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La caducité et l'interdépendance contractuelle

Intervenants :

Sarah Bros : Professeure à la Sorbonne (organisatrice du colloque)

Hélène Guillou : conseillère à la chambre commerciale de la Cour de cassation et également


rapporteur dans l'arrêt de la chambre de commerce du 10 janvier 2024 22- 20. 466

Thomas Génicon : Professeur à Assas

Maitre Gilles Hittinger-Roux : HB et associés

I. La caducité (intervention de M. Génicon) Alinéa 1 de l’article 1186 du Code civil


- Vue générale sur la caducité
« Un contrat valablement formé devient caduque si l'un des éléments essentiels
disparaît »
Semble mystérieux (1) et explosif (2)
1. Mystérieux

Interrogations sur la portée :


 Soit simple définition de la caducité sans pour autant en faire une règle générale
de droit commun (comme pour le droit de rétractation notamment)
 Soit grande règle (Touchant donc tous les contrats)
Cela amène donc à une question : Quels sont les éléments de maintien du
contrat ?

Du fait de l’existence des alinéa 2 et 3, relatif à l’interdépendance des contrats, on


penche plutôt pour la deuxième solution

Est-ce cependant une sorte de relance de la caducité pour disparition de la cause ?

Cette question s’est d’ailleurs posée au moment du COVID, ou de nombreux contrats


on sembler perdre de leur intérêt (exemple je paye des affichages dans le métro mais
confinement, la prestation est remplie mais mon intérêt ne l’est plus) C’est donc
rentré dans la pratique à ce moment, car de nombreux plaideurs ont voulu utiliser
l’article 1186 alinéa 1.
Mais cette motivation peut s’appuyer sur des précédent jurisprudentiel (Ex : Sofimat)
Cependant cela reste plutôt des cas isolés qui ne concernait surtout que des
engagements unilatéraux.
C’est donc un risque pour la sécurité juridique et la stabilité des conventions

2. Explosif

Explosif car c’est assez dangereux pour le cocontractant.


Indifférence des mobiles
Exprimé fermement à l’article 1135 du Code civil : élément essentiel du
consentement doit apparaitre dans le contrat (information + accord des parties)

Interrogation, au cœur de ce sujet :


C’est un problème de frontières : celle du champ contractuel (nœud du débat)
 Peut-t-il y avoir un accord tacite sur un mobile ?
 La seule connaissance du mobile de l’autre suffit il a le faire rentrer dans le
champ contractuel ?
Ex : Robe de marié (connaissance du mobile par le couturier de la robe)
Mais le fiancé s’en va ; La mariée doit-elle payer la robe ? oui car bien que le
couturier eût connaissance du risque, il ne l’avait pas accepté pour autant.
C’est donc deux choses différentes. En imaginant que le mariage est un contrat
comme un autre, si on considère que l’on est dans un cas d’interdépendance
contractuelle, alors, on pourrait théoriquement justifier le non-paiement de la
robe
Question de Mme Bros : la caducité se constate elle ou doit-elle être prononcée par le juge ? Joue-t-
elle de plein droit ?
Réponse : c'est en fait un mix. L’effet juridique doit pouvoir se produire de plein droit mais il est
nécessaire de l'invoquer (en gros plus plein droit mais TG préfère « se réserver la réponse »)

II. L’interdépendance contractuelle (alinéas 2 et 3 de 1186)

Dépendance contractuelle désigne la situation où 2 ou plusieurs contrats sont conçus


