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Acoustique : réduire avant tout la réverbération

La présence de matériaux réverbérants et de taux d’humidité élevés nécessite l’emploi de


produits correctifs, cassant la surenchère sonore ou « effet cocktail ». Ainsi, ils améliorent
l’émission de messages ou de musique issus des équipements électro-acoustiques
embarqués.
P arallèlement aux centres de cure traditionnels, se développe un thermalisme plus
ludique. Pour les concepteurs, les contraintes acoustiques posées par ces locaux
s’apparentent à celles rencontrées dans les piscines ou dans les centres aquatiques. Ce
sont de grands volumes, avec un taux d’humidité élevé, aménagés avec des matériaux
durs et fréquentés par une clientèle plus jeune, plus active, mais aussi plus bruyante.
Dans les lieux de thermalisme classique, les contraintes sont différentes, particulièrement
en rénovation. Les solutions acoustiques sont rendues plus difficiles par une architecture
souvent protégée, recevant en contrepartie une clientèle plus âgée et moins bruyante.
Dans tous ces locaux, la difficulté majeure consiste à « casser » la réverbération des lieux
issue des grandes quantités de surfaces dures (pierre, vitre, carrelages) en association
avec l’eau. Le nombre important d’occupants à un instant « t » provoque rapidement ce
que les acousticiens appellent « l’effet cocktail », sorte de surenchère sonore du dialogue
de chaque personne avec son voisin. Il existe une valeur de niveau sonore que l’on peut
qualifier « d’alerte » atteint dès que le bruit ambiant dépasse le niveau de 60  dB(A) : il se
produit alors un début d’altération. Lorsque le niveau sonore atteint 65 dB(A) (1), « l’effet
cocktail » surgit et la maîtrise de l’ambiance sonore devient alors impossible : chacun des
occupants élève anormalement la voix pour converser avec un minimum de perte
d’intelligibilité. Le besoin de corriger une réverbération trop importante va profiter à
l’acoustique en général, tant sur le plan du confort pour les personnes présentes, que sur
le plan de la qualité et l’intelligibilité des messages reçus par l’intermédiaire des
installations de sonorisation.
Le niveau de réverbération dépend de trois facteurs principaux : la forme des locaux, leurs
dimensions, et le coefficient d’absorption acoustique des parois. L’amélioration de la
qualité acoustique est rendue complexe par la présence de grandes surfaces de différents
matériaux réverbérants tels que les carrelages, faïences ou surfaces vitrées. Enfin, il ne
faut pas oublier l’insonorisation des équipements techniques tels que compresseurs,
pompes, unités de filtration par différents capotages, isolants fibreux, baffles ou chapes
flottantes.

Des sous-toitures constituées de lattis en bois


Les isolants fibreux sont très utilisés en correction acoustique, du fait de leur nature
alvéolaire. En revanche, ces matériaux supportent mal les ambiances humides (reprise
d’humidité et condensation). Les acousticiens se trouvent alors face à deux possibilités :
protéger ces isolants fibreux, ou utiliser d’autres solutions. Les isolants peuvent être
protégés soit en les éloignant suffisamment des zones dans lesquelles le degré
d’hygrométrie est le plus élevé, soit en les mettant en œuvre dans des espaces
suffisamment ventilés. La pose par collage ou par fixation mécanique de panneaux fibreux
directement contre des parois est à éviter. Il faut assurer une ventilation minimale autour
des isolants, ou être en mesure de les éloigner des secteurs les plus humides, mais
également les plus exposés aux chocs (allèges de murs). Les surfaces d’absorption étant
souvent situées en plafonds pour des raisons pratiques (grandes surfaces opaques, sans
risques de chocs), la tendance consiste à utiliser des sous-toitures constituées de lattis en
bois ajouré intégrant l’isolant absorbant. L’ensemble étant recouvert d’une isolation
thermique et d’une étanchéité sur bac mono ou multicouche.
Une autre solution consiste à intégrer à la structure, de la façon la plus discrète possible,
des baffles classiques. Cette méthode a été choisie pour le complexe Caldea, un
ensemble thermo-ludique très vitré en principauté d’Andorre (2), ou encore pour les
thermes de Granzac, à proximité de Rodez (Aveyron). Là, l’usage de bois exotiques
stables et résistants à l’humidité combinés à des isolants absorbants répond bien au
double problème d’acoustique et d’esthétique.
Une troisième voie consiste à abandonner les isolants fibreux pour les remplacer par des
tissus acoustiques fixés sur un mur, un plafond ou solidaires de claustras en bois ou de
supports métalliques. Certains tissus à texture régulière et très serrée (Wilhelmi,
Laudescher…) opposent une résistance suffisante à l’air pour offrir des qualités
d’absorption assez proches de ce qui est obtenu avec des tissus épais : un
coefficient ? Sabine de l’ordre de 0,7 au lieu de 0,9, valeur courante pour de isolants
absorbants classiques.
Diriger et multiplier les sources de sonorisation
La deuxième facette du confort acoustique concerne la sonorisation. Deux caractéristiques
sont essentielles pour une bonne compréhension des messages : le rapport signal sur
bruit et la durée de réverbération.
Le rapport signal/bruit qualifie le degré d’émergence de la parole par rapport au bruit de
fond du local. Plus ce rapport est élevé, meilleure est l’intelligibilité. Ce rapport est
directement lié à la durée de réverbération du lieu. Plus celle-ci est élevée, plus le
message risque d’être brouillé, voire inaudible. Les lieux de thermalisme ont naturellement
tendance à conserver, mêmes corrigés, une certaine réverbération.
L’application de quelques principes – quant au matériel utilisé et aux modes de diffusions
retenus – permet d’arriver à un équilibre au niveau de la pression acoustique. L’un des
meilleurs moyens de garantir un confort d’écoute satisfaisant consiste à installer un
nombre important de haut-parleurs directionnels de proximité, d’une puissance unitaire de
50 à 100 watts selon les zones à traiter. Les fabricants de matériel de sonorisation
(Philips, TOA, Bouyer) proposent des ensembles adaptés à ces usages.
Dans les réalisations correctement traitées, les qualités de la sonorisation permettent
d’aller beaucoup plus loin que la transmission de simples messages parlés. Il est alors
possible d’envisager la diffusion de musique, voire même l’organisation de spectacles
avec une qualité acoustique qui relève de la haute fidélité.
vous lisez un article des Cahiers Techniques du Bâtiment N°243

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