises de larmes ou périodes de pleurs.
- Sentiment de solitude, d’être sans valeur, d’être incompris.
- Difficulté à éprouver de l’enthousiasme.
TABLEAU 10.5: Pourcentage de cas psychiatriques diagnostiqués «réaction psychonévrotique dépressive» (selon l’âge et
le sexe)*
Groupes d’âges
* Ces données sont issues des statistiques américaines du Département de la santé publique à partir de 466 102 dossiers fermés de patients
cliniques, 380 922 patients sortis d'hôpitaux généraux et 153 314 premières admissions à un hôpital psychiatrique.
Source: WEINER, I.B. «Dépréssion in adolescence». The Natureand Treatment of Dépréssion (F.F. Flach et S.C. Draghi, dir.). New York: Wiley,
1975. Ces données ont été reproduites avec la permission de l'éditeur.
240 Chapitre 10
Dans la population générale des adolescents, Albert et Beck (1975) ont ob¬
servé dans 30 à 40% des cas des sentiments de tristesse, d’être sans valeur ou de
pessimisme face au futur. Le normal et le pathologique peuvent donc s’avérer diffi¬
ciles à distinguer en matière de dépression à l’adolescence, surtout si 1 on y tient
dépressions voilées compte du nombre de dépressions voilées. Dans ces derniers cas, la dépression
peut en effet être cachée par le maintien chez la personne d’un haut degré d activité,
la recherche constante de nouveauté et un évitement systématique de l’inactivité; la
répétition et le «déjà vu» ennuient alors l’individu très rapidement eUa solitude doit
être évitée par la présence constante d’amis. Ainsi ce qui peut paraître le fruit d un
dynamisme intense peut n’être en fait que la fuite de 1 introspection (Weiner, 1975,
1980).
suicide Selon Rosenthal (1981), le suicide serait la troisième cause de décès aux
États-Unis et la deuxième chez les jeunes garçons de 15 à 19 ans. Au Québec, selon
les données de Campagna (1982), le suicide est en tête de liste des causes de décès
chez les 15-29 ans lorsqu’on inclut les suicides déguisés en accidents d’automobiles.
Miller (1981) affirme qu’il y aurait probablement cinq fois plus de suicides que le
nombre rapporté, et dix fois plus de tentatives de suicide que de suicides dans
l’ensemble de la population. D’après Jocobinzer (1965), chez les adolescents, le
rapport des tentatives de suicide et des décès par suicide atteindrait plus de 50
contre 1, ainsi aux États-Unis environ un adolescent sur 1000 tenterait de se suicider
entre 12 et 18 ans (Seiden, 1969).
Le désir réel de se tuer doit susciter une peur intense chez la personne de
sorte que cette peur est probablement un facteur de dissuasion important à l’égard
du suicide. La plupart des individus sont angoissés lorsque approche le moment de
l’acte suicidaire (Rosenthal, 1981) et pour passer concrètement à l’acte, la crainte
normale doit, d’une façon ou d’une autre, être réduite sans que soit abandonné le
projet de se donner la mort. Avant de poser le geste, la personne ressentirait un
profond désespoir en même temps qu’un vif besoin d’agir qui consiste à appliquer «le
seul remède efficace dans la situation», c’est-à-dire le suicide.
Selon Dorpat (1968), la hardiesse face à la mort est souvent facilitée par le
manque de sommeil et la consommation d’alcool, de narcotiques, de sédatifs, d’hal¬
lucinogènes, etc. De telles altérations du degré de conscience ne conduisent certes
pas tous ceux qui les vivent au suicide; d’autres facteurs comme des facteurs biolo¬
giques, sociaux, familiaux et psychologiques déterminent le comportement suici¬
daire.
Sur le plan social, on remarque que les jeunes qui ont des tendances suici¬
daires ont souvent une longue histoire de problèmes psychologiques et sociaux
pouvant inclure des comportements antisociaux (en particulier ceux qui sont mono¬
symptomatiques, c’est-à-dire très spécifiques). La difficulté d’établir des relations
interpersonnelles satisfaisantes est souvent présente chez les suicidaires (Miller,
1981).
242 Chapitre 10
TABLEAU 10.6. Résumé des faits pertinents à l’étude du suicide chez les jeunes*
1. Les conflits familiaux ont été positivement identifiés dans les antécédents des adolescents suicidaires comme facteurs précipitants
majeurs dans leur comportement autodestructeur. Il semble que la nature plutôt que l’envergure de tels conflits soit particulièrement
significative.
2. Les rôles joués par chaque parent (comme modèle d’identification) affectent probablement les adolescents suicidaires de façon
différente, la mère ayant une influence significative.
3. La jeune fille suicidaire semble particulièrement distante envers ses parents.
4. Le suicide au sein des familles a un impact en tant que facteur d’augmentation du risque de suicide chez les autres membres
(particulièrement chez les plus jeunes). Ainsi il importe donc en matière de santé mentale de continuer les recherches et la
prévention.
5. Au moment de la perte d’un parent, l’âge de l’enfant peut constituer un facteur plus déterminant dans le comportement suicidaire
que les circonstances ou les causes de la perte du parent (maladie, accident, suicide).
6. Les pensées suicidaires ne sont pas nécessairement présentes chez tous les adolescents.
7. Les difficultés à l’école semblent constituer plus souvent un problème pour les filles que pour les garçons tant chez les adolescents
suicidaires que chez ceux qui continuent à faire des tentatives par la suite.
8. Un isolement social relatif semble être une caractéristique davantage présente chez les filles et les garçons qui font des tentatives
répétées de suicide et le réussissent à la longue ou à la première tentative.
9. Les adolescents qui abusent des drogues présentent un risque plus élevé que les autres, mais ils ne constituent qu’une petite
proportion de ceux qui tentent de se suicider.
10. En ce qui a trait aux comportements suicidaires à l’adolescence, on n’a pas observé d’effet direct du lieu de résidence, de l’emploi ou
des conditions économiques, mais pour les 12-18 ans une mobilité géographique accrue y serait reliée.
11. Les médias ne semblent pas avoir d’influence précise sur le comportement suicidaire quoique selon certaines études, on remarque
une baisse des suicides chez les filles lorsque les journaux leur sont moins accessibles.
12. En temps de guerre les risques de suicide semblent plus élevés chez les garçons.
13. La dépression adolescente est probablement associée à un risque accru en faveur du comportement suicidaire, particulièrement des
comportements suicidaires récurrents. Cependant, l’identification du rôle de la dépression a été rendu plus difficile par les contro¬
verses sur la nature de la dépression à l’adolescence.
14. Il n’y a pas de ligne directrice claire dans les catégories diagnostiques formelles pour les adolescents suicidaires.
15. Pour les adolescents, l’interaction de la maladie physique et d’autres facteurs comme le sexe, les rôles sexuels, un désordre
émotionnel, le moment de la vie, l’apparence des symptômes peuvent devenir une source de motivation pour le comportement
suicidaire.
16. Le rôle de l’apprentissage dans le développement du comportement suicidaire a été sous-estimé.
17. Plusieurs problèmes scolaires, familiaux, sociaux ainsi que d’autres facteurs motivationnels peuvent être caractéristiques de pertur¬
bations émotionnelles à l’adolescence plutôt que typiquement reliés aux comportements suicidaires.
18. Il y a suffisamment de différences entre les sexes pour recommander la considération séparée des garçons et des filles suicidaires à
l’adolescence.
19. On recommande une étude plus approfondie des effets du milieu scolaire sur le suicide à l’adolescence et l’inclusion du suicide
comme thème abordé dans la formation des futurs enseignants au niveau secondaire.
20. L’utilisation plus générale de techniques psychométriques dans l’étude du suicide à l’adolescence pourrait préciser le profil de la
personnalité et les caractéristiques affectives distinctives des jeunes suicidaires.
21. Afin de contrer le suicide, une attention accrue pourrait être consacrée à la trop grande disponibilité de moyens efficaces de se
donner la mort (certains médicaments prescrits, les armes à feu, etc.).
22. L’identification des facteurs psychosociaux associés à l’étiologie des comportements suicidaires à l’adolescence pourrait devenir
plus spécifique si l’on accordait davantage d’attention à l’influence et à l’interaction de facteurs multiples comme le sexe, les
événements vécus, la puissance des comportements autodestructeurs et l’adaptation émotionnelle générale.
• Source: Ce tableau a été élaboré à partir de données américaines traduites par l'auteur du présent ouvrage et reproduit avec la permission de
l’éditeur de:
PETZEL, S.V. et RIDDLE, M. «The interlocking psychologies of suicide and adolescence». Adolescent Psychiatry. Vol. IX: Develop-
mental and Clinical Studies (S.C. Feinstein, J.G. Looney, A.Z. Schwartzberg et A.D. Sorosky, dir ). Chicago: üniversity of Chicago
Press, 1981, chap. 23, p. 343-398.
244 Chapitre 10
Par rapport à l’école, les problèmes de rendement académique ont été les
facteurs de stress le plus fréquemment associés au suicide à 1 adolescence. 1 échec
scolaire répété, les changements fréquents d’institution, la pression des parents
pour que l’adolescent obtienne de meilleurs résultats (Jacobs, 1971; Petzel et coll.
1981).
Sur le plan personnel, l'adolescent suicidaire est décrit comme triste, dépri¬
mé, autopunitif, et s’estimant émotif, socialement vulnérable, réagissant fortement à
la perte et à la séparation, plus irritable que les autres, éprouvant de la difficulté à
contrôler ses moments de colères et affichant parfois de «l’acting out»6 (Marks et
Haller, 1977; Crumley, 1979).
(6) L’expression «acting out» signifie ici la tendance à passer à l’acte, à agir conformément à ses pulsions.
Psychopathologie à l’adolescence 245
pendant l’adolescence, 3) les moyens utilisés pour l’acte suicidaire diffèrent selon le
sexe.
Dans plusieurs études on a observé que chez les femmes, les tentatives de tentatives
suicide sont plus souvent provoquées par des problèmes relationnels significatifs. Il de suicide
apparaît que les sujets qui tentent de se suicider ont plus de liens interpersonnels
que ceux qui réussissent (Peck, 1977; Rosenthal, 1981), ce qui expliquerait partiel¬
lement le fait que davantage d’hommes réussissent à s’enlever la vie même si les
tentatives sont plus nombreuses chez les femmes. Ces dernières auraient plus de
raisons de demeurer en vie malgré le désespoir, elles auraient aussi plus de possibili¬
tés de se faire aider que les hommes.
Il y aurait aussi une différence reliée au sexe quant aux moyens utilisés dans moyens utilisés
la tentative de suicide. De façon générale, les hommes auraient tendance à choisir
des moyens plus radicaux que les femmes (pendaison et arme à feu plutôt que
surdosage, empoisonnement, etc.) ce qui expliquerait, au moins en partie, 1 inci¬
dence beaucoup plus grande de la mort chez les hommes même dans une propor¬
tion moindre de tentatives.
246 Chapitre 10
AUTO-ÉVALUATION
1. Le caractère transitoire de ce qui se vit à l’adolescence pose des difficultés psychodiagnostiques beaucoup plus aiguës pendant cette
période qu’à l’âge adulte.
a) Vrai
b) Faux
2. Un syndrome correspond à:
3. Plusieurs études ont démontré que les cliniciens s’entendent bien entre eux lorsqu’il s’agit de différencier des catégories larges de
problèmes, mais s’accordent beaucoup moins bien pour différencier des catégories diagnostiques plus étroites.
a) Vrai
b) Faux
4. Parmi les éléments suivants, identifiez les facteurs reconnus comme susceptibles de faire varier le psychodiagnostic au moment d’une
consultation clinique.
5. L’approche écologique du comportement considère que le trouble psychique est une maladie comme les autres devant être
diagnostiquée afin de traiter la personne pour éventuellement la guérir de sa maladie.
a) Vrai
b) Faux
6. L’approche de l’apprentissage ne présente pas un problème comme l’énurésie de la même façon que l’approche psychodynamique.