pour coexister, l'un ne pouvant être maintenu sans l'autre.
C'est une technique de groupe de contrats identifiés par la doctrine dans les années 70
qui vise à les unir dans le dans le but d'une réalisation unique
Puis loi Scrivener 78 et 79
78 : entre les contrats de crédit à la consommation et le contrat principal qu'il finance
79 : lien entre le contrat de crédit et un contrat immobilier
C'est de lois ont adopté des techniques distinctes :
Celle notable de 79 : technique des conditions (condition suspensive d’obtention du prêt)
Autre situation : lien entre la vente et le crédit-bail (beaucoup débattu) Arrêt chambre
mixte 23 novembre 1990 : résolution de la vente entraine annulation du crédit-bail
La pratique n’a cessé d’innover en la matière. (Entre contrats de travail, bail et
franchise…) Donc ne nombreuses constructions jurisprudentielles, en partie consacré
dans l’article 1186. Ce texte soulevé de nouvelles interrogations
Un point sur l’état du droit positif à la veille de la réforme, puis l’état du droit positif tel
qui suit de la réforme
A. Etat du droit positif à la veille de la réforme.
Pour le contrat conclu avant 2016
Quel est l’élément de fond qui explique ce lien entre les contrats ?
C’est la volonté des cocontractants de joindre les contrats qui est à l’origine des
situations d’inter dépendance. La Cour de cassation a pu ainsi utiliser la notion de
cause subjective en affirmant alors que les contrats avaient une même cause, ou que
l’un était la cause de l’autre.
Ok pour la volonté mais quid de la preuve ? plusieurs éléments, aucun déterminant
sauf la stipulation affirmant l’interdépendance des contrats (renvoi d’un contrat à une
autre contrat)
Hormis cela plusieurs éléments ont pu jouer un rôle comme la date des contrats, la
durée qui pouvait être simultanée…
Important contentieux : la location financière, crédit-bail sans droit d’opter pour la propriété à la fin.
Cette figure associe généralement un contrat de maintenance du bien. CC chambre mixte 17 mais
2013 : « les contrats concomitants ou successifs qui s'inscrivent dans une opération incluant une
location financière sont interdépendants »

Les effets de l’interdépendance contractuelle (avant la réforme) :


La disparition d’un contrat de l’ensemble entraine la disparition des autres.
Cependant la jurisprudence avait précisé que les participant devait être intervenu dans la cause.
La nature de la sanction est ses conséquences donnait lieu toutefois à des hésitations.
Incertain de connaitre la sanction exacte (caducité en matière de location financière, d’autres retenais
la nullité du contrat ou encore la résiliation comme le crédit-bail.)
Le plus incertain étais les clauses instituant une autonomie entre les contrats (jugée non écrite en
matière de location financière, non applicable en matière de crédit-bail et dans les autres cas on ne
savait pas mais aprioris pas applicables si caducité du premier contrat
B. Apport du droit positif : 1186
Ce texte ne nomme pas la situation
L’ordonnancement du texte confus : d’abord les effets (caducité) puis les conditions
Consacre en grande partie la jurisprudence et apporte également quelques éclaircissements mais ne
lève pas les doutes
Eclaircissements :
Etablissement d’une sanction commune  caducité
Chambre Mixte 13 avril 2018 : aligné la solution en matière de crédit-bail sur celle de la location
financière (donc caducité du crédit-bail)
Condition pour que l’interdépendance soit établie
Littéralement on voit condition commune ou distincte
Conditions communes :
Al 2 : chaque contrat est nécessaire à la réalisation de l’opération al 3 : le contractant a qui la caducité
est opposé doit avoir connu cette opération à la formation du contrat
Conditions exclusives : présente alternative :
L’exécution d’un contrat est impossible sans l’autre ou l’exécution d’un contrat est la condition
déterminante du consentement d’un participant (problème : plus vaste et englobe la première
condition de l’alinéa 2).
Doutes maintenus :
Le sort des clauses d’autonomie ?
Peut-être volontaire = donc ça dépend des cas
Impératif ou supplétif ? Pourrait-on décider des conséquences du contrat lié ?
Critères de qualifications ?
Caducité de plein droit ?

Maitre Gilles Hittinger Roux


L’interdépendance contractuelle en pratique

4 thèmes :
Exemples ; Philosophie et économie à travers les contrats ; Procédure ; Contractualisation de l’article
1186 : ordre public ?

I. Exemples

Premier exemple :
1000m2 d’exploitation commerciale en centre-ville
2 propriétaires : un a 500m2, exploités totalement commercialement l’autre pareil mais
exploité commercialement a 70% (30% réserve technique)
Lien entre les bailleurs, mais le bail où se trouvent les éléments techniques fait l’objet
d’une résiliation
Application d’article 1186 ?

