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24/12/2018 Polemos2nodes/polemos2edges : première lecture de la polémique gongorine par l’analyse de réseau

e-Spania
Revue interdisciplinaire d’études hispaniques médiévales et modernes

29 | février 2018 :
Stratégies argumentatives dans le dialogue espagnol / Góngora et les humanités numériques / La España de Carlos II
Nouvelles méthodes pour une nouvelle poésie : Góngora et les humanités numériques

Polemos2nodes/polemos2edges : première
lecture de la polémique gongorine par l’analyse
de réseau
A P H R

Résumés
Français Español English
Polemos2nodes et polemos2egdes sont deux scénarios de transformation XSLT développés à l’appui de l’édition des textes qui composent la
polémique gongorine dans le cadre du projet Góngora dirigé par Mercedes Blanco au sein du Labex OBVIL. Ils permettent d’organiser en deux
bases de données les métadonnées XML relatives à la citation d’autorités et à la citation de poèmes de Góngora dans ces textes polémiques.
Ces deux bases de données, au format .csv, sont conçues pour développer, à partir du logiciel Gephi, une analyse du réseau intertextuel créé au
sein de la polémique par la citation d’autorités ou de poèmes de Góngora. On présente ici le scénario de transformation et l’encodage des
textes qu’il prend en compte, ainsi que les pistes qu’ils ouvrent pour l’étude de la polémique.

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Polemos2nodes y polemos2edges son dos hojas extensibles de transformación XSLT desarrolladas como complemento de la edición de textos
de la polémica gongorina llevada a cabo por el proyecto Góngora, dirigido por Mercedes Blanco en el marco del Labex OBVIL. Estas hojas de
transformación compilan en dos bases de datos los metadatos XML relativos a las citas de autoridades y de poemas de Góngora en dichos
textos polémicos. Las bases datos, en formato .csv, están diseñadas para desarrollar, a partir del programa Gephi, un análisis de redes de la
intertextualidad en el marco de la polémica, mediante las citas de autoridades y de poemas de Góngora. Presentamos a continuación las hojas
de transformación y la codificación editorial en la que se basan, así como el potencial que presentan para el estudio de la polémica.

Polemos2nodes and polemos2edges are two XSLT stylesheets developed under the editorship of the Góngora Project, directed by Mercedes
Blanco in the Labex OBVIL. They allow us to process the XML markup for the encoding of quotations from the XML editions of the
controversy about Luis de Góngora, in order to produce relational database tables. These tables, in .csv format, can be used with software such
as Gephi to develop a network analysis of the intertextuality in the controversy, based on authorities and Góngora’s quotations. We present
the XML markup of these aspects of the controversy and the two XSLT stylesheets. We also provide two examples of how these stylesheets and
the network analysis of intertextuality can improve our understanding of Góngora’s controversy.

Entrées d’index
Mots-clés : analyse de réseaux, intertextualité, culture lettrée, Góngora, polémique gongorine, XML, XSLT
Palabras claves : análisis de redes, intertextualidad, cultura letrada, Góngora, polémica gongorina, XML, XSLT
Keywords : network analysis, intertextuality, literate culture, Góngora, Góngora’s controversy, XML, XSLT

Texte intégral
1 L’édition de la polémique gongorine par le projet Góngora (Labex OBVIL) a l’ambition de résoudre quelques-unes des
difficultés qui rendent aujourd’hui impossible la pleine connaissance de ce phénomène1. L’une des difficultés majeures réside
dans l’accessibilité de ce corpus dont les textes, tantôt manuscrits, tantôt imprimés, tantôt bien connus et tantôt incomplets ou
perdus, n’ont jamais été réunis, et encore moins sur un même support. L’édition de chacun de ces textes, référencés sur la page
http://obvil.paris-sorbonne.fr/corpus/gongora/, travaille précisément à construire la possibilité de cette lecture homogène : en
présentant les textes côte à côte, en les ordonnant par titre, auteur et date, et en les dotant d’un appareil éditorial – notes et
introduction – qui permette d’en comparer les origines, le sens et l’intention. Ainsi, s’agissant de chacune des pièces de ce
corpus, un patron a-t-il été établi pour l’introduction qui permet d’aligner les données réunies par l’éditeur de chaque texte en
ce qui concerne le titre, l’auteur, la chronologie de la rédaction, la structure du texte et ses sources, les concepts qu’il mobilise. Il
s’agit de proposer une lecture et une interprétation homogène pour un corpus composite. La particularité du projet est qu’il
utilise pour ces éditions un encodage numérique qui garantit la construction d’une lecture uniforme de l’ensemble de corpus au
fur et à mesure de la publication des éditions. En sus, l’édition numérique se dote d’outils qui fonctionnent à l’échelle de
l’ensemble de la polémique y compris lorsque le corpus n’en est encore que partiellement établi. Des outils qui impliquent, en
quelque sorte, l’échelle de lecture du point d’arrivée – une lecture de la polémique dans son ensemble – dans celle du point de
départ – l’établissement singulier du sens de chaque texte qui la compose.
2 Ce travail d’édition, parce qu’il est philologique et numérique, cherche à mêler close et distant reading2, en se donnant les
moyens d’établir une continuité entre ces deux focales. Dans le travail d’édition philologique, un encodage normalisé permet
d’inscrire une série de métadonnées dans chacun des textes de la polémique. Puisque ces métadonnées sont analogues d’un

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texte à l’autre, elles assurent le passage de la lecture proche et individuelle – la lecture qu’est l’édition – à une lecture globale et
distante de l’ensemble du corpus. C’est bien en vue de ce corpus considéré comme un système intertextuel que cet encodage
normalisé a été fixé, selon des critères décrits par Mercedes Blanco dans un article récent3. Ainsi, dès l’abord, et depuis l’étape la
plus proche du texte, l’échelle du corpus d’ensemble est envisagée et informe l’encodage des éditions numériques. A contrario,
la fouille de données est fondée sur cet encodage assuré par chacun des éditeurs. Ainsi la lecture distante de ce corpus est-elle
fondée sur la lecture proche menée par chacun des éditeurs lors de l’établissement du texte et de son annotation. La continuité
entre ces deux démarches implique la construction d’instruments capables de faire le pont entre elles.
3 Cet article4 présente un programme de collecte et de mise en base de métadonnées XML en vue d’une analyse relationnelle
d’un corpus intertextuel : polemos2nodes/polemos2edges5. Ce programme de collecte, écrit en XSL, est construit pour assurer
le passage de l’encodage d’une édition TEI à une base de données en format CSV, suivant un processus automatisé dans un
environnement numérique. Le programme fonctionne comme scénario de transformation à partir de textes qui ont été soumis
au même encodage XML en TEI et il produit des bases de données qui sont destinées, par leur langage comme par leur
structure, à être importées dans des logiciels d’analyse de réseau, tel Gephi6. Développé par Frédéric Glorieux7, Aude Plagnard
et Hector Ruiz, ce programme veut servir de complément à tout projet d’édition numérique de corpus intertextuels
(correspondances, revues scientifiques, controverses, etc.) afin de traduire les liens de texte à texte dans un réseau qui se prête à
une étude quantitative et structurale, selon la méthodologie de l’analyse de réseau. À partir de l’édition TEI d’une partie du
corpus de la polémique littéraire autour du poète Luis de Góngora, nous décrivons le fonctionnement du programme en
indiquant quelles sont les métadonnées collectées et en décrivant la structure des bases de données produites. Par la suite, nous
présentons deux recherches en cours fondées sur l’analyse de réseau de la polémique gongorine : l’une porte sur les autorités
citées par les auteurs de la polémique, l’autre sur la réception de l’œuvre de Góngora chez ces mêmes auteurs.
4 L’objectif de cette recherche, dont le programme « polemos2nodes/polemos2edges » constitue le point de départ, est de
traduire en réseau le système intertextuel qu’est la controverse autour de Luis de Góngora. Chacun des textes qui témoignent de
la réception de l’œuvre du poète est envisagé comme la source d’un certain nombre de relations intertextuelles. Ces relations
intertextuelles se déclinent en trois types :

entre le texte source et le ou les poèmes de Góngora qui y sont cités


entre le texte source et le ou les témoignages de la polémique qu’il contredit ou confirme
enfin, entre le texte source et un corpus ouvert d’auteurs, cités ou mentionnés comme autorités de la culture lettrée.

5 Il ne sera ici question que du premier et du troisième type de ces relations intertextuelles.

I. polemos2nodes/polemos2edges
6 Le logiciel que nous présentons, appelé polemos2nodes/polemos2edges, est un schéma de transformation applicable à des
documents encodés en langage XML. L’encodage normalisé de nos éditions est à la base de sa conception et de sa structure : les
métadonnées en constituent le silo des données mises en base. Pour aboutir à une analyse de réseau du système intertextuel
composé par l’ensemble du corpus polémique autour de Góngora, on prélève les informations à une double source : d’une part,
les textes polémiques, qui sont la source de toutes les relations intertextuelles, et d’autre part l’œuvre de Góngora, considérée

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comme texte cible d’une partie de ces relations intertextuelles. Les informations recueillies sont de deux natures : d’une part,
des données relationnelles de type intratextuel ou intertextuel, d’autres part, des données non relationnelles, relatives aux
sources et aux cibles de ces relations (par exemple, la date de chaque texte, le nom et le statut des auteurs et le titre des œuvres
cités), certaines de ces données non relationnelles provenant aussi de l’œuvre poétique de Luis de Góngora éditée en XML.
7 L’architecture de ce schéma de transformation, disponible en ligne, permet la fouille de métadonnées XML et leur extraction
en tableaux .csv ou .tsv, transformant dès lors les textes en bases de données en fonction d’une analyse prévue lors de
l’encodage. Dès lors, cette architecture peut être réemployée pour tout projet d’édition numérique en format XML souhaitant
compiler des métadonnées en vue d’une analyse de réseau, à condition de réécrire dans polemos2nodes/polemos2edges les
éléments d’encodage différents de celui du projet Góngora, que nous présentons ci-après.

Les métadonnées XML exploitées par polemos2nodes/polemos 2 edges


8 Dans un article intitulé « Métodos digitales en el estudio de una controversia », Mercedes Blanco a présenté les principes du
stylage éditorial auquel sont soumises les éditions du projet. On définit et présente ci-dessous seulement les étiquettes XML8
issues de ce stylage qui sont compilées par polemos2nodes/polemos2edges sous forme de base de données en vue d’une analyse
de réseau de la polémique.

Identifiants des textes et de leurs auteurs


9 L’identification des textes constitue la première information essentielle, puisqu’il s’agit de la source des liens intertextuels que
l’on cherche à compiler : le fait de citer telle ou telle autorité ou de renvoyer à tel ou tel poème de Góngora est systématiquement
envisagé depuis le texte où ces citations apparaissent. Chaque texte dispose pour cela d’un identifiant qui associe sa date et son
titre, comme par exemple 1614_parecer, pour le Parecer de don Francisco de Córdoba acerca de las Soledades a instancia de
su autor, composé en 1614.
10 L’identifiant du texte ne coïncide donc ni avec son auteur, qui peut être l’auteur de plusieurs textes de la polémique (c’est le
cas de Lope de Vega), ni avec les auteurs de la polémique susceptibles d’intervenir dans un même texte et donc de constituer à
leur tour la source de relations. Ces auteurs sont identifiés dans l’encodage, au titre de responsables du texte qu’ils écrivent ou
du fragment qui leur correspond le cas échéant. Fray Gonzalo Tenorio est l’auteur d’une des approbations, datée du 16 octobre
1661, qui apparaît dans les préliminaires de l’Apologético en favor de don Luis de Góngora publié en 1662 par Juan de Espinosa
Medrano. Il a donc été indiqué dans l’encodage que sa censure s’adressait à l’auteur de ce traité, au début du chapitre (<div
type="chapter" xml:id="preliminar1">) qui lui correspond :

<div type="chapter" xml:id="preliminar1">


<index indexName="resp" n="fray Gonzalo Tenorio"/>
<index indexName="date" n="1661-10-16"/>
<index indexName="addressee" n="Juan de Espinosa Medrano"/>9

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11 Selon l’échelle de l’analyse, on peut choisir de rendre visible chacun des auteurs qui interviennent dans un texte comme des
sources ou des cibles de relations intertextuelles ou, au contraire, les subsumer dans l’identifiant du texte, quitte à occulter les
relations qui se tissent au sein du volume. Le premier choix est particulièrement pertinent dans le cas d’un ego-réseau centré
sur un texte ; le deuxième se prête à une mise en lien avec le reste des documents de la polémique. La base de données est
structurée de telle manière que le texte englobe les instances énonciatrices qui s’y manifestent, mais nous pouvons choisir à tout
moment de les redéployer afin de mettre l’accent sur celles-ci.

