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LEÇON 3.

LES RELATIONS DE DISTRIBUTION AVEC LES


CONSOMMATEURS

Les relations entre les distributeurs et les consommateurs sont pour une large part
soumises aux règles particulières du Droit de la consommation, codifié par la loi n°93-
949 du 26 juillet 1993, dont l’influence est incontestable.

On signalera dans les développements qui suivent quelques dispositions parmi les plus
marquantes.

Pendant longtemps, et en raison de l'absence de définition légale dans le Code de la


consommation, la définition du consommateur n'a pas été, au regard des différents
textes de droit de la consommation et, surtout, de leur application en jurisprudence,
parfaitement homogène.
Une définition du consommateur a – enfin ! – été donnée par la loi du 18 mars 2014
(dite Loi Hamon). Le consommateur y était défini comme :

Toute personne physique qui agit à des fins


n’entrant pas dans le cadre de son activité
commerciale, industrielle, artisanale ou libérale
(C. Conso., art. Préliminaire)

RAPPEL (V. Supra, Module 2, leçon 2, 4/) : Néanmoins, un oubli subsistait puisque les


définitions du non-professionnel et du professionnel n’avaient pas été posées, alors
que de nombreux textes du code de la consommation protègent les non-professionnels
dans leurs rapports avec les professionnels. En outre, l’activité agricole avait été
oubliée. L’ordonnance du 14 mars 2016 a donc abrogé l’article préliminaire du Code de
la consommation et l’a remplacé par un article liminaire entré en vigueur le 1er juillet
2016 et donnant les définitions du consommateur et du non-professionnel :

« Pour l'application du présent code, on entend


par :
- consommateur : toute personne physique qui
agit à des fins qui n'entrent pas dans le cadre de
son activité commerciale, industrielle,
artisanale, libérale ou agricole ;
- non-professionnel : toute personne morale qui
agit à des fins qui n'entrent pas dans le cadre de
son activité commerciale, industrielle,
artisanale, libérale ou agricole ;
- professionnel : toute personne physique ou
morale, publique ou privée, qui agit à des fins
entrant dans le cadre de son activité
commerciale, industrielle, artisanale, libérale ou
agricole, y compris lorsqu'elle agit au nom ou
pour le compte d'un autre professionnel » (C.
Conso., art. Liminaire)
La loi du 21 février 2017 (entrée en vigueur depuis le 23 février 2017) a estimé devoir
simplifier la définition du non-professionnel qui avait été, en 2016, déduite par une
interprétation a contrario de celle du professionnel. Désormais, l’article liminaire du
code de la consommation dispose :

« Pour l'application du présent code, on entend


par :
- consommateur : toute personne physique qui
agit à des fins qui n'entrent pas dans le cadre de
son activité commerciale, industrielle,
artisanale, libérale ou agricole ;
- non-professionnel : toute personne morale qui
n'agit pas à des fins professionnelles ;
- professionnel : toute personne physique ou
morale, publique ou privée, qui agit à des fins
entrant dans le cadre de son activité
commerciale, industrielle, artisanale, libérale ou
agricole, y compris lorsqu'elle agit au nom ou
pour le compte d'un autre professionnel ».

Avant la conclusion de tout contrat, tout professionnel vendeur ou prestataire de


services est tenu de mettre le consommateur en mesure de connaître les
caractéristiques essentielles du bien ou du service (C. consom., art. L. 111-1) et, par
voie de marquage, d'étiquetage, d'affichage ou par tout autre procédé approprié,
d'informer le consommateur sur les prix et les conditions particulières de la vente et de
l’exécution des services (C. consom., art. L. 112-1 (dispositions rappelées par C. com.,
art. L. 441-1). Lorsque la livraison du bien ou la fourniture de la prestation n'est pas
immédiate, le professionnel doit indiquer la date ou le délai auquel il s’engage à livrer
le bien ou à exécuter la presttion de service (C. consom., art. L.. 111-1, 3°). Si le
contrat n’indique aucune date, le professionnel est passible d’une amende
administrative dont le montant ne peut excéder 3 000 € pour une personne physique et
15 000 € pour une personne morale (C. consom., art. L.. 131-1). L'obligation d'informer
le consommateur pèse également sur le vendeur ou le fournisseur d'un produit ou
d'une prestation « à distance » ou « hors établissement », tenu notamment de
communiquer ses identité et coordonnées précises, le prix et ses modalités de
paiement (C. consom., art. L. 221-5, 1o, qui renvoie aux articles L. 111-1 et L. 111-2).
En toutes hypothèses, quel que soit le produit ou la prestation objet de la convention,
la loi retient l'exigence générale d'une présentation et rédaction claire et
compréhensible des clauses des contrats proposés aux consommateurs, qui
profiteront du sens le plus favorable en cas de doute sur l'interprétation des stipulations
(C. consom., art. L. 211-1 ; la disposition est également applicable aux contrats
conclus entre professionnels et non-professionnels : art. L. 211-4) [sur l'obligation
d'utiliser la langue française, V. L. no 94-665 du 4 août 1994 (JO 5 août) et Décr. no 95-
240 du 3 mars 1995, art. 2 (JO 5 mars) ; C. consom., art. L. 224-76, al. 3].

