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Chapitre I : Champ électrostatique

Prérequis
• Intégrales simples, doubles et triples
• Notion de gradient d’un champ vectoriel
• Systèmes de coordonnées cartésiennes, cylindriques et sphériques

Objectifs Spécifiques
• Savoir décrire une distribution continue de charges et en calculer la charge totale.
• Déterminer le champ créé par une ou plusieurs charges ponctuelles, par une distribution continue de
charges.
• Connaitre la notion de lignes de champ vectoriel.
• Utilisation des propriétés de symétrie et d’invariance d’une distribution continue de charges et du
théorème de Gauss pour déterminer le champ électrostatique créé par une distribution continue de
charge.

I. Introduction

L’interaction électromagnétique est une des quatre interactions fondamentales : ces interactions
régissent à elles seules tous les phénomènes physiques de l’univers. Les trois autres interactions connues
sont la gravitation (qui se manifeste surtout avec des corps massiques), l’interaction forte (celle qui assure
la cohésion des noyaux des atomes) et l’interaction faible (qui permet notamment les réactions nucléaires).
Les interactions faibles et fortes n’agissent qu’a très courtes distances, leurs effets ne dominent qu’à
l’intérieur des noyaux des atomes, lors de l’interaction des particules élémentaires. Les interactions
gravitationnelle et électromagnétique sont actives sur de grande distance.

Interaction faible. Interaction forte Interaction Interaction


électromagnétique gravitationnelle
Echelle d’action 10-8 m 10-15 m De 10-15 à 100 m De 100 à 1026 m
Portée Très courte Courte Infinie Infinie
Rôle Radioactivité Cohésion du noyau Cohésion de Cohésion des
l’atome galaxies

L’électromagnétisme consiste en l’étude des phénomènes qui font intervenir des corps chargés en
mouvement (courants électriques, antenne radio …). On se restreint, pour l’instant, aux phénomènes
indépendants du temps ce qui permet de séparer l’étude des effets magnétiques et électriques. Ce cours
aborde l’électrostatique, c’est-à-dire l’étude du champ électrique produit par des charges immobiles.
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L’électrostatique traite de l’interaction des charges électriques au repos placées dans le vide. Le champ
électrique est appelé champ électrostatique s’il est invariant dans le temps.

I. Loi de Coulomb
1. Charges électriques

Certains phénomènes d’électrisation, notamment l’électrisation par frottement, ont été observés depuis
longtemps, dès l’époque de la Grèce antique (VIIe siècle av. J.-C.). Lorsque l’on approche un bâton de
verre frotté avec un morceau de soie ou les cheveux il attire des petits bouts de papiers. Lors du frottement
du verre par la soie, un transfert de particules chargées, même en très petite quantité, a pu avoir lieu et le
bâton est chargé.
En électrostatique, l’objet est une particule chargée, mesurée en coulomb (C) dans le système international.
La charge électrique d’un corps représente la quantité d’électricité portée par ce corps. Cette charge est un
multiple de la charge élémentaire.

q = n  e , avec q en coulomb (C) et e = 1.6  10−19 C


Pour un électron q = -e et pour un proton q = +e

a. Charges ponctuelles
On dit que nous sommes en présence d’une charge ponctuelle, si les dimensions du corps électrisé sont de
dimensions assez petites de telle sorte qu’il peut être assimilé à un point dans l’espace (Ce qui est analogue
à l’hypothèse du point matériel en mécanique). Dans le cas contraire, on a une distribution (répartition)
continue de charges.

b. Distribution (répartition) continue de charges


• Distribution volumique de charges
Si l’on considère un volume de dimensions non infiniment petites et si ce volume est chargé, on peut
considérer que l’électricité est continue. On considère un volume v qui contient toute la charge q. Un
élément de volume dv contient une portion de la charge q notée dq. La densité volumique de charge ρ
exprimée en C.m-3 représente la charge par unité de volume soit :
dq
 (M ) =
dv
La charge totale portée par le volume chargé sera :
q =   dv
v

