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Les nombres réels

Propriétés de R
Proposition R1
(R, +, ×) est un corps commutatif

L’addition et la multiplication sont commutatives :


a + b = b + a ; ; a × b = b × a;
L’addition et la multiplication sont associatives :
a + (b + c) = (a + b) + c ; ; a × (b × c) = (a × b) × c;
L’addition et la multiplication admettent des neutres notés
respectivement 0 et 1 :
0 + a = a + 0 = a ; ; 1 × a = a × 1 = a si a 6= 0;
Tout nombre réel a admet un opposé (symétrique pour l’addition)
noté −a qui vérifie : a + (−a) = (−a) + a = 0;
Tout nombre réel a 6= 0 admet un inverse (symétrique pour la
multiplication) noté a−1 avec a × a−1 = a−1 × a = 1.
La multiplication est distributive par rapport à l’addition :
a × (b + c) = a × b + a × c ; ; (b + c) × a = b × a + c × a
Les nombres réels Addition et multiplication / 25
Proposition R1
(R, +, ×) est un corps commutatif

Pour tout couple de réels (a, b), on définit alors la différence


a − b = a + (−b), résultat de la soustraction et si b 6= 0, le
a
quotient = a/b = a × b −1 est le résultat de la division.
b
Pour tout réel a, on définit aussi son carré a2 = a × a.

a × b = 0 ⇐⇒ (a = 0 ou b = 0)

Les nombres réels Addition et multiplication / 25


Soit E un ensemble
Définition
1 I Une relation R sur E est un sous-ensemble de l’ensemble produit
E ×E
I Pour (x , y ) ∈ E × E , on dit que x est en relation avec y et on note
x Ry pour dire que (x , y ) ∈ R
2 Une relation R est une relation d’ordre si
I R est réflexive : pour tout x ∈ E , x Rx
I R est antisymétrique : pour tout x , y ∈ E , x Ry et y Rx ⇒ x = y
I R est transitive : pour tout x , y , z ∈ E , x Ry et y Rz =⇒ x Rz

Définition
La relation d’ordre R est totale si pour tout x , y ∈ E on a
x Ry ou y Rx

Les nombres réels Ordre sur R / 25


Proposition R2
La relation 6 sur R est une relation d’ordre totale :
réflexive : pour tout x ∈ R, x 6 x
antisymétrique : pour tout x , y ∈ R, si x 6 y et y 6 x alors x = y
transitive : pour tout x , y , z ∈ R si x 6 y et y 6 z alors x 6 z

Remarque
L’ensemble R est muni d’un ordre total. On dit qu’un réel est
positif s’il est supérieur ou égal à 0. Il est négatif s’il est inférieur
ou égal à 0. En particulier, 0 est le seul réel qui soit à la fois positif
et négatif.
Les opérations de R sont compatibles avec la relation d’ordre 6
(a 6 b et c 6 d) =⇒ a + c 6 b + d
(a 6 b et c > 0) =⇒ a × c 6 b × c
(a 6 b et c 6 0) =⇒ a × c > b × c
Les nombres réels Ordre sur R / 25
Définition
Soit A une partie non vide de R
Un réel α est un plus grand élément de A si :
α∈A et ∀x ∈ A x 6 α
S’il existe, le plus grand élément est unique, on le note alors max A
Le plus petit élément de A, noté min A, s’il existe est le réel α
tel que α ∈ A et ∀x ∈ A x > α

Exemple
max[1, 2] = 2, min[1, 2] = 1
]1, 2[ n’a ni plus grand élément, ni plus petit élément
[1, 2[ a pour plus petit élément 1 et n’a pas de plus grand élément.

Les nombres réels Maximum, minimum / 25


Exemple
Soit A = 1 − n1 | n ∈ N∗


un = 1 − n1 pour n ∈ N∗ A = un | n ∈ N∗


0 = u1 1
2 = u2 u3 u4u5 1
1 min A = 0
I u1 = 0 donc 0 ∈ A
I un = 1 − n1 > 0 = u1 (pour tout n > 1)
2 A n’a pas de plus grand élément
I Supposons qu’il existe un plus grand élément α = max A
I Alors un 6 α, pour tout un . Ainsi 1 − n1 6 α
I Lorsque n → +∞ cela implique α > 1
I Comme α est le plus grand élément de A alors α ∈ A
I Donc il existe n0 tel que α = un0
I Mais alors α = 1 − n10 < 1
I Contradiction avec α > 1. Donc A n’a pas de maximum
Les nombres réels Maximum, minimum / 25
Définition
Soit A une partie non vide de R
Un réel M est un majorant de A si ∀x ∈ A x 6 M
Un réel m est un minorant de A si ∀x ∈ A x > m
Si un majorant (resp. un minorant) de A existe on dit que A est
majorée (resp. minorée)

Exemple
2 est un majorant de ]0, 1[
−3, −π, 0 sont des minorants de ]0, +∞[, pas de majorant
les majorants de [0, 1[ sont exactement les éléments de [1, +∞[
les minorants de [0, 1[ sont exactement les éléments de ] − ∞, 0]
minorants A majorants
[ [
0 1

Les nombres réels Majorants, minorants / 25


Définition
Soit A une partie non vide de R et α un réel
α est la borne supérieure de A si α est un majorant de A et si
c’est le plus petit des majorants. S’il existe on le note sup A
α est la borne inférieure de A si α est un minorant de A et si
c’est le plus grand des minorants. S’il existe on le note inf A

Exemple
sup[1, 2] = 2
inf[1, 2] = 1
sup]1, 2[= 2
]0, +∞[ n’admet pas de borne supérieure
inf]0, +∞[= 0

Les nombres réels Borne supérieure, borne inférieure / 25


Théorème R3
Toute partie non vide et majorée (resp. minorée) de R possède une
borne supérieure (resp. inférieure).

