Vous êtes sur la page 1sur 28

QUI EST À L’ORIGINE DE CE GUIDE ?

Le présent guide d’application pratique a été établi à la demande du bureau de la coopération suisse en République
d’Haïti dans le but de fournir aux professionnels nationaux spécialisés dans le domaine des dangers naturels les
outils pratiques nécessaires pour l’établissement de cartes d’aléas. Le projet cherche à développer, par une étude
pilote dans la région du Sud-Est d’Haïti, une méthodologie d’analyse multirisque, basée sur la notion d’analyse mixte
(couplage de l’approche scientifique et participative). L’approche scientifique, a été mise en place par des experts in-
ternationaux qui ont travaillé de concert avec un groupe de professionnels nationaux. Un transfert de compétences
des experts à ce groupe de professionnels nationaux a été assuré tout au long de cette étude pilote.

Le mouvement social CROSE (Coordination Régionale des Organisations du Sud-Est), avait pour mandat la conduite
de la composante participative de l’étude, le processus de développement de maquette et la présentation des ré-
sultats de l’étude pilote sur la maquette en 3 dimensions. L’originalité de l’expérience réside dans l’intégration des
communautés à 3 niveaux d’analyse et d’intervention qui sont tous spatialisés, c’est-à-dire concrètement localisés
et raisonnés dans une vision globale de prévention des catastrophes :
ƒƒ Le diagnostic du milieu : identification, localisation des aléas et la manifestation des phénomènes sur la zone ;
ƒƒ La production des cartes communautaires de risque de base pouvant orienter les experts sur le terrain ;
ƒƒ La réflexion sur les alternatives à proposer en termes d’action pour mieux prévenir les catastrophes liées aux
aléas identifiés ;

L’équipe technique ayant participé au développement de ce guide d’application de la cartographie participative est
composée de :
ƒƒ Francis Devasllons Alcantara, Coordonateur du projet
ƒƒ Merès Jean Charles, responsable renforcement organisationnel
ƒƒ Jim Jacob Pierre, technicien agricole
ƒƒ Fecky Saintilmé, Ing-Agr
ƒƒ Elie Roc
ƒƒ David Lamour
ƒƒ Frantz Moïses
ƒƒ Lesly Cacisse
ƒƒ Fouchard Faustin
ƒƒ Michel Darcisse
ƒƒ Pitchon Espady, chargé de programme CROSE

POURQUOI CE GUIDE ?
Ce guide permet de mieux comprendre l’importance de la cartographie participative dans la démarche d’analyse et de
cartographie multirisques. Il est issu d’une expérience innovante en milieu rural haïtien qui s’inscrit dans une vision glo-
bale de prévention des risques naturels, la sécurité des personnes et des biens et la pérennisation des investissements
de reconstruction en anticipant les phénomènes naturels.

En s’appuyant sur cette expérience particulière, ce guide apporte aussi des réponses à des questions supplémentaires :
ƒƒ Comment valoriser une maquette en 3D pour qu’elle soit utilisé comme un outil d’aide à la décision à tous les
niveaux ; à la mise en place de schémas de valorisation du territoire plus cohérents ; à la formulation de propo-
sitions de bonnes mesures de prévention et de mitigation.

ƒƒ Comment motiver et permettre un vrai échange entre les élus, les responsables politiques, les techniciens et les
membres des communautés, chacun ayant une vision particulière d’un même territoire.

4 | Guide d’application de la cartographie participative d’analyses multirisques et construction de maquette 3D


À QUI S’ADRESSE CE GUIDE ?
Ce guide s’adresse aux professionnels nationaux qui sont appelés à répliquer l’approche mixte d’analyse multirisques ; à
tous les acteurs du développement rural travaillant sur les thématiques de la cartographie participative et la perception
des risques et des désastres ; les acteurs du développement engagés dans une collaboration multi-acteurs pour la dé-
finition d’actions consensuelles, la gouvernance locale transparente et équitable ; et les problématiques en lien avec le
territoire.

