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CHAP III : LE FLUIDE EN MOUVEMENT – DYNAMIQUE DES FLUIDES

III.1. Notions élémentaires

III.1.1. Notion d’énergie

Le dictionnaire donne la définition suivante de l’énergie : ce que possède un système s’il est
capable de produire un travail. En mécanique des fluides, l’énergie que possède un fluide lui
permettra d’être à l’origine de forces et de produire des actions mécaniques.

On désignera dans la suite l’énergie par la lettre E. L’unité du système international pour
l’énergie est le Joule, noté J (il existe toutefois d’autres unités d’énergie comme la calorie,
notée cal. On a la correspondance 1 cal = 4,18 J)

III.1.2. Notion d’énergie volumique

L’énergie est une grandeur que possède un système donné, c'est-à-dire dans le cas qui nous
intéresse un volume donné de fluide. Il est plus pratique de toujours se ramener à l’énergie
possédé par un volume unitaire de fluide. On définit ainsi la notion d’énergie volumique.
L’énergie volumique sera notée Ev. Par conséquent, si un volume V de fluide possède une
énergie E, l’énergie volumique du fluide sera :
E (3.1)
E v=
V
Réciproquement, un volume V de fluide d’énergie volumique Ev aura l’énergie E :
E=Ev .V (3.2)

L’unité dans le système international pour l’énergie volumique est par conséquent le J/m3.
Nous avons toutefois vu au chapitre précédent que cette unité était équivalente au Pascal. En
effet, la pression est une énergie volumique particulière.

III.1.3. Les différentes formes d’énergies d’un fluide

III.1.3.1. L’énergie de pression et l’énergie volumique de pression

Nous avons déjà vu au chapitre 2 que le fluide possède une certaine énergie de pression à
cause de l’existence des mouvements désordonnés des particules qui le constitue et qui
s’entrechoquent et frappent les parois de très nombreuses fois à chaque seconde. Cette énergie
de pression est donnée par la relation suivante :
E pr =P .V

L’énergie volumique de pression Eprv est la pression P elle-même. On aura donc la relation
suivante pour un volume V de fluide :

(3.3)

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E pr
E pr v = =P
V

Exemple 1 :
Calculer l’énergie de pression Epr d’un volume V = 12 l d’un fluide soumis à une
pression P = 4,3 bar.

Solution :
E pr =4,3. 105∗12. 10−3 =5160 J

III.1.3.2. L’énergie cinétique et l’énergie cinétique volumique

Considérons les observations expérimentales suivantes :


- Un homme marche lentement et vient heurter une porte fermée. Cette dernière ne
bouge pas. Toutefois, s’il court, la porte cède sous le choc. Ceci prouve qu’avec une
grande vitesse, son corps possède l’énergie suffisante pour briser la porte, ce qui n’est
pas le cas si sa vitesse est faible. Il existe donc une forme d’énergie liée à la vitesse
d’un corps. Cette énergie est appelée énergie cinétique. On la note Ec. Elle augmente
lorsque la vitesse augmente.
- On lance avec une vitesse donnée un gravillon sur une vitre. Celle-ci reste intacte. Si
maintenant on lance avec la même vitesse une brique sur la vitre, cette dernière va se
briser. On voit donc que l’énergie du projectile dépend de sa masse. Plus la masse est
importante, plus l’énergie cinétique est grande.

La physique montre qu’il existe la relation suivante entre l’énergie cinétique Ec d’un corps
avec sa vitesse U et sa masse m :
1 (3.4)
Ec = . m .U 2
2

Il est possible de définir une énergie cinétique volumique, notée Ecv, de la même manière que
nous l’avons fait pour l’énergie de pression. Ainsi, une masse m occupe un volume V et est
animée d’une vitesse U, alors on aura :
Ec 1 m 2
Ecv = = . .U
V 2 V (3.5)

Or, on sait que ρ = m/V, donc :


1 2 (3.6)
Ecv = . ρ . U
2
Exemple 2 :
Une goutte d’eau de 0,5 ml chute à une vitesse de 2 m/s. Calculer son énergie
cinétique.