Polémistes
12 Les acteurs de la polémique peuvent aussi apparaître dans les textes à un autre titre : non comme responsables d’une partie
du texte, mais simplement comme entités citées par l’auteur. On les a désigné alors comme polémistes dans l’encodage. Ainsi
Faria peut-il être auteur du commentaire des Lusiades de 1639 :

<index indexName="resp" n="Faria e Sousa, Manuel de"/> dans 1639_Lusiadas

et polémiste cité par Espinosa Medrano dans Apologético en favor de don Luis de Góngora, texte où son nom est marqué par
l’étiquetage suivant :

<persName type="polemista" key="Faria e Sousa, Manuel de">Manuel de Faría y Sousa</persName>

13 L’encodage diffère entre l’attribution d’une responsabilité auctoriale et le repérage d’une personne citée, marquée par
l’étiquette <persName>. On distingue ainsi par l’encodage deux types de données relationnelles : la source est marquée par un
attribut @indexName="resp" (qui renvoie à l’auteur responsable du texte) qui permet de structurer le texte en une série de
sections <div> équivalente à la série des auteurs qui le composent ; la cible est marquée par l’étiquette <persName> dans le
corps du texte. Dans les deux cas, cependant, la donnée non relationnelle « polémiste » est associée à ces instances, afin de
marquer leur qualité particulière, celle d’agents structurant le réseau. Dans le premier cas, tous les auteurs de textes ou de
fragments polémiques sont considérés par définition comme des polémistes ; dans le second cas, l’étiquette <persName> reçoit
un attribut @type où est inscrite la qualité « polémiste » de ces auteurs.

Autorités
14 C’est la même étiquette <persName> qui nous permet de marquer les autorités citées par les polémistes, cette fois avec un
attribut @type="authority". Voyons comme exemple l’étiquetage qui encadre une référence périphrastique au poète latin
Martial sous la forme « otro Español » : <persName type="authority" key= "Marcial">otro Español</persName>. On distingue
ainsi par l’attribut @type les cas où un même individu historique peut constituer à la fois une autorité et un polémiste. Ainsi le
dramaturge Lope de Vega peut-il être autorité dans le discours de Faria e Sousa (Acuérdome que llegándome un día a mi amigo
<persName type="authority" key="Vega, Lope de">Lope de Vega</persName>) et comme polémiste à qui répond Diego de
Colmenares dans un échange épistolaire édité par Pedro Conde Parrado (1624_colmenares-contra-lope). Les autorités
constituent une donnée relationnelle singulière dans notre base de données dans la mesure où elles sont la cible d’un lien
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intratextuel en même temps qu’intertextuel : c’est dans le texte même que se situe l’information cible (contrairement au cas des
« polémistes » nommés qui n’ont cette qualité que parce qu’ils sont les auteurs d’autres textes du corpus, et dont la nomination
constitue un lien du texte qui les nomme à celui ou ceux dont ils sont les auteurs). Ce type de relation est toutefois susceptible de
créer de l’intertextualité par la comparaison et la mise en relation des autorités citées par les différents polémistes. C’est tout
l’enjeu de la recherche que l’on exposera dans l’étude de cas concernant le système des autorités dans la polémique que de
construire ce rapport intertextuel.

Entités nommées et normalisation


15 Les noms de ces autorités, qui permettent de les identifier dans la base de données, sont encodés manuellement au moyen
d’un attribut @key afin d’identifier les dénominations périphrastiques, comme c’est le cas dans l’exemple cité ci-dessus où
Martial est désigné comme « un autre espagnol », par allusion à ses origines hispaniques. Cela vaut également pour les
<persName type="polemist">, et c’est le même nom normalisé qui apparaît dans les @n (attribut autorisant l’inscription d’une
valeur quelconque, où nous précisons le nom de l'entité désignée) des <index indexName="resp"> et des <index
indexName="addressee">.

Poèmes de Góngora
16 Le réseau de la polémique ne serait pas complet sans l’œuvre qui fait l’objet de la controverse : la poésie de Góngora, éditée au
sein de notre projet par Antonio Carreira, et encodée en XML/TEI10. Nous avons attribué un identifiant conventionnel à chaque
poème de Góngora, et à chaque vers de chaque poème, au moyen de l’attribut @xml:id, comme ici dans les premiers vers des
Soledades :

<div n="264A" type="poem" xml:id="poem264A">


[...]
<head>Al duque de Béjar</head>
<lg rend="center">
<lg>
<l n="1" xml:id="l264A.1">Pasos de un peregrino son, errante,</l>
<l n="2" xml:id="l264A.2">cuantos me dictó versos dulce musa,</l>
<l n="3" xml:id="l264A.3"> en soledad confusa</l>
<l n="4" xml:id="l264A.4">perdidos unos, otros inspirados.</l>11

17 Cela permet d’encoder tout renvoi à l’œuvre du poète dans les textes de la polémique comme un lien hypertexte (<ref>) vers le
poème ou le vers dont il est question. Polemos2nodes/polemos2edges compile ces références dans la base de données. À cette
information relationnelle recueillie dans le texte source (car les poèmes sont des cibles d’une relation intertextuelle dès lors
qu’ils sont cités dans un texte de la polémique considéré comme source), s’ajoutent des données complémentaires extraites de la

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table des matières de l’ensemble de l’œuvre poétique de Góngora, soit dans le texte cible : l’année de composition du poème et le
premier vers, associé le cas échéant à un titre.

Le scénario de transformation
18 Nous obtenons donc des métadonnées relatives à des relations texte à texte (de la polémique vers l’œuvre poétique de
Góngora) ; texte à entité nommée (lorsqu’un auteur, polémiste ou autorité, est cité dans le texte source) ; entité nommée à entité
nommée (lorsque, au sein d’un texte, deux auteurs interagissent par exemple par l’écriture d’une approbation). Le logiciel
polemos2nodes/polemos2edges compile ces métadonnées dans deux bases, structurées de façon bipartite pour faciliter leur
import dans un logiciel d’analyse de réseau comme Gephi, qui sépare des tables de nœuds et des tables d’arêtes dans son
laboratoire de données.
19 La table des nœuds décrit les données non relationnelles de chaque texte : l’identifiant de chaque nœud et le label par lequel
on veut le voir légendé, le type de donnée dont il s’agit (text, authority, polemist, poem) et la date qui lui est associée. La table
des relations décrit la façon dont sont connectés les différents nœuds précédemment décrits, en identifiant la source (dans notre
cas, toujours un texte de la polémique), la cible (poem, polemist, authority), éventuellement la sous-section du texte dans
laquelle se situe la relation (susceptible de porter une date différente de celle du texte s’il s’agit d’un préliminaire à l’imprimé). À
partir de ces deux types de tables, on obtient dans Gephi une base de données et sa traduction en graphes. L’homogénéité des
données dans l’encodage permet dès lors de varier les échelles sans solution de continuité et de passer de l’analyse d’un seul
texte à celle de l’ensemble du corpus.
20 Toutes les métadonnées citées sont employées dans notre encodage des éditions XML de la polémique et de l’œuvre poétique
de Góngora. Le projet Góngora dispose d’un entrepôt numérique (https://github.com/gongoradigital) dans lequel on trouvera
plusieurs sous-sections qui sont amenées à évoluer :

« Polemos » contient les textes édités en XML de la polémique et publiés sur le site officiel de l’OBVIL (http://obvil-
dev.paris-sorbonne.fr/corpus/gongora/)
« Gongoraobra », l’œuvre de Góngora : sa poésie, son théâtre, auxquels sera bientôt adjointe sa correspondance, dans
des éditions établies et révisées pour l’occasion par Antonio Carreira, et encodées en XML.
« Gongotools » contient l’ensemble des outils d’analyse numérique développés pour l’analyse du corpus. On y trouvera
en particulier le scénario de transformation polemos2nodes/polemos2edges, le fichier de commandes associé, graph.bat,
ainsi que les bases de données qui en résultent et auxquelles on fera référence au fil de deux études de cas qui suivent.
Ces bases de données sont destinées à évoluer en fonction des enrichissements d’encodage qui seront apportés à nos
éditions, et leur nombre ira croissant avec la publication de nouvelles éditions de la polémique.

21 Ainsi, notre démarche entend explorer la frontière poreuse entre l’approche interne et l’approche externe des textes dans un
environnement numérique. Dans la mesure où le langage XML est construit pour permettre le passage d’un environnement
informatique à un autre sans perte d’information, il est caractérisé par une interopérabilité qui assure la continuité des données
et des approches indépendamment du langage, du format et des supports informatiques employés. À partir de cette
interopérabilité de l’encodage, polemos2nodes/polemos2edges est précisément conçu pour assurer la transformation des
métadonnées inscrites à l’intérieur du texte en une base de données. En permettant de compiler les données de plusieurs textes
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et d’additionner autant d’ego-réseaux pour construire le réseau complet de la polémique, il allie l’approche microtextuelle et
l’approche macrotextuelle, la lecture proche et la lecture distante, et l’approche interne et l’approche externe. Au croisement de
l’édition philologique et de l’analyse de réseau, ce logiciel, disponible en accès libre et automatisé par le fichier de commandes
graph.bat, se fonde sur l’interopérabilité d’un encodage XML normalisé pour permettre aux chercheurs de circuler d’une
méthode à l’autre, et particulièrement de l’approche interne à l’approche externe. Les analyses que nous présentons ci-après
veulent illustrer ce double potentiel : une analyse des autorités constitue l’étude interne de la culture mobilisée par les textes de
la polémique ; un réseau des citations de Góngora est au contraire le support d’une approche externe à l’œuvre du poète, par le
biais de sa réception contemporaine.

II. Les autorités comme élément d’intertextualité dans la


polémique gongorine
22 En 1627 parut la première édition des Œuvres en vers de Luis de Góngora, à Madrid. La page de titre désignait son auteur,
mort cette même année, comme l’« Homère espagnol »12. Cette appellation héroïque n’était-elle qu’une louange – le volume
promu par l’éditeur égalait en importance l’œuvre de celle que beaucoup de lettrés, depuis le début de l’humanisme, tenaient
pour la plus haute autorité poétique – ; ou entendait-elle suggérer une véritable similitude – poétique, stylistique, éthique –
entre les deux auteurs ? En suggérant cette similitude, ce titre fondateur nous met sur la voie d’un mécanisme argumentatif
essentiel : la mention d’autorités pour justifier ou promouvoir une œuvre littéraire13. Dans le cadre de la dispute qui entourait la
poésie et la figure de Luis de Góngora, les autorités étaient ainsi utilisées pour soutenir ou pour disqualifier l’œuvre et l’auteur
en tant qu’ils s’inscrivaient dans une filiation14. Manuel de Faria e Sousa, admirateur et détracteur de Góngora tout à la fois,
oppose ainsi les trajectoires poétiques de l’auteur des Solitudes et de Stace. Stace amenda le style par trop ingénieux de ses
Silves et de sa Thébaïde dans un poème épique, l’Achilléide, où, selon Faria, « il commença à faire briller tout à la fois la clarté et
la grandeur, la douceur et la facilité ». Tout le contraire des cultos de l’époque, et particulièrement de Góngora, lesquels,
« commençant par où [Stace] avait terminé, terminèrent par où il avait commencé », c’est-à-dire un style abscons aux yeux de
ce critique féroce15.
23 Aussi l’un des enjeux de l’édition des textes qui composent la polémique gongorine réside-t-il dans l’élucidation et le
commentaire des autorités convoquées pour qualifier le style du poète de Cordoue. À l’échelle de l’ensemble de la polémique, ces
autorités, une fois déchiffrées et encodées comme telles dans l’édition XML, permettent de comparer les stratégies
argumentatives des polémistes et de créer un nouveau type d’intertextualité pour circuler au sein de ce corpus.
24 Le but de notre encodage est de permettre une lecture systématique des autorités, trop nombreuses pour être gardées en
mémoire par le lecteur au fil d’une lecture successive des textes. Par ce biais, on cherche à lier les textes en fonction du partage
d’autorités communes : dans le graphe que l’on va construire, le nombre d’autorités communes détermine la proximité entre
deux textes, le nombre d’autorités communément mentionnées par les textes de la polémique, la centralité dans le réseau.

Édition et encodage des autorités : deux démarches indissolublement


liées
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25 Il est impossible, dans le cas de la polémique gongorine, de repérer les autorités effectivement utilisées à partir d’un
inventaire préalable d’autorités possibles : il n’existe pas encore de telle liste des autorités de la polémique, non plus qu’un
répertoire des autorités citées dans la littérature de l’époque auquel on pourrait confronter le corpus. Cette liste reste donc à
construire. La façon dont les autorités apparaissent dans les textes doit être, en outre, soumise à l’interprétation : toutes les
autorités ne sont pas convoquées de manière explicite et les mentions explicites varient, puisqu’un même auteur peut être
désigné de multiples manières. C’est donc un des enjeux du processus éditorial que d’identifier avec précision l’identité des
auteurs cités et les sources par lesquelles ceux qui les citent eurent accès à leurs textes.