Deuxième exemple :
Activité de restauration dans un centre commercial bail de 15m2 (labo) + autre bail :
terrasse de 90m2
La terrasse est située dans le mall, appartenant à la copro.
Avant l’ouverture de l’établissement, la sécurité passe et les pompiers refuse l’ouverture
de la terrasse (gène)
Doit-on continuer le contrat où se trouve le labo ?
Troisième exemple :
Profession libérale mais bail commercial (depuis 40 ans sur 4 niveaux de bureaux)
Le bailleur (unique) achète progressivement les étages
A la fin de la période de renouvellement, le bailleur conteste le montant du loyer et
demande au tribunal une expertise et une décision, qui ne lui est pas favorable. Il
conteste le montant du loyer et exerce son droit d’option et délivre un congé refus avec
une indemnité d’éviction sur les deux premiers étages. 50 :50

De nombreux autres cas avec les BEFA


II. Pour ces cas, on doit retrouver l’économie. On ne peut en principe pas dire il faut
maintenir le contrat alors que l’économie nous dis que c’est un ensemble, on ne peut
donc faire fi de l’économie.
Il faut avoir dans certains cas une vision restrictive
La synthèse des exemples est de considérer qu’en présence de plusieurs contrats,
comment constater les effets juridiques ?
Carbonnier : donner à un fait, à un objet le nom qui lui reviens légalement. C’est
procéder à sa qualification. Dans ce sujet, deux constatations :
Une imbrication
Une indivisibilité
Peut-on considérer que la sécurité contractuelle est donc mise à mal ?
Non car 1186 doit se limiter dans des situation précises : dans les cas où il y a des
maillages serrés entre des contrats (cas rares)
Notion de connaissance de l’autre partie (comme dans la robe de marié).
Mais en pratique on connait souvent le risque, il faut donc limiter à des cas extrêmement
précis.
Il faut les utiliser cependant pleinement.

III. Procédure
L’autre partie doit être informé de la caducité.
Mise en demeure (dans quel délai ?)
Est-ce la compétence du même tribunal ?
Il faudrait alors une clause attributive de compétence pour être le plus efficace
Intervention forcée ou volontaire ?
Pas cap de répondre

Concernant les baux commerciaux : les lois et les arrêts de la CC sont fréquemment mise
de côté par la volonté contractuelle.
On demande souvent à l’autre partie d’y renoncer (jouissance paisible du locataire par ex,
imprévision, force majeure) Pourrait-on alors renoncer à 1186 ? Aprioris non
La Cour de cassation a déjà répondu dans un arrêt 15 février 2000 : en matière
d’indépendance des contrats, il est impossible d’y renoncer car c’est l’économie générale
des contrats.

Mme la Conseillère Hélène Guillou

Présentation de l’arrêt C Com 10 janvier 2024

C’est une application particulière à la location financière et non générale

Selon l'article 1186, alinéas 2 et 3, du code civil, lorsque l'exécution de plusieurs contrats
est nécessaire à la réalisation d'une même opération et que l'un d'eux disparaît, sont
caducs les contrats dont l'exécution est rendue impossible par cette disparition et ceux
pour lesquels l'exécution du contrat disparu était une condition déterminante du
consentement d'une partie, la caducité n'intervenant toutefois que si le contractant
contre lequel elle est invoquée connaissait l'existence de l'opération d'ensemble. Les
contrats concomitants ou successifs qui s'inscrivent dans une opération incluant une
location financière étant interdépendants, il en résulte que l'exécution de chacun de ces
contrats est une condition déterminante du consentement des parties, de sorte que,
lorsque l'un d'eux disparaît, les autres contrats sont caducs si le contractant contre lequel
cette caducité est invoquée connaissait l'existence de l'opération d'ensemble lorsqu'il a
donné son consentement. Dans les contrats formant une opération incluant une location
financière, sont réputées non écrites les clauses inconciliables avec cette
interdépendance

