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X

Matrices du type M(a, b) = aIn + b Ei,j


i6=j

Pour n > 2 et (a, b) ∈ C2 , on pose


 
a b ... b
.. .. .
X . ..
 
 b . 
M(a, b) = aIn + b Ei,j = ..
 ∈ Mn (C).
 .. .. 
i6=j  . . . b 
b ... b a
1) La matrice M(1, 1).
On pose Jn = M(1, 1). On observe que J2n = M(n, n) = nJn . Montrons alors par récurrence que pour tout p ∈ N∗ ,
Jp
n =n
p−1
Jn .
• J1n = Jn = n0 Jn . Donc, l’égalité est vraie quand p = 1.
• Soit p > 1. Supposons que Jp
n =n
p−1 p+1
Jn . Alors, Jn = Jn × Jp
n =J×n
p−1
Jn = np−1 J2n = np−1 .nJn = np Jn .
1
Le résultat est démontré par récurrence. On note que le résultat est faux quand p = 0 car In 6= Jn .
n
 2

2) Structure de M(a, b), (a, b) ∈ C .
a) Structure d’espace vectoriel.
 X
Soit E = M(a, b), (a, b) ∈ C2 . Soit Kn = M(0, 1) = Ei,j . Alors,
i6=j

E = aIn + bKn , (a, b) ∈ C2 = Vect (In , Kn ) .
Donc, E est un sous-espace vectoriel de l’espace vectoriel (Mn (C), +, .), de dimension inférieure ou égale à 2. De plus, la
matrice Kn n’est pas une matrice scalaire et donc la famille (In , Kn ) est libre. Finalement,

E est un sous-espace vectoriel de (Mn (C), +, .) de dimension 2.

(In , Jn ) est une autre famille libre de E (car Jn n’est pas une matrice scalaire), de cardinal 2. Donc,

Une base de E est (In , Jn ).

On note que Kn = Jn − In et donc, pour tout (a, b) ∈ C2 , M(a, b) = aIn + bKn = aIn + b (Jn − In ) = (a − b)In + bJn .

∀(a, b) ∈ C2 , M(a, b) = (a − b)In + bJn .

b) Structure d’algèbre.
Vérifions que E est stable pour le produit matriciel. Tout d’abord, Kn = Jn − In (ou encore Jn = In + Kn ) puis, puisque
les matrices Jn et −In commutent, la formule du binôme de Newton fournit

K2n = (Jn − In )2 = J2n − 2Jn + In = (n − 2)Jn + In = (n − 2) (In + Kn ) + In = (n − 1)In + (n − 2)Kn .


Soit (a, b, a ′ , b ′ ) ∈ C4 .

M(a, b) × M(a ′ , b ′ ) = (aIn + bKn ) (a ′ In + b ′ Kn ) = aa ′ In + (ab ′ + ba ′ )Kn + bb ′ K2n


= aa ′ In + (ab ′ + ba ′ )Kn + bb ′ ((n − 1)In + (n − 2)Kn )
= (aa ′ + (n − 1)bb ′ ) In + (ab ′ + ba ′ + (n − 2)bb ′ ) Kn
= M (aa ′ + (n − 1)bb ′ , ab ′ + ba ′ + (n − 2)bb ′ ) ∈ E .

Donc, E est stable pour le produit matriciel. En tenant compte de In = M(1, 0) ∈ E , on a montré que

E est une sous-algèbre de (Mn (C), +, ., ×).

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4) Inversibilité et inverse.
a) Déterminant de M(a, b).
Soit (a, b) ∈ C2 .


a b... ... b a + (n − 1)b b ... ... b
.. ..

.. .
a ..

b a . . a + (n − 1)b .
.. .. .. ..

det(M(a, b)) =
.. .. =
.. .. (C1 ← C1 + C2 + . . . + Cn )

. b . . . . b . . .
.. .. .. .
.. .. ..

. . . b . . b

b ... ... b a a + (n − 1)b b ... b a

1 b . . . . . . b
..

.
a ..

1 .
= (a + (n − 1)b) ... .

. ..
b .. . .. (par linéarité par rapport à la première colonne)


. .. ..
..

. . b
1 b ... b a

1 × ... ... ×
.. ..


0 a−b . .
= (a + (n − 1)b) ... ..

.. .. (∀i ∈ J2, nK, Li ← Li − L1 )

0 . . .
. .. ..
..

. . ×

0 0 ... 0 a − b
n−1
= (a + (n − 1)b)(a − b) (déterminant triangulaire).

∀(a, b) ∈ C2 , det(M(a, b)) = (a + (n − 1)b)(a − b)n−1 .

b) Inversibilité et inverse de M(a, b).


Soit (a, b) ∈ C2 .

/ GLn (C) ⇔ det(M(a, b)) = 0 ⇔ (a + (n − 1)b)(a − b)n−1 = 0 ⇔ a = b ou a = −(n − 1)b.


M(a, b) ∈
Donc,

∀(a, b) ∈ C2 , M(a, b) ∈ GLn (C) ⇔ a 6= b et a 6= −(n − 1)b.