Solution :

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1 2 1 2 J
Ecv = . ρeau . U = ∗1000∗2 =2000 3 =2000 Pa
2 2 m
Et l’énergie cinétique de la goutte sera :
−6
Ec =E cv . V =2000∗0,5. 10 =0,001 J

III.1.3.3. L’énergie potentielle de pesanteur et l’énergie volumique de pesanteur

Soulevons un corps de masse m jusqu’à une altitude Z. Si on lâche ce corps, il va se mettre en


mouvement et chuter. Toutefois, un corps ne peut bouger que s’il possède une certaine
énergie.
Par conséquent, en élevant le corps jusqu’à l’altitude Z nous lui avons fourni une certaine
quantité d’énergie. Cette énergie est en fait due à la force d’attraction gravitationnelle (tout
simplement le poids). Cette énergie s’appelle énergie potentielle de pesanteur (mais aussi
énergie gravifique). On la notera Ep et on notera Epv son énergie volumique associée.
Cette énergie dépendra donc de la masse m du corps, mais aussi de son altitude Z.
L’expression de Ep est alors :
E p =m. g . Z (3.7)
On constante donc que plus la masse et l’altitude sont importantes, plus l’énergie potentielle
de pesanteur est grande.
On pourra alors trouver l’expression de l’énergie volumique de pesanteur Epv :
E m .g. z
E p v= p = (3.8)
V V
Or, on rappelle que ρ = m/V, donc :
E p v =ρ . g . z (3.9)

Il subsiste toutefois une ambiguïté dans la définition de l’énergie potentielle de pesanteur. En


effet, dans l’expression de Ep intervient l’altitude Z. Ainsi, deux personnes choisissant une
origine différente des altitudes (c'est-à-dire le point d’altitude 0), calculeraient des valeurs
différentes de Ep pour un corps dans la même position.

Exemple 3 :
Calculer l’énergie potentielle de 1 kg d’eau se trouvant dans la gourde qui se situe au
sommet du Mont-Blanc dont l’altitude est 4807 m.

Solution :
Une personne peut choisir le sommet du Mont-blanc comme origine des altitudes. Par
conséquent, l’altitude de l’eau de la gourde vaut 0 m. Ainsi, l’énergie potentielle de
pesanteur de l’eau vaut :
E p =m. g . z =1∗9,81∗0=0 J

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Une autre personne peut considérer l’origine au niveau de la mer. Par conséquent,
l’altitude de la gourde est 4807 m. Ainsi, l’énergie potentielle de pesanteur de l’eau de
la gourde vaut :
E p =m. g . z =1∗9,81∗4807=47157 J

En fait, le choix de l’origine des altitudes importe peu. En effet, en mécanique des fluides, les
calculs que l’on mène font toujours apparaitre des différences d’énergie potentielle. Toutefois,
il faudra toujours veiller à garder, au cours des calculs la même origine des altitudes.

Si on cherche par exemple, la différence d’énergie potentielle Ep1 – Ep2 d’une masse m entre
l’altitude Z1 et Z2, on aura :
E p 1−E p 2=m . g . Z 1−m . g . Z2 =m. g .(Z ¿ ¿ 1−Z 2)¿ (3.10)

On voit bien ici que dans Ep1 – Ep2 apparaît Z1 et Z2, qui est la différence de hauteur entre
deux points, et qui donc ne dépend pas du choix de l’origine des altitudes.

III.1.4. L’énergie totale et l’énergie volumique totale

Nous venons de voir qu’un fluide peut posséder plusieurs sortes d’énergies : de pression,
cinétique et potentielle de pesanteur. On peut par conséquent définir l’énergie totale, notée Et,
qui sera la somme des trois énergies précédentes :
1 2
Et =E pr + E c + E p=P . V + .m .U + m. g . Z (3.11)
2
On aura ainsi pour un volume V d’un fluide, de masse volumique ρ, animé d’une vitesse U,
sous une pression P et situé à une altitude Z, l’expression suivante pour l’énergie totale Et :
1 2
Et =P .V + . ρ . V .U + ρ . V . g . Z (3.12)
2

On pourra aussi définir une énergie volumique Etv de la façon suivante :


E E +E +E
Et v = t = pr c p =E prv + Ecv + E p v (3.13)
V V

On aura l’expression de Etv en fonction des propriétés du fluide :


1
Et v =P+ . ρ .U 2 + ρ . g . Z (3.14)
2

L’énergie totale volumique s’exprime en J/m3 qui est équivalente au Pascal. Par conséquent,
l’énergie totale volumique s’exprime dans la même unité qu’une pression. C’est cela qu’on
appelle aussi l’énergie totale volumique du fluide pression totale, que l’on note Pt.