Les élus responsables de la définition et de la mise en place de politiques concertées et durables ; les professionnels
des ONG ; les animateurs accompagnants les organisations de base de la société civile ; les acteurs de la coopération
internationale bi ou multilatéral représentants des bailleurs de fonds.

Guide d’application de la cartographie participative d’analyses multirisques et construction de maquette 3D | 5


SOMMAIRE
QUI EST À L’ORIGINE DE CE GUIDE ? 4

POURQUOI CE GUIDE ? 4

À QUI S’ADRESSE CE GUIDE ? 5

A PRÉAMBULE 7
1. La cartographie participative : Quelques définitions ..…….…...…..................................………………………..…   8

2. Choix de la maquette 3D ..…………………...........................................................................................…………...…… 9

B DÉMARCHE GÉNÉRALE DE LA CARTOGRAPHIE PARTICIPATIVE EN 3D 11


1. Choix de la zone test ..…….……...............................................................................................…………………………   12

2. Travaux cartographiques (Bwa Piwo) ..............…………………........................................................………….…… 12

3. Sensibilisation de la population local et focus groupe ............................................................………….…… 13

4. Travaux de terrain (Grenn pwomennen) ..............…………………....................................................………….…… 14

5. Confrontation des cartes communautaires et cartes scientifiques ....................................………….…… 14

6. Validation des informations par la communauté et harmonisation des légendes ............………….…… 14

C CONSTRUCTION D’UNE MAQUETTE EN 3D 17


1. Principes de construction ..…….…...................................................…..................................…………………………   18
a. Construction du relief…….........................………………….........................................................................……………..   19
b. La découpe des feuilles de carton .................................................….............................…………………………….  20
c. Le collage …...................………………………….........................................................................................………….………   20
d. Finition du relief avec du papier crépon .................…………………………....................................………….………   21

2. Le choix des échelles ..…………………................................................................................................………….…… 22


a. L’échelle horizontale ..................……………………………….........................................................................…..………..   22
b. L’échelle verticale .......................……………………………….........................................................................……..……..   22

3. Report des informations sur la maquette ..…………………............................................................………….…… 23

4. La finition et l’entreposage la maquette ..…………….......……........................................................………….…… 24

D CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 25
PRÉAMBULE
1. LA CARTOGRAPHIE PARTICIPATIVE : QUELQUES DÉFINITIONS
La cartographie participative fait appel à plusieurs disciplines. Les outils développés utilisent des méthodes clas-
siques dite participatives : Évaluation Rurale Participative (Paticipatory Rural Appraisal), Apprentissage Participatif
par l’Action (Participative Learning Action), combinées aux systèmes et technologies de représentation de l’infor-
mation géospatiale : cartes topographiques, Systèmes d’Information Géographique (SIG), photographies aériennes,
Système de Positionnement Global (GPS).

L’objectif est de rendre ces informations accessibles à des groupes défavorisés et marginalisés afin de renforcer
leur capacité à créer, gérer, analyser et communiquer leur connaissance spatiale sur leur environnement, interpré-
ter la manifestation des phénomènes et aléas dans leur communauté.

Le savoir local est mis en exergue, permettant une meilleure communication entre les parties prenantes rurales
et extérieures. Une bonne pratique de cartographie participative permet la construction sur le long terme d’outils
d’aide à la prise de décisions flexibles et adaptées à différentes situations socioéconomiques et divers environne-
ments biogéographiques. Elle permet l’appropriation de l’accès et de l’usage de l’information spatiale aux groupes
directement concernés. La connaissance spatiale indigène est géoréférencée et permet alors aux communautés
d’engager un dialogue multidirectionnel sur des thèmes précis avec des autorités ou d’autres intervenants exté-
rieurs. Elle permet aussi un dialogue interne à la communauté.

Les méthodes de cartographie participative sont nombreuses et continuent d’être inventées pour chaque nouveau
contexte (photos 1 et 2, tableau 1). La communication est le mécanisme central pour le développement d’outils effi-
caces. L’information spatiale est convertie dans un langage visuel composé de points, de lignes et de polygones et
leur variante (forme, texture, couleur…). La légende rend alors l’information accessible au plus grand nombre.

