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Tome 7
Vent de trahison
« Ce n’est pas parce qu’un problème n’a pas été résolu qu’il est
impossible à résoudre. »
— Agatha Christie
BLASON DE L’ORDRE
DES CHEVALIERS D’ANTARÈS
ORCHELLE
Aculéos.
surveillé par les Chimères sans être aperçue. La forêt des humains avait
ensuite fait place à une vaste plaine qui ne semblait pas gardée. Au bout de
corniche.
courage. Orchelle ne voulait pas être reprise par ce tyran. Elle cherchait
désespérément un pont pour traverser sur le territoire des humains, car elle
surveillaient ces lieux n’étaient pas des Aculéos. Elle marcha jusqu’à la nuit,
ne doutant pas une seule seconde que Zakhar la tuerait s’il mettait la main
sur elle. Terrifiée par les tortures qui précéderaient son exécution, elle
Orchelle avait passé toute sa vie dans la même grotte à mettre des
centaines de bébés au monde, parce que c’était son devoir. Ce n’était pas par
amour que le roi avait fait d’elle sa favorite, mais parce qu’elle était la plus
Les premières années de leur union, jeune et naïve, elle avait cru que
son vocabulaire était encore restreint. La petite avait déjà la prestance d’une
reine, mais son père avait vu en elle une rivale. Alors, sans le moindre
branche, le dos appuyé contre le tronc rugueux d’un chêne, Mohendi allait
bientôt être relayé par un de ses frères Basilics. C’est alors qu’il crut
L’absence de la lune, cette nuit-là, ne lui permettait pas de bien voir de qui il
restant dissimulé derrière le parapet jusqu’à ce qu’il tombe sur Samos, lui
voulons l’interroger, nous ne pouvons pas lui loger une flèche entre les yeux.
sembla avoir peur de quelque chose derrière lui. Les deux Chevaliers ne
virent pourtant rien aux alentours qui justifiait sa réaction. Paniqué, l’intrus
— Là, c’est sûr que c’est un Aculéos ! s’exclama Mohendi. Ils ne savent
pas nager !
Samos jeta ses armes sur le sol, puis enleva sa cape et ses bottes.
pas glacées. Mohendi sauta sur le muret pour suivre l’action, au cas où il
aurait à intervenir, car c’était peut-être aussi une ruse de la part de l’ennemi.
parler.
Samos.
— Mon fils m’a dit que vous massacrez tous nos guerriers.
— Seulement ceux qui brûlent nos villes et qui dévorent leurs habitants,
précisa Mohendi.
— Je l’ignorais…
— Non.
— Tiens, c’est nouveau ça, s’étonna Mohendi. Il n’y a rien dans nos
règlements à ce sujet.
son sort.
Trempé jusqu’aux os, Samos ramassa ses affaires, puis les deux Basilics
changer.
sapins et les ruines de l’ancien village, où les feux avaient été ravivés.
elle était en train de boire du thé. En raison du sort jeté par Olsson à tous les
Mais pour Chésemteh, qui ressentait les choses différemment, les origines
de cette femme lui apparurent très claires. Tous ses muscles en état d’alerte,
l’étrangère.
— C’était mon mari, mais quand j’ai appris que la soudaine disparition
devant elle.
lui collaient à la peau, et les jeta sur le sol. Mohendi l’enveloppa aussitôt
dans sa cape. Il ramassa la robe et la pèlerine et alla les déposer sur des
prends au moins le temps de bavarder avec elle avant que nous lui coupions
la tête.
Il tourna les talons et laissa les deux femmes seule à seule. Chésemteh
alla donc s’asseoir devant celle qui prétendait être sa mère et étudia son
les yeux foncés comme elle, mais comme la plupart des Aculéos également.
tous les autres, lui avoua la scorpionne. Petite déjà, tu te comportais comme
un véritable chef avec tes frères et tes sœurs. Tu ne voulais pas non plus
— Il ne voulait pas que ses enfants passent tout leur temps avec leur
mère. Mais dans ton cas, c’est sans doute parce qu’il avait peur qu’un jour,
souviens de rien.
— Et toutes ces années, Zakhar m’a fait croire que ses guerriers étaient
— Je ne suis pas assez forte… J’imagine que je serai exécutée par les
— Nous ne tuons que ceux qui nous attaquent. Est-ce ton intention ?
doute parce que je m’attendais à être reprise par les guerriers Aculéos et
mise à mort.
j’ai instauré dans ma division. Après le repas du soir, plus personne ne peut
— Je ne suis pas étonnée que tu sois devenue un chef, lui dit sa mère.
— Les humains m’ont fourni tout ce dont j’avais besoin. Une servante
imaginé.
retourna s’asseoir devant le feu tout en gardant un œil sur son abri. Elle ne
mère et maintenant qu’elle était enfin là, elle ne savait pas comment réagir.
Même si Chésemteh avait grandi chez les humains qui passaient leur
d’en faire autant. En fait, elle n’avait jamais pensé comme eux ni ressenti les
mêmes choses. Sa nature d’Aculéos était trop présente dans son cœur. Elle
s’était bien sûr pliée à la plupart des exigences de ses protecteurs, mais elle
vrai ?
croire.
— Mohendi dit qu’elle a su ton nom sans que tu le lui aies dit.
— Elle a agi comme si elle me reconnaissait, mais tout le monde sait
— Y compris l’espion que Sierra n’a pas encore réussi à démasquer.
— C’est possible.
— Je ne peux certainement pas la renvoyer sur la falaise et elle n’est pas
du tout préparée pour la vie chez les humains. Le mieux, pour l’instant, c’est
vue.
dedans ?
Locrès quitta son chef afin de retourner à son tour de guet. Chésemteh
qui m’a permis de survivre à cette chute. » Des images se mirent alors à se
former dans son esprit pour la première fois depuis son enfance.
Elle se vit en train de tenir la main d’un adulte qui la faisait marcher
près de lui. La petite Chésemteh n’était jamais sortie des galeries où elle
s’était arrêté sur le bord d’une haute falaise. L’enfant avait tout juste eu le
temps de regarder en bas avant que son père la prenne dans ses bras. Zakhar
lui avait souri, puis d’un geste soudain, il l’avait projetée dans le vide. La
Basilic fut prise d’un spasme d’horreur. Elle secoua aussitôt la tête pour
d’elle, annonce que le ragoût de poulet et de légumes qu’il faisait cuire dans
la grande marmite noire était enfin prêt. Le jeune homme avait jusque-là
mère. Elle trouva Orchelle assise dans un coin, enroulée dans les
couvertures.
— En réalité, je n’ai pas réussi à fermer l’œil, avoua la mère. J’ai peur
— Combien en as-tu ?
des centaines d’autres qui ne sont pas encore adultes. Il leur a fait couper les
— Il n’y a rien que je puisse faire pour eux, Orchelle. Il aurait fallu que
— Les humains m’ont sauvé la vie. Ils m’ont soignée et ils m’ont
l’anéantir en même temps que tous ses guerriers. Mais avant, je vais t’aider
parviendrai à la digérer.
Une fois que sa mère fut vêtue et qu’elle eut jeté la cape sur ses épaules,
commentaire. Innokenti tendit à chacune des deux Aculéos une écuelle qui
l’imita. Elle commença par mâcher un tout petit morceau et exprima la plus
grande surprise.
portion avec appétit. Assis devant elle, de l’autre côté du feu, Locrès
Manticores. Il était assis près de Samara, qui l’avait pris sous son aile depuis
Apollonia n’avait jamais imaginé que les divinités puissent être aussi
séduisantes. Rewain était grand, mais pas très costaud. Ses cheveux bruns
lui réciter la recette pour faire des crêpes tout en lui montrant comment les
— Si tu insistes…
aussi exquise.
nous.
— Depuis quand as-tu peur de te battre, toi ? répliqua Apollonia.
— Je peux tuer des centaines d’Aculéos lors d’une seule bataille, mais
des créatures divines, je n’ai jamais essayé. Je ne pensais jamais dire ça,
autre dieu vient de nous tomber sur les bras. Elle va finir par croire que nous
— Tu sais bien que je n’aime pas le sucre. As-tu consulté tes cartes
dernièrement ?
me disaient qu’ils n’auraient lieu que durant l’été, mais maintenant, ils
semblent tout près. Non seulement je ne sais pas qui en sont les
— Rewain y apparaît-il ?
— Ce qui s’en vient est trop énorme, Baé. Je fais des tirages tous les
nébuleux.
feu, Rewain avait beau utiliser ses ustensiles pour manger, son visage était
de plus en plus couvert de chocolat. Samara s’amusa devant son air déconfit.
— Je ne le fais pas exprès de me salir.
— Je sais. C’est normal, quand on mord dans une crêpe fourrée, d’en
faire sortir ce qu’elle contient un peu partout sur soi, le rassura-t-elle. Ça fait
partie du plaisir. Mais j’avoue par contre que tu n’es pas très doué. Que
propres goûts.
— C’est gentil.
l’intérieur. Samara lui tendit une petite serviette mouillée pour qu’il se
Un peu plus loin, appuyé contre un arbre, Pavlek ne quittait pas des yeux
voyait d’un très mauvais œil toute l’attention qu’elle accordait à Rewain.
« C’est peut-être un espion qui joue la comédie et qui va tous nous trahir au
dieu-zèbre.
— Notre tour ?
entraînement.
Rewain accepta même s’il était terrorisé. Sans se préoccuper de tous les
— Il est certes moins rapide que Wellan, mais bien plus élégant, avouez-
le ! l’encouragea Dholovirah.
— Je suis certaine que si on l’obligeait à refaire le parcours une fois par
moqua Koulia.
— Arrêtez de le ridiculiser, exigea Samara. C’est la première fois de
— Puis-je recommencer ?
— Aussi bien nous trouver autre chose à faire, déclara Dholovirah, parce
par ton frère, tu ne pourrais pas perdre ton temps à les analyser.
— Si mon frère courait après moi, je chercherais plutôt à lui échapper en
terrain plat.
— Et ce serait une excellente réaction, mais supposons que ces obstacles
— Comment c’était ?
— Pourquoi pas ?
Samara lui remit le chronomètre et lui indiqua sur quel bouton presser
pour le mettre en marche et pour l’arrêter, puis alla se placer sur la ligne de
départ.
— Maintenant, Rewain !
mur. Il la suivit des yeux sans cacher son étonnement alors qu’elle filait
trente-trois secondes.
— Je comprends maintenant ce que tu essaies de me dire, se
découragea-t-il.
revenir demain.
— Surtout pas. Le but de cet exercice est de mettre ton corps humain en
Samara jeta un œil sur son apprenti et constata son désarroi. Elle l’obligea à
s’arrêter pour vérifier qu’il ne s’était pas froissé un muscle. Elle vit alors
— Nous n’avons pas pu les protéger, parce que nous n’étions pas encore
— Exaucer nos prières, nous venir en aide quand nous affrontons des
chez mes parents, mais on ne me disait pas grand-chose non plus. J’ai été
j’imagine que si elle avait entendu vos supplications, ces villes seraient
toujours là.
Avant qu’il sombre dans la tristesse, Samara décida de lui changer les
idées.
— Tu dois apprendre à te défendre tout comme Eanraig l’a fait lui aussi.
— Qui est-ce ?
— Je pense que ça doit faire partie des choses qu’on t’a cachées,
Rewain.
connaissance.
— Wellan l’a conduit chez d’autres dieux afin qu’il perfectionne ses
dieu-zèbre. S’il se rend compte que je suis encore en vie, il s’en prendra
aussi à moi !
courage.
pas de blesser une Manticore par inadvertance. Elle lui tendit l’une des
armes.
— Ce sont les seules épées que je possède, alors habitue-toi à leur poids.
Ne les prends jamais par la lame, car elles sont tranchantes, toujours par la
poignée.
adversaires ?
Pendant plusieurs heures, le jeune dieu répéta tous les coups de base,
un élève appliqué.
campement. Rewain rendit son arme à Samara, qui alla ranger les deux
épées dans son abri. Elle vint ensuite s’asseoir près de lui et attendit de
ses lèvres.
— Merci, Samara.
— Tu sais aussi bien que moi que Wellan a agi ainsi pour lui sauver la
vie. Et puis, ce sont des dieux. Nous ne valons rien à leurs yeux.
et il était sincère.
versa du thé.
le jeune homme.
Piqué au vif, Pavlek quitta les deux femmes et se dirigea vers son abri.
— Merci, Dholo.
Les besoins d’un dieu doivent primer sur ceux d’un grand romantique qui
ne sait pas comment exprimer ses émotions. Et puis, qui sait ? Peut-être que
si tu continues de bien traiter Rewain, la déesse nous donnera enfin ce que
O
femmes.
bsédé par la visite inattendue du sorcier Lizovyk, Zakhar s’était isolé
arrêt les paroles du jeune mage. Olsson lui avait déjà dit qu’il avait un fils et
que celui-ci lui servait d’espion sur la frontière en raison de son apparence
inoffensive, mais il ne lui avait jamais révélé que cet enfant était aussi
Lorsqu’il comprit qu’il ne pourrait pas dormir sans avoir obtenu des
hall. Il longea le tunnel qui remontait vers l’extérieur. Personne n’en gardait
frais, puis s’arrêta pour contempler les millions d’étoiles. Un de ses espions
lui avait jadis appris que les humains savaient lire les messages qui se
cachaient dans le ciel. Les Aculéos, eux, ne voyaient que la beauté des
astres.
— Ce n’est plus mon fils désormais. Mais je préférerais ne pas parler de
Avant que Zakhar puisse le questionner à ce sujet, ils furent tous les
— C’est ici que je vis et ces lieux sont protégés par une puissante magie
— Vous menacent-ils ?
qu’une entité malfaisante s’est emparé de son âme pour le faire agir contre
bec est venu jusque dans mon hall pour me faire des révélations troublantes.
partout.
— Il m’a dit que vous aviez fait un pacte avec les autres sorciers pour
que personne ne gagne la guerre que les Aculéos mènent aux Chevaliers
d’Antarès depuis des lustres. Il a ajouté que grâce au chaos que vous semez
de façon perpétuelle dans les deux camps, les dieux sont incapables de vous
— Ce n’est pas tout à fait exact. Nous avons plutôt convenu de rester
chacun sur notre territoire et de ne pas nous mêler des affaires des autres. La
preuve que ce que mon fils vous a dit est faux, c’est que je vous ai souvent
aidé dans vos efforts de guerre. Ne vous ai-je pas fourni des armes ? Des
— Je ne peux pas attaquer les humains qui vivent sur le territoire des
autres sorciers, ajouta Olsson. C’est à vous de le faire selon votre propre
stratégie.
— Votre fils a tué une trentaine de mes guerriers lorsque j’ai refusé de le
bientôt, Olsson.
— Lizovyk m’a aussi appris que vos têtes avaient été mises à prix, se
rappela-t-il.
enfuis du domaine des dieux. Vous comprendrez que je n’irai pas le vérifier
là-haut.
m’offrir tant que je vivrai dans les tunnels que nous avons dû creuser
alors ils finissent par causer des étincelles qui allument des brasiers. Je les ai
— Donc pas avant que j’aie mis la main sur les grandes cités des
Zakhar se laissa tomber dans l’un des deux moelleux fauteuils, surpris
— Pas de la même façon que vous. Une partie de mon cerveau est
toujours en alerte.
— L’a-t-il tuée ?
— Je n’en sais rien, mais j’en doute, car à son arrivée, c’était le fils que
comprends pas encore, mais qui pourrait tous nous être néfaste.
devenu ?
— J’ai déjà jeté un sort aux entrées de tous vos tunnels pour qu’il ne
est-ce à dire que vous ne répondrez plus à mes appels avec autant de
célérité ?
besoin de moi.
Un bock rempli à ras bord d’une froide boisson dorée apparut dans la
main du roi.
— Je ne bois que de l’eau, l’informa le sorcier, mais ne vous privez pas
pour moi.
— Dites-moi, les sorciers sont-ils aussi des hybrides dont les dieux se
— Oui, d’une certaine manière. Nous avons été créés chimiquement par
des savants grâce à des éléments génétiques prélevés sur deux races
différentes.
— Je n’ai rien compris à ce que vous venez de me dire et je suis certain
scorpions et que nous n’avons pas reçu un tel cadeau de la part des dieux ?
— C’est exact.
flammes.
