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Les Lanceurs

d’Alerte
Vous avez déjà probablement entendu parler de l’affaire du Médiator, qui
a mis en lumière l’importance des lanceurs d’alerte en France. Sans ces
« lanceurs d’alerte », le nombre de morts dus au médicament Médiator serait
beaucoup plus important. C’est grâce à leurs actions bénévoles et désintéressées
que de nombreux lanceurs d’alerte ont permis de dénoncer des délits, des
crimes, des menaces pour l’intérêt général, des violations des droits (européens,
lois), etc. Cependant, les lanceurs d’alerte doivent réunir certaines conditions
pour qu’ils n’aient pas de problèmes devant la justice : ils doivent avoir pris
personnellement connaissance des informations divulguées dans l’exercice de
leurs fonctions, et ne peuvent dévoiler des informations confidentielles, telles
que des documents des secrets de la défense nationale, du secret médical,
judiciaires, etc. Il ne faut toutefois pas confondre les lanceurs d’alerte avec les
aviseurs fiscaux qui fournissent des informations permettant de découvrir une
fraude et qui reçoivent une indemnisation, ils ne bénéficient néanmoins pas de
protection. Le lanceur d'alerte signal ou divulgue des faits constituant une
infraction sans contrepartie financière et de bonne foi.
Le terme français de lanceur d'alerte aurait été inventé dans les années
1990 par deux sociologues, Chateauraynaud et Torny. Il se serait ensuite
popularisé par le chercheur André Cicolella, lui-même lanceur d'alerte qui
travaille avec des juristes, des journalistes, et aussi des militaires associatifs. Ce
terme a été créé pour distinguer le terme de dénonciateur (qui est sincère) à celui
de délateur (qui est intéressé). Néanmoins, de nombreux journalistes pensent que
l'expression de lanceur d'alerte viendrait de la traduction de ‘whistleblower’, qui
veut littéralement dire « personne soufflant dans un sifflet » ou «  celui qui
donne l'alarme ». Il cherche avant tout à susciter la prise de conscience chez ses
contemporains. Les lanceurs d’alerte jouent un rôle important en démocratie,
mais en quoi font-ils évoluer la société ? Sont-ils indispensables en démocratie ?
Et sont-ils voués à disparaître ? Nous allons voir comment les lanceurs d’alerte
ont façonné la société pour la faire évoluer, et la contradiction qu’ils apportent
dans une démocratie.

Afin de mieux comprendre les enjeux des lanceurs d’alerte, revenons sur
l’affaire Médiator. Les médicaments Médiator, produits par le laboratoire
Servier de 1976 à 2009, sont utilisés pour « couper » la faim ou en cas de
diabète/ excès de graisse et ont causé de graves maladies pulmonaires. En 2007,
Irène Frachon, pneumologue au CHU de Brest, se penche sur 11 cas suspect de
valvulopathies dont les informations transmises par le laboratoire sont
incomplètes. Elle décide alors de révéler publiquement ces données sur les cas
étudiés afin d’alerter la population sur ce médicament qu’elle considère comme
un poison. Ces révélations ont permis de sauver des milliers de personnes
sachant qu’environ 2000 personnes en seraient déjà mortes. Des pharmaciens
avaient toutefois déjà contacté les autorités pour prévenir des potentiels dangers,
en vain, d’où l’importance des lanceurs d’alerte. Ces pharmaciens affirment que
le médicament n’avait aucune bonne raison d’être prescrit, En effet, il ne
comportait aucune utilité thérapeutique. C’est grâce à la publication du livre
« Médiator 150 mg, combien de morts ? » que l’affaire va se faire connaître du
grand public. Le médicament a évidemment été retiré du marché en 2010 et le
laboratoire, ainsi que l’Agence nationale de la sécurité du médicament et des
produits de santé, ont été sanctionnés.