Identifiez parmi les propositions suivantes celles qui relèvent de l’approche de l’apprentissage face au problème de l’énurésie:
a) L’énurésie est le symptôme d’une perturbation émotionnelle dans la majorité des cas;
b) le traitement approprié de l’énurésie est l’apprentissage du contrôle des sphincters à l’aide d’un appareil aidant le sujet à se rendre
compte qu’il mouille son lit;
c) l’énurésie est une carence d’habitude de contrôle des sphincters de la vessie;
d) la cause de l’énurésie est ordinairement l’absence des conditions nécessaires pour acquérir un contrôle approprié des sphincters;
e) le traitement approprié de l’énurésie est la psychothérapie afin d’éliminer la perturbation émotionnelle sous-jacente;
f) l’énurésie est ordinairement causée par un conflit psychologique ou le stress.
7. L’idée que les troubles psychiques spécifiques donnent lieu à des symptômes distincts est sans doute à la base du maintien de l’intérêt
pour développer des systèmes de classification diagnostique plus valides.
a) Vrai
b) Faux
8. Le DSM III constitue la nomenclature récente la plus répandue dans les milieux cliniques; il se consacre spécifiquement à la
psychopathologie de l’adolescence.
a) Vrai
b) Faux
Psychopathologie à l’adolescence 247
10. Une des particularités psychodiagnostiques les plus frappantes à l’adolescence (selon Weiner et Del Gaudio, 1976) provient de la
petite proportion de diagnostics «désordre situationnel» qui contraste avec la grande proportion que l’on trouve chez les adultes.
a) Vrai
b) Faux
11. À partir des données de Weiner et coll. (1976), ordonnez les diagnostics suivants selon un ordre décroissant de fréquence pour
l’ensemble des adolescents.
a) Désordre de la personnalité;
b) schizophrénie;
c) névrose.
12. On a observé qu’il y a beaucoup moins d’accord entre les diagnostics répétés (pour un même cas) pour la catégorie «désordre de la
conduite» que pour «schizophrénie» (Weiner et coll. 1976). Choisissez la proposition la plus plausible pour expliquer cette tendance.
13. On a observé dans l’État de New York que les cliniciens de bureaux psychiatriques privés auraient tendance à émettre des
diagnostics moins graves que ceux des autres milieux cliniques (c’est-à-dire des hôpitaux et des cliniques externes).
a) Vrai
b) Faux
14. À l’adolescence, les garçons et les filles ne se distribuent pas exactement de la même façon parmi les catégories diagnostiques.
Identifiez les énoncés qui sont vrais parmi les suivants:
15. À l’adolescence, on a observé une plus forte incidence des consultations psychiatriques chez les filles.
a) Vrai
b) Faux
16. Pour l’ensemble de la population, la schizophrénie est la plus fréquente des maladies mentales sérieuses: aux États-Unis, près de la
moitié des patients psychiatriques sont schizophrènes.
a) Vrai
b) Faux
17. Parmi les propositions suivantes, identifiez les symptômes généralement associés à la schizophrénie chez les adultes et les ado¬
lescents.
18. La schizophrénie qui débute pendant l’adolescence présente, moins souvent que celle qui commence à l’âge adulte, des manifesta¬
tions mixtes où les symptômes courants sont voilés par d’autres problèmes.
a) Vrai
b) Faux
19. Deux groupes de symptômes mixtes ont été plus fréquemment associés au début de la schizophrénie adolescente. Identifiez ces
deux groupes parmi les propositions suivantes.
20. On a observé que les adolescents qui n’ont que peu d’amis qu’ils voient dans un but de profit personnel plutôt que de réciprocité,
tendent plus souvent vers la schizophrénie que les autres adolescents qui n’ont pas beaucoup d’amis mais vivent avec eux des
relations intimes et réciproques.
a) Vrai
b) Faux
21. On a observé que les adolescents affichant des comportements antisociaux dirigés contre leur famille tendaient plus souvent vers des
«désordres de la personnalité» alors que ceux affichant des comportements antisociaux dirigés contre la collectivité (et non pas
contre leur famille) évoluaient plus souvent vers la schizophrénie.
a) Vrai
b) Faux
22. Face à la difficulté posée par les symptômes mixtes dans l’établissement d’un diagnostic valable de schizophrénie à l’adolescence,
Weiner (1970) définit trois facteurs à étudier de plus près. Identifiez ces facteurs parmi les propositions suivantes.
23. Dans la phrase suivante, remplacez les points d’interrogation par la lettre correspondant à la proposition ci-dessous qui convient le
mieux.
La dépression qui se construit peu à peu par l’accumulation subjective des déceptions est appelée (?), tandis que la dépression
survenant à la suite d’une perte identifiable sans qu’il y ait eu d’évolution graduelle est appelée (?)
a) La dépression précipitée;
b) la dépression aiguë;
c) la dépression chronique;
d) la dépression graduelle.
24. Mis à part les cas de perte réelle d’objet, les dépressifs interpréteraient la réalité de façon erronée de trois manières possibles (Beck
1974). Identifiez ces trois schèmes d’interprétation erronée parmi les propositions suivantes.
25. Pour Seligman (1974), la dépression est le résultat de l’apprentissage de l’impuissance. 11 a observé que le fait de vivre une difficulté
incontrôlable malgré les efforts pour la contrer avait des effets sur le comportement futur. Identifiez trois de ces effets parmi les
propositions suivantes.
26. Pour Seligman (1974), le moyen privilégié, sinon le seul efficace, pour combattre l’impuissance apprise (c’est-à-dire la dépression) est
de forcer la personne à réapprendre la puissance en la plaçant dans des situations où elle est obligée de constater que son action
amène une récompense.
a) Vrai
b) Faux
27. On a observé aux Etats-Unis que moins de 10 % des patients adolescents rencontrés dans les départements psychiatriques des
hôpitaux étaient généralement diagnostiqués «dépressifs» car les symptômes de tristesse, de dépréciation personnelle, etc. reliés à
cette catégorie diagnostique étaient habituellement très rares chez les adolescents.
a) Vrai
b) Faux
29. Aux États-Unis, on a observé que dans tous les groupes d’âges, il y a plus de femmes que d’hommes dont le diagnostic mentionne la
dépression, le rapport atteignant parfois 2 contre 1.
a) Vrai
b) Faux
30. Identifiez parmi les suivants, les éléments qui peuvent cacher la dépression dans les cas de dépression voilée.
31. Les conduites déviantes dites ««d’appel à l’aide» observées parfois chez les adolescents dépressifs sont souvent effectuées de façon à
se faire surprendre ou à être observé de quelqu’un.
a) Vrai
b) Faux
32. Au Québec, on a observé que le suicide était la première cause de décès lorsqu’on inclut les suicides déguisés en accidents
d’automobiles.
a) Vrai
b) Faux
33. Parmi les sentiments suivants, identifiez ceux qui sont souvent présents avant le passage à l’acte suicidaire.
34. Chez les suicidaires, la négation de la peur face à la mort est souvent facilitée par le sommeil et par la pleine conscience de la réalité.
a) Vrai
b) Faux
35. On a isolé des facteurs biologiques, sociaux, familiaux et psychologiques en relation avec le suicide à l’adolescence. Identifiez parmi
les propositions suivantes, des facteurs biologiques et familiaux que l’on a mis en relation avec le suicide à l’adolescence (respectez
l’ordre: 1) biologiques; 2) familiaux).
36. La difficulté d’établir des relations interpersonnelles satisfaisantes est très souvent présente chez les adolescents suicidaires.
a) Vrai
b) Faux
37. Identifiez parmi les propositions suivantes les facteurs qui ont été reliés au suicide chez les jeunes.
a) Une grande distance par rapport aux parents (chez la jeune fille);
b) la dépression à l’adolescence;
c) un réseau social actif;
d) l’absence de conflits familiaux;
e) le fait d’avoir une incidence de suicide dans la famille;
f) des difficultés à l’école (surtout pour les filles);
g) les thèmes suicidaires dans les médias;
h) l'abus des drogues;
i) la présence d’une guerre impliquant le pays (pour les garçons);
j) un isolement social relatif.
38. Parmi les qualificatifs suivants, identifiez ceux qui sont les plus pertinents dans la description de la personnalité de l’adolescent
suicidaire.
a) Triste;
b) invulnérable socialement;
c) sensible à la séparation;
d) moins irritable que les autres;
e) contrôlant mal ses moments de colère. 1
39. Il apparaît que les sujets qui tentent de se suicider ont moins de liens interpersonnels que ceux qui réussissent.
a) Vrai
b) Faux
40. De façon générale, les hommes auraient tendance à choisir des moyens de suicide plus radicaux que les femmes ce qui expliquerait,
au moins en partie, l’incidence plus grande de la mort par suicide chez les hommes.
a) Vrai
b) Faux
Chapitre 11
Les problèmes
d’adaptation
des 12-18 ans
AUTO-ÉVALUATION
Pourquoi un même délit est-il «criminel» lorsqu’il est commis par un adulte,
«délinquant» lorsqu’il est commis par un «adolescent» et considéré comme une
«bévue» si c’est un enfant de 12 ans qui en est l’auteur? Les notions de maturité et de
responsabilité sont à l’origine de telles distinctions. L’enfant n’est pas tenu respon¬
sable de ses actes devant la loi car il n’a pas la maturité nécessaire pour en assumer
la responsabilité, tandis que l’adolescent n’est pas encore complètement mature
mais peut, au moins partiellement, être tenu responsable de ses actes. Comme les
12-18 ans ne sont pas encore autonomes socialement, la société ne peut pas les
considérer comme de véritables criminels. Cependant, la situation de dépendance
sociale de l’adolescent fait que certains autres types de délits lui sont réservés
lesquels, chez un adulte, ne sont pas considérés comme des infractions légales.
Ainsi, les infractions à la loi chez les jeunes («statute offenses») telles que le vaga¬
bondage, les fugues, l’immoralité, la désobéissance, la promiscuité ou le simple
Les problèmes d’adaptation des 12-18 ans 253
Donc certains délits commis par les 12-18 ans ne sont pas considérés comme
des crimes parce que leurs auteurs ne sont pas encore des adultes entièrement
responsables de leurs actes, mais certains de leurs comportements sont considérés
comme des délits pour la même raison, c’est-à-dire que les jeunes ne sont pas encore
socialement autonomes et ne peuvent agir comme tels.
(1) GOLD, M. et PETRONIO, R.J. «Delinquent behavior in adolescence». Handbook of Adolescent Psychology
(J. Adelson, dir ). New York: Wiley, 1980, p. 497. Traduction de l'auteur.
254 Chapitre 11
comme étant passibles de poursuite. Selon cette définition, il n’y a pas que les
comportements illégaux recensés par la police ou par d’autres instances de l’ordre
qui font partie des conduites délinquantes, il y a aussi toutes celles qui sont réelle¬
ment commises. Cela pose le problème de la mesure de l’importance réelle de la
délinquance.
délinquant juvénile Pour qu’un jeune soit socialement considéré comme «délinquant juvénile» et
aidé à ce titre, trois conditions sont ordinairement requises: 1) que le jeune soit
suffisamment mature pour être tenu responsable, au moins partiellement, des actes
antisociaux qu’il a commis; 2) qu’il soit hors du contrôle de ses parents ; et 3) qu’il ait
besoin de contrôle, de support et de rééducation de la part de la société (Newman et
Newman, 1979).