Exemple 4 :

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Considérons un fluide de densité 0,92 circulant dans une conduite cylindrique de


diamètre D = 32 mm, avec un débit de 3 t/h. La conduite se trouve dans un atelier à 10
m de hauteur. L’origine des altitudes est choisie au niveau du sol. La pression relative
dans la conduite est de 12 bar. Calculer l’énergie totale volumique Etv (ou pression
totale) du fluide.

Solution :
1 2
Et v =P+ . ρ .U + ρ . g . Z
2

On peut définir les différents termes :

P=12. 10 ¯¿
5

Z=10 m
3
ρ=d . ρeau =0,92∗1000=920 kg / m

π . D2 π . 0,0322
S= = =8,0384. 10−4 m2
4 4
Qm 3.1000/3600 −4 3
Q= = =9,06. 10 m /s
ρ 920
−4
Q 9,06.10 3
U= = =1,13 m /s
S 8,0384.10−4
On aura alors :
1
Et v =12. 105 + .920.1,13+ 920.9,81.10=1,29.106 J /m3 ( pa)
2

III.1.6. Charge totale du fluide

Il est parfois pratique, comme nous verrons au chapitre 5, d’exprimer l’énergie volumique
totale du fluide sous une forme un peu différente. On définit pour cela une grandeur que l’on
appelle la charge totale du fluide. On la notera ht. Elle s’obtient en divisant l’énergie totale
volumique et du fluide par le produit ρ.g :
E
ht = t v (3.20)
ρ.g

On pourra alors exprimer la charge totale ht en fonction des propriétés du fluide de la manière
suivante :
P U2
ht = + +Z (3.21)
ρ . g 2. g
Avec :
P/ρg : la charge de pression
u2/2g : la charge cinétique

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Z : la charge gravitaire

L’unité dans le système international pour la charge sera le mètre (m). Pour préciser qu’il
s’agit bien d’une charge (et non simplement d’une longueur), on précise toujours qu’il s’agit
de mètres de colonne liquide, abrégés mCL. Si on a affaire à de l’eau (cas fréquent) on parlera
de mètres de colonne d’eau, notés mCE.

Exemple 6 :
Calculer la charge totale ht du fluide de l’exemple 4.
Solution :
P U2 12. 105 1,132
ht = + + z= + +10=143,03 mCL
ρ . g 2. g 920∗9,81 2∗9,81

III.2. Théorème de Bernoulli

Enoncé  : Dans le cas d'un liquide parfait, entre deux points d’une même ligne de courant, on
a:
2 2
P 1 u1 P 2 u2
+ +z = + + z (unité :m)
ρ . g 2. g 1 ρ. g 2. g 2

Remarque :

Le théorème de Bernoulli peut s’écrire sous d’autres formes :

1 2 1 2
P1 + . ρ. u1 + ρ . g . z 1=P2+ . ρ . u2 + ρ . g . z2 (unité : Pa)
2 2

2 2
P 1 u1 P2 u 2
+ + gz 1= + + gz2 (unité : j /kg)
ρ 2 ρ 2

Représentation graphique du théorème de Bernoulli

Le théorème de Bernoulli peut être représenté schématiquement en admettant que :

 L’énergie totale est une constante quelle que soit la position de la particule. Sa ligne (qui
est une ligne droite et horizontale) se trace connaissant les conditions aux limites.
 L’énergie potentielle (de position) est donnée par la côte de la particule par rapport à un
référentiel à prendre (choisir)

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 L’énergie cinématique est liée à la section offerte à l’écoulement par l’équation de la


continuité. Elle diminue quand la section augmente et vice versa.
 L’énergie de pression complète le schéma de la représentation (et sans oublier qu’ici le
travail se réfère à la pression relative)

Démarche à suivre :

Pour faire la représentation de Bernoulli, il suffit de suivre la méthode suivante à chaque fois :

1. Tracer un niveau (plan) de référence, et de préférence en bas du schéma.


2. Représenter l’énergie potentielle (de côte)
3. Représenter l’énergie totale en prenant un point dans le réservoir
4. Représenter l’énergie cinétique en prenant un point juste à la sortie de la conduite
5. Généraliser l’énergie cinétique à toute la conduite
6. Compléter par l’énergie de pression

En appliquant Bernoulli entre le réservoir et la sortie de la conduite, on a :

On a :
2
US
Z R=Z S +
2. g
D’après le théorème de TORRICELLI :
U S=√ 2. g . ∆ Z=√ 2. g . ( Z R −Z S )

