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Leçon 1.

Les relations de distribution entre professionnels : Droit des contrats

Les opérations de la distribution entre fournisseurs et distributeurs de la distribution,


réalisées le plus souvent par l’entremise d’un groupement ou d’une centrale d’achat, ont
vocation à s’inscrire dans le temps. De nombreux contrats seront alors conclus entre les
deux parties, de vente principalement, en raison des livraisons de produits qui seront
régulièrement effectuées.

Pour préparer la conclusion de ces contrats futurs, les parties ont recours à la technique du
« contrat-cadre », présenté comme le « contrat visant à définir les principales règles
auxquelles seront soumis des accords à traiter rapidement dans le futur, « contrats
d’application » ou « contrats d’exécution » auxquels de simples bons de commande ou
ordres de service, … fourniront, éventuellement, leur support» (J. M. MOUSSERON,
Technique contractuelle, 2e éd., 1999, F. Lefebvre, n°159).
L'ordonnance no 2016-131 du 10 février 2016 portant réforme du droit des contrats, du
régime général et de la preuve des obligations a consacré une définition au contrat-cadre à
l’article 1111 du Code civil : « Le contrat cadre est un accord par lequel les parties
conviennent des caractéristiques générales de leurs relations contractuelles futures. Des
contrats d'application en précisent les modalités d'exécution ».
Nous aborderons rapidement dans les développements qui suivent les règles relatives à la
formation puis à l’exécution des contrats de distribution conclus entre les fournisseurs et la
grande distribution, de manière à pouvoir nous consacrer plus amplement au problème de
l’extinction du contrat, source d’un important contentieux judiciaire en pratique.

a) Formation du contrat de distribution

Comme tout contrat, l’accord de distribution doit respecter les conditions générales de
validité des conventions posées le Code civil. Sensible, la question de la détermination du
prix des contrats d’application a donné lieu à de multiples évolutions de son traitement en
jurisprudence avant sa fixation en 1995, après un revirement total. Bien qu’elle ne fasse pas
l’objet de dispositions particulières, la forme du contrat de distribution, est, de manière
indirecte, suggérée par le législateur.

Obligation précontractuelle d’information


En réaction contre le manque et/ou le peu de sérieux des informations communiquées à de
nombreux distributeurs lors de leur entrée dans le réseau et la sévérité de la jurisprudence à
leur égard leur opposant, notamment si les prévisions d’évolution trop optimistes données
par le promoteur du réseau ne s’étaient pas réalisées, un devoir de se renseigner en leur
qualité de professionnel (V. not. Cass. com. 25 févr. 1986, JCP 1988. II. 20995, note G.
Virassamy), le législateur a par l’article premier de la loi n°89-1008 du 31 décembre 1989
(dite « loi Doubin » ; JO 2 janv. 1990) imposé au fournisseur une obligation d’information
préalable à la conclusion de certains accords de distribution (V. G. BLANC, Les contrats de
distribution concernés par la loi Doubin, D. 1993, chron. 218 ; M.-J. GROLLEMUND-
LOUSTALOT-FOREST, L'obligation d'information entre contractants dans les contrats de
distribution, RJ com. 1993. 60 et 101 ; Ph. NEAU-LEDUC, La théorie générale des
obligations à l’épreuve de la loi Doubin, Cah. dr. entr. 1998/2, p. 27 ; G. VIRASSAMY, La
moralisation des contrats de distribution par la loi du 31 décembre 1989, JCP, éd. E, 1990.
15809).

Cette obligation est désormais prévue par l’article L. 330-3 du Code de commerce selon
lequel : « toute personne qui met à la disposition d'une autre personne un nom commercial,
une marque ou une enseigne, en exigeant d'elle un engagement d'exclusivité ou de quasi-
exclusivité pour l'exercice de son activité est tenue, préalablement à la signature de tout
contrat conclu dans l'intérêt commun des deux parties, de fournir à l'autre partie un
document donnant des informations sincères, qui lui permette de s'engager en connaissance
de cause ». Pour permettre au candidat de mûrir son consentement, ce document et le projet
de contrat doivent être communiqués vingt jours minimum avant la signature du contrat -
même lorsqu’il a été prévu qu’il prendrait effet à une date antérieure (Cass. com. 17 juill.
2001, n° 98-19.258, D. 2001. AJ. 2674, obs. E. Chevrier ; Contrats, conc., consom. 2002,
comm. 2, obs. L. Leveneur) - ou, le cas échéant, avant le versement de la somme qui serait
exigée de lui préalablement à la signature du contrat, notamment en contrepartie de la
réservation d’une zone. Les prestations assurées en contrepartie de cette somme doivent,
d’ailleurs, être précisées par écrit de même que les obligations des parties en cas de dédit
(V. C. com., art. L. 330-3 al. 3 et 4).

Le contenu du document visé au premier alinéa de l’article L. 330-3 a été fixé par un
inventaire minutieux publié par décret n°91-337 du 4 avril 1991 (D. 1991. 202, rect. 224) et
désormais codifié à l’article R. 330-1 du Code de commerce. Doivent être fournies des
informations relatives : - au fournisseur (identité du chef d’entreprise ou des dirigeants, forme
juridique, capital social, date de création de l’entreprise avec rappel des principales étapes
de son évolution, comptes annuels des deux derniers exercices, date et numéro
d'enregistrement ou du dépôt de la marque, etc.) ; - au réseau d’exploitants (présentation du
réseau avec la liste des entreprises membres et pour chacune d’elles l’indication du mode
d’exploitation convenu, adresse de celles établies en France et liées par des contrats de
même nature que celui dont la conclusion est envisagée, nombre d’entre-elles ayant quitté le
réseau au cours de l’année précédant la délivrance du document, etc.) ; - au marché
(présentation de l’état général et local du marché des produits ou services devant faire l’objet
du contrat et les perspectives de développement de ce marché) ; - au contrat proposé
(durée, conditions de renouvellement, de résiliation et cession, champ des exclusivités,
nature et montant des dépenses spécifiques à l’enseigne ou à la marque que le candidat
devra engager avant le commencement d’exploitation).

L’obligation d’informer a pour domaine les contrats conclus « dans l’intérêt commun des
deux parties » où l’une « met à la disposition (de l’autre) un nom commercial, une marque ou
une enseigne, en exigeant d'elle un engagement d'exclusivité ou de quasi-exclusivité pour
l'exercice de son activité ». Réalisée par voie d’amendement, la référence à l’intérêt
commun, à la différence du mandat (V. supra, n°), n’emporte aucun régime particulier de
protection en cas de rupture de la convention soumise à l’exigence de l’information préalable
(V. L. et J. Vogel, Loi Doubin : des certitudes et des doutes, D. Affaires 1995, n°11 p. 6 ;
Cass. com. 7 oct. 1997, préc. supra, n°. V. En faveur d’un renforcement de l’obligation de
bonne foi des parties et de l’obligation pour l’auteur de la résiliation de motiver sa décision :
F. COLLART DUTILLEUL et Ph. DELEBECQUE, op. cit., n°929 ; G. VIRASSAMY, article
préc., n°38). Elle ne vise, selon le rapporteur de la loi, qu’à rappeler aux contractants que
leurs relations sont fondées sur une véritable collaboration économique, et non un rapport de
subordination (JOAN CR 8 déc. 1989, p. 6247). La mise à disposition – quelle qu’en soit la
technique juridique d’un nom commercial, d’une marque ou une enseigne en contrepartie
d’un engagement d’exclusivité ou de quasi-exclusivité d’activité, condition nécessaire pour
l’application du texte, intéresse, au premier plan, les contrats de concession et de franchise
dans la mesure où ils mettent souvent à la charge du distributeur une obligation
d’approvisionnement exclusif. Mais l’obligation d’informer ne se limite pas à la conclusion de
tels accords. Elle doit être respectée dès que les conditions du texte sont satisfaites (V., en
matière de location-gérance : Cass. com. 10 févr. 1998, préc. infra, n° ; CA Montpellier 2 avr.
1998, Lettre de la distribution 1998/4 ; CA Paris 18 mai 2000, Cah. dr. entr. 2000/4, p. 18,
obs. Ph. Grignon). L’appréciation de la « quasi-exclusivité d’activité », condition partagée par
la loi du 21 mars 1941 (V. supra, n°), devrait appeler les mêmes solutions, savoir le seuil de
plus des deux tiers du chiffre d’affaires réalisé par le distributeur avec le débiteur de
l’obligation d’information (V. D. FERRIER, op. cit., n°564 Adde Cass. com. 19 oct. 1999, n°
97-14.367, D. 2001, somm. 296, obs. D. Ferrier).