La publicité du professionnel fait également l’objet de dispositions spécifiques


destinées à éviter que le consentement du consommateur ne soit vicié. L’article L. 121-
2, 2° du Code de la consommation prohibe ainsi, quel que soit le support utilisé, la
publicité trompeuse, c’est-à-dire comportant des allégations, indications fausses ou de
nature à induire en erreur sur des informations concernant le bien ou la prestation de
service, l’identité du fabricant, des revendeurs, des prestataires, etc. La violation de
cette disposition est sanctionnée par une peine d’emprisonnement de deux ans et une
amende de 300 000 €, pouvant atteindre 50% du montant du budget publicitaire (C.
consom., art. L. 132-2). La publicité comparative est permise depuis 1992 mais
suppose pour ne pas être condamnable de n’être ni trompeuse ni de nature à induire
en erreur le consommateur, de porter sur des biens ou services répondant aux mêmes
besoins ou ayant le même objectif, de comparer objectivement une ou plusieurs
caractéristiques essentielles, pertinentes, vérifiables et représentatives de ces biens ou
services, dont le prix peut faire partie (V. C. consom., art. L. 122-1 et s.). La publicité
mentionnant une réduction de prix ou un prix promotionnel sur des produits
alimentaires périssables doit également comporter certaines mentions obligatoires (V.
C. com., art. L. 441-2). L’utilisation du mot soldes ou ses dérivés dans une publicité est
par ailleurs strictement réglementée (C. com., art. L. 310-3, II).

Certaines modalités de vente sont prohibées. Il en est ainsi pour :


a) les ventes « liées », par lesquelles la vente d’un produit est subordonnée à
l’achat d’une quantité imposée ou à l’achat concomitant d’un autre produit ou
d’un autre service ou par lesquelles la prestation d’un service est subordonnée
à celle d’un autre ou à l’achat d’un produit (C. consom., art. L. 121-11) ;
b) les ventes (ou prestations) avec « primes », par lesquelles le consommateur a
droit, à titre gratuit, à une prime (cadeau), sauf lorsqu’elle est constituée de
produits ou de services identiques à ceux faisant l’objet de la vente ou de la
prestation (C. consom., art. L. 121-19) ;
c) les ventes sans commande préalable du consommateur, dites par « envoi
forcé » (C. consom., art. L. 121-12. ; C. pén., art. R. 635-2) ;
d) les ventes « à la boule de neige », consistant soit à offrir des marchandises au
consommateur en lui faisant espérer l’obtention de ces marchandises à titre
gratuit ou contre remise d’une somme inférieure à leur valeur réelle s’il apporte
de nouveaux clients (C. consom., art. L. 121-15, 1°), soit à proposer à une
personne de collecter des adhésions ou de s’inscrire sur une liste en lui faisant
espérer des gains financiers résultant d’une progression géométrique du
nombre de personnes recrutées ou inscrites (C. consom., art. L. 121-15, 2°) ;
e) les ventes « sauvages » ou « à la sauvette », désignant l’offre de vente de
produits ou de fourniture de services en utilisant, dans des conditions
irrégulières, le domaine public de l’Etat, des collectivités locales et de leurs
établissements publics (C. com., art. L. 442-11).