Figure 1 - Construction d’une maquette participative en 3D en Haïti Figure 2 - Réalisation participative d’une carte à l’échelle au  Nicaragua

8 | Guide d’application de la cartographie participative d’analyses multirisques et construction de maquette 3D


Méthode / Outils Avantages Inconvénients Précision de l’information
Carte éphémère ƒƒ Participants à l’aise ƒƒ Temporaire
à même le sol ƒƒ Bonne participation de ƒƒ Pas de dialogue avec
tous l’extérieur
ƒƒ Création libre en ƒƒ Peu convaincant pour
fonction des matériaux des interlocuteurs
disponibles officiels
ƒƒ Facile à comprendre
Ébauche de carte ƒƒ Permanent ƒƒ Peut-être excluant (les
sur papier ƒƒ Facile à comprendre plus éduqués ont le
stylo
Carte à l’échelle ƒƒ Méthode relativement ƒƒ Exercice qui se veut
simple à mettre en géoréférencé mais la
place. précision de l’informa-
ƒƒ Variation des échelles tion dépendra de la ca-
et des thématiques pacité des participants
ƒƒ Digitalisable à s’orienter sur un plan
papier en 2D
Maquette en ƒƒ Bonne compréhension ƒƒ Temps, main-d’oeuvre,
3 dimensions et analyse de tous logistique importance
les acteurs. Dialogue ƒƒ Immobilité de la ma-
précis quette
ƒƒ Apprentissage collectif ƒƒ Prix
fort
ƒƒ Accès équitable à
toutes les parties
ƒƒ Digitalisable
ƒƒ Lecture de l’informa-
tion facilitée même
pour les personnes
analphabètes
Analyse de photos aé- ƒƒ Digitalisables (change- ƒƒ Manipulation, compré-
riennes, orthophotoplans. ment d’échelle, carte hension et appropria-
thématiques) tion par la communau-
ƒƒ Bonne reconnaissance té parfois difficile
pour dialogue avec
l’extérieur

2. CHOIX DE LA MAQUETTE 3D
Une maquette est une représentation partielle ou complète d’un système ou d’un objet (existant ou en projet) afin d’en
tester et valider certains aspects et/ou le comportement. La maquette peut être réalisée en deux ou trois dimensions, à
une échelle donnée, le plus souvent réduite ou agrandie pour en faciliter la visualisation.

La construction d’une maquette en 3D est coûteuse et demande du temps. D’autres méthodes plus rapides pourraient
permettre d’obtenir des résultats au moins équivalents en terme de qualité de l’information présentée (Tableau 1). Mais

Guide d’application de la cartographie participative d’analyses multirisques et construction de maquette 3D | 9


ces méthodes demandent une aptitude du groupe cible à l’analyse d’informations spatialement localisées et corrélées,
c’est à dire ayant acquis au préalable des réflexes quant à la gestion des informations spatiales : notion de dimension
représentée et de dimension réelle, notion de position relative en fonction de la position de l’observateur et de la direction
d’observation. Ces réflexes sont difficilement acquis au sein des populations n’ayant jamais été stimulées via la scola-
rité ou tout autre forme d’apprentissage ou par une pratique régulière. Pour l’obtention d’informations géoréférencées
servant de base à un diagnostic approfondi d’un territoire et la définition d’aménagement précisément localisés, les
méthodes « classiques », dans un seul plan, sont limités à un public déjà prédisposé.

Un modèle en 3 dimensions offre clairement une valeur addi-


tionnelle en permettant une représentation mentale de l’es-
pace plus efficace. En milieu rural haïtien, où la majorité de
la population est analphabète et n’a jamais vu ou utilisé des
cartes, la représentation du relief est l’élément clé qui permet
à tous de reconnaître et de se repérer dans un territoire fa-
milier (photo 3).