113. La méconnaissance ou la mauvaise exécution de l’obligation d’information est


sanctionnée pénalement par la peine d’amende prévue pour les contraventions de
cinquième classe (C. com., art. R. 330-2), soit au maximum 1500 €. Au plan civil, la nullité du
contrat (V. sur les conséquences de la nullité, CA Paris 24 mars 1995, Gaz. Pal. 1996. 1.
69 ; 5 déc. 1996, D. Affaires 1997. 380. V. pour une étude générale, M. BEHAR-TOUCHAIS
et G. VIRASSAMY, op. cit., n°73 et s. ; J. RAYNARD, Les restitutions dans les contrats de
distribution, in La cessation des relations contractuelles d’affaires, op. cit., p. 179. Admettant
la résolution comme sanction alternative à la nullité du contrat, cf. CA Paris 28 juin 2002, D.
2002, obs. E. Chevrier) pourra être prononcée mais n’est pas automatique : elle suppose
que la méconnaissance de l’obligation d’informer ait vicié le consentement de son créancier
lors de la formation du contrat (V. Cass. com. 10 févr. 1998, n° 95-21.906, D. 1998, somm.
334, obs. D. Ferrier ; D. affaires 1998. 373, obs. E. P. ; JCP, éd. E, 1998, n°23 p. 894, note
L. Leveneur ; Defrénois 1998. 733, obs. Ph. Delebecque ; 19 oct. 1999, trois décisions, n°
96-20.392, 97-14.366, 97-14.367, D. 2001, somm. 296, obs. D. Ferrier ; 21 nov. 2000, n° 98-
12.527, JCP, éd. E, 2001, n°17, p. 712, note L. Leveneur ; Cah. dr. entr. 2001/2, p. 28, obs.
J.-L. Respaud) ou de son renouvellement (CA Paris 6 nov. 1998, Cah. dr. entr. 1999/2, p.
31 ; Cass. com. 14 janv. 2003, n° 00-11.781, Cah. dr. entr. 2003/3, p. 20, obs. D. Mainguy).
La jurisprudence estime qu’il appartient au distributeur de rapporter la preuve que la
méconnaissance de l’obligation d’information a vicié son consentement (V. CA Paris 18 mai
2000, préc. ; 9 mai 2001, Concurrence act. express 24 mai 2001, p. 5 ; 22 mai 2002,
Concurrence act. express, 20 juin 2002 ; 11 sept. 2002, Concurrence act. express, 3 oct.
2002, p. 5), solution à juste titre critiquée (V. D. FERRIER, op. cit., n°571 ; M. BEHAR-
TOUCHAIS et G. VIRASSAMY, op. cit., n°70 ; D. MAINGUY et J.-L. RESPAUD, Comment
renforcer l’efficacité de la « Loi Doubin » (C. com., art. L. 330-3) ?, Contrats, conc., consom.
2003, chron. 4.)

114. Une action en responsabilité civile délictuelle contre le débiteur de l’obligation


d’information peut aussi être envisagée lorsque sa faute est à l’origine du vice du
consentement du distributeur. L’article R. 330-1 exigeant la remise au distributeur d’une
« présentation » de l’état général et local du marché et de ses perspectives de
développement (V. sur la solution que le texte n’exige pas une « étude » du marché local,
c’est-à-dire une étude d’implantation, Cass. com. 11 févr. 2003, n° 01-03.932, D. 2003. 2304,
note H. Kenfack ; Cah. dr. entr. 2003/5, p. 43, obs. D. Mainguy), il arrive fréquemment que
des prévisions d’activité aient été communiquées mais ne se soient pas réalisées. Seul un
écart très important entre les résultats prévus et ceux effectivement obtenus, révélateur du
manque de sérieux de l’étude (Cass. com. 24 févr. 1998, n° 95-20.438, et CA Paris 16 janv.
1998, D. 1998, somm. 337, obs. D . Ferrier. Avant la loi Doubin, cf. Cass. com. 4 déc. 1990,
n° 89-14.314, JCP 1991. II. 21725, note G. Virassamy. V. égal. 5 déc. 2000, n° 98-16.524,
RJDA 2001, n°440, excluant le caractère « fantaisiste » invoqué par un franchisé de l’étude
prévisionnelle) justifiera la mise en jeu de la responsabilité du fournisseur, tenu en principe
d’une obligation de moyens (Cass. com. 11 janv. 2000, n° 97-16.419, RJDA 2000, n°259). Le
lien de causalité entre sa faute et le dommage subi par le distributeur devra, également, être
établi (V. Cass. com. 16 mai 2000, n° 97-16.386, JCP, éd. E, 2001, n°6, p. 269, obs. Ph.
Neau-Leduc).
Prix

Le prix de la vente entre le fournisseur et le distributeur devant être déterminé et désigné


dans le contrat par les parties à peine de nullité de la convention aux termes des dispositions
de l’article 1591 du Code civil, la question s’est posée de savoir si le prix de vente au
distributeur des produits ou services du fournisseur (objet des contrats d’application) devait
être déterminé dès la conclusion du contrat-cadre de distribution.
Son traitement par la jurisprudence a connu durant une trentaine d’années des évolutions
permanentes pour finalement aboutir, en 1995, à un revirement de jurisprudence
retentissant de la Cour de cassation. Cette dernière, désormais, considère que « lorsqu’une
convention prévoit la conclusion de contrats ultérieurs, l’indétermination du prix de ces
contrats dans la convention initiale n’affecte pas, sauf dispositions légales particulières, la
validité de celle-ci» (Cass. ass. plén. 1er déc. 1995, 91-15.578 et 91-15.999. V. égal. Cass.
com. 23 févr. 1999, n° 96-22.784, décisions disponibles sur le site Légifrance :
http://www.legifrance.gouv.fr/). Elle a également indiqué à cette occasion que la référence au
prix catalogue du fournisseur est valable (Cass. plén. 1 er déc. 1995, n° 91-19.653 ; dans le
même sens, Cass. com. 21 janv. 1997, n° 94-22.034 ; 4 févr. 1997, n° 94-21.174 ; 18 nov.
1997, n° 95-21.846, décisions disponibles sur le site Légifrance :
http://www.legifrance.gouv.fr/).
L'ordonnance no 2016-131 du 10 février 2016 portant réforme du droit des contrats, du
régime général et de la preuve des obligations (JO 11 févr. ; V. A. BÉNABENT et L. AYNÈS,
Réforme du droit des contrats et des obligations : aperçu général, D. 2016. 434   ; JCP E
2016. Actu. 151, D. Mainguy) consacre dans les contrats-cadres de distribution la solution de
l'assemblée plénière : le nouvel article 1164 du code civil, applicable à compter du
1er octobre 2016, dispose en effet que « Dans les contrats cadre, il peut être convenu que le
prix sera fixé unilatéralement par l'une des parties, à charge pour elle d'en motiver le
montant en cas de contestation. En cas d'abus dans la fixation du prix, le juge peut être saisi
d'une demande tendant à obtenir des dommages et intérêts et le cas échéant la résolution
du contrat ».
La question de la détermination du prix ne concerne que peu la grande distribution dans la
mesure où le contrat de référencement intervenu entre la centrale et le producteur est
fréquemment d’une brève durée (un an généralement) et contient mention des prix des
produits, aprement négociés par la centrale au producteur. Ce dernier devra donc les
respecter durant toute la durée du contrat. Les prix seront par la suite rénégociés si les
parties envisagent de renouveler leurs relations contractuelles.
Durée

La durée du contrat de distribution, en principe, est libre. Les parties peuvent donc convenir
que leur convention aura une durée déterminée, éventuellement renouvelable, ou, à
l'inverse, une durée indéterminée. Certaines règles apportent cependant à cette liberté
quelques restrictions. Ainsi, l'engagement d'exclusivité exigé du distributeur dans certains
accords de distribution fait l'objet d'une limitation de durée par l'article L. 330-1 du code de
commerce. Selon ce texte :

« est limitée à un maximum de dix ans la durée de validité de toute clause


d'exclusivité par laquelle l'acheteur, cessionnaire ou locataire de biens meubles
s'engage vis-à-vis de son vendeur, cédant ou bailleur, à ne pas faire usage d'objets
semblables ou complémentaires en provenance d'un autre fournisseur ».
Pour que l'exigence légale ne soit pas contournée au moyen d'une succession de contrats
identiques aux durées se chevauchant, l'article L. 330-2 de ce code prévoit « que les clauses
d'exclusivité contenues dans ces nouvelles conventions prennent fin à la même date que
celles figurant au premier contrat ».