Egalement interdite, la vente « à prix abusivement bas » mérite une attention
particulière dans la mesure où elle constitue, au même titre que certaines ententes et
abus de domination, une pratique anticoncurrentielle illicite (V. supra) avec, en outre, la
particularité de ne pouvoir bénéficier d’un rachat (V. infra). La prohibition des offres ou
pratiques de prix de vente abusivement bas (dits « prix prédateurs ») a été introduite
dans l’ordonnance de 1986 (Or. 1986, art. 10-1) par la loi Galland du 1 er juillet 1996 et
est aujourd’hui édictée par l’article L. 420-5 du Code de commerce. La condamnation
autonome de cette pratique et non plus, comme dans le passé, au titre des ententes ou
abus de position dominante, est destinée à prévenir les tentatives d’élimination de
concurrents par des prix de vente très inférieurs aux prix de revient. Complément de
l’interdiction de la revente à perte (V. supra), la prohibition ne s’applique pas aux
produits revendus en l’état, excepté les enregistrements sonores sur supports
matériels (C. com., art. L. 420-5 al. 4). La pratique n’est condamnable qu’après réunion
de plusieurs conditions : - devra être démontré le caractère anormalement bas du prix
du produit : le prix de vente devra donc être anormalement bas au regard des coûts de
production, de transformation et de commercialisation, ces derniers comportant
impérativement tous les frais résultant des obligations légales et réglementaires liées à
la sécurité des produits ; - l’offre ou la vente devra avoir été réalisée auprès d’un
consommateur, c’est à dire « toute personne physique qui agit à des fins qui n'entrent
pas dans le cadre de son activité commerciale, industrielle, artisanale, libérale ou
agricole » (C. conso, art. Liminaire); - la pratique devra avoir pour objet ou effet
d’éliminer d’un marché ou d’empêcher son accès à une entreprise ou l’un de ses
produits. Le marché pertinent devra, donc, au préalable être déterminé (V. supra) ; - en
dernier lieu, le lien de causalité entre cette élimination et le recours à des prix
anormalement bas devra être établi. Outre des mesures conservatoires (V. C. Com.,
art. L. 464-1), l’Autorité de la concurrence pourra prononcer contre les auteurs d’offres
ou de ventes à prix abusivement bas les sanctions pécuniaires prévues pour les
pratiques anticoncurrentielles (V. supra). Cependant, aucune sanction pénale ne
pourra être prononcée à l’encontre de la personne physique poursuivie (V. C. Com.,
art. L. 420-6).

D’autres modalités de vente font l’objet d’une réglementation spécifique, dont la


méconnaissance est pénalement sanctionnée. Ainsi en est-il pour :
a) les ventes « au déballage », désignant les ventes de marchandises dans des
locaux ou sur des emplacements non destinés à la vente au public de ces
marchandises, ainsi qu’à partir de véhicules spécialement aménagés à cet effet
(C. com., art. L. 310-2, I) ; ce type de vente nécessite une autorisation préalable
du maire ou du préfet et ne peut excéder deux mois par année civile ;
b) les « soldes », définies comme les ventes accompagnées ou précédées de
publicité et annoncées comme tendant, par une réduction de prix, à
l’écoulement accéléré de marchandises en stock (C. com., art. L. 310-3) les
soldes ne peuvent être réalisées que deux fois par an et pour une durée
minimale de trois semaines et maximale de six semaines dont les dates sont
fixées par un arrêté du ministre chargé de l’économie ;
c) les « liquidations », définies comme les ventes accompagnées ou précédées de
publicité et annoncées comme tendant, par une réduction de prix, à
l’écoulement accéléré de la totalité ou d’une partie des marchandises d’un
établissement commercial à la suite d’une décision de cessation, de
suspension saisonnière ou de changement d’activité ou de modification
substantielle des conditions d’exploitation (C. com., art. L. 310-1) ; la liquidation
suppose une déclaration préalable auprès de la municipalité concernée valable
deux mois et que son bénéficiaire justifie dans les six mois de celle-ci de la
réalisation de l’évènement ayant motivé sa demande ;
d) les ventes en « magasin ou dépôt d’usine » (C. com., art. L. 310-4) ;
e) les ventes et les prestations « à distance », c'est-à-dire conclues « sans la
présence physique simultanée des parties, entre un consommateur et un
professionnel, par le recours exclusif à une ou plusieurs techniques de
communication à distance jusqu'à la conclusion du contrat » (C. consom.,
art. L. 221-1, I, 1o) ; relèvent de cette catégorie les ventes par correspondance,
par téléphone, par « télé-achat » ou par voie électronique ; toute une série
d’informations devront être communiquées au consommateur par le
professionnel (C. consom., art. L. 221-11 et L. 221-14 qui renvoient tous deux à
L. 211-5), qui devra encore en opérer confirmation par support durable, dans un
délai raisonnable après la conclusion du contrat et au plus tard au moment de
la livraison (C. consom., art. L. 221-13) ; l’article L. 216-1, al. 2 prévoit en outre
que sauf volonté contraire des parties, le fournisseur doit exécuter la
commande dans le délai de 30 jours après la conclusion du contrat;
f) les ventes et prestations conclues « hors établissement » (anciennement
dénommées ventes par démarchage), c'est-à-dire : a/ dans un lieu qui n'est pas
celui où le professionnel exerce son activité en permanence ou de manière
habituelle, en la présence physique simultanée des parties, y compris à la suite
d'une sollicitation ou d'une offre faite par le consommateur ; b/ dans le lieu où le
professionnel exerce son activité en permanence ou de manière habituelle ou
au moyen d'une technique de communication à distance, immédiatement après
que le consommateur a été sollicité personnellement et individuellement dans
un lieu différent de celui où le professionnel exerce en permanence ou de
manière habituelle son activité et où les parties étaient, physiquement et
simultanément, présentes ; c/ ou pendant une excursion organisée par le
professionnel ayant pour but ou pour effet de promouvoir et de vendre des
biens ou des services au consommateur (C. consom., art. L. 221-1, I, 2o). Le
démarchage peut aussi intervenir par téléphone ou par tout autre moyen
technique équivalent (C. consom., art. L. 221-16).