Si, ρ=cte ,le volume est dit uniformément chargé, alors :

q =   dv =  v
v

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• Distribution surfacique de charges
Si l’on a, non un volume, mais une surface chargée, on parle de densité surfacique ou superficielle de
charge. Soit une surface S qui porte une charge q, dS un élément de cette surface porte la charge dq. La
densité surfacique ou superficielle de charge notée  est la quantité définie par l’expression :
dq
 (M ) =
ds
La charge totale portée par la surface chargée sera :
q =   ds
s

Si,  =cte ,la surface est dite uniformément chargée, alors :


q =   ds =  s
s

, représente la charge par unité de surface. La densité surfacique  s’exprime en C.m-2.

• Distribution linéique de charges


Enfin, si l’on a des charges reparties sur une ligne seulement, on parle de densité linéique ou linéaire de
charge. Considérons une ligne L qui porte la charge q, dl une portion de la ligne porte la charge dq. La
densité linéique ou linéaire de charge notée  et définie par :
dq
 (M ) =
dl
La charge totale portée par la ligne chargée sera :
q =   dl
L

Si,  =cte ,la ligne est dite uniformément chargée, alors :


q =   dl =  L
s

, représente la charge par unité de longueur. La densité linéique  s’exprime en C.m-1.

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2. Loi de coulomb, interaction électrostatique

Soient deux charges q1 et q2 placées dans le vide respectivement aux points A1 et A2. Pour un observateur
au repos, la charge q1 exerce sur q2 une force F1/ 2 appliquée au point A2, portée par la droite (A1 A2) et
inversement proportionnelle au carrée de la distance qui les sépare. De même, q2 exerce sur q1 une force
F2 / 1 appliquée au point A1. Cette force est attractive si les charges sont de signes contraires et répulsive si
elles sont de même signe.

Figure 2.1 : Attraction ou répulsion des charges selon leur signe

L’expression vectorielle de la loi de Coulomb s’écrit :


q1  q2
F1/ 2 = k u
r2
avec F1/ 2 force exercée par la charge 1 sur la charge 2 en Newton (N).
Nous nous limiterons au cas du vide (ou, ce qui revient sensiblement au même, au cas de l’air) et au
système international d’unités. Dans ces conditions, on pose :
1
k= = 9.10 9 S .I : constante de Coulomb
4 0

 0 = 8,85.10−12 S.I : permittivité électrique du vide


q1, q2 : charges électriques en Coulomb ( C)
r : distances entre les deux charges en mètre (m)
A1 A2
u= vecteur unitaire qui permet de donner la direction de la force d’interaction.
A1 A2
 
Le principe des actions réciproques permet d’écrire: F1 / 2 = − F2 / 1

Le module ou l’expression scalaire de la loi de Coulomb s’ecrit :


q1  q2 1 q1  q2
F1/ 2 = F2/ 1 = k =
r2 4 0 r 2
On établit souvent une distinction entre la charge q2 ,sur laquelle on considère la force F1/2 et la charge q1
dont la présence au voisinage de q2 crée la force F1/2 .

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q1 : charge active
q2 : charge passive
Il est bien évident que les rôles de q1 et q2 peuvent être inversés. Les notions de charges active et passive
sont donc essentiellement relatives.
Remarque : la loi de coulomb est une loi empirique et c’est le principe fondamental de l’électrostatique.

II. Champ électrostatique crée par une charge ponctuelle

On dit qu’en une région de l’espace existe un champ électrostatique, si une charge électrique placée en un
point de cette région est soumise à une force de nature électrostatique. Le mot ‘’électrostatique’’ signifie
que les charges sont immobiles par rapport au référentiel de l’observateur, conformément au principe de
Coulomb.

Soit une charge active q1 placée en A. On se propose de trouver le champ E qu’elle crée en un point M.

Plaçons en M, une charge q2 .