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Exemple 7 :
Soit un réservoir de cote eau ZR = 266,5 m qui alimente un autre à travers une conduite
de diamètre constant dont la côte à la sortie de l’eau est ZS = 253,25 m. Le point bas de la
conduite a une côte Z1 = 245,56 m.
1. Calculer la vitesse de l’eau à la sortie de la conduite
2. Calculer le débit de la conduite (en l/s) si le diamètre est D = 100 mm
3. Calculer la pression (en m) au point bas de la conduite
4. Faire la représentation de Bernoulli (à l’échelle des hauteurs si c’est possible)

Solution :

1) Calcul de la vitesse de l’eau à la sortie de la conduite :

En appliquant la formule de Torricelli, on a :


U S=√ 2. g . ∆ Z=√ 2. g . ( Z R −Z S )=√ 2∗9,81∗. ( 266,5−253,25 ) =16,28 m/s

2) Calcul du débit de la conduite :


2 2
π D 16,28∗π∗0,10 3
Q=U . S=U . = =0,1278 m /s=127,8 l/s
4 4

3) Calcul de la pression au point bas de la conduite :


En appliquant l’équation de Bernoulli, on a :
2
P1 u S
Z R= + +z
ρ . g 2. g 1
P1 u S2
=Z R − −z =Z R −( Z R−Z S ) −z 1
ρ.g 2. g 1
P1
=Z S −Z 1=253,25−245,56=7,69 m
ρ.g

4)

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Théorème de Bernoulli pour les fluides réels


En conséquence de l’existence des forces résistantes (de viscosité et de rugosité) dans
l’écoulement, le théorème de Bernoulli (comme il a été énoncé), ne peut être appliqué aux
écoulements réels. Il faudra lui ajouter un terme correctif qui tiendra compte de ces forces
résistantes : c’est l’énergie perdue, notée J. On a :
2 2
P 1 u1 P2 u2
+ + z 1= + + z + J (unité : m)
ρ . g 2. g ρ. g 2. g 2

Elle peut être interprétée graphiquement de la manière suivante :

Remarque : L’énergie perdue due aux forces résistantes augmente le long de la conduite dans le
sens de l’écoulement.

III.1.5.1. Débit d’énergie

Nous avons pu définir au chapitre 1 la notion de débit. La matière traversant une section de
passage donnée représente une certaine masse ce qui permet de définir le débit massique. De
même, la matière possède un certain volume, ce qui permet de définir le débit volumique.

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Nous avons vu précédemment que les fluides possédaient aussi une certaine énergie totale
(composée de différents termes). Par conséquent, lorsqu’un fluide s’écoule à travers une
section de passage, à chaque instant, une certaine quantité d’énergie traverse cette section. On
peut ainsi définir la notion de débit d’énergie, que l’on notera QE.
Le débit d’énergie sera donc la quantité d’énergie totale traversant une section donnée
pendant une unité de temps. Aussi, si la quantité d’énergie Et passe à travers cette section
pendant l’intervalle de temps t, on aura :
Et
Q E= (3.15)
t

L’unité dans le système international pour le débit d’énergie sera par conséquent le joule par
seconde noté J/s. Le joule par seconde est aussi très connu sous le nom de watt, noté W (1 W
= 1 J/s)
On notera aussi que dans la vie courante le watt est utilisé comme unité de puissance
(ampoules, chaudières, …). En réalité, le débit d’énergie est une puissance. En utilisant le
mot débit, nous insistons sur le fait que l’on a de l’énergie qui traverse une section donnée.

III.1.5.2. Relation entre débit d’énergie et débit volumique

L’équation 3.15 est toutefois peu pratique pour calculer le débit d’énergie s’écoulant à travers
une section. En effet, la quantité d’énergie Et est difficile à déterminer. C’est pourquoi nous
cherchons une relation avec d’autres grandeurs comme le débit volumique.
Le volume V passant à travers une section de passage donnée pendant un intervalle de temps t
peut être déduit du débit volumique de la manière suivante :
V =Q. t (3.16)
Or, ce volume V de fluide possède une énergie totale Et que l’on peut calculer à partir de
l’énergie volumique Etv :
Et =V . Et v =Q. t . Et v (3.17)

Le débit d’énergie totale QE s’exprime alors de la manière suivante :


Q .t . E tv
Q E= =Q . E tv (3.18)
t
Exemple 5 :
Déterminer le débit d’énergie totale passant à travers la section de l’exemple 4.