Légalement, pour qu’un jeune soit reconnu comme délinquant, il faut que son
délit soit rapporté aux instances sociales responsables de l’ordre. Or les statistiques
provenant des cours juvéniles sous-estimeraient de façon assez marquée le nombre
de délits commis réellement. Ainsi une étude américaine effectuée entre 1957 et 1958
où on avait utilisé un questionnaire administré à des jeunes plutôt que les rapports
de la cour ou de la police, indiquait que plus de 80% des adolescents de l’échantillon
considéré avaient, à un moment ou à un autre de leur vie, transgressé des lois
concernant la consommation d’alcool, le code de la route, la protection de l’environ¬
nement, le vol à l’étalage, etc. (Short et Nye, 1957-1958).
agents de l’ordre public ne traitent pas tous les délinquants de la même manière
(Chambliss, 1974); les lois et les systèmes judiciaires diffèrent d’un pays à l’autre et
les lois évoluent et modifient considérablement la signification des comportements
délinquants. Par exemple, un jeune surpris à prendre du haschich à Montréal en
1950 aurait sans doute été perçu comme plus dangereux par la police que celui qui
commettrait le même délit aujourd’hui. Parallèlement, l’automobiliste surpris à rou¬
ler à 90 km/h en ville en 1950 n’était probablement pas aussi sévèrement puni que
celui qui commet la même infraction aujourd’hui.
L’existence de plusieurs types de délinquants pose une autre difficulté dans types de délinquants
l’évaluation du phénomène de la délinquance car qualifier tous les délinquants de la
même façon constitue une approche simpliste de la réalité. Selon Maliphant (1979), il
n’est pas valable de classifier les délinquants selon le type d’infraction commise puis¬
qu’une forte proportion de jeunes ne commettent un délit qu’une seule fois et non
par habitude. De même, les sentences ne sont pas utiles pour classer les types de
délinquants puisque les attitudes et pratiques varient d’un juge à l’autre.
L’évolution plus rapide de la délinquance chez les filles peut être attribuable à
une augmentation réelle du nombre de délits féminins; il est possible aussi que les
usages des organismes chargés de l’ordre social contribuent à ce phénomène en
reconnaissant plus facilement et plus ouvertement qu’auparavant les filles comme
«délinquantes». La figure 11.1 tirée de Biron et coll. (1980) compare la croissance de
la délinquance des jeunes au Canada entre 1960 et 1973.
256 Chapitre 11
FIGURE 11.1: Augmentation du nombre de jeunes (garçons et filles) qualifiés «jeunes délin¬
quants*» au Canada de 1960 à 1973**
Indice
1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970 1971 1972 1973
* Par «jeunes délinquants» on entend tout enfant et tout adolescent âgé de moins de 16 ou 18 ans, selon les
lois provinciales (au Québec: 18 ans), qui commet un acte répréhensible par la loi.
** Source: Statistique Canada. Jeunes Délinquants. Ottawa: Statistique Canada, 1973, document n° 85-202.
Les problèmes d’adaptation des 12-18 ans 257
délits féminins impliquant des comportements hostiles envers les personnes (Griffin
et coll., 1978). Malgré 1 augmentation des délits féminins, les garçons demeurent les
chefs de file de la délinquance juvénile. Le taux plus élevé de violence dans les délits
masculins réflète probablement une attitude plus permissive de la société à l’égard
des comportements des garçons, tandis que les taux plus élevés de fugues chez les
filles semblent indiquer que ces dernières perçoivent leur famille comme trop restric¬
tive puisqu’elles tentent plus souvent d’en sortir coûte que coûte (Griffin et coll.,
1978). Les tableaux 11.1 et 11.2 renseignent respectivement sur les types de délits
ayant provoqué l’arrestation des jeunes aux États-Unis en 1975 et au Canada en
1973. Ces deux tableaux indiquent que les garçons et les filles ne sont pas délin¬
quants pour les mêmes motifs.
TABLEAU 11.1: Répartition selon les types de délits ayant provoqué l’arrestation de jeunes
garçons et filles de moins de 18 ans aux États-Unis en 1975*
* Source: Fédéral bureau of Investigation. Uniform Crime Reports. Washington, D.C.: Government of Printing Office, 1976, p. 187.
258 Chapitre 11
TABLEAU 11.2: Parution de jeunes* garçons et filles devant la cour selon les délits commis, au Canada en 1973**
* Par «jeunes délinquants» on entend tout enfant et tout adolescent âgé de moins de 16 ou 18 ans, selon les lois provinciales (au Québec: 18
ans), qui commet un acte répréhensible par la loi.
est-elle différente de celle des garçons et les réactions à la criminalité des filles
sont-elles différentes des réactions à la criminalité des garçons? Le problème reste
entier* 2.»
Par ailleurs Gagnon et Biron (1979) rapportent qu’au Canada plus de 90% des
jeunes délinquants sont amenés devant le tribunal à partir d’une plainte de la police
(2) BIRON, L., GAGNON, R. et LEBLANC, M. La Délinquance des tilles. Rapport n°3. Montréal: Université de
Montréal, Groupe de recherche sur l’Inadaptation juvénile, 1980, p. 110.
Les problèmes d’adaptation des 12-18 ans 259
mais que dans la proportion restante, la plainte provient du milieu familial plus
souvent quand il s’agit des filles que quand il s’agit des garçons.
Existe-t-il des procédures judiciaires spécifiques pour les garçons et pour les procédures judiciaires
filles? Biron et coll. (1980) observent qu’au Canada depuis 1962, malgré une ten¬
dance à rapprocher le traitement des garçons avec celui des filles dans le cas de
délits semblables , on a plus souvent recours pour les filles au placement en institu¬
tion spécialisée. Pourquoi, toute proportion gardée, les filles sont-elles plus fré¬
quemment placées dans des centres d’accueil que les garçons pour qui on a plus centres d’accueil
souvent recours à la liberté surveillée, à l’amende, etc.? Selon ces auteurs, il est
possible, compte tenu des types de délits féminins les plus courants, qu’on juge
qu elles aient davantage besoin de protection; on peut aussi se demander comme
Crites (1976) s’il ne s’agit pas là d’une attitude paternaliste reflétant un «double
standard»3 légal?
(3) Voir le chapitre 6 pour une explication de cette notion concernant la sexualité.
(4) Pour une revue plus détaillée des typologies connues, voir: GRIFFIN, B.S. et GRIFFIN, C.T. Juvénile
Delinquency in Perspective. New York: Flarper & Row, 1978, chap. 5., p. 93-113.
260 Chapitre 11
Conger (1977) de son côté définit deux types de délinquants, le type «sociolo¬
gique» et le type «individuel». Au premier type est associé une «contre-culture»
familiale et collective qui façonne l’individu en l’opposant à la société; pour le délin¬
quant «sociologique», le comportement antisocial est la norme et il est légitime de
s opposer à la police et aux autres forces en autorité afin de survivre. Selon lui, le
comportement délinquant fait partie des rares moyens dont disposent les classes
défavorisées pour se procurer le nécessaire. Ce type de délinquant semble corres¬
pondre au «délinquant de bande» de Newman et coll. (1979). Quant au délinquant
«individuel», il évolue dans une famille qui désapprouve ses comportements antiso¬
ciaux et le plus souvent il est en conflit avec ses parents.
Fréchette (1976) a mené une étude auprès de 470 garçons âgés de 14 à 17 ans
s’étant déjà présentés à la Cour du bien-être social du Québec, et a isolé deux styles
de délinquance: «le premier, que l’on peut qualifier de «dysocial» se traduit par la
prédominance de la recherche d’excitation, du déroulement impulsif, du goût de
l’aventure ou de l’exploit et, en définitive, du caractère plutôt ludique de l’agir [...]; le
second, que l’on peut qualifier «d'antisocial» réfère à une orientation plus stricte¬
ment criminelle, comportant une volonté d'efficacité, une exécution rationnelle et
technique ainsi que la poursuite du gain maximum, et a avant tout une signification
utilitaire6». L’auteur note que l’échantillon se répartit assez également entre les deux
styles de délinquance. Cette proportion est sensiblement la même que celle avancée
par Coleman (1980 a) au Royaume-Uni entre les jeunes qui ne passent en cours
qu’une seule fois (50 %) et ceux qui récidivent, et celle de Fréchette et coll. (1980) au
Québec.
(6) FRÉCHETTE, M. Le Diagnostic et le pronostic de la délinquance grave. Rapport d’étape non publié du
Groupe de recherche sur l'inadaptation juvénile. Montréal. Décembre 1976, p. 75.
262 Chapitre 11
semble pas possible de considérer tous les délinquants de la même façon. La grande
variété de typologies fait cependant surgir des problèmes de signification des «éti¬
quettes» et laisse pressentir un besoin de standardisation des systèmes de classifica¬
tion en matière de délinquance juvénile.
* Source: Ce tableau a été traduit et adapté par l’auteur à partir des données fournies par:
Fédéral Bureau of Investigation. Unilorm Crime Reports: 1975. Washington, D.C.: Government
Printing Office, 1976, p. 188.
TABLEAU 11.4: Fréquences moyennes des délits annuels révélés* par les jeunes américains
des deux sexes âgés de 11 à 18 ans**
: filles
: garçons
* L'expression «délits révélés» désigne les infractions que les répondants au cours des enquêtes ont dit avoir
commises; il ne s’agit pas nécessairement de délits connus des agents de l’ordre public.
** Source: Ce tableau a été redessiné et adapté par l'auteur à partir des données de:
The Netlonel Survey of Youth. 1972.
et par:
GOLD, M. et REIMED, D.J. «Changlng patterns of délinquant behavior among Amerlcans 13
through 16 years old: 1967-1972». Crime end Dellnquency Lltereture. 1975, vol, 7, p. 483-517,
264 Chapitre 11
changements de rôles sur la délinquance peut dépendre des changements de rôles à 1 adolescence et des
à l’adolescence réactions de l’entourage des jeunes à cet égard. Ces auteurs ont démontré que la
relation entre l’âge et la fréquence des délits était fortement diminuée si on annule
l’effet spécifique d’autres variables. Ainsi, le nombre de rendez-vous hétérosexuels
serait en relation avec le nombre de délits, de même que le fait d avoir une morale
permissive à l’égard des actes déviants (par exemple: «ce n est pas grave de mentir
sur son âge afin de pouvoir entrer dans un endroit réservé aux adultes»; «ce n’est
pas grave de voler dans un grand magasin qui fait tant de profits», etc.). Lorsque
Gold et coll. (1980) ont enlevé l’effet de telles variables par un procédé statistique, la
relation âge-fréquence des délits diminue considérablement. Cette étude indique
donc que ce n’est pas l’âge comme tel qui provoque une augmentation de la fré¬
quence des délits à l’adolescence, mais plutôt les changements qui, au cours de cette
période, se produisent dans les rôles sociaux et les attitudes morales.
TABLEAU 11.5 «Pourquoi devient-on criminel?» Principales raisons invoquées par la popula¬
tion américaine en 1968*
* Source: GRIFFIN, B.S. et GRIFFIN, C.T. Juvénile Delinquency in Perspective. New York: Harper & Row,
1978, p. 244. Traduction et adaptation de l'auteur.
Le total dépasse 100 % car certains répondants mentionnaient plusieurs raisons.
tue une réaction à «l’exploitation parentale». Une des multiples formes de cette exploitation parentale
exploitation parentale consiste à fixer au jeune des objectifs irréalistes pour lui
comme pour se prouver à eux-mêmes leur grande valeur. Cette exploitation peut
aussi transformer le jeune en main-d’oeuvre à bon marché assigné à des tâches trop
ardues. 11 y a aussi les parents pour qui toutes les fautes de leur jeune servent à
démontrer par contraste leur propre intégrité. Devant de telles attitudes, les jeunes
peuvent réagir et rejeter les normes déformées que leurs parents leur proposent.
Pour Elkind, de tels enfants, par rapport à leurs parents, sont un peu comme
des employés d’usine face à des patrons qui ne respectent pas la convention collec¬
tive. Différentes options s’offrent alors aux travailleurs: quitter leur emploi, faire la
grève, saboter l’usine ou se soumettre aux demandes illégales des patrons. Parallè¬
lement, les adolescents peuvent quitter le domicile familial, refuser de se conformer
aux exigences parentales, devenir délinquants ou se soumettre tant bien que mal
aux exigences irréalistes de leurs parents.