Les faits :
La société Leascom conclue avec une association un contrat de location d’une durée de
21 trimestre qui portait sur un copieur acquis pas Leasecom à une société SMRJ. Le
même jour, cette société conclu un contrat de maintenance. Mais Le 12 septembre 2018,
la société SMRJ fait l’objet d’un redressement puis d’une liquidation judiciaire.
L'association, juste après la liquidation judiciaire le 11 octobre 2018,
À l'aide divers dysfonctionnements notifie au liquidateur judiciaire la résiliation du
contrat de maintenance et déclare une créance au passif de la procédure. Le 24 octobre
suivant, elle se prévaut de cette interdépendance des contrats et notifie à la société
Leascom la caducité du contrat de location financière. Le liquidateur judiciaire ne réagit
pas, mais le 28 janvier 2019, il indique à l'association que le contrat de maintenance n'est
pas poursuivi et que le juge commissaire avait autorisé la cession du fichier de clients de
de la société SMRJ au profit d'une société tierce officiellement autorisée à se présenter
auprès de la clientèle pour proposer un nouveau contrat de maintenance. La société
Leascom, qui n'est plus payée par l'association, assigne l'association en résiliation du
contrat de location. Elle demande aussi la restitution du matériel, le paiement des loyers
et l'indemnité de résiliation.
Jugement en première instance :
Le tribunal judiciaire de Paris va prononcer la caducité du contrat de location financière
et rejeter toutes les demandes de la société leasecom en paiement d'indemnités
contractuelles et de dommages et intérêts et déboute également l'association de sa
demande reconventionnelle de dommages et intérêts. Pour cela, le tribunal judiciaire
reconnaît le caractère concomitant des contrats, la connaissance par le loueur de
l'existence d'un contrat de maintenance, déduisant cette connaissance du fait que le
loueur a exigé que le matériel soit maintenu en l’état et il relève que la clause fait une
distinction entre le défaut d'exécution du contrat qui oblige le locataire à chercher un
autre prestataire et l'anéantissement du contrat de maintenance qui lui va entraîner la
résiliation du contrat de de location financière. Il ajoute que lorsque le liquidateur
indique qu'il ne peut plus poursuivre le contrat mais qu'une société va pouvoir proposer
une nouvelle maintenance, cela signifie donc que l'association n'a pas à chercher elle-
même un nouveau prestataire. Le tribunal en déduit donc que, en application de 1186, le
contrat de location est donc caduc en conséquence de l'anéantissement du contrat de
fourniture de maintenance.
Jugement de la Cour d’Appel :
La Cour d'appel à un tout autre raisonnement et elle infirme le jugement.
Elle constate la résiliation de pleins droits du contrat de location financière, mais cette
fois pour le non-paiement des loyers au loueur.
Elle condamne l'association à payer au loueur financier une somme de 150 000€, car elle
considère que certes, l'association n'était pas tenue de conclure un nouveau contrat de
maintenance avec la nouvelle société, mais il lui appartenait de conclure un nouveau
contrat avec la société de son choix. La conclusion de ce nouveau contrat n'était pas
impossible et par conséquent, ne pouvant invoquer l'impossibilité de souscrire un contrat
de maintenance, il n'est pas possible d'invoquer une disparition du contrat de location
financière. De plus dit-elle, la société Leascom n'a pas été sollicitée lorsque le contrat de
maintenance a été signé entre l'association et la société SNRJ. Il déduit de ce qui précède
que l'association est mal fondée à réclamer la caducité du contrat de location financière.

Interrogations :

Pourquoi est-ce qu'un contrat aussi anodin qu'un contrat de maintenance peut faire
tomber un ensemble contractuel tout entier ?

La maintenance c’est rarement simple. En l’espèce il s’agit de remplacer des pièces


spécifiques au modèle et la fourniture de l’encre.
Pour un logiciel de téléphonie ou de vidéosurveillance par exemple, c'est bien plus
important. De plus, il sera tout à fait impossible de trouver une société qui va accepter de
partir d'un logiciel déjà existant qu'il n'a pas conçu pour entretenir un système dont il
n'est pas l'auteur. Ensuite, la maintenance et le plus souvent facturée avec la fourniture
et le loueur financier finance le tout.
Si bien que si le locataire doit, (comme en l’espèce) chercher une autre société pour la
maintenance, ça va engendrer un nouveau cout. Il ne va obtenir d'aucun tiers une
maintenance gratuite du matériel qui n'a pas fourni en conséquence. Il n'est pas possible
de continuer aux mêmes conditions de contrat, sauf à pouvoir dissocier le coût de la
maintenance du coût de la fourniture, ce qui n'est jamais fait

Remarque sur les modifications, notamment les alinéas 2 et 3 de 1186 :


