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Mise en situation

I. Voici le récit de trois cauchemars qu'ont fait des jeunes de ton âge. Lis-les et ensuite, écris le tien
en 5 lignes.

II.

Souligne dans cet extrait tous les mots appartenant au champ lexical de la peur, élément essentiel du
récit fantastique !

Une grande femme vêtue de blanc me regardait, debout derrière le fauteuil où j’étais assis une seconde
plus tôt.
Une telle secousse me courut dans les membres que je faillis m’abattre à la renverse ! Oh ! personne
ne peut comprendre, à moins de les avoir ressenties, ces épouvantables et stupides terreurs. L’âme se
fond ; on ne sent plus son cœur ; le corps entier devient mou comme une éponge, on dirait que tout
l’intérieur de nous s’écroule.
Je ne crois pas aux fantômes, eh bien ! J’ai défailli sous la hideuse peur des mots, et j’ai souffert, oh !
J’ai souffert en quelques instants plus qu’en tout le reste de ma vie, dans l’angoisse irrésistible des
épouvantes surnaturelles.
Guy de MAUPASSANT, L’Apparition

III. Effectue un tri dans ce champ lexical…classe les mots selon leur nature :

- les noms: …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

- les verbes: ……………………………………………………………………………….………………………..……………………………………………………………………

- les adjectifs qualificatifs : ………………………………………………………………………………………………………………………………………………..


Cours de français CSPU P.2 : Le fantastique
3e année

IV. Quel est le champ lexical dominant dans cet extrait ? Entoure les mots ou expressions qui se

rapportent à cette notion. Il s’agit d’un sens !

Donc je faisais semblant d’écrire, pour le tromper car il m’épiait lui aussi ; et soudain, je sentis, je fus certain
qu’il lisait par-dessus mon épaule, qu’il était là, frôlant mon oreille.
Je me dressai, les mains tendues, en me tournant si vite que je faillis tomber. Eh ! bien ?…On y voyait
comme en plein jour, et je ne me vis pas dans la glace !…Elle était vide claire, profonde, pleine de lumière !
Mon image n’était pas dedans…et j’étais en face, moi ! Je voyais le grand verre limpide du haut en bas. Et je
regardais cela avec des yeux affolés ; et je n’osais plus avancer, je n’osais plus faire un mouvement, sentant
bien pourtant qu’il était là, mais qu’il m’échapperait encore, lui dont le corps imperceptible avait dévoré
mon reflet.
Guy de MAUPASSANT, Le Horla

V. Voici une série de mots appartenant au champ lexical du fantastique. Classe-les dans le tableau ci-
dessous.

Belzébuth - ensorceleuse - loup-garou - Satan - spectral - chauve-souris - ensorcelé - magicien - Dracula -


Frankenstein - magique - démon - fantôme - maléfique - sorcière - démoniaque - hanté - Prince des Ténèbres -
vampire - diabolique - revenant - zombie - esprit - satanique-spectre

Catégories Noms propres Noms communs Adjectifs qualificatifs

Animaux

Morts-vivants

Diable

Êtres doués de dons


surnaturels

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Séquence 1 : Découverte de la nouvelle fantastique

I. Lis les trois nouvelles fantastiques suivantes et réponds aux questions :

Texte 1 : Le veston ensorcelé de Dino Buzatti

* Étape 1 :
Bien que j’apprécie l’élégance vestimentaire, je ne fais guère attention, habituellement, à perfection plus ou moins
grande avec laquelle sont coupés les complets de mes semblables.
Un soir pourtant, lors d’une réception dans une maison de Milan, je fis la connaissance d’un homme qui paraissait avoir la
quarantaine et qui resplendissait littéralement à cause de la beauté linéaire, pure, absolue de son vêtement. Je ne savais pas qui
c’était, je le rencontrais pour la première fois et pendant la présentation, comme cela arrive toujours, il m’avait été impossible
d’en comprendre le nom. Mais à un certain moment de la soirée je me trouvai près de lui et nous commençâmes à bavarder. Il
semblait être un homme poli et fort civil avec toutefois un soupçon de tristesse. Avec une familiarité peut-être exagérée - si
seulement Dieu m’en avait préservé ! - je lui fis compliments pour son élégance ; et j’osai même lui demander qui était son
tailleur.
L’homme eut un curieux petit sourire, comme s’il s’était attendu à cette question.
«Presque personne ne le connaît, dit-il, et pourtant c’est un grand maître. Mais il ne travaille que lorsque ça lui chante. Pour
quelques clients seulement.
- De sorte que moi... ?
- Oh! vous pouvez essayer, vous pouvez toujours. Il s’appelle Corticella, Alfonso Corticella, rue Ferrara au 17.
- Il doit être très cher, j’imagine.
- Je le pense, oui mais à vrai dire je n’en sais rien. Ce costume il me l’a fait il y a trois ans et il ne m’a pas encore envoyé sa note.
- Corticella ? rue Ferrara, au 17, vous avez dit ?
- Exactement », répondit l’inconnu.
Et il me planta là pour se mêler à un autre groupe.

Au 17 de la rue Ferrara je trouvai une maison comme tant d’autres, et le logis d’Alfonso Corticella ressemblait à celui des autres
tailleurs. Il vint en personne m’ouvrir la porte. C’était un petit vieillard aux cheveux noirs qui étaient sûrement teints.
A ma grande surprise, il ne fit aucune difficulté. Au contraire il paraissait désireux de me voir devenir son client. Je lui expliquai
comment j’avais eu son adresse, je louai sa coupe et lui demandai de me faire un complet. Nous choisîmes un peigné gris puis il
prit mes mesures et s’offrit de venir pour l’essayage chez moi. Je lui demandai son prix. Cela ne pressait pas, me répondit-il, nous
nous mettrions toujours d’accord. Quel homme sympathique ! pensai-je tout d’abord. Et pourtant plus tard, comme je rentrai
chez moi, je m’aperçus que le petit vieux m’avait produit un malaise (peut-être à cause de ses sourires trop insistants et trop
doucereux). En somme je n’avais aucune envie de le revoir.

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Mais désormais le complet était commandé. Et quelque vingt jours plus tard il était prêt. Quand on me le livra, je l’essayai, pour
quelques secondes, devant mon miroir. C’était un chef-d’œuvre. Mais je ne sais trop pourquoi, peut-être à cause du souvenir du
déplaisant petit vieux, je n’avais aucune envie de le porter. Et des semaines passèrent avant que je me décide.

Questions :

1. Le narrateur est-il un narrateur témoin ou un narrateur-héros ? Justifie ta réponse.

2. Relève les trois lieux où se déroule l’histoire.

3. S’agit-il de lieux étranges ?

4. Relève les trois personnages dont nous parle l’extrait.

5. Certains personnages te semblent-ils étranges ? Si oui, pourquoi ?

6. Le héros dit « Si seulement Dieu m’avait préservé »>. Quel indice cette réflexion donne-t-elle au lecteur

quant à la suite du récit ?

7. Des expressions ou courtes phrases t’ont certainement paru étranges. Relève-les dans le texte.

8. Relis le titre de la nouvelle. Quelles hypothèses émets-tu pour la suite du récit ? Que va-t-il se passer ?

Le début d’un récit fantastique :

● Le récit fantastique est le plus souvent rédigé à la première personne : le narrateur raconte une

histoire insolite qu’il a lui-même vécue ou dont il a été témoin.

● L’histoire racontée se déroule toujours dans un univers réaliste, le héros ne sait pas ce qui va lui

arriver, il n’a pas peur car son aventure commence de façon banale, mais certains détails créent un

certain malaise.

* Étape 2 :

Ce jour-là, je m’en souviendrai toujours. C’était un mardi d’avril et il pleuvait. Quand j’eus passé mon complet - pantalon, gilet et
veston - je constatai avec plaisir qu’il ne me tiraillait pas et ne me gênait pas aux entournures comme le font toujours les
vêtements neufs. Et pourtant il tombait à la perfection.

Par habitude je ne mets rien dans la poche droite de mon veston, mes papiers je les place dans la poche gauche. Ce qui explique
pourquoi ce n’est que deux heures plus tard, au bureau, en glissant par hasard ma main dans la poche droite, que je m’aperçus
qu’il y avait un papier dedans. Peut-être la note au tailleur ?
Non. C’était un billet de dix mille lires. Je restai interdit. Ce n’était certes pas moi qui l’y avais mis. D’autre part il était absurde de
penser à une plaisanterie du tailleur Corticella. Encore moins à un cadeau de ma femme de ménage, la seule personne qui avait

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eu l’occasion de s’approcher du complet après le tailleur. Est-ce que ce serait un billet de la Sainte Farce ? Je le regardai à
contre-jour, je le comparai à d’autres. Plus authentique que lui c’était impossible. L’unique explication, une distraction de
Corticella. Peut-être qu’un client était venu lui verser un acompte, à ce moment-là il n’avait pas son portefeuille et, pour ne pas
laisser traîner le billet, il l’avait glissé dans mon veston pendu à un cintre. Ce sont des choses qui peuvent arriver.
J’écrasai la sonnette pour appeler ma secrétaire. J’allais écrire un mot à Corticella et lui restituer cet argent qui n’était pas à moi.
Mais, à ce moment, et je ne saurais en expliquer la raison, je glissai de nouveau ma main dans ma poche.
- « Qu’avez-vous, monsieur ? Vous ne vous sentez pas bien ? » me demanda la secrétaire qui entrait alors. J’avais dû pâlir
comme la mort. Dans la poche mes doigts avaient rencontré les bords d’un morceau de papier qui n’y était pas quelque instant
avant.
- « Non, non, ce n’est rien, dis-je, un léger vertige. Ça m’arrive parfois depuis quelque temps. Sans doute un peu de fatigue. Vous
pouvez aller, mon petit, j’avais à vous dicter une lettre mais nous le ferons plus tard. »
Ce n’est qu’une fois la secrétaire sortie que j’osai extirper la feuille de ma poche. C’était un autre billet de dix mille lires. Alors, je
fis une troisième tentative. Et un troisième billet sortit.