— Je sais bien que vous êtes préoccupé par les agissements de Lizovyk,
commentaires de Zakhar, mais celui qui résonnait le plus dans son esprit,
Lizovyk. Celui-ci avait encore tué. L’entité qui le manipulait n’avait aucun
respect pour la vie. « Mon fils est arrivé sur ces terres à cause de moi »,
n’est qu’une question de temps avant qu’il s’en prenne aux autres sorciers et
Le père avait fait la sourde oreille. Jamais son enfant ne l’aurait supplié
convaincre Olsson que l’âme de Lizovyk était désormais aussi noire que du
charbon.
durant sa vie. Ce n’était pas celle de ses frères et de ses sœurs d’éprouvette,
ressemblait pas non plus à celle qui avait poussé Salocin à réunir toute la
il le trouva partout autour de lui. Il ignorait où et comment son fils avait été
quitter la terre où il était né, car si son père venait à apprendre qu’ils
elle était recouverte de glace. Même les animaux marins l’évitaient. « C’est
l’endroit parfait pour une cachette », songea Quihoit en mettant ses maigres
certainement pas s’arrêter pour chasser, et attendit que tout le monde soit
endormi. Pour éviter qu’elle l’oblige à parler, Quihoit n’avait pas révélé ses
plans à Cipactli. Elle serait déçue de sa décision de fuir. « Mais elle sera
fière de moi quand je reviendrai dans toute ma gloire et que j’en ferai ma
Il marcha sans relâche en évitant les entrées des galeries des autres clans
et ne s’arrêta que pour manger. Une fois établi, il lui faudrait penser à une
deux plateaux. L’absence de ses pinces allait rendre sa descente sur la pointe
ouest plus périlleuse, mais plusieurs corniches formaient des marches de roc
se creuser un grand trou comme il l’avait fait sur les terres de son père. Il
devait trouver une caverne naturelle qu’il n’aurait qu’à aménager selon ses
frontière entre les Aculéos et les humains en faisant bien attention de ne pas
être aperçu par les Chevaliers. Heureusement pour lui, les Manticores
lieux et se rendit compte que l’eau ne coulait pas directement sur la pierre.
s’y risqua et découvrit avec bonheur que c’était l’entrée d’une très grande
Pour rester en vie, Quihoit allait devoir dormir le jour et s’activer la nuit,
mais cela lui était égal, parce qu’il était enfin libéré du joug de Zakhar. Plus
prendrait la tête de son peuple. « Je serai un bien meilleur roi que mon
père », s’encouragea-t-il.
L’ÉPÉE ENFLAMMÉE
E anraig était
enthousiaste
un
que
élève
Kiev.
obéissant
Il
et
flottait
attentif,
toujours
mais
sur
son
moins
visage une
possédait déjà cette faculté. Ils lui demandaient plutôt de se concentrer sur
qu’il eut compris comment les faire apparaître et les projeter devant lui,
que lui avaient transmis les Manticores était plutôt barbare. C’était sans
doute efficace contre les Aculéos sans cervelle, mais contre Javad, cela ne
lui ferait pas remporter son duel. Les deux hommes montrèrent donc à
Eanraig à faire preuve d’une plus grande finesse dans le choix de ses charges
et surtout dans la façon de parer les coups, ce que les Manticores n’avaient
falaise, où les vagues polissaient les galets. Assis à l’ombre, les pieds dans
l’eau, leur écuelle dans les mains, ils savourèrent le repas que Sage venait de
Eanraig.
— Je ne peux pas te garantir que tu gagneras ton duel contre Javad, mais
brûle-pourpoint.
cru mort à la guerre, elle s’est remariée. J’ai ensuite vécu avec la déesse qui
n’est que depuis que je suis arrivé dans ton monde que l’amour habite de
— Je sais bien qu’elle te fait peur, Eanraig, mais il ne faut pas se fier à
ses allures de guerrière. Ché appartient à une race qui n’exprime pas
facilement ses émotions, mais sous son apparence revêche, elle cache une
Elle se bat férocement contre les guerriers de sa propre race pour remercier
dans cet univers. C’est mon propre père que je devrai tuer, Sage.
— En fait, c’est plutôt contre lui que tu devras te défendre. C’est Javad
— Ouais, tu as raison.
— Pas quand je vivais à Hadar avec ma mère et mon oncle. J’étais bien
Mais chez les Manticores, j’ai rencontré une femme Chevalier qui m’a
même pas te dire comment je me sens dans cette relation. Elle m’a parlé de
projets d’avenir pour nous deux, mais est-il vraiment raisonnable de croire
— S’il y a une chose que j’ai apprise dans mon monde, c’est qu’il y a
toujours de l’espoir. Je me vois très bien rester ici auprès de Ché si le ciel le
permet.
possible. Sa femme et ses enfants lui manquent bien trop. Wellan, j’en
n’en sais rien. Il n’a pas vraiment d’attaches nulle part, alors ce sera à lui de
Sage les transporta alors tous les deux dans la grotte de Nemeroff, car
— Une des facultés les plus utiles d’un soldat divin, c’est de pouvoir
localiser quelqu’un par ses pensées. Ainsi, on peut savoir quand l’ennemi
pour le retrouver dans la grotte. Pour éviter qu’il se serve de ses sens
humains, il lui banda les yeux et lui mit du coton dans les oreilles. Encore
une fois, Eanraig lui prouva qu’il était bel et bien le fils d’un dieu. Au bout
monde à l’extérieur !
joindre à vous ?
le bienvenu.
place près d’Eanraig. Dans ton monde, Sage, les dieux jouissent d’immenses
tant que Tayaress. Mais ici, les choses sont différentes et je pense savoir
qu’il pouvait lancer contre ses adversaires. Tous les trois possédaient
— Achéron a-t-il jeté le même sort aux Deusalas ? voulut savoir Eanraig.
et moi semblions posséder des pouvoirs magiques jusqu’à ce que Kiev nous
— Elle faisait peut-être partie de ces sorciers dont vous nous avez parlé,
avança Sage.
d’exécuter les sorciers qui leur ont filé entre les doigts, ta mère n’aurait
— Mais si elle avait eu des pouvoirs, elle ne serait pas morte brûlée vive
— Les sorciers ne sont pas à l’abri de la mort, Eanraig. Ils peuvent vivre
des milliers d’années s’ils ne s’exposent pas au danger, mais ils ne sont pas
immortels.
pas que je serais un jour aux prises avec cette terrible vérité ?
— Laisse ton passé derrière toi et concentre-toi sur ton avenir. Je t’ai
— Je dois y aller. Nous nous reverrons ce soir sur la grande place.
— Ne sois pas triste, Eanraig, l’apaisa Sage. Moi, je considère que c’est
une excellente nouvelle, surtout si Javad ignorait que ta mère était une
— Hum…
— Le fait que tu sois télépathe et lui non te permettra de nous demander
des armes humaines. Je doute que Javad y ait consacré beaucoup de temps
Eanraig se redressa d’un seul coup, comme s’il avait eu une idée.
— Les sorciers ont-ils besoin d’un bijou pour se déplacer d’un point à
mur de la caverne.
ailleurs que chez Nemeroff. Il n’aimerait sans doute pas rentrer chez lui et
trouver le plancher jonché de morceaux de roc.
dans la forêt et s’arrêtèrent dans une clairière délimitée par une pente
abrupte qui descendait tout droit dans des marais. Sage trouva de gros
Maintenant, imagine que c’est Javad qui se tient devant toi, proposa
Sage.
Quelle ne fut pas sa surprise de voir la pierre voler jusqu’à ses mains.
frugal du soir. Sage leur vanta les progrès de leur protégé tout en se régalant.
Il commençait à faire sombre, alors Océani alluma un feu magique pour les
Le cougar ailé avait déjà parlé de son plan à ses amis, mais pas au jeune
homme. Assis d’un côté de lui, Nemeroff avait pour sa part reçu l’ordre de
côté, devait veiller à ce que le prochain exercice se passe bien. Lui seul avait
Azcatchi plaça doucement la main sur le bras de Sage pour lui recommander
épreuve pour leur protégé. Une imposante silhouette se dessina plus loin, à
peine éclairée par les flammes. Tous les muscles d’Eanraig se crispèrent
défendue !
battait quand même la chamade. Javad était plus grand que son fils et plus
musclé aussi. Il ne portait qu’un pantalon en cuir et il était pieds nus. Dans
une main, il tenait un glaive. Comme Eanraig n’osait pas prendre l’initiative
— Nous avons oublié de lui dire que c’est différent d’un hologramme, fit
moqueusement Nemeroff.
Eanraig.
Eanraig jeta un œil derrière lui : il disait vrai ! La lame de Javad frôla
alors sa gorge. Eanraig paniqua. Afin de ne pas être poussé dans le vide, il
alluma sa main libre et projeta un faisceau ardent sur Javad, mais il ricocha
bombarder avec leurs paumes, parce que moi, je ne sais pas comment me
Javad recula alors de quelques pas, comme s’il voulait lui permettre de
reprendre son souffle. En réalité, il s’apprêtait à porter des coups encore plus
comme ta mère ! Dommage que ce ne soit pas moi qui l’ai tuée !
ses mentors.
— Vous n’allez pas me faire croire que ce sera aussi facile que ça quand
Nemeroff.
— Il était important que tu voies son visage avant votre duel pour qu’il
fais ça que pour sauver ma vie et, si possible, délivrer le monde d’un tyran.
combattu, ce soir.
qu’avait déposés Philippa, son adjointe, près de son stationarius. Il n’y avait
rien d’urgent. Elle pourrait donc y répondre plus tard. Eaodhin prit place
dans son fauteuil. Ses yeux s’arrêtèrent sur le cadre en laiton où elle avait
placé le plus beau réflexus de son défunt mari. Elle le prit entre ses mains et
de la porte.
— Pas de café ?
mis le pied dans le temple de Viatla et elle ne comptait pas non plus se
convertir à son culte avant sa mort. Son dieu à elle, c’était la médecine. Elle
ne vivait que pour guérir les malades et redonner le sourire à ceux qui
l’avaient perdu. Pourtant, elle avait été incapable de sauver l’homme qu’elle
avait aimé de tout son cœur. Elle ignorait ce qui se passait après la mort.
Harper avait-il sombré dans un grand trou noir ? Avait-il été accueilli au
Elle n’avait donc pas compris ce qui se passait lorsqu’elle était tombée
obtenu les meilleures notes de leur promotion. Ils avaient étudié ensemble,
ouvert des corps ensemble, rêvé ensemble. Toutefois, ils avaient attendu
arriver de tous les autres pays pour recevoir leurs soins. « C’était il y a si
d’une fièvre mortelle. Non seulement son patient était mort sur la table
d’examen, mais lui-même s’était écroulé à côté de lui. La pièce avait été
forces avec ses poings dans la fenêtre d’observation, mais il n’y avait plus
rien à faire. La décontamination avait duré des jours et, lorsque les appareils
de contrôle avaient enfin indiqué qu’il n’y avait plus aucun risque de
crématorium.
installer une plaque en son honneur dans le hall de l’immeuble, mais c’était
une bien mince consolation pour la jeune femme. Submergée par le chagrin,
elle s’était enfermée chez elle et n’avait voulu voir personne. Puis, quelques
jours plus tard, elle était revenue au travail, l’air brave, ne demandant qu’une
chose : qu’on ne lui parle plus jamais de cet accident si bête qui avait
bouleversé sa vie. Elle avait placé la photographie de Harper sur son bureau
et avait pris l’habitude de lui parler tous les matins avant de commencer sa
— C’est la première fois qu’on reçoit un corps qui sent aussi fort, ajouta
le deuxième.
Elle poussa la porte et s’arrêta d’abord à son casier pour mettre son
soin attentif que si elle avait été entière, puis nota ses observations sur
l’ordinis placé sur une table haute, où elle pouvait pianoter sur le clavier
rendit ensuite aux laboratoires médicaux pour voir si les machines avaient
fourni.
toute l’équipe.
rendit ensuite à l’urgence afin de consulter les dossiers de ceux qui y avaient
été admis depuis le matin. Les quatre jeunes médecins de garde avaient déjà
plus de quinze minutes avant de recevoir des soins. Elle se contenta donc de
en quelques jours à peine, lui tendit un grand gobelet de café à son arrivée.
D’un geste de la main, il lui indiqua qu’elle pouvait s’asseoir où elle en avait
envie. Elle choisit un fauteuil capitonné tout au fond de la salle devant une
depuis longtemps, elle sirota son café sans se presser. Elle consulta les
grands titres et s’arrêta sur l’article qui parlait de l’instabilité du pays depuis
pour éviter une émeute en attendant que la princesse soit couronnée, mais
que la date des obsèques officielles n’ait pas encore été annoncée. « S’ils
d’exercice.
Eaodhin choisit l’une des bergères qui faisaient face au gros pupitre.
Kennedy attendit qu’elle soit bien installée avant de s’asseoir à son tour.
— Oui et ce corps est bien celui du prince. Je peux aussi vous affirmer
qu’il est mort avant l’assassinat de la haute-reine. Il ne peut donc pas être le
l’autre jour.
asseoir devant un des innombrables écrans qui se trouvaient sur les tables. Il
prit place près d’elle et pianota sur le clavier. Il fit alors jouer sous les yeux
par les détectors. Eaodhin vit les constables foncer sur un homme qui
l’arrière, le visage couvert de sang. Puis, les autres policiers, qui barraient la
route du criminel devant les grandes portes, volèrent dans les airs et
d’une lumière éclatante et ils durent les laisser tomber sur le sol. Le soi-
disant Lavrenti écarta les bras. Aussitôt les portes s’ouvrirent devant lui. Il
quitta les lieux d’un pas nonchalant, sans que personne ait été capable de
l’en empêcher.
— Cet homme a en effet les mêmes traits que le prince, mais ce ne peut
pas être lui, puisque son cadavre repose à la morgue. Et où cet assassin
— La seule explication qui me vient en tête, c’est qu’il s’agit d’un des
centimètres de cet homme, je peux vous assurer qu’il n’en portait aucun.
— C’est insensé. Mais admettons que ce soit vrai, cet homme pourrait
donc adopter l’apparence de son choix. Je pourrais même être en train de lui
parler en ce moment.
plus, c’est que nous ignorons où il s’en est allé. Aucun des détectors
— Il est sans doute allé tuer d’autres rois et d’autres reines, maugréa-t-
elle.
— J’ai fait prévenir tous les palais d’Alnilam. Les gardes ne le laisseront
pas entrer.
— Cette pensée est troublante et, pour tout vous dire, je ne sais plus vers
— N’attendez pas qu’il ne reste plus personne sur les trônes d’Alnilam
avant d’agir.
remercia de lui avoir fourni matière à réflexion. Elle le salua et marcha sur la
grande avenue. Comme elle n’avait pas envie de retourner tout de suite à
l’hôpital et qu’il faisait trop froid pour aller marcher dehors, elle se dirigea
vers les jardins intérieurs du palais. Dès qu’elle y pénétra, elle se sentit
facultés magiques.
— Du bonheur.
Alnilam ?
— Mon intuition.
Eaodhin tenta de lui dissimuler son inquiétude de son mieux, car c’était
détectors dans les jardins, mais si cet homme était le sorcier qui avait changé
de visage, personne n’arriverait à temps pour lui venir en aide s’il décidait
de la tuer.
carrière, madame.
demander.
— Bien sûr qu’ils existent, mais ce sont des hommes incompris qui sont
de mauvaises personnes, vous savez. Vous ne pouvez pas tous les mettre
dans le même panier. J’imagine que vous faites allusion au jeune homme
qui a malmené les policiers dans la cour avant de prendre la fuite de façon
désinvolte ?
— Y étiez-vous ?
— Non, mais j’ai entendu parler de cet incident pour le moins étrange.
— La police cherche une façon de le capturer afin de lui faire payer ses
crimes.
cette merveilleuse journée pour vous détendre et faire les choses que vous
aimez.
arrivèrent quelques minutes plus tard, Kennedy à leur tête, car son effroi
— Maintenant que je suis plus calme, je peux affirmer qu’il n’avait pas
— Seulement ce que nous en disent les contes pour faire peur aux
Il lui offrit son bras, qu’elle accepta avec soulagement. Les constables
dans la mine de Wallasse. Elle avait repris sa forme de chat et s’était mise en
boule, mais n’avait pas réussi à trouver le sommeil, hantée par le beau
matin. Elle ouvrit les yeux. Wallasse venait de déposer à quelques pas d’elle
— Merci d’être aussi gentil avec moi, Wallasse, mais je devrai repartir
tout à l’heure.