A la différence des rapports entre professionnels (V. Module 3, NC 2), le refus de vente
ou de prestation de service opposé par un professionnel à un consommateur demeure
condamnable. Initialement prévue par l’ordonnance du 1er décembre 1986, la
prohibition était reprise depuis 1993 par l’article L. 122-1 du Code de la consommation,
et depuis 2016 par l’article L. 121-11. Sauf motif légitime (indisponibilité du produit ;
mauvaise foi du demandeur ; comportement injurieux du demandeur), le refus expose
son auteur aux peines d’amende prévues pour les contraventions de la 5e classe (C.
consom., art. R. 132-1 : 1500 euros pour une personne physique, 7500 euros pour une
personne morale), et, au plan civil, à réparer le préjudice causé.

Après sa conclusion, le contrat intervenu entre un professionnel et un consommateur


peut être remis en cause par l’exercice d’un droit de rétractation reconnu au seul
bénéfice du consommateur afin de lui permettre de mûrir son consentement. Cette
faculté unilatérale peut être exercée dans un délai de quatorze jours à compter de la
conclusion du contrat au cas de prestations de services ou après la réception pour les
biens ou de l'acceptation de l'offre pour les prestations lorsque l'opération a été
souscrite « à distance » ou « hors établissement » (C. consom., art. L. 221-18) prorogé
de douze mois lorsque toutes les informations prévues à l'article L. 221-5) n'ont pas été
communiquées au consommateur (C. consom., art. L. 221-20).

Sans remettre, en principe, en cause le contrat en son entier (V. cep. C. consom.,


art. L. 241-1, al. 2), certaines clauses stipulées dans un contrat, quelles qu'en soient la
forme ou le support (V. la liste de l'art. L. 212-1, al. 6 : bons de commande, factures,
bordereaux ou bons de livraison, etc.), conclu avec un consommateur (ou un non-
professionnel, Art. L. 212-2) pourront être réputées non écrites si leur caractère abusif
est avéré. L’article L. 212-1 al. 1er du Code de la consommation, dans sa rédaction
issue de la loi n°95-96 du 1er février 1995 opérant transposition de la directive
communautaire n°93/13/CE du 5 avril 1993 (JOCE, n° L 95, 21 avr.) définit la clause
abusive comme la clause :

« qui a pour objet ou pour effet de créer, au


détriment du non-professionnel ou du
consommateur, un déséquilibre significatif entre
les droits et obligations des parties au contrat ».

Un décret (Décr. n°78-464 du 24 mars 1978), aujourd’hui codifié à l’article R. 212-1 du


Code de la consommation), a déterminé des types de clauses considérées comme
irréfragablement abusives et à ce titre interdites :

«... les clauses ayant pour objet ou pour effet


de :
1° Constater l'adhésion du consommateur à des
clauses qui ne figurent pas dans l'écrit qu'il
accepte ou qui sont reprises dans un autre
document auquel il n'est pas fait expressément
référence lors de la conclusion du contrat et
dont il n'a pas eu connaissance avant sa
conclusion ;

2° Restreindre l'obligation pour le professionnel


de respecter les engagements pris par ses
préposés ou ses mandataires ;

