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Pourquoi • C'est un cours complet et synthétique
avec des aides pédagogiques différenciées.
vais-je • Il correspond à un enseignement dispensé
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• Il est à jour de l’actualité la plus récente.
“mémentos” ?
Natalie Fricero
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Procédures

Procédures civiles d'exécution


à jour des décrets
des 11 et 20 décembre 2019

civiles
réformant la procédure civile
Procédures civiles d'exécution
Les procédures civiles d’exécution, parfois dénommées voies d’exécution, regroupent l’ensemble
des moyens de droit dont dispose un créancier pour obtenir le paiement d’une dette que le débiteur
n’a pas acquittée spontanément.
Cet ouvrage présente l’essentiel des connaissances en matière d’exécution : il expose les moyens
d'exécution
de pression (astreinte ou contrainte judiciaire), les modes amiables de recouvrement, les mesures
conservatoires, et les mesures dites d’exécution, sur les biens du débiteur (saisies) ou sur sa 9e
personne (expulsion).
Cette nouvelle édition 2020 intègre les dispositions de la loi de programmation 2019-2022 et de
réforme pour la Justice ainsi que les décrets des 11 et 20 décembre réformant les procédures
civiles d'exécution.
Cours intégral Préparation
et synthétique au CRFPA
Natalie Fricero, est Professeur à l'Université Côte d'Azur, directrice de l'Institut d'études judiciaires et
membre du Conseil supérieur de la magistrature.
N. Fricero

Prix : 19,50 €
ISBN 978-2-297-07426-1
www.gualino.fr
Natalie Fricero
est Professeur à l'Université Côte d'Azur, directrice de l'Institut d'études judiciaires et membre
du Conseil supérieur de la magistrature.

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Du même auteur, chez le même éditeur
Collection « Carrés Rouge »
– L’essentiel de la Procédure civile, 16e éd. 2019-2020.
– L’essentiel des Institutions judiciaires, 11e éd. 2019-2020.
– L’essentiel des Procédures civiles d’exécution, 9e éd. 2019-2020.
Collection « Mémentos »
– Institutions judiciaires, 10e éd., à paraître 2020.
– Procédure civile, 16e éd. 2020.
– Procédures civiles d’exécution, 9e éd. 2020.

Suivez-nous sur www.gualino.fr

Contactez-nous gualino@lextenso.fr

© 2020, Gualino, Lextenso


1, Parvis de La Défense
92044 Paris La Défense Cedex
ISBN 978-2-297-07426-1
ISSN 2680-073X
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apprendRE UTile

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Natalie Fricero

Procédures à jour des décrets


des 11 et 20 décembre 2019

civiles
réformant la procédure civile

d'exécution
9e

Cours intégral Préparation


et synthétique au CRFPA
mémentos
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• C'est un cours complet et synthétique

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Amphi LMD Master
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Exos LMD Droit Expert
Méthodo LMD Droit en poche
Carrés Rouge Petit Lexique
Annales corrigées Hors collection
et commentées
Présentation

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Les procédures civiles d’exécution, anciennement dénommées voies d’exé-


cution, qui regroupent l’ensemble des moyens de droit dont dispose
un créancier pour obtenir le paiement d’une dette que le débiteur
n’a pas acquittée spontanément, présentent des intérêts majeurs. Le
législateur a dû procéder à de nombreuses réformes pour garantir un
système d’exécution forcée, simple, rapide, peu coûteux et performant. Il
devra envisager l’impact du numérique (aussi bien en redéfinissant les
biens saisissables, tels que les bitcoins, qu’en aménageant les saisies elles-
mêmes).
Il est certain que le développement de l’économie, du crédit, repose sur la
confiance des créanciers, qui suppose des modes efficaces et sécurisés de
recouvrement. Le droit à l’exécution des titres exécutoires est un droit
fondamental, protégé par la Convention européenne des droits de
l’Homme. La prise en compte des enjeux sociaux et humains est essentielle :
l’exécution forcée doit ménager les droits fondamentaux du débiteur et de
sa famille, lutter contre son exclusion, garantir son droit au logement,
protéger l’intérêt supérieur de ses enfants. Lorsque le créancier bénéficie
d’un jugement, l’État doit garantir l’exécution dans des délais raisonnables
du titre exécutoire : la crédibilité du système judiciaire en dépend, comme
l’attractivité du pays pour les investisseurs, aussi bien dans un cadre national
qu’à l’échelle internationale.
Toutes ces raisons démontrent que l’exécution fait l’objet de nombreuses
modifications législatives. L’article 96 de la loi du 9 juillet 1991 avait
annoncé un « Code des procédures civiles d’exécution » : ce code est entré
en vigueur le 1er juin 2012. Sa partie législative résulte de l’ordonnance
nº 2011-1895 du 19 décembre 2011, et sa partie réglementaire du décret
nº 2012-783 du 30 mai 2012. Ces dispositions ont été modifiées à de
nombreuses reprises depuis 2012, pour répondre aux besoins économiques
6 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

et sociaux. Néanmoins, toutes les dispositions relatives aux procédures


d’exécution ne sont pas contenues dans ce code : on en trouve, notam-
ment, dans le Code de la consommation, le Code de la construction et de
l’habitation...
Cet ouvrage présente l’essentiel des connaissances en matière d’exé-

international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:714558545:88882200:196.113.33.6:1589569629
cution, telles qu’elles ont été réécrites par le Code des procédures civiles
d’exécution : il expose les moyens de pression (comme l’astreinte ou la
contrainte judiciaire), les modes amiables de recouvrement, les
mesures conservatoires, et les mesures dites d’exécution, sur les
biens du débiteur (saisies) ou sur sa personne (expulsion). Il faut y
ajouter les phénomènes d’exécution automatique engendrée par la numéri-
sation et plus précisément par la blockchain.
Il est destiné aux étudiants en droit, pour réviser leurs examens du cursus
LMD, ainsi qu’aux candidats aux divers concours et examens qui compor-
tent cette matière (entrée à l’École nationale de la magistrature, accès aux
Écoles de Formation des avocats, accès à la profession de commissaire de
justice). Il est utile à tous les professionnels du droit qui souhaitent prendre
connaissance des dernières évolutions de la contrainte forcée (commissaires
de justice) et à tous ceux, débiteurs ou créanciers, qui désirent connaître
l’état du droit dans ce domaine.
Avertissement : la loi nº 2019-222 du 23 mars 2019 prévoit des modifica-
tions très importantes de l’organisation judiciaire et de la procédure civile
dont la plupart sont entrées en vigueur le 1er janvier 2020. Elle est intégrée
dans le présent ouvrage avec les décrets d’application déjà parus (dont les
décrets du 30 août 2019 sur la fusion des tribunaux judiciaires et les décrets
du 11 décembre 2019 et du 20 décembre 2019 sur la procédure devant le
tribunal judiciaire et le JEX). Les procédures civiles d’exécution ont fait
l’objet de plusieurs réformes entrées en vigueur le 1er janvier 2020 (saisie
des rémunérations) ou reportées au 1er juin 2020 (paiement des pensions
alimentaires).

Conseils de lecture
- BRENNER (Cl.), Procédures civiles d’exécution, 10e éd., 2019, Dalloz.
- CAYROL (N.), Droit de l’exécution, 3e éd., 2019, Précis Domat, LGDJ-Lextenso.
- FRICERO (N.), dir., Code de l’exécution, 5e éd., 2016, Éditions juridiques et techniques.
- GUINCHARD (S.) et MOUSSA (T.), Droit et pratique des voies d’exécution, 2018/2019, Dalloz
Action.
- HOONAKKER (Ph.), Procédures civiles d’exécution, 7e éd., 2018, Larcier, Manuel.
- PAYAN (G.), Fiches de procédures civiles d’exécution, 2016, Ellipses.
Plan de cours

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Présentation 5

PARTIE 1
La consécration d’un droit à l’exécution

Chapitre 1 Du droit de l’exécution au droit


à l’exécution 23

1 La reconnaissance européenne d’un droit à une exécution


effective 24
A - Le principe 24
B - Les obligations positives des États 26
C - Les limites 28
2 La consécration nationale d’un droit de contraindre
à l’exécution 29
A - L’évolution du dispositif législatif 29
B - Le caractère d’ordre public du dispositif législatif 32
3 L’européanisation de l’exécution forcée 32
4 La numérisation de l’exécution forcée 36

Chapitre 2 L’émergence d’un droit au recouvrement


amiable 39

1 Les moyens de pression 40


A - Le recours aux clauses contractuelles 40
B - L’astreinte 40
DE COURS 1) Les conditions 40
a) Le domaine 40
b) Le prononcé 41
c) Les deux catégories d’astreinte 42
2) La liquidation 42
a) La demande 42
b) Les pouvoirs du juge 43
c) Le versement de l’astreinte 44

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C - La contrainte judiciaire 44
1) Le domaine 44
2) Les limites 45
D - La sanction pénale de l’organisation frauduleuse
de son insolvabilité 46
1) La sanction du débiteur 46
PLAN

2) La sanction des complices 47


2 Les procédés de recouvrement amiable 48
A - Les conditions du recouvrement amiable 48
1) Les agents de recouvrement 48
2) La convention de recouvrement 49
3) Les opérations de recouvrement 49
4) L’obligation d’information 50
B - Les issues du recouvrement amiable 50
1) L’encaissement des sommes 50
2) En cas d’échec du recouvrement amiable 51
C - La procédure simplifiée de recouvrement amiable 51

PARTIE 2
Le cadre général de l’exécution forcée

Chapitre 3 Les acteurs 55

1 Le créancier saisissant 55
A - Le droit de poursuivre de tout créancier 55
B - Le libre choix des poursuites 56
1) La hiérarchie des poursuites 56
2) La nécessité de la mesure 58
3) Le caractère non abusif de la mesure 58
2 Le débiteur saisi 59
A - Tout débiteur 59
1) Le débiteur in bonis 59
2) Le débiteur en situation de surendettement 59
B - Les immunités d’exécution 61
3 Les tiers 62
DE COURS
Chapitre 4 Les organes de la procédure 63

1 Le juge de l’exécution 63
A - L’institution du JEX 63
B - La compétence du JEX 64
1) La compétence territoriale 64
2) La compétence d’attribution 66

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a) Contentieux relevant de la compétence des juridictions
judiciaires 66
b) Condition temporelle 66
c) Condition matérielle 67
d) Contenu de la compétence d’attribution 68
C - La procédure devant le JEX 70

PLAN
1) Les principes généraux 70
2) La procédure ordinaire 71
3) Les procédures particulières 75
a) La procédure sur requête 75
b) La procédure sur difficultés d’exécution 75
c) La procédure de contestation de l’expulsion 75
d) Le recours gracieux préalable 76
2 Le commissaire de justice 76
A - Un monopole de l’exécution 76
B - Une obligation de prêter son concours 77
C - Des pouvoirs et des devoirs 78
3 Le Ministère public 80

Chapitre 5 Les conditions de toute poursuite 81

1 La constatation de la créance dans un titre exécutoire 81


2 La prescription de l’exécution du titre exécutoire 84
A - Les titres exécutoires soumis à la prescription décennale 84
B - Les titres exécutoires soumis à une prescription dérogatoire 85
3 Les biens saisissables 86
A - Le principe général de saisissabilité 86
B - Les exceptions d’insaisissabilité 87
1) La nécessité de protéger des intérêts généraux 87
2) La nécessité de protéger les droits exclusivement attachés
à la personne du débiteur 87
3) La nécessité d’assurer la dignité du débiteur et son activité
professionnelle 87
4) La nécessité de sauvegarder le droit à la vie du débiteur
et de sa famille 88
a) Les créances de nature alimentaire 88
b) Les droits réels sur l’immeuble constituant la résidence
principale de l’entrepreneur individuel 89
c) L’entrepreneur individuel à responsabilité limitée 90
DE COURS 5) Le souci de respecter la volonté du testateur
ou du donateur 91
6) Les inaliénabilités et insaisissabilités spécifiques
aux procédures collectives 91
7) La saisissabilité contrôlée des biens d’un État étranger 92
4 Les exigences communes à toutes les opérations d’exécution 93
A - La charge des frais 93
B - Le moment des opérations 94

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C - L’entrée dans un local privé 95
1) Le respect des conditions légales par le commissaire de
justice 95
2) Le respect d’un délai d’attente de 8 jours 95
3) Les garanties d’entrée dans le local et d’ouverture
des meubles 95
PLAN

D - L’impossibilité d’assister aux opérations 96


E - Le concours de la force publique 96

PARTIE 3
Les processus d’exécution sur les meubles corporels

Chapitre 6 La saisie-vente 101

1 La saisie vente de droit commun 101


A - Une mesure d’exécution subsidiaire 101
1) Protection du local d’habitation 101
2) Biens saisissables 102
B - Un formalisme protecteur 102
1) La phase préalable : le commandement de payer 102
a) Contenu 102
b) Effets 103
2) Les opérations de saisie 103
a) Entre les mains du débiteur 103
b) Entre les mains d’un tiers 106
3) La vente 107
a) Vente amiable 107
b) Vente forcée 108
c) Conséquences de l’adjudication 109
C - Un règlement efficace des incidents 109
1) Les incidents émanant d’un créancier 109
a) Opposition 109
b) Saisie complémentaire 110
c) Subrogation dans les poursuites 110
d) Mainlevée 111
2) Les incidents affectant les biens saisis 111
a) La propriété des biens saisis 111
b) La saisissabilité des biens 112
3) Les incidents affectant le processus de saisie 112
DE COURS
2 Les saisies ventes spéciales 113
A - Les récoltes sur pied 113
B - Les biens placés dans un coffre-fort 113
C - Les véhicules terrestres à moteur 115
1) La saisie par déclaration auprès de l’autorité
administrative 115
2) La saisie par immobilisation du véhicule 116
a) La procédure 116

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b) Les effets de l’immobilisation 117
c) Les issues de l’immobilisation 117

Chapitre 7 La saisie-appréhension 119

1 La saisie-appréhension en vertu d’un titre exécutoire 119

PLAN
A - Entre les mains de la personne tenue de la remise 119
B - Entre les mains d’un tiers 120
2 La saisie-appréhension sur injonction du juge 121
3 Les modalités particulières d’appréhension 121

PARTIE 4
Les processus d’exécution sur les créances

Chapitre 8 La saisie-attribution 125

1 La saisie-attribution soumise aux dispositions générales 125


A - Les conditions 125
1) Les sujets 125
2) L’objet 126
B - La procédure 127
1) L’acte de saisie 127
2) La déclaration du tiers saisi 129
3) La dénonciation de la saisie au débiteur 130
4) Le paiement par le tiers saisi 131
C - Les contestations éventuelles 132
2 La saisie-attribution soumise à des dispositions particulières 133
A - La saisie-attribution des créances à exécution successive 133
B - La saisie-attribution des comptes ouverts auprès d’établissements
habilités 133
1) La régularisation des opérations de débit ou de crédit 135
2) Le cas du compte alimenté par les gains et salaires d’époux
communs en biens 136
3) La protection de certaines personnes et la mise à disposition
des sommes indispensables à la vie du débiteur 136
4) La protection des créances insaisissables 137
5) La sanction éventuelle du titulaire du compte 138
DE COURS Chapitre 9 La saisie des rémunérations 139

1 La spécificité du domaine 140


A - Proportion saisissable des rémunérations du travail 140
B - Augmentation des seuils 141
2 L’originalité de la procédure 142
A - Compétence 142

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B - La tentative obligatoire de conciliation 143
1) La requête 143
2) L’information et la convocation des parties 144
3) L’audience de conciliation 144
C - Les opérations de saisie 145
D - Les aménagements procéduraux 146
PLAN

1) La pluralité de créanciers 146


2) Les incidents 147
a) La notification à l’employeur d’un avis à tiers détenteur 147
b) La notification d’une demande de paiement direct
d’une créance alimentaire 148
c) La pluralité de rémunérations 148
d) La fin du lien de droit entre le débiteur et l’employeur
ou le changement d’employeur 148
e) Le changement de lieu où demeure le créancier
ou le débiteur 148
3) La cession des sommes dues à titre de rémunération 149

Chapitre 10 Les saisies attributives spéciales 151

1 Le versement par l’intermédiaire de l’organisme débiteur


des prestations familiales 152
A - Les conditions 153
B - Les modalités 155
2 Le paiement direct de la pension alimentaire 157
A - Le domaine 157
B - Les conditions 158
1) La procédure 158
a) Frais de la procédure 158
b) Modalités de la demande 158
c) Effets de la demande de paiement direct 159
2) Les incidents 160
3) La cessation de la procédure 160
3 Le recouvrement public des pensions alimentaires 161
A - Le domaine 161
B - La demande 161
C - La procédure 162
D - Les incidents 163
1) Les contestations 163
2) La cessation de la procédure 164
DE COURS
3) La libération directe entre les mains du créancier 164
4) Une nouvelle défaillance du débiteur 165
5) La responsabilité du créancier de mauvaise foi 165
4 Le dispositif social de recouvrement des pensions alimentaires 165

Chapitre 11 Les processus d’exécution sur les droits


incorporels (valeurs mobilières et droits
d’associés) 167

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1 Les opérations de saisie 167
2 Les opérations de vente 169

Chapitre 12 La distribution des deniers 171

PLAN
1 L’hypothèse d’un créancier unique 171
2 L’hypothèse d’une pluralité de créanciers 172
A - La procédure de répartition extrajudiciaire 172
B - La procédure de répartition judiciaire 173
C - Le paiement 173

PARTIE 5
Les processus d’exécution sur les immeubles

Chapitre 13 Les préalables 177

1 Les acteurs 177


A - Un créancier muni d’un titre exécutoire 177
B - Un saisi 178
1) Le débiteur propriétaire de l’immeuble saisi 178
2) Le tiers détenteur d’un immeuble affecté à la sûreté
de la créance 180
3) Procédure de purge 180
4) Le garant de la dette d’autrui 182
C - Le juge de l’exécution 182
2 Les créances 183
3 Les biens 183
A - Les immeubles saisissables 183
1) Le droit commun 184
2) Les modalités particulières 184
B - Les immeubles insaisissables 185
1) Les immeubles inaliénables et insaisissables par voie
de conséquence 185
2) Les immeubles insaisissables 185
DE COURS Chapitre 14 Le processus 187

1 Avant l’audience d’orientation 188


A - Le commandement de payer valant saisie 188
1) Contenu des mentions 189
2) Modalités du commandement en cas de saisie contre un tiers
détenteur 191

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B - La publication du commandement de payer valant saisie 192
1) Les modalités 192
a) Le délai de publication 192
b) Les formalités 193
2) Les effets 195
a) Effets conservatoires 195
b) Indisponibilité 195
PLAN

c) Restriction des droits du saisi 195


3) La cessation des effets du commandement (péremption) 196
C - Les actes préparatoires à la vente 197
1) Le procès-verbal de description des lieux 198
2) L’assignation à comparaître 199
a) L’assignation du débiteur 199
b) L’assignation des créanciers inscrits 200
c) Les mentions en marge de la copie du commandement
de payer valant saisie 201
3) Le dépôt au greffe du cahier des conditions de vente
et de l’état hypothécaire 201
4) La déclaration des créances 203
2 L’audience d’orientation 204
A - L’office du juge de l’exécution 204
1) Les contestations 208
2) Les demandes incidentes 208
a) Du débiteur 208
b) Des créanciers 210
c) De tout intéressé 210
B - Le jugement d’orientation 211
1) Le contenu et l’autorité de la chose jugée 211
2) La notification 212
3) Les voies de recours 212

Chapitre 15 Les issues 215

1 La vente amiable 215


A - L’initiative du débiteur saisi 215
B - Les pouvoirs du juge de l’exécution 216
C - L’audience de rappel de l’affaire pour constatation
de la vente 217
DE COURS
2 La vente forcée 218
A - Les publicités préalables 218
1) L’avis 218
2) L’avis simplifié 218
3) Les autres moyens de publicité 219
4) Les modalités aménagées de publicité 219
5) La sanction 219

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B - Les actes précédant l’adjudication 219
1) Les visites de l’immeuble saisi 219
2) Le règlement des contestations et demandes incidentes
postérieures à l’audience d’orientation 220
3) Le renvoi exceptionnel d’audience 220
4) La réquisition d’adjudication 220

PLAN
5) Le sort des frais de poursuite 221
C - Les enchères 221
1) La capacité d’enchérir 221
2) L’obligation préalable d’une caution bancaire ou d’un chèque
de banque 222
3) Le déroulement des enchères 223
4) L’annulation des enchères 224
5) L’absence d’enchères valides 224
D - L’adjudication 224
1) Le jugement d’adjudication 225
2) L’exécution du jugement d’adjudication 226
a) Le paiement du prix et des frais 226
b) La délivrance du titre de vente 227
c) La publication du titre de vente 227
3) Les conséquences de la vente forcée 228
a) Le transfert de propriété à l’adjudicataire 228
b) Les effets sur les inscriptions 229
c) L’expulsion du saisi 229
d) Le paiement provisionnel du créancier de 1er rang 229
E - La surenchère 230
1) Les modalités de la surenchère 230
2) La dénonciation de la surenchère 231
3) L’adjudication sur surenchère 231
4) Les conséquences de la surenchère 232
F - La réitération des enchères 232
1) Les modalités 232
2) La réitération de la vente 233
3) Les effets de la réitération 233
DE COURS Chapitre 16 La distribution du prix d’un immeuble 235

1 Dispositions générales 235


A - Les créanciers admis à la distribution 235
B - Le droit commun de la procédure de distribution 236
1) La diligence d’un créancier 236
2) L’objet de la distribution 236

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3) Les conséquences du retard dans la distribution 236
2 La distribution amiable 237
A - En présence d’un seul créancier 237
B - En présence de plusieurs créanciers 238
1) La demande d’actualisation des créances 238
2) Le projet de distribution 238
PLAN

a) La procédure en cas de contestation du projet 239


b) La procédure en l’absence de contestation du projet 239
3 La distribution judiciaire 240

Chapitre 17 L’expulsion 241

1 Les conditions de l’expulsion 242


A - Une décision de justice et un commandement de libérer
les lieux 242
1) Une décision exécutoire 242
2) La signification d’un commandement 242
B - Le moment de l’expulsion 243
1) Les délais propres à l’expulsion d’une habitation
principale 243
a) Le principe : le délai de 2 mois 243
b) Les aménagements du délai 244
2) Le sursi légal à l’exécution (la trêve hivernale) 245
2 Les opérations d’expulsion 246
A - Les contraintes procédurales 246
1) L’information du représentant de l’État 246
2) Le procès-verbal d’expulsion 247
B - La réalisation 247
1) L’expulsion des personnes 247
2) L’enlèvement des biens 248
a) Le sort des meubles se trouvant sur les lieux 248
b) Le sort des biens non retirés par le débiteur 249
c) Le sort des biens déjà saisis et indisponibles 249
3 La reprise des locaux abandonnés ou volontairement quittés 250
4 Les contestations 251
5 L’expulsion pour violences au sein du couple 251
DE COURS
PARTIE 6
Les procédures conservatoires

Chapitre 18 Les principes communs 255

1 Les conditions du recours à une mesure conservatoire 255

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A - La double condition d’une apparence de créance et d’un péril
dans le recouvrement 255
B - L’autorisation et le contrôle du juge 256
1) Les hypothèses d’autorisation 256
2) Le juge compétent 256
3) Le contrôle de la mesure 257

PLAN
4) La décision 257
2 Les conséquences communes 258
A - Les obligations de diligence du créancier 258
1) Engager une procédure au fond 258
2) Exécuter la mesure conservatoire 258
3) Signifier au tiers une copie des actes 258
B - Les contestations 259

Chapitre 19 Les règles particulières 261

1 Les saisies conservatoires 261


A - La saisie-conservatoire des biens meubles corporels 261
1) L’acte de saisie 261
2) L’information du débiteur 262
3) Les incidents 263
4) La conversion en saisie-vente 263
5) La vérification des biens saisis 263
6) Les issues de la procédure 264
7) Le cas d’une pluralité de saisies 264
a) L’information des créanciers 264
b) Les propositions de vente amiable 264
c) L’enlèvement des biens en vue de la vente forcée 265
B - La saisie-conservatoire des créances 265
1) Les opérations de saisie 265
2) La conversion en saisie-attribution 267
C - La saisie-conservatoire des droits d’associé et des valeurs
mobilières 268
1) La signification d’un acte de saisie 268
2) La dénonciation au débiteur 269
3) La conversion en saisie-vente 269
2 Les sûretés judiciaires 270
A - La publicité provisoire 270
1) L’inscription provisoire d’hypothèque 270
DE COURS 2) L’inscription provisoire de nantissement sur un fonds
de commerce 270
3) Le nantissement des parts sociales 271
4) Le nantissement des valeurs mobilières 271
B - Les conséquences communes à toutes les publicités
provisoires 271
1) L’information du débiteur 271
2) La limitation de la durée des effets 271

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3) La possibilité de limiter les effets de la sûreté provisoire
par cantonnement 272
4) La mainlevée de la publicité provisoire 272
C - La publicité définitive 272
1) La diversité des modalités de la publicité définitive 272
2) Le délai d’accomplissement de la publicité définitive 273
PLAN

3) Situations particulières 273


3 Les mesures conservatoires en matière de procédures
collectives 274

Index 277
Liste des principales abréviations

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Act. proc. coll. Actualité des procédures collectives
Bull. Bulletin des arrêts des Chambres civiles de la Cour de cassation
BICC Bulletin d’information de la Cour de cassation
Cass. ass. plén. Arrêt de la Cour de cassation statuant en Assemblée plénière
Cass. ch. mixte Arrêt de la Cour de cassation statuant en Chambre mixte
chron. Chronique
C. civ. Code civil
C. com. Code de commerce
C. consom. Code de la consommation
CJA Code de justice administrative
CEDH Cour européenne des droits de l’homme
CESDH Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme
et des libertés fondamentales
CGI Code général des impôts
CJUE Cour de justice de l’Union européenne
C. dom. État Code du domaine de l’État
COJ Code de l’organisation judiciaire
CPC Code de procédure civile
CPC exéc. Code des procédures civiles d’exécution
C. pén. Code pénal
CPP Code de procédure pénale
CSS Code de la sécurité sociale
C. trav. Code du travail
CE Conseil d’État
ChP Chambre de proximité
Cons. const. Conseil constitutionnel
D. Recueil Dalloz
D. Décret
Doc. fr. Documentation française
Dr. et procéd. Revue Droit et procédures
Gaz. Pal. La Gazette du Palais
JCP G La semaine juridique, édition générale
JCP Juge des contentieux de la protection
JEX Juge de l’exécution
JOAN Journal officiel Assemblée nationale
JOUE Journal officiel de l’Union européenne
LPA Les Petites Affiches
Rapp. Rapport
RD pén. crim. Revue de droit pénal et de criminologie
Rev. huissiers Revue des commissaires de justice
RGDP Revue générale des procédures
TEE Titre exécutoire européen
TFUE Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne
TJ Tribunal judiciaire
TP Tribunal de proximité
TUE Traité instituant l’Union européenne
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PARTIE 1

La consécration
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d’un droit
à l’exécution
Chapitre 1 Du droit de l’exécution au droit à l’exécution. . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Chapitre 2 L’émergence d’un droit au recouvrement amiable. . . . . . . . . . . . . 39

La matière des procédures civiles d’exécution, aussi intitulée traditionnellement


« voies d’exécution », regroupe l’ensemble des procédés légaux coercitifs auxquels
un créancier peut avoir recours pour obtenir l’exécution de son obligation par le
débiteur. Ce dernier a pu s’engager à une obligation de faire, à payer une
somme d’argent, à livrer un bien, et, s’il ne s’est pas exécuté spontanément, le
créancier doit disposer de voies de droit pour obtenir satisfaction. La grande diver-
sité des situations des créanciers conduit à l’hétérogénéité des processus d’exécu-
tion. Si le créancier dispose d’une convention sous-seing privé, il pourra recourir à
des procédés de recouvrement amiable, ou solliciter du juge l’inscription d’une
mesure conservatoire sur un bien du débiteur. Si le créancier est titulaire d’un
titre exécutoire (décision de justice ou accord amiable homologué par un juge,
par exemple), l’État doit lui garantir des procédures efficaces, simples et rapides
d’exécution : parce que le juge exerce au nom du peuple français une parcelle de
puissance publique, parce que le droit d’obtenir l’exécution d’un jugement fait
partie des droits de l’homme, un État de droit ne peut tolérer que les titres exécu-
toires ne permettent pas à leur titulaire d’obtenir effectivement les condamnations
qu’il contient. Les mesures d’exécution prévues prennent généralement la forme
de saisies, dont les modalités sont adaptées à la nature de chaque bien qui en est
22 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

l’objet (on ne saisit pas de la même manière un compte en banque et un véhicule


terrestre à moteur), et à la finalité recherchée par le créancier (obtenir un paie-
ment, ou appréhender un bien). Plus rarement, la mesure d’exécution peut
affecter le débiteur lui-même (v. l’expulsion).
D’un point de vue terminologique, les termes « voies d’exécution » ont été aban-

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donnés par la réforme opérée par la loi du 9 juillet 1991, au profit de ceux de
« procédures civiles d’exécution ». En effet, toute mesure d’exécution se réalise
selon une « procédure », conçue comme un ensemble d’actes organisés selon une
chronologie et un formalisme protecteurs des intérêts légitimes de chaque partie,
visant à maintenir une certaine égalité de traitement entre créancier et débiteur et
à garantir leurs libertés individuelles. Même si la matière est très largement déjudi-
ciarisée, le juge de l’exécution intervient pour trancher les incidents et juger les
contestations soulevées par le débiteur, ou aménager le processus d’exécution. La
loi de 1991 comme le Code des procédures civiles d’exécution se sont logiquement
limités aux procédures « civiles » : d’autres dispositions sont applicables lorsque la
contrainte s’exerce en matière pénale ou contre une personne publique. Le terme
d’exécution englobe aussi des procédés simplement conservatoires, des préludes à
une future exécution forcée et intéresse également les mesures permettant le
« rebond » du débiteur.
Pour ce Mémentos, les termes de « procédures civiles d’exécution » seront
conservés, même si ceux de « droit de l’exécution » paraissent plus appropriés.
La matière des procédures civiles d’exécution a acquis son autonomie et est consa-
crée par l’existence d’un Code spécifique1, mêle si l’on trouve de nombreuses
règles particulières dans d’autres codes. Les voies d’exécution mettent en œuvre
un véritable droit de l’Homme : le droit à l’exécution des titres exécutoires,
consacré en Europe aussi bien dans le cadre de la Convention européenne des
droits de l’Homme que dans l’Union européenne2.

——
1. Lachkar D., « Vingt ans après... », Dr. et procéd. 2012, p. 170. « Les vingt ans de la réforme des
procédures civiles d’exécution, ses acquis, ses défis », EJT, 2012 – Lauvergnat L., « Le Code des procé-
dures civiles d’exécution : un code à décoder », Procédures 2012, alerte 18.
2. Payan G., Droit européen, de l’exécution en matière civile et commerciale, 2012, thèse, Bruylant.
CHAPITRE 1
Du droit de l’exécution
au droit à l’exécution

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Le terme exécuter vient du latin exsequor, qui signifie suivre jusqu’au bout, poursuivre. La
notion juridique, d’exécution n’est pas aisée à définir1 parce qu’elle intéresse aussi bien la
procédure que le droit des obligations : ainsi, le paiement est l’exécution d’une obliga-
tion conventionnelle qui doit être distingué de l’exécution du jugement. Dans le paie-
ment, il s’agit de réaliser un droit substantiel né d’une convention ; dans l’exécution du
jugement, il s’agit d’un procédé judiciaire de mise en œuvre d’une obligation judiciaire. La
Recommandation Rec(2003)17 du 9 septembre 2009 du Conseil de l’Europe précise
qu’exécuter signifie « donner effet à des décisions de justice ainsi qu’à d’autres titres exécu-
toires, qu’ils soient judiciaires ou non judiciaires, conformément à la loi qui oblige le débi-
teur à faire, à s’abstenir de faire ou à payer ce qui a été décidé ».
S’agissant de l’exécution des jugements et autres titres exécutoires, plusieurs types
d’exécution peuvent être distingués : l’exécution volontaire et l’exécution forcée. L’exé-
cution volontaire est le fait de se conformer délibérément et sans contrainte aux dispo-
sitions d’un jugement (ou d’une convention).
L’exécution forcée est imposée au débiteur sur sa personne ou sur ses biens par un
commissaire de justice (ancien « huissier de justice »), officier public et ministériel
compétent et au besoin, avec l’aide de la force armée, en respectant les formalités pres-
crites par la loi.
C’est certainement sous l’influence du droit de la Convention européenne des droits de
l’homme, et sous la pression des condamnations de la Cour européenne de Strasbourg,
que le droit de l’exécution français a considérablement renforcé la protection des inté-
rêts du créancier, pour lui reconnaître un véritable droit à l’exécution. Le droit de
l’Union européenne confirme cette consécration dans les instruments organisant une
exécution forcée transfrontalière.

——
1. Payan G., Pour un droit européen de l’exécution en matière civile et commerciale, 2008, thèse,
Toulon – Baker-Chiss C., Contribution à l’étude de l’exécution des jugements civils dans les rapports
internes et internationaux de droit privé, 2008, thèse, Paris I.
24 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

1• LA RECONNAISSANCE EUROPÉENNE D’UN DROIT


À UNE EXÉCUTION EFFECTIVE

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A - Le principe
Dans l’arrêt Horsnby contre Grèce du 19 mars 1997, la Cour européenne des droits de
l’homme a décidé que le droit à une exécution effective et dans un délai raisonnable des
décisions de justice fait partie intégrante du procès équitable prévu par l’article 6 § 1 de
la Convention européenne. Ce droit à l’exécution concerne la totalité des jugements
rendus par toutes les juridictions étatiques, juridictions administratives, juridictions judi-
ciaires, qu’elles soient de droit commun d’exception, quel que soit leur degré. La Cour
européenne l’a étendu aux procédures judiciaires d’exécution des titres exécutoires qui
n’ont pas la nature de jugements. Ainsi, le droit à l’exécution a été attaché à une procé-
dure d’exécution d’un acte notarié qui constatait un prêt hypothécaire2 ou encore à une
procédure permettant de mettre en œuvre un acte de conciliation3, ou enfin à l’exécu-
tion d’une sentence arbitrale revêtue de la force exécutoire et considérée comme l’équi-
valent d’un jugement4. En conséquence, un titre exécutoire ouvre un droit à l’exécution
même s’il ne s’agit pas d’une décision de justice, mais d’un titre extrajudiciaire, rendu
exécutoire par la loi, à condition que le processus d’exécution se déroule devant un
juge étatique (à défaut, on ne saurait relier l’exécution au procès équitable). On peut
penser que le droit européen à l’exécution s’étend à la transaction homologuée par le
juge (CPC, art. 1567) ou encore à l’accord homologué par le juge, soit à l’issue d’une
conciliation ou d’une médiation conventionnelle (CPC, art. 1565), soit après une média-
tion judiciaire (CPC, art. 131-125). Tous ces actes constituent des titres exécutoires au
sens de l’article L. 111-3 du Code des procédures civiles d’exécution, et ils font l’objet
d’un contrôle du juge étatique, qui porte sur la nature du titre (légalité externe) et sur
sa conformité à l’ordre public. Une transaction homologuée par le juge peut d’ailleurs
circuler librement dans l’Union européenne6, comme un acte contresigné par avocat de
divorce par consentement mutuel enregistré au rang des minutes d’un notaire7 (mais les
obligations alimentaires contenues dans l’acte sont exclues du champ d’application du
règlement Bruxelles II ter, pour rester soumises au Règlement 9/2004 du 18 déc. 2008).
Dans l’Union européenne, la reconnaissance et l’exécution (non étudiées dans ce
Mémentos LMD) des titres exécutoires et des transactions judiciaires relèvent des règle-
ments applicables, qui consacrent une libre circulation en supprimant l’exéquatur et en
permettant des mesures d’adaptation lorsqu’une décision exécutoire comprend une

——
2. 21 avril 1998, Estima Jorge c/Portugal : D. 1998, somm. p. 369, obs. Fricero – Le droit à l’exécution et
le droit de la notification et de la signification dans la jurisprudence européenne, Fricero N. et Payan
G., UIHJPublishing, 2014.
3. 26 sept. 1996, Di Pede contre Italie : D. 1997, somm. p. 209, obs. Fricero.
4. 3 avril 2008, nº 773/03, Regent Company c. Ukraine.
5. Le juge qui a prescrit la médiation peut homologuer l’accord à la demande des parties.
6. V. not., Règlement (UE) 1215/2012, 12 déc. 2012, abrogeant le règlement 44/2001, art. 59.
7. Règlement (UE) 2019/1111, du Conseil du 25 juin 2019 relatif à la compétence, la reconnaissance et
l’exécution des décisions en matière matrimoniale et en matière de responsabilité parentale, ainsi qu’à
l’enlèvement international d’enfants, dit Bruxelles II ter, applicable au 1er août 2022.
CHAPITRE 1 – Du droit de l’exécution au droit à l’exécution 25

mesure ou une injonction inconnue du droit de l’État membre requis (Règlement (UE)
1215/2012, art. 54). La mesure d’adaptation ne sera pas nécessairement faite par un
juge (par exemple, par un commissaire de justice, dans l’hypothèse où ce dernier consi-
dère que l’adaptation en cause ne constitue pas une difficulté d’exécution ; le JEX peut
être saisi d’une contestation de cette adaptation).

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Les fondements de ce nouveau droit de l’homme sont liés à l’application horizontale et
verticale de la Convention européenne. Lorsque le jugement condamne l’État, ou un
organisme contrôlé par l’État, l’obligation d’exécuter effectivement dans un délai raison-
nable la décision de justice est fondée sur le fait que si l’État débiteur ne s’exécute pas, il
commet une ingérence active dans le droit au procès équitable du justiciable. On pour-
rait même considérer qu’en niant la condamnation judiciaire, l’État porte atteinte à
l’indépendance des juges (la Cour européenne considère que le pouvoir exécutif ne
peut pas remettre en cause l’autorité d’une décision de justice ; il en va de même pour
le pouvoir législatif). Lorsque le jugement condamne un particulier au profit d’un autre
particulier, le fondement du droit à l’exécution repose alors sur la théorie de l’ingérence
passive de l’État. Si les autorités publiques ne sont pas responsables de l’inexécution
d’un paiement ou de l’insolvabilité du perdant, l’État engage sa responsabilité euro-
péenne si, à cause d’un système législatif d’exécution défaillant, le perdant n’exécute
pas. L’État a donc l’obligation positive de mettre à la disposition des gagnants des instru-
ments d’exécution performants, permettant d’assurer l’exécution effective du jugement,
même si la décision concerne deux personnes privées : dans l’affaire C.M. contre
Belgique8, la Cour rappelle qu’il appartient à l’État de se doter d’un arsenal juridique
adéquat et suffisant.
Les sanctions des États par la Cour européenne se sont multipliées et diversifiées. Le plus
souvent, la Cour déclare la violation du procès équitable fondée sur l’article 6 § 1 de la
Convention, après avoir constaté, soit le délai non raisonnable de la procédure d’exécu-
tion, soit la méconnaissance définitive de l’effectivité du droit à l’exécution. Mais la Cour
se fonde également sur l’article 1er du Protocole nº 1 : lorsqu’un droit de créance est judi-
ciairement constaté, la Cour l’assimile à un bien protégé par l’article 1er et déclare la
violation du droit au respect des biens, ce qui peut entraîner une double condamnation
de l’État9. En outre, tous les droits garantis par la Convention peuvent faire l’objet d’un
jugement : dès lors, l’inexécution d’une décision porte atteinte au droit consacré par
cette décision. La Cour européenne a ainsi condamné la Roumanie dans l’affaire
Frasila et Ciocirlan du 10 mai 2012 (nº 25329/03), pour atteinte à l’article 10 de la
Convention : dans le cadre d’un conflit entre des journalistes et les sociétés de produc-
tion et de diffusion qui les employaient, une décision avait été rendue en référé qui avait
ordonné aux employeurs de laisser les journalistes pénétrer dans les locaux pour conti-
nuer à exercer leur activité. En dépit des tentatives répétées des commissaires de justice,
la décision ne peut jamais être mise à exécution, ce qui avait entraîné une violation de la
liberté d’expression. La Cour de Strasbourg a également sanctionné l’inexécution des
jugements, sur le fondement de l’article 8 de la CESDH, lorsque le jugement tranche

——
8. CEDH, 2e sect., 13 mars 2018, no 67957/12.
9. 7 mai 2002, Bourdov c/ Russie : Dr. et procéd. 2002, p. 290, obs. Fricero – 9 juill. 1997, Akkus
c/ Turquie : D. 1997, somm. p. 363, obs. Fricero, à propos du paiement tardif d’une indemnité
d’expropriation fixée par une décision de justice définitive – 26 juin 2012, nº 11472/04, Hristova et a.
c. Bulgarie.
26 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

une question relative au droit au respect de la vie privée et familiale10. Les condamna-
tions sont également fondées sur le principe de sécurité juridique qui sous-tend toute
la Convention européenne11 ou sur le principe de prééminence du droit12.

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B - Les obligations positives des États
D’abord, la Cour européenne les rend responsables des agents d’exécution, surtout
lorsque ces derniers se voient conférer un monopole dans l’exécution (pour les obliga-
tions positives dans le cadre des significations des actes de procédure13). Dans un arrêt
PM contre Italie du 11 janvier 200114, la Cour condamne l’État en constatant le retard
dans l’exécution et l’absence de toute justification quant à l’omission du commissaire
de justice de se prévaloir du concours de la force publique alors que celle-ci avait été
autorisée par la préfecture. Dans l’affaire Platakou contre Grèce du 11 janvier 200115,
la Cour décide qu’elle ne saurait admettre que le commissaire de justice n’agit pas,
dans l’exercice de ses fonctions, en tant qu’organe public de l’État. Dans l’arrêt Pini et
autres contre Roumanie du 22 juin 200416, la Cour déclare que l’État doit prendre
toutes mesures afin qu’ils puissent mener à bien la tâche dont ils ont été investis et que
les commissaires de justice œuvrent dans l’intérêt d’une bonne administration de la
justice, ce qui fait d’eux un élément essentiel de l’État de droit : le fait que le commissaire
de justice ait été séquestré alors qu’il tentait une exécution forcée en nature, sans
obtenir le secours de la force publique, est incompatible avec sa qualité de dépositaire
de la force publique en matière d’exécution. L’État assume aussi la responsabilité des
fautes commises par les agents d’exécution auquel il confie le monopole de l’exécution
des titres exécutoires17, notamment, en cas de retard excessif ou de manque de dili-
gence. Dans l’arrêt P.M. contre Italie du 11 janvier 200118, « pour des raisons qui
demeurent inexpliquées », l’agent d’exécution ne s’est pas rendu chez le locataire afin
de procéder à une expulsion, alors que la préfecture avait octroyé le concours de la

——
10. Par exemple, concernant l’inexécution d’une décision accordant à la requérante le droit de garde et
l’autorité parentale exclusive de son enfant, CEDH, 29 avril 2003, Iglesias Gil et A.U.I. contre Espagne,
req. nº 56673/00. L’article 8 de la CESDH commande aux États membres, non seulement de s’abstenir
de « toutes ingérences arbitraires », et leur impose également des « obligations positives inhérentes à
un "respect" effectif de la vie familiale », CEDH, 27 juin 2000, Nuutinen contre Finlande, req.
nº 32842/96, § 127. La Cour européenne recherche si les autorités nationales ont pris « toutes les
mesures nécessaires que l’on pouvait raisonnablement exiger d’elles » et, surtout, les mesures néces-
saires pour faciliter l’exécution d’un titre exécutoire, CEDH, 25 janv. 2000, Ignaccolo-Zenide contre
Roumanie, § 96.
11. 5 oct. 2017, 1re sect., no 32269/09, Mazzeo c/Italie.
12. 26 juin 2012, Decheva et autres c/Bulgarie, req. nº 43071/06, § 57 – 2 avril 2015, Solomun c/Croatie,
req. nº 679/11, § 62.
13. 31 mai 2007, Miholapa c/Lettonie – 10 mai 2007, Gospodinov c/Bulgarie.
14. Dr. et procéd. 2001, p. 170, note Marguénaud.
15. Dr. et procéd. 2001, p. 233, note Marguénaud.
16. Dr. et procéd. 2005, no 5 ; Dr. et procéd. internationales, p. 12 et obs. Fricero.
17. Kemelmajer de Carlucci A., « L’huissier de justice devant la Cour européenne des Droits de l’Homme à
l’entrée du nouveau millénaire », in Liber Amicorum Jacques Isnard, EJT, 2009, p. 219 – C. Hugon,
« La Cour européenne des droits de l’homme et les Huissiers de justice », Dr. et procéd., novembre-
décembre 2002, p. 340.
18. CEDH, 11 janv. 2001, P.M. contre Italie, req. nº 24650/94 : Dr. et procéd., mai 2001, nº 3, p. 170, obs.
Marguenaud.
CHAPITRE 1 – Du droit de l’exécution au droit à l’exécution 27

force publique, ce qui a contribué à retarder le moment où la requérante a pu récupérer


son appartement. Dans l’arrêt Timofeyev contre Russie du 23 octobre 2003, la Cour
européenne affirme qu’il n’appartient pas au requérant de « supporter les carences de
l’État » tenant notamment aux mesures illégales de l’agent d’exécution19. Dans l’arrêt
Schrepler contre Roumanie du 15 mars 2007, la Cour européenne insiste sur « l’obliga-

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tion de diligence qui incombe à l’organe d’exécution pour ne pas favoriser les débiteurs
dans l’organisation de leur insolvabilité »20.
Les États membres du Conseil de l’Europe sont donc responsables de la défaillance et du
manque de diligence des commissaires de justice, quel que soit leur statut21, dans la
mesure où ils agissent en tant qu’« organes publics de l’État » (CEDH, Platakou contre
Grèce22, CEDH, Tsironis contre Grèce23 à propos de l’exercice de la mission de
signification24 des commissaires de justice). Si l’agent d’exécution n’est pas diligent,
c’est l’État qui est responsable du délai non raisonnable d’exécution25.
Ensuite, l’État doit organiser des procédures d’exécution performantes, pour ce qui
concerne les jugements définitifs et obligatoires qui statuent sur un droit ou une obliga-
tion à caractère civil. Dans l’affaire Ouzounis contre Grèce du 18 avril 200226, la Cour a
précisé qu’une décision n’est pas définitive si elle est encore susceptible d’un appel
suspensif de l’exécution (la réforme opérée par le décret nº 2019-1333 du 11 déc.
2019 instaure l’exécution provisoire de droit de tous les jugements pour les instances
introduites à partir du 1er janvier 2020 ; CPC, art. 514, ce qui implique que ni le délai
d’appel ni l’instance d’appel ne suspendront l’exécution, sauf dans les exceptions
prévues). Le justiciable ne bénéficie d’un droit à l’exécution que si le jugement entre
dans le champ de l’article 6 § 1, c’est-à-dire décide sur un droit ou une obligation à
caractère civil. La Cour européenne a adopté une conception extensive du domaine de
l’article 6 § 1 en jugeant que certaines garanties du procès équitable s’appliquent aussi
bien aux jugements définitifs qu’aux décisions qui prescrivent une mesure provisoire, dès
lors que cette mesure est déterminante pour le droit civil, et que la garantie ne remet pas

——
19. CEDH, 23 oct. 2003, Timofeyev contre Russie, § 42 : JCP G 2004, I 107, comm. nº 8, obs. Sudre.
20. CEDH, 15 mars 2007, Schrepler contre Roumanie, req. nº 22626/02, § 32.
21. Agent d’exécution libéral ou fonctionnaire public – 23 oct. 2003, nº 58263/00, Timofeyev c. Russie.
22. CEDH, 11 janv. 2001, Platakou contre Grèce, req. nº 38460/97 : Dr. et procéd., juillet 2001, nº 4, p. 233,
obs. Marguenaud. En l’espèce, la requérante n’avait pas pu exercer un recours en raison d’une erreur
commise dans la signification. « puisque la législation interne confie la signification des actes de justice
aux commissaires de justice, le respect des modalités de telles significations relève principalement de la
responsabilité des huissiers. La Cour ne saurait admettre que ces derniers n’agissent pas, dans l’exercice
de leurs fonctions, en tant qu’organes publics de l’État » (Platakou contre Grèce, § 39) ; 10 avril 2014,
nº 5238/10, Terebus c. Portugal, pour le manque de diligence du commissaire de justice.
23. CEDH, 6 déc. 2001, Tsironis contre Grèce, req. nº 44584/98 : Dr. et procéd., mars-avril 2002, nº 2,
p. 92, obs. Fricero.
24. V. également, à propos d’une signification internationale : CEDH, 19 mai 2005, Kaufmann contre
Italie, § 39, req. nº 14021/02 : Dr. et procéd. internationales, Cahier semestriel de Dr. et procéd.,
sept.-oct. 2005, p. 12, obs. Fricero.
25. CEDH, 14 sept. 2017, Bozza c/Italie, req. nº 17739/09.
26. D. 2002, somm. 2572, obs. Fricero.
28 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

en cause la réalisation des objectifs poursuivis27. En cas d’inexécution avérée, l’État doit
prévoir un recours interne effectif permettant de réparer le préjudice subi par le bénéfi-
ciaire du titre exécutoire28.
Dans le cadre du Conseil de l’Europe, la Recommandation Rec(2003)17 du 9 septembre
2003 en matière d’exécution des décisions de justice rappelle les critères d’une procé-

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dure d’exécution aussi effective et efficace que possible et insiste sur l’importance des
agents d’exécution. Des lignes directrices pour une meilleure mise en œuvre de la
recommandation existante du Conseil de l’Europe sur l’exécution ont été adoptées par
la Commission européenne pour l’efficacité de la Justice (CEPEJ) les 9 et 10 décembre
2009. L’Union internationale des huissiers de justice a élaboré un code mondial de l’exé-
cution, qui définit les standards universellement partagés d’exécution forcée (v. le site :
https://www.uihj.com).
Enfin, lorsque l’État juridictionnalise les procédures d’exécution, en instaurant un
contrôle opéré par un juge spécialisé, l’article 6 § 1 de la Convention européenne
s’applique à la procédure utilisée devant ce juge29. En tout état de cause, l’inexécution
récurrente des jugements par l’Administration peut donner lieu à un arrêt pilote de la
Cour européenne, exigeant de l’État des réformes générales du système d’exécution30.
Dans l’arrêt du 12 octobre 2017 (Grande chambre, nº 46852/13 et s., aff. Burmych et
autres contre Ukraine), la Cour européenne a décidé, après un arrêt pilote non suivi
d’une exécution effective des décisions internes par l’État concerné, de rayer du rôle
toutes les affaires pendantes (plus de 12 000 !) et de les transmettre au Comité des
ministres avec toutes celles qui lui seraient soumises...

C - Les limites
Le droit à l’exécution n’est pas absolu. La Cour européenne admet que des circonstances
exceptionnelles, fondées sur la protection de l’intérêt général, de l’ordre social, ou celle
d’autres droits fondamentaux, peuvent justifier un retard dans l’exécution des jugements.
On retrouve de nombreux exemples de ces causes justificatives d’inexécution à propos des
décisions d’expulsion de locataires : des mesures telles que l’octroi de délai judiciaire d’exé-
cution ou des mesures de relogement, peuvent légitimer des retards dans l’exécution. Mais
la Cour opère toujours un contrôle strict de proportionnalité et vérifie qu’un juste équilibre
est ménagé entre le droit du requérant propriétaire de l’immeuble et le but légitime pour-
suivi. Dans trois arrêts du 11 janvier 2001 (PM c/d’Italie, Lunari et Tanganelli c/Italie), la
Cour considère que plus de neuf ans pour exécuter une décision d’expulsion de locataires

——
27. 15 oct. 2009, nº 17056/06, Micallef c/Malte ; auparavant, l’art. 6 ne s’appliquait pas ; 28 juin 2001,
Maillard Bous c/Portugal : D. 2001, somm. 686, obs. Fricero. C’est aussi le cas dans l’Union euro-
péenne, les décisions judiciaires autorisant une mesure conservatoire étant exécutoires dans tous les
États : CJCE, 21 mai 1980, nº C-125/79, Bernard Denilauler c. SNC Couchet Frères – CJCE, nº C-
391/95, Van Uden Maritime BV.
28. Gde ch., 17 avr. 2012, nº 5734/08, Ilyushkin et a. c. Russie – 16 juill. 2013, nº 29385/03, Gagliardi c.
Italie.
29. CEDH, 26 sept. 1996, Di Pede c/Italie : D. 1997, somm. p. 109, obs. Fricero : la procédure devant le
juge d’instance pour fixer les modalités d’exécution était toujours pendante, alors que 18 ans s’étaient
écoulés depuis la demande en justice.
30. 15 oct. 2009, nº 40450/04, Yuriy Nikolayevitch Ivanov c. Ukraine – 1er juill. 2014, nº 29920/05, Gera-
simov c. Russie.
CHAPITRE 1 – Du droit de l’exécution au droit à l’exécution 29

constitue une méconnaissance du droit au respect des biens ou encore qu’une durée
d’exécution de plus de quatre ans méconnaît le droit à un tribunal garanti par l’article 6 § 1.
En tout état de cause, la Cour n’admet jamais que la situation catastrophique des finances
publiques puisse justifier un retard excessif dans l’exécution d’un jugement31. Parfois, ce
sont les risques de troubles à l’ordre public qui justifient la non-exécution d’une

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décision32. Dans l’Union européenne, la contrariété d’un jugement à l’ordre public substan-
tiel ou procédural empêche la reconnaissance et l’exécution dans un État requis33.
Dans d’autres situations, la Cour européenne confère même un droit à la non-exécution
d’une décision, lorsque cette exécution risque d’entraîner la violation d’un autre droit de
l’homme : par exemple, l’État ne peut pas procéder à l’expulsion d’un étranger si ce
dernier risque de subir dans le pays d’accueil un traitement inhumain et dégradant34.

2• LA CONSÉCRATION NATIONALE D’UN DROIT


DE CONTRAINDRE À L’EXÉCUTION

A - L’évolution du dispositif législatif


En posant en principe que tout créancier peut, dans les conditions prévues par la loi,
contraindre le débiteur défaillant à exécuter ses obligations à son égard, l’article L. 111-1
du Code des procédures civiles d’exécution confère un domaine très étendu au droit à
l’exécution. Selon l’article L. 111-2 du Code des procédures civiles d’exécution, le créancier
muni d’un titre exécutoire constatant une créance liquide et exigible peut en poursuivre
l’exécution forcée sur les biens de son débiteur dans les conditions propres à chaque
mesure d’exécution : la liste des titres exécutoires donnée par l’article L. 111-3 du Code
des procédures civiles d’exécution démontre que le droit à l’exécution n’est pas limité au
jugement (contrairement au droit à l’exécution européen ; par ex. l’acte de divorce par
consentement mutuel contresigné par avocats déposé au rang des minutes d’un notaire
est un titre exécutoire).
Le droit des procédures d’exécution est primordial pour le créancier, ainsi que pour le
crédit en général (le crédit repose sur la confiance, laquelle suppose des mécanismes
de recouvrement efficaces). Initialement, les voies d’exécution étaient réglementées par
les articles 517 à 779 du Code de procédure civile de 1806, modifiés de manière frag-
mentaire. La grande réforme date de la loi no 91-650 du 9 juillet 1991, et du décret
no 92-755 du 31 juillet 1992, modifiés de nombreuses fois. La saisie immobilière a été
réformée dans son ensemble par l’ordonnance no 2006-461 du 21 avril 2006 et le
décret no 2006-936 du 27 juillet 2006 (mod. D. 23 déc. 2006). Toutes ces dispositions
sont intégrées dans un Code des procédures civiles de l’exécution, annoncé par

——
31. 7 mai 2002, no 59498/00, Burdov c/Russie.
32. 11 juill. 2013, nº 63684/09, Sofiran et BDA c. France, pour le refus de l’octroi de la force publique
pour expulser des salariés grévistes occupant des locaux commerciaux.
33. CJCE, 28 mars 2000, nº C-7/98, Dieter Krombach c. André Bamberski – Fricero N., L’essentiel de
l’espace judiciaire européen, Gualino éditeur.
34. 6 juin 2013, nº 50094/10, ME c. France.
30 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

l’article 96 de la loi du 9 juillet 1991, dont la partie législative a été adoptée par l’ordon-
nance nº 2011-1895 du 19 déc. 2011 ratifiée par la loi du 16 février 2015, et la partie
réglementaire par le décret nº 2012-783 du 30 mai 2012, avec « les modifications...
rendues nécessaires pour assurer le respect de la hiérarchie des normes et la cohérence
rédactionnelle des textes ainsi rassemblés, harmoniser l’état du droit, notamment en

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matière de prescription, remédier aux éventuelles erreurs et abroger les dispositions
devenues sans objet ».
Plusieurs idées directrices, qui demeurent d’actualité, avaient guidé la réforme
de 1991 :
– l’intégration des enjeux économiques dans les processus d’exécution forcée était
devenue une nécessité. Le contenu des patrimoines des débiteurs avait subi de
profondes mutations depuis 1806 (apparition de biens nouveaux, importance des
instruments bancaires, des valeurs mobilières, dématérialisation de la propriété...). La
réforme devait adapter les procédés de saisie aux diverses caractéristiques des biens
(on ne saisit pas de la même façon un véhicule automobile, un compte en banque
ou un immeuble). Le développement de nouveaux types de biens (par ex. les
données sur internet ; les robots) devrait entraîner d’autres modifications ! Elle devait
également offrir au créancier un éventail de moyens de coercition, qui devaient
convenir à la nature des biens (saisie-attribution pour les créances, saisie-appréhen-
sion, saisie-vente). L’article L. 111-7 du Code des procédures civiles d’exécution
précise que le créancier a le choix des mesures propres à assurer l’exécution ou la
conservation de sa créance, l’exécution de ces mesures ne pouvant excéder ce qui se
révèle nécessaire pour obtenir le paiement de l’obligation ;
– la recherche de l’efficacité des procédés était également un des objectifs majeurs de
la réforme. Les comportements des débiteurs sont devenus sophistiqués, les dissi-
mulations et transferts de patrimoine de plus en plus fréquents, et la garantie
d’une exécution effective supposait d’offrir aux créanciers des moyens de lutter
contre ces risques. La loi a ouvert des possibilités d’information pour localiser les
biens du débiteur, a permis des mesures conservatoires pour rendre ses biens indis-
ponibles. L’efficacité repose également sur une simplification des procédures, et une
« déjudiciarisation » des saisies : le créancier titulaire d’un titre exécutoire peut avoir
directement recours à un agent d’exécution, le juge de l’exécution n’intervenant
qu’en cas d’incident ; l’efficacité des procédés d’exécution est un enjeu majeur de
développement économique, comme l’attestent les rapports « Doing Business » de
la Banque mondiale, qui insistent tous sur la nécessité de garantir un recouvrement
des créances pour assurer un développement économique durable et partagé35 ; la
numérisation des procédures et mesures d’exécution constitue un enjeu contempo-
rain auquel il faudra répondre ;
– le respect des droits fondamentaux du débiteur a conduit à ménager un juste équi-
libre entre les prérogatives du créancier et la protection des intérêts légitimes du
débiteur, une « égalité des armes » au sens du procès équitable. Ainsi, par
exemple, pour que le débiteur puisse défendre les intérêts légitimes, les procédures
doivent mettre en place des instruments efficaces d’information du débiteur

——
35. Par ex., Doing Business 2014, « Comprendre les réglementations pour les petites et moyennes entre-
prises », 11e éd., voir le site de la Banque mondiale.
CHAPITRE 1 – Du droit de l’exécution au droit à l’exécution 31

(réalisée essentiellement par l’intermédiaire des commissaires de justice procédant à


la signification des actes d’exécution), portant notamment sur les possibilités
d’exercer des recours. Le droit à la dignité du débiteur recouvre de nombreuses
dispositions : protection de la vie privée, de l’intégrité du logement, définition des
insaisissabilités, instauration d’un minimum vital totalement insaisissable, recours de

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plus en plus nombreux aux solutions amiables (vente amiable). La réforme de 1991
comme les dispositions ultérieures ont largement fait écho aux considérations
sociales et humanitaires ;
– le respect des garanties offertes repose sur l’intervention d’organes compétents,
soumis à une déontologie réglementée. Un juge spécialisé, le juge de l’exécution,
s’est vu confier le contentieux des voies d’exécution. Les agents d’exécution sont
les commissaires de justice, officiers publics et ministériels disposant d’un monopole
et instrumentant dans le strict respect des droits et libertés individuels ;
– l’objectif également poursuivi par la dernière codification est d’améliorer la lisibilité
du droit de l’exécution, pour « assurer une meilleure exécution des décisions de
justice par une meilleure visibilité des textes qui s’y rapportent »36.

L’exécution des décisions de justice fait l’objet de nombreuses réformes issues de la


loi nº 2019-222 du 23 mars 2019 et des décrets d’application
La modification la plus importante consiste à poser en principe l’exécution provisoire immé-
diate de droit de tous les jugements de première instance, quel que soit le montant des
condamnations, avec suppression de l’effet suspensif de l’appel (v. le rapport « Simplification
et modernisation de la procédure civile », F. Agostini et N. Molfessis). Des exceptions seront
prévues (en matière d’état des personnes par ex.) et, en cas d’appel, il sera possible de saisir le
juge d’une demande d’arrêt de cette exécution. L’exécution forcée en matière familiale extra-
patrimoniale (concernant les décisions relatives aux modalités d’exercice d’un droit de visite et
d’hébergement, loi nº 2019-222 du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de
réforme pour la justice, art. 18) est déjà améliorée : les parents sont incités à tenter une média-
tion au stade de l’exécution. Le procureur de la République, qui doit apporter son concours à
l’exécution forcée, peut requérir directement la force publique pour faire exécuter une décision
du juge aux affaires familiales ou une convention de divorce par acte contresigné par avocats
ou une convention homologuée fixant les modalités d’exercice de l’autorité parentale. Des
sanctions sévères assortissent l’inexécution fautive : le parent qui fera délibérément obstacle
de façon grave ou renouvelée à l’exécution d’une décision, pourra être condamné au paiement
d’une amende civile d’un montant qui ne pourra pas excéder 10 000 euros.
Cette évolution correspond à la constitutionnalisation du droit à l’exécution. En effet, le Conseil
constitutionnel décide depuis la décision du 6 mars 2015 (nº 2014-455 QPC), « qu’aux termes
de l’article 16 de la Déclaration de 1789 : toute société dans laquelle la garantie des droits n’est
pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution ; qu’est garanti
par cette disposition le droit des personnes à exercer un recours juridictionnel effectif qui
comprend celui d’obtenir l’exécution des décisions juridictionnelles ». Cette consécration a été
rappelée dans une autre décision du 17 novembre 2017 (nº 2017-672 QPC) : le droit d’obtenir
l’exécution d’une décision de justice fait partie intégrante du droit à un recours juridictionnel
effectif.

——
36. Rapport au président de la République relatif à l’ordonnance nº 2011-1895 du 19 déc. 2011, JORF,
20 déc. 2011, p. 21462.
32 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

B - Le caractère d’ordre public du dispositif législatif


Les règles relatives aux procédures civiles d’exécution ont un caractère d’ordre public
indiscutable : un créancier ne pourrait, à peine de nullité, s’approprier un bien apparte-
nant à son débiteur sans suivre une procédure de saisie37 ou encore utiliser des voies

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illégales38.
On retrouve cet aspect dans la prohibition traditionnelle des pactes commissoires (par
lesquels le créancier devient propriétaire d’un bien du seul fait du non-paiement de la
dette par le débiteur) et des clauses de voie parée (permettant au créancier de faire
vendre un bien du débiteur sans respecter la procédure de saisie). Mais les réformes
récentes conduisent à nuancer cette prohibition. Ainsi, l’article 2348 du Code civil
précise qu’il peut être convenu, lors de la constitution du gage, ou postérieurement,
qu’à défaut d’exécution de l’obligation garantie le créancier deviendra propriétaire du
bien gagé. La protection des intérêts du débiteur est assurée par un mécanisme particu-
lier d’évaluation du bien : la valeur du bien est déterminée au jour du transfert par un
expert désigné à l’amiable ou judiciairement, à défaut de cotation officielle du bien sur
un marché organisé au sens du Code monétaire et financier. Toute clause contraire est
réputée non-écrite. Lorsque cette valeur excède le montant de la dette garantie, la
somme égale à la différence est versée au débiteur, ou s’il existe d’autres créanciers
gagistes, est consignée. Cette faculté a été étendue aux créanciers hypothécaires
(C. civ., art. 2459), sauf si l’immeuble constitue la résidence principale du débiteur.
De même, le créancier gagiste ou hypothécaire peut faire ordonner en justice que le
bien gagé (C. civ., art. 2347) ou hypothéqué (C. civ., art. 2458, s’il ne s’agit pas de la
résidence principale) lui demeure en paiement.

3• L’EUROPÉANISATION DE L’EXÉCUTION FORCÉE


Les voies d’exécution sont inévitablement placées dans un contexte européen, dès lors
que le jugement rendu par un juge d’un État membre de l’Union européenne tranche
un litige transfrontalier (dans lequel l’un des co-litigants est domicilié dans un État
autre que celui dans le ressort duquel le juge a statué). Pour que soit assuré un espace
économique sans frontière, mais aussi un espace de liberté, de sécurité et de justice au
sein duquel la libre circulation des personnes, des biens et des services est assurée sans
discrimination, les citoyens européens, consommateurs ou acteurs économiques,
doivent pouvoir obtenir la reconnaissance de leurs droits et la condamnation de leurs
débiteurs selon des procédures simples, rapides, relativement homogènes, et surtout,
bénéficier d’une exécution effective de leur titre exécutoire dans tous les États
membres de l’Union. Or, le droit de l’exécution forcée relève traditionnellement de la
souveraineté de chaque État. Selon un principe de droit international de territorialité du

——
37. Cass. civ., 14 mars 1883 : S. 1883, 1, p. 204, pour un créancier qui s’était mis en possession des biens
de son débiteur.
38. Internet révèle l’existence d’officines privées, recourant à des méthodes de harcèlement, à l’intimida-
tion, la violation de la vie privée, voir forum-entraide-surendettement.
CHAPITRE 1 – Du droit de l’exécution au droit à l’exécution 33

pouvoir de contrainte, chaque État a le monopole de la contrainte sur son territoire,


et seules sont habilitées à exercer un acte de contrainte les autorités désignées par cet
État, aucune clause contractuelle ne pouvant écarter cette règle. La question reste
entière de la localisation des biens, particulièrement lorsqu’il s’agit de biens incorporels
non assujettis à publicité (par exemple, des créances de sommes d’argent) : la jurispru-

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dence a été amenée à adapter la règle de la territorialité, pour admettre que la saisie
des comptes bancaires réalisée auprès d’un établissement bancaire français ayant une
succursale à l’étranger couvre aussi les comptes gérés par la succursale qui n’a pas de
personnalité juridique autonome39.
D’importants progrès ont pourtant été réalisés. D’abord, lorsqu’il s’agit de signifier
un jugement à un débiteur domicilié dans un autre État, le règlement nº 1393/2007 du
13 novembre 2007 a prévu des règles simplifiées40. Ensuite, un mécanisme de recon-
naissance et de circulation de la force exécutoire des jugements dans les divers
États membres de l’Union a été instauré, en matière civile et commerciale et en matière
matrimoniale et d’autorité parentale (Bruxelles I bis, nº 1215/2012, 12 déc. 2012, qui
remplace depuis janvier 2015 Bruxelles I, no 44/2001, 22 déc. 2000 ; Bruxelles II bis,
no 2201/2003, 27 nov. 2003, refondu par Bruxelles II ter, nº 2019/1111, du Conseil du
25 juin 2019 relatif à la compétence, la reconnaissance et l’exécution des décisions en
matière matrimoniale et en matière de responsabilité parentale, ainsi qu’à l’enlèvement
international d’enfants, dit Bruxelles II ter, applicable au 1er août 2022). La confiance
dans chacun des systèmes juridictionnels étrangers a permis de supprimer les contrôles
sur les jugements par l’État requis pour exécuter. En effet, si le bénéficiaire d’un juge-
ment transfrontalier exécutoire veut faire procéder à des mesures d’exécution forcée
dans un État autre que celui où il a été rendu, il doit parfois solliciter une « déclaration
de force exécutoire » allégée (Bruxelles II bis, art. 28 ; CPC, art. 509-2) des autorités de
l’État requis, et il est même le plus souvent dispensé de toute formalité, la décision circu-
lant librement : en matière civile et commerciale, une décision exécutoire dans un État
« jouit de la force exécutoire dans les autres États membres, sans qu’une déclaration
constatant la force exécutoire soit nécessaire » (Règl. 1215/2012, art. 39). Sans entrer
dans le détail de cette reconnaissance et exécution simplifiées, il faut observer que des
motifs de refus d’exécution et de reconnaissance des titres exécutoires très exception-
nels sont prévus et conduisent à un contrôle réduit opéré par le juge de l’État requis.
Par exemple, les articles 45 et 46 Bruxelles Ibis et 31 Bruxelles II bis prévoient que le juge-
ment ne sera pas déclaré exécutoire en cas de :
– violation de l’ordre public, si le jugement est manifestement contraire à l’ordre
public de l’État requis. Il s’agit de l’ordre public substantiel, par la « violation mani-
feste d’une règle de droit considérée comme essentielle dans l’ordre juridique de
l’État requis »41, et de l’ordre public procédural, en cas de violation des droits de la
défense, ou de défaut de motivation, si ne sont pas produits des documents de
nature à servir d’équivalent à la motivation défaillante42 ;

——
39. Cass. 2e civ., 14 févr. 2008 : Bull. civ. II, nº 38 ; Procédures 2008, comm. 141, Perrot.
40. Vademecum sur la signification, site internet uihj.com de l’Union internationale des Commissaires de
justice. Atlas judiciaire européen en matière civile et portail européen e-Justice.
41. 11 mai 2000, nº 38/98, Renault c/Maxicar.
42. 28 mars 2000, Krombach c/Bamberski.
34 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

– violation des droits de la défense, si le débiteur a été défaillant et que l’acte intro-
ductif d’instance n’a pas été signifié en temps utile pour qu’il ait pu préparer sa
défense ;
– violation des règles de compétence exclusives, si le juge d’origine a méconnu les
règles de compétence exclusive prévues par le règlement Bruxelles Ibis (art. 45,

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point 1) ;
– incompatibilité avec un autre jugement, si le jugement est inconciliable avec une
autre décision rendue dans l’État requis ou dans un autre État ;
– défaut d’audition de l’enfant : dans le cadre de Bruxelles II bis, il faut ajouter, pour le
jugement relatif à la responsabilité parentale à l’égard d’un enfant, les cas des arti-
cles 22 et 23, à savoir si le jugement a été rendu sans que l’enfant ait eu la possibilité
d’être entendu, en violation des règles de la procédure, sauf en cas d’urgence.
Parfois, une libre circulation de la force exécutoire a été mise en place pour :
– les jugements statuant sur le droit de visite et sur le retour de l’enfant retenu ou
déplacé illicitement (Bruxelles II bis, art. 40, 11, 41 et 42) : le jugement doit être
mis à exécution même si le droit national de l’État requis ne prévoit pas la force
exécutoire de plein droit, afin de lutter efficacement contre les « enlèvements euro-
péens » d’enfants ;
– le Titre exécutoire européen – TEE (Règlement 805/2004, 21 avril 2004) statuant sur
une créance incontestée43. Le juge d’origine délivre le certificat de titre exécutoire,
après avoir contrôlé les conditions du caractère exécutoire et le titre est reconnu et
exécuté dans tous les autres États sans qu’une déclaration constatant la force exécu-
toire soit nécessaire et sans qu’il soit possible de contester la reconnaissance (art. 5).
Le juge de l’État requis peut seulement refuser l’exécution si le TEE est incompatible
avec une décision déjà rendue dans un État de l’Union (art. 21) ;
– la décision rendue à l’issue d’une procédure européenne d’injonction de payer. Le
règlement 1896/2006 du 12 décembre 200644 prévoit que la juridiction d’origine
déclare l’injonction de payer européenne exécutoire (art. 18), et elle est alors
« reconnue et exécutée dans les autres États membres sans qu’une déclaration
constatant la force exécutoire soit nécessaire et sans qu’il soit possible de contester
sa reconnaissance » (art. 19) ;
– le jugement rendu à l’issue d’une procédure européenne de règlement des petits
litiges, prévue par le règlement 861/2007 du 11 juillet 2007 (applicable depuis le
1er janvier 2009 ; modifié par le règlement (UE) 2015/2421 du 16 déc. 2015 appli-
cable depuis le 14 juillet 2017) : même si les procédures d’exécution sont régies par
le droit de l’État membre de l’exécution (art. 21), la décision est reconnue et
exécutée sans qu’une déclaration constatant la force exécutoire soit nécessaire
(art. 20) ;
– le règlement nº 4/2009 du 18 décembre 2008, relatif au recouvrement transfronta-
lier d’aliments, prévoit que tout jugement rendu en matière d’obligations alimen-
taires est exécuté sans aucune formalité intermédiaire dans tous les autres États
membres ;

——
43. Voir la définition art. 3 Règlement.
44. Qui est entré en vigueur le 12 décembre 2008 ; mod. par le règlement (UE) 2015/2421 du 16 déc.
2015 applicable à partir du 14 juillet 2017.
CHAPITRE 1 – Du droit de l’exécution au droit à l’exécution 35

– le règlement nº 1215/2012 du 12 décembre 2012, qui a remplacé le règlement 44/


2001 concernant la compétence judiciaire, la reconnaissance et l’exécution des déci-
sions en matière civile et commerciale depuis le 10 janvier 2015 prévoit la suppres-
sion des formalités intermédiaires : l’article 36-1º précise que « les décisions rendues
dans un État membre sont exécutoires dans les autres États membres sans qu’il soit

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nécessaire de recourir à une autre procédure ».
La création de la saisie conservatoire des comptes bancaires constitue une phase
importance de l’évolution du droit de l’exécution européen. La Commission européenne
avait proposé le 25 juillet 2011 un règlement portant création d’une ordonnance euro-
péenne de saisie conservatoire des comptes bancaires (initiée par un livre vert de la
Commission du 24 octobre 2006, destinée à faciliter le recouvrement transfrontière de
créances en matière civile et commerciale), adopté par le CESE (Comité économique
et social européen) le 26 avril 2012. Le Règlement (UE) nº 655/2014 du 15 mai 2014
(applicable depuis le 18 janvier 2017) porte création d’une procédure d’ordonnance
européenne de saisie conservatoire des comptes bancaires, destinée à faciliter le recou-
vrement transfrontière de créances en matière civile et commerciale. Cette mesure
permet de bloquer, à titre conservatoire, les sommes versées sur tous les comptes que
le débiteur détient auprès d’un organisme bancaire dans l’Union européenne, sur le
fondement d’une ordonnance rendue par l’un des juges de l’Union, exécutoire dans
tous les États membres sans aucun contrôle. Une ordonnance de saisie peut être délivrée
à l’issue d’une procédure non contradictoire (Règl. 655/2014, art. 11), à condition que le
créancier puisse justifier que sa créance porte sur une affaire transfrontalière, qu’elle
paraît fondée en son principe et qu’il est urgent de procéder à une saisie-conservatoire
parce qu’il existe des risques d’impossibilité de recouvrement (Règl. 655/2014, art. 7). Le
débiteur peut former des recours contre cette ordonnance dans des conditions limita-
tives (Règl. 655/2014, art. 33). Cette ordonnance est exécutoire dans tous les États
membres sans aucune formalité (Règl. 655/2014, art. 22), et sans possibilité de contesta-
tion de sa reconnaissance. Mais il s’agit d’une mesure conservatoire : pour pouvoir la
convertir en mesure d’exécution forcée, le créancier doit obtenir un titre exécutoire et
assigner au fond dans le délai prévu (Règl. 655/2014, art. 10). Le jugement qu’il
obtient sur le fond est soumis au régime de droit commun de l’exécution (Bruxelles I,
Bruxelles I bis ou TEE). L’article 151 A du Livre des procédures fiscales est modifié par la
loi du 23 mars 2019 pour permettre aux commissaires de justice d’accéder au FICOBA
(fichier tenu par la banque de France), pour obtenir des informations sur les comptes
en banque du débiteur dans le cadre d’une saisie conservatoire européenne des avoirs
bancaires.
La progression des mesures conservatoires à effets transfrontaliers est constante.
Les règlements européens prévoient expressément que des mesures conservatoires
peuvent être prises dans un État sur le seul fondement de la décision étrangère. Ainsi,
le débiteur peut demander au juge de l’État d’exécution de limiter la procédure d’exécu-
tion du TEE à des mesures conservatoires (Règl. 21 avril 2004, art. 23) ; en cas d’urgence,
le juge d’un État peut prendre des mesures conservatoires relatives aux personnes ou
aux biens présents dans cet État, même si un autre juge est compétent (Bruxelles II bis,
art. 20)... La Cour de cassation française adopte une position favorable à l’exécution en
France de mesures conservatoires ordonnées par un autre juge européen. Dans un arrêt
36 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

du 30 juin 200445, elle fait produire des effets extraterritoriaux à une « injonction
Mareva » rendue par un juge anglais : une décision provisoire, ayant pour objet d’inter-
dire au débiteur d’accomplir des actes de disposition sur ses biens en quelque lieu qu’ils
se trouvent, sous peine de sanctions (civile et pénale), produit ses effets civils sur le terri-
toire français alors qu’elle a été ordonnée par un juge anglais. Il « s’agit de préserver les

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droits légitimes du créancier », de sorte que l’entrave portée au droit fondamental du
débiteur de disposer de ses biens n’est pas disproportionnée.

4• LA NUMÉRISATION DE L’EXÉCUTION FORCÉE


Le numérique transformera l’activité professionnelle des agents d’exécution à de
nombreux égards.
Les conséquences de l’intelligence artificielle sont déjà perceptibles. Issu de la
blockchain, le smart contract révèle une évolution majeure dans l’exécution. La block-
chain se définit comme un système distribué où l’intégralité de la validation des transac-
tions est réalisée à base d’algorithmes et de consensus. Certaines blockchain sont publi-
ques (Bitcoin, Ethereum..., cela suppose que la transaction soit validée par 51 % des
mineurs), d’autres privées (utilisées au sein d’entreprises) et d’autres semi-privées (utili-
sées par un consortium). Toutes les transactions arrivent dans un « grand livre des
comptes » (il s’agit d’une DLT, distributed ledger technology, technologie de registre
distribué). Chaque transaction se fait entre deux adresses publiques au moyen de la
cryptographie asymétrique (chaque participant a 2 clés, une clé publique et une clé
privée, et ce qui est crypté avec une clé ne peut être décrypté qu’avec l’autre). N’importe
qui peut utiliser la clé publique pour faire une transaction, mais seule la clé privée peut
l’ouvrir (quel que soit son détenteur, il n’y a pas de lien avec l’identité de la personne).
Les transactions sont insérées dans un bloc, elles sont validées, et le bloc est enfin certifié
(on parle d’un travail de minage, c’est-à-dire de sécurisation des transactions par les
« mineurs » grâce à des opérations mathématiques). Ce bloc de transactions est intégré
de manière immuable dans le registre, puisqu’il n’est plus possible ensuite de modifier
une transaction... La blockchain Ethereum a permis l’émergence du smart contract, qui
est un programme informatique conçu pour effectuer de l’autovalidation des transac-
tions : si telle transaction survient, cela déclenchera automatiquement telle autre tran-
saction. Le smart contract est donc un programme autonome qui exécute automatique-
ment les conditions et les termes d’un contrat sans nécessiter aucune intervention
humaine. Le droit commun de l’exécution devra être adapté à cette technique...
Lorsque la difficulté d’exécution du contrat suppose la connaissance d’une donnée exté-
rieure (par ex. dans le cadre d’un contrat de transport aérien, il est prévu que le retard de
l’avion entraîne automatiquement le versement d’une indemnité), les parties donnent
leur accord sur la source de cette donnée (appelée l’« oracle » : par ex. pour le retard
d’avion, la source sera le service du contrôle aérien). En utilisant la blockchain Ethereum,
Kleros a introduit en avril 2018 une nouvelle organisation pour résoudre les litiges occa-
sionnés par l’exécution d’un contrat. Les utilisateurs créent un smart contract et

——
45. Cass. 1re civ., 30 juin 2004 : Bull. civ. I, no 191.
CHAPITRE 1 – Du droit de l’exécution au droit à l’exécution 37

choisissent Kleros comme protocole de juridiction : en cas de contentieux, le système tire


au sort des juges qui rendent une décision en toute indépendance, automatiquement
exécutée par le smart contract...
Dans le rapport de l’Institut Montaigne (« Justice : faites entrer le numérique », nov.
2017, v. le site, www.institutmontaigne.org/publications/justice-faites-entrer-le-nume-

international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:714558545:88882200:196.113.33.6:1589569629
rique), le système du smart contract est envisagé pour « l’exécution automatique non
seulement de contrats de consommation, mais des accords qui seraient souscrits par
des parties ou décisions qui seraient prises dans le cadre de modes alternatifs de règle-
ment des litiges » (p. 62) ; « il n’est pas impossible d’envisager un système permettant
d’intégrer dans les règles de procédure des dispositions permettant, dès l’ouverture du
procès, de constituer des garanties assurant l’exécution automatique de la décision
finale » (p. 63 ; on pourrait parler de « smart jugement »).
Le patrimoine des débiteurs évolue et les voies d’exécution ne paraissent plus adap-
tées : les meubles corporels ont peu de valeur, la propriété évolue vers de la location de
nombreux biens, la monnaie scripturale se cache (contrats d’assurance-vie), les agents
prestataires de service de paiement se développent au détriment des banques, les cryp-
tomonnaies telles que Bitcoins sont insaisissables selon les procédés actuels46, l’ubérisa-
tion des activités produit des revenus qui échappent concrètement au droit de gage
général des créanciers... À cela s’ajoutent de nouveaux régimes juridiques d’organisa-
tion des biens qui diminuent le gage des créanciers (fiducie sûreté, EIRL, plans d’épargne
divers, surendettement, solde bancaire insaisissable, conception extensive des insaisissa-
bilités par la jurisprudence...). Il faut donc repenser les mesures d’exécution forcée et les
diversifier...
Les États du Conseil l’Europe ont déjà intégré le numérique dans les procédures
civiles d’exécution sous nombreux aspects : utilisation de drones pour réaliser des
constats, création de titres exécutoires dématérialisés (parfois de juridictions devant
lesquelles la procédure est entièrement dématérialisée, comme la juridiction nationale
d’injonction de payer qui sera mise en place au 1er janvier 2021 ; COJ, art. L. 211-17 et
L. 211-18 ; L. 23 mars 2019), transmission des documents et actes de saisie par voie élec-
tronique (ex. : COJ, art. L. 211-1-1 ; L. 23 mars 2019), création de fichiers dématérialisés
pour la recherche d’informations (FICOBA, fichier des immatriculations automobiles...),
actes de saisie dématérialisés (notamment la saisie attribution des comptes en banque),
procédures en ligne de recouvrement des petites créances, open data des décisions juris-
prudentielles relatives aux voies d’exécution qui ouvre la voie à « l’exécution prédic-
tive » ! Il existe également des expériences d’intelligence artificielle appliquée aux
saisies (un robot connecté aux différents fichiers dématérialisés peut effectuer des actes
de saisie en Lituanie47).

——
46. Schmitz M. et Gielen P. (dir), Avoirs dématérialisés et exécution forcée, Bruylant, nov. 2019, spéc.
p. 173 et s. ; Enforcement of digital assets : a paradise for debtors ?, Uitdehaag J. et Van Erp S.
47. 2e Forum mondial sur l’exécution organisé par l’Union internationale des huissiers de justice en coopé-
ration avec la CEPEJ le 4 déc. 2019 à Strasbourg, présentation du robot Antanas par A. Strimaitienne
et A. Selezniovas.
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CHAPITRE 2
L’émergence d’un droit
au recouvrement

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amiable

Le législateur a organisé des modalités d’exécution diversifiées, afin que l’exécution


forcée constitue le dernier recours. Le paiement volontaire, acte par lequel le débiteur
exécute son obligation, satisfait pleinement le créancier. Pour y parvenir, le créancier est
parfois contraint d’utiliser des instruments juridiques qui peuvent faire pression sur le
débiteur pour qu’il exécute. Il en est ainsi de la majoration du taux de l’intérêt
légal en cas de non-exécution d’une condamnation dans les délais légaux : selon
l’article L. 313-3, du Code monétaire et financier, le taux est majoré de 5 points à l’expi-
ration d’un délai de 2 mois à compter du jour où la décision de justice est devenue
exécutoire. Il existe deux taux d’intérêt légal : pour les personnes physiques n’agissant
pas pour des besoins professionnels, fixé par l’arrêté du 23 décembre 2019 (JO 26 déc.)
pour le 1er semestre 2020 à 3,15 % de particulier à particulier ; pour les autres cas, visant
les professionnels, le taux est de 0,87 %1, à compter du 1er janvier 2020. Pour calculer la
pénalité, il faut multiplier la somme due par le nombre de jours de retard et par le taux
de l’intérêt légal applicable sur la période. Le résultat est divisé par 100 fois le nombre de
jours de l’année, ce qui correspond à la formule suivante : somme due x jours de retard x
taux intérêt légal /365 x 100. Mais la menace d’une condamnation du débiteur défail-
lant à une somme d’argent, est souvent insérée dans la convention qui lie les parties,
ou de l’astreinte prononcée par le juge. Dans certaines hypothèses exceptionnelles,
subsiste l’ancienne « contrainte par corps » et une possibilité de condamnation pénale
du débiteur pour organisation frauduleuse de son insolvabilité. Mais le créancier peut
préférer adopter des modes de recouvrement plus consensuels, dits amiables.
Il faut ajouter à ces procédés l’amende civile que le juge aux affaires familiales peut
prononcer lorsqu’un parent fait délibérément obstacle de façon grave et renouvelée à
l’exécution d’une décision, d’une convention de divorce par acte d’avocats ou d’une
convention homologuée fixant les modalités de l’autorité parentale. Le montant de
l’amende ne peut pas excéder 10 000 euros (C. civ., art. 373-2-6 ; L. nº 2019-222,
23 mars 2019).

——
1. Voir le site Droit-finances.net – C. mon. fin., art. D. 313-1-A et L. 313-2.
40 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

1• LES MOYENS DE PRESSION


A - Le recours aux clauses contractuelles

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Certains moyens de pression relèvent de la technique contractuelle.
Constitue une clause pénale la clause d’un contrat par laquelle les parties évaluent
forfaitairement et d’avance l’indemnité à laquelle donnera lieu l’inexécution de l’obliga-
tion contractée (C. civ., art. 1231-5). Elle est la compensation des dommages et intérêts
que le créancier souffre de l’inexécution de l’obligation principale. Comme il s’agit d’un
forfait, il ne peut être alloué une somme ni plus forte, ni moindre. Le plus souvent, cette
clause prévoit une somme très importante, ce qui constitue un moyen de pression sur le
débiteur. Pour éviter les abus, l’article 1231-5 alinéa 2 du Code civil prévoit que le juge
peut, même d’office, modérer (ou augmenter) la peine qui a été convenue, si elle est
manifestement excessive2 (ou dérisoire). Le juge qui souhaite modérer d’office la peine
doit soumettre la mise en œuvre du texte à la contradiction des parties3.
Le contrat peut aussi contenir une clause de résolution de plein droit en cas d’inexécu-
tion, parfois même sans mise en demeure préalable (C. civ., art. 1224 et s.). Cette clause
produit ses effets automatiquement, si la circonstance prévue par les parties se réalise.
Pour éviter les abus, le législateur a parfois interdit cette clause (en matière d’assurance
par ex., C. assur., art. L. 113-3).

B - L’astreinte
C’est une condamnation pécuniaire (CPC exéc., art. L. 131-1 et s. et R. 131-1 et s.)
prononcée par le juge afin de faire pression sur le débiteur pour qu’il exécute les
condamnations prononcées contre lui. Il ne s’agit donc pas d’une mesure d’exécution
forcée, mais d’un procédé de contrainte, d’une peine privée (la somme liquidée bénéfi-
ciera au créancier, mais ce n’est pas la réparation de son dommage) qui assortit une
condamnation prononcée par le juge.

1) Les conditions

a) Le domaine
Tout juge peut, même d’office, ordonner une astreinte pour assurer l’exécution de sa
décision (CPC exéc., art. L. 131-1) : il condamne « sous » astreinte. L’astreinte peut être
l’accessoire de toute condamnation principale, quel qu’en soit l’objet (paiement d’une
somme d’argent ou exécution d’une obligation de faire ou de ne pas faire), à condition
que le jugement soit exécutoire. Si la décision est annulée, l’astreinte perd son fonde-
ment juridique et ne peut être liquidée4. La Cour de cassation a étendu l’astreinte à la

——
2. Cass. 3e civ., 16 mars 2017, nº 15-29101.
3. Cass. 2e civ., 11 janv. 2018, nº 16-25842.
4. Cass. 3e civ., 12 avril 2018, nº 17-11038.
CHAPITRE 2 – L’émergence d’un droit au recouvrement amiable 41

décision du juge qui homologue une transaction, mais en refuse logiquement le


prononcé pour l’exécution d’un acte notarié, qui ne peut être qualifié d’acte judiciaire.
Depuis la loi nº 2019-222 du 23 mars 2019, le juge aux affaires familiales peut prévoir
une astreinte pour l’exécution des décisions qu’il rend en matière d’autorité parentale.
Si les circonstances en font apparaître la nécessité, il peut assortir d’une astreinte la déci-

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sion rendue par un autre juge ou l’accord parental constaté dans la convention de
divorce par consentement mutuel (C. civ., art. 373-2-6, applicable depuis le 25 mars
2019).

b) Le prononcé
Tout juge peut, même d’office, ordonner une astreinte (CPC exéc., art. L. 131-1), qu’il
soit du 1er ou du 2nd degré. Le juge de l’exécution (JEX) peut assortir d’une astreinte
une décision rendue par un autre juge si les circonstances en font apparaître la néces-
sité. En revanche, l’astreinte prononcée par une juridiction pénale, en application de
l’article 710 du Code de procédure pénale déroge au régime général de l’astreinte, ce
qui signifie que seule la juridiction pénale est compétente ; de même, l’astreinte assortis-
sant une injonction du Conseil de la concurrence ne peut pas être prononcée par le JEX.
Les pouvoirs du juge sont importants. Il peut statuer d’office (l’astreinte relève de son
imperium), et n’est pas tenu de provoquer préalablement les observations des parties,
pas plus qu’il n’est tenu de motiver sa décision5. Il apprécie souverainement si les
circonstances font apparaître la nécessité d’assortir d’une astreinte la décision rendue
par un autre juge. Mais la décision qui prononce une astreinte ne tranche aucune
contestation et n’a donc pas autorité de la chose jugée.
Le montant et les modalités de l’astreinte sont fixés discrétionnairement par le juge de
l’exécution (une somme fixée par jour de retard, ou par infraction constatée...).
L’astreinte peut n’assortir que certaines condamnations contenues dans la décision6.
Le point de départ de l’astreinte est défini par l’article R. 131-1 du CPC exéc. selon
plusieurs situations. Si elle assortit une condamnation en première instance, et que le
juge ne fixe pas de point de départ, l’astreinte part du jour où la décision qui l’ordonne
est devenue exécutoire (en principe le jour où elle est notifiée ou signifiée7). Si le juge
fixe un point de départ, l’astreinte prend effet à la date fixée par le juge, laquelle ne
peut pas être antérieure au jour où la décision portant obligation est devenue exécu-
toire. Le jugement peut fixer les modalités de détermination du point de départ (par ex.
si le point de départ est la formalité particulière de la signification par acte du commis-
saire de justice, la notification du jugement par le greffe ne fait pas courir l’astreinte8. Si
le juge de l’exécution assortit d’une astreinte une décision déjà exécutoire, l’astreinte
prend effet dès le jour de son prononcé.
Les dispositions prévues à l’art. R. 121-22 du Code de procédures civiles d’exécution, qui
prévoient le sursis à exécution des décisions du JEX en cas d’appel, ne s’appliquent pas
aux décisions du JEX qui prononcent une astreinte9.

——
5. Cass. 3e civ., 9 nov. 1983 : Bull. civ. III, no 219.
6. Cass. 1re civ., 16 mai 2018, nº 17-15078.
7. Cass. 2e civ., 26 juin 2014, nº 13-16899.
8. Cass. 2e civ., 1 févr. 2018, nº 17-11321.
9. Cass. 2e civ., 14 juin 2001, nº 99-18082 – Cass. 2e civ., 10 févr. 2011, nº 10-14424.
42 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

En cas d’appel du jugement non exécutoire, si la cour d’appel confirme le jugement et


l’astreinte, un arrêt de la Cour de cassation du 11 juin 199710 décide que l’astreinte ne
commence à courir qu’à compter du jour où l’arrêt devient exécutoire, à moins que les
juges d’appel ne fixent un point de départ postérieur (cette solution ne s’applique que si
l’appel a suspendu l’exécution du jugement assorti d’une astreinte). Après cassation de

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la décision rendue en appel, l’absence de saisine de la cour de renvoi confère force de
chose jugée au jugement rendu en 1er ressort : l’astreinte assortissant le jugement de
1re instance prend donc effet à l’expiration du délai de saisine de la cour de renvoi.

c) Les deux catégories d’astreinte


L’astreinte est provisoire ou définitive. La différence essentielle entre ces deux
astreintes est que l’astreinte définitive échappe à toute révision lors de sa liquidation,
son montant étant fixé de façon irrémédiable (CPC exéc., art. L. 131-4).
L’astreinte n’est définitive que si le juge le précise expressément dans sa décision, et
l’astreinte définitive ne peut être prononcée qu’après une astreinte provisoire, et pour
une durée déterminée par le juge (le degré de résistance du débiteur peut motiver une
transformation de l’astreinte). Si l’une de ces conditions n’a pas été respectée, l’astreinte
est liquidée comme une astreinte provisoire (CPC exéc., art. L. 131-2).

2) La liquidation
a) La demande

Nécessité d’une liquidation


La liquidation correspond à la fixation du montant dû par le débiteur au créancier. C’est une
opération indispensable à son recouvrement : aux termes de l’article R. 131-3 du CPC exéc.,
avant sa liquidation, aucune astreinte ne peut donner lieu à une mesure d’exécution forcée.
Mais la demande de liquidation en elle-même ne constitue pas une mesure d’exécution
forcée. La décision qui ordonne une astreinte non encore liquidée permet néanmoins de
prendre une mesure conservatoire pour une somme provisoirement évaluée par le juge
compétent pour la liquidation. La liquidation ne peut avoir lieu d’office, et suppose que le
créancier en fasse la demande au juge.

Le juge compétent est précisé par l’article L. 131-3 du CPC exéc.


L’astreinte, même définitive, est liquidée par le juge de l’exécution. Cette compé-
tence joue quel que soit le juge qui a ordonné l’astreinte initialement, à condition que
la matière relève des juridictions judiciaires. Néanmoins, la compétence du juge de l’exé-
cution est écartée si le juge qui l’a ordonnée reste saisi de l’affaire ou s’en est
expressément réservé le pouvoir. Ces dispositions sont d’ordre public : en effet,
pour l’application de l’article L. 131-3, l’article R. 131-2 du CPC exéc. précise que
l’incompétence est relevée d’office par le juge saisi d’une demande en liquidation
d’astreinte, et, en cas d’appel d’une ordonnance de référé ayant statué indûment sur la
liquidation d’une astreinte, la cour d’appel doit relever d’office l’incompétence du juge
des référés. Si ce n’est lorsqu’elle émane d’une cour d’appel, la décision du juge sur la

——
10. Bull. civ. II, no 170 ; D. 1997, IR p. 175 ; RTD civ. 1997, p. 743, obs. Perrot.
CHAPITRE 2 – L’émergence d’un droit au recouvrement amiable 43

compétence peut faire l’objet d’un appel formé dans les conditions prescrites par le
Code de procédure civile (CPC exéc., art. R. 131-2, mod. D. nº 2017-891, 6 mai 2017,
art. 6). La question de l’impartialité du juge a été posée, dans la mesure où le même
juge peut être amené à prononcer une astreinte, puis à la liquider : comme la liquidation
n’est que la suite de la 1re décision, la Cour de cassation a décidé que cette double

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compétence ne porte pas atteinte au procès équitable.
Quel que soit le juge saisi, l’ouverture d’une procédure collective suspend le cours de
l’instance en liquidation11.

b) Les pouvoirs du juge


Le juge dispose de pouvoirs différents selon la nature de l’astreinte. Dans tous les cas, il
doit vérifier l’inexécution par le débiteur de ses obligations. La Cour de cassation décide
qu’il incombe au débiteur de prouver que l’obligation mise à sa charge sous astreinte a
été correctement exécutée12. Si le débiteur a exécuté la totalité de ses obligations, le
juge ne peut plus liquider l’astreinte ; il pourra au contraire la liquider si le débiteur a
exécuté avec retard ou n’a pas exécuté13. Dans toutes les hypothèses, le juge de l’exé-
cution dispose d’un pouvoir de suppression de l’astreinte. L’astreinte provisoire ou
définitive est supprimée en tout ou partie s’il est établi que l’inexécution ou le retard
dans l’exécution de l’injonction du juge provient, en tout ou partie, d’une cause étran-
gère (CPC exéc., art. L. 131-414). Le débiteur devra prouver l’existence de cette cause
étrangère (cas fortuit, force majeure, fait d’un tiers). Selon son importance, le juge
pourra supprimer tout ou partie de l’astreinte, mais il ne peut pas liquider une astreinte
à un montant supérieur à celui prévu.
Le pouvoir de réviser le taux de l’astreinte dépend de la nature de celle-ci. En effet, le
taux de l’astreinte définitive ne peut jamais être modifié lors de sa liquidation (CPC exéc.,
art. L. 131-4, al. 2), ce qui en fait toute la rigueur. Au contraire, le montant de l’astreinte
provisoire est liquidé en tenant compte du comportement de celui à qui l’injonction a
été adressée et des difficultés qu’il a rencontrées pour l’exécuter. Le juge apprécie
souverainement les justifications fournies par le débiteur, indépendantes de toute
« faute » de sa part, pour diminuer le montant de la condamnation15. Il peut également,
en présence d’un comportement fautif ou de mauvaise foi, appliquer le taux maximal
prévu initialement. Le juge doit motiver sa décision16. En revanche, le JEX ne peut
jamais prendre en considération le préjudice subi par le créancier.
Même si l’astreinte est indépendante des dommages-intérêts (CPC exéc., art.
L. 131-2), ce qui interdit au juge de prendre en compte le préjudice du créancier pour
en fixer le montant, le juge peut ajouter à la condamnation à l’astreinte une condamna-
tion à des intérêts de retard, ou à des dommages et intérêts pour réparer le préjudice
causé par l’inexécution ou le retard dans l’exécution.