Cette méthode est alors particulièrement adaptée et efficace


pour la prise de décisions et la mise en place de schémas
d’aménagement sur le long terme dans les montagnes haï-
tiennes. Même pour des personnes habiles dans la lecture
de carte, la représentation du relief permettra de faciliter la
Figure 3 - Apparition du relief sur une maquette 3D représentation mentale du territoire et la réflexion associée.

10 | Guide d’application de la cartographie participative d’analyses multirisques et construction de maquette 3D


DÉMARCHE GÉNÉRALE
DE LA CARTOGRAPHIE
PARTICIPATIVE EN 3D
1. CHOIX DE LA ZONE TEST
Il s’agit pour une zone donnée, sur laquelle on porte une réflexion d’aménagement, de représenter en 3 dimensions les
reliefs (mornes, bas fonds, cours d’eau). Dans ce cas précis, les réflexions sont portées sur la prévention aux catastrophes
naturelles, élément indispensable à la réduction de la vulnérabilité et à l’amélioration de la résilience des communautés.

La finalité de cette expérience consiste à adapter la démarche d’analyse et de cartographie de risques en Haïti en com-
binant l’approche participative et l’approche scientifique dont les résultats permettront de fournir des extrants compré-
hensibles et utilisables à tous les niveaux par les principaux acteurs concernés par le développement et l’aménagement
de la zone test.

1. Choix de la zone d’étude


(Sous demande du commanditaire)

2. Travaux cartographiques (Bwa Piwo)

3. Sensibilisation de la communauté
(Focus-Groupe & Élaboration des cartes communautaires)

4. Travaux de terrain (Grenn Pwomennen)
Vérification des phénomènes sur le terrain

5. Confrontation des résultats
(Approche participative et Scientifique)

6. Validation des résultats par la communauté

7. Report des résultats sur la maquette 3D

2. TRAVAUX CARTOGRAPHIQUES (BWA PIWO)


a- Préparation de la carte de base
La recherche des cartes de base se fait auprès du Centre National d’Information Géospatiales (CNIGS). La carte doit faire
apparaître les zones limitrophes à la zone d’étude. Cette décision est prise de concert avec le commanditaire de l’étude
en fonctions des objectifs fixés.
La carte topographique de base, représentant l’ensemble des courbes de niveau qui vont être reconstruites à l’échelle de
la maquette, est un élément essentiel pour la construction de la maquette. Deux cartes sont utilisées :
ƒƒ La première carte est munie d’un système de coordonnées qui peut servir à replacer la maquette dans un Sys-
tème d’Information Géographique plus complet et à reporter des informations sur la maquette.

ƒƒ La deuxième carte de base sert à reproduire les courbes de niveau une à une sur des feuilles de cartons. La prépa-
ration des cartes de base se fait à partir des courbes de niveau digitalisées dans un logiciel de SIG.

12 | Guide d’application de la cartographie participative d’analyses multirisques et construction de maquette 3D


b- Impression des cartes de bases
Les dimensions des cartes de base dépassent souvent les dimensions des formats de papiers classiques. Il est alors
possible via les logiciels de SIG de :
ƒƒ Imprimer la carte morcelée sur plusieurs feuilles de papier qui seront ré-assemblées par la suite ;

ƒƒ S’adresser à une imprimerie qui dispose des formats adaptés.

3. SENSIBILISATION DE LA POPULATION LOCALE ET FOCUS GROUPE


Plusieurs mois est nécessaire entre le début du processus du développement de la cartographie participative et la
construction d’une maquette en 3D pour intégrer la communauté à tous les niveaux d’intervention.
Ce temps permet de :
ƒƒ Avoir une vision globale sur la zone d’étude du point de vu topographique que du point de vu des aléas naturels
présents ;
ƒƒ Expliquer aux acteurs/parties concernées le travail que l’on va réaliser, sa pertinence et son intérêt pour la
communauté ;
ƒƒ Rechercher la participation, au niveau local pour assurer l’appropriation et la durabilité de la maquette ;
ƒƒ Préparer les travaux de terrain (Grenn Pwonmennen) et les discussions autour des zones géographiques à
délimiter ;
ƒƒ Faire un découpage de la zone d’étude en blocs géographiques cohérents regroupant les habitations et/ou
localités présentant des caractéristiques similaires.

