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ARCHITECT UR 3ES Tel. 071.636 0974
Ext:232
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36 Bedford Square
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|

LE VERRE STRUCTUREL
PETER RICE
HUGH DUTTON

Deuxième édition
mise à jour et augmentée

Architectural Association

54041000010644

17, rue d'Uzès — 75002 Paris


REMERCIEMENTS
Nous voudrions remercier tous les participants et intervenants
qui ont contribué au projet des serres de la Villette:

Les concepteurs
e les associés RFR
Peter Rice; Martin Francis; lan Ritchie.
e l'équipe
Henry Bardsley; Guy Deshayes; Hugh Dutton; Isabelle Cacot;
Nicolas Hargreaves; Nathalie Mussard; Laurent Aguillon;
Gil Besançon; Stefan Rienhart; Gordon Talbot; Etienne Tricot;
Jane Wernick.
Les participants au livre
Peter Rice; Hugh Dutton; Nataly Bancel; Huguette Boutin;
Guy Deshayes; Alain Goustard; Thierry Lafont; Jacques Lucan:;
John Macmin; Birgit Malagon; Guillemette Morel Journel;
Mariette Muller; Nicolas Prouvé; lan Ritchie; Emily Stephenson:;
Daniel Treiber.
La maïtrise d'ouvrage
EPPV (Etablissement public du parc de la Villette).
La maîtrise d'œuvre
Adrien Fainsilber, architecte; ALGOE: RFR; SATOBA, SGTE.
Le bureau de contrôle
SOCOIEC:
Les entreprises
GTM, contractant général pour la Cité des sciences
et de l’industrie.
CFEM (devenue aujourd'hui Eiffel constructions métalliques),
contractant principal pour les serres.
Fournisseurs et sous-traitants de la CFEM:
Boussois, verre; C8F, nœuds moulés; Fonderies Manoir,
diverses pièces moulées; Fossier Allard, équipements
de maintenance; Masselin, ressorts; PMB et Balliman, miroiterie;
Pont à Mousson, tubes réalisés par coulée centrifugée; Sarma,
fixations mécaniques du verre; Souchier Fages, systèmes
de ventilation; Tecnor, câbles; Voisin, métallerie.

Cet ouvrage a été élaboré à partir d’une recherche réalisée


pour le Plan lieux de travail et constructions publiques, direction
de l'Architecture et de l'Urbanisme, ministère de l'Equipement.

Nous exprimons également notre reconnaissance


aux personnes qui ont participé à la mise à jour de l'ouvrage:
Patrick Dallard (OAP), Marie-Laure Mathé, Claire Mazelet,
Philippe Moseley et Nicolas Prouvé (RFR),
Guillemette Morel Journel (Editions Le Moniteur),
ainsi qu'aux maîtres d'œuvre, aux maîtres d'ouvrage
et aux entreprises des quinze réalisations présentées
dans la postface.

La deuxième édition mise à jour et augmentée de ce livre


a bénéficié du soutien de la firme Asahi Glass, Tokyo.

Maquette: Richard Medioni

© 1995 Publications du Moniteur, Paris.


(Première édition, 1990).
Tous droits réservés
ISBN 2-281-19085-4
SOMMAIRE

a aEaEZLEaELELEEEE a ————————

4 AVERTISSEMENT de l'éditeur.

5 AVANT-PROPOS. Les serres de la Cité des sciences et de l’industrie, par Adrien Fainsilber.

6 PRÉFACE. Les serres et la question de la transparence.

17 ALBUM PHOTOGRAPHIQUE.

24 INTRODUCTION. Philosophie et méthode du projet.

32 CHAPITRE 1. Le verre et ses détails de fixation.

42 CHAPITRE 2. Le système de suspension du vitrage.

62 CHAPITRE 5. Le raidisseur en câbles.

76 CHAPITRE 4. La structure et les performances globales d'une serre.

94 ANNEXES.

94 Le climat à l’intérieur des serres.

98 Les équipements d'entretien.

100 Spécifications.

101 Calendrier du projet des serres.

102 DESSINS D'EXÉCUTION.

109 POSTFACE. Le verre structurel dans d’autres projets.

111 Passerelle Lintas, Paris.

113 Galerie de vidéos, Groningue.

114 Grande Nef des collines nord, Paris - La Défense.

116 Banque populaire de l'Ouest et de l’Armorique, Montgermont.

120 Auvent public, Verdun.


Class. 6 ®) | ' 122 E ; N a 2
açade d'accès au CNIT, Paris - La Défense.

Acc. SL 3D3 124 Serres du parc Citroën, Paris.


Added 2
5 a) 27s 127 Expériences japonaises.

| 130 Atrium de l'immeuble 50, avenue Montaigne, Paris.

Locn, L- 134 Pyramide inversée du Grand Louvre, Paris.

136 Siège social de Channel 4, Paris.

138 Gare d’interconnexion TGV, Roissy.

142 Façade occidentale de la cathédrale, Lille.


AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR

Avec le Verre structurel, Peter Rice et Hugh Dutton mieux de sa nature même. La démarche de Peter Rice
nous permettent d'appréhender les problèmes liés à approfondit en cela bien des questions relatives à l’art
une nouvelle utilisation d’un matériau. Peter Rice ne de bâtir: l'architecture est toujours partie prenante du
considérait plus le verre comme un matériau inerte développement d’une culture technique en constante
mais bien comme un matériau qui, lorsqu'il est correc- évolution.
tement mis en œuvre, réagit et résiste aux efforts: on Près de cinq ans après la parution de la première
prend dès lors en compte, en adoptant une attitude qui édition, dont le succès a attesté le besoin d’information
peut au premier abord paraître paradoxale, ses qualités technique détaillée sur des expériences innovantes res-
structurelles. L'exemple qui illustre de manière privilé- senti par les architectes, cette nouvelle édition, revue et
giée cette démarche est celui des serres de la Cité des augmentée par Hugh Dutton, permet de mesurer
sciences et de l’industrie de la Villette. Pour la première l'actualité et la fécondité architecturales de la technique
fois, en 1986, la mise en œuvre sans menuiserie de mise au point dans les serres de la Cité des sciences.
support de surfaces vitrées de grande dimension y fut Plus de quarante nouvelles pages, où sont analysées
expérimentée. quinze réalisations faisant appel à des déclinaisons du
Peter Rice et Hugh Dutton décrivent dans ce livre la système mis au point dans ce projet fondateur, témoi-
réalisation d’un ouvrage exceptionnel. Plus encore, ils gnent de la richesse de cette rencontre aboutie entre
expliquent avec précision et rigueur leur méthode et l’art de l'ingénieur et l’art de l'architecte. Elles sont
leur philosophie de conception; ils mettent en lumière aussi une manière de rendre hommage au très grand
les difficultés et les obstacles rencontrés. Ce récit de la bâtisseur du xx° siècle que fut Peter Rice, qui nous a
réalisation d’un ouvrage résolument novateur, qui éta- prématurément quittés en 1992.
blit des relations privilégiées entre le monde du bâti-
ment et celui de l’industrie, devient ainsi l'exposé pas- N.B. Pour une meilleure compréhension du propos de
sionnant d’une démarche intellectuelle et technique Peter Rice et Hugh Dutton, nous avons conservé cer-
dans une situation de dépassement des conceptions tains éléments de vocabulaire anglais qui n’ont pas
traditionnelles. S'il nous aide à percer les mystères d’équivalents exacts dans la langue française.
d’une haute technologie, le Verre structurel est un livre Ainsi, le terme design renvoie, certes, au dessin (et
didactique, riche d'enseignements mobilisables lors de pas seulement au dessin de mobilier où d'objets), mais
la conception ou de l'observation d’autres projets. plus encore au projet dans ses dimensions tant
En utilisant le verre, Peter Rice et l’équipe de RFR conceptuelle que constructive.
visent à un objectif essentiel: celui de conférer une De même a-t-on maintenu, parmi les concepts
transparence maximale à la paroi vitrée. Cet objectif propres au travail de RFR sur le verre, le substantif
nécessite de minimiser, sans toutefois nuire à leur lisibi- anglais prediction, que le français «prévision» affaibli.
lité, la présence des éléments de fixation et de contre- Il s'agit certes, ici, de prévoir ce qui va se passer. Mais
ventement, pour, au contraire, exalter la planéité et ce raisonnement doit être inspiré et soutenu par une
l’'évanescence de la surface de verre. intuition, voire une sympathie, avec la nature intrinsèque
La rationalité constructive aboutit ici, sinon à une du phénomène. La predictability désigne la capacité du
dématérialisation, du moins à une raréfaction de la concepteur à connaître par avance comment le maté-
matière. Celle-ci est obtenue en faisant travailler le riau réagira et à quel type de sollicitation il pourra
verre aux limites de ses capacités mais, surtout, au répondre.
AVANT-PROPOS

LES SERRES
DE LA CITÉ DES SCIENCES
ET DE L’INDUSTRIE

La Cité des sciences et de l’industrie est entourée par des bâtisseurs de la Sainte-Chapelle. L'aspect précieux
Un parc urbain, sur un site unique de la capitale sillonné des pièces d'assemblage s'allie à la sobriété de la
par plusieurs canaux. composition pour donner une impression monumen-
Le parti architectural découle d’une réflexion à tale de légèreté et de pureté. Les raidisseurs en câbles
l'échelle du site et de son environnement pour établir précontraints sont disposés horizontalement pour que
des relations privilégiées entre le musée et le parc, la transparence soit quasi totale à hauteur d'œil. La
affirmant ainsi la complémentarité entre la science et surface extérieure est lisse et continue. La structure
la nature. des serres s'est sans cesse allégée tout au long des
Pour que le parc devienne le prolongement naturel études menées par Peter Rice et ses collaborateurs,
du musée, nous avons voulu que la façade sud soit pour devenir presque immatérielle. J’insiste sur ce fait
ouverte sur le parc et la plus transparente possible, par car il est exceptionnel: en effet, les contraintes impo-
opposition à la façade nord, côté ville, relativement fer- sées engendrent le plus souvent une redondance des
mée. || devenait important de contrôler les apports dispositions structurelles pour répondre aux impératifs
solaires; nous avons donc proposé, lors du concours, de sécurité.
trois grandes serres qui avaient pour but: de créer un Les serres de la Villette font partie intégrante des
espace tampon; de récupérer l'énergie solaire; d'inté- présentations permanentes des technologies nou-
grer la végétation à l'intérieur du musée. La façade bio- velles; elles s'inscrivent dans la stratégie de la Cité des
climatique que nous voulions la plus transparente pos- sciences qui est de faire découvrir aux Français la
sible devenait le «trait d'union» entre le musée et le grande aventure industrielle d'aujourd'hui et de demain,
parc. Les ascenseurs vitrés intégrés à cette «double d'aider à mieux vivre les mutations actuelles au seuil
peau» offraient aux visiteurs du musée une découverte d’une nouvelle ère industrielle marquée par l’informa-
du parc. tique et l’audiovisuel, et de développer la créativité et
Peter Rice et son équipe ont magistralement traduit l'innovation.
cette volonté de composition architecturale en réalisant Adrien Fainsilber, architecte.
ces ouvrages avec le minimum de «matière», à l’image Février 1990.

WITHDRAWAL APPROVED
BY THE AA COUNCIL

[@x.
PRÉFACE

LES SERRES
ET LA QUESTION
DE LA TRANSPARENCE

Petite histoire d’un grand projet


La création d'un musée national des Sciences, des
Techniques et de l'Industrie à la Villette fut proposée
en 1978 par le président de la République Valéry Gis-
card d'Estaing. Il fut décidé de reconvertir à cet effet
l'ensemble comprenant les abattoirs (construits dans
les années soixante, mais jamais achevés), la salle des
ventes et les halles du marché désaffecté en un musée
entouré d'un parc. L'idée était de créer un musée se
situant à mi-chemin entre le Science Museum de
Londres et l'Air and Space Museum du Smithsonian
Institute de Washington dont Paris ne possédait, jus-
qu'alors, pas l'équivalent.
Un concours restreint fut lancé en 1980. Le projet
retenu, celui d'Adrien Fainsilber, réhabilite les abattoirs
et les entoure d'un parc géométrique classique; il ut
lise les douves traversant le parc pour placer le bâ
ment dans un contexte formel incluant l'eau. Le projet
prévoyait sur trois des quatre travées donnant sur le
parc une grande structure vitrée; une à l'ouest et deux
autres à l'est de la quatrième travée recevant la zone
d'accueil. Un musée des Sciences et de l'Industrie
étant appelé à exprimer des éléments comme la lu-
mière, l'eau et l'énergie solaire, la structure de ces
serres allait permettre d'introduire ceux-ci dans le bâ-
timent et de souligner le contact entre musée et parc.
Une serre intérieure renvoyant la lumière vers le bas
du bâtiment fut même prévue, mais abandonnée en
cours de projet.
En toiture, douze coupoles d'un diamètre de 18 m
couronnaient chaque travée du bâtiment. Elles étaient
conçues en référence au siège social de la Johnson
Wax (Frank Lloyd Wright, Wisconsin, États-Unis, 1936-
1939) et permettaient un éclairage zénithal de la ga-
lerie sur tout le niveau supérieur du bâtiment. En cours
de conception ces coupoles ont été remplacées par
deux coupoles placées au-dessus de la zone centrale
d'accueil. Maints changements intervinrent à la suite du
concours et à la demande de Valéry Giscard d'Estaing;
ainsi, l'intégration de la Géode à l'intérieur du bâtiment
| bag
PRÉFACE

Maquette du projet
de concours (1980) de musée
national des Sciences, des
Techniques et de l'Industrie
d'Adrien Fainsilber.

fut souhaitée, de même que la suppression de l'éclai- cier, dans le cas présent, au «style» architectural
rage zénithal sur l'accueil, qualifié de «protubérance high-tech — s'accentua au fur et à mesure que le
disgracieuse contraire au goût français». Mais ces projet évoluait. L'utilisation du verre et sa mise en
changements répondaient aussi aux demandes des œuvre innovatrice exprimaient — en termes de cons-
conservateurs du musée; en effet, au fur et à mesure truction — la nature du musée et de ce qu'il expose.
de l'évolution du projet, ceux-ci définissaient et pré- Cette technicité est devenue par la suite un motif do-
cisaient l'utilisation des espaces ainsi que la nature minant du projet: la création d'un bâtiment dont les
des rapports souhaités entre le bâtiment et le parc. éléments reflètent le meilleur de la technologie cou-
La principale modification du projet après 1981 rante de la construction française.
concerne l'abandon du parc conçu par Adrien Fainsil- Peu de temps après avoir gagné le concours, Adrien
ber, qui fit l’objet d'un concours séparé. Le programme Fainsilber invita Peter Rice à participer au projet. Ce
de ce concours et le projet lauréat de Bernard Tschumi dernier, dont l'association avec Renzo Piano venait
(en 1983) conservaient du projet initial de parc les d'être dissoute, accepta et se mit au travail sur les
douves et le traitement des abords immédiats du mu- structures des serres, sur les coupoles et sur la serre
sée; le bâtiment lui-même ne subissal aucune modi- intérieure initialement projetée. En effet, ces trois pro-
fication; les serres restaient elles aussi inchangées jets concernaient des objets architecturaux indépen-
dans leur conception et dans leur fonction architectu- dants exigeant chacun un projet détaillé et suscep-
rale. La structure sphérique à revêtement d'acier iInoxy- tibles d'être étudiés en contact direct avec l'architecte:
dable construite en face de l'entrée du musée — la autrement dit, ils ne nécessitaient pas une équipe trop
Géode — devint, avec les serres et les deux coupoles importante, qui aurait été appelée par là même à tra-
du hall d'accueil, une des images fortes du bâtiment. vailler sur d'autres parties du bâtiment.
L'architecte du projet, Adrien Fainsilber, avait défini Peter Rice proposa à Martin Francis, dont il connais-
les serres comme un espace de transition entre le sait l'expérience des structures vitrées et qui était
bâtiment et le parc, et les souhaitait aussi lumineuses résident français, de s'associer à lui: ensemble, ils
et transparentes que possible, inspirées de la tech- invitèrent ensuite l'architecte lan Ritchie.
nologie de pointe du verre qui avait été utilisée pour Peter Rice est ingénieur de structure de formation:
le siège social des assurances Willis Faber and Dumas il travaille dans ce domaine depuis de nombreuses
(Norman Foster, Ibswich, Angleterre, 1974). Le carac- années et a notamment participé à l'opéra de Sydney
tère «technique» des serres — qui n'est pas à a550- (Jorn Utzon, 1963) en tant que conseil et ingénieur
PRÉFACE

chantier et au centre Georges-Pompidou (Renzo Piano


et Richard Rogers, Paris, 1977) en tant qu'ingénieur
en chef et concepteur de la structure acier.
Martin Francis a conçu la façade vitrée des bureaux
de Willis Faber. Il est depuis quelques années archi-
tecte naval sur la Côte d'Azur, spécialisé dans les
grands voiliers.
lan Ritchie est architecte. || a rencontré Martin Fran-
cis lors du projet de Willis Faber et a travaillé égale-
ment avec Peter Rice chez Ove Arup and Partners à
Londres.
Les différentes formations et expériences des mem-
bres de l'équipe informent la conception des serres.
Le projet final est le résultat d'une collaboration étroite
entre Adrien Fainsilber et l'équipe de RFR, renforcée
pendant le projet par Henry Bardsley (un ingénieur qui
avait travaillé avec Peter Rice chez Ove Arup et Piano
+ Rice) et Hugh Dutton (un jeune architecte diplômé
de l'Architectural Association School de Londres).
Chaque projet architectural est avant tout le déploie-
ment d'efforts conjoints. Dans le cas des serres no-
tamment, l'ensemble du projet est trop complexe pour
être maîtrisé par une seule personne — que ce soit
l'architecte, l'ingénieur où l'entrepreneur. Confiance et
communication sont donc essentielles, et seule une
mise en commun des connaissances et des compé-
tences individuelles permet d'aboutir à un projet de
qualité. Certes, l'histoire des serres pourrait être ra-
contée différemment par chacun des membres de
l'équipe; notre description tente cependant de rendre
compte de la contribution de tous les participants.
À l'intérieur du processus de conception et de réa-
lisation d'un édifice, l'architecte tient un rôle clé. |l est
le chef d'équipe du projet. C'est lui qui définit le
concept et les priorités, qui cadre et accentue les ob-
jectifs esthétiques ainsi que les propositions accep-
tables. Toutes les solutions techniques doivent être
approuvées par lui. Une communication constante
entre l'architecte et les autres membres de l'équipe
est donc indispensable pour que les parties se rejoi-
gnent et contribuent à une création d'ensemble et pour
que les exigences fonctionnelles soient clairement tra- Si la présente relation porte sur les serres, ce n'est La passerelle surplombant
pas parce que leur dimension où leur caractère les douves rejoint l'accueil du
duites en termes de bâtiment. musée entre deux serres.
Cette courte description de l'histoire du projet a pour «spectaculaire >» y invitent, mais parce qu'il s'agit d'un
but de montrer, d'une part le fonctionnement de cette objet spécifique où les objectifs sont clairs et dont on
communication, d'autre part l'ampleur d'un tel projet peut facilement montrer le fonctionnement.
et la nécessité de confiance et de coopération réelle La complexité du travail effectué sur les serres se
entre entreprises, concepteur et maître d'ouvrage. retrouve au niveau de l'ensemble du bâtiment du mu-
Dans le cas des serres, rien n'aurait pu être fait si les sée. L'ampleur et la diversité des problèmes de design
fabricants de verre et les entreprises n'avaient parti- qu'elles soulèvent reflètent la composition de notre
cipé activement à leur mise au point — et ceci dès le société et la somme des connaissances nécessaires
début du projet. pour créer quelque chose de neuf. Tout doit être

—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"———
PRÉFACE

En haut contrôlé et motivé: et c'est ici qu'interviennent l'archi-


Les procédés de fixation
du verre au Moyen Age.
tecte et les autres chefs de projet.
En bas L'objectif de ce livre est de présenter la pensée qui
Verrières occidentales a conduit au projet des serres. Les lignes qui suivent
xI® siècle) de la cathédrale situeront le projet dans le contexte historique du
de Chartres.
concept architectural de transparence. L'introduction
présentera ensuite la méthode et la philosophie qui
l'ont guidé; les éléments clés en sont: la prediction,
le processus et la hiérarchie.

La transparence au fil du temps


Certaines périodes de l'histoire du verre sont particu-
lièrement pertinentes pour la notion de transparence
architecturale. Elles seront évoquées selon trois points
de vue différents : la transparence unilatérale, la trans-
parence bilatérale, et l'expression propre de la surface
transparente. Pourquoi ce regard historique sur la
transparence ? Parce qu'il retrace et illustre un des
objectifs fondamentaux de la serre. La description des
différents types de transparence permis par les an- 3 D Errn
ciennes techniques de fabrication du verre donnera au
lecteur une idée plus précise de ce que l'équipe de
conception entend par «transparence».
Avant même que le verre existe, la première utili-
sation de fenêtres dans l'architecture remonte à un
besoin de faire pénétrer le jour à l'intérieur d'un bâti-
ment. C'est la définition de la transparence unilatérale,
où le verre représente simplement un moyen d'éviter
que la pluie n'entre et que la chaleur ne s'échappe.
La notion de transparence bilatérale intervient dès
lors que l'on accorde de l'importance à la vue vers
l'extérieur : par exemple, la vue sur un jardin aménagé
en fonction de celle-ci devient un élément délibéré de
la composition architecturale. Enfin, lorsque l'expres-
sion propre de la surface transparente est partie In-
tégrante de la composition, un intérêt particulier est
porté au verre en tant que matière et à la façon dont il
est tenu.

Transparence unilatérale
Dans les temps les plus reculés, des ouvertures
étaient pratiquées dans les murs afin de faire rentrer
a lumière du jour à l'intérieur des bâtiments. L'utili-
sation du verre pour les fenêtres permit ensuite à la
fois la pénétration de la lumière et la protection contre
es intempéries. Les premières techniques de fabri-
cation du verre au Moyen Age réduisaient ses possi-
biltés d'utilisation. Elles permettaient d'obtenir des
pièces découpées de très petite dimension seulement,
PRÉFACE

et exigeaient une structure support extrêmement den-


se. Le châssis devenait donc un élément primordial
dans la conception de la fenêtre et on exploitait, vu de
l'intérieur, le potentiel esthétique de la silhouette des
menuiseries. Les pans de verre étaient assemblés par
du plomb formé en H puis scellés avec un mastic
liquide à base d'huile. En outre, le verre ainsi obtenu
restait opaque; les surfaces n'étaient pas lisses, et la
matière était pleine de petites imperfections et de
colorations. Ces deux contraintes techniques — la
dimension et la clarté des pièces de verre — limitaient
les possibilités d'une fenêtre à une transparence
unilatérale.

Transparence bilatérale
L'amélioration progressive des techniques de fabrica-
tion du verre permit de prendre en compte le facteur
«vue vers l'extérieur». La netteté de l'image perçue
de l'autre côté du vitrage dépend en premier lieu de
l'égalité de la surface du verre, ensuite de la dimension
des pièces de verre et, finalement, de la pureté du
matériau (absence de décolorations, de bulles d'air ou
d'impuretés).
Au xvil® siècle, la fabrication du verre plat sut ré-
pondre à la demande croissante de transparence. Le
procédé courant consistait à couler le verre fondu sur
une table métallique chauffée puis à l'égaliser au rou-
eau pour obtenir une épaisseur égale. Les rouleaux
et la table laissant des marques sur la surface, le pan-
neau de verre devenait tout juste translucide et de-
mandait un polissage laborieux jusqu'à l'obtention
d'une surface parfaitement lisse et transparente.
La transparence des panneaux vitrés autorisait les
architectes à tenir compte, dans leurs projets, de
a vue vers l'extérieur; l'environnement pouvait
donc jouer un rêle important dans la composition des
espaces intérieurs.
L'apparition de fenêtres ouvrantes favorisa la
communication du dedans avec le dehors; la trans-
parence obtint alors une nouvelle dimension — bila-
térale. Le château et les jardins de Versailles (vers
1670) en offrent un exemple; à l'époque de la cons-
truction du château, l'usage de carreaux vitrés pour
les fenêtres était largement répandu et constituait un
élément indispensable de l'architecture. Les fenêtres,
relativement grandes, étaient tenues dans des cadres
En haut: en bois munis de charnières; ceux-ci comportaient des
Fenêtre gothique d'une maison moulures ornementales à l'intérieur et un petit retour Château de Versailles
à Béziers. En haut
à l'extérieur. Le verre était fixé sur ce cadre par une
En bas : La cour de marbre.
La fabrication du verre plat
bande de mastic formant un joint étanche — détail En bas :
à la fin du xvI° siècle. aujourd'hui courant. Les menuiseries des baies

11
PRÉFACE

Princive du Pilkington float Les dimensions des panneaux de verre augmen-


system. tèrent avec le développement de la technologie du
verre: l'architecture exploita cette nouvelle liberté
dimensionnelle.
bain de métal liquide rouleau A l'époque du mouvement moderne, les panneaux
de verre plat de grande dimension réduisirent consi-
Les jeux de transparence
dérablement et, dans certains cas, éliminèrent même
entre les volumes participent le cadre de support. Lorsqu'elles étaient nécessaires,
de la «promenade les menuiseries pouvaient être en profils de métal —
architecturale» mise
en œuvre par Le Corbusier
donc très minces.
dans la Villa Savoye. La fabrication industrielle du verre date du début de
ce siècle. Le procédé Fourcault (breveté en 1904)
consistait à extraire un plan de verre fondu d'un bain
métallique par étirage vertical au moyen de rouleaux
recouverts d'amiante. Presque simultanément, le pro-
cédé Libbey-Owens (breveté en 1905) améliora cette
technique en permettant l'étirage horizontal. Ces tech-
niques ont été améliorées tout au long du siècle, et
ceci de la façon la plus significative par la Pittsburgh
Glass Company (PPG) : ce groupe inventa un procédé
d'étirage du verre par des rouleaux refroidis à l'air, où
la feuille de verre est retenue par les bords seulement,
ce qui élimine toute détérioration de la surface par les
Grâce à un grand pan
rouleaux. *
de verre plat, le paysage
pénètre à l'intérieur L'invention, en 1952, du Pilkington float system ré-
de la Maison à Seeburg volutionna la production de verre: le verre fondu est
(Hans Hofmann, Lucerne,
coulé sur un bain d'étain en fusion; il se répand et
Suisse, 1950),
flotte comme de l'huile sur de l'eau en une pellicule
égale. Il est ensuite extrait en bande continue par des
rouleaux. Le métal ne comportant aucune imperfec-
tion, la surface du verre n'a pas besoin d'être polie.
Les architectes du mouvement moderne exploi-
tèrent ces progrès techniques dans des réalisations
de transparence bilatérale de plus en plus impres-
sionnantes.
«L'angle transparent» du bâtiment du Bauhaus
(Walter Gropius, Dessau, RDA, 1926) constitue un
exemple célèbre d'expression de l'idée du regard tra-
versant un bâtiment.
L'usage de grandes surfaces
de verre tenues par des
La recherche d'espaces aérés et clairs et d'un
menuiseries de section contact plus direct avec la nature est un autre thème
minimale crée une sensation important du mouvement moderne: l'exemple type en
d'ambiguité spatiale entre
est la Maison Farnsworth (Mies Van der Rohe, Plano,
le dedans et le dehors dans
la Maison Farnsworth. linois, 1945-1950).
L'idéal de grandes surfaces vitrées ininterrompues
est cependant réalisé de la façon la plus spectaculaire
a la Maison de la radio (Henri Bernard, Paris, 1953-
1963). Mais un panneau de verre de la dimension de
ceux utilisés pour ce bâtiment est sujet soit à la flexion
(due à la pression des vents), soit au flambement (dû
au poids propre du verre). Le système Hahn qui y est
adopté résout ces deux problèmes de manière très
<
PRÉFACE

!
4|
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00 0 2

Ci-dessus :
La transparence de l'angle
du bâtiment du Bauhaus.
Ci-contre :
Le système Hahn de glace
suspendue.

simple : pour résister à la flexion, des raidisseurs ver-


ticaux en verre sont fixés perpendiculairement au plan
du vitrage. Pour résister au flambement, le pan de
verre est simplement suspendu comme un rideau, et
donc constamment en tension. Le verre est tenu par
une série de pinces fixées à des balanciers, assurant
une répartition égale des charges sur tous les points
de suspension.
Ces exemples illustrent une volonté (et son accom-
plissement) de création d'une surface à la fois imper-
méable aux intempéries et évocatrice d'un plan invi-
sible, où la pénétration de la lumière ainsi que la vue
vers l'extérieur sont garanties.

Expression de la surface transparente


Un troisième aspect de la transparence est lie à la
présence (ou à la «non-présence») de la surface à
travers laquelle on regarde. La «transparence» im-
plique une vision à travers quelque chose; le specta-
teur est donc appelé à prendre conscience du plan
vitré à travers lequel il regarde. Les architectes se sont

13
PRÉFACE

Le Crystal Palace. parfois attachés à exploiter les potentiels sculptural La Villa Savoye (Le Corbusier, Poissy, Yvelines, 1929)
A gauche: et de composition de la surface vitrée et de son ossa- est un travail sur la transparence et ses incidences sur
Vue intérieure (fin 1850) la composition spatiale. La grande baie courbe du rez-
ture. Cette préoccupation existe depuis longtemps
avant l'installation des
produits exposés. — l'exemple des baies des cathédrales gothiques le de-chaussée est rythmée par des montants verticaux
A droite: montre. Les quelques exemples qui suivent représen- espacés de 22 cm. On obtient ainsi une surface trans-
L'opération de changement tent chacun un «exercice» de transparence particuliè- parente mais non plane très intéressante. La répétition
des vitrages du transept
en 1899. rement intéressant. des montants définit la courbe de la surface dans
Le Crystal Palace (Joseph Paxton, Londres, 1851), l’espace, cette courbe étant ainsi à la fois présente et
cette vaste nef de verre, illustre la notion de transpa- absente (à cause de la transparence du verre). Le reste
rence spatiale. Les premières réalisations industrielles de la villa exprime une ambiguïté entre intérieur et exté-
de la production de masse et les prouesses techniques rieur; les fenêtres en longueur sont ainsi continues tout
qu'elles représentaient y étaient présentées. Sur une autour du premier étage, et ce même dans le cas de la
charpente métallique légère et réalisée avec une rapi- terrasse, où elles ne sont pas vitrées mais vides.
dité remarquable, des panneaux vitrés de remplissage L'interpénétration des espaces se manifeste particuliè-
sont fixés. lci, le verre n’a pas de rôle structurel. rement entre le séjour et la terrasse.
Le Pavillon de verre (Bruno Taut, Cologne, Alle- Dernier exemple, la Palm House (H. et D. Bailey,
magne, 1914), qui abritait des expositions sur l'indus- Bicton, Angleterre, 1843). Il s’agit d’une serre au
trie du verre, illustre la même idée, mais à une échelle volume central considérable flanqué de deux ailes. La
beaucoup plus réduite. Il présente de manière didac- surface transparente, verre et montants, forme une
tique l’ensemble des matériaux en verre alors dispo- peau très délicate, la structure support primaire étant
nibles: les murs, le sol, le dôme et même l'escalier sont réduite à un minimum absolu. Des fragments de verre
en verre. Le verre est employé structurellement comme très petits sont fixés dans des profils courbes: on
un matériau de construction, donc porteur. L'intérêt de obtient ainsi une forme lisse et arrondie. Le verre
cette réalisation réside dans son travail sur l’idée de assure à lui seul le contreventement latéral des profils: il
placer le visiteur dans un espace entièrement vitré, afin remplit donc un rôle structurel. L'ensemble verre + pro-
qu'il perçoive les subtiles modulations de la peau exté- fils forme une coque transparente semblable à une
rieure sous la lumière naturelle. La transparence devient carapace d'animal qui fournit par elle-même sa stabilité
ici tridimensionnelle. structurelle. Le fait de minimiser l'impact visuel des élé-
mm

14
PRÉFACE

Les serres de la Palm House ments de support augmente au maximum la transpa-


de Bicton.
rence unilatérale et bilatérale. En même temps, la sur-
face transparente trouve son expression propre par la
mise en œuvre particulièrement économique des frag-
ments de verre et des petits profils métalliques dans
une peau lisse et légèrement courbe.

Transparence et réflexion
La transparence du verre dépend des quantités rela-
tives de lumière de chaque côté de la surface vitrée.
S'il y a plus de lumière sur la face du côté de l’observa-
teur, alors le plan devient réfléchissant. Si, en revanche,
il Y a plus de lumière de l’autre côté du pan vitré, le
verre devient transparent.
Ce phénomène est très perceptible dans l'immeuble
Bruno Taut fait un usage réalisé en 1994 boulevard Raspail, à Paris, par Jean
exclusif et didactique du verre Nouvel pour la Fondation Cartier. Le ciel derrière l'écran
dans le pavillon réalisé pour de verre y constitue la source de lumière dominante. Si
l'exposition de Cologne.
une grande surface vitrée est utilisée, l'observateur ne
peut voir que rarement l’intérieur d’un bâtiment
— lorsqu'il est éclairé de l’intérieur — car il y a toujours

GRANITE
MULLIONS
AND SILLS

TRANSLUCENT
MARBLE

ELEVATION SE RE
BEINECKE
RARE BOOK AND MANI
uso RIPT LIBRARY
SECTION 1
74-10" NEW HAVEN, CONNECTICUT 1/4"=1-0"
ARCHITECTS. SKIDMORE, OWNINGS AND MERRILL
MARBLE NEW YORK, N.Y
=

MARBLE PANEL

h | GASKET
1 RESILANT SHIMS
|

H un

Ci-contre, à droite
et page suivante: TT
Les panneaux de marbre
translucide de la Beinecke
Rare Book and Manuscript GRANITE MULLION
Library de l’université de Yale AND SILL

sont tenus par des meneaux MARBLE PANEL

en béton préfabriqué qui


confèrent une modénature PARTIAL ELEVATION 2 | PLAN3
vigoureuse aux façades 3/4°=1 0" 3/47=1 -0"

extérieures et intérieures.

