Vous êtes sur la page 1sur 7

1

ESTP
Laboratoire de
Essai œdométrique
Géotechnique Compressibilité, perméabilité
1- Références normatives.

 Norme expérimentale XP P 94 090-1 : Essai œdométrique – Partie 1 : Essai de compressibilité


sur matériaux fins quasi saturés avec chargement par paliers (Décembre 1997)
 Norme expérimentale XP P 94 091 : Essai de gonflement à l’œdomètre – Détermination des
déformations par chargement de plusieurs éprouvettes (Décembre 1995).

2- But et principe de l’essai.

On se propose d’étudier la compressibilité d’un sol sur un échantillon soumis à des variations de
contrainte dans une direction principale, en maintenant la déformation nulle dans les deux autres
directions.

Ces conditions d’essai correspondent exactement au cas (fréquent en pratique) d’une couche
compressible soumise aux sollicitations d’un remblai de grande étendue (la surface sera considérée
comme infinie vis à vis de la profondeur et de l’épaisseur de la couche étudiée).

Pour les sols fins (quasi) saturés, cet essai permet d’étudier le phénomène de consolidation (voir ci-
après, et également le chapitre consacré à l’essai triaxial). On en déduira les paramètres suivants :

 Amplitude de la déformation du sol en fonction de la charge appliquée, conduisant au


tassement du sol sous l’influence d’un ouvrage.

 Cinétique de la déformation sous une charge donnée, permettant d’estimer au bout de


combien de temps, dans des conditions de chargement données, on aura un certain pourcentage
du tassement final (souvent 50%).

 Perméabilité du sol, et son évolution en fonction de la variation de l’indice des vides e.

3- Rappels théoriques.

3-1 Indice des vides


C’est le rapport du volume des vides du sol (eau + air) au volume occupé par les grains. Pour l’essai
œdométrique, il peut se déterminer par l’expression

ESTP Paris Mise à jour : Septembre 2017


2

𝒉𝟎
𝒆= − 𝟏
𝒉′

h0 est l’épaisseur de l’échantillon au moment de l’essai.


h’ est l’épaisseur « fictive » des grains, c'est-à-dire l’épaisseur que présenterait l’échantillon s’il ne
comportait aucun vide. Cette notion est bien entendu une vue de l’esprit, h’ est un intermédiaire de
calcul.

3-2 Théorie de la consolidation


La théorie de la consolidation traduit sous une formulation mathématique le comportement du sol, que
l’on peut illustrer simplement à l’aide de l’analogie de la figure suivante :

 Le squelette solide (grains) est représenté par un ressort placé sous un piston coulissant dans
un cylindre
 Ce cylindre est rempli d’eau figurant l’eau interstitielle.
 Un robinet dans le piston permet à l’eau de s’évacuer, selon le degré d’ouverture de ce robinet,
l’eau s’évacuera plus ou moins vite (notion de perméabilité du sol, liée à l’indice des vides).

On notera qu’à la fin du phénomène de consolidation, l’eau ne supporte plus aucune contrainte, le
drainage, et donc la déformation, vont donc s’arrêter.

3-3 La perméabilité d’un sol est régie par la loi de DARCY qui s’énonce :

v = k.i

 v est la vitesse apparente de la progression d’un front d’eau dans le sol.


 i est le gradient hydraulique (nécessaire pour mettre l’eau en mouvement)
 k est la perméabilité, elle s’exprime en m.s-1. Ce n’est pas une caractéristique intrinsèque du
sol, elle dépend de son indice des vides. Ces deux paramètres doivent donc toujours être
couplés.

Nous verrons plus loin les méthodes de mesure possibles.

ESTP Paris Mise à jour : Septembre 2017


3

Appareillage

4-1 Cellule d’essai

Un schéma de la cellule (ou boite) œdométrique est donné ci-dessous, il correspond à l’appareil utilisé
au laboratoire de l’ESTP.

Effort vertical

Comparateur Piston

Eprouvette
Anneau

Pierres poreuses

Embase

Elle comprend :

 Un piston plein coulissant sans jeu ni frottement dans un anneau.


 Une embase comportant un conduit d’alimentation et d’évacuation de l’eau.
 Un joint en élastomère assure l’étanchéité de l’ensemble.
 L’éprouvette est placée entre deux disques drainants (ou pierres poreuses), l’une dans l’embase,
l’autre en partie inférieure du piston.
 L’épaisseur initiale de l’éprouvette est en général de 12 mm.

4-2 Bâti de consolidation.