Pour déterminer l’inverse de M(a, b), on détermine un polynôme annulateur de M(a, b) dont le coefficient constant n’est
pas nul. On profite des égalités J2n = nJn et M(a, b) = (a − b)In + bJn de sorte que bJn = M(a, b) − (a − b)In . Puisque
les matrices (a − b)In et bJn commutent, la formule du binôme de Newton fournit

2
(M(a, b))2 = ((a − b)In + bJn ) = (a − b)2 In + 2b(a − b)Jn + b2 J2n = (a − b)2 In + 2b(a − b)Jn + nb2 Jn
= (a − b)2 In + (2(a − b) + nb)bJn = (a − b)2 In + (2a − (n − 2)b) (M(a, b) − (a − b)In )
= (2a − (n − 2)b) M(a, b) − (a − b)(a + (n − 1)b)In

et donc

∀(a, b) ∈ C2 , (M(a, b))2 − (2a − (n − 2)b) M(a, b) + (a − b)(a + (n − 1)b)In = 0n .

On suppose de plus a 6= b et a 6= −(n − 1)b. Dans ce cas, (a − b)(a + (n − 1)b) 6= 0 (et M(a, b) ∈ GLn (C) d’après le
paragraphe précédent) puis

1
−(M(a, b))2 + (2a − (n − 2)b) M(a, b)

In =
(a − b)(a + (n − 1)b)
1
= (−M(a, b) + (2a − (n − 2)b) In ) × M(a, b).
(a − b)(a + (n − 1)b)

Donc, pour (a, b) ∈ C2 tel que a 6= b et a 6= −(n − 1)b,

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1
(M(a, b))−1 = (−M(a, b) + (2a − (n − 2)b) In ).
(a − b)(a + (n − 1)b)
 
a − (n − 2)b 2a − (n − 1)b ... 2a − (n − 1)b
 . . .. .. 
1  2a − (n − 1)b . . . 
Plus explicitement, (M(a, b))−1 = 
.

(a − b)(a + (n − 1)b) 

.. . .. . ..

2a − (n − 1)b 
2a − (n − 1)b ... 2a − (n − 1)b a − (n − 2)b
4) Valeurs propres et sous-espaces propres de M(a, b)
Dans le cas où (a, b) ∈ R2 , la matrice M(a, b) est symétrique réelle et donc diagonalisable dans Mn (R) d’après le théorème
spectral. Dans le cas où (a, b) ∈/ R2 , on ne dispose d’un tel résultat préliminaire.

1 si b 6= 0
rg (M(a, b) − (a − b)In ) = rg (bJn ) = . D’après le théorème du rang, dim (Ker (M(a, b) − (a − b)In )) =
0 si b = 0
n − 1 si b 6= 0
. Dans tous les cas, Ker (M(a, b) − (a − b)In ) n’est pas réduit à {0} (puisque n > 2) et donc a − b est
n si b = 0
valeur propre de M(a, b). L’ordre de multiplicité de a − b est supérieur ou égal à la dimension du sous-espace propre
associé, elle-même supérieure ou égale à n − 1. Donc, dans tous les cas, a − b est valeur propre d’ordre n − 1 au moins.
Il manque une valeur propre λ. Celle-ci est fournie par la trace :

λ + (n − 1)(a − b) = Tr(M(a, b)) = na


et donc λ = a + (n − 1)b. Dans tous les cas,

Sp(M(a, b)) = (a . . , a − b}, a + (n − 1)b).


| − b, .{z
n−1

Plus précisément, a − b = a + (n − 1)b ⇔ nb = 0 ⇔ b = 0. Donc,

Si b 6= 0, M(a, b) admet a − b pour valeur propre d’ordre n − 1 et a + (n − 1)b pour valeur propre d’ordre 1
et si b = 0, M(a, b) admet a pour valeur propre d’ordre n.

On note que dans tous les cas, l’ordre de multiplicité de chaque valeur propre est égale à la dimension du sous-espace
propre correspondant et donc

∀(a, b) ∈ C2 , M(a, b) est diagonalisable dans Mn (C).

Déterminons enfin les sous-espaces propres de M(a, b). Si b = 0, M(a, b) = aIn et donc M(a, b) admet a pour unique
valeur propre d’ordre n et le sous-espace propre associé est Mn,1 (C). Dorénavant, b 6= 0 de sorte que M(a, b) admet a − b
pour valeur propre d’ordre n − 1 et a + (n − 1)b pour valeur propre simple.
 
1
Soit U =  ... . M(a, b)U = (a + (n − 1)b)U et donc, puisque U 6= 0, U est (pour tout choix de (a, b)) un vecteur propre
 

1
de M(a, b) associé à la valeur propre a + (n − 1)b. Puisque le sous-espace propre correspondant est une droite vectorielle,
on a donc Ea+(n−1)b (M(a, b)) = Vect(U).
Si a et b sont réels, on sait que les sous-espaces propres de M(a, b) sont orthogonaux pour le produit scalaire canonique
de Mn,1 (R). Donc, Ea−b (M(a, b)) est l’hyperplan de vecteur normal U ou encore l’hyperplan d’équation x1 + . . . + xn = 0
(dans la base canonique de Mn,1 (R). Dans le cas général, on est obligé de faire explicitement le calcul.
Soit X = (xi )16i6n ∈ Mn,1 (C).

(M(a, b) − (a − b)In ) X = 0 ⇔ bJn X = 0 ⇔ Jn X = 0 ⇔ x1 + . . . + xn = 0.




Si b 6= 0, Ea+(n−1)b (M(a, b)) = Vect(U) où U = (1)16i6n et Ea−b (M(a, b)) = (xi )16i6n / x1 + . . . + xn = 0 .

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