266 Chapitre 11
familles brisées Les familles brisées par la mort, le divorce, la séparation, etc. sont souvent
fonctionnellement déstabilisées et parfois moins aptes à répondre aux besoins déve¬
loppementaux des enfants. Selon plusieurs études, il y a une plus grande incidence
de délinquance juvénile dans ces familles monoparentales que dans les familles
parentales (Chilton et Markle, 1972; Griffin et coll, 1978). Glueck et Glueck (1968)
ont observé d’après leur échantillon que plus de la moitié des délinquants prove¬
naient de familles monoparentales, tandis que seulement 10 % des non-délinquants
étaient issus de telles familles. D’après ces auteurs, 60 % des délinquants ont vécu
un trouble familial quelconque pendant leur enfance comparativement à 34 % chez
les non-délinquants. Certaines recherches ont par ailleurs souligné que les jeunes
enfants (de 3 à 6 ans) sont plus sensibles que leurs aînés à la rupture de liens
parentaux, et que tous les enfants ne sont pas affectés de la même façon par ces
Les problèmes d’adaptation des 12-18 ans 267
ruptures familiales, ce qui expliquerait que les frères et soeurs de la majorité des
délinquants ne le sont pas eux-mêmes (Griffin et coll., 1978).
La tension familiale est aussi reconnue comme un facteur contribuant à la tension familiale
délinquance juvénile. Nye (1958) affirmait que le malheur vécu par les enfants issus
de familles où tensions et conflits se côtoient était un meilleur prédicteur de la
délinquance que les familles monoparentales (Glueck et coll. (1968) et Griffin et coll.
(1978) sont du même avis). Ces auteurs observent de plus que les filles seraient plus
sensibles que les garçons aux tensions familiales et que l’on retrace plus souvent ce
facteur dans l’histoire personnelle des délinquants féminins que dans celle des délin¬
quants masculins.
Une discipline familiale inconsistante a souvent été associée au développe¬ discipline familiale
ment de la délinquance juvénile. Dans la relation parent-enfant, la façon dont les inconsistante
parents exercent leur autorité conditionne fortement l’image que se fait l’enfant de
son père ou de sa mère. Si l’enfant ne comprend pas les motifs justifiant les punitions
et les récompenses dispensées par ses parents, il pourra en être troublé surtout si
les parents ne s’accordent pas entre eux sur le type d’intervention, ou si leur attitude
éducative varie constamment. Baumrind (1975) a associé délinquance et inconsis¬
tance disciplinaire dans la famille lorsque l’enfant n’explique les conduites de ses
parents qu’en fonction de leurs caprices personnels, de leur humeur variable; par¬
tant, des parents qui abusent de leur autorité peuvent susciter chez l’enfant le
sentiment d’être traité injustement et ainsi provoquer un réflexe d’auto-défense face
à l’autorité.
Le rejet parental est considéré comme le facteur familial le plus solidement rejet parental
associé à la délinquance juvénile (Gibbons, 1970). Le rejet ouvert et l’hostilité à
l’égard des jeunes détruit le processus d’identification parentale et favorise le déve¬
loppement d’une frustration vivement ressentie par les adolescents. Les apprentis¬
sages des contrôles comportementaux peuvent alors être plus difficiles en l’absence
de modèles et de support parentaux adéquats et les comportements délinquants
peuvent constituer une compensation très attirante aux frustrations découlant de
l’insatisfaction des besoins émotionnels de base.
Nous avons déjà vu que la délinquance d’une jeune personne avait souvent
ses racines dans l’enfance; ainsi il est peu vraisemblable de considérer le groupe des
268 Chapitre 11
groupe des pairs À l’adolescence, le groupe des pairs comme tel aurait donc une influence plus
ou moins grande selon l’histoire de la socialisation pendant 1 enfance. Si le processus
d’acquisition du contrôle de soi n’est pas suffisamment avancé à l’adolescence en
raison d’un retard du développement social pendant l’enfance, et si des conflits et
des tensions ont provoqué des frustrations personnelles persistantes, l’impulsivité,
l’agressivité et la recherche de satisfaction à court terme se manifesteront plus
librement; le groupe des pairs délinquant servira alors de support à l’expression de
ces pulsions ei pourra combler, au moins partiellement, les besoins d’acceptation et
de valorisation non comblés. En bref, l’influence du groupe en matière de délin¬
quance juvénile dépend des individus. Le groupe ne provoquera probablement pas
de problèmes durables de délinquance chez celles et ceux qui, pendant l’enfance,
ont appris l’autocontrôlé et l’usage de l’autonomie dans un contexte de respect et
de valorisation; par contre, il pourra servir de «cellule d’expression» de l’hostilité par
l’appui et la valorisation qu’il apportera à l’égard des éventuels comportements
antisociaux chez celles et ceux qui ressentent de l’hostilité à l’égard d’une société
d’adultes qui les a mal compris et laissés insatisfaits.
D’autre part, si une drogue vient combler un besoin commun ou atténuer une
peine sociale, elle aura plus de chance d’être intégrée. Les Indiens du Pérou par
exemple, avaient l’habitude de prendre de la coca pour combattre la faim et la
fatigue dans leurs froides régions montagneuses. Aux États-Unis et au Canada, la
cocaïne, quoique illégale, est devenu un produit très estimé dans certaines profes¬
sions où la bonne humeur, les bonnes idées et l’efficacité sont essentielles.
L’évolution des usages en matière de types de drogues à la vogue est très éuolution des usages
rapide. Inciardi (1980) décrit comme suit l’évolution des modes de drogues au cours
des vingt dernières années dans les grandes villes américaines: au cours des années
60, la marijuana et le LSD dominaient; au début des années 70, ils ont été remplacés
par la «methaqualone» et la cocaïne qui ont ensuite laissé place au PCP («peace pill»
ou plus formellement Phencyclidine); depuis 1979-1980, les drogues psychopharma¬
ceutiques du type Talwain ® et Pyribenzamine ® prennent les devants.
Enfin les connaissances disponibles sur les effets réels des drogues consti¬ connaissances
tuent un autre facteur de conditionnement de l’opinion publique à l’égard des subs¬ disponibles
tances psychotropes non médicales. Non seulement les parents et les éducateurs
ont-ils pu être tenté de noircir sans fondement réel les effets de certaines drogues en
270 Chapitre 11
vue de faire peur aux jeunes consommateurs éventuels, mais certains chercheurs
scientifiques dont les études furent subventionnées par des organismes anti-drogues
ont aussi souvent risqué leur crédibilité en recherchant les justifications à des
conclusions établies d’avance plutôt que de la vérification neutre d hypothèses de
recherche (Inciardi, 1980; Johnson et Uppal, 1980). Si tous les effets annoncés par
les études dites scientifiques étaient relevés depuis les années 1950 sur la marijuana
par exemple, nous assisterions à un curieux mélange de fantasmes subjectifs et de
données empiriques reproductibles.
TABLEAU 11.6: Principaux types de drogues psychotropes et leurs effets les plus connus
Opiacés
Tranquilisants et sédatifs
Stimulants
Hallucinogènes psychédéliques
Quelle est l’ampleur de l’abus des drogues chez les adolescents d’au¬
jourd’hui? Les variations d’un pays à l’autre semblent être considérables. Aux États-
Unis, le phénomène est apparu au début des années 1960 et a rapidement pris de
l’ampleur, de sorte que si les taux de prolifération devaient se maintenir, bon nombre
d’observateurs prévoyaient une véritable épidémie pour les années 1970. Il semble
que maintenant, même si l’on ne peut réellement parler de baisse de la consomma¬
tion, la progression de l’abus des drogues s’est stabilisée chez les jeunes (Lefrançois,
Les problèmes d’adaptation des 12-18 ans 273
En France, Fréjaville, Davidson et Choquet (1977) font état d’une étude France
menée en 1971-1972 par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale
(INSERM) auprès des établissements sanitaires spécialisés dans les cas d’abus de
drogues8. L’étude qui a recensé 1030 cas au total (673 hommes et 357 femmes)
démontre que 17,2% des dossiers concernaient des jeunes de moins de 20 ans. Cette
population de jeunes rassemblait 11,9 % de tous les cas masculins et 27,2 % des cas
féminins. Compte tenu du nombre total moindre de cas féminins considérés, ces
données indiquent (comme celles de Poissant et coll. (1976) pour Montréal), qu’il y
aurait une proportion équivalente d’adolescentes et d’adolescents qui font usage de
drogues en France.
Dans cette étude française, le groupe des 20-24 ans constitue la cohorte
principale des usagers déclarés avec 63,1 % du total des cas; contrairement aux
12-18 ans, les hommes y sont beaucoup plus nombreux que les femmes: 460 cas
contre 190 respectivement sur les 1030 cas étudiés. Ainsi on peut dire qu’en France
au début des années 1970, les cas d’abus de drogues recensés dans des cliniques
sanitaires concernent en majorité les jeunes adultes et non les adolescents comme
(7) Les enfants dont le père n'a aucun revenu ou ceux dont le père a un revenu dans la catégorie supérieure
sont surreprésentés dans les consommateurs.
(8) Il s'agit d’une étude portant sur des cas vus en clinique à la suite de problèmes nécessitant une consulta¬
tion. Ces données ne sont donc pas directement comparables avec celles obtenues grâce à un questionnaire
auprès d’échantillons représentatifs de jeunes répondants.
274 Chapitre 11
tels. Enfin selon les résultats de l’étude, les sujets issus ae couches socio¬
économiques élevées seraient surreprésentés parmi les cas de drogués comparati¬
vement à l’ensemble de la population (Fréjaville et coll., 1977).
États-Unis Aux États-Unis, dans leur synthèse d’une enquête nationale menée en 1977
par le National Institute on Drug Abuse (N1DA), Miller, Cisin et Harrell (1978)
mentionnent que ceux qui essaient les drogues illégales sans en prendre régulière¬
ment sont beaucoup plus nombreux que ceux qui en prennent vraiment 1 habitude.
Les jeunes adultes (de 18 à 25 ans) affichent des taux de consommation plus élevés
que leurs cadets ou leurs aînés. L’étude indique d’ailleurs que les occasions de
prendre de la drogue sont beaucoup plus fréquentes chez les 17-34 ans que chez les
autres, et que les sujets de 15 à 34 ans profitent davantage des occasions d en
prendre que les autres. Il apparaît que la première expérience (l’initiation) survient
surtout entre 15 et 17 ans et qu’elle est très rare après 21 ans. Le fait de se marier ou
d’avoir des enfants ou encore d’entreprendre un nouvel emploi après le collège sont
des facteurs d’abandon de la consommation de drogues chez les jeunes adultes.
L’étude a démontré que chez les adolescents (moins de 18 ans) la probabilité était
beaucoup plus grande de consommer à la fois de l’alcool et des drogues illégales si
leur mère faisait usage de cigarettes, d’alcool ou d’un médicament prescrit médica¬
lement. Le lieu de résidence et la race ne semblent pas influer nettement la
consommation de drogues chez les adolescents et les jeunes adultes interrogés.
Dans une autre étude américaine menée en 1977 auprès de plus de 17 000
étudiants du secondaire V, Johnston, Bachman et O’Malley (1978) observent que
56,4 % de leurs sujets ont déjà consommé de la marijuana parmi lesquels 35,4 % en
ont pris depuis un mois et 9,1 % tous les jours depuis un mois. Ils concluent que: «la
marijuana est maintenant utilisée quotidiennement par une proportion significative
de cette population9 [...] même plus importante que celle qui consomme quotidien¬
nement de l’alcool. Moins de 1 % des répondants mentionne faire un usage quoti¬
dien d’autres drogues illicites10.»