La jurisprudence considère ces dispositions comme d'ordre public, invocables même


par toute personne intéressée, y compris donc par le créancier de l'exclusivité (Com. 25 oct.
1974, JCP 1976. II. 18378, note crit. P. Simler. – Com. 7 avr. 1992, no 90-21.260, D. 1992,
somm. 396, obs. D. Ferrier), mais la sanction applicable en cas de méconnaissance n'est
pas certaine : après avoir considéré que la nullité de la clause emportait celle du contrat
l'abritant (Com. 7 avr. 1992, préc.), la Cour de cassation semble désormais retenir la solution
que le contrat demeure valable jusqu'à l'échéance du terme de dix ans (Com. 10 févr. 1998,
no 95-21.906, préc. supra, no 82. – Civ. 3e, 31 janv. 2001, no 98-12.895 , D. 2001,
somm. 3520, obs. L. Rozès ). Rien n'empêche cependant les parties, après l'expiration de la
première convention, d'en conclure une seconde reprenant la clause d'exclusivité, pour une
nouvelle durée de dix ans (Com. 21 févr. 1995, no 93-13.302 , D. 1995. IR 92 ). En outre, afin
de protéger les « petits commerçants », définis comme ceux dont la surface de vente est
inférieure à 300 m2, l'article L. 442-6, II, e), limite à deux ans l'engagement
d'approvisionnement exclusif ou quasi-exclusif auprès du fournisseur.

Mais c'est surtout par le dispositif de l'article L. 341-1 du code de commerce, créé
par la loi « Macron » du 6 août 2015 (V. D. FERRIER, JCP 2015, supplément au no 44, p. 9 ;
CCC 2015, comm. 256, note M. Malaurie-Vignal ; M.-E. PANCRAZI, Nouveautés dans le
secteur de la distribution [articles 31 à 34], JCP E 2015. 1405) et applicable à compter du
6 août 2016, que la durée des contrats de distribution connaîtra le plus fort encadrement.
Imposant une « échéance commune » pour l'ensemble des contrats conclus entre les
mêmes parties au sein d'un même réseau de distribution dès lors qu'ils abritent « des
clauses susceptibles de limiter la liberté d'exercice par l'exploitant de son activité
commerciale, l'objectif est de favoriser la sortie du distributeur du réseau, que rendaient bien
dissuasive certaines clauses usuelles, particulièrement stigmatisées dans le secteur de la
"grande distribution" » (Aut. conc., avis no 10-A-26 du 7 déc. 2010 « relatif aux contrats
d'affiliation de magasins indépendants et aux modalités d'acquisition du foncier commercial
dans le secteur de la distribution alimentaire »). Parachevant ce dispositif, le second alinéa
de l'article L. 341-1 emporte une indivisibilité des conventions liant les partenaires en
édictant que la résiliation d'un de ces contrats vaut résiliation de l'ensemble des contrats.

En droit communautaire de la concurrence, l'article 5-1, a), du règlement du 20 avril


2010 limite à cinq ans la durée de l'exclusivité d'achat imposant au distributeur d'acquérir
plus de 80 % de ses achats annuels en produits ou services auprès du fournisseur (V. Règl.
2010, art. 1er, d). Cette limite est cependant écartée quand le distributeur vend les produits
dans des locaux appartenant au fournisseur pour se calquer sur la durée de cette mise à
disposition.

Forme du contrat de distribution


Les contrats de distribution sont des contrats consensuels et se forment, donc, dès
l’échange des consentements des parties. Aucune forme n'est requise pour leur validité.
L’écrit, en pratique, est presque toujours établi entre les parties, ne serait ce qu’à des fins
probatoires, au cas d’un éventuel contentieux.

b) Exécution du contrat de distribution

Seront succinctement évoquées les obligations pesant sur le fournisseur puis sur le
distributeur.

Obligations du fournisseur

Le fournisseur supporte principalement une obligation de fourniture des produits ou services


commandés par le distributeur. Les caractéristiques des produits ou services spécifiées dans
la convention devront etre respectés, de meme que les délais de livraison. La mauvaise
exécution de ces obligations serait susceptibe d’exposer le fournisseur à réparer le préjudice
occasionné aux distributeurs.

Obligations du distributeur

Le contrat met parfois à la charge des distributeurs tant des obligations relatives à l’achat,
qu’à la revente des produits.

Obligations relatives à l’achat des produits

Mise à part l’obligation évidente de payer le prix des marchandises vendues par le
fournisseur, le contrat peut prévoir en amont l’obligation pour le distributeur d’acheter chaque
année au fournisseur pour une valeur ou un volume minimal de produits (clause de minima)
ou encore pour un certain pourcentage de son chiffre d’affaires (clause de quotas). Valables
du moment que les objectifs sont raisonnables (Cass. com. 13 mai 1997, n° 95-14.035,
décision disponible sur le site Légifrance : http://www.legifrance.gouv.fr/ ) et fixés de manière
objective (Cass. com., 7 déc. 1993, n° 91-21.711, décision disponible sur le site Légifrance :
http://www.legifrance.gouv.fr/), ces clauses sont analysées le plus souvent comme instituant
à la charge du distributeur une obligation de moyens, c’est à dire l’obligation pour ce dernier
de faire son possible pour atteindre l’objectif fixé. La non satisfaction de l’objectif n’engagera
alors la responsabilité du distributeur que dans l’hypothèse où il n’a pas mis en œuvre tous
les moyens nécessaires pour tenter de parvenir à l’objectif.

Obligations relatives à la revente des produits

La clause d’objectifs de vente ou « de pénétration du marché » fait obligation au revendeur


de vendre une certaine quantité de produits ou de réaliser un certain pourcentage de ventes.
Comme les clauses de quotas ou de minima (V. supra), la validité de ces clauses supposent
que les objectifs de ventes soient raisonnables, fixés de manière objective et appliqués de
manière non discriminatoire entre les différents distributeurs situés dans la meme zone de
chalandise.

Le distributeur devra également respecter les conditions fixées par le fournisseur


nécessaires à la bonne commercialisation des produits ou des services. Il doit conserver sa
liberté de fixer le prix de revente des produits aux consommateurs, le fournisseur ayant
seulement la possibilité de lui conseiller les prix de revente ou d’imposer une marge ou un
prix maximal de revente, à condition cependant qu’ils n’équivalent pas à un prix de vente fixe
ou minimal (V. C. com., art. L. 442-5, infra).

c) Extinction du contrat de distribution

Seront considérés les causes puis les effets de l’extinction du contrat de distribution.

Causes d’extinction

Les causes d’extinction du contrat de distribution avec le fourniseur sont celles, classiques,
de tout contrat. Les plus fréquentes sont la résiliation d’un contrat à durée indéterminée ou
l’arrivée du terme lorsquele contrat est à durée déterminée.
L’exercice du droit pour chaque partie de mettre fin à la relation suppose cependant
l’observation de conditions.

Droit de rupture

Lorsque le contrat de distribution est à durée indéterminée, chaque partie dispose du droit de
résilier unilatéralement la convention.

