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Intervenants :
2. Explosif
4 thèmes :
Exemples ; Philosophie et économie à travers les contrats ; Procédure ; Contractualisation de l’article
1186 : ordre public ?
I. Exemples
Premier exemple :
1000m2 d’exploitation commerciale en centre-ville
2 propriétaires : un a 500m2, exploités totalement commercialement l’autre pareil mais
exploité commercialement a 70% (30% réserve technique)
Lien entre les bailleurs, mais le bail où se trouvent les éléments techniques fait l’objet
d’une résiliation
Application d’article 1186 ?
Deuxième exemple :
Activité de restauration dans un centre commercial bail de 15m2 (labo) + autre bail :
terrasse de 90m2
La terrasse est située dans le mall, appartenant à la copro.
Avant l’ouverture de l’établissement, la sécurité passe et les pompiers refuse l’ouverture
de la terrasse (gène)
Doit-on continuer le contrat où se trouve le labo ?
Troisième exemple :
Profession libérale mais bail commercial (depuis 40 ans sur 4 niveaux de bureaux)
Le bailleur (unique) achète progressivement les étages
A la fin de la période de renouvellement, le bailleur conteste le montant du loyer et
demande au tribunal une expertise et une décision, qui ne lui est pas favorable. Il
conteste le montant du loyer et exerce son droit d’option et délivre un congé refus avec
une indemnité d’éviction sur les deux premiers étages. 50 :50
III. Procédure
L’autre partie doit être informé de la caducité.
Mise en demeure (dans quel délai ?)
Est-ce la compétence du même tribunal ?
Il faudrait alors une clause attributive de compétence pour être le plus efficace
Intervention forcée ou volontaire ?
Pas cap de répondre
Concernant les baux commerciaux : les lois et les arrêts de la CC sont fréquemment mise
de côté par la volonté contractuelle.
On demande souvent à l’autre partie d’y renoncer (jouissance paisible du locataire par ex,
imprévision, force majeure) Pourrait-on alors renoncer à 1186 ? Aprioris non
La Cour de cassation a déjà répondu dans un arrêt 15 février 2000 : en matière
d’indépendance des contrats, il est impossible d’y renoncer car c’est l’économie générale
des contrats.
Selon l'article 1186, alinéas 2 et 3, du code civil, lorsque l'exécution de plusieurs contrats
est nécessaire à la réalisation d'une même opération et que l'un d'eux disparaît, sont
caducs les contrats dont l'exécution est rendue impossible par cette disparition et ceux
pour lesquels l'exécution du contrat disparu était une condition déterminante du
consentement d'une partie, la caducité n'intervenant toutefois que si le contractant
contre lequel elle est invoquée connaissait l'existence de l'opération d'ensemble. Les
contrats concomitants ou successifs qui s'inscrivent dans une opération incluant une
location financière étant interdépendants, il en résulte que l'exécution de chacun de ces
contrats est une condition déterminante du consentement des parties, de sorte que,
lorsque l'un d'eux disparaît, les autres contrats sont caducs si le contractant contre lequel
cette caducité est invoquée connaissait l'existence de l'opération d'ensemble lorsqu'il a
donné son consentement. Dans les contrats formant une opération incluant une location
financière, sont réputées non écrites les clauses inconciliables avec cette
interdépendance
Les faits :
La société Leascom conclue avec une association un contrat de location d’une durée de
21 trimestre qui portait sur un copieur acquis pas Leasecom à une société SMRJ. Le
même jour, cette société conclu un contrat de maintenance. Mais Le 12 septembre 2018,
la société SMRJ fait l’objet d’un redressement puis d’une liquidation judiciaire.
L'association, juste après la liquidation judiciaire le 11 octobre 2018,
À l'aide divers dysfonctionnements notifie au liquidateur judiciaire la résiliation du
contrat de maintenance et déclare une créance au passif de la procédure. Le 24 octobre
suivant, elle se prévaut de cette interdépendance des contrats et notifie à la société
Leascom la caducité du contrat de location financière. Le liquidateur judiciaire ne réagit
pas, mais le 28 janvier 2019, il indique à l'association que le contrat de maintenance n'est
pas poursuivi et que le juge commissaire avait autorisé la cession du fichier de clients de
de la société SMRJ au profit d'une société tierce officiellement autorisée à se présenter
auprès de la clientèle pour proposer un nouveau contrat de maintenance. La société
Leascom, qui n'est plus payée par l'association, assigne l'association en résiliation du
contrat de location. Elle demande aussi la restitution du matériel, le paiement des loyers
et l'indemnité de résiliation.