——
11. Cass. 2e civ., 11 mai 2006 : Bull. civ. II, no 126 ; D. 2006, p. 1530, obs. Lienhard ; Procédures, 2006,
no 179, obs. Perrot.
12. Cass. 2e civ., 12 avr. 2018, nº 17-11437 – Cass. 2e civ., 17 mars 2016, nº 15-13122.
13. Cass. 3e civ., 2 juin 2015, nº 14-16224.
14. Cass. 2e civ., 26 juin 2014, nº 13-19561.
15. Cass. 2e civ., 7 déc. 2017, nº 16-20870.
16. Cass. 2e civ., 25 juin 2015, nº 14-17436.
44 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

c) Le versement de l’astreinte
La décision du juge de l’exécution statuant sur la liquidation est exécutoire de plein
droit par provision (CPC exéc., art. R. 131-4). La Cour de cassation considère que les
dispositions prévues à l’art. R. 121-22 du CPC exéc., qui prévoient le sursis à exécution
des décisions du JEX en cas d’appel, ne s’appliquent pas aux décisions qui liquident

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l’astreinte17.
Elle a autorité de la chose jugée, mais ne fait pas obstacle à la présentation d’une
nouvelle demande pour une période postérieure, dès lors que l’astreinte n’était pas
limitée dans le temps et que l’inexécution a perduré. Mais l’astreinte demeure toujours
accessoire à une condamnation : dès lors, la réformation de la décision assortie d’une
astreinte entraîne de plein droit l’anéantissement des décisions prises pour la liquidation
de l’astreinte, pour perte de fondement juridique, ce qui donne droit à restitution.
L’exécution de la décision conduit à un versement de la somme au créancier, qui
profite de la peine privée que constitue l’astreinte. Cet enrichissement soulève des ques-
tionnements importants : sur quel fondement peut-on justifier qu’une offense au juge
enrichisse le créancier, indépendamment de tout préjudice ? Des propositions de
réforme ont été faites18, pour faire en sorte que le créancier ne perçoive pas la totalité
de l’astreinte, le restant pouvant être attribué au Trésor public (en matière administra-
tive, la juridiction administrative peut décider qu’une part de l’astreinte ne sera pas
versée au requérant, cette part étant affectée au budget de l’État depuis une loi du
30 décembre 2000 ; CJA, art. L. 911-8 ; mais si c’est l’État qui est condamné, la juridic-
tion attribue la totalité au requérant).

C - La contrainte judiciaire
1) Le domaine
Réglementée par les articles 749 et suivants du Code de procédure pénale issus de la loi
nº 2004-204 du 9 mars 200419, la contrainte judiciaire (ancienne « contrainte par
corps ») est une mesure pénale d’incitation à l’exécution de certaines condamnations.
Aux termes de l’article 749 du Code de procédure pénale, le juge de l’application des
peines peut ordonner, dans les conditions prévues par la loi, une contrainte judiciaire
consistant en un emprisonnement dont la durée est fixée par ce magistrat dans la
limite d’un maximum fixé par la loi en fonction du montant de l’amende ou de leur
montant cumulé, en cas d’inexécution volontaire d’une ou plusieurs condamnations à
une peine d’amende prononcées en matière criminelle ou en matière correctionnelle
pour un délit puni d’une peine d’emprisonnement, y compris en cas d’inexécution
volontaire de condamnations à des amendes fiscales ou douanières (mais l’abrogation
de l’article L. 272 du Livre des procédures fiscales interdit la contrainte judiciaire pour
certaines condamnations). Mais la contrainte judiciaire n’est pas une mesure d’exécution

——
17. Cass., avis, 27 juin 1994, nº 09-40008 – Cass. 2e civ., 25 juin 1997, nº 95-10537.
18. Du Rusquec, « La nature juridique de l’astreinte en matière civile », JCP 1993, I, 3699.
19. Detraz, « Rémanence et renaissance d’une institution : de la contrainte par corps à la contrainte judi-
ciaire, commentaire de l’article 198 de la loi no 2004-204 du 9 mars 2004 », RD pén. crim. 2004,
no 10, étude 14.
CHAPITRE 2 – L’émergence d’un droit au recouvrement amiable 45

forcée : le condamné qui a subi une contrainte judiciaire n’est pas libéré du montant des
condamnations pour lesquelles elle a été exercée (CPP, art. 761-1).
Si le juge est libre d’en apprécier la durée, c’est dans les strictes limites légales. Le
maximum de la durée de la contrainte judiciaire est fixé par l’article 750 du Code de
procédure pénale :

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– à vingt jours lorsque l’amende est au moins égale à 2 000 euros sans excéder
4 000 euros ;
– à un mois lorsque l’amende est supérieure à 4 000 euros sans excéder 8 000 euros ;
– à deux mois lorsque l’amende est supérieure à 8 000 euros sans excéder
15 000 euros ;
– à trois mois lorsque l’amende est supérieure à 15 000 euros.

2) Les limites
Certains débiteurs échappent à ce moyen de pression, pour des raisons humani-
taires : ainsi, la contrainte judiciaire ne peut être prononcée ni contre les personnes
mineures au moment des faits, ni contre les personnes âgées d’au moins soixante-cinq
ans au moment de la condamnation (CPP, art. 751 ; cette disposition ne s’applique pas à
l’incarcération en cas de non-paiement des jours-amende20). De même, parce qu’elle
serait sans utilité, la contrainte judiciaire ne peut être prononcée contre les condamnés
qui, par tout moyen, justifient de leur insolvabilité (CPP, art. 752) : si l’insolvabilité est
postérieure à la condamnation, le débiteur peut demander au juge de le dispenser de
l’exécuter. Enfin, la contrainte par corps ne peut être exercée simultanément contre le
mari et la femme, même pour le recouvrement de sommes afférentes à des condamna-
tions différentes (CPP, art. 753).
L’exécution de la contrainte judiciaire prononcée n’est pas automatique : le débi-
teur peut toujours y échapper en exécutant la condamnation. Pour cela, elle ne peut être
exercée que cinq jours après un commandement fait au condamné à la requête de la
partie poursuivante. Dans le cas où le jugement de condamnation n’a pas été précédem-
ment signifié au débiteur, le commandement porte en tête un extrait de ce jugement,
lequel contient le nom des parties et le dispositif. Au vu de l’exploit de signification du
commandement, si ce dernier acte de moins d’un an, et sur la demande du Trésor, le
procureur de la République peut requérir le juge de l’application des peines de
prononcer la contrainte judiciaire dans les conditions prévues par l’article 712-6. Ce
magistrat peut à cette fin délivrer les mandats prévus par l’article 712-17. La décision
du juge de l’application des peines, qui est exécutoire par provision, peut faire l’objet
d’un appel dans les conditions prévues par l’article 712-11.
Le juge de l’application des peines peut décider d’accorder des délais de paiement au
condamné si la situation personnelle de ce dernier le justifie, en ajournant sa décision
pour une durée qui ne saurait excéder six mois (CPP, art. 754). Des dispositions spéciales
ont été ajoutées par la loi nº 2016-731 du 3 juin 2016. L’article 762 du Code de procé-
dure pénale prévoit que lorsque le juge de l’application des peines statue en application
des dispositions de l’article 754 pour mettre à exécution l’emprisonnement encouru
pour défaut de paiement d’un jour-amende, les dispositions de l’article 750 ne sont

——
20. Cass. crim., 28 févr. 2017, nº 16-82801.
46 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

pas applicables. En revanche, les dispositions des articles 752 et 753 sont applicables.
Pour l’application de l’article 754, une mise en demeure de payer, adressée par lettre
recommandée avec demande d’avis de réception, a les mêmes effets qu’un commande-
ment de payer. La personne condamnée à la peine de jours-amende et contre qui la
mise à exécution de l’emprisonnement a été prononcée peut prévenir cette mise à

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exécution ou en faire cesser les effets en payant l’intégralité de l’amende.
Les individus contre lesquels la contrainte a été prononcée peuvent en prévenir ou en
faire cesser les effets soit en payant ou consignant une somme suffisante pour
éteindre leur dette, soit en fournissant une caution reconnue bonne et valable. La
caution est admise par le comptable public compétent. En cas de contestation, elle est
déclarée, s’il y a lieu, bonne et valable par le président du tribunal judiciaire agissant par
voie de référé. La caution doit se libérer dans le mois, faute de quoi elle peut être pour-
suivie (CPP, art. 759).
Lorsque le paiement intégral n’a pas été effectué, et sous réserve des dispositions de
l’article 760, la contrainte judiciaire peut être requise à nouveau pour le montant des
sommes restant dues (CPP, art. 759).
La contrainte judiciaire est subie en établissement pénitentiaire, dans le quartier à ce
destiné (CPP, art. 758). Le débiteur détenu est soumis au même régime que les
condamnés, sans toutefois être astreint au travail (CPP, art. 761).
Lorsque la contrainte judiciaire a pris fin pour une cause quelconque, elle ne peut
plus être exercée ni pour la même dette, ni pour des condamnations antérieures à son
exécution, à moins que ces condamnations n’entraînent par leur quotité une contrainte
plus longue que celle déjà subie, auquel cas la première incarcération doit toujours être
déduite de la nouvelle contrainte (CPP, art. 760).

D - La sanction pénale de l’organisation frauduleuse


de son insolvabilité
Afin de prévenir les comportements de mauvaise foi, la loi a instauré un délit d’organi-
sation frauduleuse de son insolvabilité (C. pén., art. 314-7), qui permet de sanctionner à
la fois, le débiteur, mais également ses complices, dans l’intérêt du créancier victime.

1) La sanction du débiteur
Le débiteur qui, même avant la décision judiciaire constatant sa dette, organise ou
aggrave son insolvabilité en vue de se soustraire à l’exécution d’une condamnation de
nature patrimoniale prononcée par une juridiction répressive ou prononcée par une juri-
diction civile, en matière délictuelle, quasi-délictuelle, ou d’aliments, est puni de trois ans
d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende, comme le dirigeant de fait ou de droit
d’une personne morale qui organise ou aggrave l’insolvabilité de celle-ci dans les mêmes
conditions, en vue de la soustraire aux obligations pécuniaires résultant d’une condam-
nation prononcée en matière pénale, délictuelle, quasi-délictuelle.
La prescription de l’action publique ne court qu’à compter de la condamnation à
l’exécution de laquelle le débiteur a voulu se soustraire. Si le dernier agissement est
postérieur à cette condamnation, la prescription court à compter du dernier agissement
CHAPITRE 2 – L’émergence d’un droit au recouvrement amiable 47

ayant pour objet d’organiser ou d’aggraver l’insolvabilité du débiteur (C. pén., art. 314-8,
al. 3).
La sanction de l’organisation de son insolvabilité suppose la réunion de nombreuses
conditions :
– la dette à laquelle le débiteur s’est soustrait doit résulter de la condamnation de

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nature patrimoniale prononcée par une juridiction répressive ou, en matière délic-
tuelle ou quasi-délictuelle ou d’aliments, prononcée par une juridiction civile
(C. pén., art. 314-7). La loi assimile aux condamnations au paiement d’aliments les
décisions judiciaires et les conventions judiciairement homologuées portant obliga-
tion de verser des prestations, subsides ou contributions aux charges du mariage
(C. pén., art. 314-9). La jurisprudence donne à ces dispositions une interprétation
restrictive. Par exemple, la liquidation des biens d’un commerçant prononcée par
un tribunal de commerce n’est pas une décision entrant dans le champ d’applica-
tion de cette infraction21. De nombreuses applications de cette disposition concer-
nent les relations pécuniaires entre conjoints. La condamnation pénale pour délit
d’organisation de son insolvabilité est possible même si une juridiction civile a déjà
condamné le débiteur sur le fondement de l’article 1477 du Code civil pour recel
d’effets de la communauté ;
– l’infraction n’est réalisée que si l’on peut constater la réunion des éléments matériels
et intentionnels du délit. Conformément à l’article 314-7 du Code pénal, le débiteur
doit avoir organisé ou aggravé son insolvabilité, soit en augmentant le passif ou en
diminuant l’actif de son patrimoine, soit en diminuant ou en dissimulant tout ou
partie de ses revenus, soit en dissimulant certains de ses biens en vue de se sous-
traire à l’exécution de la condamnation.
La jurisprudence a sanctionné le débiteur qui se dessaisit par donation de ses biens
meubles et immeubles, puis sollicite du juge aux affaires familiales la suppression de la
pension alimentaire pour impécuniosité22 ; le débiteur qui diminue l’actif de son patri-
moine en renonçant volontairement à un emploi rémunéré23 ou en consentant une
donation à l’un de ses enfants, portant sur un immeuble, seul bien saisissable de son
patrimoine, même si l’acte a été passé par un notaire autorisé par le juge d’instruction
à lui rendre visite dans l’établissement pénitentiaire24. Les juges recherchent l’intention
du débiteur à travers les actes d’appauvrissement ou de dissimulation : ainsi, la vente
de son habitation par le débiteur et la dispersion du prix par un placement sur plusieurs
comptes bancaires ouverts dans un autre département que celui de son domicile carac-
térise l’organisation intentionnelle de son insolvabilité25.

2) La sanction des complices


La complicité est prévue et réprimée par l’article 314-8 du Code pénal. La juridiction
peut décider que la personne déclarée complice sera tenue solidairement, dans la
limite des fonds ou de la valeur vénale des biens reçus à titre gratuit ou onéreux, aux

——
21. Cass. crim., 8 mars 2007, nº 15-82102.
22. Cass. crim., 29 mai 1989 : Bull. crim., no 217.
23. Cass. crim., 1er févr. 1990 : Bull. crim., no 55 ; Gaz. Pal. 1990, 2, p. 390.
24. Cass. crim., 24 août 1994 : Bull. crim., no 293 ; RSC 1995, p. 103, obs. Ottenoff.
25. Aix-en-Provence, 26 nov. 1997 : JCP 1998, IV, 1953.
48 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

obligations pécuniaires résultant de la condamnation à l’exécution de laquelle l’auteur


de l’infraction a voulu se soustraire. La sanction de la complicité concerne le plus
souvent les proches du débiteur (conjoint, enfant). L’article 314-8 alinéa 2 ajoute que
lorsque la condamnation de nature patrimoniale a été prononcée par une juridiction
répressive, le tribunal peut décider que la peine qu’il prononce ne se confondra pas

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avec celle qui a été précédemment prononcée.
Parmi les exemples jurisprudentiels, on peut citer le cas de l’épouse qui, occultant son
état de femme mariée, a aidé son mari à dissimuler ses biens et revenus en lui servant
de prête-nom dans une société commerciale, afin de lui permettre de se soustraire à
diverses condamnations pécuniaires26.

2• LES PROCÉDÉS DE RECOUVREMENT AMIABLE


A - Les conditions du recouvrement amiable
1) Les agents de recouvrement
L’article L. 124-1 du CPC exéc. fait référence au recouvrement amiable des créances, en
précisant que l’activité des personnes physiques ou morales non soumises à un statut
professionnel qui, d’une manière habituelle ou occasionnelle, même à titre accessoire,
procèdent au recouvrement amiable des créances pour le compte d’autrui, fait l’objet
d’une réglementation fixée par décret en Conseil d’État.
Initialement, c’est le décret no 96-1112 du 18 décembre 1996 qui réglementait les
activités des personnes physiques ou morales qui, d’une manière habituelle ou occasion-
nelle, même à titre accessoire, procèdent au recouvrement des créances pour le compte
d’autrui. Les dispositions figurent actuellement aux articles R. 24-1 et suivants du CPC
exéc., qui ont abrogé et remplacé le décret de 1996.
Des garanties particulières doivent être fournies par les agents de recouvrement, prévues
à l’article R. 124-2 du CPC exéc. modifié par le décret nº 2019-966 du 18 septembre
2019, qui sont entrées en vigueur le 1er janvier 2020. Les personnes mentionnées à
l’article R. 124-1 justifient qu’elles ont souscrit un contrat d’assurance les garantis-
sant contre les conséquences pécuniaires de la responsabilité civile professionnelle
qu’elles peuvent encourir en raison de leur activité. En outre, elles justifient également
être titulaires d’un compte dans l’un des établissements de crédit mentionnés à
l’article L. 511-9 du Code monétaire et financier ou l’une des institutions ou l’un des
établissements de services mentionnés à l’article L. 518-1 du même code. Ce compte
doit être exclusivement affecté à la réception des fonds encaissés pour le compte
des créanciers. La justification des conditions requises est assurée par déclaration écrite
des intéressés, remise ou adressée, avant tout exercice de l’activité, au procureur de la
République près le tribunal judiciaire dans le ressort duquel ils ont le siège de leurs acti-
vités. A tout moment, le procureur de la République peut vérifier que les intéressés se
conforment aux obligations prescrites. Ces dispositions ne sont pas applicables aux

——
26. Cass. crim., 11 déc. 1989 : Bull. crim., no 417.
CHAPITRE 2 – L’émergence d’un droit au recouvrement amiable 49

personnes qui procèdent au recouvrement amiable au titre de leur statut professionnel


ou dans le cadre de la réglementation de leur profession. C’est le cas des commissaires
de justice qui sont soumis à un statut professionnel spécifique, et auxquels le créancier
peut confier ces opérations de recouvrement (les commissaires de justice n’ont pas de
monopole dans le recouvrement amiable ; Ord. 2 nov. 1945, art. 1er, al. 2). Il suffit au

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créancier de remettre les pièces entre les mains d’un commissaire de justice, ce qui
vaut mandat d’encaisser (D. no 56-222, 29 févr. 1956, art. 18).
Le décret no 2014-673 du 25 juin 2014 modifie le mode de détermination des hono-
raires du commissaire de justice en le déconnectant de la tarification (D. 12 déc. 1996,
art. 16-I, sur le tarif des huissiers).

2) La convention de recouvrement
Le règlement amiable suppose la conclusion d’une convention écrite entre le créancier
et l’agent de recouvrement, contenant un pouvoir de recevoir le paiement pour le
compte du créancier (CPC exéc., art. R. 124-3), mais il n’impose pas de titre exécutoire,
et concerne généralement le paiement des créances constatées dans un titre non exécu-
toire. La convention doit être spéciale. Elle indique le fondement et le montant des
sommes dues, les conditions et les modalités de la garantie donnée au créancier contre
les conséquences pécuniaires de la responsabilité civile, les conditions de la rémunéra-
tion à la charge du créancier, et les conditions de reversement des fonds encaissés pour
le compte du créancier.

3) Les opérations de recouvrement


Elles consistent dans l’envoi d’une lettre de mise en demeure dont le contenu est
précisément défini par l’article R. 124-4 du CPC exéc. Les mentions permettent l’identifica-
tion de la personne chargée du recouvrement amiable, précisent son nom, sa dénomina-
tion sociale, son adresse ou siège social, et l’indication qu’elle exerce une activité de recou-
vrement amiable, afin d’informer le débiteur du rôle exact de l’agent de recouvrement. La
lettre de mise en demeure précise également l’identification du créancier (nom ou déno-
mination sociale, adresse ou siège social), le fondement et le montant de la somme due en
principal, intérêts et autres accessoires, en distinguant les différents éléments de la dette, à
l’exclusion des frais qui restent à la charge du créancier en application de l’article L. 111-8
du CPC exéc.
La lettre contient la mise en demeure d’avoir à payer la somme due et les modalités de
paiement de la dette, elle reproduit les troisième et quatrième alinéas de l’article L. 111-8
du CPC exéc. À cet égard, le débiteur est informé qu’en principe, les frais de recouvre-
ment entrepris sans titre exécutoire restent à la charge du créancier. Toute stipulation
contraire est réputée non-écrite. Mais « le créancier qui justifie du caractère nécessaire
des démarches entreprises pour recouvrer sa créance peut demander au juge de l’exécu-
tion de laisser tout ou partie des frais ainsi exposés à la charge du débiteur de mauvaise
foi ». Le débiteur est également informé de ce que « l’activité des personnes physiques
ou morales non soumises à un statut professionnel qui, d’une manière habituelle ou
occasionnelle, même à titre accessoire, procèdent au recouvrement amiable des
créances pour le compte d’autrui, fait l’objet d’une réglementation fixée par décret en
Conseil d’État ».
50 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

Toute démarche auprès du débiteur en vue du recouvrement amiable rappelle les réfé-
rences et la date d’envoi de la lettre. L’omission de l’une des mentions définies peut
entraîner une peine d’amende prévue pour les contraventions de 5e classe pour l’agent
chargé du recouvrement (CPC exéc., art. R. 124-7).

international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:714558545:88882200:196.113.33.6:1589569629
4) L’obligation d’information
La loi fait peser sur l’agent de recouvrement mandataire une obligation d’informa-
tion. D’abord, lorsqu’il a reçu un paiement même partiel de la part du débiteur, il doit
en informer le créancier (dans la mesure où ce paiement ne résulte pas de l’exécution
d’un accord de paiement échelonné déjà connu du créancier ; CPC exéc., art. R. 124-5).
Ensuite, l’agent de recouvrement doit informer le créancier de toute proposition du
débiteur tendant à « s’acquitter de son obligation par tout autre moyen que le paiement
immédiat de la somme réclamée » (CPC exéc., art. R. 124-5). Le créancier pourra alors
prendre toute décision qui s’impose pour garantir ses intérêts. L’article 6 autorise des
stipulations contraires dans la convention liant le créancier et l’agent de recouvrement
(ce dernier pourra être autorisé à accepter les modalités proposées par le débiteur).

B - Les issues du recouvrement amiable

1) L’encaissement des sommes


Des garanties sont offertes au débiteur. En effet, tout paiement doit donner lieu à l’éta-
blissement d’une quittance remise au débiteur. De plus, la personne chargée du recou-
vrement dispose d’un délai d’un mois à compter de l’encaissement effectif pour procéder
au reversement des fonds perçus au créancier (CPC exéc., art. R. 124-6). Cette obligation
est susceptible de conventions contraires entre le créancier et l’agent de recouvrement.

Frais de recouvrement
L’article L. 111-8 du CPC exéc. précise que « les frais de recouvrement entrepris sans titre
exécutoire restent à la charge du créancier. Toute stipulation contraire est réputée non-écrite,
sauf disposition législative contraire ». Cette charge se justifie par le caractère quérable de
toute dette (C. civ., art. 1342-627) qui impose au créancier d’effectuer à ses frais les démarches
nécessaires au paiement. Quel que soit le mode de fixation des honoraires par l’agent de recou-
vrement, le débiteur est assuré que son endettement ne sera pas aggravé.
Néanmoins, l’article L. 111-8 réserve les frais de recouvrement « qui concernent un acte dont
l’accomplissement est prévu par la loi » : il peut s’agir des frais de procédure résultant de la
présentation d’une requête à fin d’injonction de payer, qui relèvent de la catégorie des
dépens, et peuvent être mis à la charge du débiteur si les conditions de l’article 696 du CPC
sont remplies. Dans tous les cas, le créancier peut saisir le juge de l’exécution pour solliciter
que les frais de recouvrement soient laissés, en totalité ou partiellement, à la charge du débi-
teur de mauvaise foi (CPC exéc., art. L. 111-8, dern. al.). Le créancier doit justifier du caractère
nécessaire des démarches entreprises pour recouvrer sa créance, et de la mauvaise foi du débi-
teur qui se soustrait au paiement.
-- ---- --- ---- ---- --- ---- --- ---- --- ---- ---- --- ---- --- ---- --- ---- ---- --- ---- --- ---- --- ---- ---
——
27. « Le paiement doit être fait au domicile du débiteur », Cass. 3e civ., 24 nov. 2004 : Bull. civ. III, no 208 ;
JCP 2005, II, 10048, note Kessler ; D. 2005, IR p. 12, obs. Rouquet, à propos du paiement des loyers.
CHAPITRE 2 – L’émergence d’un droit au recouvrement amiable 51

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L’article L. 623-21 du Code de la consommation précise que : « L’intégralité des frais et des
droits proportionnels de recouvrement ou d’encaissement prévus à l’article L. 111-8 du Code
des procédures civiles d’exécution, pour l’application des sections 1, 2 et 4 du présent chapitre,
est à la charge du professionnel visé ».

international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:1442956049:88882200:196.113.33.6:1589570230
2) En cas d’échec du recouvrement amiable
Le créancier doit recourir à une procédure d’exécution forcée. Pour obtenir un titre
exécutoire, le créancier doit saisir le juge compétent pour qu’il statue sur le bien-fondé
de la créance et condamne le débiteur. S’il recourt à la procédure d’injonction de
payer, sa demande est portée, selon le cas, devant le juge des contentieux de la protec-
tion ou devant le président du tribunal judiciaire ou du tribunal de commerce, dans la
limite de la compétence d’attribution de ces juridictions. Le juge territorialement compé-
tent est celui du lieu où demeure le ou l’un des débiteurs poursuivis. Les règles prescrites
aux alinéas précédents sont d’ordre public. Toute clause contraire est réputée non écrite.
Le juge doit relever d’office son incompétence, l’article 847-5 étant alors applicable
(CPC, art. 1406, mod. D. nº 2019-1333, 11 déc ; 2019, entré en vigueur le 1er janvier
2020). La demande est formée par requête remise ou adressée, selon le cas, au greffe
par le créancier ou par tout mandataire. Outre les mentions prescrites par l’article 57,
la requête contient l’indication précise du montant de la somme réclamée avec le
décompte des différents éléments de la créance ainsi que le fondement de celle-ci. Elle
est accompagnée des documents justificatifs (CPC, art. 1407, mod. D.nº 2019-1333,
11 déc. 2019, entré en vigueur le 1er janvier 2020). A partir du 1er janvier 2021, une juri-
diction nationale unique devrait être instituée pour statuer sur les injonctions de payer
civiles (COJ, art. L. 211-17 et L. 211-18 ; L. nº 2019-222, 23 mars 2019).

C - La procédure simplifiée de recouvrement amiable


La loi nº 2015-990 du 6 août 2015 et le décret nº 2016-285 du 9 mars 2016 ont créé un
mode amiable et original de recouvrement des petites créances diligentées par un
commissaire de justice. Aux termes de l’article L. 125-1 du Code des procédures civiles
d’exécution (Ord. nº 2016-131, 10 févr. 2016 a transféré le contenu de l’art. 1244-1 du
Code civil dans le CPC exéc.), une procédure simplifiée de recouvrement des
petites créances peut être mise en œuvre par un commissaire de justice à la demande
du créancier pour le paiement d’une créance ayant une cause contractuelle ou résultant
d’une obligation de caractère statutaire et inférieure en principal et intérêts au montant
de 4 000 euros. Cette nouvelle compétence est conforme aux recommandations du
Conseil de l’Europe (§ 4, Lignes directrices sur l’exécution). Un tel processus de recouvre-
ment offre de nombreux avantages : il est rapide, il conduit à un accord entre le créan-
cier et le débiteur sur les délais et les modalités de paiement. L’intervention du commis-
saire de justice assure la sécurité juridique, la garantie de l’information des parties et la
régularité de l’accord.
Cette procédure (CPC exéc., art. R. 125-1 et s.) est rapide puisqu’elle se déroule dans un
délai d’un mois à compter de l’envoi par le commissaire de justice d’une lettre recom-
mandée avec demande d’avis de réception invitant le débiteur à participer à cette procé-
dure. La loi nº 2019-222 du 23 mars 2019 a modifié l’article L. 125-1 pour ajouter que le
52 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

commissaire de justice peut envoyer un message transmis par voie électronique au débi-
teur. Le commissaire de justice compétent est celui du ressort de la cour d’appel dans
lequel le débiteur a son domicile. L’arrêté du 3 juin 2016 établit un modèle de lettre
RAR et les formulaires applicables. Le débiteur dispose d’un mois à compter de l’envoi
du RAR pour accepter de participer à la procédure. En cas de refus ou de silence valant

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refus, le créancier peut saisir le juge pour obtenir un titre exécutoire. Si le débiteur
accepte de participer, le commissaire de justice lui propose un accord sur le montant et
les modalités du paiement. Au vu de l’accord du débiteur, le commissaire de justice
délivre au créancier mandant un titre exécutoire qui récapitule les diligences effectuées
en vue de sa conclusion. En cas de refus exprès du débiteur sur le montant et les moda-
lités proposés, le juge peut être saisi.
Pour faire en sorte que le créancier ne soit pas victime de la prescription extinctive de son
droit, il est prévu une suspension de la prescription. Précisément, la suspension prend
effet à compter de l’accord du débiteur constaté par le commissaire de justice pour
participer à la procédure prévue à l’article L. 125-1 du CPC exéc. En cas d’échec de la
procédure, le délai de prescription recommence à courir à compter de la date du refus
du débiteur, constaté par le commissaire de justice, pour une durée qui ne peut être
inférieure à six mois (C. civ., art. 2238) : ce délai minimum permet au créancier de saisir
un juge pour obtenir le paiement.
Les frais de toute nature qu’occasionne la procédure sont à la charge exclusive du
créancier.
Pour éviter les conflits d’intérêts, le commissaire de justice ayant établi le titre exécutoire
ne peut pas être chargé de la mise à exécution forcée du recouvrement de la créance qui
en fait l’objet.
L’arrêté du 3 juin 2016 permet la mise en œuvre par voie électronique de la procédure
simplifiée, via le réseau privé sécurisé huissiers (RPSH), à travers la plateforme
dénommée « e-huissier ». La chambre nationale des commissaires de justice a lancé le
site www.petitescreances.fr.
PARTIE 2

Le cadre
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général
de l’exécution
forcée
Chapitre 3 Les acteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Chapitre 4 Les organes de la procédure. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Chapitre 5 Les conditions de toute poursuite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81

Les réformes ont rendu le droit de l’exécution forcée mobilière plus cohérent en le
soumettant à un ensemble de principes généraux qui définissent les conditions des
saisies et les opérations d’exécution, en ménageant les intérêts souvent contradic-
toires du créancier et du débiteur, et en intégrant dans le droit de l’exécution
forcée les exigences imposées à toute procédure respectueuse du procès équitable,
tels que les droits de la défense et l’égalité des armes. La réforme de 2006 relative
à la saisie immobilière a confirmé la cohérence des processus d’exécution, en préci-
sant que le droit commun des saisies est celui qu’avait défini la loi de 1991, et en
concentrant tout le contentieux de la saisie immobilière entre les mains du juge de
l’exécution. Le droit de l’exécution contenu dans le Code des procédures civiles
d’exécution depuis le 1er juin 2012, est ainsi encadré par un ensemble de principes
fondateurs qui intéressent les acteurs, les organes de la procédure, et les condi-
tions de la poursuite. Seules les règles de droit commun sont analysées. Mais
54 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

l’article R. 241-1 du CPC rappelle que les dispositions particulières relatives aux
autres procédures d’exécution mobilière sont énoncées par le Code des transports,
le Code de l’aviation civile pour la saisie des aéronefs, le Code de la propriété intel-
lectuelle pour la saisie en matière de droit de propriété littéraire, artistique et
industrielle, le Code rural et de la pêche maritime pour les oppositions à tiers

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détenteur des mutualités sociales agricoles, le Code de la sécurité sociale pour les
oppositions à tiers détenteur des caisses de sécurité sociale et le Code de
commerce pour ce qui concerne les voies d’exécution mises en œuvre au cours
d’une procédure de sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaire. Le
Code pénal et le Code de procédure pénale prévoient de nombreuses saisies
pénales (non étudiées dans cet ouvrage, gel, saisie et confiscation des avoirs crimi-
nels : les nouveaux outils de la loi française, par J.-F. Thony et E. Camous, Rev.
Intern. Dr. Pén. 2013, Erès) sur les biens mobiliers et immobiliers qui ont un
impact certain sur les créanciers civils.
CHAPITRE 3
Les acteurs

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La saisie est poursuivie par un créancier, qui entend contraindre son débiteur à exécuter
ses obligations. Des tiers peuvent être concernés par la procédure, à divers titres (autre
créancier du même débiteur, tiers détenteur).

1• LE CRÉANCIER SAISISSANT
A - Le droit de poursuivre de tout créancier
Aux termes de l’article L. 111-1 du CPC exéc., tout créancier peut, dans les conditions
prévues, contraindre son débiteur défaillant à exécuter ses obligations à son égard. Peu
importe sa qualité (hypothécaire, privilégié ou simplement chirographaire), puisque le
droit de gage sur l’ensemble du patrimoine du débiteur est attribué indifféremment à
tous les créanciers (C. civ., art. 2284 et 2285). La distinction reprendra toute sa portée
lors de la distribution du prix ; ceci peut dissuader un créancier chirographaire de prati-
quer une saisie, s’il sait par avance que le prix ne sera pas suffisant pour désintéresser les
créanciers qui le priment !
La qualité de créancier se transmet aux héritiers qui peuvent exercer les poursuites
contre celui qui est devenu leur débiteur : le titre exécutoire contre le défunt l’est aussi
contre l’héritier, huit jours après que la signification lui en a été faite. Une cession de
créance qui obéit aux exigences des articles 1321 et suivants du Code civil, une transmis-
sion de créance par subrogation dans les droits du créancier, autorisent des poursuites
contre le débiteur.
Tout créancier ayant la capacité juridique peut poursuivre. Sauf disposition contraire,
l’exercice d’une mesure d’exécution et d’une mesure conservatoire est considéré
comme un acte d’administration sous réserve des dispositions du Code civil relatives
à la réception des deniers (CPC exéc., art. L. 111-9) et de la saisie immobilière. Dès lors,
le créancier n’a besoin que d’un pouvoir de gestion courante pour pratiquer un acte de
saisie-attribution.
Le créancier doit avoir la capacité juridique d’accomplir des actes d’administration ou
de disposition. Les dispositions du Code civil règlent les difficultés. S’agissant des
majeurs protégés ou des mineurs non émancipés, des formalités habilitantes particu-
lières sont prévues pour garantir leurs droits. L’article 496 du Code civil précise que le
« tuteur représente la personne protégée dans les actes nécessaires à la gestion de son
patrimoine ». L’article 504 précise que le tuteur accomplit seul les actes conservatoires,
sous réserve des dispositions de l’article 473 (actes précisés par le juge), les actes
56 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

d’administration nécessaires à la gestion du patrimoine. L’article 505 ajoute que le


tuteur doit obtenir l’autorisation du conseil de famille ou, à défaut, du juge, pour les
actes de disposition. L’autorisation n’est pas exigée en cas de vente forcée sur décision
judiciaire ou en cas de vente amiable sur autorisation du juge. Pour la curatelle,
l’article 467 du Code civil la personne protégée ne peut pas faire seule, sans l’assistance

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de son curateur, les actes qui, en cas de tutelle, requerraient une autorisation du juge ou
du conseil de famille.
Si le débiteur néglige d’exercer une mesure d’exécution pour obtenir le paiement d’une
de ses créances, on doit reconnaître au créancier la possibilité de pratiquer une saisie en
ses lieu et place, pour le compte du débiteur, en application de l’action oblique (C. civ.,
art. 1341-1) que le créancier peut exercer pour les droits et actions à caractère
patrimonial.

B - Le libre choix des poursuites


Selon l’article L. 111-7 du CPC exéc., le créancier a le libre choix des mesures d’exécu-
tion : il peut choisir le type de mesure (conservatoire ou d’exécution), le type de bien
(meuble ou immeuble), quel que soit le montant de sa créance. Mais la gêne occa-
sionnée par une procédure d’exécution, l’entrave à certains droits fondamentaux du
débiteur, limitent la liberté du créancier.

1) La hiérarchie des poursuites


Certaines dispositions contraignent le créancier à opter pour une mesure déterminée.

Le cas de l’entrepreneur individuel


Ainsi, afin de protéger le patrimoine personnel de l’entrepreneur individuel, l’article L. 161-1
du CPC exéc. prévoit que lorsque le titulaire d’une créance contractuelle ayant sa cause dans
l’activité professionnelle d’un entrepreneur individuel, entend poursuivre l’exécution forcée
d’un titre exécutoire sur les biens de cet entrepreneur, celui-ci peut, nonobstant les dispositions
du 5º de l’article L. 112-2 et s’il établit que les biens nécessaires à l’exploitation de l’entreprise
sont d’une valeur suffisante pour garantir le paiement de la créance, demander au créancier
que l’exécution soit en priorité poursuivie sur ces derniers... En cas d’insuffisance, il pourra
saisir les biens personnels de l’entrepreneur. Mais le créancier peut s’opposer à cette
demande si elle met en péril le recouvrement de sa créance, et saisir les biens personnels de
l’entrepreneur individuel. Sa responsabilité, s’il s’oppose à la demande, ne peut être recherchée
que s’il est prouvé qu’il a eu l’intention de nuire à l’entrepreneur. En cas de procédure d’exécu-
tion à l’encontre d’un débiteur entrepreneur individuel à responsabilité limitée, celle-ci ne
peut porter que sur le ou les biens sur lesquels le créancier a un droit de gage général tel que
défini par les dispositions de l’article L. 526-12 du Code de commerce qui rappelle l’opposabi-
lité aux créanciers de la déclaration d’affectation de patrimoine éventuellement faite par
l’entrepreneur individuel (CPC exéc., art. L. 161-2).

La loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques nº 2015-990 du


6 août 2015 instaure une insaisissabilité de plein droit de la résidence principale.
L’article L. 526-1 du Code de commerce est modifié en ces termes : « par dérogation aux
articles 2284 et 2285 du Code civil, les droits d’une personne physique immatriculée à
un registre de publicité légale à caractère professionnel ou exerçant une activité
CHAPITRE 3 – Les acteurs 57

professionnelle agricole ou indépendante sur l’immeuble où est fixée sa résidence


principale sont de droit insaisissables par les créanciers dont les droits naissent à
l’occasion de l’activité professionnelle de la personne. Lorsque la résidence princi-
pale est utilisée en partie pour un usage professionnel, la partie non utilisée pour un
usage professionnel est de droit insaisissable, sans qu’un état descriptif de division soit

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nécessaire. La domiciliation de la personne dans son local d’habitation en application de
l’article L. 123-10 du présent code ne fait pas obstacle à ce que ce local soit de droit
insaisissable, sans qu’un état descriptif de division soit nécessaire. »
Par dérogation aux articles 2284 et 2285 du Code civil, une personne physique immatri-
culée à un registre de publicité légale à caractère professionnel ou exerçant une activité
professionnelle agricole ou indépendante peut déclarer insaisissables ses droits sur tout
bien foncier, bâti ou non bâti, qu’elle n’a pas affecté à son usage professionnel. Cette
déclaration, publiée au fichier immobilier ou, dans les départements du Bas-Rhin, du
Haut-Rhin et de la Moselle, au livre foncier, n’a d’effet qu’à l’égard des créanciers dont
les droits naissent, après sa publication, à l’occasion de l’activité professionnelle du
déclarant. Lorsque le bien foncier n’est pas utilisé en totalité pour un usage profes-
sionnel, la partie non affectée à un usage professionnel ne peut faire l’objet de la décla-
ration qu’à la condition d’être désignée dans un état descriptif de division. La déclaration
est reçue par notaire à peine de nullité, et contient la description détaillée des biens et
l’indication de leur caractère propre, commun ou indivis. Elle est publiée conformément
à l’article L. 526-2 du Code de commerce.
L’insaisissabilité mentionnée aux deux premiers alinéas du présent article n’est pas oppo-
sable à l’administration fiscale lorsque celle-ci relève, à l’encontre de la personne, soit
des manœuvres frauduleuses, soit l’inobservation grave et répétée de ses obligations
fiscales, au sens de l’article 1729 du Code général des impôts.
L’article L. 526-3 du Code de commerce nouveau précise : « En cas de cession des droits
immobiliers sur la résidence principale, le prix obtenu demeure insaisissable, sous la
condition du remploi dans le délai d’un an des sommes à l’acquisition par la personne
mentionnée au premier alinéa de l’article L. 526-1 d’un immeuble où est fixée sa rési-
dence principale. »
L’insaisissabilité des droits sur la résidence principale et la déclaration d’insaisissabilité
portant sur tout bien foncier, bâti ou non bâti, non affecté à l’usage professionnel
peuvent, à tout moment, faire l’objet d’une renonciation soumise aux conditions de vali-
dité et d’opposabilité prévues à l’article L. 526-2. La renonciation peut porter sur tout ou
partie des biens ; elle peut être faite au bénéfice d’un ou de plusieurs créanciers
mentionnés à l’article L. 526-1 désignés par l’acte authentique de renonciation. Lorsque
le bénéficiaire de cette renonciation cède sa créance, le cessionnaire peut se prévaloir de
celle-ci. La renonciation peut, à tout moment, être révoquée dans les conditions de vali-
dité et d’opposabilité prévues à l’article L. 526-2. Cette révocation n’a d’effet qu’à
l’égard des créanciers mentionnés à l’article L. 526-1 dont les droits naissent postérieure-
ment à sa publication.
Les effets de l’insaisissabilité et ceux de la déclaration subsistent après la dissolution du
régime matrimonial lorsque la personne mentionnée au premier alinéa de
l’article L. 526-1 ou le déclarant mentionné au deuxième alinéa du même article L. 526-1
est attributaire du bien. Ils subsistent également en cas de décès de la personne
58 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

mentionnée au premier alinéa dudit article L. 526-1 ou du déclarant mentionné au


deuxième alinéa du même article L. 526-1 jusqu’à la liquidation de la succession.
Le droit transitoire est organisé ainsi : le premier alinéa des articles L. 526-1 et L. 526-3
du même code, dans leur rédaction résultant du présent article, n’a d’effet qu’à l’égard
des créanciers dont les droits naissent à l’occasion de l’activité professionnelle après la

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publication de la présente loi. Les déclarations et les renonciations portant sur
l’insaisissabilité de la résidence principale publiées avant la publication de la
présente loi continuent de produire leurs effets (le liquidateur peut contester la
déclaration qui n’a pas fait l’objet d’une publicité régulière pour reconstituer le gage
commun des créanciers1).
Dans le souci de protéger le local servant à l’habitation du débiteur,
l’article L. 221-2 du CPC exéc. prévoit que la créance non alimentaire d’un montant infé-
rieur à 535 euros doit d’abord être recouvrée par une saisie du compte de dépôt ou des
rémunérations du travail, avant une saisie-vente dans le local servant d’habitation au
débiteur. Le commandement précédant la saisie-vente contient l’injonction au débiteur
de communiquer les nom et adresse de son employeur et les références de ses comptes
bancaires ou l’un de ces éléments (mais le fait que le débiteur ne réponde pas ne peut
pas justifier une saisie-vente sans autorisation du JEX, elle permet au commissaire de
justice de procéder à la recherche des informations conformément à la loi). Ces disposi-
tions ne jouent pas si la créance est alimentaire, ou si le JEX donne au créancier une
autorisation spéciale de procéder à une saisie-vente. En dehors de ces situations, la
saisie qui ne respecte pas ce principe de subsidiarité est nulle et donne lieu à des
dommages et intérêts au profit du débiteur.

2) La nécessité de la mesure
Selon l’article L. 111-7 du CPC exéc., le créancier a le choix des mesures propres à
assurer l’exécution ou la conservation de sa créance, mais l’exécution de ces mesures
ne peut excéder ce qui se révèle nécessaire pour obtenir le paiement de l’obliga-
tion. Le juge de l’exécution a le pouvoir d’ordonner la mainlevée de toute mesure
inutile. Ce dispositif assure le principe de proportionnalité de la mesure : le créancier ne
doit pas exercer sur le patrimoine du débiteur une emprise inutile eu égard au montant
de sa créance. Par exemple, est inutile une saisie pratiquée sur des biens qui, manifeste-
ment, ne permettront qu’un remboursement des frais de la procédure d’exécution.
Le créancier peut pratiquer plusieurs saisies, dès l’instant qu’une première saisie n’a
abouti qu’à un paiement partiel, qu’il n’a manifesté aucune mauvaise foi ou intention
de nuire.

3) Le caractère non abusif de la mesure


L’abus du droit d’exécuter est sanctionné par l’article L. 121-2 du CPC exéc. : le juge de
l’exécution a le pouvoir d’ordonner la mainlevée de toute mesure abusive et de
condamner le créancier à des dommages et intérêts en cas d’abus de saisie. Encore
faut-il établir que le créancier a commis une faute en recourant aux voies de droit (inten-
tion de nuire, but vexatoire de la saisie, mauvaise foi du créancier).

——
1. Cass. com., 15 nov. 2016, nº 14-26287.
CHAPITRE 3 – Les acteurs 59

2• LE DÉBITEUR SAISI
A - Tout débiteur

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1) Le débiteur in bonis
Tout débiteur du créancier qui diligente la procédure d’exécution peut être saisi, dès lors
qu’il est défaillant à exécuter ses obligations. En cas de décès du débiteur, ses héritiers
peuvent être tenus à sa place (C. civ., art. 877) : le titre exécutoire contre le défunt l’est
aussi contre l’héritier, 8 jours après que la signification lui en a été faite.
Encore faut-il préciser que la mesure d’exécution forcée doit être réalisée sur un bien
appartenant au débiteur (même s’il est détenu par un tiers), sous réserve des cas dans
lesquels un tiers à la dette a affecté un de ses biens à la garantie de l’obligation du débi-
teur. La saisie de la chose d’autrui peut donner lieu, de la part du propriétaire, à une
action en distraction du bien de la saisie.
Lorsque le débiteur est co-indivisaire, des règles particulières ont été prévues par
l’article 815-17 du Code civil. Les créanciers qui auraient pu agir sur les biens indivis
avant l’indivision (créanciers héréditaires, du défunt), et ceux dont la créance résulte de
la conservation ou de la gestion des biens indivis, sont payés par prélèvement sur l’actif
avant le partage : ils peuvent en outre poursuivre la saisie et la vente des biens indivis. En
ce qui concerne les créanciers personnels d’un indivisaire, ils ne peuvent pas saisir sa part
dans les biens indivis, meubles ou immeubles. Ils ont seulement la faculté de provoquer
le partage au nom de leur débiteur, ou d’intervenir dans le partage provoqué par lui. Les
co-indivisaires peuvent arrêter le cours de l’action en partage en acquittant l’obligation
au nom et en l’acquit du débiteur ; ceux qui exercent cette faculté se remboursent par
prélèvement sur les biens indivis.
La situation juridique du débiteur peut entraîner la mise en œuvre de dispositifs
particuliers, qui ne relèvent pas du droit de l’exécution proprement dit et auxquels il
convient de se référer. Ainsi, dans le cas où le débiteur est marié, il faut tenir compte
des règles relatives au régime matrimonial pour déterminer, à la fois, les dettes propres
ou communes, et les biens susceptibles de saisie pour le paiement de ces dettes (non
détaillées).

2) Le débiteur en situation de surendettement


Si une procédure de sauvegarde, un redressement ou une liquidation judiciaire a
été prononcée contre le débiteur commerçant, la suspension et l’arrêt du cours des
poursuites sont prévus (non étudiés).
Le surendettement du débiteur a des conséquences originales sur les procédures
d’exécution, prévues par la Code de la consommation :
– à la demande du débiteur, la commission peut saisir, à compter du dépôt du
dossier et jusqu’à la décision statuant sur la recevabilité de la demande de traite-
ment de la situation de surendettement, le juge du tribunal d’instance aux fins de
suspension des procédures d’exécution diligentées à l’encontre des biens du
débiteur ainsi que des cessions de rémunération consenties par celui-ci et portant
sur les dettes autres qu’alimentaires. En cas d’urgence, la saisine du juge peut
60 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

intervenir à l’initiative du président de la commission, du délégué de ce dernier ou


du représentant local de la Banque de France. La commission est ensuite informée
de cette saisine (C. consom., art. L. 721-4) En cas de saisie immobilière, lorsque la
vente forcée a été ordonnée, le report de la date d’adjudication ne peut résulter
que d’une décision du juge chargé de la saisie immobilière, saisi à cette fin par la

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commission, pour causes graves et dûment justifiées (C. consom., art. L. 721-7) ;
– la recevabilité de la demande emporte suspension et interdiction des procé-
dures d’exécution diligentées à l’encontre des biens du débiteur ainsi que des
cessions de rémunération consenties par celui-ci et portant sur les dettes autres
qu’alimentaires (C. consom., art. L. 722-2).
A partir du 1er janvier 2020, la suspension et l’interdiction des procédures d’exécution
diligentées à l’encontre des biens du débiteur emportent interdiction pour celui-ci de
faire tout acte qui aggraverait son insolvabilité, de payer, en tout ou partie, une
créance autre qu’alimentaire, y compris les découverts mentionnés aux 10º et 11º de
l’article L. 311-1, née antérieurement à la suspension ou à l’interdiction, de désintéresser
les cautions qui acquitteraient des créances nées antérieurement à la suspension ou à
l’interdiction, de faire un acte de disposition étranger à la gestion normale du patri-
moine ; elles emportent aussi interdiction de prendre toute garantie ou sûreté
(C. consom., art. L. 722-5, mod ord. nº 2019-964, 18 sept. 2019). Le débiteur peut
toutefois saisir le juge des contentieux de la protection afin qu’il l’autorise à accomplir
l’un des actes mentionnés au premier alinéa de l’article L. 722-5. L’interdiction
mentionnée au même premier alinéa ne s’applique pas aux créances locatives lors-
qu’une décision judiciaire a accordé des délais de paiement au débiteur en application
des V et VI de l’article 24 de la loi nº 89-462 du 6 juillet 1989 tendant à améliorer les
rapports locatifs et portant modification de la loi nº 82-1290 du 23 décembre 1986.
Dès que la décision de recevabilité de la demande de traitement de la situation de suren-
dettement est intervenue, la commission peut saisir le juge des contentieux de la protec-
tion aux fins de suspension des mesures d’expulsion du logement du débiteur
(C. consom., art. L. 722-6, mod. ord. nº 2019-964, 18 sept. 2019). En cas d’urgence, la
saisine du juge peut intervenir à l’initiative du président de la commission, du délégué de
ce dernier, du représentant local de la Banque de France ou du débiteur. La commission
est informée de cette saisine. Si la situation du débiteur l’exige, le juge prononce la
suspension provisoire des mesures d’expulsion de son logement, à l’exception de
celles fondées sur un jugement d’adjudication rendu en matière de saisie immobilière
et de celles ordonnées sur le fondement du 3e alinéa de l’article 2198 du Code civil.
Cette suspension est acquise, pour une période maximale de deux ans et le moment
de la fin de la suspension varie selon l’issue du surendettement : jusqu’à l’approbation
du plan conventionnel de redressement prévu à l’article L. 732-1 ou jusqu’à la décision
imposant les mesures prévues aux articles L. 733-1, L. 733-4, L. 733-7 et L. 741-1, ou
jusqu’au jugement prononçant un rétablissement personnel sans liquidation judiciaire
(une partie peut contester devant le juge des contentieux de la protection le rétablisse-
ment personnel sans liquidation judiciaire imposé par la Commission, art. L. 741-4
C. consom., ord. nº 2019-964 du 18 sept. 2019) ou enfin jusqu’au jugement d’ouver-
ture d’une procédure de rétablissement personnel avec liquidation judiciaire. Le rétablis-
sement personnel du débiteur entraîne des aménagements des voies d’exécution :
– le débiteur peut être placé en situation de rétablissement personnel sans liqui-
dation judiciaire à deux conditions (C. consom., art. L. 741-1) : s’il se trouve dans
CHAPITRE 3 – Les acteurs 61

une situation irrémédiablement compromise caractérisée par l’impossibilité mani-


feste de mettre en œuvre des mesures de traitement en raison de la faiblesse des
ressources ou de l’actif réalisable (C. consom., art. L. 724-1, al. 1 et 2) et s’il ne
possède que des biens mentionnés au 1º de l’article L. 724-1 (c’est-à-dire des biens
meublants nécessaires à la vie courante et des biens non professionnels indispensa-

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bles à l’exercice de son activité professionnelle, ou que l’actif n’est constitué que de
biens dépourvus de valeur marchande ou dont les frais de vente seraient manifeste-
ment disproportionnés au regard de leur valeur vénale). La décision de la commis-
sion imposant un rétablissement personnel entraîne l’effacement de toutes les
dettes non professionnelles du débiteur ainsi que de la dette résultant de l’engage-
ment que le débiteur a pris de cautionner ou d’acquitter solidairement la dette d’un
entrepreneur individuel ou d’une société ;
– si le débiteur dispose de biens autres que ceux mentionnés au 1º de l’article L. 724-
1, la commission, après avoir convoqué le débiteur et obtenu son accord, saisit le
juge des contentieux de la protection aux fins d’ouverture d’une procédure
de rétablissement personnel avec liquidation judiciaire (C. consom., art.
L. 742-1, mod. ord. 18 sept. 2019). À l’occasion des recours exercés devant lui en
application des dispositions des articles L. 723-3, L. 723-4 et L. 733-10, le juge des
contentieux de la protection peut, avec l’accord du débiteur, décider l’ouverture
d’une procédure de rétablissement personnel avec liquidation judiciaire
(C. consom., art. L. 742-2, ord. 18 sept. 2019). Dans ces cas, le jugement d’ouver-
ture entraîne, jusqu’au jugement de clôture, la suspension et l’interdiction
des procédures d’exécution diligentées à l’encontre des biens du débiteur ainsi
que des cessions de rémunération consenties par celui-ci et portant sur les dettes
autres qu’alimentaires. Il entraîne également la suspension des mesures d’expul-
sion du logement du débiteur, à l’exception de celles fondées sur un jugement
d’adjudication rendu en matière de saisie immobilière ainsi que de celles ordonnées
sur le fondement du 3e alinéa de l’article 2198 du Code civil (C. consom., art.
L. 742-7) ;
– le liquidateur dispose d’un délai de douze mois pour vendre les biens du débiteur à
l’amiable ou, à défaut, organiser une vente forcée dans les conditions relatives aux
procédures civiles d’exécution. En cas de vente forcée, lorsqu’une procédure de
saisie immobilière engagée avant le jugement d’ouverture a été suspendue par
l’effet de ce dernier, les actes effectués par le créancier saisissant sont réputés
accomplis pour le compte du liquidateur qui procède à la vente des immeubles. La
saisie immobilière peut reprendre son cours au stade où le jugement d’ouverture
l’avait suspendue (C. consom., art. L. 742-17).
En cas de résistance abusive, le débiteur peut être condamné à des dommages-intérêts
par le juge de l’exécution (CPC exéc., art. L. 121-3).

B - Les immunités d’exécution


L’immunité d’exécution est un privilège personnel accordé à certains débiteurs, qui leur
permet d’échapper à toute mesure d’exécution forcée ou conservatoire sur les biens leur
appartenant. C’est ce qu’indique l’article L. 111-1 du CPC exéc. : l’exécution forcée et
62 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

les mesures conservatoires ne sont pas applicables aux personnes qui bénéficient d’une
immunité d’exécution.
Les personnes morales françaises de droit public échappent ainsi à toute exécution
forcée, ce qui signifie que les biens publics ne peuvent pas faire l’objet d’une saisie, afin
de ne pas compromettre le fonctionnement des services publics. L’interdiction de saisir a

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pour corollaire l’insaisissabilité des biens du domaine public. La Cour de cassation, dans
un arrêt du 21 décembre 19872, a décidé que tous les établissements publics à caractère
industriel et commercial, bénéficient de l’immunité d’exécution.
En matière internationale, les États étrangers bénéficient d’une immunité d’exécu-
tion, qui est fondée sur le respect de la souveraineté étrangère et la sauvegarde des
biens indispensables à l’exercice des activités de puissance étrangère. Lorsque l’État
exerce des activités commerciales et industrielles qui peuvent le rendre débiteur.
« L’État se met en civil » et dans ces conditions, ne bénéficie plus de l’immunité de
saisie3 (v. infra, les conditions de la saisie des biens).
Les souverains et diplomates étrangers bénéficient également d’une immunité
d’exécution.

3• LES TIERS
De nombreuses personnes qualifiées de « tiers » peuvent intervenir ou être impliquées
dans une procédure d’exécution. Un tiers peut être concerné parce qu’il détient un
bien pour le compte du débiteur, ou qu’il est débiteur du débiteur principal (cas de la
saisie-attribution). Un tiers peut être nommé gardien des biens saisis. Parfois, le tiers est
tenu d’une obligation d’information, de déclaration, de communication de divers rensei-
gnements. Par exemple, selon l’article R. 141-4 du CPC exéc., le tiers qui détient des
biens pour le compte du débiteur doit informer le créancier de l’existence d’une précé-
dente saisie sur les mêmes biens.

Obligation pour le tiers d’apporter son concours


L’article L. 123-1 du CPC exéc. pose en principe général que les tiers ne peuvent faire obstacle
aux procédures engagées en vue de l’exécution ou de la conservation des créances. Ils doivent
y apporter leur concours lorsqu’ils en sont légalement requis.
Des sanctions diversifiées sont prévues. Ainsi, celui qui, sans motif légitime, se soustrait à ces
obligations peut être contraint d’y satisfaire, au besoin à peine d’astreinte, sans préjudice de
dommages-intérêts. Dans les mêmes conditions, le tiers entre les mains duquel est pratiquée
une saisie peut aussi être condamné au paiement des causes de la saisie, à condition qu’il soit
débiteur du débiteur principal, sauf recours contre le débiteur. Le JEX peut condamner le tiers à
payer sous astreinte.

——
2. Bull. civ. I, no 348 ; Gaz. Pal. 1988, 2, p. 685, note Véron ; RTD civ. 1989, p. 145, obs. Perrot.
3. Cass. 1re civ., 5 mars 2014, nº 12-22406.
CHAPITRE 4
Les organes
de la procédure

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Afin que soient respectés les principes fondamentaux des procédures d’exécution, la loi
a placé leur réalisation sous le contrôle d’un juge spécialisé, le juge de l’exécution, qui
concentre tous les contentieux relatifs aux procédures civiles d’exécution (la loi du
23 mars 2019 lui a transféré la saisie des rémunérations ; COJ, art. L. 213-6, al. 5 mais
lui a retiré les actions tendant à l’expulsion des personnes qui occupent aux fins d’habi-
tation des immeubles bâtis sans droit ni titre, confiées au JCP ; COJ, art. L. 213-4-3). Le
Ministère public peut aussi intervenir pour aider à la mise en œuvre des mesures, notam-
ment par la recherche d’informations sur le débiteur. L’agent d’exécution essentiel reste
le commissaire de justice, auquel la loi a accordé un monopole de l’exécution forcée.

1• LE JUGE DE L’EXÉCUTION
A - L’institution du JEX
Les fonctions de juge de l’exécution sont exercées par le président du tribunal judiciaire.
Lorsqu’il délègue ces fonctions à un ou plusieurs juges, le président du tribunal judiciaire
fixe la durée et l’étendue territoriale de cette délégation (COJ, art. L. 213-5). Ce JEX
dispose d’une compétence exclusive (COJ, art. L. 213-6) pour tous les contentieux
ayant trait à l’exécution forcée. Cette centralisation du contentieux entre les mains
d’un juge unique répond à un objectif d’efficacité et de lisibilité pour le justiciable, et
de simplification des procédures d’exécution. L’article L. 121-1 du CPC exéc. rappelle
que le JEX connaît de l’application des dispositions du Code des procédures civiles d’exé-
cution dans les conditions prévues à l’article L. 213-6 du Code de l’organisation judi-
ciaire. Il connaît des difficultés relatives aux titres exécutoires et des contestations qui
s’élèvent à l’occasion de l’exécution forcée, même si elles portent sur le fond du droit à
moins qu’elles échappent à la compétence des juridictions de l’ordre judiciaire ; dans les
mêmes conditions, il autorise les mesures conservatoires et connaît des contestations
relatives à leur mise en œuvre, et connaît des demandes en réparation fondées sur l’exé-
cution ou l’inexécution dommageables des mesures d’exécution forcée ou des mesures
conservatoires. Il connaît également des procédures de saisie immobilière (COJ, art.
L. 213-6) et de la saisie des rémunérations (COJ, art. L. 213-6 ; L. 23 mars 2019). En
revanche, le surendettement des particuliers et la procédure de rétablissement
personnel sont confiés au juge des contentieux de la protection (COJ, art. L. 213-4-6 ;
64 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

L. 23 mars 2019), comme l’expulsion des personnes qui occupent aux fins d’habitation
des immeubles bâtis sans droit ni titre, confiées au JCP (COJ, art. L. 213-4-3). De
même, lorsque la difficulté d’exécution survient à l’occasion d’une procédure collective,
c’est le tribunal de commerce qui a ouvert la procédure qui est compétent1.
La Cour de cassation a précisé la compétence du JEX. Ainsi, le JEX ne peut être saisi des

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difficultés relatives à un titre exécutoire qu’à l’occasion des contestations portant sur des
mesures d’exécution forcée engagée sur le fondement de ce titre2. Il peut statuer sur la
demande de modération de la clause pénale contenue dans l’acte notarié fondant les
poursuites3.

B - La compétence du JEX
1) La compétence territoriale
L’article R. 121-2 du CPC exéc. dispose qu’à moins qu’il en soit disposé autrement, le
juge de l’exécution territorialement compétent, au choix du demandeur, est celui du
lieu où demeure le débiteur ou celui du lieu d’exécution de la mesure. Lorsqu’une
demande a été portée devant l’un de ces juges, elle ne peut l’être devant l’autre. Si le
débiteur demeure à l’étranger ou si le lieu où il demeure est inconnu, le juge compétent
est celui du lieu d’exécution de la mesure. Ces dispositions constituent la règle de prin-
cipe pour déterminer la compétence territoriale du JEX : en l’absence de dérogation
légale expresse, elles doivent trouver à s’appliquer. C’est le cas lorsque, pour une
mesure d’exécution forcée, le législateur ne précise pas qui est le JEX territorialement
compétent (notamment, pour la procédure fiscale d’avis à tiers détenteur, ou pour
l’astreinte).
Deux situations doivent donc être distinguées :
– si le débiteur demeure en France, la compétence territoriale du JEX est définie, au
choix du demandeur, en fonction du lieu où demeure le débiteur, ou celui du lieu
de l’exécution de la mesure. Seul le lieu du domicile du « débiteur », et non celui du
« défendeur » victime d’une saisie mais non débiteur peut être pris en compte.
Pour le débiteur-personne physique, la demeure correspond traditionnellement au
domicile ou à la résidence, conformément aux dispositions de l’article 43 du
CPC. Si le débiteur est une personne morale, il faudra se référer au lieu de son
siège social, ou à celui d’une succursale ayant le pouvoir d’engager la personne
morale et concernée par la mesure d’exécution. Le choix du demandeur est irréver-
sible : lorsqu’une demande est portée devant l’un de ces juges, elle ne peut l’être
devant l’autre (CPC exéc., art. R. 121-2, al. 1er). Cette règle ne joue pas si une dispo-
sition spéciale confère compétence au seul JEX du lieu où demeure le débiteur.
C’est le cas pour l’autorisation de prendre une mesure conservatoire. Selon
l’article R. 511-2 du CPC exéc., Le juge compétent pour autoriser une mesure
conservatoire est celui du lieu où demeure le débiteur. Toute clause contraire aux
articles L. 511-3 ou R. 511-2 est réputée non avenue. Le juge saisi doit relever

——
1. Cass. com., 29 avr. 2014, nº 13-13575 – C. com., art. L. 622-21 et L. 632-2.
2. Cass. 1re civ., 10 juill. 2014, nº 13-18953.
3. Cass. 2e civ., 5 juin 2014, nº 13-16053.
CHAPITRE 4 – Les organes de la procédure 65

d’office son incompétence (CPC exéc., art. R. 511-3) : la saisine du JEX du lieu d’exé-
cution de la mesure n’interdira pas la saisine ultérieure du JEX du lieu où demeure le
débiteur ;
– si le débiteur demeure à l’étranger, ou si le lieu de sa demeure est inconnu, le juge
compétent est celui du lieu de l’exécution de la mesure (CPC exéc., art. 121-2, al. 2).

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La possibilité de choix du demandeur est parfois exclue au profit de compétences terri-
toriales exclusives, garantissant une plus grande efficacité du JEX. Devant la multipli-
cité des situations, seuls quelques exemples peuvent être utilement donnés. Le JEX terri-
torialement compétent peut ainsi être, celui du :
– lieu de la saisie (pour la saisie-vente des biens placés dans un coffre-fort,
art. R. 224-8 et les contestations de la saisie vente ; CPC exéc., art. R. 221-40) ;
– lieu où sont situés les biens saisis (en matière de saisie-revendication, art. R. 222-19
du CPC exéc. ; de saisie appréhension des biens placés dans un coffre-fort ; CPC
exéc., art. R. 224-10) ;
– celui du lieu où est situé le bien saisi ou celui du lieu où demeure la personne tenue
de la remise du bien (pour la saisie d’un véhicule automobile ; CPC exéc.,
art. R. 223-10-4º) ;
– lieu où demeure le destinataire de l’acte (en matière de saisie-appréhension ; CPC
exéc., art. R. 222-2 et R. 222-7) ;
– lieu du domicile du débiteur (en matière de saisie-attribution, art. R. 211-104, de
saisie des droits d’associés et de valeurs mobilières, art. R. 232-6 ; de requête en
autorisation de mesures conservatoires, art. R. 511-2 ; de saisie de véhicule automo-
bile ; CPC exéc., art. 223-3) ;
– lieu d’exécution de la mesure (en matière d’exécution des mesures conservatoires ;
CPC exéc., art. R. 512-3).
Selon l’article R. 121-4 du CPC exéc., ces règles de compétence « sont d’ordre
public ». Tout juge autre que le JEX territorialement compétent peut relever d’office
son incompétence territoriale, conformément au droit commun (CPC, art. 77, le JEX est
limité aux cas où le défendeur ne comparaît pas ou à celui où la compétence est « exclu-
sive », c’est-à-dire d’ordre public renforcé, ce qui est le cas pour lui ; CPC exéc.,
art. R. 121-4). Pour simplifier le règlement des questions de compétence au sein du
même TJ, l’article 82-1 du CPC (D. nº 2019-1333, 11 déc. 2019) prévoit un dispositif
particulier, applicable si une partie saisit le TJ au lieu du JEX, ou le JAF au lieu du JEX
par exemple. Les questions de compétence au sein d’un tribunal judiciaire peuvent être
réglées avant la première audience par mention au dossier, à la demande d’une partie
ou d’office par le juge. Les parties ou leurs avocats en sont avisés sans délai par tout
moyen conférant date certaine. Le dossier de l’affaire est aussitôt transmis par le greffe
au juge désigné. La compétence du juge à qui l’affaire a été ainsi renvoyée peut être
remise en cause par ce juge ou une partie dans un délai de trois mois. Dans ce cas, le
juge, d’office ou à la demande d’une partie, renvoie l’affaire par simple mention au
dossier au président du tribunal judiciaire. Le président renvoie l’affaire, selon les
mêmes modalités, au juge qu’il désigne. Sa décision n’est pas susceptible de recours.
La compétence du juge peut être contestée devant lui par les parties. La décision se

——
4. TGI Bobigny, 11 mars 1993 : D. 1993, IR, p. 178.
66 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

prononçant sur la compétence peut faire l’objet d’un appel dans les conditions prévues
aux articles 83 et suivants du CPC.

2) La compétence d’attribution

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Aux termes de l’article L. 213-6 du Code de l’organisation judiciaire, le « juge de l’exécu-
tion connaît des difficultés relatives aux titres exécutoires et des contestations qui s’élè-
vent à l’occasion de l’exécution forcée, même si elles portent sur le fond du droit, à
moins qu’elles échappent à la compétence des juridictions de l’ordre judiciaire ». On a
pu dire que le JEX est l’homme-orchestre du contentieux de l’exécution5.

a) Contentieux relevant de la compétence des juridictions judiciaires


Afin de respecter les blocs de compétence, le JEX ne saurait statuer sur l’interprétation
de décisions administratives ou sur une contestation sur le fond d’une créance fiscale, ou
sur la nature de la créance du Trésor public dans le cadre d’une procédure collective.
Mais la jurisprudence considère que le JEX retrouve sa compétence pour statuer sur la
régularité formelle des actes de poursuite concernant, notamment toutes les créances
des collectivités publiques. Le JEX est également incompétent pour statuer sur les
contentieux qui relèvent de l’ordre « judiciaire répressif » : on peut citer les contestations
relatives à l’exécution d’un jugement pénal, qui sont jugées par la juridiction qui a rendu
la décision. En matière de recouvrement des amendes, le juge de l’exécution ne connaît,
en application combinée des articles 530-2 du Code de procédure pénale et 9 du décret
nº 64-1333 du 22 décembre 1964, que de la régularité en la forme de l’acte de
poursuite6.

b) Condition temporelle
La compétence du juge de l’exécution ne peut s’exercer qu’à partir du moment où une
procédure d’exécution forcée, ou une mesure conservatoire, est mise en œuvre. Avant
cette mesure et après son exécution, le juge de l’exécution n’a aucune compétence.
Dans un avis du 16 juin 19957, la Cour de cassation a précisé que le juge de l’exécution
ne peut statuer sur les difficultés relatives aux titres exécutoires qu’à titre incident, « à
l’occasion de contestations portant sur des mesures d’exécution engagées ou opérées
sur le fondement de ce titre ». En revanche, le commandement de payer n’étant pas
un commandement à fin de saisie-vente, il n’engage aucune mesure d’exécution, et ne
relève pas de la compétence du JEX8. Dès lors que le créancier avait déclaré par conclu-
sions écrites se désister de la procédure de saisie immobilière qu’il avait engagée, le juge
de l’exécution n’était plus compétent pour trancher les contestations qui avaient été
élevées à l’occasion de celle-ci ni pour statuer sur les demandes reconventionnelles
nées de cette procédure ou s’y rapportant9. En revanche, le JEX reste compétent pour
les incidents nés à l’occasion de l’exécution de la mesure : par exemple, le juge de

——
5. Ruellan F. et Lauba R., « À propos de la loi du 9 juillet 1991 : les enjeux d’un contrôle juridictionnel »,
Gaz. Pal. 1993, 1, doct. p. 32.
6. Cass. 2e civ., 1er juin 2017, nº 15-18751.
7. BICC, 1er août 1995, no 9 ; RTD civ. 1995, p. 691, obs. Perrot.
8. Cass. 2e civ., 22 juin 2017, nº 16-17277, F-P+B, Cassation.
9. Cass. 2e civ., 11 janv. 2018, nº 16-22829.
CHAPITRE 4 – Les organes de la procédure 67

l’exécution est compétent pour constater la résolution de la vente d’un immeuble sur
adjudication du fait de l’absence de consignation du prix10.

c) Condition matérielle
Le JEX peut statuer sur des difficultés d’exécution même si elles portent sur le fond du

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droit. L’étendue de cette compétence doit être précisée, en distinguant plusieurs types
de titres exécutoires. En effet, s’il s’agit d’une décision de justice, le JEX est tenu par le
principe de l’intangibilité des titres exécutoires et leur autorité de chose jugée : aux
termes de l’article R. 121-1 du CPC exéc., « le juge de l’exécution ne peut ni modifier
le dispositif de la décision de justice qui sert de fondement aux poursuites, ni en
suspendre l’exécution »11. Toutefois, après signification du commandement ou de
l’acte de saisie, le JEX a compétence pour octroyer un délai de grâce.
Le JEX n’a donc pas compétence pour modifier les jugements qui servent de fondement
aux poursuites, ou pour remettre en cause le titre dans son principe, ou pour statuer sur
la validité des droits des obligations qu’il constate12, sous peine de commettre un excès
de pouvoirs. En revanche, sans porter atteinte à l’autorité de la chose jugée, le JEX peut
interpréter le titre exécutoire, afin de définir le contenu exact de l’obligation, ou de
déterminer son exigibilité. La jurisprudence a précisé que la compétence du juge de
l’exécution porte sur le fond du droit « dans la mesure seulement où cela est nécessaire
pour statuer sur la validité ou la régularité de la mesure d’exécution forcée ou de la
mesure conservatoire ».
De même, le JEX n’a pas compétence pour suspendre l’exécution du titre exécu-
toire. En revanche après signification du commandement ou de l’acte de saisie, il peut
accorder un délai de grâce afin d’aménager le déroulement de l’exécution forcée (CPC
exéc., art. R. 121-1).
Lorsque le titre exécutoire n’est pas un jugement, mais un acte notarié exécutoire,
par exemple, les pouvoirs du JEX sont importants : depuis un arrêt de la 2e chambre civile
de la Cour de cassation du 18 juin 200913, il est admis que le JEX connaît des difficultés
d’exécution « même si elles portent sur le fond du droit », ce qui l’autorise à statuer sur
la nullité éventuelle de l’engagement résultant d’un acte notarié exécutoire (en l’espèce,
la nullité pour dol d’un engagement de caution résultant d’un acte notarié). Peu importe
que le JEX soit saisi dans le cadre d’une procédure d’exécution mobilière ou dans celui
d’une saisie immobilière. De même, le JEX est compétent pour statuer sur la régularité
d’une transaction homologuée : l’homologation d’un accord transactionnel qui a pour
seul effet de lui conférer force exécutoire ne fait pas obstacle à une contestation de la
validité de cet accord devant le juge de l’exécution saisi à l’occasion d’une procédure
d’exécution14.

——
10. Cass. 2e civ., 23 févr. 2017, nº 16-13178.
11. Cass. 1re civ., 9 avr. 2014, nº 12-23022 – Cass. 2e civ., 1er sept. 2016, nº 15-19524.
12. Cass. 2e civ., 28 sept. 2017, nº 15-26640.
13. Nº 08-10843.
14. Cass. 2e civ., 28 sept. 2017, nº 16-19184 : Dr. et procéd. 2017, 256, note Gorchs-Gelzer. Goujon-
Bethan Th., L’homologation par le juge, essai sur une fonction juridictionnelle, thèse, Univ. Côte
d’Azur, déc. 2019.
68 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

d) Contenu de la compétence d’attribution


1. Les difficultés relatives aux titres exécutoires
Le JEX peut apprécier la réalité du caractère exécutoire du titre ou la régularité de sa
notification, sa caducité éventuelle ou son caractère « non avenu » ou juger sa régularité

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s’il s’agit d’un titre exécutoire autre qu’un jugement15.
Il peut statuer sur les contestations relatives à la créance objet du titre exécutoire,
comme la détermination précise du montant de la créance cause de la saisie, ou son
exigibilité.
Le JEX est également compétent pour trancher les différends relatifs au sujet de la
mesure d’exécution : il peut trancher une difficulté concernant l’identification de la
personne morale créancière, ou préciser quel débiteur peut faire l’objet d’une exécution
forcée. Il peut se prononcer sur les intérêts légaux, sur le paiement hors TVA ou TTC
d’une condamnation, réduire ou exonérer le débiteur de la majoration du taux d’intérêt
légal prévu à l’article L. 313-3 Code monétaire et financier16. Il peut même revoir à la
baisse une clause pénale contenue dans un acte notarié de vente17. Il peut trancher la
contestation portant sur la déchéance du droit aux intérêts conventionnels qui lui est
soumise, dont dépend l’étendue de la saisie, peu important qu’un TJ ait été saisi d’une
demande de déchéance du droit aux intérêts conventionnels avant l’engagement de la
mesure d’exécution et la saisine du juge de l’exécution18.
Les contestations peuvent porter sur les biens objets des saisies, mettant en cause leur
saisissabilité ou de leur disponibilité.
2. Les contestations élevées à l’occasion de l’exécution forcée
Le JEX est compétent pour apprécier la régularité formelle des procédures d’exécution
forcée. Il statue sur les demandes en nullité des actes de poursuite, portant par
exemple sur un commandement de payer. Il peut constater la résolution de la vente sur
adjudication du fait de l’absence de consignation du prix19. Il est également compétent
pour apprécier la réunion des conditions de fond de la mesure d’exécution forcée. Il
peut même apprécier la responsabilité des agents d’exécution, comme celle des
commissaires de justice.
En revanche, le JEX n’est pas compétent pour statuer sur une nullité de la période
suspecte, si la saisie attribution est pratiquée en période suspecte, parce que la contes-
tation est née de la procédure collective et que le tribunal de commerce a une compé-
tence exclusive20.

——
15. Comme un acte notarié, Cass. 2e civ., 30 janv. 2014, nº 12-29689. Le créancier ne doit pas avoir
renoncé à la procédure de saisie immobilière, ce qui rend le JEX incompétent Cass. 2e civ., 5 janv.
2017, nº 15-29694.
16. Cass. 2e civ., 6 juin 2013, nº 12-20129.
17. Cass. 2e civ., 5 juin 2014, nº 13-16053.
18. Cass. 2e civ., 17 mai 2018, nº 16-25917.
19. Cass. 2e civ., 23 févr. 2017, nº 16-13178, FS-P+B, Cassation.
20. Cass. com., 29 avril 2014, nº 13-13572.
CHAPITRE 4 – Les organes de la procédure 69

3. Les mesures conservatoires et les contestations relatives à leur mise


en œuvre
Le JEX autorise les mesures conservatoires et connaît des contestations relatives à leur
mise en œuvre aux termes de l’article L. 213-6, alinéa 2, du Code de l’organisation judi-
ciaire. Il peut donc prononcer des mesures conservatoires (sauf lorsque la loi a conféré

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cette attribution au président du tribunal de commerce ; CPC exéc., art. L. 511-3 et
R. 511-1). Il peut aussi trancher toute contestation ayant trait à la régularité formelle ou
aux conditions de fond de ces mesures.
4. Les demandes en réparation fondées sur l’exécution ou l’inexécution
dommageables des mesures d’exécution forcée ou des mesures
conservatoires
Le JEX statue sur les conséquences dommageables des mesures d’exécution forcée ou des
mesures conservatoires. D’abord, le JEX statue sur les demandes de réparation des
dommages causés par les créanciers aux débiteurs, ou subis par les créanciers en raison
de la résistance abusive à une mesure d’exécution forcée du débiteur. Ensuite, le JEX est
compétent pour statuer sur la réparation des dommages causés par le commissaire de
justice dans la mise en œuvre d’une procédure d’exécution ou d’une mesure conservatoire.
La Cour de cassation admet la compétence du JEX, sans qu’il y ait lieu de distinguer selon
que la mesure d’exécution forcée ou conservatoire soit encore en cours au jour où il est
saisi21. En revanche, si le JEX est saisi d’une demande de mainlevée d’une mesure d’exécu-
tion, il n’est pas compétent pour se prononcer sur une action en responsabilité qui n’est
pas fondée sur l’exécution ou l’inexécution dommageable de cette mesure, cette action
serait-elle présentée au soutien d’une exception de compensation22.
Le CPC exéc. a prévu des hypothèses particulières permettant de mettre en cause la
responsabilité du créancier : le JEX peut apprécier la mise en œuvre de ces dispositions.
Ainsi, l’article L. 111-7 du CPC exéc. laisse au créancier le choix des mesures propres à
assurer l’exécution de sa créance sous réserve d’une réparation en cas de mesures
inutiles ou abusives ; l’article L. 111-10, al. 2 du CPC exéc. précise que l’exécution d’un
titre exécutoire à titre provisoire est poursuivie au risque du créancier, lequel sera tenu
à réparation si ce titre est ultérieurement modifié ou annulé.
5. La liquidation d’une astreinte
Le JEX est compétent pour liquider l’astreinte, même définitive, sauf si le juge qui l’a
prononcée demeure saisi de l’affaire ou si étant dessaisi, il s’est réservé expressément le
pouvoir de la liquider (CPC exéc., art. L. 131-3). Il s’agit d’une compétence d’ordre public
renforcé, puisqu’aux termes de l’article R. 131-2 du CPC exéc., pour l’application de
l’article L. 131-3, l’incompétence est relevée d’office par le juge saisi d’une demande de
liquidation de l’astreinte23. La décision du juge statuant sur sa compétence peut faire
l’objet d’un appel formé dans les conditions prévues par le CPC. Non seulement le JEX
exerce alors les pouvoirs qui lui sont dévolus pour liquider l’astreinte (v. infra, l’astreinte),
mais encore il peut trancher les difficultés de fond relatives aux titres exécutoires qui

——
21. Cass. 2e civ., 22 mars 2018, nº 17-17312.
22. Cass. avis, 15 déc. 2016 et Cass. com., 22 mars 2017, nº 15-15742.
23. Cass. 2e civ., 3 juin 1999 : Rev. huissiers 1999, p. 756 – Cass. 1re civ., 21 mars 2000 : D. 2000, IR
p. 111.
70 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

prononcent la condamnation sous astreinte : à cet égard, il dispose du pouvoir


d’interpréter le titre ou d’ordonner toute mesure d’instruction pour vérifier si
l’obligation assortie de l’astreinte initiale a été ou non exécutée. Le JEX peut relever le
taux de l’astreinte prononcée par un autre juge.

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6. L’octroi d’un délai de grâce
Le juge de l’exécution est compétent pour octroyer un délai de grâce pour exécuter un
jugement (CPC, art. 510 et CPC exéc., art. R. 121-1) après la signification d’un comman-
dement ou d’un acte de saisie, mais il ne peut pas suspendre l’exécution de la décision
de justice (CPC, art. 514 ; D.11 déc. 2019 : les décisions de première instance sont de
droit exécutoires à titre provisoire à moins que la loi ou la décision rendue n’en dispose
autrement).

C - La procédure devant le JEX


1) Les principes généraux
L’article R. 121-5 du CPC exéc. renvoie aux dispositions communes du livre Ier du CPC
pour ce qui concerne la procédure devant le juge de l’exécution (le livre 1er s’achève à
l’article 749) mais les règles générales à l’ordonnance de référé, prévues aux articles 484
à 492 du CPC ainsi que la procédure accélérée au fond prévue à l’article 481-1 du CPC,
ne sont pas applicables, sous réserve des règles particulières (v. la saisie immobilière).
La procédure devant le JEX comporte des aspects spécifiques :
– d’abord, de nouvelles règles concernent l’assistance et la représentation des parties.
Depuis le 1er janvier 2020, sans préjudice des dispositions de l’article L. 3252-11 du
Code du travail, les parties ont la faculté de se faire assister ou représenter devant
le juge de l’exécution selon les règles applicables devant le tribunal judiciaire dans les
matières où le ministère d’avocat n’est pas obligatoire devant celui-ci (CPC exéc.,
art. L. 121-4 ; ord. nº 2019-964, 18 sept. 2019) : lorsque la demande est relative à
l’expulsion ; lorsqu’elle a pour origine une créance ou tend au paiement d’une somme
qui n’excède pas le montant de 10 000 euros (art. R. 121-6, D. nº 2019-1333, 11 déc.
2019). Les personnes habilitées à assister ou représenter les parties dans ces hypothèses
sont définies à l’article R. 121-7 CPC exéc. (modifié D. nº 2019-1333, 11 déc. 2019) : un
avocat ; leur conjoint ; leur concubin ou la personne avec laquelle elles ont conclu un
pacte civil de solidarité ; leurs parents ou alliés en ligne directe ; leurs parents ou alliés
en ligne collatérale jusqu’au troisième degré inclus ; les personnes exclusivement atta-
chées à leur service personnel ou à leur entreprise. L’Etat, les régions, les départements,
les communes et leurs établissements publics peuvent se faire assister ou représenter
par un fonctionnaire ou un agent de leur administration. Le représentant, s’il n’est
avocat, doit justifier d’un pouvoir spécial. Des dispositions particulières sont prévues
pour la saisie des immeubles, navires, aéronefs et bateaux de navigation intérieure
d’un tonnage égal ou supérieur à vingt tonnes qui suppose la constitution d’un
avocat. Selon les dispositions prévues à l’article 761 du CPC, lorsque la demande est
supérieure à 10 000 euros, ou qu’elle est indéterminée mais a pour origine l’exécution
d’une obligation dont le montant excède 10 000 euros (par ex. la mainlevée d’une
saisie attribution, la créance ayant fondé la saisie portant sur 11 000 euros), la représen-
tation par avocat devient obligatoire, même si la procédure reste orale ;
CHAPITRE 4 – Les organes de la procédure 71

– ensuite, la procédure est orale (CPC exéc., art. R. 121-8). Depuis le 1er janvier 2020,
sauf dispositions contraires, la demande est formée par assignation à la première
audience utile du juge de l’exécution (CPC exéc., art. R. 121-11). L’assignation
contient, à peine de nullité, la reproduction des dispositions des articles R. 121-8 à
R. 121-10. Elle mentionne, sous la même sanction, les conditions dans lesquelles le

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défendeur peut ou doit se faire assister ou représenter, ainsi que, s’il y a lieu, le nom
du représentant du demandeur.

2) La procédure ordinaire
L’acte introductif d’instance prend la forme d’une assignation à la première audience
utile du juge de l’exécution, sauf dispositions contraires (CPC exéc., art. R. 121-11 mod.
D. nº 2019-1311, 11 déc. 2019). Depuis un avis de la Cour de cassation du 15 juin
199824, on décide que le JEX est saisi au jour de la délivrance de l’assignation, sans
qu’il soit utile d’attendre sa mise au rôle (à condition que la mise au rôle ait été effectuée
dans les délais requis). La communication par voie électronique est possible dès lors que
la partie est assistée ou représentée par avocat. Dans un arrêt du 1er mars 201825, la
Cour de cassation a jugé : « attendu que pour déclarer caduc le commandement valant
saisie immobilière, l’arrêt retient que le conseil de la banque a adressé sa demande de
report de l’audience de vente forcée et ses pièces par la voie du réseau privé virtuel des
avocats (RPVA), alors que la convention sur la communication électronique signée entre
le barreau de Lorient et le tribunal judiciaire de Lorient n’incluait pas dans son périmètre
les saisies immobilières, de sorte que le message, reçu au greffe, n’a pas été transmis au
juge de l’exécution, qui en a déduit que la banque n’avait pas déposé de conclusions de
report ; Qu’en statuant ainsi, alors que l’arrêté du 7 avril 2009 n’exclut pas de son champ
d’application les procédures de saisie immobilière, la cour d’appel a violé les articles
R. 311-6 du Code des procédures civiles d’exécution, 748-6 du Code de procédure
civile et 1 de l’arrêté du 7 avril 2009 relatif à la communication par voie électronique
devant les tribunaux de grande instance. »
L’assignation doit contenir à peine de nullité, la reproduction des dispositions des articles
R. 121-8 à R. 121-10. Elle mentionne, sous la même sanction, les conditions dans
lesquelles le défendeur peut ou doit se faire assister ou représenter, ainsi que, s’il y a
lieu, le nom du représentant du demandeur. En cas d’urgence, le JEX peut permettre
d’assigner à l’heure qu’il indique, et même d’heure à heure et les jours fériés ou
chômés (CPC exéc., art. R. 121-12).
Afin de veiller au respect du principe du contradictoire et aux droits de la défense, le
JEX s’assure qu’il s’est écoulé un temps suffisant entre la convocation ou l’assignation et
l’audience pour que la partie défenderesse ait pu préparer sa défense (CPC exéc.,
art. R. 121-13).

——
24. Procédures 1998, p. 196, obs. Perrot.
25. Cass. 2e civ., 1er mars 2018, nº 16-25462.
72 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

Le Code des procédures civiles d’exécution


organise des modalités procédurales originales
Ainsi, d’abord, l’article R. 121-9 du CPC exéc. « Le juge qui organise les échanges entre les
parties comparantes peut dispenser une partie qui en fait la demande de se présenter à une

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audience ultérieure, conformément au second alinéa de l’article 446-1 du Code de procédure
civile. Dans ce cas, la communication entre les parties est faite par lettre recommandée avec
demande d’avis de réception ou par notification entre avocats et il en est justifié auprès du
juge dans les délais qu’il impartit ». Depuis un décret du 1er octobre 2010, les articles 446-1
et suivants du CPC permettent au juge d’organiser les échanges entre les parties, en fixant les
délais et les modalités de communication. Lorsque les échanges se font par écrit, par lettre RAR
ou par notification entre avocats, l’une des parties peut demander à être dispensée de présence
physique à l’audience : les dossiers sont déposés pour que le juge puisse délibérer. De plus,
l’article R. 121-10 du CPC exéc., reprend une règle ancienne : en cours d’instance, toute partie
peut exposer ses moyens par lettre adressée au juge de l’exécution, à condition de justifier
que la partie adverse en a eu connaissance avant l’audience par lettre recommandée avec
demande d’avis de réception. La partie qui use de cette faculté peut ne pas se présenter à
l’audience, conformément au second alinéa de l’article 446-1 du Code de procédure civile.
Sous l’empire des anciens textes, il a été jugé qu’un dépôt tardif des conclusions écrites
n’impose pas un renvoi à une audience ultérieure, si le juge de l’exécution constate qu’il n’est
pas allégué une intention de fraude ou de manœuvre déloyale.
Le décret nº 2017-892 du 6 mai 2017 a modifié l’article 446-2 du CPC. Ce dispositif est
applicable au JEX (CPC exéc., art. R. 121-5) qui peut donc organiser une mise en état écrite.
En effet, lorsque les débats sont renvoyés à une audience ultérieure, le juge peut organiser les
échanges entre les parties comparantes. Après avoir recueilli leur avis, le juge peut ainsi fixer les
délais et, si elles en sont d’accord, les conditions de communication de leurs prétentions,
moyens et pièces. Lorsque les parties formulent leurs prétentions et moyens par écrit et
qu’elles ne sont pas assistées ou représentées par un avocat, le juge peut, avec leur accord,
prévoir qu’elles seront réputées avoir abandonné les prétentions et moyens non repris dans
leurs dernières écritures communiquées.
Lorsque toutes les parties comparantes formulent leurs prétentions et moyens par écrit
et sont assistées ou représentées par un avocat, les conclusions doivent formuler expressé-
ment les prétentions ainsi que les moyens en fait et en droit sur lesquels chacune de ces préten-
tions est fondée avec indication pour chaque prétention des pièces invoquées et de leur numé-
rotation. Un bordereau énumérant les pièces justifiant ces prétentions est annexé aux
conclusions. Les conclusions comprennent distinctement un exposé des faits et de la procédure,
une discussion des prétentions et des moyens ainsi qu’un dispositif récapitulant les prétentions.
Les moyens qui n’auraient pas été formulés dans les écritures précédentes doivent être
présentés de manière formellement distincte. Le juge ne statue que sur les prétentions énoncées
au dispositif et n’examine les moyens au soutien de ces prétentions que s’ils sont invoqués dans
la discussion. Les parties doivent reprendre dans leurs dernières conclusions les prétentions et
moyens présentés ou invoqués dans leurs conclusions antérieures. À défaut, elles sont réputées
les avoir abandonnés et le juge ne statue que sur les dernières conclusions déposées. À défaut
pour les parties de respecter les modalités de communication fixées par le juge, celui-ci
peut rappeler l’affaire à l’audience, en vue de la juger ou de la radier. Le juge peut écarter des
débats les prétentions, moyens et pièces communiqués sans motif légitime après la date fixée
pour les échanges et dont la tardiveté porte atteinte aux droits de la défense.
Les nouveaux textes organisent la possibilité pour les parties ou les avocats d’accepter d’être
jugés selon une procédure sans audience, mais les textes du CPC qui la mettent en œuvre
devant le TJ font partie du livre 2 qui n’est pas applicable au JEX (CPC, art. 752, 753 et 828).

Le JEX statue comme juge du principal et sa décision obéit à un régime particulier (CPC
exéc., art. R. 121-14).
CHAPITRE 4 – Les organes de la procédure 73

Le juge de l’exécution statue en principe comme juge du principal, avec autorité de la


chose jugée. Il statue donc sur les dépens en application de l’article 696 du CPC et sur
les frais irrépétibles en application de l’article 700 du CPC.
La décision est notifiée aux parties elles-mêmes par le greffe au moyen d’une lettre
recommandée avec demande d’avis de réception. Les règles de droit commun des noti-

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fications par voie postale (CPC, art. 665 et s.) sont applicables. Une copie de la décision
est envoyée le jour même par lettre simple aux parties et au commissaire de justice.
Chacune des parties peut faire connaître au greffe qu’elle renonce à ce que la décision
lui soit notifiée ; dans ce cas la décision est réputée notifiée à la date de son prononcé
(CPC exéc., art. R. 121-15).
Si la lettre de notification est retournée au greffe et sans avoir pu être remise à son desti-
nataire, le greffe en informe les parties qui procèdent alors par voie de signification (CPC
exéc., art. R. 121-15). Conformément au droit commun, les parties peuvent toujours
faire signifier la décision.
En cas de nécessité, le JEX peut déclarer sa décision exécutoire au seul vu de la
minute (CPC exéc., art. R. 121-17). Il peut également se réserver le contrôle de l’exécu-
tion de sa décision et prescrire à cette fin, les mesures nécessaires (CPC exéc.,
art. R. 121-16).
Les décisions du juge de l’exécution peuvent toujours être frappées d’appel (CPC
exéc., art. R. 121-19), quelle que soit la valeur du litige. Les mesures d’administration
judiciaire ne sont pas susceptibles d’appel. Le délai d’appel est de quinze jours à
compter de la notification de la décision (CPC exéc., art. R. 121-20). L’appel est instruit
et jugé selon les règles applicables à la procédure avec représentation obligatoire et doit
donc être formalisé avec constitution d’un avocat. L’appel est formé, instruit et jugé
selon les règles applicables à la procédure prévue à l’article 905 du Code de procédure
civile ou à la procédure à jour fixe (CPC, art. 917 et s.) en cas de justification d’un péril
dans la protection des droits. Si l’affaire est jugée à bref délai, le décret nº 2017-892 du
6 mai 2017 a organisé les obligations procédurales des parties.
Lorsque l’affaire est fixée à bref délai par le président de la chambre, l’appelant signifie la
déclaration d’appel dans les dix jours de la réception de l’avis de fixation qui lui est
adressé par le greffe à peine de caducité de la déclaration d’appel relevée d’office par
le président de la chambre ou le magistrat désigné par le premier président ; cependant,
si, entre-temps, l’intimé a constitué avocat avant signification de la déclaration d’appel, il
est procédé par voie de notification à son avocat (cette dernière exigence n’est pas sanc-
tionnée par la caducité, selon un avis de la Cour de cassation du 13 juillet 2018,
nº 15010). À peine de nullité, l’acte de signification indique à l’intimé que, faute pour
lui de constituer avocat dans un délai de quinze jours à compter de celle-ci, il s’expose
à ce qu’un arrêt soit rendu contre lui sur les seuls éléments fournis par son adversaire et
que, faute de conclure dans le délai mentionné l’article 905-2, il s’expose à ce que ses
écritures soient déclarées d’office irrecevables (CPC, art. 905-1).
À peine de caducité de la déclaration d’appel, relevée d’office par ordonnance du
président de la chambre saisie ou du magistrat désigné par le premier président, l’appe-
lant dispose d’un délai d’un mois à compter de la réception de l’avis de fixation de
l’affaire à bref délai pour remettre ses conclusions au greffe. L’intimé dispose, à peine
d’irrecevabilité relevée d’office par ordonnance du président de la chambre saisie ou
du magistrat désigné par le premier président, d’un délai d’un mois à compter de la
74 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

notification des conclusions de l’appelant pour remettre ses conclusions au greffe et


former, le cas échéant, appel incident ou appel provoqué.
L’intimé à un appel incident ou à un appel provoqué dispose, à peine d’irrecevabilité
relevée d’office par ordonnance du président de la chambre saisie ou du magistrat
désigné par le premier président, d’un délai d’un mois à compter de la notification de

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l’appel incident ou de l’appel provoqué à laquelle est jointe une copie de l’avis de fixa-
tion pour remettre ses conclusions au greffe.
L’intervenant forcé à l’instance d’appel dispose, à peine d’irrecevabilité relevée
d’office par ordonnance du président de la chambre saisie ou du magistrat désigné par
le premier président, d’un délai d’un mois à compter de la notification de la demande
d’intervention formée à son encontre à laquelle est jointe une copie de l’avis de fixation
pour remettre ses conclusions au greffe.
L’intervenant volontaire dispose, sous la même sanction, du même délai à compter
de son intervention volontaire. Les ordonnances du président ou du magistrat désigné
par le premier président de la chambre saisie statuant sur la fin de non-recevoir tirée de
l’irrecevabilité de l’appel, sur la caducité de celui-ci ou sur l’irrecevabilité des conclusions
et des actes de procédure en application du présent article et de l’article 930-1 du CPC
ont autorité de la chose jugée au principal (CPC, art. 905-2).

Sursis à exécution
Le délai d’appel et l’appel lui-même n’ont pas d’effet suspensif de l’exécution (CPC exéc.,
art. R. 121-21, ce qui correspond au droit commun depuis le 1er janvier 2020, CPC, art. 514).
En cas d’appel, un sursis à l’exécution des décisions prises par le JEX peut être demandé au
premier président de la cour d’appel (CPC exéc., art. R. 121-22). Toutes les décisions du juge
sont susceptibles de sursis à exécution, quel que soit leur objet (peu importe que la décision
ordonne ou non une mesure, comme une décision qui rejette une demande d’annulation
d’une mesure d’exécution). La demande est formée par assignation en référé délivrée à la
partie adverse et dénoncée, s’il y a lieu, au tiers entre les mains de qui la saisie a été prati-
quée. Le sursis à exécution n’est accordé que s’il existe des moyens sérieux d’annulation ou
de réformation de la décision déférée à la cour. Le premier président apprécie souveraine-
ment l’existence de ces moyens et leur caractère sérieux. Jusqu’au jour du prononcé de
l’ordonnance par le premier président, la demande de sursis à exécution suspend les pour-
suites si la décision attaquée n’a pas remis en cause leur continuation ; elle proroge les
effets attachés à la saisie et aux mesures conservatoires si la décision attaquée a ordonné la
mainlevée de la mesure.
L’auteur de la demande de sursis manifestement abusive peut être condamné par le premier
président à une amende civile de 10 000 euros au maximum, sans préjudice de dommages et
intérêts qui pourraient être réclamés.

