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U.S.T.H.

B Chapitre 2 Coordination SM-ST du module


Faculté des Mathématiques Ensemble des MATH I
Nombres Réels Année universitaire 2021-2022

I. Introduction
Les nombres réels sont utilisés pour représenter n'importe quelle mesure physique (le prix d'un produit, la
durée entre deux événements, la masse d'un atome...)
On dénit les sous-ensembles de R suivants :
I Les entiers naturels, représentés par l'ensemble N.
I Les entiers relatifs, représentés par l'ensemble Z.

a
I Les nombres décimaux de la forme où a ∈ Z, n ∈ N.
10n
p
I Les nombres rationnels de la forme où p ∈ Z et q ∈ Z∗ . L'ensemble des nombres rationnels est
q
noté Q.
I Les nombres
√ algébriques qui sont solutions des équations polynomiales à coecients rationnels, par
exemple : 2 est solution de x − 2 = 0.
2

I Les nombres transcendants qui ne sont pas algébriques, par exemples π et e ......
I Un nombre irrationnel est un nombre réel qui n'est pas rationnel, c'est-à-dire qui ne peut pas s'écrire
p
sous la forme où p ∈ Z et q ∈ Z∗ . La notion des nombres algébriques permet de donner plusieurs
q √ √
nombres irrationnels par exemple : 2, 3.... Les nombres transcendants sont tous des irrationnels.

II. Dénition axiomatique de l'ensemble des nombres réels


II.1 Lois de composition interne

Dénition : Une loi de composition interne notée ? sur un ensemble E est une application de E × E
dans E c'est-à-dire pour tout couple (x, y) ∈ E × E fait correspondre un unique élément de E noté x ? y

? : E × E −→ E
(x, y) 7−→ x ? y

Notation : On note (E, ?) pour désigner un ensemble E muni d'une loi de composition interne ?.

Exemples :
1. L'addition + est une loi de composition interne dans N, Z, Q, R et C.
2. La multiplication × est une loi de composition interne dans N, Z, Q, R et C.
3. La soustraction − est une loi de composition interne dans Z. Par contre, elle ne l'est pas dans N. En
eet 3 − 5 = −2 n'est pas un entier naturel.

II.2 Axiomes algébriques de l'ensemble des nombres réels

On munit l'ensemble des nombres réels R de deux lois de composition interne, l'addition (+) et la multi-
plication (×), les propriétés suivantes sont satisfaites :

1
Propriétés de l'addition :
• L'addition est commutative : ∀x, y ∈ R, x + y = y + x.
• L'addition est associative : ∀x, y, z ∈ R, (x + y) + z = x + (y + z).
• Il existe un élément neutre 0 dans R pour l'addition, tel que, pour tout x dans R, on a
0 + x = x + 0 = x.

• Pour tout x dans R, il existe un élément symétrique noté (−x) dans R tel que
x + (−x) = (−x) + x = 0.

Propriétés de la multiplication :
• La multiplication est commutative : ∀x, y ∈ R, x × y = y × x.
• La multiplication est associative : ∀x, y, z ∈ R, (x × y) × z = x × (y × z).
• La multiplication est distributive par rapport à l'addition :

∀x, y, z ∈ R, x × (y + z) = (x × y) + (x × z).

• Il existe un élément neutre 1 dans R pour la multiplication, tel que, pour tout x ∈ R , on a
1 × x = x × 1 = x.

élément inverse noté x−1 tel que x−1 × x = x × x−1 = 1.


• Pour tout x dans R∗ , il existe un
Conclusion : (R, +, ×) est appelé corps commutatif .

II.3 Axiome de l'ordre

L'ensemble des nombres réels R muni d'une relation d'ordre (≤ ou ≥) est un corps totalement ordonné.
En eet
• ∀x ∈ R, x ≤ x (réexivité).
• ∀x, y, z ∈ R, x ≤ y et y ≤ z =⇒ x ≤ z (transitivité).
• ∀x, y ∈ R, x ≤ y et y ≤ x =⇒ x = y (anti-symétrie).
• ∀x, y ∈ R, x ≤ y ou y ≤ x (ordre total).
Propriétés : Soient x, y, z, t ∈ R.
. x ≤ y et z ≤ t ⇒ x + z ≤ y + t.
. x ≤ y et z ≥ 0 ⇒ x × z ≤ y × z .
. x ≤ y et z ≤ 0 ⇒ x × z ≥ y × z .