Annoter les autorités


26 Les conclusions de cette recherche sont présentées dans deux lieux des éditions : dans la section « sources » des introductions
et dans la « bibliothèque hypothétique du polémiste », qui constitue une section indépendante de la bibliographie. Ces deux
instruments permettent de situer les autorités mobilisées en fonction des stratégies argumentatives des auteurs et de leur
culture littéraire. Ainsi, pour Muriel Elvira, la spécificité des références nombreuses à des auteurs savants et récents mobilisées
par Francisco Fernández de Córdoba, abbé de la ville de Rute, est le signe de sa culture humaniste, tandis que Mercedes Blanco
souligne que Juan de Jáuregui ne cite que des auteurs classiques dans son Discurso poético, voulant faire montre par-là de la
culture du gentilhomme, plus sélective et moins technique que celle de l’abbé spécialiste de l’érudition16. Pour parvenir à de
telles conclusions, les éditrices ont lu de près les textes, ce qui leur a permis de faire émerger les autorités implicites et
d’identifier sans équivoque celles qui sont désignées de manière périphrastique. On ne donnera qu’un exemple de ce processus,
tiré de l’édition du Parecer de Francisco Fernández de Córdoba de Muriel Elvira. Au fil du texte, l’Abad de Rute cite de
nombreux auteurs latins, qu’il identifie soit dans le corps du texte (ici Horace et les Écritures), soit dans des notes marginales
(ici Lucain et le psaume) qui servent à expliciter les références :

Fig. 1 : Parecer del Abad de Rute

27 Dans ce passage, les références à la Pharsale de Lucain et au psaume 67 de la Bible sont explicitées par l’auteur dans les notes
marginales. Une troisième et dernière citation, en revanche, n’est attribuée sommairement qu’à « cet autre ». C’est l’éditrice qui,
en plus de situer les deux premières citations dans les œuvres prises pour références, dévoile l’identité de cette troisième
autorité : il s’agit d’Ovide (Amours, livre III, élégie 9, v. 17-18). À l’échelle de l’ensemble du texte, l’impact de ce travail d’édition

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sur le repérage des autorités est frappant : 75 autorités sont nommées dans le texte, et 23 autres sont convoquées sans être
expressément mentionnées. L’extraction automatique des autorités dans les deux versions du texte – la première qui ne prend
pas en compte l’édition (texte que l’on nommera « naked », nu), la seconde reflétant le travail éditorial dans l’encodage XML
(texte « dressed », habillé de son édition) – montre ainsi une différence de 33% dans le décompte des autorités (voir tableau en
annexe 1). De cette comparaison on déduit que l’Abad de Rute omet de préciser dans son texte les autorités trop attendues.
Toutes les autorités révélées par le processus éditorial sont en effet bien connues et aisément identifiables pour un lecteur
familier des lettres latines : la Bible (3 citations sans références), Cicéron (2), Horace (5), Lucain (1), Martial (1), Ovide (5),
Plaute (1) et Virgile (5).
28 De cet exemple on peut déduire que l’extraction complète des autorités de la polémique gongorine n’est possible qu’en
prenant en compte le travail éditorial et ne peut pas être automatisée seulement au moyen d’étiquettes marquant leur
désignation (même périphrastique) dans les textes non annotés. D’autre part, l’encodage des autorités doit non seulement les
identifier en les indexant, mais aussi prendre en compte leur récurrence, c’est-à-dire leur attribuer un poids.

Décrire le système des autorités dans l’encodage XML : repérer et indexer


29 Notre encodage vise une description des autorités citées dans l’ensemble du corpus, en vue de leur extraction automatique par
le scénario de transformation polemos2nodes/polemos2edges. On utilise pour cela, comme indiqué plus haut, plusieurs niveaux
de précision, signalés par des attributs qui viennent compléter et préciser l’élément <persName> appliqué au nom de l’autorité
ou à la périphrase qui la désigne.
30 L’attribut @type="authority"17 permet de repérer les autorités et de les distinguer des autres noms propres encodés avec
l’attribut @type="polemist", correspondant aux acteurs de la polémique mentionnés dans les textes.
31 L’attribut @key, assorti du nom propre de référence pour chaque autorité, permet de mettre en relation les différentes
occurrences de ces entités nommées, ramenant à l’unité les désignations différentes d’une même personne18. Il en résulte
d’abord un index ou liste des autorités, qui sont autant de nœuds dans la base de données relationnelle. Cette liste nous donne
un premier moyen pour circuler d’un texte à l’autre (on y revient un peu plus loin à propos du graphe) mais fournit d’abord un
premier répertoire d’autorités pour la poésie et la littérature critique au Siècle d’Or, que nous présentons dans l’annexe 2.
32 La distinction entre l’identifiant de l’autorité (indiqué dans @key) et de son « label » (la séquence de caractères incluse entre
l’étiquette d’ouverture et celle de fermeture ; la portion du texte qui désigne l’autorité) met à jour les différentes désignations de
chaque autorité : celles qui tiennent à la déclinaison du nom propre et qui sont habituellement répertoriées dans les catalogues
des bibliothèques (Tulio pour Cicéron) ; des désignations génériques communément attribuées à différents auteurs (le poète, le
philosophe…) ; des périphrases (Héraclite : le « philosophe d’Éphèse »19). On crée ainsi la possibilité d’un double niveau de
lecture des autorités, par personne – non équivoque – et par désignations – variables –, permettant à son tour un double niveau
de circulation dans le corpus.
33 Dans le cas où une autorité est citée textuellement sans être explicitement désignée dans le texte, on a provisoirement placé
l’étiquette au début de la citation, avec un label vide indiquant l’absence de mention20.

Décrire le système des autorités dans l’encodage XML : modes de citation


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34 Un dernier attribut XML, @precision, nous sert à indiquer les modalités d’inscription des autorités dans le texte et à
discriminer les autorités mentionnées des autorités citées, en distinguant aussi les cas où ces mentions ou citations sont
obliques et interviennent à travers le texte d’une autorité tierce21. Cet attribut permet donc de classer les autorités en fonction de
la manière dont l’auteur du texte les convoque. Il en résulte une typologie des modes de citation des autorités que l’on expose ci-
après, en partant du mode de citation le plus indirect, pour aboutir au plus direct.
35 Par l’attribut @precision="1" on désigne l’autorité mentionnée de façon médiate à travers le discours d’une autre autorité.
Ainsi, dans cet extrait du Parecer de l’Abbé de Rute, qui cite Saint Paul alléguant l’exemple, hautement équivoque, d’Épiménide
de Knossos pour justifier l’équivalence entre le poète et le prophète :

Respecto de lo cual son casi convertibles poeta y profeta, según la autoridad irrefragable de San Pablo: «ut dixit quidam ex
illis proprius ipsorum propheta», hablando de <persName type="authority" key="Epiménides cretense"
precision="1">Epiménides cretense</persName>; y el nombre de vates comprehende a ambos22.

36 Dans la mesure où Épiménide n’est mentionné dans le texte de l’Abbé de Rute qu’à propos d’une citation de Saint Paul, cet
auteur crétois est encodé avec un attribut de précision 1 : <persName type="authority" key="Epiménides cretense"
precision="1">.
37 Par l’attribut @precision="2" on désigne l’autorité dont une citation est amenée dans le discours d’une autre autorité,
autrement dit, l’autorité citée au second degré. Ainsi dans cet extrait du Parecer de l’Abad de Rute une citation de Quintilien
inclut-elle un vers de Virgile :

Quintiliano en el proemio del libro octavo y en el capítulo segundo del mismo dice así: «Plus tamen est obscuritatis in
contextu et continuatione sermonis, et plures modi. Quare nec sit tam longus, ut eum prosequi non possit intentio: nec
trajectione tam tardus, ut in hyperbaton finis ejus differatur. Quibus adhuc pejor est mixtura verborum, qualis in illo versu:
“<persName type="authority" key="Virgilio" precision="2"></persName>Saxa vocant Itali mediis quae in fluctibus, aras”»23.

38 Le vers cité est identifié par l’éditrice Muriel Elvira comme un extrait de l’Énéide (I, v. 109) et l’autorité de Virgile est indiquée
dans l’étiquette placée au début de la citation de Virgile.
39 La citation d’une autorité à travers une autre relève de plusieurs mécanismes argumentatifs : renvoyer à un aspect seulement
de la lecture critique des travaux d’une autorité ; ou au contraire redoubler l’autorité citée d’une autre qui justifie son emploi.
40 L’attribut @precision="3" représente le cas le plus fréquent : lorsqu’une autorité est mentionnée sans citation aucune. C’est le
cas en particulier lorsque les autorités sont listées, comme dans le « Catálogo de autores que autorizan este Apologético » de
Juan de Espinosa Medrano24, ou dans l’« Índice de los autores que don Joseph Pellicer cita en estas Lecciones Solemnes,
divididos en sesenta y cuatro clases » qui ouvre ce commentaire aux œuvres poétiques du « Pindare andalou »25.
41 Enfin, @precision="4" est utilisé pour signaler la citation de texte d’une autorité dans celui du polémiste, à l’instar, par
exemple, de la première des citations de Juan de Jáuregui dans son Discurso poético :

Sean primer fundamento aquellas sentencias comunes del <persName type="authority" key="Horacio" precision="4">gran
Lírico</persName>: «Maxima pars vatum decipimur specie recti. In vitium ducit culpae fuga, si caret arte»26.

42 Dans l’ensemble des exemples que l’on vient de donner, les nombres par lesquels est spécifié l’attribut @précision ne sont pas
utilisés pour hiérarchiser les autorités en fonction de la précision avec laquelle elles sont citées. En effet, l’information que nous
donne un polémiste en citant une autorité par l’intermédiaire du discours d’une autre (dans notre typologie, @precision="2")

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est une information plus précise que la mention d’un auteur sans référence à une œuvre ou un passage déterminés (dans notre
typologie, @precision="3"). C’est conventionnellement que l’on parle de précision pour introduire une typologie des différents
modes de mention ou citation des autorités : direct (@precision="3" et @precision="4") ou indirect (@precision="1" et
@precision="2") ; textuel (@precision="2" et @precision="4") ou non textuel (@precision="1" et @precision="3"). Dans les
bases de données mises en forme grâce au scénario de transformation polemos2edges, ces quatre attributs de précision sont
ainsi désignés comme des classes :

@precision="1" = mentionné de seconde main


@precision="2" = cité de seconde main
@precision="3" = mentionné
@precision="4" = cité

43 Ou, sous forme de tableau :


autorité nommée autorité citée

indirectement 1 2

directement 3 4

44 C’est en revanche pour chercher à pondérer la présence d’un auteur dans le texte que l’on a proposé un étiquetage plus précis
des cas où les auteurs sont cités, pour distinguer le nombre de citations d’une autorité dans un passage donné. Ainsi, les
attributs @precision="2" et @precision="4", qui signalent la citation d’une autorité en plus de sa mention, sont-ils assortis des
attributs @unit="quotes" puis @quantity suivi d’un numéral, pour quantifier le nombre de passages cités par auteur. Le cas est
utile en particulier pour souligner l’intensité de la présence textuelle d’une autorité dont le nom ne serait mentionné qu’une fois
ou pas du tout. C’est le cas dans un autre passage du Discurso poético où Jáuregui relève plusieurs termes d’origine étrangère
employés par Virgile :

En <persName type="authority" key="Virgilio" precision="4" unit="quote" quantity="3">Virgilio</persName> son bien


notables tres o cuatro extranjeras, que se llevaron a la latinidad: «gaza», del persa; «uri», del galo; «magalia», del afro27.

45 L’étiquette attribuée à Virgile est donc complétée comme suit : <persName type="authority" key="Virgilio" precision="4"
unit="quote" quantity="3">, où a quantité 3 renvoie aux trois termes de Virgile cités par Jáuregui.
46 Dans certains cas, lorsqu’un auteur est cité à la fois en langue originale et en traduction, on a pondéré cette double
représentation textuelle en indiquant une double quantité (@quantity="2"). Toujours dans son Discurso poético, Juan de
Jáuregui justifie pour nous ce redoublement, en langue originale et en traduction, des citations qu’il reprend à son compte :
« Véanse ahora las mismas palabras en su fuerza nativa, y no parezca superfluo, si las más veces trasladare lo latino y
vulgar, pues hay aficiones a todo »28. D’après l’interprétation de Mercedes Blanco, Jáuregui souhaite non seulement être
compris du plus grand nombre, mais également faire montre de ses qualités de traducteur, les citations montrant par là leur
« force native » en langue originale et l’élégance de Jáuregui en traduction.
47 L’ensemble de ces métadonnées visent à préciser la description du système des autorités dans les textes de la polémique. Le
système pourra être transposé, plus largement, à la description des polémistes mentionnés ou cités.

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Réflexion sur la typologie des autorités


48 Dans un premier temps, cet encodage nous permet de proposer une typologie des autorités de la polémique. Certains cas
limites mis au jour par cet effort de classement systématique, offrent, on va le voir, autant de pistes dans la catégorisation des
autorités.

