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Nombre réels (2) : Axiome de la borne sup

0.1 Axiome de la Borne Supérieure (ABS)

0.1.1 Partie majorée - Partie minorée

Définition 1. Soit A ⊂ R

• A est dite partie majorée de R ssi il existe M ∈ R tel que ∀a ∈ A, a ≤ M . Un tel M (s’il
existe) est appelé un majorant de A.

• A est dite partie minorée de R ssi il existe m ∈ R tel que ∀a ∈ A, m ≤ a. Un tel M (s’il
existe) est appelé un minorant de A.

• A est dite partie bornée si elle est minorée et majorée.

Exemple :

1. [1, 2[ est une partie bornée de R.

2. N est une partie de R minoré non majorée.


 
n
3. , n ∈ N est une partie bornée de R.
n+1
Ex 1. Soit A ⊂ R montrer que :

A est bornée ⇐⇒ ∃R > 0 tel que ∀a ∈ A, |a| ≤ R

0.1.2 Max(A) - Min(A)

Proposition - Définition : Soit A ⊂ R

• Si A admet un majorant M0 tel que M0 ∈ A alors celui ci est unique, on l’appelle le plus grand
élément de A (ou le maximum de A) on le note pge(A) ou (max(A)).

1
• Si A admet un minorant m0 tel que m0 ∈ A alors celui ci est unique, on l’appelle le plus petit
élément de A (ou le minimum de A) on le note ppe(A) ou (min(A)).

Justification de l’unicité : supposer que A admet deux majorants M0 , M1 ∈ A et montrer que


M0 = M1 . Faire de même pour min(A).

Exemples :

1. min ([1, 2[) = 1, [1, 2[ n’a pas de max.

2. min(N) = 0, N n’est pas majorée donc n’as pas de max.

3. Toute partie non vide de N admet un minimum (pourquoi ?)

4. Toute partie non vide minorée de Z admet un min.

5. Toute partie non vide majorée de Z admet un max.

0.1.3 Sup(A) - Inf(A)

Définition 2. Soit A ⊂ R

• Le plus petit des majorants de A, s’il existe, est appelé la borne supérieure de A, on le
note sup(A).

• Le plus grand des minorants de A, s’il existe, est appelé la borne inférieure de A, on le
note inf(A).

Exemples :

1. inf([1, 2[) = 1 = min([1, 2[), sup([1, 2[) = 2, (on a vu que [1, 2[ n’a pas de max.

2. inf(2N) = 0 mais sup(2N) n’existe pas.


   
n n
3. inf , n∈N = 0, que vaut sup , n∈N ?
n+1 n+1

Axiome de la borne supérieure (ABS) (admis) :


Toute partie non vide de R qui est majorée admet une borne supérieure.

Corollaire :
Toute partie non vide de R qui est minorée admet une borne inférieure.

Preuve : Soit A ⊂ R non vide minorée alors B = {−a / a ∈ A} est non vide majorée et on applique
ABS à B.

2
Proposition 1. (Caractérisation de la borne supérieure)
Soit A ⊂ R non vide, majorée et M ∈ R alors :

(i) ∀a ∈ A, a ≤ M (M majorant de A)

M = sup(A) ⇐⇒
(ii) ∀ε > 0, ∃ a ∈ A, M − ε < a ≤ M

(M − ε n’est pas majorant de A)
ε ε

Preuve : Bon exercice


Corollaire(Caractérisation de la borne inférieure)
Soit A ⊂ R non vide, minorée et m ∈ R alors :

(i) ∀a ∈ A, m ≤ a (m minorant de A)

m = inf(A) ⇐⇒
(ii) ∀ε > 0, ∃ a ∈ A, m ≤ a < m + ε (m + ε n’est pas minorant de A)

ε ε

Preuve : exercice

Remarque : Soit A ⊂ R non vide, majorée (resp.minorée) donc sup(A) (resp.inf(A)) existe on a
deux cas

1. Si sup(A) ∈ A (resp.inf(A) ∈ A) alors max(A) = sup(A) ( resp. min(A) = inf(A))

2. Si sup(A) ∈ / A (resp.inf(A) ∈
/ A) alors max(A) (resp. inf(A)) n’existe pas.
 
1
Ex 2. A = / n ∈ N ∗ déterminer les majorants, les minorants de A, sup(A), inf(A), max(A) et min(A)
n
s’ils existent.

0.2 Applications de l’ABS

0.2.1 Propriété d’Archimède

Ex 3. 1. En utilisant l’ABS vérifier que N est une partie de R non majorée.