Mon cœur se mit à battre la chamade. J’eus la sensation de me trouver entraîné, pour des raisons mystérieuses, dans la ronde
d’un conte de fées comme ceux que l’on raconte aux enfants et que personne ne croit vrais.
Sous le prétexte que je ne me sentais pas bien, je quittai mon bureau et rentrai à la maison.
J’avais besoin de rester seul. Heureusement la femme qui faisait mon ménage était déjà partie. Je fermai les portes, baissai les
stores et commençai à extraire les billets l’un après l’autre aussi vite que je le pouvais, de la poche qui semblait inépuisable.
Je travaillai avec une tension spasmodique des nerfs dans la crainte de voir cesser d’un moment à l’autre le miracle. J’aurais
voulu continuer toute la soirée, toute la nuit jusqu’à accumuler des milliards. Mais à un certain moment les forces me
manquèrent.
Devant moi il y avait un tas impressionnant de billets de banque. L’important maintenant était de les dissimuler, pour que
personne n’en ait connaissance. Je vidai une vieille malle pleine de tapis et, dans le fond, je déposai par liasses les billets que je
comptai au fur et à mesure. Il y en avait largement pour cinquante millions. Quand je me réveillai le lendemain matin, la femme
de ménage était là, stupéfaite de me trouver tout habillé sur mon lit. Je m’efforçai de rire, en lui expliquant que la veille au soir
j’avais bu un verre de trop et que le sommeil m’avait surpris à l’improviste. Une nouvelle angoisse : la femme se proposait pour
m’aider à enlever mon veston afin de lui donner au moins un coup de brosse.
Je répondis que je devais sortir tout de suite et que je n’avais pas le temps de me changer. Et puis, je me hâtai vers un magasin
de confection pour acheter un vêtement semblable au mien à tous les points ; je laisserai le nouveau aux mains de ma femme de
ménage ; le mien, celui qui ferait de moi en quelques jours un des hommes les plus puissants du monde, je le cacherai en lieu
sûr.
Je ne comprenais pas si je vivais un rêve, si j’étais heureux ou si au contraire je suffoquais sous le poids d’une trop grande
fatalité. En chemin, à travers mon imperméable je palpais continuellement l’endroit de la poche magique. Chaque fois je
soupirais de soulagement. Sous l’étoffe le réconfortant froissement du papier-monnaie me répondait.

Questions :
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1. Quel événement survient de cet extrait ?

2. Comment le narrateur explique-t-il l’événement ? Quelles sont ces hypothèses ?

3. Ses explications appartiennent-elles au domaine du rationnel ou de l’irrationnel ?

4. Cet événement n’arrive certainement pas pour le plaisir du héros. Il s’agit d’un «  avertissement ». Pour

quelle raison le héros aurait-il dû penser qu’il transgressait un interdit ?

5. Le héros ne tient pas compte de l’avertissement. Qu’espère-t-il ?

6. Que craint-il ?

7. Quel effet t’a procuré la lecture de cet extrait ?

8. Quelle suite imagines-tu ?

L’intrusion du surnaturel

● Dans un récit fantastique, le personnage est souvent confronté à un événement étrange qui ne peut

être expliqué par les lois naturelles. Cet événement se présente comme un avertissement que le

personnage est tenté de transgresser en dépit du danger qu’il peut courir.

● Le personnage es pose des questions, hésite, doute, : il tente tout d’abord de trouver une explication

rationnelle ou il admet parfois que l’événement appartient au surnaturel.

● Le lecteur, comme le personnage, est dans l’incapacité de choisir entre les deux explications.

* Étape 3 :

Mais une singulière coïncidence refroidit mon délire joyeux. Sur les journaux du matin de gros titres ; l’annonce d’un
cambriolage survenu la veille occupait presque toute la première page. La camionnette blindée d’une banque qui, après avoir
fait le tour des succursales, allait transporter au siège central les versements de la journée, avait été arrêtée et dévalisée rue
Palmanova par quatre bandits. Comme les gens accouraient, un des gangsters, pour protéger sa fuite, s’était mis à tirer. Un des
passants avait été tué. Mais c’est surtout le montant du butin qui me frappa : exactement cinquante millions (comme les miens).
Pouvait-il exister un rapport entre ma richesse soudaine et le hold-up de ces bandits survenu presque en même temps ? Cela
semblait ridicule de le penser. Et je ne suis pas superstitieux. Toutefois l’événement me laissa très perplexe.
Plus on possède et plus on désire. J’étais déjà riche, compte tenu de mes modestes habitudes. Mais le mirage d’une existence de
luxe effréné m’éperonnait. Et le soir même je me remis au travail. Maintenant je procédais avec plus de calme et les nerfs moins
tendus. Cent trente-cinq autres millions s’ajoutèrent au trésor précédent.

Cette nuit-là je ne réussis pas à fermer l’œil. Était-ce le pressentiment d’un danger ? Ou la conscience tourmentée de l’homme
qui obtient sans l’avoir méritée une fabuleuse fortune ? Ou une espèce de remords confus ? Aux premières heures de l’aube je
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sautai du lit, m’habillai et courus dehors en quête d’un journal. Comme je lisais, le souffle me manqua. Un terrible incendie
provoqué par un dépôt de pétrole qui s’était enflammé avait presque complètement détruit un immeuble dans la rue de San
Cloro, en plein centre. Entre autres, les coffres d’une grande agence immobilière qui contenaient plus de cent trente millions en
espèces avaient été détruits. Deux pompiers avaient trouvé la mort en combattant le sinistre.

Dois-je maintenant énumérer un par un tous mes forfaits ? Oui, parce que désormais je savais que l’argent que le veston me
procurait venait du crime, du sang, du désespoir, de la mort, venait de l’enfer. Mais insidieusement ma raison refusait
railleusement d’admettre une quelconque responsabilité de ma part. Et alors la tentation revenait, et alors ma main - c’était
tellement facile - se glissait dans ma poche et mes doigts, avec une volupté soudaine, étreignaient les coins d’un billet toujours
nouveau. L’argent, le divin argent !

Sans quitter mon ancien appartement (pour ne pas attirer l’attention) je m’étais acheté en peu de temps une grande villa, je
possédais une précieuse collection de tableaux, je circulais en automobile de luxe et, après avoir quitté mon emploi « pour
raison de santé », je voyageais et parcourais le monde en compagnie de femmes merveilleuses.

Je savais que chaque fois que je soutirais l’argent de mon veston, il se produisait dans le monde quelque chose d’abject et de
douloureux. Mais c’était toujours une concordance vague, n’était pas étayée par des preuves logiques. En attendant, à chacun
de mes encaissements, ma conscience se dégradait, devenait de plus en plus vile. Et le tailleur ? Je lui téléphonai pour demander
sa note mais personne ne répondait. Via Ferrara on me dit qu’il avait émigré, il était à l’étranger, on ne savait pas où. Tout
conspirait pour me démontrer que, sans le savoir, j’avais
fait un pacte avec le démon.

Questions :

1. Le narrateur raconte deux événements : Lesquels ?

2. Quels sont leur point commun ?

3. Relève les expressions qui montrent que peu à peu le narrateur établit un rapport entre les événements

et sa richesse soudaine ?

4. Relève le champ lexical de la richesse et du luxe.

5. Le narrateur dit avoir fait un pacte avec le démon. Qu’est-ce que cela signifie ?

6. Quel est le rôle du veston ?

7. Quel effet produit l’évocation du démon ?

8. Qu’imagines-tu pour la suite de l’histoire ?

Le pacte avec le démon ou transgression

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● Le démon ou le diable, figure souvent retrouvée dans l’univers fantastique, use de ses charmes pour

séduire ses victimes : il peut se métamorphoser en animal ou en humain pour offrir un objet magique.

● Il satisfait alors un désir qu’il a repéré chez sa victime. Celle-ci succombe à la tentation, transgresse

l’interdit (jeunesse éternelle, richesse illimitée, ...) et établit une sorte de pacte avec le diable en se

mettant sous sa dépendance.