Figure 2.2 : Signe de la charge et sens du champ électrostatique

La charge q2 est soumise à une force :

1 q1q2
F1/ 2 = u AM
4 0 AM 2
Comme par définition :

F1/ 2 = q2  E
On a :
1 q1
E (M ) = u AM
4 0 AM 2
La seule présence d’une charge électrique q1 dans une région de l’espace suffit à rayonner un champ
électrostatique dont l’intensité dépend de cette charge. Si la charge q1 est située en A, elle rayonne en un
point M situé à une distance r un champ.

E : Champ électrostatique exprimée en volt par mètre (V.m-1)


AM
u AM = : Vecteur unitaire qui donne la direction du champ électrostatique
AM

Si la charge source ( q1 )est positive, E et u sont de même sens, le champ électrostatique est centrifuge

(c’est-à-dire fuit q1 ). Si la charge source ( q1 ) est négative, E et u sont de sens opposés, le champ

électrostatique est centripète (c’est-à-dire dirigé vers q1 ).


5
Remarque :
Le champ et la force électrostatiques sont des grandeurs vectorielles définies par quatre caractéristiques : le
point d’application ; la direction ; le sens et le module ou intensité.

III. Champ électrostatique crée par un ensemble ou système de charges ponctuelles


(distribution discrète de charges) : principe de superposition

Le principe de superposition dit que le champ électrostatique résultant créé en un point M de l’espace par
un ensemble de n charges ponctuelles qi placées respectivement aux points Ai est la somme vectorielle des

champs électrostatiques crées par chacune des charges au point M :


n n

  AM
1 qi Ai M
E (M ) = Ei = ui , avec ui =
i =1
4 0 i =1 i
2
Ai M

ui , est toujours dirigé de Ai vers M (sur le cas de la figure, q1 et q3 sont positives, q2 est négative).

Application 3
Soient deux charges électriques ponctuelles portées par un axe (Ox) : +q en B ( + a ) et −q

en A ( −a ) .Exprimer le champ électrique créé M ( x ) par cette distribution, M appartenant à l’axe (Ox).

1. Pour x  a
2. Pour −a  x  a
3. Pour x  −a

IV. Champ électrostatique crées par une distribution continue de charges


Pour une distribution continue de charges, un petit élément (d , dS , dl ) portant la charge dq crée en un

point M un champ électrostatique élémentaire dE .

 
1 dq 1 dq
dE = u  E = dE = u
4 0 r² 4 0 r²

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1. Distribution volumique de charge
Soit un élément de volume dv centré sur un point A ou la densité de charge est  .Cet élément de volume
porte la charge dq =  dv assimilable à une charge ponctuelle. Cette charge élémentaire crée donc en M un

champ dE donné par la loi de coulomb dont l’expression est :


1  dv
dE ( M ) = u (Avec r = AM et u = AM )
4 0 r 2 AM

L’intégrale doit être étendue à tout l’espace occupé par la charge. Le champ E créée par l’ensemble de la
distribution de charges sera :

1  dv
dE ( M ) = u
4 0 r 2
1  dv
E =  dE =  .u
v 4 0 v r²

Figure 2.3 : Distribution volumique de charges

2. Distribution surfacique de charge


Un raisonnement analogue donne :

1  dS
dE = u
4 0 PM ²
1  dS
E =  dE =  u
s 4 0 s PM ²

Figure 2.4 : Distribution surfacique de charges

3. Distribution linéique de charge


Un raisonnement analogue donne :

1  dl
dE = .u
4 0 PM ²
  1 dl 
E =  dE =  PM ² .u
4 0
L

Figure 2.5 : Distribution linéique de charges

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V. Lignes de champ électrostatique
De manière générale, la représentation d’un champ vectoriel fait appel à la notion de ligne de champ. La
présence d’un champ électrostatique est difficile à visualiser. Grâce aux lignes de champ, on a une idée de
la cartographie du champ électrostatique dans une région de l’espace. Une ligne de champ est une ligne
orientée dans le sens du champ électrostatique.En chaque point de celle-ci, le champ électrostatique est
tangent.
La valeur du champ électrostatique peut varier le long d’une ligne de champ, les lignes de champ ne
permettent donc que de connaitre la direction du champ. Cependant, dans une région vide de charge, plus
les lignes de champ sont serrées, plus le champ électrostatique est intense.