Si la convention est à durée déterminée, aucun droit au renouvellement du contrat n’est


reconnu aux parties. Le principe est, ici, exactement inverse et rappelé de manière constante
par la jurisprudence : le non-renouvellement du contrat parvenu à échéance est un droit pour
chaque partie (V., Cass. com. 23 mai 2000, n° 97-10.553 ; 6 juin 2001, n° 99-10.768 ; Cass.
com., 8 juin 2017, n°15-28.355 : « Sauf abus de droit, nul n’est tenu de renuveler un contrat
venu à son terme » : décisions disponibles sur le site Légifrance :
http://www.legifrance.gouv.fr/).

La décision de résiliation ou de non-renouvellement n’a pas à être motivée (V. Cass. com. 5
oct. 1993, n° 91-10.408, 4 janv. et 5 avr. 1994, n° 91-18.170 et n° 92.17.278, Cass com.
25 avr. 2001, no 98-22.199 : décisions disponibles sur le site Légifrance :
http://www.legifrance.gouv.fr/).

Modalités d’exercice du droit de rupture


L’exercice du droit de résiliation ou de non-renouvellement de la convention emporte
l’obligation d’observer un délai de prévenance au profit du cocontractant - le plus souvent
distributeur dans l’exemple des réseaux de distribution, fournisseur dans celui des relations
avec la grande distribution - avant que la séparation ne devienne effective.
La théorie de l’abus de droit est, en outre, de nature à limiter l’exercice du droit de se délier.

- Observation d’un préavis

Destinée à permettre au cocontractant qui n'a pas pris l'initiative de la rupture de la relation
contractuelle de faire face aux conséquences économiques et financières de celle-ci en
organisant sa reconversion, l’obligation de respecter un préavis préalablement à la prise
d’effet de la résiliation a été consacrée et étendue dans l’article 36 de l’ordonnance du 1 er
décembre 1986 par la loi n°96-588 du 1er juillet 1996 relative à la loyauté et l’équilibre des
relations commerciales (dite loi « Galland »). A l’origine adopté pour lutter contre le
déréférencement abusif de fournisseurs par la grande distribution, la généralité des termes
employés dans la rédaction dote le texte d’un très large domaine d’application.

Après sa codification puis sa modification par la loi NRE du 15 mai 2001 sur les nouvelles
régulations économiques, la règle était édictée par l’article L. 442-6, I, 5° du Code de
commerce selon lequel :

« engage la responsabilité de son auteur et l’oblige à


réparer le préjudice causé le fait (…) 
5°) De rompre brutalement, même partiellement, une
relation commerciale établie, sans préavis écrit tenant
compte de la durée de la relation commerciale et
respectant la durée minimale de préavis déterminée,
en référence aux usages du commerce, par des
accords interprofessionnels.
Lorsque la relation commerciale porte sur la
fourniture de produits sous marque de distributeur, la
durée minimale de préavis est double de celle qui
serait applicable si le produit n'était pas fourni sous
marque de distributeur. A défaut de tels accords, des
arrêtés du ministre chargé de l'économie peuvent,
pour chaque catégorie de produits, fixer, en tenant
compte des usages du commerce, un délai minimum
de préavis et encadrer les conditions de rupture des
relations commerciales, notamment en fonction de
leur durée.
Les dispositions qui précèdent ne font pas obstacle à
la faculté de résiliation sans préavis, en cas
d'inexécution par l'autre partie de ses obligations ou
en cas de force majeure …».
Après La réforme des pratiques restrictives de concurrence par l’ordonnance n°2019-359 du
24 avril 2019, le dispositif est désormais abrité par le nouvel article L. 442-1, II du Code de
commerce :
« Engage la responsabilité de son auteur et l'oblige à
réparer le préjudice causé le fait, par toute personne
exerçant des activités de production, de distribution
ou de services de rompre brutalement, même
partiellement, une relation commerciale établie, en
l'absence d'un préavis écrit qui tienne compte
notamment de la durée de la relation commerciale, en
référence aux usages du commerce ou aux accords
interprofessionnels.
En cas de litige entre les parties sur la durée du
préavis, la responsabilité de l'auteur de la rupture ne
peut être engagée du chef d'une durée insuffisante
dès lors qu'il a respecté un préavis de dix-huit mois.
Les dispositions du présent II ne font pas obstacle à
la faculté de résiliation sans préavis, en cas
d'inexécution par l'autre partie de ses obligations ou
en cas de force majeure ».

La modification la plus remarquable réside dans l’instauration d’un préavis de 18 mois qui,
dès lors qu’il a été respecté, empêche d’engager la responsabilité de l’auteur de la rupture
sur le fondement de la rupture brutale de relation commerciale établie.
Attention toutefois : Ce délai ne doit cependant pas être considéré comme un plafond
puisqu’une entreprise qui aurait, dans le cadre d’une rupture, accordé à une autre un délai
de préavis de 12 mois au lieu de 24 mois, pourrait se voir condamnée à payer une indemnité
équivalant à 12 mois.
Ainsi, le seul moyen dont dispose l’auteur de la rupture pour être certain de ne pas
engager sa responsabilité au titre de la rupture brutale de relations commerciales
établies en cas de risque de préavis supérieur à 18 mois est d’octroyer un délai de
préavis de 18 mois, quand bien même il aurait pu être condamné à octroyer un délai
de préavis inférieur dans le cadre d’une procédure contentieuse.

Ne fait plus de doute depuis longtemps maintenant la solution que le domaine de l’obligation
de respecter un préavis s’étende désormais au non-renouvellement de contrats à durée
déterminée, le texte ne distinguant pas selon la durée des conventions.
- Totale ou partielle, la notification de résiliation ou de non-renouvellement du contrat de
distribution imposera, en premier lieu, une notification par écrit au cocontractant sous peine
d’engager la responsabilité de l’auteur de la rupture. La condition répond à une exigence de
preuve, nécessaire pour apprécier le point de départ du préavis et le caractère raisonnable
de sa durée.
- Se pose, en second lieu, le problème - majeur - de l’appréciation de la durée de préavis
devant être observée. Le critère de la « durée de la relation commerciale » retenu par le
texte conduit à déterminer la durée du préavis, au cas par cas, en fonction de l’ancienneté
des relations des parties : le délai de prévenance de six mois, cependant, est généralement
considéré en jurisprudence comme « suffisant » (V. Cass. com. 8 janv. 2002, n° 98-13.142,
décision disponible sur le site Légifrance : http://www.legifrance.gouv.fr/) sauf longue
ancienneté des relations (CA Paris 8 déc. 1994 : délai de préavis de six mois jugé
déraisonnable pour un contrat de concession ayant duré 21 ans ; CA Bordeaux 11 juin
1996 : délai de préavis de neuf mois jugé insuffisant pour un contrat de distribution exclusive
ayant duré 35 ans ; CA Paris 30 janv. 1998 : délai de préavis de six mois jugé déraisonnable
pour un contrat de concession ayant duré 25 ans ; CA Rouen 3 nov. 1998 : un préavis d’un
an aurait du être respecté pour une ancienneté de onze années ; CA Douai 5 déc. 2002 : un
préavis d’un an et non de huit mois aurait du être respecté pour une ancienneté de vingt-cinq
ans).
Compte tenu du critère de l’ancienneté des relations désormais retenu jusqu’en 2019, les
références judiciaires faites, avant la modification apportée au texte par la loi du 15 mai
2001, à la notoriété des produits, l’importance du volume d’affaires échangé,  l’état de
dépendance économique de la « victime » par rapport à l’auteur de la rupture, ou
des investissements par elle effectués au profit de ce dernier, n’auraient plus du, a priori,
être considérées pour l’appréciation du délai de préavis. L’on constate cependant qu’il n’en
est rien (Cf. rapport d’activité 2020 de la Commission d’examen des pratiques commerciales
– téléchargeable sur le site internet de la Commission d’examen des pratiques commerciales
-, https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/cepc/etude/Bilan-des-
decisions-judiciaires-31-12-2020.pdf page 237 et suivantes, où la Cour d’appel de Paris
prend régulièrement en compte la situation de dépendance). La réforme intervenue en 2019
en a tenu compte puisque désormais le texte dispose que le préavis doit tenir compte
« notamment de la durée de la relation commerciale ». Est donc consacrée la jurisprudence
consistant à prendre en compte d'autres circonstances que la seule durée de la relation pour
apprécier le préavis raisonnable (ce qui permettra notamment de tenir compte in concreto du
fait qu'il s'agit de produits « marques de distributeurs » [MDD], alors que le doublement
systématique du préavis prévu par l'ancien texte a disparu).