* Étape 4 :

Cela dura jusqu’au jour où dans l’immeuble que j’habitais depuis de longues années, on découvrit un matin une sexagénaire
retraitée asphyxiée par le gaz ; elle s’était tuée parce qu’on avait perdu les trente mille lires de sa pension qu’elle avait touchée
la veille (et qui avaient fini dans mes mains).
Assez, assez! pour ne pas m’enfoncer dans l’abîme, je devais me débarrasser de mon veston. Mais non pas en le cédant à
quelqu’un d’autre, parce que l’opprobre aurait continué (qui aurait pu résister à un tel attrait ?). Il devenait indispensable de le
détruire. J’arrivai en voiture dans une vallée perdue des Alpes. Je laissai mon auto sur un terre-plein herbeux et je me dirigeai
droit sur le bois. Il n’y avait pas âme qui vive. Après avoir dépassé le bourg, j’atteignis le gravier de la moraine. Là, entre deux
gigantesques rochers, je tirai du sac tyrolien l’infâme veston, l’imbibai d’essence et y mis le feu. En quelques minutes il ne resta
que des cendres.
Mais à la dernière lueur des flammes, derrière moi - à deux ou trois mètres aurait-on dit -, une voix humaine retentit: « Trop
tard, trop tard ! » Terrorisé je me retournai d’un mouvement brusque comme si un serpent m’avait piqué. Mais il n’y avait
personne en vue. J’explorai tout alentour sautant d’une roche à l’autre, pour débusquer le maudit qui me jouait ce tour. Rien. Il
n’y avait que des pierres.

Malgré l’épouvante que j’éprouvais, je redescendis dans la vallée, avec une sensation de soulagement. Libre finalement. Et riche,
heureusement.

Questions :

1. Un nouvel événement surgit. Lequel ?

2. Quelle est la réaction du narrateur ?

3. Pourquoi le narrateur ne réagit-il pas de la même façon que dans l’extrait précédent ?

4. Quels éléments rendent le paysage inquiétant ?

5. Selon toi, à qui appartient la voix humaine qu’entend le narrateur ? Donne une explication rationnelle et

une explication surnaturelle.

6. « À la lueur des dernières flammes ». Que peut symboliser le feu de cet extrait ?

7. « Comme si un serpent m’avait piqué ». À quel serpent se réfère le narrateur ?

8. À ton avis, comment le récit va-t-il se terminer ?

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Les manifestations matérielles du surnaturel

● A la suite de la transgression, le héros se trouve entrainé dans une aventure. D’autres événements

fantastiques et inexplicables se produisent.

● Parfois le héros vit des événements tout à fait rationnels mais qui ont un rapport avec l’événement

fantastique qui lui est arrivé.

● Le héros tente de se raisonner mai sa peur augmente car il reste dans une situation angoisse.

* Étape 5

Mais sur le talus, ma voiture n’était plus là. Et lorsque je fus rentré en ville, ma somptueuse villa avait disparu ; à sa place un pré
inculte avec l’écriteau « Terrain communal à vendre. » Et mes comptes en banquent, je ne pus m’expliquer comment, étaient
complètement épuisés. Disparus de mes nombreux coffres-forts les gros paquets d’actions. Et de la poussière, rien que de la
poussière, dans la vieille malle. Désormais j’ai repris péniblement mon travail, je m’en tire à grand-peine, et ce qui est étrange,
personne ne semble surpris par ma ruine subite. Et je sais que ce n’est pas encore fini. Je sais qu’un jour la sonnette de la porte
retentira, j’irai ouvrir et je trouverai devant moi ce tailleur de malheur, avec son sourire abject, pour l’ultime règlement de
comptes.

Dino Buzatti, « Le veston ensorcelé », Le K, 1966

Questions :

1. Quels sont les éléments du récit fantastique selon ?

2. Relève les différentes étapes que tu as pu constater.

3. Quelle est la morale de cette nouvelle ?

La fin d’un récit fantastique

● À la fin du récit fantastique, le lecteur ainsi que le héros sont dans l’incapacité de choisir entre une

explication naturelle ou surnaturelle des faits, d’autant que le surnaturel laisse parfois des traces

visibles de son passage.

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● Dans un récit fantastique dont le thème est le diable, la victime ne peut en aucun cas se dégager du

pacte : au terme du contrat, le diable vient réclamer son dû, le pacte conduit à la mort et à la

damnation

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Texte 2 : La boule noire  de Thomas Owen

La boule noire

Le ciment tout neuf de la terrasse était rugueux. Le balcon de fer était marqué de rouille en plusieurs
endroits. Le fleuve, trois étages plus bas, avait l'harmonieuse courbure d'une lame d'argent. Vue de l'extérieur, la
fenêtre de la chambre accusait le manque d'entretien. La peinture s'écaillait, un peu de mastic s'était détaché
d'une vitre. On voyait, par terre, une capsule de bouteille qu'on avait négligé de ramasser. L'hôtel, admirablement
situé, vivait sur sa réputation.
Nettesheim quitta la terrasse et alla s'asseoir sur le lit. Il dénoua ses chaussures, puis s'étendit et, les mains
sous la nuque, se mit à réfléchir.
Il dinerait dehors, après avoir acheté des journaux, mais d'abord, il viderait sa valise et pendrait son costume
bleu. Demain, il verrait ces gens...
Couché comme il l'était, il ne pouvait apercevoir, par la fenêtre ouverte, que le ciel bleu et la rondeur verte
d'une colline lointaine légèrement estompée par la brume. Il se sentait en même temps fatigué et détendu,
heureux d'être allongé, respirant bien, prêt à basculer dans un sommeil paisible. ..
La fraicheur du soir le réveilla. Il se leva sans effort et, de la terrasse, contempla le paysage. Le fleuve qui lui
était apparu argenté, deux heures plus tôt, était tout différent à présent. Il miroitait sous les lumières du soir
comme de l'acier poli. Une rumeur confuse montait, d'où se détachait parfois le ronronnement doux d'une allège
descendant le courant ou le halètement saccadé d'un bateau poussif peinant en sens inverse.
Nettesheim demeurait accoudé au balcon, humant l'odeur de la vallée, bercé par instants par les flonflons de
l'orchestre qui, trois étages plus bas, sous les marronniers étêtés, jouait sans conviction pour quelques clients
attardés. Cette musique insipide le rendait triste. Le bien-être, la détente, l'impression de liberté éprouvée en fin
d'après-midi, lorsqu'il avait ouvert la porte-fenêtre sur la large vallée verdoyante, faisaient place à présent, la nuit
venue, à une curieuse sensation d'ennui et de lassitude. Il avait aspiré au repos et c'était à présent la solitude qui
lui pesait.
Il tourna le dos au fleuve, pénétra dans la chambre envahie de ténèbres, referma la croisée, tira les rideaux et,
un peu à l'aveuglette, trouva le cordon de l'interrupteur au-dessus du lit.
Au moment où la lumière se fit, il se passa un tout petit incident, insignifiant, qui créa cependant dans la
pièce une atmosphère nouvelle comme si, à ce signe, une rupture soudaine s'était produite avec le monde
extérieur.
De la blancheur impeccable de l'édredon léger une chose assez semblable à une petite boule de laine sombre,
souple et molle, avait roulé sous le gros fauteuil-club en velours bleu. Rouler n'est pas exactement le mot qui
convient. Cette chose avait eu l'air à la fois de voler et de bondir, ce qui le fit songer en même temps à un chat
minuscule et à un oiseau. Le seul animal à qui assimiler cet aspect velu et soyeux, cette légèreté de tache d'ombre
mouvante, était la chauve-souris.
Nettesheim se pencha pour regarder sous le fauteuil, mais ne vit rien. Il s'assit, intrigué et amusé, se
remémorant l'absence de pesanteur, l'aisance extrême avec laquelle cette petite chose s'était déplacée et, en
même temps, l'espèce de détermination, de volonté qui l'animait. Enfoncé dans le fauteuil profond, il en
caressait machinalement le velours. Il réfléchissait, se disant qu'il avait sans doute mal regardé. En effet, il avait à
présent la sensation de percevoir sous lui un mince souffle régulier, pareil à la respiration prudente d'une bête
terrée.
Il se leva et tenta de distinguer quelque chose sous le siège. Mais la boiserie en était fort basse et bien qu'il se
fût allongé sur le tapis pour regarder, il ne put rien distinguer. La palpitation rythmée lui était maintenant très
distinctement perceptible. Il n'osait pas glisser la main sous le fauteuil et préféra déplacer celui-ci en l'éloignant
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du mur. Comme il s'y efforçait, très rapidement « cela » lui passa, entre les jambes et fila dans un autre coin de la
pièce, sous un coffre très bas, où vraiment il fallait beaucoup d'adresse et de souplesse pour se loger si
promptement.
Il avait la certitude, à présent, que cette « chose » si rapide, si agile, qu'il souhaitait voir de plus près, sans y
parvenir, était douée d'intelligence et de ruse. Il demeurait debout, bien campé sur ses jambes écartées, tous les
sens en éveil. Nul bruit; il n'entendait même plus cette respiration rythmée. Mais une étrange odeur envahissait
doucement la pièce. Il ne put l'identifier immédiatement, bien qu'elle évoquât pour lui des souvenirs très précis.
Un jardin de curé, sous le soleil de juin. Il y lisait sur un banc, devant les carrés de gazon bordés de buis.
Nettesheim alla prendre sa canne qu'il avait posée sur une table basse, avec son chapeau et les journaux du
matin. C'était une bonne canne, vigoureuse, en épine, sous le pommeau lisse de laquelle un petit chat d'argent
donnait la chasse à deux minuscules souris. Il s'en servit pour débusquer, sous le coffre, la petite « chose » qui se
cachait, mais il ne réussit pas à l'atteindre. Le bout de la canne avait dû accrocher, dans un angle de la plinthe,
une toile d'araignée, car un lambeau y adhérait. Il inspecta attentivement cette petite trace noire, duveteuse et
répugnante, et y trouva non point une odeur de poussière, mais un parfum de buis très prononcé. Contrairement
à ce qu'il pensait; il avait donc bien touché la « chose » et même l'avait blessée, ou tout au moins écorchée. Il
insista alors et redoubla ses efforts sous le coffre. Il agitait sa canne de gauche à droite, au ras du tapis, avec un
acharnement méchant. Et soudain, alors qu'il croyait tout cela vain, la « chose » sauta sur le lit et le regarda. Au
coeur de cette pelote indéfinissable, il voyait luire un regard et ce regard, fixé sur lui, était étonnamment
expressif.
Nettesheim frappa rageusement sur le lit mais manqua son but. Ses coups faisaient un bruit mou sur
l'édredon et la boule sautait de gauche à droite avec une vivacité incroyable. Mais à mesure qu'il se déchainait,
Nettesheim perdait son souffle, s’épuisait. Finalement, le coeur battant, il se laissa choir dans un fauteuil.
Maintenant, il se rendait compte. Dès le début, il avait eu conscience que cela n'était pas un mince incident.
Maintenant, il se rendait compte de sa vulnérabilité en face de cet événement inexplicable.
Il constata à ce moment que la boule avait grossi. Comme si, augmentant sa propre substance, la nourrissant
de sa peur et de sa colère, elle ajoutait à son cocon de nouvelles couches membraneuses, de nouvelles épaisseurs
de sombres filaments entremêlés. Elle ne se gonflait pas seulement, comme certains animaux qui reprennent
ensuite leur forme antérieure, mais elle se développait, prenait du volume et du poids. Grosse à certains
moments comme une noix de coco et assez semblable d'apparence à ce fruit fibreux, mais en moins solide, en
moins ferme, elle fut bientôt de la taille d'un melon, d'une pastèque, d'une citrouille. ..
Nettesheim fut repris par sa rage et sa fureur. S'arrachant à son siège, il bondit, plongea littéralement sur
cette masse malsaine, duveteuse, cédant au toucher, comme le duvet mou d'un édredon, y enfonça les mains, y
trouva, palpitant et chaud, le corps central, le noyau vivant, pareil au coeur d'une bête ou à l'amande d'un fruit
inconsistant et vénéneux, et l'arracha avec un cri de triomphe.
C'était comme une fourmi au corps laiteux, de la grosseur d'un poing d'enfant, blafarde et tiède,
caoutchouteuse, dégageant une forte odeur de buis.
Nettesheim jeta vivement le noyau au sol et posa le pied dessus. Cela s'écrasa lentement comme l'aurait fait
un oeuf cuit dur. Il en sortit une humeur blanchâtre au relent funèbre.
Mais, dans le même temps, demeuraient collés à ses mains des lambeaux de voiles noirs, tissus lâches et
fugitifs comme l'ombre, tandis que d'autres s'enroulaient autour de ses bras. Même, le long de ses jambes, il y
avait des choses souples, soyeuses et collantes qui se plaquaient, qui montaient, qui l'empêtraient toujours
davantage.
Sa colère fit place à une terrible angoisse qui bientôt bascula dans la terreur. Déjà impuissant à réagir, déjà
prisonnier, il laissait son esprit divaguer en observations futiles. Une trace de brulure de cigarette sur le bord de