2. En déduire la propriété d’Archimède :

∀x ∈ R, ∃n ∈ N tel que x ≤ n

0.2.2 Partie entière d’un réel

Théorème-définition :
∀x ∈ R, ∃!k ∈ Z tel que k ≤ x < k + 1.
L’entier k est appelé la partie entière de x on la note E(x) ou [x].

3
N.B E(x) ≤ x < E(x) + 1.
Exemples :


1. E( 2) = 1, 2. E(−3) = −3, 3. E(−1, 5) = −2 4. E(−π) = −4

Propriétés 1. P1 : ∀x ∈ R, E(x) = max {m ∈ Z /m ≤ x} (2ième définition)

P2 : ∀x ∈ R, E(x) = x ⇐⇒ x ∈ Z

P3 : • ∀x ∈ R, ∃!r ∈ [0, 1[, x = E(x) + r

• ∀x ∈ R, si x = k + r avec k ∈ Z et r ∈ [0, 1[ alors E(x) = k.

P4 : ∀x ∈ R, ∀p ∈ Z, E(x + p) = E(x) + p

Ex 4. Tracer la courbe de la fonction x → E(x).

Remarques (pratique) :

1. ∀k ∈ Z, ∀x ∈ R, E(x) = k ⇐⇒ x ∈ [k, k + 1[.

2. ∀k ∈ Z, ∀p ∈ N∗ , ∀x ∈ R, x ∈ [k, k + p[ ⇐⇒ E(x) ∈ {k, k + 1, ..., k + p − 1}.

Ex 5. Soient x, y ∈ R, montrer que E(x + y) = E(x) + E(y) + ε avec ε = 0 ou 1.

Proposition 2. : (Division par un réel a > 0)


Soit a ∈ R∗+ , pour tout x ∈ R, ∃!(k, r) ∈ Z × [0, a[ tel que x = ka + r
x
(Preuve : prendre k = E et r = x − ka)
a
Noter que r = x − ka ∈ [0, a[ ⇐⇒ ka ≤ x < (k + 1)a.

Application. approximation décimal d’un réel x :


pour n ∈ N∗ , a = 10−n , ∃!kn ∈ Z tel que kn 10−n ≤ x ≤ (kn + 1)10−n .
kn 10−n (resp.(kn + 1)10−n ) est un nombre décimal appelé l’approximation décimal par défaut (resp
excès )de réel x à 10−n près on écrit : x ≈ kn 10−n à 10−n près.

0.2.3 Parties denses dans R

Définition 3. Une partie A de R est dite dense dans R ssi ∀x, y ∈ R, x < y, ∃a ∈ A tel que x < a < y.
c.à.d ∀x, y ∈ R, x < y, A∩]x, y[6= ∅

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Théorème 1. les parties Q, R\Q et D sont dense dans R.

Démonstration. 1. Q est dense dans R :


1
soit x, y ∈ R avec x < y d’après Archimède il existe n ∈ N∗ tel que < n c.à.d 1+nx < ny
y−x
comme nx < E(nx) + 1 = E(nx + 1) ≤ nx + 1 en déduit que :

nx < E(nx) + 1 = E(nx + 1) ≤ nx + 1 < ny donc nx < E(nx) + 1 < ny


E(nx) + 1 E(nx) + 1
ainsi x < r = < y, or r = ∈ Q.
n n
2. R\Q est dense dans R :
√ √
soit x, y ∈ R avec x < y donc x − 2 < y − 2 et d’après la densité de Q il existe r ∈ Q telle
√ √ √ √
que : x − 2 < r < y − 2 donc x < r + 2 < y, comme r + 2 ∈ / R\Q on obtient la densité
de R\Q.

3. D est dense dans R :


1
soit x, y ∈ R avec x < y, soit n ∈ N∗ tel que < 10n et faire comme dans 1) on trouve
y−x
E(10n x + 1) E(10n x + 1)
que : x < < y comme ∈ D on obtient le résultat.
10n 10n

np o
Ex 6. Montrer que H = /p ∈ Z, n ∈ N est dense dans R.
2n
Remarque : Un résultat qu’on peut retenir est que tout sous-groupe de (R, +) est soit dense soit
de la forme αZ.
(H sous groupe de (R, +) ssi ∀a, b ∈ H, a − b ∈ H, voir (T D)).

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