En toute hypothèse, la durée de préavis ne saurait être inférieure, selon l’article L. 442-1, II
« aux usages du commerce ou aux accords interprofessionnels », qui constitue par
conséquent le seuil minimal.

L’inobservation d’un préavis écrit tenant compte notamment de l’ancienneté des relations
présume la faute de son auteur et engage sa responsabilité civile, ce même s’il a respecté la
durée de préavis prévue au contrat (V. Cass. com. 6 mai 2002, décision disponible sur le site
Légifrance : http://www.legifrance.gouv.fr/).
La loi a toutefois prévu deux exceptions - classiques - à l’obligation de respecter un préavis,
l’article L. 442-1 II, disposant que l’exigence ne fait « pas obstacle à la faculté de résiliation
sans préavis en cas d’inexécution par l’autre partie de ses obligations ou en cas de force
majeure ». Il appartiendra donc à l’auteur de la rupture pour s’exonérer de sa responsabilité
de rapporter la preuve de l’existence de l’un de ces deux faits justificatifs, précision faite que
l’inexécution du cocontractant devra porter sur une obligation essentielle du contrat. A défaut
de rapporter cette preuve, de même qu’en cas de préavis insuffisant, l’auteur de la rupture
s’expose à une condamnation à des dommages et intérêts pour rupture brutale.

- Exercice légitime du droit de rupture

Si les parties ont le droit de résilier le contrat de distribution ou de ne pas le renouveler à


terme en observant un délai de préavis (V. supra), encore faut-il que l'exercice de ce droit ne
dégénère pas en abus, sous peine de devoir indemniser le préjudice occasionné au
cocontractant.
En règle générale, la rupture est abusive lorsque les circonstances dans laquelle elle
intervient révèlent de la part de son auteur l'intention de nuire au cocontractant ou une
légèreté, une désinvolture particulièrement blâmable. La jurisprudence a ainsi retenu
l'existence d'un abus lorsque :
a) l'auteur de la rupture fait indûment état d'une prétendue insuffisance d'activité de son
partenaire
b) ou a exigé de ce dernier, en cours de contrat, des garanties supplémentaires sans
motifs légitimes
c) ou a alourdi les frais financiers du cocontractant, porté atteinte à son exclusivité,
modifié unilatéralement ses conditions d’approvisionnement et l’a dénigré auprès des
clients
d) ou lui laisse espérer, à tort, une poursuite des relations contractuelles (Cass. com. 5
avr. 1994, n° 92.17.278, décision diponible sur le site Légifrance :
http://www.legifrance.gouv.fr/), parfois même en l’incitant à procéder à des
investissements (Cass. com. 29 janv. 2002, n° 00-11.433, décision diponible sur le
site Légifrance : http://www.legifrance.gouv.fr/).

La preuve de l’abus dans l’exercice du droit de résiliation ou de non-renouvellement incombe


à celui qui s’en prétend victime (V. not. Cass. com. 13 mars 2001, n° 98-19.260, décision
diponible sur le site Légifrance : http://www.legifrance.gouv.fr/). Lorsque le caractère abusif
de la rupture est établi, le préjudice qui en résulte pour le cocontractant est indemnisé par le
versement d'une indemnité pour rupture abusive (V. infra).

Effets de l’extinction

L’extinction du contrat de distribution donne souvent lieu, entre les parties, à des restitutions.
Elle pose également la question du paiement d'éventuelles indemnités liées à la rupture.

Restitutions

Quelle qu'en soit la cause, l’extinction de la relation contractuelle emporte pour le distributeur
l’obligation de restituer le matériel, l'enseigne et les documents remis par le fournisseur au
titre d'un contrat de dépôt ou de prêt.

Paiement d’indemnités

Les modalités d'extinction du contrat de distribution peuvent donner lieu au paiement de


différentes indemnités par l'auteur de la rupture aux fins de réparer le préjudice subi par le
cocontractant. Ainsi, l'inobservation d'un préavis hors les cas de faute du cocontractant et de
force majeure ou d'un délai de préavis suffisant (V. supra, n°) expose à une condamnation
au paiement d'une indemnité pour brusque rupture (V. sur l'indemnité « compensatrice de
préavis» lorsque la relation est soumise au droit du travail, C. trav., art. L. 122-8). Cette
indemnité ne doit pas être confondue avec l'indemnité pour rupture abusive dont la finalité,
au contraire, est la réparation du préjudice résultant de l'exercice abusif du droit de résiliation
ou de non-renouvellement
- Indemnité pour brusque rupture

La non-satisfaction de l’exigence posée par l’article L. 442-6, I, 5° (V. supra) oblige son
auteur à réparer le préjudice occasionné à la victime en raison du caractère brutal de la
résiliation ou du non-renouvellement de la convention. Souverainement appréciée par les
juges du fond, l'évaluation du préjudice est la plupart du temps fixée à la marge brute que le
cocontractant subissant la rupture aurait réalisée pendant la durée de préavis qui aurait dû
être observée (V. Cass. com. 27 oct. 1998, décision disponible sur le site Légifrance :
http://www.legifrance.gouv.fr/) mais plusieurs facteurs, notamment l'état de dépendance
économique de la victime en cas de rupture brutale d'une relation commerciale établie, sont
de nature à justifier des écarts à la base précédente.

- Indemnité pour rupture abusive

En cas d'exercice abusif de droit de résiliation ou de non-renouvellement du contrat de


distribution, le préjudice occasionné au cocontractant sera réparé par le versement d'une
indemnité pour rupture abusive dont les modalités d'évaluation font appel aux mêmes
critères que ceux retenus pour l'indemnité pour brusque rupture.

- Indemnité pour perte de clientèle

Un arrêt du 9 octobre 2007 (pourvoi n°05-14118, décision disponible sur le site Légifrance :
http://www.legifrance.gouv.fr/) de la Cour de cassation a reconnu, en dépit d’une
jurisprudence jusqu’alors hostile de cette même juridiction, le droit pour un franchisé astreint
à une clause de non-concurrence post-contractuelle à une indemnité pour perte de clientèle.
Le fondement juridique de cette solution jusqu’à présent isolée – l’article 1371 du Code civil
sur les quasi-contrats – suscite en doctrine perplexité. Faut-il voir en effet dans cette
décision une application de l’action en enrichissement sans cause ? De la gestion
d’affaires ? La question était posée en raison du silence gardé par la Cour sur ce point.
Mais la chambre commerciale de la Cour de cassation (étant précisé qu’un nouveau
Président est entré en fonctions dans cette chambre en début d’année 2012) est revenue
récemment sur sa solution en opérant un changement radical puisque dans sa décision du
23 octobre 2012, statuant dans le même litige (sur pourvoi formé par la société ETE (plus
exactement son liquidateur) contre l’arrêt de la Cour d’appel de Paris en date du 16
septembre 2009 lequel intervenait suite à la décision de cassation du 9 octobre 2007), elle
décidait de rejeter le pourvoi de la société ETE aux motifs que « les règles gouvernant
l’enrichissement sans cause ne peuvent être invoquées dès lors que l’appauvrissement et
l’enrichissement allégués trouvent leur cause dans l’exécution ou la cessation de la
convention conclue entre les parties ». La messe est dite : la perte de clientèle subie par l’ex-
franchisé en raison de l’application d’une clause de non-concurrence post-contractuelle ne
peut être indemnisée, du moins sur le fondement des quasi-contrats, et plus exactement de
l’enrichissement sans cause puisque la Cour de cassation, dans ce second arrêt, y fait
désormais référence de manière expresse.
(Cass. com. 9 octobre 2007)

AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIERE ET ECONOMIQUE, a rendu


l'arrêt suivant :
Attendu, selon l'arrêt attaqué, que la société Espace télécommunication équipement (ETE), mise par la
suite en redressement puis liquidation judiciaires, a conclu en 1998 et 1999 avec la société Cellcorp,
mandataire de la Société française de radiotéléphone (SFR), six contrats de franchise, stipulant
notamment la perception par le franchisé d'une rémunération forfaitaire fixe, calculée à partir du nombre
d'abonnements souscrits dans le point de vente, d'une rémunération variable calculée à partir du chiffre
d'affaires encaissé par la société SFR sur les abonnements souscrits par le distributeur, et de primes et
compléments en cas de renouvellement de téléphone mobile sans changement de ligne par un abonné
SFR ; que ces conventions, conclues pour une période de deux ans renouvelable par période d'un an,
sauf dénonciation moyennant un préavis de trois mois, ont été tacitement renouvelés jusqu'à ce que la
société SFR refuse, en 2002 et 2003, de procéder au renouvellement de cinq d'entre eux à leur échéance,
et notifie la résiliation sans préavis du sixième, concernant un point de vente situé à Sélestat ;
Sur le deuxième moyen :
Attendu que le liquidateur de la société ETE fait grief à l'arrêt d'avoir rejeté les demandes tendant à la
condamnation de la société SFR au paiement de dommages-intérêts à raison de fautes commises lors de
la rupture des contrats, alors, selon le moyen :
1 / que les contrats doivent s'exécuter de bonne foi ; qu'en l'espèce, la cour d'appel a relevé elle-même
que SFR avait rompu les contrats litigieux en raison du non-respect des quotas par la société ETE ;
qu'en écartant toute rupture abusive de la part de SFR sans rechercher si, comme le soutenait la société
ETE, le non-respect des quotas n'était pas imputable au comportement de SFR elle-même, qui avait
implanté de nouveaux partenaires à proximité de ses points de vente et l'avait évincée des listes de ses
magasins dans ses documents commerciaux et publicitaires, ce qui caractérisait sa mauvaise foi dans
l'exécution des contrats et un abus du droit de rompre, la cour d'appel a privé sa décision de base légale
au regard des articles 1134 et 1147 du code civil ;
2 / que la cour d'appel a constaté expressément que les contrats imposaient à ETE une clause de non-
concurrence portant sur l'exécution de prestations identiques à celles visées par le contrat, pendant douze
mois à compter de sa résiliation ; qu'en retenant que le préavis contractuel de trois mois était suffisant
pour permettre à ETE de se reconvertir, compte tenu notamment de l'existence d'une clientèle attachée à
d'autres marques, sans rechercher, comme elle y était invitée, si le maintien de cette clause de non
concurrence n'était pas de nature à empêcher la société ETE d'exercer, après la rupture, la même activité
avec d'autres marques, la cour d'appel a derechef privé sa décision de base légale au regard des articles
1134 et 1147 du code civil et L. 442-6-I-5 du code de commerce ;
Mais attendu, d'une part, que pour écarter l'imputation de mauvaise foi du franchiseur, la cour d'appel a
constaté, se livrant ainsi à la recherche prétendument omise, que la société SFR n'avait pas l'obligation de
garantir une exclusivité à la société ETE ;
Et attendu, d'autre part, qu'en retenant qu'une partie de la clientèle de la société ETE était attachée à
d'autres marques, la cour d'appel a exclu que la stipulation incriminée interdise au franchisé de continuer
son activité avec d'autres opérateurs après la rupture des relations ;
D'où il suit que le moyen ne peut être accueilli en aucune de ses deux branches ;
Mais sur le premier moyen, pris en sa première branche :
Vu l'article L. 330-3 du code de commerce ;
Attendu que pour rejeter les demandes du liquidateur de la société ETE tendant à la condamnation de la
société SFR au paiement de dommages-intérêts à raison de fautes commises lors du renouvellement et
de l'exécution des contrats renouvelés, l'arrêt retient que l'obligation d'information résultant du texte
susvisé n'est susceptible d'entraîner la nullité du contrat qu'autant qu'elle a vicié le consentement du
franchisé, et que tel ne peut être le cas, la société ETE étant en charge de plusieurs magasins pour
lesquels les contrats ont été renouvelés, ce qui suffit à démontrer qu'elle était parfaitement informée ;
Attendu qu'en se déterminant ainsi, alors qu'elle relevait que le franchiseur avait manqué à son obligation
d'information à l'occasion du renouvellement, fût-il tacite, des accords de franchisage, et sans constater
que le dommage dont le franchisé, qui ne poursuivait pas l'annulation de ces contrats, réclamait réparation
à raison de ce manquement n'était dû qu'à sa propre faute, la cour d'appel, qui s'est prononcée par motifs
inopérants pris de l'absence de vice du consentement, n'a pas donné de base légale à sa décision ;
Sur ce moyen, pris en sa deuxième branche :
Vu l'article 455 du nouveau code de procédure civile ;
Attendu que pour statuer ainsi, l'arrêt retient encore que la société SFR n'avait pas l'obligation de garantir
une exclusivité territoriale à la société ETE, et qu'elle fait valoir, sans être démentie, que cette dernière a
elle-même procédé à des ouvertures de boutiques à proximité de commerces identiques préexistants ;
Attendu qu'en s'abstenant de répondre aux conclusions de la société ETE soutenant que la société SFR
avait manqué à son obligation contractuelle de tenir le franchisé informé de tous les événements relatifs à
la distribution, la cour d'appel n'a pas satisfait aux exigences du texte susvisé ;
Et sur le troisième moyen :
Vu l'article 1371 du code civil ;
Attendu que pour rejeter la demande de la société ETE en indemnité pour perte de clientèle, l'arrêt retient
qu'il résulte de la formulation même de cette demande qu'une partie de la clientèle est attachée à la
société SFR, et l'autre à l'exploitant, que ce n'est que pour cette seconde part que la société ETE pourrait
formuler des prétentions, mais qu'elle n'apporte sur ce point aucun élément qui puisse être mis en relation
directe et nécessaire avec le fait de SFR ;
Attendu qu'en statuant ainsi, alors qu'elle constatait, tout à la fois, que le franchisé pouvait se prévaloir
d'une clientèle propre, et que la rupture du contrat stipulant une clause de non-concurrence était le fait du
franchiseur, ce dont il se déduisait que l'ancien franchisé se voyait dépossédé de cette clientèle, et qu'il
subissait en conséquence un préjudice, dont le principe était ainsi reconnu et qu'il convenait d'évaluer, au
besoin après une mesure d'instruction, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;
PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur la troisième branche du premier moyen : CASSE
ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il a rejeté les demandes d'indemnisation formulées par la société
Espace télécommunication équipement sur le fondement du manquement de la société Française de
radiotéléphone à ses obligations d'information, et sur la perte de clientèle à raison de la dénonciation des
contrats "partenaires", l'arrêt rendu le 26 janvier 2005, entre les parties, par la cour d'appel de Paris ;
remet, en conséquence, sur ce point, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit
arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Paris, autrement composée ;

(Cass. com. 23 octobre 2012)

AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIERE ET ECONOMIQUE, a rendu


