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Complément du cours : 15 novembre 2022

Ici nous démontrons la partie d’unicité du théorème suivant.

Théorème. Soit f ∈ L(E). Il existe des sous-espaces vectoriels F1 , . . . , Fr de E, tous stables par
f , tels que :
(i) E = F1 ⊕ ⋯ ⊕ Fr ;
(ii) pour tout i ∈ {1, . . . , r}, la restriction fi ∶= f∣Fi ∈ L(Fi ) est cyclique ; et
(iii) en notant Pi ∶= µfi , on a Pi+1 ∣ Pi , pour tout i ∈ {1, . . . , r − 1}.
De plus, l’entier r ≥ 1 et la suite des polynômes P1 , . . . , Pr ne dépend que de f , et non du choix des
Fi (qui eux ne sont pas uniques en général), et on a P1 = µf

Démonstration de l’unicité : On suppose que E = F1 ⊕ ⋯ ⊕ Fr = G1 ⊕ ⋯ ⊕ Gs . avec Fi stable


par f pour chaque i et Gj stable par f pour chaque j. On suppose aussi que f ∣Fi est cyclique pour
chaque i avec polynôme minimal Pi , et que f ∣Gj est cyclique pour chaque j avec polyôme minimal
Qj . On suppose en plus que Pi+1 ∣ Pi , pour tout i ∈ {1, . . . , r − 1}, et que Qj+1 ∣ Qj , pour tout
j ∈ {1, . . . , s − 1}. Le but de cette partie de la démonstration est de montrer que r = s et Pi = Qi ,
i = 1 . . . , r.
D’abord, comme
r r
χf = (−1)n ∏ Pi = (−1)n ∏ Qj ,
i=1 j=1
on a que
r r
∏ Pi = ∏ Qj .
i=1 j=1

Si les deux suites (P1 , . . . , Pr ) et (Q1 , . . . , Qs ) ne sont pas identiques, il existe k minimal tel que
Pk =/ Qk . ( On va montrer d’abord que k ≤ r et k ≤ s. En effet, si Pi = Qi pour i = 1, . . . , r, alors
par l’égalité ci-dessus, on a s = r, et les deux suites sont identiques. De même, si Pj = Qj pour
j = 1, . . . , s, alors les deux suites sont identiques.)
On applique l’endomorphisme Pk (f ) sur E = F1 ⊕ ⋯ ⊕ Fr = G1 ⊕ ⋯ ⊕ Gs .

Im(Pk (f )) = Pk (f )(F1 ) ⊕ ⋯ ⊕ Pk f (Fr ) = Pk (f )(G1 ) ⊕ ⋯ ⊕ Pk (f )(Gs ).


Comme Pk est un multiple du polynôme minimal de f ∣Fi pour i ≥ k, on a que Pk (f )(Fi ) = 0 si
i ≥ k. Donc
Pk (f )(F1 ) ⊕ ⋯ ⊕ Pk f (Fk−1 ) = Pk (f )(G1 ) ⊕ ⋯ ⊕ Pk (f )(Gs ).
Affirmation : dim(Pk (f )(Fi )) = dim(Pk (f )(Gi )) pour i = 1, . . . , k − 1.
(i) On va d’abord montrer que l’affirmation implique le résultat. En effet, si l’affirmation est
vraie, alors dim(Im(Pk (f )) = ∑k−1 j=1 Pk (f )(Gj ). Donc on a que Pk (f )(Gj ) = 0 pour j ≥ k. En
particulier, Pk (f )(Gk ) = 0. Ceci implique que Pk est un multiple du polynôme minimal de f ∣Gk .
Ce polynôme est, par définition, Qk . Donc Pk est un multiple de Qk . En échangeant les rôles de
Pi et Qj , on montre de même que Qk divise Pk . Comme les deux polynômes sont unitaires, on a
Pk = Qk , qui contredit l’hypothèse.

(ii) Il reste à montrer l’affirmation :

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Par hypothèse, f ∣Fi est cyclique avec polynôme minimal Pi . Par la Proposition 2.42 du cours,
il existe une base Bi de Fi telle que M atBi (f ∣Fi ) = C(Pi ).
De même il existe une base Bj′ de Gj telle que M atBj′ (f ∣Gj ) = C(Qj ).
Pour i < k, on a que Pi = Qi . Donc les matrices des restrictions de f sur Fi et sur Gi avec ces
bases sont égales. Ceci implique que les restrictions de Pk (f ) sur Fi et sur Gi sont égales. Le rang
de cette matrice est égal à la dimension de Pk (Fi ) est aussi de la dimension de Pk (Gi ). Donc les
deux dimensions coı̈ncident, et l’affirmation est démontrée.

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