Figure : Ligne de champ pour une charge ponctuel unique

On observe que le champ est radial et centrifuge si la charge est positive. Evidemment, si l’on inverse le
signe de la charge, les lignes de champ sont radiales et orientées vers la charge.

Figure : Ligne de champ pour deux charges ponctuelles opposées(a) et pour deux charges identiques(b)

Le système formé par les deux charges ponctuelles de signe opposé, q et –q, s’appelle un doublet
électrostatique. La cartographie du champ montre que les lignes de champ partent de la charge positive
pour converger vers la charge négative sans jamais se refermer.

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VI. Symétries et invariances

La connaissance des symétries et invariances que présentent les sources, permet de déduire certaines
caractéristiques du champ résultant.
Le calcul analytique des champs électrostatiques créés par des distributions de charges n’est pas toujours
aisé et le recours à des considérations de symétrie peut s’avérer incontournable. En effet la cartographie des
lignes de champ reflète la géométrie de la distribution de charges au sein du système. Au préalable à toute
détermination de grandeurs électriques, il convient de procéder à une analyse de la symétrie du système de
charges. Cette approche permet de prévoir la symétrie des champs électrostatiques créés par le système,

c’est-à-dire de prévoir que E ne dépend pas explicitement de certaines coordonnées du point M et

qu’une ou deux composantes de E dans une base appropriée sont nulles.

Comme le paragraphe précédent le montre, il ne semble pas évident de calculer des champs
électrostatiques. En effet, selon la distribution continue de charges qui est à l’origine du champ, apparait
dans le calcul du champ électrostatique des intégrales doubles ou triples.
De plus, le champ électrostatique en un point M de l’espace possède plusieurs composantes et dépend de
plusieurs paramètres :

- En coordonnées cartésiennes : E ( M ) = Ex ( x, y,z ) ex + E y ( x, y,z ) e y + Ez ( x, y,z ) ez (2.8)

- En coordonnées cylindriques : E ( M ) = Er ( r, ,z ) er + E ( r, ,z ) e + Ez ( r, ,z ) ez (2.9)

- En coordonnées sphériques : E ( M ) = Er ( r, , ) er + E ( r, , ) e + E ( r, , ) e (2.10)

La considération des symétries et invariances d’une distribution va permettre de simplifier cette


expression de E ( M ) et donc de simplifier le calcul d’intégrales.

1. Invariances
Les invariances permettent d’éliminer des coordonnées dont dépend le champ électrostatique en un
point M. Il y a invariance lorsque la vue de la distribution est identique en un point M et un point M’
(M’obtenu par translation ou rotation depuis M), ou bien si le champ électrostatique calculé en M et en
M’est identique.

1.1 Invariance par translation selon un axe


Si une distribution admet un axe suivant lequel une translation ne change rien physiquement à celle-ci (on
voit depuis un point M et depuis un point M’, image par translation de M, la même distribution), alors le
champ électrostatique ne doit pas non plus subir de changement.
Si cet axe est Oz (système de cordonnées cartésiennes ou cylindro-polaires), alors les composantes du
champ électrostatique ne dépendront pas de la cordonnée z.