3° Réserver au professionnel le droit de modifier


unilatéralement les clauses du contrat relatives
à sa durée, aux caractéristiques ou au prix du
bien à livrer ou du service à rendre ;

4° Accorder au seul professionnel le droit de


déterminer si la chose livrée ou les services
fournis sont conformes ou non aux stipulations
du contrat ou lui conférer le droit exclusif
d'interpréter une quelconque clause du contrat ;

5° Contraindre le consommateur à exécuter ses


obligations alors que, réciproquement, le
professionnel n'exécuterait pas ses obligations
de délivrance ou de garantie d'un bien ou son
obligation de fourniture d'un service ;

6° Supprimer ou réduire le droit à réparation du


préjudice subi par le consommateur en cas de
manquement par le professionnel à l'une
quelconque de ses obligations ;

7° Interdire au consommateur le droit de


demander la résolution ou la résiliation du
contrat en cas d'inexécution par le
professionnel de ses obligations de délivrance
ou de garantie d'un bien ou de son obligation de
fourniture d'un service ;

8° Reconnaître au professionnel le droit de


résilier discrétionnairement le contrat, sans
reconnaître le même droit au consommateur ;

9° Permettre au professionnel de retenir les


sommes versées au titre de prestations non
réalisées par lui, lorsque celui-ci résilie lui-
même discrétionnairement le contrat ;

10° Soumettre, dans les contrats à durée


indéterminée, la résiliation à un délai de préavis
plus long pour le consommateur que pour le
professionnel ;

11° Subordonner, dans les contrats à durée


indéterminée, la résiliation par le consommateur
au versement d'une indemnité au profit du
professionnel ;

12° Imposer au consommateur la charge de la


preuve, qui, en application du droit applicable,
devrait incomber normalement à l'autre partie au
contrat.

Une liste indicative de clauses pouvant (pouvant seulement) être regardées comme
abusives si elles satisfont les conditions de l’article L. 212-1 a par ailleurs été édictée
par l’article R. 212-2 du Code de la consommation.

« Dans les contrats conclus entre des


professionnels et des consommateurs, sont
présumées abusives au sens des dispositions
des premier et cinquième alinéas de l'article L.
212-1, sauf au professionnel à rapporter la
preuve contraire, les clauses ayant pour objet
ou pour effet de :

1° Prévoir un engagement ferme du


consommateur, alors que l'exécution des
prestations du professionnel est assujettie à
une condition dont la réalisation dépend de sa
seule volonté ;

2° Autoriser le professionnel à conserver des


sommes versées par le consommateur lorsque
celui-ci renonce à conclure ou à exécuter le
contrat, sans prévoir réciproquement le droit
pour le consommateur de percevoir une
indemnité d'un montant équivalent, ou égale au
double en cas de versement d'arrhes au sens de
l'article L. 214-1, si c'est le professionnel qui
renonce ;

3° Imposer au consommateur qui n'exécute pas


ses obligations une indemnité d'un montant
manifestement disproportionné ;

4° Reconnaître au professionnel la faculté de


résilier le contrat sans préavis d'une durée
raisonnable ;

5° Permettre au professionnel de procéder à la


cession de son contrat sans l'accord du
consommateur et lorsque cette cession est
susceptible d'engendrer une diminution des
droits du consommateur ;

6° Réserver au professionnel le droit de modifier


unilatéralement les clauses du contrat relatives
aux droits et obligations des parties, autres que
celles prévues au 3° de l'article R. 212-1 ;

7° Stipuler une date indicative d'exécution du


contrat, hors les cas où la loi l'autorise ;

8° Soumettre la résolution ou la résiliation du


contrat à des conditions ou modalités plus
rigoureuses pour le consommateur que pour le
professionnel ;

9° Limiter indûment les moyens de preuve à la


disposition du consommateur ;

10° Supprimer ou entraver l'exercice d'actions


en justice ou des voies de recours par le
consommateur, notamment en obligeant le
consommateur à saisir exclusivement une
juridiction d'arbitrage non couverte par des
dispositions légales ou à passer exclusivement
par un mode alternatif de règlement des litiges”

Le pouvoir d’intervention du juge n’est cependant pas limité à la liste des clauses
déclarées abusives et interdites et s’exerce par conséquent sur des clauses qui, bien
que non visées par le Code, peuvent être qualifiées d’abusives au sens de l’article L.
212-1 du Code de la consommation.