Au niveau de chaque Bloc, un focus groupe doit être réalisé avec un noyau représentatif de la population pour l’élabora-
tion des cartes des risques communautaires mettant en évidence la présence des aléas qui affectent leur communauté.

L’originalité de l’expérience présentée ici réside dans l’intégration des familles paysannes à 3 niveaux d’analyse et d’inter-
vention qui sont tous spatialisés, c’est-à-dire concrètement localisés et raisonnés dans une vision globale de prévention
des catastrophes :
ƒƒ Le diagnostic du milieu : identification, localisation des aléas et la manifestation des phénomènes sur la zone ;
ƒƒ La production des cartes communautaires de risque de base pouvant orienter les experts sur le terrain dans la
démarche scientifique ;
ƒƒ La réflexion sur les alternatives à proposer en termes d’actions (formulation de propositions de bonnes mesures
de prévention et de mitigation) pour mieux prévenir les catastrophes liées aux aléas identifiés.

Figure 4 - Présentation des cartes communautaires réalisées lors des focus groupe

Guide d’application de la cartographie participative d’analyses multirisques et construction de maquette 3D | 13


4. TRAVAUX DE TERRAIN (GRENN PWONMENNEN)
Cette partie est un processus qui permet de mieux connaitre la zone de travail. Il se réalise avec des personnes clés qui
connaissent très bien la zone et étant disponible pour recevoir des formations sur l’utilisation d’un GPS. Leur rôle est de
délimiter les zones prédéfinies : habitations, les zones d’enjeux et les bâtiments publics pouvant servir d’abris provisoires
en cas de catastrophe.

Ces données GPS sont acheminées au Responsable de Bwa Piwo pour manipulation dans un logiciel SIG. En quadrillant
la maquette à partir d’un système de coordonnées, il est possible de délimiter fidèlement sur la maquette les zones
identifiées sur le terrain.

5. CONFRONTATION DES CARTES COMMUNAUTAIRES ET CARTES SCIENTIFIQUES


Un atelier est réalisé avec les représentants de chaque bloc ayant participé à l’élaboration des cartes communautaires et
les experts qui ont implémenté la démarche scientifique. L’objectif de cette étape est de comparer les résultats obtenus
des deux approches (participative et scientifique) aux fins de trouver un consensus avec les communautés. Certains
aléas ont été sous-estimés ou absents dans la perception des menaces par les communautés. Les résultats obtenus des
deux approches se sont complétés au cours de cet atelier pour l’élaboration des cartes définitives et le produit/résultat
surtout en termes de qualité et la formulation des propositions d’intervention pour atténuer les risques identifiés.

Figure 5 - Confrontation des cartes communautaires et cartes scientifiques

6. VALIDATION DES INFORMATIONS PAR LA COMMUNAUTÉ


ET HARMONISATION DES LÉGENDES
La dernière étape de la démarche demande une évaluation critique des résultats. En complément à l’appréciation scien-
tifique des résultats, de juger leur pertinence en organisant un atelier de restitution avec un noyau représentatif de
la communauté et de discuter l’ensemble de la zone d’étude. Lors de cet atelier, les résultats de l’étude pilote ont été
présentés par les experts nationaux. Ce processus permet d’informer la communauté des aléas présents et de préciser
certaines données, voire de mettre en évidence de possibles incohérences des résultats qu’il faudra corriger. Au final, les
résultats de l’étude ont été validés par la communauté et un consensus a pu être trouvé pour le report de l’ensemble des
résultats sur la maquette pour faciliter les discussions.

Des scores et des couleurs sont attribués pour chaque aléa. Le choix des légendes reflète le langage commun pour que
les membres de la communauté s’approprient facilement les symboles. La maquette est destinée à divers utilisateurs, les
légendes sont identifiées avec les noms proposés par la communauté et les noms techniques proposés par les experts.