Richards (1980) conclut son étude sur l’épidémicité de l’usage des drogues en
suggérant la possibilité que «l’épidémie» de la drogue chez les jeunes, principalement
en ce qui a trait aux drogues légères comme la marijuana, se conçoit de plus en plus
phénomène comme un phénomène «endémique» c’est-à-dire un usage plus ou moins habituel,
endémique plus ou moins toléré et relativement intégré aux moeurs. Une certaine proportion
d’individus normaux (et non plus une sous-culture marginale) qui continue de
(9) Notons qu’il s’agit de sujets du secondaire V (17-18 ans) et donc en transition entre latin de l'adolescence
et le début de l’âge adulte. Cependant comme ces sujets sont encore à l’école, on peut présumer qu’ils se
conforment tout autant aux valeurs sociales que leurs pairs qui ont laissé l’école.
(10) JOHNSTON, L.D., BACHMAN, J.G. et O’MALLEY, P.M. Drug Use among American High School Students
1975-1977. Rockville, MD: National Institute on Drug Abuse, 1978, p. 3. Traduction de l’auteur du présent
ouvrage.
Les problèmes d’adaptation des 12-18 ans 275
FIGURE 11.2: Évolution de la proportion d’adolescent et de jeunes adultes qui disent avoir
déjà consommé de la marijuana ou du haschich*
* Source: ABELSON, H., FISHBURNE, P. et CISIN, I. National Survey on Drug Abuse: 1977. Vol, 1. Washing¬
ton, D.C.: National Institute ot Drug Abuse, 1977,
(11) Johnston et coll. (1978) indiquent qu'aux États-Unis, 0,5 % des jeunes fréquentant l’école secondaire
disent consommer des amphétamines sans contrôle médical; 0,3 % des tranquilisants et 0,2 % des opiacés
autres que l’héroïne. L’héroïne aurait été essayée au moins une fois par 1,8 % des répondants, tandis que 0,3 %
en aurait pris «depuis un mois» et aucun «à tous les jours depuis 1 mois».
276 Chapitre 11
Dans leur étude de cas ayant été vus en consultation sanitaire pour problème
de drogue, Fréjaville et coll. (1977) ont proposé à leurs répondants dix motivations
parmi lesquelles ils devaient choisir celle(s) qui les avait(ent) amenés à prendre de la
drogue. La curiosité, la recherche d’évasion et la recherche d effets réputés consti¬
tuent les trois premiers motifs en importance associés aux premières consomma¬
tions de drogues. Une fois l’habitude prise, c est le besoin, la recherche d évasion et
la recherche d’effets qui prennent respectivement la tête de la liste des motivations
choisies. À partir d’une autre étude menée auprès de 2339 lycéens français (15-20
ans), les mêmes auteurs rapportent que les jeunes placent «pour oublier le monde
quotidien» en tête des motifs qu’ils croient être à la base de la consommation de
drogues.
(12) PÉLICIER, Y et THUILLIER, G. La Drogue. Paris: P,U.F., 1980, p. 56, coll. Que sais-je?, n° 1514.
Les problèmes d’adaptation des 12-18 ans 277
La famille a été l’un des facteurs environnementaux les plus fréquemment famille
associés à la dépendance aux drogues. Plusieurs études ont démontré que les
adolescents qui se sentent rejetés par leur famille, qui croient que leurs parents n’ont
pas confiance en eux et qu’ils ne s’intéressent pas vraiment à eux, font davantage
usage de drogues que les autres (Stephens, 1980). Graeven et Schaef (1978) croient
que les adolescents issus de familles brisées par le divorce, la séparation ou la mort
et présentant des conflits internes et peu de valorisation réciproque et de support
interpersonnel sont plus sujets à faire usage d’héroïne. Cependant, de tels stress
familiaux imposés aux adolescents ne les rendent pas tous nécessairement héroï¬
nomanes, d’autres raisons doivent s’y ajouter. En effet, plusieurs études ont démon¬
tré l’importance des modèles parentaux et de la fratrie quant à la consommation de
drogues comme palliatif au stress de la vie. Lorsque les parents ont des adolescents
qui consomment de la drogue ou lorsque les adolescents croient que leurs parents
absorbent des substances psychotropes, ils sont davantage sujets à en prendre
eux-mêmes; il en est de même des cadets dont les aînés en font usage (Stephens,
1980).
Il n’y a pas de drogue qui entraîne la consommation d’une autre drogue plus
forte, mais on a observé chez les personnes qui en sont venues aux drogues fortes:
tabac - alcool - marijuana (ou haschich) - pilules - drogues fortes (Shafer, 1973).
Ainsi, il n’y a pas de données permettant de dire que l’adolescent qui fume de
la marijuana consommera plus tard du LSD ou de l’héroïne: la grande majorité des
fumeurs de marijuana en reste là ou cesse d’en consommer; par contre, ceux qui
prennent de l’héroïne ont presque toujours fumé d’abord de la marijuana. Cela fait
que ceux et celles qui prennent de la marijuana ont plus de chances de progresser
vers les drogues fortes comme les amphétamines, le LSD, la cocaïne et l’héroïne
(Singel, Kandel et Faust, 1974). La consommation de plusieurs drogues différentes
par un même individu semble indiquer une progression plus probable vers des
drogues de plus en plus fortes, de même qu’une attitude «aventurière» à l’égard de
drogues douces peut laisser présager un goût de l’aventure actualisé aussi dans la
consommation de drogues plus fortes (Lefrançois, 1981).
11.7.1 Épidémicité
Lorsque nous utilisons le mot «alcool», il ne faut pas le confondre avec l’alcool
méthylique (alcool de bois) ou d’autres types en usage dans l’industrie ou en méde¬
cine et qui sont généralement fortement toxiques. En effet, l’agent psychotrope
contenu dans les boissons alcoolisées est l’éthanol qui est obtenu par la fermentation
de fruits (ou autres produits organiques); sa concentration peut ère augmentée par
TABLEAU 11.7: Liste des boissons alcoolisées courantes avec leur contrainte habituelle
en éthanol*
Boisson % d’éthanol
Bière ±5
Vin 9 à 13
Vermouth, porto, sherrry 16 à 20
Eaux de vie (gin, vodka, whisky, rhum, ouzo, etc.) 40 à 45
Brandy, cognac 40
Pastis 1 45
Alcool blanc 40 à 94
* Certains produits dans le commerce contiendront plus ou moins d’éthanol: il s'agit là des teneurs les plus
courantes en alcool.
(13) Ici, le «grand buveur» est celui qui consomme en moyenne 14 verres et plus par semaine, c’est-à-dire
l'équivalent de 14 onces de boisson forte.
Les problèmes d’adaptation des 12-18 ans 279
la distillation des liquides fermentées. Le tableau 11.7 contient une liste de boissons
alcoolisées courantes avec leur concentration en éthanol. Par exemple, un verre
contenant 2,8 cl (une once), de gin peut contenir autant d’alcool qu’une bouteille de
bière de 34 cl (12 onces environ). 11 faudra une heure et demie à l’organisme pour
métaboliser l’alcool contenu dans ce verre de gin ou cette bouteille de bière.
L’éthanol agit sur le système nerveux central comme un dépresseur. Cette dépresseur
action efface certains contrôles inhibiteurs (c’est-à-dire quelle enlève les freins) lais¬
sant libre cours à certaines activités habituellement inhibées et donnant ainsi l’im¬
pression que 1 alcool est un stimulant. Même si la personne qui a consommé de
l’alcool peut avoir l’impression d’être plus efficace, plus forte, etc., en réalité, la
discrimination, la mémoire, la coordination motrice et la concentration diminuent en
fonction de la quantité d’alcool absorbée. Certaines performances ordinairement
gênées par la timidité, l’anxiété ou la peur peuvent être mieux réussies sous l’effet de
faibles quantités d’alcool, mais il s’agit là d’effets désinhibiteurs de l’éthanol sur le
système nerveux et non le résultat d’une stimulation.
jeune a une personnalité plutôt faible facilement charmée par le «court terme», ses
chances de dépendance psychologique à l’alcool seront beaucoup plus grandes. Les
modèles existants dans l’entourage de la jeune personne sont aussi très importants
dans le choix de l’alcool comme source de gratification (plutôt qu’une autre forme
d’échappatoire).
Kandel, Kessler et Margulies (1978) ont mené une étude visant à évaluer
influence des parents l’influence respective des parents, du groupe d’amis, des attitudes des adolescents,
et de leurs autres comportements délinquants sur leur consommation de drogues et
d’alcool. Ils ont montré que de toutes ces variables, le comportement des parents
était le plus fort prédicteur des expériences précoces de l’adolescent avec l’alcool
(les autres facteurs avaient aussi une influence, mais moins grande). En ce qui
concerne l’usage des drogues, les auteurs n’ont pas isolé de facteur prédicteur
ressortant aussi clairement. Dans une autre étude, on a observé que plus de 82 %
des jeunes consommateurs s’étaient initiés à l’alcool dans leur famille, et les autres
18 % se caractérisaient par des conflits avec leurs parents (Coleman, 1980 a). Même
si le nombre de filles qui consomment de l’alcool s’est rapidement accru au cours des
dernières années, il semble que l’abus de l’alcool («grands buveurs») soit encore
beaucoup plus associé aux garçons à l’adolescence. Ainsi, chez les jeunes canadiens
de 18-19 ans, il y aurait presque autant de filles (300 000) que de garçons (330 000)
consommant de l’alcool mais chez ces derniers on trouverait 4 fois plus de grands
buveurs, c’est-à-dire qui consomment 14 verres et plus par semaine (40 000 garçons
et 10 000 filles) (ministère de la Santé et du Bien-être social Canada, 1981).
plus tard mais 1 obésité qui débute pendant l’enfance persistera probablement au
cours de l’adolescence et de l’âge adulte (Daniel, 1982).
Le poids optimal d’une personne est fonction de sa hauteur et de son sexe; poids optimal
ainsi pour une hauteur de 1,50 mètre, le poids idéal de la femme est 45 kg et celui de
1 homme est 47,7 kg, à chaque centimètre additionnel, on ajoute 0,9 kg au poids de la
femme à 1,08 kg à celui de l’homme (Rodin, 1982). Ce type d’équation simple omet
toutefois de considérer plusieurs facteurs pertinents à la notion de poids idéal: un
athlète qui joue au hockey par exemple peut excéder le poids optimal de cette
équation mais avoir une proportion de tissus adipeux inférieure à la moyenne, tandis
qu’une personne sédentaire à structure osseuse délicate peut ne pas excéder le
poids dit «optimal» mais être tout de même trop grasse.
Chisholm (1978) décrit plusieurs raisons pouvant expliquer l’obésité à l’ado¬ raisons pouvant
lescence. Premièrement, les jeunes obèses seraient incapables de reconnaître et expliquer l’obésité
d’interpréter adéquatement les indices internes de la faim: ils auraient de la difficulté
à reconnaître le moment où ils ont assez mangé. Schachter (1968) a obtenu des
résultats appuyant cette hypothèse: il a invité deux groupes de sujets, des «nor¬
maux» et des obèses, à participer à une étude sur le goût des aliments. La moitié de
chaque groupe avait mangé avant l’expérience, lors des tests de goût, chacun était
libre de manger autant qu’il le désirait. Les sujets des poids normal qui avaient
mangé avant l’expérience n’absorbaient que de petites quantités des aliments pour
les goûter, tandis que les obèses, qui eux aussi avaient mangé auparavant, man¬
geaient autant sinon plus que les «normaux» qui n’avaient pas mangé avant l’expé¬
rience. Ainsi, les sujets obèses interpréteraient mal les indices proprioceptifs émis
par leur corps en matière de satiété. Bruch (1965) estime que la conscience du corps
est une chose qui s’acquiert et que les adolescents obèses n’ont pas appris correc¬
tement à interpréter les signaux que leur donne leur corps; conséquemment, ils se
comportent différemment des autres à l’égard de la nourriture.