Exemple
Soit A =]0, 1]
1 sup A = 1 : en effet les majorants de A sont les éléments de
[1, +∞[. Donc le plus petit des majorants est 1
2 inf A = 0 : les minorants sont les éléments de ] − ∞, 0] donc le
plus grand des minorants est 0

Les nombres réels Borne supérieure, borne inférieure / 25


Proposition
Soit A une partie non vide de R.
Si M = max A, alorsM = sup A.
Si m = min A, alors m = inf A.

Attention ! Les réciproques sont fausses ! Une partie de R peut posséder


une borne supérieure (resp. inférieure) sans posséder de maximum
(resp. minimum).

Exemple
Les bornes inférieures et supérieures de [−2, 1[ sont −2 et 1. De plus,
−2 est le plus petit élément, mais [−2, 1[ ne possède pas de plus grand
élément.

Les nombres réels Borne supérieure, borne inférieure / 25


Proposition Caractérisation des bornes inférieures et supérieures
Soit A une partie de R.
M = sup A ⇐⇒ M est un majorant de A et si ∀ε > 0, ∃a ∈ A tel
que M − ε < a.
m = inf A ⇐⇒ m est un minorant de A et si ∀ε > 0, ∃a ∈ A tel
que m + ε > a.

Démonstration
⇒) Puisque M = sup A est le plus petit des majorants de A, alors pour tout ε > 0,
M − ε n’est pas un majorant de A (car M − ε < M). C’est donc qu’il existe un
élément a ∈ A tel que M − ε < a.
⇐) M est un majorant de A.
Si M 0 < M , on pose ε = M − M 0 > 0, alors il existe a ∈ A tel que
M 0 = M − (M − M 0 ) < a.
Tout majorant de A est donc supérieur ou égal à M.
Autrement dit M est bien le plus petit des majorants de A.

Les nombres réels Borne supérieure, borne inférieure / 25


Proposition Caractérisation séquentielle des bornes inférieures et
supérieures
Soit A une partie de R.
M = sup A ⇐⇒ M est un majorant de A et s’il existe une suite
(un ) d’éléments de A de limite M.
m = inf A ⇐⇒ m est un minorant de A et s’il existe une suite
(un ) d’éléments de A de limite m.

Les nombres réels Borne supérieure, borne inférieure / 25


n o
Exemple A = 1 − 1
n
| n ∈ N∗

0 = u1 1
2 = u2 u3 u4u5 1
1 Existence de sup A :
On a A est non vide car 0 ∈ A, et 1 est un majorant de A, donc A
possède une borne supérieure.
2 sup A = 1 :
1
1 est un majorant de A et un = 1 − ∈ A est telle que un → 1, et
n
par suite sup A = 1.

Les nombres réels Borne supérieure, borne inférieure / 25


Proposition Propriétés des bornes inférieures et supérieures
Soient A et B deux parties bornées non vides. On a les propriétés
suivantes :
1 Si A ⊂ B alors inf A > inf B et sup A 6 sup B.
2 sup A ∪ B = max(sup A, sup B) et inf A ∪ B = min(inf A, inf B).
3 Si A ∩ B 6= ∅ alors sup A ∩ B 6 min(sup A, sup B) et
inf A ∩ B > max(inf A, inf B).

Démonstration

1 On a A ⊂ B et inf B est un minorant de B, donc c’est aussi un minorant de A,


d’où inf B 6 inf A car inf A est le plus grand des minorants de A.
Idem pour la borne supérieure : A ⊂ B et sup B est un majorant de B, donc
c’est aussi un majorant de A, d’où sup A > sup B car sup A est le plus petit des
majorants de A.

Les nombres réels Borne supérieure, borne inférieure / 25


Démonstration

2 Supposons par exemple que sup A > sup B, donc on a :


I sup A est un majorant de A ∪ B
I ∀ε > 0, ∃a ∈ A ⊂ A ∪ B, sup A − ε < a.
Donc sup A ∪ B = sup A.
De même si sup B > sup A alors sup A ∪ B = sup B, et par suite on a
sup A ∪ B = max(sup A, sup B).
3 On a A ∩ B ⊂ A donc sup A ∩ B 6 sup A, de même on a sup A ∩ B 6 sup B.
D’où sup A ∩ B 6 min {sup A, sup B}.