Jugement en première instance :
Le tribunal judiciaire de Paris va prononcer la caducité du contrat de location financière
et rejeter toutes les demandes de la société leasecom en paiement d'indemnités
contractuelles et de dommages et intérêts et déboute également l'association de sa
demande reconventionnelle de dommages et intérêts. Pour cela, le tribunal judiciaire
reconnaît le caractère concomitant des contrats, la connaissance par le loueur de
l'existence d'un contrat de maintenance, déduisant cette connaissance du fait que le
loueur a exigé que le matériel soit maintenu en l’état et il relève que la clause fait une
distinction entre le défaut d'exécution du contrat qui oblige le locataire à chercher un
autre prestataire et l'anéantissement du contrat de maintenance qui lui va entraîner la
résiliation du contrat de de location financière. Il ajoute que lorsque le liquidateur
indique qu'il ne peut plus poursuivre le contrat mais qu'une société va pouvoir proposer
une nouvelle maintenance, cela signifie donc que l'association n'a pas à chercher elle-
même un nouveau prestataire. Le tribunal en déduit donc que, en application de 1186, le
contrat de location est donc caduc en conséquence de l'anéantissement du contrat de
fourniture de maintenance.
Jugement de la Cour d’Appel :
La Cour d'appel à un tout autre raisonnement et elle infirme le jugement.
Elle constate la résiliation de pleins droits du contrat de location financière, mais cette
fois pour le non-paiement des loyers au loueur.
Elle condamne l'association à payer au loueur financier une somme de 150 000€, car elle
considère que certes, l'association n'était pas tenue de conclure un nouveau contrat de
maintenance avec la nouvelle société, mais il lui appartenait de conclure un nouveau
contrat avec la société de son choix. La conclusion de ce nouveau contrat n'était pas
impossible et par conséquent, ne pouvant invoquer l'impossibilité de souscrire un contrat
de maintenance, il n'est pas possible d'invoquer une disparition du contrat de location
financière. De plus dit-elle, la société Leascom n'a pas été sollicitée lorsque le contrat de
maintenance a été signé entre l'association et la société SNRJ. Il déduit de ce qui précède
que l'association est mal fondée à réclamer la caducité du contrat de location financière.
Interrogations :
Pourquoi est-ce qu'un contrat aussi anodin qu'un contrat de maintenance peut faire
tomber un ensemble contractuel tout entier ?
L'arrêt rendu par la chambre commerciale la semaine dernière conforte les solutions
adoptées par chambre mixte en 2013 mais ne méconnaît en aucun cas les nouvelles
dispositions.
Les trois conditions :
Une opération d’ensemble est pensée :
Une évidence par hypothèse, ces opérations qui sont construites par les fournisseurs et le
loueur financier qui sont très souvent d'ailleurs des filiales de leur société de fournitures
ou des partenaires habituels, sont présentés aux locataires comme un tout. Le matériel
n'est commandé que parce qu'il est financé par la location. La maintenance est
nécessaire à l'utilisation du matériel. Et le loueur finance pour permettre l'acquisition du
matériel.
L’exécution des trois contrats forment un tout (fourniture maintenance location)
de sorte qu'il est normal de considérer que l'existence de ces 3 éléments a été
déterminant pour au moins une des parties.
Connaissance du cocontractant de l’opération d’ensemble.
On peut surtout se demander comment le loueur (car il s’agit souvent du loueur)
n'aurait pas eu connaissance de cette opération puisqu'il est justement sollicité
pour financer une acquisition de matériel ?
Deux lectures différentes de la clause 4.6 du contrat : « Si le contrat de
maintenance n'est pas exécuté. Le locataire s'engage à faire assurer la
maintenance par quelqu'un d'autre, mais que si le contrat de maintenance est
anéanti, le contrat de location ne peut qu'être résilié. »
Le tribunal judiciaire en déduit que le loueur avait connaissance du caractère
tripartite de l’opération, caractère qui doit d’ailleurs être transmis par le bailleur
et non l’inverse.
La cour d’appel au contraire, admet l'interdépendance entre le contrat de
fourniture et de location, mais elle l'écarte pour le contrat de maintenance.
