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INTRODUCTION

L’économie de marché connaît aujourd’hui un essor incontestablement mondial. De


plus, l’évolution du commerce et la libéralisation croissante des investissements laisse une
large place à la concurrence dont le principe fondamental tourne autour de la liberté ; une
liberté n’étant pas toutefois absolue. L’essor de l’économie de marché s’est accompagné
d’une évolution majeure de la régulation de la concurrence non seulement à travers
l’adoption d’un droit de la concurrence, mais également la mise en place d’outils de
régulation ou encore de mécanismes institutionnels et juridiques suffisamment solides pour
éviter la mise en œuvre de nombreuses pratiques frauduleuses par les acteurs économiques.
De ce fait, de nombreux pays devraient se doter de tous les outils et mécanismes
nécessaires pour la régulation de la concurrence. D’ailleurs, au Cameroun, au regard du
développement économique, de nombreuses réglementations ont été mise en place ; à
l’instar de la loi N°2015/018 du 21 Décembre 2015 régissant l’activité commerciale au
Cameroun, qui ne saurait exclure le domaine de la régulation de la concurrence. Mais,
comment la loi N°2015/018 du 21 Décembre 2015, contribue-t-elle à la régulation de la
concurrence au Cameroun ? il nous reviendra de se prononcer sur l’apport de cette loi sur
la régulation de la concurrence premièrement à travers une analyse du contenu de la loi
N°2015/018 du 21 Décembre 2015 (I) et deuxièmement une appréciation logique de la
portée de cette loi (II)

I- Analyse du contenu de la loi :

A- Prohibition des pratiques anticoncurrentielles par la loi de 2015 :

Il faudrait noter que le terme « prohibition » ici signifie « interdiction légale » ; ce


qui revient donc à montrer comment le législateur interdit les pratiques
anticoncurrentielles.

En effet, la libre concurrence est le principe, et la limitation de cette libre


concurrence en constitue l’exception (réglementation du jeu de la concurrence). Dans le
but de préserver les intérêts, objet de son économie, le législateur intervient pour délimiter
les contours de la libre concurrence.

Ainsi, le législateur camerounais pour prohiber les pratiques anticoncurrentielles,


identifie dans la loi de 2015, régissant l’activité commerciale au Cameroun, les pratiques
commerciales illicites et les pratiques commerciales trompeuses, plus précisément en ses
articles 79, 80, 81.

Communément dénommées pratiques anticoncurrentielles déloyales, ces pratiques


commerciales trompeuses sont multiples à savoir:

- Dénigrement :

Qui est le fait de jeter du discrédit notamment au moyen de la publicité sur les
produits ou sur la personne d’un concurrent. Le dénigrement se réalise la plupart du temps
par des comparaisons à l’avantage de l’auteur au moyen d’affirmation malveillantes ou en
présentant les dangers encourues par ceux qui traitent avec le concurrent.

Cette pratique est réprimée par l’art 81(A) de la loi du 21 DEC 2015 régissant
l’activité commerciale au Cameroun : « Toute référence pouvant déconsidérer une
entreprise ou un produit spécifique, ainsi que une déclaration ou une présentation visuelle
qui offense les bonnes mœurs, l’ordre publique et la morale en général, ou qui soit de
nature par voie d’omission, d’ambigüité ou de mensonge délibéré, à abuser de la confiance
du consommateur ».

- La confusion :

C’est une pratique consistant à user du renom d’une entreprise pour faire
fallacieusement croire à la clientèle qu’elle a tjrs à faire à la même entreprise ou au même
produit. La conclusion découle notamment de l’usage indu du Nom commercial du
concurrent, de son enseigne, de sa marque ou de tout autre signe distinctif. Il s’agit d’une
conséquence de l’imitation ;

Cette pratique est réprimée par l’art 81(D) de la loi du 21 DEC 2015 régissant
l’activité commerciale au Cameroun : « Toute publicité commerciale trompeuse,
notamment celle qui comporte des éléments susceptibles de créer la confusion avec un
autre vendeur, ses produits, ses services ou son activité ».
- La désorganisation

Qui est un procédé subtile de concurrence déloyale qui se réalise par divers moyens
visant à paralyser l’activité du concurrent, notamment en divulguant, en débauchant ou en
corrompant son personnel en vue de s’approprier un savoir faire ou de détourner la
clientèle, en détournant ses commande.

Parmi ces pratiques anticoncurrentielles, on pourrait aussi citer : le Parasitisme et la


Para commercialité qui sont prohibés par la loi de 2015.

B- SANCTIONS S’Y AFFECTANT DANS LA LOI DE 2015 RELATIVE À


L’ACTIVITÉ COMMERCIALE AU CAMEROUN.

Les sanctions prévues par la loi du 21 décembre 2015 relative à l’activité


commerciale au Cameroun se décèlent lors du non-respect ou de la violation des
obligations et interdictions prévues par ladite loi. Ainsi, pour réprimer ces interdictions, le
législateur camerounais distingue les sanctions administratives des sanctions pénales
notamment au Chapitre I, Sections I et II de ladite loi.