Le caractère abusif d’une clause s’apprécie en se référant, au moment de la


conclusion du contrat, à toutes les circonstances qui entourent sa conclusion, de
même qu’à toutes les autres clauses du contrat, ainsi qu’au regard de celles contenues
dans un autre contrat lorsque la conclusion ou l’exécution de ces deux contrats
dépendent juridiquement l’une de l’autre (C. consom., art. L. 212-1 al. 2). Sous réserve
que les clauses soient rédigées de façon claire et compréhensible, cette appréciation
ne peut porter ni sur la définition de l’objet du contrat, ni sur l’adéquation du prix ou de
la rémunération au bien vendu ou au service offert, pour autant que les clauses soient
rédigées de façon claire et compréhensible (C. consom., art. L. 212-1 al. 3).

Demeure le problème de la détermination du champ d’application de la législation sur


les clauses abusives, la loi du 1er février 1995 ayant opéré reprise, à l’identique (V. C.
consom., art. L. 212-1, al. 1er conjugué avec L. 212-2), de l’ambiguë formule « contrats
conclus entre professionnels et non-professionnels ou consommateurs » retenue par la
loi du n°78-23 du 10 janvier 1978 jetant les premières bases du régime de protection.
Après avoir tour à tour opté pour une analyse restrictive puis extensive de la notion de
consommateur en admettant que le professionnel puisse obtenir protection lorsqu’il
est, relativement au contenu du contrat en cause, dans le même état d’ignorance que
n’importe quel autre consommateur, la Cour de cassation est revenue à une
conception plus étroite en adoptant comme critère d’exclusion du domaine de la
législation sur les clauses abusives le critère du rapport direct utilisé en matière de
démarchage à domicile (V. supra).

Le professionnel « profane » n’est donc pas


protégé et, donc, pas assimilé à un
consommateur lorsque le contrat a un « rapport
direct » avec son activité professionnelle.

Mais l’appréciation du caractère direct du rapport entre l’activité professionnelle et le


contrat demeure la prérogative des juges du fond. Les dernières décisions, pour
lesquelles la définition du non-professionnel n’était pas applicable, s’àvèrent peu
conciliables entre elles pour l’intreprête ..

Ainsi :
RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

LA COUR DE CASSATION, TROISIÈME CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt


suivant :

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Dijon, 26 juin 2018), que, par contrat du 23 septembre
2013, la société civile immobilière Pela (la SCI) a confié à M. B..., architecte, la
maîtrise d'oeuvre complète de la construction d'un bâtiment à usage professionnel, le
contrat prévoyant que, même en cas d'abandon du projet, pour quelque raison que ce
soit, les honoraires seraient dus et réglés en totalité au maître d'oeuvre ; que, la SCI Pela
ayant abandonné son projet, M. B... l'a assignée en paiement d'une somme
correspondant à l'intégralité des honoraires prévus au contrat ;

Attendu que M. B... fait grief à l'arrêt de déclarer abusive la clause insérée dans le
contrat de maîtrise d'oeuvre, d'en prononcer la nullité, de rejeter sa demande en
paiement formée sur le fondement de cette clause et de limiter le montant de ses
honoraires, alors, selon le moyen :

1°/ qu'est un professionnel toute personne morale qui agit à des fins professionnelles ;
qu'en retenant que la SCI Pela n'avait pas conclu le contrat de maitrise d'oeuvre en
qualité de professionnelle, cependant qu'elle constatait elle-même que la SCI Pela «
a[vait] pour objet social l'investissement et la gestion immobiliers, notamment la mise
en location d'immeubles dont elle a fait l'acquisition », de sorte que la construction du
bâtiment, en vue de laquelle était conclu le contrat de maîtrise d'oeuvre, relevait de son
activité professionnelle et poursuivait des fins professionnelles, la cour d'appel a violé
l'article liminaire du code de la consommation, ensemble les articles L. 212-1 et L. 212-
2 du même code ;

2°/ qu'est un professionnel toute personne morale qui agit à des fins professionnelles ;
qu'en retenant, pour conclure que la SCI Pela avait conclu le contrat de maîtrise
d'oeuvre en qualité de non-professionnel, que le domaine de la construction faisait appel
à des « connaissances ainsi qu'à des compétences techniques spécifiques qui sont
radicalement distinctes de celles exigées par la seule gestion immobilière », quand seule
importait la finalité professionnelle poursuivie par la SCI, la cour d'appel a violé l'article
liminaire du code de la consommation, ensemble les articles L. 212-1 et L. 212-2 du
même code ;