L'une y voit la preuve de l'autonomie des contrats, l'autre non.
Retour sur les arrêts de chambre mixte du 17 mai 2013 :
Communiqué : « rapidement par 2 arrêts du 17 mai 2013, la chambre mixte de la Cour de
cassation apporte une réponse aux problèmes essentiels et récurrents de
l'interdépendance contractuelle à l'origine d'un contentieux quantitativement important
et d'appréciation jurisprudentielle parfois disparates. Les deux espèces soumises portent
chacun sur une un ensemble de contrats comprenant un contrat de référence, une
convention de partenariat pour des diffusions publicitaires, un contrat de télé sauvegarde
informatique et un contrat de location financière du matériel nécessaire à l'exécution du
premier contrat. Dans chaque espèce, un contrat unique pivot de l'opération s'est engagé
avec 2 opérateurs distincts, le prestataire de service d'une part, le bailleur financier
d'autre part. À chaque fois, le contrat principal a été anéanti dans la première affaire, la
Cour d'appel retenant l'interdépendance des contrats, a écarté la clause de divisibilité
stipulée par les parties et a prononcé la résiliation du contrat de location. Dans la 2nde
affaire, la Cour d'appel de Lyon, Statuant comme Cour de renvoi après une première
cassation, a écarté au contraire l'interdépendance des conventions. La chambre
commerciale, financière et économique de la Cour de cassation a renvoyé les 2 pourvoi
en chambre mixte. La Cour de cassation vient préciser les éléments caractérisant
l'interdépendance contractuelle en qualifiant d'interdépendant les contrats concomitants
ou successifs s'inscrivant dans une opération incluant une location financière. En outre,
s'inspirant de la jurisprudence de la Chambre commerciale, elle juge que son réputé non
écrites les clauses de divisibilité contractuelle inconciliables avec cette interdépendance,
la chambre mixte rejette en conséquence le pourvoi contre la Cour d'appel de Paris et
casse l'arrêt de la Cour d'appel de Lyon. Par ces décisions la Cour de cassation remplit
pleinement son rôle normatif de création prétorienne du droit, mais aussi exerce sa
fonction régulatrice visant à harmoniser la jurisprudence sur l'ensemble du territoire. »
Thomas Génicon :
Inquiétude majeure sur la portée de l’arrêt :
S’il s’agit d’affirmer de façon générale que les clauses d’exclusion d’interdépendance ne
sont jamais valables à chaque fois que des contrats d’interdépendant sont caractérisé =
c’est dangereux
Si c’est limité aux contrats de location financière, alors c’est tolérable
Si on extrapole et qu’on applique cela à tout le contrat interdépendant c’est dangereux et
cela déplace le risque injustement. De plus l’évolution suivante c’est de considérer que les
mobiles sont facilement contractualisés et que les juges puissent faire tomber des
contrats au motif qu’un des parties a perdu l’utilité du contrat (risque « d’incendie »)
Pour ce qui est des locations financières :
Ce sont des clauses de répartitions des risques, donc la liberté contractuelle doit jouer
quant à la répartition des risques. Problème quand la liberté contractuelle ne s’est pas
exprimée totalement (débat des clauses abusives 1171 voire 1170)
Car il se peut que l’une des parties voir les deux annonces ne pas vouloir
l’interdépendance. A quel nom serait-elle imposée ?
Ce serait uniquement une sorte de coup de force contre le cocontractant pivot faible.
Sarah Bros :
Position inverse car en matière de location financière, tant que tout fonctionne c’est bien
pour tous car le locataire paye des redevances qui seraient assimilables à des
remboursements de crédits sauf qu’il ne deviendra jamais propriétaire (contrairement au
crédit-bail ; de toute façon bien de courte durée donc poids pour lui s’il devenait
propriétaire)
Cependant, si la maintenance n’est pas assurée, il ne paye pour rien car son photocopier
par ex ne marche pas. C’est alors pas du tout la même chose que s’il contractait un crédit
de manière distincte car il n’y a pas de propriété à la fin (c’est pourquoi il faut qu’ils
soient interdépendants)
Petite réserve :
Sur le réputé non écrit
Car on le voit à l’article 1185 dernier alinéa cela semble une sanction légale. Alors
jurisprudence assimilée à la loi ? Petite limite à creuser
MAIS
En dehors des processus de financement (crédit-bail et location financière) quelle serait
la validité des clauses d’indépendance ?