- Si l’un des contrats disparait (contrat de maintenance ici) sont caduque les contrats
dont l'exécution est rendue impossible par cette disparition. Mais ici c’est l contrat
qui a disparu dont l’exécution est impossible (ou possible selon la cour d’appel) On
note alors ici une confusion de la part de la cour d’appel du contrat qui a disparu du
contrat dont l’exécution est devenue impossible du fait de cette disparition.
- Selon l’article précité, il suffit que l'exécution du contrat disparu ait été une condition
déterminante du consentement de l'une des parties pour que la caducité soit
encourue. Il faut alors établir que le cocontractant contre lequel est invoqué
connaissait l'existence de l'opération d'ensemble lorsqu'il a donné son consentement

L'arrêt rendu par la chambre commerciale la semaine dernière conforte les solutions
adoptées par chambre mixte en 2013 mais ne méconnaît en aucun cas les nouvelles
dispositions.
Les trois conditions :
 Une opération d’ensemble est pensée :
Une évidence par hypothèse, ces opérations qui sont construites par les fournisseurs et le
loueur financier qui sont très souvent d'ailleurs des filiales de leur société de fournitures
ou des partenaires habituels, sont présentés aux locataires comme un tout. Le matériel
n'est commandé que parce qu'il est financé par la location. La maintenance est
nécessaire à l'utilisation du matériel. Et le loueur finance pour permettre l'acquisition du
matériel.
 L’exécution des trois contrats forment un tout (fourniture maintenance location)
de sorte qu'il est normal de considérer que l'existence de ces 3 éléments a été
déterminant pour au moins une des parties.
 Connaissance du cocontractant de l’opération d’ensemble.
On peut surtout se demander comment le loueur (car il s’agit souvent du loueur)
n'aurait pas eu connaissance de cette opération puisqu'il est justement sollicité
pour financer une acquisition de matériel ?
Deux lectures différentes de la clause 4.6 du contrat : « Si le contrat de
maintenance n'est pas exécuté. Le locataire s'engage à faire assurer la
maintenance par quelqu'un d'autre, mais que si le contrat de maintenance est
anéanti, le contrat de location ne peut qu'être résilié. »
Le tribunal judiciaire en déduit que le loueur avait connaissance du caractère
tripartite de l’opération, caractère qui doit d’ailleurs être transmis par le bailleur
et non l’inverse.
La cour d’appel au contraire, admet l'interdépendance entre le contrat de
fourniture et de location, mais elle l'écarte pour le contrat de maintenance.
L'une y voit la preuve de l'autonomie des contrats, l'autre non.
Retour sur les arrêts de chambre mixte du 17 mai 2013 :
Communiqué : « rapidement par 2 arrêts du 17 mai 2013, la chambre mixte de la Cour de
cassation apporte une réponse aux problèmes essentiels et récurrents de
l'interdépendance contractuelle à l'origine d'un contentieux quantitativement important
et d'appréciation jurisprudentielle parfois disparates. Les deux espèces soumises portent
chacun sur une un ensemble de contrats comprenant un contrat de référence, une
convention de partenariat pour des diffusions publicitaires, un contrat de télé sauvegarde
informatique et un contrat de location financière du matériel nécessaire à l'exécution du
premier contrat. Dans chaque espèce, un contrat unique pivot de l'opération s'est engagé
avec 2 opérateurs distincts, le prestataire de service d'une part, le bailleur financier
d'autre part. À chaque fois, le contrat principal a été anéanti dans la première affaire, la
Cour d'appel retenant l'interdépendance des contrats, a écarté la clause de divisibilité
stipulée par les parties et a prononcé la résiliation du contrat de location. Dans la 2nde
affaire, la Cour d'appel de Lyon, Statuant comme Cour de renvoi après une première
cassation, a écarté au contraire l'interdépendance des conventions. La chambre
commerciale, financière et économique de la Cour de cassation a renvoyé les 2 pourvoi
en chambre mixte. La Cour de cassation vient préciser les éléments caractérisant
l'interdépendance contractuelle en qualifiant d'interdépendant les contrats concomitants
ou successifs s'inscrivant dans une opération incluant une location financière. En outre,
s'inspirant de la jurisprudence de la Chambre commerciale, elle juge que son réputé non
écrites les clauses de divisibilité contractuelle inconciliables avec cette interdépendance,
la chambre mixte rejette en conséquence le pourvoi contre la Cour d'appel de Paris et
casse l'arrêt de la Cour d'appel de Lyon. Par ces décisions la Cour de cassation remplit
pleinement son rôle normatif de création prétorienne du droit, mais aussi exerce sa
fonction régulatrice visant à harmoniser la jurisprudence sur l'ensemble du territoire. »