La cellule repose sur un bâti métallique. Les charges sont constituées de masses marquées placées sur
un plateau pendu à l’extrémité d’un levier. Elles sont transmises au piston par un étrier qui vient
s’appuyer au centre du piston. Les déformations sont lues sur un comparateur au centième de mm, lié
au cylindre et dont le palpeur suit les mouvements du piston.

4-3 Perméamètre.

On mesure le volume d’eau passant au travers de l’échantillon en un temps donné sous l’effet d’un
gradient hydraulique réalisé par une colonne d’eau.

Deux méthodes sont possibles :

 Le perméamètre à charge constante : la hauteur de la colonne d’eau reste constante, on alimente


pour cela le perméamètre, on mesure le volume d’eau ayant passé par l’échantillon, et on peut
appliquer directement la loi de DARCY.
ESTP Paris Mise à jour : Septembre 2017
4

 Le perméamètre à charge variable : la hauteur de la colonne d’eau est fixée au départ, et on la


laisse décroître, on mesure le temps nécessaire pour avoir une différence de niveau donnée. Le
gradient i n’étant pas constant, on applique la loi de DARCY sur chaque intervalle élémentaire
de temps (t, t+dt). Le gradient pouvant s’écrire i = z / H, nous aurons :

𝑺. 𝒌. 𝒛
𝒒 = 𝑺. 𝒗 =
𝑯

Avec q : débit
S : section de l’échantillon
z : cote de la colonne d’eau (par rapport à l’échantillon)
H : épaisseur de l’échantillon au moment de l’essai.
s : section du tube
t : temps

Mais le volume d’eau sortant durant le temps dt est égal à la diminution de volume dans le tube,
soit – s.dz. Donc
𝑺. 𝒌. 𝒛
𝒒. 𝒅𝒕 = 𝒅𝒕 = −𝒔. 𝒅𝒛
𝑯

−𝒔 𝒅𝒛
𝒌. 𝒅𝒕 = H.
𝑺 𝒛

En intégrant entre z0 et z1, il vient :

𝒔 𝑯 𝒛𝟎
𝒌= . 𝒍𝒏
𝑺 𝒕𝟏−𝒕𝟎 𝒛𝟏

Remarque : on peut aussi écrire cette formule avec un log décimal, un coefficient 2,3 s’introduit alors.

4- Exécution de l’essai. Détermination des caractéristiques du sol.

5-1 Détermination des coefficients de compression, de décompression et de la contrainte de


préconsolidation

Le chargement se fait par paliers successifs, la charge étant grosso modo doublée à chaque palier (ces
charges sont de : piston, 1, 2, 5, 10, 20, 40, et pour certains appareils 80 kg). Pour chaque palier, on
attend d’observer la consolidation, caractérisée par la constance du tassement. En pratique, on vient
placer une charge supplémentaire tous les matins (ce qui explique que cet essai est très long). Puis on
décharge progressivement (paliers de 20, 5 et 1 kg). En fin d’essai, il ne reste que le piston pour exercer
une pression sur l’échantillon.

ESTP Paris Mise à jour : Septembre 2017


5

Il est alors possible d’établir un diagramme donnant l’indice des vides e en fonction de log ’. (’
étant la contrainte verticale effective sur l’échantillon). L’allure de ce diagramme est donnée ci-
dessous.

Pour les faibles valeurs de ’, la courbe est presque horizontale. Puis, à partir d’une contrainte ’c
(notée parfois ’p) appelée contrainte de préconsolidation, la pente de la courbe est plus importante.
Par définition, la pente de cette partie de courbe est le coefficient de compression Cc. Ce coefficient
est une caractéristique du sol, il ne dépend pas de la contrainte appliquée, et en pratique il sert à estimer
le tassement. Le coefficient Cg (noté aussi Cs), pente de la courbe dans la phase de déchargement, est
le coefficient de décompression (ou de gonflement). Il est normalement inférieur à C c, sauf pour les
sols potentiellement gonflants. On notera que la norme XP P 94 091 permet de déterminer (avec le
même appareillage) la contrainte de gonflement développée éventuellement par le sol en présence
d’eau. L’expression de ces deux paramètres est de la forme :

𝚫𝐞
𝑪𝒄 =
𝚫(𝐥𝐨𝐠𝛔′ )

(On détermine aisément ce paramètre en prenant la différence des indices de vides sur un cycle
logarithmique. De même pour Cg). Un exemple est donné sur le diagramme ci-dessus.

La contrainte de préconsolidation ’c est la plus grande contrainte effective à laquelle l’échantillon a
été soumis au cours de son histoire. Selon les valeurs relatives de cette contrainte et de la pression
effective ’z subie par l’échantillon au repos (à sa profondeur z), le sol sera :

 normalement consolidé si ’c est sensiblement égal à ’z

 sur consolidé si ’c est supérieur à ’z

 sous consolidé si ’c est inférieur à ’z.