Solution :
On a :
6
Et v =1,29. 10 pa

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−4 3
Q=9,06.10 m /s

Par conséquent, le débit d’énergie totale passant à travers la section sera :


−4 6
Q E=Q . Et v =9,06.10 ∗1,29.10 =1168,74 W

III.1.5.2. Bilan d’énergie

A. Cas général

L’énergie totale d’un fluide, de même que sa masse, sont des grandeurs qu’on dit
conservatives, c'est-à-dire qu’elles ne peuvent ni apparaître ni disparaître de façon spontanée.
Par conséquent, lorsque le régime permanent est établi, la quantité d’énergie totale contenue à
l’intérieur d’une zone précise d’un procédé reste constante. Dans cette zone (voir figure 3.1)
peuvent arriver et repartir différents flux de matière. Cette matière contenant de l’énergie, au
sein de la zone considérée, on aura les débits d’énergie totale entrants QEe et sortants QEs.

Il est de plus possible de fournir de l’énergie au fluide de cette zone à l’aide d’appareils
comme des pompes ou des compresseurs. On notera QE fourni le débit d’énergie totale fourni au
fluide par l’appareil.

Inversement, le fluide de la zone peut fournir de l’énergie à un appareil comme une turbine.
On notera QE cédé le débit d’énergie cédé par le fluide à l’appareil.

Enfin, les frottements subis par le fluide au cours de son écoulement peuvent lui faire perdre
de l’énergie (c’est ce que l’on appelle les pertes de charge. Voir chapitre 4). Cette énergie
dissipée par frottement ne disparaît pas, elle est transformée en énergie thermique, c'est-à-dire
en chaleur. On parlera QE frott. ce débit d’énergie dissipée par frottement.

Fig. 3.1 – Bilan d’énergie sur un procédé

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Pour que l’énergie totale contenue dans cette zone reste constante, il faudra donc que la
somme des débits d’énergie entrants soit égale à la somme des débits d’énergie sortants. Le
bilan d’énergie totale sur cette zone s’écrira alors :

Q E e +Q E e + …+Q E e +Q E fourni=QE s +Q E s + …+Q E s +QE cédé +Q E frott .


1 2 n 1 2 n (3.19)

Cette relation est toutefois très générale. Dans de très nombreux problèmes, nous nous
intéresserons à des systèmes avec une seule entrée et une seule sortie. Nous allons voir
maintenant différents cas importants.

B. Cas où l’énergie est fournie par une machine

Prenons maintenant le cas où entre deux sections 1 et 2 (voir figure 3.3) se trouve une
machine (une pompe par exemple) qui fournit un débit d’énergie QE fourni au fluide. Ce débit
d’énergie représente la quantité d’énergie (exprimée en joules par exemple) fournie au fluide
par la machine à chaque unité de temps (à chaque seconde par exemple). Ce débit d’énergie
est aussi appelée puissance hydraulique et est notée Ph.

Fig. 3.3 – Bilan d’énergie avec apport d’énergie

Le système étant en régime permanent, on peut écrire le bilan d’énergie de la manière


suivante : (3.22)
Q E 1+ QE fourni =QE 2

On aura par conséquent :


Q1 . E tv 1+ QE fourni =Q2 . Et v 2 (3.23)

Dans le cas des fluides incompressibles, on aura Q1 = Q2 et ρ1 = ρ2. Par conséquent, on pourra
écrire :
Q E fourni
E t v 1+ =Et v 2 (3.24)
Q

Le terme QE fourni / QV est particulièrement important. Il représente la quantité d’énergie


fournie par la machine à chaque unité de volume de fluide (chaque m 3 par exemple) passant
entre les sections 1 et 2. Chaque grandeur a la même unité que l’énergie volumique, c'est-à-

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dire dans le système international le J/m3, en d’autres termes le pascal (Pa). On appellera cette
grandeur différence de pression de la machine et on la notera ΔPmach. On aura donc :
Q
∆ Pmach = E fourni ou Q E fourni =∆ Pmach . Q
Q

Si on développe l’équation 3.24, on obtient alors :


1 1
P1 + . ρ. U 12 + ρ . g . Z 1 +∆ Pmach =P 2+ . ρ . U 22+ ρ. g . Z 2 (3.26)
2 2