Sur le plan de l’image de soi, l’obésité à l’adolescence peut laisser des sé¬
quelles permanentes. Stunkard et Menselson (1973) ont observé que chez les
obèses dont les parents ne l’étaient pas, l’image du corps était négative et associée à
des difficultés d’avoir des relations interpersonnelles, surtout avec les membres du
sexe opposé. Les auteurs indiquent que cette image du corps négative ne semble
pas se rétablir par la suite, même lorsqu’il y a perte de poids.
11 est important de noter que l’attitude des parents affecte le jeune obèse de
façon importante dans la construction de son image personnelle à l’adolescence.
D’après certaines études, les jeunes obèses dont les parents le sont aussi sont plus
aimés, supportés et acceptés au sein de leur famille que ceux issus de familles où
l’excès de poids est une préoccupation constante. Dans ce dernier cas, l’évolution
vers un poids plus normal semble alors moins probable étant donné que le relations
intrafamiliales sont plus conflictuelles, les jeunes ont encore plus de difficultés so¬
ciales à l’extérieur de la famille (Daniel, 1982). Ainsi, le rejet constant de l’obésité et
l’attitude intransigeante des parents en matière de contrôle de poids semblent être
des facteurs d’échec supplémentaires.
Le coût social qu’ont à payer les personnes obèses est considérable. Déjà à
l’adolescence, l’exclusion de certaines activités se fait sentir, les invitations hétéro¬
sexuelles sont plus rares que chez les autres, etc. À cause du rôle culturel tradition¬
nel qui leur est attribué, les filles seraient plus vulnérables que les garçons en ce qui a
trait aux effets sociaux de l’obésité: étant moins actives que les garçons dans l’initia-
Les problèmes d’adaptation des 12-18 ans 283
tion de contacts hétérosexuels, elles doivent davantage tabler sur leurs attraits pour
attirer les autres à elles. L’apparence physique reliée au poids a plus d’influence sur
le concept de soi des femmes que sur le concept de soi des hommes. L’excès de
poids étant plus apparent chez les femmes, elles l’attribuent davantage à leur
graisse, tandis que les hommes l’attribuent plus facilement à leur constitution physi¬
que et l’associent parfois à une force physique désirable (Allon, 1982). Les préjudices
sociaux à l’égard des gens obèses sont très nombreux; il a été démontré dans des
études qu’une discrimination considérable se manifeste dans le secteur de l’emploi,
sur le plan de la sélection dans les collèges, au sujet des primes d’assurance et que
du harcèlement survenait fréquemment dans les endroits publics en général (Allon,
1982).
Dans l’échelle sociale, l’obésité apparaît beaucoup plus fréquemment dans les
classes socio-économiquement faibles. Aux États-Unis, Stunkard et coll. (1972) ont
mené une enquête auprès des 5 à 18 ans qui a révélé qu’à 6 ans 29 % des filles de la
classe économiquement faible avaient un excès de poids comparativement à 3 %
dans la classe économiquement favorisée et qu’un écart du même type se maintenait
jusqu’à 18 ans. La relation entre obésité et classe sociale serait cependant moins
nette quand il s’agit des hommes (Allon, 1982).
Existe-t-il des moyens efficaces de contrer l’obésité? Les tentatives pour met¬ moyens efficaces
tre au point des régimes efficaces sont innombrables. On est même allé jusqu’à faire
des interventions chirurgicales de l’intestin (pontages intestinaux), à attacher les
mâchoires dans la position fermée pour des périodes allant jusqu’à plusieurs années,
à effectuer des lésions cérébrales, tout cela sans atteindre de résultats vraiment
satisfaisants (Innés et coll., 1974). L’approche behaviorale de l’obésité semble la plus
efficace mais elle n’est pas satisfaisante dans tous les cas. Il apparaît que l’on devrait
faire plus d’efforts pour améliorer la précision des pronostics avant de pousser
naïvement des gens obèses à suivre des traitements coûteux voués à un échec
probable diminuant encore davantage leur estime d’eux-mêmes par un nouvel in¬
succès (Wooley, Wooley et Dyrenfoth, 1979). Dans certains travaux de recherches,
on a souligné qu’à peine 10 % des clients de programmes d’amaigrissement conser¬
vaient leur nouveau poids après un an; après deux ans la proportion baisse à 6 %
(Beller, 1977). Les fluctuations de poids ne peuvent être considérées comme des
éléments sains pour la santé physique et mentale; ainsi on a observé des effets de
stress physique, de dépression et d’anxiété à la suite de telles oscillations (Millman,
1980; Allon, 1982).
La personne elle-même peut sans doute jouer un rôle significatif dans l’élaboration
d’une solution pourvu quelle puisse bénéficier du respect social minimal.
morts accidentelles Les morts accidentelles chez les jeunes sont causées en majeure partie par
les accidents de la route. Ainsi aux États-Unis en 1968, parmi les décès accidentels
accidents chez les adolescents de 15 à 19 ans causés par des accidents de la circulation, 88 %
de la circulation impliquaient des filles et 66 % des garçons (Katchadourian, 1968). Les motocyclettes
sont considérées comme beaucoup plus dangereuses que les autres véhicules, selon
les assureurs le risque d’accident y est quatre fois plus élevé (Metropolitan Life,
1973).
noyade La deuxième cause de décès accidentels chez les jeunes est la noyade. Il
semble que plus de la moitié des accidents nautiques mortels touchent les jeunes de
moins de 20 ans et que les victimes se répartissent entre garçons et filles dans un
rapport de 4 contre 1, et de 12 contre 1 chez les jeunes adultes de 24 ans (Katcha¬
dourian, 1977).
Mais pourquoi y a-t-il plus d’accidents chez les 12-18 ans que chez les plus
jeunes ou chez les plus vieux? Le contrôle du comportement des jeunes de cet âge
est sans doute moins adapté que chez leurs aînés dont l’expérience permet une
meilleure anticipation des effets probables des situations de la vie. Mais si les «er¬
reurs de jugement» des adolescents sont plus fréquentes que celles des adultes,
peut-on affirmer quelles sont plus nombreuses que chez les enfants? Compte tenu
notamment des capacités mentales plus grandes chez les 12 18 ans que chez les plus
jeunes, il est peu probable que les adolescents soient moins compétents dans l’anti¬
cipation de ce qui peut leur arriver dans la vie. Il faut donc qu’un autre facteur que la
capacité d’évaluer le danger intervienne pour expliquer ce qui se passe en matière
d accidents à 1 adolescence. Les possibilités nouvelles (et de ce fait inconnues de la
Les problèmes d’adaptation des 12-18 ans 285
Dans le contexte de la crise économique sévère que nous traversons au crise économique
début de cette décennie 1980, la croissance économique est au plus bas et les
emplois nouveaux sont très rares. Or lorsque le marché de l’emploi tombe, les
jeunes sont très sévèrement touchés: l’absence de postes vacants et leur manque
d’expérience de travail sont des motifs constamment énoncés lors des refus à l’em¬
bauche. Le tableau 11.8 fournit pour le Québec la répartition des taux de chômage
des adolescents et des jeunes adultes en avril 1982. Les chiffres qui y apparaissent
indiquent que c’est la population active14 des adolescents qui, en avril 1982, compor¬
tait la proportion la plus élevée de chômeurs avec 25,7 %. Le groupe de 15-19 ans
représente 7,5 % du total de la population active au Québec mais il rassemble 14 %
de tous les chômeurs.
Près de un jeune adulte (20-24 ans) sur cinq était en chômage à cette époque,
ce qui représente 22,5 % de tous les chômeurs. Ce groupe rassemblait 15,9 % du
total de la main-d’oeuvre active québécoise.
Les données du tableau 11.8 indiquent donc que 38,5 % de tous les chômeurs
du Québec avaient moins de 25 ans, alors que le groupe d âge 15-24 ans ne représen¬
tait que 23,4 % de l’ensemble de la main-d’oeuvre active. Selon ce tableau, il est clair
que les jeunes absorbent plus que leur part de chômage.
TABLEAU 11.8: Répartition des taux de chômage des adolescents (15-19 ans) et des jeunes adultes (20-24 ans) au Québec
en avril 1982*
* Source: Statistique Canada. Document n° 71-001. Les données sont arrondies au mille. Les statistiques ne concernent que les 15 ans et
plus.
plus grand nombre de jeunes sont forcés de demeurer plus longtemps à la charge de
leurs parents avec tout ce que cela peut comporter de tensions de part et d’autre. Le
chômage des jeunes adultes fait rater l’envol dans la vie et attaque très durement
l’estime de soi en créant un sentiment d’impuissance, d’incapacité de se réaliser
malgré les efforts.
«Nous sommes des milliers à postuler des emplois inexistants. Tenter, à force
de publicité, de laisser croire à la population que tous ces gens sont des
paresseux, des fraudeurs, serait une entreprise quelque peu hasardeuse!
C’est peine perdue. Les sans-travail sont beaucoup trop nombreux à envahir
les centres de main-d’oeuvre et les bureaux de la Commission de l’emploi et de
l’immigration. Beaucoup d’entreprises écrivent à leurs portes: «Nous ne pre¬
nons plus les demandes d’emploi». Le problème du chômage prend tellement
d’ampleur que nous pourrions sans exagérer crier à la catastrophe. Non les
jeunes ne sont pas des paresseux ni des «chroniques» (terme employé par les
gouvernements). C’est notre système qui est malade, qui agonise. Une civilisa¬
tion qui rejette ses jeunes est une civilisation qui se meurt» (C.E.Q., 1982, p.
43-44).
288 Chapitre 11
AUTO-ÉVALUATION
1. Parmi les délits suivants, indiquez ceux qui sont considérés comme reliés au statut des jeunes:
a) La fugue;
b) le vagabondage;
c) la désobéissance;
d) le vol à l’étalage;
e) la consommation de drogue.
2. Aux Etats-Unis, Sandhu et Heasley (1981) mentionnent certains motifs appuyant la décriminalistion des infractions associées au
statut. Indiquez, parmi les propositions suivantes, celles qui font partie de ces motifs:
a) La cour juvénile possède des ressources mieux adaptés aux cas des jeunes que les cours criminelles;
b) l’inclusion des délits reliés au statut sous la juridiction de la cour entraîne de la discrimination raciale, sexuelle et économique;
c) l’emprisonnement augmente souvent la probabilité que les jeunes commettent des délits plus graves par la suite.
3. Certains délits commis par les 12-18 ans ne sont pas considérés comme des crimes parce que leurs auteurs ne sont pas encore des
adultes, mais certains de leurs actes sont considérés comme des délits pour la même raison:
a) Vrai
b) Faux
4. Parmi les propositions suivantes, identifiez les éléments requis pour qu’un comportement soit considéré comme un acte délinquant
(selon Gold et Petronio, 1980):
5. Malgré la croyance populaire, le taux de délinquance connu du système judiciaire est demeuré relativement le même entre 1960 et
1980 dans les pays industrialisés:
a) Vrai
b) Faux
6. Il y a plus de délinquants masculins que de délinquants féminins et cet écart qui existe depuis fort longtemps s’est maintenu constant
depuis une vingtaine d’années:
a) Vrai ,
b) Faux
7. Identifiez parmi les éléments suivants, les facteurs qui peuvent expliquer la croissance plus rapide de la délinquance féminine au cours
des dernières années:
8. Parmi les délits suivants, identifiez ceux qui entraînent plus fréquemment l’arrestation des garçons que des filles aux États-Unis
(1975):
a) Fugue;
b) vandalisme;
c) assaut contre la personne.