Wallasse, mais elle devait d’abord penser à elle. Elle le serra longuement
dans ses bras, puis lui demanda de la déposer dans la forêt près du grand
mon secours.
Wallasse embrassa Maridz sur les lèvres et disparut, mais elle avait eu le
temps de voir les larmes qui brillaient dans ses yeux. Elle rassembla son
courage, puis sonda les alentours. Elle capta de la vie plus loin, au nord.
s’arrêta à une source pour se désaltérer. C’est alors qu’elle sentit qu’on
l’attrapait par-derrière. Elle se retrouva aussitôt dans les bras d’une jeune
qu’il est dangereux de s’aventurer loin de sa maison ? Elle se le fait dire tout
le temps. Et tu n’as même pas de collier. Ça ne sera pas facile pour elle de
au moins manger.
libérer, mais son instinct lui recommanda de n’en rien faire. Massilia sortit
— Ici, c’est le fleuve où vit le grand poisson blanc, lui dit-elle. Là-bas,
très docile.
ne veut pas non plus le rapporter à son propriétaire tout maigre et tout
Avec toute la nourriture que Wallasse avait préparée pour elle ce matin-
là, l’estomac de Maridz était encore plein. Massilia s’assit en tailleur près
du feu et se mit à caresser le petit animal en attendant que le repas soit prêt.
mangé.
belle humaine vêtue d’une robe vert émeraude lacée sur une chemise
blanche.
venait de se passer.
Maridz si elle restait aux feux, Sierra lui fit signe de la suivre en direction de
fit asseoir la sorcière sur son lit et s’installa près d’elle. Wellan prit place sur
— Non, il était humain. Sans lui, je n’avais plus de points de repère dans
suis rappelé les conversations que j’avais eues avec Bréval au sujet des
bosquet pour que rien ne t’arrive jusqu’à ce que ta nouvelle mère te trouve.
auxquels nous devrons bientôt faire face et m’assurer que tu étais encore en
vie.
— Veuillez m’excuser.
— Est-ce toi qui l’as retirée des flammes quand les Aculéos ont attaqué
Paulbourg ?
Wellan avait du mal à croire que cette femme puisse être la mère de
— Es-tu venu ici pour aider les Chevaliers à gagner leur guerre ?
— J’ai atterri à Alnilam par accident, mais c’est certain que je ferai ce
Wallasse et Salocin.
— Oui, il est un des nôtres et il vit sur les terres des hommes-scorpions.
— En fait, ce n’est pas lui, mais la créature qui l’habite désormais. Pour
faire face à cette menace, nous nous sommes réunis et nous avons fait le
dans le monde des humains afin d’éliminer les Deusalas, puis sans doute
tous les sorciers. J’ai donc décidé d’aller offrir mes services aux dieux ailés
— Mes amis Nemeroff, Sage et Azcatchi sont déjà parmi eux. Ils seront
désirait adopter face à celle qui l’avait abandonnée une trentaine d’années
plus tôt. Elle ne regrettait pas un seul instant de la vie qu’elle avait menée à
Au fond, elle n’aurait pas voulu mener une existence différente. Jusqu’à
l’âge de cinq ou six ans, elle avait eu des parents merveilleux qui l’avaient
étaient heureux. « Alors, pourquoi est-ce que je réagis ainsi ? » se demanda-
t-elle.
que cette femme lui dirait, elle ne pourrait pas changer son passé. « Mais ai-
je envie qu’elle fasse partie de mon avenir ? » Il n’y avait qu’une seule façon
cette affaire.
— Comment t’appelles-tu ? demanda-t-elle à la sorcière en franchissant
la porte.
— Maridz.
Wellan décida de laisser les deux femmes en tête à tête. Si Sierra voulait
— Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, je vais aller manger, annonça-t-
il en se levant.
Sierra ne lui accorda même pas un regard tandis qu’il passait près d’elle
pour sortir de l’abri. Elle resta plantée à quelques pas de sa mère en faisant
— C’est vrai, mais grâce à ce mensonge, tu n’as pas été tuée par Javad.
C’est tout ce qui comptait pour moi. Je ne sais pas comment t’apaiser, mon
enfant, mais je veux que tu saches mon bonheur de voir que tu es devenue
— Seulement une partie de toi, car ton père était humain. Je suis
trente ans. Je suis parmi les rares soldats qui ont réussi à franchir ce cap.
— Les sorciers n’ont pas encore dit leur dernier mot. Nous rétablirons la
— Combien êtes-vous ?
— Nous ne sommes plus que sept, mais nous sommes puissants. Nous
allons commencer par museler le fils d’Olsson qui s’amuse à assassiner les
humains, puis nous repousserons Javad une fois pour toutes et nous
— Je voudrais bien voir ça, parce que ça fait plus de cinquante ans que
comparée à celle-là.
vie.
— Maintenant que je sais que c’est toi qui diriges l’armée des humains,
sans doute la journée à chercher son chat l’amusa. Afin d’attirer son frère
la guettait.
pourrons pas passer de temps ensemble tant que ce monde ne sera pas en
paix.
directement ?
— Non, car je crains que l’arrivée de deux sorciers ne les effraie. Mon
but, c’est de devenir leur alliée, tout comme Olsson est celui des Aculéos et
Salocin, celui des humains. En fait, tu pourrais toi aussi seconder les
monde.
s’entraîner à les attaquer. Si tu ne le sais pas, c’est donc que tu n’es pas une
déesse ailée.
— Pas du tout. Je viens d’ailleurs moi aussi et je suis ici pour les mêmes
à des Salamandres.
— Mes amis Nemeroff et Azcatchi étaient d’accord avec moi qu’il était
attaque des troupes d’Achéron. Je te présenterai au Roi Sandjiv dès que les
Maridz observa alors les trios qui piquaient vers le sol les uns après les
autres en attaquant les bovins avec des rayons lumineux. Lorsque leur
dernier ennemi holographique eut disparu, Sage ramena la sorcière plus près
du bord de la falaise. Elle put donc voir se poser toute l’armée ailée.
Azcatchi.
— N’as-tu pas ressenti la petite étincelle qu’Océani et elle ont
— Quelle étincelle ?
trouvé dans les cuisines du château de Girtab. Curieux, Kiev avait quitté sa
nouvelle venue.
assiette.
ici », constata-t-elle.
LA CORDELETTE
lorsqu’il était troublé. Elle le suivit des yeux pendant un moment, puis se
le faisait si souvent
sont arrivés ici avec leur famille. Même si je meurs d’envie d’explorer le
portail sous nos pieds, je pense que pour notre sécurité, il serait préférable
refusera de partir.
père de famille.
poursuivit-il.
— Tu sais ce qui est arrivé aux divinités qui régnaient sur le monde de
Strigilia.
— Ne leur révèle surtout pas mes plans. Je ne désire pas les exposer à ce
danger. Dis-leur plutôt que j’ai des choses à régler à An-Anshar et que
celle de t’embrasser ?
Napashni tourna les talons et quitta le hall pour aller préparer cette
nouvelle excursion. Onyx alla s’asseoir devant l’âtre et se perdit dans ses
l’entité qui s’y trouvait avait été brutale. Lorsqu’il était retourné sous son
palais avec Kira et Lassa, il avait constaté qu’il s’agissait surtout d’un chien
redoutait plus que tout, c’était que cette chose empêche le passage de son
monde jusqu’à celui d’Achéron, mais qu’elle permette aux armées du dieu-
Hokous, qui étaient excités à l’idée de visiter une autre contrée. Anoki,
— Je vous rejoindrai plus tard, je vous le promets, et je suis certain que
— Partez avant que je décide de vous garder avec moi, les menaça le
père.
entrait à grands flots par les fenêtres, Lyxus était en train d’écrire dans un
cahier.
— Je vous l’ai déjà dit, maître Onyx. Je suis trop vieux pour aller
tapis de côté et ouvrit la trappe avec sa magie. Il illumina ses mains avant de
se laisser descendre tout doucement dans le cratère. En se préparant au
bouchon qu’il laisserait tomber dans le trou pour ensuite le sceller avec de la
forteresse et choisit la plus épaisse pour tailler une longue pièce cylindrique.
— Accès interdit !
personne.
appendices qui ressemblaient à des bras s’y formèrent, mais ses pieds, si
rapprochant d’Onyx.
— Eh bien, ça va dans les deux sens, démon ! Retire-toi de mon monde
Il attendait qu’elle soit presque sur lui avant de laisser tomber son bouclier
protégeait comme dans du beurre. Onyx n’eut pas le temps de réagir. Il fut
saisi par le cou et soulevé dans les airs. Il commença par se débattre tandis
qu’il se faisait balancer dans tous les sens, puis chargea ses mains de
portait au cou projeta soudain une si intense lumière qu’Onyx fut forcé de
son corps le faisait souffrir. Le cratère fut alors illuminé d’une lumière
dorée plus tolérable pour les yeux. « Qu’est-ce que c’est encore ? » se
demanda Onyx. Il sentit alors deux mains se glisser sous ses aisselles et le
soulever pour le remettre sur pied. Croyant qu’il était victime d’une seconde
attaque, il fit volte-face en chargeant ses paumes, mais arriva nez à nez avec
Abussos.
— Qui ?
— Eh bien, maintenant, je sais à quoi sert la cordelette que vous m’avez
offerte.
nôtre.
dieu fondateur.
— Il m’a informé que Tramail est un dieu très ancien qui arrive des
une énorme pieuvre qui possède une multitude de tentacules dont elle se
sert pour écraser toutes les planètes qui se trouvent sur sa route.
— C’est loin d’être rassurant. Vous a-t-il dit comment nous pouvions
nous en débarrasser ?
— Jusqu’à présent, aucun des mondes qu’il a détruits n’y est arrivé.
— Sans doute parce qu’il les a pris par surprise. Rien n’est
— Tiens donc, je m’en suis aperçu par moi-même. Avec quoi puis-je
recommencer ?
Patris.
calmer.
proie sur ses victimes, ou bien il s’infiltre sournoisement dans les mondes
dont il veut s’alimenter. Il se montre alors très charmant et très convaincant,
vie.
Mais commençons par les accès à ta planète. Nous devons tous les
boucher.
Onyx.
soit. Notre objectif doit être de sauver d’abord tous les mondes qu’il
convoite. Je suis certain que tu ne veux pas que le tien subisse le même sort
— Vous avez raison. Mais je ne veux pas non plus rester les bras croisés
— Un peu de calme, mon fils. Dès que j’aurai localisé tous les portails,
— Je serai bientôt de retour pour te faire part de nos progrès. D’ici là,
Abussos posa une main amicale sur la poitrine de son fils en guise de
bibliothèque. Lyxus était en train de ramasser les livres qui étaient tombés
remettre en ordre.
alors il n’est plus question que vous restiez ici. Depuis le temps que je vous
parle de mon ancien royaume, vous allez maintenant le voir de vos propres
yeux.
Onyx ne lui laissa pas le choix. Il mit la main sur son bras et le
buvant du thé, Lassa, Kira et Napashni furent surpris de les voir apparaître.
Sans dire un mot, Onyx entraîna le vieil homme jusqu’à une bergère où
— Vas-tu enfin nous dire ce qui te met dans un état pareil ? exigea
Lassa.
gardien du portail a bien failli me tuer. C’est Abussos lui-même qui m’a
Lassa.
— Cette chose a traversé mon bouclier comme s’il n’avait même pas été
là. Abussos m’a conseillé de ne pas retourner à An-Anshar avant que Patris
— Vous êtes les bienvenus chez nous aussi longtemps que ce sera
— J’ai un autre château à Irianeth, mais je pense que les enfants s’y
ennuieraient à mourir.
— Et je propose de ne rien leur dire de ce qui se passe chez vous, ajouta
Kira.
— Ça va de soi.
— Je t’en prie, calme-toi, lui recommanda Lassa. Patris nous dira quoi
faire.
Napashni comprit alors que pour la première fois de sa vie, son époux
avait éprouvé de la peur. Onyx se laissa finalement tomber sur une bergère.
Il était pâle comme un fantôme. Près de lui, Lyxus ne semblait pas le moins
du monde perturbé.
Onyx ne les écoutait plus. Dans sa tête, il revivait son court duel avec le
l’anéantir. Napashni alla se placer derrière son siège et enserra ses épaules.
servantes chercher son fils distrait. Lorsque le jeune zèbre s’absorbait dans
— Il s’est sûrement caché quelque part pour me jouer un tour, leur dit-
elle. Il m’a déjà fait ça quand il avait dix ans, mais c’était en dessous de son
Les brebis passèrent tout l’étage au peigne fin, regardant même sous les
meubles, dans les placards et dans les tiroirs ! Elles ne trouvèrent aucune
trace du prince. Viatla se demanda si son benjamin s’était encore une fois
aventuré dans la cité céleste. C’est alors que Tatchey arriva par la conduite
gardes de la plateforme. Personne ne l’a vu. Je me suis donc tourné vers les
soldats qui contrôlent les allées et venues du personnel dans le couloir qui
Une terrible pensée s’empara de la déesse, qui bondit sur ses pieds.
— Pourrait-il être tombé d’une fenêtre ? Il adore s’asseoir tout près des
vitres !
— Elles sont toutes boulonnées, maîtresse, lui rappela le toucan.
connaissait l’existence des passages secrets où Rewain lui avait avoué s’être
femme sous son apparence de rhinocéros, alerté par les serviteurs et les
servantes qui couraient partout dans son palais. Il surprit Viatla à arpenter la
son tour.
désemparée.
— Il est peut-être allé faire un tour dans ta cité dont tu n’arrêtes pas de
Puisqu’il ne restait plus personne que Viatla pouvait envoyer sur les
lieux pour vérifier cette hypothèse, la mère décida de s’y rendre elle-même.
Achéron la suivit pour la réconforter au cas où leur fils ne s’y trouverait pas
non plus.
n’en as-tu pas fait condamner l’accès ? reprocha la déesse à son mari en
pressant le pas.
— Rewain ! appela-t-elle.
Sa voix lui revint en écho. Elle tapota le mur à sa droite jusqu’à ce que
ses doigts touchent l’interrupteur. Elle alluma toutes les lampes de la vaste
salle d’un seul coup et s’étonna de voir des cages à perte de vue.
— Tu vas me faire disparaître tout ça quand j’aurai retrouvé mon fils !
Viatla courut dans les allées en regardant dans toutes les cellules. Elles
étaient vides.
s’arrêta net sur le bord du bassin en reprenant sa forme humaine. L’eau était
larmes aux yeux. Y a-t-il d’autres étages dont tu ne m’as jamais parlé ?
salon, un fleuve de larmes coulant sur ses joues. « Et si Javad avait décidé de
avait remarqué les traces de pas dans la poussière et les avait suivies,
s’attendant à retrouver le prince d’un instant à l’autre. Elles le menèrent
l’un des trous. Il se rendit compte qu’il donnait sur l’étage de Javad. « Il a
rapidement sur ses pas, sortit des passages secrets et fila jusqu’aux
sous lui. Javad était écrasé dans son fauteuil préféré et buvait de la bière à
Javad arrêta net de rire et son visage adopta une expression menaçante.
— Ma question est pourtant fort simple, Votre Altesse. Quand avez-vous
— Mais vous l’avez surpris dans les passages secrets, n’est-ce pas ?
habilement.
moi ?
Javad laissa échapper un cri de rage. Viatla poussa aussitôt la porte pour
éviter que son fils s’en prenne au toucan. En la voyant s’approcher de lui,
d’aération.
— Qu’as-tu fait à ton frère, Javad ? demanda la mère sur un ton agressif.
— Je l’ai fait disparaître une bonne fois pour toutes ! hurla-t-il.
connaissance.
— Ce n’était qu’un avorton qui n’a jamais servi à rien dans cette
famille ! Il se mettait constamment les pieds dans les plats et il avait peur de
son ombre ! Je l’ai éliminé parce qu’il n’était pas digne d’être le fils
d’Achéron !
— Dis-moi où est son corps, balbutia la déesse, qui tremblait de tous ses
membres.
pourrir.
ramener au palais pour qu’il reçoive une sépulture digne de son rang, puis tu
même ?
En réalité, une fois dans le monde des humains, Javad avait l’intention
de la réunir avec son précieux petit zèbre et il ne voulait pas être obligé de
mot.
plateforme de ce côté.