La voie de l’appel étant toujours ouverte, l’opposition doit être exclue. Le pourvoi en
cassation est également fermé puisque l’appel est toujours ouvert (sous réserve de
deux décisions contradictoires rendues par des juges de l’exécution et devenues défini-
tives, conformément à l’art. 618 du CPC). Un recours en révision peut être exercé si les
conditions prévues par le Code de procédure civile sont réunies (CPC, art. 593 et s.).
CHAPITRE 4 – Les organes de la procédure 75

3) Les procédures particulières


a) La procédure sur requête
Les articles R. 121-23 (mod. D. nº 2019-1333, 11 déc. 2019) et R. 121-24 du CPC exéc.
réglementent les ordonnances sur requête du juge de l’exécution. Le juge de l’exécution

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statue par ordonnance sur requête dans les cas spécifiés par la loi ou lorsque les circons-
tances exigent qu’une mesure urgente ne soit pas prise contradictoirement. La requête est
remise ou adressée au greffe par le requérant ou par son mandataire désigné conformé-
ment aux dispositions des articles L. 121-4 et L. 122-2.
La décision par laquelle le JEX rétracte une précédente ordonnance sur requête n’a pas
autorité de chose jugée au principal (CPC exéc., art. R. 121-23).
En outre, dans tous les cas où, pour exécuter l’opération dont il est chargé, le commis-
saire de justice doit obtenir l’autorisation du juge, il est habilité à le saisir par voie de
requête (CPC exéc., art. R. 121-24).

b) La procédure sur difficultés d’exécution


Lorsque le commissaire de justice chargé de l’exécution d’une décision de justice ou
d’un autre titre exécutoire se heurte à une difficulté qui entrave le cours de ses opéra-
tions, il en dresse procès-verbal et peut, à son initiative, saisir le juge de l’exécution
(CPC exéc., art. R. 151-1). Le CPC exéc. organise une procédure contradictoire
simplifiée.
Le juge de l’exécution est saisi par requête du commissaire de justice au greffe accompa-
gnée de la présentation du titre et d’un exposé de la difficulté qui a entravé l’opération
d’exécution ainsi que, s’il y a lieu, des pièces qui lui ont été communiquées (CPC exéc.,
art. R. 151-2).
Le commissaire de justice doit mettre immédiatement en cause les parties intéressées en
les informant de la difficulté rencontrée, ainsi que des lieus, jour, et heure de l’audience
au cours de laquelle cette difficulté sera examinée. Les parties doivent avoir connais-
sance des dispositions des articles R. 121-6 à R. 121-10 et du fait qu’une décision peut
être rendue en leur absence (CPC exéc., art. R. 151-3). Ces informations sont données
soit par déclaration verbale consignée au procès-verbal, soit par lettre recommandée
avec demande d’avis de réception. Elle vaut assignation à comparaître. Le commissaire
de justice est entendu en ses observations.
La décision du juge de l’exécution n’a pas autorité de chose jugée au principal (CPC
exéc., art. R. 151-4). Ceci interdit au JEX d’apprécier les dommages et intérêts dus au
titre de l’inexécution d’un jugement imposant une obligation de faire en vertu de
l’article 1142 du Code civil.

c) La procédure de contestation de l’expulsion


Les articles R. 442-1 et suivants du CPC exéc. prévoient des modalités particulières de
saisine du JEX en matière de contestations relatives à l’expulsion. Le JEX compétent est
celui du lieu de situation de l’immeuble (CPC exéc., art. R.442-1). Par dérogation aux
dispositions de l’article R. 121-11, la demande relative à l’exécution d’une décision de
justice ordonnant l’expulsion peut être formée au greffe du juge de l’exécution par lettre
recommandée avec demande d’avis de réception ou par déclaration faite ou remise contre
récépissé (CPC exéc., art. R. 442-2 mod. D. nº 2019-913, 30 août 2019).
76 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

Le contenu de la demande a été modifié par le décret nº 2019-1333 du 11 décembre


2019 : à peine de nullité, la demande présentée en application de l’article R. 442-2,
outre les mentions prévues à l’article 57 du Code de procédure civile, contient un
exposé sommaire des motifs et mentionne le nom et l’adresse du défendeur ou, s’il
s’agit d’une personne morale, sa dénomination et son siège social (CPC exéc.,

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art. R. 442-3).
Le greffe avise par tous moyens le demandeur des lieu, jour et heure de l’audience et le
défendeur est convoqué par lettre recommandée avec demande d’avis de réception.
Cette lettre contient une copie de la demande, informe l’intéressé qu’il s’expose, faute
de se présenter ou de faire connaître ses moyens de défense, à être jugé sur les seuls
éléments fournis par le demandeur, et reproduit les dispositions des articles R. 121-6 à
R. 121-10. Cette convocation peut être également faite verbalement contre émarge-
ment (CPC exéc., art. R. 442-4). En cas de retour au greffe de la lettre recommandée
qui n’a pu être remise à son destinataire, le greffier en informe le demandeur et l’invite
à procéder comme il est dit à l’article 670-1 du Code de procédure civile (par voie de
signification).

d) Le recours gracieux préalable


Lorsque l’État est créancier poursuivant, un recours gracieux préalable à la saisine du
juge de l’exécution doit être formé. C’est le cas pour le recouvrement des créances
fiscales (LPF, art. R. 281-1 et s.26), ou d’une créance domaniale (C. dom. État, art. R. 161).
Un recours gracieux doit être formé devant le supérieur hiérarchique du comptable
poursuivant, dans les délais prescrits par les textes, à peine de forclusion, quelle que
soit la mesure d’exécution forcée envisagée. Un délai est octroyé à l’administration
pour répondre, et le JEX ne peut être saisi, à peine d’irrecevabilité, qu’après l’expiration
du délai. De plus, le JEX ne peut statuer que sur les justifications présentées lors du
recours gracieux, le demandeur ne pouvant faire état d’autres pièces justificatives ou
invoquer d’autres faits (LPF, art. R. 281-5). Lorsque le JEX est compétent, l’affaire est
instruite en suivant les règles de la procédure à jour fixe.

2• LE COMMISSAIRE DE JUSTICE
A - Un monopole de l’exécution
Seuls peuvent procéder à l’exécution forcée et aux mesures conservatoires les commis-
saires de justice chargés de l’exécution (CPC exéc., art. L. 122-1). La profession de
commissaire de justice a été considérablement modifiée.
Fondée sur la loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques
nº 2015-990 du 6 août 2015, l’ordonnance nº 2016-728 du 2 juin 2016 a précisé le
statut de commissaire de justice, qui regroupe les professions d’huissier de justice et de
commissaire-priseur (avec une période de transition jusqu’au 1er juillet 2022) et le décret

——
26. Cass. com., 30 mars 2010, nº 08-22072.
CHAPITRE 4 – Les organes de la procédure 77

nº 2016-880 du 29 juin 2016 a modifié les conditions d’exercice de la profession de


commissaire de justice, les règles relatives aux SEL et SPFPL.
Le décret nº 2019-1185 du 15 novembre 2019 relatif à la formation profession-
nelle des commissaires de justice et aux conditions d’accès à cette profession fixe
les conditions de la formation initiale des commissaires de justice, de nature à permettre

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la nomination au 1er juillet 2022 de nouveaux professionnels formés à l’ensemble des
compétences dévolues à cette nouvelle profession en application du huitième alinéa du
III de l’article 25 de l’ordonnance du 2 juin 2016 relative au statut de commissaire de
justice. Il prévoit également les modalités de la formation professionnelle continue et la
mise en place de spécialisations. L’arrêté du 13 décembre 2019 (NOR : JUSC1936209A,
JO 18 déc.) fixe les modalités de l’examen d’accès à la profession, et l’arrêté du
13 décembre 2019 (NOR : JUSC1936206A, JO 19 déc.) détermine la liste des diplômes
reconnus équivalents au master en droit pour l’exercice de la profession de commissaire
de justice.
À compter de la fusion les commissaires de justice exerceront les compétences réser-
vées aux commissaires de justice (signification et mise à exécution des décisions de
justice à titre de monopole, accomplissement des mesures conservatoires dans le cadre
d’une succession, mise en œuvre de la procédure simplifiée de recouvrement des petites
créances, réalisation des états des lieux en cas de conflits dans le cadre des rapports
locatifs), mais aussi les missions des huissiers audienciers ainsi que les attributions des
commissaires-priseurs (estimations et ventes aux enchères publiques, vente des biens
incorporels comme les marques, brevets, fonds de commerces). Ils pourront, sans mono-
pole, réaliser des constats, procéder au recouvrement de créances et être désignés en
qualité de liquidateurs ou de séquestre conventionnels.
Le 12 décembre 2019, à l’occasion des 35e journées de Paris, les commissaires de justice
ont dévoilé leur stratégie à l’égard de la blockchain publique Ethereum, qui constitue
une nouvelle activité professionnelle. Ils entendent assurer le rôle d’oracle, c’est-à-dire
de tiers de confiance qui réintroduit une intermédiation dans certains services block-
chain, particulièrement en cas de déploiement du smart contract (dans le secteur du
bâtiment ou de la location immobilière notamment). À ce titre, les commissaires de
justice pourront gérer les identités (contrôle de l’identité de la personne qui se trouve
derrière une clef publique), séquestrer les fonds (fonds en monnaie fiat ; la blockchain
validera la preuve du séquestre), vérifier et valider les pièces et, in fine, gérer les éven-
tuels litiges. Au cours du 1er semestre 2020, la chambre nationale des commissaires de
justice a prévu une levée de fonds sur la blockchain (ICO, initial coin offering). Le projet
(Fiderconex) proposera un smart contract (Fidercontract) avec un actif numérique de
confiance (le fider). La rémunération des commissaires de justice prendra la forme de
jetons.

B - Une obligation de prêter son concours


Les commissaires de justice sont tenus de prêter leur ministère ou leur concours sauf,
et sous réserve d’en référer au juge de l’exécution s’ils l’estiment nécessaire, lorsque la
mesure requise leur paraît revêtir un caractère illicite ou si le montant des frais paraît
manifestement susceptible de dépasser le montant de la créance réclamée, à l’exception
des condamnations symboliques que le débiteur refuserait d’exécuter (CPC exéc., art.
78 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

L. 122-1) et sous réserve d’interdictions d’instrumenter au profit d’un parent ou d’un allié.
Le règlement de déontologie des huissiers de justice a été approuvé par un arrêté du
18 décembre 2018 portant approbation du règlement déontologique national des huis-
siers de justice (JO du nº 0296 du 22 décembre 2018).

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C - Des pouvoirs et des devoirs
Le commissaire de justice est le mandataire du créancier poursuivant. La remise d’un
titre au commissaire de justice en vue de son exécution emporte élection de domicile
en son étude pour toutes notifications relatives à cette exécution, elle vaut pouvoir
d’exécuter (CPC, art. 507).
Il a le devoir de veiller au respect des droits de chacune des parties, ce qui le conduit à
informer le débiteur des diverses possibilités de contestations ou de recours, de la faculté
de faire cesser la mesure en procédant à la vente amiable du bien et au paiement du
créancier. Il doit accomplir les différents actes en respectant les conditions prévues par
la loi (actes de saisie, significations), à peine de nullité de ces actes conformément aux
dispositions des articles 112 et suivants du CPC. La Cour de cassation a rappelé qu’il est
« tenu de veiller à la validité et à l’efficacité des actes qu’il est requis de délivrer, doit
réunir les justificatifs nécessaires à son intervention »27.
Le Code de la construction et de l’habitation réglemente l’accès des commissaires de
justice aux parties communes des immeubles, pour faciliter l’accomplissement de leurs
missions de signification et d’exécution ; le propriétaire ou, en cas de copropriété, le
syndicat des copropriétaires représenté par le syndic, permet aux commissaires de
justice d’accéder aux parties communes des immeubles d’habitation, dans des
conditions qui seront définies par décret en Conseil d’État (CCH, art. L. 111-6-6). Le
décret nº 2019-650 du 27 juin 2019 portant diverses mesures relatives au fonc-
tionnement des copropriétés et à l’accès des commissaires de justice aux parties
communes d’immeubles (JO 28 juin 2019) précise les modalités d’accès : lorsque les
parties communes d’un immeuble d’habitation ne sont pas accessibles librement
depuis la voie publique, le commissaire de justice, ou le clerc assermenté, adresse, par
tout moyen, une demande d’accès à celles-ci au propriétaire ou, en cas de copropriété,
au syndic représentant le syndicat des copropriétaires concerné en justifiant de son iden-
tité, de sa qualité professionnelle ainsi que de la mission de signification ou d’exécution
qui lui a été confiée (CCH, art . R. 111-17-1). Le propriétaire ou, en cas de copropriété, le
syndic représentant le syndicat des copropriétaires concerné, remet au commissaire de
justice ou au clerc assermenté un moyen matériel d’accès aux parties communes ou lui
adresse les codes lui permettant d’y accéder pour l’accomplissement de sa mission de
signification ou d’exécution. La remise ou la transmission des moyens d’accès à
l’immeuble intervient dans un délai maximal de cinq jours ouvrables à compter de la
réception de la demande, contre récépissé ou par tout autre moyen propre à établir la
preuve de la remise ou de la transmission et la date à laquelle celle-ci a eu lieu. Lorsqu’un
moyen matériel d’accès aux parties communes lui a été remis en application de l’article
R. 111-17-2, le commissaire de justice ou le clerc assermenté le restitue, sans délai et

——
27. Cass. 1re civ., 12 sept. 2019, nº 18-17783.
CHAPITRE 4 – Les organes de la procédure 79

contre récépissé, au propriétaire ou, en cas de copropriété, au syndic représentant le


syndicat des copropriétaires concerné, après accomplissement de sa mission de significa-
tion ou d’exécution.
Si le commissaire de justice est dans l’obligation de requérir le concours de la force
publique, il s’adresse au préfet. La réquisition contient une copie du dispositif du titre

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exécutoire. Elle est accompagnée d’un exposé des diligences auxquelles le commissaire
de justice a procédé et des difficultés d’exécution. Toute décision de refus de l’autorité
compétente doit être motivée. Le défaut de réponse dans un délai de deux mois équi-
vaut à un refus. Ce refus est porté à la connaissance du créancier par le commissaire de
justice (CPC exéc., art. R. 153-1, mod. D. nº 2017-892, 6 mai 2017 qui a supprimé
l’information du procureur).
Le commissaire de justice chargé de l’exécution a la responsabilité de la conduite des
opérations d’exécution (CPC exéc., art. L. 122-2).

La recherche d’informations relatives au débiteur


Elle est au cœur des processus d’exécution forcée L’article R. 152-1 du CPC exéc. confère
certaines prérogatives au commissaire de justice chargé de l’exécution. En vue d’obtenir les
informations mentionnées à l’article L. 152-1 (adresse du débiteur, identité et adresse de son
employeur ou de tout tiers débiteur ou dépositaire de sommes liquides et exigibles, et compo-
sition de son patrimoine immobilier) et L. 152-2 (indication si un ou plusieurs comptes, comptes
joints ou fusionnés sont ouverts au nom du débiteur ainsi que les lieux où sont tenus les
comptes) du CPC exéc., le commissaire de justice saisit les administrations, entreprises, établis-
sements publics ou organismes mentionnés aux articles visés, ou, le cas échéant, les services
désignés par eux ou le service central gestionnaire du fichier des comptes bancaires et assimilés
relevant du ministère chargé des finances (FICOBA ; CPC exéc., art. R. 152-1). Depuis la loi du
16 février 2015 sur la simplification du droit, le commissaire de justice n’a plus besoin de
produire le jugement qu’il est chargé d’exécuter pour obtenir ces renseignements (ceci
protège la vie privée des personnes concernées). Aucun autre renseignement que ceux visés
aux articles L. 152-1 et L. 152-2 ne peut être divulgué. En revanche, pour les renseignements
visés, aucun secret professionnel ne peut être opposé au ’commissaire de justice. Ces rensei-
gnements ne sont fournis que dans le cadre de l’exécution d’un titre exécutoire, et ne concer-
nent pas la mise en œuvre d’une mesure conservatoire (le titre exécutoire qui ordonne une
mesure conservatoire ne permet pas au commissaire de justice d’interroger FICOBA, sauf dans
le cadre d’une saisie conservatoire des avoirs bancaires européenne). Aux termes de l’article
L. 152-3 du CPC exéc., les renseignements obtenus ne peuvent être utilisés que dans la seule
mesure nécessaire à l’exécution du ou des titres pour lesquels ils ont été demandés. Ils ne
peuvent, en aucun cas, être communiqués à des tiers ni faire l’objet d’un traitement de
données à caractère personnel.
Toute violation de ces dispositions est passible des peines encourues pour le délit prévu à
l’article 226-21 du code pénal, sans préjudice, le cas échéant, de poursuites disciplinaires et
de condamnation à dommages-intérêts. Les commissaires de justice sont tenus de respecter
les exigences prévues par la loi nº 2018-493 du 20 juin 2018 relative à la protection des
données personnelles.

La Cour de cassation a rappelé, sur le fondement des articles L. 152-1 et L. 152-2 du


Code des procédures civiles d’exécution et l’article L. 151 A du Livre des procédures
fiscales, et des articles L. 111-2 et L. 111-3 du Code des procédures civiles d’exécution,
que l’ordonnance du juge de l’exécution autorisant à procéder à une saisie conservatoire
ne constitue pas un titre exécutoire constatant une créance liquide et exigible dont doit
se prévaloir le commissaire de justice à l’occasion de la mise en œuvre d’une mesure
80 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

d’exécution forcée ou d’une mesure conservatoire pour obtenir l’adresse des orga-
nismes auprès desquels un compte est ouvert au nom du débiteur (consultation du
fichier Ficoba pour obtenir la liste des comptes détenus par le débiteur)28.

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3• LE MINISTÈRE PUBLIC
Le procureur de la République veille à l’exécution des jugements et des autres titres
exécutoires (CPC exéc., art. L. 121-5). Cette mission générale lui confère plusieurs types
de prérogatives.
Ainsi, le procureur de la République peut enjoindre à tous les commissaires de justice de
son ressort de prêter leur ministère. Il poursuit d’office l’exécution des décisions de
justice dans les cas spécifiés par la loi (CPC exéc., art. L. 121-6).
La loi du 23 mars 2019 a prévu qu’à titre exceptionnel, à la demande de la personne
directement intéressée ou du JAF, le procureur de la République peut requérir le
concours de la force publique pour faire exécuter une décision du JAF, une convention
de divorce par consentement mutuel prenant la forme d’un acte contresigné par avocat
ou d’une convention homologuée fixant les modalités d’exercice de l’autorité parentale
(C. civ., art. 373-2, en vigueur depuis le 25 mars 2019).

——
28. Cass. 2e civ., 16 mars 2017, nº 16-11314, FS-P+B, Cassation.
CHAPITRE 5
Les conditions
de toute poursuite

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Toute mesure d’exécution forcée suppose que le créancier soit porteur d’un titre exécu-
toire constatant sa créance, et qu’il mandate un commissaire de justice qui ne pourra
agir qu’en respectant un dispositif contraignant. Le créancier doit être diligent et agir
dans le délai de prescription de son droit à l’exécution. Dans tous les cas, des considéra-
tions économiques et humanitaires interdisent de saisir tous les biens.

1• LA CONSTATATION DE LA CRÉANCE DANS UN TITRE


EXÉCUTOIRE

L’article L. 111-2 du CPC exéc. pose en principe que le créancier muni d’un titre exécu-
toire constatant une créance liquide et exigible peut en poursuivre l’exécution forcée sur
les biens de son débiteur dans les conditions propres à chaque mesure d’exécution (pour
l’Alsace-Moselle, voir art. L. 111-5, mod. L. nº 2019-222, 23 mars 2019). Cette exigence
doit être limitée aux mesures d’exécution forcée, elle ne concerne pas les mesures
conservatoires autorisées par le JEX en l’absence de titre exécutoire.
La liste des titres exécutoires est limitativement définie. Selon l’article L. 111-3 du CPC
exéc., « seuls constituent des titres exécutoires » :
– les décisions des juridictions de l’ordre judiciaire ou de l’ordre administratif lors-
qu’elles ont force exécutoire. Les conditions de l’obtention de la force exécutoire
sont précisées par les articles 500 et suivants du CPC pour les jugements des juridic-
tions judiciaires et par le Code de la justice administrative pour les décisions des juri-
dictions administratives. Avec la réforme issue du décret du 11 décembre 2019,
pour toutes les instances introduites à partir du 1er janvier 2020, tous les jugements
de première instance rendus par une juridiction judiciaire sont exécutoires de droit à
titre provisoire (CPC, art. 514, à moins que la loi ou la décision rendue n’en dispose
autrement), sauf les exceptions prévues qui peuvent donner lieu à une exécution
provisoire facultative ordonnée par le juge (CPC, art. 515 et s.). Peu importe la juri-
diction qui a statué. L’exécution provisoire est poursuivie aux risques du créancier
qui, si le titre est ultérieurement modifié, devra restituer le débiteur dans ses droits
en nature ou par équivalent (CPC exéc., art. L. 111-10) ;
– les accords auxquels les juridictions de l’ordre judiciaire ou de l’ordre administratif
ont conféré force exécutoire. Avec le développement des modes amiables de résolu-
tion des différends, de nombreux accords peuvent être trouvés par les parties, seules
82 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

ou avec l’aide d’un tiers (conciliateur ou médiateur). Lorsque cet accord est « homo-
logué » par le juge compétent qui lui confère la force exécutoire, il acquiert la qualité
de titre exécutoire et peut donner lieu à une exécution forcée (CPC, art. 1563 et s.,
pour les accords de médiation et de conciliation conventionnelles et pour la transac-
tion ; CPC, art. 131, pour la conciliation déléguée ; CPC, art. 131-12, pour la média-

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tion judiciaire) ; les accords de médiation issus d’une action de groupe qui sont
homologués constituent aussi des titres exécutoires. Une transaction homologuée
constitue aussi un titre exécutoire1 ; il faut y ajouter l’acte contresigné par avocat et
déposé au rang des minutes du notaire qui constate un divorce par consentement
mutuel (L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016, 4º bis Les accords par lesquels les époux
consentent mutuellement à leur divorce ou à leur séparation de corps par acte sous
signature privée contresigné par avocats, déposé au rang des minutes d’un notaire
selon les modalités prévues à l’article 229-1 du Code civil) ; les actes et les jugements
étrangers, ainsi que les sentences arbitrales, déclarés exécutoires. Pour l’exécution
des jugements rendus dans l’espace judiciaire de l’Union européenne, la reconnais-
sance et l’exécution des jugements donnent lieu à des processus simplifiés prévus
par des règlements, ou à une libre circulation de la force exécutoire (non abordés
dans le cadre de ce Mémentos LMD) ;
– les extraits de procès-verbaux de conciliation signés par le juge et les parties ; il entre en
effet dans la mission de tout juge de concilier les parties (CPC, art. 21) et les parties
peuvent demander au juge de constater leur conciliation (CPC, art. 129). La teneur de
l’accord est constatée dans un procès-verbal signé par le juge et les parties : des extraits
du procès-verbal peuvent être délivrés, ils valent titre exécutoire (CPC, art. 131) ;
– les actes notariés revêtus de la formule exécutoire (comme la copie exécutoire d’un
acte notarié) ;
– le titre délivré par le commissaire de justice en cas de non-paiement d’un chèque (il
s’agit du protêt exécutoire visé à l’article L. 131-73 du Code monétaire et financier,
mod. ord. nº 2016-1808, 22 déc. 2016). Ce texte précise que le banquier tiré peut,
après avoir informé par tout moyen approprié mis à disposition par lui le titulaire du
compte des conséquences du défaut de provision, refuser le paiement d’un chèque
pour défaut de provision suffisante. Il doit enjoindre au titulaire du compte de resti-
tuer à tous les banquiers dont il est le client les formules en sa possession et en celle
de ses mandataires et de ne plus émettre des chèques autres que ceux qui permet-
tent exclusivement le retrait de fonds par le tireur auprès du tiré ou ceux qui sont
certifiés. Le banquier tiré en informe dans le même temps les mandataires de son
client. Toutefois, le titulaire du compte recouvre la possibilité d’émettre des
chèques lorsqu’il justifie avoir, à la suite de cette injonction adressée après un inci-
dent de paiement, réglé le montant du chèque impayé ou constitué une provision
suffisante et disponible destinée à son règlement par les soins du tiré. Un certificat
de non-paiement est délivré à la demande du porteur, au terme d’un délai de trente
jours, à compter de la première présentation d’un chèque impayé dans le cas où
celui-ci n’a pas été payé lors de sa seconde présentation ou si une provision n’a
pas été constituée, pour en permettre le paiement dans ce même délai. Ce certificat

——
1. Cass. 2e civ., 8 janv. 2015, nº 13-27377, à condition que la personne à laquelle on l’oppose ait été
partie à la transaction, ce qui n’est pas le cas d’une personne mentionnée comme caution mais non
signataire de l’acte.
CHAPITRE 5 – Les conditions de toute poursuite 83

est délivré par le tiré lorsque au-delà du délai de trente jours une nouvelle présenta-
tion s’avère infructueuse. La notification effective ou, à défaut, la signification du
certificat de non-paiement au tireur par ministère de commissaire de justice vaut
commandement de payer. Le commissaire de justice qui n’a pas reçu justification
du paiement du montant du chèque et des frais dans un délai de quinze jours à

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compter de la réception de la notification ou de la signification délivre, sans autre
acte de procédure ni frais, un titre exécutoire. En tout état de cause, les frais de
toute nature qu’occasionne le rejet d’un chèque sans provision sont à la charge du
tireur ; il faut ajouter le titre délivré par le commissaire de justice dans le cadre de la
procédure de recouvrement simplifié des créances prévue à l’art. L. 125-1 du CPC
exéc. en cas d’homologation de l’accord entre le créancier et le débiteur ; les titres
délivrés par les personnes morales de droit public qualifiés comme tels par la loi (par
exemple le rôle des cotisations à la Caisse nationale des barreaux français), ou les
décisions auxquelles la loi attache les effets d’un jugement.
Toutes les décisions de justice ne constituent pas des titres exécutoires. Ainsi, la
décision rendue par une juridiction après reprise régulière d’une instance en cours à la
date du jugement d’ouverture, laquelle instance tend uniquement à la constatation
de la créance et à la fixation de son montant dans le cadre de la procédure collec-
tive, à l’exclusion de toute condamnation du débiteur, ne constitue pas un titre exécu-
toire et ne peut, dès lors, servir de fondement à une mesure d’exécution forcée prati-
quée par le créancier à l’égard du débiteur2.
Le titre exécutoire doit contenir les éléments d’évaluation de la créance ou son évalua-
tion précise. Par exemple, si une sentence arbitrale se borne à enjoindre à une société de
céder ses actions et à fixer le prix de cession sans imposer une quelconque obligation, il
en résulte que le créancier ne dispose pas d’un titre exécutoire constatant une créance
liquide et exigible à l’encontre de cette société3.
Le créancier doit invoquer une créance exigible et liquide : soit il l’évalue en argent, soit il
fournit un titre contenant tous les éléments permettant son évaluation (CPC exéc., art.
L. 111-6). Un titre qui ne contiendrait pas ces éléments n’est pas exécutoire au sens du
CPC exéc.4.
La Cour de cassation a jugé au visa de l’article 31 du Code de procédure civile, ensemble
l’article 4 du Code civil « Qu’en statuant ainsi, alors que l’acte notarié, bien que consti-
tuant un titre exécutoire, ne revêt pas les attributs d’un jugement et qu’aucune disposi-
tion légale ne fait obstacle à ce qu’un créancier dispose de deux titres exécutoires pour
la même créance, de sorte que la titularité d’un acte notarié n’était pas en soi de nature
à priver la banque de son intérêt à agir à fin de condamnation de son débiteur en paie-
ment de la créance constatée dans cet acte, la cour d’appel a violé les textes susvisés ».
Le créancier titulaire d’un acte notarié peut donc solliciter un jugement pour obtenir un
autre titre exécutoire5.
Parfois, le titre exécutoire comporte une obligation de restitution ou de rembour-
sement de sommes perçues en vertu d’une décision antérieure. C’est le cas après un

——
2. Cass. com., 4 juill. 2018, nº 16-22986.
3. Cass. 2e civ., 28 juin 2018, nº 17-17340.
4. Cass. 2e civ., 1er mars 2018, nº 16-28413, les juges apprécient souverainement ces éléments.
5. Cass. 2e civ., 18 févr. 2016, nº 15-13991.
84 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

arrêt rendu sur appel : la Cour de cassation considère que l’arrêt infirmatif constitue un
titre exécutoire permettant le recouvrement des sommes versées en vertu de la décision
de première instance sans qu’une mention expresse en ce sens soit nécessaire6. De
même, l’obligation de rembourser résulte de plein droit de la décision qui constate la
caducité d’une prestation compensatoire7.

international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:1442956049:88882200:196.113.33.6:1589570230
2• LA PRESCRIPTION DE L’EXÉCUTION DU TITRE EXÉCUTOIRE
L’article L. 111-4 du CPC exéc., issu de la loi nº 2008-561 du 17 juin 2008, dispose que
« l’exécution des titres exécutoires mentionnés aux 1º à 3º de l’article L. 111-3 ne peut
être poursuivie que pendant dix ans, sauf si les actions en recouvrement des créances
qui y sont constatées se prescrivent par un délai plus long ». Le délai prévu à
l’article 2232 du Code civil (délai butoir de 20 ans) n’est pas applicable. Ainsi, la loi du
17 juin 2008 crée deux délais de prescription de l’exécution forcée autonomes. Alors
que le délai de droit commun de la prescription des actions civiles est de 5 ans, confor-
mément à l’article 2224 du Code civil, le créancier qui a obtenu du juge la constatation
de son droit dispose de 10 ans pour contraindre le débiteur.

A - Les titres exécutoires soumis à la prescription décennale


Ils sont définis par le Code des procédures civiles d’exécution :
– les « décisions des juridictions de l’ordre judiciaire ou de l’ordre administratif »
doivent être exécutées dans le délai de 10 ans. Ces termes très généraux englobent
la totalité des jugements, contentieux ou gracieux, dès lors qu’ils remplissent les
conditions pour être mis à exécution forcée ;
– les accords auxquels les juridictions ont conféré la force exécutoire (dès lors qu’ils
sont homologués, les constats d’accord du conciliateur de justice, accords de média-
tion judiciaire, transactions constituent des titres exécutoires...) ;
– les extraits de procès-verbaux de conciliation signés par le juge et les parties ;
– les jugements étrangers et les sentences arbitrales exécutoires sont soumis à la pres-
cription décennale. Dès lors que ces actes remplissent les conditions prévues pour
que la force exécutoire soit reconnue en France, après un exequatur ordinaire ou
allégé, la prescription est de 10 ans ;
– les « actes reçus par les officiers publics étrangers » et exécutoires se prescrit par
10 ans.
Le régime du délai décennal : l’article L. 111-4 du CPC exéc. ne définit pas le point
de départ des 10 ans de prescription. Conformément au droit commun de
l’article 2224 du Code civil, la prescription court à compter du jour où le créancier a
connu ou aurait dû connaître les faits lui permettant d’exercer le droit. Cette
date pourrait être celle du prononcé du jugement (annoncée aux parties ; CPC,

——
6. Cass. 3e civ., 15 sept. 2016, nº 15-21483.
7. Cass. 2e civ., 22 sept. 2016, nº 15-17041.
CHAPITRE 5 – Les conditions de toute poursuite 85

art. 450), ou celle à laquelle le jugement devient exécutoire (les articles 500 et suivants
du CPC ; CPC, art. 514, tous les jugements sont exécutoires de droit à titre provisoire
dès qu’ils ont été rendus, sauf exceptions prévues par la loi ou ordonnées par le juge)...
Si le jugement porte condamnation au paiement d’une somme payable à termes pério-
diques, le créancier ne peut, en vertu de l’article 2224 du Code civil, applicable en raison

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de la nature de la créance, obtenir le recouvrement des arriérés échus plus de cinq ans
avant la date de sa demande et non encore exigibles à la date à laquelle le jugement
avait été obtenu, alors même qu’il peut poursuivre pendant 10 ans l’exécution du
jugement8. De même, le créancier d’une indemnité d’occupation peut demander
pendant 10 ans l’exécution de la décision ayant condamné le débiteur au paiement des
termes échus mais doit formuler sa demande de paiement dans les 5 ans pour les termes
échus9.
Le délai de prescription de l’exécution du jugement est interrompu par un acte
d’exécution forcée, selon l’article 2244 du Code civil. Toute saisie-exécution inter-
rompt la prescription, qu’elle prenne la forme d’une saisie vente, appréhension, attribu-
tion, en matière mobilière ou immobilière. En revanche, une saisie conservatoire ne
constitue pas une mesure d’exécution forcée au sens de l’article 2244. Quelles que
soient les causes de report, de suspension et d’interruption, l’article 2232 du Code civil
précise que la durée de la prescription ne peut excéder 20 ans à compter de la naissance
du droit. Mais ce délai dit « butoir » n’est pas applicable à l’exécution forcée des
titres exécutoires.

B - Les titres exécutoires soumis à une prescription


dérogatoire
Si le titre exécutoire constate une créance dont la prescription est plus longue que
10 ans, le CPC exéc. écarte expressément le droit commun. Le titre exécutoire pourra
alors être exécuté pendant un délai identique à celui de la prescription de la
créance. Les délais supérieurs à 10 ans sont devenus rares (dommage causé à l’environ-
nement, 30 ans, C. envir., art. L. 152-1 ; préjudice corporel causé par un acte de torture,
20 ans, C. civ., art. 2226).
Si la créance est constatée dans un acte notarié (émanant d’un officier public fran-
çais) revêtu de la force exécutoire, on applique la durée de la prescription attachée à
la créance. L’article L. 111-4 du CPC exéc. ne vise pas le 4º de l’article L. 111-3 du CPC
exéc.
Les titres émis en matière de chèques impayés, prévus aux 5º, échappent également à
la prescription décennale. Les titres émis par les commissaires de justice à la demande du
porteur du chèque impayé10 se prescrivent donc dans le même délai que l’obligation
cambiaire qu’ils constatent11. Il en va de même du titre exécutoire constatant un accord

——
8. Cass. 2e civ., 26 janv. 2017, nº 15-28173.
9. Cass. 1re civ., 8 juin 2015, nº 15-196147.
10. Cass. 1re civ., 18 oct. 2005, nº 04-15809 : D. 2005, p. 3011.
11. C. mon. fin., art. L. 131-59 : les actions cambiaires du porteur de chèque contre le tireur se prescrivent
par 6 mois.
86 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

entre le créancier et le débiteur dans le cadre d’une procédure simplifiée de recouvre-


ment (CPC exéc., art. L. 125-1).
Les titres prévus au 6º de l’article 3 de l’article L. 111-3 du CPC exéc. sont également
exclus de la prescription décennale. Cela concerne les titres émis en vertu du privi-
lège du préalable, par l’État, les collectivités territoriales et les établissements

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publics dotés d’un comptable public. Il convient de se référer aux dispositions
propres à la matière pour définir la durée et le régime de la prescription de l’exécution12.
Certaines règles spéciales subsistent : par exemple, la prescription des dettes publi-
ques est de 4 ans, l’article 2 dernier alinéa de la loi nº 68-1250 du 31 décembre 1968
fait courir le délai quadriennal du 1er jour de l’année suivant celle où le jugement est
passé en force de chose jugée. Ce texte déroge au CPC exéc.
Le régime des prescriptions dérogatoires : le point de départ de la prescription de
l’exécution soulève des hésitations ; pour les actes authentiques, faut-il considérer le jour
de la signature de l’acte authentique, ou celui où le titre exécutoire est délivré au
créancier ? Pour le titre émis en matière de chèque impayé, le jour où le commissaire
de justice délivre le titre devrait constituer le point de départ de la prescription13.
De plus, l’article L. 111-4 du CPC exéc. n’a expressément exclu le délai butoir que pour
les prescriptions prévues à l’alinéa 1 du même texte, à savoir les titres définis aux 1º à 3º.
Ce délai s’applique donc à la prescription de l’exécution des autres titres (notamment,
les actes notariés exécutoires). Dès lors, 20 ans après la naissance du droit, la prescrip-
tion doit être considérée comme acquise.

3• LES BIENS SAISISSABLES


A - Le principe général de saisissabilité
Le débiteur qui s’est obligé est tenu de remplir son engagement sur tous ses biens mobi-
liers et immobiliers, présents et à venir (C. civ., art. 2092). Il est donc logique que les
saisies puissent porter sur tous les biens appartenant au débiteur (l’article R. 112-1 du
CPC exéc. réaffirme la règle : tous les biens mobiliers ou immobiliers, corporels ou incor-
porels appartenant au débiteur peuvent faire l’objet d’une mesure d’exécution forcée ou
d’une mesure conservatoire, si ce n’est dans les cas où la loi prescrit ou permet leur insai-
sissabilité), alors même que ces biens seraient détenus par des tiers et qu’elles puissent
également porter sur les créances conditionnelles, à terme ou à exécution successive,
même si les modalités propres à ces obligations s’imposent au créancier saisissant (CPC
exéc., art. L. 112-1). Il est tout aussi logique que la saisie ne puisse porter que sur un bien
appartenant au débiteur : le tiers propriétaire d’un bien irrégulièrement saisi dispose
d’une action en distraction (sauf s’il a volontairement affecté un bien à la sûreté de la
dette d’un tiers, comme une caution réelle, ou s’il a acquis en connaissance de cause
un immeuble hypothéqué pour sûreté de la dette de l’ancien propriétaire).

——
12. LPF, art. 274, 274 A et B ; 275 et 275 A.
13. C. mon. fin., art. L. 131-73.
CHAPITRE 5 – Les conditions de toute poursuite 87

Encore faut-il préciser que la saisie ne peut, a priori, porter que sur des biens disponibles
du débiteur : s’ils ont fait l’objet d’une saisie antérieure, les biens sont devenus indispo-
nibles, ce qui conduit à énoncer que « saisie sur saisie ne vaut ». Cette règle ne vaut que
pour la saisie-attribution (qui opère un effet attributif immédiat au profit du poursui-
vant), et pour la saisie-conservatoire des créances portant sur une somme d’argent (qui

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entraîne consignation de la somme affectée au poursuivant). Pour les autres mesures
d’exécution, elle est écartée, puisque tout créancier peut se joindre à la saisie selon diffé-
rents procédés, pour participer à la distribution du prix de vente.

B - Les exceptions d’insaisissabilité


1) La nécessité de protéger des intérêts généraux
Il paraît inopportun de permettre la vente de biens présentant un intérêt général pour la
satisfaction d’un intérêt privé : la loi interdit donc toute possibilité de saisie. On peut citer
les immeubles et objets mobiliers nécessaires aux réunions, bibliothèques et aux cours
d’instruction professionnelle des syndicats professionnels (C. trav., art. L. 2132-4) ; ou
les effets de commerce, insaisissables pour faciliter leur circulation et le crédit (C. com.,
art. L. 511-31).

2) La nécessité de protéger les droits exclusivement attachés à la personne


du débiteur
Lorsque l’exercice de certains droits est réservé par la loi à une personne déterminée,
leur insaisissabilité se justifie parce qu’ils ne sauraient être cédés. Il en est ainsi du droit
moral de l’auteur sur son œuvre (CPI, art. L. 121-1) ; des offices ministériels puisque le
titre fait l’objet d’une attribution intuitu personae incessible (les parts sociales d’une
SCP ne peuvent pas être vendues, puisque leur titulaire doit avoir reçu un agrément du
ministère de la Justice : mais on admet qu’après une cession régulière et agrément de la
Chancellerie, les créanciers doivent pouvoir saisir le prix de vente) ; on cite encore le droit
d’usage et le droit d’habitation, qui ne sont pas cessibles (C. civ., art. 631 et 634).

3) La nécessité d’assurer la dignité du débiteur et son activité


professionnelle
De nombreuses insaisissabilités légales ont pour finalité de garantir une vie décente au
débiteur et à sa famille, ainsi que de lui assurer le maintien de son activité profession-
nelle. La satisfaction des intérêts légitimes du créancier ne doit pas conduire à démunir
le débiteur et sa famille de tout moyen d’existence. Les articles L. 112-1 et suivants du
CPC exéc. en donnent une liste complétée par les articles R. 112-1 et suivants du CPC
exéc.
Ne peuvent être saisis :
– les biens mobiliers nécessaires à la vie et au travail du saisi et de sa famille, si ce
n’est pour paiement de leur prix, dans les limites fixées par décret en Conseil d’État
et sous réserve des dispositions du septième alinéa du présent article ; ils demeurent
cependant saisissables s’ils se trouvent dans un lieu autre que celui où le saisi
demeure ou travaille habituellement, s’ils sont des biens de valeur, en raison notam-
ment de leur importance, de leur matière, de leur rareté, de leur ancienneté ou de
88 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

leur caractère luxueux, s’ils perdent leur caractère de nécessité en raison de leur
quantité ou s’ils constituent des éléments corporels d’un fonds de commerce.
Ces biens visés ne peuvent être saisis, même pour paiement de leur prix, lorsqu’ils
sont la propriété des bénéficiaires de l’aide sociale à l’enfance prévue aux arti-
cles 150 à 155 du Code de la famille et de l’aide sociale.

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Pour l’application de l’article L. 112-2 du CPC exéc., sont insaisissables comme
étant nécessaires à la vie et au travail du débiteur saisi et de sa famille (CPC
exéc., art. R. 112-2) : les vêtements ; la literie ; le linge de maison ; les objets et
produits nécessaires aux soins corporels et à l’entretien des lieux ; les denrées
alimentaires ; les objets de ménage nécessaires à la conservation, à la préparation
et à la consommation des aliments ; les appareils nécessaires au chauffage ; la
table et les chaises permettant de prendre les repas en commun ; un meuble
pour abriter le linge et les vêtements et un meuble pour ranger les objets ména-
gers ; une machine à laver le linge ; les livres et autres objets nécessaires à la pour-
suite des études ou à la formation professionnelle ; les objets d’enfants ; les souve-
nirs à caractère personnel ou familial (photographies, lettres personnelles) ; les
animaux d’appartement ou de garde ; les animaux destinés à la subsistance du
saisi, ainsi que les denrées nécessaires à leur élevage ; un poste de téléphone
permettant l’accès au service téléphonique fixe ou mobile ;
– de même, un ordinateur utilisé pour la recherche d’un emploi doit être assimilé à
un instrument nécessaire à l’exercice d’une activité professionnelle et est donc
insaisissable14.
Néanmoins, cette insaisissabilité est exclue pour les biens ainsi énumérés qui rede-
viennent saisissables (CPC exéc., art. L. 112-2) :
• s’ils se trouvent dans un lieu autre que celui où le saisi demeure ou travaille
habituellement,
• s’ils sont des biens de valeur, en raison notamment de leur importance, de leur
matière, de leur rareté, de leur ancienneté ou de leur caractère luxueux,
• s’ils perdent leur caractère de nécessité en raison de leur quantité,
• ou s’ils constituent des éléments corporels d’un fonds de commerce,
• de plus, ils sont saisissables pour paiement des sommes dues à leur fabricant ou
vendeur (donc pour le paiement de leur prix) ou à celui qui aura prêté pour les
acheter, fabriquer ou réparer (CPC exéc., art. R. 112-3) ;
– les objets indispensables aux personnes handicapées ou destinés aux soins des
personnes malades (béquilles, lunettes, prothèses diverses). Ces objets ne peuvent
jamais être saisis, pas même pour paiement de leur prix, fabrication ou réparation
(CPC exéc., art. L. 112-2, ce qui interdit un droit de rétention du chirurgien-dentiste
sur la prothèse dentaire, ou la saisie d’un chien guide d’aveugle).

4) La nécessité de sauvegarder le droit à la vie du débiteur et de sa famille


a) Les créances de nature alimentaire
Les provisions, sommes et pensions à caractère alimentaire sont expressément visées par
l’article L. 112-2-3º du CPC exéc. Elles sont insaisissables sauf pour le paiement des

——
14. Cass. 2e civ., 28 juin 2012, nº 11-15055.
CHAPITRE 5 – Les conditions de toute poursuite 89

aliments déjà fournis par le saisissant à la partie saisie. En cas de contestation sur le
caractère alimentaire d’une somme, le débiteur qui prétend que les sommes reçues par
lui ont un caractère alimentaire peut saisir le juge de l’exécution qui déterminera si et
dans quelle mesure ces sommes ont un caractère alimentaire. Le juge se réfère en tant
que de besoin au barème fixé pour déterminer l’insaisissabilité des rémunérations du

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travail (CPC exéc., art. R. 112-4, qui renvoie au C. trav., art. R. 3252-2 et R. 3252-3).
De nombreuses autres sommes versées au débiteur sont déclarées insaisissables, partiel-
lement ou totalement, par des lois spéciales. C’est le cas des rémunérations du travail,
soumises à une saisie spécifique et partiellement insaisissables (v. infra, la saisie des
rémunérations), des pensions de retraite civiles et militaires, partiellement insaisissables
(C. pens. retr., art. L. 56), des indemnités de sécurité sociale (prestations familiales,
indemnités d’assurance-maladie, d’accident du travail...), de certaines allocations
(revenu minimum d’insertion).
Pour assurer l’effectivité de cette insaisissabilité, il est prévu que les créances insaisissa-
bles dont le montant est versé sur un compte demeurent insaisissables (CPC exéc., art.
L. 112-4 et R. 112-5).
En cas de saisie sur un compte en banque, l’article L. 162-2 du CPC exéc. prévoit un
solde bancaire insaisissable au profit du débiteur. Le tiers saisi doit laisser à disposition
du débiteur personne physique, dans la limite du solde créditeur du ou des comptes au
jour de la saisie, une somme à caractère alimentaire d’un montant égal au montant
forfaitaire, pour un allocataire seul sans enfant, mentionné à l’article L. 262-2 du Code
de l’action sociale et des familles (RSA, (RSA, porté à 559,74 € pour une personne sans
enfant, à compter du 1er avril 2019, et à 839,62 € pour un couple ; v. infra). La liste des
insaisissabilités est limitative : la Cour de cassation a jugé que les indemnités réparatrices
d’un dommage moral ou corporel sont saisissables, comme les parts d’une société civile
professionnelle de notaire.

b) Les droits réels sur l’immeuble constituant la résidence principale


de l’entrepreneur individuel
Dans le même ordre d’idées, (C. com., art. L. 526-1 à L. 526-3), afin de protéger l’entre-
preneur individuel et son conjoint, l’article L. 526-1 du Code de commerce précise que
« par dérogation aux articles 2284 et 2285 du Code civil, les droits d’une personne
physique immatriculée à un registre de publicité légale à caractère professionnel ou exer-
çant une activité professionnelle agricole ou indépendante sur l’immeuble où est fixée sa
résidence principale sont de droit insaisissables par les créanciers dont les droits
naissent à l’occasion de l’activité professionnelle de la personne. Lorsque la rési-
dence principale est utilisée en partie pour un usage professionnel, la partie non utilisée
pour un usage professionnel est de droit insaisissable, sans qu’un état descriptif de division
soit nécessaire. La domiciliation de la personne dans son local d’habitation en application
de l’article L. 123-10 du présent code ne fait pas obstacle à ce que ce local soit de droit
insaisissable, sans qu’un état descriptif de division soit nécessaire. » Hormis cette hypo-
thèse, le logement familial ne bénéficie pas d’un régime juridique d’insaisissabilité.
Certes, l’article 215 du Code civil prévoit que les époux ne peuvent, l’un sans l’autre,
disposer des droits par lesquels est assuré le logement de la famille, ni des meubles
meublants dont il est garni, à peine de nullité. Mais la Cour de cassation a jugé que ces
dispositions, hormis le cas de fraude, sont inopposables aux créanciers, sous peine de
frapper les biens d’une insaisissabilité contraire à la loi.
90 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

L’article L. 526-1 du Code de commerce règle aussi la situation des droits sur tout bien
foncier, bâti ou non bâti, qui ne sont pas affectés à son usage professionnel. « Par
dérogation aux articles 2284 et 2285 du Code civil, une personne physique immatriculée
à un registre de publicité légale à caractère professionnel ou exerçant une activité
professionnelle agricole ou indépendante peut déclarer insaisissables ses droits sur tout

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bien foncier, bâti ou non bâti, qu’elle n’a pas affecté à son usage professionnel. Cette
déclaration, publiée au fichier immobilier ou, dans les départements du Bas-Rhin, du
Haut-Rhin et de la Moselle, au livre foncier, n’a d’effet qu’à l’égard des créanciers dont
les droits naissent, après sa publication, à l’occasion de l’activité professionnelle du
déclarant. Lorsque le bien foncier n’est pas utilisé en totalité pour un usage profes-
sionnel, la partie non affectée à un usage professionnel ne peut faire l’objet de la décla-
ration qu’à la condition d’être désignée dans un état descriptif de division ». La déclara-
tion est reçue par notaire à peine de nullité, et contient la description détaillée des biens
et l’indication de leur caractère propre, commun ou indivis. Elle est publiée conformé-
ment à l’article L. 526-2 du Code de commerce (mod. par loi nº 2019-486 du 22 mai
2019 – art. 3) au fichier immobilier. Lorsque la personne est immatriculée dans un
registre de publicité légale à caractère professionnel, la déclaration doit y être
mentionnée. Lorsque la personne n’est pas tenue de s’immatriculer dans un registre de
publicité légale, un extrait de la déclaration doit être publié dans un support habilité à
recevoir des annonces légales dans le département dans lequel est exercée l’activité
professionnelle pour que cette personne puisse se prévaloir du bénéfice du deuxième
alinéa de l’article L. 526-1.

c) L’entrepreneur individuel à responsabilité limitée


La loi nº 2019-486 du 22 mai 2019 a modifié les articles L. 526-6 et suivants du Code
de commerce. Pour l’exercice de son activité en tant qu’entrepreneur individuel à
responsabilité limitée, l’entrepreneur individuel affecte à son activité professionnelle
un patrimoine séparé de son patrimoine personnel, sans création d’une
personne morale, dans les conditions prévues à l’article L. 526-7. Ce patrimoine est
composé de l’ensemble des biens, droits, obligations ou sûretés dont l’entrepreneur
individuel est titulaire, nécessaires à l’exercice de son activité professionnelle. Il peut
comprendre également les biens, droits, obligations ou sûretés dont l’entrepreneur indi-
viduel est titulaire, utilisés pour l’exercice de son activité professionnelle, qu’il décide d’y
affecter et qu’il peut ensuite décider de retirer du patrimoine affecté. Un même bien,
droit, obligation ou sûreté ne peut entrer dans la composition que d’un seul patrimoine
affecté (C. com., art. L. 526-6 ; L. nº 2019-486, 22 mai 2019).
Aux termes de l’article L. 526-12, la composition du patrimoine affecté est opposable
de plein droit aux créanciers dont les droits sont nés postérieurement à la décla-
ration mentionnée à l’article L. 526-7. Par dérogation aux articles 2284 et 2285 du
Code civil : 1º Les créanciers auxquels la déclaration est opposable et dont les droits
sont nés à l’occasion de l’exercice de l’activité professionnelle à laquelle le patrimoine
est affecté ont pour seul gage général le patrimoine affecté ; 2º Les autres créanciers
auxquels la déclaration est opposable ont pour seul gage général le patrimoine non
affecté.
Lorsque l’affectation procède d’une inscription en comptabilité en application de l’article
L. 526-8-1 du présent code, elle est opposable aux tiers à compter du dépôt du bilan
de l’entrepreneur individuel à responsabilité limitée ou, le cas échéant, du ou des
CHAPITRE 5 – Les conditions de toute poursuite 91

documents résultant des obligations comptables simplifiées prévues au deuxième alinéa


de l’article L. 526-13 auprès du registre où est immatriculé l’entrepreneur.
Par exception, lorsque la valeur d’un élément d’actif du patrimoine affecté, autre que
des liquidités, mentionnée dans l’état descriptif prévu à l’article L. 526-8 ou en compta-
bilité, est supérieure à sa valeur réelle au moment de son affectation, l’entrepreneur

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individuel à responsabilité limitée est responsable, pendant une durée de cinq ans, à
l’égard des tiers sur la totalité de son patrimoine, affecté et non affecté, à hauteur de
la différence entre la valeur réelle du bien au moment de l’affectation et la valeur
mentionnée dans l’état descriptif ou en comptabilité. Il est également responsable sur
la totalité de ses biens et droits en cas de fraude ou en cas de manquement grave aux
obligations prévues à l’article L. 526-13. En cas d’insuffisance du patrimoine non
affecté, le droit de gage général des créanciers mentionnés au 2º du I du présent
article peut s’exercer sur le bénéfice réalisé par l’entrepreneur individuel à responsabilité
limitée lors du dernier exercice clos.

5) Le souci de respecter la volonté du testateur ou du donateur


Les biens disponibles peuvent être déclarés insaisissables par le testateur ou le
donateur, si ce n’est, avec la permission du juge et pour la portion qu’il détermine, par
les créanciers postérieurs à l’acte de donation ou à l’ouverture du legs (CPC exéc., art.
L. 112-2-4º). Une telle clause n’est opposable qu’aux créanciers antérieurs à l’acte de
donation ou à l’ouverture du legs : les créanciers postérieurs peuvent solliciter une auto-
risation de JEX pour pratiquer une saisie. L’insaisissabilité cesse lorsque le bien est aliéné
ou lorsque le gratifié décède.
Une telle insaisissabilité peut être la conséquence d’une clause d’inaliénabilité
insérée dans une libéralité (C. civ., art. 900-1). La prohibition est opposable à tous les
créanciers du gratifié. Mais la clause n’est valable que si elle est temporaire et justifiée
par un intérêt sérieux et légitime (même dans ce cas, le donataire ou légataire peut
demander au juge l’autorisation de disposer du bien si l’intérêt qui avait justifié la
clause a disparu ou si un intérêt plus important l’exige). Néanmoins, une clause d’inalié-
nabilité n’interdit pas de prendre une mesure conservatoire, telle une inscription d’hypo-
thèque judiciaire ; mais la mesure conservatoire ne pourra pas être convertie en saisie-
exécution tant que la clause sera en vigueur.

6) Les inaliénabilités et insaisissabilités spécifiques aux procédures


collectives
La protection des divers intérêts en présence dans les procédures de sauvegarde
(L. no 2005-845, 26 juillet 2005), de redressement et de liquidation judiciaires a conduit
le législateur à édicter des interdictions d’aliéner certains biens, ce qui entraîne leur
insaisissabilité.
L’article L. 642-9 alinéa 1 du Code de commerce dispose que tant que le prix de cession
n’est pas intégralement payé, le cessionnaire ne peut, à l’exception des stocks, aliéner
ou donner en location-gérance les biens corporels ou incorporels qu’il a acquis15.

——
15. Le Corre, « Droit et pratique des procédures collectives », Dalloz Action 2006-2007, no 542-23.
92 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

Certaines inaliénabilités, prévues par l’article L. 626-14 du Code de commerce, sont


édictées pour garantir l’exécution du plan de continuation ou de redressement en
évitant que le débiteur compromette le sauvetage de l’entreprise en disposant des
biens nécessaires à la poursuite de l’activité. En conséquence, le jugement arrêtant le
plan ou le modifiant peut décider que les biens que le tribunal a estimés indispensables

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à la continuation de l’entreprise ne pourront pas être aliénés, pour une durée fixée, sauf
autorisation du tribunal. La durée de l’inaliénabilité ne peut excéder celle du plan. Des
mesures de publicité sont prévues, à la diligence du commissaire à l’exécution du plan,
selon les articles R. 626-25 et R. 626-31 du Code de commerce. Cette inaliénabilité
entraîne l’insaisissabilité des biens visés. Comme la méconnaissance de l’interdiction
d’aliéner est sanctionnée par la nullité prononcée à la demande de tout intéressé ou du
Ministère public, dans le délai de 3 ans à compter de la conclusion de l’acte ou de sa
publicité, une saisie pratiquée sur les biens visés par le jugement doit être annulée.

7) La saisissabilité contrôlée des biens d’un État étranger


La loi dite Sapin 2 (nº 2016-1691 du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la
lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique), a modifié la saisis-
sabilité des biens des États étrangers (CPC exéc., art. L. 111-1-1 et s.) et le décret
nº 2017-892 du 6 mai 2017 en a précisé les modalités d’application (CPC exéc.,
art. R. 111-2 et s.).
Une autorisation préalable du juge de l’exécution est nécessaire. Des mesures
conservatoires ou des mesures d’exécution forcée ne peuvent être mises en œuvre sur
un bien appartenant à un État étranger que sur autorisation préalable du juge par
ordonnance rendue sur requête (CPC exéc., art. L. 111-1-1). Le juge de l’exécution du
tribunal judiciaire de Paris est seul compétent pour statuer sur la demande d’autorisation
et sur les contestations relatives aux mesures conservatoires et d’exécution forcée mobi-
lières qu’il autorise, ainsi que pour connaître des procédures de saisie immobilière qu’il
autorise, à l’exception des procédures d’exécution forcée sur les immeubles situés dans
les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle (CPC exéc., art. R. 111-1).
La requête est présentée en double exemplaire. Elle est motivée et comporte l’indication
précise des pièces invoquées. L’ordonnance sur requête est motivée. Elle est exécutoire
au seul vu de la minute. Des recours sont ouverts : s’il n’est pas fait droit à la requête,
appel peut être interjeté. Le délai d’appel est de quinze jours. L’appel est formé, instruit
et jugé comme en matière gracieuse. S’il est fait droit à la requête, tout intéressé peut en
référer au juge qui a rendu l’ordonnance, lequel peut modifier ou rétracter celle-ci (CPC
exéc., art. R. 111-6).
De nombreuses conditions doivent être remplies. Des mesures conservatoires ou
des mesures d’exécution forcée visant un bien appartenant à un État étranger ne
peuvent être autorisées par le juge que si l’une des conditions suivantes est remplie :
– 1º L’État concerné a expressément consenti à l’application d’une telle mesure
(il faut une renonciation écrite sans ambiguïté à l’immunité d’exécution) ; la Cour de
cassation a précisé que cette renonciation doit être expresse et spéciale16 ;

——
16. Cass. 1re civ., 10 janv. 2018, nº 16-22494, se fondant sur la Convention de Vienne du 18 avril 1961,
sur les règles du droit international coutumier et sur les art. L. 111-1-2 et L. 111-1-3 du CPC exéc.,
entrés en vigueur le 11 décembre 2016, après la mise en œuvre de la saisie-attribution contestée.
CHAPITRE 5 – Les conditions de toute poursuite 93

– 2º L’État concerné a réservé ou affecté ce bien à la satisfaction de la demande


qui fait l’objet de la procédure ;
– 3º Lorsqu’un jugement ou une sentence arbitrale a été rendu contre l’État
concerné et que le bien en question est spécifiquement utilisé ou destiné à être
utilisé par ledit État autrement qu’à des fins de service public non commerciales et

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entretient un lien avec l’entité contre laquelle la procédure a été intentée. Sont
notamment considérés comme spécifiquement utilisés ou destinés à être utilisés
par l’État à des fins de service public non commerciales, les biens suivants : les
biens, y compris les comptes bancaires, utilisés ou destinés à être utilisés dans l’exer-
cice des fonctions de la mission diplomatique de l’État ou de ses postes consulaires,
de ses missions spéciales, de ses missions auprès des organisations internationales,
ou de ses délégations dans les organes des organisations internationales ou aux
conférences internationales ; les biens de caractère militaire ou les biens utilisés ou
destinés à être utilisés dans l’exercice des fonctions militaires ; les biens faisant
partie du patrimoine culturel de l’État ou de ses archives qui ne sont pas mis ou
destinés à être mis en vente ; les biens faisant partie d’une exposition d’objet
d’intérêt scientifique, culturel ou historique qui ne sont pas mis ou destinés à être
mis en vente ; enfin, les créances fiscales ou sociales de l’État.
Les biens relevant de missions diplomatiques ont un régime spécial : des mesures
conservatoires ou des mesures d’exécution forcée ne peuvent être mises en œuvre sur
les biens, y compris les comptes bancaires, utilisés ou destinés à être utilisés dans l’exer-
cice des fonctions de la mission diplomatique des États étrangers ou de leurs
postes consulaires, de leurs missions spéciales ou de leurs missions auprès des organisa-
tions internationales qu’en cas de renonciation expresse et spéciale des États
concernés (CPC exéc., art. L. 111-1-3).
Le créancier procède à l’exécution de l’ordonnance dans les conditions propres à
chaque mesure. Lorsque l’ordonnance porte sur une mesure conservatoire, les
articles R. 511-4 à R. 511-8 du CPC exéc. sont en outre applicables. Le commissaire de
justice procède à l’exécution sur présentation de l’autorisation du juge. Lorsque la
mesure d’exécution donne lieu à dénonciation à l’État étranger, elle est accompagnée
d’une copie de la requête et de l’ordonnance (art. R. 111-5).

4• LES EXIGENCES COMMUNES À TOUTES LES OPÉRATIONS


D’EXÉCUTION

A - La charge des frais


Les frais de l’exécution forcée sont en principe à la charge du débiteur (CPC exéc., art.
L. 111-8), et le titre exécutoire qui sert de fondement aux poursuites permet le recouvre-
ment des frais de l’exécution forcée contre le débiteur. Si le montant des frais paraît de
nature à dépasser manifestement le montant de la créance réclamée, le commissaire de
justice peut refuser de prêter son concours à l’exécution forcée (sous réserve qu’il
s’agisse d’une condamnation symbolique que le débiteur refuserait d’exécuter ; CPC
exéc., art. L. 122-1, al. 2).
94 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

Un décret nº 2016-230 du 26 février 2016 fixe les tarifs des commissaires de justice,
l’arrêté du 26 février 2016 fixe les tarifs réglementés des huissiers.
L’article L. 111-8 du CPC exéc. précise que les frais de l’exécution forcée sont à la charge
du débiteur, sauf s’il est manifeste qu’ils n’étaient pas nécessaires au moment où ils ont
été exposés (ils seront alors à la charge du créancier). Le juge de l’exécution tranche les

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contestations portant sur les frais de l’exécution forcée proprement dite17. Une mesure
exceptionnelle est prévue au profit du créancier consommateur. L’article R. 631-4 du
Code de la consommation, prévoit que « lors du prononcé d’une condamnation, le
juge peut, même d’office, pour des raisons tirées de l’équité ou de la situation écono-
mique du professionnel condamné, mettre à sa charge l’intégralité des droits propor-
tionnels de recouvrement ou d’encaissement prévus à l’article L. 111-8 du Code des
procédures civiles d’exécution. ». Cette disposition permet de ne pas accroître systéma-
tiquement la charge des débiteurs de bonne foi (le juge se réfère à l’équité ou à la situa-
tion économique du débiteur), mais aussi de ne pas faire supporter au consommateur
créancier une partie des frais d’une exécution forcée lorsque la situation du profes-
sionnel (banque, assurance, opérateur téléphonique...) ne justifie pas qu’il en soit
exonéré.
En matière de saisie immobilière, le paiement des frais a donné lieu à un important arrêt
de la Cour de cassation qui décide qu’il résulte de l’article L. 111-8 du CPC exéc. « que
les frais de poursuite sont l’accessoire de la dette pour le paiement de laquelle a été dili-
gentée la procédure de saisie immobilière ; que dès lors, le créancier saisissant, bien
qu’ayant été désintéressé des causes du commandement en principal par le saisi, est
fondé à continuer les poursuites de saisie immobilière contre celui-ci tant qu’il n’a pas
obtenu le règlement desdits frais »18.

B - Le moment des opérations


Le commissaire de justice doit respecter une double limite temporelle pour mettre en
œuvre les opérations d’exécution.
D’abord, aucune mesure d’exécution ne peut être effectuée un dimanche ou un jour
férié, afin de respecter le repos du débiteur. Il peut être dérogé à ces interdictions, en
cas de nécessité et en vertu d’une autorisation spéciale du juge, s’il s’avère notamment
que le débiteur organise son insolvabilité (CPC exéc., art. L. 141-1).
Ensuite, aucune mesure d’exécution ne peut être commencée avant 6 heures et après
21 heures, afin de protéger la tranquillité nocturne du débiteur. Mais, si l’opération est
commencée avant 6 heures ou après 21 heures, elle peut être poursuivie après l’heure
légale.
Ces horaires n’ont pas à être respectés, en cas de nécessité, avec l’autorisation du juge
et seulement dans les lieux qui ne servent pas à l’habitation (CPC exéc., art. L. 141-1,
al. 2).

——
17. Cass. avis, 11 mars 1994 : Bull. avis no 8 – C. consom., art. L. 122-16 pour les frais d’un recouvrement
amiable sans titre exécutoire, qui doivent respecter l’art. L. 111-8 du CPC exéc.
18. Cass. 2e civ., 22 juin 2017, nº 16-18901 – Suivi de Cass. 2e civ., 7 déc. 2017, nº 16-23313.
CHAPITRE 5 – Les conditions de toute poursuite 95

C - L’entrée dans un local privé


Certaines saisies supposent que le commissaire de justice puisse entrer dans le local où
se trouvent les biens. Les articles L. 142-1 et suivants du CPC exéc. tentent de régler les
difficultés auxquelles le commissaire de justice ne manque pas d’être confronté lorsque

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l’occupant fait obstacle à son entrée.

1) Le respect des conditions légales par le commissaire de justice


L’entrée forcée dans un local privé suppose que le commissaire de justice remplisse les
conditions prévues (CPC exéc., art. L. 142-1 et L. 142-3, présentation d’un titre exécu-
toire, délai d’attente après un commandement de payer...).
Si le local d’habitation appartient à un tiers, qui détient les biens saisis appartenant au
débiteur, une autorisation du JEX est nécessaire (CPC exéc., art. L. 221-1, à propos
de la saisie vente des biens corporels détenus par un tiers et dans les locaux d’habitation
de ce dernier).

2) Le respect d’un délai d’attente de 8 jours


Le commissaire de justice peut, sur justification du titre exécutoire, pénétrer dans un
lieu servant à l’habitation et, le cas échéant, faire procéder à l’ouverture des portes et
des meubles (CPC exéc., art. L. 142-3), à l’expiration d’un délai de huit jours à compter
d’un commandement de payer signifié et resté sans effet. Ce délai permet au débiteur
de payer les sommes dues afin d’éviter la poursuite de la procédure d’exécution.

3) Les garanties d’entrée dans le local et d’ouverture des meubles


L’occupant peut laisser entrer volontairement le commissaire de justice, qui procédera
aux opérations de saisie.
Mais, en l’absence de l’occupant du local ou si ce dernier en refuse l’accès, le
commissaire de justice chargé de l’exécution ne peut y pénétrer qu’en présence du
maire de la commune, d’un conseiller municipal ou d’un fonctionnaire municipal
délégué par le maire à cette fin, d’une autorité de police ou de gendarmerie, requis
pour assister au déroulement des opérations ou, à défaut, de deux témoins majeurs qui
ne sont au service ni du créancier, ni du commissaire de justice chargé de l’exécution
(CPC exéc., art. L. 142-1).

Difficultés en cas de saisie conservatoire


Mais cette entrée forcée suppose la justification d’un titre exécutoire (CPC exéc., art.
L. 142-3) : ce n’est pas toujours le cas lorsqu’il s’agit d’une saisie conservatoire, que le créan-
cier peut poursuivre sur le fondement, par exemple, d’un contrat écrit de louage d’immeuble
pour les loyers impayés (CPC exéc., art. L. 511-2), sans autorisation du JEX. Dans cette hypo-
thèse, le commissaire de justice doit obtenir une autorisation spéciale du JEX de pénétrer dans
les lieux en cas de refus de l’occupant (cette autorisation d’entrée forcée ne doit pas être
confondue avec l’autorisation du JEX de procéder à une saisie conservatoire en l’absence de
titre exécutoire ; CPC exéc., art. L. 511-1). La pratique révèle que certains magistrats refusent
d’accorder cette autorisation d’entrer dans les lieux dans le cadre de saisies conservatoires, ce
qui empêche le commissaire de justice d’instrumenter. Pourtant, la jurisprudence admet que la
seule autorisation du JEX de procéder à une saisie conservatoire n’autorise pas le commissaire
de justice à pénétrer dans un lieu servant à l’habitation du débiteur en l’absence de ce dernier.
96 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

Il peut être procédé à l’ouverture des meubles dans les mêmes conditions.
Ces dispositions ne s’appliquent pas en matière d’expulsion (CPC exéc., art. L. 431-1).
Mais, si la personne expulsée et les occupants de son chef ont volontairement libéré les
locaux après signification d’un commandement dans les conditions de l’article L. 411-1
du CPC exéc., le commissaire de justice peut procéder à la constatation de cette libéra-

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tion selon les modalités prévues aux 2 premiers alinéas de l’article L. 142-1 du CPC exéc.,
et procéder à la reprise des lieux (CPC exéc., art. L. 451-1).
Lorsque le commissaire de justice mandaté par le créancier poursuivant vient procéder à
la description de l’immeuble dans le cadre d’une saisie immobilière, l’article L. 322-2
du CPC exéc. prévoit qu’il ne peut pénétrer dans les lieux occupés par un tiers en
vertu d’un droit opposable au débiteur (un locataire par exemple) que sur autorisation
préalable du JEX, à défaut d’accord de l’occupant.
Lorsque la saisie est dressée en l’absence du débiteur ou de toute personne se trouvant
dans les lieux, le commissaire de justice assure la fermeture de la porte ou de l’issue
par laquelle il aurait pénétré dans lesdits lieux (CPC exéc., art. L. 142-2).
L’article L. 111-6-6 du Code de la construction et de l’habitation précise que le proprié-
taire ou en cas de copropriété, le syndicat de copropriétaires représenté par son syndic,
permet aux commissaires de justice pour l’accomplissement de leurs missions de signifi-
cation ou d’exécution, d’accéder aux parties communes des immeubles d’habitation
(CCH, art. R. 111-17-1 et s.).

D - L’impossibilité d’assister aux opérations


La personne qui a requis une mesure d’exécution forcée ou une mesure conservatoire ne
peut assister aux opérations d’exécution, si ce n’est avec l’autorisation du juge de l’exé-
cution lorsque les circonstances l’exigent (CPC exéc., art. R. 141-3).

E - Le concours de la force publique


L’État est tenu de prêter son concours à l’exécution des jugements et des autres titres
exécutoires. C’est le commissaire de justice chargé de l’exécution qui peut requérir le
concours de la force publique (CPC exéc., art. L. 153-2). Le refus de l’État de prêter son
concours ouvre droit à réparation (CPC exéc., art. L. 153-1). Ce dispositif traduit les
« obligations positives » que l’État doit remplir sur le fondement des articles 6 § 1 et
1er du Protocole no 1 de la Convention européenne des droits de l’homme (v. supra, le
droit européen à l’exécution du jugement).
Le recours à la force publique suppose que le créancier soit titulaire d’un titre exécutoire
(si les parties signent une transaction, l’obligation au paiement est éteinte, et la respon-
sabilité de l’État ne peut plus être engagée19), et que le commissaire de justice démontre
qu’il lui est impossible de procéder à l’exécution forcée sans une aide des forces publi-
ques. L’article R. 153-1 du CPC exéc. précise à cet égard que « si l’huissier est dans l’obli-
gation de requérir le concours de la force publique, il s’adresse au préfet ».

——
19. CE, 29 sept. 2003 : Dr. et procéd. 2004, 99, note Bourdillat.
CHAPITRE 5 – Les conditions de toute poursuite 97

Le concours de la force publique est sollicité par une requête adressée au préfet. La
réquisition contient une copie du dispositif du titre exécutoire, et est accompagnée
d’un exposé des diligences auxquelles le commissaire de justice a procédé ainsi que des
difficultés d’exécution. Le Conseil d’État a admis que le CPC exéc. n’a ni pour objet ni
pour effet d’imposer au propriétaire d’un logement d’agir par l’intermédiaire d’un

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commissaire de justice pour réclamer le concours de la force publique : il peut présenter
la requête lui-même20.
L’autorité administrative peut refuser expressément d’accorder le concours de la force
publique. Elle doit alors motiver sa décision (par ex. en raison d’un risque manifeste de
trouble à l’ordre public21). Le défaut de réponse de sa part dans le délai de deux mois
équivaut à un refus (CRPA, art. L. 231-1 ; l’article D. 231-2 précise que « La liste des
procédures pour lesquelles le silence gardé sur une demande vaut décision d’accepta-
tion est publiée sur un site internet relevant du Premier ministre. Elle mentionne l’auto-
rité à laquelle doit être adressée la demande ainsi que le délai au terme duquel l’accep-
tation est acquise »). Le créancier peut demander les motifs de ce refus implicite, et
l’administration a l’obligation de répondre dans le mois sous peine d’entacher sa déci-
sion d’illégalité (CRPA, art. L. 232-4). Le commissaire de justice doit informer le créancier
du refus (CPC exéc., art. R. 153-1, depuis D. nº 2017-892, 6 mai 2017, le commissaire de
justice n’informe pus le procureur de la République).
La conséquence essentielle du refus est la possibilité d’engager la responsabilité de
l’État : il s’agit d’une responsabilité sans faute, fondée sur le principe de l’égalité des
citoyens devant les charges publiques. Le porteur d’un titre exécutoire qui ne peut en
obtenir l’exécution pour des raisons d’intérêt général doit obtenir réparation du préju-
dice qu’il subit.
L’action est de la compétence du tribunal administratif dans le ressort duquel siège le
préfet qui a pris la décision de refus.

——
20. CE, 10 févr. 2014, nº 350265.
21. Trib. adm. Melun, 2 juill. 2008 : Dr. et procéd. 2009, 335, note Léon.
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PARTIE 3

Les processus
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d’exécution
sur les meubles
corporels
Chapitre 6 La saisie-vente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
Chapitre 7 La saisie-appréhension . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119

Ces processus se caractérisent par une grande diversité, justifiée par la nature
variée des biens objet des saisies, et par la multiplicité des objectifs poursuivis par
le créancier (vente, appréhension...).
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CHAPITRE 6
La saisie-vente

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Réglementée par les articles L. 221-1 à L. 221-6 du CPC exéc. et les articles R. 221-1 à
R. 221-56 du CPC exéc., la saisie-vente peut être définie comme une procédure d’exécu-
tion autorisant un créancier, muni d’un titre exécutoire constatant une créance liquide et
exigible, à placer sous main de justice et à faire vendre un meuble corporel appartenant
à son débiteur. Les termes de « saisie-vente » remplacent ceux de « saisie-exécution »
utilisés par l’ancien Code de procédure civile, mais la procédure demeure un instrument
d’exécution puisqu’elle aboutit à la vente forcée des biens.

1• LA SAISIE VENTE DE DROIT COMMUN


La saisie-vente des meubles du débiteur est une mesure très redoutée. Elle implique une
pénétration dans un lieu privé, qui peut être le domicile ou le logement familial, et elle
aboutit à la vente forcée de biens servant à la vie quotidienne du débiteur, ce qui est
vécu comme un événement traumatisant. Dans un souci d’humanisation, la réforme a
encadré la saisie-vente pour en faire un instrument d’exécution subsidiaire. De plus, le
déroulement des opérations de saisie obéit à un formalisme protecteur des intérêts légi-
times du débiteur.

A - Une mesure d’exécution subsidiaire


1) Protection du local d’habitation
Aux termes des articles L. 221-2 et R. 221-2 du CPC exéc., la saisie-vente ne peut avoir
lieu dans le local servant à l’habitation du débiteur que si le montant de la créance à
recouvrer est supérieur à 535 euros en principal. En effet, si le montant de la créance
est inférieur à cette somme, sauf s’il s’agit d’une créance alimentaire, le créancier doit
d’abord tenter de recouvrer sa créance au moyen d’une saisie-attribution sur un
compte de dépôt du débiteur, ou d’une saisie des rémunérations du travail. Il s’agit
de protéger l’intimité du débiteur et ses biens mobiliers, et le créancier peut être
condamné à des dommages et intérêts s’il ne respecte pas ce dispositif. Toutefois, le
juge de l’exécution, saisi sur requête, peut exceptionnellement accorder l’autorisation
de pratiquer une saisie-vente dans le local d’habitation, même pour une somme infé-
rieure, par exemple si le créancier peut prouver l’urgence du recouvrement ou la
mauvaise foi du débiteur.
102 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

2) Biens saisissables
La saisie-vente ne peut porter que sur des meubles corporels, à l’exclusion des immeu-
bles par nature. Mais les immeubles par destination, qui sont affectés au service et à
l’exploitation du fonds, ou attachés à un immeuble à perpétuelle demeure (C. civ.,
art. 524) peuvent faire l’objet d’une saisie-vente séparément de l’immeuble, lorsque la

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saisie permet le paiement de leur prix. Les meubles incorporels ne peuvent pas faire
l’objet d’une saisie-vente puisqu’ils sont soumis à d’autres procédures.
Tous les meubles saisissables appartenant au débiteur peuvent faire l’objet d’une saisie-
vente. Peu importe qu’ils soient détenus par le débiteur par un tiers.

B - Un formalisme protecteur
1) La phase préalable : le commandement de payer
Le commandement de payer constitue le préalable obligatoire à la saisie-vente (CPC
exéc., art. L. 221-1 et R. 221-1), et est un acte d’exécution forcée. Il doit être signifié au
domicile réel du débiteur et non à son domicile élu, selon les modalités de droit commun
de la signification par commissaire de justice ; il peut être signifié en même temps que le
jugement (CPC exéc., art. R. 221-4). Sans doute, cette formalité préalable présente
l’inconvénient d’avertir un débiteur de mauvaise foi qu’une saisie-vente va être prati-
quée, et elle risque de l’inciter à se rendre insolvable. C’est un souci de protection des
intérêts du débiteur qui a conduit le législateur à maintenir cette exigence. Le comman-
dement peut aussi constituer un instrument d’incitation pour le débiteur à régler ses
dettes pour éviter la vente de ses meubles.

a) Contenu
À peine de nullité, le commandement doit contenir deux séries d’indications (CPC exéc.,
art. R. 221-3) :
– la mention du titre exécutoire qui sert de fondement aux poursuites, ce qui permet
de vérifier que le créancier est bien muni d’un titre exécutoire constatant une
créance liquide et exigible. Le commandement doit aussi contenir le décompte
distinct des sommes réclamées en principal, intérêts échus, ainsi que l’indication du
taux des intérêts. Mais, en cas d’erreur sur le montant des sommes réclamées, la
jurisprudence considère que le commandement reste valable pour les parties non
contestables de la dette1 ;
– le commandement d’avoir à payer la dette dans un délai de huit jours, faute de quoi
le débiteur pourra y être contraint par la vente forcée de ses biens meubles, si
aucune saisie sur un compte de dépôt ou sur les rémunérations n’est possible ;
– l’injonction de communiquer au commissaire de justice du poursuivant, dans un
délai de 8 jours, les nom et adresse de son employeur et les références de ses
comptes bancaires ou l’un de ces deux éléments seulement.

——
1. Cass. 3e civ., 6 mai 1998 : D. 1999, p. 172, note Ruellan et Lauba.
CHAPITRE 6 – La saisie-vente 103

b) Effets
La signification du commandement de payer vaut mise en demeure du débiteur. En
conséquence, elle fait courir les intérêts moratoires (sous réserve d’actes antérieurs ;
C. civ., art. 1153). Comme il s’agit d’un acte d’exécution forcée, la signification du
commandement interrompt la prescription de la créance (C. civ., art. 2244). Elle est

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aussi le point de départ d’un certain nombre de délais :
– 8 jours pour le paiement de la dette et à défaut de la réalisation de la saisie (CPC
exéc., art. R. 221-10) ;
– 8 jours pour la communication des informations par le débiteur (CPC exéc.,
art. R. 221-3-3º).
Néanmoins, le commandement ne peut servir de fondement à des opérations de saisie-
vente que s’il est suivi d’un acte d’exécution dans un délai de deux ans à compter de sa
signification (CPC exéc., art. R. 221-5). À défaut, le créancier doit précéder à la significa-
tion d’un nouveau commandement pour procéder à la saisie-vente. Malgré cela, l’acte
produit toujours un effet interruptif de la prescription et conserve son effet de mise en
demeure2. De plus, l’anéantissement du commandement n’est effectif qu’après l’expira-
tion du délai de 2 ans : l’inaction du créancier ne peut pas être analysée comme une
renonciation aux poursuites.
La signification ne produit tous ses effets que si elle a été régulièrement effectuée (le
régime de la nullité est celui du droit commun).

2) Les opérations de saisie


Les articles R. 221-9 et suivants du CPC exéc. précisent les règles générales. D’abord, le
commissaire de justice se rend sur les lieux où se trouvent les biens mobiliers apparte-
nant au débiteur, qu’il s’agisse du domicile ou de tout autre lieu. Les opérations de
saisie ne commencent qu’à l’expiration d’un délai de huit jours à compter de la significa-
tion du commandement de payer. Le commissaire de justice peut photographier les
objets saisis ; il conserve les photographies en vue de la vérification des biens saisis, et
ne peut les communiquer qu’à l’occasion d’une contestation formée devant le juge.

a) Entre les mains du débiteur


1. Itératif commandement
Si le débiteur est présent sur les lieux, le commissaire de justice réitère verbalement la
demande de paiement. Cet itératif commandement a pour objet d’éviter la poursuite
de la mesure d’exécution forcée, le débiteur étant informé qu’il peut encore payer spon-
tanément sa dette. À défaut de paiement, le commissaire de justice invite le débiteur à
lui faire connaître les biens qui auraient fait l’objet d’une saisie antérieure (le commis-
saire de justice devrait alors procéder par opposition). L’acte de saisie mentionne cette
déclaration (CPC exéc., art. R. 221-15 et R. 221-16). Lorsque la saisie-vente repose sur
une autorisation du juge, le commissaire de justice doit en informer le débiteur, et
l’autorisation est annexée à son procès-verbal (CPC exéc., art. R. 211-11).

——
2. Cass. 1re civ., 4 oct. 2005 : Procédures 2005, comm. 278, obs. Perrot, la seule inaction du créancier ne
permet pas d’en déduire qu’il a renoncé aux poursuites – Cass. 2e civ., 16 mars 2017, nº 16-12610 : le
commandement n’est pas frappé de caducité.
104 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

2. Accès aux lieux


Si le débiteur ne coopère pas, le commissaire de justice peut faire procéder à l’ouverture
forcée des portes de l’immeuble. En l’absence du débiteur ou de toute autre personne,
le commissaire de justice doit assurer la fermeture de la porte ou de l’issue par laquelle il

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a pénétré dans les lieux (CPC exéc., art. L. 142-2). Lorsque les lieux de la saisie servent à
l’habitation, les articles L. 142-1 et L. 142-3 du CPC exéc. prévoient des dispositions
particulières (v. supra). Ainsi, conformément aux principes généraux, le commissaire de
justice est autorisé à pénétrer dans le local servant à l’habitation, mais il ne peut pas
pénétrer seul dans ce local si l’occupant est absent ou en refuse l’accès : le commissaire
de justice peut alors effectuer les opérations de saisie en présence du maire de la
commune, d’un conseiller municipal ou d’un fonctionnaire municipal délégué par le
maire à cette fin, des autorités de police ou de gendarmerie, requis pour assister au
déroulement des opérations, ou, à défaut, de deux témoins majeurs qui ne sont au
service ni du créancier, ni du commissaire de justice chargé de l’exécution. De plus, à
l’expiration d’un délai de 8 jours à compter d’un commandement de payer signifié et
resté sans effet, l’e commissaire de justice peut, sur justification du titre exécutoire,
pénétrer dans le lieu servant à l’habitation (et le cas échéant, faire procéder à
l’ouverture des portes et des meubles).
3. Inventaire ou procès-verbal de carence
Lecommissaire de justice procède à l’inventaire des biens qui peuvent faire l’objet
d’une saisie. Si aucun bien n’est susceptible d’être saisi, ou si, manifestement, aucun
bien n’a de valeur marchande, le commissaire de justice dresse un procès-verbal de
carence (CPC exéc., art. R. 221-14).
Le commissaire de justice mentionne les opérations dans un procès-verbal de saisie,
dont le contenu est prévu, à peine de nullité, par l’article R. 221-16 du CPC exéc. Les
mentions prévues sont : la référence titre en vertu duquel la saisie est pratiquée, l’inven-
taire des biens saisis comportant la désignation détaillée des biens saisis3 (l’indication des
seuls numéros d’immatriculation des véhicules automobiles suffit), si le débiteur est
présent, sa déclaration relative à une saisie antérieure des biens, l’indication de l’identité
des personnes qui ont assisté aux opérations de saisie (ces personnes doivent apposer
leur signature sur l’original et les copies).
L’acte de saisie informe le débiteur des conséquences qui sont attachées : il
mentionne en caractères très apparent que les biens saisis sont indisponibles, qu’ils
sont placés sous la garde du débiteur, qu’ils ne peuvent être aliénés ou déplacés sauf
cause légitime et avec l’obligation d’en informer le créancier. À cet égard, les sanctions
prévues par le Code pénal relativement au détournement et à la destruction d’objets
saisis (C. pén., art. 314-6) sont indiquées. L’acte indique que le débiteur est tenu de
faire connaître la saisie à tout créancier qui procéderait à une nouvelle saisie des
mêmes biens. Enfin l’acte indique au débiteur les diverses possibilités d’assurer sa
défense : il est mentionné que le débiteur dispose d’un délai d’un mois pour procéder à
la vente amiable des biens saisis, la juridiction devant laquelle seront portées les

——
3. À défaut, l’acte est nul, Cass. 2e civ., 30 sept. 1999 : Bull. civ. II, no 149 ; Procédures 1999, comm. 246,
obs. Perrot.
CHAPITRE 6 – La saisie-vente 105

contestations relatives à la saisie-vente est désignée. L’acte est signé par le commissaire
de justice.
4. Remise ou signification de l’acte de saisie
L’information du débiteur se réalise différemment selon qu’il est présent ou non aux

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opérations de saisie.
S’il est présent, le commissaire de justice lui remet directement la copie de l’acte (CPC
exéc., art. R. 221-17). Cette remise vaut une signification. Pour assurer une information
effective du débiteur, le commissaire de justice lui rappelle verbalement que les biens
seront désormais indisponibles et qu’il en est le gardien (le juge de l’exécution peut
ordonner sur requête, à tout moment et même avant le début des opérations de saisie,
que des biens seront remis à un séquestre qu’il désigne). Le commissaire de justice
indique également au débiteur qu’il peut procéder à la vente amiable des biens saisis
dans les conditions prescrites par les articles R. 221-30 à R. 221-32 du CPC exéc. Une
mention de cette information verbale est faite dans l’acte de saisie.
Si le débiteur n’a pas assisté aux opérations, le commissaire de justice lui signifie selon le
droit commun une copie de l’acte. Le débiteur est prévenu qu’il dispose alors d’un délai
de huit jours pour informer le commissaire de justice de l’existence d’un procès-verbal de
saisie antérieure sur les mêmes biens (CPC exéc., art. R. 221-18).
5. Conséquences de l’acte de saisie
L’acte de saisie a pour conséquence essentielle de rendre les biens saisis indisponibles
(CPC exéc., art. R. 221-13) et d’instaurer le débiteur gardien (CPC exéc., art. L. 141-2).
Le débiteur n’a donc plus le pouvoir d’aliéner ou de déplacer les biens saisis, sous
réserve d’une cause légitime telle qu’un déménagement, dont le créancier devait être
informé préalablement. Le débiteur qui méconnaît l’interdiction d’aliéner se rend
coupable des peines prévues par l’article L. 314-6 du Code pénal.
Le débiteur, gardien des biens saisis, en conserve l’usage (CPC exéc., art. R. 221-19).
Quelques exceptions sont prévues : elles concernent les biens consomptibles (CPC
exéc., art. R. 221-19, al. 1er), ainsi que la saisie des véhicules automobiles terrestres à
moteur, qui peuvent être immobilisés jusqu’à leur enlèvement en vue de la vente par
l’un des procédés prévus pour l’application de l’article L. 223-2 du CPC exéc. Le juge de
l’exécution peut ordonner sur requête, à tout moment et même avant le début des
opérations de saisie, la remise d’un ou de plusieurs objets à un séquestre qu’il désigne
(CPC exéc., art. R. 221-19, al. 2).

Des règles particulières sont prévues pour la saisie des sommes d’argent en espèces
trouvées sur le lieu de la saisie (CPC exéc., art. R. 221-20)
Les sommes peuvent être saisies à concurrence du montant de la créance du saisissant. Elles
sont séquestrées entre les mains du commissaire de justice ; le débiteur dispose d’un délai
d’un mois pour former une contestation devant le juge de l’exécution du lieu de la saisie (CPC
exéc., art. R. 221-20). En l’absence de contestation dans le délai imparti (1 mois à compter de la
signification de l’acte), les sommes sont immédiatement versées au créancier et viennent en
déduction de la somme pour laquelle la saisie a été pratiquée. Si le débiteur élève une contes-
tation, le JEX peut décider soit de la restitution au débiteur, soit du versement aux créanciers,
soit de la consignation auprès de la Caisse des dépôts et consignations.
106 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

b) Entre les mains d’un tiers


Le commissaire de justice doit d’abord signifier au débiteur un commandement de
payer. À l’expiration du délai de huit jours après la date de ce commandement, le
commissaire de justice peut procéder à la saisie des biens que le tiers détient pour le
compte du débiteur (CPC exéc., art. R. 221-21). Le commissaire de justice doit inviter

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le tiers à déclarer les biens qu’il détient pour le compte du débiteur, ainsi que l’exis-
tence d’une saisie antérieure. Si le tiers refuse de répondre, ou fait une déclaration
inexacte ou mensongère, il peut être condamné aux causes de la saisie. Il pourra
exercer un recours contre le débiteur pour obtenir remboursement. Le tiers peut aussi
être condamné à des dommages et intérêts.
Si les biens sont détenus par le tiers dans un local qui lui sert d’habitation, le créancier
doit solliciter du juge de l’exécution une autorisation de pratiquer la saisie-vente (CPC
exéc., art. L. 221-1).
1. Acte de saisie
Si le tiers déclare ne détenir aucun bien appartenant au débiteur ou refuse de
répondre, le commissaire de justice en dresse acte. Il le remet ou le signifie au tiers
avec l’indication, en caractères très apparents, des sanctions visées à l’article R. 221-1
du CPC exéc. (CPC exéc., art. R. 221-22).
Si le tiers déclare détenir des biens pour le compte du débiteur, le commissaire de justice
peut alors adresser un acte de saisie. Le contenu de cet acte est défini par
l’article R. 221-23 du CPC exéc. L’acte indique la référence au titre en vertu duquel la
saisie est pratiquée, la désignation détaillée des biens saisis, l’indication que les objets
saisis sont indisponibles et placés sous la garde du tiers, les nom et domicile du tiers, la
déclaration faite par le tiers ainsi que l’indication des sanctions d’une déclaration
inexacte ou mensongère, la désignation de la juridiction devant laquelle seront portées
les contestations. L’acte indique les nom et qualité des personnes qui ont assisté aux
opérations de saisie, qui apposent leur signature sur l’original et sur les copies. L’acte
reproduit également l’article R. 221-27 du CPC exéc. (qui indique que le tiers peut
refuser la garde des biens ou peut demander à en être déchargé à tout moment), ainsi
que les dispositions de l’article 314-6 du Code pénal. Le tiers est informé du fait qu’il
peut faire valoir ses droits sur les biens saisis, par déclaration ou par lettre RAR adressée
au commissaire de justice saisissant.
2. Signification de l’acte de saisie
Si le tiers est présent aux opérations de saisie, le commissaire de justice lui rappelle
verbalement le contenu des mentions de l’acte de saisie relative à sa déclaration, à la
garde des biens, ainsi qu’à la possibilité de refuser cette garde. L’acte contient mention
de cette déclaration. Le commissaire de justice remet immédiatement au tiers une copie
de l’acte de saisie, et cette remise vaut signification (CPC exéc., art. R. 221-24).
Si le tiers n’a pas assisté aux opérations de saisie, la copie de l’acte lui est signifiée
par le commissaire de justice selon le droit commun. Il dispose d’un délai de huit jours
pour informer ce dernier de l’existence d’une saisie antérieure sur les mêmes biens et
lui en communiquer le procès-verbal (CPC exéc., art. R. 221-25).
À peine de caducité, huit jours au plus tard après la saisie, une copie de l’acte est
signifiée au débiteur. Cet acte indique à peine de nullité que le débiteur dispose d’un
CHAPITRE 6 – La saisie-vente 107

délai d’un mois pour procéder à la vente amiable des biens saisis, dans les conditions
prévues aux articles R. 221-30 à R. 221-32, qui sont reproduits dans l’acte (CPC exéc.,
art. R. 221-26).
3. Conséquences

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Après l’acte de saisie, les biens sont indisponibles entre les mains du tiers qui en est le
gardien. Si un déplacement des meubles est fondé sur une cause légitime, le tiers doit
informer le commissaire de justice du nouveau local où ils sont entreposés.
Le tiers peut refuser la garde des biens saisis. Il peut demander à en être déchargé à tout
moment. Le commissaire de justice doit nommer un nouveau gardien et pourvoir à
l’enlèvement des biens (CPC exéc., art. R. 221-27).
Le tiers peut être titulaire d’un droit d’usage des biens saisis, qui peut lui avoir été
conféré avant la saisie (CPC exéc., art. R. 221-28) et qu’il continue d’exercer. Si le créan-
cier craint une disparition ou une détérioration des meubles, il peut demander au juge
de l’exécution, d’ordonner sur requête (même avant le début des opérations), qu’un ou
plusieurs biens soient remis à un séquestre désigné. Si le bien saisi est un véhicule auto-
mobile, ce dernier peut être immobilisé entre les mains du tiers jusqu’à son enlèvement
en vue de la vente, par l’un des procédés prévus pour l’application de l’article L. 223-2
du CPC exéc.
Si le tiers peut se prévaloir d’un droit de rétention sur les biens saisis. Il doit en
informer le commissaire de justice par une lettre RAR ou par une déclaration faite au
moment de la saisie (CPC exéc., art. R. 221-29). Le créancier dispose d’un délai d’un
mois pour contester ce droit de rétention devant le JEX du lieu où demeure le tiers.
Pour éviter de nuire aux intérêts du créancier, le bien reste indisponible pendant cette
instance. Si le créancier ne conteste pas dans le délai d’un mois, la prétention du tiers
est réputée fondée c’est-à-dire qu’elle sera opposable aux créanciers saisissants.

3) La vente
a) Vente amiable
L’article L. 221-3 du CPC exéc. offre au débiteur la possibilité de vendre volontairement
les biens saisis, dans le délai d’un mois à compter de la notification de l’acte de saisie.
Cette disposition a pour objectif une humanisation de la saisie ainsi qu’une plus grande
efficacité de la procédure, dans la mesure où la vente amiable se réalise généralement à
un meilleur prix.
Les modalités de la vente sont prévues par les articles R. 221-30 et suivants du CPC
exéc. Le débiteur choisit l’acquéreur et informe le commissaire de justice chargé de l’exé-
cution des propositions qui lui ont été faites, en lui indiquant le nom et l’adresse de
l’intéressé, ainsi que le délai dans lequel l’acquéreur éventuel offre de consigner le prix.
Le commissaire de justice communique ces éléments au créancier saisissant et au créan-
cier opposant éventuel par lettre recommandée avec demande d’avis de réception (CPC
exéc., art. R. 221-31).
Le créancier peut accepter le prix proposé et la vente amiable peut se réaliser. Le prix
proposé doit être consigné entre les mains du commissaire de justice du créancier saisis-
sant, à défaut, il n’y a pas transfert de propriété et la vente forcée peut être réalisée (CPC
exéc., art. R. 221-32).
108 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

Le créancier peut aussi refuser la proposition de vente amiable, s’il établit que les propo-
sitions sont insuffisantes, dans un délai de quinze jours à compter la lettre recom-
mandée. La personne chargée de l’exécution procède à l’enlèvement du ou des biens
pour qu’ils soient vendus aux enchères publiques (CPC exéc., art. L. 221-3). La responsa-
bilité du créancier ne peut être recherchée, sauf si le refus d’autorisation de la vente

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amiable est inspiré par une intention de nuire au débiteur.
À défaut de de réponse dans le délai de 15 jours, le créancier est réputé avoir accepté la
vente amiable.

b) Vente forcée
La vente forcée à lieu aux enchères publiques, à l’expiration du délai d’un mois à
compter du jour de la saisie (CPC exéc., art. L. 221-3). Ce délai est augmenté du délai
de quinze jours octroyé aux créanciers pour pouvoir prendre position sur la proposition
de prix qui leur est faite (CPC exéc., art. R. 221-31). La vente aux enchères a également
lieu à défaut de paiement du prix de la vente amiable dans le délai convenu (CPC exéc.,
art. R. 221-32).
La vente peut être effectuée, soit au lieu où se trouvent les biens saisis, soit dans une
salle des ventes ou un marché public, dont la situation géographique est la plus appro-
priée pour solliciter la concurrence à moindres frais, au choix du créancier saisissant
(mais le créancier doit respecter la compétence territoriale de l’officier ministériel
chargé de la vente ; CPC exéc., art. R. 221-33).
Le débiteur est informé par le commissaire de justice, des lieu, s jour et heure de la vente
aux enchères publiques huit jours au moins avant la date fixée, par lettre simple ou par
tout autre moyen approprié (il en est fait mention dans le certificat de l’accomplissement
des formalités ; CPC exéc., art. R. 221-35).
Afin d’attirer de nombreux acquéreurs, la vente est annoncée par diverses publi-
cités. Des affiches indiquent les lieu, jour et heure de la vente ainsi que la nature des
biens saisis ; elles sont apposées à la mairie de la commune où demeure le débiteur et
au lieu de la vente. La publicité doit être obligatoirement faite à l’expiration du délai
prévu au dernier alinéa de l’article R. 221-31 du CPC exéc. et huit jours au moins avant
la date fixée pour la vente (CPC exéc., art. R. 221-34). La vente peut également être
annoncée par voie de presse. La sanction du défaut de publicité obéit au régime des
nullités pour vice de forme, les juges doivent donc motiver le caractère substantiel ou
d’ordre public de la formalité conformément à l’article 114 du Code de procédure
civile. Le commissaire de justice doit certifier l’accomplissement de ces formalités de
publicité.
Un nouvel inventaire des biens doit être réalisé par le commissaire de justice, qui
vérifie la consistance et la nature des biens saisis, et s’assure qu’aucun des biens n’a été
détérioré ou n’a disparu. Un acte de vérification est dressé (CPC exéc., art. R. 221-36)
dans lequel sont mentionnés les objets manquants et ceux qui auraient été dégradés4,
mais ces indications ne sont pas prescrites à peine de nullité5. Le commissaire de justice
peut prendre des photographies qui pourront servir d’éléments de preuve (CPC exéc.,

——
4. Faget, « Le régime du procès-verbal de vérification des biens saisis », Rev. huissiers 1995, p. 1153.
5. Cass. 2e civ., 20 nov. 2003 : Bull. civ. II, no 352 ; Procédures 2007, comm. 27, Perrot ; Dr. et procéd.
2004, p. 160, obs. Salati.
CHAPITRE 6 – La saisie-vente 109

art. R. 221-12). Cette vérification est importante puisqu’aucun créancier ne peut faire
d’opposition à partir de ce moment (CPC exéc., art. L. 221-5), et que le gardien est
déchargé de toute responsabilité ultérieure. Si les biens ne sont pas vendus sur place,
ils doivent être enlevés à une date aussi proche que possible de la vente.
La vente est faite par un officier ministériel habilité par son statut à procéder aux

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ventes aux enchères publiques de meubles corporels et, dans les cas prévus par la loi, par
des courtiers en marchandises assermentés.
L’adjudication est faite au plus offrant après trois criées. Il n’y a aucun formalisme
et notamment, la loi n’impose aucune mise à prix. La vente est arrêtée lorsque le prix des
biens vendus peut assurer le paiement du montant des causes de la saisie ainsi que des
oppositions en principal, intérêts et frais. Le prix est payable comptant (CPC exéc.,
art. R. 221-38 : à défaut, il y a revente).
Il est dressé un acte de la vente, qui contient la désignation des biens vendus, le
montant de l’adjudication, ainsi que les noms et prénom de l’adjudicataire (CPC exéc.,
art. R. 221-39).

c) Conséquences de l’adjudication
Elle opère transfert de propriété, moyennant le paiement du prix. Le débiteur n’est
plus propriétaire des biens saisis. L’adjudicataire est tenu de payer le prix comptant.
Faute de paiement, l’objet est revendu sur réitération des enchères (on disait avant
« à la folle enchère de l’adjudicataire ») : en cas de revente à un prix inférieur, l’adjudica-
taire responsable du non-paiement est tenu de la différence entre le prix initial d’adjudi-
cation et celui de sa revente.