14 | Guide d’application de la cartographie participative d’analyses multirisques et construction de maquette 3D


Guide d’application de la cartographie participative d’analyses multirisques et construction de maquette 3D | 15
CONSTRUCTION D’UNE
MAQUETTE EN 3D
1. PRINCIPE DE CONSTRUCTION
Le principe de base de construction d’une maquette en trois dimensions commence par la vérification des courbes de
niveau avec leur altitude. Pour rappel, une courbe de niveau est une ligne imaginaire qui relie tous les points situés à une
même altitude. Sur n’importe quel relief on peut imaginer, tracer des courbes de niveau séparées par une altitude choisie
(10m, 20m, 100m…). Lorsque ces courbes sont projetées dans un plan en 2 dimensions et réduites à une échelle donnée,
on obtient une carte topographique.

Le principe de construction d’une maquette en 3D est le procédé inverse. A partir d’une carte de base, où sont représentées
les courbes de niveau à l’échelle voulue, on redonne une épaisseur, une troisième dimension à l’espace situé entre chaque
courbe de niveau à l’aide d’une couche de carton. En empilant successivement les couches de cartons les unes sur les
autres, on reconstruit le relief qui apparaît avec une forme en escalier (figure 7).

Figure 7 - Principes générales de construction d’une maquette 3D (1)

D’une manière générale, sur une première table de travail, une grande feuille de papier carbone est placée sous la carte de
base. Puis les courbes de niveau sont retracées une à une sur une couche de carton d’épaisseur fixe, en commençant par la
courbe de niveau la plus basse. Chaque couche de carton est ensuite découpée en suivant la courbe de niveau reportée, et
est collée sur la couche de carton du niveau inférieur sur une deuxième table portant la maquette en 3D (figure 8).

18 | Guide d’application de la cartographie participative d’analyses multirisques et construction de maquette 3D


Figure 8 - Principes générales de construction d’une maquette 3D (2)

a. Construction du relief
Chaque courbe de niveau de la carte de base est reproduite sur une feuille de carton grâce à l’utilisation de papier car-
bone (Photo 9), de la plus basse à la plus haute. Pour faciliter la lecture des altitudes des courbes de niveau, un jeu de
couleur est utilisé. Par exemple toutes les altitudes finissant par 20 m (720, 820, 920 m) apparaissent en jaune sur la carte
de base, toutes les altitudes finissant par 40 m apparaissent en rouge (Photo 9) etc...

Lorsque l’on reporte une altitude donnée sur le carton : la courbe correspondante est tracée en trait plein, la courbe de
niveau supérieure est tracée en pointillé, formant un guide qui servira à placer la prochaine feuille de carton par-dessus
(Photo 10). Ainsi la position relative des courbes les unes par rapport aux autres est respectée, permettant de recons-
truire fidèlement la forme du relief.

Figure 9 - Utilisation d’un jeu de couleur Figure 10 - En trait plain la courbe de Figure 11 - La courbe apparaît sur la feuille de
pour représenter les courbes de nou- niveau travaillé ; en pointillé la courbe carton grâce au papier carbone situé sous la
veaux sur la carte de base de niveau supérieur. carte de base

Guide d’application de la cartographie participative d’analyses multirisques et construction de maquette 3D | 19


b. La découpe des feuilles de cartons
Chaque feuille de carton est ensuite découpée à l’aide de petits couteaux en suivant la ligne pleine. La partie présentant
les pointillés est gardée et sera collée sur la maquette. Il se peut qu’une courbe de niveau se présente en plusieurs mor-
ceaux après découpage. Alors, on vérifie bien que tous les morceaux sont référencés afin qu’ils ne soient pas perdus et
qu’ils soient facilement replacés sur la maquette.