ESTP Paris Mise à jour : Septembre 2017


6

Des éléments complémentaires seront donnés en séance.

’c est déterminée à l’intersection des tangentes aux deux parties de la courbe (voir diagramme ci-
avant).

5-2 Cinétique de la déformation.- Détermination du coefficient de consolidation.

Chaque palier d’essai étant long, il est loisible de mesurer le tassement en fonction du temps, et ainsi
avoir une idée de la vitesse à laquelle se fait la consolidation (et donc en pratique le tassement). Pour
un palier donné (’c = cst), la courbe donnant l’épaisseur de l’échantillon en fonction de log t a l’allure
suivante :

L’intersection des tangentes aux deux branches de la courbe, d’abscisse t100, définit la fin de la
consolidation primaire (due au drainage du sol). Commence ensuite la consolidation secondaire, due
au réarrangement des grains et à leur déformation sous l’effet de la contrainte effective ’.

L’équation générale de la consolidation, établie par TERZAGHI, est la suivante

𝝏𝒖 𝝏²𝒖
= 𝑪𝒗
𝝏𝒕 𝝏𝒛²
Cette équation nous permet d’introduire le coefficient de consolidation Cv. On démontre que ce
coefficient est lié au temps de tassement t par la relation :

𝑯²/𝟒
𝑪𝒗 = 𝑻𝒗.
𝒕
Tv est le facteur temps, il est sans dimension, et fourni par la théorie de TERZAGHI. Sa valeur dépend
du degré de consolidation U, le tableau ci-après donne quelques valeurs. On en déduit que Cv
s’exprime en m².s-1. H est l’épaisseur de l’échantillon au moment de l’essai (ou l’épaisseur de la couche
à consolider si on effectue ce calcul dans un cas pratique). Il convient alors de prendre garde aux
conditions de drainage : si la couche en question est drainée sur ses deux faces (comme dans l’essai
œdométrique), on retient H²/4, et si le drainage ne se fait que par une face, il convient de retenir H²
dans la formule (notion de chemin de drainage)

ESTP Paris Mise à jour : Septembre 2017


7

U% 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Tv 0,008 0,031 0,071 0,126 0,197 0,287 0,403 0,587 0,848 ∞

Il est de coutume de déterminer Cv pour un degré de consolidation de 50%. (Voir diagramme ci-
dessus).
Remarque : on notera que la courbe H = f (log t) ne va pas jusqu’à l’axe des ordonnées. En effet, la
simple extrapolation de la courbe ne permet pas d’obtenir l’épaisseur de l’échantillon à ε après
application de la charge (t = 0 se trouve à -∞ sur l’axe des abscisses). Une construction simple, basée
sur l’assimilation de la courbe à un arc de parabole, permet de résoudre cette difficulté :

 on détermine la différence d’ordonnée entre les mesures à 10s et 40s.


 on reporte cette valeur au-dessus du point à 10s.
 on se rabat horizontalement sur l’axe des ordonnées, on a ainsi la valeur H0.

Annexe : quelques ordres de grandeur des paramètres de l’essai œdométrique

1- Coefficients de compression, de consolidation, et contraintes de préconsolidation

Type de sol ’z (kPa) (*) ’c (kPa) Cc Cv (m².s-1)

Sable de Fontainebleau - - 0,01 à 0,1 ∞

Argile Verte du Sannoisien. 48,5 0,05 3.10-8

Limon d’Orly 40 60 0,1 5.10-6

Kaolinite - 0,1 à 0,25 2 à 4 10-7

Illite (argile moyenne) - 0,50 1 à 2 10-7

Montmorillonite - 2,5 0,2 à 1 10-7

Argiles sableuses - 10-7

Vase de Martrou (organique) 25 44 1,2 8.10-7

Tourbe de Bourgoin 17,5 51 1,8 4.10-7

(*) Contrainte au repos, déterminée à une profondeur de 5m, avec nappe affleurante

2- Perméabilités

Le diagramme suivant donne une échelle des perméabilités pour les principaux types de sol.

k (m.s-1) 10-2 10-4 10-6 10-8 10-10

Sols gravier sable limon argiles

En outre, le tableau ci-dessous donne des indications sur les perméabilités possibles pour différents
sols.

Sable de Fontainebleau Limon d’Orly Vase de Martrou


Sols Argile Verte Tourbe
(fin, homométrique) (peu argileux) (organique)
k (m.s-1) 2.10-5 5.10-8 8.10-10 4.10-9 2.10-8

ESTP Paris Mise à jour : Septembre 2017

Vous aimerez peut-être aussi