- Les sanctions administratives

Les sanctions administratives sont une décision unilatérale à caractère punitif qui
émane d’une autorité administrative envers une personne qui a enfreint une règlementation
préexistante. Dans le cadre de ladite loi, elle est sous l’autorité du Ministre en charge du
Commerce tel que le prévoit l’article 90(1) de la loi de 2015 régissant l’activité
commerciale au Cameroun. Aux termes de cet article, les sanctions administratives sont
faites sous la conduite du Ministre en charge du Commerce. Ainsi, à la suite d’une mise en
demeure notifiée au contrevenant et demeurée infructueuse dans un délai de trente jours à
compter de la date de notification, l’activité de tout commerçant qui n’a pas respecté les
obligations sera suspendue. Cette interdiction sera sanctionnée par l’obligation de sceller le
commerce ou les locaux du commerçant mis en cause. Ce dernier va cesser d’exercer
provisoirement son activité commerciale jusqu’à la régularisation de la situation décriée.
Toutefois, le contrevenant qui entend élever une contestation doit adresser sa
requête au Ministre chargé du Commerce duquel il obtiendra une réponse dans un délai de
trois mois. En cas de silence de celui-ci ou en cas de réponse défavorable, le demandeur
peut ester en justice. Il peut également bénéficier de l’administration en charge du
Commerce, dans un délai de trente jours, d’une transaction suivant la contestation. Le
montant de cette transaction ne peut être inférieur à 5% du chiffre d’affaires annuel réalisé
par le commerçant avec un minimum de perception de 30.000 FCFA pour les personnes
physiques et de 100.000 FCFA pour les personnes morales. Lorsque le contrevenant s’est
acquitté de sa sanction pécuniaire ou du produit de sa transaction, il lui est délivré une
quittance par le poste comptable ou l’agent intermédiaire des recettes territorialement
compétent et par lequel il marque la fin de toutes poursuites judiciaires sauf lorsqu’il
intervient après la saisine de la justice. Lorsqu’il ne s’acquitte pas desdites sanctions dans
les délais requis, l’administration en charge des prix adresse le dossier au parquet
compétent pour poursuite judiciaire.

-Les sanctions pénales.

Les sanctions pénales sont des condamnations infligées à quelqu’un par une
juridiction pénale. Conformément aux dispositions de la présente loi, les sanctions pénales
sont applicables aux personnes physiques et morales qui enfreignent lesdites dispositions.
À cet effet, les personnes morales sont pénalement responsables des infractions commises
par leur comptes, leurs personnels et organes dirigeants ainsi que les personnes physiques,
auteurs ou complices des mêmes faits tel que prévu par le code pénal. Par conséquent :

* Est puni d’un emprisonnement de trois (03) à quatre (04) ans, celui qui, par
quelque moyen que ce soit incite à résister à l’application des lois, règlements ou ordres
légitimes de l’autorité publique ou par des violences de fait, empêche quiconque d’agir
pour l’exécution des lois, article 157 du code pénal.

* Est puni d’une amende de cinquante mille (50 000) à cinq cent mille (500 000)
Francs, celui qui brise les scellés légalement apposés, article 191 du code pénal.

* Est puni d’emprisonnement de deux (02) mois à deux (02) ans d’emprisonnement
et d’une amende de quatre (400 000) à vingt millions (20 000) de francs, celui, qui porte la
hausse ou la baisse artificielle du prix des marchandises ou des effets publics ou privés,
article 256 du code pénal.

Est puni d’un emprisonnement de trois (03) à huit (08) ans et d’une amende de
cinquante mille (50 000) de Francs, celui qui contrefait, falsifié une écriture privée portant
obligation, disposition ou décharge soit dans la substance, soit dans la signature, dates ou
attestations, ou détruit des documents comptables (...)article 314 du code pénal.

* Est puni d’un emprisonnement d’un (01) mois à (01) an et d’une amende de deux
cent (200 000) à deux millions (2000 000) de francs ou de l’une de ces deux peines, celui
qui fabrique, importe ou distribue les produits contrefaisants, article 326 du code pénal.

* Est puni d’un emprisonnement de trois (03) mois à deux (02) ans et d’une amende
d’un million (1 000 000) de francs, celui qui contrefait une marque de fabrique ou de
commerce déposée, article 330 du code pénal.

Bien plus, la rébellion, les oppositions au contrôle, les moyens ou voies de fait à
l’égard des fonctionnaires ou agents compétents sont punies des peines d’emprisonnement
et d’amendes prévues aux articles 154,156 et 157 du code pénal.

Faut-il également prendre en compte un fait marquant relevé par le législateur


camerounais. En effet, l’action publique enclenchée par le Ministère Public dans la
répression des infractions précédemment évoquées sur plainte préalable de l’administration
en charge du commerce, assortis des procès-verbaux relatifs à chaque dossier ainsi que le
cas échéant, des biens saisis, n’empêche pas aux victimes de jouir de leurs droits de
poursuite.