Les cas d’erreurs d’attribution


49 Travailler avec les apports de l’édition philologique permet de prendre en compte les erreurs des polémistes eux-mêmes. Ainsi
dans cet extrait de l’Apologético..., où Espinosa Medrano commet une étrange confusion à la lecture de Manuel de Faria e
Sousa, dont il est le détracteur :

He aquí el argumento de Faría: los autores latinos pocas y raras veces usan del hipérbato que llaman tmesis, luego yerra
Góngora en frecuentar muchas la colocación de sus versos. Mala consecuencia y el antecedente fundado en ignorancia, pues
las transposiciones de Góngora no son tmesis y los ejemplos que él trae lo son, como la de Pacuvio y el «conquegregantur»
que dijo
Lucrecio, por decir «congreganturque». Mirad pues cuán ciego está Faría, que compara estos hipérbatos con aquellos versos
de Góngora:
De oyentes, copia el sitio le ofrecía,
silvestres y volátiles, inmensa.
¿Por ventura es esto lo mismo, que decir «conquegregantur»?29

50 Pour Espinosa Medrano, les hyperbates de Góngora ne déconstruisent pas la syntaxe à un degré comparable à celui de
Lucrèce, qui déplace la conjonction latine -que de sa position enclitique vers l’intérieur du mot, à la manière d’une mésoclise que
la langue latine n’admet pas si ce n’est dans cette figure discutée qu’est la tmèse. Il illustre sa démonstration avec des vers
espagnols que Faria e Sousa citait dans son commentaire des Lusiades sans en donner l’auteur. Il les attribue alors hâtivement à
Luis de Góngora, alors qu’il sont de Juan de Jáuregui 30. L’erreur d’Epinosa Medrano redouble donc dans le texte la présence
d’une autorité : le texte est bien de Jáuregui et il aurait pu être reconnu comme tel dans le contexte d’une polémique à laquelle le
même Juan de Jáuregui participe ; mais l’autorité alléguée est Góngora. Pour ce type de cas, on propose le double étiquetage
suivant :

Mirad pues cuán ciego está Faría, que compara estos hipérbatos con aquellos versos de <persName type="authority"
key="Góngora, Luis de" precision="4" unit="quote" quantity="1">Góngora</persName>:

<quote><persName type="authority" key="Jáuregui, Juan de" precision="4" unit="quote" quantity="1"></persName>De


oyentes, copia el sitio le ofrecía,
silvestres y volátiles, inmensa.</quote>

51 La trace de la présence des deux autorités dans le texte est ainsi conservée, en indiquant toutefois que l’une est mentionnée et
l’autre passée sous silence : il n’y a rien entre l’étiquette d’ouverture et celle de fermeture.

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Autorité ou polémiste ? Le cas de Luis de Góngora


52 La catégorie dans laquelle il convient de classer certains noms de personne que l’on rencontre dans les textes de la polémique
ne va pas de soi. Ainsi Góngora, personnage central et constamment cité, autant par ses défenseurs que par ses détracteurs, est à
la charnière des deux rôles d’autorité et de polémiste. Les périphrases par lesquelles on désigne l’auteur des Solitudes l’associent
fréquemment à une autorité – on l’a vu au sujet des Obras en verso del Homero español. Francisco del Villar, dans le
Compendio poético, en offre un exemple :

Pocos pertrechos de razones y menos aparatos de argumentos serán necesarios para conseguir este intento, pues aunque
Pedro Díaz de Rivas y la edición primera de las Obras de don Luis le intitula el Homero español, un docto comentador suyo le
da el lauro de príncipe de los poetas líricos31.

53 Pedro Díaz de Ribas, en sa qualité d’auteur des Discursos apologéticos – une défense de la poésie de Góngora – et de
plusieurs commentaires à ses poèmes, entre, à n’en pas douter, dans la catégorie « polémiste ». La première édition de la poésie
de Góngora est l’œuvre de Juan López de Vicuña, que l’on peut également tenir pour un polémiste tant est puissant l’appui qu’il
apporte à son œuvre poétique : en l’éditant, en vantant son auteur auprès de l’Inquisiteur général don Antonio Zapata32, et aussi
en donnant à don Luis un titre d’autorité, celui d’Homère espagnol. Aussi, dans ce texte de Villar, Góngora est-il présent à un
double titre : en tant que personne historique, auteur impliqué dans sa propre réception et qui choisit de ne pas imprimer son
œuvre ; et en tant qu’auteur que l’on cherche à canoniser en l’associant à une autorité antique. L’encodage XML de ce passage
nous permet de refléter cette double caractérisation de Góngora :

Pocos pertrechos de razones y menos aparatos de argumentos serán necesarios para conseguir este intento, pues aunque la
edición primera de las Obras de <persName type="polemist" key="Góngora, Luis de">don Luis</persName> le intitula el
<persName type="authority" key="Góngora, Luis de" precision="3">Homero español</persName>[...]

La suite immédiate du texte reflète le même phénomène :

<persName type="polemist" key="Pellicer, José">un docto comentador</persName> suyo le da el lauro de <persName


type="authority" key="Góngora, Luis de" precision="3">príncipe de los poetas líricos</persName> y este parecer sigue el
mayor resto de los aficionados a sus obras. Y yo, que en el ingenio de <persName type="authority" key="Góngora, Luis de"
precision="3">tan grande poeta</persName> ni he conocido término ni he hallado suelo, sin desistir de mi primer intento,
con facilidad me acomodo también a este.

54 « Prince des poètes » et « si grand poète », c’est bien de Góngora comme autorité qu’il est question ici.

Autorités non nommées


55 Il arrive assez souvent que les polémistes citent des textes sans en indiquer l’auteur, comme on l’a vu plus haut dans le
Parecer de l’Abad de Rute. Dans ces cas particuliers on introduit une étiquette au début de la citation en identifiant l’auteur
dans @key mais en laissant vide la séquence de caractères entre étiquette d’ouverture et étiquette de fermeture. On obtient
ainsi, dans la colonne « label target » de nos bases de données, une cellule vide. C’est le cas, entre autres, de Properce dans cet
extrait du Parecer :

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Ello, al fin, es tal que puede dar cuidado o quitarles de él a cuantos tratan de componer, pues con razón lo que de las de
Virgilio diremos de sus composiciones de vuestra merced:

<quote><persName type="authority" key="Propercio" precision="4" unit="quote" quantity="1"></persName><l>Cedite


romani scriptores, cedite Graii,</l>

<l>Nescio quid majus nascitur Iliade</l> […] </quote>33

56 Dans la table des liens, Properce sera ainsi bien identifié comme la cible du lien issu du Parecer, mais la colonne « label
target » restera vide, puisqu’il n’est pas identifié par l’Abad de Rute dans son texte. Ce classement nous permet ainsi de voir
quelles autorités sont souvent convoquées de manière elliptique ou implicite.
57 Quelques cas, plus significatifs encore, méritent ici un bref commentaire. Voyons, à nouveau, le Compendio poético de
Francisco del Villar, lorsqu’il rappelle le précepte horatien des bienséances ou decoro qui veut que chaque personnage
dramatique ait les qualités qui conviennent à son type :

El príncipe siempre ha de ser severo, la dama honesta, el viejo recatado, el galán cortés y el criado entretenido, sin que en las
mujeres nobles tengan disculpa los desaciertos (no sé con qué razón puedan sentir otra cosa las Academias del jardín), ni en
los hombres principales las bajezas34.

58 D’après l’éditeur du texte, Jesús Ponce Cárdenas, Villar censure ici l’ouvrage bien connu du poète murcien Salvador Jacinto
Polo de Medina publié en 1630 à Madrid et imprimé par l’imprimerie royale aux frais du libraire Alonso Pérez. Dans cet emploi
précis, l’absence de mention de l’auteur, auquel on substitue le titre de son œuvre, vaut censure : leur auteur ne mérite pas
d’être nommé.

Position relative des autorités : analyse de graphe


59 L’ensemble de ces métadonnées, organisées en tableau grâce au scénario de transformation polemos2nodes/polemos2edges,
sont importées dans le logiciel Gephi et permettent de visualiser sous forme de graphe les liens intertextuels créés au sein de la
polémique par le partage d’autorités35. À l’heure où nous publions cet article, les textes encodés selon le modèle décrit ci-dessus
et utilisés pour le graphe commenté dans cette dernière section sont les suivants :

Carta de un amigo de don Luis de Góngora…, 1613 (1613_carta-amigo)


Parecer de don Francisco de Córdoba…, 1614 (1614_parecer)
El pasajero…, 1617 (1617_pasajero-figueroa)
Epístolas de la Filomena, 1621 (1621_censura-lope)
Epístolas de Diego Colmenares y Lope de Vega en la Circe, 1624 (1624_colmenares-contra-lope)
Discurso poético, 1624 (1624_discurso-poético)
Noches claras, 1624 (1624_nochesclaras)
Contra el Antídoto de Jáuregui…, 1624
El culto graduado, 1625
Vida y escritos de don Luis de Góngora, 1628 (1628_vida-chacon)

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Pusílipo, 1629 (1629_pusilipo-figueroa)


Vida de don Luis de Góngora, 1630 (1630_vida-mayor)
Prólogo a las obras de Fray Luis de León, 1631 (1631_obras-quevedo)
Escrutinio sobre las impresiones…, 1633 (1633_escrutinio)
Sección V de la Nueva idea de la tragedia antigua, 1633 (1633_tragedia)
Fragmentos del Compendio poético, 1636 (1636_compendio-poetico)
Lusíadas comentadas, 1639 (1639_lusiadas)
Apologético…, 1662 (1662_apologetico)

60 Sur le graphique obtenu par le logiciel Gephi, les autorités sont autant de nœuds (en rouge) qui lient entre eux les textes qui
les citent (nœuds verts) :

Fig. 2 : Distribution ‘Yifan Hu’ du graphe reliant les textes polémiques aux autorités citées36

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Fig. 3 : Détail de la précédente

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Poids des textes et des autorités


61 La base de données associée au graphe est obtenue en faisant la somme des tables .tsv ou .csv obtenues grâce au scénario de
transformation. Les liens « parallèles », c’est à dire redondants, entre un même texte et une même autorité sont additionnés par
le logiciel qui attribue ainsi un poids correspondant à la relation entre autorité et texte, indiqué dans la colonne « weight » de la
table des liens. L’exemple de Virgile est des plus révélateurs : il est cité une fois dans la Vida mayor, dans l’Escrutinio et dans le
Pasajero, trois fois dans la Carta de un amigo, quatre dans le prologue de Quevedo, sept dans le Parecer, dix dans l’échange
épistolaire entre Diego de Colmenares et Lope de Vega, onze dans le Compendio poético, douze dans le commentaire aux
Lusíadas, dix-huit dans le Discurso poético, et cinquante-trois dans l’Apologético.

Fig. 4 : Stratégie de fusion des liens parallèles : somme. Le cas de Virgile.

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Source Destination Type Id Weight

1613_carta-amigo Virgilio Dirigé 1 3.0

1614_parecer Virgilio Dirigé 23 7.0

1617_pasajero-figueroa Virgilio Dirigé 183 1.0

1624_colmenares-contra-lope Virgilio Dirigé 315 10.0

1624_discurso-poetico Virgilio Dirigé 853 18.0

1630_vida-mayor Virgilio Dirigé 1328 1.0

1631_obras-quevedo Virgilio Dirigé 1383 4.0

1633_escrutinio Virgilio Dirigé 1426 1.0

1636_compendio-poetico Virgilio Dirigé 1498 11.0

1639_lusiadas Virgilio Dirigé 1725 12.0

1662_apologetico Virgilio Dirigé 1849 53.0

62 La taille des liens sur le graphe (flèches grises de la figure 4) peut ainsi être figurée proportionnellement au nombre de
citations d’une autorité par un même texte.

Fig. 5 : Stratégie de fusion des liens parallèles : taille des liens. Le cas de Virgile.