Marchant derrière elle, Javad s’empara du glaive d’un des deux gardes-
taureaux et le cacha dans son dos. Les deux bovins échangèrent un regard
à sa mère et sauta avec elle dans le vide. Ils atterrirent dans la grotte au
Javad la suivit, un sourire cruel se formant sur ses lèvres. Viatla s’arrêta au
bord de la comiche.
Javad saisit sa mère par son épaisse chevelure et lui planta son glaive
botte. Elle tomba et son corps heurta plusieurs saillies avant de s’abîmer
dans la forêt.
faufila dehors et tomba sur ses genoux en hurlant. Tout autour de lui, les
Baenrhée.
— Ce n’est pas vrai, soupira Apollonia. Messinée, prépare-lui du thé qui
trop loin. Avant de les suivre, Koulia plongea les mains dans la caisse où les
s’enfonça entre les arbres. Lorsqu’elle rejoignit enfin ses compagnes, elles
Samara.
— Mais c’est impossible, voyons, laissa tomber Koulia, qui avait allumé
une des lampes pour éclairer la scène. Les dieux sont immortels.
montagne.
Koulia.
sa vie. Tanégrad le tira sur ses pieds. Encadré par les Manticores, le jeune
vers Samara.
pauvre dieu toujours en larmes. Samara déposa une chaude cape sur ses
épaules tandis que Koulia rallumait le feu. Priène en profita pour préparer
du thé.
— Je suis sûr que c’est Javad qui l’a assassinée… Parce que seul un dieu
— Il n’y a rien que nous puissions faire pour que justice soit rendue,
Rewain, intervint Priène, parce que même si nous réussissions à nous rendre
là-haut, il est pas mal certain que ton frère arriverait à tous nous éliminer.
— La vie nous apprend à être plus brave, Rewain, l’encouragea Priène.
Elle lui servit une tasse de thé vert sur laquelle il commença par se
— Comment elle était avec toi, ta mère ? lui demanda Tanégrad pour
m’adorait et elle voulait plus que toute chose que je sois toujours en
sécurité.
— Ça tombe bien, parce qu’il n’y a aucun endroit plus sûr qu’ici, lui fit
remarquer Koulia.
— Elle aimait tous ses enfants, même les plus méchants. Il n’y avait
— En toi non plus, nota Samara. Nous ne te laisserons pas seul, ce soir,
jusqu’au matin.
admettre que la vie sur la frontière lui faisait maintenant moins peur.
Rien ne pourrait être aussi terrible que ce qu’il avait vécu dans les passages
Skaïe dormait seul dans sa tente, rassuré par la présence des abris des
Chevaliers en rangs serrés autour de lui. Il arrivait même à fermer l’œil sans
petite routine ne lui manquaient pas autant qu’il l’avait anticipé. En fait, la
davantage, le gronda-t-elle.
belle.
Cercika entraînait Kharla et que Cyréna faisait la même chose avec Camryn.
Cyréna.
par un adversaire, c’est tout ce que je demande, répliqua Skaïe. Je n’ai nulle
net, obligeant la jeune femme à effectuer une rapide pirouette vers l’arrière
d’inventer ?
remarquer Cyréna.
Elle pressa son attaque pour ne plus lui donner le temps de se perdre
dans ses pensées. Lorsqu’elle s’arrêta enfin, Skaïe était couvert de sueur.
— Quoi ?
vraies armes ?
plus comme une princesse. Elle avait adopté l’allure guerrière de ses
l’inventeur.
plasma, continua Skaïe, qui ne se rendait pas compte que son auditoire se
Cercika.
manger.
rasoir.
— Là, j’avoue que j’aurais besoin d’en voir un croquis, admit Cercika.
Curieux lui aussi, Ilo alla lui chercher une page de son journal ainsi
qu’une plume. Il les remit au savant et se planta derrière lui pour voir ce
— Leur taille pourrait être réglée par un petit cadran sur le manche.
— Elle pourrait couper un Aculéos en deux sans faire couler une seule
— C’est déjà beaucoup mieux que ce que nous pouvons accomplir avec
force physique, ajouta Méniox. Il n’y a que Thydrus qui y arrive parfois.
affirma Skaïe.
Cercika.
— Dès que je l’aurai inventée et qu’elle aura été fabriquée dans les
usines d’Antarès.
— Ce qu’il ne peut pas faire pendant qu’il est coincé ici, laissa tomber
Camryn.
— Il est vraiment brillant, ton futur mari, murmura Camryn à Kharla.
à l’inventeur.
— Elles apparaissent soudainement dans mon esprit, répondit Skaïe. Je
les vois aussi clairement que si c’étaient des objets physiques. Je peux même
les manipuler et les retourner dans tous les sens pour les examiner.
— Vraiment ?
s’enquit Cercika.
Kharla hocha la tête, car elle savait mieux que quiconque que le cerveau
— Je ne sais pas ce que tout ça veut dire, avoua Antalya, mais ce serait
yeux.
— En fait, nous pourrions y faire de petits sauts aussi souvent que nous
en aurions envie, ajouta Cyréna, à condition d’être de retour pour notre tour
de garde.
— N’y pensez même pas, les avertit Ilo, qui revenait porter son écuelle
pas encore.
commandant.
Après le repas, Antalya décida que ce serait une bonne idée de parfaire
— Pourquoi ne m’as-tu pas dit que tu étais déjà un archer hors pair au
innocemment l’inventeur.
— Alors, si je te faisais tirer une centaine de flèches les unes après les
rire.
Skaïe s’employa alors à aider les femmes à mieux comprendre le côté
Après le repas du soir, Ilo fit apporter la petite table et les chaises que
Wellan avait laissées au campement et les fit installer près d’un des feux. Il y
massèrent autour des deux hommes pour voir si les mathématiques allaient
Le silence tomba sur l’assemblée, qui surveillait tous les gestes des
sur les aptitudes du savant. Il pouvait presque voir apparaître les équations
dans ses yeux bleus. Une fois que sa mémoire lui eut rappelé comment
jouer, Skaïe gagna les trois autres parties et fut chaudement applaudi par les
Chimères.
laissant le jeu sur la table au cas où d’autres Chevaliers auraient envie d’y
jouer.
rapidement que ces soldats habitués d’y jouer souvent. Lorsque Slava
annonça le couvre-feu, tous retournèrent à leur tente, sauf les sentinelles qui
l’extérieur, et quitta son lit. Il se rendit à pas de loup jusqu’à l’abri que
Kharla partageait avec la jeune Camryn. Sa belle ne dormait pas non plus. Il
— Un… roi ?
laboratoires ?
— Dix ou douze.
trouve que deux ou trois, ça nous donnerait plus de temps à passer avec eux.
au fond, elle était morte de peur. Méniox surgit alors devant le couple, en
Maintenant, retournez tout de suite à vos tentes avant qu’Ilo s’aperçoive que
Ils se mirent la main sur la bouche pour que personne ne les entende rire.
murmura Kharla.
entouré son volcan, il avait éprouvé une grande détresse. Le jeune homme
ne lui
n’avait plus la maîtrise de ses gestes. C’était la terrible entité étrangère qui
le faisait agir. Il n’était plus qu’un pantin qui assistait à sa vie sans pouvoir y
changer quoi que ce soit. Il ignorait ce que Tramail aurait fait à Olsson s’il
avait pu pénétrer dans son antre. Lizovyk avait déjà tué, poussé par l’instinct
qu’un simple sorcier comme Olsson puisse lui résister de la sorte. L’avait-il
planètes avait poussé Lizovyk à implorer son père de lui permettre l’accès
monde d’Achéron.
— Vous n’avez pas le droit de m’utiliser contre mon gré. Je suis une
— Tu as cessé d’être qui tu étais, petit sorcier. Tu as tué pour moi et tu
le feras encore et encore. J’ai étudié ce peuple primitif et j’ai compris qu’il
tenait par-dessus tout à sa hiérarchie. C’est donc par-là que nous avons
commencé. Nous allons le priver de ses chefs un par un jusqu’à ce qu’il soit
— Rendez-moi ma liberté…
princesse t’a échappé. Nous allons finir par la retrouver, mais avant,
faites ça.
reposer pendant que j’explore les autres points de sortie de cet univers.
Mélampyre, Lizovyk se mit à penser à sa mère, qui l’avait élevée seule après
mort. Elle avait tellement pleuré… « Si j’étais resté là-bas pour faire ma vie,
Tramail aurait-il choisi une autre marionnette pour commettre ses crimes ? »
se demanda-t-il.
Lizovyk baissa le regard et aperçut les écueils. « Je ne suis pas assez fort
ferma les yeux et se laissa tomber tête première dans le vide. Il se prépara à
É
l’impact, mais son corps s’arrêta net à un doigt des pierres acérées. Étonné,
il ouvrit les yeux et se rendit compte qu’il était suspendu dans les airs. Il ne
resta dans cette position que quelques secondes. Une force magique le
produisit rien. Le monstre avait-il jeté un sort à cet endroit pour qu’il
l’empêche de s’évader ?
même phénomène se reproduisit. « Je vais devoir trouver une autre façon de
démoralisé, Lizovyk chercha une corde pour se pendre. Il n’y en avait nulle
part.
assisté à la triste scène. Elle leva un regard consterné sur Aldaric, qui se
— Pourquoi lui ?
— À mon avis, elle s’est dit qu’en torturant un sorcier, elle nous
atteindrait tous.
— Elle croyait que nous allions tous voler à son secours et qu’elle
— Si nous agissons trop vite, le résultat sera le même. Nous savons d’où
points d’entrée dans ce monde. Il nous faut localiser les autres avant elle.
Alors nous pourrons coordonner une action qui le mettra hors d’état de
nuire.
cette planète pour venir en aide aux Deusalas. Ce sera leur combat, Aldaric.
— Avec plaisir.
Aldaric alla s’installer plus loin pour que rien de ce qui pourrait
laissa son esprit sortir de son corps. Libéré de son enveloppe chamelle,
celui-ci fila vers le ciel avec l’aisance d’un oiseau. C’était Carenza qui lui
avait appris à se déplacer de cette façon en lui avouant que jadis, lorsqu’ils
vivaient dans les cages sous le palais d’Achéron, c’était ainsi qu’elle avait pu
fournissent leurs enseignements, elle était allée les chercher par elle-même.
chaque royaume sans rien trouver, puis franchit l’océan de l’ouest pour
Aldaric réintégra donc son corps et ouvrit les yeux. La nuit était tombée
et les étoiles brillaient de tous leurs feux. Il se tourna vers Carenza, qui
l’observait calmement.
— Je n’ai trouvé qu’un seul passage vers les autres mondes, au milieu du
inaccessibles.
nous sera plus facile de l’affronter à un seul endroit plutôt que de diviser nos
forces.
— Sois très prudente, car je ne sais pas ce que je ferais sans toi.
Docile comme toujours, le sorcier aussi blond que les blés entra dans la
tente ronde que le duo avait subtilisée à un hôtel de Mirach. À l’origine, elle
froid dans ce merveilleux pays. Tout comme les autres sorciers, cette belle
plaindre, convaincue qu’un jour, elle serait enfin libre. Comme sa cage était
améliorer seule ses facultés. Elle avait toujours soupçonné qu’elles étaient
plus vastes que ce que leur laissaient entendre les chauves-souris. Elle avait
donc appris à voir l’avenir et aussi ce que faisaient les gens qu’elle aimait.
C’est en arrivant dans le désert qu’elle avait découvert la vasque dans les
roseaux de l’étang. Elle avait d’abord cru que c’était la valve rainurée d’un
mollusque géant qui était mort à cet endroit, mais elle s’était ravisée
lorsqu’elle l’avait sortie de l’eau. Il s’agissait d’un objet hautement magique.
Avec l’aide d’Aldaric, Carenza l’avait ramené devant leur tente. Elle l’avait
examiné pendant des jours sans saisir à quoi il pouvait bien servir. Ce ne fut
vit à sa surface un magnifique ciel étoilé, alors qu’il faisait jour et que le
soleil brillait maintenant de tous ses feux. « Mais d’où viens-tu ? » s’était-
elle demandé. La vasque lui avait aussitôt montré un palais dans le désert.
retrouvée dans cette oasis ? » C’est alors qu’elle avait découvert l’existence
d’une jeune femme qui ne devait même pas avoir vingt ans. Elle était vêtue
Carenza la vit penchée au-dessus du récipient, puis elle vit arriver des
avaient détaché le mollusque du bassin. L’un des hommes l’avait pris sous
son bras et était remonté à cheval. Après avoir chevauché toute la nuit, il
oasis, mais elle n’en avait jamais parlé à Aldaric pour ne pas l’effrayer.
avait importunés. La vasque ne pouvait pas parler. Elle ne montrait que des
Carenza avait donc deviné que la jeune femme s’en était servie pour prédire
l’avenir et que son peuple avait très mal vu la chose. Elle n’avait jamais osé
pourrait devenir fort utile aux Deusalas. Olsson se trouvait dans son volcan,
où il méditait, assis en tailleur devant son âtre. Salocin se tenait sur le grand
galeries de sa mine, l’âme en peine. Elle sonda donc son âme. Le sorcier
regrettait d’avoir laissé partir Maridz sans lui avoir avoué la profondeur de
— Eh bien, là, je ne peux rien faire pour toi, mon ami, soupira Carenza.
Elle allait se décider à aller se coucher lorsque lui vint une idée. Jusqu’à
planètes éclairées par les rayons du soleil autour duquel elles tournaient.
tentacules, qui se laissait flotter au gré des vents stellaires. Elle semblait
dormir, mais soudain, lorsqu’elle fut assez proche d’une des planètes, ses
pitié. Carenza vit alors le bec pointu du mollusque se régaler des débris du
s’étonna la sorcière.
là, mais cette fois, elle était immobile à proximité d’une autre planète que
elle. Peux-tu me dire si nous, les sorciers, pourrions leur venir en aide ?
La dernière image que lui présenta la vasque, cette nuit-là, fut la vue en
alloua des chambres à l’étage royal en les divisant deux par deux pour ne
Kaliska leur
pas séparer la famille de son époux. Phénix exprima toutefois son désir de
partager la chambre de son fils Héliodore. « Pourquoi pas ! » se dit-elle. Les
garçons avaient le même âge et ils étaient tous les deux des descendants
d’Onyx.
son palais, la reine recruta Armène, qui savait comment s’y prendre avec les
main avec leur propre marmaille, tout comme Napashni avec la sienne.
Quant à Onyx, il s’était refermé comme une huître depuis qu’il avait échoué
Napashni avait essayé de lui changer les idées, pour finalement abandonner
depuis plusieurs heures. Elle laissa son esprit parcourir le château pour
s’assurer que personne n’était en détresse et découvrit que son ancien frère
d’armes était toujours assis devant l’âtre. Elle quitta donc la chaleur de son
l’envahisseur ? demanda-t-elle.
j’imagine.
— Je ne veux pas finir mes jours ainsi. Pas après tous les dangers que
citant ce que son ami Hadrian lui avait répété toute sa vie.
connaissance ?
forteresse.
faire tout ce que je peux pour nous assurer un avenir digne des héros que
nous sommes.
— Jaspe a déjà pris ma place et je n’ai pas encore terminé mon vin.
— Merci, Kira.
par être détruit également si nous n’arrêtons pas ce fléau. J’ai besoin de plus
route, mais sa démarche et son port de tête avaient changé. Onyx entendit
nouveau jeu ?
terrible force qui m’a tout enlevé, je ne me serais jamais manifesté ainsi. Je
— Je suis soulagé d’apprendre que je n’y étais pour rien. As-tu un vrai
normalement ?
— Parce que celui qui a détruit ton monde pourrait te reconnaître sous ta
véritable apparence ?
— Il nous a révélé son nom avant de déchaîner une véritable tempête de
qui flottait dans les airs. Elle était drapée d’un vêtement doré. Mais c’était
forme d’hologramme au milieu du hall. Puis, une des planètes devint plus
grosse que les autres, jusqu’à ce qu’Onyx ait l’impression de s’y trouver.
de dire si c’était un homme ou une femme. Puis toutes mes planètes ont
nous suivre d’aussi près que possible. Nous avons foncé dans l’espace, mais
qui sépare mon monde de celui de Patris avant qu’une violente explosion me
propulse dans l’Éther. Quand je suis enfin revenu à moi, je flottais aux
jusqu’ici.
que ce Tramail n’avait plus rien à manger dans son coin de la galaxie et qu’il
guerrier, poursuivit Onyx. Il n’est pas question que je laisse ce Tramail s’en
univers paisible où les arts étaient au centre de notre vie. Nous n’avons
jamais eu d’ennemis.