15
PRÉFACE

plus de lumière dehors que dedans. || ÿ a également pour la sérigraphie et l'impression de points de peinture
toujours plus de lumière dans le ciel, même par temps émaillée sur la surface vitrée. Le travail sur le verre de
couvert, qu’au niveau du sol, où elle est comme absor- Norman Foster pour son immeuble de bureaux à
bée par l’environnement. Si l’on regarde une surface Stockley Park (1989) est l’un des tout premiers
vitrée de biais, le ciel s’y réfléchit, comme dans la pyra- exemples de cette technique.
mide du Grand Louvre: elle n’est pas totalement trans-
parente en vertu du même phénomène.
Développements futurs du pan de verre
Les Surfaces lumineuses en architecture
À côté du plan transparent et réfléchissant de verre Les techniques de fixation du verre et d'exploitation de
clair, il est intéressant de considérer le rôle des surfaces ses qualités structurelles, qui sont présentées dans ce
lumineuses en architecture. Il s’agit d'un autre outil livre, ont permis l'élimination des éléments structurels
architectural, lié à l'usage du verre ou de tout autre du pan de verre. Cela représente un potentiel important
matériau translucide. Ainsi, le marbre et l’albâtre ont été d'expressivité architecturale car, jusqu'ici, les surfaces
employés depuis l'Antiquité pour créer des plans lumi- lumineuses où transparentes restaient dominées par la
neux. Ce fut le cas dans l’ancienne église Saint-Pierre présence des menuiseries qui étaient nécessaires pour
du Vatican (vers 800 apr. J.-C.) et, plus récemment, les tenir.
dans la Beinecke Rare Book and Manuscript Library, Les profils d'acier ou d'aluminium, aussi fins soient-
réalisée en 1963 à Yale par Gordon Bunshaft (SOM). ils, et même les raidisseurs de verre entachent la pureté
Dans les années 80, Arata Isozaki a utilisé des feuilles naturelle des surfaces de verre, en créant un relief qui
d’onyx blanc en façade dans la bibliothèque de son fait saillie sur le plan transparent ou réfléchissant. Le fait
musée d'art contemporain de Los Angeles. Les der- de les supprimer a créé un nouveau vocabulaire archi-
nières technologies en matière de découpe de pierre tectural: une pure et parfaite surface de verre transpa-
permettent de laminer des pellicules de marbre d'une rente, lumineuse ou réfléchissante, pouvant atteindre
minceur pouvant atteindre 1 mm et de les coller sur du 20 à 30 m de haut.
verre, créant ainsi des surfaces particulièrement lumi- Certaines des dernières applications de cette tech-
neuses et riches. nique, comme la très grande façade totalement raidie
Pour revenir au verre, le verre translucide existe par des câbles de l’atrium de l'immeuble réalisé en
depuis de longues années. || peut être sablé ou, s'il est 1993 au 50, avenue Montaigne, à Paris, présenté dans
feuilleté, muni d’un intercalaire translucide. Récem- la postface de ce livre, tendent à en explorer le potentiel
ment, on a observé un engouement des architectes architectural.

16
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Ci-dessus:
Grandes et petites serres
Page de gauche: du parc Citroën,
Club privé, Tokyo, 1992. Paris, 1992.
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Ci-dessus: Page de droite:


Pyramide inversée du Grand Louvre, Gare d'’interconnexion TGV,
Paris, 1993. Roissy, 1994.
È
INTRODUCTION

PHILOSOPHIE
ET MÉTHODE DU PROJET

La transparence afin que celui-ci reste lisible sans interruption : ils sont
fraisés — ainsi, aucun élément ne fait saillie hors de
Du point de vue spatial, l'ambition du projet des serres la peau extérieure du verre.
était d'obtenir un maximum de transparence unilatérale Le volume même d'une serre et sa transparence
et bilatérale, c'est-à-dire de rendre l'espace intérieur totale signifient que la lumière peut pénétrer à l'inté-
de la serre aussi lumineux que possible et d'accorder rieur de celle-ci selon des angles très divers. Vu de
à la vue, tant depuis l'extérieur que depuis l'intérieur l'extérieur, la quantité de lumière derrière le vitrage est
et à travers le bâtiment, une place primordiale. donc toujours considérable. Aussi la lumière n'est-elle
Du point de vue architectural, il faut rappeler que jamais purement réfléchie, comme elle le serait dans
l'idée de base — qui fut précisée lors du projet de le cas d'un miroir; l'espace prend ainsi un caractère
concours — était de donner à la serre la fonction d’une d'immatérialité. La quantité de lumière venant de part
zone de transition entre le musée et le parc. La trans- et d'autre du vitrage variant beaucoup, un effet de
parence spatiale de la serre est exploitée dans la pers- balancement constant entre immatérialité et réflexion
pective d'une ambiguïté spatiale : c'est un lieu où l'on de la surface vitrée est créé.
ne se trouve ni à l'intérieur ni à l'extérieur, à la fois On l'a dit, trois thèmes clés — le processus, la
dans le musée et dans le parc. prediction et la hiérarchie permettent en fait de saisir
Enfin, le design du vitrage vise à sensibiliser le pu- les spécificités conceptuelles d'un projet comme celui
blic au plan transparent : son système de fixation tra- des façades suspendues des serres de la Villette.
duit l'intention d'accentuer la présence du verre, tout
en lui donnant un caractère d'évanescence. L'œil per- 1. Processus
çoit, depuis l'intérieur, une série de points et de lignes
(les fixations et les câbles) qui définissent un plan dans Il est important de comprendre le processus de
l'espace; depuis l'extérieur, le plan vitré est en re- conception du projet des serres pour bien l’apprécier.
vanche matérialisé par une peau parfaitement lisse et Celui-ci consiste à acquérir une compréhension claire
ininterrompue. et logique du comportement de la structure, à garder
La vue depuis l'intérieur est donc dominée par la constamment en vue les objectifs esthétiques et à se
présence de la structure support : le volume vitré est familiariser avec les possibilités offertes par le monde
comme dématérialisé, il est perçu à travers son reflet. industriel, tout en veillant à ce que le projet n'échappe
La lumière intérieure étant plus faible que la lumière pas au contrôle du concepteur. Ces contraintes exi-
extérieure, le vitrage n'est plus visible depuis l'intérieur gent un travail rigoureux et suivi.
puisqu'il n'y a pas de reflet. En outre, tous les détails La serre n'est pas simplement une bonne idée pen-
du système de fixation sont conçus pour accentuer la sée puis finalisée dans l'abstrait. Elle est le résultat
planéité de la surface vitrée. d'une longue recherche menée pour comprendre le
La vue depuis l'extérieur est au contraire dominée comportement du verre ainsi que des fixations, câbles
par un phénomène de réflexion de la lumière sur le et structures qui le portent. Le projet a évolué avec
vitrage, puisque la lumière extérieure arrivant sur le l'accroissement de ces connaissances. À chaque étape
verre est plus forte que celle provenant de l'intérieur de la conception, les résultats obtenus ont été compa-
de la serre et du musée. La présence du verre est rés avec les objectifs esthétiques et architecturaux, et
donc perçue à travers sa capacité de réflexion. Tous les décisions nécessaires prises en fonction de ces
les détails de suspension «respectent» le plan lisse objectifs. Ce type de projet appartient à la fine fleur
du vitrage (qui représente l'objet principal du concept), des produits industriels : les avions, les voitures, les

———_—…—…—…"…"—"…"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—Ù—

29
INTRODUCTION

machines et même les skis sont conçus de cette ma- du système. Au cours de ces essais, des améliorations
nière. Le fait que le processus de conception soit un considérables ont été apportées à cette partie parti-
mélange de recherches, d'informations, d'usage, d'ex- culièrement critique du vitrage. Des visites à l'usine
périence et de la concrétisation d'objectifs esthétiques Boussois à Bobigny ont donné lieu à une collaboration
est caractéristique de notre époque et de la nature de étroite entre l'équipe du projet et le fabricant et ont
l’industrie moderne. Trop souvent, le projet esthétique abouti à la définition d'un gabarit de perçage adapté
se réduit au revêtement superficiel d'un produit conçu (voir infra, chapitre 1, p. 32).
d’abord pour remplir correctement une fonction.
+ Le détail de fixation du vitrage:
Pour parvenir à une meilleure intégration entre pro-
jets esthétique et fonctionnel, certains, voire tous les l'entreprise Unibal, fabricant de rotules à embout sphé-
comportements doivent être compris et manipulés par rique standard, a été consultée au sujet de cette pièce
le concepteur. Les architectes et les ingénieurs tra- en début de projet; ce sont ses premiers prototypes
vaillant dans le bâtiment se trouvent dans une position qui nous ont convaincus de la faisabilité de cette pièce.
privilégiée pour réaliser cette fusion : en vertu de l'usa- Puis la société Sarma, un constructeur d'équipement
ge et de la loi, ils détiennent le contrôle des projets — aéronautique, en a assuré la mise au point détaillée et
Un plan vitré est transparent immeubles et ouvrages d'art — dont ils sont res- les a finalement réalisées (voir infra, chapitre 1, p. 29
ou opaque et réfléchissant en ponsables. IIS disposent des moyens de compréhen- et sqq.).
fonction de l'angle selon lequel sion et de traitement de l'information nécessaires au
on le regarde : il oscille - Les pièces moulées du système de fixation du verre :
toujours entre immatérialité contrôle de la conception et de la réalisation du projet.
et présence. Mais lorsqu'on en vient à l'exécution, l'initiative l'idée de ces pièces est née après une visite au salon
passe dans les mains des fabricants et des entre- aéronautique du Bourget et une prise de contact avec
prises. Ceci n'implique pas que les produits industriels ATS France SA, fabricant de pièces pour l'aéronau-
soient mauvais — ils peuvent être fonctionnels, et tique. Cette entreprise-a contribué, avec son savoir-
même esthétiques. Mais les objectifs des entreprises faire et ses connaissances, à la mise au point des
diffèrent de ceux du concepteur, et sont souvent trop pièces. Les visites de ses usines et la compréhension
conservateurs etréducteurs. Dansle passé, de grands du procédé de fabrication ont à nouveau permis le
concepteurs, tels Jean Prouvé ou Pier Luigi Nervi, ont perfectionnement des pièces (voir infra, chapitre 2, p.
rejoint l'industrie et créé dans ce cadre même. La 47 et sqq.).
conception et la réalisation des serres représentent un
* Le moulage du nœud de l'ossature métallique d'une
petit exemple d'approche alternative.
serre :
Que les entreprises soient prêtes à s'engager et
capables de coopérer, cela ne fait aucun doute. Elles lors de la conception, les Fonderies de l'acier de l'Est
se montrent souvent prêtes à encourager aventures et nous ont beaucoup aidé à comprendre les exigences
expériences. Mais il faut qu'elles soient convaincues des techniques de fonderie par rapport à la forme
au départ de la faisabilité du projet. Leur scepticisme recherchée pour cette pièce. Le marché fut finalement
s'explique par le fait qu'elles sont elles aussi respon- attribué à l'entreprise de moulage C3F, qui nous a
sables de tout ce qui sera construit. Dans le cas de la invités à visiter son usine pour que nous saisissions
Villette, la CFEM (aujourd'hui appelée Eiffel construc- mieux la complexité de ses processus de fabrication
tions métalliques), Boussois, le bureau de contrôle et, par là même, quelles étaient les formes réalisables.
Socotec et les autres entreprises concernées ont joué, Ces informations ont eu une influence considérable
dès les premiers jours de leur participation au projet, sur la conception. L'entreprise disposait par ailleurs de
un rôle important dans sa mise au point. Elles avaient programmes informatiques de calcul des formes mou-
accepté le défi et, une fois engagées, elles ont colla- lées complexes. Le projet détaillé de la pièce et les
boré positivement à sa réalisation. Les cas de coopéra- mises au point du design ont été réalisés par l'entre-
tion positive entre concepteurs et entreprises ne man- prise (pour une description détaillée de cette pièce,
quent donc pas : quelques exemples, décrits ci-dessous voir infra, chapitre 4, p. 78 et sqq.).
de façon plus détaillée, illustrent cette synergie. D'une manière générale d'ailleurs, cette approche
«interactive» a donné lieu à de curieux «mariages»
* Le détail du trou dans le verre et le perfectionnement
entre des entreprises qui n'avaient jamais travaillé
des opérations de perçage: :
ensemble. Ainsi des fabricants de vitrage sont-ils
la CFEM et Boussois ont mené conjointement la cam- entrés en relation avec le monde de l'aviation ou de la
pagne d'essais nécessaires pour prouver la faisabilité construction métallique lourde.
2 22|

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Les serres cherchent


a sensibiliser le public
à l'existence du plan
transparent : le système
de fixation du verre traduit
l'intention d'accentuer la
présence de celui-ci tout
en lui donnant un caractère
d'évanescence. 7772
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INTRODUCTION

La transparence de Ja serre est


Ces exemples de collaboration positive entre Des matériaux de construction plus courants comme
exploitée dans la perspective
d'une ambiguïté spatiale : elle concepteurs et entreprises n'entament toutefois en l'acier, le bois, le béton, etc., ont une certaine résis-
contribue à définir un lieu où rien la nécessité d'un contrôle rigoureux de l'architecte tance à la propagation des fissures. De petites fissures
l'on ne 5e trouve ni à à toutes les phases du projet. Le seul aspect négatif ou fêlures peuvent se produire à l'intérieur d'eux sans
l'intérieur ni à l'extérieur,
à la fois dans le musée et
de ce type de collaboration réside dans la rigueur du pour autant provoquer de rupture, parce que leur struc-
dans le parc. système contractuel qui régit le monde du bâtiment. ture moléculaire résiste à la propagation des fissures
Un marché courant demande une description claire et (grâce à la résistance au point d'amorce de celles-ci).
détaillée du travail à exécuter. Avant la signature du Or le verre ne possède pas ces qualités. En termes
contrat, l'entreprise ne reçoit aucune rémunération de conception, cela signifie qu'il faut s'assurer des
pour sa participation au projet; et, après la signature, forces et distorsions auxquelles le verre est soumis.
toutes les modifications ou améliorations apportées Du fait de leur ductilité, les matériaux de construction
ouvrent la voie aux réclamations et autres coûts sup- courants s'avèrent très tolérants aux concentrations
plémentaires. Les documents contractuels doivent être d'efforts locaux et aux discontinuités de support : ainsi,
rédigés de manière à laisser au projet une certaine des assemblages en acier peuvent être boulonnés de
liberté d'évolution sans pour autant entraîner des sur- manière rigide, puisqu'un certain fluage dans le ma-
prises financières. tériau compensera les concentrations importantes
d'efforts.
2. Prediction Rien de cela n'est vrai pour le verre, où toute force
ou distorsion excédant la résistance linéaire mène à la
Pour comprendre le concept des serres, il est néces- rupture. Dans la construction de verre courante, ce
saire de comprendre les caractéristiques physiques et problème a été résolu par l'ajout d'une substance
structurelles du verre. En effet, une logique très claire souple et absorbante entre le verre et sa fixation, par
lle les solutions finalement adoptées aux propriétés exemple des joints ou des patins en caoutchouc.
physiques du verre. Dans la réponse finale, aucun Dans le projet des serres, l'approche fut différente.
élément n'est arbitraire. Chaque joint, chaque embout Le principe de fixation a été conçu pour que le che-
témoigne d'une réflexion sur la façon dont le verre minement des efforts soit partout clairement analy-
travaille. Ainsi, outre son propos d'insister sur l'idée sable. Les efforts dans le verre y ont ainsi été prévus
de transparence et de créer un espace immatériel, le avec exactitude pour tous les cas de charges. La
concept suit un principe directeur, la prediction. conception des assemblages à rotules aux points de
Chaque pièce de la structure, chaque détail a été fixation du verre et des systèmes de suspension à
déterminé en fonction d'une prévision exacte du ressorts illustre ces principes. L'évaluation des exi-
comportement de la structure sous charge. Autant que gences à satisfaire par le matériau en fonction de son
possible, le projet essaie d'indiquer comment les char- comportement «prévisible» en cas de charge a per-
ges sont transférées dans les parties de la structure, mis d'exprimer les caractéristiques physiques inhé-
d'isoler les fonctions propres à chaque élément et de rentes au verre et de mettre en valeur la transparence
rendre compréhensible le fonctionnement de chaque et la légèreté de l'ensemble.
assemblage. Cette approche facilite la prediction des
performances que l'on peut attendre du système — si 3. Hiérarchie
importante lorsqu'il s'agit d'un matériau fragile comme
le verre. Ainsi, en cas de bris d'un module vitré, il est Un troisième concept est à l'œuvre dans les serres. Il
simple de calculer analytiquement la création de char- s'agit de celui de hiérarchie.
ges qui en découle. L'idée de hiérarchie dans une structure désigne le
Le principe de prediction est applicable à n'importe fait que tous les éléments qui la composent entretien-
quelle conception de surface vitrée; il consiste à sup- nent les uns avec les autres une relation naturellement
primer l'incertitude sur le fonctionnement du projet, en correcte. Dans le cas des serres de la Villette cela
éliminant ceux de ses éléments dont le comportement signifie que chaque partie, chaque section, est im-
structurel pourrait être ambigu ou peu clair. Ce principe médiatement identifiable comme faisant partie inté-
est particulièrement pertinent pour la structure des grante de la logique de l'ensemble du bâtiment. Les
serres : le verre est un matériau qui reprend les char- structures naturelles ont aussi cette propriété.
ges simples et linéaires jusqu'au seuil où l'amorce Chaque partie d'un chêne croît selon la même lo-
d’une fracture se produit, qui provoque ensuite une gique hiérarchique que le reste de l'arbre. Seule
cassure quasiment explosive. l'échelle du phénomène change. On retrouve à l'œu-

2x
INTRODUCTION

vre les mêmes règles, que ce soit à une « macroé- ci-dessous par ordre décroissant, de l'ensemble au Le design du plan vitré
respecte rigoureusement
chelle» où à une «microéchelle». || est au demeu- détail :
le concept de hiérarchie : du
rant facile de comprendre pourquoi il en est ainsi dans — l'ossature tubulaire de la structure: vitrage et ses fixations (voir
notre environnement naturel. — le raidisseur en câbles; infra chapitre 1) au système
Il est important, quoique moins aisé, de se souvenir — le système de suspension du vitrage; de suspension (chapitre 2),
au raidisseur en câbles
de ces règles et relations dans notre environnement — le vitrage et ses détails de fixation. (chapitre 3) et jusquà la
bâti, spécialement lorsqu'il s’agit de structures simples Aucun élément n'est affecté par le comportement structure (chapitre 4), chaque
et monofonctionnelles comme les serres. On doit trou- de celui quile précède dans cette échelle hiérarchique. élément est immédiatement
identifiable comme faisant
ver ces règles pour comprendre commentla hiérarchie En revanche, chaque élément subit la charge de ceux
partie intégrante de l'ensemble
et la cohésion de la structure fonctionnent. qui lui sont subordonnés hiérarchiquement, et doit de l'ouvrage.
Dans le cas des serres, l'une de ces règles est la pouvoir supporter les efforts créés par ceux-ci sous
nécessité de predictability. Cela signifie une concep- des conditions extérieures variées.
tion et un dessin des parties jusque dans leurs détails Ainsi, tous les éléments de la hiérarchie se trouvent
susceptibles de garantir qu'à chaque décision prise au service du plan vitré et de ses détails de fixation;
sur un détail, les parties sollicitées seront toujours les ils sont définis par le module de verre qu'ils suppor-
mêmes. tent, aussi convient-il de commencer la description par
Un autre aspect de cette recherche de la hiérarchie cet élément, c'est-à-dire en partant du bas de l'échelle
a trait au changement d'échelle. Certaines parties de hiérarchique :
l'ensemble reprennent des charges importantes sur 1. La surface vitrée, perceptible à travers sa réflexion,
de longues portées. D'autres portent de petites pièces est tenue en une série de points de fixation dont les
bien précises. || convient de ne pas les confondre. détails sont identiques. Ces détails sont caractérisés
Elles existent toutes deux et doivent être lisibles pour par une tête fraisée surdimensionnée qui les rend li-
leurs fonctions propres tout en étant perçues comme sibles et confère une présence au plan vitré:
appartenant à une même logique d'expression. 2. Le système de fixation du vitrage est conçu dans
Les travaux récents des mathématiques du fractal ses détails en vue de donner au visiteur l'impression
voient dans ce phénomène une clé fondamentale de d'un rideau de verre suspendu. Les ressorts du sys-
l'environnement naturel et des structures naturelles. tème de suspension et la pièce verticale de l'assem-
L'enchaînement décroissant des parties d'une struc- blage à quatre points retenant le vitrage sont claire-
ture forme un ensemble soigneusement combiné où ment exprimés;
le plus petit et le plus grand des éléments sont direc- 3. Le système des raidisseurs en câbles minimise le
tement reliés. L'exclusion drastique de tout élément plus possible le contreventement du vitrage; le spec-
où matériau superflu ou inadéquat est une étape im- tateur peut ainsi percevoir le plan vitré et non le qua-
portante de la recherche d'une hiérarchie correcte- drillage très dense de montants en verre qui constitue
ment aboutie. l'apparence habituelle des systèmes traditionnels
La question clé des serres est celle de la structure. verre suspendu/raidisseurs en verre;
Elle relie toutes les parties de l'ensemble et constitue 4. L'ossature tubulaire suit une trame de 8 x 8 met
le lien et donc le contrôle de la forme. La deuxième est placée juste derrière le plan vitré. Constituée de
question est celle de la tension. Tension dans le sys- tubes d'un diamètre constant de 300 mm, elle est
tème de contreventement, tension dans la structure, contreventée par un système de tirants plus fins.
tension dans le verre, toutes impliquent une manière Grâce à la précontrainte (technique qui sera décrite en
de reprendre les charges qui exprime clairement la détail ultérieurement), ce contreventement consiste
cohésion entre les parties et le tout. Le design découle principalement en barres tendues d'un diamètre
entièrement de ces deux questions. Elles sont les compris entre 30 et 55 mm. La relative finesse de ces
règles qui fondent la hiérarchie de la structure des éléments confère à l'ossature tubulaire son expression
serres. propre.
Le design d'une serre suit une structure hiérar- Les quatre chapitres qui suivent décrivent, dans
chique rigoureuse. Les éléments projetés sont classés l'ordre, chacun de ces éléments.

30
INTRODUCTION
32
CHAPITRE 1

LE VERRE
ET SES DÉTAILS DE FIXATION

Les propriétés du verre verre, la compression totale qui s'exerce en n'importe


quel point de la section vitrée doit être égale à la ten-
Le verre couramment utilisé est aussi résistant à la rup- sion totale. La compression des couches externes a
ture que certains aciers doux. || reste néanmoins fra- pour effet de protéger le verre contre les amorces de
gile, c'est-à-dire qu'il n’a ni la capacité de résister à la fracture.
fissuration (toute amorce de fissure se propage immé- Si les charges subies par le verre ne créent pas une
diatement et entraîne une fracture totale) ni celle de tension suffisante en surface pour «vaincre» la com-
résister aux chocs, parce qu'il n'a aucune ductilité sus-
Le boulon articulé conçu pour
ceptible d'absorber l'énergie à court terme. L'amorce les serres permet d'assurer la
de fissure peut provenir d'accidents quotidiens tels que fixation du vitrage dans son
le rayage ou la projection d'un objet tranchant. C’est propre plan.
pourquoi un panneau vitré d'usage courant est tenu
par ses bords et protégé des contraintes locales dans
ses zones les plus fragiles.
Pour parer à cette fragilité du verre, l’industrie a
développé avec le temps un nombre important de
techniques visant à le renforcer. Ces techniques ne
modifient pas la nature du verre mais peuvent, soit
augmenter le seuil de résistance à partir duquel une fis-
sure se développe, soit lui incorporer des matières
complémentaires; elles-mêmes ductiles, celles-ci
absorbent l'énergie et empêchent donc la fracture
totale, même si une amorce de fracture s’est produite
dans un module. Parmi ces techniques, les trois plus
courantes sont celles du verre trempé, du verre laminé
et du verre armé. Pour différentes raisons, nous avons
choisi pour les serres de la Villette le verre trempé.

Le verre trempé
Le durcissement du verre est obtenu par son échauf-
fement lent jusqu'à une température comprise entre
650 °C et 750 °C (selon le fabricant), puis par refroidis-
sement rapide par soufflage d'air froid sur ses deux
faces. Les couches externes du verre sont ainsi refroi-
dies et rétractées beaucoup plus rapidement que
l’intérieur (dont la rétraction plus tardive viendra com-
primer les premières, déjà figées). Une contrainte est
donc créée dans l’épaisseur du verre: les couches
externes sont en compression et la partie interne en
tension. En l'absence de charges appliquées sur le
EE mme

33
1. LE VERRE ET SES FIXATIONS

Coupe sur une feuille de verre compression Compte tenu de la volonté de suspendre le verre
trempé : les couches externes
de la serre, le choix du verre trempé s'imposait donc.
sont en compression,
la couche interne est tendue.
tension Une des conséquences de ce choix fut l'obligation
d'effectuer tous les percements et usinages avant la
compression
trempe : tout perçage ou coupe après la trempe aurait
amené une rupture du régime de contrainte entre la
pression existante, aucune fracture ne naïîtra. En vertu couche interne et les couches externes, laissé la
du même principe, le verre résiste aux objets pointus couche interne sans protection et accéléré la fissura-
et aux chocs. Si une charge extérieure devait tion et la fragmentation instantanée du verre.
«Vaincre» la précompression et provoquer la nais- Les autres techniques de renforcement du verre
sance d'une fissure, la zone centrale fortement pré- n'étaient pas adaptées au cas des serres, aucune
contrainte provoquerait la dispersion immédiate des d'elles n'empêchant la propagation des fissures : sile
fissures dans toutes les directions, et le bris total de verre laminé et le verre armé empêchent le verre
la glace (comme dans le cas des anciens pare-brise d'éclater en se brisant, ils ne réduisent pas pour autant
de voitures). le risque de fissuration.
Un second avantage du verre trempé est manifeste Nombre de facteurs peuvent causer une variation
dans le cas où le verre est soumis à une tension du niveau de précontrainte dans le verre trempé: la
importante et permanente — ce qui est le cas du verre température du four, le temps de cuisson, le temps de
suspendu. En effet, à l'état non trempé, le verre flue refroidissement. La dureté du verre (déterminée par le
et perd sa résistance sous une telle charge perma-
nente. La résistance à long terme (un an où plus) du
verre ainsi chargé s'élève environ au tiers de sa résis-
tance initiale ou à court terme. A cela s'ajoute sa pro-
pension à propager les fissures. Donc, des panneaux
de verre non trempé soumis à une charge permanente
sont susceptibles de subir une cassure instantanée.
En revanche, lorsque le verre est trempé, les couches
externes sont en compression permanente. La ten-
dance du matériau à propager les fissures est ainsi
contrecarrée.

Ci-dessus :
Des déformations dues à des
charges importantes peuvent
causer un changement d'angle
entre le vitrage et ses fixations.
Ci-contre :
Sous des charges extrêmes
(ici, de vent) les raidisseurs
en câbles peuvent subir une
flèche de 40 mm.

34
1. LE VERRE ET SES FIXATIONS

niveau de trempe) s'apprécie à l'aide d'un instrument rencontre entre le verre et son système de fixation.
appelé réfractomètre, qui mesure la différence entre Toutes les charges, aussi bien le poids propre du verre
l'angle de réfraction de la lumière à travers la couche que les charges extérieures (vent, chocs, etc.) vien-
en tension et celui à travers les couches en compres- nent se concentrer sur la zone autour des trous.
sion du verre. Compte tenu de sa nature spécifique, le verre de-
llexiste deux types de base de fours pour la trempe mande donc une étude détaillée du trou. La manière
du verre, l'un dans lequel le verre est trempé à la dont celui-ci est percé et la façon dont la charge y sera
verticale, l’autre à l'horizontale. appliquée deviennent des facteurs essentiels de la
Dans le cas de la trempe à la verticale, le verre est capacité structurelle du vitrage suspendu. Il s'agit de
suspendu par une série de pinces disposées le long tirer le meilleur profit de la résistance élevée du verre
de son arête supérieure. Pendant le processus tout en tenant compte de sa fragilité et de sa sensibilité
d'échauffement, le verre fond légèrement, ce qui a aux moindres petites imperfections.
deux conséquences : les pinces laissent de petites
empreintes sur le verre: il se crée une élongation par-
tielle du verre sous l'action de son poids propre. Ceci
Les solutions courantes
provoque de légères imprécisions dans la forme du de fixation du vitrage
vitrage: les trous percés au préalable s'étirent et les Afin de comprendre ces problèmes ainsi que les
chants verticaux s'incurvent légèrement vers l'inté- conséquences du design du trou fraisé, il est utile de
rieur. Ces inexactitudes dimensionnelles posent des décrire ici le comportement d'un trou selon les diffé- Boulon standard :
problèmes dans les assemblages de verre à tolérance rentes options de fixations structurelles possibles. Le poids du verre est repris
serrée, comme ceux de la Villette. L'évocation de cinq systèmes mécaniques de fixation
par la zone autour du trou.

Un four à trempe horizontale — plus moderne — du vitrage sera suivie par une description détaillée du
peut virtuellement éliminer ces problèmes: le verre système finalement adopté pour les serres.
traverse alors le four sur une série de supports rou-
lants. Les dimensions des fours à trempe ont joué un
1. Le boulon standard
rôle déterminant dans le choix de la dimension des
modules des serres de la Villette. La largeur maximale La charge du poids propre du verre se concentre au-
— bien qu'elle varie d'un fabricant à l'autre — est tour des trous dans le vitrage; le verre est solidement
généralement d'environ 2 m. Les modules de vitrage fixé à la structure support. L'assemblage exclut tout
de la serre sont donc tous de 2 x 2 m. mouvement différentiel entre le verre et la structure
support.

La sensibilité des points de fixation: 2. Les plaque et contre-plaque de serrage


dynamique de la structure précontrainte
Ce détail a été utilisé pour le mur-rideau de l'immeuble
Le système raidisseur en câbles des serres sera décrit de Willis Faber. Il représente une amélioration par rap-
en détail dans le chapitre 3. On verra qu'il a une ré- port au boulon standard dans le sens où le poids
sistance considérable, mais qu'il subit des déforma- propre du vitrage n'est pas repris par la seule zone
tions importantes sous des charges extrêmes. Ces entourant le trou. Plaque et contre-plaque sont collées
déformations (et les adaptations de géométrie qui en au vitrage, puis cet assemblage est serré parle boulon.
résultent) lui sont nécessaires pour atteindre sa résis- Le poids propre du verre est repris par son adhérence
tance finale. Les détails de fixation du vitrage doivent sur les plaques et contre-plaques, elles-mêmes étant
donc absorber ces mouvements sans qu'une concen- maintenues par le boulon. Quant au trou (avec ses
tration d'efforts ne s'exerce sur les trous. Un raidisseur petites imperfections dues au perçage), il nest dès
en câbles peut subir une flèche allant jusquà 40 mm lors plus sollicité. Comme dans la solution précédente,
sous des charges extrêmes. Or ces déformations pro- le vitrage est solidement fixé et ne tolère aucun mou-
voquent un changement d'angle entre le verre et ses vement différentiel.
pièces de fixation. Si le verre résiste à ces mouve-
Plaque et contre-plaque
ments, des efforts de flexion seront créés dans le 3. Le simple boulon à tête fraisée de serrage
vitrage autour des trous. Le poids du verre est repris
Le trou est en effet le point le plus sensible d'une Le boulon à tête fraisée permet d'obtenir une surface par collage et frottement su
r

structure de vitrage suspendu, car c'est le point de extérieure plane, ce qui explique son utilisation fré- les plaque et contre-plaque

————_—_—_—_—_—_—_—_—_—

39
1. LE VERRE ET SES FIXATIONS

Simple boulon à tête fraisée : quente dans les salles de squash vitrées. Toutes les
Le poids du verre et les charges appliquées sur le trou (poids propre du verre,
charges se concentrent autour
du trou fraisé.
vent, chocs, etc.) se concentrent sur la petite zone
située autour du trou fraisé. Or, compte tenu de la
fragilité du verre, de fortes concentrations d'efforts en
des points précis ou en des endroits où le perçage
manque de précision peuvent facilement produire la
rupture du verre. A l'instar des solutions précédentes,
cet assemblage ne peut tolérer aucun mouvement
différentiel.

4, l'assemblage à goujon
Ce détail a été étudié au cours de la mise au point du
projet des serres; il permet de reprendre des charges
relativement importantes tout en conservant à la sur-
Assemblage à goujon:
Le poids du verre est repris face extérieure un aspect parfaitement lisse. Le poids
par le goujon. Les autres propre du vitrage est repris par un grand goujon cylin- Boulon articulé :
charges sont reprises par les drique; les charges extérieures horizontales le sont Le vitrage ne reprend aucun
zones autour des trous fraisés. effort de flexion ou de torsion.
par de petites vis à tête fraisée. Celles-ci sont logées
dans un trou surdimensionné permettant leur mouve-
; | ment vertical, ce qui garantit qu'elles ne reprendront
w “> | aucune charge verticale. Dans un système de vitrage
suspendu, le poids est repris dans la zone supérieure
A \ ’ du trou. Plus le trou est grand, plus la surface porteuse
À / est grande et donc la pression exercée sur le verre
N / réduite. L'ensemble plaques, goujon et vis ne per-
à / mettant aucun mouvement différentiel, ce détail a été
N 7 ici couplé à un assemblage articulé afin de fournir la
capacité de mouvement requise.