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63 Par une même opération d’addition, il est encore possible de comparer les textes entre eux en fonction du nombre d’autorités
citées par chacun. C’est le degré sortant attribué à chaque texte – la somme des liens dont un nœud est la source, ici le nombre
total d’autorités différentes citées – qui permet de classer les textes dans le laboratoire des données et d’ajuster la taille de leurs
nœuds respectifs sur le graphe. Voici donc le degré sortant obtenu dans le laboratoire de données de Gephi :
Id Label Type Date Degré entrant Degré sortant

1662_apologetico 1662_apologetico text 1662 0 101

1624_discurso-poetico 1624_discurso-poetico text 1624 0 81

1636_compendio-poetico 1636_compendio-poetico text 1636 0 72

1614_parecer 1614_parecer text 1614 0 66

1621_censura-lope 1621_censura-lope text 1621 0 55

1639_lusiadas 1639_lusiadas text 1630 0 37

1631_obras-quevedo 1631_obras-quevedo text 1631 0 34

1613_carta-amigo 1613_carta-amigo text 1613 0 31

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1624_noches-claras 1624_noches-claras text 1624 0 22

1630_vida-mayor 1630_vida-mayor text 1630 0 22

1633_escrutinio 1633_escrutinio text 1633 0 15

1613_carta-amigo 1613_carta-amigo text 1613 0 7

1617_pasajero-figueroa 1617_pasajero-figueroa text 1617 0 6

1629_pusilipo-figueroa 1629_pusilipo-figueroa text 1629 0 4

1628_vida-chacon 1628_vida-chacon text 1628 0 1

Virgilio Virgilio authority 11 0

Horacio Horacio authority 11 0

Homero Homero authority 10 0

Marcial Marcial authority 10 0

Fig. 6 : Classement des nœuds textes : la degré sortant (graphe)

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64 Suivant la même opération, le degré entrant – somme des liens dont un nœud est la cible ; nombre de textes citant une même
autorité – permet de pondérer les autorités en fonction du nombre de textes qui les mentionnent. Voici à nouveau les données
obtenues dans le laboratoire de Gephi, puis dans le graphe :
Id Label Type Degré entrant Degré sortant

Virgilio Virgilio authority 11 0

Horacio Horacio authority 11 0

Homero Homero authority 10 0

Marcial Marcial authority 10 0

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Quintiliano Quintiliano authority 8 0

Cicerón Cicerón authority 8 0

Garcilaso Garcilaso authority 8 0

Lucano Lucano authority 7 0

Vega, Lope de Vega, Lope de authority 7 0

Estacio Estacio authority 6 0

Ovidio Ovidio authority 6 0

Herrera, Fernando de Herrera, Fernando de authority 6 0

Platón Platón authority 6 0

Mena, Juan de Mena, Juan de authority 6 0

Séneca Séneca authority 6 0

Escalígero Escalígero authority 5 0

Plauto Plauto authority 5 0

Aulo Gelio Aulo Gelio authority 5 0

Petrarca Petrarca authority 5 0

Propercio Propercio authority 4 0

Persio Persio authority 4 0

Sannazaro Sannazaro authority 4 0

Plutarco Plutarco authority 4 0

Boscán Boscán authority 4 0

Fig. 7 : Classement des nœuds autorités : la degré entrant (graphe)

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65 Ce classement des autorités nous offre un outil pour dialoguer avec d’autres travaux en cours sur les autorités de l’époque
moderne, par exemple les inventaires de bibliothèque dont on a déduit les auteurs les plus fréquemment possédés par des
particuliers ou des institutions. Les autorités les plus communément citées dans notre corpus sont les poètes latins (Virgile,
Horace, Martial, Cicéron, Quintilien, Lucain, Stace, Ovide et Sénèque), parmi lesquels s’intercalent des auteurs grecs tels
Homère et Platon. Parmi ces autorités classiques, émergent aussi quelques auteurs espagnols : Garcilaso, Lope de Vega,
Fernando de Herrera et Juan de Mena.

Centralité, excentricité et positions relatives dans le réseau

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66 Au-delà des facilités permises par le laboratoire de données du logiciel Gephi pour le décompte et la pondération des autorités
citées, la structuration des données sous forme de graphe permet de mesurer le degré d’intégration des textes de la polémique
dans le réseau intertextuel formé par les autorités mentionnées.
67 Deux textes ne participent pas du réseau intertextuel ainsi formé : l’opuscule Contra el Antídoto de Jáuregui (1624) et la
nouvelle El culto graduado d’Alonso de Castillo Solórzano (1625), qui ne citent aucune autorité. Pour tous les autres nœuds, la
centralité des autorités dans la topologie du réseau est proportionnelle à la quantité de textes qui les citent. Réciproquement, la
centralité des textes est à son tour déterminée par la proportion d’autorités citées qui sont communes avec les autres textes.
68 La position relative de chacun des textes dans le graphe selon le schéma d’organisation Yifan Hu est ainsi riche
d’enseignements. Au centre du graphe, se trouvent les autorités représentatives de la culture la plus commune, celles qui sont
aussi les plus pondérées, car les plus citées. De même, l’extrême centralité d’un texte comme la Carta de un amigo témoigne de
son recours à un petit nombre d’autorités citées par tous les autres textes du corpus et qui ont par cela même un caractère
trivial. Sa centralité est donc non discriminante et représentative d’un discours peu spécifique du point de vue des autorités qu’il
mobilise par des citations explicites. Il s’agit en effet d’un discours général, celui d’un « modeste esprit » selon l’éditrice37.

Fig. 8 : Centre du graphe

69 Au contraire, un texte comme l’Escrutinio se trouve moins intégré dans le graphe que la Carta de un amigo. Les autorités qui
le lient au centre du graphe sont celles qu’il partage avec les autres polémistes. On y distingue des autorités très centrales,
partagées avec un grand nombre de textes (Homère, Virgile, Lucain, Sénèque, Garcilaso et Lope de Vega), et deux autorités plus
excentrées dans le réseau, partagées par un ou quelques textes seulement (Juan de Tassis y Peralta et Tomás Tamayo de

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Vargas). Les autorités qui sont en périphérie du graphe, au contraire, lui sont spécifiques dans l’état actuel du corpus. Ce sont
les plus nombreuses et elles renvoient toutes à des auteurs modernes (Sancho Dávila Toledo, Pedro de Cárdenas y Angulo,
Antonio de Paredes, Juan de Salinas y Castro, Luis Manrique de Vargas, Fray Francisco de Castroverde et Pedro Liñán de
Riaza), à l’exception d’Avicenne, philosophe perse du Moyen-Âge.

Fig. 9 : Excentricité de l’Escrutinio dans le graphe

70 Enfin, le graphe nous permet de repérer des convergences entre les textes qui partagent les mêmes autorités. On en donnera
ici deux exemples significatifs.
71 Au commentaire des Lusiades de Manuel de Faria e Sousa répond l’Apologético de Juan de Espinosa Medrano, qui en cite de
larges passages. Une autorité est représentative de ce dialogue intertextuel : Camões, auteur des Lusiades, qu’ils citent
respectivement 28 et 25 fois et qui n’est, du reste, cité qu’une seule fois dans le reste de notre corpus, dans le Compendio
poético. La proximité des deux textes est fonction de la quantité des citations partagées par ces deux auteurs et reflète l’une des
stratégies panégyriques de Faria e Sousa dans son texte, nommer et faire constamment référence à Camões, comme le montrent
les deux fragments suivants :

Que de los que dicen que Góngora es mejor que el Camões no solo sin haber entendido al Camões, sino ni leídole (de que hay
muchos) aún después de muerto espero reírme38.

Y aquí feneció el Poeta con las flores, advirtiéndose que si bien imita al Policiano mucho en estas descripciones de árboles,
flores y animales, le excedió mucho en lo feliz y en traer menos de cada cosa, por no tocar en lo fastidioso, en que realmente
toca, que en evitar esto fue rarísimo mi poeta39.

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72 Les mentions abrégées à Camões figurent, au reste, en première place de l’avertissement que Faria adresse à son lecteur au
début du premier volume de son commentaire :

I. Todas las veces que se encontrare con estas letras, c. vale canto, e., estancia, P. Poeta, N. Nuestro, L. de C. Luis de
Camões40.

73 C’est parce qu’Espinosa Medrano cite une partie de ces passages et répond lui-même à Faria que le poids de Camões
rapproche significativement les deux textes.
74 Autre exemple de ce phénomène : le partage par les textes de Francisco del Villar (le Compendio poético) et de Lope de Vega
(dans sa correspondance avec Colmenares et dans la Filomena) d’autorités humanistes : Juste Lipse, Cipriano Suárez et
Francisco Sánchez de la Brozas.
75 En ce sens, le graphe nous met sur la voie d’une série de débats ou questionnements particuliers à certains sous-groupes du
corpus de la polémique, identifiables par la culture lettrée spécifique qu’ils convoquent. Il permet, à ce titre, de commencer une
exploration transversale de textes que la lecture proche et l’édition philologique a d’abord considéré dans leur singularité.

III. Approcher Góngora par le biais de sa réception :


analyse de réseau et lecture informée
76 L’un des objectifs premiers du projet Góngora consiste, comme il a été dit plus haut, à mettre à disposition des chercheurs les
témoignages de la réception de l’œuvre du poète, pour mieux la comprendre. En effet, les textes que nous éditons enrichissent
notre connaissance du poète et de son œuvre, jusque dans les détails. Le terme de « vuelo », employé par Góngora aux vers 462-
464 de la Soledad primera, « que al pájaro de Arabia (cuyo vuelo / arco alado es del cielo, / no corvo, mas tendido) »,
interprété par la critique dans le sens de « vol » ou « trajectoire dans le ciel » (comme dans la traduction de Jaccottet : « qui à
l’oiseau d’Arabie – dont le vol / est arc ailé du ciel, / moins courbe que tendu – »41) a été lu par les commentateurs du XVIIe
siècle comme une métonymie des ailes, selon un sens lexicalisé dans le vocabulaire de la chasse. Ainsi serait-ce la forme de
l’oiseau aux ailes déployées, plutôt que son mouvement dans le ciel, qui formerait un arc droit en vol planant, et pourtant
susceptible d’être courbé par un vol battant. Le sens de « vuelo – vol » que nous attribuons au terme n’est pas erroné mais il
occulte une polysémie que Pellicer, Salcedo Coronel, Díaz de Rivas et Manuel Serrano de Paz ont bien vue et commentée42.
77 Pour enrichir ainsi notre connaissance de Góngora, une approche qualitative s’impose plutôt qu’une démarche quantitative :
en somme, une lecture rapprochée. Comment l’analyse de réseau, qui se fonde au contraire sur une lecture lointaine des textes,
peut-elle dès lors constituer un apport à la relecture du poète dans son contexte ? La mise en réseau des citations des poèmes de
Góngora dans les témoignages de sa réception immédiate permet en premier lieu de guider cette lecture rapprochée, en
pointant les poèmes qui font scandale ou méritent commentaire et qui, à ce titre, se détachent dans l’œuvre de Góngora parce
qu’ils sont cités dans la polémique. Ainsi, l’analyse de réseau constitue une première étape dans une démarche alliant lecture à
distance et lecture rapprochée. Mais, au-delà de cette fonction presque ancillaire, l’analyse de réseau peut permettre d’apporter
des réponses quantitatives à des hypothèses de lecture de Góngora, à condition de définir un protocole d’analyse adapté où
l’intertextualité joue un rôle clé. À ce titre, les effets de réception sont particulièrement intéressants à étudier : non pas tant pour
relire Góngora au regard de ses commentaires, ce que fait la critique à partir d’une lecture rapprochée, mais pour évaluer dès

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l’abord, dans le système intertextuel qui fait état de la réception de l’œuvre du poète, l’originalité ou la pertinence de certaines
clés de lecture.
78 Nous nous attacherons donc à démontrer la pertinence de l’analyse de réseau face à l’hypothèse selon laquelle il y aurait deux
étapes clairement distinctes dans l’œuvre de Góngora : un primer estilo apprécié par tous, et une manière nouvelle dans ses
poèmes les plus polémiques43. Dans une formule célèbre, Cascales affirmait ainsi :

Si don Luis se hubiera quedado en la magnificencia de su primer estilo, hubiera puesto su estatua en medio de la Helicona;
pero con esta introducción de la obscuridad, diremos que comenzó a edificar, y no supo echar la clave al edificio [...] Y si
tengo de decir de una vez lo que siento, de príncipe de la luz se ha hecho príncipe de las tinieblas44.

79 Cette lecture, par un détracteur des Soledades ou de la Fable de Polyphème et de Galatée, a été discutée par la critique, qui a
fortement nuancé cette bipartition de l’œuvre de Góngora en étudiant la construction progressive de son style ou, pour le dire
avec Mercedes Blanco, l’invention de sa langue : cette vision des deux manières du poète n’est pas ajustée à son travail
d’écriture45. Cependant, il reste à évaluer si Cascales coïncide dans son propos avec la lecture qui est faite de Góngora en son
temps, et, si oui, s’il fait état d’un effet de réception qui le précède et dont il se fait porte-parole ou s’il détermine la réception du
poète après lui46. Compte tenu du fait que cette réception est polémique, nous postulons, sur la base de plusieurs tentatives
d’analyse de réseau déjà réalisées47, que les poèmes les plus cités sont ceux qui sont le plus critiqués, et donc également les plus
défendus. Cascales considère les poèmes les plus condamnables de Góngora comme un corpus tardif : est-ce également le cas
pour l’ensemble des polémistes ? Peut-on, de cette manière, isoler une période polémique d’une période lumineuse dans l’œuvre
du poète ? Ainsi, chercherons-nous à déterminer dans quelle mesure les auteurs de la polémique gongorine ont une lecture
cohérente de Góngora, déterminée ou non par les mêmes sous-corpus de poèmes.

Diachronie des relations, degré entrant et absence de lien : trois


instruments d’analyse de réseau face à l’hypothèse de Cascales
80 Le schéma de transformation polemos2nodes/polemos2edges nous a permis de construire des bases de données à partir d’un
corpus restreint, celui des pièces de la polémique publiées dans gongoradigital, notre entrepôt sur Github. Il s’agit d’un
ensemble de treize textes, que nous énumérons par leur identifiant48 : 1613_carta-amigo ; 1614_parecer ; 1617_pasajero-
figueroa ; 1621_censura-lope ; 1624_colmenares-contra-lope ; 1624_discurso-poetico ; 1624_opusculo-curioso ; 1625_el-culto-
graduado ; 1628_vida-chacon ; 1629_pusilipo-figueroa ; 1630_vida-mayor ; 1636_compendio-poetico ; 1662_apologetico. Les
bases de données obtenues, disponibles en libre accès dans un dossier graph au sein de gongoradigital/gongotools, ont été
retravaillées pour en extraire uniquement les informations relatives aux citations de Góngora. Le résultat est une nouvelle série
de bases de données qui simplifie celles produites par polemos2nodes/polemos2edges : il est visible dans le dossier graph-to-
gongora. Dans ce même dossier se trouvent deux autres bases, composées de l’ensemble de l’œuvre de Góngora, séparée selon
les critères de son éditeur, Antonio Carreira, en une table de poèmes dont l’autorité est assurée et une autre dont elle est
seulement probable. Ces deux bases, construites à partir de la table des matières de l’édition de l’œuvre de Góngora disponible
dans notre site, sont homogènes en format et en structure avec les tables produites à partir des treize textes de la polémique, et
peuvent donc être importées dans Gephi au titre de tables de nœuds. Les bases issues des données tirées des textes sont
divisées, elles, en tables de nœuds et tables d’arêtes.