C’est la première chose que nous devons chasser de notre vie. Et puis, à
Onyx lui tendit la main. Sentant qu’il pouvait lui faire confiance,
Strigilia se rendit tout au fond et, d’un geste de la main, il balaya l’air
d’Héliodore ?
Onyx souleva donc l’enfant dans ses bras. Aussitôt, il devint mou
comme du chiffon. Dans la niche, Strigilia ouvrit les yeux en prenant une
profonde inspiration. Non seulement ses iris étaient également très pâles,
famille.
Il les transporta tous les trois dans la chambre d’Héliodore. Onyx déposa
garçons, les embrassa sur le front et ramena Strigilia dans le hall. Celui-ci ne
— J’imagine que ton monde était plus chaud que le mien, comprit
Onyx.
— En effet.
Sans même lever le petit doigt, l’empereur vêtit son oncle divin d’un
épais pantalon et d’une tunique noire qu’il venait de trouver dans l’armoire
encore plus.
Cela n’était pas étonnant avec tous ces océans qu’Onyx avait aperçus sur
sa planète.
Il laissa Strigilia lui parler de sa vie dans son monde, puis, lorsqu’il
sentit qu’il perdait des forces, il lui trouva une chambre à l’étage royal. Dès
de Jaspe, leur plus jeune fils, qui dormait en boule contre sa mère.
Onyx referma les bras sur elle, coinçant l’enfant entre eux, conscient de
Pour être bien certaine qu’il ne parviendrait pas à déjouer leur vigilance,
Samara avait utilisé sur lui, à son insu, un peu de la magie de ses mains pour
Pendant que ses sœurs le surveillaient près des feux, Samara s’approcha
d’Apollonia.
— Entendu.
— Il n’a aucun pouvoir qui pourrait nous être utile. Je vois mal
moindre bataille.
préparer à partir.
acceptaient de l’accompagner dans sa quête. Comme s’il avait été attiré par
un signal que lui seul pouvait entendre, le jeune dieu piqua vers le sud. Les
— Tu sais bien que cet exercice nous fera le plus grand bien, lui dit
Tanégrad.
Rewain.
Pour éviter que Rewain leur fausse compagnie, elle institua des tours de
— Vous vivez sur les nuages, donc ? se moqua Koulia, qui ne dormait
pas encore.
— Non plus.
— Le palais de mon père ressemble à une énorme sphère métallique qui
flotte dans les airs, au-dessus d’une grande montagne qui est également
près de lui.
— Je n’en sais rien. Je n’ai jamais vraiment senti que nous nous
déplacions.
Tanégrad, curieuse.
palais et où on trouve les ateliers des artisans et des endroits qui offrent de
l’alcool et de la nourriture.
sur une dizaine d’étages. Il y a même une plaine où vivent et s’exercent les
vu. J’ai toutefois découvert qu’on pouvait le quitter à partir d’une plateforme
— J’en suis aussi venu à cette conclusion quand nous nous sommes
retrouvés dans une grotte, plutôt qu’aplatis comme des galettes dans la cité.
— Au sommet d’une très haute montagne qu’on peut voir même à partir
d’ici.
Rewain.
À
— À mon avis, seuls les dieux doivent y avoir accès, lui fit remarquer
Koulia.
Achéron, celui de mon frère Javad, puis celui qu’ont déjà occupé mes frères
chambre. Il y a ensuite un étage vide, sans doute prévu pour moi, un jour,
— Pas vraiment. Mon père a utilisé ces cellules pour y garder des
révoltés, il a ordonné leur exécution. Alors, les cages sont désormais vides et
— La sorcière que j’ai rencontrée dans la cité céleste était très gentille,
— Ce sont des sorciers plus dociles que mon père a gardés à son service.
Ce sont eux qui ont tenté d’éduquer les jeunes humains qui, finalement, ont
questionna Priène.
— Des quatre enfants d’Achéron, je crains que oui, mais ma mère était
douce comme de la soie, sauf lorsqu’elle était très fâchée. Mais ça n’arrivait
fenêtre de ma chambre.
— Il n’y a pas grand-chose à faire quand on ne peut aller nulle part.
apaisante afin de le faire dormir. Puis elle s’allongea près de lui, puisqu’elle
qui se passait dans son monde. Il leur raconta les désastreux efforts de
Kimaati afin de détrôner Achéron puis sa fin atroce sur une autre planète.
se mit à pivoter sur place, son visage devenant de plus en plus pâle. Sans
d’une femme de très forte constitution. Elle était couchée sur le dos, sa
longue chevelure châtaine étalée autour d’elle, sa peau aussi blanche que de
la craie.
— C’est elle, la grande déesse que tout le monde vénère ? lâcha Koulia,
renversée.
sa forme d’hippopotame.
— On pourrait lui offrir une sépulture ici même, proposa Tanégrad.
— Est-ce qu’on devra avertir les prêtres que leur déesse n’existe plus ?
demanda Koulia.
Nous devrions plutôt nous mettre à creuser la fosse pour prendre un peu
d’avance.
métal.
Un peu plus loin, derrière un gros chêne, Shanzerr épiait les Manticores
enterrent la déesse et qu’ils repartent vers le nord au plus vite, car son antre
— Vous rendez-vous compte que nous allons mettre en terre une vraie
— Je suis sûre que personne n’a jamais fait ça avant nous !
— Moi, je dis que ce n’est pas bon signe pour l’avenir, grommela
Koulia.
— Les humains honorent leurs morts en les déposant dans un grand trou
haut.
— Aucun dieu ne peut faire ça, hoqueta Rewain en essuyant ses larmes.
Samara réussit à l’éloigner de Viatla, puis alla aider ses sœurs d’armes à
Samara.
dans le monticule près de la tombe, car il n’avait jamais fait cela de sa vie, et
d’enterrer Viatla. Dès que l’opération fut terminée, elles remirent les outils
campement.
dans la prison ni à l’étage des sorciers, car elle s’y serait farouchement
chez lui.
Le trajet de retour des Manticores fût plus lugubre, car le jeune dieu
c’était le matin. Apollonia se leva et se mit les mains sur les hanches.
— Nous avons encore tous nos membres et nous sommes plus en forme
commandante.
l’enterrer.
doutait bien que Rewain n’aurait pas faim, mais elle lui en offrit tout de
Dès que les Manticores eurent fini de manger, Baenrhée décida de les
Samara saisit Rewain par le bras pour l’inciter à suivre ses compagnons
yeux. Son arbalète flottait dans les airs, à quelques pas devant elle, et elle
était armée. Apollonia n’eut pas le temps de s’écraser sur le sol. Le carreau
un tel silence que les Manticores n’en eurent même pas connaissance.
— Si Wellan était là, il y aurait déjà eu suffisamment d’orages pour tout
bon état, puis nettoyèrent le tunnel et les décombres. Lorsque le parcours fut
se mesurer les unes aux autres. Celles qui venaient tout juste de manger
préférèrent attendre plus tard. Pour la première fois depuis son arrivée dans
— Bon, c’est assez pour aujourd’hui ! décida Priène pour éviter que la
précipita sur elle, mais ne put que constater son décès. Les autres
Samara.
ordres, maintenant ?
Tous les poignards glissèrent en même temps hors des gaines attachées
aux ceintures que les Manticores avaient laissées sur le sol pour aller
s’entraîner. Ils s’élevèrent dans les airs par eux-mêmes et se pointèrent vers
devant leurs yeux. Mais avant qu’ils puissent s’en emparer, elles décollèrent
Avec ses mains, elle indiqua à ses camarades de chercher des yeux d’où
provenait l’attaque.
avait ramassé l’arbalète. Ses cheveux noirs mi-longs étaient en bataille et ses
— Pourquoi as-tu tué ces soldats qui ne t’ont rien fait ? se fâcha Dassos.
noir.
Une éclatante lumière blanche jaillit alors de tout son être. Lizovyk
son lieutenant…
— Infiniment triste…
Elle demanda à ses sœurs d’armes d’envelopper les corps dans des
couvertures, puis aux hommes d’aller creuser deux fosses dans le cimetière
toujours pas à croire qu’une telle tragédie venait de les frapper. Lorsque les
Chaque Manticore qui le désirait prononça quelques mots pour leur dire
n’a tué que celle qui détenait le pouvoir et celle qui a décidé de prendre sa
relève. Il ne faudra donc pas que notre prochain chef s’affiche ouvertement
comme l’ont fait Apollonia et Baenrhée. Il devrait plutôt se faire très discret.
nommer, vous savez aussi bien que moi laquelle d’entre nous a le plus
d’autorité ici.
Priène quitta le groupe et se dirigea vers son abri afin d’aller se recueillir
à moins de s’être mis les pieds dans les plats, au bout de deux jours
soupira-t-il intérieurement.
collègue y avait encore été admis. La dame l’assura que non. Elle fit même
cherche aussi monsieur Skaïe depuis ce matin. Il n’est pas revenu pour sa
s’alarma Eaodhin.
Le constable commença par lui dire que l’inspecteur était très occupé
— J’aimerais bien le savoir. Nous ne le voyons plus nulle part sur nos
écrans.
alors j’ai envoyé mes hommes fouiller les passages secrets. Jusqu’à présent,
— En fait, c’est plutôt moi qui le lui ai suggéré. Il était encore si ébranlé
— Vous êtes donc ici parce qu’il ne vous a pas confirmé son départ,
c’est bien ça ?
l’avons vu que de dos, mais sa carrure n’était pas celle du meurtrier. Après
concierge. Mes hommes ont alors confirmé que monsieur Skaïe ne s’y
trouvait pas, mais plus curieux encore, il n’a pris ni valises, ni effets de
toilette. Il y avait même sur son lit un gros sac de vêtements tout neufs qu’il
constatation que j’ai envoyé tous mes effectifs dans les passages secrets.
Odranoel. À moins qu’il ait réussi à inventer son fameux vortex avec lequel
finit par mettre la main sur la fiche de Skaïe. Il l’ouvrit sur sa table de
travail.
qu’Odranoel n’avait même pas lu son curriculum vitae. Il jeta donc pour la
l’université. Skaïe n’avait travaillé que dans un seul laboratoire avant son
Odranoel.
Il fouilla dans les papiers et finit par trouver une seule feuille sur
— Ici Ignace Forge, fit alors une voix grave. Qui êtes-vous, monsieur
monsieur.
Skaïe ?
— Très exactement, oui. Serait-il retourné chez vous pour se reposer, par
hasard ?
lui avons demandé de quitter la maison, nous lui avons clairement indiqué
qu’il ne pourrait plus jamais compter sur nous. Alors je ne vois pas pourquoi
il serait tenté de revenir ici, à moins qu’il ait décidé de changer de carrière.
— Il a choisi une route différente de celle que nous avions tracée pour
lui.
— Mais votre fils est le plus brillant savant qu’il m’ait été donné de
— Ce dont j’avais besoin, c’était qu’il prenne ma relève dans la clinique
vétérinaire que j’ai construite à la sueur de mon front. Non seulement il m’a
privé de cette joie, mais il m’obligera à tout vendre lorsque je serai devenu
solitaire qui refusait de se mêler aux autres et qui préférait voguer dans les
du futur roi d’Antarès, mais je vous souhaite tout de même une bonne
journée.
l’avait apporté avec lui. Il le chercha en vain dans les laboratoires, mais
trouva par contre une clé dans le fond d’un des tiroirs de sa salle de travail.
il aperçut la petite valise noire que Skaïe traînait partout. Il la déposa sur le
qu’il ne devait pas les déranger inutilement tandis qu’ils étaient sur le front,
— En fait, oui. Mon collègue a disparu et la police craint qu’il n’ait été
— Dis à Kennedy que Skaïe est toujours vivant et que rien ne le menace.
J’ai décidé de lui procurer quelques jours loin de la forteresse pour accélérer
sa guérison.
— Quand reviendra-t-il ?
— Dès que son agresseur aura été capturé. Cette conversation est
terminée.
Odranoel n’eut même pas le temps de dire à Sierra qu’il avait besoin de
— Odranoel.
Skaïe.
apparemment, ironisa-t-elle.
— Crois-tu que notre brillant jeune homme se débrouille bien chez les
Chimères ?
division. Il est bien trop bavard pour passer inaperçu chez les Basilics et pas
— Il est vrai que tous les savants sont un peu fous, mais je crois qu’un
séjour parmi elles l’aurait plus déboussolé que rassuré. Au moins, avec Ilo,
— Grâce à toi.
— Le seul objet que nous possédions de lui nous a conduits au cadavre
localiser.
Wallasse, forcément, il voudra lui aussi s’en prendre à toi. Au lieu d’essayer
— Rien que ça ?
— C’est Priène.
— Priène ?
— Quoi ?
chefs. Il a tué Apo pendant que nous étions au parcours d’obstacles et quand
nous sommes revenus aux feux, il a fait subir le même sort à Baenrhée
lorsqu’elle s’est proclamée commandante. J’ai fait taire tout le monde pour
Manticores.
par mon nouveau titre pour éviter de subir le même sort que mes sœurs
d’armes.
— J’ai aussi averti mes troupes de ne pas utiliser ton titre non plus, au
Wellan.
Baenrhée.
— Oui !
Ils poursuivirent leur route jusqu’à la hutte d’Alésia, qui était en train de
soirée.
gronda-t-elle.
assassinées.
En état de choc, la commandante des Salamandres laissa tomber son
pinceau.
un souffle.
— Eh oui. Je m’en vais chez les Manticores pour mieux comprendre ce
— Et tu reviendras ?
— Je ferai un rappel juste pour toi quand vous serez de retour. Je sais
bien que Wellan est capable d’affronter un sorcier, car je l’ai vu de mes
— Il y a une dernière chose que je dois te dire, Alésia, conclut Sierra. Il
n’est pas impossible que ce mage noir ait commis ces crimes pour m’attirer
à l’autre bout du pays juste pour mieux frapper dans un autre campement.
— Priène m’a fait une suggestion pleine de sens. Le sorcier en veut aux
chefs de l’armée tout comme aux chefs d’État, alors demande à tes
Salamandres de ne pas t’appeler par ton titre, mais uniquement par ton nom
à partir de maintenant.
elle.
voulut-il s’assurer.
— Mais où ils s’en vont ? se troubla Massilia qui venait chercher Alésia.
dans l’air qui n’échappa pas à Wellan. Il se demanda si un autre orage allait
— Je capte une présence magique non loin, mais ce n’est pas celle d’un
— C’est sûrement le dieu Rewain dont m’a parlé Priène tout à l’heure.
agenouillée devant les deux sépultures où elle venait de déposer les gourdes
des deux Manticores assassinées. Sierra se mit à genoux près d’elle et passa
son bras autour de ses épaules pour la réconforter. Wellan décida de rester
debout derrière les deux femmes pour les protéger durant cet instant de
vulnérabilité.
— Est-ce que Priène t’a raconté ce qui s’est passé ? hoqueta Mactaris.
— Tu as sans doute raison, car nous étions tous là quand il a fait subir le
même sort à Baé. Tous nos poignards sont sortis de leur gaine en même
— Il n’y a plus aucun doute dans mon esprit que c’est le Lizovyk dont
précipita à leur rencontre. Elle serra le bras de Sierra avec force et appuya
— Tu ne peux pas savoir à quel point je suis contente que tu sois là, lui
dit la Manticore.
— Je ne t’aurais jamais laissée seule aux prises avec cette situation.
Priène se tourna vers Wellan, lui agrippa également le bras, mais il dut
les ai laissés boire de l’alcool ce soir pour noyer leur chagrin. Comme ils ne
— Mais si le sorcier était revenu ? Aucun d’entre eux n’aurait été en état
de se battre.
— Crois-moi, il n’y a rien que de simples mortels puissent faire contre
lui.
Sierra se garda de lui révéler qu’elle était en partie sorcière, elle aussi.
plutôt. Mais je voudrais bien comprendre ce que le dieu Rewain fait ici.
C’est là que Samara l’a trouvé tandis qu’elle était à la chasse. Elle l’a
peine d’arriver que c’était sa mère Viatla qui subissait le même sort.
montagne. Nous avons décidé de le garder avec nous, mais nous ne savons
Lorsque le phénomène a pris fin, le sorcier n’était plus là. Il a agi surtout par
instinct pour nous défendre. À mon avis, il n’a aucune idée de ce qu’il est
capable de faire.
— Où est-il ?
Wellan. Je veux être certaine qu’il ne fait pas partie d’un piège que nous
tendrait Javad.