Deux critiques récurrentes :


1ère : Le cocontractant le contractant qu'on appelle pivot (locataire) serait le seul à retirer
un effet utile de la synergie qu'il organiserait entre les conventions. Dès lors, pourquoi
faire supporter aux 2 autres cocontractants qui n'ont rien à y gagner et ont même tout à
perdre une communauté de destin qui a été créée entre eux ?
Objection sur cette critique :
Ce n'est pas le locataire qui organise la synergie entre les contrats, mais bien le plus
souvent le fournisseur avec son loueur financier de référence.
Ensuite, on ne peut pas dire sérieusement que le fournisseur n'a rien à gagner et tout à
perdre à la conclusion de ces contrats interdépendants. Il a tout à y gagner car il vend du
matériel dont il est immédiatement et intégralement payé, en général, y compris les
prestations annexes (maintenance, prestations de surveillance, prestations
publicitaires...), ça fonctionne ou non. De plus il n’aurait sans doute pas vendu le matériel
sans le loueur financier car le locataire n'aurait pas accepté au bout de 2 ans de changer
de matériel si la location financière ne lui avait pas dissimulé le prix exorbitant payé pour
le changement en cours de contrat (ici donc plus de 75% plus cher que le matériel initial).
2nde : Si la volonté du locataire peut suffire à créer l'interdépendance, cette même volonté
doit pouvoir y renoncer à travers des clauses d'autonomie des contrats de cet ensemble
contractuel.

Discussion autour des clauses d’autonomie :


Très fréquent en matière location financière
Différentes formes :
Clauses expresses et explicites
Clauses qui tentent d’écarter la caducité du deuxième contrat qui sera résilié qui fera
donc jouer des clauses de résiliation qui mettent à la charge d’une partie le paiement
d’une somme équivalent à l’exécution complète du contrat
Clauses qui prévoient le remplacement d’un prestataire en cas de défaillance

Thomas Génicon :
Inquiétude majeure sur la portée de l’arrêt :
S’il s’agit d’affirmer de façon générale que les clauses d’exclusion d’interdépendance ne
sont jamais valables à chaque fois que des contrats d’interdépendant sont caractérisé =
c’est dangereux
Si c’est limité aux contrats de location financière, alors c’est tolérable
Si on extrapole et qu’on applique cela à tout le contrat interdépendant c’est dangereux et
cela déplace le risque injustement. De plus l’évolution suivante c’est de considérer que les
mobiles sont facilement contractualisés et que les juges puissent faire tomber des
contrats au motif qu’un des parties a perdu l’utilité du contrat (risque « d’incendie »)
Pour ce qui est des locations financières :
Ce sont des clauses de répartitions des risques, donc la liberté contractuelle doit jouer
quant à la répartition des risques. Problème quand la liberté contractuelle ne s’est pas
exprimée totalement (débat des clauses abusives 1171 voire 1170)
Car il se peut que l’une des parties voir les deux annonces ne pas vouloir
l’interdépendance. A quel nom serait-elle imposée ?
Ce serait uniquement une sorte de coup de force contre le cocontractant pivot faible.

Sarah Bros :
Position inverse car en matière de location financière, tant que tout fonctionne c’est bien
pour tous car le locataire paye des redevances qui seraient assimilables à des
remboursements de crédits sauf qu’il ne deviendra jamais propriétaire (contrairement au
crédit-bail ; de toute façon bien de courte durée donc poids pour lui s’il devenait
propriétaire)
Cependant, si la maintenance n’est pas assurée, il ne paye pour rien car son photocopier
par ex ne marche pas. C’est alors pas du tout la même chose que s’il contractait un crédit
de manière distincte car il n’y a pas de propriété à la fin (c’est pourquoi il faut qu’ils
soient interdépendants)

Petite réserve :
Sur le réputé non écrit
Car on le voit à l’article 1185 dernier alinéa cela semble une sanction légale. Alors
jurisprudence assimilée à la loi ? Petite limite à creuser
MAIS
En dehors des processus de financement (crédit-bail et location financière) quelle serait
la validité des clauses d’indépendance ?

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