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En coordonnées cartésiennes E ( M ) devient :

E ( M ) = Ex ( x, y )ex + E y ( x, y )ey + Ez ( x, y)ez

En coordonnées cylindro-polaires E ( M ) devient :

E ( M ) = Er (r , )er + E (r ,  )e + Ez (r ,  )ez


Figure 2.7 : Invariance par translation

1.2 Invariance par rotation autour d’un axe


Si la distribution admet un axe suivant lequel une rotation ne change rien physiquement à celle-ci, alors le
champ électrostatique ne doit pas non plus subir de changement. Il ne dépendra pas de l’angle de rotation
autour de cet axe, les composantes du champ électrostatique ne dépendront pas de la coordonnées 
(système de coordonnées cylindriques ou sphériques)

En coordonnées cylindrique E ( M ) devient :

E ( M ) = Er (r , z )er + E (r , z )e + Ez (r , z )ez

En coordonnées sphérique E ( M ) devient :

E ( M ) = Er (r ,  )er + E (r ,  )e + Ez (r ,  )e

Figure 2.8 : Invariance par rotation


NB : Si un système présent ou admet une invariance par translation et par rotation, on dit que le système
présente une symétrie cylindrique.
Cas de la sphère et du fil infini
Dans une distribution sphérique, il y a invariance par rotations autour du point O, centre de la sphère, on
s’affranchit des coordonnées  et  .
Mais cette distribution n’est pas invariante par translation suivant r, car on ne voit pas la même distribution
en se déplaçant suivant un rayon : si on prend un point M à l’intérieur de la sphère, il est entouré de charges
alors qu’un point M’situé sur le même rayon mais en périphérie de la sphère ne voit que des charges en
dessous de lui. Hors de la sphère, le champ électrostatique dépendant de la distance aux charges, celui-ci ne
serait pas le même à proximité de la sphère et très loin d’elle.

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2. Symétries et antisymétries

Les symétries et antisymétries permettent d’éliminer des composantes du champ électrostatique. En


effet, un principe appelé principe de Curie dit que les symétries des causes (que sont les charges, sources
de l’électrostatique) doivent se retrouver dans les effets (que sont le champ et le potentiel électrostatiques)
: la symétrie de la distribution de charge se retrouvera dans l’expression du champ électrostatique.

2.1 Plan de symétrie


• Cas général
Si la distribution admet un plan de symétrie π alors le champ en un point M appartenant au plan de
symétrie appartient nécessairement à ce plan.
En effet, l’élément infinitésimal de la distribution situé en P qui porte la charge dq crée en M le champ
dE p et son symétrique par rapport à π, situé en P’ qui porte aussi la charge dq crée en M le champ dE p ' .

La somme de dE p et dE p ' donne le vecteur dE contenu dans π. (figure 2.9)

Figure 2.9 : Plan de symétrie et champ


• Exemple du fil infini

Figure 2.10 : ¨Plan de symétrie du fil infini


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Le plan π1 ( M , er , e ) est un plan de symétrie pour la distribution (le fil), le champ dE doit être contenu

dans ce plan : il ne peut donc pas avoir de composante selon ez .

Le plan π2 ( M , er , ez ) est lui aussi un plan de symétrie pour la distribution, le champ dE doit être contenu

dans ce plan : il ne peut donc pas avoir de composantes selon e . Donc le champ dE n’a qu’une seule

composante suivante er et s’écrit : dE ( M ) = dEr ( M )er

2.2 Plan d’antisymétrie


• Cas général
Si la distribution admet un plan d’antisymétrie π’ alors le champ est nécessairement orthogonal à ce
plan.
En effet, l’élément infinitésimal de la distribution situé en P qui porte la charge dq créé en M le champ
dE p , son symétrique par rapport à π’, situé en P’ porte lui, la charge –dq, il crée en M le champ dE p ' .

La somme de dE p et dE p ' , donne un vecteur dE orthogonal au plan π’.