22p ES 5. Le système Planar de Pilkington


Ce système inventé par la firme Pilkington Brothers
connaît une large diffusion commerciale. || permet au
vitrage un mouvement par rapport à sa structure sup-
Système Planar de Pilkington : port tout en lui conservant un aspect extérieur de sur-
Des rondelles souples placées face absolument lisse. Lorsque les grands modules de
aux points de contact avec la verre se cintrent sous le vent, si le boulon de fixation
structure support permettent
au boulon de bouger par est bien serré sur la structure support, une forte
rapport au Support. concentration d'efforts se produit dans la zone du trou.
Le système Planar de Pilkington laisse au verre en
cours de cintrage et au boulon une liberté de mouve-
ment grâce à l'utilisation de rondelles en matière souple
aux points de fixation avec la structure support.
L'analyse comparative qui précède dégage les pro-
blèmes majeurs liés au design du trou dans le vitrage.
En résumé:
— un système de fixation par points provoque de
fortes concentrations d'efforts;
— le trou dans le vitrage est donc sensible, en parti-
culier s'il est fraisé:

36
1. LE VERRE ET SES FIXATIONS

l'élargissement d'un trou peut réduire l'effort dans écrou autoblocant Nylstop
la surface porteuse:
— desassem articulés blag
peuvent permettre
es d'ab-
Sorber les mouvements différentiels entre le verre et
la structure.
rondelle rondelle de serrage
Les boulons articulés,
intercalaire thermoplastique
une solution qui assure la prediction
Toutefois, si les assemblages articulés se trouvent à
l'extérieur du plan vitré, des efforts de flexion ou de
torsion sont créés dans le verre. Cela se produit aussi embout de fixation à œil
bien dans le cas de l'assemblage à goujon que dans
celui du système Planar de Pilkington. Dans la solution
finalement adoptée pour les serres, celle du boulon
articulé, l'assemblage articulé est positionné dans le
plan du vitrage : cette solution garantit qu'aucun effort
de flexion ou de torsion ne sera repris par le verre. Le
diagramme ci-contre compare les deux positions de
l'assemblage articulé — à l'extérieur ou à l'intérieur du
plan du vitrage. Ceci a été confirmé par les essais qui tête fraisée du boulon articulé
ont dégagé les avantages obtenus en prévenant les
efforts de flexion dans le vitrage. Ils ont comparé le
système de l'assemblage à goujon avec celui des bou-
lons articulés. Les capacités moyennes étaient alors
Ci-dessus :
respectivement de 2 et 4,5 tonnes. Ce dispositif ga- Les éléments composant
rantissant qu'aucun effort de flexion ne peut se pro- le boulon articulé.
duire dans le verre offre au concepteur la prediction
suivante : tous les efforts resteront dans le plan ou
perpendiculaires au plan. Les efforts imprévisibles ou
«parasites» susceptibles d'affecter le système de
fixation sont par conséquent exclus de l'analyse. Le
concepteur sait comment les assemblages travail-
leront. Ci-contre :
Le boulon articulé comprend une tête pivotant libre- * a gauche, dans le système
Planar de Pilkington ou dans
ment sur sa tige. Celle-ci se termine par une sphère l'assemblage à goujon, des
sur laquelle la tête est serrée selon des techniques de : efforts de flexion peuvent
rotule sphérique couramment utilisées dans les do- + être créés dans le vitrage;
à droite, dans le système
maines de la mécanique et de l'aéronautique. La tête à boulon articulé, les efforts
est ensuite usinée jusqu'à l'obtention des détails dé- de flexion sont reportés dans
sirés : partie fraisée, filetage, trous pour clés à ergot, le Support.

etc. Une rondelle filetée se visse sur la tête et la bloque


contre le vitrage. Elle l’est selon un couple de serrage
précis, de sorte que l'assemblage sur chantier ne
puisse produire dans le système des efforts inconnus
où imprévisibles.

L'intercalaire
L’acier ne doit jamais entrer en contact direct avec le
verre : il offrirait à ce matériau une surface trop dure.
C'est pourquoi on utilise couramment une pièce inter-

3%
1. LE VERRE ET SES FIXATIONS

calaire thermoplastique entre le boulon en acier et le


trou du verre. La nature légèrement ductile de l'inter-
calaire garantit que la totalité de la surface porteuse du
trou travaille, et non seulement ses points les plus
de
Faxe
verre
Ï élevés. La tendance au fluage des thermoplastiques
2x @3 trous pour dé pourrait cependant limiter la capacité des fixations
A to (l'acier risque de se trouver à nouveauen contact avec
le verre). Nous avons utilisé de l'aluminium pur, par-
ce que c'est un métal assez doux. Ce choix résulte
LE

| Der
| || efforts mod radi le deL3T]
mai BE TSS
d'études menées par Boussois en collaboration avec
| WT |
| Î || le département central de recherches sur le verre de
| ||
slLL, 78 || ,|2 - la PPG (Pittsburgh, États-Unis). Les métaux durcis-
[RE ____|
| forme
detypeY,
| | |
î = — = |
(Res = EE = | 111 sent avec la contrainte et le temps; l'aluminium doux
| | f = (I |
| = D
hi J
mn

a|l==Slecu
4 a it
ae | CE
de +10 °
|

(] LSSS
|

_ TR
|

HULL NINI ENT


LLLLIITETI
rasage
+

ie — Si- a nn1°
prendra par conséquent l'empreinte du verre et de
toute imperfection provenant du perçage, puis durcira
|
| ||
\u
NI
Ra
| avec le temps, empêchant son fluage à long terme.
| Au & |
5 _— 3 ee = L- JE sas 10, _}iLu6Ss = L'intercalaire est enfin muni d'un revêtement intérieur
“formeorme &t typeZ : | — --+1 en teflon, afin de prévenir la corrosion bimétallique
| fa + 5% entre le boulon en acier inoxydable et l'aluminium de
ï | ntercalaire
R1 7 | etancheen
| #71, 76 END 17,11
l'intercalaire.
ammortisseur | be —t WW
en caoutchouc
compression |
de 40% 293
il
trous pour clé
Process industriel et design
(pour type Ÿ seulement)!

#1
5 \ Intercalaire
(voir nota folio 1/2 pour
La résolution des problèmes techniques liés au trou
26 cnu 17,04 "|
! matiere et traitement) dans le vitrage et au boulon articulé de sa fixation
exigent une compréhension détaillée du design de
fabrication et d'assemblage des éléments utilisés. Une
connaissance de ces différentes étapes permet que
l'une tire profit de l'autre; par exemple, si les procédés
de fabrication sont bien compris, le design peut ex-
ploiter ces connaissances.

Relations avec les entreprises


Un rapport étroit avec les entreprises est un élément
important de la phase de design, qui s'impose avant
même que le concept soit défini. Par exemple, avant
d'exécuter le premier plan d'architecte de la serre, il
est nécessaire de consulter les entreprises sur les
dimensions possibles d'un module vitré. De même,
les questions du positionnement des trous dans le
vitrage, de l'épaisseur du verre, des techniques dis-
ponibles pour la fabrication des pièces d'assembla-
ge, etc., seront résolues grâce à ces consultations.
Une fois le concept fixé, sa faisabilité doit être attestée
Ci-dessus :
A gauche, vue du boulon
par des fabricants puis confirmée par des essais sur
articulé avec les éléments échantillons.
le composant.
A droite, essais de
l'intercalaire : l'empreinte
Essais
En haut: laissée par.le trou dans le
Dessin d'exécution vitrage diffère selon les Le design évolue au fur et à mesure des réactions
du boulon articulé. alliages d'aluminium testés. obtenues lors des essais. Tel concept sera retenu, tel

38
1. LE VERRE ET SES FIXATIONS

Ésaeseeees

7444

SES

39
1. LE VERRE ET SES FIXATIONS

autre rejeté. Les performances d'un principe sont quan-


tifiées empiriquement. La confiance peut ainsi s'établir
pour des solutions qui ne sont pas conventionnelles
et qui n'ont jamais été expérimentées auparavant. Ces
essais apportent la preuve que les performances du
boulon articulé sont supérieures à celles de l'assem-
1°" passage
blage à goujon. Cette pièce illustre parfaitement les
conséquences que des essais peuvent avoir sur l'en-
semble d'un projet.

Fabrication
Les essais montrent également une corrélation entre
la qualité du perçage du trou et les performances de
2° passage
l'assemblage. Le verre doit être percé des deux côtés
en même temps afin d'empêcher l'écaillage du côté
opposé au perçage. Si les mèches des outils de per-
çage ne sont pas parfaitement coaxiales, le trou aura
un épaulement. Sous charge, le trou à épaulement
attire une concentration de contrainte plus forte qu'un
trou lisse, sur lequel la charge se distribue également. eu
Les diagrammes montrent une séquence de perçage
fraisage
typique et le moyen de supprimer le problème de
l'épaulement. Le premier et le deuxième passage de
la perceuse sont conçus pour se rencontrer dans la
zone à fraiser, de sorte qu'avec le troisième passage
ou fraisage toute éventuelle formation d'épaulement
soit éliminée.
L'écaillage de la zone percée peut aussi être causé
par des imperfections résultant du perçage provenant, chanfreinage
par exemple, de l'utilisation d'une mèche émoussée,
de la présence de corps étrangers dans la glace per-
cée ou encore d'une insuffisante lubrification de la
mèche. Un trou à écaillage provoque aussi une distri-
bution inégale des efforts. En outre, l'écaillage entraîne
la fissuration; vu la fragilité du verre, les fissures se
propagent dès la mise sous charge. || est cependant
extrêmement difficile d'éviter l'écaillage autour d'un
trou parfaitement cylindrique.

Montage
I convient de tenir compte de la méthode de montage
En haut:
Essais en traction du vitrage. dans toute démarche de design. La fixation avec bou-
Ci-dessus, de gauche à droite et de haut en bas: lon articulé est complexe et demande un couple de
Les défauts de perçage du verre et leurs serrage contrôlé. Cette opération serait inconcevable
conséquences :
* création d'un épaulement; ou mal exécutée sur un échafaudage par jour venteux.
+ écaillage autour du trou; La fixation avec boulon articulé est donc conçue pour En haut:
* accentuation de l'écaillage après mise en charge; être correctement réalisée au sol dans des conditions Les phases de perçage
.« fissuration complète du verre autour du trou. d'un trou dans le verre.
Le dessin des fractures suit le cheminement
relativement contrôlées. Puis le panneau entier (avec
Ci-dessus :
des efforts causés par les charges appliquées les tiges des boulons saillantes) est hissé et fixé aux Perçage d'un trou avec
sur le vitrage. assemblages par simple opération de boulonnage. projection d'un lait lubrifiant.

40
1. LE VERRE ET SES FIXATIONS

De gauche à droite et de haut


en bas: le montage sur le
chantier, au sol, du boulon
articulé.
En bas à droite, après levage
des modules vitrés, les
boulons sont serrés sur les
supports laissés en attente
d'un assemblage.

41
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42
CHAPITRE 2

LE SYSTÈME
DE SUSPENSION
DU VITRAGE

Le système de vitrage suspendu est fait d'un rideau Chaque module supérieur
de seize modules de verre de 2 X 2 m, accrochés à d'une des quatre bandes
la structure avec le moins de pièces de fixation pos- constituant un panneau est
suspendu en son centre par
Sible. Le vitrage est suspendu en bandes verticales, une pièce clairement
chaque module étant fixé au module supérieur par des identifiable.
petites pièces métalliques. Ce rideau de verre est en-
suite contreventé par un système de raidisseurs en
câbles qui sera décrit en détail dans le chapitre 8.
La réduction du nombre de pièces de fixation offre
d'une part l'avantage évident de minimiser les inter-
ruptions de la vue sur le parc; elle permet d'autre part
au spectateur de prendre conscience du plan vitré en
soi. L'idée de «transparence» implique en effet la
perception de la surface même à travers laquelle on
regarde. Cette perception du plan vitré permet d’ap-
précier la capacité structurelle du verre et de com-
prendre quil est suspendu à lui-même sans autre
moyen de fixation. Cette idée de faire travailler le verre
est essentielle dans la philosophie du design du pro-
jet: la sensibilisation au rêle structurel du verre aide
le spectateur à comprendre que le design est cohé-
rent, que tous les éléments de l'ouvrage sont soli-
daires entre eux.

Le rideau de verre suspendu


Le principe premier, tant au niveau architectural qu'es-
thétique, est l'expression du rideau de verre sus-
pendu, qui régit tous les détails du système. Le fonc- \s

tionnement du système doit en effet être lisible à


travers ses détails et faire sentir au spectateur que le
rideau pend librement. C'est pourquoi les liaisons ver-
ticales entre les modules de verre sont bien visibles:
ainsi en va-t-il du point principal de suspension qui est
muni de ressorts clairement exprimés. La nature dy-
namique du système se trouve au demeurant renfor-
cée par la présence de ces ressorts ainsi que par
l'aspect de tous les assemblages mobiles.

43
2. LE SYSTÈME DE SUSPENSION

Les apports de l'expérience des raidisseurs en verre boulonnés à chaque niveau


L'immeuble de Willis Faber
à lpswich (Norman Foster, de plancher grâce à des fixations coulissantes dans le
architecte) met déjà en œuvre L'origine de cette conception remonte à la façade de sens vertical. La barre supérieure de suspension, bas-
le principe du verre suspendu. verre suspendu de l'immeuble de bureaux de Willis culante, et les fixations coulissantes garantissent que
Selon les heures, le rideau
de verre est totalement
Faber. Le mode de suspension du vitrage qui y est les six modules sont toujours soumis à des charges
transparent ou parfaitement mis en œuvre fut à l'époque tenu pour une innovation. prévisibles. Premièrement, les fixations coulissantes
réfléchissant. En bas à gauche, Ce bâtiment conçu par Norman Foster comprend intermédiaires préviennent la création de toute charge
le volume posé sur la toiture-
trois niveaux principaux réalisés en béton armé et pré- verticale extérieure au système. Deuxièmement, la
terrasse des premiers niveaux
a recours à un système de sente une forme irrégulière en plan. La façade des barre de suspension basculante garantit une bonne
suspension de la façade vitrée trois premiers étages est un rideau de verre continu répartition des charges dans les pièces de fixation tout
légèrement différent de celui suspendu depuis le dernier niveau. Sur le toit, un der- en permettant à chaque bande de modules vitrés de
utilisé dans la façade courbe.
nier volume rectangulaire est réalisé en acier. Celui-ci trouver son équilibre vertical.
a également une façade en verre suspendu, mais ses Le système de suspension du dernier volume en
détails sont traités de façon différente. toiture fonctionne de la même manière, mais la barre
Le rideau de verre des trois premiers étages consis- de suspension basculante y est remplacée par un sys-
te en bandes de six modules de verre suspendus: tème de suspension à balanciers jumelés. Utilisés à
chaque module est accroché au module supérieur, le chaque point de suspension et aux angles du module
plus haut étant boulonné à une barre de suspension de verre supérieur, ces balanciers assurent la réparti-
basculante. Un assemblage de plaques et contre- tion des charges; dans ce cas cependant les points de
plaques de serrage relie un module à l'autre. Le rideau suspension sont localisés aux deux angles supérieurs
est ensuite raidi pour résister aux vents par le moyen des modules et non au milieu de leur arête supérieure.
————————————————————...._

44
2. LE SYSTÈME DE SUSPENSION

Ces deux systèmes de suspension — la barre bas- Ci-contre et ci-dessous :


culante et les balanciers — furent utilisés dans les Les premiers dessins pour les
serres de la Villette reprennent
premiers projets pour la Villette. Dans le premier avant- la solution (adoptée à lpswich)
projet, les raidisseurs en verre sont suspendus au tube des raisseurs en verre.
supérieur de l’ossature d'un panneau de 8 x 8met
fixés au tube inférieur au moyen d'un assemblage ar-
ticulé. Celui-ci permet de s'assurer que le poids d'un
panneau ne sera jamais repris par le tube inférieur,
alors que des charges perpendiculaires au plan de
verre le pourraient. On peut donc calculer chaque tube
pour le poids d'un seul panneau. Les mêmes assem-
blages par plaque et contre-plaque de serrage étaient
alors utilisés pour la fixation du verre.
L'expérience de Willis Faber a fourni la base du
savoir-faire et de la confiance nécessaires au design
d'un système de verre structurel suspendu. Les pre-
miers dessins pour la Villette, marqués par cette ex-
périence, ont servi de point de départ à la mise au déformer la façade avant en forme de losange; chaque Le

point du projet actuel. Ils ont fourni une solution pré- panneau de 8 x 8 m est alors affecté: OS
\
ER
liminaire utile à la compréhension globale du problème — deuxièmement, le tube de suspension situé en
et une base de travail à améliorer. haut de chaque panneau de 8 x 8 m peut se déformer A
Or l'apport fondamental de l'expérience d'Ipswich sous le poids de la neige en toiture et sous les char- nm
est la définition de la philosophie de la prediction. Dans ges d'exploitation des systèmes d'entretien qui y sont
cette philosophie, les concepteurs peuvent prévoir accrochés;
exactement comment les différents composants du — troisièmement, il faut tenir compte des mouve-
projet vont travailler. Tous les assemblages sont donc ments des câbles raidisseurs. Les effets de ces dé-
conçus de sorte à garantir que seules les charges formations sur les trous ménagés dans le verre ont été
spécifiques pour lesquelles ils ont été étudiés, à l'ex- décrits dans le chapitre 1. Des effets similaires sont
clusion de toute autre, leur seront appliquées. Le bou- susceptibles d'affecter le système de suspension du
lon articulé qui a été décrit dans le chapitre 1 illustre vitrage.
bien l'application de ce principe. À Ipswich comme Les deux premières de ces déformations sont les
dans les premiers projets pour la Villette, les fixations plus importantes, parce qu'elles causent une défor-
articulées, les raidisseurs en verre et les liaisons mo- mation du plan vitré suspendu. Chaque module de
biles participent de cette même philosophie. verre restant rigide et parfaitement carré, tout mou-
vement est ainsi concentré aux points de fixation entre
deux modules et entre l'ensemble du rideau de verre
Une structure support souple et la structure support. Les mouvements perpendi-
Willis Faber se distingue fondamentalement du projet culaires au plan vitré (par exemple la déformation
des serres : la structure support du vitrage y est rela- d'un câble raidisseur) se concentrent autour des trous
tivement rigide. À Ipswich, le seul mouvement struc- percées danse vérre:
turel susceptible d'affecter le verre est la déformation
due au fluage des sols en béton et aux charges d'ex- Comment le rideau de verre travaille
ploitation. Dans le cas des serres en revanche, trois
types de déformations doivent être prises en compte : Le principe directeur du design du système de sus-
— premièrement, l'ossature Vierendeel* peut se dé- pension étant la predictability, les pièces de suspen-
former sous l’action de fortes charges dues au vent. sion doivent permettre au concepteur d'assurer la pre-
Les modules latéraux d'une serre sont exposés à des dictionexactede comment chaque panneau travaillera
vents de travers qui, dans des cas extrêmes, peuvent dans les situations de déformation et de mouvement
que l'on vient d'évoquer. Les qualités requises pour
* On appelle poutre Vierendeel (ou poutre échelle) une poutre ne le système de suspension du verre sont très simples :
comportant pas de membrure diagonale de contreventement. La
il doit, d'une part, reprendre le poids propre du verre
raideur de la poutre est obtenue par l'encastrement des nœuds
entre les membrures verticales et horizontales. (charge parfaitement verticale); d'autre part, résister

45
2. LE SYSTÈME DE SUSPENSION

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» | : £ |

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#
«h
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ep ‘é

Ci-dessus : aux charges de vent (parfaitement perpendiculaires au


Les trois types plan vitré). Il ne reprend aucune charge venant d'une
de déformations que peut subir
la façade. De gauche à droite :
autre direction; par exemple, il ne résiste pas aux ef-
+ déformation latérale de forts causés par les déformations de l'ossature, afin
l'ossature sous l'action de ne pas créer de contraintes imprévisibles dans le
des vents;
verre.
- flèche du tube supérieur de
l'ossature due au poids du Cependant, malgré son caractère d'exception au
verre et des équipements sein de cette règle, une attache horizontale dans le Es
d'entretien; plan du verre est nécessaire pour positionner exac-
+ déformation des raidisseurs
en câbles. tement chaque ensemble de 4 X 4 modules dans un
A droite : panneau de 8 x 8 m.
Les assemblages entre deux
modules sont articulés. Un
mouvement latéral est donc Reprise du poids
possible.
Le vitrage est suspendu en bandes verticales de qua-
tre modules superposés, chacun étant relié à l'autre
par des pièces de fixation situées à ses angles. Le
module supérieur de chacune des bandes est ensuite
suspendu à l'ossature par le milieu de son arête su-
périeure. Ce point de suspension central permet au
verre de trouver son équilibre et de pendre parfaite-
ment verticalement, et ce indépendamment de la rec-
titude du tube de suspension. En outre, le fait d'avoir
un point unique et central de suspension assure qu'au-
cun mouvement ne peut affecter le système, même
en cas de charge latérale. Si les bandes de quatre
modules étaient tenues de façon rigide par deux fixa-
tions, le système s'opposerait aux charges latérales et
devrait alors être calculé pour pouvoir reprendre

46
2. LE SYSTÈME DE SUSPENSION

celles-ci, en plus de celles du poids propre du verre. panneau, une barre de liaison attache deux modules
Chaque autre module est ensuite suspendu indivi- (assemblage à deux points) et les relie directement à
duellement au module qui est situé au-dessus de lui l'ossature. Aux angles de chaque panneau, une biel-
par deux assemblages à deux points; ceux-ci fixent la lette relie le vitrage (assemblage à un point) à l'ossa-
distance entre les arêtes horizontales de deux mo- ture. Tous ces assemblages sont articulés en deux
dules; les joints sont ainsi d'une largeur constante. endroits, afin de n'offrir aucune résistance à des char-
Afin d'assurer que ces assemblages ne reprendront ges latérales parallèles au plan vitré. Cette absence de
pas de charges latérales, ils sont articulés, ce qui leur contrainte latérale signifie que le plan vitré n'est pas
permet de pivoter latéralement. affecté par la forme légèrement en losange que tend
Un panneau comprend quatre bandes de quatre mo- à prendre l'ossature sous l’action des charges latérales
dules de verre, chacune étant suspendue indépen- de vent.
damment des autres. Toutes les fixations horizontales
sont articulées; ainsi, aucun transfert de charges ver- Cas particulier : l'assemblage
ticales n'est possible et ce, ni d'une bande à une pour le positionnement horizontal
bande qui lui est adjacente, ni dans l'ossature tubulaire
qui est située juste derrière le vitrage. Les bandes de Le seul élément du système de suspension qui offre
modules pouvant coulisser l'une par rapport à l’autre, une résistance aux charges latérales dans le plan du
le tube supérieur de l'ossature peut fléchir sans que vitrage se trouve au milieu du tube supérieur de l'os-
les hypothèses de chargement du vitrage en soient sature d'un panneau. Il est articulé verticalement; les
modifiées. hypothèses structurelles ne sont ainsi pas modifiées
lorsque le tube supérieur de l'ossature fléchit. Il n'al-
tère pas non plus l'indépendance des modules vis-
Résistance au vent À
a-vis des déformations losangiques de l'ossature,
&
Chaque module de verre de 2 X 2 m résiste à ses puisqu'il est situé sur le tube même. L'ossature Vie-
quatre coins aux charges du vent. Celles-ci sont trans- rendeel en acier inoxydable et le vitrage se dilatent et
férées soit dans les câbles raidisseurs soit dans l'ossa- se contractent à des régimes différents en fonction 0
7
ture périphérique de 8 x 8 m. À chaque liaison entre des variations de température. Le fait de n'avoir qu'un
modules superposés, les deux éléments verticaux de seul point fixe entre ces deux systèmes dans le plan
l'assemblage à quatre points sont liés par une pièce du vitrage et de laisser tous les autres points de liai-
transversale qui est elle-même articulée à une des son articulés autorise des dilatations thermiques dif-
biellettes du raidisseur en câbles. A la périphérie d'un férentielles.

Ci-dessus :
Fe |
Le point de suspension d'une
bande de modules étant
o central, le système ne reprend
= ST | pas de charges latérales.
: BA | A gauche :
| A la périphérie d'un panneau,
une barre articulée relie
| [4

\ ® | | il directement l'assemblage
F # ÿ à deux points à l'ossature.
[4 | SL Le plan vitré n'est donc pas
| || L, affecté par les déformations
éventuelles de l'ossature.
| ï j > Ci-contre :
" | | } _)
Seul l'assemblage pour
Sh LS le positionnement horizontal
#
|
|
T
|
| à
des modules peut reprendre
i) si NS des charges latérales.

O1 |

ÿ |

47
2. LE SYSTÈME DE SUSPENSION

PS
Principes de fixation et de
contreventement d'un panneau.

1 | [5
27 | |
assemblage pour le positionnement horizontal
CZ 4| | ES 7 ||
GS. | A 5s

# Fe à
: À +
assemblage
de suspension
à ressorts

Fonction des ressorts


Bien que chacune des quatre bandes d'un panneau
soit théoriquement libre de coulisser par rapport à ses
voisines, il faut tenir compte de la résistance apportée
par la présence de la silicone étanche dans les joints.
En fait, un panneau de 8 x 8 m a tendance à travailler
comme une seule plaque. En cas de charges latérales
situées dans Je plan du verre, des moments sont
créés, qui peuvent causer des modifications impor-
tantes des efforts dans chaque fixation. C'est pourquoi
un mécanisme à ressorts précontraints est incorporé
à chaque assemblage de suspension de façon à ga-
rantir que le poids du panneau entier est toujours éga-
lement réparti entre tous les points de suspension.
Chaque mécanisme reste rigide jusqu'au moment où
il Se trouve soumis à des charges supérieures à celle
assemblage
horizontal du raidisseur
du poids du verre, qui s'élèvent en situation normale
en câbles aux modules à 600 Kg. Si les ressorts sont soumis à une charge
avec biellette transversale
dépassant les 600 kg, ils se tassent jusqu'à ce que les
autres points de suspension reprennent la charge.
Cette action de «fusible» est nécessaire pour assu-
rer la prediction des charges qui pourront être reprises
en chaque point de suspension de l’ossature. Les res-
assemblage vertical à deux points sorts servent également d'amortisseur de tout le sys-
tème de vitrage en cas de fracture d'un module, et
donc de modification brutale du cheminement des
efforts. Le schéma ci-contre résume le concept de
fixation et de contreventement d’un rideau de verre
- assemblage périphérique à un point
suspendu.

48
2. LE SYSTÈME DE SUSPENSION

Page de gauche, à droite :


Les ressorts des assemblages
de suspension permettent une
assemblage
de suspension
répartition toujours homogène
à ressorts assemblage des efforts dans un panneau.
à deux Ci-contre :
points À gauche, les quatre systèmes
de fixation du vitrage.
A droite, l'assemblage de
assemblage 0 suspension à ressorts permet
à un point de transférer la charge du
poids du verre dans l'ossature.

LS)

ne
à quatre
points

Tolérances d'assemblage et capacités d'ajustement celle-ci serait inexactement soudée sur l'ossature, on
ne pourrait pas rattraper cette erreur lors de la pose
Le concepteur doit intégrer à son design des possi- du vitrage.
bilités d'ajustement pour tenir compte des tolérances
de fabrication et d'assemblage du système. Chaque Les détails du système
pièce doit ainsi pouvoir être réglée en fonction des
différences constatées sur le chantier entre les dimen-
de suspension du vitrage
sions théoriques et celles réelles de l'ossature et des La suspension du vitrage est assurée par quatre dif-
trous dans les modules de verre. férents systèmes de fixation: l'assemblage de sus-
Des inexactitudes partielles peuvent se glisser dans pension à ressorts d'une part, trois types d’assem-
le travail le plus précis. Et une accumulation d'inexac- blages de résistance au vent d'autre part, qui
tiudes partielles peut produire, lors de la pose, de reprennent un, deux, où quatre trous percés dans les
considérables problèmes de dimensionnement. Cer- angles des modules vitrés.
taines sont inévitables, telle que la position des trous
dans le verre trempé: on a vu que le verre change L'assemblage de suspension à ressorts
légèrement de forme dans le four à trempe du fait de
la chaleur extrême qui règne dans celui-ci. Le système La forme de cet assemblage résulte de son fonction-
de suspension du vitrage est composé d'assemblages nement et de son rôle, qui est de transférer la charge
vissés, ce qui permet d'intervenir sur la longueur de du poids du verre dans l'ossature à travers les ressorts
certaines pièces pour compenser les erreurs de di- à effet fusible. Sa géométrie est déterminée par le fait
mensionnement. Dès que le réglage final a été effec- que les charges les mieux adaptées aux tubes sont
tué, tous ces assemblages doivent être bloqués — au tangentielles : celles-ci se répartissent régulièrement
moyen d'écrous de blocage ou de goupilles — afin tout autour de la section du tube, tandis que les char-
qu'ils ne se dévissent pas. ges perpendiculaires sont susceptibles d'ovaliser le
Il arrive que des assemblages acquièrent une ca- tube. Cet assemblage est attaché au tube horizontal
pacité de réglage par le fait même qu'ils sont articulés. grâce à une pièce moulée en forme de quart de cercle
Par exemple, l'assemblage de suspension à ressorts muni d'«oreilles» femelles (auxquelles «pend»
est doté d’une double articulation qui lui offre une l'assemblage). La forme en quart de cercle de cette
possibilité de réglage latéral. Si, à la place de cet as- pièce permet un transfert direct des charges tangen-
semblage, on avait une console rigide, dans le cas où tielles dans le tube.

49
2. LE SYSTÈME DE SUSPENSION

L'assemblage de suspension La géométrie en forme de V de l'assemblage divise


à ressorts : les charges du poids propre du verre en une compo-
* vue de face avec les
éléments le composant; sante oblique de tension, qui transite par la boîte à
. vue de profil de l'ensemble. ressorts, et une composante horizontale de compres-
sion, qui transite par la partie «bielle de compres-
sion» où corps de l'assemblage. La suspension du
vitrage par cet assemblage sefait par la fixation à rotule
(ou boulon articulé) décrite dans le chapitre 1 (voir
supra p. 29 et sqq).
Ces assemblages, de même que les autres élé-
ments du système de suspension, sont principalement
constitués de pièces de fonderie en acier inoxydable
obtenues par moulage à la cire perdue et usinées
jusqu'au détail requis pour recevoir des pièces de mé-
canique de précision comme, par exemple, les em-
bouts à œil.
Ainsi, le corps — membre en compression de l'as-
semblage à ressorts — est une pièce moulée. La li-
berté de forme obtenue grâce à ce procédé permet à
cette pièce de résoudre une série de problèmes
compliqués d'assemblage mécanique et de géométrie
au moyen d'une seule pièce ressemblant à un oiseau :
les deux «ailes» reçoivent les boutins placés au
centre des ressorts, la «tête» la fixation à rotule, et
la «queue» l'embout à rotule sphérique qui relie l'as-
semblage au tube supérieur de l'ossature. Cet embout
est monté dans un manchon fileté qui, lorsqu'il est
vissé, règle la longueur du corps comprimé de l’as-
semblage sur le chantier. Un manchon fileté similaire
est de même utilisé au centre de la boîte à ressorts.
La boîte à ressorts consiste en deux ressorts héli-
coïdes comprimés entre deux plaques (pour des rai-
sons dimensionnelles deux ressorts sont nécessaires;
un seul aurait dû avoir une longueur trop importante
pour la place disponible). Le ressort doit être calculé
avec précision afin d'assurer qu'il atteindra une lon-
gueur spécifique sous une charge donnée : 740 kg est
la composante d'une charge de 600 kg reprise par le
ressort en situation normale, c'est-à-dire le poids
propre du verre plus celui des fixations.
L'assemblage à ressorts doit rester fixe lorsqu'il est
soumis à une charge inférieure à 740 kg; en revanche,
lorsque la charge dépasse ce seuil, il doit se tasser.
L'assemblage est donc précomprimé à cette charge
de 740 Kg, c'est-à-dire qu'une paire de ressorts me-
surant au départ 150 mm de long environ atteint la
longueur souhaitée de 100 mm. L'effort dû à cette
précontrainte est repris par des tiges filetées qui relient
les deux plaques situées aux extrémités supérieure et
inférieure de la boîte à ressorts. La plaque inférieure
est une pièce moulée à la cire perdue; sa forme est
étudiée pour transférer les efforts dans les deux

50
2. LE SYSTÈME DE SUSPENSION

LU)CÉDADES
Ÿ
© Ô LONG
, Plaque supérieure
D —© à
© À3 Q
©
asœ
Lo)
©& 5
ESS
» CD

boîte à ressorts
LR

CC

)))
C7

plaque inférieure
embout à rotule

fixation à rotule
(boulon articulé)

embout à rotule

manchon fileté

aile

guide cylindrique

tige filetée

51
D
ASSEMBLAGE A UN POINT ASSEMBLAGE A DEUX POINTS
Résistance uniquement aux charges horizontales perpendiculaires au plan vitré. Résistance aux charges horizontales perpendiculaires au plan vitré.