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81 La mise en réseau de ces données vise à rendre visibles des corpus au sein de l’œuvre du poète, telle qu’elle a été lue par les
auteurs de la polémique, par la voie d’un regroupement fondé sur des données quantitatives. Le nombre de citations devrait en
effet permettre de délimiter dans l’œuvre de Góngora le corpus mobilisé par la polémique, composé des poèmes qui donnent
lieu à débat, d’un corpus peu ou pas cité, soit qu’il ait été plus consensuel, soit qu’il ait été moins diffusé. Pour évaluer ces
hypothèses de manière quantitative, nous utilisons le calcul du degré entrant des poèmes de Góngora cités par les textes de la
polémique, qui équivaut à la somme des arêtes – des relations – qui arrivent jusqu’à eux. Le degré nul équivaut à l’absence de
lien. On recoupera les résultats obtenus par le calcul de degré avec la chronologie des poèmes cités et avec celle de la polémique.
Il s’agira d’abord de dater les corpus internes à l’œuvre de Góngora, afin d’évaluer si, comme le suggère Cascales, le critère de la
diachronie est pertinent pour regrouper l’ensemble des poèmes les plus discutés. Nous essayerons par-là de répondre au récit
construit par Cascales de la succession des deux manières du poète. D’autre part, en datant les témoignages de la polémique qui
sont la source des relations analysées, nous construirons un graphe dynamique en fonction de la diachronie afin de mesurer si la
lettre du grammairien de Murcie, écrite entre 1621 et 1624-1627 (mais imprimée avec beaucoup d’autres textes, y compris la
réponse de Francisco del Villar et la réplique du même Cascales, en 1634), est conforme avec d’autres témoignages de la
réception du poète, avant et après sa rédaction.
82 Compte tenu du fonctionnement de polemos2nodes/polemos2edges, qui dépend d’un processus éditorial en cours, nous
présentons ci-après une ébauche qui aspire à être probante quant à la méthode, sans cacher le caractère incomplet et provisoire
des résultats.
83 Après import dans Gephi de l’ensemble de tables de nœuds et d'arêtes évoquées plus haut, nous obtenons un réseau très lâche
d’une densité égale à 0,001, très loin de la densité maximale, qui est de 1. Compte tenu du corpus polémique restreint que nous
travaillons, seul un faible nombre de poèmes de Góngora est cité. Le graphique obtenu, disponible en ligne49, permet de voir
cette sélection de poèmes cités : ils constituent les nœuds les plus grands, d’un diamètre jusqu’à six fois plus grand que les
nœuds correspondant aux poèmes de Góngora qui se trouvent isolés. Les nœuds-source, les textes de la polémique, sont
également de faible taille et colorés en vert clair ; les arêtes ont été dessinées en bleu pour plus de clarté.

Fig. 10 : Distribution Fruchterman Reingold du graphe reliant les textes polémiques à l’œuvre de Góngora.

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84 D’après le laboratoire de données de Gephi, sur un total de quatre cents quatre-vingt deux poèmes de Góngora, seuls quatre-
vingt-dix-huit sont cités par les textes polémiques dont nous disposons, soit environ 20,3%. Ceux qui sont cités plus d’une fois,
par un minimum de deux textes – il s’agit donc des poèmes qui créent du lien entre plusieurs textes polémiques –, sont au
nombre de 11, soit environ 2,3%. Il s’agit, dans l’ordre décroissant de degré, des poèmes suivants :
Id Label Date Degré entrant

OC264B Era del año la estación florida [Soledad Primera] 1613 8

OC255 Estas, que me dictó, rimas sonoras [Fábula de Polifemo y Galatea] 1612 5

OC264C Éntrase el mar por un arroyo breve [Soledad Segunda] 1614 4

OC264A Pasos de un peregrino son, errante [Dedicatoria Soledades] 1613 4

OC202 Mal haya el que en señores idolatra 1609 3

OC317 La ciudad de Babilonia 1618 3

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OC311 En vez de las Helíades, ahora 1617 2

OC463 Patos de la aguachirle castellana 2

OC449 Con poca luz y menos disciplina 2

OC230 Aunque entiendo poco griego 1610 2

OC249 Cloris, el más bello grano 1611 2


85 Les deux poèmes non datés font partie du corpus dont l’attribution à Góngora n’est pas certaine : la datation ne l’étant pas
non plus, nous avons choisi de l’effacer de nos bases de données. En revenant à l’édition d’Antonio Carreira, nous pouvons
pourtant dater de manière approximative « Con poca luz y menos disciplina » en 1613 et « Patos de la aguachirle castellana »
avant 1622. Ainsi, l’ensemble des poèmes de Góngora cités par plus d’un texte de la polémique sont tous datés entre 1609
et 1622, montrant par là une cohérence chronologique qui devra être mise à l’épreuve par la suite avec l’ensemble des
témoignages de la polémique, étant donné qu’au fur et à mesure de l’incorporation de nouveaux textes au corpus, les résultats
seront automatiquement actualisés.
86 Dans l’extension actuelle de notre corpus polémique, l’analyse du degré semble constituer trois ensembles au sein de l’œuvre
de Góngora : un groupe très restreint (2,3%) de poèmes cités par plusieurs polémistes, d’une grande cohérence chronologique
autour de la décennie de 1610, et où apparaissent les Soledades, la Fable de Polyphème et Galatée et sept autres poèmes ; un
groupe plus large de poèmes cités par un seul texte polémique (18%), enfin un groupe très large (79,7%) de poèmes non cités.
Cette identification d’ensembles au sein de l’œuvre de Góngora, faite par le calcul de degré superposé aux données
chronologiques, pourra par la suite être complétée dans Gephi par le calcul de modularité, un algorithme de détection de
communautés dans un réseau complet50.
87 Dans un deuxième graphique, également disponible en ligne51, nous avons travaillé en diachronie. Pour cela, nous avons
importé dans Gephi les bases de données issues de polemos2nodes/polemos2edges et la table des poèmes de Góngora, pour
lesquels son autorité ne fait pas de doute. Nous avons choisi d’écarter la table des poèmes attribués compte tenu des
incertitudes relatives à leur datation : de ce corpus, nous avons pourtant retenu cinq poèmes parce qu’ils étaient présents dans
le réseau comme des cibles de relations intertextuelles, bien qu’ils constituent par ailleurs des pièces de la polémique52. En
fonction de l’édition d’Antonio Carreira, nous les avons daté comme suit :
Patos de la aguachirle castellana 1621

Doce sermones estampó Florencia 1621

Con poca luz y menos disciplina 1613

Yace debajo de esta piedra fría 1603

Anacreonte español, no hay quien os tope 1609


88 De cette manière, chacun des nœuds du réseau est daté, ce qui permet la création d’intervalles temporels et l’activation de la
diachronie comme élément de construction du réseau. Nous pouvons par-là visualiser un graphe dynamique, qui évolue dans le
temps et où l’on verra se multiplier le nombre de nœuds, faisant ainsi état de l’évolution de l’œuvre de Góngora et de

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l’apparition et du développement de la polémique. Plus encore, cela permet de calculer différents résultats (le degré, la
centralité, la modularité, etc.) à différents moments dans un même réseau. Nous présentons ci-après trois vues du graphe à trois
moments différents du développement de la polémique : comme précédemment, la taille des nœuds est fonction du degré
entrant, les arêtes sont cette fois colorées en rouge.

Fig. 11 : État du réseau en 1613 (1613_carta-amigo)

Fig. 12 : État du réseau en 1624 (1613_carta-amigo ; 1614_parecer ; 1617_pasajero-figueroa ; 1621_censura-lope ; 1624_colmenares-


contra-lope ; 1624_discurso-poetico ; 1624_opusculo-curioso)

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Fig. 13 : État du réseau en 1662 (1613_carta-amigo ; 1614_parecer ; 1617_pasajero-figueroa ; 1621_censura-lope ; 1624_colmenares-


contra-lope ; 1624_discurso-poetico ; 1624_opusculo-curioso ; 1625_el-culto-graduado ; 1628_vida-chacon ; 1629_pusilipo-
figueroa ; 1630_vida-mayor ; 1636_compendio-poetico ; 1662_apologetico)

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89 Sept textes composent le corpus témoin, écrit jusqu’en 1624, qui pourrait nous permettre de mesurer si Cascales juge Góngora
comme le font ses contemporains ou s’il fait figure d’exception en inaugurant une lecture bipartite de l’œuvre du poète. Par
ailleurs, seuls deux textes, 1636_compendio-poetico et 1662_apologetico, nous informent de l’état de la réception gongorine
après la publication, en 1634, du jugement des deux manières du poète par Cascales. Ainsi, compte tenu du caractère restreint
du corpus que nous sommes en mesure d’étudier pour le moment, l’examen des hypothèses et de la position de Cascales dans la
réception du poète ne peut être mené à son terme.
90 Pourtant, le protocole de recherche que nous venons de suivre reste valable, et sera progressivement enrichi avec les bases de
données relatives à chacune des éditions assurées par le projet Góngora. La possibilité, d’une part, d’identifier des ensembles
dans l’œuvre du poète (par calcul de degré, croisé avec la chronologie, ou par calcul de modularité), et celle, d’autre part,
d’étudier le réseau de manière diachronique, nous permet de postuler l’intérêt d’une analyse de réseau pour répondre à des
questions d’histoire littéraire, notamment dans l’évaluation d’effets de réception à la lumière de leur contexte intertextuel.

Annexe

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Annexe 1 : Autorités citées dans le Parecer del Abad de


Rute
Naked Dressed

Virgilio Virgilio

Propercio

Lucano Lucano

Horacio Horacio

Lucano

Biblia

Ovidio

Ovidio

Cicerón

Plauto

Ovidio

Horacio

Cicerón

Agelio Agelio

Biblia

Biblia

Teócrito Teócrito

Policiano Policiano

Catulo Catulo

Aristóteles Aristóteles

Quintiliano Quintiliano

Diomedes Diomedes

Horacio Horacio

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Horacio

Horacio

Aristóteles Aristóteles

Quintiliano Quintiliano

Virgilio

Tasso Tasso

Aristóteles Aristóteles

Horacio Horacio

Luciano Luciano

Horacio

Terencio Terencio

Simposio Simposio

Ovidio

Heràclito Heràclito

Cicerón Cicerón

Plauto Plauto

Aristóteles Aristóteles

Persio Persio

Cicerón Cicerón

Quintiliano Quintiliano

Tibulo Tibulo

Horacio Horacio

Eliano Eliano

Tasso Tasso

Quintiliano Quintiliano

Cicerón Cicerón

Aristóteles Aristóteles

Escalígero Escalígero
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Torcuato Torcuato

Virgilio Virgilio

Horacio Horacio

Fracastoro Fracastoro

Teócrito Teócrito

Bión Bión

Virgilio Virgilio

Calpurnio Calpurnio

Severo Severo

Petrarca Petrarca

Sannazaro Sannazaro

Pontano Pontano

Garcilaso Garcilaso

Escalígero Escalígero

Persio Persio

Escalígero Escalígero

Marcial

Aristóteles Aristóteles

Horacio Horacio

Vida Vida

Tasso Tasso

Horacio

Aristóteles Aristóteles

Teofrasto Teofrasto

Plinio Plinio

Bembo Bembo

Pontano Pontano

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Tibulo Tibulo

Horacio Horacio

Quintiliano Quintiliano

Diomedes Diomedes

Donato Donato

Quintiliano Quintiliano

Quintiliano Quintiliano

Ovidio

Eurípides Eurípides

Ovidio Ovidio

Cicerón Cicerón

Quintiliano Quintiliano

Virgilio

Virgilio

Virgilio

Petrarca Petrarca

Virgilio Virgilio

Horacio Horacio

Vida Vida

Escalígero Escalígero

Virgilio

Annexe 2 : Liste des autorités citées dans la polémique gongorine dans


l’état actuel du corpus
Aftonio ; Alciato ; Aldana, Francisco de ; Alderete, Bernardo de ; Alejandro Napolitano ; Alemanni, Luigi ; Anacreonte ; Andreini de Pistoia,
Francisco ; Anfíon ; Antífanes ; Antigónidas ; Antímaco ; Antíoco ; Apocalipsis ; Apolonio Rodio ; apóstol Pablo ; Apuleyo ; Aquiles Tacio ;
Arato ; Argensola, Bartolomé Leonardo de ; Arias Montano, Benito ; Ariosto ; Ariosto, Ludovico ; Ariphades ; Aristarco ; Aristéneto de Nicea ;
Aristófanes ; Aruncio ; Ascensio ; Ateneo ; Augusto ; Aulo Gelio ; Autor a Herenio ; Avicena ; Barahona de Soto, Luis ; Barbaro, Hermolano ;
Barreda, Francisco de ; Barros, João de ; Beda el Venerable ; Bembo, Pietro ; Benivieni, Girolamo ; Beroaldo, Filipo ; Beuter, Pedro Antonio ;

