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HISTOIRE DE L’AUBE DU CINGULUM ET DU CORDON

Dans l’Église tout a une symbolique, notamment en ce qui concerne la messe et les
sacrements. Rien n’est choisi au hasard, des objets aux vêtements jusqu'aux
couleurs liturgiques, en passant par toute la gestuelle et le rituel.

L’AUBE

L'aube, du latin alba signifiant vêtement blanc, est un vêtement liturgique utilisé par les anglicans
et les catholiques de rite romain. Chez les orthodoxes et les catholiques de rite oriental, ce
vêtement se nomme sticharion.

L'aube est une tunique longue allant jusqu'aux pieds et de couleur blanche, à manches étroites,
serrée à la taille par un cordon. Elle est portée par tous les clercs, de l'évêque à l'acolyte comme
habit liturgique. L'aube est ainsi nommée à cause de sa couleur et trouve son origine dans la
tunica talaris des Romains, tunique à longs pans, tombant jusqu'aux chevilles et fixée à la taille
par un cordon.

Selon le "Liber Pontificalis", le pape Sylvestre Ier (314-335) décida que l'aube doit être tissée
de lin naturel en référence aux linges qui ont enveloppé le corps du Christ après la Passion (Jean
20, 7 "ὀθόνια" etc. ) : "Il établit que le sacrifice de l'autel ne serait pas célébré avec des tissus
de soie ou en laine teinte, mais seulement de lin qui a poussé de la terre. Le corps de Notre
Seigneur Jésus-Christ a été enseveli dans un linceul de lin pur; qu'ainsi les messes soient
célébrées".

Les ministres institués - acolytes, lecteurs, personnes en tenant lieu - la portent seule, les
ministres ordonnés - diacre, prêtre, évêque - avec l'étole, sous la dalmatique, la chape ou la
chasuble. Le Cérémonial des Évêques (Cæremoniale Episcoporum) de 1984 précise que « le
vêtement sacré pour tous les ministres quel que soit leur grade commun est l'aube, serrée autour
des reins par le cordon, sauf si elle est faite selon le mode de la soutane, afin qu'elle épouse le
corps sans cordon. Avant de revêtir l'aube, si elle n'entoure pas parfaitement le col de l'habit
commun, on revêtira l'amict. » Petit linge de forme rectangulaire qui couvre le cou et les épaules
du prêtre symbolisant un bouclier contre le mal. À la place de l'aube, on peut revêtir le surplis
sur la soutane, sauf si l'on doit revêtir la chasuble ou la dalmatique.

L'aube-coule est une variante de l'aube traditionnelle, qui se rapproche de la coule monastique.
Elle est plus ample, comporte un capuchon, de larges manches, et se porte généralement sans
cordon. Les deux formes d'aubes sont portées pendant les offices religieux par les clercs, mais
aussi par les simples fidèles lors d'événements tels que la première communion ou la profession
de foi.

D’où vient l’aube ?

Elle trouve son origine dans les vêtements très amples que portaient les notables Romains au
début de l’ère chrétienne, de la même façon que les sénateurs de la Rome antique. À cette
époque les prêtres n’avaient pas de signes extérieurs qui les distinguaient des autres hommes.
C’est la raison pour laquelle ils ont commencé à revêtir ces vêtements de couleur blanche pour
signifier la dignité du sacerdoce et de la fonction au moment de monter à l’autel, avant de revêtir
la chasuble et les ornements.
Habit romain de l’époque impériale, l’aube devient un vêtement liturgique au moins avant le VIIIe
siècle dans le rite romain. L’aube était aussi portée au quotidien par les prêtres. Ce n’est que plus
tard que l’usage de l’aube s’est restreint à la messe et au prêtre et, parfois, à quelques
desservants (diacres ou sous-diacres). Le surplis lui est préféré pour les ordres mineurs.

La symbolique

« Ce vêtement revêtu par les prêtres pour les messes, et autres célébrations liturgiques,
symbolise la pureté dont l’âme doit être revêtue pour entrer dans le Saint des saints », évoque le
père Cuchet. Le blanc avait un rapport direct avec l’Évangile qui évoque le festin des noces (Mt
22, 9 ). Cette robe signifie donc l’habit de noces, mais c’est aussi symboliquement la robe
baptismale, l’habit de l’homme nouveau, ainsi que les habits portés par les saints et les anges : «
Ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. » (Ap 7, 13-14 ). Le sens
profond indique qu’il faut se revêtir de sainteté pour monter à l’autel.

LE CORDON

Petite corde, < latin corda ou chorda, « corde », « ficelle » (Plaute, Mostellaria, 743, cité par
Gaffiot, p. 302) ; « réunion de brins d'une matière textile tordus ensemble », 2e moitié du 10e s.
(La Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 75) (TLFi)

Le cordon sert à remédier à l'incommodité de l'ampleur de l'aube. Ceinture torsadée


généralement en coton blanc, destinée à retenir les plis de l’aube.