124
cd De DT.
| ASSEMBLAGE VERTICAL A DEUX POINTS
ASSEMBLAGE A DEUX POINTS POUR LE POSITIONNEMENT HORIZONTAL Résistance aux charges horizontales perpendiculaires au plan vitré.
Résistance à toutes les charges horizontales Le poids propre du verre est transféré dans les modules supérieurs.

22
52
2. LE SYSTÈME DE SUSPENSION

| Les assemblages à un, deux ressorts vers le centre de l'assemblage et pour em-
et quatre points.
pêcher ces ressorts de se déboîter latéralement.
Sur la plaque sont soudés : au centre, une pièce
cylindrique faisant office de guide de glissement
lorsque les ressorts se tassent; à l'intérieur de chaque
ressort, un cylindre servant de guide à ce ressort et
prévenant son flambement latéral. Ces guides per-
mettent également de limiter l'écrasement des res-
sorts.
La boîte à ressorts est fixée au «corps» en forme
d'oiseau du système par de simples boulons et écrous
de blocage. Les «ailes» de cette pièce moulée et les
écrous comportent des surfaces sphériques qui per-
mettent à la géométrie variable en V du système de
s'ouvrir ou de se fermer — chaque moitié étant ajustée
en longueur.

Assemblages à un, deux et quatre points


Tous les autres éléments du système de suspension
L ASSEMBLAGE A QUATRE POINTS du vitrage appartiennent à la même famille. Ils lient un,
Résistance aux charges horizontales perpendiculaires au plan vitré
Le poids propre du verre est transféré dans les modules supérieurs. deux ou quatre trous soit à l'ossature périphérique,
Ji soit au raidisseur en câbles. Dans certains cas, ils ont
pour unique fonction de donner à ces fixations une
résistance aux pressions du vent perpendiculaires à la
L'assemblage à quatre points surface vitrée.
en forme de HI. Les neuf assemblages à quatre points situés au
centre d'un panneau et les six assemblages à deux
points reliant le vitrage aux tubes verticaux d'un même
panneau reprennent également le poids du verre. En-
fin, la fixation pour le positionnement horizontal du
vitrage (placée au milieu du tube supérieur de l'ossa-
ture d'un panneau) résiste aux charges latérales dans
le plan des modules vitrés. Les schémas qui suivent
indiquent le fonctionnement de ces assemblages. Leur
localisation à l'intérieur d'un panneau figure sur le
schéma global de la page 40.

Détails de l'assemblage à quatre points


L'assemblage à quatre points est en forme de H arti-
culé. La série de dessins présentés examine cette
pièce en détail. Les quatre embouts à œil de l'assem-
blage reçoivent le boulon articulé standard décrit dans
le chapitre 1. Ils se vissent dans une pièce moulée
filetée femelle verticale. C'est cet assemblage qui re-
prend le poids des modules de verre. Ce vissage per-
met l'ajustement de l'assemblage sur le chantier en
fonction des tolérances de fabrication et de montage.
En dévissant les embouts sur la pièce verticale, on
écarte les trous percés dans les modules vitrés qu'ils
relient.

53
2. LE SYSTÈME DE SUSPENSION

=
2. LE SYSTÈME DE SUSPENSION

Une partie de la tige des embouts à œil est filetée, par le bras de levier dû à l’excentricité du plan vitré
l'autre pas. Chacune de ces deux parties remplit une par rapport à l'axe de l'embout à œil). La section filetée
fonction bien définie: la section filetée reprend la résiste mal à la flexion: les filets causent en effet une
charge verticale du poids du verre, tandis que la sec- forte concentration d'efforts dans le métal, ce qui peut
tion lisse travaille en flexion (cette flexion est causée entraîner la propagation de fissures. En revanche, la

(à / /)

|
biellette

tête (à rotule)
de la biellette

goubpille

amortisseur en caoutchouc
vis de liaison

goubpille 471, ELA D


Ce D
7

pièce moulée articulée


à la biellette

fixation à rotule
(boulon articulé)

embout à œil

arbre

goupille .
p embout à œil

Les éléments composant


l'assemblage à quatre points.

56
2. LE SYSTÈME DE SUSPENSION

section lisse de la tige, qui prendra place à l'extrémité


de la pièce moulée où naissent les charges de flexion,
empêche une telle concentration.
Chaque embout est bloqué dans la pièce femelle
par une goupille élastique. Pour ce faire, un côté de la
section filetée de la tige est chanfreiné pour obtenir
une arête plate. La pièce femelle comporte pour sa
part un trou ovale. Lorsque l'embout est vissé à la
bonne longueur, la goupille peut être insérée dans ce
trou ovale; elle appuie alors sur la section plate de la
tige, bloquant ainsi l'assemblage. Sans ce bloquage,
les embouts à œil pourraient tourner librement, ce qui
causerait un glissement des modules de verre hors de
leur plan.
La pièce moulée verticale est elle-même fixée sur
un embout à œil vissé dans une pièce moulée iden-
tique à la première, mais positionnée à l'horizontale.
Cet assemblage doit être articulé lorsqu'il travaille en
flexion; c'est-à-dire qu'il ne doit ni «serrer» lorsqu'il
subit des efforts de torsion ni empêcher l'assemblage
en forme de H de pivoter librement. Le détail étudié à
cet effet consiste en un arbre logé dans le trou de
l'embout à œil horizontal. Pour des raisons d'assem-
blage, il est fabriqué en deux pièces, fortement serrées
sur l'embout par une vis de liaison.
L'arbre et le trou qui lui correspond dans la pièce
moulée verticale sont tous deux usinés avec une to-
lérance serrée. Cet assemblage assure en effet mé-
caniquement la prediction suivante : le transfert des
efforts de torsion depuis la pièce moulée verticale dans
l'embout à œil horizontal se fera, non pas par les faces
plates de la tête de l'embout, mais plutôt par l'arbre.
Afin d'assurer en outre la liberté de rotation de
l'assemblage, de minces rondelles en PTFE (polytetra-
fluoroéthylène), une matière autolubrifiante, sont pla-
cées entre les faces plates de l'embout et la pièce
moulée verticale.
L'assemblage à quatre points : L'embout à œil horizontal est ensuite logé dans la
* vue de face avec les'
éléments le composant; pièce moulée horizontale exactement de la même fa-
+ vue de l'ensemble. çon que dans la pièce verticale. || est donc également
bloqué par une goupille. Cette «équivalence» des
pièces horizontales et verticales est importante lors de
l'adaptation de l'assemblage à quatre points aux fixa-
tions à deux points qui sont situées à la périphérie
d'un panneau; dans ces cas, l'embout recevant la fixa-
tion à rotule (le boulon articulé) est directement adapté
dans une pièce moulée horizontale articulée à une
biellette reliant le tout à l'ossature.
La pièce moulée horizontale d'un assemblage à qua-
tre points est attachée au bout des biellettes des câ-
bles raidisseurs par une tête à rotule. Cette articula-
tion offre au concepteur la prediction suivante : aucun

56
2. LE SYSTÈME DE SUSPENSION

mouvement de la biellette n'induira jamais de torsion


aux points de fixation du verre. Si, par exemple, quel-
qu'un se pend à un câble raidisseur, la biellette s'in-
cline vers le bas; la rotule située dans l'articulation
roule alors dans son logement; ainsi, les autres élé-
ments de l'assemblage à quatre points ne sont pas
sollicités.
La rotule sphérique standard adaptée à l'extrémité
d'une tige filetée est logée dans un trou usiné avec
précision dans la pièce moulée. Elle est ensuite re-
tenue dans ce trou au moyen d'un anneau élastique
standard.
Enfin, un amortisseur en caoutchouc est position-
né entre un épaulement ménagé sur la tige filetée et
la pièce moulée. Ce joint agit comme un ressort
d'«autocentrage» pour la tige.
Étant donné le nombre élevé d'articulations, néces-
saire pour des raisons mécaniques, l'assemblage ne
doit en effet pas être trop souple; sinon, il s’articulera
au moindre effort asymétrique où imprévu. L'amortis-
seur lui permet de tendre à trouver sa géométrie théo-
rique rationnelle. On retrouve donc le même type de
joint torique élastique sur tous les boulons articulés.
Enfin, il a une deuxième fonction, celle d'amortir les
chocs en cas de bris d'un module vitré: il prévient la chéité. L'extrusion se fait en poussant la matière de L'étanchéité entre
transmission d'efforts subits dans le système. base à travers une matrice. Le joint extrudé est trans- les panneaux est réalisée par
des joints silicone extrudés.
lucide, ce qui minimise sa présence : il ne doit ni sug-
L’étanchéité des panneaux de verre gérer un encadrement du système de verre suspendu
ni perturber la perception du verre directement sus-
Les joints entre les panneaux vitrés sont réalisés avec pendu à l’ossature en acier. Ce type d'application de
de la silicone. Elle est employée, soit sous forme de joints extrudés n'ayant jamais été expérimenté aupa-
mastic, soit sous forme d’extrusions collées au mastic. ravant, le joint a été rigoureusement testé dans un
Le mastic assure l'étanchéité des petits joints entre appareil de vieillissement accéléré qui le soumettait,
les modules de verre à l'intérieur d'un panneau; les sous charge, à des cycles alternatifs d'humidité, de
extrusions opèrent les grands joints entre panneaux. gel et de chaleur.
La silicone adhère parfaitement au verre si elle est
appliquée en observant les précautions suivantes : le La sécurité à l’effondrement
verre doit être parfaitement propre et exempt d'humi-
dité; le joint ne doit pas être de section trop large — L'éventualité d'une fracture du verre doit être envisa-
cela pourrait l'empêcher d'entièrement polymériser. gée. Le bris d'un module provoquerait en effet des
Dans ces conditions, la silicone a un pouvoir adhésif changements immédiats du cheminement des efforts
remarquable, que les essais effectués pour ce projet dans le système de suspension. Si le module supé-
ont confirmé: les joints se dilatent jusqu'à quatre fois rieur d'une bande de quatre modules se brise, les
leur largeur initiale et, en cas de rupture, ils sont co- modules restants n'ont plus de support; ils vont alors
hésifs et non adhésifs, c'est-à-dire que la rupture se transférer les efforts qu'ils reprenaient sur les modules
produira dans le joint même et non sur la surface de qui leur sont adjacents par l'intermédiaire de la pièce
collage. Les extrusions entre panneaux ont été conçus moulée horizontale des assemblages à quatre points
spécialement pour les serres de la Villette. Le joint doit et par la création d'efforts de cisaillement dans les
y satisfaire à trois exigences: premièrement, per- joints en silicone. Les efforts appliqués sur les points
mettre aux panneaux de bouger l'un par rapport à de suspension des trois autres bandes seront ainsi
l'autre: deuxièmement, ne pas saillir hors de la peau accrus. Les croquis présentés p. 51 montrent quel-
extérieure du verre; et troisièmement, assurer l'étan- ques-unes des permutations de charges possibles à

57
Depuis l'intérieur, à la jonction
de quatre modules, un
raidisseur en câbles, un
assemblage à quatre points et
une myriade d'ombres portées
sur un panneau.
2. LE SYSTÈME DE SUSPENSION

la suite de la fracture d'un où deux modules et le les personnes liées au projet — collaborateurs, clients,
changement qui s'ensuit dans le cheminement des bureaux de contrôle — ainsi que du public en général.
efforts. À cela s'ajoute qu'un changement subit du La maquette réalisée au cours de la phase d'avant-
cheminement des efforts peut provoquer un choc bru- projet avait donc pour but de montrer au public qu'un
tal aux points de suspension. Une charge soudaine système de verre suspendu avec raidisseur en câbles
est beaucoup plus susceptible de causer la rupture était une idée tangible et réalisable. Cette maquette a
qu'une charge appliquée graduellement. Les amortis- été présentée à l'exposition «Architecture et Indus-
seurs et les ressorts qu'on a décrits plus haut atté- trie» au centre Georges-Pompidou en 1983. Aucun
nuent les effets de ces chocs. Les essais effectués des détails définitifs n'existait encore à cette époque,
sur le prototype comprenaient notamment une analyse mais le principe était clairement exprimé en maquette:
de la résistance du système dans le cas où deux des celle-ci était construite à l'échelle grandeur, en verre
quatre modules supérieurs auraient été brisés. et acier inoxydable: elle pouvait convaincre le visiteur
de la faisabilité du projet.
Processus : maquette et prototype Après l'achèvement des plans, et avant la phase
d'exécution, un autre prototype à échelle grandeur a
Un design qui n'a jamais été expérimenté doit gagner été construit, sa résistance aux agressions de l'envi-
la confiance de l'équipe de concepteurs et de toutes ronnement fut testée en laboratoire.

Ci-dessus :
Exposition de la maquette d'un
raidisseur en câbles au centre
Georges-Pompidou en 1983.
Ci-contre :
Schémas de permutation
des charges à l'intérieur d'un
panneau lors de la fracture
de modules.
Ci-dessous :
Essais du propotype : ici
les deux modules en haut
à gauche du panneau sont
brisés.

RE

manut Umshay

99
Page de gauche, de gauche
à droite et de haut en bas:
L'accrochage sur échafaudage
des vitrages suspendus
à l'ossature. L'assemblage
de suspension à ressorts est
positionné puis fixé à
l'ossature. Le module vitré est
ensuite «offert» et suspendu
à cet assemblage. Enfin les
autres modules d'une bande
sont fixés les uns à la suite
des autres.

61
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LURAUPAPEEEENAOUNEEEEENEENAUMNEEEEEOENUNEEEEEEUUUEEEENEUEEEEENNUEEEENEU
CHAPITRE 3

LE RAIDISSEUR AN
EN CÂBLES

Mise au point de la solution La stabilité du plan vitré est


assurée par des raidisseurs
en câbles disposés
Le design des fixations du vitrage au niveau de l’avant- horizontalement et fixés
projet, inspiré par Willis Faber, présentait des inconvé- a l'ossature.
nients. En effet, le système de montants en verre et
d'attaches par plaques et contre-plaques de serrage
prévu au départ est très transparent en vue frontale
mais gagne en densité et perd en transparence en vue
oblique. En outre, malgré la qualité maximale de trans-
parence obtenue — c'est-à-dire une vision complète
de tout ce qui se trouve de l'autre côté du vitrage —
la présence des assemblages nuisait à l'impression de
véritable légèreté.
Il s'agissait donc de trouver quelque chose de plus
subtil, dont la présence physique minimiserait toute
obstruction du champ visuel. On craignait aussi que, AL
vues de l'extérieur, les grandes platines d'assemblage NAT 2
situées aux angles — les plaques et contre-plaques ‘

biellette

ossature

câble

SYSTEME RAIDISSEUR

63
3. LE RAIDISSEUR EN CÂBLES

Les câbles raidisseurs


n'altèrent ni la transparence
ù N. du plan vitré..…. ni même les
taches de peinture !
3. LE RAIDISSEUR EN CÂBLES
4

Comparaison entre la solution sd à ne


avec montants en verre et ee) LS de serrage — ne diminuent l'impression d'ensemble
le système de raidisseurs T pe suspendu. Tout ceci nous a conduit à remplacer les
(2) D.
en câbles. montants en verre par des systèmes raidisseurs en
# F k 1
câbles ancrés à l'arrière de la structure. Rapidement,
nous nous sommes rendu compte que les raidisseurs
dé 7 }
en câbles pourraient être horizontaux, ce qui accen-
tuerait l'impression de légèreté de la structure et per-
Le £
” 5 ë
[| LEE SK ou mettrait une vue panoramique sur le parc.
Î Ge # 2 QU
| <e PA

É O k
A # pi |

NX] ; > & Description d’un système raidisseur


© / Ft / A;
Î 7 0 Les raidisseurs en câbles constituent l'unique support
S< RS il
horizontal du vitrage et sont identiques sur toute la
Lis
(l

F LU 4

ne. S 74 ‘

ES
Î ee
façade. Leur capacité structurelle sera évoquée ulté-
De LE (#4) rieurement dans ce chapitre. Un système raidisseur
M LE SP
J hs pe
est constitué par deux câbles monotorons de dix-neuf
v. …. fils métalliques d'un diamètre de 12,7 mm (choisis
>
NE
A
dl
dans un catalogue de gréement) complétés par des
+ à
LS sd
ridoirs et chapes pour leur mise en tension et leur
D
2. fixation. Leur liaison à la structure tubulaire et aux
Ëj2 al
points de fixation du vitrage ont une certaine marge de
tt liberté qui permet au vitrage et au raidisseur une mo-
bilité relative tout en assurant le maintien latéral de la
façade contre le vent.
Les câbles raidisseurs des Les deux câbles d'un raidisseur, qui forment un po-
serres ont été choisis dans
des catalogues de gréement
lygone, sont tendus l'un «contre» l’autre selon une
épure parabolique. Cette forme est obtenue grâce à
des biellettes qui maintiennent les câbles écartés. Les
extrémités des câbles sont retenues par des bras en
V fixés aux tubes de l'ossature. La profondeur totale
de chaque raidisseur est de 600 mm. L'écartement
Ci-dessous :
Sous l'effet du vent, le câble
entre les deux câbles est donc de 600 mm au point
raidisseur extérieur se détenal. d'ancrage à leurs extrémités et au centre: ils se croi-
L'articulation des liaisons entre sent à 1,20 m de chacune de ces extrémités.
les câbles, l'ossature et le plan
Les câbles raidisseurs sont positionnés horizon-
vitré autorise des mouvements
relatifs entre ceux-ci tout en talement à l'intérieur de l'ossature. Cela signifie,
assurant le maintien de la compte tenu de l'excentricité de l'ossature par rapport
façade. au plan vitré, que leur distance minimale au vitrage est
de 300 mm. Des biellettes, placées dans le prolon-
gement de celles du système raidisseur, maintiennent
le vitrage dans une certaine position vis-à-vis de celui-
ci. Elles sont munies de rotules horizontales position-
nées juste derrière le plan du vitrage à leur point de
fixation au raidisseur; ce dispositif rend indépendants
le vitrage et le raidisseur dans les directions horizon-
tales parallèles au vitrage. Cette indépendance est né-
cessaire, puisque, sous charge, le raidisseur modifiera
sa forme horizontale et sa position.
Les câbles raidisseurs sont précontraints à deux
tonnes par câble. Sous une charge maximale, l'un des
deux câbles peut agir seul, pendant que l'autre

65
3. LE RAIDISSEUR EN CÂBLES

Les déformations latérales «perdra» sa prétension. Les raisons du choix de la


dau raidisseur n'affectent pas
le plan vitré.
précontrainte et le fonctionnement du système rai-
disseur précontraint seront expliqués ultérieurement.
Auparavant, il convient de bien comprendre la nature
des charges qui devront être reprises par le système
raidisseur et par le vitrage.

Effets du vent
Nature variable des charges de vent
Le système raidisseur horizontal et l'ossature résis-
tent, en principe, aux charges de vent. Ces charges
sont variables selon la direction du vent et se mani-
festent sur la façade principale vitrée par une forte
pression vers l'intérieur où par une dépression vers
l'extérieur. Pression et dépression peuvent advenir
également sur les parois latérales; elles produisent

La disposition horizontale
des raidis$eurs minimise leur
présence visuelle.

Î
!
Li

66
3. LE RAIDISSEUR EN CÂBLES

Les différents chargements


par le vent d'un raidisseur
peau. D'autre part, si l'on considère les flèches cau-
en câbles : sées parle vent, cet état élastique peut devenir gênant,
+ pression; par exemple dans les ponts. Dans le cas des serres,
* dépression;
ces deux questions ne se posent pas, puisque les
* effets conjugués de pression
et de dépression. pression fixations utilisées dans le système de vitrage sont ar-
ticulées.
Néanmoins, une façade se déformant fréquemment
et de façon notable peut diminuer le confort des gens
fréquentant le musée. C'est pourquoi la déformation
admissible en cas de charges statistiquement fré-
quentes a été limitée grâce à l'effet raidisseur de la
précontrainte. En revanche, lorsque les charges sont
plus importantes et que l’un des deux câbles se dé-
tend, la flèche de la structure est clairement percep-
tible sans qu'il y ait pour autant danger de rupture.

dépression La réglementation française concernantle calcul des


structures exige que toutes les structures soient
conçues pour supporter des charges normales et ex-
trêmes de vent. Cet impératif a conduit à effectuer la
distinction entre les charges fréquentes et celles se
produisant «une fois tous les cent ans». Ainsi, le
système conçu pour les serres de la Villette est rigide


où à faible mobilité sous des charges normales et à
mobilité importante sous des charges extrêmes.

dépression
Cas de figures des charges de vent
pression
Le vent soufflant sur la façade peut venir de n'importe
quelle direction. Chacune de ces directions se traduit
par un cas de figure différent pour les charges appli-
quées sur la façade. Sous l'influence d'obstacles ren-
contrés sur sa course, le vent peut tourner en rafales
et changer subitement de direction. Ainsi, une infinité
ainsi des charges parallèles au bâtiment principal, aux- de types de vents est possible. Les pressions exer-
quelles s'ajouteront éventuellement les pressions vers cées par le vent et la pression maximale qu'une serre
l'intérieur où les dépressions vers l'extérieur déjà doit pouvoir supporter sont définies par la réglemen-
mentionnées. tation et sur la base des recherches menées sur l'in-
Il est indispensable de considérer le problème des teraction entre la forme d'un bâtiment et la direction
charges de vent d'un point de vue statistique : des du vent.
charges de vent légères et fréquentes sont prévisibles Dans le cas de la Villette, on a pris en compte des
sur une base quotidienne, des charges un peu plus cas standard de charges de vent parmi les plus sus-
importantes sur une base hebdomadaire et d'autres, ceptibles de provoquer les pires situations d'efforts sur
encore plus importantes, sur une base mensuelle. Or le vitrage et les raidisseurs.
les charges pour lesquelles le bâtiment de la Villette a Quelques-uns de ces cas sont présentés dans les
été conçu sont prévisibles une fois tous les cent ans schémas ci-contre, qui analysent la pression sur un
au plus. Le design répond en réalité à deux hypo- système raidisseur quelconque. En plus de la pression
thèses différentes et apparemment contradictoires. extérieure, le système peut subir une pression inté-
D'une part, les structures se déforment sous l'effet rieure. Celle-ci est toujours uniforme et représente
d'une augmentation des charges. En général, à partir couramment un tiers environ de la pression extérieure
d'un certain seuil, cette déformation devient élastique maximale. Elle s'exerce en même temps que la pres-
et peut endommager les éléments d'habillage de la sion extérieure et provient de portes où fenêtres

67
3. LE RAIDISSEUR EN CÂBLES

POUTRE laissées ouvertes, ce qui entraîne une surpression


du bâtiment. Cette pression peut être positive ou néga-
tive (cela dépend de l'emplacement des ouvertures);
Figure 1 ces deux cas doivent être cumulés pour étudier les
Une charge verticale P conséquences les plus défavorables pour les serres.
p/2 P/2 est exercée.

Effets de la température
Un autre paramètre lié à l'environnement doit égale-
ment être pris en compte, celui de l'effet produit par
les changements de température. Les différents élé-
fibres comprimées Figure 2a ments composant la serre changent de température
Un moment de flexion est créé. dans des proportions variables selon leur masse, leur
surface, leur exposition où non au soleil, etc. Tout
changement relatif de température subi par les diffé-
rents éléments d'une serre pouvant se traduire par
une perte ou un gain de précontrainte, il convient
d'examiner ce paramètre.

Comment un raidisseur résiste


Figure 2b aux charges
Un cisaillement résistant est
créé dans l'âme de la poutre. D'une manière générale, les charges extérieures ap-
pliquées sur une poutre se traduisent par des efforts
internes qui s'exercent sur chacune de ses sections.
Ces efforts sont de deux types: le moment et le ci-
saillement. Le moment suivant un axe donné est l'ef-
fort qui empêche la rotation de la section autour de cet
axe. Le cisaillement dans une direction donnée est
l'effort qui empêche le glissement de la section dans
cette direction.
Dans le cas courant d'une poutre horizontale subis-
sant une charge verticale descendante (figure 1) le
POUTRE TREILLIS moment, dit «de flexion», se traduit par le couple
d'efforts existant dans les fibres supérieures compri-
mées et les fibres inférieures tendues (figure 2a). Le
Figure 3a cisaillement, qui est égal à l'opposé des charges ver-
Une charge verticale P ticales appliquées d'un côté de la section, est repris
P/2 P/2 est exercée. par l'âme de la poutre (figure 2b). C'est l'ensemble de
ces deux efforts qui permet de transférer les charges
aux supports.
De même, pour une poutre tridimensionnelle com-
posée de membrures horizontales, verticales et dia-
gonales, dite «poutre treillis» (figure 3a), les deux
membrures extérieures, respectivement comprimées
Figure 3b
Le moment de flexion et tendues, reprennent le moment résistant de flexion
est repris dans les deux tandis que les diagonales reprennent le cisaillement
membrures extérieures : (figure 8b). Les efforts sont donc ramenés à un jeu
M= Fa! -
Le cisaillement résistant est
d'efforts axiaux dans les membrures.
repris dans les membrures Dans le cas plus particulier des câbles raidisseurs
diagonales : T = N.sin6. (absence de membrures diagonales), le cisaillement
3. LE RAIDISSEUR EN CÂBLES

CHAINE est repris par la courbure des câbles, selon le même


principe qu'une chaîne soumise à des charges verti-
cales (figure 4a). Sous son seul poids propre, une
chaîne maintenue à ses extrémités fléchit légèrement:
Figure 4a l'équilibre est atteint avec une configuration qu'on ap-
Des charges verticales pelle courbe caténaire. Dans une chaîne toujours, le
variables sont exercées.
moment est la résultante de la tension du câble et de
l'effort horizontal exercé aux extrémités de celui-ci.
Cet effort horizontal est l'équivalent de la compression
qui aurait été exercée dans une poutre normale. Le
Figure 4b
cisaillement est repris par la courbure de la chaîne qui
Le moment est la résultante fournit une composante verticale à la tension axiale du
de la tension du câble et de câble (figure 4b). La courbe obtenue est déterminée
l'effort horizontal exercé aux
par la nature et l'intensité des charges appliquées. Le
extrémités de celui-ci: M = F.d.
Le cisaillement résistant est sommet de la courbe (tangente horizontale) corres-
repris par la courbure de la pond au point où le cisaillement est nul. Une courbe
chaîne : V = Nsine. caténaire étant en équilibre avec le poids propre du
câble, l'application de toute nouvelle charge occa-
sionne une modification de cette courbe. Dans le cas
des raidisseurs en câbles de la Villette, le chargement
considéré correspond aux forces de vent, qui sont
distribuées de façon uniforme sur l'horizontale joignant
Figure 4c
Sous une charge distribuée de
les deux extrémités du câble (figure 4c). Soumis à ce
façon uniforme, la chaîne type de charge, un câble prend la forme d'une para-
prend une forme de parabole. bole; c'est donc cette forme qui a été choisie pour les
câbles raidisseurs.
On l’a vu, le cisaillement est repris par le change-
ment de forme des câbles raidisseurs. Le moment est
quant à lui repris de la même façon que dans une
poutre normale : tension dans le câble, compression
dans l'ossature périphérique. Dans le système raidis-
seur en câbles, les deux câbles agissent conjointe-
ment, comme deux courbes caténaires. Sous une
charge donnée, la tension de l'un des câbles aug-
flèche mente tandis que celle de l'autre diminue, d'où la né-
câble äble Figure 5 cessité de prétension des câbles pour que ceux-ci
non précontraint Influence de la précontrainte
précontraint restent toujours tendus. Si les charges sont unifor-
sur la résistance des câbles.
mément réparties, il n'y aura aucun changement de
forme, à cause de la configuration en courbe parabo-
lique des câbles.
En revanche, dans tous les autres cas (charges asy-
métriques), le raidisseur change de forme pour s'adap-
ter à cette modification de changement des charges.
Grâce à la précontrainte des câbles raidisseurs, ce
changement géométrique est minimalisé. La défor-
charge critique charge mation géométrique devient relativement importante
lorsque toute la précontrainte a été annulée dans l'un
des câbles (figure 5).
Cette nécessité de déformation géométrique du rai-
disseur est la raison principale pour laquelle des ro-
tules ont été prévues aux fixations entre les raidisseurs
et le vitrage : le raidisseur peut ainsi se déformer sans

69
3. LE RAIDISSEUR EN CÂBLES

FIL PRECONTRAINT rizontalement soumis à une charge verticale descen-


dante appliquée en son milieu (figures 6a).
Figures 6a
Une charge verticale P est
On constate qu'une augmentation de prétension di-
exercée. Le câble subit alors minue la flèche de l'état final (figures 6b). En effet, à
une flèche f, : sin0, = P/2T;. cisaillement constant, l'angle du fil nécessaire pour le
reprendre diminue lorsque la prétension T du fil aug-
mente. La précontrainte des câbles raidisseurs agit
selon le même principe. Elle ne s'exerce que lors-
qu'une déformation importante est nécessaire pour re-
prendre une charge. Dans une structure normale où
le cisaillement peut être repris sans grande déforma-
tion, l'effet de la précontrainte est beaucoup moins
important.
Dans le cas des serres, la prediction de tout ce qui
pourrait réduire la précontrainte s'impose, par exemple
les changements de température ou une précontrainte
initiale inadéquate. Nous avons tenu compte d'une
tolérance de 15° C de différence de température entre
les câbles et l'ossature (pouvant occasionner une di-
Figures 6b minution où une augmentation de précontrainte), et
Une même charge P est
exercée. Le câble précontraint
une tolérance de 20 % de surtension ou sous-tension
plus fortement subit une flèche des câbles (pouvant advenir au cours de la mise en
inférieure f, : sin0,= P/2TJ. œuvre). Les câbles pouvant se détendre sous des
charges extrêmes, l'ensemble reste toujours aussi ré-
sistant, et ce même si la précontrainte est plus faible
que prévu. La seule conséquence de cette sous-ten-
sion serait une augmentation (ou une diminution) des
déformations de la structure lorsque celle-ci est sou-
mise aux charges pour lesquelles la précontrainte agit
effectivement.

Choix de la méthode de calcul


Le problème de calcul principal était le suivant: les
techniques analytiques courantes de la plupart des
programmes d'ordinateur supposent que la déforma-
risquer d'endommager le vitrage. Cela signifie que la tion de la structure ne modifie pas les efforts dans ses
prediction du comportement du système raidisseur membrures. Cela est vrai pour la majorité des struc-
sous charges ainsi que du système de vitrage peut tures : elles ont un nombre suffisant de membrures
être assurée. pour supporter les charges sans changement signifi-
catif de géométrie. En outre, les calculs courants sup-
Avantages de la précontrainte posent que toutes les membrures d'une structure sont
continuellement chargées: si elles ne sont pas en
Un premier avantage est simple et facile à com- tension, elles sont susceptibles de travailler en com-
prendre : au lieu d'avoir un seul câble pour résister pression. Or, aucune de ces conditions n'est appli-
aux efforts, le système en comprend deux, tendus l'un cable aux câbles raidisseurs précontraints de la Vil-
contre l’autre; l'un s'allonge en augmentant sa tension lette : nous avons déjà vu que, d'une part, leur capacité
interne, tandis que l'autre se rétracte en «perdant» à résister aux efforts dépend de déformations géo-
de la tension. Il est évident que cet effet double l'ef- métriques et que, d'autre part, l'éventualité d'une perte
ficacité du raidisseur. Le second avantage provient de de tension dans l'un des deux câbles représente un
l'effet raidisseur de la précontrainte même. Cela se problème fondamental.
comprend aisément si l'on considère un fil tendu ho- Nous avons donc dû recourir à des méthodes de

70
3. LE RAIDISSEUR EN CÂBLES

Pour empêcher toute rotation des câbles raidisseurs A gauche :


Figures 7
autour de l'axe défini par leurs deux points de ren-
Un raidisseur en câbles est
contre, les trois biellettes d'écartement sont rigides sur stable dans le plan vertical.
axe de symétrie du raidisseur toute leur longueur et articulées seulement à leur point Ci-dessous :
de liaison avec le vitrage (figures 7). C'est donc le plan Les trois différents types
d'assemblage des raidisseurs
biellette rigide dans le plan vertical vitré même qui prévient l'éventuelle rotation. Le main- en câbles à la structure.
tien dans une position parfaitement horizontale du plan
du raidisseur est également favorisé par la tension
des câbles.
Enfin, le verre doit pouvoir se déplacer latéralement
sans être gêné par le raidisseur, ce qui nécessite une
charnière supplémentaire autour d'un axe vertical fixé
sur chaque biellette d'écartement des câbles. Pour
démontrer l'efficacité de ce système, les calculs ont
été faits sur la base du poids d'un homme suspendu
au raidisseur.