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Biblia ; Bión de Esmirna ; Boccaccio ; Boiardo, Matteo Maria ; Bonilla, Alonso de ; Boscán ; Cairasco de Figueroa, Bartolomé ; Calcentero ;
Calderón, Pedro ; Calímaco ; Camões ; Carbone da Costacciaro, Lodovico ; Cárdenas y Angulo, Pedro de ; Casa, Giovanni della ; Cascales,
Francisco de ; Castro, Francisco de ; Castroverde, Fray Francisco de ; Catón ; Catulo ; Celio Firmiano Simposio ; Cerda, Juan Luis de la ;
Cervantes, Miguel de ; Chérilo ; Cicerón ; Cinna ; Clarano ; Claudiano ; Cocayo, Merlín ; Cognato, Gilberto ; Columna, Gerónimo ; Conrado
Licóstenes ; Corina ; Cornelio Tácito ; Corte-Real, Jerónimo ; Crinito, Pietro ; Danielo, Bernardino ; Dante ; Dávila Toledo, Sancho ; de’ Pazzi,
Alessandro ; Demetrio ; Demetrio Falereo ; Demócrito ; Despautère, Jean ; Dídimo el ciego ; Diodoro Sículo ; Diomedes ; Dión Crisóstomo ;
Dionisio Lambino ; Dodoens, Rembert ; Donato ; Eliano ; Empédocles ; Ennio ; Epicteto ; Epiménides cretense ; Erasmo ; Ercilla, Alonso de ;
Escalígero ; Espinel, Vicente ; Estacio ; Estéleno ; Esténelo ; Eurípides ; expositores de Virgilio ; Ezequiel, profeta ; Fabriano, Giovanni Andrea
Gilio da ; Favorino ; Figueroa, Francisco de ; Firmiano, Lactancio ; Flavio Dextro ; Florencia, Jerónimo de ; Florido Sabino, Francesco ;
Focílides ; Fracastoro, Girolamo ; Furio ; Gaius Valerius Flaccus ; Galand, Pierre ; Garay, Francisco de ; Garcilaso ; Génébrard, Gilbert ;
Génesis ; Gesner, Konrad ; Gómez de Ciudad Real, Alvar ; Gómez Manrique ; Gómez Manrique, Diego ; Góngora ; Gracián, Juan ; Gregoire,
Pierre ; Gregorio Nacianceno ; Grifoli, Jacopo ; Hadriano Junio ; Heliodoro ; Heráclito ; Hernández de Velasco, Gregorio ; Heródoto ; Herrera,
Fernando de ; Hesíodo ; Hieroteo ; Homero ; Horacio ; Jasón de Nores ; Jiménez Patón, Bartolomé ; Job ; Julio César ; Julius Paulus
Prudentissimus ; Justiniano ; Juvenal ; Juvencio Celso ; Laberio ; Lactancio ; Laguna, Andrés ; Ledesma, Antonio de ; Lelio Tifernate ; León,
fray Luis de ; Lexífanes ; Licino ; Lino ; Liñán de Riaza, Pedro ; Lipsio, Justo ; Livio Andrónico ; Loayza, García de ; Lodola, Aquario ; López
Pinciano, Alonso ; López, Diego ; Lucano ; Luciano ; Luciano de Samosata ; Lucilio ; Lucrecio ; Luisio, Francisco ; Lulio, Antonio ; Lupercio ;
Macrobio ; Magno Tirio ; Mahoma ; Manilio ; Manilio, Marco ; Manrique de Vargas, Luis ; Marcial ; Marcus Pacinus ; Marino, Giambattista ;
Máximo de Tiro ; Melanctón ; Mena, Juan de ; Mena,Juan de ; Menandro ; Mendoza, Antonio de ; Mercurio Trimegisto ; Minturno, Antonio ;
Mira de Mescua, Antonio ; Modesto ; Molina, Luis de ; Montemayor, Jorge de ; Morales, Ambrosio de ; Mureto, Marco Antonio ; Museo ;
Nebrija, Antonio de ; Nigidio ; Nono de Panópolis ; Orfeo ; Ovidio ; Pacuvio ; Pantaleón de Ribera, Anastasio ; Papinio ; Paravicino, fray
Hortensio Félix ; Paredes, Antonio de ; Pausanias ; Pedro Aretino ; Pérez de Montalbán, Juan ; Persio ; Petrarca ; Petronio ; Pico della
Mirandola, Giovanni ; Pinciano, Alonso López ; Píndaro ; Pío Segundo ; Pitágoras ; Platón ; Plauto ; Plinio el Mayor ; Plinio el Menor ; Plocio ;
Plutarco ; Policiano ; Poliziano, Angelo ; Polo de Medina, Salvador Jacinto ; Pontano, Giovanni ; Probo Valerio ; Propercio ; Quintiliano ;
Quintilio ; Quinto Calabro ; Rader, Matthäus ; Ramírez de Prado, Lorenzo ; Rávido ; Ricchieri, Luigi ; Rittershausen, Konrad ; Robortello,
Francesco ; Rodiginio, Celio ; Roiz Lobo, Francisco ; Ronsard ; Rosiglia, Marco ; Sabino, Georgio ; Safo ; Salinas ; Salinas y Castro, Juan de ;
Salustio ; Sammartino, Matteo di ; san Agustín ; san Basilio ; san Bernardo ; san Cipriano ; san Crisóstomo ; san Gregorio Nacianceno ; san
Isidoro ; san Jerónimo ; san Juan ; san Juan Crisóstomo ; san Mateo ; san Pablo ; Sánchez de las Brozas, Francisco ; Sannazaro ; Santo
Tomás ; santo Tomás ; Savonarola, Girolamo ; Scala, Bartolomeo ; Second, Jan ; Séneca ; Servio ; Severus Sanctus Endelechius ; Sexto ;
Sidonio Apolinar ; Sigüenza, José de ; Silva y Mendoza, Diego de ; Silvestre, Gregorio ; Sócrates ; Suárez, Cipriano ; Suetonio ; Suidas ; Tácito ;
Tales ; Talon, Omer ; Tamayo de Vargas, Tomás ; Tassis y Peralta, Juan de ; Tasso, Bernardo ; Tasso, Torquato ; Teócrito ; Teodoreto ;
Teofrasto ; Terencio ; Tertuliano ; Tibulo ; Timón el Filasio ; Tito Livio ; Titus Calpurnius Siculus ; Trebelio ; Tuberón ; Turnèbe, Adrien ;
Valdivielso, José de ; Valdivieso ; Valeriano, Piero ; Valla, Laurencio ; Varrón ; Vatablo ; Veccio ; Vega, Lope de ; Verderio, Antonio ; Victorio,
Pedro ; Vida, Marco Girolamo ; Villaizán, Jerónimo de ; Villena, Enrique de ; Virgilio ; Vitruvio ; Vives, Luis ; Zonaras ; Zsámboki, János ;
Zwinger, Theodor.

Notes
1 Nous remercions chaleureusement Mercedes Blanco pour l’appui qu’elle a apporté à ce projet et pour ses relectures attentives du texte qui en
découle. Nos remerciements vont aussi à Frédéric Glorieux pour sa collaboration au programme ici présenté et au projet Pólemos en général.
2 Franco MORETTI, La letteratura vista da lontano, Turin : Einaudi, 2005.
3 Mercedes BLANCO, « Métodos digitales en el estudio de una controversia », à paraître dans Controversias y poesía (De Garcilaso a
Góngora), XII Encuentro internacional de poesía del Siglo de Oro, Séville : Universidad de Sevilla, 2018.
4 Issu de deux interventions dans la table ronde « New Methods for a New Poetry », organisée par Mercedes Blanco et Aude Plagnard au
Congrès annuel de The Renaissance Society of America (Chicago, 2017) : Aude PLAGNARD, « Góngora as the Spanish Homer? A
Textometric Answer through the Corpus of the Controversy » et Hector RUIZ, « Mapping Intertextuality: A Social Network Analysis of
Góngora’s Polemical Reception ».