— Entendu.
seul flambeau planté à son fil d’arrivée. Un jeune homme aux cheveux bruns
bouclés, vêtu comme un Chevalier d’Antarès, était assis dans les dernières
marches de l’escalier en apex, la tête basse. Il tenait une tasse de thé entre
— Nous n’y avons pas vu de mal, puisque c’est son neveu, répondit
Samara.
— On me dit que c’est toi qui as repoussé le meurtrier d’Apo et de Baé ?
fit gentiment Sierra.
mon corps.
Samara.
s’excusa Rewain. Je ne suis pas un dieu agressif comme les autres membres
de ma famille.
— Tu serais sans doute mieux de rester ici pour continuer à protéger les
Manticores.
— Wellan a raison, l’appuya Sierra. Maintenant que le sorcier sait que tu
es parmi elles, il y pensera à deux fois avant de revenir. À moins, bien sûr,
— Il ne le peut pas, répondit Samara à sa place. Son frère le tuerait, c’est
certain.
j’espère que mon père finira par apprendre ce que Javad nous a fait à ma
mère et à moi et qu’il lui réglera son compte avant qu’il puisse faire du mal à
Eanraig.
— Merci, madame.
— Oui, pardon.
campement. Priène et Wellan la suivirent. Ils prirent place devant les feux,
— Il n’est pas resté longtemps et tout ce qu’il a dit, c’est qu’il avait tué
tous y passer pour son seul plaisir. Il y avait tellement de haine dans ses
yeux.
— Décris-le-moi.
ceux de Koulia, mais sales et ébouriffés. Je pense que ses yeux étaient bleus,
— Ciel, non, sauf pour sa taille peut-être. À ton avis, pourquoi agit-il
pourrions concentrer nos efforts sur les plus dangereux par la suite.
colline. Soufflant comme une baleine, elle était entièrement trempée par la
sur sa tête. Je suis allée voir si les sentinelles avaient besoin de quelque
chose.
— Apo n’y croyait pas, mais je pense que c’est plus prudent, expliqua
pour la nuit ? Nous avons attribué votre abri à Rewain, mais vous pouvez
Lizovyk ? Il ne traîne pas des Rewain à tous les coins de rue. Qui pourrait
décourager ce sorcier de mettre les pieds dans les autres campements pour
les réponses. Mais une chose est certaine, nous devons découvrir les
doute y arriver.
devrais plutôt avertir les autres commandants de ce qui s’est passé ici.
— Je préfère ne pas utiliser mon movibilis afin de ne pas mettre leur vie
mangèrent dans l’abri sans se presser. Wellan aurait donné n’importe quoi
pour aller prendre une douche chaude, mais encore une fois, il n’en aurait
Sierra en se redressant.
Elle se rendit aux ruines de la maison où elle avait grandi, Wellan sur les
talons.
elle, nostalgique. J’ignore qui peut bien être ce Bréval, mon véritable père,
et j’imagine que les registres de l’hôtel de ville ont dû être réduits en cendre
— La fois où j’ai exploré cet endroit, j’ai découvert beaucoup de trésors
Wellan se mit donc à marcher à travers les ruines, les paumes tournées
vers le bas. Sierra l’observa. Elle était torturée par son désir d’en apprendre
davantage sur ses origines, mais elle devait aussi protéger Alnilam contre
— Fais vite.
immeuble plus grand que les autres et aperçut une trappe. Il l’ouvrit avec un
alluma donc ses paumes et descendit dans le sous-sol. Sierra était bien trop
curieuse pour ne pas l’y suivre. Wellan illumina une centaine d’étagères sur
lesquelles reposaient des boîtes en métal identifiées par des symboles qu’il
— C’est ainsi qu’on appelle les policiers chargés des enquêtes et des
— Puisque je ne sais pas comment écrire le nom de ton père, alors c’est
à toi de jouer.
brusquement et d’une main tremblante, elle retira une mince boîte placée
bas.
Aude…
Sierra se mit à parcourir cet acte officiel, les larmes aux yeux. Wellan
L
juste
izovyk aurait pu être brûlé vif par l’énergie divine de Rewain, mais
une force inconnue lui avait fait quitter le campement des Manticores
Il réapparut sur les hauts plateaux des Aculéos et plongea ses bras
meurtris dans la neige afin de les soulager rapidement. Il n’avait pas appris à
se guérir lui-même lorsqu’il vivait avec son père, car il n’avait jamais subi
m’aurait sans doute tué et j’aurais enfin été libéré des tentacules de
doute être content d’apprendre que j’ai réussi à tuer deux des chefs de
reposa.
Au matin, il ressentit une grande faim. Parce qu’il avait parcouru toute la
connaissait l’existence des quatre divisions. Il sentit alors dans son esprit
que son maître y implantait de nouvelles images. Puisqu’il ne pouvait pas lui
échapper, le jeune sorcier décida de faire tout ce qu’il lui demandait même
s’il n’en avait aucune envie afin que cette planète soit détruite au plus vite et
une forêt qu’il reconnut comme étant celle des Basilics. Il avait assez
Olbia était assise sur une branche, le dos appuyé contre le chêne où elle
elle avait une vue imprenable sur toute la falaise. De plus, ses yeux
juste au-dessus d’elle. Elle semblait endormie, mais Olbia savait que ses
la ronde. Tout à coup, la bête de la taille d’un gros chien poussa un cri aigu.
de fruit.
Au lieu de s’étirer le museau pour les attraper, Noctua prit son envol.
comportement. Elle suivit son parcours et, lorsqu’elle la vit tourner en rond
au-dessus d’une partie de la clairière, elle sauta de son perchoir. Son arc
vêtu d’un long manteau noir qui se dirigeait vers le campement. D’une
Chésemteh était assise devant l’un des feux avec Orchelle, Locrès,
ce qu’elle ferait d’elle. Orchelle ressemblait à une enfant qui devait tout
bien que les Basilics avaient fini par se demander si elle n’était pas à la
commandante, qui refusait d’y croire. Mais elle gardait tout de même la
scorpionne à l’œil.
Orchelle fut secouée d’un frisson d’horreur. Chésemteh allait dire aux
— Ce ne sont pas des Aculéos, mais je ne reconnais pas cette odeur.
Dans la forêt, Olbia vit Trébréka converger vers elle, son arc à la main,
prête à tirer. Avec des signaux silencieux, elle indiqua à la rouquine que
qu’elle avait compris et piqua vers la droite tandis qu’Olbia allait à gauche.
pas l’intercepter entre les sapins. Il mit le pied dans la clairière, à quelques
— S’il bouge, il est mort, indiqua Olbia, qui fixait intensément l’intrus.
— C’est ce que vous croyez ? Je ne suis pas humain. Je peux tous vous
— Le futur maître du monde. Puisqu’il avait envie de prendre son temps
pour vous écraser comme des insectes, il m’a demandé d’assassiner tous les
celles-ci prirent feu en vol et retombèrent en cendres sur le sol avant d’avoir
alors qu’elles allaient les laisser partir, elles sentirent leur poignard glisser
manche des dagues. La force qui les attirait était si grande toutefois qu’elles
horreur, mais aucun d’entre eux n’eut le temps de réagir. Les poignards
leurs bras, mais ne reçurent pas le moindre débris. Sage avait prestement
levé son bouclier pour les protéger. Olbia et Trébréka en profitèrent pour se
La pierre qu’il portait au cou se mit à briller de mille feux. Aveuglé par
cette lumière qui lui causait en même temps d’atroces douleurs dans tout
son corps, Lizovyk comprit qu’il avait encore une fois affaire à un dieu.
— Est-il vraiment parti ou est-ce qu’il est juste allé se cacher dans la
— Un sorcier qui fait le sale travail de son maître, cracha Sage.
Chésemteh.
— Le sorcier ne pourra rien contre toi tant que tu porteras cette pierre,
— Mais toi ?
intervint Trébréka, mais tu devrais appeler Sierra pour lui raconter ce qui
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Dans l’abri qu’elle partageait avec Koulia, Priène était en train
— Ici Priène.
à joindre.
— Quoi ?
— Chez les Basilics, mais je veux aller prévenir Priène que nous
partons.
indiqua Sierra. Gardez Rewain avec vous en tout temps, car il est votre gage
de protection.
— Nous l’avons déjà compris, affirma Priène. Je communiquerai avec
quelques secondes plus tard devant l’abri qu’ils avaient occupé chez les
Basilics. Sierra laissa tomber ses sacoches et fonça vers le groupe. Wellan
d’Émeraude.
supplia l’Eltanienne.
exigea Sierra.
Les Basilics lui obéirent sans dissimuler leur inquiétude. Encore une
fois, Wellan préféra rester debout pour scruter les alentours. Ce fut Locrès
qui leur relata les événements troublants qui venaient tout juste de secouer
leur campement.
— Il est d’abord passé chez les Manticores, leur apprit Sierra. Il a tué
Apollonia et Baenrhée.
— S’il a commencé par les Manticores et qu’il est venu ensuite ici,
— Alors ne reste pas ici. Personne n’est magique dans ces deux
campements.
— Bien compris.
dématérialisent.
pierre qu’elle portait au cou. Elle se tourna vers Sage et lui fit signe de la
demanda-t-elle, étonnée.
répliquer. Sage l’attira lentement dans ses bras pour qu’elle ne prenne pas
peur. Voyant qu’elle ne résistait pas, il déposa un doux baiser sur ses lèvres.
front, murmura-t-elle.
serons tranquilles.
il.
secours.
— Tout seul ?
— Je n’en sais rien. Arrête de te faire du souci. Nous sommes saufs.
— Pour l’instant.
Sage le suivit, amusé de constater que ce dieu, qui avait été son ennemi
dans son propre monde, faisait désormais preuve d’une réelle amitié envers
le roi des Aculéos prit place sur son trône, songeur. Il se surprit à penser
qu’il aurait aimé lui aussi posséder des pouvoirs magiques et ne plus avoir
recours à un sorcier. Il avait appris que les pouvoirs du mage lui avaient été
rêva-t-il.
un peu de son sang, car il ne pourrait pas le contraindre à lui offrir un aussi
beau cadeau. « Ou il pourrait saigner son fils s’il lui met la main dessus »,
chambre et fouilla dans le plus gros de ses coffres. Il en retira une carte
bien des années plus tôt. Il s’assit par terre et la déroula. En l’examinant
jamais accoster à Altaïr, car même s’il était très large, le fleuve ne leur
efficaces. Ils arrivaient presque toujours à noyer ses guerriers avant même
falaise. Elles resteraient coincées entre les deux rives à Antarès ou à Hadar
et finiraient par servir de pont à ses ennemis. Il laissa le bout de son index
armada vers le sud, au-delà des territoires que protègent les Chevaliers »,
plages en pleine nuit, ils pourraient se mêler aux humains et envahir peu à
Zakhar fut surpris de la trouver plongée dans le noir. Il frotta les pierres
Orchelle n’était pas sur son lit. Puisqu’elle adorait tous ses petits, le roi crut
la carte sur le lit et suivit le long couloir qui menait dans la grande caverne
— Il y a bien des jours qu’elle n’est pas venue voir ses enfants, répondit
— Des jours ?
pour flairer les fourrures sur son lit. Son odeur était en effet en train de
s’évaporer.
dit Zakhar. Il dépêcha donc ses servantes chez les jeunes femmes qui
les servantes revinrent dans le hall. Orchelle n’était nulle part. Zakhar
poussa un hurlement de fureur qui les fit toutes déguerpir dans les tunnels.
— Elle s’est enfuie parce qu’elle ne croyait pas à mon rêve ! ragea-t-il. Si
vie !
Ce fut ensuite ses guerriers qu’il dépêcha sur ses terres enneigées afin
Dès qu’il fut de nouveau seul, Zakhar arpenta sa caverne comme un animal
— Lui aussi ?
— Une jeune femelle m’a révélé qu’il était très fâché depuis que tu
s’échapper.
— C’est sans doute lui qui a persuadé Orchelle de le suivre je ne sais où,
parce que c’est ma préférée. Retrouve-les tous les deux, Genric. Je veux les
frapper sur les murs avec sa massue en poussant des hurlements terrifiants.
au milieu de la caverne.
— Je ne me souviens pas de vous avoir vu dans un état pareil, fit-il,
étonné.
et se concentra. Zakhar l’observa en lui enviant encore une fois ses facultés
surnaturelles.
— Quelqu’un l’a sans doute aidée à traverser le canal. Je capte une autre
me le ramèneront !
recenser toutes ses épouses. À quelques pas du roi, Olsson étudiait ses
— S’il existait une recette pour procéder à une telle opération, il y aurait
— Vous avez acquis vos pouvoirs grâce à quelques gouttes du sang d’un
dieu, n’est-ce pas ? Ne pourriez-vous pas faire la même chose pour moi et
tout de même construit une vie confortable. J’ignore ce qui se passe ailleurs.
information.
qu’il avait trouvé derrière une pierre dans la tanière de Quihoit. Tout le reste
avait disparu.
plutôt flotter dans les airs, à la hauteur de ses yeux. Comme il mettait plus
pris un bateau ?
— Ou bien il est mort, ou bien il est protégé par une magie qui ne me
— C’est possible.
— Si vous n’avez plus besoin de moi, je vais aller m’occuper de certains
problèmes qui doivent être réglés si vous voulez un jour régner sur toute la
planète.
doutait pas du tout de ce que préparait son ex-mari. En rentrant de son tour
ceux qui s’étaient enrôlés dans l’Ordre n’avaient pas eu le choix : ils avaient
— Les Aculéos consomment leur viande crue, car ils ont peur du feu,
expliqua Orchelle.
— Pourtant, mon chef ne le craint pas. Elle sait que les flammes servent
à nous réchauffer et à cuire la nourriture. Je l’ai par contre vue savourer une
Trébréka.
— Jamais de viande ?
— Moi oui, mais seulement quelques-unes. Olbia, elle, refuse encore d’y
goûter.
— Ce sont des aliments merveilleux qui poussent dans les arbres. J’irai
fouiller dans le conteneur après le repas pour voir s’il en reste. Ils ne seront
pas aussi frais que lorsqu’on les cueille directement de la branche, mais ça te
— Nous avons fait chauffer l’huile dans la marmite, puis nous avons
tout.
— Il faut maintenant y mettre le bœuf en cubes, les carottes, le céleri, le
rutabaga et la courge.
facile pour moi d’apprendre toutes ces coutumes étrangères, car je n’avais
des Basilics.
— Ce n’est pas une mince affaire de nourrir tous ces Chevaliers.
Chésemteh laissa les deux femmes poursuivre leur travail. Elle alla
accrocher ses armes dans son abri et jeta sa cape sur ses épaules avant de
retourner aux feux. Orchelle était en train d’agiter la grosse cuillère en bois
— Un peu de thé ? lui offrit Trébréka. Je viens de faire chauffer de l’eau.
veux bien.
— Tu as de la chance, parce qu’il ne m’en reste plus ! Je n’ai trouvé que
un sachet.
insecte.
repousser les Aculéos une fois pour toutes, une autre calamité nous tombera
sur la tête.
mélancolie.
soldats ne t’obéissent pas parce qu’ils ont peur de toi, mais parce qu’ils te
elle rêvait d’une petite vie tranquille, mais ce n’était peut-être pas son
destin…
RENVERSEMENT
étage et ne la trouva pas dans son salon. Intrigué, il fit le tour de toutes les
pièces.
— Que faisait-elle là ?
— Chez Javad ?
secret.
jeux ?
le reste de la famille.
emplumé ?
— En vertu du protocole, cette intervention incombait à votre femme,
Votre Majesté.
silence coupable, ce qui me porte à croire que la déesse et votre fils sont
Kimaati ? Ce qui est arrivé à cet orgueilleux lion ne lui a-t-il donc pas servi
de leçon ?
d’abord jusqu’à la sortie qui donnait sur la plateforme d’où il était possible
renâclant.
hommes.
— Où allaient-ils ?
— Seulement Javad.
— Et ma femme ?
— Elle y a suivi Javad, mais elle n’est pas rentrée au palais non plus.
Fou furieux, Achéron grimpa à vive allure jusqu’à l’étage de son fils
aîné. Les deux soldats qui surveillaient les portes eurent tout juste le temps
de se ranger sur les côtés avant que le rhinocéros les défonce brutalement,
rien dit ?
— Je les ai tués tous les deux et j’ai rejeté leurs corps dans le monde des
humains.