II.4 Axiome d'Archimède

Un axiome important relié à la relation d'ordre est l'axiome d'Archimède qui est énoncé d'une manière
générale par :
Axiome d'Archimède
L'ensemble des nombres réels R est un corps Archimédien. Autrement dit :

∀x ∈ R, ∃n ∈ N, n > x.

II.5 Axiome de la borne supérieure

Avant d'énoncer l'axiome de la borne supérieure, nous avons besoin de quelques dénitions du plus petit
et du plus grand élément d'une partie de R et des majorants et des minorants.

2
II.5.1 Maximum et minimum :
Dénition : Soit A ⊂ R une partie non vide de R.
I On dit que α est le plus grand élément de A (ou maximum de A) si et seulement si

α∈A et ∀x ∈ A, x ≤ α.

On note α = max A.
I On dit que β est le plus petit élément de A (ou minimum de A) si et seulement si

β∈A et ∀x ∈ A, x ≥ β.

On note β = min A.
Exemples :
1. Les ensembles N, Z, Q et R ne possèdent pas de plus grand élément.
 
2. L'ensemble N possède un plus petit élément 0 ∈ N min N = 0 car ∀x ∈ N, x ≥ 0 .
3. A = [2, 6] possède un maximum et un minimum, min A = 2 et max A = 6.
4. B =]1, 7[ ne possède ni maximum, ni minimum.
5. C =] − 2, 3] possède un maximum et ne possède pas de minimum, max C = 3 et min C n'existe pas.

II.5.2 Majorants et minorants :


Dénition : Soient m, M deux nombres réels quelconques et A ⊂ R une partie non vide de R.
I On dit que M est un majorant de l'ensemble A (ou A est majoré par M ) si et seulement si

∀x ∈ A, x ≤ M.

I On dit que m est un minorant de l'ensemble A (ou A est minoré par m) si et seulement si

∀x ∈ A, x ≥ m.

I Si l'ensemble A est à la fois majoré et minoré, on dit que A est borné.


Remarques :
• Le plus petit élément de A est un minorant de A et le plus grand élément de A
est un majorant de A.
• Un minorant de A (respectivement majorant de A) peut ne pas être le plus petit élément de A
(respectivement plus grand élément de A), car il n'est pas nécessairement dans A.
• Le plus petit élément et le plus grand élément, s'ils existent, sont uniques.
Exemples :
1. A = [2, 6] est borné, il est à la fois majoré et minoré.
L'ensemble des majorants de A est [6, +∞[ et l'ensemble des minorants de A est ] − ∞, 2].
Ainsi on a max A = 6 et min A = 2.
2. B =]1, 7[ est borné, il est à la fois majoré et minoré.
L'ensemble des majorants de B est [7, +∞[ et l'ensemble des minorants de B est ] − ∞, 1].
Ainsi on a 7 est un majorant de B mais n'est pas un maximum de B et on écrit max B
n'existe pas.
1 est un minorant de B mais n'est pas un minimum de B et on écrit min B n'existe pas.
3. C =] − ∞, 5] est majoré et l'ensemble des majorants de C est [5, +∞[, mais il n'est pas borné car il
n'est pas minoré.

3
II.5.3 Borne supérieure et borne inférieure
Dénition : Soit A ⊂ R une partie non vide de R.
I On appelle borne supérieure de A noté sup A le plus petit élément de l'ensemble des majorants de
A.
I On appelle borne inférieure de A noté inf A le plus grand élément de l'ensemble des minorants de A.
Exemples :
1. A = [2, 6] l'ensemble des majorants de A est [6, +∞[, donc sup A = 6.
L'ensemble des minorants de A est ] − ∞, 2], donc inf A = 2.
2. B =]1, 7[ l'ensemble des majorants de B est [7, +∞[, donc sup B = 7.
L'ensemble des minorants de A est ] − ∞, 1], donc inf B = 1
3. C =] − ∞, 5] l'ensemble des majorants de C est [5, +∞[, donc sup C = 5.
L'ensemble C n'est pas minoré, alors inf C n'existe pas.