9. Au Canada, on observe qu il y a plus de filles amenées en cour à la suite d’une plainte de la famille que de garçons (Gagnon et Biron
1979):
a) Vrai
b) Faux
10. Au Canada comme aux États-Unis, les infractions reliées au statut sont proportionnellement plus fréquentes chez les filles que chez
les garçons:
a) Vrai
b) Faux
11. La délinquance des filles se distingue de la délinquance des garçons à plusieurs égards. Identifiez parmi les propositions suivantes les
variables qui différencient les filles des garçons en matière de délinquance:
12. Newman et coll. (1979) proposent cinq types de délinquants: 1) le délinquant psychopathe; 2) le délinquant névrotique; 3) le
délinquant psychotique; 4) le délinquant organique; et 5) le délinquant de bande. En respectant cet ordre de mention, identifiez,
parmi les propositions suivantes, les caractéristiques personnelles que ces auteurs associent à chacun des types de délinquants:
13. On a observé aux États-Unis (1975) une augmentation marquée du nombre d’arrestations des 12-14 ans, puis une constante de leur
nombre jusqu’à 18 ans:
a) Vrai
b) Faux
14. Sur le plan des délits révélés (et non pas des arrestations), les travaux de Gold et Reimer (1975) appuyés de ceux de O’Malley et coll.
(1977) indiquent que (choisissez la ou les propositions correctes):
a) Le taux de délits révélés augmente rapidement chez les jeunes entre 12 et 14 ans et demeure stable jusqu’à 18 ans;
b) le taux de délits révélés augmente du début à la fin de l’adolescence avec un sommet de gravité des actes à 15 ans;
c) le taux de délits révélés demeure relativement stable après 14 ans mais connaît un sommet de gravité à 15 ans;
d) à partir du sommet de gravité de 15 ans, le taux de délits révélés diminue progressivement jusqu’à 18 ans.
15. Dans l’étude de la relation qui existe entre la maturation physique et la délinquance, on peut poser l’hypothèse que si la maturation du
corps était reliée à la délinquance, les sujets à maturation précoce d’un âge donné avoueraient en moyenne plus de délits que les
sujets à maturation tardive:
a) Vrai
b) Faux
290 Chapitre 11
a) Selon Gold et coll. (1980), l’âge chronologique est davantage relié à l’augmentation des délits à l’adolescence que les changements
dans les rôles sociaux et les attitudes morales;
b) selon Gold et coll. (1980), ce n’est pas tant l’âge chronologique qui provoque une augmentation de la fréquence des délits à
l’adolescence que les changements dans les rôles sociaux et les attitudes morales qui se manifestent au cours de cette période.
17. «Quelles sont les principales raisons pour lesquelles les gens deviennent délinquants»? Parmi les propositions suivantes, identifiez les
trois motifs les plus fréquemment mentionnés par la population au sujet de cette question (Griffin et coll., 1978):
18. Le comportement réel des jeunes de différentes classes sociales ne serait pas aussi distinct que les taux d’arrestations pourraient le
laisser croire car il y aurait plus de délits non appréhendés dans les classes moyennes et aisées que dans les classes défavorisées
(Lefrançois, 1981):
a) Vrai
b) Faux
19. Donnez deux exemples possibles du phénomène «d’exploitation parentale» qu’Elkind (1967) relie à la délinquance rencontrée dans
les classes moyennes.
20. Elkind (1967) établit un parallèle entre les adolescents qui subissent l’exploitation parentale et des employés d’usine se trouvant aux
prises avec des patrons qui ne respectent pas la convention collective; les possibilités qui s’offrent à eux sont:
En respectant cet ordre de mention, reliez chacune de ces options aux possibilités qui s’offrent aux adolescents subissant l’exploita¬
tion parentale:
21. On a observé que plus de 80 % des adolescents révèlent avoir commis au moins, un acte délinquant et qu’un grand nombre
d’adolescents sont responsables de l’ensemble des actes de délinquance juvénile (Gold et coll., 1980):
a) Vrai
b) Faux
22. Parmi les propositions suivantes, identifiez les affirmations qui sont appuyées par les recherches sur la relation famille-délinquance:
a) En matière de contrôle du comportement, l’influence de la famille est plus grande en bas âge et s’estompe peu à peu pendant'
l’adolescence;
b) plusieurs études ont observé une incidence aussi forte de la délinquance juvénile dans les familles parentales que monoparentales;
Les problèmes d’adaptation des 12-18 ans 291
c) les filles seraient moins sensibles que les garçons aux tensions familiales de sorte que l’on trouve plus souvent ce facteur dans
l’histoire personnelle des délinquants masculins que féminins;
d) le rejet parental est considéré comme le facteur familial le plus solidement associé à la délinquance juvénile car il détruit le
processus d’identification et développe une vive frustration chez les adolescents.
23. Empey (1975) croit qu’il existe un vide dans la vie émotionnelle de certains adolescents découlant de la vie familiale avec des parents
non appropriés. Un tel vide rend ces jeunes moins sensibles à la pression sociale des groupes des pairs:
a) Vrai
b) Faux
24. Conger et coll. (1965) ont mis en évidence une série de caractéristiques psychosociales distinctives des délinquants. Parmi les
propositions suivantes, identifiez celles qui font partie de ces caractéristiques:
a) Ils sont perçus par leurs professeurs comme moins responsables, moins impulsifs et plus amicaux;
b) ils possèdent une image plus positive d’eux-mêmes;
c) ils se perçoivent moins utiles que les autres;
d) ils refusent plus fréquemment les responsabilités que les autres;
e) ils sont plus aimés et plus acceptés de leurs pairs.
25. A l’adolescence, le groupe des pairs aurait une influence plus ou moins grande selon l’histoire de la socialisation pendant l’enfance.
Ceux et celles qui y ont connu un processus de socialisation moins satisfaisant dans leur famille seront moins sensibles aux influences
du groupe des pairs:
a) Vrai
b) Faux
26. La délinquance juvénile est le résultat d’une série de facteurs qui ne peuvent être réduits à un modèle de cause à effet simples.
Certaines dimensions, même si elles ne peuvent être isolées du contexte global de la vie de l’individu, ont été plus couramment
associées au conditionnement du phénomène vécu de la délinquance (Coleman, 1980). Identifiez ces facteurs plus importants parmi
les propositions suivantes:
a) Le type d’école;
b) l’histoire familiale;
c) le sexe;
d) la précocité développementale;
e) la personnalité.
27. Plusieurs facteurs conditionnent l’intégration ou le rejet d’une drogue par une culture. Blum (1969) mentionne que l’alcool serait plus
vite intégré par les sociétés valorisant l’action et l’agressivité, tandis que le cannabis serait plus facilement accepté dans les sociétés
qui valorisent le calme et les comportements plus discrets:
a) Vrai
b) Faux
28. Identifiez, parmi les éléments suivants, ceux que la définition courante de drogue n’inclut pas:
a) L’alcool;
b) la simple nourriture;
c) les substances utilisées dans le traitement de la maladie;
d) le tabac;
e) la marijuana.
1) Les opiacés;
2) les tranquillisants et sédatifs;
292 Chapitre 11
3) les stimulants;
4) les hallucinogènes psychédéliques;
5) les solvants volatils;
6) les drogues de type cannabis.
En respectant cet ordre de mention, reliez chaque type à chacun des exemples de drogue suivants:
a) Éther;
b) haschich;
c) morphine;
d) Valium®;
e) PCP;
f) cocaïne.
30. Selon l’étude de Poissant et Crespo (1976) menée à Montréal, les jeunes filles consommeraient autant de drogue que les jeunes
garçons:
a) Vrai
b) Faux
31. Identifiez le groupe d’âge où l’on a observé la plus forte consommation de drogue en France (Fréjaville et coll., 1977) et aux
États-Unis (Miller et coll., 1978):
a) De 12 à 15 ans;
b) de 15 à 18 ans;
c) de 18 à 25 ans;
d) de 25 à 30 ans;
e) de 12 à 18 ans.
32. Identifiez, parmi les propositions suivantes, les facteurs d’abandon de la consommation de drogues chez les jeunes adultes améri¬
cains (Miller et coll., 1978):
33. Concernant l’évolution de la consommation de drogues chez les jeunes, que veut-on dire lorsqu’on parle d’un phénomène endémique
qui remplacerait graduellement le phénomène épidémique (Richards, 1980)?
34. Entre 1972 et 1977 aux États-Unis, on n’a pas observé d’augmentation significative dans la proportion d’adolescents et de jeunes
adultes révélant avoir déjà consommé de la marijuana ou du haschich (Abelson et coll, 1977):
a) Vrai
b) Faux
35. Qu’est-ce qui amène les jeunes à commencer à prendre de la drogue? Parmi les motivations suivantes, identifiez celles que Fréjaville
et coll. (1977) ont trouvé parmi les trois premiers motifs associés aux premières consommations par les patients-usagers rencontrés
lors des consultations en clinique:
36. Des études ont pu retracer certains facteurs personnels et environnementaux caractérisant les individus aliénés par un problème de
drogue. Parmi les propositions suivantes, identifiez celles qui font partie de ces facteurs:
37. Shafer et coll. (1973) ont observé que les consommateurs de drogues fortes avaient évolué graduellement mais une séquence plus
probable d’évolution a aussi été observée. Ordonnez les substances suivantes en fonction de cette séquence plus probable d’évolu¬
tion vers les drogues fortes:
a) Drogues fortes;
b) alcool;
c) tabac;
d) marijuana;
e) pilules.
38. La consommation de plusieurs drogues différentes par une même personne n’est pas un indice de progression plus probable vers des
drogues plus fortes.
a) Vrai
b) Faux
39. Chez quel groupe parmi les suivants a-t-on observé la plus grande augmentation de consommation d’alcool entre 1970 et 1978 au
Canada?
40. Parmi les propositions suivantes, identifiez les énoncés qui sont vrais en ce qui a trait à la consommation d’alcool au Canada et aux
États-Unis:
41. Environ combien de temps l’organisme mettra-t-il pour métaboliser l’alcool contenu dans une bouteille de bière de 34 cl (12 onces à
raison de ± 5 % d’éthanol)?
a) De 15 à 30 minutes;
b) de 30 à 45 minutes;
c) 1 heure;
d) 1 heure et demie;
e) 2 heures.
42. Comment expliquer que les gens aient parfois l’impression d’être stimulés par l’alcool alors qu’en fait il agit comme un dépresseur sur
le système nerveux central?
43. Lequel des facteurs suivants est le plus étroitement associé à la consommation d’alcool chez les jeunes (Kandel et coll. 1978)?
44. Au Canada chez les 18-19 ans, même s’il y a plus de garçons parmi les grands buveurs, il y a presque autant de filles qui consomment
de l’alcool:
a) Vrai
b) Faux
45. On désigne généralement comme obèse une personne qui (choisissez la proposition correcte):
46. Identifiez, parmi les suivantes, les propositions vraies concernant l’obésité à l’adolescence (Daniel, 1982):
47. Rodin (1982) fait mention d’une façon de déterminer le poids optimal d’une personne selon la base de 1,50 mètre - 45 kg pour les
femmes, et 1,50 mètre - 47,7 kg pour les hommes. Décrivez deux situations dans lesquelles cette équation simple peut être erronée
dans l’identification de l’obésité.
48. L’incidence de l’obésité est plus grande dans les pays riches où la nourriture est abondante et la vie sédentaire (Daniel, 1982):
a) Vrai
b) Faux
49. Décrivez l’expérience tentée par Schacter (1968) pour démontrer que les sujets obèses ont plus de difficulté à interpréter adéquate¬
ment les indices internes de la faim.
50. En matière d’obésité à l’adolescence, identifiez les propositions appuyées par des études parmi les suivantes:
a) Les adolescents obèses sont plutôt tolérants et peu soucieux de plaire aux autres (Conger, 1977);
b) le fait d’être obèse peut constituer une échappatoire aux confrontations sociales (sports, rendez-vous hétérosexuels, etc.)
(Coleman, 1980);
c) bon nombre de recherches ont observé que, depuis son enfance, l’adolescent obèse avait dû faire face à de nombreux échecs dans
ses tentatives pour contrôler son poids (Daniel, 1982);
d) une attitude stricte des parents en vue de forcer le contrôle du poids est un facteur positif important dans la lutte contre l’obésité
(Daniel, 1982).