C - Un règlement efficace des incidents


Le contentieux des incidents a été confié au juge de l’exécution du lieu de la saisie (CPC
exéc., art. R. 221-40). Il peut concerner un créancier, les biens saisis, ou la validité de la
saisie elle-même.

1) Les incidents émanant d’un créancier


a) Opposition
Il se peut qu’un autre créancier du même débiteur soit dans l’obligation d’exercer des
poursuites sur les biens meubles qui ont déjà fait l’objet de la saisie-vente. Le créancier
doit alors se joindre aux opérations de la première saisie en formant une opposition
(CPC exéc., art. L. 221-1 et R. 221-41). Le premier créancier saisissant (créancier poursui-
vant) concentrera toutes les poursuites, y compris pour les créanciers opposants.
Le créancier opposant doit répondre à deux exigences. D’abord, il doit être muni d’un
titre exécutoire constatant une créance liquide et exigible (à défaut, aux termes de
l’article L. 221-5 du CPC exéc., le créancier peut pratiquer une saisie-conservatoire sur
les biens du débiteur) : à peine de nullité, l’acte d’opposition mentionne le titre exécu-
toire en vertu duquel elle est formée (CPC exéc., art. R. 221-42). Ensuite, le créancier
doit former son opposition avant la vérification des biens saisis (CPC exéc., art. L. 221-
5), sauf s’il avait procédé à une mesure conservatoire sur les mêmes biens (à l’inverse,
110 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

si le créancier effectue une saisie-conservatoire après une saisie-vente, sa saisie est inef-
ficace, sauf si la saisie-vente n’aboutit pas).
L’opposition est formée par acte du commissaire de justice qui doit indiquer, à peine de
nullité, le titre exécutoire en vertu duquel elle est formée, le décompte distinct des
sommes réclamées en capital, frais et intérêts échus, ainsi que le taux des intérêts.

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L’acte est signifié au créancier premier saisissant (sauf s’il a lui-même fait opposition
pour réclamer une nouvelle créance ou étendre l’assiette de la saisie). Il est également
signifié au débiteur (CPC exéc., art. R. 221-42).
Le créancier premier saisissant poursuit seul la vente en son nom et au nom de tous les
créanciers opposants. Le créancier opposant sera compris dans la distribution du prix de
vente et devra donner son accord à toute mainlevée de la saisie (art. R. 221-47 : la main-
levée ne peut résulter que d’une décision du JEX ou de l’accord du créancier saisissant et
des créanciers opposants).
La nullité éventuelle de la première saisie n’entraîne pas la caducité de l’opposition : le
créancier premier opposant poursuivra la vente et partagera le prix avec tous les oppo-
sants. Lorsque la nullité de la première saisie résulte d’une irrégularité dans le déroule-
ment des opérations (par exemple elle a été effectuée sur un bien qui n’appartient pas
au débiteur, ou qui est insaisissable), l’opposition est caduque (CPC exéc.,
art. R. 221-47).

b) Saisie complémentaire
Une saisie complémentaire peut conduire à l’extension de l’assiette de la saisie initiale
(CPC exéc., art. R. 221-41). Un créancier peut prendre l’initiative d’étendre l’assiette de
la saisie, qu’il s’agisse du créancier premier saisissant ou du créancier opposant, qui doit
agir au moment où il se présente pour pratiquer la saisie opposition ou bien ultérieure-
ment (CPC exéc., art. R. 221-43). Cette extension repose sur un inventaire complémen-
taire indiquant les biens nouvellement saisis. Le commissaire de justice dresse un procès-
verbal soumis aux conditions prescrites aux articles R. 221-12 et R. 221-16 à R. 221-19
du CPC exéc. L’inventaire complémentaire est signifié au créancier premier saisissant
(sauf s’il est à l’origine de la saisie complémentaire) et au débiteur. Il peut être signifié
en même temps que l’acte d’opposition si la saisie complémentaire est faite au
moment de l’opposition (CPC exéc., art. R. 221-44). En cas d’extension de la saisie
initiale, l’article R. 221-45 du CPC exéc. dispose que la vente forcée ne peut avoir lieu
sur l’ensemble des biens saisis qu’à l’expiration de tous les délais impartis pour leur
vente amiable. Néanmoins, une vente forcée immédiate des biens saisis pour lesquels
le délai imparti en vue de leur vente amiable est expiré, est possible dans trois cas : si le
débiteur donne son accord, si le juge de l’exécution estime qu’il existe des raisons
sérieuses d’autoriser une vente partielle, ou si, au moment de l’opposition, les formalités
de publicité pour la vente de certains biens ont déjà été effectuées. La nullité de la
première saisie n’a jamais de conséquence sur la saisie complémentaire qui conserve
donc tous ses effets en ce qui concerne les biens qui en font l’objet (CPC exéc.,
art. R. 221-48, al. 2).

c) Subrogation dans les poursuites


Une subrogation du créancier opposant dans les droits du créancier premier saisissant
est prévue pour la poursuite de la saisie-vente (CPC exéc., art. R. 221-46). En effet, si le
CHAPITRE 6 – La saisie-vente 111

créancier premier saisissant n’a pas fait procéder aux formalités de la mise en vente
forcée après l’expiration des délais prévus, tout créancier opposant lui est subrogé de
plein droit, après sommation infructueuse, d’y procéder dans un délai de huit jours. Le
créancier premier saisissant devra mettre les pièces utiles à disposition du créancier
opposant subrogé (CPC exéc., art. R. 221-46) et il sera déchargé de ses obligations.

international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:1442913251:88882200:196.113.33.6:1589570684
d) Mainlevée
La mainlevée de la saisie-vente ne peut résulter que d’une décision du JEX, ou de
l’accord du créancier saisissant et des créanciers opposants (CPC exéc., art. R. 221-47).

2) Les incidents affectant les biens saisis


Aux termes de l’article R. 221-49 du CPC exéc., les demandes relatives à la propriété ou
à la saisissabilité des biens ne font pas obstacle à la saisie, mais elles suspendent la
procédure pour les biens qui en sont l’objet jusqu’à la fin de l’instance devant le juge
de l’exécution.
Les décisions rendues par le JEX sont exécutoires de droit, sauf sursis à exécution décidé
par le Premier président de la cour d’appel sur le fondement de l’article R. 121-22 du
CPC exéc.

a) La propriété des biens saisis


Le débiteur lui-même, aux termes de l’article R. 221-50 du CPC exéc., peut demander la
nullité de la saisie portant sur un bien dont il n’est pas propriétaire. Il devra dans ce cas
rapporter la preuve suffisante de cette allégation.
Un tiers peut former une contestation sous deux formes :
– l’action en distraction intervient avant la vente des biens saisis, et permet à un tiers
de faire admettre par le juge de l’exécution son droit de propriété sur un bien qui
est alors distrait des poursuites. La demande en distraction doit préciser les éléments
sur lesquels se fonde le droit de propriété invoqué, à peine d’irrecevabilité (le tiers
doit énoncer les titres et moyens de preuve invoqués ; CPC exéc., art. R. 221-51).
Le créancier saisissant met en cause les créanciers opposants. Le débiteur saisi est
entendu ou appelé. La demande en distraction suspend les poursuites, même si les
biens demeurent indisponibles (CPC exéc., art. R. 221-49). Si le tiers est débouté de
sa demande, la décision rendue par le JEX peut faire l’objet d’un appel qui n’est pas
suspensif : les poursuites peuvent donc reprendre, sous réserve d’un sursis à exécu-
tion de la décision accordé par le premier président de la cour d’appel sur le fonde-
ment de l’article R. 121-22 du CPC exéc. ;
– l’action en revendication intervient après la vente des biens saisis (CPC exéc.,
art. R. 221-52). Certes, la restitution du bien se heurtera aux dispositions de
l’article 2276 du Code civil, et comme l’adjudicataire a acquis le meuble sur un
marché public, le tiers devra respecter les dispositions de l’article 2277 du Code
civil. Mais, jusqu’à la distribution des sommes produites par la vente, le tiers pourra
en distraire le prix non diminué des frais (CPC exéc., art. R. 221-52, al. 2) : cela
signifie que le tiers sera payé par prélèvement sur le prix avant les autres créanciers,
sans supporter les frais de la vente.
112 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

b) La saisissabilité des biens


Le JEX du lieu de la saisie statue sur les contestations émises par le débiteur relativement
à la saisissabilité de certains biens, après avoir entendu ou appelé le créancier. Le débi-
teur doit former sa demande dans le délai d’un mois à compter de la signification de
l’acte de saisie (CPC exéc., art. R. 221-53). Le JEX peut être saisi par le commissaire de

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justice qui agit comme en matière de difficultés d’exécution : il n’est limité par aucun
délai.

3) Les incidents affectant le processus de saisie


L’article R. 221-54 du CPC exéc. précise que la nullité de la saisie, pour vice de fond ou
de forme, peut être demandée par le débiteur jusqu’à la vente des biens saisis, ce débi-
teur ayant seul qualité pour agir selon la Cour de cassation (sauf s’il s’agit pour le tiers de
contester la propriété du bien saisi). Elle est ouverte à l’usufruitier pour la saisie-vente de
la nue-propriété de valeurs mobilières. L’action est dirigée contre le créancier saisissant,
qui doit mettre en cause les créanciers opposants. Elle peut être formée à tout moment
pendant la saisie, jusqu’à la vente des biens (CPC exéc., art. R. 221-54).
Le débiteur peut invoquer plusieurs irrégularités. Il peut s’agir d’un vice de fond (tenant
au fait que le créancier n’est pas titulaire d’un titre exécutoire, ou que la dette n’est pas
liquide et exigible) qui entraîne l’annulation sans preuve d’un grief. Il peut s’agir d’un
vice de forme qui, conformément au droit commun, ne peut entraîner l’annulation que
dans les cas prévus par la loi et si le débiteur prouve le grief que lui cause l’irrégularité
(CPC, art. 114).
La demande en nullité ne suspend pas les opérations de saisie (CPC exéc.,
art. R. 221-56), afin d’éviter les manœuvres dilatoires du débiteur. Toutefois, le juge de
l’exécution peut estimer qu’il existe des motifs sérieux de suspendre la saisie jusqu’à ce
qu’il ait statué sur la demande en nullité.
L’annulation de la saisie-vente entraîne mainlevée de la saisie initiale pour les biens
concernés, qui redeviennent disponibles. Si la nullité concerne certains actes seulement,
la procédure est reprise sur ses derniers errements. Si, en raison du caractère non
suspensif de la demande en nullité, une adjudication est prononcée, l’article R. 221-54
alinéa 2 du CPC exéc. prévoit que le débiteur peut demander la restitution du produit
de la vente si l’annulation a été déclarée après la vente mais avant la distribution du
prix. Si l’annulation est prononcée après la distribution du prix, une action en répétition
de l’indu doit être ouverte contre le créancier, s’il s’avère que le débiteur n’était tenu
d’aucune dette ; si l’annulation est fondée sur une irrégularité de la saisie, le débiteur
pourra agir en réparation contre le créancier saisissant. Le juge qui annule la saisie peut
laisser à la charge du débiteur tout ou partie des frais qu’elle a occasionnés, si le débiteur
s’est abstenu de demander la nullité en temps utile (CPC exéc., art. R. 221-55).
CHAPITRE 6 – La saisie-vente 113

2• LES SAISIES VENTES SPÉCIALES


A - Les récoltes sur pied

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Dénommée saisie-brandon sous l’empire de l’ancien Code de procédure civile, elle est
réglementée par les articles R. 221-57 à R. 221-61 du CPC exéc. La saisie des récoltes sur
pied est soumise aux procédures d’exécution mobilières, parce que les récoltes sur pied
sont considérées comme des meubles par anticipation, alors qu’elles ont juridiquement
la nature d’immeubles au moment où la saisie est pratiquée.
La saisie des récoltes sur pied est soumise aux règles de droit commun. Ainsi, le créancier
doit être muni d’un titre exécutoire constatant une créance liquide et exigible sur le débi-
teur, qui doit être propriétaire de la récolte.
Les dispositions particulières concernent d’abord la notion de récoltes. Il s’agit des
fruits naturels ou industriels qui sont appelés à devenir des meubles. La saisie doit être
pratiquée dans les six semaines qui précèdent l’époque habituelle de la maturité (CPC
exéc., art. R. 221-57), à défaut de quoi elle doit être annulée.
Le procès-verbal de saisie est établi par le commissaire de justice conformément aux
dispositions de l’article R. 221-16 du CPC exéc., à l’exception des mentions qui figurent
au 2º, qui sont remplacées par la description du terrain où sont situées les récoltes, avec
sa contenance, sa situation et l’indication de la nature des fruits (CPC exéc.,
art. R. 221-58).
Les récoltes sont placées sous la responsabilité du débiteur en tant que gardien. Mais le
juge de l’exécution peut désigner un gérant à l’exploitation, après avoir entendu ou
appelé le débiteur, sur la demande du créancier saisissant.
Les opérations de vente obéissent au droit commun. La vente est annoncée par des affi-
ches apposées à la mairie et au marché le plus proche du lieu où se trouvent les récoltes
(CPC exéc., art. R. 221-60). Ces affiches mentionnent les jour, heure et lieu de la vente
et indiquent le terrain où sont situées les récoltes ainsi que sa contenance et la nature
des fruits. Le commissaire de justice certifie l’accomplissement de ces formalités.
La vente est faite au lieu où se trouvent les récoltes, ou bien sur le marché le plus voisin
(CPC exéc., art. R. 221-61).

B - Les biens placés dans un coffre-fort


Les articles R. 224-1 à R. 224-12 du CPC exéc. réglementent la saisie des meubles placés
dans un coffre-fort appartenant à un tiers.
La saisie est effectuée par acte du commissaire de justice signifié au tiers, qui contient à
peine de nullité : l’identification du débiteur (nom et domicile, ou dénomination et siège
social), la référence du titre en vertu duquel la saisie est pratiquée, une injonction inter-
disant tout accès au coffre sauf en présence du commissaire de justice. Le tiers doit
fournir au commissaire de justice l’identification de ce coffre et il en est fait mention
dans l’acte. Le commissaire de justice peut apposer des scellés sur le coffre afin d’éviter
tout accès hors sa présence.
114 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

Dans le cadre d’une saisie-vente des biens placés dans le coffre-fort, un commandement
de payer est signifié au débiteur le premier jour ouvrable suivant l’acte de saisie (il peut
être signifié dans l’acte de signification du jugement portant condamnation). Cet acte
contient à peine de nullité : la dénonciation de l’acte de saisie, la mention du titre exécu-
toire qui fonde les poursuites, le décompte distinct des sommes réclamées en principal,

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frais et intérêts échus, ainsi que le taux des intérêts ; il contient un commandement
d’avoir à payer la dette avant la date fixée pour l’ouverture du coffre ou bien d’assister
en personne ou par mandataire à son ouverture et à la saisie des biens qui s’y trouvent.
Le débiteur est averti qu’en cas d’absence ou de refus d’ouverture, le coffre sera ouvert
par la force, et à ses frais. L’acte contient les indications des lieu, jour et heure fixés pour
l’ouverture du coffre. Il informe le débiteur que toute contestation sera jugée par le juge
de l’exécution du lieu où sont situés les biens saisis (CPC exéc., art. R. 224-3).
L’ouverture du coffre intervient après l’expiration d’un délai de quinze jours à compter
de la signification de ce commandement de payer. Néanmoins, le débiteur peut
demander qu’il ait lieu à une date plus rapprochée. Si le débiteur n’est pas présent,
l’ouverture forcée doit avoir lieu en présence du propriétaire du coffre ou de son
préposé dûment habilité. Les frais d’ouverture sont avancés par le créancier saisissant.
Si le coffre est ouvert, il est procédé à l’inventaire des biens qui doivent être décrits de
façon détaillée (CPC exéc., art. R. 224-5). Si le débiteur est présent, l’inventaire est
limité aux biens saisis qui seront immédiatement enlevés et placés sous la garde du
commissaire de justice ou d’un séquestre désigné à l’amiable ou sur requête par le juge
de l’exécution. Si le débiteur est absent, tous les biens contenus dans le coffre font
l’objet d’un inventaire, les biens saisis sont enlevés par le commissaire de justice immé-
diatement pour être placés sous sa garde ou sous celle d’un séquestre ; les biens non
saisis sont remis au tiers qui a la garde du coffre, ou à un séquestre désigné par le juge
de l’exécution sur requête. Le séquestre a l’obligation de les représenter sur simple
réquisition du débiteur. Le commissaire de justice peut photographier les objets retirés
du coffre à toutes fins utiles. Il dresse acte des opérations. Cet acte contient, à peine de
nullité : l’identification des personnes qui ont assisté aux opérations (nom, prénom et
qualité) et celles entre les mains de qui les biens ont été remis, qui doivent apposer leur
signature sur l’original et les copies (CPC exéc., art. R. 224-6).
Une copie de l’inventaire est remise ou signifiée au débiteur ainsi qu’aux personnes
auxquelles des biens ont été remis. Il est fait mention du lieu où les biens saisis sont
déposés dans la copie adressée au débiteur, et en caractères très apparents, le débiteur
est informé qu’il dispose d’un délai d’un mois pour procéder à la vente amiable dans les
conditions prévues aux articles R. 221-30 à R. 221-32 du CPC exéc. qui sont reproduits,
ainsi que de la date à partir de laquelle il sera procédé à la vente forcée à défaut de vente
amiable (CPC exéc., art. R. 224-7).
La vente forcée obéit au droit commun des articles R. 221-33 à R. 221-39 du CPC
exéc. Les incidents relèvent également de la procédure ordinaire de saisie-vente (CPC
exéc., art. R. 221-40 à R. 221-56).
À partir du jour de l’enlèvement des biens, le débiteur retrouve le libre accès à son
coffre-fort.
CHAPITRE 6 – La saisie-vente 115

C - Les véhicules terrestres à moteur


La saisie des véhicules terrestres à moteur résulte des articles L. 223-1 et L. 223-2 et des
articles R. 223-1 à R. 223-13 du CPC exéc. Le particularisme de ce dispositif s’explique, à
la fois, par le caractère essentiel de ce bien dans le patrimoine de la grande majorité des

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débiteurs, et par le régime juridique original du véhicule, meuble corporel soumis à une
immatriculation. Ce dernier aspect a permis l’instauration de plusieurs modalités de
mesures d’exécution.

1) La saisie par déclaration auprès de l’autorité administrative


Le commissaire de justice chargé de l’exécution d’un titre exécutoire peut faire une
déclaration auprès de l’autorité administrative compétente. L’autorité administrative
communique à le commissaire de justice qui en fait la demande les mentions portées
sur le registre prévu à l’article 2 du décret nº 53-968 du 30 septembre 1953 relatif à la
vente à crédit des véhicules automobiles ainsi que tous renseignements relatifs aux
droits du débiteur sur ce véhicule (CPC exéc., art. R. 223-1). La déclaration valant saisie
entraîne « l’indisponibilité » de la carte grise et s’effectue auprès du Système d’Immatri-
culation des Véhicules (SIV) du ministère de l’Intérieur (la procédure est entièrement
dématérialisée).
La déclaration valant saisie contient, à peine de nullité (CPC exéc., art. R. 223-2) :
– les nom et adresse du débiteur ou, s’il s’agit d’une personne morale, sa dénomina-
tion et son siège social ;
– le numéro d’immatriculation et la marque du véhicule saisi ;
– la mention du titre exécutoire dont se prévaut le créancier ;
– le décompte distinct des sommes réclamées, en principal, frais et intérêts échus.
Cette déclaration est signifiée à l’autorité administrative.
La copie de cette déclaration est signifiée au débiteur dans les huit jours qui suivent, à
peine de caducité. L’acte reproduit les dispositions de l’article R. 223-4 du CPC exéc. et
indique en caractères très apparents que les contestations doivent être portées devant le
juge de l’exécution du lieu où demeure le débiteur (CPC exéc., art. R. 223-3).
Les effets de la signification de la déclaration sont importants : la signification au
débiteur produit tous les effets d’une saisie (CPC exéc., art. L. 223-1) et vaut opposi-
tion au transfert du certificat d’immatriculation. Aucun certificat d’immatriculation
ne peut plus être délivré à un nouveau titulaire, sauf mainlevée donnée par le créancier
ou ordonnée par le juge (CPC exéc., art. R. 223-4). La saisie a des effets limités dans le
temps : en effet, la déclaration cesse de produire effet à l’expiration d’un délai de deux
ans à compter de sa signification, sauf renouvellement opéré dans les formes de la
déclaration initiale (CPC exéc., art. R. 223-4).
Les effets de la déclaration ne peuvent préjudicier au créancier titulaire d’un gage régu-
lièrement inscrit conformément aux dispositions du décret du 30 septembre 1953 (CPC
exéc., art. R. 223-5). Le titulaire de la sûreté inscrite antérieurement en conserve le
bénéfice.
Cette saisie a pour objectif de priver le débiteur du droit de disposer de son véhicule. Il
s’agit d’un moyen de pression pour l’inciter à un paiement de sa dette. Elle présente des
intérêts lorsque le commissaire de justice ne peut pas localiser le véhicule automobile
pour l’immobiliser : il peut alors commencer par une « saisie » par déclaration.
116 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

2) La saisie par immobilisation du véhicule


Le commissaire de justice chargé de l’exécution muni d’un titre exécutoire peut saisir le
véhicule du débiteur en l’immobilisant, en quelque lieu qu’il se trouve, par tout moyen
n’entraînant aucune détérioration du véhicule. Le débiteur peut demander au juge de

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l’exécution la levée de l’immobilisation du véhicule (CPC exéc., art. L. 223-2). La Cour
de cassation juge que le commissaire de justice a le choix : ou de l’immobilisation, ou
du transport du véhicule pour être mis en dépôt. Dans les deux cas, le débiteur peut
remettre les clefs au commissaire de justice qui est assuré pour conduire lui-même le
véhicule :
– recours au sabot de Denver6 : le commissaire de justice peut utiliser ce sabot pour
bloquer l’une des roues du véhicule pour l’empêcher d’avancer. Pour certains types
de véhicules, il pourra être fait usage d’antivol (moto) ou d’un retrait de pièce (par
exemple sur une pelleteuse). Le commissaire de justice choisira le moment pour
l’enlèvement du véhicule en fonction de la réaction du débiteur (paiement ou non) ;
– enlèvement immédiat : le commissaire de justice peut enlever le véhicule en
faisant appel à une dépanneuse (il peut estimer que l’endroit où se trouve le véhi-
cule pose problème, par ex., stationnement irrégulier ; ou qu’il y a un risque de
dégradation).
L’information du débiteur qui n’est pas présent sur les lieux lors de l’immobilisation est
assurée puisque l’appareil utilisé pour bloquer un véhicule doit indiquer de manière très
apparente le numéro de téléphone du commissaire de justice (CPC exéc., art. R. 223-6).
Une empreinte officielle, dont les caractéristiques sont déterminées par arrêté du garde
des Sceaux, figure sur le sabot de Denver (A. 23 déc. 1992, JC 6 janv. 1993). Il peut être
fait application des dispositions de l’article R. 221-12 du CPC exéc. (le commissaire de
justice peut photographier le véhicule immobilisé).

a) La procédure
La procédure d’immobilisation suivie par le commissaire de justice dépend du contexte
dans lequel le véhicule est saisi :
– si le véhicule est immobilisé à l’occasion des opérations d’une saisie-vente pratiquée
dans les locaux occupés par le débiteur ou entre les mains d’un tiers qui le détient
pour le compte de ce dernier, il est procédé comme en matière de saisie-vente (CPC
exéc., art. R. 223-7) ;
– dans les autres cas, le commissaire de justice dresse un procès-verbal d’immobilisa-
tion. Cet acte contient à peine de nullité (CPC exéc., art. R. 223-8) :
• la mention du titre exécutoire en vertu duquel le véhicule a été immobilisé,
• la date et l’heure de l’immobilisation du véhicule,
• l’indication du lieu où il a été immobilisé et, le cas échéant, de celui où il a été
transporté pour être mis en dépôt (voir l’arrêté du 22 déc. 2008, portant création
d’un traitement automatisé dénommé GARDIAN, relatif au suivi de la gestion des
biens saisis placés en gardiennage),

——
6. C’est un dispositif destiné à immobiliser un véhicule en bloquant l’une de ses roues qui tient son nom
de la ville américaine de Denver (Colorado) où il a été inventé en 1944 par Frank Marugg et dont la
première utilisation daterait de 1955.
CHAPITRE 6 – La saisie-vente 117

• la description sommaire du véhicule, avec notamment l’indication de son numéro


minéralogique, de sa marque, de sa couleur et, éventuellement, de son contenu
apparent et de ses détériorations visibles,
• la mention de l’absence ou de la présence du débiteur.

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Une information du débiteur est prévue, si le véhicule a été immobilisé en son absence.
Le commissaire de justice doit l’informer le jour même de l’immobilisation, par lettre
simple adressée ou déposée au lieu où il demeure. Cette lettre contient (CPC exéc.,
art. R. 223-9) :
– la mention du titre exécutoire en vertu duquel le véhicule a été immobilisé ;
– l’indication du lieu où il a été immobilisé et, le cas échéant, de celui où il a été trans-
porté pour être mis en dépôt ;
– l’avertissement que l’immobilisation vaut saisie et que, si le véhicule a été immobilisé
sur la voie publique, il pourra être procédé à son enlèvement dans un délai de
quarante-huit heures à compter de son immobilisation pour être transporté en un
lieu qui doit être indiqué ;
– la mention, en caractères très apparents, que, pour obtenir une éventuelle main-
levée de l’immobilisation, le destinataire peut soit s’adresser au commissaire de
justice dont le nom, l’adresse et le numéro de téléphone sont indiqués, soit
contester la mesure devant le juge de l’exécution du lieu d’immobilisation du véhi-
cule dont le siège est indiqué avec l’adresse de son secrétariat-greffe.

b) Les effets de l’immobilisation


L’immobilisation vaut saisie, ce qui rend le véhicule indisponible dans les mains de son
propriétaire. Mais elle ne rend pas le véhicule insaisissable et d’autres créanciers
peuvent pratiquer une saisie entre les mains du débiteur gardien : une procédure de
distribution des deniers devra être mise en œuvre.
Le véhicule est placé sous la garde du propriétaire ou, après son enlèvement, sous la
garde de celui qui l’a reçu en dépôt (CPC exéc., art. R. 223-8).

c) Les issues de l’immobilisation


Elles sont de trois ordres :
– le paiement d’une somme d’argent. Si le véhicule a été immobilisé pour obtenir
le paiement d’une somme d’argent, le commissaire de justice signifie au débiteur,
huit jours au plus tard après l’immobilisation, un commandement de payer qui
contient, à peine de nullité (CPC exéc., art. R. 223-10) :
• la copie du procès-verbal d’immobilisation,
• un décompte distinct des sommes réclamées, en principal, frais et intérêts échus,
ainsi que l’indication du taux des intérêts,
• l’avertissement qu’à défaut de paiement, et passé le délai d’un mois pour vendre
le véhicule à l’amiable conformément aux dispositions des articles R. 221-30 à
R. 221-32 du CPC exéc., celui-ci sera vendu aux enchères publiques,
• l’indication que les contestations doivent être portées, au choix du débiteur,
devant le juge de l’exécution du lieu où il demeure ou du lieu d’immobilisation
du véhicule,
118 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

• la reproduction des articles R. 221-30 à R. 221-32 du CPC exéc.


Si le débiteur ne s’exécute pas, et sous réserve que le juge de l’exécution ait
tranché les contestations qu’il a soulevées, le véhicule est mis en vente dans les
conditions prévues pour la saisie-vente (CPC exéc., art. R. 223-11) des meubles
corporels (voir supra, la saisie-vente). Lorsqu’un gage a été inscrit sur le véhicule,

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le commissaire de justice informe le créancier gagiste, selon le cas, des proposi-
tions de vente amiable ou de la mise en vente aux enchères publiques, afin qu’il
puisse faire prévaloir ses droits ;
– la remise du véhicule à son propriétaire. Si le véhicule a été immobilisé pour être
remis à son propriétaire, le commissaire de justice signifie à la personne tenue de la
remise, huit jours au plus tard après l’immobilisation, un acte qui contient à peine
de nullité (CPC exéc., art. R. 223-12) :
• la copie du procès-verbal d’immobilisation,
• une injonction d’avoir, dans un délai de huit jours, à se présenter à l’étude du
commissaire de justice pour convenir avec lui des conditions de transport du véhi-
cule, avec l’avertissement qu’à défaut il sera transporté à ses frais pour être remis
à la personne désignée dans le titre,
• l’indication que les contestations peuvent être portées, au choix de la personne
tenue de la remise, devant le juge de l’exécution du lieu où elle demeure ou du
lieu d’immobilisation du véhicule.
Si le débiteur ne défère pas à l’injonction du commissaire de justice, le véhicule est
appréhendé et transporté à ses frais pour être remis au propriétaire ;
– la remise à un créancier gagiste. Dans le cas particulier où le véhicule a été
immobilisé pour être remis à un créancier gagiste, le commissaire de justice signifie
à la personne tenue de la remise, huit jours au plus tard après l’immobilisation, un
acte qui contient à peine de nullité (CPC exéc., art. R. 223-13) :
• la copie du procès-verbal d’immobilisation,
• une injonction d’avoir, dans un délai de huit jours, à se présenter à l’étude du
commissaire de justice pour convenir avec lui des conditions de transport du véhi-
cule, avec l’avertissement qu’à défaut il sera transporté à ses frais pour être remis
au créancier gagiste,
• un décompte distinct des sommes réclamées en principal, frais et intérêts échus,
ainsi que l’indication du taux des intérêts,
• l’avertissement, en caractères très apparents, qu’il dispose d’un délai d’un mois
pour procéder à la vente amiable du véhicule immobilisé, conformément aux
dispositions des articles 221-30 à R. 221-32 du CPC exéc., et que, passé ce délai,
il pourra être procédé à sa vente aux enchères publiques,
• l’indication que les contestations peuvent être portées, au choix de la personne
tenue de la remise, devant le juge de l’exécution du lieu où elle demeure ou du
lieu d’immobilisation du véhicule.
Après remise au créancier gagiste, le véhicule est placé sous la garde de ce dernier.
À défaut de vente amiable dans le délai d’un mois, il est procédé à la vente forcée aux
enchères publiques dans les conditions prévues pour la saisie-vente. Le cas échéant, il est
fait application des dispositions relatives aux incidents de la saisie-vente.
CHAPITRE 7
La saisie-appréhension

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La saisie-appréhension est définie par l’article L. 222-1 du CPC exéc. comme une mesure
d’exécution permettant d’appréhender des meubles que le débiteur est tenu de
livrer ou de restituer au créancier en vertu d’un titre exécutoire. Les articles R. 222-1
et suivants du CPC exéc. en définissent les conditions et les modalités. Tous les biens
meubles corporels sont susceptibles de faire l’objet d’une saisie-appréhension, que le
meuble soit entre les mains du débiteur ou entre les mains d’un tiers qui le détient
pour le compte du débiteur. Le décret distingue selon que l’appréhension est faite en
vertu d’un titre exécutoire ou en vertu d’une injonction du juge.

1• LA SAISIE-APPRÉHENSION EN VERTU D’UN TITRE


EXÉCUTOIRE

A - Entre les mains de la personne tenue de la remise


Le premier acte est un commandement de livrer ou de restituer les biens, signifié à
la personne tenue de la remise (il peut être signifié en même temps que le jugement).
L’acte contient, à peine de nullité, la mention du titre exécutoire en vertu duquel la
remise est exigée ; il indique que la personne peut, dans un délai de huit jours, trans-
porter à ses frais le bien désigné en un lieu et dans les conditions indiquées ; il
mentionne que cette personne est avertie qu’à défaut de remise dans ce délai, le bien
pourra être appréhendé à ses frais. L’acte informe également le destinataire qu’il peut
porter toute contestation devant le juge de l’exécution du lieu où il demeure (CPC
exéc., art. R. 222-2).
Ce commandement n’est pas nécessaire, et le bien peut être appréhendé immédiate-
ment sur la seule présentation du titre exécutoire, si la personne tenue de la remise est
présente et si elle ne s’offre pas à effectuer le transport à ses frais sur la question qui lui
est posée par le commissaire de justice (CPC exéc., art. R. 222-3). L’acte contient alors
seulement l’indication que les contestations éventuelles pourront être portées devant le
juge de l’exécution du lieu où demeure celui auquel le bien est retiré.
Un acte doit être dressé dans tous les cas, qu’il y ait remise volontaire ou appréhen-
sion du bien. Cet acte contient un état détaillé du bien, qui peut, le cas échéant, être
photographié (la photographie est annexée à l’acte) :
– si le bien a été appréhendé pour être remis à son propriétaire, une copie de l’acte
de remise volontaire ou d’appréhension est remise ou notifiée par lettre
120 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

recommandée avec demande d’avis de réception à la personne tenue de délivrer ou


de restituer le bien en vertu du titre exécutoire (CPC exéc., art. R. 222-5) ;
– si le bien a été appréhendé pour être remis à un créancier gagiste, l’acte de remise
ou d’appréhension vaut saisie sous la garde du créancier, et la vente consécutive
s’effectuera selon les modalités prévues aux articles R. 221-30 à R. 221-39 du CPC

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exéc. Un acte est alors remis ou signifié au débiteur, qui contient à peine de nullité :
• une copie de l’acte de remise ou d’appréhension,
• l’indication du lieu où le bien est déposé,
• le décompte distinct des sommes réclamées en principal, frais et intérêts échus
avec l’indication du taux des intérêts,
• enfin il est indiqué en caractères très apparents que le débiteur dispose d’un délai d’un
mois pour procéder à la vente amiable du bien saisi selon les articles R. 221-30 à
R. 221-32 du CPC exéc., et la date à partir de laquelle à défaut de vente amiable, il
pourra être procédé à la vente forcée aux enchères publiques.
L’acte reproduit les articles R. 221-30 à R. 221-32 du CPC exéc.

B - Entre les mains d’un tiers


Si le bien est détenu par un tiers, une sommation de remettre le bien lui est directement
signifiée, puis est dénoncée par lettre recommandée avec demande d’avis de réception
à la personne tenue de livrer ou de restituer ce bien. Cette sommation contient les
mentions prévues par l’article R. 222-7 du CPC exéc., à peine de nullité. Il s’agit d’une
copie du titre exécutoire (si c’est un jugement, du dispositif de celui-ci), et d’une injonc-
tion d’avoir, dans un délai de huit jours, soit à remettre le bien désigné, soit à communi-
quer au commissaire de justice sous peine de dommages et intérêts le cas échéant, les
raisons pour lesquelles il s’oppose à la remise. L’acte indique enfin que les difficultés
seront portées devant le juge de l’exécution du lieu où demeure le destinataire de l’acte.
Si le tiers n’a pas remis le bien volontairement dans le délai imparti, le requérant sollicite
du juge de l’exécution du lieu où demeure ce tiers détenteur, d’ordonner la remise du
bien. Le juge de l’exécution peut être saisi par le tiers détenteur lui-même. Si le juge de
l’exécution n’a pas été saisi dans le mois qui suit le jour où la sommation a été signifiée,
cette sommation ainsi que les mesures conservatoires qui auraient être prises deviennent
caduques (CPC exéc., art. R. 222-8).
Il doit ensuite être procédé à l’appréhension du bien, sur présentation de la décision du
juge de l’exécution qui prescrit la remise du bien au requérant, et sur présentation d’une
autorisation spéciale du juge de l’exécution, délivrée sur requête, si le bien est situé dans
des locaux servant à l’habitation du tiers (CPC exéc., art. R. 222-9).
Il est dressé un acte de la remise ou de l’appréhension conformément aux dispositions
de l’article R. 222-4 du CPC exéc., prévues pour la saisie-appréhension entre les mains
de la personne tenue de la remise. Une copie de cet acte est remise ou notifiée au tiers
par lettre recommandée avec demande d’avis de réception.
Après l’enlèvement du bien, la personne tenue de la remise est informée selon les moda-
lités prévues aux articles R. 222-5 ou R. 222-6 du CPC exéc.
CHAPITRE 7 – La saisie-appréhension 121

2• LA SAISIE-APPRÉHENSION SUR INJONCTION DU JUGE


Si le requérant ne dispose pas de titre exécutoire, il peut présenter une requête au juge
de l’exécution du lieu où demeure le débiteur, afin d’obtenir une injonction d’avoir à

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délivrer ou restituer le bien meuble déterminé. La compétence territoriale du juge de
l’exécution est d’ordre public : toute autre clause contraire serait réputée non avenue,
et le juge irrégulièrement saisi est tenu de relever d’office son incompétence (CPC
exéc., art. R. 222-11).
La requête contient, à peine d’irrecevabilité, la désignation du bien dont la remise est
demandée, elle est accompagnée de tout document justifiant cette demande (CPC
exéc., art. R. 222-12).
L’ordonnance portant injonction de délivrer ou de restituer le bien est signifiée à
celui qui est tenu de la remise. La signification contient, à peine de nullité : la sommation
d’avoir, dans un délai de quinze jours, soit à transporter à ses frais le bien désigné au lieu
et dans les conditions indiqués, soit si le détenteur du bien a des moyens de défense à
faire valoir, à former opposition au greffe du juge qui a rendu l’ordonnance. L’opposi-
tion est faite par déclaration contre récépissé ou par lettre recommandée avec
demande d’avis de réception. À défaut d’opposition, l’ordonnance est rendue exécu-
toire (CPC exéc., art. R. 222-13).
Au contraire, en cas d’opposition, celui qui demande la remise du bien doit saisir la
juridiction compétente pour statuer sur la délivrance ou la restitution du bien. Si le juge
du fond n’a pas été saisi dans un délai de deux mois à compter de la signification de
l’ordonnance, la requête et l’ordonnance d’injonction ainsi que les mesures conserva-
toires qui auraient été prises, deviennent caduques.
En absence d’opposition, dans le délai de quinze jours, le requérant peut
demander au greffe l’apposition de la formule exécutoire. L’ordonnance produit
alors tous les effets d’un jugement contradictoire en dernier ressort. Le JEX n’a pas le
pouvoir d’empêcher la restitution ordonnée, ou de la différer. Au vu de l’ordonnance
devenue exécutoire, il est procédé selon les dispositions des articles R. 222-2 à
R. 222-10 du CPC exéc., c’est-à-dire à l’appréhension entre les mains de la personne
tenue de la remise. Le commandement prévu par l’article R. 222-2 du CPC exéc. n’est
pas obligatoire si le bien est entre les mains de la personne visée dans l’injonction du
juge et si l’appréhension du bien est entreprise moins de deux mois après l’ordonnance
qui a été rendue exécutoire.

3• LES MODALITÉS PARTICULIÈRES D’APPRÉHENSION


Des règles spéciales concernent l’appréhension d’un véhicule terrestre moteur. Celui-
ci peut être immobilisé par l’un des procédés prévus par l’article L. 223-2 du CPC exéc.
mais, dans ce cas, les articles R. 223-6, R. 223-8, R. 223-9, R. 223-12 et R. 223-13 du
CPC exéc. sont applicables (CPC exéc., art. R. 222-16, dern. al. ; V. supra, la saisie par
immobilisation du véhicule terrestre à moteur).
122 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

Les articles R. 224-10 à R. 224-12 du CPC exéc. visent les hypothèses dans laquelle la
saisie-appréhension concerne des biens placés dans un coffre-fort appartenant à
un tiers. Un acte de saisie est dressé selon les dispositions de la saisie-vente des biens
placés dans un coffre-fort conformément à l’article R. 224-1 du CPC exéc. Un comman-
dement de délivrer ou de restituer est signifié à la personne tenue de la remise, le

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premier jour ouvrable suivant cet acte de saisie (CPC exéc., art. R. 224-10).
Cet acte contient, à peine de nullité, la dénonciation de l’acte de saisie, la mention du
titre exécutoire, la désignation précise du bien réclamé, un commandement d’avoir à
remettre le bien réclamé avant la date fixée pour l’ouverture du coffre, ou d’assister en
personne ou par mandataire, à son ouverture aux fins d’enlèvement. L’acte avertit qu’en
cas d’absence ou de refus d’ouverture, le coffre sera ouvert par la force à ses frais. L’acte
indique également les lieu, jour et heure fixés pour l’ouverture du coffre, il désigne le JEX
compétent pour statuer sur les contestations qui est celui du lieu où sont situés les biens
saisis. Ce commandement peut être signifié dans l’acte signification du jugement (CPC
exéc., art. R. 224-10).
Les modalités de la saisie-appréhension sont déterminées par le dispositif relatif à la
saisie-vente, c’est-à-dire aux articles R. 224-4 à R. 224-6 et R. 224-9 du CPC exéc. La
spécificité réside dans le fait que la copie de l’inventaire est remise ou signifiée au débi-
teur ainsi que, le cas échéant, à la personne à laquelle le bien a été remis. À peine de
nullité, dans la copie adressée au débiteur, il doit être indiqué que le bien a été remis à
la personne désignée dans le titre exécutoire ou à son mandataire dont l’identité doit
être précisée (CPC exéc., art. R. 224-12).
PARTIE 4

Les processus
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d’exécution sur
les créances
Chapitre 8 La saisie-attribution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
Chapitre 9 La saisie des rémunérations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
Chapitre 10 Les saisies attributives spéciales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
Chapitre 11 Les processus d’exécution sur les droits incorporels (valeurs
mobilières et droits d’associés) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
Chapitre 12 La distribution des deniers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171

Les créances ne sont pas toutes soumises au même régime juridique. Si une saisie-
attribution de droit commun a été prévue, le législateur a aménagé un processus
original dès lors que la saisie s’opère sur une rémunération. C’est parfois la qualité
alimentaire de la somme à recouvrer qui justifie l’existence de saisies attributives
spéciales.
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CHAPITRE 8
La saisie-attribution

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Réglementée par les articles L. 211-1 et suivants du CPC exéc. et les articles R. 211-1
et suivants du CPC exéc., la saisie-attribution est une mesure d’exécution forcée créée
par la réforme de 1991, qui ne peut porter que sur des créances de sommes d’argent.
Elle remplace l’ancienne saisie-arrêt, mesure d’exécution critiquée qui comportait une
phase conservatoire, puis une instance en validité. La nouvelle saisie-attribution permet
au créancier muni d’un titre exécutoire constatant une créance liquide et exigible, de
saisir entre les mains d’un tiers, appelé le tiers saisi, la créance de son débiteur, nommé
le débiteur saisi, portant sur une somme d’argent. Cette saisie est extrêmement perfor-
mante, parce qu’elle emporte attribution immédiate des sommes au profit du créancier,
dans la limite de ce qui lui est dû et de ce que le tiers saisi doit au débiteur.

1• LA SAISIE-ATTRIBUTION SOUMISE AUX DISPOSITIONS


GÉNÉRALES

A - Les conditions

1) Les sujets
Le créancier saisissant doit être, comme pour toute mesure d’exécution, muni d’un titre
exécutoire constatant une créance liquide et exigible (CPC exéc., art. R. 211-1 et L. 211-1).
Le débiteur saisi doit être créancier d’un tiers pour que le processus soit réalisable.
Le tiers saisi doit être débiteur du débiteur saisi, dans la mesure où au jour de cette
saisie, ce tiers doit être tenu d’une obligation portant sur une somme d’argent envers
le débiteur saisi. La jurisprudence a précisé que le tiers doit détenir les sommes dues au
débiteur saisi en vertu d’un pouvoir propre et indépendant (peuvent être tiers saisis, les
banquiers, les représentants légaux d’incapables majeurs ou mineurs, mais également
un notaire, un avocat). En revanche, un préposé du débiteur saisi (par exemple le caissier
salarié de la banque) ne détient pas les sommes en vertu d’un pouvoir indépendant,
puisqu’il est subordonné à son employeur ; il n’est donc pas un tiers par rapport à
celui-ci. La jurisprudence admet également la possibilité pour le créancier saisissant de
saisir entre ses mains propres des sommes qu’il doit au débiteur saisi : il s’agit d’une
126 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

saisie-attribution sur soi-même1 : le créancier saisissant, qui est également tiers saisi, sera
payé par le jeu de la compensation, lorsque la créance sera liquide et exigible.

2) L’objet

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Deux créances font l’objet de la saisie-attribution : d’une part, la créance cause de la
saisie (c’est celle du créancier saisissant à l’égard du débiteur saisi), d’autre part, la
créance objet de la saisie (c’est celle du débiteur saisi à l’égard du tiers saisi).
La créance cause de la saisie doit être constatée dans un titre exécutoire (CPC exéc.,
art. L. 211-1 et R. 211-1). Conformément au droit commun des mesures d’exécution, le
titre peut être exécutoire à titre provisoire, l’article L. 111-10 du CPC exéc. prévoyant
alors que l’exécution est poursuivie aux risques du créancier. La créance doit être
liquide, évaluée en argent ou figurant dans un titre contenant tous les éléments d’éva-
luation et exigible conformément au droit commun.
La créance objet de la saisie est nécessairement une créance de somme d’argent (qui
ne doit pas être une rémunération du travail, soumise à une saisie spécifique2). Cette
créance doit présenter un certain nombre de caractéristiques.
D’abord, la créance doit exister au jour de la saisie. Mais il suffit que son existence soit en
germe à ce jour : l’article L. 112-1 du CPC exéc. précise que les saisies peuvent porter sur
des créances conditionnelles, à terme ou à exécution successive. Pour la jurisprudence, la
saisie-attribution peut être réalisée chaque fois qu’il existe des relations juridiques
préexistantes entre le débiteur et le tiers saisi, qui rendent le tiers saisi créancier du débi-
teur ; en revanche, la saisie-attribution ne peut pas être pratiquée sur une créance pure-
ment éventuelle. Ainsi, la saisie peut être effectuée entre les mains du banquier déten-
teur de sommes détenues sur des comptes ouverts chez lui du locataire du débiteur ou
de toute personne tenue au jour de la saisie d’une obligation portant sur une somme
d’argent envers le débiteur3.
Il est nécessaire que la créance demeure dans le patrimoine du débiteur saisi : si le débi-
teur cède sa créance, deux possibilités peuvent être envisagées. Si le tiers saisi est
informé de la transmission avant que le saisissant lui demande le paiement de sa
créance, il peut refuser le paiement au créancier saisissant4, qui élèvera une contestation
réglée par le dispositif de l’article R. 211-9 du CPC exéc. Si le tiers saisi n’est pas informé
de la transmission avant le paiement au créancier saisissant, le paiement qu’il effectuera
de bonne foi sera libératoire par application de l’article 1240 du Code civil.
La créance doit enfin être saisissable : pour la jurisprudence, c’est le cas des indem-
nités versées à la victime en réparation d’un dommage moral ou corporel. De
nombreux textes prévoient l’insaisissabilité de certaines créances, dont le caractère

——
1. Cass. 2e civ., 16 déc. 2004 : Bull. civ. II, no 533 ; Dr. et procéd. 2005, 175, obs. Putman ; D. 2005,
p. 1603, obs. Taormina.
2. Cass. ass. plén., 9 juill. 2004, Bull. ass. plén., no 11 ; Dr. et procéd. 2004, p. 349, obs. Bourdillat ; RTD
civ. 2004, p. 779, obs. Perrot ; D. 2004, p. 3161, note Bugada.
3. Cass. 1re civ., 13 mai 2014, nº 12-25511 : si la créance est à exécution successive, l’effet attributif
concerne les sommes échues en vertu de la créance, jusqu’à ce que le créancier soit rempli de ses
droits et dans la limite de ce qu’il doit au débiteur en qualité de tiers saisi.
4. Cass. com., 13 févr. 1996 : Banque 1996, no 569, p. 91, obs. Guillot.
CHAPITRE 8 – La saisie-attribution 127

alimentaire est affirmé (indemnités de sécurité sociale, prestations familiales, presta-


tion compensatoire5).

B - La procédure

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1) L’acte de saisie
L’acte de saisie est un acte du commissaire de justice signifié au tiers avec les indica-
tions prévues par l’article R. 211-1 du CPC exéc. La signification de l’acte de saisie est
une formalité impérative, qui doit être réalisée par le commissaire de justice, à l’exclusion
d’un clerc. Elle peut être faite par voie électronique. A partir du 1er janvier 2021, lorsque
le tiers saisi sera un établissement habilité par la loi à tenir des comptes de dépôt, les
actes lui seront transmis par voie électronique (CPC exéc., art. L. 211-1-1 ; L. nº 2019-
222, 23 mars 2019, art. 15).
L’acte contient à peine de nullité :
– l’indication des nom et domicile du débiteur (ou dénomination et siège social pour
une personne morale) ;
– la dénonciation du titre exécutoire en vertu duquel la saisie est pratiquée. Mais le
défaut d’indication constitue un vice de forme, qui suppose que l’intéressé prouve
le grief que lui cause cette irrégularité ;
– le décompte distinct des sommes réclamées en principal, frais et intérêts échus,
majorées d’une provision pour les intérêts à échoir dans le délai d’un mois prévu
pour élever une contestation (s’il y a plusieurs titres exécutoires, il faut indiquer un
décompte distinct en principal, frais et intérêts échus pour chacun de ces titres6).
Mais la Cour de cassation a considéré qu’une erreur portant sur les sommes récla-
mées dans un acte de saisie-attribution n’est pas une cause de nullité ;
– l’indication que le tiers saisi est personnellement tenu envers le créancier saisissant
et qu’il lui est fait défense de disposer des sommes réclamées dans la limite de ce
qu’il doit au débiteur ;
– la reproduction du premier alinéa de l’article L. 211-2 et de l’article L. 211-3, du
3e alinéa de l’article L. 211-4, ainsi que des articles R. 211-5 et R. 211-11 du CPC
exéc. (relatifs à l’effet d’attribution immédiate de la saisie, à l’obligation de déclara-
tion du tiers saisi et aux conditions de la contestation de la saisie).
L’acte indique l’heure à laquelle il a été signifié, sans que cette mention soit prescrite à
peine de nullité.
Cet acte de saisie produit des conséquences importantes :
– d’abord, il interrompt la prescription extinctive de la créance objet de la saisie (CPC
exéc., art. L. 141-2, dern. al. et C. civ., art. 2244) ;
– ensuite, aux termes de l’article L. 211-2 du CPC exéc., l’acte de saisie emporte attri-
bution immédiate, au profit du saisissant, de la créance saisie disponible entre les
mains du tiers saisi, ainsi que de tous les accessoires, à concurrence des sommes
pour lesquelles la saisie est pratiquée7. L’acte de saisie rend le tiers personnellement

——
5. CA Paris, 15 janv. 2009 : Dr. et procéd. mai-juin 2009, p. 176.
6. Cass. 2e civ., 23 févr. 2017, nº 16-10338.
7. Pour la durée de l’effet attributif, Cass. 2e civ., 19 février 2015, nº 14-10439.
128 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

débiteur des causes de la saisie dans la limite de son obligation. En conséquence, la


créance objet de la saisie n’est attribuée qu’à concurrence de la créance cause de la
saisie : si le montant de la créance objet de la saisie est supérieur aux sommes pour
lesquelles la saisie est pratiquée, seule la partie correspondant aux sommes dues est
attribuée.

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Le caractère immédiat de l’attribution présente des intérêts évidents. Le créancier
saisissant ne peut plus entrer en concours avec d’autres créanciers, puisque la
créance saisie sort du patrimoine de son débiteur pour entrer dans le sien. Selon
l’article L. 211-2, alinéa 2 du CPC exéc., la signification ultérieure d’autres saisies,
même émanant de créanciers privilégiés, ainsi que la survenance d’un jugement
portant ouverture d’une procédure de sauvegarde, de redressement judiciaire ou de
liquidation judiciaire, ne remettent pas en cause cette attribution. De ce fait, le créan-
cier saisissant ne supporte pas les effets d’une autre saisie-attribution qui serait prati-
quée par un autre créancier du saisi entre les mains du tiers. Dans le cas d’une procé-
dure collective dirigée contre le débiteur saisi, l’article L. 632-2 du Code de commerce
prévoit que la saisie attribution peut seulement être annulée lorsqu’elle a été délivrée
par un créancier à compter de la date de cessation des paiements ou en connaissance
de celle-ci. Il faut se référer à la date de la signification de l’exploit par le commissaire
de justice au tiers saisi, laquelle produit l’effet attributif.
Les actes de saisie signifiés au cours de la même journée entre les mains du même tiers
sont réputés faits simultanément, de sorte que si les sommes disponibles ne permet-
tent pas de désintéresser la totalité des créanciers saisissants, ceux-ci viennent en
concours (CPC exéc., art. L. 211-2). Les créanciers saisissants ultérieurs ne subissent
les conséquences de l’attribution au premier saisissant que dans la mesure où la procé-
dure de saisie-attribution est poursuivie régulièrement : si la saisie-attribution se trouve
privée d’effets, les saisies et prélèvements ultérieurs prendront effet à leur date. Si la
saisie-attribution est fondée sur une ordonnance portant injonction de payer, et si
cette ordonnance est frappée d’opposition, ceci fait obstacle au paiement au créancier
des sommes indisponibles, jusqu’à ce que la juridiction ait statué sur l’opposition ;
– enfin, la créance saisie est indisponible. Ceci a pour effet de faire obstacle à un
paiement sur les sommes saisies. En ce qui concerne les relations entre le créancier
saisissant et le tiers saisi, en dépit de l’effet attributif immédiat, le paiement de la
créance est différé jusqu’à la présentation du certificat délivré par le greffe ou
établi par le commissaire de justice qui a procédé à la saisie, attestant qu’aucune
contestation n’a été formée dans le mois de la dénonciation de la saisie, sauf si le
débiteur déclare par écrit ne pas contester la saisie (CPC exéc., art. R. 211-6). Cela
signifie que si une procédure collective est ouverte à l’encontre du tiers saisi, le
créancier saisissant sera soumis à la suspension des poursuites, et qu’il lui appar-
tiendra de déclarer sa créance dans les mains du représentant des créanciers8. En
ce qui concerne les relations entre le tiers saisi et le débiteur saisi, l’indisponibilité a
pour conséquence d’interdire au tiers saisi de payer le débiteur sur les sommes
saisies attribuées. Si le tiers saisi ne respecte pas cette interdiction, il devra normale-
ment procéder à un second paiement au bénéfice du saisissant, avec possibilité d’un
recours contre le débiteur saisi (cette sanction n’exclut pas la possibilité pour le

——
8. Cass. com., 8 juill. 2003 : Act. proc. coll. 2003, no 229, obs. Regnaut-Moutier.
CHAPITRE 8 – La saisie-attribution 129

créancier saisissant qui conserve ses droits à l’égard du débiteur saisi, d’exercer
directement contre celui-ci une action en restitution des sommes versées nonobs-
tant la saisie-attribution). De plus, comme la créance saisie attribuée est sortie du
patrimoine du débiteur saisi, aucune opération juridique ne peut avoir lieu sur
cette créance : ainsi, une compensation qui permettrait d’éteindre la dette du tiers

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saisi est impossible, une novation ou une cession de la créance par le saisi, une
remise totale de dette au profit du tiers saisi, sont prohibées.
Si le tiers saisi souhaite se libérer de sa dette, il peut demander que les sommes soient
consignées entre les mains d’un séquestre désigné par accord amiable, ou sur requête,
par le juge de l’exécution. La remise des sommes au séquestre arrête le cours des inté-
rêts dus par le tiers saisi (CPC exéc., art. R. 211-2).

2) La déclaration du tiers saisi


L’article R. 211-4 du CPC exéc. prévoit que le tiers saisi est tenu de donner sur-le-champ
au commissaire de justice les renseignements prévus à l’article L. 211-3 du CPC exéc. et
de lui communiquer les pièces justificatives. Il en est fait mention dans l’acte de saisie
(CPC exéc., art. R. 211-4). Cette exigence d’une déclaration « sur-le-champ » a été
jugée conforme au procès équitable prévu par l’article 6 § 1 de la Convention euro-
péenne, dans la mesure où la sanction de sa méconnaissance n’est pas automatique,
puisque le tiers peut faire valoir devant le JEX qu’il est dans l’impossibilité de fournir
immédiatement les renseignements demandés. En revanche, ces exigences ne sont pas
applicables au tiers détenteur. La jurisprudence interprète rigoureusement cette obliga-
tion d’information : le tiers ne peut fournir aucun motif l’autorisant à différer sa réponse,
il est tenu de fournir spontanément les renseignements, sans attendre l’intervention
d’un commissaire de justice à cet effet, et un simple retard d’un jour suffit à caractériser
le refus de fournir les renseignements. Même si le tiers invoque l’obligation d’effectuer
des recherches à l’étranger, il doit être diligent, et ne peut tarder plusieurs mois.
Le tiers saisi doit faire connaître au créancier l’étendue de ses obligations à l’égard du
débiteur, ainsi que les modalités qui pourraient les affecter (comme une cession de
créance, une délégation ou une saisie antérieure, selon l’article L. 211-3 du CPC exéc.).
Il n’est tenu de faire une déclaration que si, au jour de la saisie, il est tenu d’une obliga-
tion envers le débiteur9.
Si l’acte de saisie est signifié par voie électronique, le tiers saisi est tenu de commu-
niquer au commissaire de justice les renseignements et pièces justificatives imposés au
plus tard le premier jour ouvré suivant la signification, par voie électronique, sous
réserve des dispositions prévues à l’article 748-7 du Code de procédure civile (le tiers
saisi aura consenti expressément à l’utilisation de la voie électronique). Le tiers commu-
nique avec le commissaire de justice par une « interface mise à sa disposition par la
Chambre nationale des commissaires de justice » (ce sera surtout le cas pour les saisies-
attributions en matière bancaire).

——
9. Cass. 2e civ., 11 mai 2017, nº 16-14139.
130 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

Sanctions du tiers saisi


Les sanctions de la méconnaissance de cette déclaration sont rigoureuses. Si le tiers refuse de
coopérer et ne fournit pas les renseignements prévus sans motif légitime, l’article R. 211-5 du
CPC exéc. prévoit qu’il doit être condamné, à la demande du créancier, à payer les sommes

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dues à ce dernier, sans préjudice de son recours contre le débiteur. Le tiers saisi peut donc
être exposé à payer plus que ce qu’il devait, si la créance est d’un montant supérieur à sa
propre dette. Le juge apprécie souverainement le caractère légitime du motif invoqué par le
tiers. Mais le tiers ne peut être condamné que dans la mesure où la saisie se poursuit régulière-
ment : si elle est frappée de caducité ou annulée, le tiers ne peut être tenu. En outre, le tiers
saisi ne peut pas être condamné aux causes de la saisie s’il n’est pas débiteur du débiteur saisi,
ou encore si la saisie attribution est caduque (Cass. 2e civ., 21 déc. 2006, nº 04-16511). La Cour
de cassation rappelle que lorsqu’il n’est tenu à aucune obligation envers le débiteur, le tiers
saisi ne peut être condamné aux causes de la saisie pour manquement à son obligation de
renseignement (Cass. 2e civ., 12 avril 2018, nº 17-15298).
Si le tiers adopte un comportement de mauvaise foi, l’article R. 211-5, alinéa 2 du CPC exéc.
prévoit qu’il peut aussi être condamné à des dommages et intérêts en cas de négligence
fautive ou de déclaration inexacte ou mensongère10. La Cour de cassation a jugé que ces deux
sanctions ne peuvent pas être cumulées : si le tiers fait une déclaration incomplète, inexacte ou
mensongère, il s’expose uniquement à une condamnation à des dommages et intérêts. Ce sera
le cas, notamment, si le tiers omet de fournir les pièces justificatives.
Le tiers saisi peut échapper à ces condamnations en justifiant d’un motif légitime, apprécié
souverainement par les juges du fond. Mais un tel motif ne peut pas consister en un secret
professionnel, notamment le secret bancaire, qui ne peut pas être opposé au créancier saisis-
sant. De même, le tiers banquier ne peut pas alléguer un dysfonctionnement informatique. En
revanche, si le créancier accepte un délai de 48 heures pour répondre, et que le créancier
répond au-delà de ces 48 heures, les juges peuvent estimer qu’il invoque un motif légitime,
dès lors qu’un délai avait été accepté au lieu d’une réponse sur-le-champ. En outre, aucun
texte n’exige que le tiers saisi donne sur-le-champ au commissaire de justice qui l’interpelle le
motif légitime l’autorisant à différer sa réponse, même si cette information doit intervenir dans
un délai raisonnable.
Le tiers saisi n’est pas sanctionné si la saisie-attribution est ultérieurement annulée, si elle est
frappée de caducité, ou si le tiers saisi n’est plus tenu d’une dette à l’égard du débiteur saisi.

3) La dénonciation de la saisie au débiteur


Dans un délai de huit jours, à peine de caducité, la saisie est dénoncée au débiteur par
acte du commissaire de justice. La dénonciation ne constituant pas un acte d’exécution,
elle peut être signifiée par clerc assermenté.
Si le débiteur a fait l’objet d’une procédure collective, la dénonciation doit être faite dans
les huit jours à l’organe habilité (au liquidateur en cas de liquidation judiciaire).
Conformément à l’article R. 211-3 du CPC exéc., cet acte de dénonciation contient à
peine de nullité : une copie du procès-verbal de saisie et la reproduction des renseigne-
ments communiqués par le tiers saisi si l’acte a été signifié par voie électronique ; l’indi-
cation en caractères très apparents que les contestations peuvent être formées dans le
délai d’un mois qui suit la signification de l’acte, à peine d’irrecevabilité, ainsi que la date
à laquelle expire ce délai. La dénonciation indique que l’assignation est dénoncée par
lettre RAR le même jour au commissaire de justice qui a procédé à la saisie, et désigne
la juridiction devant laquelle les contestations doivent être portées (CPC exéc.,

——
10. Cass. 2e civ., 26 mai 2011, nº 10-16343.
CHAPITRE 8 – La saisie-attribution 131

art. R. 211-3). Ces mentions ont pour objectif la possibilité pour le débiteur d’assurer sa
défense : une erreur commise dans l’acte de dénonciation sur le délai pour former une
contestation constitue une irrégularité affectant la validité de l’acte, mais le débiteur doit
prouver qu’il a subi un grief en raison de cette erreur.
En cas de saisie de compte, l’acte comporte l’information du titulaire relativement à la

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mise à disposition des sommes auxquelles il a droit, en application de l’article R. 162-2
du CPC exéc., ainsi que le ou les comptes sur lesquels cette mise à disposition est
opérée.
Ce même acte rappelle au débiteur qu’il peut autoriser par écrit le créancier à se faire
remettre sans délai par le tiers saisi les sommes qui lui sont dues.
Le défaut de dénonciation de la saisie dans le délai entraîne la caducité de la saisie-attri-
bution, c’est-à-dire son anéantissement rétroactif.

4) Le paiement par le tiers saisi


Deux hypothèses peuvent être distinguées :
– s’il y a une contestation dans le délai prévu, le paiement ne pourra avoir lieu
qu’après le règlement de la contestation, puisque le tiers saisi procédera au paie-
ment sur présentation de la décision rejetant la contestation (CPC exéc.,
art. R. 211-13). Le JEX peut toutefois autoriser le paiement pour la somme qu’il
détermine avant le règlement de la contestation (CPC exéc., art. L. 211-5) ;
– en l’absence de contestation, le tiers saisi procède au paiement sur la présentation
d’un certificat délivré par le greffe ou établi par le commissaire de justice qui a
procédé à la saisie. Ce certificat atteste qu’aucune contestation n’a été formée
dans le mois qui a suivi la dénonciation de la saisie (CPC exéc., art. R. 211-6). Le
paiement peut intervenir avant l’expiration de ce délai, à la condition que le débi-
teur ait déclaré ne pas contester la saisie par un acte écrit. En cas de refus de paie-
ment par le tiers saisi, la contestation est portée devant le juge de l’exécution qui
peut délivrer un titre exécutoire contre le tiers (CPC exéc., art. R. 211-9). Mais le
JEX ne peut accorder aucun délai de grâce au tiers saisi.
Le créancier saisissant qui a reçu le paiement en donne quittance au tiers saisi et en
informe le débiteur. Logiquement, ce paiement éteint l’obligation du débiteur et celle du
tiers saisi dans la limite des sommes versées. Le débiteur saisi qui n’aurait pas élevé de
contestation dans le délai prescrit peut toutefois agir à ses frais en répétition de l’indu
devant le juge du fond compétent, aux termes de l’article L. 211-4 du CPC exéc.
Le créancier saisissant qui n’a pas été payé par le tiers saisi conserve ses droits contre
le débiteur (CPC exéc., art. R. 211-8). Mais, si ce défaut de paiement est imputable à la
négligence du créancier, il perd ses droits à concurrence des sommes dues par le tiers
saisi.
En cas de refus de paiement par le tiers saisi des sommes qu’il a reconnu devoir ou
dont il a été jugé débiteur, la contestation est portée devant le JEX. Le juge peut délivrer
un titre exécutoire contre le tiers saisi (CPC exéc., art. R. 211-9), puisque ce refus de
paiement est sanctionné par la condamnation du tiers au paiement des causes de la
saisie.
132 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

C - Les contestations éventuelles


Toutes les contestations relatives à la saisie-attribution relèvent de la compétence du
juge de l’exécution du lieu où demeure le débiteur (CPC exéc., art. R. 211-10). S’il y a
plusieurs débiteurs, le JEX du lieu où demeure chacun des débiteurs est territorialement

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compétent, et il n’est pas possible d’invoquer la connexité pour faire examiner ensemble
les différentes contestations émanant des débiteurs. L’incident peut émaner du débiteur
saisi, qui conteste le montant de la créance cause de la saisie (en application de l’article 6
§ 1 de la Convention européenne, un débiteur saisi doit pouvoir contester devant un
juge la régularité de la saisie, même si la saisie-attribution a été opérée par application
d’un arrêt de cour d’assises11). Il peut émaner du tiers saisi qui conteste sa propre dette
(mais le tiers ne peut pas opposer la nullité de la saisie au motif de l’irrégularité du titre
exécutoire). La contestation peut mettre en œuvre un vice de fond, ou un vice de forme
tenant à l’irrégularité de la procédure.
L’article R. 211-11 du CPC exéc. a été modifié par le décret nº 2017-892 du 6 mai 2017.
Il prévoit qu’à peine d’irrecevabilité, les contestations relatives à la saisie sont formées
dans le délai d’un mois à compter de la dénonciation de la saisie au débiteur. Sous la
même sanction, elles sont dénoncées le même jour ou, au plus tard, le premier jour
ouvrable suivant, par lettre recommandée avec demande d’avis de réception, au
commissaire de justice qui a procédé à la saisie.
L’auteur de la contestation en informe le tiers saisi par lettre simple. Il remet une copie
de l’assignation, à peine de caducité de celle-ci, au greffe du juge de l’exécution au
plus tard le jour de l’audience.
La jurisprudence interprète restrictivement la notion de contestation au sens de
l’article L. 211-4 du CPC exéc. : ainsi, elle considère que le fait pour l’intéressé de
soutenir qu’il n’est pas le débiteur visé au titre exécutoire constitue une difficulté d’exé-
cution, et non une contestation de la saisie, ce qui signifie que l’intéressé n’est pas
soumis au délai d’un mois ; de même, le fait de contester le titre servant de fondement
à la saisie-attribution n’est pas soumis au délai de ce texte, comme la contestation de la
sincérité de la déclaration du tiers saisi.
Si le délai est expiré, la contestation est irrecevable mais le débiteur peut toujours agir à ses
frais en répétition de l’indu devant le juge du fond compétent (CPC exéc., art. L. 211-4,
dern. al.). Le JEX n’a pas le pouvoir de statuer sur la répétition de l’indu.
Le juge de l’exécution statue sur la contestation. Plusieurs issues sont concevables.
Il peut rejeter la contestation, ce qui oblige le tiers saisi à payer le créancier sur présenta-
tion de cette décision, après que ladite décision a été notifiée aux parties en cause (CPC
exéc., art. R. 211-13). L’article R. 211-12 du CPC exéc. permet au juge de l’exécution,
lorsqu’il apparaît que ni le montant de la créance du saisissant, ni la dette du tiers saisi
ne sont sérieusement contestables, d’ordonner provisionnellement le paiement d’une
somme qu’il détermine, en prescrivant le cas échéant des garanties. Cette décision n’a
pas autorité de chose jugée au principal.
Il peut admettre la contestation et annuler la saisie-attribution, ce qui entraînera sa
mainlevée.

——
11. CA Paris, 31 oct. 2002 : D. 2003, p. 1473, obs. Julien.
CHAPITRE 8 – La saisie-attribution 133

Il se peut que la contestation ne porte que sur une fraction de la dette. Dans ce cas, le
JEX donne effet à la saisie pour la fraction non contestée de la dette, et sa décision est
exécutoire sur minute (CPC exéc., art. R. 211-12, al. 1er). Même en cas d’appel de la
décision, le dispositif de l’article R. 122-22 alinéa 2 n’est pas applicable (demande de
sursis à exécution et suspension des poursuites).

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2• LA SAISIE-ATTRIBUTION SOUMISE À DES DISPOSITIONS
PARTICULIÈRES

A - La saisie-attribution des créances à exécution successive


En principe, la saisie des créances à exécution successive est soumise au droit commun
de la saisie attribution, résultant des articles R. 211-1 à R. 211-13 du CPC exéc. (CPC
exéc., art. R. 211-14). Néanmoins, la Cour de cassation juge que l’effet attributif
s’étend aux sommes échues en vertu de la créance, jusqu’à ce que le créancier soit
rempli de ses droits, et dans la limite de ce que le tiers saisi doit au débiteur12.
Toutefois, les articles R. 211-15 et suivants du CPC exéc. établissent des dispositions
particulières permettant de tenir compte des caractéristiques de ces créances.
Ainsi, en l’absence de contestation, les sommes échues après la saisie sont versées au
créancier saisissant sur présentation du certificat prévu à l’article R. 211-6 du CPC exéc.,
attestant qu’aucune contestation n’a été formée dans le délai. Au fur et à mesure des
échéances, le tiers saisi se libère entre les mains du créancier saisissant ou de son manda-
taire. Le créancier en donne quittance et en informe le débiteur (CPC exéc.,
art. R. 211-15).
En cas de contestation, le tiers saisi s’acquitte des créances échues entre les mains d’un
séquestre désigné sur accord amiable ou sur requête par le juge de l’exécution.
Le juge de l’exécution ordonne la mainlevée de la saisie-attribution dès que les sommes
consignées suffisent à désintéresser le créancier. Le greffe en informe le tiers saisi par
lettre recommandée avec demande d’avis de réception (CPC exéc., art. R. 211-17).
L’article R. 211-17 du CPC exéc. prévoit les modalités d’information des différents
acteurs de la saisie, par lettre RAR Le tiers saisi est informé par le créancier de l’extinction
de la dette du saisi par lettre RAR. La saisie cesse également de produire effet lorsque le
tiers saisi n’est plus tenu envers le débiteur, ce dont il informe le créancier par lettre
recommandée avec demande d’avis de réception.

B - La saisie-attribution des comptes ouverts auprès


d’établissements habilités
La saisie-attribution des comptes est soumise au droit commun des articles R. 211-1 à
R. 211-13 et à l’article L. 162-1 du CPC exéc., mais également aux dispositions

——
12. Cass. 1re civ., 13 mai 2014, nº 12-25511.
134 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

particulières prévues aux articles R. 211-18 et suivants du même code. Elle concerne les
comptes de dépôt, mais également tous les comptes enregistrant des créances de
somme d’argent, ouverts auprès d’un établissement habilité par la loi à tenir des
comptes de dépôt (banques, centres de chèques postaux, caisses d’épargne). La saisie-
attribution peut porter sur tous les comptes d’espèces, comptes courants, comptes de

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dépôt rémunérés ou non.
Lorsque la saisie est pratiquée sur un compte joint, elle est logiquement dénoncée à
chacun des titulaires du compte, mais la Cour de cassation juge qu’aucune caducité de
la saisie n’est encourue en cas de défaut de dénonciation au cotitulaire du compte
joint13. L’article R. 211-22 du CPC exéc. précise alors que si les nom et adresse des
autres titulaires du compte sont inconnus du commissaire de justice, ce dernier
demande à l’établissement qui tient le compte de les informer immédiatement de la
saisie et du montant des sommes réclamées. Il appartient au commissaire de justice
d’interpeller le tiers saisi avec suffisamment de rigueur pour connaître les nom et
adresse des cotitulaires, afin de leur dénoncer la saisie : l’acte de saisie doit mentionner
expressément l’accomplissement de ces formalités.
La déclaration du tiers saisi est soumise à des règles particulières. D’abord, c’est le
siège social ou l’agence qui tient le compte du débiteur qui doit déclarer le solde du ou
des comptes du débiteur au jour de la saisie. Ensuite, l’établissement est obligé de
déclarer le solde du compte ou des comptes du débiteur au jour de la saisie (CPC exéc.,
art. L. 162-1 et R. 211-20), mais il n’a pas à communiquer les mouvements du compte
du débiteur antérieurs à la saisie. Le banquier ne peut pas opposer le secret profes-
sionnel pour refuser de communiquer le solde du compte, cette obligation découlant
de la loi.
Si le débiteur possède plusieurs comptes, le banquier doit en principe déclarer séparé-
ment le solde de chaque compte, sauf dans l’hypothèse d’une convention d’unicité ou
de fusion des différents comptes ouverts, auquel cas le tiers saisi déclare le solde global
de ces comptes. Le tiers ne doit pas se limiter au seul compte de dépôt enregistrant des
sommes d’argent, il doit fournir des relevés des comptes de toute nature détenus par le
débiteur au jour de la saisie-attribution (l’information porte sur des comptes courants,
comptes provision et de gages d’espèces, et comptes de titres).
Il appartient à l’établissement habilité tiers saisi de prendre toute disposition pour faire
recevoir le commissaire de justice par un employé qualifié, afin de lui fournir sur-le-
champ les renseignements et lui communiquer les pièces justificatives, sauf à commettre
une faute caractérisée. Le tiers saisi n’est évidemment pas fondé à opposer le secret
bancaire à la demande du créancier de déclarer la nature et la position des comptes du
débiteur, mais la jurisprudence interdit au JEX d’enjoindre à la banque de produire des
relevés des comptes dont le débiteur est titulaire, cette mesure d’instruction n’étant pas
prévue par l’article L. 162-1 du CPC exéc.

——
13. Cass. 2e civ., 7 juill. 2011 : Bull. civ. II, nº 160 ; D. 2011, p. 2453, Lauvergnat ; D. 2012, chron. 650,
Leroy-Lissinger ; Procédures 2011, comm. 366, Perrot ; Dr. et procéd. 2011, p. 247, Shreiber.
CHAPITRE 8 – La saisie-attribution 135

1) La régularisation des opérations de débit ou de crédit


Le solde existant au jour de la saisie peut être affecté par la régularisation ulté-
rieure d’opérations en cours, à l’avantage ou au préjudice du créancier saisissant.
L’article L. 162-1 du CPC exéc. établit à cet égard différentes règles.

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Dans le délai de quinze jours ouvrables qui suit la saisie-attribution, pendant lequel les
sommes laissées au compte sont indisponibles, et si la date des opérations est antérieure
à la saisie, le solde peut être affecté :
– premièrement, d’opérations de crédit (les remises faites antérieurement, en vue de
leur encaissement, de chèques ou d’effets de commerce non encore portés en
compte) ;
– deuxièmement, d’opérations de débit (l’imputation des chèques remis à l’encaisse-
ment avant la saisie ou portés au crédit du compte avant la saisie et revenus
impayés, les retraits par billetterie effectués avant la saisie et les paiements par
carte dès alors que leurs bénéficiaires ont été effectivement crédités avant la
saisie). Par exception, les effets de commerce remis à l’escompte et non payés à
leur présentation ou à leur échéance lorsqu’elle est postérieure à la saisie, peuvent
être contre-passés dans un délai d’un mois qui suit la saisie-attribution.
Le solde saisi attribué n’est affecté par ces opérations de débit et de crédit que dans la
mesure où leur résultat cumulé est négatif et supérieur aux sommes non frappées par la
saisie au jour de leur règlement (CPC exéc., art. L. 162-1). Il résulte de cette formule que
l’on doit confronter les opérations de crédit et de débit : si le résultat cumulé est négatif,
l’imputation se fait prioritairement sur la fraction des sommes non frappées par la saisie,
mais malgré tout indisponible (ce sont les sommes qui, au jour de la saisie, excèdent le
montant de la créance du poursuivant et qui constituent le solde). Si le débit n’est pas
entièrement absorbé, l’imputation doit se faire sur les sommes saisies-attribuées consti-
tuant le solde saisi-attribué.
L’article R. 162-1 précise qu’en cas de diminution des sommes rendues indisponibles, la
banque doit fournir un relevé de toutes les opérations qu’elle a effectuées sur le compte
depuis le jour de la saisie, et le communiquer par lettre RAR au créancier saisissant au
plus tard 8 jours après l’expiration du délai de contre-passation. Le tiers saisi qui ne
respecte pas cette obligation engage sa responsabilité pour faute.
L’acte de saisie rend en principe indisponible l’ensemble des comptes du débiteur tenus
par le tiers saisi, qui représentent des créances de sommes d’argent (CPC exéc.,
art. R. 211-9). Mais cette indisponibilité totale est parfois écartée. Le créancier saisissant
peut en effet limiter l’effet de la saisie à certains comptes, au vu des renseignements
fournis par le tiers (CPC exéc., art. R. 221-21). Il peut également être mis fin à l’indispo-
nibilité par la constitution d’une garantie irrévocable, à concurrence du montant des
sommes réclamées, cela d’un commun accord des parties ou sur décision du JEX.
Si le débiteur est titulaire de comptes différents, le paiement est effectué en prélevant,
en priorité, les fonds disponibles à vue (CPC exéc., art. R. 221-23), sauf si le débiteur a
prescrit le paiement d’une autre manière.
136 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

2) Le cas du compte alimenté par les gains et salaires d’époux communs


en biens
Lorsqu’un compte, même joint, alimenté par les gains et salaires d’un époux commun
en biens, fait l’objet d’une mesure d’exécution forcée ou d’une saisie-conservatoire

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pour le paiement ou la garantie d’une créance née du chef du conjoint, il est laissé
immédiatement à la disposition de l’époux commun en biens une somme équivalant, à
son choix, au montant des gains et salaires versés au cours du mois précédant la saisie
ou au montant moyen mensuel des gains et salaires versés dans les douze mois précé-
dant la saisie (CPC exéc., art. R. 162-9). Les dispositions du 2e alinéa de l’article R. 162-4
du CPC exéc. sont applicables : s’il résulte des opérations de régularisation que le
montant des sommes qui reviennent au conjoint commun en biens excède le solde qui
demeure disponible au compte, le complément est prélevé sur les sommes indisponibles.
Le tiers saisi doit informer le créancier saisissant, qui dispose de 15 jours pour contester
cette imputation.
En cas de saisie-attribution d’un compte bancaire ouvert au seul nom de l’époux qui
s’est porté caution, sans le consentement de l’autre (C. civ., art. 1415), il incombe au
banquier de rapporter la preuve que le compte est alimenté exclusivement par les
revenus de son titulaire.
En tout état de cause, la saisissabilité des gains et salaires des époux est réglementée par
l’article 1414 du Code civil : les gains et salaires d’un conjoint ne peuvent être saisis par
les créanciers de l’autre conjoint que si l’obligation a été contractée pour l’entretien du
ménage ou l’éducation des enfants conformément à l’article 220 du Code civil.

3) La protection de certaines personnes et la mise à disposition


des sommes indispensables à la vie du débiteur
Afin d’assurer les droits fondamentaux du débiteur et de sa famille, un « reste à vivre » a
été prévu, qui se traduit lorsqu’il y a une saisie entre les mains d’un établissement habi-
lité à tenir des comptes de dépôt, par la mise à disposition du débiteur d’une somme
indispensable pour assurer sa subsistance. Le solde bancaire insaisissable (SBI) est fixé
en référence au montant du revenu de solidarité active (RSA) alloué à une personne
seule. Il ne se cumule pas avec les sommes insaisissables (minima sociaux, prestations
familiales, remboursements de frais médicaux par ex.). Le banquier est tenu de laisser
le SBI à disposition du débiteur, sous réserve que le solde du compte soit créditeur d’au
moins cette somme !
Selon l’article L. 162-2 du CPC exéc., le tiers saisi laisse à disposition du débiteur
personne physique, dans la limite du solde créditeur du ou des comptes au jour de la
saisie, une somme à caractère alimentaire d’un montant égal au montant forfaitaire,
pour un allocataire seul, mentionné à l’article L. 262-2 du Code de l’action sociale et des
familles. Lorsque le débiteur est un entrepreneur individuel à responsabilité limitée, le
premier alinéa ne s’applique qu’à la saisie des comptes afférents à son patrimoine non
affecté. L’article L. 262-2 du Code de l’action sociale et des familles précise ainsi le
« revenu de solidarité active » : « toute personne résidant en France de manière
stable et effective, dont le foyer dispose de ressources inférieures à un revenu garanti,
a droit au revenu de solidarité active dans les conditions définies au présent chapitre.
Le revenu garanti est calculé, pour chaque foyer, en faisant la somme : 1º D’une fraction
des revenus professionnels des membres du foyer ; 2º D’un montant forfaitaire, dont le
CHAPITRE 8 – La saisie-attribution 137

niveau varie en fonction de la composition du foyer et du nombre d’enfants à charge ».


Le revenu de solidarité active est une allocation qui porte les ressources du foyer au
niveau du revenu garanti. Il est complété, le cas échéant, par l’aide personnalisée de
retour à l’emploi mentionnée à l’article L. 5133-8 du Code du travail. Une aide person-
nalisée de retour à l’emploi peut être attribuée par l’organisme au sein duquel le réfé-

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rent mentionné à l’article L. 262-27 du Code de l’action sociale et des familles a été
désigné. Elle a pour objet de prendre en charge tout ou partie des coûts exposés par
l’intéressé lorsqu’il débute ou reprend une activité professionnelle. L’aide personnalisée
de retour à l’emploi est incessible et insaisissable (C. trav., art. L. 5133-8). Le montant
forfaitaire mensuel du revenu de solidarité active pour un allocataire seul est de
559,74 euros (en couple : 839,61 euros) pour 2020 (D. nº 2019-400, 2 mai 2019, les
chiffres seront modifiés en mars 2020).
Cette mise à disposition est automatique : selon l’article R. 162-2 du CPC exéc.,
aucune demande du débiteur n’est nécessaire lorsqu’il est fait application des disposi-
tions de l’article L. 162-2 du CPC exéc. Le tiers saisi avertit aussitôt le débiteur de la
mise à disposition de la somme mentionnée à cet article. En cas de pluralité de
comptes, il est opéré une mise à disposition au regard de l’ensemble des soldes crédi-
teurs ; la somme est imputée en priorité sur les fonds disponibles à vue. En cas de
saisies de comptes ouverts auprès d’établissements différents, le commissaire de justice
ou le comptable public chargé du recouvrement détermine le ou les tiers saisis chargés
de laisser à disposition la somme mentionnée au premier alinéa ainsi que les modalités
de cette mise à disposition. Il en informe les tiers saisis.
Le tiers saisi informe sans délai le commissaire de justice ou le comptable public
chargé du recouvrement du montant laissé à disposition du titulaire du compte ainsi
que du ou des comptes sur lesquels est opérée cette mise à disposition.
Lorsque le compte est alimenté par des rémunérations du travail, et qu’il fait l’objet
d’une procédure de paiement direct (CPC exéc., art. R. 213-10) le tiers saisi laisse en
toute hypothèse à la disposition du débiteur, sans qu’aucune demande soit néces-
saire, la somme fixée à l’article R. 3252-5 du Code du travail en application de
l’article L. 3252-5 du Code du travail (CPC exéc., art. R. 213-10).
Les sommes à caractère alimentaire mises à disposition du titulaire du compte en
application de R. 162-2 et R. 213-10 du CPC exéc., viennent en déduction du montant
des créances insaisissables (CPC exéc., art. R. 162-7) dont le versement pourrait ultérieu-
rement soit être demandé par le titulaire du compte (CPC exéc., art. R. 162-4 et R. 162-5
ou R. 213-10), soit obtenu en application de R. 112-4 du CPC exéc. Les sommes insaisis-
sables mises à disposition du titulaire du compte en application des articles R. 162-4,
R. 162-5 ou R. 213-10 viennent en déduction du montant qui est laissé à disposition en
application de l’article R. 162-2.

4) La protection des créances insaisissables


Lorsqu’un compte en banque est crédité du montant d’une créance insaisissable (en
tout ou en partie, par ex. les rémunérations du travail14), l’insaisissabilité se reporte à
due concurrence sur le solde du compte (CPC exéc., art. R. 112-5). Les créances

——
14. Cass. 2e civ., 24 juin 2004 : Bull. civ. II, nº 323 ; RTD civ. 2004, p. 780, Perrot ; Procédures 2004, comm.
208, Perrot.
138 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

insaisissables sont mises à disposition du titulaire du compte par le tiers saisi, conformé-
ment aux dispositions prévues aux articles R. 213-10 et R. 162-7 du CPC exéc., et au
chapitre II du titre VI du CPC exéc. Le débiteur doit rapporter la preuve du caractère
insaisissable des sommes versées en compte15.
Lorsque les sommes insaisissables proviennent de créances à échéance pério-

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dique, telles que rémunérations du travail, pensions de retraite, sommes payées à titre
d’allocations familiales ou d’indemnités de chômage, le titulaire du compte peut, sur
justification de l’origine des sommes, en demander la mise à disposition immédiate,
déduction faite des opérations venues en débit du compte depuis le dernier versement
de la créance insaisissable.
Si, à l’expiration du délai de quinze jours prévu à l’article L. 162-1 du CPC exéc. pour la
régularisation des opérations en cours, le montant des sommes demandées par le débi-
teur en raison de leur insaisissabilité excède le solde qui demeure disponible au compte,
le complément est prélevé sur les sommes indisponibles à ce jour. Le tiers saisi informe le
créancier de ce prélèvement au moment de sa demande en paiement ; à peine d’irrece-
vabilité, ce dernier dispose d’un délai de quinze jours pour contester cette imputation
(CPC exéc., art. R. 162-4). Lorsque les sommes insaisissables proviennent d’une
créance à échéance non périodique, le titulaire du compte peut, sur justification de
l’origine des sommes, demander que soit laissé à sa disposition le montant de celles-ci,
déduction faite des sommes venues en débit du compte depuis le jour où la créance y a
été inscrite.
La mise à disposition ne peut avoir lieu avant l’expiration du délai de quinze jours pour la
régularisation des opérations en cours. Si, à cette date, le solde disponible au compte
n’est pas suffisant pour mettre à la disposition de son titulaire l’intégralité des sommes
demandées par lui à raison de leur insaisissabilité, le complément est retenu par le tiers
saisi sur les sommes indisponibles à la même date. Le tiers saisi informe le créancier de
cette retenue au moment de sa demande en paiement.
La demande de mise à disposition de sommes insaisissables est limitée dans le temps :
elle doit être présentée avant que le créancier saisissant n’ait demandé le paiement des
sommes saisies (CPC exéc., art. R. 162-6). Si le débiteur n’a pas formé de demande de
mise à disposition, il ne peut pas contester la saisie devant le JEX, puisqu’il n’appartient
qu’à lui de solliciter la mise en œuvre de l’insaisissabilité16.

5) La sanction éventuelle du titulaire du compte


Sans préjudice des sanctions pénales encourues, le titulaire du compte qui se voit mettre
à disposition une somme d’un montant supérieur à celui auquel il peut prétendre en
application des articles du présent chapitre restitue au créancier les sommes indûment
perçues ou mises à sa disposition. En cas de faute de sa part, il peut en outre être
condamné, à la demande du créancier, à des dommages et intérêts (CPC exéc.,
art. R. 162-8).

——
15. Cass. 2e civ., 24 mars 2005 : Bull. civ. II, nº 80 ; Procédures 2005, comm. 107, Piédelièvre ; Dr. et
procéd. 2005, p. 243, Putman.
16. Cass. 2e civ., 7 sept. 2017, nº 16-21408.
CHAPITRE 9
La saisie
des rémunérations

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La saisie des rémunérations est réglementée par le Code du travail. L’article L. 212-1 du
CPC exéc. renvoie aux articles L. 3252-1 à L. 3252-13 et l’article R. 212-1 du CPC exéc.,
aux articles R. 3252-1 à R. 3252-49 du Code du travail.
Il s’agit d’un processus d’exécution forcée qui a pour objet les revenus d’une activité,
dont les particularismes s’expliquent par la nature originale de la créance saisie, qui
présente toujours un caractère alimentaire pour le débiteur et son éventuelle famille, et
par le souci de protéger la relation de travail qui unit le débiteur saisi et le tiers saisi. La
réforme de 1991 avait déjà modifié la procédure antérieure sur deux points essentiels
qui conservent toute leur actualité : les textes modifiés exigeaient que le créancier soit
titulaire d’un titre exécutoire, ce qui excluait la saisie-conservatoire. L’article L. 3252-7
précise expressément que « les rémunérations ne peuvent faire l’objet d’une saisie
conservatoire ». En outre, la saisie des rémunérations n’entraînait aucune attribution
immédiate de la créance saisie, contrairement à la saisie-attribution de droit commun,
ce qui est encore le cas.
La volonté de protéger les intérêts en cause a conduit à l’instauration d’une procédure
particulière devant le juge de l’exécution, dont la compétence en la matière est exclu-
sive (COJ, art. L. 213-6, L. nº 2019-222, 23 mars 2019). Le JEX connaît de la saisie des
rémunérations, « à l’exception des demandes ou moyens de défense échappant à la
compétence des juridictions de l’ordre judiciaire ». Il exerce les pouvoirs du juge de l’exé-
cution. La loi nº 2019-222 du 23 mars 2019 a prévu que : « I. – Dans les conditions
prévues à l’article 38 de la Constitution et aux fins d’améliorer le traitement des procé-
dures concernées et la gestion des fonds en la matière, le Gouvernement est autorisé à
prendre par voie d’ordonnance, dans un délai de douze mois à compter de la date de
publication de la présente loi, les mesures relevant du domaine de la loi nécessaires
pour : 1º Transférer à la Caisse des dépôts et consignations la charge de : a) Recevoir,
gérer et répartir dans les meilleurs délais entre les créanciers saisissants les sommes
versées par le tiers saisi au titre des saisies des rémunérations du travail effectuées en
application des articles L. 3252-1 et suivants du Code du travail ».
140 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

1• LA SPÉCIFICITÉ DU DOMAINE
L’article L. 3252-1 du Code du travail précise que la procédure est applicable « aux
sommes dues à titre de rémunérations à toute personne salariée ou travaillant à

international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:1442913251:88882200:196.113.33.6:1589570684
quelque titre que ce soit et en quelque lieu que ce soit, pour un ou plusieurs employeurs,
quels que soient le montant et la nature de leurs rémunérations, la forme et la nature de
leur contrat ».
On constate donc que les personnes visées par ce texte entrent dans la catégorie des sala-
riés, liées par une relation impliquant un lien de subordination conformément au droit
commun. Néanmoins, certaines catégories professionnelles sont assimilées par la loi aux
salariés pour la mise en œuvre de la procédure de saisie des rémunérations (C. trav. mari-
time, art. 66, pour les marins titulaires d’un contrat d’engagement maritime, loi du
24 août 1930 et décret du 31 juillet 1993 pour la saisie des rémunérations versées par les
personnes morales de droit public aux fonctionnaires). La jurisprudence a étendu la
protection accordée par la procédure de saisie des rémunérations à des personnes assujet-
ties au régime général de la sécurité sociale (CSS, art. L. 311-2), dans la mesure où elles
travaillent dans le cadre d’un service organisé et exercent une activité profitable à autrui
(comme un dirigeant social), même si cette activité régulière pour autrui n’entre pas dans
le cadre d’un contrat de travail. En revanche, sont exclues du domaine de la saisie des
rémunérations toutes les personnes exerçant une profession libérale (comme les avocats),
ou encore percevant des droits d’auteur (CPI, art. L. 333 -1).
Les sommes soumises à cette saisie doivent avoir la nature de rémunérations. Il s’agit
du salaire proprement dit, ainsi que des accessoires (avantages en nature, heures
complémentaires, primes régulières). Dans un arrêt du 9 juillet 2004, l’assemblée
plénière de la Cour de cassation1 a considéré que la saisie des rémunérations s’applique
« que le contrat de travail soit ou non en cours d’exécution » : cela signifie que la saisie
des rémunérations doit pouvoir intégrer, notamment, les indemnités de congés payés,
les indemnités compensatrices de préavis. Lorsque la somme due par l’employeur au
salarié a un caractère indemnitaire, le créancier doit recourir à la saisie-attribution de
droit commun : c’est le cas pour l’indemnité de licenciement, pour rupture abusive du
contrat de travail ou pour l’indemnité de clientèle des VRP.

A - Proportion saisissable des rémunérations du travail


La fraction de la rémunération du travail saisissable est limitée par la loi dans un but
humanitaire, pour garantir le droit à un minimum vital au débiteur. Sous réserve des
dispositions relatives aux pensions alimentaires prévues à l’article L. 3252-5 du Code du
travail (qui précise que le prélèvement direct du terme mensuel courant et des 6 derniers
mois impayés des pensions alimentaires peut être poursuivi sur l’intégralité de la rému-
nération ; il est d’abord imputé sur la fraction insaisissable, puis, s’il y a lieu, sur la frac-
tion saisissable, mais une somme est laissée à la disposition du salarié, V. infra), les

——
1. Bull. avis, no 11 ; D. 2004, IR, p. 2273 ; RTD civ. 2004, p. 779, obs. Perrot ; Dr. et procéd. 2004, p. 349,
note Bourdillat, à propos de rappels de salaires et de congés payés.
CHAPITRE 9 – La saisie des rémunérations 141

sommes dues à titre de rémunération ne sont saisissables ou cessibles que dans des
proportions et selon des seuils de rémunération affectés d’un correctif pour toute
personne à charge, déterminés par décret en Conseil d’État (C. trav., art. L. 3252-2). Ce
décret précise les conditions dans lesquelles ces seuils et correctifs sont révisés en
fonction de l’évolution des circonstances économiques.

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L’article R. 3252-2 du Code du travail, modifié en dernier lieu par le décret nº 2018
-1156 du 14 décembre 2018, précise :
L’article R. 3252-2 du code du travail, modifié par le décret no 2019-1509 du
30 décembre 2019 révisant le barème des saisies et cessions des rémunérations entré
en vigueur le 1er janvier 2020, précise que la proportion dans laquelle les sommes dues
à titre de rémunération sont saisissables ou cessibles, fixée comme suit :
1o Le vingtième, sur la tranche inférieure ou égale à 3 870 € ;
2o Le dixième, sur la tranche supérieure à 3 870 € et inférieure ou égale à 7 550 € ;
3o Le cinquième, sur la tranche supérieure à 7 550 € et inférieure ou égale à 11 250 € ;
4o Le quart, sur la tranche supérieure à 11 250 € et inférieure ou égale à 14 930 € ;
5o Le tiers, sur la tranche supérieure à 14 930 € et inférieure ou égale à 18 610 € ;
6o Les deux tiers, sur la tranche supérieure à 18 610 € et inférieure ou égale à 22 360 € ;
7o La totalité, sur la tranche supérieure à 22 360 €.

B - Augmentation des seuils


Selon l’article R. 3252-3 du Code du travail (modifié par D. nº 2019-1509 du 30 déc.
2019), les seuils déterminés à l’article R. 3252-2 sont augmentés d’un montant de
1 490 € par personne à la charge du débiteur saisi ou du cédant, sur justification
présentée par l’intéressé. Sont considérés comme personnes à charge :
1º Le conjoint, le partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou le concubin du débiteur,
dont les ressources personnelles sont inférieures au montant forfaitaire du revenu de
solidarité active mentionné à l’article L. 262-2 du Code de l’action sociale et des familles,
fixé pour un foyer composé d’une seule personne tel qu’il est fixé chaque année par
décret ;
2º L’enfant ouvrant droit aux prestations familiales en application des articles L. 512-3 et
L. 512-4 du Code de la sécurité sociale et se trouvant à la charge effective et perma-
nente du débiteur au sens de l’article L. 513-1 du même code. Est également considéré
comme étant à charge l’enfant à qui ou pour l’entretien duquel le débiteur verse une
pension alimentaire ;
3º L’ascendant dont les ressources personnelles sont inférieures au montant forfaitaire
du revenu de solidarité active mentionné à l’article L. 262-2 du Code de l’action sociale
et des familles, fixé pour un foyer composé d’une seule personne et qui habite avec le
débiteur ou auquel le débiteur verse une pension alimentaire.
Les seuils et correctifs prévus à l’article R. 3252-3 du Code du travail sont révisés
annuellement par décret en fonction de l’évolution de l’indice des prix à la consom-
mation, hors tabac, des ménages urbains dont le chef est ouvrier ou employé tel qu’il
est fixé au mois d’août de l’année précédente dans la série France-entière. Ils sont
arrondis à la dizaine d’euros supérieure (C. trav., art. R. 3252-4).
142 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

Détermination de la fraction insaisissable, selon l’article L. 3252-3 du Code du travail


Selon l’article L. 3252-3 du Code du travail, modifié par loi nº 2016-1917 du 29 décembre
2016 – art. 60 (VD), pour la détermination de la fraction insaisissable, il est tenu compte du
montant de la rémunération, de ses accessoires ainsi que de la valeur des avantages en

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nature, après déduction des cotisations et contributions sociales obligatoires et de la retenue à
la source prévue à l’article 204 A du Code général des impôts. Il est en outre tenu compte
d’une fraction insaisissable égale au montant forfaitaire mentionné à l’article L. 262-2 du
Code de l’action sociale et des familles applicable à un foyer composé d’une seule personne.
Il n’est pas tenu compte des indemnités insaisissables, des sommes allouées à titre de
remboursement de frais exposés par le travailleur et des allocations ou indemnités pour
charges de famille. Lorsqu’un débiteur perçoit de plusieurs payeurs des sommes saisissables
ou cessibles dans les conditions prévues par le présent chapitre, la fraction saisissable est
calculée sur l’ensemble de ces sommes. Les retenues sont opérées selon les modalités détermi-
nées par décret en Conseil d’Etat (C. trav., art. L. 3252-4).