Cette formule n’est toujours valable que pour un fluide incompressible en régime stationnaire
et en l’absence de frottement.
Il est aussi très pratique d’exprimer le bilan d’énergie à l’aide des charges totales ht. On
rappelle que ht = Etv / ρg. Par conséquent, l’équation 3.26 s’écrira :
∆ P mach
ht 1+ =ht 2 (3.27)
ρ. g
Le terme ΔPmach /ρ.g est appelé hauteur manométrique totale de la machine et notée HMT.
Son unité est celle de la charge, c'est-à-dire le mètre de colonne liquide (mCL). Le bilan
d’énergie pourra alors s’écrire de la manière suivante :
ht 1+ HMT =ht 2 (3.28)

On écrira très souvent cette relation lorsque nous effectuerons des bilans sur des réseaux
munis d’une pompe dans lesquels circulent des liquides. L’utilisation de la hauteur
manométrique totale (HMT) peut paraître un choix curieux pour représenter l’énergie fournie
par une pompe. Nous verrons en fait que ce choix est très pratique et que les constructeurs
caractérisent leur pompe par leur HMT.

C. Cas où l’énergie n’est pas fournie par une machine

Dans de nombreux cas, on rencontre des systèmes dans lesquels il n’y a ni pompes, ni
compresseurs, ni turbines, et où les frottements sont peu importants et peuvent donc être
négligés. C’est le cas par exemple de conduites où les vitesses de fluide sont faibles.

Considérons la conduite de la figure suivante :

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Fig. 3.2 – Bilan d’énergie entre deux points d’une conduite

Entre les sections S1 et S2, il n’y a ni pompe ni turbine, et on suppose que les frottements sont
négligeables. Le régime permanent est supposé être établi. Le bilan d’énergie sur le volume
compris entre ces deux sections pourra alors s’écrire :
Q E 1=Q E 2 (3.29)

La quantité d’énergie entrante est égale à la quantité d’énergie sortante. On peut écrire les
expressions des débits d’énergie de la manière suivante :
Q1 . E tv 1=Q2 . E tv 2 (3.30)

Si nous avons affaire à un fluide incompressible, alors sa masse volumique ne varie pas entre
les sections S1 et S2. Par conséquent on a ρ1 = ρ2. De plus, on a la conservation du débit
volumique, donc Q1 = Q2. Le bilan d’énergie s’écrit alors :
Et v 1=Et v 2 (3.31)

On remarque ainsi que dans ce cas, l’énergie totale volumique du fluide se conserve.
En développant la relation 3.31 on a :
1 2 1 2
P1 + . ρ. U 1 + ρ . g . Z 1=P2 + . ρ .U 2 + ρ . g . Z 2
2 2 (3.32)

Si on divise la relation précédente par le produit ρ.g, on obtient :


2 2
P 1 u1 P2 u2
+ +z = + +z (3.33)
ρ . g 2. g 1 ρ. g 2. g 2

On a donc conservation de la charge totale dans ce cas :


ht 1=ht 2 (3.34)

La relation précédente est l’équation de Bernoulli pour les fluides parfaits. Elle ne s’applique
qu’en régime permanent pour un fluide incompressible en l’absence de pompe, de turbine et
de frottements.

Exemple 7 :

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Considérons une conduite cylindrique horizontale avec un changement de section.


La section d'entrée a un diamètre D1 = 12 mm et la section de sortie un diamètre D2 =
32 mm. Le débit volumique d’eau entrant Q 1 vaut 1 m3/h et P1 = 4 bars. On supposera
que le régime permanent est établi et qu’il n’y a pas de frottements.
Déterminer la vitesse U2 et la pression P2 de l’eau à la sortie.

Solution :
L’eau étant un fluide incompressible, on peut écrire la conservation du débit
volumique entre les sections S1 et S2 :
Q1=Q2
Or Q2 = U2. S2, on a donc :
Q1 Q1 1 /3600
U 2= = = =0,345 m /s
S 2 π . D 2 / 4 3,14∗0,0322 / 4
2

Pour comparaison, U1= Q1 / S1 = 2,45 m/s.