3°/ qu'en toute hypothèse, ne sont pas abusives les clauses qui ne visent qu'à assurer le
caractère obligatoire du contrat ; qu'en retenant que la clause prévoyant que « même en
cas d'abandon du projet, pour quelque raison que ce soit, les honoraires seront dus et
réglés en totalité au maître d'oeuvre », était abusive, quand une telle clause ne faisait
que sanctionner l'inexécution du contrat par le maître de l'ouvrage, la cour d'appel a
violé l'article L. 212-1 du code de la consommation ;

Mais attendu, d'une part, qu'ayant relevé que la SCI avait pour objet social
l'investissement et la gestion immobiliers, et notamment la mise en location
d'immeubles dont elle avait fait l'acquisition, qu'elle était donc un professionnel de
l'immobilier, mais que cette constatation ne suffisait pas à lui conférer la qualité de
professionnel de la construction, qui seule serait de nature à la faire considérer comme
étant intervenue à titre professionnel à l'occasion du contrat de maîtrise d'œuvre
litigieux dès lors que le domaine de la construction faisait appel à des connaissances
ainsi qu'à des compétences techniques spécifiques distinctes de celles exigées par la
seule gestion immobilière, la cour d'appel en a déduit, à bon droit, que la SCI n'était
intervenue au contrat litigieux qu'en qualité de maître de l'ouvrage non professionnel, de
sorte qu'elle pouvait prétendre au bénéfice des dispositions de l'article L. 132-1 du code
de la consommation, dans sa rédaction antérieure à celle issue de l'ordonnance du 14
mars 2016 ;
Attendu, d'autre part, qu'ayant relevé que la clause litigieuse avait pour conséquence de
garantir au maître d'œuvre, par le seul effet de la signature du contrat, le paiement des
honoraires prévus pour sa prestation intégrale, et ce quel que fût le volume des travaux
qu'il aurait effectivement réalisés, sans qu'il n'en résultât aucune contrepartie réelle pour
le maître de l'ouvrage, qui, s'il pouvait mettre fin au contrat, serait néanmoins tenu de
régler au maître d'œuvre des honoraires identiques à ceux dont il aurait été redevable si
le contrat s'était poursuivi jusqu'à son terme, la cour d'appel a retenu à bon droit que
cette clause constituait une clause abusive ;

D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

Condamne M. B... aux dépens ;

Vu l'article 700 du code de procédure civile, rejette la demande de M. B... ;

Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, troisième chambre civile, et prononcé par le
président en son audience publique du sept novembre deux mille dix-neuf.

Et :

RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant :

Attendu, selon l'arrêt attaqué, que, suivant acte du 3 avril 1995, la société Electricité de France
(la société EDF) a consenti à M. L..., salarié de la société, et à son épouse (les emprunteurs) un
prêt relevant du dispositif d'aide à l'accession à la propriété, soumis à la loi n° 79-596 du 13
juillet 1979 relative à l'information et à la protection des emprunteurs dans le domaine
immobilier, en vue de financer l'acquisition de leur habitation principale, remboursable en deux
cent quarante mensualités ; que, le 1er janvier 2002, M. L... a démissionné de l'entreprise ;
qu'après avoir fait application de la clause de résiliation de plein droit du contrat de prêt en cas
de cessation d'appartenance du salarié à son personnel, la société EDF a assigné les emprunteurs
en paiement de diverses sommes ;

Sur le moyen unique, pris en ses première et troisième branches :

Vu l'article L. 132-1 du code de la consommation, dans sa rédaction antérieure à celle issue de


l'ordonnance n° 2016-301 du 14 mars 2016, et l'article 2, sous b) et sous c), de la directive
93/13/CEE du Conseil du 5 avril 1993 concernant les clauses abusives dans les contrats conclus
avec les consommateurs ;

Attendu que, selon le premier texte, dans les contrats conclus entre professionnels et non-
professionnels ou consommateurs, sont abusives les clauses qui ont pour objet ou pour effet de
créer, au détriment du non-professionnel ou du consommateur, un déséquilibre significatif entre
les droits et obligations des parties au contrat ;
Attendu que, par arrêt du 19 mars 2019 (C-590/17), la Cour de justice de l'Union européenne
(CJUE) a dit pour droit que :