51. Des études ont démontré que chez les femmes, il y avait une relation plus étroite entre l’obésité et le niveau socio-économique faible
que chez les hommes (Allon, 1982):
a) Vrai
b) Faux
52. Ordonnez les causes suivantes de décès accidentels par ordre d’importance décroissant, chez les jeunes aux États-Unis:
a) La noyade;
b) les incendies;
c) les accidents de la route.
Les problèmes d’adaptation des 12-18 ans 295
53. Plus de la moitié des victimes par noyade se rencontrent chez les moins de vingt ans et concernent autant les filles que les garçons:
a) Vrai
b) Faux
55. Pour le Québec (avril 1982), classez selon un ordre décroissant les groupes d’âges suivants en fonction de leur proportion respective
de chômeurs.
a) 15-19 ans;
b) 20-24 ans;
c) 24 ans et plus.
Corrigé
CHAPITRE 1 48. b
1. c, b 49. Voir la section 1.10
2. a 50. c, d
3. b, c, a (ordre requis) 51. a, d
4. a 52. a
5. a, b, d 53. Voir le début de la section 1.12
6. b, a, c (ordre requis) 54. b
7. b 55. b, a, c, d (ordre requis)
8. a
9. c, a, b (ordre requis) CHAPITRE 2
10. a 1. c, d, b, a
11. Voir la section 1.3 2. a
12. a, c 3. c
13. a 4. b
14. a 5. a
15. Voir la section 1.5 6. a
16. b 7. a
17. b. c 8. a
18. a 9. b
19. b 10. Voir le tableau 2.1
20. b, a, c 11. Voir le tableau 2.1
21. b 12. b
22. b, d 13. b
23. Voir la section 1.6.2 14. d, a, c, b
24. b, c 15. d, c, a, b
25. b 16. b
26. b, c 17. a
27. a 18. b, c, e
28. Voir la fin de la section 1.6.3 19. La plupart des cultures dévaloriseraient l’effort physique soutenu et
29. b violent chez les filles. En Bulgarie, l’écart entre les filles et les garçons
30. b ne serait pas aussi grand et cela serait relié à l’attitude similaire que la
31. a, c, d, b (ordre requis) culture manifeste à l’égard de l’activité physique chez les filles et les
32. c, a, d, b (ordre requis) garçons.
33. a 20. b
34. c 21. a
35. d, a, c, b (ordre requis) 22. b, d, e (2 bons choix requis)
36. d 23. c, b, a, d, e
37. Voir la section 1.7.5 24. c, e, b, d, a
38. a, d
39. a CHAPITRE 3
40. b 1. b
41. a, c 2. b, c, d, e
42. a 3. a
43. b, d, g 4. b
44. b 5. b, c, e (2 bons choix requis)
45. Voir la section 1.8 6. b
46. a 7. a, c, d
47. b, d, e 8. a
298 Corrigé
9. d
10. a
CHAPITRE 6
11. b, c 1. a
12. a 2. b, d, e
13. b 3. b
14. b 4. b
15. a 5. c, d, i (3 bons choix requis dans l’ordre)
16. a, b, e 6. e, a, h, j (3 bons choix requis dans l’ordre)
17. a 7. a
18. a, d, e 8. b
19. a, d, f, h (2 bons choix requis) 9. d, b, e, a, (3 bons choix requis dans l’ordre)
20. b, c, j (2 bons choix requis) 10. d, b, e, c, a (4 bons choix requis dans l’ordre)
21. e, g, i (2 bons choix requis) 11. e
22. a 12. a
23. b 13. b
14. a, c, d
15. a
CHAPITRE 4
16. d, a, c, b (ordre requis)
1. a, e 17. c, d, b, a (ordre requis)
2. a 18. a, d
3. a, b, c, d (3 bons choix requis) 19. b
4. a 20. a
5. b 21. d, c, d, e, (3 bons choix requis)
6. Voir le tableau 4.1 pour un modèle d’exemple. 22. b, d, e
7. d 23. a, c, e (2 bons choix requis)
8. a 24. b
9. b 25. b
10. a 26. a
11. b 27. a
12. a, b, f (2 bons choix requis) 28. b, c, a (2 bons choix requis dans l’ordre)
13. Voir les problèmes 1 à 4 pour des modèles d’exemples. 29. a
14. c, b, f, d 30. b
15. a 31. a
16. Voir le problème n° 3 32. b, c, d
17. b 33. a
18. c, d, e, g, i (4 bons choix requis) 34. d
19. Voir l’exemple du cheminot (Monsieur Tremblay) pour un modèle. 35. b
20. b, e 36. a
37. b
38. a
CHAPITRE 5
39. b, e
1. b 40. a
2. a, d, f 41. a
3. a, b, e 42. a
4. b, c, e (2 bons choix requis)
5. c, e, b, d, a CHAPITRE 7
6. a 1. a, c, e
7. Voir le tableau 5.1 2. b
8. b 3. a
9. b, c, f (2 bons choix requis) 4. c, d
10. b, c, e (2 bons choix requis) 5. c, a, b, d (3 bons choix requis dans l’ordre)
11. c, d 6. a
12. b 7. b, c, e
13. c, a, b, d 8. a
14. b 9. b
15. b 10. a
16. c 11. b, d, g
17. d, a, c, b (3 bons choix requis) 12. a
18. a 13. b, c, d, e, (3 bons choix requis)
Corrigé 299
14. b, c, e
15. a 17. Une étudiante du secondaire III a toujours obtenu de bonnes notes et
eu une histoire scolaire sans problèmes. En fin d’année, elle apprend
16. c, d, f, g (3 bons choix requis)
17. b qu’elle a échoué deux matières importantes. Des idées de cacher ses
18. a, b échecs, d’abandonner les études, de fuir lui passent par la tête. En
repensant bien à sa situation elle se rend compte que tout n’est pas
19. e, a, c, b, d (4 bons choix requis dans l’ordre)
20. a fini, qu’elle doit se reprendre et affronter son problème avec confiance
CHAPITRE 10 16. b
17. c, d, h (2 bons choix requis)
1. a
18. a
2. c
19. Voir la section 11.5
3. a
20. d, a, b, c (ordre requis)
4. a, b, d
21. b
5. b
22. a, d
6. b, c, d
23. b
7. a
24. c, d
8. b
25. b
9. Voir le tableau 10.2
26. b, c, e
10. b
27. a
11. a, c, b
28. b. c
12. b
29. c, d, f, e, a, b (5 bons choix requis dans l’ordre)
13. a
30. a
14. b, c, d
31. c
15. b
32. b, c, e
16. a
33. Voir la section 11.6.2
17. a, c, e
34. b
18. b
35. a, b, e
19. c, e
36. a, c, d
20. a
37. c, b, d, e, a (ordre requis)
21. b
38. b
22. b, d, e
39. b
23. c, b (ordre requis)
40. a, c
24. a, d, e
41. d
25. a, c, d
42. Voir la section 11.7.2
26. a
43. b
27. b
44. a
28. Voir le tableau 10.4
45. d
29. a
46. a, b, d
30. a, b, d, e (3 bons choix requis)
47. Dans le cas d’un athlète et dans le cas d’une personne sédentaire.
31. a
48. a
32. b
49. Voir la section 11.8
33. a, c, e
50. b, c
34. b
51. a
35. c, d, b, e, f (4 bons choix requis dans l’ordre)
52. c, a, b (ordre requis)
36. a
53. b
37. a, b, e, f, h, i, j (6 bons choix requis)
54. Voir la section 11.9
38. a, c, e
55. a, b, c (ordre requis)
39. b
40. a
CHAPITRE 11
1. a, b, c
2. b, c
3. a
4. a, e
5. b
6. b
7. a, d
8. b, c
9. a
10. a
11. a, c, e
12. d, e, c, a, b (ordre requis)
13. a
14. b
15. a
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'
'
Index
A B
abus des drogues, 268 bande, 216
accidents de la circulation, 284 Barker, 31
accommodation, 79 Baumrind, 203
acte suicidaire, 241 typologie de, 206
acting out, 244 Benedict, 23, 24
activité besoin^d’intimité, 210
mentale, 77, 78 bisexuels, 164
orgastique, 143 blennorragie, 165
sexuelle, 136 Bios, 14, 22
prépubertaire, 137 Bronfenbrenner, 32, 33
adaptation, 29, 30, 79
biologique, 78
fonctionnelle, 226 c
adhésion à la contre-culture, 260 ça, 12, 14
adolescence capacité physique, 48
forcée, 286 caractéristiques
chez les Grecs, 4 du raisonnement, 92
dans l’histoire, 3 sexuelles primaires, 53
au Moyen-Âge, 5 sexuelles secondaires, 46, 47, 53
à la Renaissance, 5 causes de la délinquance, 264
agent centres
social, 204 d’accueil, 259
de socialisation, 202 du plaisir, 135
alcool (1’), un dépresseur, 279 chancre, 167
aliéné, 204 changements
alimentation corporels, 46
problèmes reliés à, 229 physiologiques, 49
amitié, 209 de rôles à l’adolescence, 264
- activité, 213 chiffres
- réciprocité, 213 arrangements de, 85
- solidarité, 213 choix du partenaire, 172
non amoureuses entre garçons et filles, 211 chômage chez les jeunes, 285
antihumanistes, 205 clique, 216
appels à l’aide, 240 cognitivo-développementale, 28
apprentissage coït prémarital, 144
de l’impuissance, 237 Coleman, 15, 16, 26, 27
problèmes d’, 229 combinatoire, 88, 90
, approche écologique, 30 Comenius, 5
Aristote, 4 complexe
arrangements de chiffres, 85 d’Électre, 13
arrestations, 262 d’Oedipe, 13, 16
assimilation, 79 comportement(s)
attitudes sexuelles, 170 antisocial, 252
augmentation de la consommation d’alcool, 278 antisociaux, 234
autisme infantile, 229 problèmes de contrôle du, 229
autocontrôlé, 6, 18 conduites sexuelles, 146
318 Index
T
Tanner, 42
tension familiale, 267
tentatives de suicide, 245
Tests, 101
psychométriques, 102
standardisés, 98
Théorie
de l’échangé de Eckardt, 169
focale, 26, 28
de la récapitulation, 8
toucher, 125
traditionnaliste, 204
tranquilisants et sédatifs, 271
troubles
d’organicité, 229
reliés au processus de la pensée, 236
type(s)
cannabis, 272
délinquant, 205, 255, 259
socialisé, 205
sociaux, 203
typologie de Baumrind, 206
NOTES
NOTES
NOTES
NOTES
NOTES
NOTES
Psychologie de l’adolescence
Au cours des dix dernières années, la psychologiê
de l'adolescence a connu des développements
importants nous permettant de mieux saisir la
nature du passage de l'enfance à l'âge adulte. Ce
livre présente une intégration des connaissances
récentes sur le développement physique, cognitif,
sexuel et social des adolescents normaux. Il s'at¬
tarde aussi à la psychopathologie et aux problèmes
Richard Cloutier, psychologue du développement, enseigne
d'adaptation chez les jeunes.
à l'École de psychologie de l'Université Laval. Il a fait des
études de maîtrise à l'Université Laval et de doctorat à l'Uni¬ Il s'agit d'un outil d'apprentissage comportant un
versité McGill. Au cours des dix dernières années, il a mené système d'auto-évaluation que le lecteur peut uti¬
des travaux de recherche sur l'enfant dans son milieu, liser à sa guise. L'attention particulière portée à la
abordant principalement le développement cognitif, l'en¬ bibliographie fait de ce livre un manuel de réfé¬
fant à la garderie, les ententes éducatives entre les interve¬ rence générale sur le développement humain à
nants et la communication parents-adolescents. l'adolescence. La littérature américaine y occupe
une place importante et les contributions québé¬
coises et européennes sur l'adolescence ont
aussi été considérées. Enfin, ce travail répond au
besoin vivement ressenti d'un manuel d'intégra¬
tion de langu° française dans le domaine de la
psychologie développement de l'adolescence.
gaëtan morin
éditeur ISBN 2 89105 077-0
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