Le Conseil de l’Europe définit l’Alerte comme une révélation


d’informations sur les activités qui constituent une menace, un préjudice pour
l’intérêt général. Les lanceurs d’alerte lancent un signal, car ils considèrent que
des mesures doivent mettre fin à ces activités ou que des mesures palliatives
doivent être prises. Le plus souvent, ils informent les employeurs des
agissements irréguliers que ceux-ci ignorent et qui vont donc s’empresser de
corriger. Dans d’autres cas, les lanceurs d’alerte peuvent estimer nécessaires de
contacter des organes réglementaires ou les autorités de répression compétentes.
Par moments, ils peuvent aussi choisir de rendre les informations publiques, le
plus souvent par le biais d’internet et d’autres médias ou même en contactant
des groupes de défense des parlementaires. L’alerte a pour but de protéger les
principes des droits de l’Homme et de l’État de droit qui représente une société
démocratique. Il s’agit de faire de l’Europe un espace avec une sécurité hors
norme et plus sûr. Le Comité des Ministres recommande que les lanceurs
d’alerte soient, eux aussi, protégés et que nous ne devons pas compter sur les
dispositions en vigueur, elle montre aussi l’importance des alertes. Elle énonce
une série de principes fondamentaux destinés à assurer que les législations qui
protègent les lanceurs d’alerte, couvrent plus leur intérêt général, que les
personnes ont accès à plusieurs types de violation puissent plus facilement
signaler les faits ou de les révéler. Des mécanismes existent pour veiller à ce que
les signalements soient rapidement suivis d’actions. Ainsi, les lanceurs d’alerte
font évoluer la société, car ils permettent de mettre en lumière des problèmes de
société bien souvent cachés par les principaux concernés : il peut s’agir de la
sécurité des consommateurs, de dégâts environnementaux, d’inconduites
professionnelles, de maltraitance d’enfants, de détournement de fonds ou de
corruption, etc.
Par exemple, WikiLeaks est une organisation non gouvernementale sans but lu-
cratif fondée par Julian Assange en 2006 (elle n’est pas affiliée à Wikipédia).
Cette organisation publie des documents classifiés, des ‘'leaks’’ (fuites) prove-
nant de personnes anonymes protégées. L'objectif est de donner de l'audience
aux lanceurs d'alerte et aux fuites d'information tout en protégeant les sources,
leur slogan est d’ailleurs « We open governments » (nous ‘ouvrons’/ démas-
quons les gouvernements). Les documents relatifs à des scandales de corruption,
d'espionnage ou encore de violations de droits de l'homme concernant des di-
zaines de pays à travers le monde, ont été publiés sur le site.
Pour pouvoir donner plus audimat aux lanceurs d'alerte, une sculpture en
bronze de Davide Dormino nommée « Anything to Say ? » (Quelque chose à
dire ?) a été implantée à Berlin sur l'Alexanderplatz. Trois personnes y sont
représentées, Edward Snowden, Julian Assange et Chelsea Manning, tous étant
des lanceurs d'alerte très connu. Ils sont debout sur une chaise. De plus, une
quatrième chaise fait partie de l'œuvre pour que les visiteurs puissent s'y
installée pour permettre de prendre la parole pour défendre les valeurs des
lanceurs d'alerte. Wikileaks a inspiré de nombreuses personnes à créer des sites
internet similaires relatifs à différents pays, comme OpenLeaks. Les lanceurs
l’alerte servent de
contre-pouvoir pour
le bon
fonctionnement de
la démocratie. Il
démontre des enjeux
de société vis-à-vis
de la transparence
des entreprises et
des administrations,
et pointe les
problèmes et lacunes
des législateurs, de
l’échec de la régulation ou de la défaillance des contrôles. Ils mettent en tension
les secrets de l'état et instaurent une réflexion généralisée à tous les acteurs
(entreprises, citoyens et institutions). Tout y passe : secret médical, secret de la
vie privée, secret de Défense ou même encore secret des affaires. Le nombre de
lanceurs d'alerte n'a cessé de croître depuis les années 1990, qu'ils soient
individuels ou collectifs. Ces derniers sont confrontés à de multiples pressions,
car pour défendre leur cause, ils sont prêts à prendre n'importe quels risques et
même d'aller mettre de côté leur vie professionnelle et personnelle et faire face
aux licenciements, à la discrimination et au harcèlement. Cela pose des
questions de sécurité par rapport à eux, mais aussi leur entourage, leur sécurité
physique ou financière.
Des poursuites-bâillons (poursuites stratégiques altérant le débat public,
car réduit la parole de l’interlocuteur à néant) sont utilisés contre les personnes
relatant certaines informations et les lanceurs d’alerte qui jouent un rôle
important et actif dans la protection de la démocratie et la réflexion commune
face à tous les secrets pouvant nuire à autrui. Les cibles de ces poursuites sont
des journalistes, des supports médiatiques indépendants, des universités, la
société civile et des organisations non gouvernementales de défense des droits
de l'homme. Les déclarants peuvent être des sociétés, des personnes fortunées ou
même des organes gouvernementaux. La caractéristique principale des
poursuites-bâillons est leur tendance à détourner le débat de la sphère politique à
la sphère juridique, ce sont des représailles visant à dissuader les personnes à
s’exprimer publiquement. Ils ont commencé à capter l'attention publique à la
suite de l'assassinat de Daphne Caruana Galizia qui s'est passé en octobre 2017.
Ce phénomène de poursuites-bâillons menace la gouvernance démocratique de
l'état de droit dans l'Union européenne. Cela menace les principes de la
République Française, mais pourrait également faire peur aux futurs lanceurs
d’alerte. Ils ne sont tout de même pas voués à disparaitre dans les démocraties,
car celles-ci ne sont pas parfaites et nécessitent d’autres individus pour faire
évoluer la société.

Ainsi, les lanceurs d’alerte ne sont pas des militants classiques, ils sont
souvent directement à l’intérieur des organismes dénoncés. Ils sont
désintéressés, ils ne cherchent pas à attirer davantage l’attention sur lui que sur
la cause, mais surtout, ils cherchent à améliorer la société. Ils sont essentiels
pour l’intérêt commun, car ils permettent d’éviter des drames qui pourraient
rester cachés longtemps et mettre en danger la vie de millions de personnes.
Sources :
Wikipédia
Amnesty international
Vie-publique.fr
Service-public.fr
Qqf.fr

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