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Cours de français CSPU P.2 : Le fantastique
3e année

la table de chevet; la souillure brunâtre d'une mouche écrasée sur le mur à la tête du lit; à la pointe de sa
chaussure, une écorchure faite Dieu sait quand…
Il tendit l'oreille aux bruits du dehors et entendit très distinctement une allège rapide qui descendait au fil de
l'eau. Il s'en voulait de ne pouvoir concentrer son esprit sur le drame qui s'amorçait et qu'il allait affronter
démuni, sans lucidité, sans esprit de combat.

Il tenta d'arracher, mais sans conviction, ces choses ignobles qui l'enlaçaient, ces membranes de deuil
semblables à des voiles de crêpe. Mais à mesure qu'il se débattait, il se trouva toujours plus entravé, incapable de
se dépêtrer, sortant avec peine un bras, puis l'autre, de cette masse inconsistante dont l'apparente légèreté était
trompeuse et qu'une sorte de méchanceté végétale poussait à ne pas relâcher son étreinte. Un silence atroce
planait sur cette scène où les sursauts de l’homme ne ralentissaient pas le lent et monstrueux embrassement.
Sans un cri, il se roula au sol pour se dégager, se mit en boule comme un lutteur qui veut rouler sur lui-même, et
favorisa ainsi son enveloppement au creux d'un cocon abominable.
Il pensa à sa mort, et qu'une fois disparu, ce serait comme s'il n'avait jamais existé. Et cela l'aida à se résigner,
car cet effacement, qu'il se produisît à l'instant ou plus tard, aurait exactement la même insignifiance. Il eut
conscience encore que sa taille diminuait sous les couches sournoises qui le submergeaient, l'assimilaient, le
digéraient en quelque sorte, dans une suite de déroulements, de glissements et d'entrelacements monstrueux. De
cette pelote répugnante dont il percevait comme siennes les moindres pulsations internes, il devenait à son tour
le noyau vivant. Il eut encore la force de penser aux conséquences qu'il tirerait de cette situation, de cet état
d'être au coeur de la « chose » ...
La lumière du soleil levant monta derrière les collines et vint frapper les fenêtres de la chambre. Mille rais de
clarté percèrent l'épaisseur relative des rideaux.
Il bondit peureusement sous le divan au moment où quelqu'un ouvrait la porte.

Thomas Owen, La boule noire.

Questions :

1 Est-ce que le narrateur est un personnage de cette histoire ?


2. Dans le premier paragraphe, quel est le cadre spatio-temporel décrit ?
3. Le lecteur peut-il s’attendre à ce que le narrateur vive une aventure fantastique ? Qu’est-ce qui te
permet de répondre ?
4. Comment, dès l’apparition de la boule, peut-on deviner qu’elle sera au cœur de l’aventure fantastique ?
5. Relève les mots qui te permettent de répondre. A quel champ lexical appartiennent-ils ? Entoure les
mots de ce champ lexical dans tout le texte.
6. Toi, aurais-tu osé toucher la boule ? Pourquoi le Nettesheim le fait-il ?
7. Le héros doute un instant de la réalité de l’événement. Relève les mots et expressions qui le prouvent.
8. Relève le champ lexical de la peur. Dans quel paragraphe est-il le plus présent ? Pourquoi ? Montre qu’il y
a une gradation dans la peur.
9. Le narrateur emploie différents termes pour nommer ce qui est arrivé : il parle d’abord d’un « petit
incident insignifiant », puis d’un « événement inexplicable, bizarre » et enfin d’un « drame ». Quelle
impression cela donne-t-il ? Pourquoi selon toi ?
10. Les sentiments du héros évoluent au fur et à mesure que le l’intrigue progresse. Quelles sont les phases
de réactions par lesquelles il passe ?
- D’abord, lorsque la boule apparaît  :
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Cours de français CSPU P.2 : Le fantastique
3e année

- Puis, lorsqu’il croit la sentir bouger  :


- Mais rapidement, lorsqu’elle l’enveloppe de ses filaments  :
- Enfin, lorsqu’elle forme un cocon  :
11. Qu’advient-il du personnage à la fin du récit ? Quelle est la conclusion sous-entendue ?

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Cours de français CSPU P.2 : Le fantastique
3e année

II. Compare les deux nouvelles fantastiques : les étapes ont-elles des points communs ? Les récits
évoluent-ils de la même façon ?

Étapes du fantastique Exemples issus des nouvelles

Introduction : Le veston :

Le récit fantastique peut être rédigé à la


première ou à la troisième personne du singulier
: le narrateur raconte une histoire insolite qu'il
a lui-même vécu ou dont il a été le témoin.

L'histoire se déroule dans un univers réaliste,


le héros ne sait pas ce qui va lui arriver, il n'a La boule noire :
pas peur car son aventure commence de façon
banale mais certains détails créent un malaise.

Le narrateur introduit l'événement fantastique


en racontant ce qui s'est passé avant. Il situe
le cadre spatio-temporel de l'action.