Très tôt, les ordines signalent que l’aube doit être maintenue au niveau de la taille par un cordon,
sans doute déjà dès le IXe siècle (Hraban Maur, Walafried Strabo) voire même bien avant, mais
d’autres textes démontrent que ce n’est pas systématique. Il est obligatoire jusqu'en 1969
(Institutio géneralis missalis romani de 1969, cité par Berthod et Hardouin-Fuguier).

Le cordon liturgique fait une longueur de 2m50 à 3m. Il peut être blanc ou de la couleur
liturgique du jour. S'il est aujourd'hui souvent réalisé en coton, il pouvait être en lin, en soie,
voire en cuir. À l'époque carolingienne, il pouvait être orné de pierreries, puis l'usage des
ceintures précieuses tombe en désuétude, et elles sont réservées aux évêques.

Les deux glands du cordon sont le jeûne et la prière, par lesquels seuls peuvent être chassés le
démon de la concupiscence et les tentations qu'il induit (Mc 9, 28). La ceinture, dans la sainte
Ecriture, est aussi symbole de puissance, de force et de justice. Le cordon symbolise aussi la
corde avec laquelle on attacha Notre-Seigneur à la colonne lors de la flagellation. Il symbolise
encore les verges avec lesquelles il fut frappé.

LE CINGULUM : ceinture de chasteté.

Le cordon, cingulum,  " ceinture ", vient du verbe cingere qui  signifie " ceindre ", " entourer ".

Le cingulum n'était plus porté au IVe siècle que par les travailleurs et les huissiers. Autrefois,
aller sans ceinture était une marque de négligence, voire de libertinage: d'où l'adjectif " dissolu
", sans lien, sans ceinture, dépravé. C'est sans doute l'usage des moines, favorisé par quelques
versets du nouveau Testament, qui nous a valu son passage dans la liturgie.
Les Anciens portaient une ceinture de cuir ou d'étoffe rehaussée de décorations tissées ou
brodées: de tels ornements sont aujourd'hui proscrits. Il semble que la ceinture large à pans des
séculiers portée sur la soutane, le cordon à trois nœuds des religieux porté sur l'habit et le
cordon liturgique aient même origine et même signification.

Le symbolisme du cordon est donc évident : avoir les reins ceints pour conserver dans la vigilance
la chasteté que symbolise l'aube. " Nous ceignons nos reins lorsque nous réprimons les convoitises
de la chair par la continence ", dit saint Grégoire.

Le prêtre doit être chaste parce qu'il tient dans ses mains le corps sacré du Seigneur, mais aussi
parce qu'il identifie son corps à celui du Seigneur lors de la consécration : " Ceci est mon corps.
"Le prêtre doit être chaste puisqu'il lui est demandé tout spécialement d'avoir " les reins ceints
et le flambeau à la main " (Le 12, 35) pour attendre et recevoir le Seigneur, et être à même de le
servir dans la fidélité. Depuis le premier péché et le règne de la concupiscence, la chasteté est
un combat : " Nous portons ce trésor dans des vases de terre " (2 Co 4, 7), et la ceinture est le
premier vêtement que portèrent Adam et Ève (Gn 3, 7).

Dans la région lombaire se concentre la vigueur de l'homme. Pour servir Dieu, le chrétien est
exhorté à se battre " avec la vérité pour ceinture, la justice pour cuirasse " (Ep 6, 14). Et saint
Pierre de conclure: " Ceignez les reins de votre esprit, soyez vigilants " (1 P 1, 13).

Dans les reins se font sentir et se forment les desseins cachés, s'allument les passions violentes.
Ordinairement associés au cœur, les reins désignent une région qui échappe au regard de
l'homme et où croissent ses pensées secrètes et mauvaises. Seul " Dieu sonde les reins et les
cœurs " (Ps 7, 10 ; Jr 11, 20), car Dieu seul sait ce qu'il y a dans l'homme (Jn, 2, 25) et seul il
pénètre au plus profond de son être. Dieu entend les paroles, mais il est aussi " témoin des reins
et surveillant des cœurs " (Sg 1, 6). Aussi la liturgie fait-elle prier dans un même esprit

" Brûlez, Seigneur, nos reins et nos cœurs au feu de l'Esprit Saint, afin que nous vous
servions dans un corps chaste et que nous puissions vous plaire par la pureté de notre cœur
" (oraison des litanies des saints).

Webographie

http://la.revue.item.free.fr/cordon.htm
https://ornasacra.kikirpa.be/index.php/Aube

https://ornasacra.kikirpa.be/index.php/Cordon_liturgique

https://fr.aleteia.org/2017/08/17/pourquoi-les-pretres-portent-ils-une-aube/

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Aube_(v%C3%AAtement)

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