— Ton règne ?
fumier !
encore, cherchant à crever les yeux de son fils, mais celui-ci se défendait
nombreux chocs.
horrifié par ce qui se déroulait sous lui. Il savait très bien que Javad était
dieu fondateur. Mais ce dernier était si furieux qu’il refusait de céder même
corne dans la joue de son père, la secoua dans tous les sens pour l’en
s’écroule lourdement sur le sol. Tatchey comprit alors que c’était la fin pour
son maître et que le règne d’un nouveau tyran allait commencer. Il s’élança
agrippa la corne d’une main. Il la traîna dans le couloir, laissant une rivière
plateforme.
d’avancer jusqu’au long passage qui descendait vers la ville où habitaient les
serviteurs. Il n’y avait jamais mis le pied, puisque, lorsqu’il voulait utiliser
Maridz lui avait pourtant prédit qu’il ne remplacerait jamais son père sur le
trône. « Ou bien elle n’a aucun talent de divination, ou bien elle m’a
dieu.
lance des mains d’un des soldats-taureaux qui surveillaient cette entrée du
— Écoutez-moi ! réclama-t-il.
Achéron, Viatla et Rewain ont désormais rejoint mes frères dans le hall des
torse, il grimpa sur le podium que son père avait jadis fait construire pour
s’adresser aux soldats. Javad promena son regard sur ces braves taureaux
prêts à lui sacrifier leur vie. Le général Arniann sortit du groupe et s’avança
vers lui.
— Non, général. Je suis venu annoncer aux troupes qu’Achéron est mort
— Mort ?
— Elle s’est enfuie avec son horrible petit zèbre. Malheureusement, ils
allons éliminer tous ceux qui menacent mon pouvoir ! Préparez-vous, car
Les bovins poussèrent des cris de victoire qui gonflèrent Javad d’orgueil.
« Enfin… » se réjouit-il.
lequel il avait sauté, mais ce ne pouvait pas être un lieu plus dangereux que
celui qu’il venait de quitter. S’il était resté dans le monde des dieux, il aurait
très certainement été exécuté, car il en savait trop sur les agissements
jour qui y pénétrait grâce à une ouverture au ras du sol. Tatchey se déplaça
il avait passé toute sa vie. Il vit alors passer un vol d’oiseaux dont il fut
des ailes pour voir s’il pourrait voler dans ce monde étrange. Il s’éleva sans
difficulté dans les airs et commença par faire le tour du grand pic. Il aperçut
plusieurs villes au sud, mais ce qui retint surtout son attention, ce fut un
bûcheron.
Shanzerr leva sa hache et stoppa son geste, car il venait de capter une
immortelle. Il déposa l’outil sur le sol pour montrer que ses intentions
— Montrez-vous, exigea-t-il.
— Ce ne sont pas des sorciers qui ont reçu le don de se métamorphoser.
Cependant, je n’ai jamais osé m’en servir chez mon maître. Mes ailes me
d’apparence vous mettrait plus à votre aise, je veux bien vous accommoder.
Le toucan se changea en humain. Il n’était pas très grand et il était un
peu plus enveloppé que la majorité des hommes. Il portait l’uniforme noir,
ovale et plutôt pâle, ce qui faisait ressortir ses pommettes rosées. Ses yeux
— Si vous avez l’intention de passer quelque temps ici, je vous conseille
de conserver cette apparence. Les oiseaux ne parlent pas à Alnilam. Qui est
monsieur.
mais Javad, le fils aîné d’Achéron. Il a tué toute sa famille afin de se hisser à
la tête du monde. Il caresse des plans de conquête qui coûteront la vie à des
au toucan, car il ne savait pas encore s’il pouvait lui faire confiance. Javad
aurait tout aussi bien pu l’envoyer à la recherche des sorciers qu’il tentait
— Si j’ai réussi à survivre aussi longtemps, c’est parce que j’étais sous
cherchera à me tuer.
conseils.
tourmente.
— Quelle horreur…
— J’aimerais bien vous inviter à passer quelques jours chez moi afin que
je vous instruise sur les us et coutumes des humains, mais je ne suis pas
encore convaincu que vous n’êtes pas un espion de Javad à la recherche des
sur la tête de Viatla que je ne suis qu’une pauvre victime, comme ces
sorciers. Cette pensée vous obsède-t-elle parce que vous êtes l’un d’eux ?
— Alors je vous assure que nous sommes dans le même camp. Pour
contrarie beaucoup Javad. Il semble avoir peur de ce que vous pourriez lui
faire.
— Avez-vous un nom ?
— Dans ce cas, il y a quelque chose que je dois vous montrer avant tout.
ont trouvé le corps de Viatla dans ces fougères, criblé de coups de poignard.
— C’est ainsi qu’il l’a assassinée ? s’étrangla-t-il, les larmes aux yeux.
Il préféra attendre encore un peu avant de lui avouer que le jeune dieu
thé ?
— Il y a du thé dans ce monde ? s’étonna le toucan. Tout n’est donc pas
perdu.
prit le soin de bien scruter les alentours pour s’assurer que les soldats-
E n rentrant dans son volcan sur les grandes plaines enneigées des
Aculéos, Olsson prit place devant l’âtre et songea aux propos que
celui qui avait déjà été son fils. Tout ce que désirait Olsson, c’était de vivre
monde déchiré par la guerre, nous devrons nous battre. » Mais de qui se
Incapable de faire taire son angoisse, Olsson laissa errer son esprit à la
réfugiés sur la terre des humains. Il s’étonna que celui-ci ait choisi de se
passer par là avec son armée, il tomberait certainement sur lui. Olsson hésita
il était parti, des années plus tôt, lorsque Salocin, Shanzerr, Wallasse et lui
également une autre présence. Il ralentit donc le pas et s’arrêta entre les
connaissait pas.
— Il n’est pas humain, laissa tomber Olsson. Je sens une étrange énergie
en lui.
— Viens t’asseoir. Tu ne voudras pas me croire.
— Je lui ai déjà dit ce qu’il risque s’il nous trahit. Allez, prends une
bouchée avec nous, Olsson. J’ai préparé un excellent pâté aux légumes.
Le sorcier hésita.
— Tu peux parler devant mon invité. Je lui fais désormais confiance.
— Je suis perturbé par tout ce qui se passe parce que je ne vois pas
ennemis, en commençant par le démon qui s’est emparé de mon fils, celui
d’autres mondes. Jusqu’à présent, il a gardé cette information pour lui, mais
emplacements.
chef d’Achéron. J’ai toujours cru qu’il s’agissait d’une légende, mais vos
les noctules.
— Tramail est une entité malfaisante qui détruit des systèmes solaires
en alliant leurs forces, mais comme vous le savez sans doute déjà, mon
— Défunt ?
— Pendant que j’y pense, Olsson, si tu cherches ton fils, il s’est arrêté au
présence dans le campement des Manticores, mais il n’y est pas resté
territoire.
— Et moi.
façon efficace ?
— Tramail ne dispose que d’un seul soldat sur cette planète, mais à lui
seul, il peut nous faire disparaître en claquant des doigts, leur rappela
ordres.
— Tes Aculéos pourraient-ils les vaincre, Olsson ? demanda Shanzerr.
peine entamée.
— Nous ne pouvons pas détruire ton fils sans nous exposer à la colère de
— Vous avez servi les dieux toute votre vie et l’utilisation d’un vortex
rendre dans le Nord, bien avant que les Aculéos ne descendent de leurs
quelques soldats tandis que les autres semblaient s’exercer dans une clairière
non loin. Il se pencha et toucha le sol. Lizovyk était en effet passé par là,
Olsson poursuivit son chemin en direction de la forêt, d’où était sorti son
fils.
— Dites-moi que vous n’êtes pas un autre sorcier venu pour tuer des
mal.
— Sois sans crainte. Si quelqu’un mérite une sanction, c’est plutôt lui.
— Malheureusement, oui.
— Il a bien essayé, mais j’ai survécu en tombant dans la forêt au pied de
sommes perdus…
Le jeune dieu vacilla sur ses jambes et Olsson dut lui agripper les bras
défunt père ?
— En effet.
souffrir les autres. Ils devraient plutôt les protéger et les aider à s’épanouir.
— C’est aussi ce que disait ma mère. Si elle avait su ce qu’il vous faisait,
— Mon fils s’est-il attaqué à ces deux femmes parce qu’elles l’ont
commandantes.
Lizovyk.
sorciers…
— Non. Je pense que nous n’avons eu que des mères qui ont été
avoir que lorsqu’ils sont arrivés ici et qu’ils ont observé comment ça se
— Vous ignorez donc aussi si vous avez eu des frères et des sœurs.
procédé, je considère que les autres sorciers me sont reliés par le sang.
secrètement de vivre libres. C’est ce seul espoir qui nous a permis de fuir.
n’avions pas tous le même caractère. Certains d’entre nous étaient dociles
comme toi, mais d’autres l’étaient moins. Alors, un jour, un des plus
plein gré.
— Il a osé dire à ma mère que vous étiez des traîtres et qu’il n’avait pas
— Et merci à toi de me prouver que les dieux ne sont pas tous des
assassins.
parents. Je ne sais pas comment ils sont devenus aussi méchants. J’ai été
faire du mal.
— Mes observations des Aculéos m’ont fait comprendre que dans la
— Lizovyk est tombé entre les mains d’une entité malfaisante. Je n’ai
nulle envie de t’effrayer davantage, Rewain. Mais sache que ce n’est pas
— S’il vous plaît monsieur Olsson, ne le laissez pas tuer les autres
pas vraiment ce que nous sommes et après ce que Lizovyk a fait, tu vas les
inquiéter inutilement.
m’avoir éclairé sur le sort des prisonniers de notre palais. J’en ai maintenant
le cœur net.
— Pas ici.
A Ils
fin d’éviter à Ilo et à Alésia de subir le même sort qu’Apollonia et
Il dut par contre attendre de s’arrêter avant de pousser son enquête magique
jusqu’à Altaïr.
— Où est Ilo ? s’alarma Sierra en ne le voyant pas autour des feux.
— Il est déjà parti s’entraîner, répondit Slava, troublé par l’inquiétude de
la femme Chevalier.
— Était-il seul ?
— Va le chercher.
Les Chimères assises devant les feux avaient tous le regard rivé sur
Sierra, attendant ses ordres. Installé entre Kharla et Camryn, Skaïe s’était
mis à trembler.
répondit la commandante. Il s’agit d’un sorcier qui s’en prend aux chefs des
garnisons. Il a déjà tué Apollonia, Baenrhée et il s’en est fallu de peu qu’il
Méniox.
— Et Ché, parce qu’il l’a manquée, ajouta Antalya. Et toi, aussi.
subtile électricité statique qui lui annonçait que l’informateur des Aculéos
désirait lui parler. Il alla donc chercher ses flèches en s’assurant qu’il était
toujours seul sur le champ d’entraînement, puis piqua dans la forêt sans être
vu.
Furieux de son échec chez les Basilics, Lizovyk s’était juré de ne pas
jeune homme qui avait quitté Antenaus pour retrouver son père se débattait
férocement, car l’Eltanien s’était toujours montré docile et lui avait toujours
fourni les informations qu’il recherchait. Il ne voulait pas le voir mourir aux
Ilo sortit alors d’entre les arbres et s’arrêta devant le sorcier, son arc à la
main.
à leurs souffrances.
précieux commandants.
ma famille.
Des larmes se mirent à couler sur ses joues et la rage lui monta au cœur. À
Elle prit feu et tomba en cendres sur le sol. Ilo vida son carquois, en vain.
Ilo laissa tomber son arc et sortit son long poignard. Il se précipita sur le
prétends plus fort que les Alnilamiens, mais tu te caches derrière ta magie !
boules de feu dans ses mains. Ilo les esquiva toutes avec l’agilité des gens de
sa race, mais la dernière, lancée plus rapidement que les autres, frappa la
lame de sa dague. La force du choc l’envoya choir dans les buissons. Au lieu
Ilo remit son âme à Patris et s’apprêta à aller rejoindre ses frères dans le
dans la clairière.
— Combien de fois devrai-je te dire de ne pas mettre les pieds sur mon
faisceaux ardents et de boules de feu. Cloué sur le sol par la douleur, Ilo crut
plus prudent de ne pas bouger. C’est alors qu’un autre homme apparut aux
côtés de son sauveteur. Olsson venait de quitter Rewain, attiré par l’énergie
Pour sa part, Wellan, qui avait senti l’arrivée de Lizovyk, avait prévenu
Sierra et foncé sur le sentier avec elle et une vingtaine de Chimères. Ils
— Avec plaisir.
projeta sur Lizovyk les serpents électrifiés qu’il avait jadis appris à former
Salocin.
— Est-il parti parce que vous lui avez porté un sérieux coup ?
— J’ai bien peur que ça nécessite l’appui d’un plus grand nombre de
Antarès.
— Il exécute les dirigeants d’Alnilam pour y semer le chaos, les informa
Dès que l’Eltanien fut assis, l’ancien Chevalier recula pour laisser les
amants s’expliquer.
Sierra remarqua que les oreilles des six hommes décapités étaient toutes
pointues.
— Que lui as-tu révélé pendant tous ces mois ? éclata-t-elle, démontée.
mensonge me répugne.
— Je n’ai jamais divulgué à ces monstres quoi que ce soit qui leur aurait
— Va m’attendre dans ta tente, Ilo. Tu n’es pas au bout de tes peines.
Il méritait le pire des châtiments, mais par amour pour lui, elle ne
désirait pas le lui infliger devant ses hommes. Ilo se tourna plutôt vers les
laisser passer.
consternation.
Salocin et Wellan.
qu’il sait que les sorciers ont décidé de protéger les humains, fit remarquer
Wellan.
— Et puis, n’est-ce pas Wallasse qui veille sur Altaïr ? Pour l’avoir vu à
laquelle nous nous attaquons vient d’ailleurs. Nous n’avons aucune idée de
— Je suis coupé de mon propre monde, lui rappela l’ancien soldat.
à l’un d’eux !
Sierra éprouva alors une profonde angoisse à l’idée que Wellan puisse
partir, même s’il était plus que probable qu’il revienne avec son armée.
retour.
fiables, soupira Wellan, qui aurait pu rentrer chez lui sans que Sage et
— Si le raccourci que me propose Salocin est réel, tu sais bien que j’irai
chercher de l’aide.
— Je lui ai confié toute une garnison parce qu’il était sans reproches !
s’écria-t-elle.
excuses.
contrairement à toi.
qu’elle se sentait trahie par Ilo, mais elle devait accepter qu’il était aussi une
par Antalya, Cercika et Cyréna. Sierra ne s’arrêta pas pour les rassurer. Elle
de l’entrée et ne vit pas Ilo. Elle aperçut par contre une feuille de papier sur
son lit.
ses armes.
Sierra quitta la tente pour aller épancher sa peine ailleurs que devant ses
soldats.
L’ODEUR DE LA MORT
attaqueraient les dieux ailés. Maridz passait plutôt son temps avec Kiev, qui
singuliers. Il avait affronté Sage, Azcatchi et même Océani avec brio. Même
s’il n’avait aucune difficulté à communiquer avec ses amis par télépathie, il
en toi au moment de ton duel. Et puis, je suis plutôt certain que si Javad te
— Sans doute.
réussie du rhinocéros sans corne auquel Eanraig était censé ressembler, telle
visualise mon apparence reptilienne dans mon esprit. Je n’ai qu’à désirer me
— Non. Mais avoue que c’est un bon point de départ. Étudie mon dessin
pendant quelques secondes, puis fais appel à l’énergie de ton plexus solaire
moment ?
qu’il était beaucoup plus gros qu’il l’avait imaginé. Sa peau grisâtre était
épaisse, ses pattes plutôt courtes et ses oreilles bien droites. Son museau
ce que tu m’entends ?
— Bien sûr que oui, mais j’éprouve des sensations vraiment bizarres.
humaine.
était soucieux.
notre propre combat, puis nous verrons ce que nous pouvons faire pour
jeune dieu. Si tu veux gagner ton combat contre Javad, tu dois être capable
nouveau pouvoir défensif en lui lançant d’abord des cailloux, puis des
faisceaux ardents. Eanraig avait si peur d’être brûlé qu’il apprit à lever
percevoir ?
l’odeur de la mort.
possédé cette faculté, car les vortex ne nous transportent que dans les lieux
— Tu as raison !
puis à puiser dans ses pouvoirs divins pour faire apparaître le tourbillon
rassura en lui disant que s’il arrivait ailleurs par mégarde, il n’aurait qu’à
Dès qu’il eut compris comment s’y prendre, Eanraig se mit à disparaître
l’utiliser, sinon le vortex pourrait aussi te causer des ennuis s’il t’emmène
ailleurs que là où tu voulais aller.