Avertissement  :
Le veston :
Le personnage est confronté à un événement
étrange qu'il ne peut expliquer pour les lois
naturelles. Cet événement se présente comme
un avertissement que le personnage est tenté
de transgresser en dépit du danger qu'il peut
courir. La boule noire :

Le héros se met en action et quelqu'un ou


quelque chose l'avertit qu'il doit renoncer à
poursuivre sa route. Il se pose des questions,
hésite, tente de trouver une explication
rationnelle.

Transgression :
Le veston :
Le personnage succombe à la tentation et
transgresse l'interdit. Le héros ne tient pas
compte de l'avertissement et accomplit ce qu'il
a décidé de faire.

La boule noire :

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Cours de français CSPU P.2 : Le fantastique
3e année

Aventures fantastiques 
Le veston :
A la suite de la transgression, le héros se
trouve entrainé dans une aventure étrange.
Mais soudain un événement fantastique et
inexplicable se produit. A partir de ce moment,
des aventures de plus en plus fantastiques
arrivent au héros qui ne peut pas toujours les La boule noire
expliquer.

Peur Le veston :
Le personnage essaye de se raisonner mais sa
peur augmente car il reste dans une situation
angoissante.

La boule noire :

La fin Le veston :

Souvent, à la fin du récit, le lecteur est


incapable de trancher : il ne peut savoir avec
certitude s'il doit donner une interprétation
naturelle ou surnaturelle du phénomène. Un
récit fantastique se finit toujours mal.

Le héros sera toujours puni : il vit de La boule noire :


l'obsession du phénomène, il sombre dans la
folie ou il meurt.

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Cours de français CSPU P.2 : Le fantastique
3e année

Texte 3 :Ceremonial nocture de Thomas Owen

Lis la nouvelle suivante et réalise la grille d’analyse du fantastique :

Mon père ne m’imposait jamais aucune heure de rentrée lorsque je sortais le soir. Je devais uniquement me porter
présent. Je frappais alors discrètement à la porte de la chambre.
Mon père faisait : « oui ! » d’une voix bourrue. J’entrais et déjà la lampe de chevet se trouvait allumée. Ma mère
dormait paisiblement. Mon père regardait sa montre et me dévisageait d’un coup d’œil. Selon que l’heure était
raisonnable ou tardive, il y avait de la bienveillance ou de la réserve sur son visage. Je l’embrassais au front. Son nez
très fin percevait alors si j’avais trop fumé, trop bu, ou si le parfum d’une fille flottait autour de moi. Aucun mot
n’était prononcé. Je montais alors me coucher à l’étage supérieur, heureux ou inquiet selon l’état de ma conscience.

Je m’étais habitué à ce cérémonial nocturne et l’idée ne me serait jamais venue de m’y soustraire ou d’en être agacé.
Un jour cependant, un de mes camarades me fit remarquer « qu’après tout, j’étais majeur » et que cette silencieuse
reddition de comptes avait un côté humiliant ; qu’il n’aurait jamais pu, pour sa part, s’y plier.

Je n’étais pas convaincu de la sincérité de ce propos et je soupçonnais même celui qui le tenait de jouir de moins de
liberté que moi. Mais je fus néanmoins piqué au vif. Aussi décidai-je de rompre, à la première occasion, avec une
tradition qui me faisait mal jugé. Une nuit, – il était vraiment très tard cette fois – je rentrais d’un bal où je m’étais
ennuyé. J’ouvris la porte de la maison avec précaution et la refermai très doucement derrière moi. Sans allumer la
lumière dans le corridor, pour éviter le bruit de l’interrupteur, je me déchaussai prudemment. Marche après marche, le
cœur battant, je gravis l’escalier dans les ténèbres.

La grande horloge du hall faisait son tic-tac familier, mais ce bruit, en ces circonstances, emplissait la maison
silencieuse d’une solennité inaccoutumée.
À la porte de la chambre de mes parents, je m’arrêtai hésitant. Je me sentais honteux de ce que je faisais. À travers la
cloison, je croyais entendre le souffle un peu fort de mon père. À contrecœur, je passai outre et abordai la seconde
volée d’escaliers. L’obscurité était totale à présent, aucune fenêtre n’apportant à ma lente ascension le concours d’une
faible clarté nocturne venue du dehors.

La main gauche à la rampe qui craquait parfois imperceptiblement, je progressais le cœur gonflé à la fois d’orgueil et
de remords.
– Quelle tragique coïncidence, me disais-je, si mon père venait à mourir cette nuit dans son sommeil !

Et j’essayais en vain d’ailleurs de chasser cette sotte pensée.


Tout à coup, je me sentis glacé d’effroi et je me tins immobile. « Quelque chose » descendait à ma rencontre. Je
n’entendais aucun bruit, mais tout mon être hérissé m’avertissait. La main tenant ferme la rampe, le bras tendu en
avant pour parer toute surprise et me protéger en même temps le visage, j’attendais...
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Cours de français CSPU P.2 : Le fantastique
3e année

Ce fut très rapide. Il y eut comme un glissement léger, dont je ressentis la vibration et, soudain, passa sur ma main
agrippée à la rampe, une autre main, toute froide, une main seule, qui n’appartenait pas à un corps, puisque je ne sentis
qu’elle qui « enjamba » tout simplement mon poignet et continua à descendre dans les ténèbres.
Dès que « cela » m’eut croisé, la sensation d’avoir quelque chose devant moi disparut.
Je n’avais plus à me défendre d’une rencontre, mais je restais figé d’horreur et, après tant d’années, j’avoue ressentir
encore à ce souvenir un indicible malaise.
Combien de temps demeurai-je ainsi figé ? Quelques secondes sans doute, car on perd en de telles circonstances la
notion exacte de la durée.
La voix de mon père me parvint d’en bas – « Oui ! » – disait-il bourru. Puis, de nouveau, d’un ton impatient : « oui !
».
Je dévalai les marches jusqu’à sa chambre et entrai puisqu’il m’y invitait. La lampe brûlait déjà. Mon père me
regardait.
– Pourquoi attends-tu si longtemps après avoir frappé ?... Tu deviens sourd ?
Mais de voir l’altération de mon visage, mon père s’inquiéta.
– Ça ne va pas ?
Il se redressa brusquement et ma mère s’éveilla en poussant un cri qui ajouta à l’étrangeté du moment.
– Si, si, ça va, fis-je la gorge serrée.
– Tu es vert, dit mon père.
– Quelle heure est-il ? demanda ma mère.
Il l’apaisa d’un geste et s’allongea à nouveau en remontant la couverture jusqu’à son menton. Je l’embrassai au front.
Je perçus à cet instant avec quelle intensité il cherchait à me deviner, mais rien d’autre ne fut dit... je me retirai
bouleversé et trouvai bien difficilement le sommeil. Par la suite, le cérémonial nocturne se déroula sans le moindre
accroc, jusqu’au moment où je quittai la maison de mes parents pour me marier.
Mais, jamais plus, depuis bientôt trente ans, je ne monte un escalier dans l’obscurité.

1. Pourquoi est-ce un récit fantastique ? Justifie ta réponse.

2. A quel type de narrateur a-t-on affaire ? Que sait-on de lui ?

3. Réalise la grille d’analyse du fantastique en te basant sur la fiche suivante.

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Cours de français CSPU P.2 : Le fantastique
3e année

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Cours de français CSPU P.2 : Le fantastique
3e année

Séquence 2 : Les caractéristiques du fantastique

I. Grace aux éléments précédents, essayons de définir le genre fantastique :

🡪 Au niveau du héros :

🡪 Au niveau des thèmes :

🡪 Au niveau du cadre spatio-temporel :

- Une époque et un lieu qui font partie de notre univers ;

- Un lieu :

- Une atmosphère

- Des conditions météorologiques particulières :

- Un moment de la journée :

- Une circonstance particulière :

- De petits faits insolites :

Mais dans cet univers réaliste intervient

Le héros est confronté à des faits qui peuvent menacer son équilibre mental ou sa vie et la victime des
événements jusqu'au dénouement.

II. Définition du fantastique

Le fantastique est un genre littéraire qui se caractérise par l’intrusion du surnaturel dans le cadre réaliste
d'un récit.

Selon le théoricien de la littérature Tzvetan Todorov, le fantastique se distingue du merveilleux par l'hésitation
qu'il produit entre le surnaturel et le naturel, le possible ou l'impossible et parfois entre le logique et l'illogique.

Le merveilleux, au contraire, fait appel au surnaturel dans lequel, une fois acceptés les présupposés d'un monde
magique, les choses se déroulent de manière presque normale et familière.

Le fantastique peut être utilisé au sein des divers genres : policier, science-fiction, horreur, contes, romances,
aventures ou encore merveilleux lui-même.

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Cours de français CSPU P.2 : Le fantastique
3e année

Le héros fantastique a presque systématiquement une réaction de refus, de rejet ou de peur face aux
événements surnaturels qui surviennent.
Le fantastique est très souvent lié à une atmosphère particulière, une sorte de crispation due à la rencontre
de l’impossible.

La peur est souvent présente, que ce soit chez le héros ou dans une volonté de l’auteur de provoquer l’angoisse
chez le lecteur ; néanmoins ce n’est pas une condition sine qua non du fantastique.