Fixation à l’ossature
On a déjà évoqué l'indépendance des raidisseurs les
uns par rapport aux autres. Il fallait donc que les tubes
de l'ossature soient conçus pour supporter l'ancrage
calcul adaptées spécialement à la Villette. Elles se fon- de deux systèmes raidisseurs tout en tenant compte
dent sur un calcul itératif (une grande quantité de cal- de la possibilité que ces raidisseurs soient précon-
culs successifs permettant d'approcher graduellement traints et qu'ils aient à reprendre des charges horizon-
la position d'équilibre de la structure), et sont, grâce à tales. Le système d'ancrage sur les tubes devait aussi
la nouvelle génération d'ordinateurs, plus faciles à pouvoir faire face à maintes situations — aussi bien
réaliser que naguère (où de tels calculs auraient été celle où les systèmes raidisseurs de deux panneaux
possibles, mais beaucoup moins précis). À cet égard, adjacents sont tendus et chargés que celle où un rai-
la structure des serres est un produit des méthodes disseur est tendu alors que le raidisseur adjacent ne
actuelles, dont l'application deviendra certainement l'est plus (cas qui peut se présenter si certains mo-
plus fréquente dans un proche avenir. dules de verre venaient à se briser). L'’ancrage aux
tubes de l'ossature est réalisé par des assemblages
Stabilité dans le plan vertical en forme de V. Ceux-ci sont soudés aux tubes avant
le montage sur le chantier. Il existe trois types d'as-
On l’a vu, les deux câbles du raidisseur sont disposés
semblages différents (voir le croquis ci-dessous) : un
dans un plan horizontal. || n'y a absolument aucune pour les cas courants, au centre de la façade (A); un
membrure dans le plan vertical. Ils sont distants de pour les tubes d'angle de la façade (B), et un troisième
600 mm à leur point d'ancrage, se croisent, et revien- pour les deux tubes contre le bâtiment principal.
nent à un écartement de 600 mm au centre du pan- La géométrie de chaque pièce est différente, mais
neau. Du fait de ce croisement, la partie centrale du elles sont toutes conçues pour les mêmes types de
raidisseur pourrait effectuer une rotation autour de charges.
l'axe horizontal joignant les deux points où les câbles
se rencontrent.
En outre, rien ne garantit que les charges (de vent)
transmises par le vitrage dans le raidisseur resteront
dans le plan du raidisseur. Bien que ces charges soient
supposées horizontales”, il est possible qu'à cause
d'erreurs de mise en œuvre les raidisseurs ne soient
pas parfaitement horizontaux.

* Rappelons que le poids propre du vitrage est repris par le verre


et par les suspensions à ressorts.
3. LE RAIDISSEUR EN CÂBLES

toute contrainte ponctuelle sur les tubes par poinçon-


Les éléments du raidisseur
nement local grâce à la forme en V du bras.
en câbles et leur fabrication Afin d'assurer ensuite que le tube en entier, et non
Les bras en V pas une moitié seulement de celui-ci, reprendra la
charge perpendiculaire à son axe, une pièce de renfort
La fixation du bras en V à l'ossature tubulaire a posé a été introduite à l'intérieur de celui-ci. Le moulage à
un problème géométrique particulièrement épineux. la cire perdue offrant une certaine liberté formelle, il a
Les charges que celui-ci doit supporter sont considé- été possible de répondre de façon élégante à des
rables : deux tonnes de précontrainte et une charge contraintes aussi complexes.
totale pouvant atteindre quatre tonnes en cas de vents
extrêmes. Le problème est de savoir comment repor- Les biellettes
ter les charges dans le tube sans l'ovaliser.
En outre, le système doit être calculé comme si le Les charges de vent sur le vitrage sont transmises au
panneau adjacent à celui pris en compte n'existait pas, raidisseur grâce à leur fixation située dans les angles
Ci-dessous :
À gauche, détail du bras
cest-à-dire sans se fonder sur un équilibrage des des panneaux. Une série de biellettes perpendiculaires
en V réalisant la fixation deux raidisseurs. Cela signifie que toute charge appli- au vitrage transfère ces charges dans les câbles; elles
des câbles raidisseurs quée aux extrémités des bras crée des efforts de tor- ont dans le même temps une action d'écarteurs des
à l'ossature tubulaire.
sion considérables dans le tube. || importe donc de câbles, permettant ainsi au système raidisseur de trou-
À droite, principes du report
des charges des câbles minimaliser l'effet de ces charges en les appliquant ver sa forme en double parabole. Ces biellettes sont

.
raidisseurs vers l'ossature. tangentiellement aux parois du tube: on évite ainsi des tubes soudés à des serre-câbles moulés. || est

Re —
Tension maximale de 4 t de part et d'autre du tube

Es es Ÿ
Tension maximale de 4 t sur un côté seulement du tube.

=
Les efforts du câble extérieur Les efforts du câble intérieur sont repris
sont repris tangentiellement au tube par les parois mêmes du tube. Un renfort est nécessaire.

sl
F2
3. LE RAIDISSEUR EN CÂBLES

4 essentiel que ces serre-câbles ne prennent pas l’ap- ne a


: ; : n haut, une biellette.
parence de blocs lourds fajoutés Sunies tubessmais, Vs ee
restent simples et élégants. les éléments le composant.

Les serre-câbles
Les serre-câbles comprennent deux moitiés, l'une as-
surant la continuité de la biellette avec la fixation,
l'autre représentant une pièce de capelage qui est
fichée dans la première puis serrée au moyen de deux
boulons standard M8.
Certaines pièces spéciales sont fabriquées grâce à
la technique très précise du moulage à la cire perdue.
Les formes compliquées de certains mécanismes d'ar-
mement, de pompes à essence et de trains d'atterri-
sage utilisés dans l'aéronautique, fabriqués par cette
technique, nous ont particulièrement intéressés à cau-
se de la précision de leur fabrication, mis à part leur
complexité. Nous avons alors pris contact avec des
fabricants qui, par la suite, nous ont été d'une
aide extrêmement efficace lors de la mise au point du
projet.
La technique de la cire perdue est mise en œuvre
à partir d'un moule négatif en aluminium. La forme de
ce moule est obtenue par un usinage très précis de
blocs d'aluminium. On fabrique normalement deux
moitiés. Ce travail doit être effectué par des techni-
ciens spécialisés capables delire, à partir des dessins,
des formes tridimensionnelles relativement compli-
quées et de les transposer en volume. Les concep-
teurs sont donc tenus d'exécuter des dessins d'une
grande précision, faisant appel à tous les symboles et
codes graphiques normalisés. Dans certains cas de
formes particulièrement compliquées, les fabricants
construisent des maquettes en bois de la pièce en
positif qui fournissent une approche plus précise de la
| pièce à mouler. Ce fut notamment le cas pour les
serre-câbles du raidisseur.
Une fois les coques achevées, le moule est fermé:

Fabrication des pièces


moulées à la cire perdue :
à droite le moule négatif en
aluminium; à gauche le positif
en cire.

73
3. LE RAIDISSEUR EN CÂBLES

on y injecte de la cire liquide. Cette opération est vérifié leur comportement sous différents cas de char-
répétée pour chaque pièce à réaliser. Les positifs en ges allant jusqu'à des situations maximales, ceci avec
cire de la pièce sont ensuite positionnés sur une tige la précontrainte la plus défavorable pour montrer que,
centrale, le tout ressemblant à une grappe de raisins. globalement, la. sécurité de l'ensemble n'était pas
Cette grappe est alors immergée plusieurs fois dans compromise si la précontrainte était moins importante
un bain de céramique afin d'obtenir une coque de que celle prévue dans les calculs. Les résultats de ces
céramique autour des modèles en cire; la grappe est essais ont rejoint ceux de nos calculs.
ensuite recuite, ce qui fait fondre la cire et durcir la
céramique. Le métal fondu est coulé dans le moule Montage
céramique désormais vide. Après refroidissement, la
céramique est brisée pour permettre l'extraction de la Les câbles s'allongent lors de la précontrainte. Cet
pièce moulée. Ce procédé de fabrication est utilisé allongement peut être réduit en «préétirant» les
lorsqu'on doit réaliser un grand nombre de pièces câbles : ils sont mis en tension jusquà ce que tous
petites mais précises. les fils composant un câble se tassent au maximum
les uns contre les autres. Ce procédé n'annule certes
Les câbles et les embouts pas l'allongement lors de la mise en précontrainte fi-
nale, mais le réduit à une valeur connue. Sur le chan-
Les câbles et embouts sont de fabrication standard: ils tier, les ensembles constituant les raidisseurs en
ont été choisis dans des catalogues de produits de câbles sont préassemblés sur un gabarit au sol. Une
gréement. Nous avons utilisé des câbles plutôt que table d'assemblage est équipée de dispositifs permet-
des ronds pleins à cause de leur plus grande flexibilité. tant de positionner les biellettes servant d'écarteurs
D'une part, ils reprennent mieux les charges axiales pour les câbles selon un espacement légèrement in-
et sont donc plus faciles à précontraindre. D'autre part, férieur à 2 m afin de prendre en compte l'allongement
ils sont plus souples, ce qui rend plus aisée la mise des câbles dû à la précontrainte. Ainsi l'espacement
En haut: en œuvre des serre-câbles. final sera de 2 m exactement. Les câbles sont ensuite
Essai des raidisseurs La rigidité principale des raidisseurs provenant de la assemblés sur les biellettes au moyen des serre-
en câbles du prototype.
Ci-dessus :
raideur due à la précontrainte et non de la résistance câbles décrits plus haut. L'ensemble des câbles et
Les bras en V des raidisseurs des câbles au chargement axial, la relative souplesse biellettes est mis en place et fixé à des «oreilles»
en câbles ont été assemblés des câbles par rapport aux ronds pleins n'est pas si- moulées soudées sur l'ossature en attente.
sur les tubes de l'ossature
gnificative. En revanche, il aurait été difficile de courber La mise en précontrainte est effectuée par une paire
avant leur livraison sur
le chantier. les ronds pleins jusqu'à obtention de la forme para- de vérins hydrauliques calibrés qui se contractent en
bolique à laquelle les câbles ont été précontraints. tirant sur les câbles. La tension est ensuite bloquée
Quant aux éléments de contreventement de la struc- par des ridoirs. Cette opération est répétée jusqu'à
ture, il s'agit de ronds pleins et droits — ce qui permet atteindre la valeur de précontrainte souhaitée. Une fois
de les considérer comme des membrures solides. précontraintes, ces poutres en câbles sont instables
tant que le vitrage n'est pas posé. Certaines précau-
Essais tions contre leur éventuel retournement brutal doivent
donc être prises: on les maintient en position fixe
Les câbles raidisseurs ont été réalisés pour le proto- grâce à des gabarits jusqu'à ce que le verre soit mis
type du système de vitrage. Au cours des essais on a en place.

74
Le montage des raidisseurs
en câbles sur le chantier.
1. Positionnement des
biellettes sur un gabarit
au sol (d = distance entre
les biellettes avant
précontrainte);
2. Assemblage des câbles
composant un système
raidisseur;
Grutage.
Fixation à l'ossature,;
Précontrainte des câbles
O1
CG
ÀO Répétition de l'opération
L
(trois raidisseurs par
panneau)
È

ZE
LILI
III
II
LIT
NT
TTL
III

TTTTENIOTNINTINNNENEINNTTINIINININININIIEIRIT,

NON

DIN

RTL

76
CHAPITRE 4

LA STRUCTURE
ET LES PERFORMANCES
GLOBALES D’UNE SERRE

La structure d'une serre consiste en un cadre tubulaire UNE QES2ENS 2 EM


est composée de 24 panneaux
soudé en acier inoxydable qui détermine la géométrie
de8x8m
de l'ensemble. On l'a vu, ce cadre de 32 x 32m
subdivisé en panneaux de 8 x 8 m n'a pas changé
après le concours.

Description du système
La géométrie modulaire de la structure s'identifie à
celle des panneaux. La structure est rattachée au bâ-
timent principal par deux grands cylindres circulaires
en béton capotés d'acier inoxydable; ils sont appelés
«piles rondes». D'une hauteur de 24 m, ils fournis-
sent le support horizontal nécessaire tous les 8 m à
chaque jonction de deux panneaux.

Plan schématique du principe


de la structure (au niveau de
l'avant-projet).

ue Axonometrie schématique
du principe de la structure

/
EN
LE A |

KA
| |L | \

NS Es

LAN
x | L 112

” ne:

É | , |
i | sh
| +

1e

Wir
4. LA STRUCTURE

Contreventements
A chacun de ces trois premiers niveaux horizontaux,
l'ossature de la serre est rattachée aux piles rondes
par un ensemble de tirants précontraints. Ce contre-
ventement renforce la résistance au vent des montants
horizontaux sur les faces sud, est et ouest, ainsi que
sur petite face au nord. || prend la forme de deux para-
tirant en rond plein boles — deux raidisseurs en ronds pleins précontraints
l'un «contre» l'autre, selon le même principe que les
raidisseurs en câbles. La première de ces paraboles,
tube de la structure
incurvée vers le bâtiment, relie le point de fixation sur
la pile ronde et le centre de la façade vitrée; sa fonction
principale est de résister aux charges orientées vers
bielle
l'extérieur. L'autre parabole, incurvée vers le bâtiment,
est fixée à l'extrémité de chaque niveau horizontal de
la structure et pénètre à l’intérieur de la serre jusqu'à
3,2 m de profondeur; sa première fonction est de ré-
sister aux charges orientées vers l'intérieur.
Ci-dessus :
Principe du contreventement
Ces deux tirants, mis en tension l’un contre l'autre,
des montants horizontaux de forment une figure triangulée qui résiste aux charges


la structure. appliquées tant sur la face est que sur la face ouest.
Ci-contre :
Assemblage des tirants en
| Les deux tirants sont écartés et reliés à la structure
ronds pleins précontraints À par de petites membrures tubulaires semblables aux
à la structure. Ê
à . réaction de porte à faux biellettes des raidisseurs en câbles. Le poids propre
de ce système de contreventement est supporté par
| ces bielles placées en porte à faux par rapport à la
| poids du tirant” structure.
La précontrainte dans les tirants est obtenue de
deux manières : premièrement par l'augmentation de
l'écartement des tirants au moyen des bielles; deuxiè-
mement grâce à un ridoir placé au droit de l'ancrage
aux piles rondes.
Le poids de chaque façade est supporté par sept
consoles boulonnées sur le socle qui forme la base
de la serre. Ce socle est une structure en béton qui
reçoit la terre destinée aux plantations. Il est en recul
La façade est en «porte à faux» sur la hauteur du par rapport aux tubes horizontaux de la base de la
dernier panneau, c'est-à-dire 8 m au-dessus des piles structure en acier. Les consoles en acier franchissent
rondes; une face arrière (au nord) de 8 m de hauteur ce vide de 1 m en porte à faux au-dessus des douves
sur 32 m de longueur est ainsi créée. La serre se qui entourent l'ensemble du bâtiment.
trouvant sur le côté sud du bâtiment aura donc une La partie supérieure de la serre, située au-dessus
face plein sud de 32 X 32 m, une petite face supé- des piles rondes, comprend un panneau contreventé
rieure au nord de 8 X 32 m, et une face à l'est et une (sur les faces est et ouest); ce «couronnement» peut
face à l'ouest de 32 X 8 m chacune. La serre est en ainsi travailler en porte à faux. Le contreventement est
outre surmontée d'un toit vitré d'une profondeur de réalisé par un double ensemble de tirants tendus juste
8 m sur une longueur de 32 m. assez pour prévenir l'affaissement de ce volume sous
Les points de fixation aux piles rondes se situent: son poids propre. L'ossature de la toiture est égale-
au niveau du plancher (0 m), au-dessus du pre- ment contreventée dans son propre plan, ce qui lui
mier panneau (+ 8 m), au-dessus du deuxième pan- permet de travailler comme une poutre au vent hori-
neau (+ 16 m) et au-dessus du troisième panneau zontale.
(+ 24 m): Enfin, la face arrière (au nord) est contreventée

—————————————————————......__
TT

78
4. LA STRUCTURE

Contreventement de la partie
supérieure d'une serre.
De gauche à droite :
sur les faces est et ouest,
prévention de l'affaissement
de ce volume sous son
poids propre;
en toiture, tirants dans
le plan horizontal: celui-ci
peut alors travailler comme
une poutre au vent;
sur la face arrière,
diagonales simples :
celle-ci peut donc
travailler comme une poutre
verticale.

(avec des diagonales simples) pour travailler comme raidisseurs en câbles est attaché aux tubes verticaux.
une poutre verticale d'une portée égale à la distance Ceux-ci travaillent donc comme des poutres verticales
entre les deux tubes verticaux de liaison aux piles pour transférer les efforts des câbles dans les nœuds.
rondes. Des diagonales simples suffisent : les seules Ils travaillent aussi comme des poteaux transférant les
charges qu'elles reprennent sont «gravitaires» — efforts verticaux sur les consoles du socle de la serre.
soit le poids propre de la structure et du verre, soit le Les tubes horizontaux servent de membrures de com-
poids de la neige — et leur direction est par consé- pression, avec les tirants précontraints, ils créent un
quent connue. On connaît donc également la direction système de contreventement horizontal qui reporte les
des efforts pouvant être repris par les diagonales. La charges de vent vers l'arrière du bâtiment. De même,
membrure inférieure de cette poutre, qui est indépen- les tubes de la partie supérieure de la structure font
dante du bâtiment principal, est reliée au contreven- partie de la poutre au vent horizontale décrite plus
tement horizontal de l'ossature au niveau 24 m. Ce haut.
contreventement reporte les charges du vent sur l'ar-
rière de la façade et stabilise la poutre. Les charges reprises par la structure
Les tubes Dans la conception d'une structure, on commence par
évaluer toutes les charges qu'elle aura à supporter:
L'ossature d'un panneau de 8 x 8 mest faite de tubes puis. on procède aux analyses et aux calculs. Quatre
d'acier inoxydable d'un diamètre extérieur de 300 mm. types de charges ont été pris en considération pour la
L'épaisseur de ces tubes varie de 6 à 35 mm (pour structure de la serre: le poids propre, les «charges
ceux subissant les contraintes les plus fortes). Ces climatiques» (neige et vent), les forces causées par
tubes ont été réalisés par la technique de coulée cen- les variations de température et le poids des appareils
trifugée, qui permet de garder un diamètre extérieur d'entretien (ce dernier n'étant pas considérable, il n'a
constant tout en faisant varier le diamètre intérieur. À pas constitué un critère important dans la conception
chaque intersection de tubes, un nœud moulé opère de la structure). Nous avons sciemment éliminé les
la liaison. La technique de moulage choisie permet de charges d'exploitation, qui sont reprises par la plate-
satisfaire aux critères esthétiques et à la résistance forme des plantations. Nous n'avons tenu compte
nécessaire. d'aucun autre type de charge susceptible d'être ap-
Les tubes travaillent comme de simples poutres pliquée sur l'ossature : d'une part, il aurait été difficile
entre deux nœuds. Les tubes horizontaux reprennent d'assurer leur prediction: d'autre part, en raison d'une
le poids du verre ainsi que leur poids propre et celui volonté délibérée de contrôler l'adéquation de l'utilisa-
des équipements de maintenance. L'ensemble des tion future de l'espace aux intentions architecturales.

TS)
4. LA STRUCTURE

[= OQ
Reprise du poids propre du
vitrage en cas de bris de V | “6 7
modules : si les suspensions 1 ; (a) 1 :
Xe |
n'intègrent pas de ressort (au
“1 <o 1 ne |
centre), un des points de ÿ | al
&: È Sf ue se >
fixation restants doit reprendre I à | | ; $ | | |1 <êS |

brutalement une charge très


#& Fe x |
importante; si les suspensions A &J || Fe | 1 = Fo) T | f
comprennent des ressorts (à 6. f A | | G. ÿ Ô | Li x

droite), l'augmentation des


charges est répartie entre les | NT | "| | # |
deux fixations restantes et ï M ! s! | | | # | 5

l'effet de choc est minimisé. | |


|
[AT | a
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2 | | 5 | | 20
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l, ï |, ol
| 1 | À

D'un point de vue architectural le volume d'une dans le chapitre 2) pose problème. Lors de la destruc-
serre est défini, on l'a vu, comme un espace inter- tion d'un module (par casse), le poids total du vitrage
médiaire entre le musée et le parc. Elle n'est pas diminue. Mais, en même temps, la répartition des char-
conçue comme un lieu d'exposition dans lequel on ges change, ce qui peut avoir des conséquences pré-
accrocherait des objets mais comme un endroit per- judiciables pour la structure. En outre, le bris d'un
mettant aux visiteurs de profiter du parc lorsqu'ils se module cause une importante surcharge temporaire,
trouvent dans le musée et d'apprécier le musée lors- puisque l'onde de choc est amortie par déformation et
qu'ils se trouvent dans le parc. Or un des rares moyens absorption d'énergie de la structure. Les effets pro-
de faire respecter cette intention est de contrôler com- voqués par de tels chocs étant difficiles à prévoir, nous
ment la structure d'une serre reprend les charges aux- avons été conduits à introduire aux points de suspen-
quelles elle est soumise. sion du vitrage les ressorts d'amortissement pré-
contraints décrits dans le chapitre 2. La charge maxi-
Poids propre male que doit pouvoir supporter la structure peut ainsi
être définie.
Les charges verticales se composent du poids propre
du vitrage et de celui de la structure — le plus impor- Charges climatiques
tant des deux étant évidemment celui du vitrage. Le
poids propre de la structure ne peut être déterminé Il s'agit ici des charges de vent et de neige. L'aspect
qu'après la définition de celle-ci. Une estimation pré- statistique des charges de vent a été évoqué dans le
alable est faite, qui est fondée sur la forme de cette chapitre 3, avec une analyse des charges et des cri-
structure à partir d'expériences précédentes; on peut tères de qualité des raidisseurs horizontaux. Ces don-
ainsi procéder à un prédimensionnement. Les charges nées restent pertinentes pour définir les performances
sont ensuite vérifiées; elles seront utilisées pour tous de la structure et pour déterminer le niveau de la pré-
les calculs qui suivront. contrainte nécessaire.
Le poids du vitrage présente un problème plus Les charges dues à la neige sont également un
complexe. Dès le choix de l'épaisseur du verre, on phénomène de nature statistique. Le poids maximum
connaît son poids réel et, dès que le système de de neige prévu pour un bâtiment tel que le musée de
fixation du vitrage à la structure a été défini, on peut la Villette est relativement faible. En tant que charge
calculer les efforts de flexion provoqués dans la verticale, il doit être ajouté au poids propre et aux
structure par l'excentricité du vitrage par rapport à autres charges verticales; la charge de neige est en
celle-ci. ce sens peu significative mais, à la différence des
La prise en compte de l'effet du bris de glace (décrit autres charges verticales, sa répartition n'est pas
——————————— TT

80
4. LA STRUCTURE

connue : des amas de neige peuvent créer des situa- Les effets du vent pris
tions de charges très asymétriques. Il convenait donc en compte dans le calcul
de considérer un grand nombre de cas différents ve- des serres
De haut en bas : pression:
nant s ajouter aux cas defigures de la charge maximale dépression; effets conjugués
de neige répartie sur l'ensemble de la surface hori- de pression et dépression
zontale. Les charges de vent et de neige, ainsi que locales.
les différents cas de figures qu'elles peuvent provo-
quer, seront brièvement décrits ci-dessous.

+ Les charges de vent


Par-delà l'analyse statistique des charges de vent, l'ap-
préciation des différents schémas de charges créées
par le vent représente un des problèmes les plus épi-
neux du design de la structure. || y a peu de chances
d'arriver à une répartition symétrique des charges sur
une surface aussi grande et dans un tel contexte ur-
bain, où de nombreux obstacles se trouvant sur la
trajectoire du vent peuvent créer des turbulences.
D'importantes pressions ou dépressions peuvent se
produire près des angles d'une serre: il convient aussi
de tenir compte des charges parallèles au bâtiment qui
se combinent avec les charges perpendiculaires. Ainsi,
le vent peut s'engouffrer entre deux serres et exercer
une pression latérale sur chacune d'elles tandis que
des pressions vers l'intérieur ou l'extérieur s'appli-
quent sur l'ensemble d'une serre. Les figures (ci-
contre) indiquent les effets éventuels parmi les plus
importants qui ont été pris en compte pour les serres.
Le calcul des charges de vent requiert une analyse
interactive d'importance. || s'agit de s'intéresser aux
forces de vent qui sont susceptibles de créer le maxi-
mum d'efforts sur les éléments composant la structure.
Ceci nécessite une étude préalable de la structure,
afin de connaître son comportement sous différents
cas de charges; ensuite, les données obtenues, on
Les effets des charges
choisit les schémas de charges les plus critiques à de neige sur une serre
priori. Dans le cas d'une structure comme celle des
serres cette analyse interactive devait être menée avec
une grande précision.
. Les charges de neige
Les charges de neige n'affectent que la toiture et la
façade nord. Étant donné que le toit est une simple
poutre portant de l'avant vers l'arrière de la façade, la
configuration des charges n'est pas significative: la
charge globale maximale produira toujours des efforts
maximaux dans la structure. L'accumulation de neige
en toiture n'est donc pas révélatrice. Mais une accur-
mulation de neige contre la paroi vitrée peut créer
des efforts dans la face nord; ceci constitue un cas
de figure particulier dont il a fallu tenir compte dans
les calculs.

81
ee

Re
ne RE
4. LA STRUCTURE

Effets de la température
Les principales contraintes dues à la température pro-
viennent de l'échauffement de la structure de la serre
par rapport au bâtiment principal dont elle dépend.
Chaque élément horizontal contreventé de la structure
est relié à ses extrémités aux piles rondes. On sup-
pose que la distance entre ces éléments ne change
pas : chaque pile ronde est fondée séparément. La
structure de la serre peut s'échauffer en été sous
l'effet des radiations du soleil et se refroidir en hiver:
ceci produira des contraintes dans la structure et une
perte de tension dans les éléments précontraints. Ces
effets dus aux changements de température doivent
être pris en compte là où ils risquent de créer une
modification importante des efforts dans l'ensemble.
La variation de température prise en compte dans les
calculs étant de + 35° C à — 20°C, il faut prévoir une
variation de hauteur de la façade de + 9 mm. Cela
signifie en outre que la façade peut s'allonger ou se
rétracter verticalement aux points de liaison avec les Les tubes verticaux de la structure transfèrent les char- Reprise des charges
piles rondes; des fixations coulissant verticalement ges sur les consoles du socle de la serre. verticales :
+ à gauche, les tubes de
sont donc nécessaires. Seule l'ossature de la face nord diffère. Elle se la toiture transmettent les
comporte comme une poutre d'une hauteur de 8met charges verticales comme
d'une portée égale à la longueur de la face arrière, qui des poutres sur le haut de
Comment la structure fonctionne chacun des tubes verticaux
transfère les charges sur les tubes adjacents aux piles de la structure;
Comme nous l'avons expliqué plus haut, trois types rondes. Les trois séries de barres verticales du centre - a droite, le moment créé sur
de charges doivent être pris en compte pour analyser sont partie intégrante de cette poutre. les tubes verticaux de la
structure, dû au transfert des
le fonctionnement structurel de la serre : les charges Une caractéristique importante de ces charges ver-
charges verticales par les
verticales — qu'il s'agisse du poids propre, des char- ticales réside dans leur relative permanence une fois montants horizontaux de la
ges de neige où des charges de maintenance; les la structure achevée. Aucune déformation n'est donc structure, cause des fléxions
transmise dans le plan du vitrage. Ce plan vitré est dans les nœuds de celle-ci.
charges horizontales dues au vent; et les effets de la
température. Ces derniers entraînent certaines modi- souple tant que les joints n'ont pas été scellés: mais,
fications des contraintes; il convient donc d'établir une une fois les joints réalisés, la silicone résiste aux dé-
série d'hypothèses quant aux tolérances de réalisation formations, de sorte que l'ensemble d'un panneau de
et de précontrainte de la structure, et d'en analyser les 8 x 8 m se comporte comme une plaque rigide. Sj
conséquences. Expliquons maintenant la réaction de une déformation importante se produit (pour cause de
la structure aux différents cas de charges. bris de glace où autre), les ressorts précontraints (à
effet fusible) deviennent opératoires.
Comment la structure reprend les charges verticales
Comment la structure revrend
Chaque face d'une serre a sa propre descente de les charges horizontales du vent
charges. Pour chacune d'elles, le schéma est similaire.
Comme nous l'avons dit, les tubes de la toiture trans- Différents cas de figures se présentent pour les char-
fèrent des charges verticales comme des poutres sur ges horizontales. La résistance à celles-ci est fournie
deux appuis. à chaque niveau principal par les contreventements
Les charges verticales transmises par les éléments horizontaux en U et le système précontraint qui leur
horizontaux des faces sud, est et ouest créent un est associé. Le contreventement comprend donc trois
moment sur les tubes verticaux de la structure, dû parties : le cadre en U (a), le système des tirants pré-
avant tout au poids du verre, ce moment se situe à contraints luttant contre les charges extérieures (b), et
l'extérieur du plan de la structure, ce qui cause une le système de tirants précontraints reprenant les char-
torsion et une flexion dans les tubes qui la composent. ges intérieures (c); (b) et (c) sont précontraints l'un

83
4. LA STRUCTURE

Ci-contre: contre l’autre. Ils travaillent ensemble jusqu'à ce que la le tube frontal a été chargé jusqu’à son seuil de rup-
À gauche. le contreventement
de la structure est assuré perte de tension dans le système se transforme en ture: cette charge a été comparée à celle qu’un calcul
par trois éléments: le cadre compression. Par exemple, pour une charge venant de classique du flambement aurait déterminée. Ces deux
tubulaire en U (a), les tirants l'extérieur — c'est-à-dire une pression —, (b) résiste par valeurs étaient très proches. La fixation exigée pour
reprenant les charges
extérieures (b) et les tirants
une tension croissante et (c) par une tension décrois- satisfaire aux théories classiques était cependant plus
reprenant les charges sante jusqu’à zéro: le tirant (b) résiste alors seul. importante que celle réellement nécessaire.
intérieures (c). Comme pour le raidisseur en câbles (voir supra cha-
À droite, principe de
pitre 3), la précontrainte permet de rigidifier la structure Comment la structure réagit
fonctionnement de ce
contreventement. dans les cas de charges réduites statistiquement les aux changements de température
plus vraisemblables. La précontrainte du tirant (b)
entraîne une compression dans la membrure horizon- Comme nous l'avons expliqué, les changements de
tale frontale de la façade, compression qui croît avec température peuvent modifier la précontrainte des
l'augmentation de la tension dans (b). barres par rapport aux prévisions. Tous les calculs ont
Ce système exploite les ressources de l'informatique été faits avec différentes hypothèses de précontrainte,
moderne. La structure et le raidisseur en barres en prenant en compte des écarts de température entre
s'adaptent, changent de topologie (forme structurelle) la façade et le bâtiment allant de + 35° C à - 20° C,
suivant les charges. Pour l'analyse structurale et en admettant des marges d'erreurs dues à des
moderne, un système structurel peut changer de forme inexactitudes de mise en œuvre. Ces hypothèses
en cours de calcul. Cela implique un recours exclusif n'affectent pas la résistance générale de la structure,
aux membrures tendues: celles-ci doivent «disparaître» mais principalement la rigidité de la structure; or nous
de la structure dès qu'elles entrent en compression. avons déjà vu que ce phénomène ne peut pas entraï-
Dans cette structure à topologie libre, deux cas parti- ner de dommages.
culiers peuvent se présenter.
Le premier se produit lorsqu'une pression importante Hiérarchie de la structure
vers l’intérieur est accompagnée d’une pression laté-
rale sur les faces est et ouest. À cause de la pression Les fonctions structurelles de chaque élément peuvent
vers l’intérieur, le tirant (c) peut «perdre» sa tension; il être définies par la hiérarchie structurelle du système,
reste cependant indispensable pour résister aux hiérarchie dont la structure constitue l'élément princi-
charges latérales. Il se produit alors un déplacement pal. Les contreventements, les fixations au bâtiment,
latéral de la structure pour la rendre à nouveau opéra- les assemblages du vitrage et des raidisseurs sont tous
tionnelle. La prediction de ce type de comportement liés à la structure par des pièces moulées soudées sur
aurait été difficile à effectuer avec les techniques d’ana- les tubes où par des «oreilles» moulées sur les nœuds
lyse classiques; ces dernières supposent en effet que de l'ossature.
toutes les déformations sont, au regard de la géométrie Tous les éléments secondaires de la structure sont
d'ensemble du système, faibles, donc négligeables, et tendus et articulés; leur fonction est de renforcer la
que tous les éléments contribuant à la cohérence structure primaire. Visuellement, ils sont plus légers que
structurelle de l’ensemble restent actifs dans tous les les éléments de la structure à laquelle ils sont fixés.
cas de charge. Leur liaison à celle-ci est réalisée par des pièces mou-
Un deuxième cas particulier se présente lorsque lées «sculptées» de manière à transférer les efforts
Deux cas particuliers d'importantes charges venant de l'extérieur induisent dans la structure en évitant que celle-ci ne soit trop
de fonctionnement
une forte tension dans les tirants (b) et par là même renforcée localement. Ces pièces secondaires doivent
du contreventement.
e en haut, charges extérieures une forte compression dans les tubes horizontaux (a) prendre des formes spécifiques pour satisfaire aux
de pression importantes de la structure. La contrainte dans les tirants (c) est transmissions des efforts. Le fait que ces éléments
et pressions latérales : soient moulés accentue le caractère articulé des
alors «vaincue». Cela signifie que le tube horizontal
les tirants (c) «perdent»
en tension sous les premières frontal pourrait flamber, s’il était mal solidarisé avec les assemblages et contraste avec la nature et l'aspect
mais pas totalement afin nœuds. Le flambement est un phénomène qui apparaît continus de la structure. Certains éléments hiérarchi-
de continuer à résister dans les membrures en compression: si celles-ci ne quement inférieurs sont également liés à la structure
aux secondes;
seule la résistance sont pas parfaitement droites, des moments peuvent par des pièces moulées spéciales: les bras en V, les
des nœuds empêche (a) être créés, qui petit à petit exercent une pression. suspensions à ressorts, les fixations périphériques du
de flamber. La force de la fixation aux nœuds intermédiaires est vitrage et le rail de maintenance.
en bas, charges intérieures
fondamentale pour la détermination du seuil auquel le La séparation visuelle et fonctionnelle entre élé-
importantes: les tirants (b)
«perdent» en tension. flambement se produira. Pour examiner ce problème, ments constitue une caractéristique conceptuelle

85
4. LA STRUCTURE

importante pour la lisibilité de la structure. Le projet pour certaines pièces. La résistance mécanique des
essaie d'indiquer autant que possible comment les aciers utilisés dans le bâtiment est définie par leur
charges sont transférées dans les différentes parties limite d'élasticité (o.). Pour les aciers courants, o, est
de la structure, de séparer les fonctions propres à compris entre 240 et 360 MPa, tandis que pour les aciers
chaque élément et de rendre compréhensible la façon inoxydables utilisés aux serres, o, = 205 MPa.
dont chaque assemblage fonctionne. Cela contribue Dans certains cas, notamment pour les axes des
également à faciliter la predictability
des performances rotules dans les fixations du vitrage, des aciers de
du système — une étape qui est déterminante lorsqu'il haute résistance ont été utilisés. Grâce à une opération
s'agit d'un matériau aussi fragile que le verre. Les de trempe spécifique et à une composition chimique
articulations et rotules sphériques introduites dans les spéciale, o, à alors une valeur de 900 MPa.
liaisons entre les éléments garantissent cet objectif de
connaissance du comportement structurel.
Les fixations aux piles rondes
Matériaux et méthodes de fabrication Il s'agit d'assemblages en acier dimensionnés et fa-
des éléments de la structure briqués après le coulage des piles rondes. Une tolé-
rance spéciale a été admise pour ces détails, vu les
Les composants principaux de la structure de la serre différences de dilatation et de rétraction selon les dif-
sont: l'ossature avec ses tubes et ses nœuds, les férences de température entre l'ossature métallique
raidisseurs, ainsi que les contreventements en ronds et la structure primaire en béton. Ces assemblages
pleins munis d'embouts et les pièces de fixation mou- doivent également assurer au système une certaine
lées. Celles-ci ont été fabriquées selon différents pro- liberté de rotation.
cédés que l'on va brièvement décrire maintenant.
Deux exigences fondamentales doivent guider le Les nœuds
travail : les finitions de surface et la qualité du matériau.
Il existe divers traitements de surface pour l'acier Les nœuds ont été fabriqués dans des moules en
inoxydable (dont sont faits tous les éléments de la céramique. L'expérience du centre Georges-Pompi-
structure). La qualité finalement obtenue dépend de la dou a beaucoup joué pour la décision d'utiliser des
composition du matériau, de la manière dont il a été pièces moulées. Le procédé consiste à réaliser
fabriqué et du type de polissage qu'on lui a fait subir. d'abord un modèle positif de la pièce (souvent en bois)
Ce choix est complexe mais important, car de lui dé- et, à partir de celui-ci, un moule négatif en céramique.
pendra la résistance du matériau à la corrosion.