Un régime particulier est prévu pour les créanciers d’aliments. Le prélèvement direct du
terme mensuel courant et des six derniers mois impayés des pensions alimentaires
peut être poursuivi sur l’intégralité de la rémunération. Il est d’abord imputé sur la
fraction insaisissable et, s’il y a lieu, sur la fraction saisissable (C. trav., art. L. 3252-5).
Toutefois, une somme est, dans tous les cas, laissée à la disposition du salarié dans
des conditions déterminées par décret en Conseil d’État. L’article R. 3252-5 précise à
cet égard que la somme laissée dans tous les cas à la disposition du salarié dont la rému-
nération fait l’objet d’une saisie ou d’une cession, en application du second alinéa de
l’article L. 3252-5 du Code du travail est égale au montant forfaitaire mentionné au
2º de l’article L. 262-2 du Code de l’action sociale et des familles fixé pour un foyer
composé d’une seule personne (le montant du RSA est donc totalement insaisissable).
Les seuils et correctifs sont révisés annuellement par décret en fonction de l’évolution de
l’indice des prix à la consommation, hors tabac, des ménages urbains dont le chef est
ouvrier ou employé tel qu’il est fixé au mois d’août de l’année précédente dans la série
France entière. Ils sont arrondis à la dizaine d’euros supérieure.

2• L’ORIGINALITÉ DE LA PROCÉDURE
Le créancier doit être muni d’un titre exécutoire constatant une créance liquide et
exigible, conformément au droit commun des mesures d’exécution (C. trav.,
art. R. 3252-1).

A - Compétence
La procédure de saisie des rémunérations se déroule devant le juge de l’exécution.
Selon l’article R. 3252-7 (modifié par D. nº 2019-913, 30 août 2019, art. 25), le juge de
l’exécution compétent pour connaître de la saisie des sommes dues à titre de rémunéra-
tion est celui du domicile du débiteur. Si celui-ci réside à l’étranger ou n’a pas de
CHAPITRE 9 – La saisie des rémunérations 143

domicile connu, la procédure est portée devant le juge de l’exécution du lieu où


demeure le tiers saisi. Ces règles de compétence sont d’ordre public.
Le greffe du TJ joue un rôle important dans cette saisie. En effet, il est tenu au greffe de
chaque tribunal judiciaire des fiches individuelles sur lesquelles sont mentionnés tous
les actes d’une nature quelconque, décisions et formalités auxquels donne lieu l’exécu-

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tion des dispositions du présent chapitre. Les fiches peuvent être tenues sur support
électronique. Le système de traitement des informations en garantit l’intégrité et la
confidentialité et permet d’en assurer la conservation (C. trav., art. R. 3252-9, modifié
par D. nº 2019-966, 18 sept. 2019, art. 8)
Afin de décharger partiellement, la loi nº 2019-222 du 23 mars 2019 a prévu que « Dans
les conditions prévues à l’article 38 de la Constitution et aux fins d’améliorer le traite-
ment des procédures concernées et la gestion des fonds en la matière, le Gouvernement
est autorisé à prendre par voie d’ordonnance, dans un délai de douze mois à compter de
la date de publication de la présente loi, les mesures relevant du domaine de la loi néces-
saires pour : 1º Transférer à la Caisse des dépôts et consignations la charge de : a) Rece-
voir, gérer et répartir dans les meilleurs délais entre les créanciers saisissants les sommes
versées par le tiers saisi au titre des saisies des rémunérations du travail effectuées en
application des articles L. 3252-1 et suivants du Code du travail ».
Depuis le 1er janvier 2020, le régisseur installé auprès du greffe du tribunal judiciaire ou,
le cas échéant, de l’une de ses chambres de proximité verse les sommes dont il est
comptable au préposé de la Caisse des dépôts et consignations le plus rapproché du
siège du tribunal auprès duquel le greffe est installé, qui lui ouvre un compte spécial. Il
opère ses retraits pour les besoins des répartitions, sur leur simple quittance, en justifiant
de l’autorisation du directeur de greffe (C. trav., art. R. 3252-10, modifié par D. nº 2019-
913, 30 août 2019, art. 25).

B - La tentative obligatoire de conciliation


La saisie est précédée d’une tentative de conciliation, en chambre du conseil
(C. trav., art. R. 3252-12). L’absence de ce préliminaire entraîne la nullité de la saisie.

1) La requête
La demande est formée par requête remise ou adressée au greffe par le créancier. Outre
les mentions prescrites par l’article 57 du Code de procédure civile, la requête contient,
à peine de nullité : 1º Les nom et adresse de l’employeur du débiteur ; 2º Le décompte
distinct des sommes réclamées en principal, frais et intérêts échus ainsi que l’indication
du taux des intérêts ; 3º Les indications relatives aux modalités de versement des
sommes saisies. Une copie du titre exécutoire est jointe à la requête. (C. trav.,
art. R. 3252-13, modifié par D. nº 2019-1333, 11 déc. 2019, art. 36).
Conformément au I de l’article 55 du décret nº 2019-1333 du 11 décembre 2019, ces
dispositions sont entrées en vigueur le 1er janvier 2020. Elles sont applicables aux
instances en cours à cette date.
144 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

2) L’information et la convocation des parties


Le greffier avise le demandeur des lieu, jour et heure de la tentative de conciliation par
tout moyen (soit verbalement contre délivrance d’un récépissé, soit par lettre simple ou
par la voie électronique si les conditions sont remplies) (C. trav., art. R. 3252-14).

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Le greffier convoque le débiteur à l’audience. La convocation : 1º Mentionne les
nom, prénom et adresse du créancier ou, s’il s’agit d’une personne morale, sa dénomi-
nation et son siège social ; 2º Indique les lieu, jour et heure de la tentative de concilia-
tion ; 3º Contient l’objet de la demande et l’état des sommes réclamées, avec le
décompte distinct du principal, des frais et des intérêts échus ; 4º Indique au débiteur
qu’il doit élever lors de cette audience toutes les contestations qu’il peut faire valoir et
qu’une contestation tardive ne suspendrait pas le cours des opérations de saisie
(C. trav., art. R. 3252-15) ; 5º Reproduit les dispositions de l’article L. 3252-11 relatives à
la représentation des parties (C. trav., art. R. 3252-15). Ce dernier texte précise que les
parties peuvent se faire représenter par un avocat, par un officier ministériel du ressort,
lequel est dispensé de produire une procuration, ou par tout autre mandataire de leur
choix muni d’une procuration. Si ce mandataire représente le créancier saisissant, sa
procuration doit être spéciale à l’affaire pour laquelle il représente son mandant.
Le créancier et le débiteur doivent être convoqués quinze jours au moins avant la date
de l’audience de conciliation, afin de disposer d’un temps suffisant pour assurer leur
défense (C. trav., art. R. 3252-16).

3) L’audience de conciliation
À l’audience, le juge tente de concilier les parties (C. trav., art. R. 3252-17). Un accord
peut être conclu qui met fin à la procédure de saisie.
Le défaut de comparution des parties à l’audience de conciliation donne lieu à un
dispositif particulier (C. trav., art. R. 3252-19). Si le créancier ne comparaît pas, il est fait
application des dispositions de l’article 468 du Code de procédure civile, ce qui signifie
notamment que le juge d’instance peut même d’office déclarer la citation caduque, à
moins que le demandeur puisse fournir un motif légitime pour que l’affaire soit renvoyée
à une audience ultérieure. Si le débiteur ne comparaît pas, il est procédé à la saisie, à
moins que le juge n’estime qu’une nouvelle convocation soit nécessaire (notamment si
la précédente convocation n’était pas régulière).
Si les parties ne se concilient pas, le juge vérifie le montant de la créance en principal,
intérêts et frais pour qu’il soit procédé à la saisie. En principe, le procès-verbal de non-
conciliation, qui n’est pas un jugement, ne tranche aucune contestation et n’a pas auto-
rité de la chose jugée2. Mais le juge a le pouvoir, le cas échéant, de trancher préalable-
ment les contestations soulevées par le débiteur (C. trav., art. R. 3252-19). Les contesta-
tions auxquelles donne lieu la saisie sont formées, instruites et jugées selon les règles de
la procédure orale ordinaire devant le tribunal judiciaire (C. trav., art. R. 3252-8, modifié
par D. nº 2019-1333, 11 déc. 2019, art. 36).

——
2. Cass. 2e civ., 26 janv. 2017, nº 15-29095.
CHAPITRE 9 – La saisie des rémunérations 145

C - Les opérations de saisie


Il appartient au greffier en chef de veiller au bon déroulement des opérations de saisie
(C. trav., art. R. 3252-20). Au vu du procès-verbal de non-conciliation, il procède à la
saisie dans les huit jours en établissant un acte de saisie. Si l’audience de conciliation a

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donné lieu à un jugement, notamment pour trancher une contestation soulevée par le
débiteur, le délai de huit jours court à compter de la notification du jugement si ce
dernier est exécutoire, et à l’expiration des délais de recours ouverts contre ce jugement
(C. trav., art. R. 3252-21).
L’acte de saisie contient les mentions prévues par l’article R. 3252-22 du Code du
travail. Il s’agit des nom, prénom et domicile du débiteur et du créancier, du décompte
distinct des sommes pour lesquelles la saisie est pratiquée, en principal, frais et intérêts
échus avec la mention du taux des intérêts, du mode de calcul de la fraction saisissable,
et des modalités de son règlement, de l’injonction d’effectuer au greffe, dans un délai
de quinze jours, la déclaration prévue par l’article L. 3252-9 du Code du travail et enfin
de la reproduction des articles L. 3252-9 et L. 3252-10 du Code du travail.
L’acte de saisie est porté à la connaissance des intéressés. D’une part, il est notifié à
l’employeur par lettre recommandée avec demande d’avis de réception (C. trav.,
art. R. 3252-6 : en l’absence de disposition contraire, les notifications et convocations
faites en application du présent chapitre sont adressées par lettre recommandée avec
avis de réception). D’autre part, il est donné en copie au débiteur saisi par lettre simple
avec les indications qu’en cas de changement d’employeur, la saisie sera poursuivie
entre les mains du nouvel employeur (C. trav., art. R. 3252-23).
L’employeur est alors tenu de respecter plusieurs obligations :
– d’abord, dans un délai de quinze jours au plus tard à compter de la notification
de l’acte de saisie, il doit faire une déclaration et fournir au greffe les rensei-
gnements mentionnés à l’article L. 3252-9. Il doit donc faire connaître la situa-
tion de droit existant entre lui-même et le débiteur saisi, ainsi que les cessions,
saisies, avis à tiers détenteur ou paiements directs de créances d’aliments en
cours d’exécution. Des sanctions sont prévues pour le tiers employeur saisi qui
s’abstient, sans motif légitime, de faire cette déclaration ou qui fait une décla-
ration mensongère : le tiers peut être condamné par le juge d’instance au paie-
ment d’une amende civile (qui ne peut pas excéder 10 000 euros : C. trav.,
art. R. 3252-25) sans préjudice d’une condamnation à des dommages-intérêts.
Il peut même être déclaré débiteur des retenues qui auraient dû être opérées
et que le juge détermine à l’aide des éléments dont il dispose (C. trav., art.
L. 3252-10) ;
– ensuite, le tiers saisi à l’obligation de verser mensuellement les retenues pour
lesquelles la saisie est opérée dans les limites des sommes disponibles, et à la condi-
tion que le contrat de travail entre lui et le débiteur saisi se poursuive. À défaut, le
JEX pourrait même d’office, déclarer le tiers saisi débiteur des retenues qui auraient
dû être opérées et qu’il détermine au vu des éléments dont il dispose.
L’article R. 3252-28 du Code du travail prévoit que si l’employeur omet d’effectuer
les versements, le JEX rend à son encontre une ordonnance le déclarant personnel-
lement débiteur. Cette ordonnance est notifiée à l’employeur et le greffe en avise le
créancier et le débiteur. À défaut d’opposition dans les quinze jours de la
146 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

notification, l’ordonnance devient exécutoire et son exécution est poursuivie à la


requête de la partie la plus diligente. L’employeur disposera d’un recours contre le
débiteur saisi pour obtenir le remboursement des sommes versées, après la main-
levée de la saisie.
L’employeur adresse tous les mois au greffe une somme égale à la fraction saisis-

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sable du salaire. Lorsqu’il n’existe qu’un seul créancier saisissant, le versement est
réalisé au moyen d’un chèque libellé conformément aux indications données par celui-
ci. Le greffier l’adresse dès sa réception, et après mention au dossier, au créancier ou à
son mandataire. L’employeur peut également procéder par virement, établi, conformé-
ment aux indications données par le créancier. Dans ce cas, il lui incombe de justifier
auprès du greffe de la date et du montant du virement. S’il existe plusieurs créanciers
saisissants, le versement est fait par chèque ou par virement établi à l’ordre du régisseur
installé auprès du greffe du tribunal judiciaire ou le cas échéant, de l’une de ses cham-
bres de proximité (C. trav., art. R. 3252-27, modifié par D. nº 2019-913, 30 août 2019,
art. 2, conformément à l’article 36 du D. nº 2019-913, 30 août 2019, ces dispositions
sont entrées en vigueur le 1er janvier 2020). La mainlevée de la saisie résulte de
l’accord du créancier ou de la constatation par le juge de l’extinction de la dette. Elle
est notifiée à l’employeur dans les huit jours (C. trav., art. R. 3252-29).

D - Les aménagements procéduraux


1) La pluralité de créanciers
Tous les créanciers munis d’un titre exécutoire peuvent intervenir à la procédure de
saisie des rémunérations en cours. Ils participent ainsi à la répartition des sommes
saisies sans être tenus de procéder à une tentative préalable de conciliation (C. trav.,
art. R. 3252-30). En effet, tout créancier muni d’un titre exécutoire peut, sans tentative
de conciliation préalable, intervenir à une procédure de saisie des sommes dues à titre
de rémunération en cours, afin de participer à la répartition des sommes saisies. L’inter-
vention est formée par requête remise contre récépissé ou adressée au greffe, qui
contient les énonciations requises par l’article R. 3252-13.
Après que le juge de l’exécution a vérifié le montant, en principal, intérêts et frais, de la
créance nouvelle faisant l’objet d’une intervention à une saisie en cours, le greffier avise
le débiteur et les créanciers qui sont parties à la procédure de cette intervention. Lors de
la première intervention, le greffier informe l’employeur que les versements sont désor-
mais effectués à l’ordre du régisseur installé auprès du greffe du tribunal judiciaire ou le
cas échéant, de l’une de ses chambres de proximité (C. trav., art. R. 3252-31, modifié par
D. nº 2019-913, 30 août 2019, art. 2 ; conformément à l’article 36 du D. nº 2019-913,
30 août 2019, ces dispositions sont entrées en vigueur le 1er janvier 2020).
CHAPITRE 9 – La saisie des rémunérations 147

Des règles spéciales prévoient la répartition des sommes versées au régisseur


installé auprès du greffe du tribunal judiciaire ou le cas échéant, de l’une de ses
chambres de proximité
Aux termes de l’article R. 3252-34 du Code du travail (mod. D. nº 2019-913, 30 août 2019,

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entré en vigueur le 1er janvier 2020), la répartition des sommes versées, en cas de saisie de
sommes dues à titre de rémunération, au régisseur installé auprès du greffe du tribunal judi-
ciaire ou le cas échéant, de l’une de ses chambres de proximité est opérée au moins tous les
six mois, à moins que dans l’intervalle les sommes atteignent un montant suffisant pour désin-
téresser les créanciers. Le greffe notifie à chaque créancier l’état de la répartition. Celui-ci
peut être contesté dans le délai de quinze jours de sa notification. À défaut de contestation, le
greffe envoie à chaque créancier un chèque du montant des sommes qui lui sont dues (C. trav.,
art. R. 3252-36). Si la répartition est contestée, il est procédé au versement des sommes dues
aux créanciers lorsque le juge a statué sur la contestation (C. trav., art. R. 3252-36). Dans
l’hypothèse où une intervention a été contestée, les sommes provenant du créancier interve-
nant sont consignées. Elles lui sont remises dans le cas où la contestation est rejetée. Dans le
cas contraire, les sommes sont distribuées aux créanciers ou restituées au débiteur (C. trav.,
art. R. 3252-35).

2) Les incidents

a) La notification à l’employeur d’un avis à tiers détenteur


Conformément au livre des procédures fiscales (LPF, art. L. 262 et L. 263), cette notification
suspend le cours de la saisie jusqu’à l’extinction de l’obligation du redevable
(art. R. 3252-37).
Deux situations doivent être distinguées.
– la notification à l’employeur d’une saisie administrative à tiers détenteur relative à
une créance garantie par le privilège du Trésor public conforme à l’article
L. 262 du Livre des procédures fiscales suspend le cours de la saisie jusqu’à l’extinc-
tion de l’obligation du redevable, sous réserve des procédures de paiement direct
engagées pour le recouvrement des pensions alimentaires. L’employeur informe le
comptable public de la saisie en cours. Le comptable indique au greffe du tribunal
la date de la saisie administrative à tiers détenteur relative à une créance garantie
par le privilège du Trésor public détenteur et celle de sa notification au redevable.
Le greffier avise les créanciers de la suspension de la saisie. Après extinction de la
dette du redevable, le comptable en informe le greffe qui avise les créanciers de la
reprise des opérations de saisie (C. trav., art. R. 3252-37, mod. par D. nº 2018-970,
8 nov. 2018).
– en cas de notification à l’employeur d’une saisie administrative à tiers déten-
teur relative à une créance non garantie par le privilège du Trésor public,
conformément à l’article L. 262 du Livre des procédures fiscales, l’employeur
informe le comptable public de la saisie en cours (C. trav., art. R. 3252-38, mod.
D. nº 2019-913, 30 août 2019, art. 2, conformément à l’article 36 du D. nº 2019-
913, 30 août 2019, ces dispositions sont entrées en vigueur le 1er janvier 2020).
« Le comptable adresse au greffe du tribunal une copie de la saisie administrative à
tiers détenteur relative à une créance non garantie par le privilège du Trésor public
et lui indique la date de sa notification au redevable. Le greffier en avise les créan-
ciers qui sont déjà parties à la procédure. La répartition est effectuée par le greffe
148 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

conformément aux articles R. 3252-34 à R. 3252-36. À cet effet, la saisie adminis-


trative à tiers détenteur relative à une créance non garantie par le privilège du
Trésor public est assimilée à une intervention. Le cas échéant, le greffe avise
l’employeur que les versements sont désormais effectués à l’ordre du régisseur
installé auprès du greffe du tribunal judiciaire ou le cas échéant, de l’une de ses

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chambres de proximité. Le comptable public informe le greffe de toute extinction,
de toute suspension et de toute reprise des effets de la saisie administrative à tiers
détenteur relative à une créance non garantie par le privilège du Trésor public ».

b) La notification d’une demande de paiement direct d’une créance


alimentaire
L’employeur doit verser au débiteur la fraction de la rémunération prévue par
l’article L. 3252-5 du Code du travail. Il verse au créancier d’aliments les sommes qui lui
sont dues et, si ces sommes n’excèdent pas la fraction insaisissable de la rémunération,
l’employeur remet le reliquat au débiteur. L’employeur continuera à verser au greffe la
fraction saisissable de la rémunération après avoir imputé les sommes versées au créan-
cier d’aliments (C. trav., art. R. 3252-39).

c) La pluralité de rémunérations
Il appartient au greffier de déterminer les employeurs chargés d’opérer les retenues. Si
l’un des employeurs est en mesure de verser la totalité de la fraction saisissable, la saisie
peut être pratiquée entre ses mains (C. trav., art. R. 3252-40).

d) La fin du lien de droit entre le débiteur et l’employeur ou le changement


d’employeur
L’employeur informe le greffe qu’il n’a plus de lien de droit avec le débiteur, et que les
retenues ne sont plus possibles. Les fonds détenus par le régisseur sont alors répartis
(C. trav., art. R. 3252-43).
En cas de changement d’employeur, les modalités de la poursuite de la saisie sont
prévues à l’article R. 3252-44 (mod. D. nº 2019-913, 30 août 2019, art. 25, entré en
vigueur le 1er janvier 2020). La saisie peut être poursuivie par le nouvel employeur, sans
conciliation préalable, si la demande est faite dans l’année qui suit l’avis donné par
l’ancien employeur. À défaut, la saisie prend fin et les fonds sont répartis. Si, en outre,
le débiteur a transféré le lieu où il demeure dans le ressort d’un autre tribunal d’instance,
le créancier est également dispensé de conciliation préalable à la condition que la
demande de saisie soit faite au greffe du juge de l’exécution de ce tribunal dans
l’année qui suit l’avis donné par l’ancien employeur.

e) Le changement de lieu où demeure le créancier ou le débiteur


Le créancier doit aviser le greffe de son changement de domicile, à moins qu’il n’ait
comparu par mandataire, auquel cas il a élu domicile chez ce mandataire (C. trav.,
art. R. 3252-41).
Si le débiteur transfère son domicile hors du ressort du tribunal saisi de la procédure,
sans changer d’employeur, celle-ci est poursuivie devant ce même tribunal. Les dossiers
des saisies susceptibles d’être ensuite pratiquées contre le débiteur lui sont transmis. Le
greffier avise les créanciers (C. trav., art. R. 3252-42).
CHAPITRE 9 – La saisie des rémunérations 149

3) La cession des sommes dues à titre de rémunération


Les articles R. 3252-45 à R. 3252-49 du Code du travail prévoient les modalités procédu-
rales consécutives à la cession des sommes dues au titre de rémunération. Ainsi, la
cession des rémunérations s’opère par une déclaration du cédant en personne au
greffe du tribunal du lieu où il demeure. Une copie de la déclaration est remise ou noti-

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fiée au cessionnaire. Le greffe, à la demande du cessionnaire, notifie la cession à
l’employeur. Cette notification rend la cession opposable aux tiers et elle est dénoncée
au débiteur. Toute cession qui n’est pas notifiée dans le délai d’un an est périmée, c’est-
à-dire privée d’effet juridique.
À compter de la notification de la cession, l’employeur verse directement au cessionnaire
le montant des sommes cédées dans la limite de la fraction saisissable. S’il survient une
saisie de la somme faisant l’objet d’une cession préalable, le greffe notifie l’acte de saisie
au cessionnaire et l’informe qu’il viendra en concours avec le saisissant pour la réparti-
tion des sommes saisies. Il l’invite à produire un relevé du montant de ce qui lui reste
dû. Le greffe informe l’employeur que les versements devront être effectués à l’ordre
du régisseur.
Si la saisie prend fin avant la cession, le cessionnaire retrouve les droits qu’il tenait de
l’acte de cession. Le greffe en avise l’employeur et informe ce dernier que les sommes
cédées doivent à nouveau être versées directement au cessionnaire, lequel est avisé par
le greffe (C. trav., art. R. 3252-49).
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CHAPITRE 6
La saisie-vente

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Réglementée par les articles L. 221-1 à L. 221-6 du CPC exéc. et les articles R. 221-1 à
R. 221-56 du CPC exéc., la saisie-vente peut être définie comme une procédure d’exécu-
tion autorisant un créancier, muni d’un titre exécutoire constatant une créance liquide et
exigible, à placer sous main de justice et à faire vendre un meuble corporel appartenant
à son débiteur. Les termes de « saisie-vente » remplacent ceux de « saisie-exécution »
utilisés par l’ancien Code de procédure civile, mais la procédure demeure un instrument
d’exécution puisqu’elle aboutit à la vente forcée des biens.

1• LA SAISIE VENTE DE DROIT COMMUN


La saisie-vente des meubles du débiteur est une mesure très redoutée. Elle implique une
pénétration dans un lieu privé, qui peut être le domicile ou le logement familial, et elle
aboutit à la vente forcée de biens servant à la vie quotidienne du débiteur, ce qui est
vécu comme un événement traumatisant. Dans un souci d’humanisation, la réforme a
encadré la saisie-vente pour en faire un instrument d’exécution subsidiaire. De plus, le
déroulement des opérations de saisie obéit à un formalisme protecteur des intérêts légi-
times du débiteur.

A - Une mesure d’exécution subsidiaire


1) Protection du local d’habitation
Aux termes des articles L. 221-2 et R. 221-2 du CPC exéc., la saisie-vente ne peut avoir
lieu dans le local servant à l’habitation du débiteur que si le montant de la créance à
recouvrer est supérieur à 535 euros en principal. En effet, si le montant de la créance
est inférieur à cette somme, sauf s’il s’agit d’une créance alimentaire, le créancier doit
d’abord tenter de recouvrer sa créance au moyen d’une saisie-attribution sur un
compte de dépôt du débiteur, ou d’une saisie des rémunérations du travail. Il s’agit
de protéger l’intimité du débiteur et ses biens mobiliers, et le créancier peut être
condamné à des dommages et intérêts s’il ne respecte pas ce dispositif. Toutefois, le
juge de l’exécution, saisi sur requête, peut exceptionnellement accorder l’autorisation
de pratiquer une saisie-vente dans le local d’habitation, même pour une somme infé-
rieure, par exemple si le créancier peut prouver l’urgence du recouvrement ou la
mauvaise foi du débiteur.
102 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

2) Biens saisissables
La saisie-vente ne peut porter que sur des meubles corporels, à l’exclusion des immeu-
bles par nature. Mais les immeubles par destination, qui sont affectés au service et à
l’exploitation du fonds, ou attachés à un immeuble à perpétuelle demeure (C. civ.,
art. 524) peuvent faire l’objet d’une saisie-vente séparément de l’immeuble, lorsque la

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saisie permet le paiement de leur prix. Les meubles incorporels ne peuvent pas faire
l’objet d’une saisie-vente puisqu’ils sont soumis à d’autres procédures.
Tous les meubles saisissables appartenant au débiteur peuvent faire l’objet d’une saisie-
vente. Peu importe qu’ils soient détenus par le débiteur par un tiers.

B - Un formalisme protecteur
1) La phase préalable : le commandement de payer
Le commandement de payer constitue le préalable obligatoire à la saisie-vente (CPC
exéc., art. L. 221-1 et R. 221-1), et est un acte d’exécution forcée. Il doit être signifié au
domicile réel du débiteur et non à son domicile élu, selon les modalités de droit commun
de la signification par commissaire de justice ; il peut être signifié en même temps que le
jugement (CPC exéc., art. R. 221-4). Sans doute, cette formalité préalable présente
l’inconvénient d’avertir un débiteur de mauvaise foi qu’une saisie-vente va être prati-
quée, et elle risque de l’inciter à se rendre insolvable. C’est un souci de protection des
intérêts du débiteur qui a conduit le législateur à maintenir cette exigence. Le comman-
dement peut aussi constituer un instrument d’incitation pour le débiteur à régler ses
dettes pour éviter la vente de ses meubles.

a) Contenu
À peine de nullité, le commandement doit contenir deux séries d’indications (CPC exéc.,
art. R. 221-3) :
– la mention du titre exécutoire qui sert de fondement aux poursuites, ce qui permet
de vérifier que le créancier est bien muni d’un titre exécutoire constatant une
créance liquide et exigible. Le commandement doit aussi contenir le décompte
distinct des sommes réclamées en principal, intérêts échus, ainsi que l’indication du
taux des intérêts. Mais, en cas d’erreur sur le montant des sommes réclamées, la
jurisprudence considère que le commandement reste valable pour les parties non
contestables de la dette1 ;
– le commandement d’avoir à payer la dette dans un délai de huit jours, faute de quoi
le débiteur pourra y être contraint par la vente forcée de ses biens meubles, si
aucune saisie sur un compte de dépôt ou sur les rémunérations n’est possible ;
– l’injonction de communiquer au commissaire de justice du poursuivant, dans un
délai de 8 jours, les nom et adresse de son employeur et les références de ses
comptes bancaires ou l’un de ces deux éléments seulement.

——
1. Cass. 3e civ., 6 mai 1998 : D. 1999, p. 172, note Ruellan et Lauba.
CHAPITRE 6 – La saisie-vente 103

b) Effets
La signification du commandement de payer vaut mise en demeure du débiteur. En
conséquence, elle fait courir les intérêts moratoires (sous réserve d’actes antérieurs ;
C. civ., art. 1153). Comme il s’agit d’un acte d’exécution forcée, la signification du
commandement interrompt la prescription de la créance (C. civ., art. 2244). Elle est

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aussi le point de départ d’un certain nombre de délais :
– 8 jours pour le paiement de la dette et à défaut de la réalisation de la saisie (CPC
exéc., art. R. 221-10) ;
– 8 jours pour la communication des informations par le débiteur (CPC exéc.,
art. R. 221-3-3º).
Néanmoins, le commandement ne peut servir de fondement à des opérations de saisie-
vente que s’il est suivi d’un acte d’exécution dans un délai de deux ans à compter de sa
signification (CPC exéc., art. R. 221-5). À défaut, le créancier doit précéder à la significa-
tion d’un nouveau commandement pour procéder à la saisie-vente. Malgré cela, l’acte
produit toujours un effet interruptif de la prescription et conserve son effet de mise en
demeure2. De plus, l’anéantissement du commandement n’est effectif qu’après l’expira-
tion du délai de 2 ans : l’inaction du créancier ne peut pas être analysée comme une
renonciation aux poursuites.
La signification ne produit tous ses effets que si elle a été régulièrement effectuée (le
régime de la nullité est celui du droit commun).

2) Les opérations de saisie


Les articles R. 221-9 et suivants du CPC exéc. précisent les règles générales. D’abord, le
commissaire de justice se rend sur les lieux où se trouvent les biens mobiliers apparte-
nant au débiteur, qu’il s’agisse du domicile ou de tout autre lieu. Les opérations de
saisie ne commencent qu’à l’expiration d’un délai de huit jours à compter de la significa-
tion du commandement de payer. Le commissaire de justice peut photographier les
objets saisis ; il conserve les photographies en vue de la vérification des biens saisis, et
ne peut les communiquer qu’à l’occasion d’une contestation formée devant le juge.

a) Entre les mains du débiteur


1. Itératif commandement
Si le débiteur est présent sur les lieux, le commissaire de justice réitère verbalement la
demande de paiement. Cet itératif commandement a pour objet d’éviter la poursuite
de la mesure d’exécution forcée, le débiteur étant informé qu’il peut encore payer spon-
tanément sa dette. À défaut de paiement, le commissaire de justice invite le débiteur à
lui faire connaître les biens qui auraient fait l’objet d’une saisie antérieure (le commis-
saire de justice devrait alors procéder par opposition). L’acte de saisie mentionne cette
déclaration (CPC exéc., art. R. 221-15 et R. 221-16). Lorsque la saisie-vente repose sur
une autorisation du juge, le commissaire de justice doit en informer le débiteur, et
l’autorisation est annexée à son procès-verbal (CPC exéc., art. R. 211-11).

——
2. Cass. 1re civ., 4 oct. 2005 : Procédures 2005, comm. 278, obs. Perrot, la seule inaction du créancier ne
permet pas d’en déduire qu’il a renoncé aux poursuites – Cass. 2e civ., 16 mars 2017, nº 16-12610 : le
commandement n’est pas frappé de caducité.
104 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

2. Accès aux lieux


Si le débiteur ne coopère pas, le commissaire de justice peut faire procéder à l’ouverture
forcée des portes de l’immeuble. En l’absence du débiteur ou de toute autre personne,
le commissaire de justice doit assurer la fermeture de la porte ou de l’issue par laquelle il

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a pénétré dans les lieux (CPC exéc., art. L. 142-2). Lorsque les lieux de la saisie servent à
l’habitation, les articles L. 142-1 et L. 142-3 du CPC exéc. prévoient des dispositions
particulières (v. supra). Ainsi, conformément aux principes généraux, le commissaire de
justice est autorisé à pénétrer dans le local servant à l’habitation, mais il ne peut pas
pénétrer seul dans ce local si l’occupant est absent ou en refuse l’accès : le commissaire
de justice peut alors effectuer les opérations de saisie en présence du maire de la
commune, d’un conseiller municipal ou d’un fonctionnaire municipal délégué par le
maire à cette fin, des autorités de police ou de gendarmerie, requis pour assister au
déroulement des opérations, ou, à défaut, de deux témoins majeurs qui ne sont au
service ni du créancier, ni du commissaire de justice chargé de l’exécution. De plus, à
l’expiration d’un délai de 8 jours à compter d’un commandement de payer signifié et
resté sans effet, l’e commissaire de justice peut, sur justification du titre exécutoire,
pénétrer dans le lieu servant à l’habitation (et le cas échéant, faire procéder à
l’ouverture des portes et des meubles).
3. Inventaire ou procès-verbal de carence
Lecommissaire de justice procède à l’inventaire des biens qui peuvent faire l’objet
d’une saisie. Si aucun bien n’est susceptible d’être saisi, ou si, manifestement, aucun
bien n’a de valeur marchande, le commissaire de justice dresse un procès-verbal de
carence (CPC exéc., art. R. 221-14).
Le commissaire de justice mentionne les opérations dans un procès-verbal de saisie,
dont le contenu est prévu, à peine de nullité, par l’article R. 221-16 du CPC exéc. Les
mentions prévues sont : la référence titre en vertu duquel la saisie est pratiquée, l’inven-
taire des biens saisis comportant la désignation détaillée des biens saisis3 (l’indication des
seuls numéros d’immatriculation des véhicules automobiles suffit), si le débiteur est
présent, sa déclaration relative à une saisie antérieure des biens, l’indication de l’identité
des personnes qui ont assisté aux opérations de saisie (ces personnes doivent apposer
leur signature sur l’original et les copies).
L’acte de saisie informe le débiteur des conséquences qui sont attachées : il
mentionne en caractères très apparent que les biens saisis sont indisponibles, qu’ils
sont placés sous la garde du débiteur, qu’ils ne peuvent être aliénés ou déplacés sauf
cause légitime et avec l’obligation d’en informer le créancier. À cet égard, les sanctions
prévues par le Code pénal relativement au détournement et à la destruction d’objets
saisis (C. pén., art. 314-6) sont indiquées. L’acte indique que le débiteur est tenu de
faire connaître la saisie à tout créancier qui procéderait à une nouvelle saisie des
mêmes biens. Enfin l’acte indique au débiteur les diverses possibilités d’assurer sa
défense : il est mentionné que le débiteur dispose d’un délai d’un mois pour procéder à
la vente amiable des biens saisis, la juridiction devant laquelle seront portées les

——
3. À défaut, l’acte est nul, Cass. 2e civ., 30 sept. 1999 : Bull. civ. II, no 149 ; Procédures 1999, comm. 246,
obs. Perrot.
CHAPITRE 6 – La saisie-vente 105

contestations relatives à la saisie-vente est désignée. L’acte est signé par le commissaire
de justice.
4. Remise ou signification de l’acte de saisie
L’information du débiteur se réalise différemment selon qu’il est présent ou non aux

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opérations de saisie.
S’il est présent, le commissaire de justice lui remet directement la copie de l’acte (CPC
exéc., art. R. 221-17). Cette remise vaut une signification. Pour assurer une information
effective du débiteur, le commissaire de justice lui rappelle verbalement que les biens
seront désormais indisponibles et qu’il en est le gardien (le juge de l’exécution peut
ordonner sur requête, à tout moment et même avant le début des opérations de saisie,
que des biens seront remis à un séquestre qu’il désigne). Le commissaire de justice
indique également au débiteur qu’il peut procéder à la vente amiable des biens saisis
dans les conditions prescrites par les articles R. 221-30 à R. 221-32 du CPC exéc. Une
mention de cette information verbale est faite dans l’acte de saisie.
Si le débiteur n’a pas assisté aux opérations, le commissaire de justice lui signifie selon le
droit commun une copie de l’acte. Le débiteur est prévenu qu’il dispose alors d’un délai
de huit jours pour informer le commissaire de justice de l’existence d’un procès-verbal de
saisie antérieure sur les mêmes biens (CPC exéc., art. R. 221-18).
5. Conséquences de l’acte de saisie
L’acte de saisie a pour conséquence essentielle de rendre les biens saisis indisponibles
(CPC exéc., art. R. 221-13) et d’instaurer le débiteur gardien (CPC exéc., art. L. 141-2).
Le débiteur n’a donc plus le pouvoir d’aliéner ou de déplacer les biens saisis, sous
réserve d’une cause légitime telle qu’un déménagement, dont le créancier devait être
informé préalablement. Le débiteur qui méconnaît l’interdiction d’aliéner se rend
coupable des peines prévues par l’article L. 314-6 du Code pénal.
Le débiteur, gardien des biens saisis, en conserve l’usage (CPC exéc., art. R. 221-19).
Quelques exceptions sont prévues : elles concernent les biens consomptibles (CPC
exéc., art. R. 221-19, al. 1er), ainsi que la saisie des véhicules automobiles terrestres à
moteur, qui peuvent être immobilisés jusqu’à leur enlèvement en vue de la vente par
l’un des procédés prévus pour l’application de l’article L. 223-2 du CPC exéc. Le juge de
l’exécution peut ordonner sur requête, à tout moment et même avant le début des
opérations de saisie, la remise d’un ou de plusieurs objets à un séquestre qu’il désigne
(CPC exéc., art. R. 221-19, al. 2).

Des règles particulières sont prévues pour la saisie des sommes d’argent en espèces
trouvées sur le lieu de la saisie (CPC exéc., art. R. 221-20)
Les sommes peuvent être saisies à concurrence du montant de la créance du saisissant. Elles
sont séquestrées entre les mains du commissaire de justice ; le débiteur dispose d’un délai
d’un mois pour former une contestation devant le juge de l’exécution du lieu de la saisie (CPC
exéc., art. R. 221-20). En l’absence de contestation dans le délai imparti (1 mois à compter de la
signification de l’acte), les sommes sont immédiatement versées au créancier et viennent en
déduction de la somme pour laquelle la saisie a été pratiquée. Si le débiteur élève une contes-
tation, le JEX peut décider soit de la restitution au débiteur, soit du versement aux créanciers,
soit de la consignation auprès de la Caisse des dépôts et consignations.
106 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

b) Entre les mains d’un tiers


Le commissaire de justice doit d’abord signifier au débiteur un commandement de
payer. À l’expiration du délai de huit jours après la date de ce commandement, le
commissaire de justice peut procéder à la saisie des biens que le tiers détient pour le
compte du débiteur (CPC exéc., art. R. 221-21). Le commissaire de justice doit inviter

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le tiers à déclarer les biens qu’il détient pour le compte du débiteur, ainsi que l’exis-
tence d’une saisie antérieure. Si le tiers refuse de répondre, ou fait une déclaration
inexacte ou mensongère, il peut être condamné aux causes de la saisie. Il pourra
exercer un recours contre le débiteur pour obtenir remboursement. Le tiers peut aussi
être condamné à des dommages et intérêts.
Si les biens sont détenus par le tiers dans un local qui lui sert d’habitation, le créancier
doit solliciter du juge de l’exécution une autorisation de pratiquer la saisie-vente (CPC
exéc., art. L. 221-1).
1. Acte de saisie
Si le tiers déclare ne détenir aucun bien appartenant au débiteur ou refuse de
répondre, le commissaire de justice en dresse acte. Il le remet ou le signifie au tiers
avec l’indication, en caractères très apparents, des sanctions visées à l’article R. 221-1
du CPC exéc. (CPC exéc., art. R. 221-22).
Si le tiers déclare détenir des biens pour le compte du débiteur, le commissaire de justice
peut alors adresser un acte de saisie. Le contenu de cet acte est défini par
l’article R. 221-23 du CPC exéc. L’acte indique la référence au titre en vertu duquel la
saisie est pratiquée, la désignation détaillée des biens saisis, l’indication que les objets
saisis sont indisponibles et placés sous la garde du tiers, les nom et domicile du tiers, la
déclaration faite par le tiers ainsi que l’indication des sanctions d’une déclaration
inexacte ou mensongère, la désignation de la juridiction devant laquelle seront portées
les contestations. L’acte indique les nom et qualité des personnes qui ont assisté aux
opérations de saisie, qui apposent leur signature sur l’original et sur les copies. L’acte
reproduit également l’article R. 221-27 du CPC exéc. (qui indique que le tiers peut
refuser la garde des biens ou peut demander à en être déchargé à tout moment), ainsi
que les dispositions de l’article 314-6 du Code pénal. Le tiers est informé du fait qu’il
peut faire valoir ses droits sur les biens saisis, par déclaration ou par lettre RAR adressée
au commissaire de justice saisissant.
2. Signification de l’acte de saisie
Si le tiers est présent aux opérations de saisie, le commissaire de justice lui rappelle
verbalement le contenu des mentions de l’acte de saisie relative à sa déclaration, à la
garde des biens, ainsi qu’à la possibilité de refuser cette garde. L’acte contient mention
de cette déclaration. Le commissaire de justice remet immédiatement au tiers une copie
de l’acte de saisie, et cette remise vaut signification (CPC exéc., art. R. 221-24).
Si le tiers n’a pas assisté aux opérations de saisie, la copie de l’acte lui est signifiée
par le commissaire de justice selon le droit commun. Il dispose d’un délai de huit jours
pour informer ce dernier de l’existence d’une saisie antérieure sur les mêmes biens et
lui en communiquer le procès-verbal (CPC exéc., art. R. 221-25).
À peine de caducité, huit jours au plus tard après la saisie, une copie de l’acte est
signifiée au débiteur. Cet acte indique à peine de nullité que le débiteur dispose d’un
CHAPITRE 6 – La saisie-vente 107

délai d’un mois pour procéder à la vente amiable des biens saisis, dans les conditions
prévues aux articles R. 221-30 à R. 221-32, qui sont reproduits dans l’acte (CPC exéc.,
art. R. 221-26).
3. Conséquences

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Après l’acte de saisie, les biens sont indisponibles entre les mains du tiers qui en est le
gardien. Si un déplacement des meubles est fondé sur une cause légitime, le tiers doit
informer le commissaire de justice du nouveau local où ils sont entreposés.
Le tiers peut refuser la garde des biens saisis. Il peut demander à en être déchargé à tout
moment. Le commissaire de justice doit nommer un nouveau gardien et pourvoir à
l’enlèvement des biens (CPC exéc., art. R. 221-27).
Le tiers peut être titulaire d’un droit d’usage des biens saisis, qui peut lui avoir été
conféré avant la saisie (CPC exéc., art. R. 221-28) et qu’il continue d’exercer. Si le créan-
cier craint une disparition ou une détérioration des meubles, il peut demander au juge
de l’exécution, d’ordonner sur requête (même avant le début des opérations), qu’un ou
plusieurs biens soient remis à un séquestre désigné. Si le bien saisi est un véhicule auto-
mobile, ce dernier peut être immobilisé entre les mains du tiers jusqu’à son enlèvement
en vue de la vente, par l’un des procédés prévus pour l’application de l’article L. 223-2
du CPC exéc.
Si le tiers peut se prévaloir d’un droit de rétention sur les biens saisis. Il doit en
informer le commissaire de justice par une lettre RAR ou par une déclaration faite au
moment de la saisie (CPC exéc., art. R. 221-29). Le créancier dispose d’un délai d’un
mois pour contester ce droit de rétention devant le JEX du lieu où demeure le tiers.
Pour éviter de nuire aux intérêts du créancier, le bien reste indisponible pendant cette
instance. Si le créancier ne conteste pas dans le délai d’un mois, la prétention du tiers
est réputée fondée c’est-à-dire qu’elle sera opposable aux créanciers saisissants.

3) La vente
a) Vente amiable
L’article L. 221-3 du CPC exéc. offre au débiteur la possibilité de vendre volontairement
les biens saisis, dans le délai d’un mois à compter de la notification de l’acte de saisie.
Cette disposition a pour objectif une humanisation de la saisie ainsi qu’une plus grande
efficacité de la procédure, dans la mesure où la vente amiable se réalise généralement à
un meilleur prix.
Les modalités de la vente sont prévues par les articles R. 221-30 et suivants du CPC
exéc. Le débiteur choisit l’acquéreur et informe le commissaire de justice chargé de l’exé-
cution des propositions qui lui ont été faites, en lui indiquant le nom et l’adresse de
l’intéressé, ainsi que le délai dans lequel l’acquéreur éventuel offre de consigner le prix.
Le commissaire de justice communique ces éléments au créancier saisissant et au créan-
cier opposant éventuel par lettre recommandée avec demande d’avis de réception (CPC
exéc., art. R. 221-31).
Le créancier peut accepter le prix proposé et la vente amiable peut se réaliser. Le prix
proposé doit être consigné entre les mains du commissaire de justice du créancier saisis-
sant, à défaut, il n’y a pas transfert de propriété et la vente forcée peut être réalisée (CPC
exéc., art. R. 221-32).
108 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

Le créancier peut aussi refuser la proposition de vente amiable, s’il établit que les propo-
sitions sont insuffisantes, dans un délai de quinze jours à compter la lettre recom-
mandée. La personne chargée de l’exécution procède à l’enlèvement du ou des biens
pour qu’ils soient vendus aux enchères publiques (CPC exéc., art. L. 221-3). La responsa-
bilité du créancier ne peut être recherchée, sauf si le refus d’autorisation de la vente

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amiable est inspiré par une intention de nuire au débiteur.
À défaut de de réponse dans le délai de 15 jours, le créancier est réputé avoir accepté la
vente amiable.

b) Vente forcée
La vente forcée à lieu aux enchères publiques, à l’expiration du délai d’un mois à
compter du jour de la saisie (CPC exéc., art. L. 221-3). Ce délai est augmenté du délai
de quinze jours octroyé aux créanciers pour pouvoir prendre position sur la proposition
de prix qui leur est faite (CPC exéc., art. R. 221-31). La vente aux enchères a également
lieu à défaut de paiement du prix de la vente amiable dans le délai convenu (CPC exéc.,
art. R. 221-32).
La vente peut être effectuée, soit au lieu où se trouvent les biens saisis, soit dans une
salle des ventes ou un marché public, dont la situation géographique est la plus appro-
priée pour solliciter la concurrence à moindres frais, au choix du créancier saisissant
(mais le créancier doit respecter la compétence territoriale de l’officier ministériel
chargé de la vente ; CPC exéc., art. R. 221-33).
Le débiteur est informé par le commissaire de justice, des lieu, s jour et heure de la vente
aux enchères publiques huit jours au moins avant la date fixée, par lettre simple ou par
tout autre moyen approprié (il en est fait mention dans le certificat de l’accomplissement
des formalités ; CPC exéc., art. R. 221-35).
Afin d’attirer de nombreux acquéreurs, la vente est annoncée par diverses publi-
cités. Des affiches indiquent les lieu, jour et heure de la vente ainsi que la nature des
biens saisis ; elles sont apposées à la mairie de la commune où demeure le débiteur et
au lieu de la vente. La publicité doit être obligatoirement faite à l’expiration du délai
prévu au dernier alinéa de l’article R. 221-31 du CPC exéc. et huit jours au moins avant
la date fixée pour la vente (CPC exéc., art. R. 221-34). La vente peut également être
annoncée par voie de presse. La sanction du défaut de publicité obéit au régime des
nullités pour vice de forme, les juges doivent donc motiver le caractère substantiel ou
d’ordre public de la formalité conformément à l’article 114 du Code de procédure
civile. Le commissaire de justice doit certifier l’accomplissement de ces formalités de
publicité.
Un nouvel inventaire des biens doit être réalisé par le commissaire de justice, qui
vérifie la consistance et la nature des biens saisis, et s’assure qu’aucun des biens n’a été
détérioré ou n’a disparu. Un acte de vérification est dressé (CPC exéc., art. R. 221-36)
dans lequel sont mentionnés les objets manquants et ceux qui auraient été dégradés4,
mais ces indications ne sont pas prescrites à peine de nullité5. Le commissaire de justice
peut prendre des photographies qui pourront servir d’éléments de preuve (CPC exéc.,

——
4. Faget, « Le régime du procès-verbal de vérification des biens saisis », Rev. huissiers 1995, p. 1153.
5. Cass. 2e civ., 20 nov. 2003 : Bull. civ. II, no 352 ; Procédures 2007, comm. 27, Perrot ; Dr. et procéd.
2004, p. 160, obs. Salati.
CHAPITRE 6 – La saisie-vente 109

art. R. 221-12). Cette vérification est importante puisqu’aucun créancier ne peut faire
d’opposition à partir de ce moment (CPC exéc., art. L. 221-5), et que le gardien est
déchargé de toute responsabilité ultérieure. Si les biens ne sont pas vendus sur place,
ils doivent être enlevés à une date aussi proche que possible de la vente.
La vente est faite par un officier ministériel habilité par son statut à procéder aux

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ventes aux enchères publiques de meubles corporels et, dans les cas prévus par la loi, par
des courtiers en marchandises assermentés.
L’adjudication est faite au plus offrant après trois criées. Il n’y a aucun formalisme
et notamment, la loi n’impose aucune mise à prix. La vente est arrêtée lorsque le prix des
biens vendus peut assurer le paiement du montant des causes de la saisie ainsi que des
oppositions en principal, intérêts et frais. Le prix est payable comptant (CPC exéc.,
art. R. 221-38 : à défaut, il y a revente).
Il est dressé un acte de la vente, qui contient la désignation des biens vendus, le
montant de l’adjudication, ainsi que les noms et prénom de l’adjudicataire (CPC exéc.,
art. R. 221-39).

c) Conséquences de l’adjudication
Elle opère transfert de propriété, moyennant le paiement du prix. Le débiteur n’est
plus propriétaire des biens saisis. L’adjudicataire est tenu de payer le prix comptant.
Faute de paiement, l’objet est revendu sur réitération des enchères (on disait avant
« à la folle enchère de l’adjudicataire ») : en cas de revente à un prix inférieur, l’adjudica-
taire responsable du non-paiement est tenu de la différence entre le prix initial d’adjudi-
cation et celui de sa revente.

C - Un règlement efficace des incidents


Le contentieux des incidents a été confié au juge de l’exécution du lieu de la saisie (CPC
exéc., art. R. 221-40). Il peut concerner un créancier, les biens saisis, ou la validité de la
saisie elle-même.

1) Les incidents émanant d’un créancier


a) Opposition
Il se peut qu’un autre créancier du même débiteur soit dans l’obligation d’exercer des
poursuites sur les biens meubles qui ont déjà fait l’objet de la saisie-vente. Le créancier
doit alors se joindre aux opérations de la première saisie en formant une opposition
(CPC exéc., art. L. 221-1 et R. 221-41). Le premier créancier saisissant (créancier poursui-
vant) concentrera toutes les poursuites, y compris pour les créanciers opposants.
Le créancier opposant doit répondre à deux exigences. D’abord, il doit être muni d’un
titre exécutoire constatant une créance liquide et exigible (à défaut, aux termes de
l’article L. 221-5 du CPC exéc., le créancier peut pratiquer une saisie-conservatoire sur
les biens du débiteur) : à peine de nullité, l’acte d’opposition mentionne le titre exécu-
toire en vertu duquel elle est formée (CPC exéc., art. R. 221-42). Ensuite, le créancier
doit former son opposition avant la vérification des biens saisis (CPC exéc., art. L. 221-
5), sauf s’il avait procédé à une mesure conservatoire sur les mêmes biens (à l’inverse,
110 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

si le créancier effectue une saisie-conservatoire après une saisie-vente, sa saisie est inef-
ficace, sauf si la saisie-vente n’aboutit pas).
L’opposition est formée par acte du commissaire de justice qui doit indiquer, à peine de
nullité, le titre exécutoire en vertu duquel elle est formée, le décompte distinct des
sommes réclamées en capital, frais et intérêts échus, ainsi que le taux des intérêts.

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L’acte est signifié au créancier premier saisissant (sauf s’il a lui-même fait opposition
pour réclamer une nouvelle créance ou étendre l’assiette de la saisie). Il est également
signifié au débiteur (CPC exéc., art. R. 221-42).
Le créancier premier saisissant poursuit seul la vente en son nom et au nom de tous les
créanciers opposants. Le créancier opposant sera compris dans la distribution du prix de
vente et devra donner son accord à toute mainlevée de la saisie (art. R. 221-47 : la main-
levée ne peut résulter que d’une décision du JEX ou de l’accord du créancier saisissant et
des créanciers opposants).
La nullité éventuelle de la première saisie n’entraîne pas la caducité de l’opposition : le
créancier premier opposant poursuivra la vente et partagera le prix avec tous les oppo-
sants. Lorsque la nullité de la première saisie résulte d’une irrégularité dans le déroule-
ment des opérations (par exemple elle a été effectuée sur un bien qui n’appartient pas
au débiteur, ou qui est insaisissable), l’opposition est caduque (CPC exéc.,
art. R. 221-47).

b) Saisie complémentaire
Une saisie complémentaire peut conduire à l’extension de l’assiette de la saisie initiale
(CPC exéc., art. R. 221-41). Un créancier peut prendre l’initiative d’étendre l’assiette de
la saisie, qu’il s’agisse du créancier premier saisissant ou du créancier opposant, qui doit
agir au moment où il se présente pour pratiquer la saisie opposition ou bien ultérieure-
ment (CPC exéc., art. R. 221-43). Cette extension repose sur un inventaire complémen-
taire indiquant les biens nouvellement saisis. Le commissaire de justice dresse un procès-
verbal soumis aux conditions prescrites aux articles R. 221-12 et R. 221-16 à R. 221-19
du CPC exéc. L’inventaire complémentaire est signifié au créancier premier saisissant
(sauf s’il est à l’origine de la saisie complémentaire) et au débiteur. Il peut être signifié
en même temps que l’acte d’opposition si la saisie complémentaire est faite au
moment de l’opposition (CPC exéc., art. R. 221-44). En cas d’extension de la saisie
initiale, l’article R. 221-45 du CPC exéc. dispose que la vente forcée ne peut avoir lieu
sur l’ensemble des biens saisis qu’à l’expiration de tous les délais impartis pour leur
vente amiable. Néanmoins, une vente forcée immédiate des biens saisis pour lesquels
le délai imparti en vue de leur vente amiable est expiré, est possible dans trois cas : si le
débiteur donne son accord, si le juge de l’exécution estime qu’il existe des raisons
sérieuses d’autoriser une vente partielle, ou si, au moment de l’opposition, les formalités
de publicité pour la vente de certains biens ont déjà été effectuées. La nullité de la
première saisie n’a jamais de conséquence sur la saisie complémentaire qui conserve
donc tous ses effets en ce qui concerne les biens qui en font l’objet (CPC exéc.,
art. R. 221-48, al. 2).

c) Subrogation dans les poursuites


Une subrogation du créancier opposant dans les droits du créancier premier saisissant
est prévue pour la poursuite de la saisie-vente (CPC exéc., art. R. 221-46). En effet, si le
CHAPITRE 6 – La saisie-vente 111

créancier premier saisissant n’a pas fait procéder aux formalités de la mise en vente
forcée après l’expiration des délais prévus, tout créancier opposant lui est subrogé de
plein droit, après sommation infructueuse, d’y procéder dans un délai de huit jours. Le
créancier premier saisissant devra mettre les pièces utiles à disposition du créancier
opposant subrogé (CPC exéc., art. R. 221-46) et il sera déchargé de ses obligations.

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d) Mainlevée
La mainlevée de la saisie-vente ne peut résulter que d’une décision du JEX, ou de
l’accord du créancier saisissant et des créanciers opposants (CPC exéc., art. R. 221-47).

2) Les incidents affectant les biens saisis


Aux termes de l’article R. 221-49 du CPC exéc., les demandes relatives à la propriété ou
à la saisissabilité des biens ne font pas obstacle à la saisie, mais elles suspendent la
procédure pour les biens qui en sont l’objet jusqu’à la fin de l’instance devant le juge
de l’exécution.
Les décisions rendues par le JEX sont exécutoires de droit, sauf sursis à exécution décidé
par le Premier président de la cour d’appel sur le fondement de l’article R. 121-22 du
CPC exéc.

a) La propriété des biens saisis


Le débiteur lui-même, aux termes de l’article R. 221-50 du CPC exéc., peut demander la
nullité de la saisie portant sur un bien dont il n’est pas propriétaire. Il devra dans ce cas
rapporter la preuve suffisante de cette allégation.
Un tiers peut former une contestation sous deux formes :
– l’action en distraction intervient avant la vente des biens saisis, et permet à un tiers
de faire admettre par le juge de l’exécution son droit de propriété sur un bien qui
est alors distrait des poursuites. La demande en distraction doit préciser les éléments
sur lesquels se fonde le droit de propriété invoqué, à peine d’irrecevabilité (le tiers
doit énoncer les titres et moyens de preuve invoqués ; CPC exéc., art. R. 221-51).
Le créancier saisissant met en cause les créanciers opposants. Le débiteur saisi est
entendu ou appelé. La demande en distraction suspend les poursuites, même si les
biens demeurent indisponibles (CPC exéc., art. R. 221-49). Si le tiers est débouté de
sa demande, la décision rendue par le JEX peut faire l’objet d’un appel qui n’est pas
suspensif : les poursuites peuvent donc reprendre, sous réserve d’un sursis à exécu-
tion de la décision accordé par le premier président de la cour d’appel sur le fonde-
ment de l’article R. 121-22 du CPC exéc. ;
– l’action en revendication intervient après la vente des biens saisis (CPC exéc.,
art. R. 221-52). Certes, la restitution du bien se heurtera aux dispositions de
l’article 2276 du Code civil, et comme l’adjudicataire a acquis le meuble sur un
marché public, le tiers devra respecter les dispositions de l’article 2277 du Code
civil. Mais, jusqu’à la distribution des sommes produites par la vente, le tiers pourra
en distraire le prix non diminué des frais (CPC exéc., art. R. 221-52, al. 2) : cela
signifie que le tiers sera payé par prélèvement sur le prix avant les autres créanciers,
sans supporter les frais de la vente.
112 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

b) La saisissabilité des biens


Le JEX du lieu de la saisie statue sur les contestations émises par le débiteur relativement
à la saisissabilité de certains biens, après avoir entendu ou appelé le créancier. Le débi-
teur doit former sa demande dans le délai d’un mois à compter de la signification de
l’acte de saisie (CPC exéc., art. R. 221-53). Le JEX peut être saisi par le commissaire de

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justice qui agit comme en matière de difficultés d’exécution : il n’est limité par aucun
délai.

3) Les incidents affectant le processus de saisie


L’article R. 221-54 du CPC exéc. précise que la nullité de la saisie, pour vice de fond ou
de forme, peut être demandée par le débiteur jusqu’à la vente des biens saisis, ce débi-
teur ayant seul qualité pour agir selon la Cour de cassation (sauf s’il s’agit pour le tiers de
contester la propriété du bien saisi). Elle est ouverte à l’usufruitier pour la saisie-vente de
la nue-propriété de valeurs mobilières. L’action est dirigée contre le créancier saisissant,
qui doit mettre en cause les créanciers opposants. Elle peut être formée à tout moment
pendant la saisie, jusqu’à la vente des biens (CPC exéc., art. R. 221-54).
Le débiteur peut invoquer plusieurs irrégularités. Il peut s’agir d’un vice de fond (tenant
au fait que le créancier n’est pas titulaire d’un titre exécutoire, ou que la dette n’est pas
liquide et exigible) qui entraîne l’annulation sans preuve d’un grief. Il peut s’agir d’un
vice de forme qui, conformément au droit commun, ne peut entraîner l’annulation que
dans les cas prévus par la loi et si le débiteur prouve le grief que lui cause l’irrégularité
(CPC, art. 114).
La demande en nullité ne suspend pas les opérations de saisie (CPC exéc.,
art. R. 221-56), afin d’éviter les manœuvres dilatoires du débiteur. Toutefois, le juge de
l’exécution peut estimer qu’il existe des motifs sérieux de suspendre la saisie jusqu’à ce
qu’il ait statué sur la demande en nullité.
L’annulation de la saisie-vente entraîne mainlevée de la saisie initiale pour les biens
concernés, qui redeviennent disponibles. Si la nullité concerne certains actes seulement,
la procédure est reprise sur ses derniers errements. Si, en raison du caractère non
suspensif de la demande en nullité, une adjudication est prononcée, l’article R. 221-54
alinéa 2 du CPC exéc. prévoit que le débiteur peut demander la restitution du produit
de la vente si l’annulation a été déclarée après la vente mais avant la distribution du
prix. Si l’annulation est prononcée après la distribution du prix, une action en répétition
de l’indu doit être ouverte contre le créancier, s’il s’avère que le débiteur n’était tenu
d’aucune dette ; si l’annulation est fondée sur une irrégularité de la saisie, le débiteur
pourra agir en réparation contre le créancier saisissant. Le juge qui annule la saisie peut
laisser à la charge du débiteur tout ou partie des frais qu’elle a occasionnés, si le débiteur
s’est abstenu de demander la nullité en temps utile (CPC exéc., art. R. 221-55).
CHAPITRE 6 – La saisie-vente 113

2• LES SAISIES VENTES SPÉCIALES


A - Les récoltes sur pied

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Dénommée saisie-brandon sous l’empire de l’ancien Code de procédure civile, elle est
réglementée par les articles R. 221-57 à R. 221-61 du CPC exéc. La saisie des récoltes sur
pied est soumise aux procédures d’exécution mobilières, parce que les récoltes sur pied
sont considérées comme des meubles par anticipation, alors qu’elles ont juridiquement
la nature d’immeubles au moment où la saisie est pratiquée.
La saisie des récoltes sur pied est soumise aux règles de droit commun. Ainsi, le créancier
doit être muni d’un titre exécutoire constatant une créance liquide et exigible sur le débi-
teur, qui doit être propriétaire de la récolte.
Les dispositions particulières concernent d’abord la notion de récoltes. Il s’agit des
fruits naturels ou industriels qui sont appelés à devenir des meubles. La saisie doit être
pratiquée dans les six semaines qui précèdent l’époque habituelle de la maturité (CPC
exéc., art. R. 221-57), à défaut de quoi elle doit être annulée.
Le procès-verbal de saisie est établi par le commissaire de justice conformément aux
dispositions de l’article R. 221-16 du CPC exéc., à l’exception des mentions qui figurent
au 2º, qui sont remplacées par la description du terrain où sont situées les récoltes, avec
sa contenance, sa situation et l’indication de la nature des fruits (CPC exéc.,
art. R. 221-58).
Les récoltes sont placées sous la responsabilité du débiteur en tant que gardien. Mais le
juge de l’exécution peut désigner un gérant à l’exploitation, après avoir entendu ou
appelé le débiteur, sur la demande du créancier saisissant.
Les opérations de vente obéissent au droit commun. La vente est annoncée par des affi-
ches apposées à la mairie et au marché le plus proche du lieu où se trouvent les récoltes
(CPC exéc., art. R. 221-60). Ces affiches mentionnent les jour, heure et lieu de la vente
et indiquent le terrain où sont situées les récoltes ainsi que sa contenance et la nature
des fruits. Le commissaire de justice certifie l’accomplissement de ces formalités.
La vente est faite au lieu où se trouvent les récoltes, ou bien sur le marché le plus voisin
(CPC exéc., art. R. 221-61).

B - Les biens placés dans un coffre-fort


Les articles R. 224-1 à R. 224-12 du CPC exéc. réglementent la saisie des meubles placés
dans un coffre-fort appartenant à un tiers.
La saisie est effectuée par acte du commissaire de justice signifié au tiers, qui contient à
peine de nullité : l’identification du débiteur (nom et domicile, ou dénomination et siège
social), la référence du titre en vertu duquel la saisie est pratiquée, une injonction inter-
disant tout accès au coffre sauf en présence du commissaire de justice. Le tiers doit
fournir au commissaire de justice l’identification de ce coffre et il en est fait mention
dans l’acte. Le commissaire de justice peut apposer des scellés sur le coffre afin d’éviter
tout accès hors sa présence.
114 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

Dans le cadre d’une saisie-vente des biens placés dans le coffre-fort, un commandement
de payer est signifié au débiteur le premier jour ouvrable suivant l’acte de saisie (il peut
être signifié dans l’acte de signification du jugement portant condamnation). Cet acte
contient à peine de nullité : la dénonciation de l’acte de saisie, la mention du titre exécu-
toire qui fonde les poursuites, le décompte distinct des sommes réclamées en principal,

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frais et intérêts échus, ainsi que le taux des intérêts ; il contient un commandement
d’avoir à payer la dette avant la date fixée pour l’ouverture du coffre ou bien d’assister
en personne ou par mandataire à son ouverture et à la saisie des biens qui s’y trouvent.
Le débiteur est averti qu’en cas d’absence ou de refus d’ouverture, le coffre sera ouvert
par la force, et à ses frais. L’acte contient les indications des lieu, jour et heure fixés pour
l’ouverture du coffre. Il informe le débiteur que toute contestation sera jugée par le juge
de l’exécution du lieu où sont situés les biens saisis (CPC exéc., art. R. 224-3).
L’ouverture du coffre intervient après l’expiration d’un délai de quinze jours à compter
de la signification de ce commandement de payer. Néanmoins, le débiteur peut
demander qu’il ait lieu à une date plus rapprochée. Si le débiteur n’est pas présent,
l’ouverture forcée doit avoir lieu en présence du propriétaire du coffre ou de son
préposé dûment habilité. Les frais d’ouverture sont avancés par le créancier saisissant.
Si le coffre est ouvert, il est procédé à l’inventaire des biens qui doivent être décrits de
façon détaillée (CPC exéc., art. R. 224-5). Si le débiteur est présent, l’inventaire est
limité aux biens saisis qui seront immédiatement enlevés et placés sous la garde du
commissaire de justice ou d’un séquestre désigné à l’amiable ou sur requête par le juge
de l’exécution. Si le débiteur est absent, tous les biens contenus dans le coffre font
l’objet d’un inventaire, les biens saisis sont enlevés par le commissaire de justice immé-
diatement pour être placés sous sa garde ou sous celle d’un séquestre ; les biens non
saisis sont remis au tiers qui a la garde du coffre, ou à un séquestre désigné par le juge
de l’exécution sur requête. Le séquestre a l’obligation de les représenter sur simple
réquisition du débiteur. Le commissaire de justice peut photographier les objets retirés
du coffre à toutes fins utiles. Il dresse acte des opérations. Cet acte contient, à peine de
nullité : l’identification des personnes qui ont assisté aux opérations (nom, prénom et
qualité) et celles entre les mains de qui les biens ont été remis, qui doivent apposer leur
signature sur l’original et les copies (CPC exéc., art. R. 224-6).
Une copie de l’inventaire est remise ou signifiée au débiteur ainsi qu’aux personnes
auxquelles des biens ont été remis. Il est fait mention du lieu où les biens saisis sont
déposés dans la copie adressée au débiteur, et en caractères très apparents, le débiteur
est informé qu’il dispose d’un délai d’un mois pour procéder à la vente amiable dans les
conditions prévues aux articles R. 221-30 à R. 221-32 du CPC exéc. qui sont reproduits,
ainsi que de la date à partir de laquelle il sera procédé à la vente forcée à défaut de vente
amiable (CPC exéc., art. R. 224-7).
La vente forcée obéit au droit commun des articles R. 221-33 à R. 221-39 du CPC
exéc. Les incidents relèvent également de la procédure ordinaire de saisie-vente (CPC
exéc., art. R. 221-40 à R. 221-56).
À partir du jour de l’enlèvement des biens, le débiteur retrouve le libre accès à son
coffre-fort.
CHAPITRE 6 – La saisie-vente 115

C - Les véhicules terrestres à moteur


La saisie des véhicules terrestres à moteur résulte des articles L. 223-1 et L. 223-2 et des
articles R. 223-1 à R. 223-13 du CPC exéc. Le particularisme de ce dispositif s’explique, à
la fois, par le caractère essentiel de ce bien dans le patrimoine de la grande majorité des

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débiteurs, et par le régime juridique original du véhicule, meuble corporel soumis à une
immatriculation. Ce dernier aspect a permis l’instauration de plusieurs modalités de
mesures d’exécution.

1) La saisie par déclaration auprès de l’autorité administrative


Le commissaire de justice chargé de l’exécution d’un titre exécutoire peut faire une
déclaration auprès de l’autorité administrative compétente. L’autorité administrative
communique à le commissaire de justice qui en fait la demande les mentions portées
sur le registre prévu à l’article 2 du décret nº 53-968 du 30 septembre 1953 relatif à la
vente à crédit des véhicules automobiles ainsi que tous renseignements relatifs aux
droits du débiteur sur ce véhicule (CPC exéc., art. R. 223-1). La déclaration valant saisie
entraîne « l’indisponibilité » de la carte grise et s’effectue auprès du Système d’Immatri-
culation des Véhicules (SIV) du ministère de l’Intérieur (la procédure est entièrement
dématérialisée).
La déclaration valant saisie contient, à peine de nullité (CPC exéc., art. R. 223-2) :
– les nom et adresse du débiteur ou, s’il s’agit d’une personne morale, sa dénomina-
tion et son siège social ;
– le numéro d’immatriculation et la marque du véhicule saisi ;
– la mention du titre exécutoire dont se prévaut le créancier ;
– le décompte distinct des sommes réclamées, en principal, frais et intérêts échus.
Cette déclaration est signifiée à l’autorité administrative.
La copie de cette déclaration est signifiée au débiteur dans les huit jours qui suivent, à
peine de caducité. L’acte reproduit les dispositions de l’article R. 223-4 du CPC exéc. et
indique en caractères très apparents que les contestations doivent être portées devant le
juge de l’exécution du lieu où demeure le débiteur (CPC exéc., art. R. 223-3).
Les effets de la signification de la déclaration sont importants : la signification au
débiteur produit tous les effets d’une saisie (CPC exéc., art. L. 223-1) et vaut opposi-
tion au transfert du certificat d’immatriculation. Aucun certificat d’immatriculation
ne peut plus être délivré à un nouveau titulaire, sauf mainlevée donnée par le créancier
ou ordonnée par le juge (CPC exéc., art. R. 223-4). La saisie a des effets limités dans le
temps : en effet, la déclaration cesse de produire effet à l’expiration d’un délai de deux
ans à compter de sa signification, sauf renouvellement opéré dans les formes de la
déclaration initiale (CPC exéc., art. R. 223-4).
Les effets de la déclaration ne peuvent préjudicier au créancier titulaire d’un gage régu-
lièrement inscrit conformément aux dispositions du décret du 30 septembre 1953 (CPC
exéc., art. R. 223-5). Le titulaire de la sûreté inscrite antérieurement en conserve le
bénéfice.
Cette saisie a pour objectif de priver le débiteur du droit de disposer de son véhicule. Il
s’agit d’un moyen de pression pour l’inciter à un paiement de sa dette. Elle présente des
intérêts lorsque le commissaire de justice ne peut pas localiser le véhicule automobile
pour l’immobiliser : il peut alors commencer par une « saisie » par déclaration.
116 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

2) La saisie par immobilisation du véhicule


Le commissaire de justice chargé de l’exécution muni d’un titre exécutoire peut saisir le
véhicule du débiteur en l’immobilisant, en quelque lieu qu’il se trouve, par tout moyen
n’entraînant aucune détérioration du véhicule. Le débiteur peut demander au juge de

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l’exécution la levée de l’immobilisation du véhicule (CPC exéc., art. L. 223-2). La Cour
de cassation juge que le commissaire de justice a le choix : ou de l’immobilisation, ou
du transport du véhicule pour être mis en dépôt. Dans les deux cas, le débiteur peut
remettre les clefs au commissaire de justice qui est assuré pour conduire lui-même le
véhicule :
– recours au sabot de Denver6 : le commissaire de justice peut utiliser ce sabot pour
bloquer l’une des roues du véhicule pour l’empêcher d’avancer. Pour certains types
de véhicules, il pourra être fait usage d’antivol (moto) ou d’un retrait de pièce (par
exemple sur une pelleteuse). Le commissaire de justice choisira le moment pour
l’enlèvement du véhicule en fonction de la réaction du débiteur (paiement ou non) ;
– enlèvement immédiat : le commissaire de justice peut enlever le véhicule en
faisant appel à une dépanneuse (il peut estimer que l’endroit où se trouve le véhi-
cule pose problème, par ex., stationnement irrégulier ; ou qu’il y a un risque de
dégradation).
L’information du débiteur qui n’est pas présent sur les lieux lors de l’immobilisation est
assurée puisque l’appareil utilisé pour bloquer un véhicule doit indiquer de manière très
apparente le numéro de téléphone du commissaire de justice (CPC exéc., art. R. 223-6).
Une empreinte officielle, dont les caractéristiques sont déterminées par arrêté du garde
des Sceaux, figure sur le sabot de Denver (A. 23 déc. 1992, JC 6 janv. 1993). Il peut être
fait application des dispositions de l’article R. 221-12 du CPC exéc. (le commissaire de
justice peut photographier le véhicule immobilisé).

a) La procédure
La procédure d’immobilisation suivie par le commissaire de justice dépend du contexte
dans lequel le véhicule est saisi :
– si le véhicule est immobilisé à l’occasion des opérations d’une saisie-vente pratiquée
dans les locaux occupés par le débiteur ou entre les mains d’un tiers qui le détient
pour le compte de ce dernier, il est procédé comme en matière de saisie-vente (CPC
exéc., art. R. 223-7) ;
– dans les autres cas, le commissaire de justice dresse un procès-verbal d’immobilisa-
tion. Cet acte contient à peine de nullité (CPC exéc., art. R. 223-8) :
• la mention du titre exécutoire en vertu duquel le véhicule a été immobilisé,
• la date et l’heure de l’immobilisation du véhicule,
• l’indication du lieu où il a été immobilisé et, le cas échéant, de celui où il a été
transporté pour être mis en dépôt (voir l’arrêté du 22 déc. 2008, portant création
d’un traitement automatisé dénommé GARDIAN, relatif au suivi de la gestion des
biens saisis placés en gardiennage),

——
6. C’est un dispositif destiné à immobiliser un véhicule en bloquant l’une de ses roues qui tient son nom
de la ville américaine de Denver (Colorado) où il a été inventé en 1944 par Frank Marugg et dont la
première utilisation daterait de 1955.
CHAPITRE 6 – La saisie-vente 117

• la description sommaire du véhicule, avec notamment l’indication de son numéro


minéralogique, de sa marque, de sa couleur et, éventuellement, de son contenu
apparent et de ses détériorations visibles,
• la mention de l’absence ou de la présence du débiteur.

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Une information du débiteur est prévue, si le véhicule a été immobilisé en son absence.
Le commissaire de justice doit l’informer le jour même de l’immobilisation, par lettre
simple adressée ou déposée au lieu où il demeure. Cette lettre contient (CPC exéc.,
art. R. 223-9) :
– la mention du titre exécutoire en vertu duquel le véhicule a été immobilisé ;
– l’indication du lieu où il a été immobilisé et, le cas échéant, de celui où il a été trans-
porté pour être mis en dépôt ;
– l’avertissement que l’immobilisation vaut saisie et que, si le véhicule a été immobilisé
sur la voie publique, il pourra être procédé à son enlèvement dans un délai de
quarante-huit heures à compter de son immobilisation pour être transporté en un
lieu qui doit être indiqué ;
– la mention, en caractères très apparents, que, pour obtenir une éventuelle main-
levée de l’immobilisation, le destinataire peut soit s’adresser au commissaire de
justice dont le nom, l’adresse et le numéro de téléphone sont indiqués, soit
contester la mesure devant le juge de l’exécution du lieu d’immobilisation du véhi-
cule dont le siège est indiqué avec l’adresse de son secrétariat-greffe.

b) Les effets de l’immobilisation


L’immobilisation vaut saisie, ce qui rend le véhicule indisponible dans les mains de son
propriétaire. Mais elle ne rend pas le véhicule insaisissable et d’autres créanciers
peuvent pratiquer une saisie entre les mains du débiteur gardien : une procédure de
distribution des deniers devra être mise en œuvre.
Le véhicule est placé sous la garde du propriétaire ou, après son enlèvement, sous la
garde de celui qui l’a reçu en dépôt (CPC exéc., art. R. 223-8).

c) Les issues de l’immobilisation


Elles sont de trois ordres :
– le paiement d’une somme d’argent. Si le véhicule a été immobilisé pour obtenir
le paiement d’une somme d’argent, le commissaire de justice signifie au débiteur,
huit jours au plus tard après l’immobilisation, un commandement de payer qui
contient, à peine de nullité (CPC exéc., art. R. 223-10) :
• la copie du procès-verbal d’immobilisation,
• un décompte distinct des sommes réclamées, en principal, frais et intérêts échus,
ainsi que l’indication du taux des intérêts,
• l’avertissement qu’à défaut de paiement, et passé le délai d’un mois pour vendre
le véhicule à l’amiable conformément aux dispositions des articles R. 221-30 à
R. 221-32 du CPC exéc., celui-ci sera vendu aux enchères publiques,
• l’indication que les contestations doivent être portées, au choix du débiteur,
devant le juge de l’exécution du lieu où il demeure ou du lieu d’immobilisation
du véhicule,
118 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

• la reproduction des articles R. 221-30 à R. 221-32 du CPC exéc.


Si le débiteur ne s’exécute pas, et sous réserve que le juge de l’exécution ait
tranché les contestations qu’il a soulevées, le véhicule est mis en vente dans les
conditions prévues pour la saisie-vente (CPC exéc., art. R. 223-11) des meubles
corporels (voir supra, la saisie-vente). Lorsqu’un gage a été inscrit sur le véhicule,

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le commissaire de justice informe le créancier gagiste, selon le cas, des proposi-
tions de vente amiable ou de la mise en vente aux enchères publiques, afin qu’il
puisse faire prévaloir ses droits ;
– la remise du véhicule à son propriétaire. Si le véhicule a été immobilisé pour être
remis à son propriétaire, le commissaire de justice signifie à la personne tenue de la
remise, huit jours au plus tard après l’immobilisation, un acte qui contient à peine
de nullité (CPC exéc., art. R. 223-12) :
• la copie du procès-verbal d’immobilisation,
• une injonction d’avoir, dans un délai de huit jours, à se présenter à l’étude du
commissaire de justice pour convenir avec lui des conditions de transport du véhi-
cule, avec l’avertissement qu’à défaut il sera transporté à ses frais pour être remis
à la personne désignée dans le titre,
• l’indication que les contestations peuvent être portées, au choix de la personne
tenue de la remise, devant le juge de l’exécution du lieu où elle demeure ou du
lieu d’immobilisation du véhicule.
Si le débiteur ne défère pas à l’injonction du commissaire de justice, le véhicule est
appréhendé et transporté à ses frais pour être remis au propriétaire ;
– la remise à un créancier gagiste. Dans le cas particulier où le véhicule a été
immobilisé pour être remis à un créancier gagiste, le commissaire de justice signifie
à la personne tenue de la remise, huit jours au plus tard après l’immobilisation, un
acte qui contient à peine de nullité (CPC exéc., art. R. 223-13) :
• la copie du procès-verbal d’immobilisation,
• une injonction d’avoir, dans un délai de huit jours, à se présenter à l’étude du
commissaire de justice pour convenir avec lui des conditions de transport du véhi-
cule, avec l’avertissement qu’à défaut il sera transporté à ses frais pour être remis
au créancier gagiste,
• un décompte distinct des sommes réclamées en principal, frais et intérêts échus,
ainsi que l’indication du taux des intérêts,
• l’avertissement, en caractères très apparents, qu’il dispose d’un délai d’un mois
pour procéder à la vente amiable du véhicule immobilisé, conformément aux
dispositions des articles 221-30 à R. 221-32 du CPC exéc., et que, passé ce délai,
il pourra être procédé à sa vente aux enchères publiques,
• l’indication que les contestations peuvent être portées, au choix de la personne
tenue de la remise, devant le juge de l’exécution du lieu où elle demeure ou du
lieu d’immobilisation du véhicule.
Après remise au créancier gagiste, le véhicule est placé sous la garde de ce dernier.
À défaut de vente amiable dans le délai d’un mois, il est procédé à la vente forcée aux
enchères publiques dans les conditions prévues pour la saisie-vente. Le cas échéant, il est
fait application des dispositions relatives aux incidents de la saisie-vente.
CHAPITRE 7
La saisie-appréhension

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La saisie-appréhension est définie par l’article L. 222-1 du CPC exéc. comme une mesure
d’exécution permettant d’appréhender des meubles que le débiteur est tenu de
livrer ou de restituer au créancier en vertu d’un titre exécutoire. Les articles R. 222-1
et suivants du CPC exéc. en définissent les conditions et les modalités. Tous les biens
meubles corporels sont susceptibles de faire l’objet d’une saisie-appréhension, que le
meuble soit entre les mains du débiteur ou entre les mains d’un tiers qui le détient
pour le compte du débiteur. Le décret distingue selon que l’appréhension est faite en
vertu d’un titre exécutoire ou en vertu d’une injonction du juge.

1• LA SAISIE-APPRÉHENSION EN VERTU D’UN TITRE


EXÉCUTOIRE

A - Entre les mains de la personne tenue de la remise


Le premier acte est un commandement de livrer ou de restituer les biens, signifié à
la personne tenue de la remise (il peut être signifié en même temps que le jugement).
L’acte contient, à peine de nullité, la mention du titre exécutoire en vertu duquel la
remise est exigée ; il indique que la personne peut, dans un délai de huit jours, trans-
porter à ses frais le bien désigné en un lieu et dans les conditions indiquées ; il
mentionne que cette personne est avertie qu’à défaut de remise dans ce délai, le bien
pourra être appréhendé à ses frais. L’acte informe également le destinataire qu’il peut
porter toute contestation devant le juge de l’exécution du lieu où il demeure (CPC
exéc., art. R. 222-2).
Ce commandement n’est pas nécessaire, et le bien peut être appréhendé immédiate-
ment sur la seule présentation du titre exécutoire, si la personne tenue de la remise est
présente et si elle ne s’offre pas à effectuer le transport à ses frais sur la question qui lui
est posée par le commissaire de justice (CPC exéc., art. R. 222-3). L’acte contient alors
seulement l’indication que les contestations éventuelles pourront être portées devant le
juge de l’exécution du lieu où demeure celui auquel le bien est retiré.
Un acte doit être dressé dans tous les cas, qu’il y ait remise volontaire ou appréhen-
sion du bien. Cet acte contient un état détaillé du bien, qui peut, le cas échéant, être
photographié (la photographie est annexée à l’acte) :
– si le bien a été appréhendé pour être remis à son propriétaire, une copie de l’acte
de remise volontaire ou d’appréhension est remise ou notifiée par lettre
120 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

recommandée avec demande d’avis de réception à la personne tenue de délivrer ou


de restituer le bien en vertu du titre exécutoire (CPC exéc., art. R. 222-5) ;
– si le bien a été appréhendé pour être remis à un créancier gagiste, l’acte de remise
ou d’appréhension vaut saisie sous la garde du créancier, et la vente consécutive
s’effectuera selon les modalités prévues aux articles R. 221-30 à R. 221-39 du CPC

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exéc. Un acte est alors remis ou signifié au débiteur, qui contient à peine de nullité :
• une copie de l’acte de remise ou d’appréhension,
• l’indication du lieu où le bien est déposé,
• le décompte distinct des sommes réclamées en principal, frais et intérêts échus
avec l’indication du taux des intérêts,
• enfin il est indiqué en caractères très apparents que le débiteur dispose d’un délai d’un
mois pour procéder à la vente amiable du bien saisi selon les articles R. 221-30 à
R. 221-32 du CPC exéc., et la date à partir de laquelle à défaut de vente amiable, il
pourra être procédé à la vente forcée aux enchères publiques.
L’acte reproduit les articles R. 221-30 à R. 221-32 du CPC exéc.

B - Entre les mains d’un tiers


Si le bien est détenu par un tiers, une sommation de remettre le bien lui est directement
signifiée, puis est dénoncée par lettre recommandée avec demande d’avis de réception
à la personne tenue de livrer ou de restituer ce bien. Cette sommation contient les
mentions prévues par l’article R. 222-7 du CPC exéc., à peine de nullité. Il s’agit d’une
copie du titre exécutoire (si c’est un jugement, du dispositif de celui-ci), et d’une injonc-
tion d’avoir, dans un délai de huit jours, soit à remettre le bien désigné, soit à communi-
quer au commissaire de justice sous peine de dommages et intérêts le cas échéant, les
raisons pour lesquelles il s’oppose à la remise. L’acte indique enfin que les difficultés
seront portées devant le juge de l’exécution du lieu où demeure le destinataire de l’acte.
Si le tiers n’a pas remis le bien volontairement dans le délai imparti, le requérant sollicite
du juge de l’exécution du lieu où demeure ce tiers détenteur, d’ordonner la remise du
bien. Le juge de l’exécution peut être saisi par le tiers détenteur lui-même. Si le juge de
l’exécution n’a pas été saisi dans le mois qui suit le jour où la sommation a été signifiée,
cette sommation ainsi que les mesures conservatoires qui auraient être prises deviennent
caduques (CPC exéc., art. R. 222-8).
Il doit ensuite être procédé à l’appréhension du bien, sur présentation de la décision du
juge de l’exécution qui prescrit la remise du bien au requérant, et sur présentation d’une
autorisation spéciale du juge de l’exécution, délivrée sur requête, si le bien est situé dans
des locaux servant à l’habitation du tiers (CPC exéc., art. R. 222-9).
Il est dressé un acte de la remise ou de l’appréhension conformément aux dispositions
de l’article R. 222-4 du CPC exéc., prévues pour la saisie-appréhension entre les mains
de la personne tenue de la remise. Une copie de cet acte est remise ou notifiée au tiers
par lettre recommandée avec demande d’avis de réception.
Après l’enlèvement du bien, la personne tenue de la remise est informée selon les moda-
lités prévues aux articles R. 222-5 ou R. 222-6 du CPC exéc.
CHAPITRE 7 – La saisie-appréhension 121

2• LA SAISIE-APPRÉHENSION SUR INJONCTION DU JUGE


Si le requérant ne dispose pas de titre exécutoire, il peut présenter une requête au juge
de l’exécution du lieu où demeure le débiteur, afin d’obtenir une injonction d’avoir à

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délivrer ou restituer le bien meuble déterminé. La compétence territoriale du juge de
l’exécution est d’ordre public : toute autre clause contraire serait réputée non avenue,
et le juge irrégulièrement saisi est tenu de relever d’office son incompétence (CPC
exéc., art. R. 222-11).
La requête contient, à peine d’irrecevabilité, la désignation du bien dont la remise est
demandée, elle est accompagnée de tout document justifiant cette demande (CPC
exéc., art. R. 222-12).
L’ordonnance portant injonction de délivrer ou de restituer le bien est signifiée à
celui qui est tenu de la remise. La signification contient, à peine de nullité : la sommation
d’avoir, dans un délai de quinze jours, soit à transporter à ses frais le bien désigné au lieu
et dans les conditions indiqués, soit si le détenteur du bien a des moyens de défense à
faire valoir, à former opposition au greffe du juge qui a rendu l’ordonnance. L’opposi-
tion est faite par déclaration contre récépissé ou par lettre recommandée avec
demande d’avis de réception. À défaut d’opposition, l’ordonnance est rendue exécu-
toire (CPC exéc., art. R. 222-13).
Au contraire, en cas d’opposition, celui qui demande la remise du bien doit saisir la
juridiction compétente pour statuer sur la délivrance ou la restitution du bien. Si le juge
du fond n’a pas été saisi dans un délai de deux mois à compter de la signification de
l’ordonnance, la requête et l’ordonnance d’injonction ainsi que les mesures conserva-
toires qui auraient été prises, deviennent caduques.
En absence d’opposition, dans le délai de quinze jours, le requérant peut
demander au greffe l’apposition de la formule exécutoire. L’ordonnance produit
alors tous les effets d’un jugement contradictoire en dernier ressort. Le JEX n’a pas le
pouvoir d’empêcher la restitution ordonnée, ou de la différer. Au vu de l’ordonnance
devenue exécutoire, il est procédé selon les dispositions des articles R. 222-2 à
R. 222-10 du CPC exéc., c’est-à-dire à l’appréhension entre les mains de la personne
tenue de la remise. Le commandement prévu par l’article R. 222-2 du CPC exéc. n’est
pas obligatoire si le bien est entre les mains de la personne visée dans l’injonction du
juge et si l’appréhension du bien est entreprise moins de deux mois après l’ordonnance
qui a été rendue exécutoire.

3• LES MODALITÉS PARTICULIÈRES D’APPRÉHENSION


Des règles spéciales concernent l’appréhension d’un véhicule terrestre moteur. Celui-
ci peut être immobilisé par l’un des procédés prévus par l’article L. 223-2 du CPC exéc.
mais, dans ce cas, les articles R. 223-6, R. 223-8, R. 223-9, R. 223-12 et R. 223-13 du
CPC exéc. sont applicables (CPC exéc., art. R. 222-16, dern. al. ; V. supra, la saisie par
immobilisation du véhicule terrestre à moteur).
122 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

Les articles R. 224-10 à R. 224-12 du CPC exéc. visent les hypothèses dans laquelle la
saisie-appréhension concerne des biens placés dans un coffre-fort appartenant à
un tiers. Un acte de saisie est dressé selon les dispositions de la saisie-vente des biens
placés dans un coffre-fort conformément à l’article R. 224-1 du CPC exéc. Un comman-
dement de délivrer ou de restituer est signifié à la personne tenue de la remise, le

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premier jour ouvrable suivant cet acte de saisie (CPC exéc., art. R. 224-10).
Cet acte contient, à peine de nullité, la dénonciation de l’acte de saisie, la mention du
titre exécutoire, la désignation précise du bien réclamé, un commandement d’avoir à
remettre le bien réclamé avant la date fixée pour l’ouverture du coffre, ou d’assister en
personne ou par mandataire, à son ouverture aux fins d’enlèvement. L’acte avertit qu’en
cas d’absence ou de refus d’ouverture, le coffre sera ouvert par la force à ses frais. L’acte
indique également les lieu, jour et heure fixés pour l’ouverture du coffre, il désigne le JEX
compétent pour statuer sur les contestations qui est celui du lieu où sont situés les biens
saisis. Ce commandement peut être signifié dans l’acte signification du jugement (CPC
exéc., art. R. 224-10).
Les modalités de la saisie-appréhension sont déterminées par le dispositif relatif à la
saisie-vente, c’est-à-dire aux articles R. 224-4 à R. 224-6 et R. 224-9 du CPC exéc. La
spécificité réside dans le fait que la copie de l’inventaire est remise ou signifiée au débi-
teur ainsi que, le cas échéant, à la personne à laquelle le bien a été remis. À peine de
nullité, dans la copie adressée au débiteur, il doit être indiqué que le bien a été remis à
la personne désignée dans le titre exécutoire ou à son mandataire dont l’identité doit
être précisée (CPC exéc., art. R. 224-12).
PARTIE 4

Les processus
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d’exécution sur
les créances
Chapitre 8 La saisie-attribution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
Chapitre 9 La saisie des rémunérations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
Chapitre 10 Les saisies attributives spéciales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
Chapitre 11 Les processus d’exécution sur les droits incorporels (valeurs
mobilières et droits d’associés) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
Chapitre 12 La distribution des deniers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171

Les créances ne sont pas toutes soumises au même régime juridique. Si une saisie-
attribution de droit commun a été prévue, le législateur a aménagé un processus
original dès lors que la saisie s’opère sur une rémunération. C’est parfois la qualité
alimentaire de la somme à recouvrer qui justifie l’existence de saisies attributives
spéciales.
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CHAPITRE 8
La saisie-attribution

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Réglementée par les articles L. 211-1 et suivants du CPC exéc. et les articles R. 211-1
et suivants du CPC exéc., la saisie-attribution est une mesure d’exécution forcée créée
par la réforme de 1991, qui ne peut porter que sur des créances de sommes d’argent.
Elle remplace l’ancienne saisie-arrêt, mesure d’exécution critiquée qui comportait une
phase conservatoire, puis une instance en validité. La nouvelle saisie-attribution permet
au créancier muni d’un titre exécutoire constatant une créance liquide et exigible, de
saisir entre les mains d’un tiers, appelé le tiers saisi, la créance de son débiteur, nommé
le débiteur saisi, portant sur une somme d’argent. Cette saisie est extrêmement perfor-
mante, parce qu’elle emporte attribution immédiate des sommes au profit du créancier,
dans la limite de ce qui lui est dû et de ce que le tiers saisi doit au débiteur.

1• LA SAISIE-ATTRIBUTION SOUMISE AUX DISPOSITIONS


GÉNÉRALES

A - Les conditions

1) Les sujets
Le créancier saisissant doit être, comme pour toute mesure d’exécution, muni d’un titre
exécutoire constatant une créance liquide et exigible (CPC exéc., art. R. 211-1 et L. 211-1).
Le débiteur saisi doit être créancier d’un tiers pour que le processus soit réalisable.
Le tiers saisi doit être débiteur du débiteur saisi, dans la mesure où au jour de cette
saisie, ce tiers doit être tenu d’une obligation portant sur une somme d’argent envers
le débiteur saisi. La jurisprudence a précisé que le tiers doit détenir les sommes dues au
débiteur saisi en vertu d’un pouvoir propre et indépendant (peuvent être tiers saisis, les
banquiers, les représentants légaux d’incapables majeurs ou mineurs, mais également
un notaire, un avocat). En revanche, un préposé du débiteur saisi (par exemple le caissier
salarié de la banque) ne détient pas les sommes en vertu d’un pouvoir indépendant,
puisqu’il est subordonné à son employeur ; il n’est donc pas un tiers par rapport à
celui-ci. La jurisprudence admet également la possibilité pour le créancier saisissant de
saisir entre ses mains propres des sommes qu’il doit au débiteur saisi : il s’agit d’une
126 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

saisie-attribution sur soi-même1 : le créancier saisissant, qui est également tiers saisi, sera
payé par le jeu de la compensation, lorsque la créance sera liquide et exigible.

2) L’objet

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Deux créances font l’objet de la saisie-attribution : d’une part, la créance cause de la
saisie (c’est celle du créancier saisissant à l’égard du débiteur saisi), d’autre part, la
créance objet de la saisie (c’est celle du débiteur saisi à l’égard du tiers saisi).
La créance cause de la saisie doit être constatée dans un titre exécutoire (CPC exéc.,
art. L. 211-1 et R. 211-1). Conformément au droit commun des mesures d’exécution, le
titre peut être exécutoire à titre provisoire, l’article L. 111-10 du CPC exéc. prévoyant
alors que l’exécution est poursuivie aux risques du créancier. La créance doit être
liquide, évaluée en argent ou figurant dans un titre contenant tous les éléments d’éva-
luation et exigible conformément au droit commun.
La créance objet de la saisie est nécessairement une créance de somme d’argent (qui
ne doit pas être une rémunération du travail, soumise à une saisie spécifique2). Cette
créance doit présenter un certain nombre de caractéristiques.
D’abord, la créance doit exister au jour de la saisie. Mais il suffit que son existence soit en
germe à ce jour : l’article L. 112-1 du CPC exéc. précise que les saisies peuvent porter sur
des créances conditionnelles, à terme ou à exécution successive. Pour la jurisprudence, la
saisie-attribution peut être réalisée chaque fois qu’il existe des relations juridiques
préexistantes entre le débiteur et le tiers saisi, qui rendent le tiers saisi créancier du débi-
teur ; en revanche, la saisie-attribution ne peut pas être pratiquée sur une créance pure-
ment éventuelle. Ainsi, la saisie peut être effectuée entre les mains du banquier déten-
teur de sommes détenues sur des comptes ouverts chez lui du locataire du débiteur ou
de toute personne tenue au jour de la saisie d’une obligation portant sur une somme
d’argent envers le débiteur3.
Il est nécessaire que la créance demeure dans le patrimoine du débiteur saisi : si le débi-
teur cède sa créance, deux possibilités peuvent être envisagées. Si le tiers saisi est
informé de la transmission avant que le saisissant lui demande le paiement de sa
créance, il peut refuser le paiement au créancier saisissant4, qui élèvera une contestation
réglée par le dispositif de l’article R. 211-9 du CPC exéc. Si le tiers saisi n’est pas informé
de la transmission avant le paiement au créancier saisissant, le paiement qu’il effectuera
de bonne foi sera libératoire par application de l’article 1240 du Code civil.
La créance doit enfin être saisissable : pour la jurisprudence, c’est le cas des indem-
nités versées à la victime en réparation d’un dommage moral ou corporel. De
nombreux textes prévoient l’insaisissabilité de certaines créances, dont le caractère

——
1. Cass. 2e civ., 16 déc. 2004 : Bull. civ. II, no 533 ; Dr. et procéd. 2005, 175, obs. Putman ; D. 2005,
p. 1603, obs. Taormina.
2. Cass. ass. plén., 9 juill. 2004, Bull. ass. plén., no 11 ; Dr. et procéd. 2004, p. 349, obs. Bourdillat ; RTD
civ. 2004, p. 779, obs. Perrot ; D. 2004, p. 3161, note Bugada.
3. Cass. 1re civ., 13 mai 2014, nº 12-25511 : si la créance est à exécution successive, l’effet attributif
concerne les sommes échues en vertu de la créance, jusqu’à ce que le créancier soit rempli de ses
droits et dans la limite de ce qu’il doit au débiteur en qualité de tiers saisi.
4. Cass. com., 13 févr. 1996 : Banque 1996, no 569, p. 91, obs. Guillot.
CHAPITRE 8 – La saisie-attribution 127

alimentaire est affirmé (indemnités de sécurité sociale, prestations familiales, presta-


tion compensatoire5).

