Vous êtes sur la page 1sur 2

Effectivement, sur le moment, Oda n'avait pas bien réagi.

Impossible de lui en vouloir, à sa place,


il aurait eu la même réaction. Néanmoins, à son grand soulagement, il resta allongé sur le lit, se
murant dans un silence pesant et un peu gênant. Mais actuellement, Francisco profitait
seulement du fait d'être en paix, en sécurité, et un peu rassasié. Un peu. La tête penchée en
arrière, la nuque contre le sommet du dossier de la chaise, et le visage parallèle au plafond, en
train de regarder ce dernier comme son Roi, ses yeux se fermèrent lentement. Grâce à ça, il put
se concentrer sur ses sensations. Le liquide rouge et chaud d'Oda, ingurgité il y a peu, il ne l'avait
pas dis, mais le Sang Impur le trouva délicieux. Probablement que la saveur changeait avec le
soin, et le train de vie. Peut-être même avec l'affinité que l'on avait avec la personne. Pour lui,
l'androgyne pourrait très bien avoir le droit de vie ou de mort sur lui qu'il s'en fichait. Non
seulement sa confiance lui était acquise, mais après ce qu'il venait d'offrir, un lien se formait peu
à peu entre eux. Du moins, ce fut ce que ressentait le grand black, qui réfléchissait à cette
situation... peu commune. Tout ceux dont il avait bu le sang ne vivait plus. Impossible pour lui de
se rappeler de la dernière fois qu'il s'était nourri, sans tuer sa pauvre victime.

Ses pensées divagantes sur la belle et délicate peau veinée de Nobunaga furent interrompues par
les deux questions de ce dernier. Dommage, durant un instant, et grâce à lui, ses pensées
s'éloignaient de ce maudit bâtiment, source de tout ses maux. Il allait devoir se plonger dans des
souvenirs douloureux à nouveau, si douloureux que malgré le fait que la demande soit émise par
son sauveur, l'ancien-criminel hésita un instant, avant de tenter de se rappeler.

Sa situation ne lui avait pas permis de compter le nombre d'enfants qui passèrent dans le
laboratoire, avant de repartir les pieds devants. Cependant, en se concentrant, Francisco pouvait
donner un vague nombre, le plus proche qu'il pouvait. Quand à la seconde question, il pouvait
donner une réponse claire et simple. Le grand black se souvenait, encore aujourd'hui, de la
conversation qu'il avait eu avec un autre prisonnier. Pour se rassurer, essayant d'oublier leur
environnement et ce qu'on leur faisait subir, ils échangeaient leurs souvenirs de leur vie à
Feobis. Le regard brillant du gamin lorsqu'il lui dit qu'il venait d'une famille noble, et lui
décrivait, tant bien que mal, le domaine des Mirai. Cette pensée lui arracha même un ricanement
nerveux, chargé d'amertume.

" - Je n'ai pas vraiment compté mais... Une centaine, peut-être deux-cents, je crois... Mais peu restaient en vie
pendant plus de quelques jours... Les cadavres étaient brûlés..."

Finalement, il baissa la tête pour regarder son Roi, et dit, d'une voix sûr de lui.
" - Je crois que lorsqu'on s'est échappés, on était à peine plus d'une dizaine. Celui qui a détruit le laboratoire, qui
a tué les scientifiques... Celui qui a créé une brèche... Il était de Feobis. J'en suis sûr."

Finalement, après un soupir, sa tête se remit à fixer le plafond, en s'appuyant sur le sommet du
dossier. Un larme coula sur sa joue, dans un silence de tombe. Pas de geignement, ou de
sanglots.

" - Mais combien ont survécus, là, dehors... Mon errance n'a été qu'une succession de chance... Je ne pense pas
que ça a été la même chose pour les autres..."

Vous aimerez peut-être aussi