L'acier inoxydable
L'ensemble des éléments métalliques composant les
serres est réalisé en acier inoxydable, qui diffère des
aciers courants par la présence de chrome. Il
comprend trois familles : les martensitiques, les ferri-
tiques et les austenitiques; celles-ci sont définies par
la composition chimique de l'alliage et par l'éventuel
En haut: traitement thermique que subit le matériau.
Les oreilles de fixation des Des aciers austenitiques — caractérisés par une
tirants du contreventement
forte présence de nickel — ont été employés aux
de la poutre au vent.
Au milieu : serres de la Villette : ils se prêtent aisément au façon-
Les fixations périphériques nage et au soudage. Ils résistent en outre mieux que
du vitrage. les autres aciers inoxydables à la corrosion atmosphé-
Ci-dessus :
Une pièce de fixation rique; en effet, la présence de molybdène dans l'al-
des suspensions à ressorts l'age les composant améliore leur aspect, tout en aug-
à l'ossature. mentant leur passivité (ou résistance chimique) aux
À droite :
Pièce de fixation des tirants
éléments agressifs de l'atmosphère. :
de contreventement en ronds D'autres aciers inoxydables spéciaux dotés d'une
pleins à la structure. résistance mécanique plus importante sont utilisés

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87
4. LA STRUCTURE

Les formes rentrantes ou susceptibles de ne plus pou-


voir être extraites du moule une fois la pièce coulée
sont réalisées en polystyrène ou en cire : elle pourront
être brûlées où fondues après le coulage. Chaque
partie du moule doit être légèrement surdimensionnée
à cause du retrait dû au refroidissement.
Le métal fondu est coulé dans le moule achevé
à travers une «masselotte» en forme d'entonnoir;
celle-ci contient la quantité nécessaire de métal pour
faire pénétrer la coulée dans toutes les cavités et re-
tient toutes les impuretés du métal qui flottent à la
surface. Elle est retirée une fois la pièce coulée, ce
qui crée une «cicatrice» dont la localisation est im-
portante, car elle peut affecter lhomogénéité du trai-
tement de surface. La pièce moulée est ensuite net-
toyée par sablage fin. Elle est alors usinée aux points
de jonction avec des tubes ou autres liaisons exigeant
des tolérances plus précises que celles offertes parle
procédé de moulage. Elle est enfin soumise à un trai-
tement de polissage électrolytique afin d'éliminer toute
imperfection en surface et de lui donner une certaine
brillance. L'aspect final est une texture en «peau
En haut:
d'orange», un peu rugueuse, très différente de la
Un nœud de la structure. texture résultant d'autres procédés de fabrication.
Ci-dessus : La technique du polissage électrolytique consiste à
Traitement d'une pièce en
plonger la pièce dans un bain d'acide, une électrode
acier inoxydable par polissage RP men
électrolytique (bain à l'acide). étant reliée à la pièce, l’autre à la paroi de la cuve. Le
courant passe de la pièce moulée à la cuve et «ron- Une fixation à une pile ronde.
ge» la surface de la pièce, faisant apparaître le métal
pur, non terni, de l'intérieur de la pièce.
Certains problèmes d'homogénéité sont apparus au
début des opérations de finition par cette technique :
les parties les plus épaisses sortaient très mates, alors
que les extrémités plus minces étaient très brillantes.
Ces problèmes furent un temps cause de préoccupa-
tions considérables; ils ont été résolus par un réglage
précis de la quantité de courant passant à travers la
pièce et du temps d'immersion dans le bain.

Les tubes
Les tubes entre les nœuds dans l'ossature ont été
fabriqués par coulée centrifugée. Cette technique a
été retenue parce que l'épaisseur des tubes excluait
un procédé plus courant par soudage (où un plat est
plié pour former un tube, un joint étant soudé sur toute
sa longueur). La méthode de coulée centrifugée per-
met toutes les variations d'épaisseur du tube sans
changer la dimension du moule, pourvu que le dia-
mètre extérieur reste constant. Cela permet donc une
économie considérable de matériau.
Les épaisseurs des tubes varient selon le travail

88
4. LA STRUCTURE

qu'ils auront à fournir. Par exemple les tubes d'angle, les empreintes d'usinage sont assez profondes. L'’ar-
qui reprennent en permanence les tensions des rai- rondi du tube est fortement exprimé : les rainures pro-
disseurs en câbles, ont une épaisseur de 35 mm, alors fondes du tournage captent en effet bien la lumière.
que les tubes horizontaux situés à la base de la façade Une surface relativement rugueuse a été recherchée:
ne font que 6 mm d'épaisseur. la finition du tube est ainsi en harmonie avec l'aspect
Un moule de 2 m de long tourne à grande vitesse en «peau d'orange» de la surface des nœuds.
sur lui-même pendant qu'on y coule le métal fondu; la’
force centrifuge répand régulièrement le métal sur les
Les assemblages nœuds/tubes
parois du tube. Différentes épaisseurs peuvent être
obtenues selon la quantité de métal introduite dans le Les nœuds moulés et les tubes coulés par centrifu-
moule. gation sont soudés. Les soudures n'ont pas été dis-
Les sections, d'une longueur maximale de 2 m pour simulées par un «traitement» esthétique; elles mar-
des raisons de fabrication, sont ensuite soudées bout quent clairement la frontière entre le nœud (d'un
à bout. Ces soudures créent des contraintes locales aspect en peau d'orange) et le tube (d'une finition
L'aspect finement strié d'un dans le tube, qui sont par la suite «détensionnées» rugueuse). Les différentes techniques de fabrication
tube après tournage par une nouvelle opération de chauffage de l'ensemble sont ainsi nettement exprimées.
soudé appelée «recuit». Les tubes sont finalement Trois types de soudure ont ici été utilisés : 1. Pour
usinés sur toute leur longueur jusqu'à l'obtention certains tubes horizontaux, Une soudure en usine (le
d'une finition homogène. tube est mis en rotation alors que l'électrode reste
Un usinage plus fin suivi d'un polissage par bande fixe); 2. Pour d'autres tubes horizontaux, une soudure
permet d'obtenir une finition de surface très lisse. La sur le chantier (le tube est fixe alors que l'électrode
technique du sablage ou du grenaillage par billes de est en mouvement, ce qui signifie une soudure cir-
verre peut donner une finition satinée. Les fabricants culaire très difficile à effectuer); 3. Pour les tubes ver-
citent fièrement l'exemple de rouleaux en acier inoxy- ticaux, une soudure sur le chantier (tube fixe et élec-
dable qui, grâce au degré de perfection atteint parleurs trode en mouvement). Dans ce dernier cas, on ne peut
tubes, sont réalisés pour la production de verre. appliquer que de petits cordons de soudure : la gravité
Un tube est usiné par tournage (un outil pointu passe tend en effet à déformer des cordons plus larges
lentement d'une des extrémités à l’autre d'un tube mis lorsque le métal est encore liquide.
en rotation pour ôter la couche superficielle de sa Chacun de ces trois types de soudure a un aspect
peau). Cette opération donne au tube un aspect fine- propre : les soudures horizontales réalisées en usine
ment strié. La qualité du lissage varie avec la dimen- sont très lisses et égales, les soudures horizontales
sion de la pointe de l'outil et le nombre de ses pas- effectuées sur le chantier sont beaucoup plus ru-
sages sur le tube. Sur l'échantillon présenté ci-contre, gueuses, leur finition comportant des rainures légè-

Ci-contre
Détail d'un assemblage
næud-tube : ici à l'horizontale,
soudure type 3; à gauche,
soudure type 2; à droite,
soudure type 1.
A droite :
De haut en bas, soudures
des types 1 (en usine),
2 et 8 (sur chantier)

89
4. LA STRUCTURE

des barres de contreventement. Ces dernières liaisons


soudées bout à bout ont dû être vérifiées une à une
par rayons X pour détecter d'éventuels défauts in-
ternes: chaque soudure d'une barre à ses embouts a
par ailleurs été testée à 90 % de sa capacité de résis-
tance aux charges.
Une grande rigueur dimensionnelle a été imposée
au fabricant, un petit nombre seulement des compo-
sants de la structure étant ajustables. Les tubes et les
barres doivent être coupés à leur longueur exacte,
après qu'a été pris en compte leur rétrécissement dû
au soudage. Ces exigences garantissent que toutes
les questions dimensionnelles ont été réglées dans le
milieu contrôlé de l'usine, et non sur le chantier. Les
seuls éléments susceptibles d'être ajustés sont les
petites bielles tubulaires du raidisseur en barres : leurs
extrémités sont filetées — c'est-à-dire qu'en faisant
‘ourner la bielle, on la raccourcit où on la rallonge —
ce qui permet de parfaire la planéité de la façade.

Montage
La conception des projets d'architecture oublie sou-
vent de prendre en compte les questions de transport
et de montage des éléments les composant. Celles-ci
Un nœud de liaison entre rement irrégulières, et les soudures verticales faites ont pourtant une importance qui n'est pas négligeable
les tubes de la structure.
sur chantier ont un aspect de cordes superposées. sur la construction et son aspect.
La structure des serres de la Villette repose au maxi-
Structure des contreventements mum sur la préfabrication. Les tubes de 8 m de long
et des barres de raidisseurs sont d'abord assemblés deux à deux afin d'obtenir des
éléments de 16 m — la longueur maximale compte
Ces tirants sont faits de ronds pleins avec des embouts tenu des gabarits de transport. Tous les détails de
munis de rotules à chaque extrémité. Les tirants sont suspension du vitrage où de fixation des tirants et
fixés, soit l'un à l’autre, soit à la structure, par des raidisseurs en câbles sont présoudés sur les éléments
pièces moulées. Les tirants et leurs embouts forgés tubulaires de 16 m. Ces ensembles sont ensuite trans-
ont été spécialement fabriqués pour les serres; des portés par camion sur le chantier.
rotules sphériques sont incorporées aux extrémités Sur place sont réalisées les soudures des éléments
des embouts pour éliminer dans les tirants le moment tubulaires de 16 m ainsi que celles avec les tubes
dû à la flexion sous leur poids propre. Des pièces de perpendiculaires de 8 m. Celles-ci doivent être effec-
llaison moulées ont été utilisées aux points de fixation tuées avec une grande précision afin de prendre en
des tirants à la structure tubulaire. || était important compte les déformations dues aux contraintes de sou-
d'exprimer l'articulation entre les tirants et la structure dures et à la prétension des raidisseurs.
afin de mettre clairement en évidence la hiérarchie du Les trois premiers niveaux d'une façade sont ainsi
système. assemblés et raidis provisoirement par des échafau-
En dehors des nœuds et autres pièces moulées du dages. Le niveau supérieur (un parallélépipède de
système de fixation du vitrage, quinze types de pièces 8 X 8 X 32 m) est préassemblé au sol puis hissé et
moulées sont utilisés. Il s'agit en majorité de pièces mis en place en un seul bloc. L'objet final constitue un
femelles comportant deux «oreilles» soudées au ouvrage cohérent dans lequel toutefois chaque élé-
tube et de leur pendant mâle soudé aux extrémités ment constructif est clairement et isolément lisible.

90
4. LA STRUCTURE

La bielle de liaison d'un


système de contreventement
en ronds pleins à la structure.
On distingue en bas à gauche
un assemblage de suspension
à ressorts et en bas à droite
un assemblage à un point
(fixation du verre à la
périphérie d'un panneau).

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4. LA STRUCTURE

Le montage de la structure
d'une serre.
Les éléments tubulaires
préassemblés de 16 m de long
sont livrés sur le chantier.
Les trois premiers niveaux
sont soudés au fur et
a mesure et raidis
provisoirement par des
échafaudages. Le dernier
niveau est entièrement
préassemblé au sol puis
levé et mis en place en
un seul bloc.
Ensuite les raidisseurs
en câbles sont montés (voir
supra chapitre 3, p. 69) et les
modules vitrés mis en place
(voir supra chapitre 1, p. 33
et chapitre 2, p. 53).
ANNEXES

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reprise de l'air chaud
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ANNEXES

LE CLIMAT La serre des bambous.

À L'INTÉRIEUR DES SERRES


S agissant des qualités climatiques des serres, il faut
rappeler le thème du projet de concours d'Adrien Fain-
silber : le «rapport avec la nature».
Les serres jouent un rôle clé dans l'architecture du
projet en tant que zone tampon entre le musée et le
parc. Elles expriment, d'une façon didactique, la tech-
nologie sur le côté parc etelles permettent à la verdure
du parc de se prolonger jusqu'à l'intérieur du musée.
Les serres doivent fournir une atmosphère vivable
pour les plantes. De plus, il y a lieu d'exploiter l'énergie
solaire créée par les grands volumes vitrés. Ce travail
a nécessité la consultation de spécialistes du climat
dans le bâtiment. L'étude a été menée conjointement
avec la SGTE et Novelerg.
Le principe de base du travail est de limiter les tem-
pératures extrêmes pour les plantes et de récupérer
l'énergie solaire.

Les températures intérieures


Il est prévu de contrôler tout au long de l'année la
température intérieure des serres: un compromis
entre une dépense minimale d'énergie, une récupé-
ration maximale d'énergie solaire et la recherche d'une
ambiance propice à la croissance des végétaux doit tion naturelle d'air à l'intérieur du volume. L'énergie
ainsi être trouvé. solaire générée par la serre est stockée dans le socle
Les conditions et les principes de gestion de la tem- et exploitée en cas de besoin:
pérature suivants ont été retenus:
2. Exploiter l'énergie récupérée dans les serres selon
— hiver (pour une température extérieure de — 7 °C)
les besoins du traitement des ambiances du musée.
(température assurée par chauffage à air chaud)
L'énergie créée dans les serres est récupérée par des
( ee
pompes à chaleur placées dans la centrale thermofri-
— demi-saison (chauffage arrêté) 5 °C < @i < 13 °C
gorifique du musée. Une économie d'environ 220 à
— demi-saison (récupération d'énergie) 13 °C < Ai
240 MWh/an est possible, qui représente 3,5 % des
— été (pour une température extérieure de + 32° C)
besoins du musée.
(ventilation statique) DIS 25
La deuxième hypothèse a finalement été retenue. Les
études de simulations informatiques menées lors des
L'exploitation de l'énergie solaire recherches sur la première hypothèse ont toutefois été
utilisées.
Deux hypothèses de travail ont été développées :
1. Donner une autonomie énergétique aux façades et, Les climats favorisant la croissance des plantes
par conséquent, créer un tampon énergétique sur la
façade sud pour le musée (bâtiment principal). Quatre facteurs sont à prendre en considération pour
Le climat à l'intérieur de la serre suivant les saisons assurer le bien-être et la croissance des plantes:
est simulé par ordinateur. L'étude montre que la forme 1. Humidité restant au-dessus de 60 %;
des serres et le volume d'air qu'elles contiennent 2. Pas de variations de climat très sensibles;
créent une sorte de microclimat. La «tête froide» que 3. Radiation solaire bien contrôlée;
constitue la travée supérieure de 8 m crée une convec- 4. Renouvellement d'air égal à trois volumes/heure.

95
ANNEXES

PRINCIPES DE VENTILATION L'équipement de contrôle du climat


7,7 MENTILATION NATURELLE
- POSTE DE COMMANDE / HAUTE (OUVERTURE. ELECTRIQUE Celui-ci est double:
DES APPAREILS DE VENTI- OU] PNEUMATIQUE) 18 M2 DE
LATION: DANS CHAQUE / PASSAGE D'AIR MIMIMUM
PILE SITUEE DANS LES NE (IR DETAIL PLAN MB 290 — l'équipement de l'infrastructure et de l'enveloppe du
LOCAUX TECHNIQUES 7 A,D0 ?
NIVEAU 2 4 bâtiment;
(OUVERTUREÀ 35°c)
(HORS LOT . Le
— un équipement variable selon les besoins des plan-
tations.
S
A l’intérieur du musée, une centrale thermofrigorifique
de traitement d'air est reliée aux serres par des cais-
EST UNIQUEMENT ) sons de ventilation cheminant à travers le musée. Dans
BO vours 20 KkN
les piles rondes sont intégrées des grilles de ventilation
DANS LES LOCAUX
QUES DANS LES PILES assurant un soufflage d’air chaud depuis le bas de la
NIVEAU 2
serre et une reprise d’air par le haut. En plus de ce sys-
tème central de chauffage et d'extraction, des lames
orientables de ventilation sont intégrées dans la peau
Les ventelles hautes d'aération
vitrée de la serre. situées sur la face arrière
AU pied de la serre, dans la partie du plancher située du niveau supérieur d’une serre.
en porte à faux au-dessus des consoles, des orifices
correspondent avec ceux ménagés en partie haute sur Page de droite:
= = VENTILATION NATURELLE Dessins d'exécution
k BASSE-TOUVERTURE la face nord. Ces «ventelles» sont commandées auto- de a toiture.
ELECTRIQUE OÙ PNEUMATIQUE )
es 8 M2 DE PASSAGE D'AIR matiquement à partir du système central.
27 MIMIMUM
2 (VOIR DETAILS Chaque plantation requiert son propre système de
ee m8 200 À OOOL) réglage du climat (contrôle d'hygrométrie, température,
arrosage et contrôle solaire). Considérons par exemple
le système (étudié en collaboration avec la paysagiste
Kathryn Gustafson) réalisé pour les bambous dans la
serre n° 2.
PRINCIPES DE DESENFUMAGE L'humidité est mesurée par des sondes disposées à
différents endroits stratégiques dans la serre. Les don-
= BOUTON POUSSOIR DE COMMANDE nées sont envoyées à la centrale thermofrigorifique où
SITUE DANS LES PILES BETON les corrections sont effectuées.
NIVEAU 3 (61,23 NcF) =
(pour SERRE BU : PILE 5/9:
POUR SERRES DA ET EU : 2
nb \ La température est mesurée aussi par des sondes pla-
PILE 5/21)
(HORS LOT MB)
For.
PF d
\ cées à l’intérieur de la serre. L'information recueillie
1
- RESEAU DE CO2 doMP fE règle la commande de mise en service des ventelles et
(HORS LOT)
de variation de température de l'air provenant de la
où centrale frigorifique.
Les plantes sont arrosées automatiquement par des
DÉSENAUMAGE NATUR mâts équipés de buses de brumisation et par un arro-
OUVERTURE
QUE MIMIMUM sage direct dans le sol.
Pour les bambous, le contrôle Solaire n'est pas néces-
saire. || est cependant possible de suspendre des stores
= JUYAUX D'AUIMEN à la structure. Les axes des fixations du vitrage ont en
CO2 COMPRIME !
(EN CUIVRE PdUR ARRTIES effet été prolongés à leurs extrémités pour permettre
NON VISIBLES [ET ENOX
POUR PARTIES [VIS l’accrochage de rouleaux automatiques.
Chaque projet de plantation nécessitant un système de
contrôle climatique adapté, les alimentations en fluides,
air et électricité sont réalisées de façon à offrir le maxi-
mum de flexibilité.

= DESENFUMAGE NATUREL
1 M2 D'OUVERTURE
GEOMETRIQUE MIMIMUM
(VOIR DETAILS PLAN
MB 290 À 0001),

96
ANNEXES

ELEVATION A GE DE ee 9 UO M4 TUBE DE TORSION


PLATINE DE SUPPORT DE TUBE DE TORSION

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_— PREPARATION DES BORDS A PREVOIR POUR BONNE


ADHERENCE DE SIL ICONE

PROTECTION DES BORDS EN PROFIL INOX

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97
ANNEXES

LES ÉQUIPEMENTS
D'ENTRETIEN
La maintenance d'un ensemble vitré de la taille d'une
serre constitue un problème sérieux qu'il convenait de
résoudre dès la phase de design de la structure.
En façade, un rail de suspension pour l'équipement
d'entretien est accroché au-dessus et au-dessous de
chaque membrure horizontale de la structure. Ce rail,
un tube de 60 mm de diamètre, est attaché tous les
2 m aux tubes de la structure; il supporte l'échelle
roulante de maintenance qui donne accès à l'intérieur
de la serre pour le nettoyage et le remplacement éven-
tuel des modules vitrés.
En toiture, une plate-forme d'entretien est fixée à l'ex-
térieur de chaque serre. Elle permet le nettoyage, la
réparation des évacuations et le remplacement des
modules de toiture. Elle supporte également une na-
celle longeant l'extérieur des façades pour le net-
toyage et le contrôle des joints en silicone. Une
deuxième plate-forme d'entretien, située en dessous
de la toiture, permet d'accéder à toute la surface in-
térieure : une petite nacelle suspendue aux poutres
treillis glisse le long de la serre.

Ci-dessus :
L'échelle de maintenance
d'une serre et les rails de
maintenance accrochés aux
montants horizontaux de
l'ossature.
Ci-contre :
Fixation des rails de
maintenance sur l'ossature.
Page de droite :
Dessins d'éxécution des
appareils de maintenance
d'une serre.

98
ANNEXES

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MAINTENANCE DE LA FACADE ARRIÈRE. VOIR PLAN MB 460 A 0004 NRRHOFORISE à Æ i
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DE NACELLE FL@TTANTE |

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RAIL DE SUPPORT DE NACELLE MOBILE TOITURE INTERNE H
CABLE DE GUIDAGE ï
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DT 5150 reference du porc (niveau O)

NACELLE FLOTTANTE POUR MAINTENANCE /


W MU 460 À 0004

LIMITE D'ALIMENTATION DE L'EAU ET DE DRAINAGE


SUR PILE RONDE OUEST POUR SERRES

2050

= HAIL DE GUIDAGE DES ECHELLES ROULANTE

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NGF 4175
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MAINTENANCE DE L'INTERIEUR GRILLES ET LAMES ORLENTABLES
NGF 4063 eau
V =

BASE FLOTTANTE DE LA NAGELLE FLOTTANTH


COUPE GENERALE

99
ANNEXES

SPÉCIFICATIONS
Coupe schématique
Le principe du verre structurel nécessite la rédaction de
sur le boulon articulé.
spécifications détaillées pour le verre et le boulon arti- 1. Verre
culé, que nous reproduisons ci-dessous. 2. Intercalaire en aluminium
8. Rondelle d'appui
4, Bague externe
Verre 5. Tige de la sphère
6. Support.
Produit <float> de base
Les volumes de verre sont fabriqués avec du verre float
libre de toute impureté et de décoloration. Sa perfor-
mance de transmission lumineuse est de 75% et sa
réflectivité moyenne de 12%. La tolérance sur l'épais-
seur du verre doit être inférieure à 0,05 mm.

Façonnage et trempage
. Façonnage
Il est recommandé de couper le verre en utilisant une
machine de découpe numérique afin d'obtenir un
Boulons articulés
parallélisme précis des bords. Les bords sont meulés Boulons à tête articulée à rotule
lisses et polis avec chanfreins sur les angles.
Les boulons sont fabriqués en acier inoxydable aux
. Perçage standards suivants: tige et sphère, F14; bague externe
Les trous sont percés grâce à une mèche avec revête- de la rotule et rondelle d'appui, 316L.
ment diamant à une tolérance de coaxialité entre partie La rotule est assemblée par refoulement de la bague
conique et partie cylindrique de moins de + 0,1 mm. externe sur la sphère et non par soudure où assem-
Les fonds des trous cylindriques sont chanfreinés. Il est blage mécanique, afin d'éviter tout épaulement où non-
recommandé de positionner les trous les uns relative- respect des tolérances d'usinage pouvant affecter les
ment aux autres et non par rapport aux bords à l’aide surfaces de contact. :
d’un outil à commande numérique avec une précision Les surfaces de contact sont lubrifiées avec une toile
de + 0,1 mm. Les écailles où épaulements à l'intérieur de fibre de verre enduite de PTFE.
des trous ne sont pas tolérés. La surface interne des La différence minimale de dureté entre la bague
trous doit être lisse avec un minimum de rugosité dû à externe et la sphère est de 40 shores.
l'usage des mèches. L’angle de déboîtement de la sphère et la tige par rap-
port à l’axe normal au plan du verre est de 5 ©.
+ Trempe Un caoutchouc résistant aux UV et compressible à
Le verre est trempé horizontalement, de préférence, et 40% de son diamètre est placé entre la tige et la
chauffé à 700 °C puis refroidi soigneusement pour une bague, assurant ainsi l’autocentrage.
distribution égale des contraintes de trempé, afin de
minimiser les déformations de surface causées par les Intercalaire en aluminium
refroidissements différentiels. Le niveau de trempe
L'intercalaire en aluminium isolant qui évite le contact
garantit une résistance minimale d'exploitation (de tra-
entre le verre et le boulon en acier inoxydable est en
vail) de 50 MPa.
nuance 1050 recuit. || est assemblé avec un cordon de
+ «Heat soak>» où «four de revenu» silicone de 1 mm afin d'assurer l'étanchéité de
l'assemblage.
Chaque volume de verre est «heat soaked» afin de
minimiser le risque de rupture spontanée dû aux inclu-
sions de sulfure et de nickel. Le «heat soaking» est
Assemblage
effectué selon le standard DN 1851 section 4 qui La rondelle d'appui est assemblée sur la bague externe
nécessite un traitement de 8 h entre 280 et 300 °C. avec un couple de serrage minimal de 100 Nm.

100
ANNEXES

CALENDRIER DU PROJET DES SERRES


1980 Juin 1984
Le concours d'architecture pour la Cité des sciences Début des essais de vitrage. Visites au salon
et de l'industrie est remporté par Adrien Fainsilber. du Bourget.
Les serres font partie intégrante du projet.
Juillet 1984
1981 Signature du contrat avec la CFEMI.
Le concept de la structure et les premières idées Mise en fabrication des pièces moulées
sur la suspension du vitrage sont fixés dans la phase et de l’ossature tubulaire.
préalable de «projet de définition».
Décembre 1984
Septembre 1982 à mars 1983
Essai du prototype à l'échelle grandeur d’un panneau
Développement détaillé du concept de structure.
de 8x8 m.
Mars 1983
Janvier 1985
Adoption du concept des raidisseurs en câbles.
Ouverture du chantier des serres.
Janvier 1983 à mai 1984
Premières recherches sur le système de suspension Février à mars 1985
du vitrage. Mise au point et essais de l’intercalaire en aluminium.

Octobre 1983 Avril 1985


Exposition au centre Georges-Pompidou Montage de la structure tubulaire.
de la maquette à l'échelle des systèmes de raidisseurs
et de suspension du vitrage. Mai 1985
Approbation du système de vitrage par le bureau
Janvier 1984 de contrôle.
Négociation du marché avec la CFEM.
Septembre 19858 à janvier 1986
Janvier 1984 à juillet 1984
Montage du vitrage.
Mise au point des nœuds moulés de la structure
avec les entreprises. Décembre 1985 à mars 1986
Avril 1984 Installation des systèmes de ventilation
Adoption du boulon articulé à rotule sphérique. et d'évacuation de fumée.

Mai 1984 Mars 1986


Établissement des plans d'exécution du système Inauguration du musée par François Mitterrand,
de vitrage. président de la République.

101
102
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DESSINS D'ÉXÉCUTION

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POSTFACE

LE VERRE STRUCTUREL
DANS D’AUTRES PROJETS

Les idées que l’on vient d'exposer, et qu'illustraient les même d'une structure explicite la manière dont les
serres de la Villette, sont bien sûr applicables à d’autres efforts créés dans le verre sont repris. Cette géométrie
projets. Nous présentons ici quatorze bâtiments posté- est une réponse à la configuration du plan vitré, aux
rieurs travaillant sur le thème du verre structurel et mis charges de vent qui lui sont perpendiculaires et aux
au point par RFR. Seul l'emploi du verre qui y est fait impératifs de la structure du bâtiment principal.
sera analysé, d’autres publications de ces réalisations Le fait de rendre évident le cheminement des efforts
étant par ailleurs disponibles. dans le verre à travers une solution géométrique appro-
Tous ces projets exploitent le potentiel architectural priée est une façon d'expliquer au spectateur comment
du verre à travers la technique de suppression des tra- fonctionne l’ensemble et comment le simple problème
ditionnelles menuiseries. Dès lors, c’est le pan de verre de tenir un plan de verre et d'assurer son contrevente-
lui-même, qu'il ait subi ou non des traitements lui fai- ment a été résolu.
sant modifier la lumière (translucidité, sérigraphie, etc.), Le résultat de la combinaison peau de verre + struc-
et non les lignes graphiques des montants, qui est le ture support doit apparaître comme une symbiose de
support de l'expressivité architecturale. Cette mem- ces deux termes: la peau de verre doit avoir besoin de
brane immatérielle passe de l’état de transparence à la structure, la structure doit avoir besoin de la peau de
celui de réflexion à travers de nombreuses phases verre. Les deux doivent être fondamentalement soli-
intermédiaires plus ambiguës. daires tout en conservant leur cohérence propre.
La transparence constitue en effet, avec les Les quinze projets qui suivent respectent le même
concepts structuraux de processus, prediction et hié- processus que les serres de la Villette.
rarchie, le dénominateur commun de ces édifices. On D'abord, le design de chaque élément du projet, son
l’a vu, elle peut être interprétée comme l'ambiguïté étroite relation avec le concept architectural général, le
entre la présence et l’absence du pan vitré. En d’autres choix d’une géométrie appropriée.
termes, elle répond à la fois à deux intentions: celle de Ensuite, un stade essentiel, la communication aux
minimiser les obstacles visuels, d’une part, celle de personnes impliquées dans le projet du mode de fonc-
rendre le spectateur conscient de la présence de la tionnement de celui-ci ainsi que de sa composition, afin
surface vitrée et de la structure de suspension, d'autre d'en déterminer le coût, de prévoir les processus de
part. || convient d'ajouter à cela la nature réfléchissante fabrication et de construction. Une collaboration suivie
du verre, donc de ses variations subtiles entre la trans- avec les entreprises est en effet nécessaire à tous les
parence absolue et l'effet de miroir. stades de la réalisation: chaque projet connaît des
Les projets que nous présentons dans cette postface points critiques spécifiques qui demandent plus
permettent à nouveau d'analyser le rôle déterminant, au d'attention que d’autres.
regard de la transparence, de la structure support. Le principe fondamental de prediction s'applique à
Dans la plupart des cas, le propos est de réduire les chaque détail de la structure et du vitrage.
dimensions de ces structures. Ainsi, à la Villette, les Dans la plupart des cas, le premier point est de
systèmes de raidisseurs en câbles précontraints ont connaître avec le plus de précision possible les charges
pour but de minimiser la présence physique de ces qui seront effectivement reprises par chaque module
supports. Pourtant, dans le même temps, ces struc- de verre. En effet, toutes les structures bougent à
tures sont toujours sciemment mises en évidence. Elles cause des changements de température et des
établissent un lien entre le plan vitré et l'architecture du charges qui leur sont appliquées. Or le verre est fragile
bâtiment tout entier, et sont toujours fonction d’un et n'a virtuellement aucune capacité de déformation
contexte architectural précis. Souvent, la géométrie dans son plan. Si le vitrage est boulonné directement à
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ZA

109
POSTFACE

une structure en acier qui bouge, il peut subir des d'horizon s'achève sur le projet pour la façade occiden-
charges très élevées et se briser. C'est donc la manière tale de la cathédrale de Lille, sur lequel travaillait Peter
dont il est fixé qui permet à la structure support de flé- Rice avant sa mort prématurée en octobre 1992.
chir et de se déformer sans que des charges imprévi- La présentation dans un ordre à peu près chronolo-
sibles soient créées dans le vitrage. gique (certains projets, de grande ampleur, ont connu
Le deuxième point — toujours dans le contexte du de très longues phases de conception et, donc, une
concept de prediction — est celui de la fixation des sys- réalisation différée de quelques années par rapport à
tèmes de contreventement au bâtiment principal. Les des bâtiments qui ont été pensés en même temps
liaisons doivent, en effet, tenir compte des jeux entre qu'eux) de ces quinze réalisations permet d'apprécier
l'ouvrage en verre structurel et le bâtiment principal, et la capacité d'évolution du concept de verre structurel
des possibilités de fixation à la structure du bâtiment et les adaptations que peut connaître le boulon articulé.
principal, nécessairement limitées. Depuis les serres de la Villette, en effet, les pièces ont
Tous les projets présentés dans cette postface ne été simplifiées - notamment, l'assemblage à quatre
mettent pas en œuvre le boulon articulé: deux d’entre points tend à arborer une forme en croix et à devenir
eux, la passerelle Lintas et le pavillon à Groningue, font une pièce monobloc — et les raidisseurs déclinés selon
appel au verre structurel mais avec d’autres détails de des configurations très diverses. Le système peut main-
fixation, comme les plaques et contreplaques de serrage, tenant être utilisé avec du double vitrage (Banque popu-
et d’autres systèmes de fixation plus conventionnels. laire à Montgermont) où en toiture (auvent de Verdun,
Les réalisations sont présentées dans un ordre chro- pyramide inversée du Grand Louvre). Pour des raisons
nologique. La passerelle Lintas a été construite en architecturales, on peut décider de rejeter tout ou partie
même temps que les serres de la Villette. Le pavillon du système de suspension du verre à l'extérieur de
conçu pour Groningue par Bernard Tschumi, la nef de l'édifice: la structure primaire, les raidisseurs et les
l'immeuble de bureaux réalisé par Jean-Pierre Buffi à La pièces de fixation dans la Banque populaire et la gare
Défense et la Banque populaire de Montgermont, due à d'interconnexion TGV de Roissy; la poutre primaire et la
Odile Decqa et Benoît Cornette, où fut mis en œuvre moitié du système raidisseur par paire de câbles dans la
pour la première fois un système en double vitrage, ont façade d'accès au CNIT à Paris-La Défense; les pièces
suivi. Sont ensuite évoqués l’auvent de Verdun (RFR), de fixation seules dans l'immeuble 50, avenue Mon-
l'entrée du CNIT à La Défense, les serres du parc taigne à Paris. La taille des modules de verre a été
Citroën (Patrick Berger) et les développements menés notablement accrue (gare d'interconnexion TGV à
au Japon en collaboration avec la firme Asahi Glass, Roissy, 2,90 m; immeuble 50, avenue Montaigne,
notamment en termes de résistance aux séismes et aux 3,80 m). Avec l'immeuble pour Channel 4.à Londres,
typhons. La pyramide inversée du Grand Louvre (leoh une façade en verre structurel adopte même pour la
Ming Pei) et diverses réalisations récentes exploitant au première fois un profil courbe.
maximum les capacités du boulon articulé, comme la Enfin, les qualités de transparence de la façade peu-
gare TGV de l'aéroport Charles-de-Gaulle (Paul Andreu), vent être totalement modifiées par le travail mené sur le
les atriums d’un immeuble de bureaux réalisé avenue matériau: on a désormais parfois recours à du verre
Montaigne, à Paris, et de l'édifice conçu par Richard sablé (club à Tokyo) ou sérigraphié (immeuble 50, ave-
Rogers pour Channel 4, à Londres, réalisé par Eiffel nue Montaigne), et le principe peut être décliné avec de
Construction métallique, sont ensuite analysés. Ce tour la pierre translucide (cathédrale de Lille).