Figure 2.11 : Plan d’antisymétrie et champ


• Exemple du condensateur
Le plan π’ est un plan d’antisymétrie pour le condensateur car les charges portées par ses deux
plaques sont opposées. Ainsi, l’addition des champs élémentaires créés par une portion de surface de
chaque plaque, donne un champ perpendiculaire à π.
Si on utilise des coordonnées cartésiennes, on élimine avec cette antisymétrie les composantes suivant ey et

ez . Le champ s’écrit : dE ( M ) = dEx ( M )ex

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Figure 2.12 : ¨Antisymétrie et condensateur

VII. Calcul du champ électrostatique par la méthode intégrale : exemple du fil infini

Nous utilisons la première méthode qui permet de calculer le champ électrostatique créé par une
distribution continue de charge. Ce n’est pas la plus simple, mais nous pouvons mener le calcul à son terme
grâce à la détermination préalable des symétries et invariances.

1. 1ère étape : Analyse de symétries et invariances


Le fil infini est la distribution continue la plus simple que l’on peut rencontrer. On se place dans un repère
cylindrique (er , e , ez ) .

- Pour ce qui est des invariances, le fil étant infini, la distribution est invariante si l’on se translate le long
du fil. Le fil étant dirigé suivant Oz, la coordonnée z est éliminée. Aussi, la distribution est inchangée par
rotation autour du fil, la coordonnée  est éliminée.
Ainsi : E ( M ) = Er (r )er + E (r )e + Ez (r )ez

- Pour ce qui est des symétries (confère VI.2.1), le fil admet deux plans de symétrie, ce qui élimine les
composantes suivant e et suivant ez .

Ainsi : E (r ) = Er ( M )er

Nous venons de simplifier considérablement l’expression de notre champ électrostatique.

2. 2ème étape : champ élémentaire


Nous découpons à présent le fil en de multiples segments élémentaires portant chacun la charge dq =  dl ,
et cherchons le champ élémentaire créé par chaque portion. Le fil étant toujours dirigé suivant Oz, on a
dl = dz et dq =  dz . La portion dz créé le champ :

dq PM
dE ( M ) = u , or R=PM et u = donc
4 0 R 2
PM
 dz
dEr (r ) = dE ( M ).er = PM .er
4 0 PM 3

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Figure 2.13 : Paramétrage du fil

Dans la configuration de la figure 2.13, trois paramètres ( R, z,  ) jouent le même rôle, celui de situer le
point P par rapport à l’origine du repère : nous allons en garder un seul, l’angle  .
PM .er = R cos  = r

r r
On a aussi : cos( ) = R= et : z = r.tan( ) soit dz = r.d  tan( ) , dz = r. 1 + tan 2 ( )  d et
R cos( )
r
finalement dz = d et l’équation (*) devient :
cos 2 ( )
r
 d
cos 2 ( )  cos( )d
dEr (r ) = dE ( M ).er = .r =
r 3
4 0 r
4 0
cos ( )
3

3. 3ème étape : Intégration


Il suffit à présent de sommer de façon continue tous les champs élémentaires créés par les éléments
infinitésimaux dl du fil infini. Les bornes d’intégration concerneront  puisque c’est le paramètre que
nous avons choisi de garder.
Afin de considérer un fil infini, nous devons intégrer  de –π ̸ 2 à π ̸ 2. Mais comme la situation est
symétrique de part et d’autre du point O, nous pouvons intégrer entre 0 et π ̸ 2 et multiplier le champ par 2.
Ce qui donne :
 

 cos( )d 2
 cos( )d 2
 cos( )d  

Er (r ) =  =  = 2 , soit Er (r ) = 2 sin( )02 et Er (r ) =
fil
4 0 r 4 0 r 0
4 0 r 4 0 r 2 0 r

2


Le champ électrostatique créé par un fil infini s’écrit : E ( M ) = er
2 0 r

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VIII. Théorème de Gauss
Ce théorème permettra un calcul plus aisé à condition que les symétries de la distribution soient suffisantes.
1. Enoncé

Le flux sortant du vecteur champ électrostatique E à travers une surface fermée S est proportionnel à la
somme des charges électriques Qint contenue dans le volume que délimite la surface S.
Qint
= 
S
E.next dS =
0

Remarque : la surface S est une surface purement géométrique appelé surface de Gauss. Son choix se fait
arbitrairement mais de façon judicieuse, ce qui permet un calcul facile et rapide du champ électrostatique
en tout point de l’espace. La surface passera par le point où l’on souhaite calculer l’expression du champ
électrostatique.
On choisit :
• Une surface sphérique si le système chargé présente une symétrie sphérique.
• Une surface cylindrique si le système chargé présente une symétrie cylindrique ou s’il est filiforme.

