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Lorsque Francisco fut tiré de ses songes, par un garde qui lui annonçait l'arrivée imminente du

Roi, il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour se tirer pleinement de son sommeil. La
nouvelle, si surprenante mais aussi inquiétante, venait de le frapper tel un coup de marteau sur
une enclume. L'homme qui l'avait réveillé ne semblait pas rire. La présence du dirigeant de
Feobis, imminente, pouvait dire milles et une chose, Francisco en avait conscience. Incapable de
savoir où se mettre, comment se comporter, une myriade de pensées traversèrent son esprit en
quelques secondes. Des questions auxquels il ne pouvait pas répondre tambourinait son crâne,
causées par l'angoisse viscérale de cette nouvelle.

Mais lorsqu'Oda entra, le grand homme, car il mesurait au final un mètre quatre-vingt-dix au bas
mot, renforçant sa maigreur, attendait, assis, sur son lit, ses cheveux incroyablement longs et
sales traînant par terre. Sage, calme, mais indéniablement stressé, la tête basse, il semblait
hésiter à adresser un regard au Roi. En plus de ne pas le connaître, ses capacités sociales
s'étaient érodées, presque jusqu'à disparaître à cause de tout ceci. Les années d'existence de
Francisco se comptaient en quelques dizaines, une quarantaine, même un peu plus, mais malgré
ça, sa gestuelle, sa façon de se comporter, tout en lui rappelait un enfant effrayé. Et s'il pouvait se
montrer féroce lors d'un manque de sang trop important, à cet instant, c'était l'enfant, privé de
sa vie, qui prenait le dessus, maladroit et perdu.

" - C..- c'est moi..."

La Brisé but alors les paroles d'Oda. Quand bien même il peinait à comprendre le sens de
plusieurs mots, il comprenait l'essentiel. Le premier sujet abordé fut celui de la famille Mirai, et
savoir que le domaine dans lequel le criminel avait grandi tenait encore debout, mieux, que
certains domestiques restaient à prendre soin de l'endroit malgré l'absence de patron, cela fit
couler des larmes sur ses joues émaciés. Sa tête se redressa pour afficher une expression
rayonnante, bien loin du désespoir qui régnait sur son faciès durant le procès. Il allait peut-être
pouvoir retrouver ce grand homme musclé qui s'occupait de l'accueil au domaine, bourru mais
sympathique. Francisco se souvenait, encore aujourd'hui, de s'être moqué de sa jeune soeur,
lorsque cette dernière lui annonça, le rouge aux joues, être amoureuse de cet homme, qui était
sûrement bien vieux à présent. Des années d'insouciance bien lointaines...

Ses pensées l'empêchèrent presque d'écouter Oda davantage. Mais la voix forte du Roi le ramena
bien vite sur la froide pierre de la chambre. Lorsque ce dernier termina alors ce qu'il avait à dire,
un grand silence s'installa. Le grand black prit quelques secondes pour s'assurer de bien avoir
compris ce qu'il avait entendu. L'homme, ou la femme il n'en était pas sûr, qui dirigeait Feobis
lui proposait de l'aider. A la fois inespéré et peu croyable, cette proposition paraissait trop belle.
Mais malgré ça, malgré cette méfiance inéteignable pour lui, ce fut sans hésiter que sa voix
franchit ses lèvres. D'abord faible, inaudible, grâce à un raclement de gorge elle devint plus
distincte.

" - Qu... qu'importe les... sacrifices... si je peux devenir quelqu'un... de... de bien, je suis prêt... Je me souviens...
encore aujourd'hui... que mon père disait souvent que ce qui faisait un homme, ce n'était pas ses possessions... ni
ce qu'il était... Mais ce qu'il était capable de faire..."

Ses yeux se plissèrent soudainement, il fronça les sourcils.

" - Je sais pas... si je suis clair..."

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