110
POSTFACE

PASSERELLE LINTAS, PARIS donc de deux tétraèdres, appuyés aux points


d'ancrage extrêmes disponibles de l'immeuble exis-
tant, reposant l’un sur l’autre à leur point de rencontre,
Date: 1985. Le premier des projets «dérivés» des principes mis en situé vers le milieu de la terrasse. La composante hori-
Maître d'œuvre: Marc Hela! œuvre à la Villette est une passerelle d'une portée de zontale des deux tétraèdres est une poutre treillis qui
Maître d'ouvrage: Lintas Paris.
Bureau de contrôle: Socotec. 18 m. Le toit, les parois et le sol de cet élément sus- reprend les charges latérales. Le sol est suspendu à ce
Entreprises: Parisot, entreprise pendu à une structure en acier précontraint sont en premier assemblage. Comme n'importe quelle autre
générale et structure; verre; des effets d’écho et de réverbération de la structure, la structure en acier précontraint bouge et
Miroiterie générale, miroiterie;
Adès, éclairages néon;
lumière y sont créés. fléchit en fonction des charges qu'elle reprend, des
Boussois, fourniture du verre. La réorganisation de l'agence Lintas prévoyait la créa- changements de température, etc. Le vitrage ne doit
Coût au m° de vitrage: tion d’une circulation par-dessus le toit-terrasse d’un pas s'opposer à ce mouvement.
6 640 F HT (valeur 1985).
immeuble ancien. || s'agissait de donner une image de La toiture repose directement sur la poutre horizon-
sensations fortes, d'énergie et de tension, à travers une tale en acier. Des joints en Néoprène extrudé sont
architecture dynamique et mettant en œuvre une vir- posés sur de petits canaux en «\» soudés à la struc-
tuosité technologique certaine. La passerelle est donc ture. Les panneaux de verre reposent sur ces joints et
La passerelle franchit
un vide de 18 m. Les effets à la fois un symbole et une solution à un problème pra- sont tenus à chaque angle par des pinces qui empê-
de reflet sur les quatre pans tique d'organisation des espaces. chent leur décollement.
vitrés sont multipliés à l'infini. Les parois sont suspendues à la même poutre hori-
La terrasse n’appartenant pas au maître d'ouvrage,
En bas, à gauche, détail
de suspension des parois à les charges ne pouvaient être reportées qu'aux deux zontale que la toiture avec des fixations articulées.
la poutre de toiture en acier. extrémités de la passerelle. La structure se compose Chaque panneau est seulement suspendu par une

ain
POSTFACE

attache triangulaire et une barrette verticale. Ce pro-


cédé maintient le vitrage en place indépendamment
des éventuelles déformations de la structure.
Au milieu de la passerelle, un mouvement de char-
nière peut se produire entre les deux tétraèdres de la
structure. C'est pourquoi le panneau de verre central
est suspendu hors du plan des autres panneaux par
deux simples barrettes verticales: les deux moitiés de
la passerelle peuvent ainsi pivoter librement et n'auront
pas à reprendre de charges imprévisibles.
Le sol est en verre feuilleté; des rayures obtenues
par sablage offrent une surface antidérapante. Des
plaques de 500 x 700 mm sont placées dans un cadre
de cornières en acier reposant sur un appui en Néo-
prène souple. Cette disposition permet une bonne
répartition des charges sur tout le périmètre de la
plaque, évitant ainsi les concentrations d'efforts.

Axonométrie éclatée
d'une travée type.

Ci-contre:
Schémas de principe
du fonctionnement de
la structure.
En haut, à gauche:
Axonométrie des tétraèdres
et de la poutre treillis
Les mouvements de structure, auxquels sont
suspendus tous les autres
éléments de la passerelle.

112
POSTFACE

GALERIE DE VIDÉOS, GRONINGUE


Date: 1988. Ce petit édifice abritant dans un parc public des écrans
Maître d'œuvre: vidéo propose une application du verre structurel où le
Bernard Tschumi.
Maître d'ouvrage: matériau, contrairement à la Villette et dans les autres
Ville de Groningue, Pays-Bas. exemples présentés dans ce livre, est utilisé non pas
Coût estimé au m° de en suspension, mais en flexion. Des nervures en verre
vitrage: 5 000 F
sont ici utilisées pour la raison même qui les a pros-
crites à la Villette: leur caractère réfléchissant, qui obs-
true partiellement la transparence.
En l'occurrence, les phénomènes de réflexion en
cascade de la lumière naturelle se mêlent aux lumières
directes et indirectes provenant des écrans diffusant
des vidéoclips, créant ainsi un environnement visuel
très intéressant.
La mise en œuvre du verre est une application très
simple des assemblages par plaques et contreplaques
de serrage traditionnellement utilisées pour les vitrages
dotés de raidisseurs en verre.

Le parallélépivoède de
21,6 x8,6 x 2,6 m, entièrement
en verre, est incliné de 10°
par rapport aux directions
verticale et horizontale.
Ce basculement, combiné
aux multiples phénomènes
de reflets, crée une troublante
sensation de déséquilibre.
Ci-dessus:
Axonométrie éclatée
des divers éléments
composant le pavillon.

113
POSTFACE

GRANDE NEF DES COLLINES NORD, PARIS - LA DÉFENSE


Date: 1990. De part et d'autre de la Grande Arche de La Défense,
Maître d'œuvre: l'architecte florentin Jean-Pierre Buffi a réalisé des
Jean-Pierre Buffi.
Maître d'ouvrage:
barres de bureaux nommées «Les Collines»>. L'en-
SEM Tête-Défense. semble, situé au nord de l'Arche, est irrigué par une rue
Bureau de contrôle: CEP intérieure vitrée, la Nef, qui coupe en léger biais les
Entreprises: Viry, structure;
Dutemple, miroiterie; Solemat,
barres de bureaux et regroupe les tours d’ascenseurs.
systèmes de maintenance; D'un point de vue structurel, la Nef consiste en une
Saint-Gobain, fourniture toiture monolithique reposant sur les barres de
dau verre.
bureaux, à laquelle sont suspendues les parois laté-
Coût au m2 de vitrage
(structure, verre et rales vitrées correspondant aux vides entre les bâti-
maintenance compris): ments. La toiture de 16 m de large sur 90 m de long
5 950 F HT (valeur 1988). repose sur deux poutres de rive latérales, reliées tous
les 2 m par des poutres «poissons». Les parois laté-
rales sont contreventées par des poutres Vierendeel
horizontales de 16 m de long (correspondant à la dis-
tance entre deux barres), suspendues les unes aux
autres au niveau des dalles de plancher des bureaux,
soit tous les 3,80 m, et placées à l'extérieur de la Nef.
L'objectif général est créer une résille orthogonale per-
mettant une fixation directe des vitrages sans ossature Les panneaux de verre des parois latérales sont
secondaire. suspendus directement aux poutres Vierendeel de 1 m
À droite:
En haut, axonométrie de
La toiture comporte deux surfaces vitrées. La face de large par l'intermédiaire de nœuds moulés intégrant
l'extrémité latérale de la toiture. supérieure est réalisée en panneaux de verre transpa- de petits «doigts» de fixation munis d’un boulon arti-
En bas, schéma du principe rent posés directement sur les poutres «poissons» culé similaire à celui mis au point pour les serres de la
de maintenance:
a) de la toiture et des façades
dans des feuillures en aluminium drainées. La face infé- Villette.
extérieures; b) de l’espace rieure, réalisée en verre feuilleté muni d’un intercalaire Les poutres de type Vierendeel ont été retenues,
entre la toiture et le vélum; opaline en polybutyral (PVB), suspendue à la structure, malgré leurs performances mécaniques toutes relatives
c) des façades intérieures.
constitue un vélum translucide, qui joue un double rêle: (l'absence de membrure diagonale fait que leur résis-
Ci-dessous:
Axonométrie des immeubles le jour, protection solaire; la nuit, réflecteur de lumière tance au cisaillement n’est assurée que par la rigidité
de bureaux (Collines nord artificielle. Par temps ensoleillé, ce voile lumineux se des nœuds), pour des raisons de type esthétique — le
et sud) conçus par Jean-Pierre
transforme en une gigantesque lanterne chinoise sur projet architectural ne comporte aucune figure triangu-
Buffi de part et d'autre de la
Grande Arche. La Grande Nef laquelle sont projetées les ombres des poutres «pois- laire — et de maintenance — les nacelles de nettoyage
traverse les Collines nord. sons» et de leurs tirants en éventail. des façades vitrées circulent à l’intérieur d'elles.

NN
NN/
VE
N
(/TA.

\
N_N

114
La Nef exprime l'axe
de traversée des immeubles.
Le vélum de la toiture est
animé par le jeu des ombres
portées de la structure, tandis
que les façades tendent
a la dématérialisation par
la disposition horizontale
des poutres raidisseuses,
qui minimise leur présence
visuelle.

La fixation du verre
est ici assurée par une version
simplifiée des assemblages
conçus pour la Villette.

like)
POSTFACE

BANQUE POPULAIRE DE L'OUEST ET DE L’ARMORIQUE,


MONTGERMONT
Date: 1990. Ce projet des architectes Odile Decq et Benoît Cor- La structure du rideau de verre comprend trois élé-
Maîtres d'œuvre: Odile Decq nette poursuit les recherches menées sur les vitrages ments: des mâts bitubulaires implantés tous les 12 m;
et Benoît Cornette.
Maître d'ouvrage: Banque
suspendus et l’idée de transparence, et explore la des poutres sablières horizontales placées en haut des
populaire de l'Ouest et question du double vitrage. Le parti architectural pré- mâts; des poutres horizontales courantes (trois par tra-
de l’Armorique. voit, en effet, une solution particulière pour une façade vée de 12 m).
Bureau de contrôle: Socotec.
Entreprises :
orientée au sud qui exige un maximum de transpa- Le contreventement est assuré par les poutres cou-
Eiffel constructions métalliques, rence, une utilisation de double vitrage et une protec- rantes et par les poutres sablières. Ces trois éléments
entreprise générale, charpente tion contre le soleil direct. ont la même configuration: un tube central travaillant
métal et pièces de fixation;
L'idée de base est de trouver une réplique d’une en compression associé à des tirants et écarteurs.
PMB, miroiterie; Maccoco,
fabrication du vitrage. haute performance technologique à des phénomènes Lorsqu'une charge de vent est appliquée sur les
Coût au m° de vitrage naturels (ici, la course du soleil selon les saisons et les poutres, l'ensemble réagit de la manière suivante: les
(structure, verre et pare- heures de la journée). tirants disposés d’un côté de la poutre sont mis en ten-
soleil compris): 7 260 F HT
(valeur 1989). La structure de la façade sert à la fois de support sion et le tube central est comprimé. Quand le vent
aux systèmes de protection solaire et de contrevente- change de direction, les tirants du côté opposé entrent
ment du système de vitrage. Elle est située à l'extérieur en jeu. La résistance au cisaillement est obtenue grâce
du bâtiment, largement en avant du rideau de verre. Ce à de petits tirants diagonaux en ronds pleins qui ne
dernier est suspendu, en revanche, depuis l’acrotère sont pas précontraints. Des câbles de gréement dispo-
du bâtiment. La façade est divisée en travées de 12 m sés en «V» inversé stabilisent les poutres contre le
de long sur 8 m de haut. flambement et le déversement en les maintenant dans

La façade principale de
la banque, qui mêle métal
et verre, affiche clairement
sa haute technicité sur ses
120 m de longueur.

116
POSTFACE

leur plan horizontal. De petites biellettes articulées d'un


diamètre de 25 mm et d'une longueur de 1,5 m relient
le vitrage à cette structure.
Les vitrages sont de deux types: du vitrage simple
Sur la moitié ouest de la façade (le hall d'entrée, qui n'a
pas besoin d'une isolation renforcée); du double vitrage
sur la moitié est (bureaux). Le vitrage simple est d’une
conception identique à celui des serres de la Villette,
excepté pour les fixations à deux où quatre points, qui
sont des pièces moulées monobloc sans embout
réglable. Elles prennent une forme d'étoile (pour les
fixations à quatre points) où de barrette (pour celles à
deux points). Le réglage de ces assemblages boulon-
nés se fait à leurs extrémités par des rondelles cran- Ci-dessous :
tées. Le trou dans la pièce femelle est surdimensionné: Plan du rez-de-chaussée
et coupe transversale
les tiges des boulons articulés peuvent ainsi se posi- sur l'entrée.
tionner librement. Les boulons sont ensuite maintenus
dans leur position finale par le dispositif suivant: les
pièces moulées et les rondelles sont striées; ces
striures s'encastrent les unes dans les autres lors du
serrage qui bloque l'ensemble dans la position voulue.
L'assemblage est ainsi simplifié par rapport à celui de la
Villette: certaines pièces de mécanique relativement
complexes ne sont plus nécessaires; de même, l’opé-
ration délicate de réalisation desfiletages dans les
pièces moulées est évitée. Il est utilisé aussi bien pour
les vitrages simples que pour les doubles vitrages.
L'aspect de ce projet représentant un développe-
ment particulièrement intéressant des serres concerne
la mise en œuvre des doubles vitrages suspendus
— une opération qui n'avait jamais été tentée aupara-
vant à notre connaissance. En effet, les points de sus-
pension sont alors très difficiles à réaliser.
On a vu que la trempe du verre était nécessaire pour
pallier sa fragilité, surtout autour des points de fixation,
et que les trous devaient être percés avant la trempe.
Lors de l'assemblage des feuilles de verre constituant
un module de double vitrage, les quatre trous d'une
feuille doivent s’aligner parfaitement avec les quatre
trous de l’autre. La précision du perçage ne peut tolé- LMI
rer aucune marge d'erreur. De plus, l'opération de
trempe doit impérativement être faite à l'horizontale, de
manière à éviter un éventuel déplacement des trous.
Dans la banque, certains modules sont réalisés en
verre feuilleté composé de trois feuilles de verre trempé
comportant chacune quatre trous — ce qui fait douze
trous à aligner parfaitement!
L'entreprise qui a fabriqué ces modules de verre
nous a convaincus qu'une telle précision d'assemblage
pouvait être réalisée sans créer d'épaulements dus aux
tolérances de perçage. Les trous sont positionnés
grâce à une table traçante à commande numérique
———————…—…—…—…—…—…—…—…—…—…——ê——

AU
POSTFACE

avec une tolérance d'erreur négligeable. L'ordinateur


commande le positionnement d’un petit avant-trou à
chaque angle d’une feuille de verre. Le montage des
feuilles trempées est ensuite fait sur quatre tiges en alu-
minium qui représentent les quatre boulons. Si le
module de verre ne rentre pas sur les quatre tiges à la
fois, il est rejeté.
Les intercalaires entre les deux feuilles d’un module
de double vitrage sont constitués d’écarteurs en alumi-
nium et de joints d'étanchéité en mastic de silicone et
butyl. Les écarteurs sont creux et remplis de petits gra-
nulés d’une matière absorbante qui neutralisera l’humi-
dité susceptible de provenir d'éventuelles fuites d’'étan-
chéité. C’est l’entreprise qui a fabriqué les vitrages qui
a mis au point l'adaptation de ce système d'’écarteur
en aluminium et de mastic pour les trous.

La structure de la façade
vitrée étant placée à l'extérieur
du bâtiment, le nu intérieur
en est parfaitement lisse
et la relation entre le dedans
et le dehors est d'une grande
ambiguïté.

118
POSTFACE

Le boulon articulé reprend le principe utilisé pour les Coupe et plan de


vitrages simples; ses dimensions diffèrent toutefois: sa détail sur la façade
vitrée et, à l'extérieur,
tête articulée est plus épaisse, de manière à pouvoir le système de support
porter les deux feuilles de verre. Les performances des protections
structurelles des assemblages de double vitrage ont solaires (non
représentées) et
été confirmées par les essais en traction. des bielles articulées
Du point de vue du travail sur la transparence, la reliées aux pièces
façade de la banque est particulièrement intéressante.
ECARTEUR
de fixation du verre.
Les structures des façades sont, en effet, habituelle-
ment situées àl’intérieur du bâtiment ou intégrées au
plan de verre. Ici, la structure se trouve à l'extérieur,
2 m devant le plan vitré. Cette inversion crée un effet
de prolongement de l’espace depuis l’intérieur vers
l'extérieur et la structure. Le verre s’en trouve comme
dématérialisé, et la structure se perd dans de multiples
effets de reflets.

Axonométrie
éclatée de Ja fixation
. monobloc en forme
d'étoile intégrant
le boulon articulé
(cas du double
vitrage).

L'adaptation pour le double


vitrage de la fixation mise
au point aux serres
de la Villette a fait l’objet
d’une campagne d'essais.
En haut:
Dessin d'exécution
du boulon articulé.
POSTFACE

AUVENT PUBLIC, VERDUN


Date: 1990. Le point fort d'une place aménagée en bordure de la la structure par des boulons articulés similaires à ceux
Maître d'œuvre: RFR- Meuse est un auvent en métal et verre de 160 m de conçus pour les serres de la Villette. Afin de prévenir la
Peter Rice avec Roustang,
Cuzon et Grandgeorge. long, symbole de la volonté de la ville de dépasser les création de toute contrainte imprévisible dans le verre
Maître d'ouvrage: sinistres souvenirs de la Grande Guerre. || est com- due aux déformations de la structure sous l’action du
Ville de Verdun. posé, en coupe, de deux parties: une face plane relati- vent, des ressorts sont inclus dans les fixations, qui
Conseil au maître d'ouvrage:
vement étroite, côté rue; une face décrivant une garantissent le maintien dans un même plan des quatre
Pierre Colboc.
Bureau de contrôle: Veritas. courbe assez douce, côté fleuve. Cette dualité formelle points de celles-ci.
Entreprises: Banneel, est également structurelle: une poutre échelle, d’une La sérigraphie du verre permet de mettre en valeur
entreprise générale sa nature duelle de transparence et de réflexion. De
part; des arcs tubulaires cintrés stabilisés par des
et structure; Maccoco,
fabrication du verre. tirants, d'autre part. l’ensemble est fixé sur des mâts jour, la couverture de l’auvent paraît transparente mais
Coût au m° de vitrage inclinés implantés tous les 5 m. Au centre, l’auvent se nimbée d’une sorte de buée blanche. De nuit, les
(structure comprise): dilate pour former un petit Kiosque à musique. points blancs diffusent la lumière artificielle; leur lumino-
6 600 F HT (valeur 1988).
L'’auvent est habillé en sous-face de modules de sité plus forte que le reste du plan de verre en accroît la
verre sérigraphié de 1,50 x 1,30 m, fixés directement à présence visuelle.

A mi-parcours de l'auvent,
la toiture se dilate pour abriter
un petit kiosque.

120
POSTFACE

Re
TA
24 RONP -REH

= EÉTANCHEITÉE PAR NC
JOINT SILICONE
\ HD DE INT
CPE7 1
__— INOX

= - DETAIL
+ JOINT PILATATION
|D2/- Joint pe montage.
F COURANT,MEME PRINCIPE
[1 LL) sans Jeu.

Croquis d'exécution et vue


de détail de la fixation du verre
sérigraphié, qui permet
d’absorber les mouvements
de l’auvent.

Les mâts implantés tous


les 5 m sont inclinés, haubanés
et articulés en pied. Un mât
sur trois est stabilisé par une
béqauille également inclinée.

121
POSTFACE

FAÇADE D'ACCES AU CNIT, PARIS - LA DÉFENSE


Date: 1991. En 1958, le centre d'exposition du Centre national des 1988, les architectes Michel Andrault et Pierre Parat
Maître d'œuvre: industries et des techniques (CNIT), conçu par les sont chargés de sa reconversion en centre polyfonc-
Sari Ingénierie.
Maître d'ouvrage: SNC Lucia. architectes Bernard Zehrfuss, Robert Camelot et Jean tionnel regroupant commerces, hôtel et salles de
Bureau de contrôle: Socotec. de Maill, avec l'ingénieur Nicolas Esquillan, est achevé conférences. La façade donnant sur le parvis, protégée
Entreprise: Banneel. à l'extrémité du quartier de bureaux de La Défense. au titre des monuments historiques, est reconstruite
Coût au m° de vitrage:
Ses façades sont dues à l'ingénieur Jean Prouvé. En strictement à l'identique. Cependant, après quelques
8 250 FHT (valeur 1991).

Au pied de la façade
du CNIT, sur la parvis
de La Défense, deux
terrasses couvertes
encadrent le nouvel
accés à l'édifice.

La façade en verre courbe


est stabilisée par des paires
de raidisseurs en câbles
verticaux implantés de part
et d'autre du pan vitré.

122
POSTFACE

années d'utilisation de l'édifice rénové, il apparaît que


celle-ci est inadéquate au nouveau programme. Le
niveau du parvis ayant été modifié, il ne communique
plus spatialement avec le nouveau hall central du CNIT:
la «nouvelle façade Prouvé» descend, rectiligne,
jusqu'au parvis. Prouvé avait dessiné une batterie de
portes que surplombait Un auvent en porte-à-faux
exprimant l'entrée. Désormais, seule une série de
portes à tambour la signale.
Le promoteur, la Sari, en accord avec l'architecte
des bâtiments de France, demande alors à Peter Rice
et RFR de redessiner la façade, avec pour objectif
d’accentuer la transparence, et donc la communica- ÈS D)
tion entre le parvis extérieur et le hall intérieur. Est CAL» 2 SR
ensuite adjointe à ce programme la création de deux
petits restaurants en terrasse, afin d'animer le parvis PPÉSPEOOT
x7 )
De)
devant le CNIT. Ce - Ê 10)
Les terrasses sont abritées sous des verrières en
porte-à-faux sur un tube courbe, lui-même tenu en
porte-à-faux à travers la façade par des structures à
l’intérieur du bâtiment.
La nouvelle entrée est un mur de verre courbe placé
derrière un simple trou percé dans la façade. Le fait
d’avoir repoussé vers l’intérieur ce dispositif minimise
les phénomènes de réflexion du verre et maximise
donc les vues entre intérieur et extérieur.
La transparence est également accrue par l’utilisa-
tion d’un verre extra-blanc, purifié de toute trace
d'oxyde de fer, qui donne au verre sa coloration verte,
comme dans les pyramides du Grand Louvre. Le verre
est suspendu à une poutre en acier fixée aux poteaux
en béton supportant le plafond des mezzanines. Il
reprend les charges du vent par des raidisseurs en
câbles verticaux, également attachés à la poutre, et qui
traversent le pan vitré au niveau des joints entre les du parvis, éviter le fonctionnement du verre en catène Axonométrie éclatée
modules de verre. Cette configuration minimise la pré- à cause de la courbe de la façade, et par suite la créa- de la pièce de fixation du verre,
avec l'amorce du système de
sence visuelle des raidisseurs, puisque seule une moitié tion de contraintes horizontales supplémentaires dans raidisseurs en câbles verticaux
en est visible de chaque côté du verre. Les modules de les assemblages. Le petit jeu rendu ainsi possible per- et les angles chanfreinés
verre sont suspendus les uns aux autres par des met la prediction que ce sera le raidisseur et non la des modules de verre.
assemblages en acier inoxydable en forme de «H» catène qui reprendra les efforts du vent.
comprenant des boulons articulés similaires à ceux mis Les portes mêmes se devaient d’être minimales pour
au point pour les serres de la Villette, mais adaptés ne pas perturber la transparence objective de la
pour permettre les fixations aux raidisseurs en câbles. façade. Les minces encadrements de celles-ci sont
La barre horizontale de l’assemblage en «H» est entièrement montés sur des supports articulés atta-
doublement modifiée: elle comporte un axe central de chés aux raidisseurs en câbles par les mêmes fixations
rotation qui permet la désolidarisation du verre et du articulées que le verre suspendu. Ainsi, on a pu les
raidisseur en cas de mouvements différentiels verti- considérer du point de vue structurel comme équiva-
caux; l’'embout de fixation à œil n’est plus fileté, afin de lentes aux bandes de verre, même si elles reposent sur
faciliter le coulissage. le sol et ne sont pas suspendues. Elles ne reprennent
Cette capacité de mouvement est nécessaire pour pas les efforts dus au vent indépendamment des rai-
désolidariser les unes des autres les bandes de disseurs. La quincaillerie des portes est incluse le plus
modules de verre et, en cas de grands vents provenant discrètement possible dans leur encadrement.

123
POSTFACE

SERRES DU PARC CITROEN, PARIS


Date: 1992. Les serres du Parc Citroën-Cévennes, achevées en
Maître d'œuvre: Patrick Berger. 1992 dans le 15° arrondissement de Paris, exploitent
Maître d'ouvrage:
Ville de Paris, Direction des
totalement le potentiel de transparence du verre struc-
parcs et jardins et des espaces turel mis au point à la Villette. En effet, ces édifices qui
verts. se dressent, totalement isolés et libres (et non accolés
Bureau de contrôle: Veritas.
à un bâtiment), peuvent être vus de part en part.
Entreprises: Eiffel, grandes
serres; Sitraba, serres sérielles. Le parc, géré par la Direction des parcs et jardins de
Coût au m°? de vitrage la ville de Paris, est créé sur le site libéré par le départ
(structure comprise): des usines automobiles Citroën. Le concours organisé
6 900 F HT, grandes serres;
5 600 F HT, serres sérielles en 1985 a désigné deux équipes lauréates: celle du
(valeur 1990). paysagiste Alain Provost et des architectes Jean-Paul
Viguier et Jean-François Jodry, et celle du paysagiste
Gilles Clément associé à l'architecte Patrick Berger. Ce

dernier a donc remporté la conception de deux serres


monumentales et de six petites serres dites
«sérielles», dont le principe est issu du projet général
\\
fi
Del de parc.
a NN
ALT La conception architecturale des serres repose sur
|
NX2e l'INSEE une opposition assumée entre Antiquité et Modernité.
\N
à /

NC
DES
|
TS Les matériaux retenus par l'architecte expriment ce
\\NA
Axonométrie des principes dialogue entre l’ancien et le nouveau: à la pierre, au
de structure d'une grande
bronze et au bois répondent l'acier inoxydable moulé,
serre (45 x 15 x 15 m) et d'une
serre sérielle (8 x 6 x 9 m). les câbles métalliques, le verre et le silicone.
Les deux serres monumentales — l’orangerie et la
serre tempérée — sont identiques, tout comme le sont
les six serres sérielles. Ce sont des parallélépipèdes,
respectivement de 45 m de long sur 15 m de large et
K À ( RS de haut, et de 8 m de long sur 6 m de large et 9 m de
. > sl Re
haut. Leur structure adopte une géométrie orthogo-
nale. Pour les grandes serres, des poteaux de 15 m de
haut, implantés tous les 15 m, sont reliés à leur som-

(M| DR |
PR
Il

124
POSTFACE

met par une poutre périphérique qui supporte la toiture.


Dans les petites serres, un poteau central supporte la
toiture à ossature métallique, l’ensemble étant stabilisé
par des câbles verticaux dans chacun des plans vitrés.
Ces éléments structurels sont capotés de bois et de
pierre, qui symbolisent la dimension archaïque de la
composition. L’enveloppe vitrée est ensuite fixée à la
structure le plus discrètement possible.
Dans les grandes serres, les modules de verre sont
suspendus à la poutre périphérique par desfixationsà
ressort, comme à la Villette. L'ensemble est également
contreventé par des raidisseurs en câbles; cependant,
ceux-ci forment une hiérarchie à deux niveaux, avec
des paires de raidisseurs verticaux primaires, auxquels
sont fixés des raidisseurs horizontaux secondaires
dans chaque panneau de 15 x 15 m. Lesraidisseurs
verticaux permettent de fixer le système en câbles à la
structure principale en deux points seulement et d’évi-
ter ainsi toute liaison avec les poteaux. Les systèmes
raidisseurs horizontaux comportent une membrure
tubulaire centrale de compression qui reprend la ten-
sion dans les câbles. De petits câbles attachés, en tête
à la poutre périphérique, en pied à la dalle du plancher,
empêchentle flambement des raidisseurs horizontaux
hors de leur plan.
Dans les petites serres, les modules de verre sont
également suspendus à la toiture; chaque façade

Vues frontales d'une grande


serre et d'une serre sérielle.
Les poteaux de la structure
sont capotés de bois.

125
POSTFACE

Les grandes serres


comportent un double système
de raidisseurs en câbles:
les éléments primaires,
verticaux, assurent la liaison
avec la structure principale;
les éléments secondaires,
horizontaux, comportent
un tube central comprimé.
Les serres sérielles sont
rigidifiées par des raidisseurs
en câbles verticaux,
également pourvus d'une
membrure comprimée,
placés à leurs angles.

constitue un panneau indépendant. Les charges du a


vent sur le verre sont reprises par de simples poutres —
horizontales de section rectangulaire fixées dans les
angles de la serre à une paire de câbles verticaux. De
la même manière que dans les raidisseurs horizontaux ÈT
des grandes serres, ces tirants verticaux comportent
une membrure de compression qui résiste à la précon-
trainte des câbles.
Dans les deux cas, les détails de fixation du verre
sont identiques à ceux de la Villette. Seul l'assemblage _—
à quatre points n'est plus en forme de «H» mais de «X, < © 7) =
en étoile. Cette modification est intervenue pour des rai- 4 L
sons architecturales, mais aussi parce que l’on s’est 64
rendu compte qu'un module de verre, après avoir été
collé au silicone, devient relativement rigide; les possibi-
lités de mise en parallélogramme de l’ensemble du plan Rat
ne Se À ; Axonométrie éclatée de
Mitré Son donctrés imitées, Plutôtique de résoudre.les. L#210n monobloc en tonne
mouvements par une articulation et d'éventuelles défor- d'étoile intégrant le boulon
mations géométriques, on les autorise par le glissement 4/fculé. Elle est identique à celle
du boulon articulé sur ,une rondelle
Ur en PTFE à l'intérieur 7/92 24 pont
à simple vitragepour
de les façades
la Banque
de l'assemblage moulé en étoile. populaire de l'Ouest.