2. Application du théorème de Gauss au fil infini


1. On commence toujours par simplifier l’expression du champ électrostatique en éliminant les
coordonnées et composantes grâce aux symétries et invariances. Nous avons déjà fait ceci, on a toujours :
E ( M ) = Er (r )er
2. Pour pouvoir appliquer ce théorème, il faut choisir une surface de Gauss appropriée. Nous allons
prendre un cylindre centré sur le fil (qui présente d’ailleurs les mêmes invariances que la distribution).
Comme la surface doit être finie, il faut attribuer une hauteur h arbitraire à celui-ci. Le cylindre de Gauss
passe par le point M au niveau duquel on veut calculer le champ électrostatique.
3. On doit maintenant calculer le flux du champ électrostatique à travers la surface de Gauss :

=  E.n
S
ext dS

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Figure 2.14 : Fil et théorème de Gauss
La surface de Gauss choisie est composée de trois portions de surface notées S1, S2 et S3. Il faut donc
théoriquement calculer trois flux et les additionner :
1 =  E.next1dS1 , 2 =
S1
 E.n
S2
ext 2 dS2 et 3 =  E.n
S3
ext 3 dS3

Mais 1 et 2 sont nuls car : er .next1 = er .next 2 = 0

Il ne nous reste donc plus qu’à calculer 3 :  = 3 =  E.n


S3
ext dS3 =  Er (r )er .next 3dS3
S

 = 3 = Er (r )  dS = Er (r ).2 rh
S3

4. Il faut également calculer la charge contenue à l’intérieur du volume délimité par la surface de Gauss :
Le fil porte la densité linéique de charge  , le cylindre est de hauteur h donc la charge contenue dans
celui-ci est Qint = .h

5. Enfin, nous appliquons le théorème de Gauss :


Qint .h
 =  E.next dS =  Er (r ).2 rh =
S
0 0
 
Finalement : Er (r ) = et E ( M ) = er
2 r 0 2 r 0
On retrouve le même résultat que par la méthode intégrale.

3. Equations locales de l’électrostatique

3.1 Forme différentielle du théorème de Gauss


Soit une surface fermée S entourant une distribution continue de charge de densité ρ en un point
quelconque. Soit τ le volume limité par cette surface S.
 
Le flux du champ E à travers cette surface est :  =  E .ndS .
S
 
Le théorème de Green-Ostrogradsky permet d’écrire :  E .ndS =  div( E )d
S 

Si Qint est la charge totale intérieure au volume τ avec la densité ρ on a : Qint =  d

Qint
 E.ndS = 
Qint 1
Le théorème de Gauss  = dévient  div( E )d =  =   d soit
S 0 0 0
 
div( E ) =
0
Cette relation signifie que les charges électriques sont les sources du champ électrostatique.

Si  ( )
0  div E 0 les lignes de champ « divergent », par contre si  0  div E( ) 0 et les lignes de

champ « convergent ».
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3.2 Notion d’angle solide

u.ds u.n
Ou d  = 2
= ds (angle solide élémentaire sous lequel du point, on voit la surface élémentaire)
r r2
On convient d’algébriser d  de la manière suivante : on appelle face nord de ds la face par laquelle sort le
vecteur normal n ,face sud l’autre face. d  , est positif si de O, on voit la face sud de ds, dans le cas
contraire d  est négatif.