l'arrêt suivant :
Sur le moyen unique :
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 16 septembre 2009), rendu sur renvoi après cassation (chambre
commerciale, financière et économique, 9 octobre 2007, pourvoi 05-14.118), que la société Espace
télécommunication équipement (société ETE), mise par la suite en redressement puis liquidation
judiciaires, a conclu en 1998 et 1999 avec la société Cellcorp, mandataire de la Société française de
radiotéléphone (société SFR), six contrats de franchise ; que ces conventions, conclues pour une période
de deux ans renouvelable par période d'un an, sauf dénonciation moyennant un préavis de trois mois, ont
été tacitement reconduites, jusqu'à ce que la société SFR refuse de procéder au renouvellement de cinq
d'entre elles à leur échéance, et notifie la résiliation sans préavis de la sixième ;
Attendu que le liquidateur de la société ETE fait grief à l'arrêt d'avoir rejeté sa demande indemnitaire au
titre de sa perte de clientèle, alors, selon le moyen :
1°/ que le franchiseur qui rompt le contrat de franchise comportant une clause de non-concurrence doit
indemniser le franchisé de la perte de sa clientèle propre ainsi subie ; qu'en relevant, pour débouter la
société ETE de sa demande fondée sur la perte de sa clientèle, que la clientèle d'abonnés était
exclusivement attachée aux prestations offertes par SFR quand, quelle que soit la valeur de la marque et
des prestations du franchiseur, la clientèle locale n'existe que par le fait du franchisé et est créée par
l'activité de ce dernier avec les moyens qu'il met en oeuvre à ses risques et périls, de sorte qu'en cas de
rupture du contrat comportant une clause de non concurrence à l'initiative du franchiseur, le franchisé
peut obtenir l'indemnisation de la perte de la clientèle qu'il subit ainsi, la cour d'appel a violé l'article 1371
du code civil ;
2°/ que le franchiseur qui rompt le contrat de franchise comportant une clause de non-concurrence doit
indemniser le franchisé de la perte sa clientèle propre ainsi subie ; qu'en déboutant la société ETE de sa
demande d'indemnisation au motif que « le non-renouvellement des contrats conclus avec la société SFR
était sans incidence sur la clientèle directement attachée au fonds exploité par la société ETE et que
cette dernière pouvait, de toute façon continuer à gérer et développer » sans rechercher, ainsi qu'elle y
était invitée, si la perte indue de sa clientèle principale d'abonnés que la société ETE avait elle-même
créée et développée n'avait pas privé cette dernière d'une partie de sa clientèle, accessoire, d'acheteur
de matériels, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard de l'article 1371 du code civil ;
Mais attendu que les règles gouvernant l'enrichissement sans cause ne peuvent être invoquées dès lors
que l'appauvrissement et l'enrichissement allégués trouvent leur cause dans l'exécution ou la cessation
de la convention conclue entre les parties ; que le moyen, qui soutient une thèse contraire, ne peut être
accueilli ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi ;

Condamne Mme X..., ès qualités, aux dépens ;

Non-concurrence post-contractuelle

Afin d'éviter qu’après la rupture des relations contractuelles, le diffuseur prospecte désormais
la clientèle pour un concurrent ou crée une entreprise concurrente, que le concessionnaire
ou le franchisé exerce une activité concurrente ou s'affilie à un réseau concurrent, les
contrats de distribution contiennent fréquemment des clauses de non-concurrence
postcontractuelle ou des clauses de non-affiliation (V. E. GASTINEL, Les effets juridiques de
la cessation des relations contractuelles - obligation de non-concurrence et de confidentialité
in La cessation des relations contractuelles d'affaires, op. cit., p. 197).

Lorsque l’accord de distribution est soumis à l’application du droit du travail, même si la


convention collective applicable prévoit des dispositions spécifiques en matière de clauses
de non-concurrence (V., par ex. pour les VRP l’accord national interprofessionnel du 3 oct.
1975, art. 17), la licéité de l’interdiction de concurrence est appréciée au regard de plusieurs
conditions : - la validité de l’interdiction suppose, au préalable, sa prévision par la convention
des parties ou par leur accord postérieur (V. Cass. soc. 7 juill. 1998, n° 96-40.256, RJS 8-
9/1998, n°958) ; - l’interdiction doit, également, être indispensable à la protection des intérêts
légitimes de l'employeur (Cass. soc. 14 mai 1992, n° 89-45.300, D. 1992. 350, note Y.
Serra ; 19 nov. 1996, n° 94-19.404, Bull. civ. V, n°392) : elle doit donc être justifiée par la
prévention de la réalisation d’un risque de concurrence anormale que pourrait développer
l’ancien salarié en raison de son activité passée au sein de l’entreprise (V. Y. SERRA, op
cit., n°243), condition s’appréciant in concreto, au regard de l’activité et des fonctions du
salarié (Cass. soc. 1er mars 1995, n° 93-42.754, D. 1996, somm. 245, obs. Y. Serra) ; - la
validité de la clause de non-concurrence est encore subordonnée au respect des
dispositions de l’article L. 120-2 du Code du travail : les juges ont donc l’obligation, dans
chaque espèce, de vérifier la proportionnalité de la clause aux intérêts légitimes à protéger
(V. Cass. 1re civ. 11 mai 1999, n° 97-14.493, D. 2000, somm. 312, obs. Y. Serra) ; l’obligation
de non-concurrence ne peut donc avoir pour effet d’empêcher le salarié de retrouver un
autre emploi, compte tenu de sa formation et de son expérience professionnelles (Cass. soc.
18 déc. 1997, n° 95-43.409, RJS 2/1998, n°170, 1re esp.) ; cette règle n’implique pas
nécessairement que l’interdiction soit strictement limitée à l’activité précédemment exercée
chez un concurrent : la clause peut valablement interdire toute activité dans une entreprise
concurrente du moment que l’employeur démontre un intérêt légitime et que l’interdiction
n’empêche pas le salarié de retrouver un autre emploi (Cass. soc. 18 déc. 1997, préc.) ; de
la même manière, il n’est pas nécessaire que l’interdiction soit limitée à la fois dans le temps,
l’espace et la nature de l’activité exercée si son débiteur conserve la possibilité d’exercer une
activité normale conforme à sa formation professionnelle (Cass. soc. 5 mars 1987, D. 1988,
somm. 179, obs. Y. Serra ; Cass. com. 30 oct. 1989, D. 1990, somm. 332, obs. Y. Serra) ; -
enfin, depuis le revirement récemment opéré par la chambre sociale de la Cour de
cassation, la validité de l’interdiction est encore subordonnée au versement d’une
contrepartie financière au profit du salarié (Cass. soc. 10 juill. 2002, trois décisions, n° 99-
43.334 à 99-43.336, n°00-45.135, 00-45.387, D. 2002. 2491, obs. Y. Serra et somm. 3111,
obs. J. Pélissier ; JCP, éd. E, 2002. 1511, note C. Corrignan-Carsin ; 18 sept. 2002, n° 99-
46.136, D. 2002, somm. 3112, obs. J. Pélissier ; 23 janv. 2003, D. 2003. IR. 531. Sur le droit
à des dommages-intérêts pour le salarié ayant respecté une clause de non-concurrence ne
prévoyant pas de contrepartie, Cass. soc. 18 mars 2003, n° 00-46.358, D. 2003. IR. 1007 ;
V., pour les VRP, l’accord interprofessionnel de 1975, art. 17).