Axiome de la borne supérieure


I Toute partie non vide de R majorée admet une borne supérieure.
I Toute partie non vide de R minorée admet une borne inférieure.
Proposition :
Soient A et B deux parties non vides de R, alors
n o
• sup(A ∪ B) = max sup A, sup B .
n o
• inf(A ∪ B) = min inf A, inf B .

 
1
Exercice : Soit A = 3− | n ∈ N , déterminer, s'ils existent, sup A, inf A, min A et max A.
2n + 1
Première méthode
Pour tout n ∈ N, on a
n ≥ 0 ⇒ 2n + 1 ≥ 1
1
⇒0< ≤1
2n + 1
1
⇒2≤3− <3
2n + 1
Donc 2 est un minorant de A et 2 ∈ A( pour n = 0) par conséquent
 min A = inf A = 2.
1
D'autre part, 3 est un majorant de A et 3 ∈
/ A. Comme lim 3 − = 3, alors sup A = 3.
n→+∞ 2n + 1
Le max A n'existe pas (car 3 ∈
/ A).

Deuxième méthode
Cette méthode consiste à utiliser le théorème de la convergence des suites monotones suivant

Théorème 1. (Théorème de convergence des suites monotones)


1. Toute suite (un )n∈N croissante et majorée est convergente vers sa borne supérieure. On a

lim Un = sup{un , n ∈ N}.


n→+∞

2. Toute suite (un )n∈N décroissante et minorée est convergente vers sa borne inférieure. On a

lim Un = inf{un , n ∈ N}.


n→+∞

4
On considère la suite (Un )n dénie pour tout n ∈ N, par

1
Un = 3 − .
2n + 1
On va appliquer donc le Théorème 1, pour trouver les bornes de l'ensemble A. En eet
• Monotonie de la suite (Un )n∈N
Pour tout n ∈ N, on a :
   
1 1 2
Un+1 − Un = 3 − − 3− = >0
2n + 3 2n + 1 (2n + 1)(2n + 3)

donc, la suite (Un )n est strictement croissante.


• Bornes de A
Comme la suite (Un )n est strictement croissante, on a U0 < U1 < U2 · · · < Un , ∀n ∈ N.
On déduit que min A = inf A = U0 = 2.  1 
Étant donné que la suite (Un )n est croissante et majorée par 3 car 3 − < 3, ∀n ∈ N , alors
2n + 1
(Un )n converge vers l = sup A
 
1
l = lim Un = lim 3 − = 3.
n→+∞ n→+∞ 2n + 1

On remarque que 3 ∈
/ A, donc max A n'existe pas.

III. Propriétés fondamentales du corps des réels


III.1 Valeur absolue

On appelle valeur absolue du réel x le réel positif noté |x| déni par

x, si x ≥ 0

|x| =
−x, si x ≤ 0

A(x), si A(x) ≥ 0

Attention : Soit A une fonction réelle, |A(x)| = −A(x), si A(x) ≤ 0
Propriétés : On a les propriétés suivantes
1. ∀x ∈ R, | − x| = |x|.
2. ∀x ∈ R, |x| = 0 ⇔ x = 0.

3. ∀x ∈ R, x2 = |x|.
4. ∀(x, y) ∈ R2 , |x × y| = |x| × |y|.
x |x|
5. ∀x ∈ R, ∀y ∈ R∗ , = .
y |y|
6. ∀x ∈ R, ∀n ∈ N |xn | = |x|n .
7. ∀(x, y) ∈ R2 , |x + y| ≤ |x| + |y| (inégalité triangulaire).
8. ∀x ∈ R, ∀a ≥ 0, |x| ≤ a ⇔ −a ≤ x ≤ a.
9. ∀x ∈ R, ∀a ∈ R, |x| ≥ a ⇔ x ≥ a ou x ≤ −a.
10. ∀(x, y) ∈ R2 , |x| = |y| ⇔ x = y ou x = −y .