On voit ici que l’augmentation de la section a entrainé une baisse de la vitesse du
fluide, donc de son énergie cinétique. On peut écrire la conservation de l’énergie totale
volumique (on aurait aussi pu écrire la conservation de la charge totale ht) :
Et v 1=Et v 2
1 1
P1 + . ρ. U 12 + ρ . g . Z 1=P2 + . ρ .U 22 + ρ . g . Z 2
2 2
Or la conduite est horizontale, donc Z1 = Z2. Par conséquent, on peut écrire :
1 1
P2=P1 + . ρ .(U ¿ ¿ 1 ¿ ¿ 2−U 22)=4. 105 + . ρ.(2,452−0,3452 )=4,03. 105 Pa ¿ ¿
2 2
La pression a donc augmenté dans la section 2. L’énergie volumique de pression a
donc augmentée alors l’énergie cinétique a diminué. On a une conversion d’énergie
cinétique en énergie de pression, mais l’énergie totale du fluide reste constante.

D. Cas où l’énergie est cédée à une machine

Elaboré par Ir Jean Jacques Yves KAZE A/A  : 2020 -


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Dans le cas présent, c’est le fluide qui va céder de l’énergie. Soit cette énergie va être cédée à
une machine (une turbine), soit cette énergie va être dissipée à cause des frottements et va être
transformée en chaleur. On notera QE cédé le débit d’énergie cédé à la machine et QE frott. le
débit d’énergie perdu par frottement.

Dans ce cas (voir figure 3.4), on supposera qu’il n’y a aucune machine sur le réseau, mais
qu’un débit d’énergie QE frott. est perdu par le fluide à cause des frottements.

Fig. 3.4 – Bilan d’énergie avec cession d’énergie à une machine

Le bilan d’énergie en régime permanent entre les sections 1 et 2 s’écrira alors :


Q E 1=Q E 2+ QE cédé
(3.35)

De même que pour le cas d’une machine apportant de l’énergie au fluide, pour un liquide
incompressible, on pourra écrire le bilan d’énergie de la manière suivante :
Q E cédé
Et v 1=Et v 2+ (3.36)
Q
On pourra alors réécrire le bilan d’énergie de la manière suivante :
Et v 1=Et v 2+ ∆ Pmach (3.37)

Si on développe l’expression précédente, on obtient alors :


1 2 1 2
P1 + . ρ. U 1 + ρ . g . Z 1=P2 + . ρ .U 2 + ρ . g . Z 2+ ∆ Pmach (3.38)
2 2

On pourra aussi écrire le bilan en terme de charge totale de la manière suivante :

∆ Pmach
ht 1=ht 2+ (3.39)
ρ. g
Le terme ΔPmach /ρ.g est appelé charge absorbée par la machine et notée Habs.

Le bilan de charge s’écrira alors :


ht 1=ht 2+ H|¿|¿ (3.40)

E. Cas où l’énergie est dissipée par frottement

Dans ce cas (voir figure 3.5), on supposera qu’il n’y a aucune machine sur le réseau, mais
qu’un débit d’énergie QE frott. est perdu par le fluide à cause des frottements.

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Fig. 3.4 – Bilan d’énergie avec perte d’énergie par frottement

Le bilan d’énergie en régime permanent entre les sections 1 et 2 s’écrira alors :


Q E 1=Q E 2+ QE frott.
(3.41)
Dans le cas des fluides incompressibles, on aura Q1 = Q2. Le bilan d’énergie s’écrira alors :
Q E frott .
Et v 1=Et v 2+ (3.42)
Q
On appellera perte de pression par frottement le rapport QE frott. / QV . Ce terme représente en
fait la quantité d’énergie totale perdue à cause des frottements par chaque unité de volume de
fluide (chaque m3) passant entre les sections 1 et 2. On notera cette grandeur ΔPf.

On aura alors :
Et v 1=Et v 2+ ∆ Pf (3.43)

On peut réécrire ce bilan à l’aide des charges totales :


∆ Pf
ht 1=ht 2+ (3.44)
ρ. g
Le terme ΔPf /ρ.g est appelé perte de charge du réseau et sera noté J. cette grandeur est très
fréquemment employé pur caractériser les pertes d’énergies au sein des réseaux. La perte de
charge s’exprime dans la même unité que la charge totale, c'est-à-dire en mètre de colonne
liquide (mCL). L’écriture du bilan d’énergie totale entre les sections 1 et 2 pourra alors
s’écrire : (3.45)
ht 1=ht 2+ J

La relation précédente est l’équation de Bernoulli pour les fluides réels. Elle ne s’applique
qu’en régime permanent pour un fluide incompressible en l’absence de pompe, de turbine.