B - La procédure

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1) L’acte de saisie
L’acte de saisie est un acte du commissaire de justice signifié au tiers avec les indica-
tions prévues par l’article R. 211-1 du CPC exéc. La signification de l’acte de saisie est
une formalité impérative, qui doit être réalisée par le commissaire de justice, à l’exclusion
d’un clerc. Elle peut être faite par voie électronique. A partir du 1er janvier 2021, lorsque
le tiers saisi sera un établissement habilité par la loi à tenir des comptes de dépôt, les
actes lui seront transmis par voie électronique (CPC exéc., art. L. 211-1-1 ; L. nº 2019-
222, 23 mars 2019, art. 15).
L’acte contient à peine de nullité :
– l’indication des nom et domicile du débiteur (ou dénomination et siège social pour
une personne morale) ;
– la dénonciation du titre exécutoire en vertu duquel la saisie est pratiquée. Mais le
défaut d’indication constitue un vice de forme, qui suppose que l’intéressé prouve
le grief que lui cause cette irrégularité ;
– le décompte distinct des sommes réclamées en principal, frais et intérêts échus,
majorées d’une provision pour les intérêts à échoir dans le délai d’un mois prévu
pour élever une contestation (s’il y a plusieurs titres exécutoires, il faut indiquer un
décompte distinct en principal, frais et intérêts échus pour chacun de ces titres6).
Mais la Cour de cassation a considéré qu’une erreur portant sur les sommes récla-
mées dans un acte de saisie-attribution n’est pas une cause de nullité ;
– l’indication que le tiers saisi est personnellement tenu envers le créancier saisissant
et qu’il lui est fait défense de disposer des sommes réclamées dans la limite de ce
qu’il doit au débiteur ;
– la reproduction du premier alinéa de l’article L. 211-2 et de l’article L. 211-3, du
3e alinéa de l’article L. 211-4, ainsi que des articles R. 211-5 et R. 211-11 du CPC
exéc. (relatifs à l’effet d’attribution immédiate de la saisie, à l’obligation de déclara-
tion du tiers saisi et aux conditions de la contestation de la saisie).
L’acte indique l’heure à laquelle il a été signifié, sans que cette mention soit prescrite à
peine de nullité.
Cet acte de saisie produit des conséquences importantes :
– d’abord, il interrompt la prescription extinctive de la créance objet de la saisie (CPC
exéc., art. L. 141-2, dern. al. et C. civ., art. 2244) ;
– ensuite, aux termes de l’article L. 211-2 du CPC exéc., l’acte de saisie emporte attri-
bution immédiate, au profit du saisissant, de la créance saisie disponible entre les
mains du tiers saisi, ainsi que de tous les accessoires, à concurrence des sommes
pour lesquelles la saisie est pratiquée7. L’acte de saisie rend le tiers personnellement

——
5. CA Paris, 15 janv. 2009 : Dr. et procéd. mai-juin 2009, p. 176.
6. Cass. 2e civ., 23 févr. 2017, nº 16-10338.
7. Pour la durée de l’effet attributif, Cass. 2e civ., 19 février 2015, nº 14-10439.
128 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

débiteur des causes de la saisie dans la limite de son obligation. En conséquence, la


créance objet de la saisie n’est attribuée qu’à concurrence de la créance cause de la
saisie : si le montant de la créance objet de la saisie est supérieur aux sommes pour
lesquelles la saisie est pratiquée, seule la partie correspondant aux sommes dues est
attribuée.

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Le caractère immédiat de l’attribution présente des intérêts évidents. Le créancier
saisissant ne peut plus entrer en concours avec d’autres créanciers, puisque la
créance saisie sort du patrimoine de son débiteur pour entrer dans le sien. Selon
l’article L. 211-2, alinéa 2 du CPC exéc., la signification ultérieure d’autres saisies,
même émanant de créanciers privilégiés, ainsi que la survenance d’un jugement
portant ouverture d’une procédure de sauvegarde, de redressement judiciaire ou de
liquidation judiciaire, ne remettent pas en cause cette attribution. De ce fait, le créan-
cier saisissant ne supporte pas les effets d’une autre saisie-attribution qui serait prati-
quée par un autre créancier du saisi entre les mains du tiers. Dans le cas d’une procé-
dure collective dirigée contre le débiteur saisi, l’article L. 632-2 du Code de commerce
prévoit que la saisie attribution peut seulement être annulée lorsqu’elle a été délivrée
par un créancier à compter de la date de cessation des paiements ou en connaissance
de celle-ci. Il faut se référer à la date de la signification de l’exploit par le commissaire
de justice au tiers saisi, laquelle produit l’effet attributif.
Les actes de saisie signifiés au cours de la même journée entre les mains du même tiers
sont réputés faits simultanément, de sorte que si les sommes disponibles ne permet-
tent pas de désintéresser la totalité des créanciers saisissants, ceux-ci viennent en
concours (CPC exéc., art. L. 211-2). Les créanciers saisissants ultérieurs ne subissent
les conséquences de l’attribution au premier saisissant que dans la mesure où la procé-
dure de saisie-attribution est poursuivie régulièrement : si la saisie-attribution se trouve
privée d’effets, les saisies et prélèvements ultérieurs prendront effet à leur date. Si la
saisie-attribution est fondée sur une ordonnance portant injonction de payer, et si
cette ordonnance est frappée d’opposition, ceci fait obstacle au paiement au créancier
des sommes indisponibles, jusqu’à ce que la juridiction ait statué sur l’opposition ;
– enfin, la créance saisie est indisponible. Ceci a pour effet de faire obstacle à un
paiement sur les sommes saisies. En ce qui concerne les relations entre le créancier
saisissant et le tiers saisi, en dépit de l’effet attributif immédiat, le paiement de la
créance est différé jusqu’à la présentation du certificat délivré par le greffe ou
établi par le commissaire de justice qui a procédé à la saisie, attestant qu’aucune
contestation n’a été formée dans le mois de la dénonciation de la saisie, sauf si le
débiteur déclare par écrit ne pas contester la saisie (CPC exéc., art. R. 211-6). Cela
signifie que si une procédure collective est ouverte à l’encontre du tiers saisi, le
créancier saisissant sera soumis à la suspension des poursuites, et qu’il lui appar-
tiendra de déclarer sa créance dans les mains du représentant des créanciers8. En
ce qui concerne les relations entre le tiers saisi et le débiteur saisi, l’indisponibilité a
pour conséquence d’interdire au tiers saisi de payer le débiteur sur les sommes
saisies attribuées. Si le tiers saisi ne respecte pas cette interdiction, il devra normale-
ment procéder à un second paiement au bénéfice du saisissant, avec possibilité d’un
recours contre le débiteur saisi (cette sanction n’exclut pas la possibilité pour le

——
8. Cass. com., 8 juill. 2003 : Act. proc. coll. 2003, no 229, obs. Regnaut-Moutier.
CHAPITRE 8 – La saisie-attribution 129

créancier saisissant qui conserve ses droits à l’égard du débiteur saisi, d’exercer
directement contre celui-ci une action en restitution des sommes versées nonobs-
tant la saisie-attribution). De plus, comme la créance saisie attribuée est sortie du
patrimoine du débiteur saisi, aucune opération juridique ne peut avoir lieu sur
cette créance : ainsi, une compensation qui permettrait d’éteindre la dette du tiers

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saisi est impossible, une novation ou une cession de la créance par le saisi, une
remise totale de dette au profit du tiers saisi, sont prohibées.
Si le tiers saisi souhaite se libérer de sa dette, il peut demander que les sommes soient
consignées entre les mains d’un séquestre désigné par accord amiable, ou sur requête,
par le juge de l’exécution. La remise des sommes au séquestre arrête le cours des inté-
rêts dus par le tiers saisi (CPC exéc., art. R. 211-2).

2) La déclaration du tiers saisi


L’article R. 211-4 du CPC exéc. prévoit que le tiers saisi est tenu de donner sur-le-champ
au commissaire de justice les renseignements prévus à l’article L. 211-3 du CPC exéc. et
de lui communiquer les pièces justificatives. Il en est fait mention dans l’acte de saisie
(CPC exéc., art. R. 211-4). Cette exigence d’une déclaration « sur-le-champ » a été
jugée conforme au procès équitable prévu par l’article 6 § 1 de la Convention euro-
péenne, dans la mesure où la sanction de sa méconnaissance n’est pas automatique,
puisque le tiers peut faire valoir devant le JEX qu’il est dans l’impossibilité de fournir
immédiatement les renseignements demandés. En revanche, ces exigences ne sont pas
applicables au tiers détenteur. La jurisprudence interprète rigoureusement cette obliga-
tion d’information : le tiers ne peut fournir aucun motif l’autorisant à différer sa réponse,
il est tenu de fournir spontanément les renseignements, sans attendre l’intervention
d’un commissaire de justice à cet effet, et un simple retard d’un jour suffit à caractériser
le refus de fournir les renseignements. Même si le tiers invoque l’obligation d’effectuer
des recherches à l’étranger, il doit être diligent, et ne peut tarder plusieurs mois.
Le tiers saisi doit faire connaître au créancier l’étendue de ses obligations à l’égard du
débiteur, ainsi que les modalités qui pourraient les affecter (comme une cession de
créance, une délégation ou une saisie antérieure, selon l’article L. 211-3 du CPC exéc.).
Il n’est tenu de faire une déclaration que si, au jour de la saisie, il est tenu d’une obliga-
tion envers le débiteur9.
Si l’acte de saisie est signifié par voie électronique, le tiers saisi est tenu de commu-
niquer au commissaire de justice les renseignements et pièces justificatives imposés au
plus tard le premier jour ouvré suivant la signification, par voie électronique, sous
réserve des dispositions prévues à l’article 748-7 du Code de procédure civile (le tiers
saisi aura consenti expressément à l’utilisation de la voie électronique). Le tiers commu-
nique avec le commissaire de justice par une « interface mise à sa disposition par la
Chambre nationale des commissaires de justice » (ce sera surtout le cas pour les saisies-
attributions en matière bancaire).

——
9. Cass. 2e civ., 11 mai 2017, nº 16-14139.
130 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

Sanctions du tiers saisi


Les sanctions de la méconnaissance de cette déclaration sont rigoureuses. Si le tiers refuse de
coopérer et ne fournit pas les renseignements prévus sans motif légitime, l’article R. 211-5 du
CPC exéc. prévoit qu’il doit être condamné, à la demande du créancier, à payer les sommes

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dues à ce dernier, sans préjudice de son recours contre le débiteur. Le tiers saisi peut donc
être exposé à payer plus que ce qu’il devait, si la créance est d’un montant supérieur à sa
propre dette. Le juge apprécie souverainement le caractère légitime du motif invoqué par le
tiers. Mais le tiers ne peut être condamné que dans la mesure où la saisie se poursuit régulière-
ment : si elle est frappée de caducité ou annulée, le tiers ne peut être tenu. En outre, le tiers
saisi ne peut pas être condamné aux causes de la saisie s’il n’est pas débiteur du débiteur saisi,
ou encore si la saisie attribution est caduque (Cass. 2e civ., 21 déc. 2006, nº 04-16511). La Cour
de cassation rappelle que lorsqu’il n’est tenu à aucune obligation envers le débiteur, le tiers
saisi ne peut être condamné aux causes de la saisie pour manquement à son obligation de
renseignement (Cass. 2e civ., 12 avril 2018, nº 17-15298).
Si le tiers adopte un comportement de mauvaise foi, l’article R. 211-5, alinéa 2 du CPC exéc.
prévoit qu’il peut aussi être condamné à des dommages et intérêts en cas de négligence
fautive ou de déclaration inexacte ou mensongère10. La Cour de cassation a jugé que ces deux
sanctions ne peuvent pas être cumulées : si le tiers fait une déclaration incomplète, inexacte ou
mensongère, il s’expose uniquement à une condamnation à des dommages et intérêts. Ce sera
le cas, notamment, si le tiers omet de fournir les pièces justificatives.
Le tiers saisi peut échapper à ces condamnations en justifiant d’un motif légitime, apprécié
souverainement par les juges du fond. Mais un tel motif ne peut pas consister en un secret
professionnel, notamment le secret bancaire, qui ne peut pas être opposé au créancier saisis-
sant. De même, le tiers banquier ne peut pas alléguer un dysfonctionnement informatique. En
revanche, si le créancier accepte un délai de 48 heures pour répondre, et que le créancier
répond au-delà de ces 48 heures, les juges peuvent estimer qu’il invoque un motif légitime,
dès lors qu’un délai avait été accepté au lieu d’une réponse sur-le-champ. En outre, aucun
texte n’exige que le tiers saisi donne sur-le-champ au commissaire de justice qui l’interpelle le
motif légitime l’autorisant à différer sa réponse, même si cette information doit intervenir dans
un délai raisonnable.
Le tiers saisi n’est pas sanctionné si la saisie-attribution est ultérieurement annulée, si elle est
frappée de caducité, ou si le tiers saisi n’est plus tenu d’une dette à l’égard du débiteur saisi.

3) La dénonciation de la saisie au débiteur


Dans un délai de huit jours, à peine de caducité, la saisie est dénoncée au débiteur par
acte du commissaire de justice. La dénonciation ne constituant pas un acte d’exécution,
elle peut être signifiée par clerc assermenté.
Si le débiteur a fait l’objet d’une procédure collective, la dénonciation doit être faite dans
les huit jours à l’organe habilité (au liquidateur en cas de liquidation judiciaire).
Conformément à l’article R. 211-3 du CPC exéc., cet acte de dénonciation contient à
peine de nullité : une copie du procès-verbal de saisie et la reproduction des renseigne-
ments communiqués par le tiers saisi si l’acte a été signifié par voie électronique ; l’indi-
cation en caractères très apparents que les contestations peuvent être formées dans le
délai d’un mois qui suit la signification de l’acte, à peine d’irrecevabilité, ainsi que la date
à laquelle expire ce délai. La dénonciation indique que l’assignation est dénoncée par
lettre RAR le même jour au commissaire de justice qui a procédé à la saisie, et désigne
la juridiction devant laquelle les contestations doivent être portées (CPC exéc.,

——
10. Cass. 2e civ., 26 mai 2011, nº 10-16343.
CHAPITRE 8 – La saisie-attribution 131

art. R. 211-3). Ces mentions ont pour objectif la possibilité pour le débiteur d’assurer sa
défense : une erreur commise dans l’acte de dénonciation sur le délai pour former une
contestation constitue une irrégularité affectant la validité de l’acte, mais le débiteur doit
prouver qu’il a subi un grief en raison de cette erreur.
En cas de saisie de compte, l’acte comporte l’information du titulaire relativement à la

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mise à disposition des sommes auxquelles il a droit, en application de l’article R. 162-2
du CPC exéc., ainsi que le ou les comptes sur lesquels cette mise à disposition est
opérée.
Ce même acte rappelle au débiteur qu’il peut autoriser par écrit le créancier à se faire
remettre sans délai par le tiers saisi les sommes qui lui sont dues.
Le défaut de dénonciation de la saisie dans le délai entraîne la caducité de la saisie-attri-
bution, c’est-à-dire son anéantissement rétroactif.

4) Le paiement par le tiers saisi


Deux hypothèses peuvent être distinguées :
– s’il y a une contestation dans le délai prévu, le paiement ne pourra avoir lieu
qu’après le règlement de la contestation, puisque le tiers saisi procédera au paie-
ment sur présentation de la décision rejetant la contestation (CPC exéc.,
art. R. 211-13). Le JEX peut toutefois autoriser le paiement pour la somme qu’il
détermine avant le règlement de la contestation (CPC exéc., art. L. 211-5) ;
– en l’absence de contestation, le tiers saisi procède au paiement sur la présentation
d’un certificat délivré par le greffe ou établi par le commissaire de justice qui a
procédé à la saisie. Ce certificat atteste qu’aucune contestation n’a été formée
dans le mois qui a suivi la dénonciation de la saisie (CPC exéc., art. R. 211-6). Le
paiement peut intervenir avant l’expiration de ce délai, à la condition que le débi-
teur ait déclaré ne pas contester la saisie par un acte écrit. En cas de refus de paie-
ment par le tiers saisi, la contestation est portée devant le juge de l’exécution qui
peut délivrer un titre exécutoire contre le tiers (CPC exéc., art. R. 211-9). Mais le
JEX ne peut accorder aucun délai de grâce au tiers saisi.
Le créancier saisissant qui a reçu le paiement en donne quittance au tiers saisi et en
informe le débiteur. Logiquement, ce paiement éteint l’obligation du débiteur et celle du
tiers saisi dans la limite des sommes versées. Le débiteur saisi qui n’aurait pas élevé de
contestation dans le délai prescrit peut toutefois agir à ses frais en répétition de l’indu
devant le juge du fond compétent, aux termes de l’article L. 211-4 du CPC exéc.
Le créancier saisissant qui n’a pas été payé par le tiers saisi conserve ses droits contre
le débiteur (CPC exéc., art. R. 211-8). Mais, si ce défaut de paiement est imputable à la
négligence du créancier, il perd ses droits à concurrence des sommes dues par le tiers
saisi.
En cas de refus de paiement par le tiers saisi des sommes qu’il a reconnu devoir ou
dont il a été jugé débiteur, la contestation est portée devant le JEX. Le juge peut délivrer
un titre exécutoire contre le tiers saisi (CPC exéc., art. R. 211-9), puisque ce refus de
paiement est sanctionné par la condamnation du tiers au paiement des causes de la
saisie.
132 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

C - Les contestations éventuelles


Toutes les contestations relatives à la saisie-attribution relèvent de la compétence du
juge de l’exécution du lieu où demeure le débiteur (CPC exéc., art. R. 211-10). S’il y a
plusieurs débiteurs, le JEX du lieu où demeure chacun des débiteurs est territorialement

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compétent, et il n’est pas possible d’invoquer la connexité pour faire examiner ensemble
les différentes contestations émanant des débiteurs. L’incident peut émaner du débiteur
saisi, qui conteste le montant de la créance cause de la saisie (en application de l’article 6
§ 1 de la Convention européenne, un débiteur saisi doit pouvoir contester devant un
juge la régularité de la saisie, même si la saisie-attribution a été opérée par application
d’un arrêt de cour d’assises11). Il peut émaner du tiers saisi qui conteste sa propre dette
(mais le tiers ne peut pas opposer la nullité de la saisie au motif de l’irrégularité du titre
exécutoire). La contestation peut mettre en œuvre un vice de fond, ou un vice de forme
tenant à l’irrégularité de la procédure.
L’article R. 211-11 du CPC exéc. a été modifié par le décret nº 2017-892 du 6 mai 2017.
Il prévoit qu’à peine d’irrecevabilité, les contestations relatives à la saisie sont formées
dans le délai d’un mois à compter de la dénonciation de la saisie au débiteur. Sous la
même sanction, elles sont dénoncées le même jour ou, au plus tard, le premier jour
ouvrable suivant, par lettre recommandée avec demande d’avis de réception, au
commissaire de justice qui a procédé à la saisie.
L’auteur de la contestation en informe le tiers saisi par lettre simple. Il remet une copie
de l’assignation, à peine de caducité de celle-ci, au greffe du juge de l’exécution au
plus tard le jour de l’audience.
La jurisprudence interprète restrictivement la notion de contestation au sens de
l’article L. 211-4 du CPC exéc. : ainsi, elle considère que le fait pour l’intéressé de
soutenir qu’il n’est pas le débiteur visé au titre exécutoire constitue une difficulté d’exé-
cution, et non une contestation de la saisie, ce qui signifie que l’intéressé n’est pas
soumis au délai d’un mois ; de même, le fait de contester le titre servant de fondement
à la saisie-attribution n’est pas soumis au délai de ce texte, comme la contestation de la
sincérité de la déclaration du tiers saisi.
Si le délai est expiré, la contestation est irrecevable mais le débiteur peut toujours agir à ses
frais en répétition de l’indu devant le juge du fond compétent (CPC exéc., art. L. 211-4,
dern. al.). Le JEX n’a pas le pouvoir de statuer sur la répétition de l’indu.
Le juge de l’exécution statue sur la contestation. Plusieurs issues sont concevables.
Il peut rejeter la contestation, ce qui oblige le tiers saisi à payer le créancier sur présenta-
tion de cette décision, après que ladite décision a été notifiée aux parties en cause (CPC
exéc., art. R. 211-13). L’article R. 211-12 du CPC exéc. permet au juge de l’exécution,
lorsqu’il apparaît que ni le montant de la créance du saisissant, ni la dette du tiers saisi
ne sont sérieusement contestables, d’ordonner provisionnellement le paiement d’une
somme qu’il détermine, en prescrivant le cas échéant des garanties. Cette décision n’a
pas autorité de chose jugée au principal.
Il peut admettre la contestation et annuler la saisie-attribution, ce qui entraînera sa
mainlevée.

——
11. CA Paris, 31 oct. 2002 : D. 2003, p. 1473, obs. Julien.
CHAPITRE 8 – La saisie-attribution 133

Il se peut que la contestation ne porte que sur une fraction de la dette. Dans ce cas, le
JEX donne effet à la saisie pour la fraction non contestée de la dette, et sa décision est
exécutoire sur minute (CPC exéc., art. R. 211-12, al. 1er). Même en cas d’appel de la
décision, le dispositif de l’article R. 122-22 alinéa 2 n’est pas applicable (demande de
sursis à exécution et suspension des poursuites).

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2• LA SAISIE-ATTRIBUTION SOUMISE À DES DISPOSITIONS
PARTICULIÈRES

A - La saisie-attribution des créances à exécution successive


En principe, la saisie des créances à exécution successive est soumise au droit commun
de la saisie attribution, résultant des articles R. 211-1 à R. 211-13 du CPC exéc. (CPC
exéc., art. R. 211-14). Néanmoins, la Cour de cassation juge que l’effet attributif
s’étend aux sommes échues en vertu de la créance, jusqu’à ce que le créancier soit
rempli de ses droits, et dans la limite de ce que le tiers saisi doit au débiteur12.
Toutefois, les articles R. 211-15 et suivants du CPC exéc. établissent des dispositions
particulières permettant de tenir compte des caractéristiques de ces créances.
Ainsi, en l’absence de contestation, les sommes échues après la saisie sont versées au
créancier saisissant sur présentation du certificat prévu à l’article R. 211-6 du CPC exéc.,
attestant qu’aucune contestation n’a été formée dans le délai. Au fur et à mesure des
échéances, le tiers saisi se libère entre les mains du créancier saisissant ou de son manda-
taire. Le créancier en donne quittance et en informe le débiteur (CPC exéc.,
art. R. 211-15).
En cas de contestation, le tiers saisi s’acquitte des créances échues entre les mains d’un
séquestre désigné sur accord amiable ou sur requête par le juge de l’exécution.
Le juge de l’exécution ordonne la mainlevée de la saisie-attribution dès que les sommes
consignées suffisent à désintéresser le créancier. Le greffe en informe le tiers saisi par
lettre recommandée avec demande d’avis de réception (CPC exéc., art. R. 211-17).
L’article R. 211-17 du CPC exéc. prévoit les modalités d’information des différents
acteurs de la saisie, par lettre RAR Le tiers saisi est informé par le créancier de l’extinction
de la dette du saisi par lettre RAR. La saisie cesse également de produire effet lorsque le
tiers saisi n’est plus tenu envers le débiteur, ce dont il informe le créancier par lettre
recommandée avec demande d’avis de réception.

B - La saisie-attribution des comptes ouverts auprès


d’établissements habilités
La saisie-attribution des comptes est soumise au droit commun des articles R. 211-1 à
R. 211-13 et à l’article L. 162-1 du CPC exéc., mais également aux dispositions

——
12. Cass. 1re civ., 13 mai 2014, nº 12-25511.
134 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

particulières prévues aux articles R. 211-18 et suivants du même code. Elle concerne les
comptes de dépôt, mais également tous les comptes enregistrant des créances de
somme d’argent, ouverts auprès d’un établissement habilité par la loi à tenir des
comptes de dépôt (banques, centres de chèques postaux, caisses d’épargne). La saisie-
attribution peut porter sur tous les comptes d’espèces, comptes courants, comptes de

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dépôt rémunérés ou non.
Lorsque la saisie est pratiquée sur un compte joint, elle est logiquement dénoncée à
chacun des titulaires du compte, mais la Cour de cassation juge qu’aucune caducité de
la saisie n’est encourue en cas de défaut de dénonciation au cotitulaire du compte
joint13. L’article R. 211-22 du CPC exéc. précise alors que si les nom et adresse des
autres titulaires du compte sont inconnus du commissaire de justice, ce dernier
demande à l’établissement qui tient le compte de les informer immédiatement de la
saisie et du montant des sommes réclamées. Il appartient au commissaire de justice
d’interpeller le tiers saisi avec suffisamment de rigueur pour connaître les nom et
adresse des cotitulaires, afin de leur dénoncer la saisie : l’acte de saisie doit mentionner
expressément l’accomplissement de ces formalités.
La déclaration du tiers saisi est soumise à des règles particulières. D’abord, c’est le
siège social ou l’agence qui tient le compte du débiteur qui doit déclarer le solde du ou
des comptes du débiteur au jour de la saisie. Ensuite, l’établissement est obligé de
déclarer le solde du compte ou des comptes du débiteur au jour de la saisie (CPC exéc.,
art. L. 162-1 et R. 211-20), mais il n’a pas à communiquer les mouvements du compte
du débiteur antérieurs à la saisie. Le banquier ne peut pas opposer le secret profes-
sionnel pour refuser de communiquer le solde du compte, cette obligation découlant
de la loi.
Si le débiteur possède plusieurs comptes, le banquier doit en principe déclarer séparé-
ment le solde de chaque compte, sauf dans l’hypothèse d’une convention d’unicité ou
de fusion des différents comptes ouverts, auquel cas le tiers saisi déclare le solde global
de ces comptes. Le tiers ne doit pas se limiter au seul compte de dépôt enregistrant des
sommes d’argent, il doit fournir des relevés des comptes de toute nature détenus par le
débiteur au jour de la saisie-attribution (l’information porte sur des comptes courants,
comptes provision et de gages d’espèces, et comptes de titres).
Il appartient à l’établissement habilité tiers saisi de prendre toute disposition pour faire
recevoir le commissaire de justice par un employé qualifié, afin de lui fournir sur-le-
champ les renseignements et lui communiquer les pièces justificatives, sauf à commettre
une faute caractérisée. Le tiers saisi n’est évidemment pas fondé à opposer le secret
bancaire à la demande du créancier de déclarer la nature et la position des comptes du
débiteur, mais la jurisprudence interdit au JEX d’enjoindre à la banque de produire des
relevés des comptes dont le débiteur est titulaire, cette mesure d’instruction n’étant pas
prévue par l’article L. 162-1 du CPC exéc.

——
13. Cass. 2e civ., 7 juill. 2011 : Bull. civ. II, nº 160 ; D. 2011, p. 2453, Lauvergnat ; D. 2012, chron. 650,
Leroy-Lissinger ; Procédures 2011, comm. 366, Perrot ; Dr. et procéd. 2011, p. 247, Shreiber.
CHAPITRE 8 – La saisie-attribution 135

1) La régularisation des opérations de débit ou de crédit


Le solde existant au jour de la saisie peut être affecté par la régularisation ulté-
rieure d’opérations en cours, à l’avantage ou au préjudice du créancier saisissant.
L’article L. 162-1 du CPC exéc. établit à cet égard différentes règles.

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Dans le délai de quinze jours ouvrables qui suit la saisie-attribution, pendant lequel les
sommes laissées au compte sont indisponibles, et si la date des opérations est antérieure
à la saisie, le solde peut être affecté :
– premièrement, d’opérations de crédit (les remises faites antérieurement, en vue de
leur encaissement, de chèques ou d’effets de commerce non encore portés en
compte) ;
– deuxièmement, d’opérations de débit (l’imputation des chèques remis à l’encaisse-
ment avant la saisie ou portés au crédit du compte avant la saisie et revenus
impayés, les retraits par billetterie effectués avant la saisie et les paiements par
carte dès alors que leurs bénéficiaires ont été effectivement crédités avant la
saisie). Par exception, les effets de commerce remis à l’escompte et non payés à
leur présentation ou à leur échéance lorsqu’elle est postérieure à la saisie, peuvent
être contre-passés dans un délai d’un mois qui suit la saisie-attribution.
Le solde saisi attribué n’est affecté par ces opérations de débit et de crédit que dans la
mesure où leur résultat cumulé est négatif et supérieur aux sommes non frappées par la
saisie au jour de leur règlement (CPC exéc., art. L. 162-1). Il résulte de cette formule que
l’on doit confronter les opérations de crédit et de débit : si le résultat cumulé est négatif,
l’imputation se fait prioritairement sur la fraction des sommes non frappées par la saisie,
mais malgré tout indisponible (ce sont les sommes qui, au jour de la saisie, excèdent le
montant de la créance du poursuivant et qui constituent le solde). Si le débit n’est pas
entièrement absorbé, l’imputation doit se faire sur les sommes saisies-attribuées consti-
tuant le solde saisi-attribué.
L’article R. 162-1 précise qu’en cas de diminution des sommes rendues indisponibles, la
banque doit fournir un relevé de toutes les opérations qu’elle a effectuées sur le compte
depuis le jour de la saisie, et le communiquer par lettre RAR au créancier saisissant au
plus tard 8 jours après l’expiration du délai de contre-passation. Le tiers saisi qui ne
respecte pas cette obligation engage sa responsabilité pour faute.
L’acte de saisie rend en principe indisponible l’ensemble des comptes du débiteur tenus
par le tiers saisi, qui représentent des créances de sommes d’argent (CPC exéc.,
art. R. 211-9). Mais cette indisponibilité totale est parfois écartée. Le créancier saisissant
peut en effet limiter l’effet de la saisie à certains comptes, au vu des renseignements
fournis par le tiers (CPC exéc., art. R. 221-21). Il peut également être mis fin à l’indispo-
nibilité par la constitution d’une garantie irrévocable, à concurrence du montant des
sommes réclamées, cela d’un commun accord des parties ou sur décision du JEX.
Si le débiteur est titulaire de comptes différents, le paiement est effectué en prélevant,
en priorité, les fonds disponibles à vue (CPC exéc., art. R. 221-23), sauf si le débiteur a
prescrit le paiement d’une autre manière.
136 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

2) Le cas du compte alimenté par les gains et salaires d’époux communs


en biens
Lorsqu’un compte, même joint, alimenté par les gains et salaires d’un époux commun
en biens, fait l’objet d’une mesure d’exécution forcée ou d’une saisie-conservatoire

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pour le paiement ou la garantie d’une créance née du chef du conjoint, il est laissé
immédiatement à la disposition de l’époux commun en biens une somme équivalant, à
son choix, au montant des gains et salaires versés au cours du mois précédant la saisie
ou au montant moyen mensuel des gains et salaires versés dans les douze mois précé-
dant la saisie (CPC exéc., art. R. 162-9). Les dispositions du 2e alinéa de l’article R. 162-4
du CPC exéc. sont applicables : s’il résulte des opérations de régularisation que le
montant des sommes qui reviennent au conjoint commun en biens excède le solde qui
demeure disponible au compte, le complément est prélevé sur les sommes indisponibles.
Le tiers saisi doit informer le créancier saisissant, qui dispose de 15 jours pour contester
cette imputation.
En cas de saisie-attribution d’un compte bancaire ouvert au seul nom de l’époux qui
s’est porté caution, sans le consentement de l’autre (C. civ., art. 1415), il incombe au
banquier de rapporter la preuve que le compte est alimenté exclusivement par les
revenus de son titulaire.
En tout état de cause, la saisissabilité des gains et salaires des époux est réglementée par
l’article 1414 du Code civil : les gains et salaires d’un conjoint ne peuvent être saisis par
les créanciers de l’autre conjoint que si l’obligation a été contractée pour l’entretien du
ménage ou l’éducation des enfants conformément à l’article 220 du Code civil.

3) La protection de certaines personnes et la mise à disposition


des sommes indispensables à la vie du débiteur
Afin d’assurer les droits fondamentaux du débiteur et de sa famille, un « reste à vivre » a
été prévu, qui se traduit lorsqu’il y a une saisie entre les mains d’un établissement habi-
lité à tenir des comptes de dépôt, par la mise à disposition du débiteur d’une somme
indispensable pour assurer sa subsistance. Le solde bancaire insaisissable (SBI) est fixé
en référence au montant du revenu de solidarité active (RSA) alloué à une personne
seule. Il ne se cumule pas avec les sommes insaisissables (minima sociaux, prestations
familiales, remboursements de frais médicaux par ex.). Le banquier est tenu de laisser
le SBI à disposition du débiteur, sous réserve que le solde du compte soit créditeur d’au
moins cette somme !
Selon l’article L. 162-2 du CPC exéc., le tiers saisi laisse à disposition du débiteur
personne physique, dans la limite du solde créditeur du ou des comptes au jour de la
saisie, une somme à caractère alimentaire d’un montant égal au montant forfaitaire,
pour un allocataire seul, mentionné à l’article L. 262-2 du Code de l’action sociale et des
familles. Lorsque le débiteur est un entrepreneur individuel à responsabilité limitée, le
premier alinéa ne s’applique qu’à la saisie des comptes afférents à son patrimoine non
affecté. L’article L. 262-2 du Code de l’action sociale et des familles précise ainsi le
« revenu de solidarité active » : « toute personne résidant en France de manière
stable et effective, dont le foyer dispose de ressources inférieures à un revenu garanti,
a droit au revenu de solidarité active dans les conditions définies au présent chapitre.
Le revenu garanti est calculé, pour chaque foyer, en faisant la somme : 1º D’une fraction
des revenus professionnels des membres du foyer ; 2º D’un montant forfaitaire, dont le
CHAPITRE 8 – La saisie-attribution 137

niveau varie en fonction de la composition du foyer et du nombre d’enfants à charge ».


Le revenu de solidarité active est une allocation qui porte les ressources du foyer au
niveau du revenu garanti. Il est complété, le cas échéant, par l’aide personnalisée de
retour à l’emploi mentionnée à l’article L. 5133-8 du Code du travail. Une aide person-
nalisée de retour à l’emploi peut être attribuée par l’organisme au sein duquel le réfé-

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rent mentionné à l’article L. 262-27 du Code de l’action sociale et des familles a été
désigné. Elle a pour objet de prendre en charge tout ou partie des coûts exposés par
l’intéressé lorsqu’il débute ou reprend une activité professionnelle. L’aide personnalisée
de retour à l’emploi est incessible et insaisissable (C. trav., art. L. 5133-8). Le montant
forfaitaire mensuel du revenu de solidarité active pour un allocataire seul est de
559,74 euros (en couple : 839,61 euros) pour 2020 (D. nº 2019-400, 2 mai 2019, les
chiffres seront modifiés en mars 2020).
Cette mise à disposition est automatique : selon l’article R. 162-2 du CPC exéc.,
aucune demande du débiteur n’est nécessaire lorsqu’il est fait application des disposi-
tions de l’article L. 162-2 du CPC exéc. Le tiers saisi avertit aussitôt le débiteur de la
mise à disposition de la somme mentionnée à cet article. En cas de pluralité de
comptes, il est opéré une mise à disposition au regard de l’ensemble des soldes crédi-
teurs ; la somme est imputée en priorité sur les fonds disponibles à vue. En cas de
saisies de comptes ouverts auprès d’établissements différents, le commissaire de justice
ou le comptable public chargé du recouvrement détermine le ou les tiers saisis chargés
de laisser à disposition la somme mentionnée au premier alinéa ainsi que les modalités
de cette mise à disposition. Il en informe les tiers saisis.
Le tiers saisi informe sans délai le commissaire de justice ou le comptable public
chargé du recouvrement du montant laissé à disposition du titulaire du compte ainsi
que du ou des comptes sur lesquels est opérée cette mise à disposition.
Lorsque le compte est alimenté par des rémunérations du travail, et qu’il fait l’objet
d’une procédure de paiement direct (CPC exéc., art. R. 213-10) le tiers saisi laisse en
toute hypothèse à la disposition du débiteur, sans qu’aucune demande soit néces-
saire, la somme fixée à l’article R. 3252-5 du Code du travail en application de
l’article L. 3252-5 du Code du travail (CPC exéc., art. R. 213-10).
Les sommes à caractère alimentaire mises à disposition du titulaire du compte en
application de R. 162-2 et R. 213-10 du CPC exéc., viennent en déduction du montant
des créances insaisissables (CPC exéc., art. R. 162-7) dont le versement pourrait ultérieu-
rement soit être demandé par le titulaire du compte (CPC exéc., art. R. 162-4 et R. 162-5
ou R. 213-10), soit obtenu en application de R. 112-4 du CPC exéc. Les sommes insaisis-
sables mises à disposition du titulaire du compte en application des articles R. 162-4,
R. 162-5 ou R. 213-10 viennent en déduction du montant qui est laissé à disposition en
application de l’article R. 162-2.

4) La protection des créances insaisissables


Lorsqu’un compte en banque est crédité du montant d’une créance insaisissable (en
tout ou en partie, par ex. les rémunérations du travail14), l’insaisissabilité se reporte à
due concurrence sur le solde du compte (CPC exéc., art. R. 112-5). Les créances

——
14. Cass. 2e civ., 24 juin 2004 : Bull. civ. II, nº 323 ; RTD civ. 2004, p. 780, Perrot ; Procédures 2004, comm.
208, Perrot.
138 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

insaisissables sont mises à disposition du titulaire du compte par le tiers saisi, conformé-
ment aux dispositions prévues aux articles R. 213-10 et R. 162-7 du CPC exéc., et au
chapitre II du titre VI du CPC exéc. Le débiteur doit rapporter la preuve du caractère
insaisissable des sommes versées en compte15.
Lorsque les sommes insaisissables proviennent de créances à échéance pério-

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dique, telles que rémunérations du travail, pensions de retraite, sommes payées à titre
d’allocations familiales ou d’indemnités de chômage, le titulaire du compte peut, sur
justification de l’origine des sommes, en demander la mise à disposition immédiate,
déduction faite des opérations venues en débit du compte depuis le dernier versement
de la créance insaisissable.
Si, à l’expiration du délai de quinze jours prévu à l’article L. 162-1 du CPC exéc. pour la
régularisation des opérations en cours, le montant des sommes demandées par le débi-
teur en raison de leur insaisissabilité excède le solde qui demeure disponible au compte,
le complément est prélevé sur les sommes indisponibles à ce jour. Le tiers saisi informe le
créancier de ce prélèvement au moment de sa demande en paiement ; à peine d’irrece-
vabilité, ce dernier dispose d’un délai de quinze jours pour contester cette imputation
(CPC exéc., art. R. 162-4). Lorsque les sommes insaisissables proviennent d’une
créance à échéance non périodique, le titulaire du compte peut, sur justification de
l’origine des sommes, demander que soit laissé à sa disposition le montant de celles-ci,
déduction faite des sommes venues en débit du compte depuis le jour où la créance y a
été inscrite.
La mise à disposition ne peut avoir lieu avant l’expiration du délai de quinze jours pour la
régularisation des opérations en cours. Si, à cette date, le solde disponible au compte
n’est pas suffisant pour mettre à la disposition de son titulaire l’intégralité des sommes
demandées par lui à raison de leur insaisissabilité, le complément est retenu par le tiers
saisi sur les sommes indisponibles à la même date. Le tiers saisi informe le créancier de
cette retenue au moment de sa demande en paiement.
La demande de mise à disposition de sommes insaisissables est limitée dans le temps :
elle doit être présentée avant que le créancier saisissant n’ait demandé le paiement des
sommes saisies (CPC exéc., art. R. 162-6). Si le débiteur n’a pas formé de demande de
mise à disposition, il ne peut pas contester la saisie devant le JEX, puisqu’il n’appartient
qu’à lui de solliciter la mise en œuvre de l’insaisissabilité16.

5) La sanction éventuelle du titulaire du compte


Sans préjudice des sanctions pénales encourues, le titulaire du compte qui se voit mettre
à disposition une somme d’un montant supérieur à celui auquel il peut prétendre en
application des articles du présent chapitre restitue au créancier les sommes indûment
perçues ou mises à sa disposition. En cas de faute de sa part, il peut en outre être
condamné, à la demande du créancier, à des dommages et intérêts (CPC exéc.,
art. R. 162-8).

——
15. Cass. 2e civ., 24 mars 2005 : Bull. civ. II, nº 80 ; Procédures 2005, comm. 107, Piédelièvre ; Dr. et
procéd. 2005, p. 243, Putman.
16. Cass. 2e civ., 7 sept. 2017, nº 16-21408.
CHAPITRE 9
La saisie
des rémunérations

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La saisie des rémunérations est réglementée par le Code du travail. L’article L. 212-1 du
CPC exéc. renvoie aux articles L. 3252-1 à L. 3252-13 et l’article R. 212-1 du CPC exéc.,
aux articles R. 3252-1 à R. 3252-49 du Code du travail.
Il s’agit d’un processus d’exécution forcée qui a pour objet les revenus d’une activité,
dont les particularismes s’expliquent par la nature originale de la créance saisie, qui
présente toujours un caractère alimentaire pour le débiteur et son éventuelle famille, et
par le souci de protéger la relation de travail qui unit le débiteur saisi et le tiers saisi. La
réforme de 1991 avait déjà modifié la procédure antérieure sur deux points essentiels
qui conservent toute leur actualité : les textes modifiés exigeaient que le créancier soit
titulaire d’un titre exécutoire, ce qui excluait la saisie-conservatoire. L’article L. 3252-7
précise expressément que « les rémunérations ne peuvent faire l’objet d’une saisie
conservatoire ». En outre, la saisie des rémunérations n’entraînait aucune attribution
immédiate de la créance saisie, contrairement à la saisie-attribution de droit commun,
ce qui est encore le cas.
La volonté de protéger les intérêts en cause a conduit à l’instauration d’une procédure
particulière devant le juge de l’exécution, dont la compétence en la matière est exclu-
sive (COJ, art. L. 213-6, L. nº 2019-222, 23 mars 2019). Le JEX connaît de la saisie des
rémunérations, « à l’exception des demandes ou moyens de défense échappant à la
compétence des juridictions de l’ordre judiciaire ». Il exerce les pouvoirs du juge de l’exé-
cution. La loi nº 2019-222 du 23 mars 2019 a prévu que : « I. – Dans les conditions
prévues à l’article 38 de la Constitution et aux fins d’améliorer le traitement des procé-
dures concernées et la gestion des fonds en la matière, le Gouvernement est autorisé à
prendre par voie d’ordonnance, dans un délai de douze mois à compter de la date de
publication de la présente loi, les mesures relevant du domaine de la loi nécessaires
pour : 1º Transférer à la Caisse des dépôts et consignations la charge de : a) Recevoir,
gérer et répartir dans les meilleurs délais entre les créanciers saisissants les sommes
versées par le tiers saisi au titre des saisies des rémunérations du travail effectuées en
application des articles L. 3252-1 et suivants du Code du travail ».
140 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

1• LA SPÉCIFICITÉ DU DOMAINE
L’article L. 3252-1 du Code du travail précise que la procédure est applicable « aux
sommes dues à titre de rémunérations à toute personne salariée ou travaillant à

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quelque titre que ce soit et en quelque lieu que ce soit, pour un ou plusieurs employeurs,
quels que soient le montant et la nature de leurs rémunérations, la forme et la nature de
leur contrat ».
On constate donc que les personnes visées par ce texte entrent dans la catégorie des sala-
riés, liées par une relation impliquant un lien de subordination conformément au droit
commun. Néanmoins, certaines catégories professionnelles sont assimilées par la loi aux
salariés pour la mise en œuvre de la procédure de saisie des rémunérations (C. trav. mari-
time, art. 66, pour les marins titulaires d’un contrat d’engagement maritime, loi du
24 août 1930 et décret du 31 juillet 1993 pour la saisie des rémunérations versées par les
personnes morales de droit public aux fonctionnaires). La jurisprudence a étendu la
protection accordée par la procédure de saisie des rémunérations à des personnes assujet-
ties au régime général de la sécurité sociale (CSS, art. L. 311-2), dans la mesure où elles
travaillent dans le cadre d’un service organisé et exercent une activité profitable à autrui
(comme un dirigeant social), même si cette activité régulière pour autrui n’entre pas dans
le cadre d’un contrat de travail. En revanche, sont exclues du domaine de la saisie des
rémunérations toutes les personnes exerçant une profession libérale (comme les avocats),
ou encore percevant des droits d’auteur (CPI, art. L. 333 -1).
Les sommes soumises à cette saisie doivent avoir la nature de rémunérations. Il s’agit
du salaire proprement dit, ainsi que des accessoires (avantages en nature, heures
complémentaires, primes régulières). Dans un arrêt du 9 juillet 2004, l’assemblée
plénière de la Cour de cassation1 a considéré que la saisie des rémunérations s’applique
« que le contrat de travail soit ou non en cours d’exécution » : cela signifie que la saisie
des rémunérations doit pouvoir intégrer, notamment, les indemnités de congés payés,
les indemnités compensatrices de préavis. Lorsque la somme due par l’employeur au
salarié a un caractère indemnitaire, le créancier doit recourir à la saisie-attribution de
droit commun : c’est le cas pour l’indemnité de licenciement, pour rupture abusive du
contrat de travail ou pour l’indemnité de clientèle des VRP.

A - Proportion saisissable des rémunérations du travail


La fraction de la rémunération du travail saisissable est limitée par la loi dans un but
humanitaire, pour garantir le droit à un minimum vital au débiteur. Sous réserve des
dispositions relatives aux pensions alimentaires prévues à l’article L. 3252-5 du Code du
travail (qui précise que le prélèvement direct du terme mensuel courant et des 6 derniers
mois impayés des pensions alimentaires peut être poursuivi sur l’intégralité de la rému-
nération ; il est d’abord imputé sur la fraction insaisissable, puis, s’il y a lieu, sur la frac-
tion saisissable, mais une somme est laissée à la disposition du salarié, V. infra), les

——
1. Bull. avis, no 11 ; D. 2004, IR, p. 2273 ; RTD civ. 2004, p. 779, obs. Perrot ; Dr. et procéd. 2004, p. 349,
note Bourdillat, à propos de rappels de salaires et de congés payés.
CHAPITRE 9 – La saisie des rémunérations 141

sommes dues à titre de rémunération ne sont saisissables ou cessibles que dans des
proportions et selon des seuils de rémunération affectés d’un correctif pour toute
personne à charge, déterminés par décret en Conseil d’État (C. trav., art. L. 3252-2). Ce
décret précise les conditions dans lesquelles ces seuils et correctifs sont révisés en
fonction de l’évolution des circonstances économiques.

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L’article R. 3252-2 du Code du travail, modifié en dernier lieu par le décret nº 2018
-1156 du 14 décembre 2018, précise :
L’article R. 3252-2 du code du travail, modifié par le décret no 2019-1509 du
30 décembre 2019 révisant le barème des saisies et cessions des rémunérations entré
en vigueur le 1er janvier 2020, précise que la proportion dans laquelle les sommes dues
à titre de rémunération sont saisissables ou cessibles, fixée comme suit :
1o Le vingtième, sur la tranche inférieure ou égale à 3 870 € ;
2o Le dixième, sur la tranche supérieure à 3 870 € et inférieure ou égale à 7 550 € ;
3o Le cinquième, sur la tranche supérieure à 7 550 € et inférieure ou égale à 11 250 € ;
4o Le quart, sur la tranche supérieure à 11 250 € et inférieure ou égale à 14 930 € ;
5o Le tiers, sur la tranche supérieure à 14 930 € et inférieure ou égale à 18 610 € ;
6o Les deux tiers, sur la tranche supérieure à 18 610 € et inférieure ou égale à 22 360 € ;
7o La totalité, sur la tranche supérieure à 22 360 €.

B - Augmentation des seuils


Selon l’article R. 3252-3 du Code du travail (modifié par D. nº 2019-1509 du 30 déc.
2019), les seuils déterminés à l’article R. 3252-2 sont augmentés d’un montant de
1 490 € par personne à la charge du débiteur saisi ou du cédant, sur justification
présentée par l’intéressé. Sont considérés comme personnes à charge :
1º Le conjoint, le partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou le concubin du débiteur,
dont les ressources personnelles sont inférieures au montant forfaitaire du revenu de
solidarité active mentionné à l’article L. 262-2 du Code de l’action sociale et des familles,
fixé pour un foyer composé d’une seule personne tel qu’il est fixé chaque année par
décret ;
2º L’enfant ouvrant droit aux prestations familiales en application des articles L. 512-3 et
L. 512-4 du Code de la sécurité sociale et se trouvant à la charge effective et perma-
nente du débiteur au sens de l’article L. 513-1 du même code. Est également considéré
comme étant à charge l’enfant à qui ou pour l’entretien duquel le débiteur verse une
pension alimentaire ;
3º L’ascendant dont les ressources personnelles sont inférieures au montant forfaitaire
du revenu de solidarité active mentionné à l’article L. 262-2 du Code de l’action sociale
et des familles, fixé pour un foyer composé d’une seule personne et qui habite avec le
débiteur ou auquel le débiteur verse une pension alimentaire.
Les seuils et correctifs prévus à l’article R. 3252-3 du Code du travail sont révisés
annuellement par décret en fonction de l’évolution de l’indice des prix à la consom-
mation, hors tabac, des ménages urbains dont le chef est ouvrier ou employé tel qu’il
est fixé au mois d’août de l’année précédente dans la série France-entière. Ils sont
arrondis à la dizaine d’euros supérieure (C. trav., art. R. 3252-4).
142 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

Détermination de la fraction insaisissable, selon l’article L. 3252-3 du Code du travail


Selon l’article L. 3252-3 du Code du travail, modifié par loi nº 2016-1917 du 29 décembre
2016 – art. 60 (VD), pour la détermination de la fraction insaisissable, il est tenu compte du
montant de la rémunération, de ses accessoires ainsi que de la valeur des avantages en

international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:1442913251:88882200:196.113.33.6:1589570684
nature, après déduction des cotisations et contributions sociales obligatoires et de la retenue à
la source prévue à l’article 204 A du Code général des impôts. Il est en outre tenu compte
d’une fraction insaisissable égale au montant forfaitaire mentionné à l’article L. 262-2 du
Code de l’action sociale et des familles applicable à un foyer composé d’une seule personne.
Il n’est pas tenu compte des indemnités insaisissables, des sommes allouées à titre de
remboursement de frais exposés par le travailleur et des allocations ou indemnités pour
charges de famille. Lorsqu’un débiteur perçoit de plusieurs payeurs des sommes saisissables
ou cessibles dans les conditions prévues par le présent chapitre, la fraction saisissable est
calculée sur l’ensemble de ces sommes. Les retenues sont opérées selon les modalités détermi-
nées par décret en Conseil d’Etat (C. trav., art. L. 3252-4).

Un régime particulier est prévu pour les créanciers d’aliments. Le prélèvement direct du
terme mensuel courant et des six derniers mois impayés des pensions alimentaires
peut être poursuivi sur l’intégralité de la rémunération. Il est d’abord imputé sur la
fraction insaisissable et, s’il y a lieu, sur la fraction saisissable (C. trav., art. L. 3252-5).
Toutefois, une somme est, dans tous les cas, laissée à la disposition du salarié dans
des conditions déterminées par décret en Conseil d’État. L’article R. 3252-5 précise à
cet égard que la somme laissée dans tous les cas à la disposition du salarié dont la rému-
nération fait l’objet d’une saisie ou d’une cession, en application du second alinéa de
l’article L. 3252-5 du Code du travail est égale au montant forfaitaire mentionné au
2º de l’article L. 262-2 du Code de l’action sociale et des familles fixé pour un foyer
composé d’une seule personne (le montant du RSA est donc totalement insaisissable).
Les seuils et correctifs sont révisés annuellement par décret en fonction de l’évolution de
l’indice des prix à la consommation, hors tabac, des ménages urbains dont le chef est
ouvrier ou employé tel qu’il est fixé au mois d’août de l’année précédente dans la série
France entière. Ils sont arrondis à la dizaine d’euros supérieure.

2• L’ORIGINALITÉ DE LA PROCÉDURE
Le créancier doit être muni d’un titre exécutoire constatant une créance liquide et
exigible, conformément au droit commun des mesures d’exécution (C. trav.,
art. R. 3252-1).

A - Compétence
La procédure de saisie des rémunérations se déroule devant le juge de l’exécution.
Selon l’article R. 3252-7 (modifié par D. nº 2019-913, 30 août 2019, art. 25), le juge de
l’exécution compétent pour connaître de la saisie des sommes dues à titre de rémunéra-
tion est celui du domicile du débiteur. Si celui-ci réside à l’étranger ou n’a pas de
CHAPITRE 9 – La saisie des rémunérations 143

domicile connu, la procédure est portée devant le juge de l’exécution du lieu où


demeure le tiers saisi. Ces règles de compétence sont d’ordre public.
Le greffe du TJ joue un rôle important dans cette saisie. En effet, il est tenu au greffe de
chaque tribunal judiciaire des fiches individuelles sur lesquelles sont mentionnés tous
les actes d’une nature quelconque, décisions et formalités auxquels donne lieu l’exécu-

international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:1442913251:88882200:196.113.33.6:1589570684
tion des dispositions du présent chapitre. Les fiches peuvent être tenues sur support
électronique. Le système de traitement des informations en garantit l’intégrité et la
confidentialité et permet d’en assurer la conservation (C. trav., art. R. 3252-9, modifié
par D. nº 2019-966, 18 sept. 2019, art. 8)
Afin de décharger partiellement, la loi nº 2019-222 du 23 mars 2019 a prévu que « Dans
les conditions prévues à l’article 38 de la Constitution et aux fins d’améliorer le traite-
ment des procédures concernées et la gestion des fonds en la matière, le Gouvernement
est autorisé à prendre par voie d’ordonnance, dans un délai de douze mois à compter de
la date de publication de la présente loi, les mesures relevant du domaine de la loi néces-
saires pour : 1º Transférer à la Caisse des dépôts et consignations la charge de : a) Rece-
voir, gérer et répartir dans les meilleurs délais entre les créanciers saisissants les sommes
versées par le tiers saisi au titre des saisies des rémunérations du travail effectuées en
application des articles L. 3252-1 et suivants du Code du travail ».
Depuis le 1er janvier 2020, le régisseur installé auprès du greffe du tribunal judiciaire ou,
le cas échéant, de l’une de ses chambres de proximité verse les sommes dont il est
comptable au préposé de la Caisse des dépôts et consignations le plus rapproché du
siège du tribunal auprès duquel le greffe est installé, qui lui ouvre un compte spécial. Il
opère ses retraits pour les besoins des répartitions, sur leur simple quittance, en justifiant
de l’autorisation du directeur de greffe (C. trav., art. R. 3252-10, modifié par D. nº 2019-
913, 30 août 2019, art. 25).

B - La tentative obligatoire de conciliation


La saisie est précédée d’une tentative de conciliation, en chambre du conseil
(C. trav., art. R. 3252-12). L’absence de ce préliminaire entraîne la nullité de la saisie.

1) La requête
La demande est formée par requête remise ou adressée au greffe par le créancier. Outre
les mentions prescrites par l’article 57 du Code de procédure civile, la requête contient,
à peine de nullité : 1º Les nom et adresse de l’employeur du débiteur ; 2º Le décompte
distinct des sommes réclamées en principal, frais et intérêts échus ainsi que l’indication
du taux des intérêts ; 3º Les indications relatives aux modalités de versement des
sommes saisies. Une copie du titre exécutoire est jointe à la requête. (C. trav.,
art. R. 3252-13, modifié par D. nº 2019-1333, 11 déc. 2019, art. 36).
Conformément au I de l’article 55 du décret nº 2019-1333 du 11 décembre 2019, ces
dispositions sont entrées en vigueur le 1er janvier 2020. Elles sont applicables aux
instances en cours à cette date.
144 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

2) L’information et la convocation des parties


Le greffier avise le demandeur des lieu, jour et heure de la tentative de conciliation par
tout moyen (soit verbalement contre délivrance d’un récépissé, soit par lettre simple ou
par la voie électronique si les conditions sont remplies) (C. trav., art. R. 3252-14).

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Le greffier convoque le débiteur à l’audience. La convocation : 1º Mentionne les
nom, prénom et adresse du créancier ou, s’il s’agit d’une personne morale, sa dénomi-
nation et son siège social ; 2º Indique les lieu, jour et heure de la tentative de concilia-
tion ; 3º Contient l’objet de la demande et l’état des sommes réclamées, avec le
décompte distinct du principal, des frais et des intérêts échus ; 4º Indique au débiteur
qu’il doit élever lors de cette audience toutes les contestations qu’il peut faire valoir et
qu’une contestation tardive ne suspendrait pas le cours des opérations de saisie
(C. trav., art. R. 3252-15) ; 5º Reproduit les dispositions de l’article L. 3252-11 relatives à
la représentation des parties (C. trav., art. R. 3252-15). Ce dernier texte précise que les
parties peuvent se faire représenter par un avocat, par un officier ministériel du ressort,
lequel est dispensé de produire une procuration, ou par tout autre mandataire de leur
choix muni d’une procuration. Si ce mandataire représente le créancier saisissant, sa
procuration doit être spéciale à l’affaire pour laquelle il représente son mandant.
Le créancier et le débiteur doivent être convoqués quinze jours au moins avant la date
de l’audience de conciliation, afin de disposer d’un temps suffisant pour assurer leur
défense (C. trav., art. R. 3252-16).

3) L’audience de conciliation
À l’audience, le juge tente de concilier les parties (C. trav., art. R. 3252-17). Un accord
peut être conclu qui met fin à la procédure de saisie.
Le défaut de comparution des parties à l’audience de conciliation donne lieu à un
dispositif particulier (C. trav., art. R. 3252-19). Si le créancier ne comparaît pas, il est fait
application des dispositions de l’article 468 du Code de procédure civile, ce qui signifie
notamment que le juge d’instance peut même d’office déclarer la citation caduque, à
moins que le demandeur puisse fournir un motif légitime pour que l’affaire soit renvoyée
à une audience ultérieure. Si le débiteur ne comparaît pas, il est procédé à la saisie, à
moins que le juge n’estime qu’une nouvelle convocation soit nécessaire (notamment si
la précédente convocation n’était pas régulière).
Si les parties ne se concilient pas, le juge vérifie le montant de la créance en principal,
intérêts et frais pour qu’il soit procédé à la saisie. En principe, le procès-verbal de non-
conciliation, qui n’est pas un jugement, ne tranche aucune contestation et n’a pas auto-
rité de la chose jugée2. Mais le juge a le pouvoir, le cas échéant, de trancher préalable-
ment les contestations soulevées par le débiteur (C. trav., art. R. 3252-19). Les contesta-
tions auxquelles donne lieu la saisie sont formées, instruites et jugées selon les règles de
la procédure orale ordinaire devant le tribunal judiciaire (C. trav., art. R. 3252-8, modifié
par D. nº 2019-1333, 11 déc. 2019, art. 36).

——
2. Cass. 2e civ., 26 janv. 2017, nº 15-29095.
CHAPITRE 9 – La saisie des rémunérations 145

C - Les opérations de saisie


Il appartient au greffier en chef de veiller au bon déroulement des opérations de saisie
(C. trav., art. R. 3252-20). Au vu du procès-verbal de non-conciliation, il procède à la
saisie dans les huit jours en établissant un acte de saisie. Si l’audience de conciliation a

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donné lieu à un jugement, notamment pour trancher une contestation soulevée par le
débiteur, le délai de huit jours court à compter de la notification du jugement si ce
dernier est exécutoire, et à l’expiration des délais de recours ouverts contre ce jugement
(C. trav., art. R. 3252-21).
L’acte de saisie contient les mentions prévues par l’article R. 3252-22 du Code du
travail. Il s’agit des nom, prénom et domicile du débiteur et du créancier, du décompte
distinct des sommes pour lesquelles la saisie est pratiquée, en principal, frais et intérêts
échus avec la mention du taux des intérêts, du mode de calcul de la fraction saisissable,
et des modalités de son règlement, de l’injonction d’effectuer au greffe, dans un délai
de quinze jours, la déclaration prévue par l’article L. 3252-9 du Code du travail et enfin
de la reproduction des articles L. 3252-9 et L. 3252-10 du Code du travail.
L’acte de saisie est porté à la connaissance des intéressés. D’une part, il est notifié à
l’employeur par lettre recommandée avec demande d’avis de réception (C. trav.,
art. R. 3252-6 : en l’absence de disposition contraire, les notifications et convocations
faites en application du présent chapitre sont adressées par lettre recommandée avec
avis de réception). D’autre part, il est donné en copie au débiteur saisi par lettre simple
avec les indications qu’en cas de changement d’employeur, la saisie sera poursuivie
entre les mains du nouvel employeur (C. trav., art. R. 3252-23).
L’employeur est alors tenu de respecter plusieurs obligations :
– d’abord, dans un délai de quinze jours au plus tard à compter de la notification
de l’acte de saisie, il doit faire une déclaration et fournir au greffe les rensei-
gnements mentionnés à l’article L. 3252-9. Il doit donc faire connaître la situa-
tion de droit existant entre lui-même et le débiteur saisi, ainsi que les cessions,
saisies, avis à tiers détenteur ou paiements directs de créances d’aliments en
cours d’exécution. Des sanctions sont prévues pour le tiers employeur saisi qui
s’abstient, sans motif légitime, de faire cette déclaration ou qui fait une décla-
ration mensongère : le tiers peut être condamné par le juge d’instance au paie-
ment d’une amende civile (qui ne peut pas excéder 10 000 euros : C. trav.,
art. R. 3252-25) sans préjudice d’une condamnation à des dommages-intérêts.
Il peut même être déclaré débiteur des retenues qui auraient dû être opérées
et que le juge détermine à l’aide des éléments dont il dispose (C. trav., art.
L. 3252-10) ;
– ensuite, le tiers saisi à l’obligation de verser mensuellement les retenues pour
lesquelles la saisie est opérée dans les limites des sommes disponibles, et à la condi-
tion que le contrat de travail entre lui et le débiteur saisi se poursuive. À défaut, le
JEX pourrait même d’office, déclarer le tiers saisi débiteur des retenues qui auraient
dû être opérées et qu’il détermine au vu des éléments dont il dispose.
L’article R. 3252-28 du Code du travail prévoit que si l’employeur omet d’effectuer
les versements, le JEX rend à son encontre une ordonnance le déclarant personnel-
lement débiteur. Cette ordonnance est notifiée à l’employeur et le greffe en avise le
créancier et le débiteur. À défaut d’opposition dans les quinze jours de la
146 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

notification, l’ordonnance devient exécutoire et son exécution est poursuivie à la


requête de la partie la plus diligente. L’employeur disposera d’un recours contre le
débiteur saisi pour obtenir le remboursement des sommes versées, après la main-
levée de la saisie.
L’employeur adresse tous les mois au greffe une somme égale à la fraction saisis-

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sable du salaire. Lorsqu’il n’existe qu’un seul créancier saisissant, le versement est
réalisé au moyen d’un chèque libellé conformément aux indications données par celui-
ci. Le greffier l’adresse dès sa réception, et après mention au dossier, au créancier ou à
son mandataire. L’employeur peut également procéder par virement, établi, conformé-
ment aux indications données par le créancier. Dans ce cas, il lui incombe de justifier
auprès du greffe de la date et du montant du virement. S’il existe plusieurs créanciers
saisissants, le versement est fait par chèque ou par virement établi à l’ordre du régisseur
installé auprès du greffe du tribunal judiciaire ou le cas échéant, de l’une de ses cham-
bres de proximité (C. trav., art. R. 3252-27, modifié par D. nº 2019-913, 30 août 2019,
art. 2, conformément à l’article 36 du D. nº 2019-913, 30 août 2019, ces dispositions
sont entrées en vigueur le 1er janvier 2020). La mainlevée de la saisie résulte de
l’accord du créancier ou de la constatation par le juge de l’extinction de la dette. Elle
est notifiée à l’employeur dans les huit jours (C. trav., art. R. 3252-29).

D - Les aménagements procéduraux


1) La pluralité de créanciers
Tous les créanciers munis d’un titre exécutoire peuvent intervenir à la procédure de
saisie des rémunérations en cours. Ils participent ainsi à la répartition des sommes
saisies sans être tenus de procéder à une tentative préalable de conciliation (C. trav.,
art. R. 3252-30). En effet, tout créancier muni d’un titre exécutoire peut, sans tentative
de conciliation préalable, intervenir à une procédure de saisie des sommes dues à titre
de rémunération en cours, afin de participer à la répartition des sommes saisies. L’inter-
vention est formée par requête remise contre récépissé ou adressée au greffe, qui
contient les énonciations requises par l’article R. 3252-13.
Après que le juge de l’exécution a vérifié le montant, en principal, intérêts et frais, de la
créance nouvelle faisant l’objet d’une intervention à une saisie en cours, le greffier avise
le débiteur et les créanciers qui sont parties à la procédure de cette intervention. Lors de
la première intervention, le greffier informe l’employeur que les versements sont désor-
mais effectués à l’ordre du régisseur installé auprès du greffe du tribunal judiciaire ou le
cas échéant, de l’une de ses chambres de proximité (C. trav., art. R. 3252-31, modifié par
D. nº 2019-913, 30 août 2019, art. 2 ; conformément à l’article 36 du D. nº 2019-913,
30 août 2019, ces dispositions sont entrées en vigueur le 1er janvier 2020).
CHAPITRE 9 – La saisie des rémunérations 147

Des règles spéciales prévoient la répartition des sommes versées au régisseur


installé auprès du greffe du tribunal judiciaire ou le cas échéant, de l’une de ses
chambres de proximité
Aux termes de l’article R. 3252-34 du Code du travail (mod. D. nº 2019-913, 30 août 2019,

international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:1442913251:88882200:196.113.33.6:1589570684
entré en vigueur le 1er janvier 2020), la répartition des sommes versées, en cas de saisie de
sommes dues à titre de rémunération, au régisseur installé auprès du greffe du tribunal judi-
ciaire ou le cas échéant, de l’une de ses chambres de proximité est opérée au moins tous les
six mois, à moins que dans l’intervalle les sommes atteignent un montant suffisant pour désin-
téresser les créanciers. Le greffe notifie à chaque créancier l’état de la répartition. Celui-ci
peut être contesté dans le délai de quinze jours de sa notification. À défaut de contestation, le
greffe envoie à chaque créancier un chèque du montant des sommes qui lui sont dues (C. trav.,
art. R. 3252-36). Si la répartition est contestée, il est procédé au versement des sommes dues
aux créanciers lorsque le juge a statué sur la contestation (C. trav., art. R. 3252-36). Dans
l’hypothèse où une intervention a été contestée, les sommes provenant du créancier interve-
nant sont consignées. Elles lui sont remises dans le cas où la contestation est rejetée. Dans le
cas contraire, les sommes sont distribuées aux créanciers ou restituées au débiteur (C. trav.,
art. R. 3252-35).

2) Les incidents

a) La notification à l’employeur d’un avis à tiers détenteur


Conformément au livre des procédures fiscales (LPF, art. L. 262 et L. 263), cette notification
suspend le cours de la saisie jusqu’à l’extinction de l’obligation du redevable
(art. R. 3252-37).
Deux situations doivent être distinguées.
– la notification à l’employeur d’une saisie administrative à tiers détenteur relative à
une créance garantie par le privilège du Trésor public conforme à l’article
L. 262 du Livre des procédures fiscales suspend le cours de la saisie jusqu’à l’extinc-
tion de l’obligation du redevable, sous réserve des procédures de paiement direct
engagées pour le recouvrement des pensions alimentaires. L’employeur informe le
comptable public de la saisie en cours. Le comptable indique au greffe du tribunal
la date de la saisie administrative à tiers détenteur relative à une créance garantie
par le privilège du Trésor public détenteur et celle de sa notification au redevable.
Le greffier avise les créanciers de la suspension de la saisie. Après extinction de la
dette du redevable, le comptable en informe le greffe qui avise les créanciers de la
reprise des opérations de saisie (C. trav., art. R. 3252-37, mod. par D. nº 2018-970,
8 nov. 2018).
– en cas de notification à l’employeur d’une saisie administrative à tiers déten-
teur relative à une créance non garantie par le privilège du Trésor public,
conformément à l’article L. 262 du Livre des procédures fiscales, l’employeur
informe le comptable public de la saisie en cours (C. trav., art. R. 3252-38, mod.
D. nº 2019-913, 30 août 2019, art. 2, conformément à l’article 36 du D. nº 2019-
913, 30 août 2019, ces dispositions sont entrées en vigueur le 1er janvier 2020).
« Le comptable adresse au greffe du tribunal une copie de la saisie administrative à
tiers détenteur relative à une créance non garantie par le privilège du Trésor public
et lui indique la date de sa notification au redevable. Le greffier en avise les créan-
ciers qui sont déjà parties à la procédure. La répartition est effectuée par le greffe
148 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

conformément aux articles R. 3252-34 à R. 3252-36. À cet effet, la saisie adminis-


trative à tiers détenteur relative à une créance non garantie par le privilège du
Trésor public est assimilée à une intervention. Le cas échéant, le greffe avise
l’employeur que les versements sont désormais effectués à l’ordre du régisseur
installé auprès du greffe du tribunal judiciaire ou le cas échéant, de l’une de ses

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chambres de proximité. Le comptable public informe le greffe de toute extinction,
de toute suspension et de toute reprise des effets de la saisie administrative à tiers
détenteur relative à une créance non garantie par le privilège du Trésor public ».

b) La notification d’une demande de paiement direct d’une créance


alimentaire
L’employeur doit verser au débiteur la fraction de la rémunération prévue par
l’article L. 3252-5 du Code du travail. Il verse au créancier d’aliments les sommes qui lui
sont dues et, si ces sommes n’excèdent pas la fraction insaisissable de la rémunération,
l’employeur remet le reliquat au débiteur. L’employeur continuera à verser au greffe la
fraction saisissable de la rémunération après avoir imputé les sommes versées au créan-
cier d’aliments (C. trav., art. R. 3252-39).

c) La pluralité de rémunérations
Il appartient au greffier de déterminer les employeurs chargés d’opérer les retenues. Si
l’un des employeurs est en mesure de verser la totalité de la fraction saisissable, la saisie
peut être pratiquée entre ses mains (C. trav., art. R. 3252-40).

d) La fin du lien de droit entre le débiteur et l’employeur ou le changement


d’employeur
L’employeur informe le greffe qu’il n’a plus de lien de droit avec le débiteur, et que les
retenues ne sont plus possibles. Les fonds détenus par le régisseur sont alors répartis
(C. trav., art. R. 3252-43).
En cas de changement d’employeur, les modalités de la poursuite de la saisie sont
prévues à l’article R. 3252-44 (mod. D. nº 2019-913, 30 août 2019, art. 25, entré en
vigueur le 1er janvier 2020). La saisie peut être poursuivie par le nouvel employeur, sans
conciliation préalable, si la demande est faite dans l’année qui suit l’avis donné par
l’ancien employeur. À défaut, la saisie prend fin et les fonds sont répartis. Si, en outre,
le débiteur a transféré le lieu où il demeure dans le ressort d’un autre tribunal d’instance,
le créancier est également dispensé de conciliation préalable à la condition que la
demande de saisie soit faite au greffe du juge de l’exécution de ce tribunal dans
l’année qui suit l’avis donné par l’ancien employeur.

e) Le changement de lieu où demeure le créancier ou le débiteur


Le créancier doit aviser le greffe de son changement de domicile, à moins qu’il n’ait
comparu par mandataire, auquel cas il a élu domicile chez ce mandataire (C. trav.,
art. R. 3252-41).
Si le débiteur transfère son domicile hors du ressort du tribunal saisi de la procédure,
sans changer d’employeur, celle-ci est poursuivie devant ce même tribunal. Les dossiers
des saisies susceptibles d’être ensuite pratiquées contre le débiteur lui sont transmis. Le
greffier avise les créanciers (C. trav., art. R. 3252-42).
CHAPITRE 9 – La saisie des rémunérations 149

3) La cession des sommes dues à titre de rémunération


Les articles R. 3252-45 à R. 3252-49 du Code du travail prévoient les modalités procédu-
rales consécutives à la cession des sommes dues au titre de rémunération. Ainsi, la
cession des rémunérations s’opère par une déclaration du cédant en personne au
greffe du tribunal du lieu où il demeure. Une copie de la déclaration est remise ou noti-

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fiée au cessionnaire. Le greffe, à la demande du cessionnaire, notifie la cession à
l’employeur. Cette notification rend la cession opposable aux tiers et elle est dénoncée
au débiteur. Toute cession qui n’est pas notifiée dans le délai d’un an est périmée, c’est-
à-dire privée d’effet juridique.
À compter de la notification de la cession, l’employeur verse directement au cessionnaire
le montant des sommes cédées dans la limite de la fraction saisissable. S’il survient une
saisie de la somme faisant l’objet d’une cession préalable, le greffe notifie l’acte de saisie
au cessionnaire et l’informe qu’il viendra en concours avec le saisissant pour la réparti-
tion des sommes saisies. Il l’invite à produire un relevé du montant de ce qui lui reste
dû. Le greffe informe l’employeur que les versements devront être effectués à l’ordre
du régisseur.
Si la saisie prend fin avant la cession, le cessionnaire retrouve les droits qu’il tenait de
l’acte de cession. Le greffe en avise l’employeur et informe ce dernier que les sommes
cédées doivent à nouveau être versées directement au cessionnaire, lequel est avisé par
le greffe (C. trav., art. R. 3252-49).
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CHAPITRE 14 – Le processus 201

Toutes ces mentions sont sanctionnées par la nullité dans les conditions de
l’article R. 311-11 du CPC exéc.
Selon l’article R. 322-8 du CPC exéc., la dénonciation aux créanciers inscrits peut être
faite aux domiciles élus sur les bordereaux d’inscription. Le domicile élu est fixé en un
lieu quelconque du ressort du tribunal judiciaire de la situation de l’immeuble saisi

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(C. civ., art. 2428). Elle peut être faite aux héritiers collectivement sans désignation des
noms et qualités respectifs, à domicile élu ou, à défaut, au domicile du défunt.

c) Les mentions en marge de la copie du commandement de payer valant


saisie
L’article R. 322-9 du CPC exéc. impose que la mention de la délivrance de l’assignation
et des dénonciations soit portée en marge de la copie du commandement de payer
valant saisie publié au service chargé de la publicité foncière dans les huit jours de la
dernière signification en date. Aucune sanction n’est prévue en cas de méconnaissance
de ce délai.
Du jour de cette mention, l’inscription du commandement ne peut plus être radiée que
du consentement de tous les créanciers inscrits ou en vertu d’un jugement qui leur soit
opposable.

3) Le dépôt au greffe du cahier des conditions de vente et de l’état


hypothécaire
Au plus tard le 5e jour ouvrable suivant l’assignation délivrée au débiteur saisi, le
créancier poursuivant dépose au greffe du juge de l’exécution un cahier des conditions
de vente comportant l’état descriptif de l’immeuble et les modalités de la vente. Le non-
respect de ce délai est sanctionné par la caducité du commandement (CPC exéc.,
art. R. 311-11). À défaut du dépôt du cahier des conditions de vente contenant, notam-
ment, le procès-verbal de description, le commandement est caduc20.
Il y est joint la copie de l’assignation délivrée au débiteur et un état hypothécaire
certifié à la date de la publication du commandement de payer valant saisie (CPC exéc.,
art. R. 322-10).
Le cahier des conditions de vente peut contenir des mentions facultatives, lais-
sées à l’appréciation du créancier poursuivant, tels que des diagnostics techniques sur
l’état de l’immeuble. Mais certaines clauses sont illicites et pourraient être contestées
par les créanciers lors de l’audience, parce qu’elles portent atteinte à leurs droits : par
exemple, la clause par laquelle le débiteur saisi paie une facture d’eau impayée.
Aux termes de l’article R. 322-10 du CPC exéc., le cahier des conditions de vente
contient, à peine de nullité :
– l’énonciation du titre exécutoire en vertu duquel les poursuites sont exercées ;
– le décompte des sommes dues au créancier poursuivant en principal, frais et intérêts
échus ainsi que l’indication du taux des intérêts moratoires ;
– l’énonciation du commandement de payer valant saisie avec la mention de sa publi-
cation et des autres actes et jugements intervenus postérieurement ;

——
20. Cass. 2e civ., 21 févr. 2013, nº 12-15643.
202 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

– la désignation de l’immeuble saisi, l’origine de propriété (un relevé des différents


propriétaires, en remontant à 30 ans si cela est possible), les servitudes grevant
l’immeuble, les baux consentis sur celui-ci et le procès-verbal de description ;
– les conditions de la vente judiciaire (le cahier des conditions de vente doit détailler
les droits et obligations de l’adjudicataire, telles que les diligences à effectuer, le

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paiement du prix) et la mise à prix fixée par le créancier poursuivant (CPC exéc.,
art. L. 322-6). La fixation de ce montant présente de nombreux intérêts. Ainsi, à
défaut d’enchère, le créancier poursuivant est déclaré adjudicataire d’office à ce
montant (et non le montant de la mise à prix modifié par le jugement
d’orientation21). Le débiteur peut, en cas d’insuffisance manifeste du montant de la
mise à prix, saisir le juge afin de voir fixer une mise à prix en rapport avec la valeur
vénale de l’immeuble et les conditions du marché. Toutefois, à défaut d’enchère, le
poursuivant ne peut être déclaré adjudicataire que pour la mise à prix initiale. Le
Conseil constitutionnel a jugé que cette règle selon laquelle le créancier poursuivant
est déclaré adjudicataire en se voyant imposer un transfert de propriété auquel il n’a
pas nécessairement consenti, ne porte pas atteinte aux droits et libertés garantis par
la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, particulièrement au
droit de propriété du saisi ;
– la désignation d’un séquestre des fonds provenant de la vente ou de la Caisse des
dépôts et consignations, consignataire des fonds (lorsque les fonds sont séquestrés,
ils produisent intérêt à un taux fixé par le cahier des conditions de vente et qui ne
peut être inférieur au taux d’intérêt servi par la Caisse des dépôts et consignations.
Les intérêts sont acquis aux créanciers et, le cas échéant, au débiteur, pour leur être
distribués avec le prix de l’immeuble (CPC exéc., art. R. 322-57).
Lorsque la saisie porte sur un immeuble en indivision, le cahier des conditions de
vente indique que chaque indivisaire peut se substituer à l’acquéreur par déclaration au
greffe faite dans un délai d’un mois à compter de l’adjudication (C. civ., art. 815-15).
Enfin, le cahier des conditions de vente peut prévoir le maintien dans les lieux du débi-
teur saisi (CPC exéc., art. R. 322-64).
Le cahier des conditions de vente est élaboré sous la responsabilité du créancier pour-
suivant (CPC exéc., art. R. 322-11). Conformément au droit commun, on peut consi-
dérer que le créancier poursuivant devrait pouvoir être condamné à réparer le préjudice
subi par un adjudicataire victime d’une information inexacte ou incomplète.
Le dépôt est réalisé au greffe du juge de l’exécution qui connaît de la poursuite immobi-
lière. Le greffier donne un acte de dépôt, ce qui lui donne date certaine.
Le cahier des conditions de vente peut être consulté au greffe du JEX ou au cabinet de
l’avocat du créancier poursuivant.
Tout intéressé peut contester les stipulations du cahier des conditions de vente, alors
que le montant de la mise à prix ne peut être contesté que par le débiteur. Néanmoins,
la nullité du cahier des conditions de vente ne peut être prononcée qu’à charge pour
celui qui l’invoque de prouver le grief que lui causait l’irrégularité22.

——
21. Cass. 2e civ., 12 avril 2018, nº 17-15418.
22. Cass. 2e civ., 23 févr. 2017, nº 16-12491.
CHAPITRE 14 – Le processus 203

4) La déclaration des créances


Les créanciers inscrits au jour de la publication du commandement de payer valant
saisie doivent déclarer leurs créances par le ministère d’un avocat (CPC exéc.,
art. R. 311-4). Seul peut intervenir un avocat inscrit au barreau du tribunal judiciaire
devant lequel la vente est poursuivie23. La déclaration de créance faite sous la constitu-

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tion d’un avocat n’appartenant pas au barreau du tribunal judiciaire compétent est enta-
chée d’une irrégularité de fond, mais il est possible de régulariser dans le délai par une
seconde déclaration sous la constitution d’un avocat du barreau du tribunal judiciaire
devant lequel la procédure est poursuivie.
Le délai dans lequel les créanciers inscrits à qui a été dénoncé le commandement de
payer valant saisie doivent déclarer leur créance est de deux mois à compter de la
dénonciation (CPC exéc., art. R. 322-12). Le respect de ce délai est important : les créan-
ciers sommés de déclarer leur créance et qui ont omis de le faire sont déchus du béné-
fice de leur sûreté pour la distribution du prix de vente de l’immeuble24 (CPC exéc., art.
L. 331-2).
Toutefois, le créancier qui justifie que sa défaillance n’est pas de son fait peut demander
à être autorisé à déclarer sa créance postérieurement au délai imparti. Le juge statue par
ordonnance sur requête qui doit être déposée, à peine d’irrecevabilité, quinze jours au
plus tard avant la date fixée pour l’audience d’adjudication ou de constatation de la
vente amiable. Conformément au droit commun des requêtes, une demande de rétrac-
tation de l’ordonnance du JEX statuant sur le relevé de forclusion est ouverte : elle doit
être introduite conformément aux dispositions prévues à l’article R. 311-6 du CPC exéc.
Les créanciers qui ont inscrit leur sûreté sur l’immeuble après la publication du comman-
dement de payer valant saisie, mais avant la publication de la vente, peuvent intervenir
dans la procédure en déclarant leur créance, arrêtée en principal frais et intérêts échus
au jour de la déclaration (CPC exéc., art. R. 322-13).
À peine d’irrecevabilité, la déclaration est faite par acte d’avocat déposé au greffe du
juge de l’exécution dans un délai d’un mois suivant l’inscription et est accompagnée
d’une copie du titre de créance, du bordereau d’inscription et d’un état hypothécaire
levé à la date de l’inscription. La déclaration est dénoncée, dans les mêmes formes
ou par signification, le même jour ou le premier jour ouvrable suivant, au créancier pour-
suivant et au débiteur.
Si des créanciers inscrivent leur sûreté après la publication du commandement, ils parti-
cipent donc à la distribution du prix, mais leur sûreté n’est pas opposable au poursuivant
qui primera. En effet, aux termes de l’article L. 321-5 du CPC exéc., « Sont pareillement
inopposables les inscriptions du chef du saisi qui n’ont pas été prises antérieurement à la
publication de la saisie, sous réserve du droit pour le vendeur, le prêteur de deniers pour
l’acquisition et le copartageant d’inscrire, dans les délais prévus par les articles 2379
à 2381 du Code civil, le privilège qui leur est conféré par l’article 2374 du même code ».

——
23. Cass. avis, 16 mai 2008 : Bull. avis nº 3 ; BICC 15 sept. 2008, p. 9, rapp. Sommer, p. 10, concl.
Maynial.
24. Cass. 2e civ., 17 févr. 2011 : Bull. civ. II, nº 48 ; D. 2011, panor. 1509, Leborgne.
204 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

Le créancier poursuivant se fait remettre par le greffe copie des créances produites (CPC
exéc., art. R. 322-14), en vue d’établir le projet de distribution prévu à l’article R. 332-3
du CPC.

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2• L’AUDIENCE D’ORIENTATION
L’objectif est de conférer au juge le contrôle de la régularité de la procédure, le pouvoir
de trancher les contestations ou de statuer sur d’éventuelles demandes incidentes, avant
de déterminer la meilleure issue de la saisie, vente amiable ou aux enchères publiques.
Cette « judiciarisation » du processus est conforme au droit européen : la Cour euro-
péenne des droits de l’homme, dans l’arrêt Horsnby contre Grèce de mars 1997, a
décidé que le droit à l’exécution des jugements fait partie du procès équitable. En consé-
quence, notamment lorsque le titre exécutoire qui sert de fondement à une saisie immo-
bilière est une décision de justice, le contrôle du juge de l’exécution offre toutes les
garanties qu’impose la Convention européenne. L’article L. 213-6 du Code de l’organi-
sation judiciaire précise à cet égard : « Le juge de l’exécution connaît, sous la même
réserve, de la procédure de saisie immobilière, des contestations qui s’élèvent à l’occa-
sion de celle-ci et des demandes nées de cette procédure ou s’y rapportant directement,
même si elles portent sur le fond du droit ainsi que de la procédure de distribution qui en
découle. »25. Dans tous les cas, l’exécution forcée sur un immeuble met en cause de
nombreux droits fondamentaux du débiteur (droit au logement si l’immeuble constitue
le lieu d’habitation ; droit de propriété), ce qui permet de considérer qu’un contrôle
judiciaire est nécessaire.
Les parties à la procédure doivent se montrer diligentes, et concentrer lors de cette
audience tous les moyens pertinents qu’elles peuvent alléguer pour contester le
processus de saisie immobilière, à peine d’irrecevabilité. Cette concentration des
demandes permet de sécuriser le processus et d’éviter une remise en question ultérieure
du transfert de propriété.

A - L’office du juge de l’exécution


Le poursuivant assigne le saisi (débiteur ou tiers détenteur) et les créanciers inscrits à une
audience d’orientation devant le juge de l’exécution du lieu où est situé l’immeuble saisi.
Les parties sont tenues de constituer avocat (CPC exéc., art. R. 311-4). La territorialité
de la postulation impose de constituer un avocat ayant établi son domicile profes-
sionnel dans le ressort du TJ où se déroule la saisie (L. 31 déc. 1971, art. 5).
D’abord, à l’audience d’orientation, le juge de l’exécution, après avoir entendu les
parties présentes ou représentées, vérifie que les conditions des articles L. 311-2,
L. 311-4 et L. 311-6 sont réunies (CPC exéc., art. R. 322-15). Il contrôle donc le titre
exécutoire constatant une créance liquide et exigible, le caractère exécutoire de la

——
25. Des difficultés de droit transitoire apparaissent, l’art. L. 311-12-1 du COJ ayant été partiellement
abrogé, et le nouvel art. L. 213-6 qui prévoit la compétence du JEX ne faisant pas allusion à la saisie
immobilière !
CHAPITRE 14 – Le processus 205

décision de justice qui fonde la saisie, et la nature des droits réels objets de la saisie. Un
avis de la 1re chambre civile de la Cour de cassation du 12 avril 2018 (nº 18-70004) a
précisé qu’en matière de saisie immobilière, pour fixer le montant de la créance du pour-
suivant en application de l’article R. 322-18 du Code des procédures civiles d’exécution,
le juge de l’exécution est tenu de vérifier que celui-ci est conforme aux énonciations du

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titre exécutoire fondant les poursuites, en application des dispositions de l’article
R. 322-15 du même code, que le débiteur conteste ou non ce montant, peu important
qu’il comparaisse ou non à l’audience d’orientation. Si le JEX doit procéder d’office à
cette vérification, il exerce, en outre, en tant que juge du principal, l’office qui lui est
imparti par le Code de procédure civile ou par des dispositions particulières.
Ensuite, il statue sur les éventuelles contestations et demandes incidentes.
L’article R. 311-5 du CPC exéc. précise qu’à peine d’irrecevabilité prononcée d’office,
aucune contestation ni aucune demande incidente ne peut, sauf disposition contraire,
être formée après l’audience d’orientation, à moins qu’elle porte sur les actes de procé-
dure postérieurs à celle-ci (dans ce cas, la contestation ou la demande incidente est
formée dans un délai de quinze jours à compter de la notification de l’acte ; par
exemple, un créancier inscrit qui, à peine de déchéance du bénéfice de sa sûreté pour
la distribution du prix de vente de l’immeuble, doit déclarer sa créance, même non
exigible, dans les deux mois de la dénonciation du commandement de payer valant
saisie, est recevable à demander en cause d’appel qu’il soit pris acte de la déchéance
du terme prononcée postérieurement au jugement d’orientation et que le montant de
sa créance soit fixé en conséquence26). Cette sanction suscite une jurisprudence abon-
dante. Cette irrecevabilité peut être relevée d’office par le JEX27, qui la soumet aux
observations contradictoires des parties. La Cour de cassation considère qu’en raison
de l’article R. 311-5 du Code des procédures civiles d’exécution, qui est exclusif de
l’application de l’article 563 du Code de procédure civile, aucun moyen de fait ou de
droit ne peut être formulé pour la première fois devant la cour d’appel à l’appui d’une
contestation des poursuites : il y a donc concentration des moyens lors de l’audience
d’orientation28. L’irrecevabilité s’impose à toutes les parties appelées à l’audience
d’orientation et, notamment, au créancier qui a assigné et qui n’a pas soulevé à
l’audience d’orientation l’irrecevabilité de l’exception de prescription soulevée par le
débiteur, qui est donc irrecevable à soulever ce moyen en appel29.
Si le JEX ordonne la réouverture des débats et le renvoi à une audience ultérieure, la
Cour de cassation a admis la recevabilité d’une nouvelle contestation formée à cette
audience de renvoi30.
L’examen des contestations ou demandes incidentes ne suspend pas le cours de la
procédure.
En principe, à moins qu’il en soit disposé autrement, toute contestation ou demande
incidente est formée par le dépôt au greffe de conclusions signées d’un avocat

——
26. Cass. 2e civ., 28 juin 2018, nº 17-19894.
27. Cass. 2e civ., 11 mars 2010 : Bull. civ. II, nº 55 ; D. 2010, panor. 1509, Leborgne ; JCP 2010, 345,
Laporte ; mais le JEX n’a pas l’obligation de relever d’office la prescription du titre, Cass. 2e civ.,
11 janv. 2018, nº 15-27941.
28. Cass. 2e civ., 1er mars 2018, nº 17-11806.
29. Cass. 2e civ., 22 juin 2017, nº 16-18343.
30. Cass. 2e civ., 5 déc. 2013, nº 12-26980.
206 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

(CPC exéc., art. R. 311-6). Mais ce dépôt peut être fait le jour de l’audience, faute de
disposition contraire, ce qui ne permet pas de garantir effectivement les droits de la
défense (CPC exéc., art. R. 121-8 : la procédure est orale). C’est pourquoi
l’article R. 311-6, al. 3 du CPC exéc. prévoit une possibilité de renvoi : lorsque la contes-
tation ou la demande incidente ne peut être examinée à l’audience d’orientation, le

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greffe convoque les parties à une audience par lettre recommandée avec demande
d’avis de réception dans un délai de quinze jours à compter du dépôt de la contestation
ou de la demande. En cas de renvoi de l’audience d’orientation, les contestations et
demandes incidentes formées au plus tard à l’audience de renvoi sont recevables. En
revanche, en cas de « renvoi de continuation », qui intervient lorsque l’examen de
l’affaire et les débats ont débuté sans avoir pu être achevés à la même audience, la
Cour de cassation décide que les demandes incidentes formulées postérieurement à
cette audience sont irrecevables31. Une demande de report d’audience d’orientation
est possible : il s’agit d’une demande incidente qui prend la forme prévue à
l’article R. 311-6 du CPC exéc.32 (l’avocat doit aussi déposer des conclusions pour éviter
la caducité du commandement de payer valant saisie, il ne doit pas se contenter de
mentions portées par le greffier sur la note d’audience). L’avocat peut remettre réguliè-
rement cette demande au JEX par le RPVA, l’arrêté du 7 avril 2009 n’excluant pas de son
champ d’application les procédures de saisie immobilière (et quel que soit le contenu de
la convention sur la communication électronique signée entre le barreau et le tribunal
judiciaire)33. La communication des conclusions et des pièces entre avocats se réalise
dans les conditions prévues à l’article 766 du CPC. Elle peut se faire via le RPVA par
communication par voie électronique. Si le débiteur n’a pas constitué avocat, la commu-
nication des conclusions se fait pas signification (CPC exéc., art. R. 311-6).

Voies de recours contre les décisions


statuant sur les contestations ou des demandes incidentes
Aux termes de l’article R. 121-19 CPC exéc., les décisions du JEX sont susceptibles d’appel, sauf
en cas de dispositions contraires ou s’il s’agit d’une mesure d’administration judiciaire. L’article
R. 121-20 CPC exéc. modifié par le décret nº 2017-891 du 6 mai 2017, précise que l’appel est
formé, instruit et jugé selon les règles applicables à la procédure prévue à l’article 905 du Code
de procédure civile ou à la procédure à jour fixe.
De même, les jugements rendus en matière de saisie immobilière, aux termes de l’article
R. 311-7 du CPC exéc., modifié par le nº 2017-891 du 6 mai 2017, sont, sauf disposition
contraire, susceptibles d’appel. L’appel est formé dans un délai de quinze jours à compter de
la notification qui en est faite. Sous réserve des dispositions de l’article R. 322-19 et sauf s’il
est recouru à la procédure à jour fixe, l’appel est jugé selon la procédure prévue à l’article 905
du CPC :
- la procédure à jour fixe est régie par les articles 917 et suivants du CPC et suppose (sauf pour
le jugement d’orientation) que l’appelant justifie que ses droits sont en péril (CPC, art. 917) ;
- la procédure prévue à l’article 905 du CPC a été profondément remaniée par le décret du
6 mai 2017. Elle s’applique à défaut de jour fixe. La procédure d’appel et les nouvelles charges
procédurales sont précisées à l’article 905-2 du CPC. Le président de la chambre fixe les jour et
-- ---- --- ---- ---- --- ---- --- ---- --- ---- ---- --- ---- --- ---- --- ---- ---- --- ---- --- ---- --- ---- ---
——
31. Cass. 1re civ., 17 nov. 2011 : BICC 15 mars 2012, nº 335 ; D. 2011, chron. C. Cass. p. 649, Leroy-
Lissinger.
32. Cass. 2e civ., 22 févr. 2012 : BICC 1er juin 2012, nº 746 ; Procédures 2012, comm. 147, Perrot.
33. Cass. 2e civ., 1er mars 2018, nº 16-25462.
CHAPITRE 14 – Le processus 207

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heures auxquels l’affaire sera appelée à bref délai, et le greffe envoie un avis de fixation à
l’avocat (CPC, art. 904-1).
À compter de la réception de l’avis de fixation l’appelant doit effectuer deux charges procédu-
rales à peine de caducité de la déclaration d’appel :
- d’abord, l’appelant doit faire signifier la déclaration d’appel dans les dix jours de la réception

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de l’avis de fixation qui lui est adressé par le greffe à peine de caducité de la déclaration
d’appel relevée d’office par le président de la chambre. À peine de nullité, l’acte de signification
indique à l’intimé que, faute pour lui de constituer avocat dans un délai de quinze jours à
compter de celle-ci, il s’expose à ce qu’un arrêt soit rendu contre lui sur les seuls éléments
fournis par son adversaire et que, faute de conclure dans le délai mentionné l’article 905-2, il
s’expose à ce que ses écritures soient déclarées d’office irrecevables (l’annulation ultérieure de
la signification entraînerait rétroactivement la caducité de la déclaration d’appel...). Cependant,
si, entre-temps (dans ce même délai de 10 jours), l’intimé a constitué avocat avant signification
de la déclaration d’appel, il est procédé par voie de notification à son avocat et non plus de signi-
fication à la partie, et cette exigence n’est pas sanctionnée par la caducité ;
- ensuite, l’appelant dispose d’un délai d’un mois à compter de la réception de l’avis de fixation
de l’affaire à bref délai pour remettre ses conclusions au greffe, à peine de caducité de la décla-
ration d’appel, relevée d’office par ordonnance du président de la chambre saisie. Il doit, dans
ce même délai et en vertu de l’article 911 du CPC, notifier ses conclusions à l’avocat de l’intimé
constitué. L’article 911 du CPC indique que si l’intimé n’a pas constitué avocat à l’issue du mois,
l’appelant dispose d’un délai supplémentaire d’un mois pour signifier, par acte d’un commis-
saire de justice, à la partie elle-même ses conclusions d’appel (soit 2 mois depuis la réception
de l’avis de fixation ; CPC, art. 911). Si, avant que la signification soit faite à la partie, l’intimé a
constitué avocat, il est procédé par notification à cet avocat et la signification devient inutile
(Cass. 2e civ., 19 févr. 2015, nº 14-13019 – Cass. 2e civ., 4 juin 2015, nº 14-19732 et nº 14-
12293).
L’intimé dispose, à peine d’irrecevabilité relevée d’office par ordonnance du président de la
chambre saisie, d’un délai d’un mois à compter de la notification des conclusions de l’appelant
pour remettre ses conclusions au greffe et former, le cas échéant, appel incident ou appel
provoqué. Dans ce même délai et à peine d’irrecevabilité, il doit également notifier ses conclu-
sions à l’avocat de l’appelant (CPC, art. 911).
L’intimé à un appel incident ou à un appel provoqué dispose, à peine d’irrecevabilité
relevée d’office par ordonnance du président de la chambre saisie, d’un délai d’un mois à
compter de la notification de l’appel incident ou de l’appel provoqué, à laquelle est jointe une
copie de l’avis de fixation, pour remettre ses conclusions au greffe (CPC, art. 905-2). Il doit
également notifier ses conclusions à tous les avocats des parties (CPC, art. 911).
L’intervenant forcé à l’instance d’appel dispose, à peine d’irrecevabilité relevée d’office par
ordonnance du président de la chambre saisie, d’un délai d’un mois à compter de la notifica-
tion de la demande d’intervention formée à son encontre à laquelle est jointe une copie de
l’avis de fixation pour remettre ses conclusions au greffe.
L’intervenant volontaire dispose, sous la même sanction, du même délai à compter de son
intervention volontaire. Les conclusions doivent être notifiées aux avocats des parties dans ce
même délai (CPC, art. 911).
Seule la force majeure peut faire échapper aux sanctions de caducité ou d’irrecevabilité (CPC,
art. 910-3). Une nouvelle définition de la force majeure a été donnée à l’article 1218 du Code
civil : « Il y a force majeure en matière contractuelle lorsqu’un événement échappant au
contrôle du débiteur, qui ne pouvait être raisonnablement prévu lors de la conclusion du
contrat et dont les effets ne peuvent être évités par des mesures appropriées, empêche l’exécu-
tion de son obligation par le débiteur ».
Les ordonnances du président de la chambre saisie (ou du magistrat désigné par le premier
président) statuant sur la fin de non-recevoir tirée de l’irrecevabilité de l’appel, sur la caducité
de celui-ci ou sur l’irrecevabilité des conclusions et des actes de procédure en application du
présent article ont autorité de la chose jugée au principal.
Les dispositions générales applicables à la procédure ordinaire intéressent le circuit procé-
dural prévu à l’article 905 du CPC. Ainsi, les exigences relatives à la régularité de la déclaration
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208 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

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d’appel doivent être respectées : notamment, à peine de nullité pour vice de forme, la déclara-
tion indique les chefs du jugement expressément critiqués (CPC, art. 901), sachant que
l’étendue de l’effet dévolutif est limité à la connaissance des chefs du jugement expressément
critiqués et à ceux qui en dépendent (CPC, art. 562). Les règles applicables aux conclusions
doivent être respectées : leur modélisation est organisée à l’article 954 du CPC, sans omettre

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les mentions prévues à peine d’irrecevabilité aux articles 960 et 961 (une régularisation est
possible jusqu’à l’ouverture des débats en l’absence de mise en état). Leur contenu est précisé :
les premières conclusions définissent l’objet du litige (CPC, art. 910-1) et concentrent
« l’ensemble des prétentions sur le fond » (CPC, art. 910-4). En revanche, de nouveaux
moyens peuvent être développés, de nouvelles preuves peuvent être communiquées (CPC,
art. 563) postérieurement. Des exceptions sont prévues à l’article 910-4 du CPC, résultant,
notamment, de la survenance ou la révélation d’un fait postérieurement aux premières conclu-
sions ou de la nécessité de répliquer aux conclusions et pièces adverses. Une prétention sur le
fond formulée après les premières conclusions est frappée d’irrecevabilité (CPC, art. 910-4,
relevée d’office ou soulevée par la partie contre laquelle elle est formée).
À l’audience fixée à bref délai, il est procédé selon les modalités prévues aux articles 760 à 762
du CPC : renvoi à l’audience des débats, ou renvoi à une seconde audience si un ultime
échange de pièces ou de conclusions est nécessaire, ou renvoi à une mise en état s’il convient
d’instruire l’affaire (mais il n’y a pas de conseiller de mise en état).