5
III.2 Intervalles

Soient a et b deux réels tels que a < b, on dénit dans R les intervalles suivants :
1. Intervalle ouvert ]a, b[= {x ∈ R, a < x < b}
2. Intervalle fermé [a, b] = {x ∈ R, a ≤ x ≤ b}
3. Intervalle semi ouvert à droite [a, b[= {x ∈ R, a ≤ x < b}
4. Intervalle semi ouvert à gauche ]a, b] = {x ∈ R, a < x ≤ b}
5. [a, +∞[= {x ∈ R, x ≥ a}
6. ] − ∞, b] = {x ∈ R, x ≤ b}
7. On note l'ensemble des nombres réels par R =] − ∞, +∞[.
8. On dénit par R l'ensemble R ∪ {−∞, +∞}, appelé droite réelle achevée.

III.3 Les radicaux

Dénition :
√ 1
I Soit x ∈ R+ et soit n ∈ N∗ avec n pair, on appelle racine n-ième de x et on note n
x = x n , l'unique
solution y ∈ R+ tel que y n = x.
√ 1
I Soit x ∈ R et soit n ∈ N∗ avec n impair, on appelle racine n-ième de x et on note n
x = x n , l'unique
solution y ∈ R tel que y n = x.
√ √ √ √
Exemples : 3 8 = 2, 4 81 = 3, 5 3 = 3 5 , 3 −1 = −1.
1

Propriétés :
√ √ √
1. ∀x, y ∈ R+ , n x y = n x n y .
√ |x|, si n est pair

2. ∀x ∈ R, n n
x =
x, si n est impair

III.4 Partie entière

Dénition : La partie entière d'un nombre réel x, notée E(x) (ou bxc ou encore [x]) est le plus grand
entier relatif inférieur ou égal à x.
Autrement dit, pour tout réel x, il existe un unique entier relatif E(x) ∈ Z, tel que

E(x) ≤ x < E(x) + 1.

Figure 1  La courbe représentative de la fonction partie entière

6
Propriétés : Soit x un nombre réel. On a
1. x − 1 < E(x) ≤ x.
2. E(x) = x ⇐⇒ x ∈ Z.
3. ∀k ∈ Z, E(x + k) = E(x) + k.
7
Exemples : E(3) = 3, E(−5) = −5, E(2.8) = 2, E(−3.1) = −4, E = 0.
11

III.5 Quelques formules de base dans R


Formule du Binôme de Newton : Pour tout n ∈ N et pour tout a, b ∈ R
n
X n!
n
(a + b) = Ckn ak bn−k , avec Ckn =
k=0
k! (n − k)!

Les coecients Ckn sont appelés coecients binomiaux (coecients du binôme). Pour calculer ces coef-
cients binomiaux, on peut utiliser le triangle de Pascal suivant : et on obtient par exemples C25 = 10,

H
k
HH k=0 k=1 k=2 k=3 k=4 k=5 k= 6 · · ·
HH
n H

n=0 1

n=1 1 1

n=2 1 2 1

n=3 1 3 3 1

n=4 1 4 6 4 1

n=5 1 5 10 10 5 1

n=6 1 6 15 20 15 6 1

..
.

Table 1  Triangle de Pascal


C34 = 4, C36 = 20, C26 = 15, C13 = 3 · · ·
Remarque : Le coecient binomial vérie pour tout n dans N les propriétés suivantes :
Cnn = 1, C0n = 1, Cnn−1 = n

7
3 3
Exemple :
 
Développer x + 2 et x − 1 .
On a
 3
3 X
x+2 = Ck3 xk 23−k = C03 x0 23 + C13 x1 22 + C23 x2 21 + C33 x3 20 = 8 + 12x + 6x2 + x3 .
k=0
et
 3
3 X
x−1 = Ck3 xk (−1)3−k = C03 x0 (−1)3 + C13 x1 (−1)2 + C23 x2 (−1)1 + C33 x3 (−1)0
k=0
= −1 + 3x − 3x2 + x3 .
n
n(n + 1)
Somme des n premiers entiers : On a ∀n ∈ N, 1 + 2 + 3 + · · · + n =
X
k= .
k=1
2
Somme des n premiers termes d'une suite géométrique : Soit x ∈ R − {1}, alors
n
X 1 − xn+1
xk = 1 + x + x2 + · · · + xn = .
k=0
1−x

n  1 − xn 
X
k 2 n x − xn+1
x = x + x + ··· + x = x = .
k=1
1−x 1−x

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