Le fantastique en littérature ne doit donc pas être confondu avec le merveilleux (où le surnaturel est posé et
accepté d'emblée), avec la science-fiction (qui est rationnelle) ou avec l'horreur, bien que ces genres puissent s'y
combiner.

Le cinéma fantastique ne doit pas être confondu avec le cinéma du genre "fantasy" l’équivalent du merveilleux
dans le monde du cinéma.

III. Distinguer le fantastique du merveilleux, du heroïc fantasy et de la science-fiction

Recherche les différentes définitions dans le dictionnaire et établis les traits principaux différents entre ces
genres littéraires.

Fantastique 

Merveilleux 

Heroïc fantasy

Science-fiction 

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Cours de français CSPU P.2 : Le fantastique
3e année

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Cours de français CSPU P.2 : Le fantastique
3e année

Séquence 3 : Rédiger un récit dans l’intention de faire peur

I. Les mots qui suivent sont une liste de synonyme de l’expression « avoir peur ». Classe les expressions
suivantes dans le tableau ci-dessous puis complète les phrases ci-dessous à l’aide de ces synonymes.

- Avoir des sueurs froides - Avoir le cœur qui bat la chamade


- Avoir la frousse - Avoir le trouillomètre à zéro
- Avoir la chair de poule - Avoir la tremblotte
- Avoir chaud aux fesses - Avoir les chocottes
- Avoir les cheveux qui se dressent sur la tête - Ne pas en mener large
- Claquer des dents - Etre vert de peur
- Avoir la pétoche - Etre glacé d'effroi
- Etre plus mort que vif - Rester sans voix
- Suer à grosses gouttes - Serrer les fesses
- Avoir les jetons - Rester cloué sur place
- Trembler comme une feuille - Avoir froid dans le dos
- Avoir la trouille - Faire dans sa culotte
- Avoir les boules à zéro

Soutenu Courant Familier

1. Avant de monter sur scène pour son premier spectacle, le jeune comédien ………………………………

2. Mon pote Riton a dégainé son calibre et me l’a pointé sur le pif en gueulant  ; alors là, je te jure, je/j’

……………………………………………………

3. Sur les montagnes russes, alors que je n’avais aucune raison de craindre quoi que ce soit, j’ai commencé à

……………………………………………

4. Il ………………………………………………… que ses parents veuillent encore l’emmener en vacances à la mer.

5. L’enfant ……………………………………………… pour les rats : il ne peut en voir en photo sans être glacé.

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Cours de français CSPU P.2 : Le fantastique
3e année

II. Dans cette grille, se cachent 28 synonymes de la peur. Retrouve-les sachant qu’ils se lisent de gauche
à droite, de droite à gauche, de haut en bas, de bas en haut ou en diagonale.

III. À l’aide des définitions en italiques, complète chaque phrase avec l’un des mots placés dans l’encadré
ci-dessous. Attention aux accords !

• l’angoisse • le désir • la honte • le remords


• l’anxiété • l’émerveillement • l’inquiétude • la satisfaction
• la confusion • l’envie • la panique • le soulagement
• la consternation • l’épouvante • la perplexité • la stupéfaction
• la crainte • la frayeur • le regret • la terreur
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Cours de français CSPU P.2 : Le fantastique
3e année

1. Peur à la pensée de ce qui peut arriver.


Au départ, c’est sans ………………………………… que Marcel décide de faire une fugue dans la montagne.

2. Agitation causée par la crainte, l’incertitude, l’appréhension.


L’………………………………… s’empara de Marcel, lorsqu’il s’aperçut qu’il était perdu dans les collines.

3. Grande inquiétude due à l’attente, à l’incertitude.


L’………………………………… grandit chez les parents de Marcel, qui est perdu dans la montagne.

4. Envie très forte que ce qu’on souhaite se réalise.


Le plus cher ……………………………………… de Marcel est de rester à la Bastide Neuve avec Lili.

5. Très grande admiration, éblouissement, enchantement.


L’…………………………………… de Marcel devant ses « chères collines » ne faiblit jamais.

6. Souhait très vif de posséder un objet ou de faire quelque chose.


Paul, le frère de Marcel, a toujours ……………………………………… de courir les collines avec lui et Lili.

7. Sentiment pénible parce qu’un souhait ne s’est pas réalisé ou parce qu’on doit quitter ce qu’on aime.
Le ………………………………………… envahit Marcel lorsqu’il s’éloigne de la Bastide Neuve pour rentrer à Marseille.

8. Plaisir que l’on éprouve quand ce qu’on souhaitait arrive ou quand on obtient ce qu’on désirait.
Quelle ……………………………………… pour Marcel d’apprendre qu’il reviendra passer Noël à La Bastide !

9. Sentiment très pénible qu’on éprouve quand on est mécontent de ce qu’on a fait ou quand on se sent inférieur.
Marcel a parfois ……………………………………… quand il se laisse mener par le bout du nez par Isabelle.

10. Très grande inquiétude qui serre la gorge, créant un malaise physique.
L’……………………………………………… de Marcel augmente quand le condor se rapproche.

11. Sentiment d’être débarrassé d’une souffrance, d’un souci.


Quel …………………………………… pour Joseph et Augustine lorsque Marcel rentre de sa fugue au petit matin !

12. Peur très violente qui fait perdre la tête.


Lorsque Marcel voit le grand-duc dans sa grotte, il est saisi d’…………………………………………

13. Accablement, tristesse profonde.


La mort d’Augustine, la mère de Marcel, plonge toute la famille dans la ……………………………………

14. Peur subite et violente qui entraîne un groupe à fuir en désordre.


Lorsque le condor fond sur la compagnie de perdrix, il sème la ………………………………… parmi elles.

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Cours de français CSPU P.2 : Le fantastique
3e année

15. Gêne causée par une maladresse qu’on a commise ou par un excès de timidité.
Lili le braconnier est rouge de ……………………………………… lorsqu’il mange pour la première fois chez des gens de la
ville.

16. Peur violente causée par le sentiment d’une menace toute proche.
Même Lili a été saisi de ……………………………………… quand il a senti le grand-duc aussi près de lui.

17. Embarras qui vient de ce qu’on ne sait pas quelle décision prendre.
Joseph est dans une grande …………………………………… : est-il bien raisonnable de revenir à La Bastide à Noël ?

18. Peur extrême qui paralyse.


La …………………………………… fige tout d’abord Marcel face au condor ; puis il prépare sa défense.

19. Malaise moral causé par la conscience d’avoir mal agi.


Après avoir fui dans les collines, Marcel est pris de ……………………………………… et revient chez lui.

20. Étonnement si profond qu’il empêche toute réaction.


Marcel apprend avec ……………………………………… que son père lui a menti, qu’il part le lendemain à la chasse sans lui.

IV. Place les mots suivants dans le texte ci-dessous. N’oublie pas de conjuguer les verbes et d’accorder
les adjectifs :

s’affoler – s’alarmer – angoisse – anxiété – anxieux – embarrassé – s’inquiéter – redouter – soulagement

Arthur n’est pas rentré après la classe. D’abord, Mélanie ne ……………………………………… pas. Elle se dit qu’elle n’a pas

de raison de ………………………………………… Mais, le temps passant, elle devient …………………………………………… . Puis son

………………………………………… se transforme en ……………………………… Elle …………………………………… qu’Arthur n’ait eu un

accident, et lorsqu’elle entend la sirène des pompiers elle ……………………………………, au lieu de téléphoner à l’école ou

chez Amandine, chez qui Arthur est peut-être passé. C’est alors que celui-ci arrive assez …………………………………

d’être resté jouer au ballon si longtemps. Mais quel ………………………………… pour Mélanie.

V. Retrouve dans le langage courant des expressions qui décrivent les manifestations physiques de la peur,
en faisant référence aux parties du corps suivantes:

Parties du corps Expressions courantes manifestant la peur

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Cours de français CSPU P.2 : Le fantastique
3e année

le front

les cheveux

les jambes

les dents

le sang

la chair

le cœur

VI. Lis cette nouvelle de Jacques Sternberg. Ensuite, réécris le texte comme si vous étiez l’enfant, la
mouche ou l’araignée.

Les ennemis

Tout d’abord, l’enfant avait capturé l’araignée. Il l’avait enfermée dans une petite boîte. Puis il avait capturé
la mouche.
Il l’avait enfermée dans une autre petite boîte. Après quelques jours, il avait regardé. L’araignée lui parut de
taille à attaquer, la mouche de taille à se défendre. Il déversa les deux adversaires dans un bocal en verre ; il
attendit ensuite. Rien ne se passa le premier jour. L’enfant décida d’attendre encore quelques jours, de
séparer l’araignée de la mouche, de les laisser grandir. Et vraiment les insectes grossirent de jour en jour,
l’araignée devint de plus en plus capable de tuer, la mouche de ne pas se laisser tuer sans combattre.
Un soir enfin, l’enfant prit la décision d’en finir. Pour la deuxième fois, il jeta dans un même bocal la
mouche et l’araignée … Rien n’arriva. Des jours passèrent. L’enfant se vit obligé de changer le bocal contre
un petit aquarium. Il y plaça les personnages du drame qui, très certainement, n’allait plus tarder à arriver.
L’enfant passa toute la soirée à le guetter ce drame, les yeux confondus dans le verre de la paroi. L’araignée
s’était nichée dans un coin. La mouche, dans un autre coin, un peu plus haut.