3.3 Forme différentielle de la circulation du champ électrostatique


La circulation du champ électrostatique le long d’un contour fermé quelconque est nulle :

 E  dl = 0 .
(c)
 
Le théorème de Stokes permet d’écrire 
(C )
E.dl =  rot ( E ).ndS or  .dl =0 soit
E  rot ( E ).ndS = 0
S
(C )

rot ( E ) = 0
Cette relation signifie que les lignes de champ électrostatiques ne se referment pas sur elles même.

3.4 Equation de Poisson


Exprimons en termes de potentiel le théorème de Gauss en coordonnée cartésiennes, soit :
  E x E y E z 
div( E ) =  + + =
0 x y z 0
Or selon la relation locale entre champ et potentiel on a :
17
 V V V
E = − grad (V ) , soit : E x = − ; Ey = − ; Ez = −
x y z
E x   V  ²V E y   V  ² V E z   V  ²V
= −  = − ; =  −  =− ; = −  =−
x x  x  x² y y  y  y² z z  z  z²
  ²V ²V ²V  ²V ²V ²V 
La relation div( E ) = devient − − − = ou + + =− soit
0 x² y² z²  0 x² y² z² 0

V = − : équation de poisson
0
(Quel que soit le système de coordonnées). Cette relation signifie que les charges électriques sont les
sources du potentiel électrostatique.
Remarque : en l’absence de charge ρ = 0 on a :

• div( E ) = 0 , c’est l’équation d’isotropie, même propriété du milieu en toute direction en un point

• V = 0 , c’est l’équation de Laplace

3.5 Résumé
Les deux équations fondamentales de l’électrostatique dans le vide sont :

Forme locale Forme intégrale


 
E Conservatif rot ( E ) = 0 
(c)
E  dl = 0

 
 E.ndS =    d
Théorème de Gauss pour E 1
div( E ) =
0 0
S

IX. Analogie avec le champ de gravitation


1) Rappel : force de gravitation
Soit deux points matériels M1 et M2 de masse respective m1 et m2, l’expression de la force de gravitation
exercée par M1 sur M2 est :
m1  m2
F1/ 2 = −G u
( M1M 2 ) 2

M 1M 2
Avec u = vecteur unitaire orienté de M1 vers M2, G = 6, 67.10-11N.m2.kg−2 la constante de
M 1M 2

gravitation universelle.
Cette force est formellement analogue à la force électrostatique. La seule différence provient du fait qu’une
masse est toujours positive tandis qu’une charge peut être négative ou positive : la force
gravitationnelle est toujours attractive tandis que la force électrostatique est attractive lorsque les charges
sont de signe opposé et répulsive sinon.

2) Champ de gravitation
18
Comme pour la force électrostatique, on peut donc introduire la notion de champ. Le champ de gravitation
créé en M2 par une masse ponctuelle m1 située en M1 s’écrit donc :
m1
A1 ( M 2 ) = −G u
( M 1 M 2 )2
Comme le champ électrostatique, ce champ ne dépend pas de la masse m2 mais uniquement de l’endroit où
elle se trouve.

3) Théorème de Gauss pour le champ gravitationnel


On a explicité l’analogie qui peut être établie entre le champ électrostatique et le champ gravitationnel. On
peut l’utiliser ici et énoncer le théorème de Gauss pour le champ gravitationnel.

Enoncé : Le flux du champ gravitationnel à travers une surface fermée S est égal au produit de la masse
totale contenue à l’intérieur de la surface S par −4π fois la constante de gravitation universelle G :

=  A.n
S
ext dS = −4 GM int

Remarque : Bien que les phénomènes soient différents, il y a une analogie formelle entre le champ
électrostatique et le champ de gravitation. Nous pourrons appliquer les résultats issus de l’électrostatique
au cas de la gravitation, en respectant les correspondances du tableau :

Electrostatique Gravitation

Champ E Champ A ( g pour le champ terrestre)

Charge q Masse m

Densité volumique de charge ρ Masse volumique ρ

Constante k = 1 4 0 Constante -G

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