Figure 12 - Découpage du carton en suivant la ligne pleine Figure 13 - Les morceaux correspondants à la courbe
de niveau sont bien référencés avant le découpage

c. Le collage
Sur la table qui supporte la maquette, une carte de base est aussi collée (photo 14). Elle présente un système de coordon-
nées sur les côtés. La première couche de carton est collée sur la table en suivant bien le dessin de la courbe de niveau
la plus basse sur la carte de base (photo 15). On ajoute des clous bien répartis sur toute la surface de la maquette pour
s’assurer de la bonne fixation de cette première couche à la table de support. Puis les couches suivantes sont ajoutées
les unes sur les autres en suivant les guides en pointillés créés lors du retraçage des courbes de niveau. Au fur et à me-
sure le relief apparaît (photo 15). Il est géoréférencé grâce au système de coordonnées et au respect des positions des
courbes de niveau les unes par rapport aux autres.

Pour toutes les opérations de collage, de la colle liquide est utilisée. Elle est versée dans des verres en plastique et est
ensuite étalée sous la couche de carton à l’aide de gros pinceaux (photo 18).

20 | Guide d’application de la cartographie participative d’analyses multirisques et construction de maquette 3D


Figure 15 - Superposition des couches de cartons pour construire le relief

Figure 14 - Le système de coordonnées est bien


indiqué sur une bande tout autour de la carte de
base pleine

Figure 16 - Opération de collage des cartons

d. Finition du relief avec du papier crépon


Pour adoucir les formes en escalier du relief, et pour créer un support adéquat pour la peinture qui sera utilisée lors du
report des informations, du papier crépon est collé pour recouvrir toute la surface. Des petits rectangles de papier sont
d’abord découpés aux ciseaux (Photo 17). Ils sont étalés à l’aide des pinceaux légèrement imbibés de colle (photo 18).
Plusieurs couches de papier crépon sont nécessaires (jusqu’à 7 ou 8) pour commencer à masquer les escaliers.

Guide d’application de la cartographie participative d’analyses multirisques et construction de maquette 3D | 21


Figure 17 - Préparation du papier crépon

Figure 19 - Fin de la construction du relief de la maquette


Figure 18 - Le papier est étalé sur toute la
surface de la maquette

2. LE CHOIX DES ÉCHELLES


a. L’échelle horizontale
Le choix de l’échelle horizontale va déterminer la dimension finale de la maquette à construire, mais est aussi
un élément essentiel pour la bonne lecture des informations présentées et une utilisation efficace de l’outil de dialogue.
Les possibilités d’animation autour de la maquette et la précision des débats et prises de décision seront liées au niveau
de détail obtenu dans la représentation du territoire sur la maquette. Il convient de revenir sur les principaux éléments
permettant un choix adapté de l’échelle de représentation.

D’abord, plus l’échelle utilisée est grande, plus la réduction de la réalité est petite, et plus la précision obtenue dans la
représentation des formes du relief est grande. Aussi le repérage sur la maquette pour les participants à l’atelier et pour
différents observateurs est facilité, et la qualité des informations représentées augmentent. Mais au-delà de ce simple
principe, le choix final de l’échelle horizontale s’articule autour :
ƒƒ D’aspects pratiques : quelles sont les dimensions de la zone que l’on veut reproduire ?
ƒƒ Quel est l’espace disponible pour l’entreposage de la maquette, quel est le budget disponible pour sa construc-
tion ?
ƒƒ De l’objectif de la démarche : que veut-on faire de la maquette, quel type de débat veut-on stimuler avec ?

Même si le choix d’une ‘grande’ échelle est généralement préféré, une ‘petite’ échelle permettra de rendre possible la
représentation de grandes zones et, pour une taille équivalente, diminuera les coûts de construction car consommera
moins de matériel.

b. L’échelle verticale :
On peut choisir une échelle verticale volontairement plus grande que l’échelle horizontale, c’est à dire sur-représenter ou
grossir le relief dans les cas suivants :
ƒƒ Le relief de la zone à construire n’est pas très marqué, on peut choisir de le faire mieux apparaître pour faciliter
la lecture de la maquette.