Fait étrange, les insectes ne semblaient pas s’observer. Ils regardaient au-delà du verre semblait-il ; l’enfant
souriait et se demandait ce qu’ils regardaient, de même qu’il se demandait ce qu’ils attendaient ; il se posa
ces questions durant quelques heures, puis, éreinté, à bout de patiences, les yeux vidés de curiosité et de
regard, il s’endormit.
Alors l’araignée bougea et se dirigea vers la mouche, la mouche bougea elle aussi, se dirigea vers l’araignée.
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Cours de français CSPU P.2 : Le fantastique
3e année

Alors les deux insectes s’accrochèrent à la paroi de verre, ils firent craquer le couvercle de leur prison, et, en
six minutes, ils dévorèrent l’enfant.
Jacques STENBERG, Contes glacés
VII. Quelques figures de style

Certaines figures de style sont récurrentes dans les récits fantastiques : des figures d’analogie comme la
métaphore ou la personnification, mais aussi des figures d’opposition comme l’antithèse ou l’oxymore.

Les figures de style sont des façons particulières d’utiliser le langage ordinaire en le modifiant pour le rendre
plus expressif, plus efficace. Ce sont des procédés linguistiques qui sont regroupés par type. En voici quelques-
uns :

Les figures de répétition

♥ L'anaphore : C'est la répétition d'un mot ou d'un groupe de mot en début de phrase.

- Exemple : Je te l’ai répété 100 fois.

♥ Le pléonasme : Il s'agit de l'emploi d'un terme superflu .

- Exemples : Monter en haut

Au jour d’aujourd’hui

♥ La gradation : Des mots sont assemblés successivement de manière croissante ou décroissante .

- Exemple : La feuille, la branche, l’arbre tout entier tremblait sous les rafales de vent.

♥ Le parallélisme : Reprend une structure syntaxique .

- Exemple : Partir pour tout laisser, quitter pour tout abandonner.

♥ La répétition : Le même mot est réécrit plusieurs fois.

Les figures d'analogie

♥ L'allégorie : On représente des valeurs abstraites avec des images concrètes.

- Exemple : Cette faucille d’or dans le champ des étoiles (V. Hugo) = La mort

♥ La personnification : Elle attribue des caractéristiques humaines à un objet, un animal...

- Exemple : Les vagues gambadent sur la plages.

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Cours de français CSPU P.2 : Le fantastique
3e année

♥ La comparaison : Il y a un comparé (celui que l'on compare à quelque chose), un comparant ('quelque chose') et
un outil grammatical de comparaison (comme, tel que...)

- Exemple : Il est malin comme un singe.

♥ La métaphore : c'est une comparaison plus directe car il n'y a aucun outil grammatical. 

- Exemples : Ses boucles d’or couvrent son visage.

Elle a des yeux d’émeraude.

Les figures d'exagération ou d’atténuation

♥ L'hyperbole : Elle exagère l'expression d'une idée pour la mettre en relief. Utilisée dans l'ironie, la
caricature.

- Exemples : Je meurs de soif.

Je t’attends depuis mille ans.

♥ L'euphémisme : Il permet de rendre une réalité moins brutale.

- Exemples : Il nous a quittés = sous-entendu, il est mort

Les personnes d’une troisième (utilisé pour les vieilles personnes).

♥ L'antiphrase : On exprime le contraire de ce que l'on pense, c'est une figure IRONIQUE.

- Exemples : Que tu es drôle !

Quelle belle réussite ! (en cas d’échec lourd)

Les figures d’opposition

♥ L'antithèse : elle met en parallèle des mots qui désignent des réalités opposées

- Exemples : Certains aiment le jour comme d'autres préfèrent la nuit.

Sur le tableau noir du malheur, il dessine le visage du bonheur (Prévert)

♥ L'oxymore : Deux mots opposés l'un à côté de l'autre .

- Exemples : Cette obscure clarté qui tombe des étoiles.

Une nuit éclatante

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Cours de français CSPU P.2 : Le fantastique
3e année

Séquence 4 : Les temps du récit

I. Dans cet extrait du texte La photographie, relève le temps de conjugaison le plus utilisé.

« Il y avait quelques mois que j’avais acquis cette photographie. Collée sur un panneau de contreplaqué,
elle envahissait presque tout sur un mur et, bien souvent, je me demandais pourquoi je ne la remplaçais
pas; je ne lui trouvais rien de bien remarquable et en général je n’appréciais guère la photo. (…) Comme la
barque se dirigeait droit vers moi, chaque jour qui passait donnait du poids, de la présence aux deux
personnages que j’observais avec curiosité. »

Dans cet extrait du texte La boule, relève à quel mode et à quel temps sont conjugués la plupart des
verbes ?

« Je me penchai pour regarder dessous la chaise, amusé, intrigué par l’absence de pesanteur de cette boule
noire singulière. Cette petite chose, je crois, se mit en mouvement, une vibration plutôt et je ne pus résister à
la caresser. Je crus percevoir un souffle lent, comme une palpitation rythmée. Impossible ? »

II. Théorie: A RETENIR

Un récit se déroule le plus souvent au passé. Deux des temps les plus utilisés sont l’imparfait et le passé
simple.

🡪 L’imparfait  s’utilise pour tout ce que l’auteur veut placer au second plan:
1. Pour décrire un décor, des personnages:

ex: La forêt était belle, les feuilles prenaient une teinte rouge et le soleil illuminait les arbres.
2. Pour raconter des actions répétées ou habituelles:

ex: Chaque année, la neige recouvrait les toits des chalets.


3. Pour raconter des actions qui ne sont pas délimitées dans le temps. Ni le début ni la fin ne sont indiqués:

ex: La maison ne comportait qu'une seule pièce.


4. Pour donner des explications:
ex: Il y a quelques années, la télévision n'existait pas et les enfants lisaient beaucoup plus de livres.

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3e année

🡪 Le passé simple s’emploie pour raconter les actions importantes qui se succèdent dans le temps et font
progresser le récit : l’auteur les place au premier plan.
On emploie le passé simple :

1. Pour raconter des actions qui se sont produites à un moment précis, déterminé du passé.
ex: Soudain, l'enfant vit le chien accourir vers lui.
2. Pour raconter des actions successives, importantes, qui font progresser le récit.
ex: Le professeur se leva, marcha vers la porte et sortit de la classe.

III. Exercices :
a. A quoi sert l'imparfait dans les phrases suivantes ?

- Il n'y avait pas de soleil pour illuminer le jour. Il n'y avait pas de lune pour éclairer la nuit:

- En ces temps lointains, les hommes vivaient dans les cavernes. Pour s'éclairer et se chauffer, ils n'avaient que
des braises. Pour manger, que des racines et des fruits:

- Une mère vivait là avec son enfant. L'enfant grandissait et demandait toujours un peu plus à manger :

b. A quoi sert le passé simple dans l'extrait suivant ?

- Et elle coucha son enfant. Elle l'enveloppa de toute sa tendresse. Puis quand il fut endormi, elle s'en alla. Pour
éclairer son chemin, elle prit un tison qui lui donnait une faible lueur. Elle marcha, cherchant de quoi manger. Elle
grimpa les collines et dévala les vallons.

c. Indique le temps des verbes et justifie l’emploi du temps.

A six heures, il se levait, se préparait et partait au travail.

A six heures, il se leva, se prépara et partit au travail.

Tous les jours, il se promenait de huit heures à dix heures.

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3e année

Ce jour-là, il se promena de huit heures à dix heures.

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Séquence 5 : Affiner ses connaissances du fantastique

I. La nouvelle fantastique qui suit est dans le désordre. A toi de la reconstituer tout en respectant la
structure narrative du genre.

