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Leçon : les modalisateurs

Dans la plupart des récits, le narrateur manifeste sa présence par le jugement qu'il porte sur les
faits racontés. Les modalisateurs sont les mots et les procédés grammaticaux qui traduisent
l'attitude d'un locuteur par rapport à son énoncé.
En effet, celui qui s'exprime peut rester neutre par rapport à ce qu'il dit ou présenter
l'événement en manifestant (plus ou moins nettement) son opinion ou son ressenti sur ce qui est
énoncé.
Les modalisateurs introduisent des doutes sur la réalité des faits racontés ou, au contraire,
insistent sur leur véracité. On les trouve donc beaucoup dans le récit fantastique, où ils atténuent
le caractère invraisemblable des événements (peut-être, il semble que, je crus, etc...).

Exemple :
Enoncé neutre (ou objectif) : "elle vit un oiseau s'envoler".
Enoncé modalisé (ou subjectif) : "Elle crut voir un merveilleux perroquet planer dans les cieux".

Les outils de la modalisation :


 Les verbes de modalité : pouvoir, devoir, falloir, vouloir...
Ex : Il se peut qu’il soit malade.

 L’emploi du conditionnel.
Ex : Il serait malade.

 L’emploi du futur antérieur.


Ex : Il aura été retenu.

 L’emploi de certains adverbes ou locutions adverbiales : assurément, forcément,


sans doute, bien sûr...
Ex : Il a forcément été retenu.

 L’emploi de certaines expressions : à ce qu’on dit, selon toute vraisemblance, sans


aucun doute...
Ex : Selon toute vraisemblance, il a été retenu.

 L’emploi de certains verbes d’opinion : penser, croire, assurer...


Ex : Je pense qu’il a été retenu.

 Un vocabulaire péjoratif ou mélioratif.


Le vocabulaire appréciatif permet au narrateur de porter un jugement de valeur, qui peut être
mélioratif ou péjoratif.
Ex : Cet automobiliste a une conduite condamnable.


Exercices d’application : les modalisateurs
Exercice 1 : classez ces mots en deux catégories (termes mélioratifs et termes péjoratifs).
harmonieux, calme, tourmenté, aridité, lumière, banal, désordre, verdoyant, blême, franchise, apaisant,
inquiétant, bleuâtre, limpide, accueillant, terne, vide, vif, sombre, grandiose, soyeux.

Exercice 2 : Lisez les extraits suivants, repérez et nommez les modalisateurs du doute.

1. Je crus apercevoir, dans l’angle à droite au fond, un peu dans la pénombre, un employé avec
sa petite casquette qui s’éclipsait par une porte, terrorisé.
Dino Buzzati, Il était arrivé quelque chose.

Exemple : 1. Je crus apercevoir, dans l’angle à droite au fond, un peu dans la pénombre, un employé
avec sa petite casquette qui s’éclipsait par une porte, terrorisé.

L’emploi du verbe d’opinion « croire » permet d’introduire le doute. En effet, le narrateur n’est pas
sûr de ce qu’il a aperçu.

2. L’orage était passé ; et en sympathie eût-on dit avec le calme de la nature, mon cœur semblait
cesser de battre.
Bram Stocker, l’Invité de Dracula.

3. J’étais seul pourtant. Mais je ne pus me rendormir ; et comme je m’agitais dans une fièvre
d’insomnie, je me levai pour aller toucher la chevelure. Elle me parut plus douce que de coutume,
plus animée. Les morts reviennent-ils ?
Guy de Maupassant, La chevelure.

4. Il se peut bien que ce ne fut ni l’exécution de l’œuvre, ni l’immortelle beauté de la physionomie,


qui m’impressionna si soudainement et si fortement.
Edgar Poe, Le Portrait ovale.

5. Une chose me paraissait surprenante : la nature de la tâche qui courait sur ma main. C’était
une lueur glacée, sanglante, n’éclairant pas. D’autre part, comment se faisait-il que je ne voyais
aucune ligne de lumière sous la porte, dans le corridor ? Mais, en vérité, ce qui sortait ainsi du
trou de la serrure me causait l’impression du regard phosphorique d’un hibou !
Villiers de l’Isle Adam, L’intersigne.

Exercice 3 : Soulignez et identifiez les temps et les modes verbaux qui traduisent l’incertitude
dans ce texte.

19 août. Je le tuerai. Je l’ai vu ! Je me suis assis, hier soir, à ma table ; et je fis semblant d’écrire
avec une grande attention. Je savais bien qu’il viendrait rôder autour de moi, tout près, si près que
je pourrai peut-être le toucher, le saisir ? Et alors !... alors, j’aurais la force des désespérés ;
j’aurais mes mains, mes genoux, ma poitrine, mon front, mes dents pour l’étrangler, l’écraser, le
mordre, le déchirer.
Guy de Maupassant, Le Horla, 1187

Exercice 4 : Réécrivez le texte suivant en insérant des modalisateurs de doute pour renforcer l’hésitation
fantastique.

Tout à coup le feu prit un étrange degré d’activité ; une lueur illumina la chambre, et je vis que ce
que j’avais pris pour des peintures était la réalité ; car les prunelles de ces êtres encadrés
remuaient ; leurs lèvres s’ouvraient et se fermaient mais je n’entendais rien que le tic-tac de la
pendule et le sifflement de la bise d’automne.
Théophile Gauthier, La Cafetière.

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