II-A- Encadrement effectif de la Libre concurrence:

La libre concurrence est une notion qui peut s’inscrire dans la même veine que le
principe de la liberté commerciale. Ce dernier représente par ailleurs la possibilité pour le
commerçant/ entrepreneur de faire concurrence aux autres et de leur prendre leur clientèle,
mais tout ceci par des moyens licites.

C’est donc en allant dans ce sens qu’il nous a été donné de constater que beaucoup
se font concurrence en allant au delà des attentes du principe de la liberté commerciale, soit
en pratiquant une concurrence illicite.

C’est donc à juste titre qu’il devient important d’encadrer de manière efficace la
libre concurrence. En clair, l’idée est que les concurrents soient libre dans leurs pratiques
commerciales avec notamment la publicité, le marketing etc, mais il n’en demeure pas
moins vrai que tout ceci se doit d’être encadré . Pour ce faire, le législateur a décidé de
mettre sur pied une loi régissant l’activité commerciale et la régulation de la concurrence
au Cameroun (loi n•2015/018).

Cette loi précise notamment le champ d’application de l’activité commerciale,les


conditions d’exercice et les obligations.

En application aux objectifs de notre cours, nous pouvons prendre le cas des
obligations aux fins d’étayer notre argumentation. En son titre 5, le législateur dès le
chapitre 1 présente toutes les interdictions faites aux concurrents par rapports aux pratiques
illicites. En son chapitre 2, il nous met dons en exergue les différentes sanctions encourues
par celui qui pratique la concurrence illicite. Elles sont en claires de 2 ordres. Dans un
premier temps, celles dites administratives et dans un second celles dites pénales.

La mise en place de ces dernières instaurent un climat de légalité et de légalité car


tout commerçant sait ce qu’il encoure dès le moment où il transgresse les règles de la libre
concurrence. En outre, mesures restrictives pour le commerce créent à juste titre des
normes de sécurité. Certaines dispositions rendent plus difficiles aux entreprises
l'innovation et le gain de la productivité . L’économie du marché ne peut pas fonctionner
sans un certain nombre de garde-fous ,il est donc nécessaire de modérer certaines dérives
du marché dans des secteurs fortement concurrentiel, notamment :protéger les
consommateurs contre les pratiques abusives, de mettre en place et maintenir des normes
de sécurité ;il est aussi indispensable de soutenir une concurrence profitable aux
consommateurs de grands réseaux.

II-Appréciation logique de la portée de la loi :


B) Le dit encadrement comme une réalité perfectible ? :

A la lecture de la loi n- o 2015/018 du 21 décembre 2015, on remarque non


seulement qu'elle est marquée par un élargissement de l'activité commerciale ,mais aussi
qu'un accent est mis sur la régulation des pratiques commerciales illicites. De ce fait, la loi
de 2015 n'encadre pas la régulation de la concurrence dans sa globalité car elle n'évoque
que très peu la concurrence déloyale.Sa vocation à régir progressivement tous les secteurs
d'activité, sa perpétuelle évolution, son application de principe à toutes les activités
économiques exercées sur l'ensemble des marchés du Cameroun et son adaptation à l'Acte
Uniforme relatif au droit du commerce général en font une règle incontournable, qui
s'impose sur son territoire. Dans la pratique de la régulation de la concurrence, les règles
sur la concurrence déloyale sont plus jurisprudentielles que textuelles. A l'instar de l'arrêt
société DECATHLON c / société GO SPORT du 22 octobre 2002 où la cour de cassation a
admise que le demandeur a la possibilité d'intenter une action en concurrence déloyale et
parasitisme à partir d'un droit privatif sur l'enseigne ; ou encore de Arrêt n° 40, Jacques
Firmin TRUCHET c/ Jean Pascal KINDA du 02/05/2003 où la cour d'appel de
Ouagadougou a rendu un arrêt infirmatif sur la recevabilité de l'Action En Concurrence
Déloyale Et En Reddition De Compte Intentée Par Un Associe

Dès lors, il apparaît donc judicieux pour le législateur de la loi de 2015 de définir
clairement et spontanément les règles encadrant la concurrence déloyale pour son
encadrement textuelle effective. Tout comme avec les pratiques commerciales illicites le
législateur doit nécessairement et suffisamment élaborer des règles qui encadrent les
pratiques commerciales anticoncurrentielles pour permettre aux professionnels d'avoir un
socle légal sur lequel s'appuyer. Bien qu'un effort a été fait dans la loi du 21 décembre
2015, il reste insuffisant et ne traite que partiellement des pratiques de concurrence
déloyale notamment dans l'article 81(a) qui traite du dénigrement : « toute référence
pouvant déconsidérer une entreprise ou un produit spécifique ainsi que toute déclaration ou
présentation visuelle qui offense les bonnes mœurs, l’ordre public et la morale en général,
ou qui soit de nature par voie d’omission, d’ambiguïté ou de mensonge délibéré, à abuser
de la confiance du consommateur »

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