1) Les contestations
Elles peuvent porter, notamment, sur la régularité de la procédure, ou sur le fond du
droit (caractère liquide ou exigible de la créance, capacité du poursuivant). Les stipula-
tions du cahier des conditions de vente peuvent être contestées par tout intéressé, sous
réserve des dispositions de l’article L. 322-6 du CPC exéc., relatives au montant de la
mise à prix (CPC exéc., art. R. 322-11). Le juge de l’exécution peut prononcer la nullité
des actes (vices de fond ou de forme, conformément au droit commun), ou constater
la caducité du commandement de payer valant saisie (CPC exéc., art. R. 311-11), ou
encore modifier ou supprimer certaines conditions de la vente.
En revanche, le sursis à statuer en raison d’une poursuite pénale, prévu à l’article 4 du
Code de procédure pénale, n’est pas applicable à la procédure de saisie immobilière.

2) Les demandes incidentes

a) Du débiteur
Le débiteur saisi peut former une demande aux fins d’autorisation de la vente
amiable de l’immeuble.
Cette demande peut être formulée verbalement à l’audience d’orientation (CPC exéc.,
art. R. 322-17) et est dispensée du ministère d’avocat, ainsi que les actes consécutifs à
cette vente. L’article R. 322-20 du CPC exéc. rappelle que la demande tendant à la
vente amiable de l’immeuble peut être présentée et jugée avant la signification de l’assi-
gnation à comparaître à l’audience d’orientation, sous réserve que le débiteur mette en
cause les créanciers inscrits sur le bien. La décision qui fait droit à la demande suspend le
cours de la procédure d’exécution (à l’exception du délai imparti aux créanciers inscrits
pour déclarer leur créance).
Le montant de la mise à prix est fixé par le créancier poursuivant, mais le débiteur peut,
en cas d’insuffisance manifeste du montant de la mise à prix, saisir le juge afin de voir
CHAPITRE 14 – Le processus 209

fixer une mise à prix en rapport avec la valeur vénale de l’immeuble et les conditions du
marché (CPC exéc., art. L. 322-6).
L’article L. 321-6 du CPC exéc. permet au débiteur de solliciter du juge de l’exécution le
cantonnement de la saisie en cas de saisies simultanées de plusieurs de ses immeu-
bles. Le juge de l’exécution fait droit à la demande du débiteur tendant à ce que les

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effets de la saisie soient provisoirement cantonnés à un ou plusieurs de ses immeubles
lorsque celui-ci établit que la valeur de ces biens est suffisante pour désintéresser le
créancier poursuivant et les créanciers inscrits (CPC exéc., art. R. 321-12). Le jugement
rendu indique les immeubles sur lesquels les poursuites sont provisoirement suspendues.
Après la vente définitive, le créancier pourra reprendre les poursuites sur les biens ainsi
exceptés si le prix des biens adjugés ne suffit pas à le désintéresser. Lorsque, dans les
mêmes conditions, le juge ordonne la radiation de la saisie sur les immeubles initiale-
ment saisis qu’il désigne et l’inscription d’une hypothèque judiciaire, le créancier pour-
suivant, qui entend voir l’inscription prendre rang à la date de la publication du
commandement de payer valant saisie, fait procéder à la publication du jugement en
marge de la copie du commandement et à l’inscription de l’hypothèque, dans les condi-
tions du droit commun.

Délai de grâce
Le débiteur a la faculté de demander un délai de grâce, par application des dispositions de
l’article R. 121-1 du CPC exéc. Après la signification du commandement de payer valant saisie,
le juge de l’exécution a compétence pour accorder un délai de grâce pour différer l’exécution
de la décision de justice qui sert de fondement à la saisie. Ce délai est soumis aux dispositions
de l’article 512 du CPC : en conséquence, il ne peut être accordé au débiteur dont les biens
sont saisis par d’autres créanciers.
La compétence du JEX est limitée par les dispositions procédurales propres à la saisie immobi-
lière. Ainsi, seul le JEX du TJ compétent pour statuer sur la saisie immobilière peut intervenir
après la publication du commandement de payer valant saisie.

Le surendettement du débiteur entraîne la suspension de la procédure


d’exécution. Selon l’article L. 722-1 du Code de la consommation, la recevabilité de la
demande emporte suspension des procédures d’exécution diligentées à l’encontre des
biens du débiteur. L’article R. 322-16 du CPC exéc. (mod. D. nº 2017-892, 6 mai 2017)
précise que la demande tendant à la suspension de la procédure de saisie immobilière
en raison de la situation de surendettement du débiteur est formée conformément aux
dispositions de l’article L. 721-4 du Code de la consommation, dans les conditions
prévues à l’article R. 721-5 de ce code. Selon les articles L. 722-4 et R. 722-7 du Code
de la consommation, lorsque la vente forcée a été ordonnée, le report de la date d’adju-
dication ne peut résulter que d’une décision du juge chargé de la saisie immobilière, saisi
à cette fin par la commission, pour causes graves et dûment justifiées. L’ouverture d’une
procédure collective entraînera également la suspension des poursuites (C. com., art.
L. 622-21-I). Si les circonstances le justifient, le juge de l’exécution peut, à la demande
du créancier poursuivant ou du débiteur, autoriser l’accomplissement de certains
actes sur le bien saisi (CPC exéc., art. R. 321-15).
Le juge de l’exécution peut être saisi la partie saisie (ou par le créancier poursuivant, ou
l’un des créanciers inscrits) d’une requête tendant à aménager, restreindre ou
210 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

compléter les mesures de publicité prévues aux articles R. 322-31 à R. 322-35 du


CPC exéc. La requête est formée, selon le cas, à l’audience d’orientation, deux mois au
plus tard avant l’audience d’adjudication ou dans un délai de deux jours ouvrables à
compter de la vente. Le juge tient compte de la nature, de la valeur, de la situation de
l’immeuble et de toutes autres circonstances particulières (CPC exéc., art. R. 322-37).

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L’examen des contestations et des demandes incidentes ne suspend pas le cours de la
procédure.

b) Des créanciers
Aux termes de l’article R. 311-9 du CPC exéc., les créanciers inscrits et les créanciers
énumérés au 1o bis de l’article 2374 et à l’article 2375 du Code civil peuvent, à compter
de la publication du commandement valant saisie et à tout moment de la procédure,
demander au juge de l’exécution leur subrogation dans les droits du créancier pour-
suivant, par voie de demande incidente ou verbalement à l’audience d’adjudication. La
subrogation peut être sollicitée en cas de désistement du créancier poursuivant ou s’il y a
négligence, fraude, collusion ou toute autre cause de retard imputable à celui-ci. La
décision qui rejette la demande de subrogation n’est pas susceptible de recours, à
moins qu’elle mette fin à la procédure. Le créancier poursuivant contre lequel la subro-
gation est prononcée est tenu de remettre les pièces de la poursuite au subrogé qui en
accuse réception. Tant que cette remise n’a pas lieu, le créancier poursuivant n’est pas
déchargé de ses obligations. La subrogation emporte substitution dans les poursuites et
dans les droits et obligations fixés au cahier des conditions de vente prévu à
l’article R. 322-10 du CPC exéc.
Le créancier poursuivant, ou l’un des créanciers inscrits peut saisir le juge de l’exécution
d’une requête tendant à aménager, restreindre ou compléter les mesures de publi-
cité prévues aux articles R. 322-31 à R. 322-35 du CPC exéc. (CPC exéc., art. R. 322-37).
Plus spécialement le juge de l’exécution peut autoriser l’accomplissement de certains
actes sur le bien saisi à la demande du créancier poursuivant (CPC exéc.,
art. R. 321-15). Le créancier poursuivant peut solliciter du juge qu’il détermine les moda-
lités de visite de l’immeuble (CPC exéc., art. R. 322-26). À moins que le bien soit loué, le
débiteur en est constitué séquestre sauf à ce que les circonstances justifient l’expulsion
du débiteur pour cause grave, à la demande du créancier poursuivant (CPC exéc., art.
L. 321-2). À cet égard, l’article R. 321-15 du CPC exéc. précise que « à moins que son
expulsion soit ordonnée, le débiteur conserve l’usage de l’immeuble saisi, sous réserve
de n’accomplir aucun acte matériel susceptible d’en amoindrir la valeur, à peine de
dommages et intérêts et sans préjudice, s’il y a lieu, des peines prévues par
l’article 314-6 du Code pénal ».

c) De tout intéressé
Sous réserve des dispositions de l’article L. 322-6 du CPC exéc. relatives au montant de
la mise à prix, les stipulations du cahier des conditions de vente peuvent être contestées
par tout intéressé (CPC exéc., art. R. 322-11, al. 3). De même, la demande en distraction
de tout ou partie des biens saisis peut être formée jusqu’à la vente du bien saisi (CPC
exéc., art. R. 311-8). En revanche, la Cour de cassation n’admet pas qu’un syndicat de
copropriétaires puisse imposer un dire obligeant l’adjudicataire à payer les charges
communes afférentes au lot saisi.
CHAPITRE 14 – Le processus 211

B - Le jugement d’orientation
1) Le contenu et l’autorité de la chose jugée
Le JEX apprécie souverainement les issues de la procédure, vente amiable ou adjudica-

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tion (CPC exéc., art. L. 322-1). Mais le choix de la vente amiable suppose une demande
du débiteur formulée verbalement à l’audience d’orientation et dispensée du ministère
d’avocat (CPC exéc., art. R. 322-17). Depuis la réforme de 2019, la vente amiable peut
avoir lieu postérieurement (CPC exéc., art. L. 322-1, mod. L. nº 2019-222, 23 mars
2019, art. 14) : les biens sont vendus soit à l’amiable sur autorisation judiciaire, soit par
adjudication. En cas d’accord entre le débiteur, le créancier poursuivant, les créanciers
inscrits sur l’immeuble saisi à la date de la publication du commandement de payer
valant saisie, les créanciers inscrits sur l’immeuble avant la publication du titre de vente
et qui sont intervenus dans la procédure ainsi que le créancier mentionné au 1º bis de
l’article 2374 du Code civil, ils peuvent également être vendus de gré à gré après
l’orientation en vente forcée et jusqu’à l’ouverture des enchères.
Le juge de l’exécution rend un jugement d’orientation pour déterminer la suite de la
procédure, après vérification de conditions posées par les articles L. 311-2, L. 311-4 et
L. 311-6 du CPC exéc. Il mentionne le montant retenu pour la créance du poursuivant
(en principal, frais, intérêts et autres accessoires ; CPC exéc., art. R. 322-18 ; le JEX doit
fixer ce montant, sans pouvoir refuser en se fondant sur l’insuffisance des preuves
fournies34). En matière de saisie immobilière, pour fixer le montant de la créance du
poursuivant en application de l’article R. 322-18 du Code des procédures civiles d’exécu-
tion, le juge de l’exécution est tenu de vérifier que celui-ci est conforme aux énoncia-
tions du titre exécutoire fondant les poursuites, en application des dispositions de
l’article R. 322-15 du même code, que le débiteur conteste ou non ce montant35. Il
dispose d’un pouvoir souverain pour apprécier l’opportunité de l’autorisation de vente
amiable36 et doit fixer le montant du prix en deçà duquel l’immeuble ne peut être
vendu eu égard aux conditions économiques du marché37.
Le jugement d’orientation a autorité de la chose jugée sur les questions qu’il
tranche. La Cour de cassation en a déduit que le principe de concentration des moyens
est applicable : « attendu qu’en procédure de saisie immobilière, le juge de l’exécution
est tenu de fixer, dans le jugement d’orientation, le montant de la créance du poursui-
vant, qui a préalablement détaillé les sommes réclamées dans le commandement délivré
au débiteur, puis dans le cahier des conditions de vente que le débiteur est sommé de
consulter par l’assignation qui lui est faite de comparaître à l’audience d’orientation ;
qu’à cette audience, le juge de l’exécution, après avoir entendu les parties présentes ou
représentées, statue sur les éventuelles contestations ; que les décisions du juge de
l’exécution ont, sauf disposition contraire, autorité de la chose jugée au principal
et que le défendeur doit présenter dès l’instance relative à la première demande
l’ensemble des moyens qu’il estime de nature à justifier son rejet total ou partiel ; qu’il
résulte de ces éléments que le débiteur régulièrement appelé à l’audience d’orientation

——
34. Cass. 2e civ., 11 mai 2017, nº 16-16106.
35. Cass. 1re civ., 12 avril 2018, nº P 18-70004.
36. Cass. 2e civ., 10 sept. 2009, nº 08-70204.
37. Cass. 1re civ., 1er mars 2017, nº 16-10142.
212 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

n’est plus recevable à contester ultérieurement, par de nouveaux moyens, le montant


retenu pour la créance du poursuivant, tel qu’il a été mentionné dans le dispositif du
jugement d’orientation »38.

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Les issues
Le jugement peut ordonner la vente forcée par adjudication : il fixe alors la date de
l’audience d’adjudication, qui se tient obligatoirement entre 2 et 4 mois à compter de la déci-
sion, organise les modalités des visites et statue sur toutes les contestations (mise à prix) et
demandes incidentes éventuelles. Le jugement est notifié par le greffe du tribunal judiciaire.
Lorsqu’un appel est formé contre le jugement ordonnant la vente par adjudication, la
cour statue au plus tard un mois avant la date prévue pour l’adjudication. À défaut, le juge de
l’exécution peut, à la demande du créancier poursuivant, reporter la date de l’audience de
vente forcée (CPC exéc., art. R. 322-19, al. 2).
Le jugement peut ordonner la vente amiable : il motive alors le fait que cette vente amiable
peut être conclue dans des conditions satisfaisantes compte tenu de la situation du bien, des
conditions économiques du marché et des diligences éventuelles du débiteur, fixe le montant
du prix en deçà duquel l’immeuble ne peut être vendu eu égard aux conditions économiques
du marché ainsi que, le cas échéant, les conditions particulières de la vente (CPC exéc.,
art. R. 322-21) : même si le débiteur diligente la vente, le juge en contrôle les éléments essen-
tiels afin de sauvegarder les intérêts du créancier poursuivant.

Le juge taxe les frais de poursuite à la demande du créancier poursuivant. Il fixe la date
de l’audience à laquelle l’affaire sera rappelée dans un délai qui ne peut excéder quatre
mois. Néanmoins, à cette audience, le juge ne peut accorder un délai supplémentaire
que si le demandeur justifie d’un engagement écrit d’acquisition et qu’à fin de
permettre la rédaction et la conclusion de l’acte authentique de vente. Ce délai ne peut
excéder trois mois.
La décision qui fait droit à la demande de vente amiable suspend le cours de la procé-
dure (CPC exéc., art. R. 322-20).

2) La notification
Aux termes de l’article R. 311-8 du CPC exéc., la notification des jugements est faite par
voie de signification. Lorsque le JEX statue par ordonnance rendue en dernier ressort, sa
décision est notifiée par le greffe, simultanément aux parties et à leurs avocats. Il en va
de même pour la notification du jugement d’orientation vers une vente amiable, lorsque
le débiteur n’a pas constitué avocat, et des décisions rendues en application des
articles R. 311-11 (déclaration de caducité du commandement) et R. 321-11 (constata-
tion de la péremption du commandement).

3) Les voies de recours


L’appel dirigé contre le jugement d’orientation est formé, instruit et jugé selon la
procédure à jour fixe, sans que l’appelant ait à se prévaloir dans sa requête d’un péril
(CPC exéc., art. R. 311-6 et R. 322-19). Le non-respect de la procédure à jour fixe
entraîne l’irrecevabilité relevée d’office de l’appel. Un appel formé par une simple

——
38. Cass. com., 13 sept. 2017, nº 15-28833.
CHAPITRE 14 – Le processus 213

déclaration qui ne respecte pas la procédure à jour fixe est irrecevable39. La signification
du jugement d’orientation doit mentionner ces modalités d’appel à jour fixe, alors
même que l’avocat est obligatoire et que ces modalités sont prévues à
l’article R. 322-19 du CPC exéc. : à défaut, la signification est nulle sur le fondement de
l’article 680 du CPC et le délai d’appel ne court pas40.

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La requête, qui doit mettre en cause tous les créanciers inscrits, doit être présentée à
peine d’irrecevabilité dans les 8 jours de la déclaration d’appel (CPC, art. 919). La
2e chambre civile de la Cour de cassation a précisé les obligations de l’appelant dans un
arrêt du 22 septembre 2016 (no 15-19622), au visa des articles R. 311-7 et R. 322-19 du
Code des procédures civiles d’exécution et 122, 125 et 919 du Code de procédure
civile : à peine d’irrecevabilité l’appel du jugement d’orientation doit être formé selon la
procédure à jour fixe dans les quinze jours suivant sa notification et la requête tendant à
voir fixer le jour auquel l’affaire sera appelée par priorité doit être présentée au plus tard
dans les huit jours de la déclaration d’appel. L’arrêt indique « que les époux X...
n’avaient pas déposé de requête tendant à être autorisés à assigner leurs adversaires à
jour fixe, de sorte que le formalisme de l’article R. 322-19 du Code des procédures civiles
d’exécution n’avait pas été respecté, et que la délivrance, fût-ce dans le délai de l’article
919 du Code de procédure civile, d’une ordonnance fixant la date à laquelle l’affaire
sera appelée ne dispense pas l’appelant de déposer préalablement, dans le délai
imparti de huit jours après la déclaration d’appel, une requête tendant à être autorisée
à assigner à jour fixe ».
L’ordonnance du premier président qui fixe la date est une mesure d’administration judi-
ciaire qui n’est susceptible d’aucun recours et ne peut donner lieu à référé à fin de
rétractation, même en cas d’excès de pouvoir allégué41. Comme la matière de la saisie
immobilière est indivisible, en application de l’article 553 du Code de procédure
civile, l’indivisibilité s’applique à tous les créanciers, poursuivants ou autres, de sorte
que l’appel de l’une des parties à l’instance devant le juge de l’exécution doit être
formé par déclaration d’appel dirigée contre toutes les parties à cette instance et que
l’assignation à jour fixe des créanciers inscrits ne suffit pas à valider la déclaration
d’appel formée contre le jugement d’orientation qui n’a pas intimé le créancier inscrit42.

——
39. Cass. 2e civ., 25 oct. 2014, nº 13-19000 – Cass. 2e civ., 1er sept. 2016, nº 15-11018.
40. Cass. 2e civ., 24 sept. 2015, nº 14-23768 – Cass. 2e civ., 28 janv. 2016, nº 15-11391.
41. Cass. 2e civ., 19 mars 2015, nº 14-14926 et 14-15150.
42. Cass. 2e civ., 2 juin 2016, nº 15-19435.
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CHAPITRE 15
Les issues

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Le jugement d’orientation définit les deux modes de réalisation de la saisie engagée : la
vente amiable ou la vente par adjudication.

1• LA VENTE AMIABLE
A - L’initiative du débiteur saisi
La vente amiable est sollicitée par le saisi, qui peut même présenter une demande
tendant à la vente amiable de l’immeuble avant la signification de l’assignation à
comparaître à l’audience d’orientation, sous réserve qu’il mette en cause les créanciers
inscrits sur le bien (CPC exéc., art. R. 322-20) et qu’il constitue avocat. La décision qui
fait droit à la demande suspend le cours de la procédure d’exécution, à l’exception du
délai imparti aux créanciers pour déclarer leur créance. La demande peut être formulée
verbalement à l’audience d’orientation, avec alors dispense du ministère d’avocat (CPC
exéc., art. R. 322-17 ; cette dispense vaut également pour les actes consécutifs à la
demande).
Le débiteur doit accomplir les diligences nécessaires à la conclusion de la vente
amiable. Il rend compte au créancier poursuivant, sur sa demande, des démarches
accomplies à cette fin (CPC exéc., art. R. 322-22). Selon l’article R. 322-22 du CPC
exéc., le jugement par lequel le juge de l’exécution, après avoir autorisé la vente
amiable d’un bien immobilier, ordonne la poursuite de la procédure, n’est pas suscep-
tible d’appel1.
Le créancier poursuivant peut, à tout moment, assigner le débiteur devant le juge aux
fins de voir constater sa carence et ordonner la reprise de la procédure sur vente
forcée. Il peut formuler cette demande oralement à l’audience à laquelle l’affaire est
rappelée2. Le débiteur a donc tout intérêt à procéder aux actes nécessaires à la réalisa-
tion de la vente amiable. Lorsque la reprise de la procédure est postérieure à l’audience
d’orientation, le juge fixe la date de l’audience d’adjudication qui doit se tenir dans un
délai compris entre deux et quatre mois. La décision est notifiée au débiteur saisi, au

——
1. Cass. 2e civ., 26 janv. 2017, nº 16-11713.
2. Cass. 2e civ., 6 janv. 2011 : Bull. civ. II, nº 7 ; D. 2011, panor. 1509, Leborgne ; RTD civ. 2011, p. 393,
Perrot.
216 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

créancier poursuivant et aux créanciers inscrits. La décision qui ordonne la reprise de la


procédure n’est pas susceptible d’appel (CPC exéc., art. R. 322-22).
La vente amiable peut avoir lieu avec l’accord des intéressés (CPC exéc., art.
L. 322-1, mod. par L. nº 2019-222, 23 mars 2019, art. 14) : en cas d’accord entre le
débiteur, le créancier poursuivant, les créanciers inscrits sur l’immeuble saisi à la date

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de la publication du commandement de payer valant saisie, les créanciers inscrits sur
l’immeuble avant la publication du titre de vente et qui sont intervenus dans la procé-
dure ainsi que le créancier mentionné au 1º bis de l’article 2374 du Code civil, ils
peuvent également être vendus de gré à gré après l’orientation en vente forcée et
jusqu’à l’ouverture des enchères.

B - Les pouvoirs du juge de l’exécution


Le débiteur n’est pas totalement libre de conclure une vente amiable. En effet,
c’est le juge de l’exécution qui fixe le montant du prix en deçà duquel l’immeuble ne
peut être vendu eu égard aux conditions économiques du marché ainsi que, le cas
échéant, les conditions particulières de la vente (CPC exéc., art. R. 322-21) ; c’est égale-
ment le juge qui fixe la date de l’audience à laquelle l’affaire sera rappelée dans un délai
qui ne peut excéder quatre mois ce qui limite dans le temps les possibilités de conclure
une vente amiable. À cette audience, le JEX peut accorder un délai supplémentaire pour
3 mois au plus, à condition que le demandeur justifie d’un engagement écrit d’acquisi-
tion, et seulement afin de lui permettre la rédaction et la conclusion de l’acte authen-
tique de vente.
Le juge de l’exécution exerce un contrôle sur la diligence du débiteur, puisqu’il peut
sanctionner sa carence à la demande du créancier poursuivant qui peut, à tout moment,
assigner le débiteur devant le juge aux fins de voir constater et ordonner la reprise de la
procédure sur vente forcée (CPC exéc., art. R. 322-22).
La vente amiable devra être établie par acte notarié, selon le droit commun. Le
notaire chargé d’établir l’acte de vente peut obtenir, contre récépissé, la remise par le
créancier poursuivant des documents recueillis pour l’élaboration du cahier des condi-
tions de vente. Les frais taxés sont versés directement par l’acquéreur en sus du prix
de vente (CPC exéc., art. R. 322-24). Ces frais sont obligatoirement taxés à la demande
du créancier poursuivant par le juge de l’exécution ayant autorisé la vente amiable et les
parties à l’acte de vente ne peuvent déroger aux dispositions impératives du second
alinéa de l’article R. 322-24 du Code des procédures civiles d’exécution3. Mais l’acte
notarié de vente n’est établi que sur consignation du prix et des frais de la vente
auprès de la Caisse des dépôts et consignations, et justification du paiement des frais
de la vente et des frais taxés (CPC exéc., art. L. 322-4, modifié par L. nº 2019-222,
23 mars 2019, art. 14). Dès lors, le prix de vente de l’immeuble ainsi que toute somme
acquittée par l’acquéreur à quelque titre que ce soit sont consignés auprès de la Caisse
des dépôts et consignations, et acquis aux créanciers participant à la distribution ainsi

——
3. Cass. 2e civ., 22 juin 2017, nº 16-12882 : l’acte de vente stipulait que « les frais de vente [...] sont à la
charge exclusive de l’acquéreur qui s’y oblige, à l’exception des frais de poursuite de la procédure de
saisie immobilière à la charge du vendeur ».
CHAPITRE 15 – Les issues 217

que, le cas échéant, au débiteur, pour leur être distribués (CPC exéc., art. R. 322-23). En
cas de défaut de conclusion de la vente du fait de l’acquéreur et sous réserve des dispo-
sitions législatives ou réglementaires relatives à son droit de rétractation, les versements
effectués par celui-ci restent consignés pour être ajoutés au prix de vente dans la
distribution.

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C - L’audience de rappel de l’affaire pour constatation
de la vente
Le juge de l’exécution qui autorise la vente amiable fixe la date de l’audience à laquelle
l’affaire sera rappelée dans un délai qui ne peut excéder quatre mois (CPC exéc.,
art. R. 322-21). Ce délai est relativement bref pour trouver un acquéreur et procéder à
la conclusion de la vente, d’autant qu’il n’est pas possible d’obtenir un sursis à statuer.
Dès lors, à cette audience, le juge peut accorder un délai supplémentaire, si le deman-
deur justifie d’un engagement écrit d’acquisition et afin de permettre la rédaction et la
conclusion de l’acte authentique de vente. Ce délai ne peut excéder trois mois. Le JEX
peut rejeter la demande de délai supplémentaire pour réaliser la vente amiable de
l’immeuble saisi et ordonner la vente forcée (sa décision n’est pas susceptible de
pourvoi immédiat4).
À cette audience à laquelle l’affaire est rappelée, le juge s’assure que l’acte de vente est
conforme aux conditions qu’il a fixées, et que le prix a été consigné (CPC exéc.,
art. R. 322-25). Il ne constate la vente que lorsque ces conditions sont remplies. Il
ordonne alors la radiation des inscriptions d’hypothèque et de privilège prises du chef
du débiteur. Le conservateur des hypothèques qui procède à la publication du jugement
en fait mention en marge de la publication de la copie du commandement et procède
aux radiations des inscriptions correspondantes.
Le jugement ainsi rendu n’est pas susceptible d’appel. Seul un pourvoi en cassation
pourrait être formé (CPC exéc., art. R. 322-25).
À défaut de pouvoir constater la vente amiable, le juge ordonne la vente forcée dans les
conditions prévues aux troisième et quatrième alinéas de l’article R. 322-22 du CPC
exéc. : il fixe la date de l’audience d’adjudication dans la mesure où l’audience d’orien-
tation a été tenue, par une décision non susceptible d’appel.
La vente amiable sur autorisation judiciaire produit les effets d’une vente volontaire
(CPC exéc., art. L. 322-3), mais elle ne peut pas donner lieu à rescision pour lésion.

——
4. Cass. 2e civ., 26 janv. 2017, nº 16-10238.
218 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

2• LA VENTE FORCÉE
A - Les publicités préalables

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Des formalités de publicité sont prévues, afin de permettre l’information du plus grand
nombre d’enchérisseurs possibles (CPC exéc., art. R. 322-30). Cette publicité garantit
que la vente se réalisera au meilleur prix. Il est même envisageable, avec l’introduction
des nouvelles technologies dans les procédures par les réformes programmées pour
2018-2022, que des publicités puissent être réalisées par internet !

1) L’avis
L’article R. 322-31 du CPC exéc. (modifié par D. nº 2019-966, 18 sept. 2019, art. 8, en
vigueur le 1er janvier 2020) détaille avec précision les modalités de publicité : celles-ci
doivent assurer la plus large diffusion de la vente, afin de permettre au plus grand
nombre d’acquéreurs éventuels de se présenter lors de l’adjudication. La vente forcée
est annoncée à l’initiative du créancier poursuivant dans un délai compris entre un et
deux mois avant l’audience d’adjudication.
À cette fin, le créancier poursuivant rédige un avis, en assure le dépôt au greffe du juge
de l’exécution pour qu’il soit affiché sans délai dans les locaux de la juridiction, à un
emplacement aisément accessible au public, et fait procéder à sa publication dans un
des journaux d’annonces légales diffusé dans l’arrondissement de la situation de
l’immeuble saisi.
L’avis indique :
1º Les nom, prénoms et domicile du créancier poursuivant et de son avocat ;
2º La désignation de l’immeuble saisi et une description sommaire indiquant sa nature,
son occupation éventuelle et tous éléments connus relatifs à sa superficie ainsi que, le
cas échéant, les dates et heures de visite ;
3º Le montant de la mise à prix ;
4º Les jour, heure et lieu de la vente ;
5º L’indication que les enchères ne peuvent être portées que par un avocat inscrit au
barreau du tribunal judiciaire du lieu de la vente ;
6º L’indication que le cahier des conditions de vente peut être consulté au greffe du juge
de l’exécution ou au cabinet de l’avocat du poursuivant.
L’avis publié dans le journal d’annonces légales ne comporte aucune autre mention.
L’avis affiché est rédigé en caractères dont la hauteur ne peut être inférieure à celle du
corps 30, sur format A3 (40 × 29,7 cm).
Selon l’article R. 322-33 du CPC exéc., il est justifié de l’insertion des avis dans les jour-
naux par un exemplaire de ceux-ci et de l’avis apposé au lieu de l’immeuble par un
procès-verbal du commissaire de justice.

2) L’avis simplifié
Dans le délai mentionné à l’article R. 322-31 du CPC exéc. et à la diligence du créancier
poursuivant, un avis simplifié est apposé à l’entrée ou, à défaut, en limite de
l’immeuble saisi et publié dans deux éditions périodiques de journaux à diffusion
locale ou régionale (au tarif des annonces ordinaires ; CPC exéc., art. R. 322-32). Cet
CHAPITRE 15 – Les issues 219

avis indique, à l’exclusion du caractère forcé de la vente et de l’identité du débiteur,


tous les renseignements utiles.
Le format et la taille des caractères de l’avis apposé sur l’immeuble sont identiques à
ceux mentionnés à l’article R. 322-31 du CPC exéc.

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3) Les autres moyens de publicité
Le créancier poursuivant ou les créanciers inscrits peuvent recourir à tous moyens complé-
mentaires d’information à l’effet d’annoncer la vente. Ces moyens ne doivent ni entraîner
des frais pour le débiteur ni faire apparaître le caractère forcé de la vente ou le nom du
débiteur, afin de sauvegarder la vie privée de ce dernier (CPC exéc., art. R. 322-36).

4) Les modalités aménagées de publicité


Le juge de l’exécution peut être saisi par le créancier poursuivant, l’un des créanciers
inscrits ou la partie saisie d’une requête tendant à aménager, restreindre ou compléter
les mesures de publicité prévues aux articles 64 à 68 (CPC exéc., art. R. 322-37). Dans
tous les cas, les mesures de publicité ordonnées par le juge sont réalisées à la diligence
et aux frais avancés de la partie qui les sollicite (CPC exéc., art. R. 322-38).
La demande prend la forme d’une requête formée, selon le cas, à l’audience d’orienta-
tion, deux mois au plus tard avant l’audience d’adjudication ou dans un délai de deux
jours ouvrables à compter de la vente.
Pour décider de l’aménagement des publicités, le juge de l’exécution tient compte de la
nature, de la valeur, de la situation de l’immeuble et de toutes autres circonstances parti-
culières. Dans ces conditions, il peut notamment ordonner que les mesures de publicité
soient accomplies par d’autres modes de communication qu’il indique.
Lorsque le juge statue par ordonnance, sa décision n’est pas susceptible d’appel.

5) La sanction
L’article R. 311-11 du CPC exéc. prévoit la caducité du commandement en cas de non-
respect du délai de l’article R. 322-31 du CPC exéc. (publicité par avis). Le non-respect
des autres prescriptions légales n’est assorti d’aucune sanction. La nullité ne pourrait
être appliquée aux autres publicités que si l’on considère que les modalités de publicité
constituent des formalités substantielles au sens de l’article 114 du CPC.

B - Les actes précédant l’adjudication


1) Les visites de l’immeuble saisi
Lorsque le juge de l’exécution ordonne la vente forcée, il détermine les modalités de
visite de l’immeuble à la demande du créancier poursuivant (CPC exéc., art. R. 322-26),
en fonction des éléments de l’espèce (occupation des locaux...). L’avis prévu à
l’article R. 322-31-2º du CPC exéc. indique, le cas échéant, les dates et heures de visite
prévues.
220 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

2) Le règlement des contestations et demandes incidentes postérieures


à l’audience d’orientation
Le JEX peut être saisi par le créancier poursuivant, l’un des créanciers inscrits ou la partie
saisie, d’une requête tendant à aménager, restreindre ou compléter les mesures de

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publicité, selon le cas, à l’audience d’orientation, deux mois au plus tard avant
l’audience d’adjudication ou dans un délai de deux jours ouvrables à compter de la
vente (CPC exéc., art. R. 322-37).
Il peut également juger une demande en distraction (CPC exéc., art. R. 311-8), une
demande de subrogation dans les poursuites (CPC exéc., art. R. 311-9), ou une
demande incidente portant sur un acte postérieur à l’audience d’orientation (CPC
exéc., art. R. 311-5).

3) Le renvoi exceptionnel d’audience


La vente forcée ne peut être reportée que pour un cas de force majeure ou sur la
demande de la commission de surendettement formée en application des articles
L. 722-4 ou L. 721-7 du Code de la consommation (CPC exéc., art. R. 322-28, mod.
D. nº 2017-892, 6 mai 2017). Dans ce cas, il est procédé à une nouvelle publicité dans
les formes et délais de la première vente forcée (CPC exéc., art. R. 322-29). Un report
de l’adjudication peut être sollicité en cas d’appel du jugement d’orientation : la
demande constitue une demande incidente qui est soumise aux conditions prévues à
l’article R. 311-6 du CPC exéc.5. Le jugement d’un juge de l’exécution, qui, après un
report de la vente, fixe la date de l’audience d’adjudication n’est pas susceptible d’un
pourvoi en cassation, sauf excès de pouvoir6.
À ces hypothèses, il faut ajouter le cas d’un règlement amiable agricole. En effet,
selon l’article L. 351-5 du Code rural et de la pêche maritime (Ord. nº 2014-326,
12 mars 2014), la décision du président du TJ qui nomme un conciliateur en application
de l’article L. 351-4, dans le cadre d’un règlement amiable agricole, arrête ou interdit
toute voie d’exécution de la part des créanciers dont la créance a son origine antérieure-
ment à ladite décision, tant sur les meubles que sur les immeubles. Le législateur a ainsi
prévu un cas spécifique de suspension des procédures d’exécution engagées qui doit
recevoir application en cas de saisie immobilière, en plus des cas permettant le report
de la vente forcée prévus par l’article R. 322-28 du Code des procédures civiles
d’exécution7.

4) La réquisition d’adjudication
L’article R. 322-27 du CPC exéc. précise que le créancier poursuivant, ou, à défaut, un
autre créancier inscrit, alors subrogé dans les poursuites, sollicite la vente, pour la date
fixée par le juge de l’exécution. La réquisition impose la représentation par avocat, mais
le dépôt de conclusions écrites n’est pas prescrit (l’avocat peut solliciter un report par
communication par voie électronique via le RPVA, Cass. 2e civ., 1er mars 2018, nº 16-
25462). Le juge de l’exécution n’a pas le pouvoir d’ordonner d’office la vente forcée.

——
5. Cass. 2e civ., 22 févr. 2012, nº 11-11914.
6. Cass. 2e civ., 1er mars 2018, nº 16-28769.
7. Cass. 2e civ., 16 nov. 2017, nº 16-17259.
CHAPITRE 15 – Les issues 221

Au contraire, si aucun créancier ne sollicite la vente, le juge constate la caducité du


commandement de payer valant saisie. Le créancier ne peut pas échapper à la caducité
en formant une demande préventive de vente, lors d’une audience d’incident devant le
JEX. Dans l’hypothèse d’une caducité, le créancier poursuivant défaillant conserve à sa
charge l’ensemble des frais de saisie engagés sauf décision contraire du juge spéciale-

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ment motivée.

5) Le sort des frais de poursuite


Les frais de poursuite sont publiquement annoncés avant l’ouverture des enchères (CPC
exéc., art. R. 322-42). Les frais dûment justifiés par le créancier poursuivant et, le cas
échéant, par le surenchérisseur, sont taxés par le juge. L’avocat du poursuivant doit
donc faire diligence pour faire taxer ces frais.
Il ne peut rien être exigé au-delà du montant de la taxe. Toute stipulation contraire est
réputée non-écrite.
Les frais de poursuite taxés et les droits de mutation sont payés par l’adjudicataire par
priorité en sus du prix. Il en est fourni justificatif au greffe avant l’expiration du délai de
deux mois à compter de la date d’adjudication définitive, à peine de réitération des
enchères. Ce dispositif est d’ordre public, puisque toute stipulation contraire est
réputée non-écrite (CPC exéc., art. R. 322-58). Pour la Cour de cassation, il résulte de
l’article L. 111-8 du Code des procédures civiles d’exécution que les frais de poursuite
sont l’accessoire de la dette pour le paiement de laquelle a été diligentée la procédure
de saisie immobilière ; dès lors, le créancier saisissant, bien qu’ayant été désintéressé des
causes du commandement en principal par le saisi, est fondé à continuer les poursuites
de saisie immobilière contre celui-ci tant qu’il n’a pas obtenu le règlement desdits frais8.

C - Les enchères

1) La capacité d’enchérir
Dans la mesure où les enchères conduisent à se porter acquéreur d’un immeuble, la
capacité de droit commun d’acquérir est logiquement exigée. L’avocat mandaté par
l’enchérisseur est tenu de vérifier qu’il remplit les exigences de capacité légales (C. civ.,
art. 1146, pour les mineurs ; art. 1146 et 425 pour les majeurs protégés) et qu’il n’est
pas frappé d’une interdiction de se rendre adjudicataire par les dispositions contenues
dans l’article 1596 du Code civil (concernant les tuteurs pour les biens de ceux dont ils
ont la tutelle ; les mandataires pour les biens qu’ils sont chargés de vendre ; les adminis-
trateurs pour les biens des établissements publics confiés à leurs soins ; les officiers
publics pour les biens dont les ventes se font par leur ministère et les fiduciaires pour
les biens ou droits composant le patrimoine fiducie). Ces exigences sont sanctionnées
par la nullité de l’adjudication. S’agissant des interdictions posées par l’article 1596 du
Code civil, la jurisprudence considère qu’il s’agit d’une nullité relative qui se prescrit par
5 ans.

——
8. Cass. 2e civ., 7 déc. 2017, nº 16-23313 – Cass. 2e civ., 22 juin 2017, nº 16-18901.
222 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

D’autres interdictions sont spéciales aux acteurs de l’adjudication sur saisie immobilière,
afin d’éviter un détournement de la procédure. Ainsi, toute personne peut se porter
enchérisseur, à condition qu’elle justifie de garantie de paiement et sous réserve des
incapacités tenant aux fonctions qu’elle exerce (CPC exéc., art. L. 322-7). Ne peuvent
se porter enchérisseurs, ni par eux-mêmes, ni par personnes interposées : le débiteur

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saisi, les auxiliaires de justice qui sont intervenus à un titre quelconque dans la procédure
(avocat, commissaire de justice et notaire) et les magistrats de la juridiction devant
laquelle la vente est poursuivie (CPC exéc., art. R. 322-39). L’interdiction concerne la
personne visée, mais également toute personne interposée (le conjoint du débiteur, par
exemple). L’article R. 322-48 précise que « les dispositions de la présente section sont
prescrites à peine de nullité de l’enchère soulevée d’office ».
De plus, la personne condamnée à l’une des peines complémentaires prévues aux 2º du I
de l’article 225-26 du Code pénal, aux 3º du IV et au deuxième alinéa du V de l’article
L. 1337-4 du Code de la santé publique, au 3º du VII et au deuxième alinéa du VIII de
l’article L. 123-3 du Code de la construction et de l’habitation, au 3º du III et au
deuxième alinéa du IV de l’article L. 511-6 et au 3º du II et au troisième alinéa du III de
l’article L. 521-4 du même code ne peut se porter enchérisseur pendant la durée de
cette peine pour l’acquisition d’un bien immobilier à usage d’habitation ou d’un
fonds de commerce d’un établissement recevant du public à usage total ou
partiel d’hébergement, sauf dans le cas d’une acquisition pour une occupation à
titre personnel (CPC exéc., art. L. 322-7-1, créé par L. nº 2018-1021, 23 nov. 2018,
art. 191). Des modalités particulières sont prévues afin de s’assurer du respect de cette
interdiction. Ainsi, avant de porter les enchères, lorsque l’immeuble saisi est un
immeuble à usage d’habitation ou un fonds de commerce d’un établissement
recevant du public à usage total ou partiel d’hébergement, l’avocat se fait en
outre remettre par son mandant une attestation sur l’honneur indiquant s’il fait
l’objet ou non d’une condamnation à l’une des peines mentionnées à l’article L. 322-7-1
et, lorsque le mandant est une personne physique, si le bien est destiné ou non à son
occupation personnelle. Si le mandant est une société civile immobilière ou en nom
collectif, il indique également si ses associés et mandataires sociaux font l’objet ou non
d’une condamnation à l’une de ces peines. Lorsque le mandant est une personne
physique, l’attestation mentionne ses nom, prénoms, date et lieu de naissance et domi-
cile, ainsi que, lorsqu’il est né à l’étranger, les nom et prénoms de ses parents. Lorsque le
mandant est une personne morale, l’attestation mentionne sa dénomination et son
numéro SIREN. S’il s’agit d’une société civile immobilière ou en nom collectif, l’attesta-
tion mentionne également pour ses associés et mandataires sociaux, l’ensemble des
informations requises, tant pour les personnes physiques que morales. L’attestation est
datée et signée par le mandant (CPC exéc., art. R. 322-41-1, créé par D. nº 2019-488,
22 mai 2019, art. 2).

2) L’obligation préalable d’une caution bancaire ou d’un chèque


de banque
Aux termes de l’article L. 322-7 du CPC exéc., toute personne peut se porter enchéris-
seur « si elle justifie de garanties de paiement ».
En conséquence, avant de porter les enchères, l’avocat se fait remettre par son mandant
et contre récépissé une caution bancaire irrévocable ou un chèque de banque rédigé à
l’ordre du séquestre ou de la Caisse des dépôts et consignations, selon les indications
CHAPITRE 15 – Les issues 223

contenues dans le cahier des conditions de vente. Le montant garantit doit représenter
10 % du montant de la mise à prix, sans que le montant de cette garantie puisse être
inférieur à 3 000 euros. Cette obligation a pour objectif évident d’éviter les enchères
infructueuses et les risques courus par les créanciers lorsque l’adjudicataire ne peut pas
payer le prix.

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Le récépissé reproduit les dispositions des 3e et 4e alinéas de l’article R. 322-41 du CPC
exéc.
La somme est encaissée par le séquestre ou la Caisse des dépôts et consignations. Elle
est restituée dès l’issue de l’audience d’adjudication à l’enchérisseur qui n’a pas été
déclaré adjudicataire. Lorsque l’adjudicataire est défaillant, la somme versée ou la
caution apportée est acquise aux créanciers participant à la distribution et, le cas
échéant, au débiteur pour leur être distribuée avec le prix de l’immeuble.

3) Le déroulement des enchères


L’adjudication de l’immeuble a lieu aux enchères publiques à l’audience du juge (CPC
exéc., art. L. 322-5). Le principe est celui de la liberté des enchères : toute personne
qui répond aux conditions légales peut promettre d’acheter au prix supérieur à celui
qui a été précédemment proposé. L’article 313-6 du Code pénal réprime le délit
d’entrave à la liberté des enchères (6 mois d’emprisonnement et 22 500 euros
d’amende), qui peut consister dans le fait de recourir à des dons, promesses, ententes
ou tout autre moyen frauduleux, aux fins d’écarter un enchérisseur ou de limiter les
enchères, ou encore d’entraver ou de troubler la liberté des enchères par violences,
voies de fait ou menaces. Aucune clause ne peut limiter cette liberté d’enchérir, ou la
subordonner au respect de conditions non prévues par la loi. Il en va de même pour le
fait de procéder ou de participer, après une adjudication publique, à une remise aux
enchères sans le concours de l’officier ministériel ou de la personne habilitée.
Les enchères sont soumises à un formalisme protecteur. Ainsi, elles doivent être
portées par le ministère d’un avocat. L’avocat doit être inscrit au barreau du tribunal
judiciaire devant lequel la vente est poursuivie. Il ne peut être porteur que d’un seul
mandat, afin d’éviter les conflits d’intérêts (CPC exéc., art. R. 322-40 modifié par
D. nº 2019-966, 18 sept. 2019, art. 8 entré en vigueur le 1er janvier 2020).
Le juge rappelle que les enchères partiront du montant de la mise à prix fixé,
selon le cas, dans le cahier des conditions de vente ou par la décision judiciaire prévue
au second alinéa de l’article L. 322-6 du CPC exéc. (CPC exéc., art. R. 322-43).
Les enchères sont pures et simples. Chaque enchère doit couvrir l’enchère qui la
précède (CPC exéc., art. R. 322-44).
Les enchères sont arrêtées lorsque quatre-vingt-dix secondes se sont écoulées
depuis la dernière enchère. Ce temps est décompté par tout moyen visuel ou sonore
qui signale au public chaque seconde écoulée (CPC exéc., art. R. 322-45 ; auparavant,
trois bougies d’une durée d’une minute chacune étaient allumées, d’où l’appellation
de « vente à la bougie »).
Le juge constate sur-le-champ le montant de la dernière enchère, laquelle emporte
adjudication.
À défaut d’enchère et lorsque le montant de la mise à prix a été modifié par le juge, le
bien est immédiatement remis en vente sur baisses successives de ce montant, le
cas échéant jusqu’au montant de la mise à prix initiale (CPC exéc., art. R. 322-47). Si le
224 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

montant n’a pas été modifié par le juge, et qu’il est fixé par le créancier poursuivant, à
défaut d’enchère, celui-ci est déclaré adjudicataire d’office au montant de la mise à prix
initiale, c’est-à-dire celui fixé par le créancier poursuivant dans le cahier des conditions
de vente et non le montant de la mise à prix modifié par le jugement d’orientation
(CPC exéc., art. L. 322-6 et C. civ., art. 2206)9.

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4) L’annulation des enchères
L’article R. 322-48 du CPC exéc. précise que les dispositions relatives aux enchères sont
prescrites à peine de nullité de l’enchère soulevée d’office. Mais l’annulation est très
limitée, puisque toute nouvelle enchère régulièrement portée couvre la nullité des
enchères précédentes. En revanche, la nullité de la dernière enchère entraîne de plein
droit la nullité de l’adjudication.
Les contestations relatives à la validité des enchères sont formées verbalement à
l’audience, par ministère d’avocat. Le juge statue sur-le-champ et, le cas échéant,
reprend immédiatement les enchères dans les conditions prévues à l’article R. 322-43
du CPC exéc. (CPC exéc., art. R. 322-49).

5) L’absence d’enchères valides


Selon l’article R. 322-49-1du CPC exéc. (créé par D. nº 2019-488, 22 mai 2019, art. 4),
en l’absence de surenchère valide et lorsque l’attestation mentionnée à l’article
R. 322-41-1 ne précise pas que le bien est destiné à l’occupation personnelle du
mandant, le service du greffe demande le bulletin nº 2 du casier judiciaire de l’enchéris-
seur déclaré adjudicataire et, s’il s’agit d’une société civile immobilière ou en nom
collectif, de ses associés et mandataires sociaux. Lorsque l’enchérisseur déclaré adjudica-
taire ou, s’il s’agit d’une société civile immobilière ou en nom collectif, l’un de ses asso-
ciés ou mandataires sociaux, a fait l’objet d’une condamnation à l’une des peines
mentionnées à l’article L. 322-7-1, le service du greffe en réfère au juge qui, après avoir
sollicité les observations des parties, prononce d’office la nullité de l’adjudication par
une ordonnance non susceptible d’appel dans laquelle il fixe la nouvelle audience de
vente à une date comprise dans un délai de deux à quatre mois suivant le prononcé de
sa décision. L’ordonnance est notifiée par le greffe au débiteur saisi, au créancier pour-
suivant, aux créanciers inscrits et à l’adjudicataire par lettre recommandée avec
demande d’avis de réception.
Lorsque l’immeuble est remis en vente par la voie d’une nouvelle adjudication en appli-
cation des dispositions de l’article R. 322-49-1, il est fait application des dispositions des
articles R. 322-70 à R. 322-72 du CPC exéc. (art. R. 322-49-2 créé par D. nº 2019-488,
22 mai 2019, art. 4).

D - L’adjudication
Le preneur bénéficiant du droit de préemption selon les prescriptions contenues à
l’article L. 412-11 du Code rural et de la pêche maritime doit être convoqué par lettre

——
9. Cons. const., 16 déc. 2011, nº 2011-206 QPC : l’art. 2206 du Code civil n’est pas contraire à la Consti-
tution – Cass. 2e civ., 12 avr. 2018, nº 17-15418.
CHAPITRE 15 – Les issues 225

RAR, 20 jours au moins avant la date de l’adjudication, par le secrétaire-greffier en chef


du tribunal en cas de vente poursuivie devant le tribunal.
L’adjudication ne peut pas donner lieu à déclaration de commande (CPC exéc., art.
L. 322-8, laquelle permettait auparavant à l’adjudicataire, « acheteur commandé », de
déclarer dans les 24 heures le véritable bénéficiaire de la vente, qui était alors censé

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devenir propriétaire direct de l’immeuble et était tenu de payer le prix et les frais).
Avant l’issue de l’audience, l’avocat dernier enchérisseur déclare au greffier l’identité
de son mandant et lui remet l’attestation mentionnée à l’article R. 322-41-1 (CPC
exéc., art. R. 322-46, modifié par D. nº 2019-488, 22 mai 2019, art. 3).

1) Le jugement d’adjudication
Les enchères sont arrêtées lorsque 90 secondes se sont écoulées depuis la dernière
enchère. Le juge constate sur-le-champ le montant de la dernière enchère, laquelle
emporte adjudication (CPC exéc., art. R. 322-45) L’avocat dernier enchérisseur est
tenu de déclarer au greffier, avant l’issue de l’audience, l’identité de son mandant (CPC
exéc., art. R. 322-46). Le jugement d’adjudication a la nature d’un jugement non
contentieux. Il est généralement qualifié de contrat judiciaire, de sentence d’adjudica-
tion, parce qu’il ne tranche aucune contestation. Les conséquences procédurales sont
importantes. Le jugement d’adjudication n’a pas autorité de chose jugée, et n’est pas
susceptible de recours (appel ou pourvoi en cassation ou recours en révision ou de
tierce opposition). Le pourvoi en cassation est seulement ouvert en cas d’excès de
pouvoir du JEX10. Il doit donc être attaqué par une action en nullité formée à titre
principal.
En cas d’erreur matérielle, le jugement peut faire l’objet d’une rectification. La décision
rectificative n’est pas susceptible de recours11. En revanche, lorsque le jugement
d’adjudication tranche également une contestation, il retrouve une nature conten-
tieuse. L’article R. 322-60 du CPC exéc. précise alors que « seul le jugement d’adjudica-
tion qui statue sur une contestation est susceptible d’appel de ce chef dans un délai de
quinze jours à compter de sa notification ». La jurisprudence précise que l’appel ne peut
pas porter sur la partie du jugement qui a déclaré le surenchérisseur adjudicataire, il ne
porte que sur la contestation tranchée.
Le jugement d’adjudication contient les mentions prescrites pour tout jugement
(CPC exéc., art. R. 322-59), telles que définies par les articles 453 et suivants du CPC.
Le jugement d’adjudication vise le jugement d’orientation, les jugements tranchant les
contestations et le cahier des conditions de vente. Il désigne le créancier poursuivant
et, le cas échéant, le créancier subrogé dans ses droits. Il mentionne les formalités de
publicité et leur date, la désignation de l’immeuble adjugé, les date et lieu de la vente
forcée, l’identité de l’adjudicataire, le prix d’adjudication et le montant des frais taxés. Il
comporte, le cas échéant, les contestations qu’il tranche.
Le jugement d’adjudication est notifié par le créancier poursuivant, au débiteur, aux
créanciers inscrits, à l’adjudicataire ainsi qu’à toute personne ayant élevé une contesta-
tion tranchée par la décision (CPC exéc., art. R. 322-60). Dans ce dernier cas, la

——
10. Cass. 2e civ., 16 nov. 2017, nº 16-21631.
11. Cass. 2e civ., 12 avr. 2018, nº 17-15233.
226 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

notification devra indiquer avec précision le recours ouvert ainsi que les modalités
d’exercice (CPC, art. 680) puisque le jugement est susceptible d’appel. Comme la repré-
sentation est obligatoire, la notification doit être faite préalablement aux représentants
des parties, puis aux parties, et mentionner l’accomplissement de cette formalité dans la
notification faite aux parties (CPC, art. 678).

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Au premier jour ouvrable suivant la vente et hors le cas où celle-ci est réalisée après
surenchère, un extrait du procès-verbal d’audience, avec mention du prix d’adjudica-
tion et des frais taxés, est affiché par le greffe à la porte de la salle d’audience
pendant le délai au cours duquel la surenchère peut être exercée (CPC exéc.,
art. R. 322-34). L’extrait mentionne la description sommaire de l’immeuble telle que
figurant dans l’avis initial, le prix de la vente et des frais taxés ainsi que l’indication du
greffe compétent pour recevoir les offres de surenchère et du délai de dix jours suivant
la vente pour les former. Cet avis après la vente peut également être aménagé, restreint
ou complété par juge de l’exécution, saisi par le créancier poursuivant, l’un des créan-
ciers inscrits ou la partie saisie d’une requête dans un délai de deux jours ouvrables à
compter de la vente. Le juge tient compte de la nature, de la valeur, de la situation de
l’immeuble et de toutes autres circonstances particulières (CPC exéc., art. R. 322-37).
Lorsque le JEX statue par ordonnance, sa décision n’est susceptible ni d’appel.

2) L’exécution du jugement d’adjudication


a) Le paiement du prix et des frais
L’adjudicataire a l’obligation essentielle de payer le prix et les frais de la vente.
Pour cela, il doit consigner le prix sur un compte séquestre ou à la Caisse des dépôts et
consignations et payer les frais de la vente (CPC exéc., art. L. 322-9). La consignation du
prix à laquelle est tenu l’adjudicataire doit être opérée dans un délai de deux mois à
compter de la date d’adjudication définitive, à peine de réitération des enchères. Passé
ce délai, le prix de vente est augmenté de plein droit des intérêts au taux légal jusqu’au
versement complet du prix ou sa consignation (CPC exéc., art. R. 322-57).
L’article L. 313-3 du Code monétaire et financier précise que « cet effet est attaché de
plein droit au jugement d’adjudication sur saisie immobilière, quatre mois après son
prononcé » : quatre mois après le prononcé du jugement d’adjudication sur saisie immo-
bilière, le taux d’intérêt légal sera donc majoré de plein droit de cinq points. Le JEX
peut néanmoins exonérer la personne tenue au paiement de cette majoration, ou en
réduire le montant, en fonction de la situation économique de l’intéressé.
Lorsque les fonds sont séquestrés, ils produisent intérêt à un taux fixé par le cahier des
conditions de vente et qui ne peut être inférieur au taux d’intérêt servi par la Caisse des
dépôts et consignations. Les intérêts sont acquis aux créanciers et, le cas échéant, au
débiteur, pour leur être distribués avec le prix de l’immeuble (CPC exéc., art. R. 322-57).
Les frais de poursuite taxés et les droits de mutation sont payés par l’adjudica-
taire par priorité en sus du prix. Il en est fourni justificatif au greffe avant l’expiration
du délai de deux mois à compter de la date d’adjudication définitive, à peine de réitéra-
tion des enchères. Toute stipulation contraire est réputée non-écrite (CPC exéc.,
art. R. 322-58). Contrairement au prix, les frais doivent être payés par l’adjudicataire, et
non versés à un séquestre.
Les conséquences du paiement sont capitales pour l’adjudicataire. En effet, le verse-
ment du prix, ou sa consignation et le paiement des frais de la vente purgent de plein
CHAPITRE 15 – Les issues 227

droit l’immeuble de toute hypothèque et de tout privilège du chef du débiteur, ce à


compter de la publication du titre de vente (CPC exéc., art. L. 322-14).

Sanctions du non-paiement par l’adjudicataire

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Les sanctions du non-respect de ces obligations sont lourdes. Ainsi, l’adjudicataire ne peut,
avant le versement ou la consignation et le paiement, accomplir un acte de disposition sur le
bien à l’exception de la constitution d’une hypothèque accessoire à un contrat de prêt destiné
à financer l’acquisition de ce bien (CPC exéc., art. L. 322-9). De plus, le titre de vente n’est
délivré à l’adjudicataire que sur justification du paiement des frais taxés (CPC exéc., art.
L. 322-11). Enfin et surtout, à défaut de versement du prix ou de sa consignation et du paie-
ment des frais, la vente est résolue de plein droit, et l’adjudicataire défaillant est tenu au paie-
ment de la différence entre son enchère et le prix de la revente, si celui-ci est moindre. Il ne peut
prétendre à la répétition des sommes qu’il a acquittées (CPC exéc., art. L. 322-12). La résolution
de la vente a lieu de plein droit dès l’instant où le délai de 2 mois n’a pas été respecté.

b) La délivrance du titre de vente


Le titre de vente n’est délivré à l’adjudicataire que sur justification du paiement des frais
taxés (CPC exéc., art. L. 322-11). Il consiste dans l’expédition du cahier des conditions de
vente revêtue de la formule exécutoire, à la suite de laquelle est transcrit le jugement
d’adjudication (CPC exéc., art. R. 322-61). Si les renseignements d’identité fournis par
l’adjudicataire ne sont pas suffisants, l’avocat de l’adjudicataire les complète par une
déclaration écrite remise au greffe au plus tard le 3e jour ouvrable suivant l’audience
d’adjudication. Cette déclaration complémentaire est annexée au titre de vente. En cas
de difficulté, le greffe en référera au juge de l’exécution qui statue par ordonnance
insusceptible d’appel (CPC exéc., art. R. 322-61).
Le titre de vente est délivré par le greffier à l’adjudicataire. Il l’est également, à sa
demande, au créancier poursuivant pour procéder aux formalités de publicité du titre à
défaut de diligence à cet effet par l’adjudicataire La quittance du paiement des frais est
annexée au titre de vente (CPC exéc., art. R. 322-62).
Si la vente forcée comprend plusieurs lots, il est délivré une expédition par acquéreur
(CPC exéc., art. R. 322-62).

c) La publication du titre de vente


Le titre de vente est publié par le service chargé de la publicité foncière selon les règles
prévues pour les ventes judiciaires, à la requête de l’acquéreur ou, à son défaut, du
créancier poursuivant la distribution (CPC exéc., art. R. 322-69). Le défaut de publication
ne donne pas lieu à une revente du bien, mais, par application des dispositions de
l’article 30 du décret du 4 janvier 1955 sur la publicité foncière, le défaut de publication
entraîne l’inopposabilité du jugement aux tiers ayant acquis sur le même immeuble et
du même débiteur des droits concurrents en vertu d’acte ou de décisions soumis à
publicité.
Le défaut de publication du jugement d’adjudication dans le délai de deux ans à
compter de la publication du commandement de payer valant saisie entraîne la
péremption de ce commandement, conformément aux articles R. 321-20 à
R. 321-22 du CPC exéc.
228 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

3) Les conséquences de la vente forcée


a) Le transfert de propriété à l’adjudicataire
L’adjudication emporte vente forcée du bien saisi et en transmet la propriété à l’adjudi-
cataire (CPC exéc., art. L. 322-10). À l’égard des tiers, ce transfert de propriété ne

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s’opère qu’à compter de la publication du titre de vente au service chargé de la publicité
foncière (D. 4 janv. 1955, art. 30-1).
L’adjudication ne confère à l’adjudicataire d’autres droits que ceux appartenant au saisi
(propriété ou nue-propriété par exemple). Ce dernier est tenu, à l’égard de l’adjudica-
taire, à la délivrance du bien et à la garantie d’éviction. Seuls les éléments compris dans
la saisie doivent être délivrés, conformément au droit commun de l’article 1615 du Code
civil (l’obligation de délivrer la chose comprend ses accessoires et tout ce qui a été
destiné à son usage perpétuel), dans l’état où ils étaient au moment de l’adjudication
(CPC exéc., art. L. 322-10, al. 2).
L’adjudicataire bénéficie d’une action en garantie contre le saisi12. Généralement, il
connaît les risques à la lecture du cahier des conditions de la vente, et ne peut en
obtenir réparation. Mais la question reste posée si l’adjudicataire apprend l’existence
d’une servitude non apparente, non mentionnée dans le cahier des conditions de
vente : sans doute pourrait-il engager la responsabilité du créancier poursuivant sous la
responsabilité duquel le cahier des conditions de vente est établi (CPC exéc.,
art. R. 322-11, al. 1er).
L’adjudicataire ne bénéficie pas de l’action en rescision pour lésion de plus des 7/12es du
vendeur d’immeuble (C. civ., art. 1684).
Le transfert implique un droit aux fruits produits par l’immeuble à partir de l’adjudica-
tion, puisque la saisie d’un immeuble emporte saisie de ses fruits, sauf l’effet d’une saisie
antérieure (CPC exéc., art. L. 321-3).
En ce qui concerne les baux, ceux qui sont consentis par le débiteur après la saisie
sont, quelle que soit leur durée, inopposables au créancier poursuivant comme à
l’acquéreur. La preuve de l’antériorité du bail peut être faite par tout moyen (CPC
exéc., art. L. 321-4).
Des difficultés naîtront dans l’hypothèse de la saisie du bien d’autrui. Le tiers proprié-
taire doit pouvoir exercer son action en distraction lors de la procédure (l’article R. 311-8
du CPC exéc. rappelle à cet égard que la demande en distraction de tout ou partie des
biens saisis peut être formée jusqu’à la vente du bien saisi). S’il omet de la formuler, dans
l’ignorance de la saisie, son droit de propriété n’est pas affecté (l’adjudication ne peut
pas transférer à l’adjudicataire un droit dont le débiteur n’était pas titulaire). En consé-
quence, le propriétaire peut revendiquer l’immeuble contre l’adjudicataire (dans un délai
de 30 ans contre l’adjudicataire de mauvaise foi, et 10 ans contre l’adjudicataire de
bonne foi, qui dispose d’un jugement d’adjudication assimilé à un « juste titre » ;
C. civ., art. 2272).

——
12. Bordier, « Quel est le vendeur dans la saisie immobilière ? », JCP 1978, I, 2894.
CHAPITRE 15 – Les issues 229

b) Les effets sur les inscriptions


1. Arrêt du cours des inscriptions
L’article 2427 du Code civil précise que les créanciers privilégiés ou hypothécaires ne
peuvent utilement prendre inscription sur le précédent propriétaire à partir de la publica-

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tion de la mutation opérée au profit d’un tiers. L’adjudication empêchera l’inscription de
sûretés sur le débiteur saisi.
2. Purge et radiation des inscriptions
Le versement du prix ou sa consignation et le paiement des frais de la vente purgent de
plein droit l’immeuble de toute hypothèque et de tout privilège du chef du débiteur à
compter de la publication du titre de vente (CPC exéc., art. L. 322-14). Cet effet est lié
par le texte au paiement, avec pour point de départ la publication du titre de vente.
Sur requête de l’adjudicataire, le juge de l’exécution, qui constate la purge des hypothè-
ques et privilèges pris sur l’immeuble du chef du débiteur, ordonne la radiation des
inscriptions correspondantes au bureau des hypothèques. L’ordonnance n’est pas
susceptible d’appel (CPC exéc., art. R. 322-65).
La purge suppose que la saisie porte sur un immeuble appartenant au débiteur proprié-
taire du bien, que tous les créanciers inscrits aient été sommés par le poursuivant dans
les conditions de l’article R. 322-7 du CPC exéc., et que l’adjudicataire ait payé ou
consigné le prix d’adjudication.

c) L’expulsion du saisi
Le jugement d’adjudication constitue un titre d’expulsion à l’encontre du saisi (CPC
exéc., art. L. 322-13), et de tout occupant de son chef n’ayant aucun droit qui lui soit
opposable. Sauf si le cahier des conditions de vente prévoit le maintien dans les lieux
du débiteur saisi, l’adjudicataire peut mettre à exécution le titre d’expulsion dont il
dispose à l’encontre du saisi et de tout occupant de son chef n’ayant aucun droit qui
lui soit opposable à compter du versement du prix ou de sa consignation et du paiement
des frais taxés (CPC exéc., art. R. 322-64). Le débiteur est donc tenu au paiement d’une
indemnité d’occupation vis-à-vis de l’adjudicataire.
Le jugement d’adjudication est notifié (CPC exéc., art. R. 322-60). Si la signification du
jugement d’adjudication ne contient pas de formule exécutoire, son annulation ne sera
possible que si cette omission a causé un grief au saisi13.

d) Le paiement provisionnel du créancier de 1er rang


Après la publication du titre de vente et au vu d’un état hypothécaire, le créancier de
premier rang peut demander au séquestre ou à la Caisse des dépôts et consignations, à
être payé à titre provisionnel pour le principal de sa créance. Les intérêts, frais et acces-
soires de cette créance sont payés une fois le projet de distribution devenu définitif.
Toute stipulation contraire est réputée non-écrite (CPC exéc., art. R. 334-1). La décision
du JEX est notifiée par le créancier de 1er rang au débiteur et aux créanciers inscrits.
Ceux-ci disposent de 15 jours pour faire opposition à la décision.

——
13. Cass. 2e civ., 11 févr. 2010, nº 09-65404.
230 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

E - La surenchère
C’est un acte par lequel une personne surenchérit en demandant une nouvelle mise aux
enchères de l’immeuble adjugé et en offrant au moins un 10e du prix principal de la
vente initiale, dans les 10 jours de l’adjudication (CPC exéc., art. R. 322-50). La suren-

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chère est donc économiquement favorable aux créanciers (le taux du 10e est un plan-
cher, mais le surenchérisseur peut proposer plus, même si on ne peut pas le lui
imposer14). Elle fait l’objet de publicité : au premier jour ouvrable suivant la vente, un
extrait du procès-verbal d’audience, avec mention du prix d’adjudication et des frais
taxés, est affiché par le greffe à la porte de la salle d’audience pendant le délai au
cours duquel la surenchère peut être exercée. L’extrait mentionne la description
sommaire de l’immeuble telle que figurant dans l’avis initial, le prix de la vente et des
frais taxés ainsi que l’indication du greffe compétent pour recevoir les offres de suren-
chère et du délai dix jours suivant la vente pour les former (CPC exéc., art. R. 322-34).

1) Les modalités de la surenchère


La surenchère est ouverte à toute personne. À peine d’irrecevabilité, elle est formée par
acte d’avocat et déposée au greffe du juge de l’exécution dans les dix jours suivant
l’adjudication. Elle vaut demande de fixation d’une audience de surenchère (CPC exéc.,
art. R. 322-50).
Pour éviter les demandes fantaisistes, l’avocat doit attester s’être fait remettre de son
mandant une caution bancaire irrévocable ou un chèque de banque du dixième du prix
principal de la vente. La déclaration de surenchère ne peut être rétractée (CPC exéc.,
art. R. 322-51).
La déclaration de surenchère constitue un acte de disposition (dès lors, un maire ne peut
pas la faire sans l’autorisation du conseil municipal15).
Le délai ouvert est très bref : 10 jours suivant l’adjudication (le jour de l’adjudication ne
compte pas, par application de l’article 642 du CPC).
Si toute personne peut faire une surenchère du dixième au moins du prix principal de la
vente (CPC exéc., art. R. 322-50), il faut faire application des mêmes interdictions que
pour l’adjudication initiale (CPC exéc., art. R. 322-39) et des mêmes incapacités.
Rien n’interdit la formulation de plusieurs surenchères : dans ce cas, la procédure de
surenchère sera diligentée par le premier surenchérisseur. Si plusieurs immeubles ont
été vendus dans la même procédure, il est possible que les surenchères ne portent pas
sur les mêmes biens : l’un des surenchérisseurs diligentera la procédure.
La surenchère est déposée au greffe du juge de l’exécution qui a rendu le jugement
d’adjudication dans les dix jours suivant l’adjudication. Le décret n’en définit pas le
contenu, mais on peut supposer que l’acte d’avocat indiquera la date, l’identification
du surenchérisseur, sa propre identification, ainsi que les éléments permettant de dési-
gner l’immeuble et les conditions légales de régularité de la surenchère (taux, prix
principal...) et sa signature.
La déclaration de surenchère vaut demande de fixation d’une audience de surenchère.

——
14. Cass. 2e civ., 16 déc. 2010 : Procédures 2011, comm. 90, Perrot.
15. Cass. 2e civ., 21 mars 2013, nº 12-10091.
CHAPITRE 15 – Les issues 231

2) La dénonciation de la surenchère
Au plus tard le troisième jour ouvrable suivant la déclaration de surenchère, le surenché-
risseur la dénonce par acte du commissaire de justice ou par notification entre avocat, au
créancier poursuivant, à l’adjudicataire (en cas de pluralité d’adjudicataires, elle doit être
dénoncée à chacun d’eux, même s’ils sont représentés par le même avocat16) et au débi-

international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:1442913251:88882200:102.51.5.179:1589671953
teur saisi, à peine d’irrecevabilité. Ce délai extrêmement bref est computé conformé-
ment aux articles 641 (le jour du dépôt de l’acte au greffe ne compte pas) et 642 (le
délai est prorogé au 1er jour ouvrable suivant s’il expire un samedi, un dimanche, un
jour férié ou chômé) du CPC.
L’acte de dénonciation rappelle les dispositions de l’article R. 311-6 (formation et
examen des contestations et demandes incidentes) et du second alinéa de
l’article R. 322-52 (contestation de la surenchère dans les 15 jours) ; une copie de l’attes-
tation prévue au deuxième alinéa de l’article R. 322-51 (attestation de l’avocat de la
remise d’une caution bancaire irrévocable ou d’un chèque de banque) y est jointe (CPC
exéc., art. R. 322-52). La surenchère n’est pas dénoncée aux créanciers inscrits (qui ont
reçu une sommation pour être associés à la procédure) ; mais elle peut être dénoncée
aux précédents surenchérisseurs s’il y en a plusieurs.
Par application de l’article L. 412-11 du Code rural et de la pêche maritime, la déclara-
tion de surenchère est dénoncée au preneur bénéficiant du droit de préemption
dans les mêmes formes et délais qu’à l’adjudicataire. Le preneur peut d’ailleurs intervenir
à l’instance en validité de la surenchère.
La validité de la surenchère peut être contestée dans les quinze jours de sa dénonciation
(CPC exéc., art. R. 322-52), par simples conclusions déposées au greffe par l’intermé-
diaire d’un avocat (le délai est sanctionné par l’irrecevabilité et non la nullité de la
contestation). Le juge de l’exécution statuera sur cette contestation lors d’une audience
précédant la surenchère.
L’audience de surenchère est fixée par le juge de l’exécution à une date comprise dans
un délai de deux à quatre mois suivant la déclaration de surenchère, ou suivant la date
de la décision de rejet en cas de contestation de la déclaration de surenchère (CPC exéc.,
art. R. 322-53). Le greffe avise de la date de l’audience, par lettre recommandée avec
demande d’avis de réception, le débiteur saisi, le créancier poursuivant, les créanciers
inscrits et l’adjudicataire (CPC exéc., art. R. 322-53), Si le JEX rejette la contestation, et
reconnaît la validité de la surenchère, il fixe la date de l’audience ; s’il admet la contesta-
tion et annule la surenchère, l’adjudication primitive retrouve sa validité.

3) L’adjudication sur surenchère


La nouvelle vente doit être précédée de publicités. En cas de surenchère, la nouvelle
vente est précédée de la publicité de droit commun (CPC exéc., art. R. 322-35). Les
formalités de publicité sont réalisées à la diligence du surenchérisseur, ou, à son
défaut, du créancier poursuivant, sur la mise à prix modifiée par la surenchère (CPC
exéc., art. R. 322-54).
Le jour de l’audience, les enchères sont reprises dans les conditions prévues par les arti-
cles R. 322-39 à R. 322-49, sur la mise à prix modifiée par la surenchère. Si cette

——
16. Cass. 2e civ., 20 oct. 2011 : Bull. civ. II, nº 197 ; RD bancaire et fin. 2012, nº 23, Piédelièvre.
232 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

surenchère n’est pas couverte, le surenchérisseur est déclaré adjudicataire. Aucune


surenchère ne pourra être reçue sur la seconde adjudication. Les dispositions de l’article
R. 322-49-1 sont applicables (CPC exéc., art. R. 322-55, mod. par D. nº 2019-488,
22 mai 2019, art. 5).

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4) Les conséquences de la surenchère
Elle ne fait pas disparaître la saisie, mais anéantit la première adjudication. Elle entraîne
donc la résolution des droits du 1er adjudicataire surenchérir : pour la Cour de cassation,
cet anéantissement se produit dès la déclaration de surenchère17. Dès lors, le 1er adjudi-
cataire n’est tenu d’aucun paiement, et les droits qu’il aurait pu consentir à des tiers sont
rétroactivement résolus. En revanche, les actes d’administration subsistent, et l’adjudica-
taire pourrait en demander remboursement à condition qu’ils correspondent à des
dépenses faites sans fraude.
Sous ces réserves, le débiteur saisi est censé n’avoir jamais cessé d’être propriétaire : il
conserve sa propriété jusqu’au jugement d’adjudication sur surenchère dans ses
rapports avec les parties à la procédure, et jusqu’à la publication du titre de vente et du
jugement dans ses rapports avec les tiers.
Si l’adjudication a lieu au profit du 1er adjudicataire, la seconde confirme son droit. Si
l’adjudication a lieu au profit d’un nouvel adjudicataire, elle opère transfert de propriété
et expropriation du saisi à sa date, et résolution des droits du 1er adjudicataire. Le nouvel
adjudicataire sur surenchère a les mêmes droits et obligations que le 1er, il doit payer le
prix et les frais.
La procédure de saisie cesse définitivement puisqu’« aucune surenchère ne pourra être
reçue sur la seconde adjudication » (CPC exéc., art. R. 322-55).

F - La réitération des enchères


Ce processus intervient lorsque l’adjudicataire n’a pas rempli ses obligations de payer le
prix et les frais. En effet, le versement au séquestre ou la consignation auprès de la
Caisse des dépôts et consignations du prix auquel est tenu l’adjudicataire doit être
réalisé dans un délai de deux mois à compter de la date d’adjudication définitive, à
peine de réitération des enchères (CPC exéc., art. R. 322-56).
À défaut pour l’adjudicataire de payer dans ce délai, le prix, les frais taxés, ou les droits
de mutation, le bien est remis en vente à la demande du créancier poursuivant, d’un
créancier inscrit ou du débiteur saisi, aux conditions de la première vente forcée (CPC
exéc., art. R. 322-66).

1) Les modalités
Toute personne qui poursuit la réitération des enchères (le créancier poursuivant, un
créancier inscrit, le débiteur saisi) se fait délivrer par le greffe un certificat constatant
que l’adjudicataire n’a pas justifié du versement du prix ou de sa consignation ou du
paiement des frais taxés ou des droits de mutation (CPC exéc., art. R. 322-67).

——
17. Cass. civ., 18 nov. 1924 : DP 1925, 1, p. 25.
CHAPITRE 15 – Les issues 233

La personne qui poursuit la réitération des enchères fait signifier le certificat au saisi, à
l’adjudicataire et, le cas échéant, au créancier ayant sollicité la vente. Outre les mentions
prescrites pour les actes du commissaire de justice, la signification faite à l’acquéreur
comporte, à peine de nullité :
– la sommation d’avoir à payer le prix, les frais de la vente et les droits de mutation

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dans un délai de huit jours ;
– le rappel des dispositions du second alinéa de l’article L. 322-12 du CPC exéc. et des
articles R. 311-6, R. 322-56, R. 322-58, R. 322-68, R. 322-69 et R. 322-72 du CPC
exéc.
L’adjudicataire peut contester le certificat dans un délai de quinze jours suivant sa
signification, en saisissant le juge de l’exécution (dépôt de conclusions signées de son
avocat). La décision du juge de l’exécution statuant sur cette contestation n’est pas
susceptible d’appel, mais seulement d’un pourvoi en cassation selon le droit commun
(CPC exéc., art. R. 322-68).

2) La réitération de la vente
L’immeuble est remis en vente par la voie d’une nouvelle adjudication, faute pour l’adju-
dicataire de satisfaire à la sommation qui lui a été faite (CPC exéc., art. R. 322-69). La
nouvelle audience de vente est fixée par le juge de l’exécution sur requête de la partie
qui poursuit la réitération des enchères, à une date comprise dans un délai de deux à
quatre mois suivant la date de la signification du certificat du greffe à l’acquéreur (en
cas de contestation du certificat prévu à l’article R. 322-67, ce délai court à compter de
la date de la décision de rejet). Le greffe avise le débiteur saisi, le créancier poursuivant,
les créanciers inscrits et l’adjudicataire défaillant de la date de l’audience par lettre RAR.
Les formalités de publicité sont réitérées dans les formes et les conditions prévues
pour l’adjudication ; elles comportent le montant de l’adjudication (CPC exéc.,
art. R. 322-70).
Les enchères sont réitérées dans les conditions prévues par les articles R. 322-39 à
R. 322-49, c’est-à-dire conformément aux modalités prévues par le cahier des conditions
de vente initial (CPC exéc., art. R. 322-71). Les dispositions de l’article R. 322-49-1 sont
applicables (CPC exéc., art. R. 322-71, modifié par D. nº 2019-488, 22 mai 2019, art. 5).

3) Les effets de la réitération


Ils peuvent être très sévères pour l’adjudicataire. D’abord, l’adjudicataire défaillant est
tenu au paiement de la différence entre son enchère et le prix de la revente, si celui-ci
est moindre. Il ne peut prétendre à la répétition des sommes qu’il a acquittées (CPC
exéc., art. L. 322-12). Ensuite, l’adjudicataire défaillant de la vente initiale conserve à sa
charge les frais taxés lors de cette adjudication. Passé un délai de deux mois suivant
celle-ci, il est tenu des intérêts au taux légal sur son enchère jusqu’à la nouvelle vente
(CPC exéc., art. R. 322-72).
En revanche, c’est l’adjudicataire à l’issue de la nouvelle adjudication qui doit les frais
afférents à celle-ci (CPC exéc., art. R. 322-72, al. 2).
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CHAPITRE 16
La distribution du prix
d’un immeuble

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Avant la réforme de 2006, la procédure de distribution du prix après saisie immobilière
était très critiquée, pour sa complexité et sa lenteur. Une modernisation s’imposait, qui a
réalisé plusieurs objectifs pour parvenir à une accélération de la satisfaction des créan-
ciers saisissants. Le principe est qu’il convient de favoriser la répartition amiable des
sommes : la déjudiciarisation du processus contribue à sa simplification, et donc, à son
accélération.

1• DISPOSITIONS GÉNÉRALES
A - Les créanciers admis à la distribution
Seuls certains créanciers sont admis à faire valoir leurs droits sur le prix de la vente : il
s’agit du créancier poursuivant, des créanciers inscrits sur l’immeuble saisi à la date de la
publication du commandement de payer valant saisie, des créanciers inscrits sur
l’immeuble avant la publication du titre de vente et qui sont intervenus dans la procé-
dure ainsi que des créanciers énumérés aux 1o bis de l’article 2374 et à l’article 2375
(CPC exéc., art. L. 331-1). En, revanche, le créancier chirographaire, qui n’est pas partie
à la procédure de distribution, n’a pas qualité pour contester le projet de distribution1.
Il faut y ajouter d’autres créanciers tels que le syndicat des copropriétaires pour le paie-
ment des charges et travaux, les créanciers privilégiés sur la généralité des immeubles
(C. civ., art. 2375). Le créancier qui a exposé des frais de poursuite pour la saisie immo-
bilière doit être payé par priorité (C. civ., art. 2375 – CPC exéc., art. R. 322-58, précisant
à cet égard que les frais de poursuite taxés sont payés par l’adjudicataire par priorité en
sus du prix). Il en est de même pour les frais de la procédure de distribution, hormis ceux
des contestations ou réclamations, qui sont avancés par la partie sollicitant la distribu-
tion et prélevés par priorité à tous autres (CPC exéc., art. R. 331-2). La créance du pour-
suivant prime d’autres créances : selon l’article L. 321-5 du CPC exéc., sont inopposables
les inscriptions du chef du débiteur qui n’ont pas été prises antérieurement à la publica-
tion de la saisie, ce qui signifie que ces créanciers inscrits après la publication du
commandement peuvent intervenir mais prendront rang après le créancier poursuivant.

——
1. Cass. 2e civ., 12 avr. 2018, nº 17-13235.
236 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

Certains sont exclus de la procédure de distribution. C’est le cas des créanciers


sommés de déclarer leur créance et qui ont omis de le faire, qui sont déchus du bénéfice
de leur sûreté pour la distribution du prix de vente de l’immeuble (CPC exéc., art. L. 331-2).
Le créancier de premier rang dispose d’un droit particulier, d’ordre public, puisqu’après
la publication du titre de vente et au vu d’un état hypothécaire, il peut demander au

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séquestre ou au consignataire à être payé à titre provisionnel pour le principal de sa
créance (CPC exéc., art. R. 334-1). Les intérêts, frais et accessoires de cette créance sont
payés une fois le projet de distribution devenu définitif (CPC exéc., art. R. 334-1, al. 2).

B - Le droit commun de la procédure de distribution


1) La diligence d’un créancier
La distribution du prix de l’immeuble est poursuivie devant le juge de l’exécution à la
diligence du créancier saisissant ou, à son défaut, du créancier le plus diligent ou du
débiteur (CPC exéc., art. R. 331-1), que la vente soit réalisée amiablement ou aux
enchères.
La partie sollicitant la distribution doit avancer les frais de la procédure, hormis ceux des
contestations ou réclamations. Les frais seront prélevés par priorité à tous autres (CPC
exéc., art. R. 331-2). La Cour de cassation dit pour avis que les honoraires de l’avocat
du créancier poursuivant, qui a élaboré le projet de distribution du prix, ne sont pas des
frais de justice.
Au contraire, la procédure est poursuivie par la partie la plus diligente devant le tribunal
judiciaire lorsque la distribution du prix de l’immeuble s’applique à la répartition entre
créanciers du prix d’un immeuble vendu en dehors de toute procédure d’exécution,
après purge des inscriptions (CPC exéc., art. R. 331-3), même si elle est régie par les
mêmes dispositions.

2) L’objet de la distribution
Les sommes à distribuer sont constituées par le prix de vente de l‘immeuble en principal,
auquel on ajoute les fruits immobilisés à compter de la signification du commandement
de payer valant saisie (CPC exéc., art. R. 321-16), toute somme versée par un acquéreur
potentiel dans une vente amiable (CPC exéc., art. R. 322-23), les intérêts dus par le
séquestre ou la Caisse des dépôts et consignations dans une adjudication (CPC exéc.,
art. R. 322-57) ainsi que les sommes recouvrées en cas de défaillance de l’adjudicataire
(CPC exéc., art. R. 322-41, al. 4).

3) Les conséquences du retard dans la distribution


Le séquestre ou la Caisse des dépôts et consignations procède au paiement des créan-
ciers et le cas échéant du débiteur, dans le mois de la notification qui lui est faite, selon
le cas, du projet de distribution homologué ou du procès-verbal d’accord revêtu de la
formule exécutoire ou d’une copie revêtue de la formule exécutoire de la décision arrê-
tant l’état de répartition (CPC exéc., art. R. 334-2). Le délai à l’expiration duquel le verse-
ment du prix ou sa consignation auprès de la Caisse des dépôts et consignations par
l’acquéreur produit tous les effets d’un paiement à l’égard du débiteur est de 6 mois
(CPC exéc., art. R. 334-3). Si la distribution du prix n’est pas intervenue dans ce délai, la
CHAPITRE 16 – La distribution du prix d’un immeuble 237

consignation produit, à l’égard du débiteur, tous les effets d’un paiement à hauteur de
la part du prix de vente qui sera remise aux créanciers après la distribution (CPC exéc.,
art. L. 334-1).

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2• LA DISTRIBUTION AMIABLE
Cette procédure doit être favorisée, dans la mesure où elle assure la satisfaction des
créanciers de façon simplifiée et rapide. Ses modalités diffèrent selon qu’il y a un ou
plusieurs créanciers.
Les notifications et les convocations auxquelles donne lieu la distribution amiable, sont
faites conformément aux règles des notifications entre avocats. L’article 652 du Code de
procédure civile est applicable (les actes sont donc notifiés d’abord à l’avocat, sous
réserve des règles particulières à la notification des jugements).

A - En présence d’un seul créancier


La demande de paiement est régie par les dispositions de l’article R. 332-1 du CPC
exéc. Lorsqu’il n’existe qu’un créancier répondant aux conditions de l’article L. 331-1 du
CPC exéc., celui-ci adresse au séquestre ou à la Caisse des dépôts et consignations une
demande de paiement de sa créance par lettre recommandée avec demande d’avis de
réception, dans un délai de deux mois suivant la publication du titre de vente. La
demande de paiement est motivée.
Lorsque la distribution fait suite à une saisie immobilière, la demande est accompagnée
d’un état hypothécaire certifié à la date de la publication du commandement de payer
valant saisie, d’une copie revêtue de la formule exécutoire du jugement d’orientation et,
selon le cas, du jugement d’adjudication ou du jugement constatant la fin de l’instance à
laquelle est annexée une copie du contrat de vente amiable ainsi que d’un certificat du
greffe du juge de l’exécution attestant qu’aucun créancier inscrit après la date de la
publication du commandement n’est intervenu dans la procédure. Le certificat du
greffe ne peut être délivré avant l’expiration d’un délai d’un mois suivant la publication
du titre de vente.
Le séquestre ou la Caisse des dépôts et consignations procède au paiement dans
le mois de la demande. À l’expiration de ce délai, les sommes dues portent intérêt au
taux légal. Dans le même délai, il informe le débiteur du montant versé au créancier et,
le cas échéant, lui remet le solde.
Le séquestre ou la Caisse des dépôts et consignations ne peut refuser le paiement que si
les documents produits démontrent l’existence d’un autre créancier répondant aux
conditions de l’article L. 331-1 du CPC exéc. Ce texte définit les seuls créanciers admis à
faire valoir leurs droits sur le prix de la vente : le créancier poursuivant, les créanciers
inscrits sur l’immeuble saisi à la date de la publication du commandement de payer
valant saisie, les créanciers inscrits sur l’immeuble avant la publication du titre de vente
et qui sont intervenus dans la procédure ainsi que les créanciers énumérés au 1o bis de
l’article 2374 et à l’article 2375. Tout autre créancier se verrait opposer un refus de
paiement.
238 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

En cas de contestation, le juge de l’exécution est saisi par le créancier poursuivant ou le


débiteur.

B - En présence de plusieurs créanciers

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1) La demande d’actualisation des créances
Lorsqu’il existe plusieurs créanciers répondant aux conditions de l’article L. 331-1 du
CPC exéc., la partie poursuivante notifie, dans les deux mois suivant la publication du
titre de vente, une demande de déclaration actualisée des créances aux créanciers
inscrits, ainsi que, si elle en a connaissance, aux créanciers énumérés à l’article 2375
(créanciers privilégiés sur la généralité des immeubles) du Code civil.
Le décompte actualisé est produit par conclusions d’avocat, dans les quinze jours
suivants la demande qui en est faite (CPC exéc., art. R. 332-2). À défaut, le créancier
est déchu des intérêts postérieurs à la déclaration prévue au 4o de l’article R. 322-7 (inté-
rêts de la créance inscrite sur le bien saisi) ou à l’article R. 322-13 (intérêts des créances
inscrites après la publication du commandement et avant la publication de la vente).
Malgré la déchéance qu’ils encourent dans la procédure de distribution en application
de l’article L. 331-2 du CPC exéc., les créanciers sommés de déclarer leur créance et qui
ont omis de le faire peuvent y procéder dans les formes prévues par l’alinéa 2 de
l’article R. 322-2 du CPC exéc. (dépôt de conclusions d’avocat) aux fins de se voir répartir
le solde éventuel, même s’ils ont perdu le bénéfice de leur sûreté.

2) Le projet de distribution
La partie poursuivante (créancier saisissant ou créancier le plus diligent) élabore un
projet de distribution. À cette fin, elle peut convoquer les créanciers (CPC exéc.,
art. R. 332-3).
Le projet de distribution est établi et notifié aux créanciers mentionnés à
l’article R. 332-2 du CPC exéc. et au débiteur, dans un délai d’un mois suivant l’expira-
tion du délai imparti aux créanciers pour actualiser leur créance (CPC exéc.,
art. R. 332-4 : ce délai n’étant pas sanctionné, le juge peut procéder à une distribution
judiciaire au-delà du délai si aucun PV d’accord revêtu de la formule exécutoire n’a été
établi2). Il est notifié par lettre RAR au syndic qui a formé l’opposition prévue par
l’article 20 de la loi nº 65-557 du 10 juillet 1965 (statut de la copropriété des immeubles
bâtis), dans le même délai.
Il est prévu que la notification mentionne, à peine de nullité :
– qu’une contestation motivée peut être formée par acte d’avocat à avocat, auprès de
la partie poursuivante, accompagnée des pièces justificatives nécessaires ;
– qu’à défaut de contestation dans le délai de quinze jours suivant la réception de la
notification, le projet est réputé accepté et qu’il sera soumis au juge de l’exécution
aux fins d’homologation (CPC exéc., art. R. 332-5).

——
2. Cass. 2e civ., 5 janv. 2017, nº 15-28798.
CHAPITRE 16 – La distribution du prix d’un immeuble 239

a) La procédure en cas de contestation du projet


Lorsque le projet de distribution fait l’objet d’une contestation, le requérant convoque
les créanciers parties à la procédure et le débiteur. Les intéressés doivent être réunis
dans un délai compris entre quinze jours et un mois suivant la première contestation,
afin d’accélérer la procédure (CPC exéc., art. R. 332-7). À l’issue de cette réunion, si les

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créanciers parties à la procédure et le débiteur parviennent à un accord sur la distribu-
tion du prix et, lorsqu’il est fait application de l’article R. 331-3, sur la mainlevée des
inscriptions et publications, il en est dressé un procès-verbal signé des créanciers et du
débiteur. Une copie en est remise ou adressée au débiteur et aux créanciers.
Le juge de l’exécution, saisi par requête de la partie la plus diligente, confère force
exécutoire au procès-verbal d’accord sur production de celui-ci, après en avoir vérifié
la régularité (CPC exéc., art. R. 332-8). Certains documents doivent être joints à la
requête (CPC exéc., art. R. 332-10) :
– un état hypothécaire postérieur à la publication de la vente ;
– les justificatifs de réception du projet de distribution ;
– le projet de distribution ou le procès-verbal d’accord contenant, le cas échéant,
autorisation de mainlevée des inscriptions et radiation du commandement de payer
valant saisie.
Lorsque le prix de vente provient d’une saisie immobilière, il est joint en outre :
– le cahier des conditions de vente ;
– le jugement d’orientation ;
– selon le cas, le jugement constatant la vente auquel est annexée la copie du contrat
de vente amiable ou le jugement d’adjudication.
L’ordonnance du juge de l’exécution statuant sur la requête et conférant la force
exécutoire n’est pas susceptible d’appel (CPC exéc., art. R. 332-10).
Le séquestre ou la Caisse des dépôts et consignations procède au paiement des
créanciers et le cas échéant du débiteur, dans le mois de la notification qui lui est faite
du procès-verbal d’accord revêtu de la formule exécutoire (CPC exéc., art. R. 334-2).

b) La procédure en l’absence de contestation du projet


À défaut de contestation ou de réclamation dans les quinze jours suivant la réception de
la notification, la partie poursuivante, ou, à défaut, toute partie au projet de distribu-
tion, sollicite son homologation par le juge. Faute de contestation dans le délai, on
doit considérer que les parties ont tacitement accepté le projet.
À peine d’irrecevabilité relevée d’office3, la requête en homologation doit être formée
dans un délai d’un mois à compter de l’expiration du délai de contestation (CPC exéc.,
art. R. 332-6). Les mêmes documents que ceux prévus pour l’homologation du PV
d’accord sont joints à la requête (CPC exéc., art. R. 332-10, état hypothécaire postérieur
à la publication de la vente et justificatifs de réception du projet de distribution...).

——
3. Cass. 2e civ., 13 oct. 2016, nº 15-24570.
240 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

Décision d’homologation
Le juge de l’exécution confère force exécutoire au projet de distribution, après avoir vérifié
que tous les créanciers parties à la procédure et le débiteur ont été en mesure de faire valoir
leurs contestations ou réclamations dans le délai prévu à l’article R. 332-5 du CPC exéc. Mais

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le JEX ne peut pas modifier les termes du projet de distribution : il peut refuser d’homologuer
si les conditions prévues à l’art. R. 332-5 n’ont pas été respectées, et, si l’accord méconnaît
l’ordre public.
L’ordonnance qu’il rend sur la requête n’est pas susceptible d’appel. La Cour de cassation juge
que cette ordonnance est susceptible d’un pourvoi en cassation. En revanche, comme il
s’agit d’une décision non contradictoire rendue à la requête d’une partie, les dispositions de
l’article 478 du CPC ne sont pas applicables et aucune opposition ne peut être formée à son
encontre (Cass. 2e civ., 5 janv. 2017, nº 15-29148).

Le séquestre ou la Caisse des dépôts et consignations procède au paiement des créan-


ciers et le cas échéant du débiteur pour le solde, dans le mois de la notification qui lui est
faite du projet de distribution homologué (CPC exéc., art. R. 334-2).

3• LA DISTRIBUTION JUDICIAIRE
À défaut d’accord, la partie poursuivante doit saisir le juge de l’exécution en lui
transmettant le projet de distribution, un procès-verbal exposant les difficultés rencon-
trées avec tous documents utiles (CPC exéc., art. R. 332-1). Lorsque la distribution porte
sur des sommes provenant d’une saisie immobilière, la demande est formée par dépôt
au greffe de conclusions signées par un avocat ; à défaut, elle est formée par
assignation.
Les parties sont convoquées par le greffe à l’audience du juge de l’exécution. Lorsqu’il y
a vente de plusieurs immeubles collectivement, une ventilation du prix s’avère néces-
saire : le juge de l’exécution peut alors, à la demande des parties ou d’office, désigner un
expert par ordonnance (CPC exéc., art. R. 333-2).
Le juge établit l’état des répartitions. Il statue également sur les frais de distribution
(CPC exéc., art. R. 333-3). Le cas échéant, il ordonne la radiation des inscriptions des
hypothèques et privilèges sur l’immeuble qui ont été prises du chef du débiteur. Un
appel est ouvert contre le jugement établissant l’état des répartitions, et le recours a un
effet suspensif.
Le séquestre ou la Caisse des dépôts et consignations procède au paiement des créan-
ciers et le cas échéant du débiteur, dans le mois de la notification qui lui est faite d’une
copie revêtue de la formule exécutoire de la décision arrêtant l’état de répartition (CPC
exéc., art. R. 334-5).
La juridiction désigne un séquestre des fonds, à moins que la consignation auprès de la
Caisse des dépôts et consignations ne soit ordonnée. La rétribution du séquestre est
prélevée sur les fonds à répartir et supportée par les créanciers, au prorata de la
somme qui revient à chacun d’eux. En cas de contestation, cette rétribution est fixée
par le tribunal (CPC exéc., art. R. 331-3, modifié par D. nº 2019-966, 18 sept. 2019,
art. 8 entré en vigueur le 1er janvier 2020).
CHAPITRE 17
L’expulsion

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L’expulsion est une mesure d’exécution qui touche, à la fois, la personne et les biens du
débiteur, puisqu’elle consiste à utiliser des moyens de contrainte forcée pour obliger le
débiteur à libérer un local. Les conséquences sociales et humaines de cette mesure ont
conduit le législateur à l’enserrer dans des conditions strictes, et à organiser des mesures
alternatives et accessoires à l’expulsion, permettant le relogement du débiteur et des
occupants de son chef. La protection du droit au logement consacré par la loi du
6 juillet 1989, la lutte contre les exclusions, affirmée par la loi du 29 juillet 1998, ont eu
pour objectif de prévenir l’expulsion des occupants d’un logement affecté à la résidence
principale. À cet effet, les dispositions modernes relatives aux rapports locatifs diversi-
fient les procédés permettant le maintien dans les lieux du débiteur et de sa famille
(délais de grâce, aides au logement, commissions de conciliation...). Lorsque l’expulsion
ne peut plus être évitée, le législateur a élaboré un véritable plan d’action sociale pour
contribuer au relogement du débiteur : le commissaire de justice informe le préfet qui
intervient alors auprès des services sociaux du département à différentes phases de la
procédure d’expulsion, afin de répondre au mieux aux besoins du débiteur.
À cet égard, plusieurs mesures ont été prises dans le prolongement de la loi ALUR (pour
l’accès au logement et un urbanisme rénové) nº 2014-36- du 24 mars 2014. D’abord, un
décret nº 2016-393 du 31 mars 2016 a prévu une Charte pour la prévention de l’expul-
sion, signée par l’ensemble des partenaires intervenant au sein du département, afin de
réduire sensiblement le nombre d’expulsions. Le contenu de la Charte, son élaboration
par le Préfet du département et le président du conseil départemental, associant les
organismes et personnes susceptibles de participer à la prévention de l’expulsion, sa
signature et sa publication sont prévues. La Charte fait l’objet d’une évaluation annuelle.
Ensuite, le décret nº 2015-1384 du 30 octobre 2015 précise les modalités de fonction-
nement des CCAPEX (commissions de coordination des actions de prévention des expul-
sions locatives) prévues par la loi ALUR. Pour agir utilement, les CCAPEX doivent être
tenues informées par des signalements faits par les commissaires de justice, relativement
aux difficultés qu’éprouve un locataire (commandement d’avoir à libérer les lieux,
commandement de payer délivré pour le compte du bailleur pour des dettes dépassant
certains seuils d’ancienneté et de montant).
L’exécution d’une expulsion soulève d’importantes difficultés, et est le plus souvent
réalisée dans un climat de tension compréhensible : le commissaire de justice doit
veiller au strict respect de la loi1, et il fait souvent appel soit au concours de la force
publique, soit à celui de personnes spécialisées (serrurier, déménageur).

