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Apprentissage de la production écrite et de l’écriture à l’école primaire : modèles et interventions. Apports des sciences cognitives pour l'éducation. 7 articles et un
avant-propos complémentaires - Numéro 163 de l'ANAE View project
All content following this page was uploaded by Denis Alamargot on 14 July 2015.
Chapitre 2
2.1. Introduction
Le texte écrit peut être défini comme une succession de phrases localement et
globalement enchaînées, formant un ensemble cohérent d’idées à transmettre à un
lecteur. Deux raisons essentielles font que la rédaction d’un texte est une activité
Le second type de modélisation est issu des études en temps réel, et plus
particulièrement de l’analyse des protocoles verbaux. Ces modèles incluent des
processus entretenant des relations spécifiques qui reçoivent et transforment des
Modèles de la production verbale écrite 47
organise le contenu général du texte qui sera ultérieurement écrit. Il s’agit d’une
version abstraite, simplifiée et abrégée du futur texte (des notes organisées, un
brouillon, un plan ou un schéma). Enfin, le plan « pour rédiger » concerne les
traitements. Il peut être assimilé à un plan procédural qui gère les traitements
conceptuels (pour définir le contenu) et linguistiques (pour produire le texte
traduisant ces contenus).
rédactionnelle et encore moins des débuts de la production écrite. Une autre critique
concerne la relative imprécision de la définition à la fois structurale et fonctionnelle
des processus rédactionnels (plus particulièrement pour ce qui concerne le processus
de Formulation), mais aussi de la nature et de la fonction des connaissances stockées
en mémoire à long terme. Enfin, hormis les hypothèses très spéculatives de Hayes et
Flower (1980) et de Flower et Hayes (1980), peu d’informations ont été fournies
relativement à la dynamique du déroulement des traitements, en relation avec la
capacité limitée de ressources attentionnelles du rédacteur par exemple.
Flower (1980 ; voir également le chapitre 7 de cet ouvrage). Ainsi, même si ces
différents modèles ont constitué une avancée indispensable à la compréhension du
fonctionnement de l’ensemble de l’activité rédactionnelle, il est également
nécessaire de s’attacher à une analyse plus fine de chacun des processus
rédactionnels, en termes d’architecture de leurs sous-processus, par exemple.
L’objectif est alors moins, dans ce cas, de rendre compte de l’ensemble de l’activité
que d’isoler certains traitements jugés centraux et déterminants dans cette activité
pour en approfondir l’étude. C’est en ce sens que d’autres formalisations plus
spécifiques ont été proposées à la suite du modèle de Hayes et Flower (1980). Deux
processus ont été plus particulièrement analysés : la planification et la révision.
cours. Il peut s’agir par exemple de l’utilisation d’un schéma textuel (par exemple,
le schéma narratif), stocké en mémoire et que le rédacteur active pour rédiger le
texte en cours ;
– la planification par modélisation (planning by modeling) ne porte pas, comme
le traitement par abstraction, sur des éléments abstraits mais sur tous les éléments
qui sont directement impliqués pour réaliser une partie de la rédaction. Les auteurs
citent l’exemple de la formulation et avancent l’hypothèse selon laquelle la
production d’une phrase suppose d’en planifier mentalement toutes les composantes
en établissant un modèle de cette phrase, alliant contenu et forme linguistique.
Des modèles plus complexes sont apparus au milieu des années 1980,
notamment celui de Flower, Hayes, Carey, Schriver, et Stratman (1986), dont
l’objectif était non seulement de décrire plus finement les processus et opérations
mentales engagés dans la révision, mais également d’en préciser le fonctionnement
dans un système de traitement de l’information répertoriant les différentes
connaissances impliquées. Dans ce modèle, la révision est considérée comme une
activité particulièrement stratégique et délibérée, que le rédacteur choisit ou non de
mettre en œuvre en fonction de ses objectifs, de l’état d’avancement de son texte et
des connaissances rédactionnelles dont il dispose. La sélection hautement délibérée
d’une stratégie de révision est guidée par l’importance du problème telle que le
scripteur l’a évaluée après une lecture attentive de son texte (lire pour comprendre,
évaluer, identifier, sérier les problèmes potentiels ; Flower et al., 1986). La situation
peut être telle que le scripteur décide d’ignorer le problème, s’il le juge superficiel
ou trop complexe, de différer l’effort pour le résoudre, de rechercher plus
d’informations en mémoire ou dans le texte pour le comprendre et mieux le définir,
de réécrire le texte ou un fragment de celui-ci en préservant l’idée de base, ou
encore, de réviser le texte afin de préserver au maximum le texte déjà produit. Dans
le cas où le scripteur s’engage dans une réécriture de certains aspects de son texte,
différentes catégories de modifications sont distinguées selon : (a) le type
d’opérations réalisées pour y parvenir (addition, suppression ou substitution de mots,
de groupes de mots ou de phrases, modification d’une partie du texte, etc.), (b)
le niveau textuel auquel ces modifications se situent (en surface ou en profondeur),
(c) leur localisation dans le texte (début, milieu, fin) et dans la phase de composition
(écriture d’un plan, d’un brouillon, de la version finale, lors d’une étape
spécifiquement révisionnelle, etc.).
Le niveau métacognitif stocke non plus des connaissances opératoires mais des
« modèles de et sur les connaissances » et permet au scripteur de comprendre et
Modèles de la production verbale écrite 57
Alors que Flower et Hayes (1980) avaient simplement évoqué le rôle des
contraintes imposées par l’empan limité de la mémoire à court terme dans la gestion
58 Production du langage
Toutefois, intégrer les modèles de production de textes dans le cadre plus large
d’un système cognitif de traitement de l’information suppose également de préciser
les modalités d’exécution et de déroulement des traitements rédactionnels. Il s’agit
alors moins de décrire les processus (en termes d’opérations constitutives, par
exemple) que d’expliciter les modalités de leur fonctionnement en termes de
traitement séquentiels, parallèles, etc. A ce titre, l’approche symbolique classique,
assortie d’une conception séquentielle des traitements, constitue encore aujourd’hui
la base essentielle de la plupart des modèles de production écrite. La pertinence
d’autres modes ou principes de traitements comme les traitements parallèles,
connexionnistes, modularistes mérite cependant d’être envisagée, notamment pour
rendre compte du fonctionnement de processus rédactionnels dits « de bas niveaux »
comme la planification graphomotrice ou l’accès lexical. Le modèle de de
Beaugrande (1984), dit « d’interaction d’étapes parallèles » (parallel-stage
interaction model), peut être considéré comme un bon exemple de tentative de
modélisation alternative. Il s’agit d’un modèle à plusieurs niveaux (multilevel
model) qui donne la priorité aux différentes représentations mentales pouvant être
manipulées durant la composition. Le principal intérêt de ce modèle est d’envisager
que les différents processus rédactionnels fonctionnent plus ou moins simultanément
et sont surtout interpénétrables. Ainsi, le résultat d’un traitement à un niveau peut
modifier l’état de représentations d’autres niveaux. Ce modèle implique que le
Modèles de la production verbale écrite 63
scripteur habile puisse avoir un accès flexible à une vaste classe de représentations
mentales de l’état du texte actuel et à venir, aux conditions portant sur les plans du
texte, ainsi qu’à une structure de contrôle sophistiquée pour coordonner les
opérations sur ces différentes étapes.
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