126
POSTFACE

EXPÉRIENCES JAPONAISES
La société Asahi Glass explore et exploite au Japon le
système de suspension du verre par boulon articulé
mis au point à la Villette depuis la fin des années 80.
L'apport principal de la firme a trait au comportement
en cas de séismes et de typhons. Des essais très
sophistiqués sont réalisés afin d'analyser les perfor-
mances du système dans des conditions extrêmes:
charges pouvant atteindre 350 kg/m? et charges sis-
miques atteignant latéralement 1 G. Le système s'est
avéré reproductible sans autre modification que celles
concernant la taille des volumes verriers et le dessin
des raidisseurs en câbles, qui doivent être adaptés à
des hypothèses de charges de vent beaucoup plus
contraignantes qu’en Europe.
Les essais menés dans le laboratoire de la société
Asahi ont établi le fait intéressant que, dans ces condi-
tions d’'expérimentation, des modules de verre suspen-
dus similaires à ceux de la Villette peuvent être entière-
ment ceints d’un mastic au silicone, plutôt que joints au
silicone extrudé, sans créer de contraintes excessives
où de rupture des modules de verre. Un déplacement
dû au cisaillement, de l’ordre de la moitié de la largeur
du joint, apparaît, indiquant qu’une bonne partie de
l'énergie est dissipée à l'intérieur du silicone.

Au pied de la tour de la Long


Term Credit Bank à Tokyo,
réalisée en 1993 par la société
Nikken Sekkei, le hall d'entrée
est enveloppé d'une façade
de verre structurel.
Ses proportions importantes
ont nécessité la présence
d'une structure métallique
renforcée.

lt
POSTFACE

Fa
La façade en verre translucide
de ce club de Tokyo, construit
en 1992 par Edward Suzuki,
ÈS
protège des regards une petite
cour privée.

SRI
ee

Trois réalisations de la firme Asahi sont ici présentées. lisation d'une façade-vitrine de 266 m? devant un
La première propose une intéressante application du bateau exposé dans le musée maritime réalisé par
principe en verre trempé sablé. La luminosité de la l'architecte Tetsuo Furuichi à Nagasaki, en 1994. Les
petite surface vitrée translucide (180 m°) crée, dans la raidisseurs en câbles sont du même type que ceux des
cour de ce club de 1 000 m° réalisé en 1992 à Tokyo serres du parc Citroën: ils sont dotés d’un tube central
par l'architecte Edward Suzuki, une ambiance subtile- comprimé, mais sont ici mis en œuvre verticalement et
ment intime. non horizontalement. D'après les architectes, l'utilisa-
La deuxième est un immeuble de 60 000 m° de tion de ce dispositif rappelant les mâts haubanés des
bureaux réalisé par la société Nikken Sekkei Ltd pour la navires est particulièrement appropriée dans un com-
Japan Long Term Credit Bank, non loin du Palais impé- plexe d'édifices voués à l'environnement nautique.
rial à Tokyo. Le monumental hall d'entrée est enve-
loppé d’une façade en verre structurel inspirée de
celles de la Villette, mais de proportion bien plus impor-
tante (1 800 m?): cinq travées en hauteur sur quatre en
largeur et deux en profondeur, chacune d'elle compor-
tant neuf (trois fois trois) modules de verre (à comparer
aux quatre par quatre modules de la Villette). Une telle
Des essais pour vérifier disposition permet un comportement des raidisseurs
le comportement du verre en câbles plus simple. Un calcul non linéaire est ainsi
structurel en cas de séismes
et de typhons ont été menés évité, mais la structure est visuellement plus présente.
ha (kg/oi)
par la société Asahi Glass. La troisième application du verre structurel est la réa- HA : LYY sn]
& A 750kg/cn Æfr9# (mm)

128
POSTFACE

Le musée maritime de Nagasaki,


réalisé par Tetsuo Furuichi en 1994,
expose, vers l'extérieur comme
vers l'intérieur, une de ses pièces
mal tresses g râce à une façade-vitrine
en verre structurel. La pièce centrale
comprimée des syst emes ral jdisseurs
en câbles verticaux rappelle le mât
haubané des bateaux.

129
POSTFACE

ATRIUM DE L'IMMEUBLE 50, AVENUE MONTAIGNE, PARIS


Date: 1998. L'avenue Montaigne est une adresse parisienne de L'atrium, orienté au sud, donne sur une cour inté-
Maître d'œuvre: Epstein, choix pour l'immobilier d'entreprise, du commerce de rieure voisine. || forme en plan un demi-cylindre de 8 m
Glaiman et Vidal.
luxe et de la mode. Dans le cadre de la restructuration de rayon sur 24 m de haut. Le design de la façade
Maître d'ouvrage: Arc Union.
Bureau de contrôle: Veritas. de plusieurs immeubles autour du 50, avenue Mon- répond à cette géométrie particulière. Dès l’origine,
Entreprise: Eiffel. taigne en complexe de bureaux et commerces, la créa- l'idée est de refléter ce demi-cylindre sur le verre, de
Coût au m° de vitrage manière à recréer virtuellement l’image du cylindre
tion d’un vaste atrium d'entrée est décidée, afin de
(structure, verre et
maintenance compris): faire pénétrer de manière spectaculaire la lumière natu- complet. Aussi la structure adopte-t-elle une géométrie
11 300 F HT (valeur 1992). relle dans l'édifice. Le maître d'ouvrage demande alors radiale pour renforcer cette figure; en outre, la surface
à Peter Rice et RFR de concevoir l'enveloppe vitrée de intérieure devra être le plus lisse possible.
cet atrium, en accord avec le projet architectural La structure consiste en une série de nappes de rai-
d'ensemble. disseurs en câbles horizontaux tendus entre les dalles
de plancher tous les 3 m. La géométrie en demi-cercle
est une configuration très performante: un câble princi-
pal fait office de catène qui transmet les pressions du
vent sur la façade vers les planchers, tandis que de
plus petits câbles radiaux assurent la stabilité de
l’ensemble par rapport aux charges asymétriques.
Le plan de verre, d’une surface totale de 24 m par
16 m, est suspendu à une poutre bowstring située à
SX l'extérieur du volume. Chaque module de verre est sus-
TS pendu, tout comme dans les serres de la Villette, à
celui qui est situé au-dessus de lui. Les fixations sont
cependant assurées par les pièces d'assemblage en

ÀÀ
étoile mises au point pour la Banque populaire de
?\\ a l'Ouest et les serres du parc Citroën. Ces pièces sont
2]\ ]
= D,
7 CN
reportées à l'extérieur de l’atrium afin de libérer, depuis
l’intérieur, une surface vitrée parfaitement lisse dans
AL)W 7
À} KE
/
UN |
laquelle se réfléchit le cylindre. Elles sont reliées aux

Q:
câbles raidisseurs par l'intermédiaire de bielles de sec-
Ni T Q

VS,
ZT A1
[>< AS e tion variable, articulées à chacune de leurs extrémités,
ET,
JAY,AN\A7 7
ANS NY \Y/
Ÿ et qui traversent le plan vitré au droit des angles entre
M
ieA MN A
\/
quatre modules vitrés. Le verre est sérigraphié: il crée
ANSE
ainsi, la nuit, une source diffuse de lumière réfléchie.

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AVVPN
À AUAA
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VANPA
UAANPA
AA
AAA

22 Axonométrie du principe
ce de structure de l'atrium
LA semi-cylindrique et perspective
T sur la façade depuis un
des niveaux de l'immeuble.

130
POSTFACE

Vue depuis la cour.


La façade vitrée de 24 m
de haut est suspendue à
une poutre bowstring située
à l'extérieur de l'atrium.
Le traitement du verre par
sérigraphie fait de la façade,
la nuit, une source de
lumière diffuse.

SR

131
POSTFACE

Dans l’atrium, la nature


à la fois transparente
et réfléchissante du verre
permet deux types de visions.
La façade laisse percevoir
les édifices qui bornent la cour
intérieure, tout en répétant
les lignes des nappes de
raidisseurs et les demi-cercles
des niveaux de l’atrium,
reconstruisant ainsi l'image
virtuelle d'un cylindre complet.
Le bas de la façade est
contreventé par un système
raidisseur autonome (en
câbles et contre-câbles
comme à la Villette), dénué
de câbles radiaux tendus vers
les planchers des niveaux
entourant l'atrium.

132
POSTFACE

Le bas de la façade vitrée fait l’objet d’un traitement


particulier, puisque la hauteur sous plafond de 7 m au
rez-de-chaussée n'autorise pas l'usage d'un raidisseur
normal (tous les 3 m). Un système raidisseur auto-
nome, avec des contre-câbles similaires à ceux mis en
œuvre à la Villette au lieu des câbles radiaux, est alors
utilisé. La hauteur des modules vitrés est, en outre,
bien plus grande que dans la partie supérieure de la
façade. Cette portée importante a été autorisée par le
calcul aux éléments finis. Celui-ci a, en effet, permis de
déterminer les contraintes exactes dans le verre et
démontré que ce matériau peut tolérer des flèches rela-
tivement importantes, pouvant atteindre 1/80° de sa
portée. En revanche, les calculs traditionnels sont fon-
dés sur la limitation du critère de flèche, afin de prévenir
les concentrations de contraintes au niveau des fixa-
tions. Le boulon articulé autorise des flèches consé-
quentes sans créer de concentration de contraintes, et
donc des surfaces vitrées plus importantes: ici, un
maximum de 3,8 m pour un verre de 15 mm d'épais-
seur. Finalement, le critère de limitation dimensionnelle
déterminant est d'ordre psychologique, lorsqu'un
observateur ressent un inconfort à la vue de la défor-
mation des modules de verre, même si les contraintes
restent parfaitement acceptables.

Axonométrie éclatée de
la pièce de fixation en étoile,
similaire à celle mise au point
à la Banque populaire
de l'Ouest. Les angles
des modules de verre sont
chanfreinés pour permettre
la liaison entre les pièces
d'assemblage du verre,
qui sont rejetées à l'extérieur,
et les raidisseurs en câbles,
qui traversent le volume
Fr) À
6 de l’atrium par l'intermédiaire
de bielles articulées de section
;fe variable traversant le pan vitré.

A0
A](2
[4
Û
L
A La nu intérieur de la façade
£(4 ORNE
SOS de l’atrium est parfaitement
lisse, les pièces de fixation
étant rejetées à l'extérieur,
COS
SE
au côté de la cour. Le pan vitré
EYXIJI,YÉY,Y,V,FYFVIYIWIVYYY,YYSNSN
TES
g US est cependant animé par le jeu
AU

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TESTS graphique des lignes tirées
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IION,Ç,Ç…<Ç,Ç,ÇçÇ…,Ç,Ç,Ç,(
RE par les câbles et les bielles
1SS0! OS
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ÉSSSSRSSSSSNONSS
de OR
OS
SACS des systèmes raidisseurs.

133
POSTFACE

PYRAMIDE INVERSÉE DU GRAND LOUVRE, PARIS


Date: 1998. Après une première collaboration lors des phases de losange. Ces câbles sont reliés au système raidisseur
Maître d'œuvre: leoh Ming Pei. dessins d'exécution et de fabrication de la pyramide primaire constitué par les quatre «bielles volantes» cen-
Maître d'ouvrage: EPGL.
Bureau de contrôle: Veritas. du Louvre, l'architecte loeh Ming Pei a demandé à trales et les câbles principaux.
Entreprises: Eiffel, structure; Peter Rice et RFR de l’assister dans la conception Chaque module de verre est attachéà celui situé au-
SIV, verre. d'une deuxième pyramide, inversée, toujours pour le dessus de lui par l'intermédiaire d’une fixation en forme
Coût au m° de vitrage
Grand Louvre. Celle-ci est pensée comme un lustre de croix. L'élément vertical reprend le poids propre,
(structure comprise):
24 700 F HT (valeur 1991). qui reflète la lumière du jour dans les espaces d’expo- tandis que l'élément horizontal prévient la rotation
sition et de commerce souterrains de la galerie du éventuelle d’un module autour de son axe vertical.
Carrousel. Par-delà cette fonction de source lumineuse, Chaque fixation est une adaptation du boulon articulé à
la pyramide inversée joue un rôle d’élément sculptural tête sphérique mis au point à la Villette.
à part entière. À la «base» — c'est-à-dire sur la surface supérieure —
La structure est presque entièrement en câbles ten- de la pyramide inversée, la toiture en verre est portée
dus sous le poids du verre. Chaque face de la pyra- par un double réseau de câbles totalement indépen-
mide est suspendue depuis son bord supérieur à la dant: des câbles principaux portant sur toute la largeur
structure périphérique en béton. Elle pend comme un de la base et des câbles secondaires, plus petits,
rideau de verre, de même que les panneaux suspen- tenant chacun des modules de verre. La composition
dus des serres de la Villette. L’inclinaison des faces est repose sur une trame écossaise qui facilite la concep-
maintenue par une série de petits câbles fixés au tion des détails en dissociant les nœuds des câbles pri-
centre de chaque moduie de verre en forme de maires des fixations des câbles secondaires.

Les éléments composant


la pyramide. De haut en bas:
Structure primaire, structure
Secondaire, pièces de
Suspension, modules de verre.

134
POSTFACE

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La toiture est elle-même en forme de pyramide très (=
plate afin d'assurer l'écoulement des eaux. Les
modules sont en verre feuilleté triple avec des bords
NON
EN \KK
N |
chanfreinés. IIS peuvent supporter l’'éventuelle (quoique
interdite) charge de personnes marchant sur eux. 81 60 vlementr NN à
NN AZ
L'inclinaison des surfaces de Verre les rend particuliè-
(&))
N K

rement performantes en termes de réflexion de la SE,

lumière. Les espaces situés derrière les surfaces vitrées es FEU

sont plus sombres que le ciel: les pans de verre ia

deviennent donc très réfléchissants. Une grande quan- (UE S'aA (VG) VUE st88

tité de lumière se trouve ainsi réfléchie vers les couloirs


DETAIL 8] eh 1/

souterrains, tandis que la pyramide semble extrême- (@ 7

ment lumineuse, en vertu des valeurs relatives de SCHEMA DE PERCAGE ve

lumière dans ces espaces.

En haut:
Coupe sur l’ensemble de la
pyramide. Chacune des faces
est suspendue à la structure
Ci-contre et à droite: périphérique en béton.
Vue et planche de détail La toiture, formée par la «base»
sur la pièce de suspension de la pyramide, est elle-même
du verre (phase DCE, en forme de pyramide plate
«Dossier de consultation afin de permettre l'écoulement
des entreprises »). des eaux.

135
POSTFACE

SIEGE SOCIAL DE CHANNEL 4, LONDRES


Date: 1994. L'immeuble du siège de Channel 4, réalisé à Londres
Maître d'œuvre: Richard par Richard Rogers, est caractérisé par un spectacu-
Rogers Partnership.
Maître d'ouvrage: Channel 4.
laire hall d'entrée, doté d'une façade en verre sus-
Entreprises: Eiffel; pendu courbe.
SIV, fourniture du verre. Cette surface en quart de cercle est encadrée par
Coût au m° de vitrage
deux pignons de verre qui se retournent vers le bâti-
(structure comprise):
OSSI ment et couronnée par une verrière en pente. Cette
complexe peau de verre est suspendue à une série de
doigts d'acier en porte-à-faux située en toiture et
contreventée par une double résille en câbles. Les
câbles verticaux et horizontaux de ce réseau sont mis
en tension les uns contre les autres et forment une
A droite: nappe de points fixes dans l’espace à l'intérieur de la
Vue de la façade d'entrée surface vitrée. Les modules de verre sont tenus à partir
située dans l'angle de l'édifice.
de ces points par de petites bielles articulées.
Ci-dessous: La prediction des performances du sys:ème en
Perspective depuis l'extérieur câbles fut délicate à opérer, compte tenu de la géomé-
de la façade, avec le complexe
système de raidisseurs
trie complexe de l’ensemble, des valeurs importantes
en câbles. de précontrainte rendues nécessaires par la courbure

relativement faible du réseau de câbles et des phéno-


mènes de fluage observés aux ancrages des câbles
dans l'ossature en béton de l'édifice.
Le principe de suspension du verre est similaire à
celui des serres de la Villette: les modules sont suspen-
dus en chaîne à partir de fixations à ressort; tous les
assemblages sont articulés afin d'assurer la prediction
des efforts créés dans chaque élément et le report hors
du pan vitré de toutes les forces extérieures.
La courbure en plan de la façade a cependant
nécessité quelques adaptations car cette forme permet
de reprendre certaines charges de vent: elle fonctionne
comme Un arc sous dépression et comme une catène
Sous pression. || est donc primordial que toutes les liai-
sons horizontales autorisent des mouvements dans le
plan du verre, afin que la courbe de verre ne reprenne
aucune charge, mais reporte toutes les contraintes
dans la structure en câbles qui est conçue à cet effet.
Compte tenu de la sensibilité du système aux mour-
vements différentiels, les joints en silicone jouent un
rôle important dans le comportement de la façade. La

136
POSTFACE

plupart du temps, on a eu recours à des joints à faible


module d'élasticité afin de laisser la surface courbe
«respirer».
Aux angles avec les pignons vitrés, les joints jouent,
au contraire, un rôle structurel. En effet, la stabilité au
vent des modules de verre aux extrémités de la façade
courbe dépend des pignons, qui se comportent
comme des poutres continues de verre sur toute la
hauteur de la façade. Le silicone transférant les efforts
de cisaillement générés dans le raidisseur par les
charges dissymétriques, un produit à haut module
d’élasticité a été utilisé.

En haut:
Détails de la façade courbe
depuis l'intérieur de l'atrium. Ci-contre:
À droite, le câble raidisseur Axonométrie éclatée
vertical est aligné sur le joint d'une fixation à quatre points
entre les modules vitrés. en forme de Hl.

137
POSTFACE

GARE D’INTERCONNEXION TGV, ROISSY


Date: 1994. Le programme d'extension de l'aéroport Charles-de-
Maître d'œuvre: ADR Gaulle comprend la création d’une gare d’intercon-
Maîtres d'ouvrage: Aéroports
de Paris (ADP) et SNCF
nexion avec le TGV et un module d'échanges entre
Bureau de contrôle: l’'aérogare CDG 2 et le futur aérogare CDG 8, conçus
CEP Veritas. par les architectes Paul Andreu (ADP) et Jean-Marie
Entreprises: Watson,
structure métallique ;
Duthilleul (SNCF), et l'ingénieur Peter Rice (bureau
Fischer, vitrage. d’études RFR).
Coût au m° de vitrage La gare enjambe l'axe de composition symétrique
(structure comprise):
des bâtiments formant le terminal 2 sous le module
3 300 F HT (valeur 1991).
d'échanges couronné par un hôtel. Elle est protégée
par une verrière et des parois latérales vitrées. Au total,
la gare a une longueur de 500 m, qui correspond à la verre offertes au voyageur empruntant le train. Depuis
taille maximale d’un train à grande vitesse, tandis que le module d'échanges, le visiteur a une vue plongeante
l'enveloppe de verre (toiture et parois latérales) repré- sur la structure du toit et peut apprécier sa métamor-
sente une surface de 28 000 m2. phose: un abri incliné s’élevant au-dessus des esca-
Le parti architectural est fondé sur la mise en scène liers mécaniques, puis une courbe recouvrant la tran-
des différentes visions de cette immense couverture de chées des voies de chemin de fer.

La gare d'’interconnexion,
d’une longueur de 500 m, est
implantée perpendiculairement
a l'axe de composition
des bâtiments de l’aérogare
CDG 2.
La vue latérale explicite
les options de traitements
différenciés des surfaces
vitrées des façades et de la
toiture. Celle-ci est une nappe
translucide, présente
et visuellement décollée
de son support, tandis que
celles-là sont aussi invisibles
que possible. Leurs trames
structurelles respectives
sont décalées: les poutres
croissants ne coincident pas
avec les mâts extérieurs.

138
POSTFACE
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TIRANT DE STABILISATION
DES POUTRES CROISSANT
(DANS LES FILES DES PYLONES )

La structure de la couverture est dessinée pour favo- G & © ® © © © : :


riser les vues vers l'aéroport et les avions. Cet effet est | Î | | | | | |
obtenu par des poutres reposant sur un double appui
central et retenues par des tirants verticaux à leurs
extrémités en porte-à-faux, une configuration qui favo-
rise les vues sur l'extérieur.
Ces poutres sont dites «croissants» du fait de leur
profil: la membrure inférieure comprimée est courbe: la
membrure supérieure tendue est rectiligne. Elles sup- +“ SAS ASAS AEASPa 2 24PA 2 2
portent par l'intermédiaire de bielles le maillage ortho- dddobobbdod
gonal des poutres tridimensionnelles sur lesquelles est
fixé le verre. Ce dispositif décolle visuellement la cou-
verture de la structure, la faisant ainsi paraître flotter au- «| =
dessus d'elle. Le verre est fixé par un simple joint de ; e a ro
silicone extrudé et, ponctuellement, par des rondelles |
anti-soulèvement vissées sur les poutres. Il est sérigra-
phié, de manière à renvoyer les rayons du soleil, le jour,
et à créer, la nuit, un réflecteur pour l'éclairage artificiel.
Ce plan de verre et son maillage de fixation doivent être
ressentis comme une surface lumineuse et non comme
une pure transparence disparaissant visuellement.
Au contraire, les parois latérales sont dessinées pour
être aussi transparentes que possible, afin d'optimiser
les vues sur l'extérieur et de renforcer la sensation que
la verrière flotte au-dessus d'elles. Le verre clair trempé
est tenu par des mâts en porte-à-faux. Ceux-ci sont
implantés tous les 4,76 m, sur une trame volontaire-
ment décalée de celle des poutres «croissants» et des
tirants verticaux retenant leurs extrémités, afin de pré-
venir toute lecture de ceux-ci comme étant suspendus
à la toiture. Ces mâts résistent aux efforts de torsion
par un système de câbles précontraints placé contre le
plan du verre. Les membrures reprenant les efforts de 2
: S ; Coupes longitudinale
compression, qui risquent d'obstruer la transparence, Pr PR RTE
sont réduites au strict minimum. sur les quais de la gare.

139
|

®|
35

140
POSTFACE

La conception des poutres


croissants retenues par
des tirants verticaux à leurs
extrémités en porte-à-faux
favorise les vues vers
les avions depuis l'intérieur
de la gare.

Les modules de verre sont tenus individuellement par Axonométrie éclatée


de la pièce de fixation
de petits «bras» en porte-à-faux mettant en œuvre les
des modules de verre des
boulons mis au point à la Villette et des «mains» façades latérales avec,
sophistiquées en acier inoxydable moulé. Le système en haut, la pièce moulée
des mains comprend des «doigts» avec des pièces de de fixation aux bras
des mâts extérieurs.
fixation en partie inférieure pour tenir les modules. En
partie supérieure de la main, une série de plus petits
«doigts» permet au verre de reprendre les charges qui
lui sont perpendiculaires. Ces doigts sont articulés afin
de désolidariser les modules les uns des autres et per-
mettre ainsi les mouvements différentiels comme la
dilatation thermique, le fluage, les flèches, sans créer
d'efforts dans le plan du verre. Cela est, en effet, très
important compte tenu de la longueur de la paroi
(100 m) et des mouvements possibles au sommet des
mâts en porte-à-faux, à 17 m de hauteur. L’assem-
blage en main comprend également un complexe sys-
tème de réglage afin de compenser les éventuelles
erreurs de positionnement des bras et des mâts.

141
POSTFACE

FAÇADE OCCIDENTALE DE LA CATHÉDRALE, LILLE


Projet à l'étude en 1994. La cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille, à Lille, a été chargé l'architecte Pierre-Louis Carlier de l'achèvement
Maîtres d'œuvre: bâtie au xX° siècle. La façade et les deux tours orien- de cette façade occidentale. L'équipe de maîtrise
Pierre-Louis Carlier, RFR. d'œuvre associe l’artiste Ladislas Kijno et les artisans
Maître d'ouvrage:
tées à l’ouest sont inachevées. La façade est temporai-
Evêché de Lille. rement traitée en brique et bois. L’évêque, Monsei- verriers Gruber, Pion et Loup pour la rosace, et Peter
gneur Vilnet, et l'Association diocésaine de Lille ont Rice/RFR pour le reste de la façade.
Ce projet, aujourd’hui encore au stade des dessins
préliminaires, représente une étape importante dans la
philosophie et la méthode d'exploitation du potentiel
architectural du pan lumineux.
Ladislas Kijno a intitulé son œuvre le Voile de Véro-
=
AA/

nique, en référence à l’étoffe avec laquelle cette sainte


a essuyé le visage du Christ peu avant la crucifixion.
Cette relique garde depuis l'empreinte de cette figure.
Le projet comporte trois arcs en ogive qui correspon-
dent aux travées de la nef et des bas-côtés. Chaque arc
sera réalisé en «pierre bleue» précontrainte, une roche
calcaire locale très dure. Celle-ci sera armée d’un
réseau de câbles et de raidisseurs. Cette pierre a été
choisie car la cathédrale est majoritairement traitée
dans ce matériau.
L'usage de la pierre selon les technologies les plus
récentes prend ici une valeur symbolique. En effet, la
conception des cathédrales a, de tout temps, reposé
sur les techniques contemporaines de maçonnerie en
pierre, et celle de Lille poursuivra ainsi cette tradition.
Le traitement même du Voile repose sur les tech-
niques modernes de mise en œuvre de la pierre. En
l'occurrence, un rideau suspendu de marbre translu-
cide. Le marbre est choisi en fonction de l'ambiance
lumineuse souhaitée à l’intérieur de la cathédrale. Sa
couleur s'harmonise avec la rosace de Kijno et avec le
niveau de lumière assez faible de l'intérieur.
Le projet prévoyait d'utiliser un sandwich de marbre
et verre collés par une résine en méthacrylate sous
forme liquide qui aurait absorbé les tolérances de pla-
néité dues aux imperfections de trempage du verre et
de laminage du marbre. Ce système de collage n'ayant
pu être garanti, un simple rideau de marbre est désor-
mais envisagé. La façade de la cathédrale de Lille n’est
donc pas évoquée ici en tant qu'exemple de mise en
œuvre du verre structurel, mais plutôt au titre de travail
architectural sophistiqué sur la façade translucide.

Perspective sur la façade,


avec la travée traitée
en panneaux suspendus
translucides et la rosace
conçue par Ladislas Kino.

142
POSTFACE

Les réalisations que nous venons de présenter témoi- chent à réaliser des variantes économiques du système
gnent du développement des idées et de la façon de sans en mesurer totalement les implications techniques
travailler mises au point pour les serres de la Cité des décrites dans ce livre. L'usage du verre structurel
sciences et de l’industrie de la Villette. Elles s'inscrivent nécessite, en effet, une mise en œuvre visant à la pro-
dans des contextes très divers, mais traitent toutes de tection du verre aux endroits où il est le plus sollicité
la mise en valeur du verre. || s’agit en effet pour nous par une série de dispositifs très précis. Ceux-ci sont
d'une matière dont on a mal apprécié jusqu'ici les iSSUs de longues recherches et d'essais approfondis,
capacités structurelles. Certes, le verre est très fragile; et ne doivent donc pas être modifiés sans expérimen-
mais il devient très résistant si on le fait travailler d’une tations poussées.
manière conforme à sa nature. Et il est doté de qualités L'avenir du verre dans le bâtiment est désormais lar-
architecturales remarquables. Grâce au phénomène de gement conditionné par le rôle climatique de ce maté-
la transparence, il permet la définition de surfaces et riau de façade: le verre favorise la perte où le gain
d'espaces subtils et ambigus — par sa dualité naturelle d'énergie en fonction de son exposition au soleil. Son
d'aspect, entre matérialité et immatérialité. faible coefficient d'isolation thermique fait qu'il peut
Dix ans ont passé depuis l'expérience de la Villette. aisément capter l'énergie solaire — c'est l’«effet de
Aujourd'hui, des projets utilisant le système de fixation serre» bien connu. L’approfondissement et l’intensifica-
à boulon articulé témoignent de son intérêt pour la tion des recherches sur l’utilisation de ce système en
transparence, tant en France qu’à l'étranger. L’exploita- double vitrage isolant s'imposent donc, afin de limiter
tion commerciale du système a en effet été organisée à les pertes d'énergie, d’une part, et de permettre le
la suite du dépôt d’un brevet: en Europe, par la SIV contrôle de l'apport solaire, d'autre part.
(Société Italiano Vetro), qui appartient aujourd’hui à la Enfin, le message que souhaite dispenser le présent
firme britannique Pilkington, la société Fischer en assu- ouvrage concerne l'importance de la réflexion sur la
rant plus particulièrement la distribution en Allemagne. manière de faire travailler la matière — ici, le verre — et
En Asie, c'est la société Asahi qui l’'exploite. Une colla- des thèmes de processus, prediction et hiérarchie.
boration étroite avec ces sociétés permet l'amélioration Seules la conscience et la compréhension de la
des techniques et leur application à un processus méthode de travail, qui est applicable à tout projet, per-
industriel. Elle assure également un contrôle des mettent d'établir le climat de confiance à même de
contrefaçons élaborées par des entreprises qui cher- garantir le succès d’une expérience.

Crédits photographiques

Les documents graphiques reproduits dans Dumage/Studio Littré: p. 8.


cet ouvrage ont tous été spécialement dessinés Hugh Dutton: p. 88, 40 g, 59, 73, 7/4 b, 86, 88 g, 92 met
par l'agence RFR. bar25 96 S ge!
Kathuaki Furudate: p. 20, 127, 128, 129.
ABPAOMIEAN Giraudon: p. 10, 11h.
Henry Bardsley: p. 22, 136. Alain Goustard/Archipress: couverture, p. 17, 24, 27, 40 d,
Jocelyne van den Bossche: p. 50, 56. 41 het bg, 60 sauf bd, 61, 82, 87, 88 d, 90, 92 h et ba, 93,
Luc Boegly/Archipress: p. 116, 117, 118 d, 134. bol
François-Xavier Bouchart/Archipress: p. 126 d. Pino Guidolotti: p. 111 g.
Jean-Louis Cohen: p. 13h. G. Halary/ADP: p. 138 h.
Peter Cook/Archipress: p. 137. Ken Kirkwood: p. 44 bd.
Stéphane Couturier/Archipress: p. 6-7, 9, 18, 19, 39, 58, 64, Ana Maksimiuk: p. 131.
ShatloeLatEerer Jean-Marie Monthiers: p. 28, 98.
Christophe Demonfaucon/Moniteur: p. 120, 121. Eamonn O’Mahory: p. 186.
Michel Denancé: p. 122, 182, 133, quatrième de couverture. Pinster & Tahl: p. 118.
Michel Denancé/Archipress: p. 28, 138 b, 140. Etienne Tricot: p. 74h.
Guy Deshayes: p. 41 bd, 60 bd, 66. Fernando Javier Urquijo: p. 21, 124, 126, 126 q.
John Donat: p. 44 h et bg. DAS o, bo, 12, 1819, 14, 16 G; 16.66.

143
Achevé d'imprimer
sur les presses
de MAME IMPRIMEURS. à Tours
N° d'impression : 33464
Dépôt légal : mai 1995
Le Verre structurel est le récit passionnant de la démarche
intellectuelle et technique accompagnant tout projet d’une haute
technologie, où l'architecture participe du développement d'une ii
| |
culture technique en permanente évolution.
Peter Rice et Hugh Duïton décrivent ici la réalisation d'un ouvrage t
exceptionnel - les serres de la Cité des sciences et de l’industrie du H
parc de la Villette à Paris ; ils exposent surtout en détail leu néthode PAR
et leur philosophie de conception. Ils mettent en lumière tautes les
difficultés et les obstacles qu'ils ont rencontrés.
Dans /e Verre structurel, Peter Rice et Hügh Dutton racontent en fait
l’histoire d’une nouvelle manière de travailler le matériau moderne par
excellence qu'est le verre. Peter Rice ne considérait plus celui-ci
comme une matière inerte; pour lui, le verre était un matériau qui,
lorsqu'il est correctement mis en œuvre, réagit et résiste aux efforts:
ses qualités structurelles sont alors exploitées.
Cinq ans après la première parution du livre, cette deuxième édition
mise à jour et augmentée par Hugh Dutton atteste la vitalité du
concept novateur mis au point à la Villette. Quinze réalisations
postérieures du bureau d’études parisien fondé par Peter Rice, RFR,
témoignent des déclinaisons possibles de cette nouvelle manière de
faire travailler la matière, en France et à l'étranger, et de son
adaptation à des projets d'échelle, de vocabulaire et de contraintes
techniques très divers.

Lars

/RUE
L’ingénieur irlandais Peter Rice (1935-1992) est considéré comme l’un des
plus grands concepteurs du xx'° siècle. Il a participé aux projets marquants
de la fin de celui-ci: l'opéra de Sydney, le centre Georges-Pompidou à il
Paris, le siège de la Lloyds à Londres, l'aéroport du Kansai…. Il partageait
son temps entre Londres, où il fut l’un des directeurs du très important
bureau d’études d'Ove Arup, et Paris, où.est basée l'agence qu'il a
fondée, RFR. Il a travaillé en étroite collaborätionsavec les principaux
protagonistes de l’architecture contemporaine, notamment Norman Fgsen
Richard Rogers, Renzo Piano.
CN
TON
L'architecte anglais Hugh Dutton, né en 1957, travaille depuis 1982 Dans
l’agence RFR, dont il est aujourd’hui l’un des directeurs. _#
KR-04
295 F TTC.
ISBN 2-281-19085-4

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