——
1. Faget J.-P., « Les coulisses de l’exploit : l’expulsion », Rev. huissiers 1977, 1, 5 – Renaut, « Entre expul-
sion et droit au logement : l’occupant sans titre », Rev. huissiers 1999, p. 229.
242 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

La procédure particulière d’expulsion est applicable quel que soit le local qu’il s’agit de
libérer (habitation, garage, local commercial, entrepôt), quelle que soit la raison qui a
conduit au jugement d’expulsion (résiliation du bail, occupation illicite d’un local, viola-
tion de domicile). « L’expulsion » du conjoint, du partenaire d’un pacte civil de solidarité
ou du concubin violent est soumise à des dispositions spécifiques.

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1• LES CONDITIONS DE L’EXPULSION
A - Une décision de justice et un commandement de libérer
les lieux
1) Une décision exécutoire
Sauf disposition spéciale, l’expulsion ou l’évacuation d’un immeuble ou d’un lieu habité
ne peut être poursuivie qu’en vertu d’une décision de justice ou d’un procès-verbal
de conciliation exécutoire Il est nécessaire que le jugement ait expressément ordonné
l’expulsion, sauf s’il s’agit d’un jugement d’adjudication, qui constitue le titre d’expul-
sion à l’encontre du saisi. La jurisprudence interprète restrictivement les notions de
titres exécutoires permettant une expulsion. Ainsi, elle juge qu’une transaction homolo-
guée par application de l’ancien article 1441-4 du CPC, devenu l’article 1567 du CPC,
ne permet pas une expulsion2. De même, un bail notarié n’est pas « une décision de
justice ou un PV de conciliation exécutoire » et n’autorise donc pas une expulsion.
Depuis le 1er janvier 2020, c’est le juge des contentieux de la protection qui connaît
des actions tendant à l’expulsion des personnes qui occupent aux fins d’habitation des
immeubles bâtis, sans droit ni titre (COJ, art. L. 213-4-3, L. nº 2019-222, 23 mars
2019).

2) La signification d’un commandement


La signification d’un commandement d’avoir à libérer les locaux doit être adressée à
la personne expulsée (si elle est mariée, il faut respecter sa désignation dans le juge-
ment, et non adresser la signification à son conjoint non visé). Mais le commandement
n’a pas à être signifié à l’occupant du chef de la personne expulsée3.
Le commandement d’avoir à libérer les locaux prend la forme d’un acte du commissaire
de justice signifié à la personne expulsée (CPC exéc., art. R. 411-1). Un clerc assermenté
ne peut pas procéder à cette signification. Il doit s’agir d’un commandement de quitter
les lieux, et non d’un commandement aux fins de saisie-vente, qui ne peut valoir dans le
cadre d’une procédure d’expulsion.

——
2. Avis C. cass., 20 oct. 2000 : JCP 2001, I, 311, obs. Cadiet ; JCP 2001, II, 10479, note Desdevises ;
Dr. et procéd. 2001, p. 122, obs. Bourdillat.
3. Cass. 2e civ., 23 juin 2016, nº 15-21408.
CHAPITRE 17 – L’expulsion 243

Il contient, à peine de nullité :


– l’indication du titre exécutoire en vertu duquel l’expulsion est poursuivie ;
– la désignation de la juridiction devant laquelle peuvent être portées les demandes
de délais et toutes contestations relatives à l’exécution des opérations d’expulsion ;
– l’indication de la date à partir de laquelle les locaux devront être libérés ;

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– l’avertissement qu’à compter de cette date il pourra être procédé à l’expulsion
forcée du débiteur ainsi qu’à celle de tout occupant de son chef.
Ce commandement peut être délivré dans l’acte de signification du jugement. Il ne peut
pas être signifié à domicile élu (CPC exéc., art. R. 411-2). Le prononcé de sa nullité est
soumis aux prescriptions de droit commun : notamment, s’il s’agit d’un vice de forme,
la preuve d’un grief est nécessaire.

Dispositions particulières aux locaux affectés à l’habitation principale


Lorsque l’expulsion porte sur un local affecté à l’habitation principale de la personne
expulsée ou de tout occupant de son chef, le commandement d’avoir à libérer les locaux
contient, à peine de nullité, en plus des mentions prévues à l’article R. 411-1, la reproduction
des articles L. 412-3 à L. 412-6 du CPC exéc. (information des occupants de la possibilité de
solliciter du JEX des délais renouvelables en cas de difficulté de relogement). L’absence de ces
mentions constitue un vice de forme, qui ne peut entraîner l’annulation du commandement
qu’en cas de preuve d’un grief.
La reproduction des articles L. 412-3 à L. 412-6 n’est pas imposée lorsqu’il est fait application
de l’article L. 412-7 (occupants de locaux spécialement destinés au logement d’étudiants
lorsque les intéressés cessent de satisfaire aux conditions en raison desquelles le logement a
été mis à leur disposition).
La reproduction des articles L. 412-1 à L. 412-6 n’est pas obligatoire pour l’application de
l’article L. 412-8 (expulsion du conjoint, du partenaire d’un pacs ou du concubin violent
ordonnée par le JAF sur le fondement de l’article 515-9 du C. civ.).

B - Le moment de l’expulsion
1) Les délais propres à l’expulsion d’une habitation principale
a) Le principe : le délai de 2 mois
Si l’expulsion porte sur un lieu habité par la personne expulsée ou par tout occupant de
son chef, elle ne peut avoir lieu qu’à l’expiration d’un délai de deux mois qui suit le
commandement, sans préjudice des dispositions des articles L. 412-3 à L. 412-7 du CPC
exéc. (CPC exéc., art. L. 412-1, mod. L. nº 2017-86, 27 janv. 2017). La méconnaissance
de ce délai permet l’annulation du procès-verbal d’expulsion. Toutefois, le juge peut,
notamment lorsque la procédure de relogement effectuée en application de l’article
L. 442-4-1 du Code de la construction et de l’habitation n’a pas été suivie d’effet du
fait du locataire, réduire ou supprimer ce délai. Le délai prévu au premier alinéa du
présent article ne s’applique pas lorsque le juge qui ordonne l’expulsion constate que
les personnes dont l’expulsion a été ordonnée sont entrées dans les locaux par voie de
fait (CPC exéc., art. L. 412-1, modifié par L. nº 2018-1021, 23 nov. 2018, art. 201).
Le Code de la construction et de l’habitation rappelle qu’en cas de non-respect de l’obli-
gation prévue au troisième alinéa (b) de l’article 7 de la loi nº 89-462 du 6 juillet 1989
tendant à améliorer les rapports locatifs et portant modification de la loi nº 86-1290 du
244 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

23 décembre 1986, et mise en demeure de se conformer à cette obligation restée


infructueuse, il peut être adressé au locataire une offre de relogement correspondant à
ses besoins et à ses possibilités. En cas de refus du locataire ou, en l’absence de réponse
de sa part, à l’expiration d’un délai d’un mois à compter de l’envoi de l’offre par lettre
recommandée avec demande d’avis de réception, le bailleur peut saisir le juge aux fins

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de résiliation du bail (CCH, art. L. 442-4-1). La faculté prévue à l’article L. 442-4-1 de
proposer une offre de relogement ne constitue nullement une obligation pour le bail-
leur. Celui-ci peut directement saisir le juge aux fins de résiliation du bail du locataire
qui ne respecte pas l’obligation prévue au troisième alinéa b de l’article 7 de la loi
nº 89-462 du 6 juillet 1989 précitée (CCH, art. L. 442-4-2).

b) Les aménagements du délai


1. Réduction ou suppression des délais
Toutefois, le juge peut, notamment lorsque les personnes dont l’expulsion a été
ordonnée sont entrées dans les locaux par voie de fait ou lorsque la procédure de relo-
gement effectuée en application de l’article L. 442-4-1 du Code de la construction et de
l’habitation n’a pas été suivie d’effet du fait du locataire, réduire ou supprimer ce
délai (CPC exéc., art. L. 412-1, mod. L. nº 2017-86, 27 janv. 2017).
2. Octroi de délais renouvelables
L’article L. 412-3 du CPC exéc. permet au juge d’accorder des délais renouvelables
aux occupants de locaux d’habitation (une caravane ne constitue pas un local d’habita-
tion au sens de ce texte4), ou à usage professionnel (le juge peut accorder un délai à
l’occupant d’un local à usage commercial5), dont l’expulsion aura été ordonnée judiciai-
rement, chaque fois que le relogement des intéressés ne pourra avoir lieu dans des
conditions normales, sans que lesdits occupants aient à justifier d’un titre à l’origine de
l’occupation. Le juge qui ordonne l’expulsion peut accorder les mêmes délais, dans
les mêmes conditions. Dans tous ces cas, le juge peut accorder des délais même
d’office (CPC exéc., art. R. 412-3). Lorsqu’un délai de grâce est accordé, et que l’État
refuse d’accorder la force publique au propriétaire, l’indemnisation de ce dernier est
calculée à partir du moment où l’expulsion aurait pu être mise en œuvre, soit à l’expira-
tion du délai de grâce6. À partir de la signification du commandement d’avoir à libérer
les locaux, la demande est portée devant le juge de l’exécution du lieu de situation de
l’immeuble (CPC exéc., art. R. 412-4).
Cet octroi de délais renouvelables n’est pas applicable lorsque le propriétaire exerce son
droit de reprise dans les conditions prévues à l’article 19 de la loi no 48-1360 du
1er septembre 1948 portant modification et codification de la législation relative aux
rapports des bailleurs et locataires ou occupants de locaux d’habitation ou à usage
professionnel et instituant des allocations de logement, ainsi que lorsque la procédure
de relogement effectuée en application de l’article L. 442-4-1 du Code de la construc-
tion et de l’habitation n’a pas été suivie d’effet du fait du locataire, ou encore lorsqu’il
s’agit de l’expulsion du domaine public, ou en présence de squatters.

——
4. Cass. 3e civ., 4 avr. 2001, nº 98-15231.
5. Cass. 2e civ., 4 juill. 2007 : Bull. civ. II, nº 202 ; D. 2007, AJ p. 2103, Forest.
6. CE, 11 avr. 2014, nº 359575 : AJDA 2014, p. 824.
CHAPITRE 17 – L’expulsion 245

Ces dispositions ne sont applicables ni aux occupants de locaux spécialement destinés


aux logements d’étudiants lorsque les intéressés ont cessé de satisfaire aux conditions
en raison desquelles le logement a été mis à leur disposition (CPC exéc., art. L. 412-7).
Elles ne concernent pas l’expulsion du conjoint, partenaire de PACS ou du concubin
violent, qui fait l’objet d’une ordonnance du JAF rendue sur le fondement de

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l’article 515-9 du Code civil (CPC exéc., art. L. 412-8).
La durée des délais accordés prévus à l’article L. 412-3 du CPC exéc. ne peut, en aucun
cas, être inférieure à trois mois ni supérieure à trois ans. Pour la fixation de ces
délais, il est tenu compte de la bonne ou mauvaise volonté manifestée par l’occupant
dans l’exécution de ses obligations, des situations respectives du propriétaire et de
l’occupant, notamment en ce qui concerne l’âge, l’état de santé, la qualité de sinistré
par faits de guerre, la situation de famille ou de fortune de chacun d’eux, les circons-
tances atmosphériques, ainsi que des diligences que l’occupant justifie avoir faites en
vue de son relogement. Il est également tenu compte du droit à un logement décent et
indépendant, des délais liés aux recours engagés selon les modalités prévues aux articles
L. 441-2-3 et L. 441-2-3-1 du Code de la construction et de l’habitation et du délai prévi-
sible de relogement des intéressés.

Transmission au Préfet de département


Le juge qui statue sur une demande de délais fondée sur l’article L. 412-3 et L. 412-4 du CPC
exéc. peut, même d’office, décider que l’ordonnance ou le jugement sera transmis, par les
soins du greffe, au préfet du département, en vue de la prise en compte de la demande de relo-
gement de l’occupant dans le cadre du plan départemental d’action pour le logement des
personnes défavorisées prévu par la loi nº 90-449 du 31 mai 1990 visant à la mise en œuvre
du droit au logement. Cette disposition ne concerne pas l’expulsion d’un local à usage profes-
sionnel sans aucun local d’habitation accessoire.
Le commissaire de justice envoie au préfet du lieu de situation de l’immeuble copie du
commandement d’avoir à libérer les locaux, par lettre RAR, dans la mesure où il en a connais-
sance. Il communique tous renseignements relatifs à l’occupant dont l’expulsion est poursuivie,
ainsi qu’aux personnes vivant habituellement avec lui (CPC exéc., art. R.412-2).

2) Le sursi légal à l’exécution (la trêve hivernale)


Nonobstant toute décision d’expulsion passée en force de chose jugée et malgré l’expi-
ration des délais accordés en vertu de l’article L. 412-3, il est sursis à toute mesure
d’expulsion non exécutée à la date du 1er novembre de chaque année jusqu’au
31 mars de l’année suivante, à moins que le relogement des intéressés soit assuré
dans des conditions suffisantes respectant l’unité et les besoins de la famille. Par déroga-
tion au premier alinéa du présent article, ce sursis ne s’applique pas lorsque la mesure
d’expulsion a été prononcée en raison d’une introduction sans droit ni titre dans le
domicile d’autrui par voies de fait.
Le juge peut supprimer ou réduire le bénéfice du sursis mentionné au même premier
alinéa lorsque les personnes dont l’expulsion a été ordonnée sont entrées dans tout
autre lieu que le domicile à l’aide des procédés mentionnés au deuxième alinéa (CPC
exéc., art. L. 412-6, mod. par L. nº 2018-1021, 23 nov. 2018, art. 201).
Cette trêve empêche les poursuites en expulsion, et suspend les procédures en cours au
moment où arrive la période intéressée. Elle s’applique à toute expulsion de local à
246 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

usage d’habitation, y compris ceux loués en complément d’un bail commercial. Les
dispositions des articles L. 412-3 à L. 412-6 ne sont pas applicables aux occupants de
locaux spécialement destinés aux logements d’étudiants lorsque les intéressés cessent
de satisfaire aux conditions en raison desquelles le logement a été mis à leur disposition.
Les dispositions du titre II du présent livre ne sont pas non plus applicables à ces occu-

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pants (CCH, art. L. 412-7).
À l’occasion d’une QPC non renvoyée au Conseil constitutionnel, la Cour de cassation a
précisé que « les dispositions du second alinéa de l’article L. 412-6, dans leur rédaction
issue de la loi nº 2014-366 du 24 mars 2014 applicable au litige, tendent à assurer la
nécessaire conciliation entre le droit de propriété, droit constitutionnel découlant des
articles 2 et 17 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, et la
possibilité pour toute personne de disposer d’un logement décent, objectif à valeur
constitutionnelle qu’il appartient au législateur de mettre en œuvre, et que le recours
au juge judiciaire qu’elles instaurent pour décider de la suppression ou non du sursis de
la trêve hivernale pour les personnes entrées dans les lieux par voie de fait, constitue une
garantie suffisante pour que soit assuré le respect des exigences constitutionnelles de
dignité humaine et de droit à une vie familiale normale »7.

2• LES OPÉRATIONS D’EXPULSION


A - Les contraintes procédurales
1) L’information du représentant de l’État
Dès le commandement d’avoir à libérer les locaux, le commissaire de justice chargé
de l’exécution de la mesure d’expulsion en saisit le représentant de l’État dans le
département afin que celui-ci en informe la commission de coordination des actions de
prévention des expulsions locatives prévues à l’article 7-2 de la loi nº 90-449 du 31 mai
1990 visant à la mise en œuvre du droit au logement, et qu’il informe le ménage loca-
taire de la possibilité de saisir la commission de médiation en vue d’une demande de
relogement au titre du droit au logement opposable. À défaut de saisine du représen-
tant de l’État dans le département par le commissaire de justice, le délai avant l’expira-
tion duquel l’expulsion ne peut avoir lieu est suspendu. La saisine du représentant de
l’État dans le département par le commissaire de justice et l’information de la commis-
sion de coordination des actions de prévention des expulsions locatives par le représen-
tant de l’État dans le département s’effectuent par voie électronique par l’intermédiaire
du système d’information prévu au dernier alinéa du même article 7-2 de la loi nº 90-
449 du 31 mai 1990 visant à la mise en œuvre du droit au logement (art. L. 412-5,
mod. L. nº 2017-86, 27 janv. 2017).
Cette disposition ne concerne que les cas d’expulsion d’une habitation principale, non
d’un local à seul usage commercial. Le commissaire de justice ne pourrait pas adresser
le commandement directement au service logement de la DDASS, même s’il y était

——
7. Cass. 2e civ., 19 janv. 2017, nº 16-40244.
CHAPITRE 17 – L’expulsion 247

invité par une circulaire du préfet. Cette obligation ne méconnaît pas le principe de la
séparation des pouvoirs garanti par l’article 16 de la Déclaration des droits de l’homme
et du citoyen de 17898. À défaut d’information du représentant de l’État, le délai avant
l’expiration duquel l’expulsion ne peut avoir lieu est suspendu ! La jurisprudence a même
pu décider que l’inobservation de ces prescriptions affecte la validité de la procédure

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d’expulsion subséquente sans que la personne expulsée ait à justifier d’un grief.
Le commissaire de justice envoie au préfet du département du lieu de situation de
l’immeuble, par lettre recommandée avec demande d’avis de réception, copie du
commandement d’avoir à libérer les locaux (CPC exéc., art. R. 412-2). Cette disposition
ne s’applique pas à l’expulsion d’un local à usage professionnel sans local d’habitation
accessoire. Dans toute la mesure du possible, le commissaire de justice communique
tous renseignements relatifs à l’occupant dont l’expulsion est poursuivie ainsi qu’aux
personnes vivant habituellement avec lui.
Le commissaire de justice peut transmettre au préfet la copie du commandement d’avoir
à libérer les lieux de façon dématérialisée (CPC exéc., art. R. 412-2, D. nº 2015-1384,
30 oct. 2016).

2) Le procès-verbal d’expulsion
Le commissaire de justice dresse un procès-verbal des opérations d’expulsion qui
contient, à peine de nullité (CPC exéc., art. R. 432-1), la description des opérations
auxquelles il a été procédé et l’identité des personnes dont le concours a été nécessaire
et la désignation de la juridiction compétente pour statuer sur les contestations relatives
aux opérations d’expulsion. Un procès-verbal qui ne contient pas la mention des opéra-
tions, notamment l’enlèvement des meubles, doit être annulé ; mais cette annulation
n’entraîne pas la réintégration de la personne dans les locaux, mais son indemnisation
du préjudice qu’elle a subi par l’octroi de dommages et intérêts.
Le procès-verbal est signé par toutes les personnes dont le concours a été nécessaire. En
cas de refus de signer, il en est fait mention.
Le procès-verbal d’expulsion est remis ou signifié à la personne expulsée (CPC exéc.,
art. R. 432-2).

B - La réalisation

1) L’expulsion des personnes


L’expulsion concerne le débiteur et « tout occupant de son chef ». En effet, doivent
libérer les lieux le débiteur, mais également toutes les personnes qui occupent le local
avec le consentement exprès ou implicite du débiteur, et qui tiennent leurs droits du
débiteur (parents, enfants, amis, concubin). Généralement, le jugement d’expulsion
vise également ces occupants, mais, même si ce n’est pas le cas, l’expulsion peut être
mise en œuvre à leur égard. La difficulté consiste à distinguer ces occupants des
personnes présentes qui disposent d’un droit propre opposable au créancier. C’est le

——
8. CE, 22 févr. 2012, QPC : Dr. et procéd. 2012, p. 111.
248 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

cas des conjoints, co-titulaires du bail (C. civ., art. 1751) : il est nécessaire que le juge-
ment vise les 2 époux, à défaut, le conjoint non visé n’est pas expulsable.
La réinstallation sans titre de la personne expulsée dans les mêmes locaux est
constitutive d’une voie de fait (CPC exéc., art. R. 441-1). Le commandement d’avoir à
libérer les locaux signifié auparavant continue de produire ses effets ; l’article R. 412-2

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n’est pas applicable (le commissaire de justice n’a pas à alerter le Préfet du département,
mais il doit respecter les autres règles de la procédure, et, notamment, ne peut user de
moyens de pression illégaux).

2) L’enlèvement des biens


Le concours de la force publique est souvent rendu nécessaire. Il est prévu à
l’article R. 153-1 du CPC exéc. (mod. D. nº 2017-892, 6 mai 2017). Si le commissaire de
justice est dans l’obligation de requérir le concours de la force publique, il s’adresse au
préfet. La réquisition contient une copie du dispositif du titre exécutoire. Elle est accompa-
gnée d’un exposé des diligences auxquelles le commissaire de justice a procédé et des
difficultés d’exécution. Toute décision de refus de l’autorité compétente est motivée. Le
défaut de réponse dans un délai de deux mois équivaut à un refus. Ce refus est porté à
la connaissance du créancier par le commissaire de justice (il n’a plus à être porté à la
connaissance du procureur de la République). En matière d’expulsion, lorsqu’il requiert le
concours de la force publique, le commissaire de justice chargé de l’exécution procède par
voie électronique par l’intermédiaire du système d’information prévu au dernier alinéa de
l’article 7-2 de la loi nº 90-449 du 31 mai 1990 visant à la mise en œuvre du droit au loge-
ment (CPC exéc., art. L. 431-2, L. nº 2017-86, 27 janvier 2017).

a) Le sort des meubles se trouvant sur les lieux


Ils sont remis, aux frais de la personne expulsée, en un lieu que celle-ci désigne. À
défaut, ils sont laissés sur place ou entreposés en un autre lieu approprié et décrits avec
précision par le commissaire de justice chargé de l’exécution avec sommation à la
personne expulsée d’avoir à les retirer dans le délai d’un mois non renouvelable à
compter de la signification du procès-verbal d’expulsion (CPC exéc., art. L. 433-1 et
R. 433-2). Ce dispositif ne concerne pas l’expulsion du conjoint violent (CPC exéc., art.
L. 433-3).
À l’expiration du délai imparti, il est procédé à la mise en vente aux enchères publiques
des biens susceptibles d’être vendus. Les biens qui ne sont pas susceptibles d’être
vendus sont réputés abandonnés. Le produit de la vente est remis à la personne
expulsée après déduction des frais et de la créance du bailleur (CPC exéc., art. L. 433-2,
mod. par L. nº 2019-222, 23 mars 2019, art. 14, en vigueur le 1er janvier 2020).
Si des biens ont été laissés sur place ou déposés par le commissaire de justice en un lieu
approprié, le procès-verbal d’expulsion contient, en outre, à peine de nullité (CPC exéc.,
art. R. 433-1) :
– inventaire de ces biens, avec l’indication qu’ils paraissent avoir ou non une valeur
marchande ;
– mention du lieu et des conditions d’accès au local où ils ont été déposés ;
– sommation à la personne expulsée, en caractères très apparents, d’avoir à les retirer
dans le délai d’un mois non renouvelable à compter de la signification de l’acte,
faute de quoi les biens qui n’auront pas été retirés seront, sur décision du juge,
CHAPITRE 17 – L’expulsion 249

vendus aux enchères publiques ou déclarés abandonnés selon le cas. Cette obliga-
tion de retirer les meubles interdit au propriétaire créancier d’empêcher le débiteur
d’accéder aux locaux ;
– convocation de la personne expulsée d’avoir à comparaître devant le juge de l’exécu-
tion du lieu de la situation de l’immeuble à une date déterminée qui ne peut être anté-

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rieure à l’expiration du délai imparti aux 3o (délai d’un mois non renouvelable) afin qu’il
soit statué sur le sort des biens qui n’auraient pas été retirés avant le jour de l’audience.
L’acte reproduit les dispositions des articles R. 121-6 à R. 121-10 du CPC exéc.

b) Le sort des biens non retirés par le débiteur


En vue de l’audience prévue pour le cas où tous les biens de la personne expulsée
n’auraient pas été retirés du lieu où ils ont été entreposés, le juge est saisi par le dépôt
d’une copie du procès-verbal d’expulsion. Au cours de cette audience, le commissaire de
justice peut être entendu (CPC exéc., art. R. 433-3). Si tous les biens ont été retirés avant
le jour prévu pour la date de l’audience, le propriétaire du local est tenu d’en informer le
juge par tout moyen écrit ou par déclaration au greffe, afin d’éviter la tenue d’une
audience inutile (CPC exéc., art. R. 433-4).
Le sort des biens, décidé par le JEX, dépendra de leur valeur marchande :
– si les biens laissés sur place ou déposés en un lieu approprié ont une valeur
marchande, le juge décide qu’ils seront mis en vente aux enchères publiques, y
compris ceux qui sont insaisissables par leur nature. Après inventaire de ces biens,
il est procédé à leur vente forcée comme en matière de saisie-vente, à l’expiration
du délai imparti et sur autorisation du juge de l’exécution du lieu où sont situés les
meubles, les parties entendues ou appelées. Le produit de la vente, après déduction
des frais et s’il y a lieu du montant de la créance du bailleur, est consigné auprès de
la Caisse des dépôts et consignations au profit de la personne expulsée. Celle-ci en
est informée par l’officier ministériel chargé de la vente au moyen d’une lettre
recommandée avec demande d’avis de réception adressée à sa demeure actuelle
ou, si celle-ci est inconnue, au lieu de son dernier domicile (CPC exéc.,
art. R. 433-5). Le produit de la vente est remis à la personne expulsée après déduc-
tion des frais (lesquels incombent au débiteur, sauf s’il est manifeste qu’ils n’étaient
pas nécessaires au moment où ils ont été exposés) et de la créance du bailleur ;
– si les biens n’ont aucune valeur marchande et ne sont pas susceptibles d’être
vendus, ils sont réputés abandonnés. Les biens n’ayant aucune valeur marchande
sont réputés abandonnés, à l’exception des papiers et documents de nature person-
nelle qui sont placés sous enveloppe scellée et conservés pendant deux ans par le
commissaire de justice. Avis en est donné à la personne expulsée, dans les condi-
tions prévues au dernier alinéa de l’article R. 433-5. À l’expiration du délai prévu
au premier alinéa, le commissaire de justice détruit les documents conservés et
dresse un procès-verbal qui fait mention des documents officiels et des instruments
bancaires qui ont été détruits (CPC exéc., art. R. 433-6, modifié par D. nº 2019-992,
26 sept. 2019, art. 10, applicable aux procédures d’expulsion dont le procès-verbal
d’expulsion ou de reprise des lieux a été établi à compter du 1er janvier 2020) ;

c) Le sort des biens déjà saisis et indisponibles


Lorsque les biens situés dans un local sont indisponibles en raison d’une saisie antérieu-
rement pratiquée par un autre créancier, ils sont remis à un séquestre, à moins que la
250 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

personne expulsée n’indique le lieu où ils seront transportés. Il en est dressé inventaire
dans le procès-verbal d’expulsion, avec l’indication du lieu où ils seront déposés. Le
procès-verbal est dénoncé au créancier saisissant. Si le propriétaire du local entend se
joindre à la saisie, l’opposition est faite avec la dénonciation du procès-verbal (CPC
exéc., art. R. 433-7).

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3• LA REPRISE DES LOCAUX ABANDONNÉS
OU VOLONTAIREMENT QUITTÉS

Il arrive que la personne expulsée et les occupants de son chef quittent volontairement
les locaux postérieurement à la signification du commandement d’avoir à libérer lesdits
locaux. Le commissaire de justice peut procéder conformément aux dispositions de
l’article L. 142-1 du CPC exéc. pour constater cette libération volontaire et procéder à
la reprise des lieux (CPC exéc., art. L. 451-1). L’article L. 142-1 permet au commissaire
de justice, en présence du maire de la commune, d’un conseiller municipal ou d’un fonc-
tionnaire municipal délégué par le maire à cette fin, ou en présence d’une autorité de
police ou de gendarmerie, ou, à défaut, de deux témoins majeurs, de pénétrer dans les
lieux même en l’absence de l’occupant.
Le commissaire de justice procède aux opérations de reprise des lieux conformé-
ment à l’article R. 451-1 du CPC exéc. dans deux cas : lorsqu’il constate que les
personnes ont volontairement quitté les lieux après la signification du commandement ;
ou lorsqu’il y est autorisé par une décision de justice passée en force de chose jugée à
reprendre les locaux abandonnés, dans les conditions prévues par les articles 1 à 8 du
décret nº 2011-945 du 10 août 2011 (pris pour l’application de l’article 14-1 de la loi
nº 89-462 du 6 juillet 1989). L’article 14-1 de la loi de 1989 prévoit que, si des éléments
laissent supposer que le logement est abandonné par ses occupants, le bailleur peut
mettre en demeure le locataire de justifier qu’il occupe le logement. Si l’occupant ne
défère pas à cette mise en demeure dans le mois de sa signification par acte du commis-
saire de justice, ce dernier peut procéder selon les modalités prévues à l’article L. 142-1
du CPC exéc. pour constater l’état d’abandon du logement.
Le commissaire de justice dresse un procès-verbal des opérations de reprise des
lieux qu’il signifie conformément à l’article R. 432-2 du CPC exéc.
En cas de départ volontaire, le PV de reprise des lieux peut être dressé avant l’expiration
du délai fixé dans le commandement d’avoir à libérer les locaux (CPC exéc.,
art. R. 451-3).
Selon les dispositions prévues à l’article R. 451-4 du CPC exéc. ( mod. par D. nº 2019-
992, 26 sept. 2019, art. 11, applicable aux procédures d’expulsion dont le procès-
verbal d’expulsion ou de reprise des lieux a été établi à compter du 1er janvier 2020),
dans le cas prévu au 2º de l’article R. 451-1 (la personne expulsée et ses occupants de
son chefs ont volontairement libéré les lieux) :
1º En cas de vente aux enchères des meubles laissés sur place, celle-ci a lieu dans les
conditions prévues par l’article R. 433-5. Le sort des papiers et documents de nature
personnelle est régi par l’article R. 433-6 ;
2º S’il s’avère, à l’occasion des opérations de reprise des locaux, que ceux-ci sont à
CHAPITRE 17 – L’expulsion 251

nouveau occupés par la personne expulsée ou toute personne de son chef, le commis-
saire de justice procède conformément aux dispositions des titres Ier à IV du présent
livre, sans qu’il ait à obtenir un nouveau titre d’expulsion ;
3º Pour l’application de l’article R. 441-1, en cas de réinstallation sans titre de la
personne expulsée postérieurement aux opérations de reprise des locaux, constitutive

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de voie de fait, la signification de la décision de justice, passée en force de chose jugée,
autorisant la reprise des lieux tient lieu de commandement d’avoir à libérer les locaux ;
4º Les dispositions des articles R. 442-1 à R. 442-4 sont applicables pour trancher les
contestations relatives à cette reprise).
Les autres dispositions des titres Ier à IV ne sont pas applicables.

4• LES CONTESTATIONS
Les contestations relatives à la procédure d’expulsion sont de la compétence du JEX du
lieu de la situation de l’immeuble (CPC exéc., art. R. 442-1). Certaines particularités
procédurales doivent être notées.
Ainsi, la demande relative à l’exécution d’une décision de justice ordonnant l’expulsion
peut être formée au greffe du JEX, par lettre RAR ou par déclaration faite ou remise
contre récépissé (CPC exéc., art. R. 442-2). Cette demande comporte à peine de nullité,
les mentions prévues à l’article 58 du CPC, ainsi qu’un exposé sommaire des motifs, et le
nom et l’adresse du défendeur (le cas échéant, sa dénomination et son siège social).
Le greffe informe et convoque les parties (CPC exéc., art. R. 442-4). Il avise par tous
moyens le demandeur (lieu, jour et heure de l’audience). Le défendeur est convoqué
par lettre RAR avec demande d’avis de réception. Cette convocation peut aussi être
faite verbalement contre émargement. La convocation contient une copie de la
demande, et l’information que l’intéressé s’expose, faute de se présenter ou de faire
connaître ses moyens de défense, à être jugé sur les seuls éléments fournis par le
demandeur ; elle reproduit les articles R. 121-6 à R. 121-10 CPC exéc. (CPC exéc.,
art. R. 442-4). Si la lettre RAR revient au greffe parce qu’elle n’a pas pu être remise à
son destinataire, le greffier en informe le demandeur et l’invite à procéder selon les
modalités de l’article 670-1 du CPC (par signification par le commissaire de justice).

5• L’EXPULSION POUR VIOLENCES AU SEIN DU COUPLE


L’article L. 412-8 du CPC exéc. prévoit que « Les articles L. 412-1 à L. 412-7 ne sont pas
applicables à l’expulsion du conjoint, du partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou
du concubin violent ordonnée par le juge aux affaires familiales sur le fondement de
l’article 515-9 du Code civil ».
La loi du 26 mai 2004 sur le divorce avait institué une procédure (C. civ., art. 220-1, al. 3)
qui permettait de faire face à l’urgence de la situation de violences, et d’éviter que le
conjoint qui manque gravement à ses devoirs mette irrémédiablement en péril les inté-
rêts de la famille. Elle autorisait le juge aux affaires familiales à prendre diverses mesures,
parmi lesquelles l’attribution de la jouissance du logement au conjoint qui n’était pas
252 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

l’auteur des violences. Mais ces mesures se sont avérées insuffisantes, et la loi nº 2010-
769 du 9 juillet 2010 a institué d’autres dispositions plus générales pour faire face « aux
violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des couples et aux
incidences de ces dernières sur les enfants » (la loi no 2019-1480 du 28 déc. 2019
visant à agir contre les violences au sein de la famille interdit l’injonction de rencontrer

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un médiateur ; C. civ., art. 373-2-10). Lorsque des violences sont exercées au sein d’un
couple, ou par un ancien conjoint, un ancien partenaire lié par un PACS ou un ancien
concubin et mettent en danger la personne qui en est victime, le juge aux affaires fami-
liales peut délivrer en urgence une « ordonnance de protection » (C. civ., art. 515-9). Il
peut « statuer sur la résidence séparée des époux en précisant lequel des deux conti-
nuera à résider dans le logement conjugal et sur les modalités de prise en charge des
frais afférents à ce logement ». Le JAF peut aussi « attribuer la jouissance du logement
ou de la résidence du couple au partenaire ou au concubin qui n’est pas l’auteur des
violences et préciser les modalités de prise en charge des frais afférents à ce logement ».
Ces mesures sont prises pour une durée maximale de 4 mois, sauf si une requête en
divorce ou en séparation de corps a été déposée, ce qui justifie leur prorogation.
La personne à laquelle l’occupation du logement du couple n’est pas attribuée devra
quitter les lieux, sans bénéficier des modalités de la procédure d’expulsion de droit
commun. La violation de ces mesures est punie d’une peine de 2 ans d’emprisonnement
et de 15 000 euros d’amende (C. pén., art. 227-4-2).
PARTIE 6

Les procédures
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conservatoires

Chapitre 18 Les principes communs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255


Chapitre 19 Les règles particulières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261

Le législateur a instauré des procédés permettant à un créancier qui n’est pas titu-
laire d’un titre exécutoire, de sauvegarder ses intérêts en évitant que le débiteur se
rende insolvable en disposant de son patrimoine, ou en diminuant l’objet du droit
de gage général du créancier. Les procédures conservatoires constituent en
quelque sorte les préludes aux voies d’exécution. La mesure conservatoire prend
la forme d’une saisie-conservatoire ou d’une sûreté judiciaire (CPC exéc., art.
L. 511-1) : elle a un caractère préventif, puisqu’elle prémunit le créancier chirogra-
phaire d’une diminution éventuelle du patrimoine de son débiteur ; elle a un carac-
tère temporaire, puisqu’elle sera transformée en mesure d’exécution forcée si le
débiteur ne paie pas sa dette. Chacune de ces mesures doit être adaptée au type
de biens qui en est l’objet, et à sa finalité, ce qui justifie la diversité des procédures
conservatoires : la saisie-conservatoire a pour objet de frapper d’indisponibilité un
ou plusieurs biens mobiliers du débiteur, en vue de leur conservation, alors que la
sûreté judiciaire grève certains biens du débiteur, pour assurer un rang préférentiel
au créancier et un droit de suite lors de sa réalisation. En dépit de cette diversité,
des principes communs ont été définis.
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CHAPITRE 18
Les principes communs

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Les mesures conservatoires sont destinées à éviter l’irrémédiable : le créancier peut
craindre que le débiteur dilapide son patrimoine et se rende définitivement insolvable,
si le JEX ne prescrit pas immédiatement une mesure d’indisponibilité des biens. Mais la
gêne économique qu’entraîne cette indisponibilité ne saurait perdurer : le créancier qui
l’obtient doit se montrer diligent, et engager une procédure au fond pour qu’un juge-
ment conforte son droit et lui permette de convertir la mesure conservatoire en mesure
d’exécution.

1• LES CONDITIONS DU RECOURS À UNE MESURE


CONSERVATOIRE

A - La double condition d’une apparence de créance


et d’un péril dans le recouvrement
Toute personne dont la créance paraît fondée en son principe peut solliciter du juge
l’autorisation de pratiquer une mesure conservatoire sur les biens de son débiteur, sans
commandement préalable, si elle justifie de circonstances susceptibles d’en menacer
le recouvrement (CPC exéc., art. L. 511-1). Une autorisation préalable du juge est donc
nécessaire.
Il suffit que la créance paraisse fondée en son principe : le JEX n’a pas à exiger la
preuve de son existence du créancier, dans la mesure où ce dernier apporte des
éléments probatoires suffisants, notamment en démontrant qu’il a bien un débiteur en
la personne du propriétaire des biens sur lesquels il entend pratiquer une mesure conser-
vatoire, et en apportant les justificatifs de sa créance1. Si une contestation est émise à
propos de l’apparence de la créance, qui mette en cause une question de fond, la Cour
de cassation accorde au JEX le pouvoir de trancher, même s’il doit se borner à juger de
l’apparence de la créance, et non trancher le fond du droit. Il n’est pas nécessaire que la
créance revête les caractéristiques nécessaires pour une mesure d’exécution forcée
(certaine, liquide et exigible).
Le juge apprécie souverainement les circonstances susceptibles de menacer le
recouvrement de la créance. Le créancier doit établir une crainte sérieuse sur les

——
1. Cass. 2e civ., 1er juin 2017, nº 16-17291, pour une inscription provisoire d’hypothèque en matière
fiscale.
256 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

facultés actuelles de remboursement du débiteur, qui compromet le gage du créancier


dans un avenir relativement proche : l’impossibilité fort probable dans laquelle le débi-
teur se trouve d’honorer ses dettes justifie que le créancier pratique une mesure
conservatoire.

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B - L’autorisation et le contrôle du juge

1) Les hypothèses d’autorisation


Parce que la mesure conservatoire aboutit à rendre indisponibles certains biens du débi-
teur en l’absence de titre exécutoire, elle suppose en principe une autorisation préalable
du juge, qui en vérifie les conditions (CPC exéc., art. R. 511-1).
Néanmoins, le Code des procédures civiles d’exécution prévoit deux séries d’exceptions.
Une autorisation préalable du juge n’est pas nécessaire lorsque le créancier se
prévaut d’un titre exécutoire ou d’une décision de justice qui n’a pas encore
force exécutoire (CPC exéc., art. L. 511-2). La jurisprudence a interprété largement la
notion de décision de justice susceptible de dispenser d’une autorisation : elle englobe
la sentence arbitrale, un jugement de divorce allouant une prestation compensatoire
non exécutoire, un jugement étranger qui n’a pas reçu l’exequatur.
L’autorisation n’est pas nécessaire en cas de défaut de paiement d’une lettre de change
acceptée, d’un billet à ordre, d’un chèque ou d’un loyer resté impayé dès lors qu’il
résulte d’un contrat écrit de louage d’immeubles (CPC exéc., art. L. 511-2). C’est
surtout à propos des contrats de louage d’immeubles que des difficultés sont apparues.
La protection des intérêts du débiteur a conduit à une interprétation restrictive de ces
termes : ainsi, ne constitue pas un contrat de louage d’immeubles le contrat de loca-
tion-gérance d’un fonds de commerce ; de même, la dette de loyer peut être étendue
aux loyers proprement dits, aux charges contractuelles et au droit au bail, mais on ne
peut inclure d’autres sommes, comme la clause pénale et les frais de relance.

2) Le juge compétent
L’autorisation est donnée par le juge de l’exécution (même s’il s’agit d’une créance
dont le contentieux échappe à la compétence des juridictions de l’ordre judiciaire.
Toutefois, elle peut être accordée par le président du tribunal de commerce lorsque,
demandée avant tout procès, elle tend à la conservation d’une créance relevant de la
compétence de la juridiction commerciale (CPC exéc., art. L. 511-3).
Le juge compétent pour autoriser une mesure conservatoire est le juge de l’exécution
du lieu où demeure le débiteur (CPC exéc., art. R. 511-2). En cas de pluralité de débi-
teurs, le requérant peut faire application des dispositions de l’article 42 du CPC, et
choisir le JEX du domicile de l’un d’eux. Si le débiteur demeure à l’étranger, c’est le JEX
du lieu de l’exécution de la mesure qui est compétent (CPC exéc., art. R. 121-2). Si la
mesure tend à la conservation d’une créance relevant de la compétence d’une juridiction
commerciale, elle peut être autorisée, avant tout procès, par le président du tribunal de
commerce du lieu où demeure le débiteur. Ces compétences d’attribution et territoriale
sont d’ordre public : toute clause contraire est réputée non avenue, et le juge irréguliè-
rement saisi doit relever d’office son incompétence.
CHAPITRE 18 – Les principes communs 257

Il faut distinguer une mesure conservatoire de l’inscription d’une sûreté : ainsi, l’inscrip-
tion du privilège prévu par l’article L. 243-4 du Code de la sécurité sociale pour le paie-
ment des cotisations, des majorations et pénalités de retard ne constitue ni une mesure
d’exécution forcée ni une mesure conservatoire au sens de l’article L. 511-1 du Code des
procédures civiles d’exécution, et par voie de conséquence, ne relève pas, en l’absence

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de toute procédure d’exécution, de la compétence du juge de l’exécution2.

3) Le contrôle de la mesure
Le juge dispose d’un pouvoir de contrôle de la régularité de la mesure conserva-
toire, même s’il ne l’a pas autorisée. En effet, même lorsqu’une autorisation préalable
n’est pas requise, le juge peut, à tout moment, au vu des éléments qui sont fournis par
le débiteur, le créancier entendu ou appelé, donner mainlevée de la mesure conser-
vatoire s’il apparaît que les conditions prescrites par l’article L. 511-1 ne sont pas
réunies (CPC exéc., art. L. 512-1), par exemple lorsqu’il apparaît que les circonstances
menaçant le recouvrement ne sont pas établies.
Lorsque la mainlevée a été ordonnée par le juge, le créancier peut être condamné à
réparer le préjudice causé par la mesure conservatoire (CPC exéc., art. L. 512-2).
Cette condamnation relève de la compétence du JEX, et elle n’exige ni la constatation
de la faute du créancier, ni celle d’un abus du droit d’agir : elle est destinée à réparer
les conséquences de l’indisponibilité des biens pour le débiteur. Le juge peut aussi, à la
demande du débiteur, le créancier entendu ou appelé, substituer à la mesure conser-
vatoire initialement prise toute autre mesure propre à sauvegarder les intérêts des
parties.

4) La décision
Qu’il s’agisse du JEX ou du président du tribunal de commerce, la demande d’autori-
sation prend la forme d’une requête (CPC exéc., art. R. 511-1), soumise au droit
commun des requêtes (CPC, art. 493 et s.)3. L’autorisation accordée est toujours
spéciale : à peine de nullité de son ordonnance, le juge détermine le montant des
sommes pour la garantie desquelles la mesure conservatoire est autorisée et précise la
nature des biens sur lesquels elle porte (CPC exéc., art. R. 511-4). La simple référence à
la requête du créancier n’est pas suffisante4. À peine de nullité, le juge précise égale-
ment l’objet de la mesure autorisée. En autorisant la mesure conservatoire, le juge peut
décider de réexaminer sa décision ou les modalités de son exécution au vu d’un débat
contradictoire (CPC exéc., art. R. 511-5) : comme la demande est formée de manière
unilatérale, le juge peut souhaiter disposer des moyens du débiteur pour trancher.
Si le juge se réserve de réexaminer sa décision ou ses modalités d’exécution au vu d’un
débat contradictoire, il fixe la date de l’audience, sans préjudice du droit pour le débi-
teur de le saisir à une date plus rapprochée. Le débiteur est assigné par le créancier, le
cas échéant, dans l’acte qui dénonce la mesure (CPC exéc., art. R. 511-5).

——
2. Cass. 2e civ., 5 janv. 2017, nº 15-24011.
3. Cass. 2e civ., 12 avr. 2018, nº 17-15527, pour l’indication précise des pièces invoquées.
4. Cass. 2e civ., 10 juill. 2003 : Bull. civ. II, no 246 ; Dr. et procéd. 2004, p. 36, obs. Hoonakker.
258 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

2• LES CONSÉQUENCES COMMUNES


Les frais occasionnés par une mesure conservatoire sont à la charge du débiteur sauf
décision contraire du juge à l’issue de la procédure (CPC exéc., art. L. 512-2).

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A - Les obligations de diligence du créancier
1) Engager une procédure au fond
À peine de caducité de la mesure conservatoire, le créancier doit engager ou pour-
suivre une procédure permettant d’obtenir un titre exécutoire s’il n’en possède
pas (CPC exéc., art. L. 511-4). Si ce n’est dans le cas où la mesure conservatoire a été
pratiquée avec un titre exécutoire, le créancier doit, dans le mois qui suit l’exécution
de la mesure, à peine de caducité, introduire une procédure ou accomplir les formalités
nécessaires à l’obtention d’un titre exécutoire.
L’obtention d’un titre exécutoire peut être soumise à diverses procédures, pourvu que la
procédure formée ait pour effet de solliciter un titre exécutoire qui corresponde à la
créance (par ex. le créancier doit demander l’exequatur du jugement étranger). Mais le
créancier doit se montrer diligent même si le débiteur fait l’objet d’une procédure collec-
tive : l’instance sera suspendue jusqu’à la solution définitive, mais le créancier a l’obliga-
tion d’agir dans le mois5.

2) Exécuter la mesure conservatoire


L’autorisation du juge est caduque si la mesure conservatoire n’a pas été
exécutée dans un délai de trois mois à compter de l’ordonnance (CPC exéc.,
art. R. 511-6). Les actes d’exécution accomplis doivent être réguliers.
L’ordonnance du juge de l’exécution autorisant à procéder à une saisie conservatoire ne
constitue pas le titre exécutoire constatant une créance liquide et exigible dont doit se
prévaloir le commissaire de justice à l’occasion de la mise en œuvre d’une mesure d’exé-
cution forcée ou d’une mesure conservatoire pour obtenir l’adresse des organismes
auprès desquels un compte est ouvert au nom du débiteur (CPC exéc., art. L. 152-1 et
L. 152-26).

3) Signifier au tiers une copie des actes


Lorsque la mesure est pratiquée entre les mains d’un tiers, le créancier signifie à ce
dernier une copie des actes attestant les diligences requises par l’article R. 311-7, dans
un délai de huit jours à compter de leur date (il peut valablement signifier au tiers saisi
un acte de conversion). À défaut, la mesure conservatoire est caduque (CPC exéc.,
art. R. 511-8).

——
5. Cass. com., 24 mai 2005 : Bull. civ. IV, no 116 et 117 ; Dr. et procéd. 2005, p. 260, obs. Crocq.
6. Cass. 2e civ., 16 mars 2017, nº 16-11314.
CHAPITRE 18 – Les principes communs 259

B - Les contestations
La mainlevée de la mesure peut être ordonnée à tout moment, même dans les cas où
cette mesure peut être prise sans autorisation du juge, s’il apparaît que les conditions ne
sont pas réunies (CPC exéc., art. L. 512-1). De même, si les conditions prescrites aux

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articles R. 511-1 à R. 511-8 ne sont pas remplies, le juge peut également ordonner la
mainlevée de la mesure (CPC exéc., art. R. 512-1). Le juge statue contradictoirement,
les parties entendues ou appelées, même si la mesure a été prise sans autorisation
judiciaire.
La constitution d’une caution bancaire irrévocable conforme à la mesure sollicitée dans
la saisie entraîne mainlevée de la mesure de sûreté, sous réserve des dispositions de
l’article L 511-4 du CPC exéc. (CPC exéc., art. L. 512-1).
La demande de mainlevée est portée devant le juge qui a autorisé la mesure. Si celle-
ci a été prise sans autorisation préalable du juge, la demande est portée devant le juge
de l’exécution du lieu où demeure le débiteur. Lorsque la mesure est fondée sur une
créance relevant de la compétence d’une juridiction commerciale, la demande de main-
levée peut être portée, avant tout procès, devant le président du tribunal de commerce
de ce même lieu (CPC exéc., art. R. 512-2). Les autres contestations, notamment celles
relatives à l’exécution de la mesure, sont portées devant le JEX du lieu d’exécution de
la mesure (CPC exéc., art. R. 512-3).
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CHAPITRE 19
Les règles particulières

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Selon l’objectif qu’il recherche, le créancier a le choix entre une saisie-conservatoire,
pour rendre les biens indisponibles, ou une sûreté judiciaire, pour se ménager un rang
privilégié sur le bien.

1• LES SAISIES CONSERVATOIRES


La saisie-conservatoire peut porter sur tous les biens mobiliers, corporels ou incorporels,
appartenant au débiteur. Sur présentation, selon le cas, de l’autorisation du juge ou du
titre en vertu duquel la loi permet une mesure conservatoire, une saisie peut être prati-
quée sur les biens meubles corporels ou incorporels appartenant au débiteur. Peu
importe que ces biens soient détenus par un tiers ou aient fait l’objet d’une saisie-
conservatoire antérieure (CPC exéc., art. R. 521-1).
L’effet essentiel d’une saisie-conservatoire est de rendre les biens indisponibles (CPC
exéc., art. L. 521-1). Mais le débiteur conserve l’usage des biens rendus indisponibles
par la saisie, à moins qu’il s’agisse de biens consomptibles, ou que le JEX ordonne la
remise des biens à un séquestre ou l’immobilisation du véhicule terrestre à moteur
saisi. Le régime de droit commun applicable est celui de la saisie vente, sous réserve
des particularités issues du caractère conservatoire de la saisie.

A - La saisie-conservatoire des biens meubles corporels

1) L’acte de saisie
Le commissaire de justice dresse un acte de saisie, après avoir rappelé au débiteur
qu’il est tenu de lui indiquer les biens qui auraient fait l’objet d’une saisie antérieure et
de lui en communiquer le procès-verbal (CPC exéc., art. R. 522-1).
Cet acte contient, à peine de nullité :
– la mention de l’autorisation du juge ou du titre en vertu duquel la saisie est prati-
quée ; ces documents sont annexés à l’acte ; toutefois, s’il s’agit d’une obligation
notariée ou d’une créance de l’État, des collectivités territoriales ou de leurs établis-
sements publics, il est seulement fait mention de la date, de la nature du titre, ainsi
que du montant de la dette ;
– la désignation détaillée des biens saisis, étant précisé que certains biens sont exclus
du domaine de la saisie-conservatoire, comme une indemnité de non-concurrence ;
262 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

– si le débiteur est présent, sa déclaration au sujet d’une éventuelle saisie antérieure


sur les mêmes biens ;
– la mention, en caractères très apparents, que les biens saisis sont indisponibles,
qu’ils sont placés sous la garde du débiteur, qu’ils ne peuvent être ni aliénés, ni
déplacés, si ce n’est dans le cas prévu au deuxième alinéa de l’article R. 221-13,

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sous peine des sanctions prévues à l’article 314-6 du Code pénal, et que le débiteur
est tenu de faire connaître la présente saisie à tout créancier qui procéderait à une
nouvelle saisie sur les mêmes biens ;
– la mention, en caractères très apparents, du droit qui appartient au débiteur, si les
conditions de validité de la saisie ne sont pas réunies, d’en demander la mainlevée
au juge de l’exécution du lieu de son domicile ;
– la désignation de la juridiction devant laquelle seront portées les autres contesta-
tions, notamment celles relatives à l’exécution de la saisie ;
– l’indication, le cas échéant, des nom, prénom et qualité des personnes qui ont
assisté aux opérations de saisie, lesquelles doivent apposer leur signature sur l’ori-
ginal et les copies ; en cas de refus, il en est fait mention dans l’acte ;
– la reproduction de l’article 314-6 du Code pénal et celle des articles R. 511-1 à
R. 512-3 du CPC exéc.
Il peut être fait application des dispositions de l’article R. 221-12, permettant au commis-
saire de justice de prendre des photographies des objets saisis, conservées en vue de la
vérification des biens, et communiquées en cas de contestation portée devant le JEX.
Si aucun bien n’est susceptible d’être saisi, ou si aucun bien n’a manifestement de valeur
marchande, le commissaire de justice dresse un procès-verbal de carence (CPC exéc.,
art. R. 522-4, renvoyant à R. 221-14).

2) L’information du débiteur
L’information du débiteur varie selon les modalités de la saisie.
– si le débiteur est présent aux opérations de saisie, le commissaire de justice lui
rappelle verbalement le contenu des mentions des 4o et 5o de l’article R. 522-1. Une
copie de l’acte portant les mêmes signatures que l’original lui est immédiatement
remise ; cette remise vaut signification (CPC exéc., art. R. 522-2) ;
– lorsque le débiteur n’a pas assisté aux opérations de saisie, une copie de l’acte lui
est signifiée, en lui impartissant un délai de huit jours pour qu’il porte à la connais-
sance du commissaire de justice toute information relative à l’existence d’une
éventuelle saisie antérieure et qu’il lui en communique le procès-verbal (CPC
exéc., art. R. 522-3) ;
– si la saisie-conservatoire est pratiquée entre les mains d’un tiers, il est procédé
comme il est dit aux articles R. 221-21 à R. 221-29 en matière se saisie vente, sauf
en ce qui concerne l’alinéa premier de l’article R. 221-21 et l’article R. 221-26 qui
ne sont pas applicables (CPC exéc., art. R. 522-5). L’acte de saisie est signifié au
débiteur dans un délai de huit jours, à peine de caducité. Il contient en outre, à
peine de nullité :
• une copie de l’autorisation du juge ou du titre, selon le cas, en vertu duquel la
saisie a été pratiquée,
CHAPITRE 19 – Les règles particulières 263

• la mention, en caractères très apparents, du droit qui appartient au débiteur, si les


conditions de validité de la saisie ne sont pas réunies, d’en demander la nullité au
juge de l’exécution du lieu de son propre domicile,
• la reproduction des articles R. 511-1 à R. 512-3 du CPC exéc.

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3) Les incidents
Les incidents relatifs à l’exécution de la saisie sont soumis, en tant que de besoin, aux
dispositions des articles R. 221-49 à R. 221-56 du CPC exéc., relatifs aux contestations
concernant les biens saisis dans la procédure de saisie-vente, auxquelles il suffit de
renvoyer (CPC exéc., art. R. 522-6).

4) La conversion en saisie-vente
La saisie-conservatoire est une mesure temporaire : son objectif est d’aboutir à la
vente des biens, dans la mesure où le créancier n’a pas obtenu le paiement. Mais la
vente des biens suppose que le créancier dispose d’un titre exécutoire : celui qui a
obtenu ou possède un titre exécutoire constatant une créance liquide et exigible peut
faire procéder à la vente des biens qui ont été rendus indisponibles jusqu’à concurrence
du montant de sa créance (CPC exéc., art. L. 522-1). La conversion peut être rendue
impossible par l’effet d’une modification de la situation juridique du débiteur : c’est le
cas si, entre-temps un jugement d’ouverture d’un règlement judiciaire ou une liquida-
tion judiciaire a été prononcé. Il est donc essentiel pour le créancier de pratiquer une
conversion avant le prononcé d’un tel jugement.
Le créancier qui obtient un titre exécutoire constatant l’existence de sa créance
signifie au débiteur un acte de conversion qui contient, à peine de nullité (CPC exéc.,
art. R. 522-7) :
– la référence au procès-verbal de saisie-conservatoire ;
– l’énonciation du titre exécutoire ;
– le décompte distinct des sommes à payer, en principal, frais et intérêts échus, ainsi
que l’indication du taux des intérêts ;
– un commandement d’avoir à payer cette somme dans un délai de huit jours, faute
de quoi il sera procédé à la vente des biens saisis.
La conversion peut être signifiée dans le même acte que le jugement.
Si la saisie a été effectuée entre les mains d’un tiers, une copie de l’acte de conver-
sion doit être dénoncée à ce dernier.

5) La vérification des biens saisis


À l’expiration d’un délai de huit jours à compter de la date de l’acte de conversion, le
commissaire de justice procède à la vérification des biens saisis (CPC exéc.,
art. R. 522-8). Il dresse acte des biens manquants ou dégradés, le cas échéant.
Dans l’hypothèse où les biens ne se retrouvent plus au lieu où ils avaient été saisis, le
commissaire de justice fait injonction au débiteur de l’informer dans un délai de huit
jours du lieu où ils se trouvent et, s’ils ont fait l’objet d’une saisie-vente, de lui communi-
quer le nom et l’adresse, soit du commissaire de justice qui y a procédé, soit du créancier
pour le compte de qui elle a été diligentée. À défaut de réponse, le créancier saisit le JEX
264 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

qui peut ordonner la remise de ces informations sous astreinte, le tout sans préjudice
d’une action pénale pour détournement de biens saisis (CPC exéc., art. R. 522-9).

6) Les issues de la procédure


Dans l’acte de vérification des biens, il est donné connaissance au débiteur qu’il dispose

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d’un délai d’un mois pour vendre à l’amiable les biens saisis dans les conditions pres-
crites aux articles R. 221-30 à R. 221-32 qui sont reproduits (il s’agit de la vente amiable
prévue dans le cadre de la saisie-vente). Cette indication doit figurer en caractères très
apparents dans l’acte (CPC exéc., art. R. 522-8, al. 2).
À défaut de vente amiable dans ce délai d’un mois, il est procédé à la vente forcée des
biens saisis (art. R. 522-10). La vente forcée est soumise aux dispositions des
articles R. 221-33 à R. 221-39 du CPC exéc.

7) Le cas d’une pluralité de saisies

a) L’information des créanciers


Le commissaire de justice qui procède à une saisie-conservatoire sur des biens rendus
indisponibles par une ou plusieurs saisies conservatoires antérieures signifie une copie
du procès-verbal de saisie à chacun des créanciers dont les diligences sont anté-
rieures aux siennes (CPC exéc., art. R. 522-11). Le texte ne prévoit aucune sanction du
non-respect de cette exigence, mais le créancier qui ne s’est pas fait connaître ne
pourra pas concourir à la répartition des deniers.
Si des biens saisis à titre conservatoire font ensuite l’objet d’une saisie-vente, le
commissaire de justice signifie le procès-verbal de saisie aux créanciers qui ont pratiqué
antérieurement les saisies conservatoires. De même, l’acte de conversion d’une saisie-
conservatoire en saisie-vente doit être signifié aux créanciers qui, avant cette conversion,
ont saisi les mêmes biens à titre conservatoire (CPC exéc., art. R. 522-12).

b) Les propositions de vente amiable


Lorsqu’il existe plusieurs saisies sur les mêmes biens, et que le débiteur présente des
propositions de vente amiable, le créancier saisissant qui les accepte en communique
la teneur, par lettre RAR aux créanciers qui ont saisi les mêmes biens à titre conserva-
toire. Selon le cas, cette communication s’effectue soit avant l’acte de saisie, soit avant
l’acte de conversion (CPC exéc., art. R. 522-13).
À peine de nullité, la lettre reproduit en caractères très apparents les diverses
phases du processus :
– d’abord, chaque créancier doit, dans un délai de quinze jours à compter de la récep-
tion de la lettre, prendre parti sur les propositions de vente amiable et faire
connaître au créancier saisissant la nature et le montant de sa créance ;
– ensuite, à défaut de réponse dans le délai imparti, le créancier est réputé avoir
accepté les propositions de vente ;
– enfin, si, dans le même délai, il ne fournit aucune indication sur la nature et le
montant de sa créance, il perd le droit de concourir à la distribution des deniers
résultant de la vente amiable, sauf à faire valoir ses droits sur un solde éventuel
après la répartition.
CHAPITRE 19 – Les règles particulières 265

c) L’enlèvement des biens en vue de la vente forcée


Le créancier qui fait procéder à l’enlèvement des biens en vue de leur vente forcée
doit en informer, par lettre RAR les créanciers qui ont pratiqué une saisie-conserva-
toire sur les mêmes biens avant l’acte de saisie ou l’acte de conversion (CPC exéc.,
art. R. 522-14).

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À peine de nullité, cette lettre indique le nom et l’adresse de l’officier ministériel chargé
de la vente et reproduit en caractères très apparents l’alinéa 2 de l’article R. 522-14 du
CPC exéc. (modalités de la déclaration du créancier).
En effet, chaque créancier doit, dans un délai de quinze jours à compter de la récep-
tion de la lettre, faire connaître à l’officier ministériel chargé de la vente, la nature et le
montant de sa créance au jour de l’enlèvement. À défaut de réponse dans le délai
imparti, le créancier perd le droit de concourir à la distribution des deniers résultant de
la vente forcée, sauf à faire valoir ses droits sur un solde éventuel après répartition.

B - La saisie-conservatoire des créances


Lorsque la saisie porte sur une créance ayant pour objet une somme d’argent,
l’acte de saisie la rend indisponible à concurrence du montant autorisé par le juge ou,
lorsque cette autorisation n’est pas nécessaire, à concurrence du montant pour lequel
la saisie est pratiquée. La saisie produit les effets d’une consignation au sens de
l’article 2350 du Code civil (CPC exéc., art. L. 523-1).
Une saisie conservatoire peut être réalisée sur un compte en banque (même si elle vise
seulement l’un des titulaires d’un compte joint). Les dispositions des articles L. 162-1 et
L. 162-2 du CPC exéc. sont applicables en cas de saisie-conservatoire pratiquée entre les
mains d’un établissement habilité par la loi à tenir des comptes de dépôt (voir supra, la
saisie des comptes bancaires). Lorsque le tiers saisi est un établissement habilité par la loi
à tenir des comptes de dépôt, les actes lui sont transmis par voie électronique (CPC
exéc., art. L. 523-1-1, créé par L. nº 2019-222, 23 mars 2019, art. 15, entré en vigueur
le 1er janvier 2020).Si la saisie-conservatoire porte sur une créance, le créancier, muni
d’un titre exécutoire, peut en demander le paiement par conversion en saisie attribution.
Cette demande emporte attribution immédiate de la créance saisie jusqu’à concurrence
du montant de la condamnation et des sommes dont le tiers saisi s’est reconnu ou a été
déclaré débiteur (CPC exéc., art. L. 423-2). Si la demande de conversion est formée
avant le jugement d’ouverture d’une procédure collective, l’attribution immédiate au
saisissant produit ses effets. Encore faut-il que la créance subsiste : si le juge constate
un accord intervenu sans fraude entre le tiers saisi et le saisi, qui avait mis fin à leurs rela-
tions contractuelles et éteint la créance du saisi, cet accord opposable au créancier saisis-
sant ne permet pas le paiement.

1) Les opérations de saisie


D’abord, le créancier procède à la saisie au moyen d’un acte du commissaire de
justice signifié au tiers. La signification obéit au régime de droit commun des significa-
tions par commissaire de justice, et son annulation anéantit la mesure conservatoire.
266 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

Cet acte contient, à peine de nullité (CPC exéc., art. R. 523-1) :


– l’énonciation des nom et domicile du débiteur ou, s’il s’agit d’une personne morale,
de sa dénomination et son siège social ;
– l’indication de l’autorisation ou du titre en vertu duquel la saisie est pratiquée ;
– le décompte des sommes pour lesquelles la saisie est pratiquée ;

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– la défense faite au tiers de disposer des sommes réclamées dans la limite de ce qu’il
doit au débiteur ;
– la reproduction du 3e alinéa de l’article L. 141-2 et de l’article L. 211-3 du CPC exéc.
Puis, dans un délai de huit jours, à peine de caducité, la saisie-conservatoire est
portée à la connaissance du débiteur par acte d’un commissaire de justice (CPC
exéc., art. R. 523-3).
La caducité prive la saisie-conservatoire de tous ses effets ; elle interdit notamment au
créancier de demander la condamnation du tiers à payer les causes de la saisie. Peu
importe que la saisie se soit avérée infructueuse ultérieurement, la nullité de la dénoncia-
tion entraîne la caducité de la saisie conservatoire.
Cet acte contient, à peine de nullité :
– une copie de l’autorisation du juge ou du titre en vertu duquel la saisie a été prati-
quée (il s’agit de la requête et de l’ordonnance, conformément à l’art. 495 du CPC,
et en son absence, la dénonciation est nulle, ce qui entraîne la caducité de la saisie
conservatoire) ; toutefois, s’il s’agit d’une obligation notariée ou d’une créance de
l’État, des collectivités territoriales ou de leurs établissements publics, il est seule-
ment fait mention de la date, de la nature du titre ainsi que du montant de la
dette ;
– une copie du procès-verbal de saisie ;
– la mention, en caractères très apparents, du droit qui appartient au débiteur, si les
conditions de validité de la saisie ne sont pas réunies, d’en demander la mainlevée
au juge de l’exécution du lieu de son domicile ;
– la désignation de la juridiction devant laquelle seront portées les autres contesta-
tions, notamment celles relatives à l’exécution de la saisie ;
– la reproduction des articles R. 511-1 à R. 512-3 du CPC exéc. ;
– l’indication, en cas de saisie d’un compte, du montant de la somme à caractère
alimentaire laissée à la disposition du débiteur (CPC exéc., art. R. 162-2) ainsi l’indi-
cation du ou des comptes sur lesquels cette mise à disposition est opérée.
Ce dispositif sera modifié à partir du 1er janvier 2021 : dans un délai de huit jours, à
peine de caducité, la saisie conservatoire est dénoncée au débiteur par acte du
commissaire de justice (CPC exéc., art. R. 523-3, modifié par D. nº 2019-992, 26 sept.
2019, art. 12 qui s’appliquera aux actes de saisie signifiés aux tiers à compter du
1er janvier 2021).
Cet acte contient à peine de nullité :
1º Une copie de l’autorisation du juge ou du titre en vertu duquel la saisie a été prati-
quée ; toutefois, s’il s’agit d’une obligation notariée ou d’une créance de l’Etat, des
collectivités territoriales ou de leurs établissements publics, il est seulement fait mention
de la date, de la nature du titre ainsi que du montant de la dette ;
2º Une copie du procès-verbal de saisie et la reproduction des renseignements commu-
niqués par le tiers saisi si l’acte lui a été signifié par voie électronique ;
3º La mention, en caractères très apparents, du droit qui appartient au débiteur, si les
CHAPITRE 19 – Les règles particulières 267

conditions de validité de la saisie ne sont pas réunies, d’en demander la mainlevée au


juge de l’exécution du lieu de son domicile ;
4º La désignation de la juridiction devant laquelle seront portées les autres contestations,
notamment celles relatives à l’exécution de la saisie ;
5º La reproduction des articles R. 511-1 à R. 512-3 ;

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6º L’indication, en cas de saisie de compte, du montant de la somme à caractère alimen-
taire laissée à la disposition du débiteur en application de l’article R. 162-2 ainsi que du
ou des comptes sur lesquels cette mise à disposition est opérée.
Le tiers saisi est tenu de fournir au commissaire de justice les renseignements
prévus à l’article L. 211-3 du CPC exéc. et de lui remettre toutes pièces justificatives. Les
renseignements sont mentionnés sur l’acte de saisie (CPC exéc., art. R. 523-4). Le non-
respect de cette obligation est lourdement sanctionné. En effet, le tiers saisi qui, sans
motif légitime, ne fournit pas les renseignements prévus, s’expose à devoir payer les
sommes pour lesquelles la saisie a été pratiquée si le débiteur est condamné et sauf son
recours contre ce dernier. Mais le tiers ne peut être condamné à payer que s’il est débi-
teur du débiteur principal, et dans la seule mesure où la saisie est régulière et non
caduque. La réponse doit être donnée « sur-le-champ ».
Le tiers saisi peut aussi être condamné à des dommages-intérêts en cas de négligence
fautive ou de déclaration inexacte ou mensongère (CPC exéc., art. R. 523-5 : dans
ces cas, le tiers ne peut pas être condamné aux sommes dues par le débiteur).
Cette disposition sera modifiée à partir du 1er janvier 2021 (CPC exéc.,
art. R. 523-4, mod. par D. nº 2019-992, 26 sept. 2019, art. 13 qui s’appliquera aux
actes de saisie signifiés aux tiers à compter du 1er janvier 2021).
Le tiers saisi est tenu de fournir sur-le-champ au commissaire de justice les renseigne-
ments prévus à l’article L. 211-3 et de lui communiquer les pièces justificatives. Il en est
fait mention dans l’acte de saisie. Si l’acte de saisie est signifié par voie électronique, le
tiers saisi est tenu de communiquer au commissaire de justice, par la même voie, les
renseignements et pièces justificatives mentionnés au premier alinéa. Cette communica-
tion doit être effectuée au plus tard le premier jour ouvré suivant la signification, sous
réserve des dispositions prévues à l’article 748-7 du Code de procédure civile.
À défaut de contestation avant l’acte de conversion, la déclaration du tiers est
réputée exacte pour les seuls besoins de la saisie (CPC exéc., art. R. 523-6 : cette dispo-
sition ne vise que la contestation par le tiers saisi, et non la demande en paiement du
créancier fondée sur l’art. R. 523-5, qui ne fixe aucun délai pour agir).
Tout intéressé peut demander que les sommes saisies soient consignées entre les
mains d’un séquestre désigné, à défaut d’accord amiable, sur requête par le juge de
l’exécution. La remise des fonds au séquestre arrête le cours des intérêts dus par le tiers
saisi (CPC exéc., art. R. 523-2).

2) La conversion en saisie-attribution
Le créancier qui obtient un titre exécutoire constatant l’existence de sa créance
signifie au tiers saisi un acte de conversion. Celui-ci contient, à peine de nullité
(CPC exéc., art. R. 523-7) :
– la référence au procès-verbal de saisie-conservatoire ;
– l’énonciation du titre exécutoire ;
268 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

– le décompte distinct des sommes dues en vertu du titre exécutoire, en principal,


frais et intérêts échus ainsi que l’indication du taux des intérêts ;
– une demande de paiement des sommes précédemment indiquées à concurrence de
celles dont le tiers s’est reconnu ou a été déclaré débiteur.
L’acte informe également le tiers que, dans cette limite, la demande entraîne attribu-

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tion immédiate de la créance saisie au profit du créancier.
La suite de la procédure se déroule ainsi : la copie de l’acte de conversion est signifiée
au débiteur (CPC exéc., art. R. 523-8) :
– à compter de cette signification, le débiteur dispose d’un délai de quinze jours pour
contester l’acte de conversion devant le juge de l’exécution du lieu où il demeure.
Ce délai est prescrit à peine d’irrecevabilité (CPC exéc., art. R. 523-9) ;
– si une contestation est formée, elle doit être dénoncée le même jour ou, au plus
tard, le premier jour ouvrable suivant, par lettre recommandée avec demande
d’avis de réception, au commissaire de justice qui a procédé à la saisie (CPC exéc.,
art. R. 523-9, mod. D. nº 2017-892, 6 mai 2017), sous peine d’irrecevabilité. L’auteur
de la contestation en informe le tiers saisi par lettre simple ;
– en l’absence de contestation, le tiers saisi procède au paiement sur la présentation
d’un certificat délivré par le greffe ou établi par le commissaire de justice qui a
procédé à la saisie attestant qu’aucune contestation n’a été formée dans les
quinze jours suivant la dénonciation de l’acte de conversion. Le paiement peut inter-
venir avant l’expiration de ce délai si le débiteur a déclaré ne pas contester l’acte de
conversion. Cette déclaration doit être constatée par écrit (elle vaut autorisation de
paiement). Les règles du droit commun du paiement par le tiers saisi sont applica-
bles. L’article R. 523-10 du CPC exéc. renvoie aux dispositions des articles R. 211-7,
R. 211-8, R. 211-9, R. 211-12 et du deuxième alinéa de l’article R. 211-15 et
R. 211-22, qui sont applicables à la conversion de la saisie-conservatoire.

C - La saisie-conservatoire des droits d’associé et des valeurs


mobilières
1) La signification d’un acte de saisie
Le créancier procède à la saisie par la signification d’un acte à l’une des personnes
mentionnées aux articles R. 232-1 à R. 232-4 du CPC exéc., selon le cas (CPC exéc.,
art. R. 524-1).
Cet acte contient, à peine de nullité :
– les nom et domicile du débiteur ou, s’il s’agit d’une personne morale, sa dénomina-
tion et son siège social ;
– l’indication de l’autorisation ou du titre en vertu duquel la saisie est pratiquée ;
– le décompte des sommes pour lesquelles la saisie est pratiquée ;
– l’indication que la saisie rend indisponible les droits pécuniaires attachés à l’intégra-
lité des parts ou valeurs mobilières dont le débiteur est titulaire ;
– la sommation de faire connaître l’existence d’éventuels nantissements ou saisies.
CHAPITRE 19 – Les règles particulières 269

2) La dénonciation au débiteur
Dans un délai de huit jours, la saisie-conservatoire est portée à la connaissance du
débiteur par acte du commissaire de justice, à peine de caducité (CPC exéc.,
art. R. 524-2).

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Cet acte contient, à peine de nullité :
– une copie de l’autorisation du juge ou du titre en vertu duquel la saisie a été prati-
quée ; toutefois, s’il s’agit d’une obligation notariée ou d’une créance de l’État, des
collectivités territoriales ou de leurs établissements publics, il est seulement fait
mention de la date, de la nature du titre ainsi que du montant de la dette ;
– une copie du procès-verbal de saisie ;
– la mention, en caractères très apparents, du droit qui appartient au débiteur, si les
conditions de validité de la saisie ne sont pas réunies, d’en demander la mainlevée
au juge de l’exécution du lieu de son domicile ;
– la désignation de la juridiction devant laquelle seront portées les autres contesta-
tions, notamment celles relatives à l’exécution de la saisie ;
– la reproduction des articles R. 511-1 à R. 512-3 du CPC exéc. (les conditions de vali-
dité communes à toutes les mesures conservatoires).
L’acte de saisie rend indisponibles les droits pécuniaires du débiteur. Celui-ci peut
toutefois obtenir la mainlevée en consignant auprès de la Caisse des dépôts et consi-
gnations une somme suffisante pour désintéresser le créancier, cette somme étant
spécialement affectée au profit du créancier saisissant (CPC exéc., art. R. 232-8, auquel
renvoie l’article R. 524-3).

3) La conversion en saisie-vente
Le créancier qui obtient un titre exécutoire constatant l’existence de sa créance
signifie au débiteur un acte de conversion qui contient à peine de nullité (CPC
exéc., art. R. 524-4) :
– la référence au procès-verbal de saisie-conservatoire ;
– l’énonciation du titre exécutoire ;
– le décompte distinct des sommes à payer en principal, frais et intérêts échus, ainsi
que l’indication du taux des intérêts ;
– un commandement d’avoir à payer cette somme, faute de quoi il sera procédé à la
vente des biens saisis ;
– l’indication, en caractères très apparents, que le débiteur dispose d’un délai d’un
mois pour procéder à la vente amiable des valeurs saisies dans les conditions pres-
crites soit à l’article R. 233-3, soit, s’il s’agit de droits d’associés ou de valeurs mobi-
lières non admises aux négociations sur un marché réglementé ou sur un système
multilatéral de négociation, aux articles R. 221-30 à R. 221-32 ;
– si la saisie porte sur des valeurs mobilières admises aux négociations sur un marché
réglementé, l’indication qu’il peut, en cas de vente forcée et jusqu’à la réalisation de
celle-ci, faire connaître au tiers saisi l’ordre dans lequel elles devront être vendues ;
– la reproduction des articles R. 221-30 à R. 221-32 (modalités et conditions de la vente
amiable) et R. 233-3 du CPC exéc. (possibilité de donner l’ordre de vendre les valeurs
mobilières saisies, le produit de la vente étant indisponible entre les mains de l’inter-
médiaire habilité pour être affecté spécialement au paiement du créancier).
Une copie de l’acte de conversion est signifiée au tiers saisi (CPC exéc., art. R. 524-5).
270 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

La vente est effectuée selon les modalités fixées aux articles R. 233-3 à R. 233-9 du
CPC exéc.

2• LES SÛRETÉS JUDICIAIRES

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La sûreté judiciaire a un domaine étendu, puisqu’elle peut être constituée à titre conserva-
toire sur les immeubles, les fonds de commerce, les actions, parts sociales et valeurs mobi-
lières (CPC exéc., art. L. 531-1). Mais des conditions strictes sont imposées : une sûreté peut
être prise sur présentation de l’autorisation du juge ou du titre en vertu duquel la loi permet
qu’une mesure conservatoire soit pratiquée (CPC exéc., art. R. 531-1).
L’effet de la sûreté judiciaire est d’assurer le paiement de la dette. Ainsi, les biens grevés
d’une sûreté judiciaire demeurent aliénables (sauf cas de vente de valeurs mobilières
inscrites sur un compte tenu et géré par un intermédiaire habilité, le prix pouvant être
utilisé pour acquérir d’autres valeurs qui sont alors subrogées aux valeurs vendues,
article L. 531-2 du CPC exéc.), mais le prix qui en est payé est distribué aux créan-
ciers. Pour garantir le rang privilégié du créancier, la sûreté judiciaire est opposable
aux tiers du jour de l’accomplissement des formalités de publicité prescrites (CPC exéc.,
art. L. 532-1). Mais le mécanisme conservatoire repose sur la diligence du créancier :
cette publicité cesse de produire effet si, dans un délai fixé par le même décret, elle n’a
pas été confirmée par une publicité définitive (CPC exéc., art. L. 533-1).

A - La publicité provisoire
Les formalités de publicité diffèrent selon la nature de la sûreté inscrite sur le bien.

1) L’inscription provisoire d’hypothèque


Elle est opérée par le dépôt au service chargé de la publicité foncière de deux borde-
reaux contenant conformes aux dispositions prévues à l’article 2428 du Code civil (CPC
exéc., art. R. 532-1) et comportant en outre l’indication du capital de la créance et de ses
accessoires.
Selon l’article L. 512-2 du Code des procédures civiles d’exécution, les frais d’hypothèque
judiciaire provisoire sont, à défaut de décision contraire, de droit à la charge du débiteur1.

2) L’inscription provisoire de nantissement sur un fonds de commerce


Elle est opérée par le dépôt au greffe du tribunal de commerce de deux bordereaux sur
papier libre contenant (CPC exéc., art. R. 532-2) :
– la désignation du créancier, son élection de domicile dans le ressort du tribunal de
commerce où se trouve situé le fonds et la désignation du débiteur ;
– l’indication de l’autorisation ou du titre en vertu duquel l’inscription est requise ;
– l’indication du capital de la créance et de ses accessoires.

——
1. Cass. 2e civ., 2 mars 2017, nº 15-23530.
CHAPITRE 19 – Les règles particulières 271

3) Le nantissement des parts sociales


Il grève l’ensemble des parts à moins qu’il ne soit autrement précisé dans l’acte. Il est
opéré par la signification à la société d’un acte contenant (CPC exéc., art. R. 532-3) :
– la désignation du créancier et celle du débiteur ;

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– l’indication de l’autorisation ou du titre en vertu duquel la sûreté est requise ;
– l’indication du capital de la créance et de ses accessoires.
En outre, s’il s’agit d’une société civile immatriculée, l’acte de nantissement est publié au
registre du commerce et des sociétés.

4) Le nantissement des valeurs mobilières


Il grève l’ensemble des valeurs mobilières à moins qu’il soit autrement précisé dans
l’acte, et il est opéré par la signification d’une déclaration à l’une des personnes
mentionnées aux articles R. 232-1 à R. 232-4 du CPC exéc. selon le cas (CPC exéc.,
art. R. 532-4).
Cette déclaration contient :
– la désignation du créancier et du débiteur ;
– l’indication de l’autorisation ou du titre en vertu duquel la sûreté est requise ;
– l’indication du capital de la créance et de ses accessoires.

B - Les conséquences communes à toutes les publicités


provisoires
1) L’information du débiteur
À peine de caducité, huit jours au plus tard après le dépôt des bordereaux d’inscription
ou la signification du nantissement, le débiteur en est informé par acte du commissaire
de justice (CPC exéc., art. R. 532-5).
Cet acte contient, à peine de nullité :
– une copie de l’ordonnance du juge ou du titre en vertu duquel la sûreté a été prise
(s’il s’agit d’une ordonnance sur requête du JEX, il faut indiquer précisément les
pièces invoquées ; toutefois, s’il s’agit d’une obligation notariée ou d’une créance
de l’État, des collectivités territoriales ou de leurs établissements publics, il n’est fait
mention que de la date, de la nature du titre et du montant de la dette ;
– l’indication, en caractères très apparents, que le débiteur peut demander la main-
levée de la sûreté comme il est dit à l’article R. 512-1 du CPC exéc. (il incombe au
créancier de prouver que les conditions requises sont réunies) ;
– la reproduction des articles R. 511-1 à R. 512-3 (conditions de validité des sûretés
judiciaires) et R. 532-6 du CPC exéc. (si le créancier est déjà titulaire d’un titre exécu-
toire, la mainlevée de la publicité provisoire peut être demandée jusqu’à la publicité
définitive, laquelle ne peut intervenir moins d’un mois après la signification de l’acte
informant le débiteur).

2) La limitation de la durée des effets


La publicité provisoire conserve la sûreté pendant trois ans (CPC exéc.,
art. R. 532-7).
272 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

La publicité provisoire peut être renouvelée pour la même durée (CPC exéc.,
art. R. 532-7). Pour l’inscription provisoire d’hypothèque, le renouvellement est effectué
dans les conditions prévues aux articles 61 et suivants du décret du 14 octobre 1955
modifié portant application du décret no 55-22 du 4 janvier 1955 portant réforme de la
publicité foncière. Pour les autres sûretés judiciaires, le renouvellement est effectué dans

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les mêmes formes que la publicité initiale.
Si le bien est vendu avant que la publicité définitive ait été accomplie, le créancier
titulaire de la sûreté judiciaire jouit des mêmes droits que le titulaire d’une sûreté
conventionnelle ou légale. Toutefois, la part qui lui revient dans la distribution du prix
est consignée auprès de la Caisse des dépôts et consignations. Cette part lui est remise
s’il justifie de l’accomplissement de la publicité définitive dans le délai prévu. À défaut,
elle est remise aux créanciers en ordre de la recevoir ou au débiteur (CPC exéc.,
art. R. 532-8).

3) La possibilité de limiter les effets de la sûreté provisoire


par cantonnement
Lorsque la valeur des biens grevés est manifestement supérieure au montant des
sommes garanties, le débiteur peut faire limiter par le juge les effets de la sûreté provi-
soire. Le débiteur doit justifier que les biens demeurant grevés ont une valeur double du
montant de ces sommes (CPC exéc., art. R. 532-9). Il peut alors seulement obtenir un
cantonnement de la sûreté, non une mainlevée.

4) La mainlevée de la publicité provisoire


Lorsque le créancier est déjà titulaire d’un titre exécutoire, la mainlevée de la publicité
provisoire peut être demandée jusqu’à la publicité définitive, laquelle ne peut intervenir
moins d’un mois après la signification de l’acte prévu à l’article R. 532-5 du CPC exéc.
(CPC exéc., art. R. 532-6, information du débiteur). Ainsi, une mainlevée peut être
obtenue si les conditions de validité de la mesure ne sont pas réunies, ce que le deman-
deur doit prouver.

C - La publicité définitive
La publicité provisoire doit être confirmée par une publicité définitive. Cette publicité
donne rang à la sûreté à la date de la formalité initiale, dans la limite des sommes
conservées par cette dernière. Le créancier qui effectue les formalités de confirmation
bénéficie donc de la rétroactivité des effets de la sûreté (CPC exéc., art. R. 533-1).

1) La diversité des modalités de la publicité définitive


Pour l’hypothèque, la publicité définitive est opérée, conformément à l’article 2428 du
Code civil.
Pour le nantissement du fonds de commerce, elle est effectuée conformément à
l’article L. 143-16 et R. 143-6 et suivants du Code de commerce (CPC exéc.,
art. R. 533-2). Il n’est dû qu’un seul salaire ou émolument pour les deux inscriptions
provisoire et définitive.
CHAPITRE 19 – Les règles particulières 273

Pour le nantissement des parts sociales et valeurs mobilières, la publicité définitive est
opérée dans les mêmes formes que la publicité provisoire (CPC exéc., art. R. 533-3).
Après avoir accompli cette formalité, le créancier peut demander l’agrément du nantis-
sement, s’il y a lieu.

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2) Le délai d’accomplissement de la publicité définitive
La publicité définitive doit être effectuée dans un délai de deux mois, dont le point de
départ est fixé par les dispositions de l’article R. 533-4 du CPC exéc., en fonction de la
situation du créancier :
– du jour où le titre constatant les droits du créancier est passé en force de chose
jugée. S’il s’agit d’un jugement, les règles du CPC sont applicables (art. 500
et s.) ; par exemple, si le titre exécutoire est un arrêt de cour d’appel, le pourvoi
n’étant pas suspensif, l’inscription définitive doit être prise dans les 2 mois du
prononcé de l’arrêt ; en revanche, l’accomplissement d’une publicité définitive
avant que la décision soit passée en force de chose jugée n’est pas régulière ;
– si la procédure a été mise en œuvre avec un titre exécutoire, du jour de l’expiration
du délai d’un mois visé à l’article R. 532-6 du CPC exéc. ou, si une demande de
mainlevée a été formée, du jour de la décision rejetant cette contestation ; toutefois,
si le titre n’était exécutoire qu’à titre provisoire, le délai court comme il est dit au
1o du jour où il est passé en force de chose jugée ;
– si le caractère exécutoire du titre est subordonné à une procédure d’exequatur, du
jour où la décision qui l’accorde est passée en force de chose jugée.
La sanction est rigoureuse : à défaut de confirmation dans le délai, la publicité provi-
soire est caduque et sa radiation peut être demandée au juge de l’exécution (CPC
exéc., art. L. 533-1et R. 533-6). Si le créancier introduit une instance au fond pour
obtenir un titre exécutoire, et que cette instance s’éteint ou que sa demande est
rejetée, la radiation de la sûreté judiciaire est demandée au juge saisi du fond ; à
défaut, elle est ordonnée par le juge de l’exécution. La radiation est effectuée sur
présentation de la décision passée en force de chose jugée. Les frais sont alors supportés
par le créancier. Si la part du créancier titulaire de la sûreté provisoire a été consignée,
elle est remise, selon le cas, aux créanciers en ordre de la recevoir ou au débiteur. Si la
caducité résulte d’une faute commise par le conservateur des hypothèques, qui refuse
de procéder à la publicité définitive en dehors des limites de ses attributions, sa respon-
sabilité doit être engagée à l’égard du créancier.

3) Situations particulières
Si, après la vente du bien, le prix en a été régulièrement consigné pour être
distribué, la publicité définitive est remplacée par la signification du titre du créancier
à la personne chargée de la répartition du prix, dans le délai de deux mois prévu à
l’article 263 (CPC exéc., art. R. 533-5).
Enfin, si le bien est vendu avant que la publicité définitive ait été accomplie, le
créancier jouit des mêmes droits que le titulaire d’une sûreté conventionnelle ou légale.
La part qui lui revient dans la distribution du prix est consignée. Elle lui est remise s’il
justifie de l’accomplissement de la publicité dans le délai prévu : à défaut, elle est
remise aux créanciers en ordre de la recevoir (CPC exéc., art. R. 532-8).
274 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

3• LES MESURES CONSERVATOIRES EN MATIÈRE


DE PROCÉDURES COLLECTIVES

Au titre des règles générales, il est prévu que les mesures conservatoires prévues aux

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articles L. 621-2, L. 631-10-1 et L. 651-4 sont soumises aux dispositions de la partie
réglementaire du Code des procédures civiles d’exécution sous réserve des dispo-
sitions spéciales (C. com., art. R. 662-1-1). De même, les mesures conservatoires
prévues aux articles L. 621-2, L. 631-10-1 et L. 651-4 du Code de commerce sont mises
en œuvre à l’initiative de l’administrateur judiciaire, du mandataire judiciaire ou, le cas
échéant, du liquidateur (C. com., art. R. 662-1-2).
Les mesures conservatoires prévues à l’article L. 621-2 du Code de commerce
(mod. par Ord. nº 2019-964, 18 sept. 2019, art. 35, entré en vigueur le 1er janvier
2020). Le tribunal compétent est le tribunal de commerce si le débiteur exerce une acti-
vité commerciale ou artisanale. Le tribunal judiciaire est compétent dans les autres cas. À
la demande de l’administrateur, du mandataire judiciaire, du débiteur ou du ministère
public, la procédure ouverte peut être étendue à une ou plusieurs autres personnes en
cas de confusion de leur patrimoine avec celui du débiteur ou de fictivité de la personne
morale. Dans les mêmes conditions, un ou plusieurs autres patrimoines du débiteur
entrepreneur individuel à responsabilité limitée peuvent être réunis au patrimoine visé
par la procédure, en cas de confusion avec celui-ci. Il en va de même lorsque le débiteur
a commis un manquement grave aux obligations prévues à l’article L. 526-13 ou encore
une fraude à l’égard d’un créancier titulaire d’un droit de gage général sur le patrimoine
visé par la procédure. Pour l’application de ces dispositions, le président du tribunal
peut ordonner toute mesure conservatoire utile à l’égard des biens du défendeur à
l’action, à la demande de l’administrateur, du mandataire judiciaire, du ministère public
ou d’office. Le tribunal ayant ouvert la procédure initiale reste compétent pour ces
demandes. Lorsque le débiteur soumis à la procédure initiale ou le débiteur visé par
l’extension exerce une profession libérale soumise à un statut législatif ou réglementaire
ou dont le titre est protégé, le tribunal statue en chambre du conseil après avoir entendu
ou dûment appelé l’ordre professionnel ou l’autorité compétente dont, le cas échéant, il
relève.
Les mesures conservatoires prévues à l’article L. 631-10-1 du Code de commerce :
« à la demande de l’administrateur ou du mandataire judiciaire, le président du tribunal
saisi peut ordonner toute mesure conservatoire utile à l’égard des biens du dirigeant de
droit ou de fait à l’encontre duquel l’administrateur ou le mandataire judiciaire a intro-
duit une action en responsabilité fondée sur une faute ayant contribué à la cessation des
paiements du débiteur ». Dans ce cas, « le montant des sommes pour la garantie
desquelles la mesure conservatoire est ordonnée ne peut excéder le montant des
dommages et intérêts demandés en réparation du préjudice causé par la faute invo-
quée. » (C. com., art. R. 631-14-1). Il s’agit donc de mesures conservatoires visant à
éviter que les dirigeants ne dilapident le patrimoine de la société avant de se retirer :
ces mesures peuvent être prises en cas de responsabilité du dirigeant pour insuffisance
d’actif en cas de liquidation judiciaire (C. com., art. L. 651-4, prévoit la possibilité pour le
président du tribunal de commerce de prescrire des mesures conservatoires sur le patri-
moine du dirigeant), mais aussi dans le cadre d’une action en responsabilité du dirigeant
sur le fondement de l’article 1382 du Code civil dans les autres cadres.
CHAPITRE 19 – Les règles particulières 275

L’article L. 651-4 du Code de commerce prévoit que dans le cadre d’une liquidation judi-
ciaire, le président du tribunal peut prescrire des actes préparatoires à une action en
responsabilité pour insuffisance d’actif. Il charge le juge-commissaire ou à défaut un
membre de la juridiction d’obtenir tout document ou information sur la situation patri-
moniale des dirigeants et des représentants permanents des dirigeants personnes

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morales, ou sur les revenus et le patrimoine non affecté de l’entrepreneur individuel à
responsabilité limitée. Le président du tribunal peut donc ordonner toute mesure
conservatoire utile à l’égard des biens du dirigeant ou de son représentant, ou des
biens de l’entrepreneur individuel à responsabilité limitée compris dans son patrimoine
non affecté. Il peut maintenir la mesure conservatoire ordonnée à l’égard des biens du
dirigeant de droit ou de fait en application de l’article L. 631-10-1. En outre, le montant
des sommes pour la garantie desquelles la mesure conservatoire est ordonnée confor-
mément au deuxième alinéa de l’article L. 651-4 ne peut excéder le montant de la
demande formée à l’encontre du dirigeant (C. com., art. R. 651-5).

La vente éventuelle des biens objets de mesures conservatoires


et l’affectation des sommes
Selon l’article L. 663-1-1 du Code de commerce (mod. ord. nº 2014-326, 12 mars 2014),
« Lorsque les mesures conservatoires ordonnées en application des articles L. 621-2, L. 631-
10-1 et L. 651-4 portent sur des biens dont la conservation ou la détention génère des
frais ou qui sont susceptibles de dépérissement, le juge-commissaire peut autoriser, aux
prix et conditions qu’il détermine, l’administrateur, s’il a été nommé, le mandataire judiciaire
ou le liquidateur à les céder. Les sommes provenant de cette cession sont immédiatement
versées en compte de dépôt à la Caisse des dépôts et consignations ».

Le juge-commissaire statue sur la requête par laquelle l’administrateur judiciaire, le


mandataire judiciaire ou le liquidateur sollicite l’autorisation prévue à l’article L. 663-1-1
après avoir entendu ou dûment appelé le propriétaire des biens qui font l’objet de la
saisie conservatoire et le débiteur. La demande est examinée en présence du ministère
public (C. com., art. R. 662-17). L’exécution provisoire des décisions prises sur le fonde-
ment de l’article L. 663-1-1 peut être arrêtée, en outre, lorsque l’exécution risque
d’entraîner des conséquences manifestement excessives (C. com., art. R. 661-1, mod.
D. nº 2014-736, 30 juin 2014).
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Index

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A Concours de la force publique, 96


Abus de droit, 58 Contrainte judiciaire, 44
Acte préparatoire, 197 Créances (saisie des)
Adjudication, 109, 224 – saisie-attribution, 125
– actes précédant l’-, 219
– saisie-conservatoire, 261
– sur surenchère, 230
Créance alimentaire, 152
Agent
– insaisissabilité, 86
– de recouvrement, 48
– d’exécution, 76 – compte en banque, 133
Assistance et représentation (devant le JEX), 70, Créancier saisissant, 55
199
Astreinte, 40 D
Audience d’orientation, 204 Débiteur saisi, 59
Deniers, distribution, 171, 235
B Difficultés d’exécution, 75
Biens saisissables, 86, 111, 183 Distribution (procédure de), 171
– du prix d’un immeuble, 235
C
Cahier des conditions de vente, 201 Droit européen à l’exécution, 24, 32
Clause Droits d’associé, 167
– d’exécution, 40 Droits incorporels, 167
– d’insaisissabilité et d’inaliénabilité, 87, 185
Coffre-fort (saisie des biens placés dans un), 113 E
Commandement Enchères, 221
– de libérer les lieux, 242 Entrepreneur individuel, 89, 90
– de payer valant saisie immobilière, 242 états étrangers, 92
– de payer (saisie-vente), 188 Expulsion, 75, 241
Commissaire de justice, 76 – violences, 251
Compétence du JEX, 64
Compte bancaire, 133 F–G
– époux, 136 Force publique, 96
Conciliation, 143 Frais, 93, 226
278 MÉMENTOS – PROCÉDURES CIVILES D’EXÉCUTION

H Recouvrement amiable, 39, 48


Hiérarchie des poursuites, 56 Recouvrement des pensions alimentaires, 151
Réitération des enchères, 232
I Rémunérations du travail, 139
Immunités d’exécution, 61 Reprise des locaux, 250

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Informations (recherche des), 79
Insaisissabilité S
– biens, 87 Saisie appréhension
– immeuble, 185 – droit commun, 119
– véhicules terrestres à moteur, 113
J–L
– sur injonction du juge, 121
Juge de l’exécution
Saisie attribution, 125
– compétence, 64
– particulière, 133
– procédure, 70
Saisie conservatoire, 261
– saisie immobilière, 182, 204, 216 Saisie immobilière, 177
Jugement Saisie des rémunérations du travail, 139
– d’adjudication, 225 Saisie vente de droit commun, 101
– d’orientation, 211 Saisie ventes spéciales, 113
Surendettement, 59
M–N
Surenchère, 230
Mesures conservatoires, 255
Sûretés judiciaires, 270
Ministère public, 80
Numérique, exécution, 36
T
Tiers, 62
O
Tiers saisi, 129
Obligations positives, 26
Tiers détenteur, 180
Organisation frauduleuse de son insolvabilité, 46
Titre exécutoire
P – définition, 81
Paiement direct, 157 – immeuble, 177
Pensions alimentaires – prescription, 84
– dispositif social, 165 Trêve hivernale, 245
– intermédiation financière, 152
– paiement direct, 157 U
– recouvrement public, 161 Union européenne, 34
Procédure (devant le JEX), 70
Procédure simplifiée de recouvrement, 51 V
Procédures collectives, 91, 274 Valeurs mobilières, 167
Purge, 180 Véhicule terrestre à moteur, 116
Vente amiable, 107, 215
R Vente forcée, 108, 218
Recherche d’informations, 79 – actes préparatoires, 197
Récoltes sur pied, 113 Violences familiales, expulsion, 251
2952993J-01_memento-procedure-civil-execution_corpus Page 280

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Procédures civiles d'exécution


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des 11 et 20 décembre 2019

civiles
réformant la procédure civile
Procédures civiles d'exécution
Les procédures civiles d’exécution, parfois dénommées voies d’exécution, regroupent l’ensemble
des moyens de droit dont dispose un créancier pour obtenir le paiement d’une dette que le débiteur
n’a pas acquittée spontanément.
Cet ouvrage présente l’essentiel des connaissances en matière d’exécution : il expose les moyens
d'exécution
de pression (astreinte ou contrainte judiciaire), les modes amiables de recouvrement, les mesures
conservatoires, et les mesures dites d’exécution, sur les biens du débiteur (saisies) ou sur sa 9e
personne (expulsion).
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réforme pour la Justice ainsi que les décrets des 11 et 20 décembre réformant les procédures
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Natalie Fricero, est Professeur à l'Université Côte d'Azur, directrice de l'Institut d'études judiciaires et
membre du Conseil supérieur de la magistrature.
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