Les nombres réels Borne supérieure, borne inférieure / 25


Proposition R4 Propriété d’Archimède
R est archimédien ∀x ∈ R ∃n ∈ N n > x

Soit x ∈ R, définissons la partie entière E (x )


Proposition
Il existe un unique entier E (x ) ∈ Z tel que

E (x ) 6 x < E (x ) + 1

Le réel x − E (x ) ∈ [0, 1[ est appelé partie fractionnaire de x .


Exemple
E (2, 853) = 2, E (π) = 3, E (−3, 5) = −4
E (x ) = 3 ⇐⇒ 3 6 x < 4
Les nombres réels Propriété d’Archimède / 25
y

y = E (x )

E (2, 853) = 2

0 1 2, 853 x

Les nombres réels Propriété d’Archimède / 25



Exemple Partie entière de 23
√ √
42 = 16 < 23 donc 4 = 42 < 23
√ √
52= 25 > 23 donc 5 = 52 > 23
√ √ 
Conclusion : 4 < 23 < 5 donc E 23 = 4

Démonstration
Existence. Soit x > 0
par la propriété d’Archimède il existe n ∈ N tel que n > x

K = k∈N|k6x est donc fini. Notons kmax = max K
kmax 6 x car kmax ∈ K et kmax + 1 > x car kmax + 1 ∈
/K
kmax 6 x < kmax + 1, on prend E (x ) = kmax
Unicité.
Si k et ` sont deux entiers tels que k 6 x < k + 1 et ` 6 x < ` + 1
donc k 6 x < ` + 1 ; on a aussi ` < k + 1
` − 1 < k < ` + 1. Ainsi k = `

Les nombres réels Propriété d’Archimède / 25


Définition
La valeur absolue de x est
(
x si x > 0
|x | =
−x si x < 0

y
y = |x |

0 1 x

Les nombres réels Valeur absolue / 25


Proposition
1 |x | > 0 | − x | = |x | |x | > 0 ⇐⇒ x 6= 0

2 x 2 = |x |
3 |xy | = |x ||y |

4 Inégalité triangulaire |x + y | 6 |x | + |y |


5 Seconde inégalité triangulaire |x | − |y | 6 |x − y |

|x | |x − y |

| | |
0 x y

Les nombres réels Valeur absolue / 25


|x + y | 6 |x | + |y |

Démonstration

−|x | 6 x 6 |x | et −|y | 6 y 6 |y |
− (|x | + |y |) 6 x + y 6 |x | + |y |
|x + y | 6 |x | + |y |

Remarque
|x − a| < r ⇐⇒ a − r < x < a + r
|x − a| < r ⇐⇒ x ∈]a − r , a + r [
i h
|
//////////////
a−r a a+r

Les nombres réels Valeur absolue / 25


Définition
On appelle distance usuelle dans R l’application d qui à deux réels x
et y associe la longueur du segment [x , y ]. Elle est définie par

d(x , y ) = |x − y |

Les nombres réels Distance usuelle dans R / 25


Propriétés de la distance d
1 ∀x , y ∈ R, d(x , y ) = d(y , x ) (Symétrie) ;
d(x , y ) = |x − y | = |y − x | = d(y , x ).
2 ∀x , y ∈ R, x = y ⇐⇒ d(x , y ) = 0 (Séparation) ;
x = y ⇐⇒ x − y = 0 ⇐⇒ |x − y | = 0.
3 ∀x , y , z ∈ R, d(x , z) 6 d(x , y ) + d(y , z)(Inégalité
triangulaire) ;d(x , z) = |x − z| = |x − y + y − z| 6
|x − y | + |y − z| = d(x , y ) + d(y , z).

Plus généralement, une distance sur un ensemble E est une application


de E × E dans R+ qui vérifie les trois propriétés précédentes.
Un ensemble E muni d’une distance est appelé espace métrique. En
particulier (R, d) est un espace métrique.

Les nombres réels Distance usuelle dans R / 25


On forme un nouvel ensemble R en adjoignant à R deux nouveaux
éléments notés +∞ et −∞.
Définition
R = R ∪ {−∞, +∞} est appelé droite réelle achevée.

On prolonge l’opération d’addition à R en posant :

∀x ∈ R, x + (+∞) = +∞ et x + (−∞) = −∞ (+∞) + (+∞) = +∞


et (−∞) + (−∞) = −∞

Remarque
L’opération (+∞) + (−∞) n’est pas définie.

Les nombres réels La droite réelle achevée R / 25


On prolonge l’opération de multiplication à R en posant :

∀x ∈ R∗+ , x × (+∞) = +∞ et x × (−∞) = −∞


∀x ∈ R∗− , x × (+∞) = −∞ et x × (−∞) = +∞
(+∞) × (+∞) = (−∞) × (−∞) = (+∞ = et
(−∞) × (+∞) = (−∞).

Remarque
Les opérations 0 × (+∞) et 0 × (−∞) ne sont pas définies.

Enfin on prolonge à R la relation d’ordre 6en posant :


∀x ∈ R, −∞ 6 x ; x 6 +∞ et −∞ 6 +∞.

Les nombres réels La droite réelle achevée R / 25

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