Lorsque l’accord de distribution n’est pas soumis au droit du travail, la validité de l’interdiction
de concurrence n’impose par le versement d’une contrepartie financière, même si l’on a
souligné que l’interdiction aboutit pour le franchisé ou le concessionnaire à une
dépossession de la clientèle attachée à son fonds (V. D. FERRIER, Appartenance de la
clientèle et clause de non-concurrence, Cah. dr. entr. 1983/1, p. 21 ; Ph. le TOURNEAU, Les
contrats de franchisage, op. cit., n°807 ; H. BENSOUSSAN, La « clientèle au franchisé »,
facteur d’illégitimité de la clause de non-rétablissement, D. 2001, chron. 2498). Pour être
licite, l’interdiction doit être convenue entre les parties, justifiée par l’intérêt légitime de celle
qui en sera créancière, limitée dans le temps et/ou l’espace, ainsi que quant à l’activité
interdite. Elle ne doit pas, enfin, être disproportionnée au regard de l’objet du contrat (V.
Cass. com. 4 janv. 1994, n° 92-14.121, D. 1995. 205, note Y. Serra ; 14 nov. 1995, n° 93-
16.299, D. 1997, somm. 59, obs. D. Ferrier ; 22 févr. 2000, Contrats, conc., consom. 2000,
comm. 92, obs. L. Leveneur et comm. 99, obs. S. Poillot-Peruzzetto ; 12 mars 2002, n° 99-
14.762, D. 2003, somm. 903, obs. Dorandeu ; 9 juill. 2002, n° 00-18.311, D. 2003, somm.
902, obs. Auguet ; Contrats, conc., consom. 2003, comm. 5, note M. Malaurie-Vignal ; Cass.
com. 1er juill. 2003 (5 arrêts), n° 02-11.381, 02-11.382, 02-11.383, 02-11.384, 01-17.766,
Lettre de la distribution 2003/10, p. 2), condition également retenue en droit de la
concurrence (V. Décis. Cons. conc. n° 96-D-36 du 28 mai 1996, préc. supra, n° ; Décis.
Cons. conc. n°97-D-48 et n°97-D-51, 18 et 24 juin 1997, D. 1998, somm. 223, obs. Y. Serra).
Des dispositions particulières réglementent cependant les clauses de non-concurrence
insérées dans certains contrats de distribution : - ainsi, en matière d’agence commerciale,
l’interdiction doit être stipulée par écrit, n’est valable que pour une durée maximale de deux
ans et doit concerner le secteur géographique et, le cas échéant, le groupe de personnes
confiés à l’agent ainsi que le type de biens ou services pour lesquels la représentation est
exercée (C. com., art. L. 134-14) ; la jurisprudence ajoute à ces conditions celles que
l’interdiction soit nécessaire à la protection des intérêts du mandant et qu’elle n’empêche pas
l’agent d’exercer toute activité professionnelle (Cass. com. 4 juin 2002, n° 00-14.688, Bull.
civ. IV, n°98 ; D. 2002. AJ. 2328, obs. E. Chevrier) ; - en droit communautaire, le règlement
n°330/2010 exempte l’interdiction de concurrence si plusieurs conditions sont respectées :
l’engagement de non-concurrence devra concerner « des biens ou des services qui sont en
concurrence avec les biens ou services contractuels », être « limité aux locaux et aux,
terrains à partir desquels l'acheteur a opéré pendant la durée du contrat », « être
indispensable à la protection d'un savoir-faire transféré par le fournisseur à l'acheteur » (V.
sur la définition du savoir-faire, supra, n°), la durée de l’obligation de non-concurrence
devant en outre être « limitée à un an à compter de l'expiration de l'accord » (Règl. 2010, art.
5§1, point b, et 5§3 ; Lignes direct., pt 68. V. pour une application Décis. Cons. conc. n°
00-D-82 du 26 févr. 2001, BOCC 30 mars ; Rec. Lamy, n°846, comm. D. Gaffuri. V., sous
l’empire du règlement d’exemption 4087/88/CE du 30 nov. 1988 sur les accords de
franchise, pour une réduction judiciaire à un an de la durée d’une clause de non-
concurrence, CA Paris 26 juin 1997, D. Affaires 1997. 1185). - S'inspirant largement de ces
mêmes conditions communautaires d'exemption en les érigeant désormais en conditions de
validité, l'article L. 341-2, II du code de commerce, issu de la loi « Macron » n°2015-990 du
6 août 2015, apporte exception au principe d'interdiction des clauses de non-concurrence et
de non-réaffiliation édicté par l'article. L. 341-2-I dans les contrats de distribution de
revendeurs (F. BUY, Loi « Macron » : focus sur les clauses restrictives d'après-contrat,
D. 2015. 1902   ; JCP E 2016. 1021, spéc. no 10, obs. R. Loir ; JCP 2015, suppl. no 44,
p. 9, D. Ferrier ; CCC 2015. Comm. 256, note M. Malaurie-Vignal ; M.-E. PANCRAZI,
Nouveautés dans le secteur de la distribution [articles 31 à 34], JCP E 2015. 1405. Le texte
dispose en effet :

« I.-Toute clause ayant pour effet, après l'échéance ou la résiliation d'un des contrats
mentionnés à l'article L. 341-1, de restreindre la liberté d'exercice de l'activité
commerciale de l'exploitant qui a précédemment souscrit ce contrat est réputée non
écrite.

II.-Ne sont pas soumises au I du présent article les clauses dont la personne qui s'en
prévaut démontre qu'elles remplissent les conditions cumulatives suivantes :

1° Elles concernent des biens et services en concurrence avec ceux qui font l'objet du
contrat mentionné au I ;

2° Elles sont limitées aux terrains et locaux à partir desquels l'exploitant exerce son
activité pendant la durée du contrat mentionné au I ;

3° Elles sont indispensables à la protection du savoir-faire substantiel, spécifique et


secret transmis dans le cadre du contrat mentionné au I ;

4° Leur durée n'excède pas un an après l'échéance ou la résiliation d'un des contrats
mentionnés à l'article L. 341-1 ».

Interdisant « simplement » au distributeur de s'affilier, après la rupture des relations


contractuelles, à un réseau concurrent de celui auquel il appartenait (Com. 28 sept. 2010,
no 09-13.888, Bull. civ. IV, no 145 ; D. 2010. Actu. 2357, obs. E. Chevrier ; JCP E 2010. 1943,
note N. Dissaux ; CCC 2010, comm. 271, obs. M. Malaurie-Vignal ; RDC 2011. 187, obs.
M. Béhar-Touchais. – V., sur la requalification d'une clause de non-réaffiliation en clause de
non-concurrence : Com. 23 sept. 2014, no 13-20.454, D. 2014. Pan. 2489, obs. M. Gomy ;
AJCA 2015. 92, obs. A. Riéra ; JCP E 2014, no 1657, obs. M. Malaurie-Vignal ; RDC 2015.
70, obs. C. Grimaldi), les clauses de « non-réaffiliation » (V. C. MASQUEFA, Fidélité et
groupements de la grande distribution. Bref éclairage, Cah. dr. entr. 5/2000, p. 16 s. ;
M. DEPINCÉ, Les clauses de non-réaffiliation, Dr. et patr. 2007, no 155, p. 26 s. ;
A. SEUTET, Les clauses post-contractuelles de non-concurrence et de non-affiliation,
D. Affaires 1999. 1157) sont appréciées avec moins de sévérité en jurisprudence - même si
la plupart des conditions de validité des clauses de non-concurrence leur sont applicables
(V. Com. 31 janv. 2012, no 11-11.071, Bull. civ. IV, no 17. – Com. 3 avr. 2012, no 11-16.301,
Bull. civ. IV, no 72 ; D. 2014. Pan. 2489, obs. M. Gomy ; AJCA 2015. 92, obs. A. Riéra ;
JCP E 2014, no 1657, obs. M. Malaurie-Vignal ; RDC 2015. 70, obs. C. Grimaldi. – Com.
23 sept. 2014, no 13-22.624, AJCA 2015. 92, obs. A. Riéra ; D. 2015. 2526 ; CCC 2014,
comm. 269, obs. M. Malaurie-Vignal ; RDC 2015. 70, obs. C. Grimaldi) – car les juridictions
considèrent que la stipulation ne vise qu'à restreindre – et non à interdire – à celui qui s'y
oblige l'exercice de son activité (V. Paris, 18 déc. 1998, Dalloz Affaires 1999. 420, obs.
E.P. – Douai, 15 oct. 2001 [5 arrêts], Lettre distr., déc. 2001, p. 2 ; RJDA 7/2002, no 757).

On a cependant justement objecté contre cette distinction que les effets de la clause de non-
affiliation pouvaient être aussi contraignants pour le distributeur qu'une clause de non-
concurrence (E.P., obs. préc.). Tel sera le cas lorsque la poursuite de l'exercice de l'activité
est impossible sans affiliation à un réseau, comme dans la grande distribution alimentaire
(V. Aut. conc., avis, no 10-A-26 du 7 déc. 2010, D. 2011. Pan. 544, obs. D. Ferrier ; JCP
2011. 177, note N. Dissaux ; JCP E 2010, no 678, obs. N. Raud et G. Notté ; CCC 2011.
Étude 3, par M. Malaurie-Vignal ; position rééditée par Aut. conc. no 11-D-03, Dalloz
actualité, 1er mars 2011, obs. E. Chevrier ; CCC 2011, no 92, obs. M. Malaurie-Vignal ; JCP E
2011. 1482, spéc. no 15, obs. Ph. Grignon ; RLC avr.-juin 2011. 39, obs. V. Sélinsky ; V. par
ex. Paris, 6 mars 2013, CCC 2013, comm. 113, obs. M. Malaurie-Vignal. – Com. 18 déc.
2012, no 11-27.068  , CCC 2013, comm. 53, obs. M. Malaurie-Vignal). En toute hypothèse,
par application de l'article L. 341-2, II du code de commerce (préc. supra), leur régime
connaîtra, mais désormais légalement, les mêmes conditions de validité que celles des
clauses de non-concurrence.

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