Exemple 8 :
Un bac de très grandes dimensions rempli d’eau et situé en altitude, alimente un atelier
situé à 10 m en dessous du niveau du bac. Le bac est ouvert à l’atmosphère. A l’entrée
de l’atelier, on relève une pression relative de 0,7 bar dans la conduite. Le débit est de
6 m3/h. Le diamètre de la conduite est de 32 mm.
Calculer la perte de pression par frottement, la perte de charge et le débit d’énergie
perdue par frottement antre le bac et l’atelier.

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On supposera que le niveau du bac reste constant.


Solution :
On a un fluide incompressible et on suppose que le régime permanent est établi et
qu’il n’y a aucune machine sur le réseau. On peut donc écrire les bilans d’énergie ou
de charge de la manière suivante :

Et v 1=Et v 2+ ∆ Pf , par conséquent : ∆ P f =E tv 1−E tv 2


ht 1=ht 2+ J , par conséquent : J=ht 1−ht 2

Pour calculer ΔPf et J, il nous faut connaître P1, P2, Z1, Z2, U1, U2 et ρ.

P1 = Patm puisque le bac est ouvert à l’atmosphère. Connaissant la pression relative au


point 2, on calcule la pression absolue en ce point : P2 = P2relative + Patm
Choisissons l’origine des altitudes au niveau de l’atelier. On a : Z2 = 0 m et Z1 = 10 m.
On a supposé que le niveau du bac restait constant (à cause de sa grande taille). Par
conséquent sa surface supérieure ne bouge pas. On a donc U1 = 0 m/s.

On calcule U2 à partir du débit volumique :


Q2 Q2 6/ 3600
U 2= = 2
= =2,07 m/s
S 2 π . D 2 /4 3,14∗0,032/ 4
On aura donc :
1 2
∆ P f =P1−P 2+ ρ. g .( Z1−Z 2)+ . ρ .(U ¿ ¿ 1 ¿ ¿ 2−U 2 )¿ ¿
2
1
∆ P f =P atm−(P ¿ ¿ 2 relative+ Patm )+ ρ . g .(Z 1−Z 2)+ . ρ .U 22 ¿
2
1
∆ P f =−0,7.105 +1000∗9,81∗(10−0 ) − ∗1000∗2,072 =25958 Pa
2
∆ Pf 25958
J= = =2,65 mCL
ρ . g 1000∗9,81
Q E frott . =∆ Pf . Q=25958∗6 /3600=43,16 J / s

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III.3. Exercices complémentaires

Exercice 1 :
Un réservoir de grande dimension est rempli d’un liquide de densité d = 0,85. On perce un
trou dans la paroi du réservoir à une hauteur Δh = 1 m sous la surface supérieure du liquide.
Le réservoir est tout d’abord ouvert à l’atmosphère dans sa partie supérieure.

1. Ecrivez le bilan de charge totale entre la surface du liquide et l’orifice de vidange.


2. Calculer la vitesse du liquide au niveau de cet orifice.
3. Le diamètre du trou est de 5 mm. Calculer les débits volumique et massique de la
fuite.
4. On ferme maintenant le haut du réservoir. On maintient la pression de l’air au-dessus
du liquide à une pression de 2 bar. Recalculer la vitesse au niveau du trou.
Exercice 2 :
Une pompe alimente en eau un réservoir de grande dimension. La conduite en amont de la
pompe a un diamètre de 10 cm et la conduite en aval un diamètre de 7 cm. La pression
relative en A est 3 bar, la charge totale fournie au fluide par la pompe (HMT) est de 20 mCE.
On négligera les frottements dans la conduite entre A et D.
On donne : ZA = 3 m, ZB = ZC = 0 m, ZD = 60 m

1. Calculer la charge totale du fluide aux points D et A.

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2. Calculer les pressions relatives en B et C.

Exercice 3 :
Une conduite de diamètre 15 cm alimente une turbine électrique selon le schéma ci-dessous :

A la sortie de la turbine, l’eau monte dans une canalisation de 30 cm de diamètre jusqu’à un


lac artificiel de grande surface. La pression relative de l’eau en A est 1 bar. La charge
absorbée par la turbine est 60 mCE.
On donne : ZA = 3 m, ZB = ZC = 0 m, ZD = 60 m
1. Calculer la charge totale du fluide aux points A et D. En déduire la vitesse du fluide
entre A et B, puis entre C et D.
2. Calculer les pressions en B et C.
3. Calculer le débit d’énergie (la puissance) produite par la turbine.

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