https://journals.openedition.org/e-spania/27470 39/44
24/12/2018 Polemos2nodes/polemos2edges : première lecture de la polémique gongorine par l’analyse de réseau
5 L’analyse de réseaux consiste à transformer en structure relationnelle une base de données : cette structure, soumise par la suite à l’analyse,
est composée de nœuds (nodes) – chacun des individus du réseau- et d’arêtes (edges) –chacun des liens entre les nœuds du réseau –. Le nom
de notre scénario de transformation désigne l’opération de conversion des données extraites des textes en nœuds et arêtes : « polemos-to-
nodes/polemos-to-edges ». Voir Claire LEMERCIER et Claire ZALC, Méthodes quantitatives pour l'historien, Paris : La Découverte, 2008,
p. 80-102.
6 Sébastien HEYMANN, « Gephi », in : Reda Alhajj et Jon Rokne (éds.), Encyclopedia of Social Networks and Mining, New York : Springer-
Verlag, 2014, p. 612‑625.
7 Ingénieur de recherche en informatique éditoriale et traitement de la langue du Labex OBVIL, auteur du carnet Hypotheses.org : Frédéric
GLORIEUX, « J’attends des résultats », https://resultats.hypotheses.org/author/resultats [consulté le 19/01/2018].
8 Ces étiquettes constituent un métalangage : « Strictly speaking, XML is a metalanguage, that is, a language used to describe other languages,
in this case, markup languages », dans « A Gentle Introduction to XML », P5: Guidelines for Electronic Text Encoding and Interchange,
version 3.2.0, http://www.tei-c.org/release/doc/tei-p5-doc/en/html/SG.html [consulté le 15/01/2018]. Pour le métalangage employé dans le
projet Góngora, voir M. BLANCO, art. cit., et Sara PEZZINI et Hector RUIZ, « Editar a Góngora con instrumentos digitales : bases
metodológicas y perspectivas teóricas para un hipertexto de la polémica gongorina », Revista de Humanidades Digitales, 1, 2017,
http://dx.doi.org/10.5944/rhd.vol.1.2017.16682 [consulté le 15/01/2018]. Pour un récapitulatif des principes éditoriaux en XML, voir Susana
ALLÉS TORRENT, « Edición digital y algunas tecnologías aliadas », Ínsula, 822, 2015, p. 18-21.
9 Juan de ESPINOSA MEDRANO, Apologético en favor de don Luis de Góngora, príncipe de los poetas líricos de España, contra Manuel de
Faría y Sousa, caballero portugués, éd. Hector Ruiz, Paris : OBVIL, 2017, f° b1r, http://obvil.paris-
sorbonne.fr/corpus/gongora/1662_apologetico#preliminar1 [consulté le 18/01/2018].
10 Le code employé dans nos éditions est décrit dans S. PEZZINI et H. RUIZ, art. cit.
11 Luis de GÓNGORA, Poesía, éd. Antonio Carreira, Paris : OBVIL, 2016, « Poemas de autoría segura », 264a, « Pasos de un peregrino son,
errante [Dedicatoria Soledades] », http://obvil.paris-sorbonne.fr/corpus/gongora/gongora_obra-poetica#poem264A [consulté le
19/01/2018].
12 Luis de GÓNGORA, Obras en verso del Homero español, que recogio Juan Lopez de Vicuña, En Madrid, Por la viuda de Luis Sanchez,
Impressora del Reyno, Año [1627].
13 Anne CAYUELA, « Autorités classiques et paratexte au XVIIe siècle », in : « Rome vue d’Espagne. Humanisme, humanités et littérature en
Espagne (XVIe-XVIIe siècles) », Mercedes BLANCO (coord.), e-Spania, revue interdisciplinaire d’études hispaniques médiévales et
modernes, n° 21, juin 2016, http://e-spania.revues.org/24653 [consulté le 18/01/2018].
14 Roland BÉHAR, « Homeromastix, Vergiliomastix… ¿Gongoramastix? », in : ibid., http://e-spania.revues.org/23769 [consulté le
18/01/2018].
15 Manuel de Faria e SOUSA, Lusíadas de Luis de Camões comentadas, Madrid, Juan Sánchez (por Antonio Duplastre, a costa de Pedro
Coello, vol. 1, col. 68.
16 Muriel ELVIRA « Un enfoque retoricista y erudito », in : Francisco FERNÁNDEZ DE CÓRDOBA, Parecer, éd. Muriel Elvira, Paris : OBVIL,
2015 (http://obvil.paris-sorbonne.fr/corpus/gongora/1614_parecer#front-5, consulté le 18/01/2018) et Mercedes BLANCO, « El estilo
grande y su caricatura: un ideal clásico de estirpe romana », in : Juan de JÁUREGUI, Discurso poético, éd. Mercedes BLANCO, Paris : OBVIL,
2016 (http://obvil.paris-sorbonne.fr/corpus/gongora/1624_discurso-poetico#front-1-5, consulté le 18/01/2018).
17 Par convention, la Text Encoding Initiative fait précéder le nom des attributs d’une arobase.
18 On a choisi, dans un premier temps et pour faciliter l’encodage, un nom de code le plus proche possible de la désignation la plus courante
des auteurs dans notre corpus. Ainsi, pour les auteurs anciens, on a conservé les désignations vernaculaires les plus courantes (Homero,
Virgilio, Horacio) ainsi que pour certains auteurs vernaculaires dont la notoriété a fait du nom une étiquette univoque dans ce contexte
(Garcilaso). Pour tous les autres auteurs, on a harmonisé les noms au format noms, prénoms (Mena, Juan de ; Tassis y Perala, Francisco de ;
Sánchez de las Brozas, Francisco).
19 Cette solution, provisoire, semblera choquante au regard de la grammaire TEI (encoder une absence d’information est étranger à sa
logique). C’est toutefois la seule solution simple qui était à notre disposition pour obtenir un encodage et une extraction des métadonnées
À
https://journals.openedition.org/e-spania/27470 40/44
24/12/2018 Polemos2nodes/polemos2edges : première lecture de la polémique gongorine par l’analyse de réseau
homogènes. À plus long terme, une solution pourrait consister à encoder l’autorité dans l’étiquette de la citation (<quote>) et à ajouter cette
information au scénario de transformation. Je remercie chaleureusement Antonio Rojas Castro pour ses conseils en vue de la révision de
l’encodage.
20 Ainsi nommé dans les Noches claras de Manuel de FARIA E SOUSA, en Madrid, por la viuda de Cosme Delgado, 1624, p. 54.
21 On distingue ici les autorités mentionnées (dont le nom figure dans le texte, ou toute autre forme de d’attribution périphrastique) des
autorités citées, textuellement citées par le polémiste.
22 Sur l’équivocité de la citation, et le mépris de Saint Paul pour les crétois, voir la note 102 de Muriel Elvira (F. FERNÁNDEZ DE CÓRDOBA,
Parecer, op. cit., http://obvil.paris-sorbonne.fr/corpus/gongora/1614_parecer/body-1#note108, consulté le 18/01/2018).
23 F. FERNÁNDEZ DE CÓRDOBA, Parecer, op. cit., f. 136r.
24 J. de ESPINOSA MEDRANO, op. cit., f° d3r-v, http://obvil.paris-sorbonne.fr/corpus/gongora/1662_apologetico#preliminar17 [consulté le
18/01/2018].
25 José PELLICER, Lecciones solemnes a las obras de don Luis de Góngora y Argote, píndaro Andaluz, Príncipe de los Poetas Líricos de
España, en Madrid, en la imprenta del Reino, a costa de Pedro Coello, Mercader de Libros, 1630, f° †1r°‑†††2v°.
26 J. de JÁUREGUI, Discurso poético, op. cit., fol. 2r°, http://obvil.paris-sorbonne.fr/corpus/gongora/1624_discurso-poetico#f.2r [consulté
le 18/01/2018].
27 Ibid., fol. 6v°, http://obvil.paris-sorbonne.fr/corpus/gongora/1624_discurso-poetico#f.6v [consulté le 18/01/2018].
28 Ibid., fol. 4r°, http://obvil.paris-sorbonne.fr/corpus/gongora/1624_discurso-poetico/#f.4r [consulté le 18/01/2018].
29 J. de ESPINOSA MEDRANO, op. cit., fol. 10v°, http://obvil.paris-sorbonne.fr/corpus/gongora/1662_apologetico#note619 [consulté le
18/01/2018].
30 Juan de JÁUREGUI, Orfeo, Madrid : Juan Gonzalez, 1624, fol. 21r, canto IV, v. 59-60. cité par Manuel de FARIA E SOUSA, Lusiadas
comentadas, Madrid : por Juan Sánchez, a costa de Pedro Coello, mercader de libros, 1639, vol. I, tome I, Juicio del poema, col. 68-69.
31 Francisco del VILLAR, Fragmentos del Comendio poético, éd. Jesús Ponce Cárdenas, Paris : OBVIL, 2016, p. 41.
32 « Ofrezco a V. S. ilustrísima las obras de aquel insigne espíritu, hijo de aquella ilustre Ciudad tan fecunda de ingenios, que en todas
edades ha dado prodigios al mundo; las obras digo de aquel varón grande, que apenas en la boca ni en el pecho cabe su nombre, don Luis
de Góngora, ardiente y ambicioso émulo de los honores poéticos latinos y toscanos, a quien venció gloriosamente », dans L. de GÓNGORA,
Obras en verso del Homero español, op. cit., fol. ¶4r°.
33 F. FERNÁNDEZ DE CÓRDOBA, op. cit., fol. 131r-v
34 F. del VILLAR, op. cit., p. 62-63.
35 On présente dans Github / Gongoradigital / Gongotools / graph-to-autorities,
https://github.com/gongoradigital/gongotools/tree/master/graph-to-authorities [consulté le 15/01/2018] le résultat de cette extraction en ne
tenant compte que des autorités et en excluant les mentions de polémistes et les citations de poèmes de Góngora. Ces dernières font l’objet de
la troisième partie du présent article.
36 Yifan HU, « Efficient, High-Quality Force-Directed Graph Drawing », The Mathematica Journal, vol. 10, n. 1, 2008,
http://www.mathematica-journal.com/issue/v10i1/graph_draw.html [consulté le 03/11/2017].
37 Carta de un amigo de don Luis de Góngora en que da su parecer acerca de las Soledades que le había remitido para que las viese, éd. de
Daria Castaldo, Paris : OBVIL, 2016, http://obvil.paris-sorbonne.fr/corpus/gongora/1613_carta-amigo#front-1-2 [consulté le 18/01/2018].
38 Manuel de FARIA E SOUSA, op. cit., vol. I, tomo 2, canto III, col. 131-136.
39 Ibid., vol. II, tomo 4, canto IX, oct. LXII, col. 178.
40 Ibid., vol. I, tomo 1, f° †6r°.
41 Luis de GÓNGORA, Les solitudes (1984), trad. Philippe Jaccottet, Genève : La Dogana, 1984.

https://journals.openedition.org/e-spania/27470 41/44
24/12/2018 Polemos2nodes/polemos2edges : première lecture de la polémique gongorine par l’analyse de réseau
42 Les références se trouvent dans J. de ESPINOSA MEDRANO, op. cit., note 747, http://obvil.paris-
sorbonne.fr/corpus/gongora/1662_apologetico#note1214_ [consulté: 15/01/2018].
43 L’article d’Antonio ROJAS dans ce même numéro explore cette question au moyen d’une analyse interne au corpus de Góngora.
44 Apud Joaquín ROSES LOZANO, Una poética de la oscuridad: la recepción crítica de Las Soledades en el siglo XVII, Madrid / Londres,
Tamesis, 1994, p. 95.
45 À ce propos, voir Mercedes BLANCO, Góngora o la invención de una lengua, León : Universidad de León, 2012 ; ainsi que
Dámaso ALONSO, La lengua poética de Góngora, Madrid : CSIC, 1950, pour la position du problème ; José María MICÓ, La Fragua de las
Soledades, Barcelone : Sirmio, 1990, pour une discussion.
46 L’intervention de Cascales dans la polémique est tardive et son importance serait à première vue rétrospective, déterminée par le succès de
sa formule à partir du XVIIIe siècle autant que par le fait qu’il imprime son attaque contre Góngora. En cela, il fait figure d’exception, avec
Manuel de Faría, puisque les détracteurs du poète confient majoritairement leurs critiques au manuscrit ou parlent en termes généraux de
« nouvelle poésie » sans s’attaquer à Góngora de manière frontale.
47 Notamment en octobre 2015 lors du II Congreso Humanidades Digitales Hispánicas (Madrid, UNED) et en décembre 2015, dans la
Journée d’études du Labex OBVIL, « L’édition numérique de la querelle autour de Góngora. Bilan et perspectives ». Les résultats de ces
premières analyses de réseaux sont publiés dans S. PEZZINI et H. RUIZ, art. cit.
48 Les informations bibliographiques sont disponibles en ligne, ainsi que les éditions complètes de ces treize textes.
49 Dans Github : Gongoradigital, Gongotools, polemos-to-gongora.gephi
(https://github.com/gongoradigital/gongotools/blob/master/polemos-to-gongora.gephi, consulté le 15/01/2018).
50 Vincent BLONDEL, Jean-Loup GUILLAUME, Renaud LAMBIOTTE, Étienne LEFEBVRE, « Fast unfolding of communities in large
networks », Journal of Statistical Mechanics: Theory and Experiment, 2008, P10008. (https://doi.org/10.1088/1742-
5468/2008/10/P10008, consulté: 15/01/2018).
51 Dans Github : Gongoradigital, Gongotools, polemos-to-gongora_dynamic.gephi
(https://github.com/gongoradigital/gongotools/blob/master/polemos-to-gongora_dynamic.gephi, consulté: 15/01/2018).
52 Sauf « Yace debajo de esta piedra fría », ce sont des satires de Góngora contre ses ennemis littéraires.

Table des illustrations

Titre Fig. 1 : Parecer del Abad de Rute


URL http://journals.openedition.org/e-spania/docannexe/image/27470/img-1.png
Fichier image/png, 203k

Titre Fig. 2 : Distribution ‘Yifan Hu’ du graphe reliant les textes polémiques aux autorités citées36
URL http://journals.openedition.org/e-spania/docannexe/image/27470/img-2.png
Fichier image/png, 789k
Titre Fig. 3 : Détail de la précédente
URL http://journals.openedition.org/e-spania/docannexe/image/27470/img-3.png
Fichier image/png, 274k
Titre Fig. 4 : Stratégie de fusion des liens parallèles : somme. Le cas de Virgile.
URL http://journals.openedition.org/e-spania/docannexe/image/27470/img-4.png

https://journals.openedition.org/e-spania/27470 42/44
24/12/2018 Polemos2nodes/polemos2edges : première lecture de la polémique gongorine par l’analyse de réseau

Fichier image/png, 107k


Titre Fig. 5 : Stratégie de fusion des liens parallèles : taille des liens. Le cas de Virgile.
URL http://journals.openedition.org/e-spania/docannexe/image/27470/img-5.png
Fichier image/png, 339k

Titre Fig. 6 : Classement des nœuds textes : la degré sortant (graphe)


URL http://journals.openedition.org/e-spania/docannexe/image/27470/img-6.png
Fichier image/png, 886k

Titre Fig. 7 : Classement des nœuds autorités : la degré entrant (graphe)


URL http://journals.openedition.org/e-spania/docannexe/image/27470/img-7.png
Fichier image/png, 1,2M
Titre Fig. 8 : Centre du graphe
URL http://journals.openedition.org/e-spania/docannexe/image/27470/img-8.png
Fichier image/png, 307k
Titre Fig. 9 : Excentricité de l’Escrutinio dans le graphe
URL http://journals.openedition.org/e-spania/docannexe/image/27470/img-9.png
Fichier image/png, 534k
Titre Fig. 10 : Distribution Fruchterman Reingold du graphe reliant les textes polémiques à l’œuvre de Góngora.
URL http://journals.openedition.org/e-spania/docannexe/image/27470/img-10.png
Fichier image/png, 12k
Titre Fig. 11 : État du réseau en 1613 (1613_carta-amigo)
URL http://journals.openedition.org/e-spania/docannexe/image/27470/img-11.png
Fichier image/png, 7,4k
Titre Fig. 12 : État du réseau en 1624 (1613_carta-amigo ; 1614_parecer ; 1617_pasajero-figueroa ; 1621_censura-lope ;
1624_colmenares-contra-lope ; 1624_discurso-poetico ; 1624_opusculo-curioso)
URL http://journals.openedition.org/e-spania/docannexe/image/27470/img-12.png
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Fig. 13 : État du réseau en 1662 (1613_carta-amigo ; 1614_parecer ; 1617_pasajero-figueroa ; 1621_censura-lope ;
Titre 1624_colmenares-contra-lope ; 1624_discurso-poetico ; 1624_opusculo-curioso ; 1625_el-culto-graduado ;
1628_vida-chacon ; 1629_pusilipo-figueroa ; 1630_vida-mayor ; 1636_compendio-poetico ; 1662_apologetico)
URL http://journals.openedition.org/e-spania/docannexe/image/27470/img-13.png
Fichier image/png, 17k

Pour citer cet article


Référence électronique

https://journals.openedition.org/e-spania/27470 43/44
24/12/2018 Polemos2nodes/polemos2edges : première lecture de la polémique gongorine par l’analyse de réseau
Aude Plagnard et Hector Ruiz, « Polemos2nodes/polemos2edges : première lecture de la polémique gongorine par l’analyse de réseau », e-
Spania [En ligne], 29 | février 2018, mis en ligne le 01 février 2018, consulté le 24 décembre 2018. URL : http://journals.openedition.org/e-
spania/27470

Auteurs
Aude Plagnard
Université Paul-Valéry, Montpellier 3
Univ Paul Valéry Montpellier 3, IRIEC EA 740, F34000, Montpellier, France.

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Hector Ruiz
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Droits d’auteur

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