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Cours de français CSPU P.2 : Le fantastique
3e année

II. Lis attentivement le texte ci-dessous

Je veux parler de Gryde, l’usurier. Cinq mille hommes lui durent de l’argent ; il fut la cause de cent douze
suicides (…), d’innombrables faillites, ruines et débâcles financières. Cent mille malédictions l’ont accablé
et l’ont fait rire. Mais la cent mille et unième l’a tué, et tué de manière plus étrange, plus affreuse qu’un
cauchemar. Moi-même, je lui devais deux cents livres ; il me faisait payer mensuellement des intérêts
meurtriers ; en plus, il fit de moi son ami intime…(…) Aujourd’hui je ne m’en plains plus, car cela m’a
permis d’assister à son agonie. (…)

Un matin, je le trouvai dans son cabinet, en face d’un jeune homme, très pâle et très beau. Le jeune homme
parlait :
- Je ne puis pas vous payer, monsieur Gryde, mais je vous en prie, ne m’exécutez pas. Prenez cette toile.
C’est mon oeuvre unique. Unique, entendez-vous, cent fois je l’ai recommencée…elle est toute ma vie.
Même à ce jour, elle n’est pas complètement finie  : il manque quelque chose – je ne sais trop pourquoi –
mais plus tard, je trouverai et je l’achèverai. Prenez-là pour cette dette qui me tue…et qui tue maman
(…) Je ne sais pas encore comment je l’appellerai, dit l’artiste d’une voix douloureuse. Voyez-vous,
cette figure-là, j’en rêve depuis que je suis enfant (…)
- Vous me devez trois cent livres, monsieur Warton, dit Gryde.
L’adolescent joignit les mains.
- Et mon tableau, monsieur Gryde ? Il vaut le double, le triple, le décuple !
- Dans cent ans, répondit Gryde ! Je ne vivrai pas aussi longtemps.
(…)
Admiration ou espoir d’un gain futur insensé, Gryde répondit alors :
- J’ai pitié de vous, dit-il, car j’ai un faible pour les artistes. Je vous prends le tableau pour cent livres.
(…) Vous me devez trois cent livres, payables par mensualités de dix. (…) Tâchez d’être exact à
l’échéance du onzième moi, monsieur Warton ! (…) Mais, de votre propre aveu, il manque quelque
chose au tableau. Vous me devez le parachèvement et le titre d’ici dix mois.
L’artiste promit et le tableau prit place au mur, au-dessus du bureau de Gryde. Onze mois s’écoulèrent.
Warton ne put payer sa mensualité de dix livres. Il pria, supplia, mais rien n’y fit. Gryde ordonna la vente
des biens du malheureux.

Quand vinrent les huissiers, ils trouvèrent la maman et le fils dormant de l’éternel sommeil. Il y avait une
lettre pour Gryde sur la table. «  Je vous ai promis le titre de mon tableau, y disait l’artiste, appelez-le
Vengeance. Quant à l’achèvement, je tiendrai parole. »
Gryde en fut fort peu satisfait.
- D’abord, ce titre ne me convient pas. Ensuite, comment pourrait-il l’achever à présent ?
Il venait de lancer un défi à l’enfer.

Un matin, je trouvai Gryde extraordinairement énervé.


- Regardez ce tableau, me cria-t-il dès mon entrée. Vous n’y voyez rien ?
- Je n’y trouve rien de changé, dis-je
Ma déclaration sembla lui faire grand plaisir.
- Figurez-vous, dit-il, c’était hier, après minuit, (…) je pénétrai dans mon cabinet sans allumer la
lumière. Du reste, la lune éclairait très nettement la pièce. Comme je me penchais sur mes paperasses,
quelque chose bougea entre la fenêtre et moi. C’est une hallucination sans doute. Je n’y suis pourtant
pas sujet…..il me semble voir bouger la figure…et bien cette nuit, j’ai cru voir, non j’ai vu, le bras de
l’homme sortir de la toile pour me saisir !
- Vous êtes fou, dis-je brusquement.
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Cours de français CSPU P.2 : Le fantastique
3e année

- Je le voudrais bien, car si c’était vrai…


(…) D’un tiroir, il sortit un long poignard au manche finement ciselé. Mais comme il s’apprêtait à détruire
le tableau, il se ravisa soudain.
- Non, dit-il., pourquoi gaspiller cent livres pour un méchant rêve.

Ce n’est plus le même Gryde que je trouvai le lendemain, mais un vieillard aux yeux déments, grelottant
d’une frayeur affreuse.
- Non, je ne suis pas fou, imbécile, j’ai vu vrai ! Je me suis encore levé cette nuit, j’ai voulu voir si j’avais
rêvé. Eh bien ! eh bien !...il est sorti du tableau, rugit Gryde en se tordant les mains…et...et, regardez
donc la toile, triple idiot, il m’a pris le poignard !
Je mis la tête entre les mains, je crus devenir fou, comme Gryde. La figure du tableau tenait dans sa main le
poignard que Gryde avait jeté la veille sur le bureau.
J’ai conjuré Gryde de détruire la toile, mais l’avarice a encore combattu victorieusement la frayeur.
Je ne voulais pas croire que Warton allait tenir parole !

Gryde est mort. On l’a trouvé dans son fauteuil, exsangue, la gorge béante. L’acier meurtrier avait entamé
jusqu’au cuir du siège. J’ai jeté un regard terrifié sur le tableau : la lame du poignard était rouge jusqu’à
la garde.
Jean RAY, Le tableau, Les contes du whisky, Marabout-Gérard, 1965.

Ce récit fantastique répond aux caractéristiques que nous avons déjà étudiées, mais plus aussi formellement.
Les étapes n’apparaissent pas si clairement que dans les textes précédents (c’est tout l’art d’un bon auteur  !).
Jean Ray fournit également d’autres éléments très courants dans les nouvelles fantastiques. Nous allons les
découvrir.

III. Ci-joint, une grille d’analyse dans laquelle on retrouve les étapes que nous avons étudiées mais
également d’autres informations. Tente de les repérer, de les expliquer et de les résumer brièvement.
Aide-toi des questions ci-dessous.

1. Qui est le narrateur, que sait-on, que ne sait-on pas de lui ?

2. Prouve que le récit est bien ancré dans le réel au début de l’histoire.

3. Que fait le narrateur dans l’introduction ? Pourquoi décide-t-il de nous raconter cette histoire, quel est son
état d’esprit ? Quel est le but de cette introduction selon toi ? Comment débute l’histoire de Gryde ? Quel est
le problème posé ?
4. Quand l’action commence-t-elle ? Qu’est-ce qui permet de dire que le tableau va être l’objet du fantastique ?
Quels sont les indices de l’étrange liés à lui ? Quelle est la malédiction, comment se manifeste-t-elle ? Est-elle
claire et comprise de Gryde ?

5. Comment Gryde réagit-il à cet avertissement ? Serait-il mort s’il avait tenu compte de la lettre ?

6. Résume brièvement les différents événements étranges liés à la toile et les réactions successives de Gryde
et son ami.

7. A quel moment la peur s’empare-t-elle de Gryde ? Relève son champ lexical.

8. Qu’advient-il de Gryde ? Son sort te semble-t-il justifié ?

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3e année

9. Le fantastique se caractérise par la peur et la part de doute que provoque l’intrusion du surnaturel dans le
monde réel. Dans ce récit, quels éléments contribuent à confirmer l’hypothèse surnaturelle ? Quelles preuves de
la réalité de l’événement te sont fournies.

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Narrateur

Cadre spatio-
temporel

Introduction

Avertissement
/ malédiction

Transgression

Aventures
fantastiques

Peur/ Evolution
des sentiments
du héros et de
son ami

Conclusion/
Punition

Trace de

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l’évènement
surnaturel

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Séquence 6 : Vérifier ses nouvelles connaissances

I. Réponds au questionnaire suivant en cochant la bonne réponse.

1. Quel est cadre habituel dans un récit fantastique ?

◻ Le cadre dans lequel se déroule l’histoire est un univers indéterminé où la magie fait partie de l’ordre
des choses.
◻ L’histoire se déroule dans un cadre réel dans le futur, ce qui s’y passe est plausible.

◻ L’histoire se déroule dans un cadre réel et contemporain qui est perturbé par des événements
inexplicables.

2. Dans un récit fantastique, quelle est la réaction du héros face aux événements étranges  ?

◻ Le héros est pris de panique.

◻ Le héros doute d’abord de la réalité des événements, puis il a peur. Il y a une gradation dans ses
réactions émotionnelles.
◻ Les événements fantastiques laissent le héros indifférent, cela semble normal.

3. Qu’est-ce que la transgression dans un récit fantastique ?

◻ Le héros est intrigué par un phénomène ou une impression étrange et décide d’en savoir plus ou bien
simplement, c’est l’irruption du surnaturel dans le réel.
◻ C’est le fait que l’événement surnaturel surgit brutalement, sans prévenir !

◻ C’est la punition infligée au héros pour sa curiosité.

4. Quelle est l’intention dominante d’un récit fantastique ?

◻ Faire peur au lecteur en lui affirmant que l’histoire est réelle.

◻ Faire peur au lecteur en faisant planer le doute sur la réalité des événements.

◻ Informer le lecteur sur un événement étrange qui s’est réellement passé.

5. A partir de quelle étape du schéma du fantastique retrouve-t-on le champ lexical de l’étrange  ?

◻ L’introduction

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◻ La peur

◻ L’avertissement

II. Associe chaque avertissement à sa transgression

Avertissements Transgressions

Evite le parc, il ne t’arrivera rien. ◻ Je continuerai mon chemin, je ne suis pas


superstitieux.

Ecoute-moi au moins, n’y va pas, … car … écoute-moi. ◻ Je m’avançai et lui serrai la main.

Je me retournai brusquement et vis un gros chat ◻ Après quelques hésitations, il alla s’asseoir
noir traverser la route.
sur le banc.

Il vit le panneau qui indiquait que le chantier était ◻ Il venait de lancer un défi à l’enfer en
interdit au public.
refusant de l’écouter.

Méfiez-vous de cet homme, il porte malheur. ◻ Il poussa la barrière et enjamba les


premiers tas de sable.

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