22 | Guide d’application de la cartographie participative d’analyses multirisques et construction de maquette 3D


ƒƒ La zone à représenter est vaste entraînant un choix d’échelle horizontale petite. Dans ce cas-là, l’observateur
de la maquette aura une position plus reculée par rapport à la maquette, comme s’il était situé dans un avion
volant à haute altitude. Le relief lui apparaît ‘aplati’ par rapport à un observateur qui est au sol ou proche du sol.
On choisit alors de grossir le relief.

Aussi le choix de l’échelle verticale est directement lié à des contraintes techniques : les épaisseurs de cartons dispo-
nibles pour chaque courbe de niveau, et avec quelle différence d’altitude les courbes de niveau de la zone sont-elles
accessibles.

En Haïti, il est relativement facile d’obtenir des ‘feuilles’ de carton mousse de 4 mm d’épaisseur bien adaptées à la
construction de maquette en 3D. D’autres épaisseurs n’ont pas été trouvées. Aussi les courbes de niveau digitalisées sont
accessibles avec une équidistance de 20 m (on peut alors facilement sélectionner seulement des courbes équidistantes
de 40 m si besoin). Avec des cartons de 4 mm d’épaisseur, des échelles verticales au 1/5’000 et au 1/10’000 permettront
bien respectivement de représenter une équidistance de 20 m et 40 m entre chaque courbe de niveau.

3. REPORT DES INFORMATIONS SUR LA MAQUETTE


Les cartes des aléas fournit par les experts contiennent l’essentiel des informations à reporter sur la maquette. La carte
de l’aléa sécheresse est utilisée comme carte de base pour habiller la maquette étant donné qu’il est reparti sur toute
la zone d’étude. Puis, sont ajoutées les résultats des aléas inondation et mouvement de terrain. Le quadrillage de la ma-
quette en fonction des coordonnées permet de reporter fidèlement les informations (Fig 21).

Figure 20 - Report des informations sur la maquette

Guide d’application de la cartographie participative d’analyses multirisques et construction de maquette 3D | 23


Figure 21 - Grille reproduisant le système de coordonnées
à l’aide de clous Figure 22 - Maquette en cours de finition

4. LA FINITION ET L’ENTREPOSAGE DE LA MAQUETTE


Une fois la construction de la maquette terminée et le report des informations finalisé, un espace doit être retenu pour
l’entreposage de la maquette. Dans tous les cas, il est nécessaire de s’assurer qui aura la responsabilité de l’entreposage
et de la surveillance de la maquette. Aussi pour augmenter la « durée de vie » d’une maquette, il est conseillé de la vernir
et/ou de prévoir un couvercle fermé. La maquette doit être accessible à tous les acteurs et pourra être utilisée à toutes
fins utiles pour la communauté.

Figure 23 - Maquette finalisée

24 | Guide d’application de la cartographie participative d’analyses multirisques et construction de maquette 3D


CONSIDÉRATIONS
GÉNÉRALES
La maquette, en plus d’être considérée comme une œuvre d’art pour certain et un outil de développement cartogra-
phique ou scientifique pour d’autre, on pourrait dire qu’elle représente une bibliothèque vivante pour qui veut l’exploiter
au sein d’une communauté. Son efficacité dans le domaine d’aménagement de bassin versant, de mise en place de plan
de développement communautaire, de gestion de risque de désastres, etc… est déjà prouvée par CROSE dans les trois
arrondissements du département du Sud’Est d’Haïti.

En effet, le scientifique pourrait toujours la rendre beaucoup plus scientifique et l’artiste beaucoup plus esthétique. Mais
l’essentiel pour nous c’est sa facette participative facilitant le dialogue, la coopération, la cohésion sociale entre le pro-
fessionnel et le paysan apportant chacun sa contribution dans un mariage Bwa Piwo/Grenn Pwonmennen afin contribuer
au développement du pays.

26 | Guide d’application de la cartographie participative d’analyses multirisques et construction de maquette 3D

Vous aimerez peut-être aussi