1) L'article 2, sous b), de la directive 93/13/CEE du Conseil, du 5 avril 1993, concernant les
clauses abusives dans les contrats conclus avec les consommateurs, doit être interprété en ce
sens que le salarié d'une entreprise et son conjoint, qui concluent avec cette entreprise un contrat
de crédit, réservé, à titre principal, aux membres du personnel de ladite entreprise, destiné à
financer l'acquisition d'un bien immobilier à des fins privées, doivent être considérés comme des
« consommateurs », au sens de cette disposition ;

2) L'article 2, sous c), de la directive doit être interprété en ce sens que ladite entreprise doit être
considérée comme un « professionnel », au sens de cette disposition, lorsqu'elle conclut un tel
contrat de crédit dans le cadre de son activité professionnelle, même si consentir des crédits ne
constitue pas son activité principale ;

Attendu que, pour dire que la résiliation de plein droit du contrat est intervenue le 1er janvier
2002 et condamner les emprunteurs à payer à la société EDF une certaine somme, augmentée
des intérêts au taux contractuel de 6 % l'an à compter de cette date, sauf à déduire les sommes
postérieurement versées, ainsi qu'une somme au titre de la clause pénale augmentée des intérêts
au taux légal à compter de la même date, l'arrêt retient que c'est en sa seule qualité d'employeur
et au regard de l'existence d'un contrat de travail le liant à M. L... que la société EDF lui a
octroyé, ainsi qu'à son épouse, un contrat de prêt immobilier, que cette société n'est pas un
professionnel au sens de l'article L. 132-1 du code de la consommation, quand bien même il
existerait en son sein un département particulier gérant les avances au personnel, et que les
emprunteurs n'ont pas la qualité de consommateurs au sens de ce texte ;

Qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;

Et sur la quatrième branche du moyen :

Vu l'article L. 132-1 du code de la consommation, dans sa rédaction antérieure à celle issue de


l'ordonnance n° 2016-301 du 14 mars 2016, et l'article 2, sous b) et sous c), de la directive
93/13/CEE du Conseil, du 5 avril 1993, concernant les clauses abusives dans les contrats
conclus avec les consommateurs ;

Attendu que, pour exclure le caractère abusif de la clause stipulant la résiliation de plein droit du
prêt consenti à un salarié et à son épouse en cas de rupture du contrat de travail, l'arrêt énonce
que cette clause s'inscrit dans un contrat qui présente des avantages pour le salarié et équilibre
ainsi la clause de résiliation de plein droit ;

Qu'en statuant ainsi, alors que, prévoyant la résiliation de plein droit du contrat de prêt pour une
cause extérieure à ce contrat, afférente à l'exécution d'une convention distincte, une telle clause
crée un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au détriment du
consommateur ainsi exposé à une aggravation soudaine des conditions de remboursement et à
une modification substantielle de l'économie du contrat de prêt, la cour d'appel a violé les textes
susvisés ;

Et vu les articles L. 411-3, alinéa 2, du code de l'organisation judiciaire et 1015 du code de


procédure civile ;

PAR CES MOTIFS et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres branches du moyen :
CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 12 septembre 2014, entre les
parties, par la cour d'appel de Saint-Denis de la Réunion ;

DIT n'y avoir lieu à renvoi du chef du caractère abusif de la clause de résiliation prévue à
l'article 7 du contrat de prêt immobilier consenti le 17 mars 1995 par la société EDF à M. et
Mme L... ;

CONSTATE le caractère abusif de cette clause ;

DIT qu'elle est réputée non écrite ;

Renvoie la cause et les parties devant la cour d'appel de Saint-Denis de la Réunion, autrement
composée, mais seulement pour qu'elle statue sur les autres points en litige ;

Condamne la société EDF aux dépens ;

Vu l'article 700 du code de procédure civile, la condamne à payer à la SCP Potier de La Varde,
Buk-Lament et Robillot, avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation, la somme globale de
3 000 euros ;

Dit que sur les diligences du procureur général près la Cour de cassation, le présent arrêt sera
transmis pour être transcrit en marge ou à la suite de l'arrêt cassé ;

Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, première chambre civile, et prononcé par le président
en son audience publique du cinq juin deux mille dix-neuf.

La nouvelle définition du non-professionnel, introduite dans le code la consommation


par La loi du 21 février 2017 (V. supra, Module 2, Leçon 1, 4/), devrait endiguer dans
les années à venir l’applicabilité du dispositif protecteur des clauses abusives en faveur
des non-’professionnels. Car c’est le critère de la finalité de l’acte qui est seul pris
en compte, et plus celui très aléatoire du rapport direct q’avait retenu la
jurisprudence..

L’Avenir le dira.

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