Lorsque Sage ramena son élève sur la grande place, les Deusalas étaient
déjà retournés dans leurs grottes et le soleil descendait dans l’océan. Eanraig
— Si vous êtes tous là, c’est que vous allez encore me forcer à affronter
Son père lui apparut quelques secondes plus tard, aussi menaçant que les
fois précédentes.
recommanda Océani.
spontanément son bouclier pour parer les coups de Javad, puis lorsqu’il se
l’hologramme.
humaine.
soupira Azcatchi.
logis.
Océani attendit que Sappheiros ait repris ses sens, puis partit en même
temps que lui. Il ne resta plus que Nemeroff et Eanraig sur la falaise.
— Je suis déjà allé chez toi, donc, théoriquement, je devrais être capable
— Théoriquement…
— Laisse-moi essayer.
sur le visage.
— Et toi ?
l’alcool.
— J’aurais aimé avoir avec le mien une aussi belle relation que celle que
Nemeroff lui avoua qu’il était mort à neuf ans, mais qu’il ne gardait que
É
Château d’Émeraude, élevé tour à tour par son père, sa mère et sa
gouvernante.
— Mais quand on est un gros dragon qui crache le feu, j’imagine que ce
— La bête est en effet plus efficace contre des centaines d’adversaires.
— Et en duel, tu n’aurais qu’à écraser celui qui te provoque d’une seule
patte.
pour s’assurer que Nemeroff était toujours là puis promena son regard dans
la grotte.
Très inquiet, il sortit de son lit et se demanda s’il était en train de rêver.
— Eanraig…
— Derrière toi…
Même s’il était bien réveillé maintenant, Eanraig mit un moment avant
n’avait pas autant d’expérience des créatures magiques que ses mentors,
mais il était bien trop curieux pour ne pas aller voir ce qui s’y trouvait. Il
infiniment bons.
visage.
— Un hologramme ?
— Si tu veux.
— Ma mère ? Ce ne doit pas être à moi que vous désirez parler, car ma
— Non, c’est bien à toi que je m’adresse. Abélie, ta mère, a été créée en
laboratoire en même temps que tous les autres sorciers il y a fort longtemps.
Je ne savais pas qu’elle avait réussi à s’échapper elle aussi, mais je suis
cheveux bruns bouclés, de grands yeux bleus rieurs et le plus beau sourire
du monde.
— Sans doute parce qu’elle craignait comme nous tous d’être retrouvée
panthéon voulait mettre à mort tous les sorciers, pourquoi a-t-il couché avec
ma mère ?
— Il n’y a qu’elle qui pourrait te répondre.
— Mon don le plus puissant est la voyance. En fait, je ne savais pas que
— Ce n’est qu’un support que j’utilise pour voir très loin sans avoir à
— Vous parlez sûrement de Sappheiros. On dit que son père est un mage
autre univers.
— Parce que des dessins sur les murs d’une grotte magique prétendent
que, lorsque je suis arrivé ici, je ne savais pas du tout me défendre. Mais je
ne le fais pas juste pour survivre, je le fais aussi pour repousser tous ceux
personne, je t’en prie, garde l’œil ouvert. Nous avons beaucoup d’ennemis.
fils d’Abélie. Elle était contente de l’avoir retrouvé, mais triste aussi
que sa mère n’ait pas survécu dans le monde des humains. Après avoir
trouvé la mort aux mains des créatures immondes qui habitaient dans les
pays de neige…
seront pas là. Si je juge qu’ils devraient entendre ce que Salocin, Olsson et
Shanzerr ont à nous dire, j’irai les chercher peu importe où ils se trouvent.
— Et Eanraig ?
enfant sans se rendre compte qu’elle était une sorcière. Elle lui a bien caché
son jeu.
profonde pour les femmes magiques. N’a-t-il pas aussi tenté de séduire
Maridz ?
— Tu as raison.
Aldaric remua doucement la soupe en réfléchissant.
— Et si Abélie n’avait pas fui seule ? lâcha-t-il au bout d’un moment. Si
ami ?
aux pois chiches et du pain cuit dans le sable. J’ai aussi cueilli des figues et
— Je suis désolé d’arriver ainsi au milieu de la nuit, mais j’ai découvert
— Tout comme Olsson et Shanzerr qui seront bientôt là, eux aussi. Je
À
À partir de là, on peut sauter ailleurs sur la plateforme pour se diriger
plongée du grand lac y apparut avec son île mystérieuse dans sa partie ouest.
— Mais comment peut-il être à ces endroits en même temps que dans le
cœur de Lizovyk ?
— Je viens de recueillir chez moi une autre créature qui s’est enfuie du
qu’il dormait pour venir vous apprendre ce qu’il m’a raconté sans lui révéler
votre existence.
l’obscurité.
de Mirach. Il ne fut pas surpris que les accès aux autres univers aient été
montagne bleue.
— Shanzerr, leur as-tu aussi annoncé que Javad avait tué son père et sa
— Le petit zèbre se cache chez les humains et il est capable de repousser
Lizovyk.
maintenant le champ libre pour commettre toutes les atrocités qu’il veut.
expérience de la guerre, leur apprit Salocin. C’est une faiblesse que nous
pourrions exploiter.
Olsson. Si mon fils peut y pénétrer à sa guise, alors nous ne pourrons pas le
sauver.
— Il nous faudra donc nous battre nous aussi, conclut Aldaric.
nous aux Chevaliers d’Antarès et aux Deusalas pour montrer à cette pieuvre
que nous ne lui céderons pas un seul iota de notre planète, proposa Salocin.
leur fit remarquer Olsson. Le protégé de Shanzerr est d’avis que seuls les
vasque.
Wellan était couché dans sa tente chez les Chimères, mais il ne dormait
pas. Son cerveau n’arrêtait pas d’analyser tout ce qui s’était passé ce jour-
là : le combat contre le sorcier qui avait tué la haute-reine, la désertion d’Ilo,
devant les braises d’un des feux. « Pendant que je fais face à une mort
certaine, que font les miens à Enkidiev ? » songea-t-il. Sans savoir comment,
trois autres personnes qu’il ne connaissait pas dans un climat beaucoup plus
chaud.
sorciers.
avis, lui dit Carenza. Nous voulons obtenir des réponses à certaines de nos
questions.
C’était une belle femme à la peau noire, dont l’aura magnifique inspira
Wellan reçut un bol de soupe des mains de celui qui était blond comme
— Nous avons grandi dans des cages d’où nous ne sortions que pour
apprendre à utiliser nos facultés magiques, lui raconta Carenza. Rien de tout
— Je suis vraiment désolé. Je n’ai pas été soumis à de telles contraintes
chez moi, mais même si j’ai lu à peu près tous les livres de la bibliothèque
frères et sœurs qui règnent sur d’autres univers, mais leurs noms ne sont pas
— Autrement dit, nous devons trouver une divinité plus élevée dans la
— Vas-y.
— Une pieuvre ?
— Nous ne pouvons pas non plus lui échapper en filant dans un autre
— À mon humble avis, ils doivent déjà savoir ce qui se passe et ils sont
avança Wellan.
— Non…
Olsson revint alors en tenant par le bras le pauvre Rewain qui tremblait
— Je lui ai expliqué que nous ne voulions que des informations, précisa-
— Cet endroit est protégé, tenta de le rassurer Carenza. N’aie pas peur.
— Nous n’avons reçu aucune éducation céleste tandis qu’on nous forçait
à apprendre la magie, continua Carenza, mais nous pensons que ça n’a pas
Patris.
Atalée.
Wellan regretta aussitôt de n’avoir pas pris son journal avec lui en
louve Lessien Idril… Les autres noms, je n’ai jamais pu les retenir.
Salocin.
— Tous ces noms ne changent rien au fait que nous sommes coincés ici
Carenza.
Wellan n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche pour leur offrir son soutien.
Il se retrouva une fois de plus devant les braises, là où il était assis chez les
ses sacoches. Il en retira son journal et une plume et se mit à écrire les noms
journal et s’allongea une fois de plus sur le dos. Il pensa aussitôt à Ilo, qui
l’Ordre ? »
STRIGILIA
— J’ai encore de la difficulté à croire que mon monde n’existe plus, que
— À mon avis, ce n’est pas toi qu’elle vise, Strigilia. Elle dévore plutôt
tout ce qui se trouve sur sa route. Nous découvrirons une façon de l’arrêter
avant que la galaxie ne contienne plus rien. Ce matin, c’est le moment pour
des lieux. Strigilia les avait déjà étudiés par les yeux d’Héliodore, mais il
n’avait jamais eu accès à tous les sens de l’enfant. Les odeurs du château lui
propre âme avait passé cinq cents ans enfermée dans son épée au creux de
sa sépulture de glace avant que Sage l’en délivre. Jamais il n’oublierait la
première inspiration qu’il avait enfin pu prendre et toutes les sensations qui
Kira étaient déjà à table. Contents de passer du temps ensemble, les petits
jacassaient comme des pies. Kaliska avait déposé Agate dans son berceau
galettes en écoutant les propos des autres enfants, il se mêlait à toutes leurs
repousser.
— Tu t’inquiètes pour rien, ma chérie, lui chuchota Kira. Vous avez tous
depuis qu’il s’est levé ce matin, il affiche la même audace que mes frères.
— Nous lui donnons asile parce que son monde a été détruit, répondit
Onyx.
Kaliska, qui ne voulait surtout pas mentionner que cette entité s’était
emparée d’Héliodore.
— Oui, c’est bien lui. Il a accepté de se joindre à nous ce matin dans son
propre corps.
— Je te connais…
— Merci, Héliodore.
— Maintenant, mangez.
— Je grandis !
son fils avant sa soudaine transformation, quelques heures plus tôt. Il n’avala
chaise.
— Est-ce que les vôtres ont toutes été détruites ? l’interrogea Anoki.
Armène vint chercher les enfants tout de suite après le repas. Ils la
Habituellement, Héliodore préférait rester avec elle plutôt que d’aller jouer.
Elle cueillit son bébé dans son berceau. Agate était bien réveillée, mais ne
semblait pas avoir faim. Il ne restait plus autour d’elle que ses parents,
— Abussos est d’avis que tous les raccourcis vers les mondes parallèles
doivent être refermés pour nous empêcher de connaître le même sort que
— Nous ferons tout ce qu’il faut pour préserver notre quiétude, assura
Kira.
d’une belle femme aux longs cheveux roux qui portait une robe composée
cheveux blancs qui ondulaient sur ses épaules semblaient aussi doux que de
petits-enfants.
impressionné.
— J’ai promis à Strigilia qu’il pourrait rester ici pendant que nous
Lassa.
Napashni.
— Je vous en prie, soyez très prudents, leur recommanda Strigilia. Cette
forteresse d’An-Anshar.
lui.
j’aurais été forcé de faire exploser tous les volcans. Le malfaiteur s’est
Restez ici.
à son approche.
— C’est généralement le signe que le démon va nous expédier à l’autre
seconder.
du sceptre et la frappèrent, perçant des trous partout sur son corps spectral.
Elle se tordit dans tous les sens en poussant des sifflements perçants. Patris
ne fléchit pas. Il plongea le bout de son bâton dans l’eau. Une terrible
l’impact les fit tout de même reculer d’au moins deux mètres. Patris, qui,
— C’est fait.
demanda-t-il.
— Parfois les gardiens flottent à leur surface, mais bien souvent, ils se
— Mais notre galaxie est vaste et, pire encore, elle est entourée par des
même temps, plongeant le cratère dans le noir. Napashni alluma ses paumes
et aperçut les larmes silencieuses qui coulaient sur les joues de son mari.
ce qui se trouve de l’autre côté de ces vortex. Lui doit le savoir. De toute
façon, nous ne sommes même pas certains que Nemeroff est encore vivant.
— Quand ils se trouvent dans le même univers que lui, c’est plus facile,
mon chéri. Rappelle-toi que Nemeroff n’est plus un petit garçon. C’est un
adulte et un père de surcroît. Peut-être que ce qui lui est arrivé est destiné à
— Ce que tu peux être têtu, mon bel amour. Allons jouer au ballon avec
les enfants.
Napashni l’embrassa sur les lèvres et lui pardonna son apathie. Elle
tourna les talons et sortit de la grande salle en espérant que son bouillant
mari resterait sagement à Émeraude pour former un nouveau plan plutôt que
de se lancer à l’aventure.
malédiction qui lui enlevait constamment son fils aîné. Puis il repensa au
vortex qui s’était formé devant Kimaati à An-Anshar. Ce dernier avait utilisé
— Votre femme a raison, lui dit Lyxus. Vous ne devez pas perdre espoir.
jamais parlé ?
fouillis, annonça-t-il.
livres.
— Merci, Lyxus. Je vais aller chercher le reste de la famille.
— Laissez les enfants s’amuser encore un peu avec leurs amis. Ils le
méritent bien.
son ancienne chambre, à l’étage royal. Il aperçut ses enfants et ceux de Kira
ballon en cuir. Son esprit le ramena alors dans le passé, lorsque Nemeroff,
plus haut pic de tout Alnilam, afin de réfléchir sans être localisé par les
les Chimères hantaient
alliés des Chevaliers d’Antarès. « Je suis incapable de les vaincre parce que
« Sinon, j’aurais éliminé tous ces sorciers sans la moindre difficulté. Sans
Assis sur une corniche, les jambes pendant dans le vide, Lizovyk
imprudent ?
ainsi que de celle qui avait voulu tout de suite prendre sa place. La soudaine
père et de ses amis avait bien failli lui faire fondre la peau des bras.
La même chose s’était produite chez les Basilics. Cette fois, l’étranger qui
avait pris leur défense l’avait privé de sa proie. Il se rappela alors que c’était
le bijou qu’il portait au cou qui l’avait affaibli. « Pourquoi mon père ne m’a-
t-il jamais dit qu’il existait des créatures plus fortes que les sorciers parmi
Lizovyk avait tout de même étanché sa soif de sang chez les Chimères. Il
n’avait pas pu tuer leur commandant, mais il avait décapité ses six frères. La
l’avait empêché de terminer son travail. « Ils sont tous contre moi
garçon qu’il avait été jadis. Il savait maintenant que personne ne viendrait le
déploraient que le dieu Javad soit aussi cruel que son père, car ils
aussi que son père lui avait dit qu’Achéron avait fait en sorte que ses rejetons
prééminence.
— C’est lui qui aurait besoin d’un bon sorcier, maugréa-t-il, pas le roi
des hommes-scorpions.
Olsson lui avait raconté, à son arrivée chez les Aculéos, qu’il s’était
— Est-ce celle-ci ?
en cuivre qui flottait dans l’Éther. À l’autre extrémité, elle était rattachée à
appréhension.
— Attends ici.
L’un des deux soldats entra dans l’étrange immeuble tandis que l’autre
précipiter en bas de la plateforme, mais il aurait risqué ainsi de faire une très
toujours cru que les divinités vivaient dans le faste et la richesse. Il avait
qu’avait occupé Achéron et qui avait été réclamé par Javad après leur duel
musclé qui ne portait qu’un pantalon marron. Sur les tempes de sa tête
rien.
— Il est mort. C’est moi, Javad, son fils, qui règne désormais sur ce
quelques minutes.
— Je veux bien t’en proposer un, lui dit-il finalement. Mes ennemis, les
Deusalas, sont des hommes ailés dont je veux me débarrasser depuis bien
longtemps, mais ils vivent sur une falaise à l’est d’Alnilam, où mon armée
pertinemment que l’univers sur lequel régnait maintenant Javad était sur le
point de disparaître.
un dieu.
tes armées contre tous ces gens. Je te ferai signe, le moment venu.
découvrir. Il s’installa sur la haute branche d’un arbre parmi ceux qui
donc pas les provoquer afin qu’elles quittent leur domaine, car elles avaient
plutôt l’intention d’attendre que l’ennemi les attaque. Lizovyk décida donc
plupart n’avaient aucun sombre passé qu’il aurait pu exploiter pour les
mission. Lizovyk s’attarda d’abord sur Kiev. Il commandait les soldats ailés,
mais il était encore très jeune. Son énergie était turbulente et son
escadrilles et qu’il désirait plus que tout en finir avec la menace que le
panthéon faisait planer sur son peuple depuis toujours, Lizovyk doutait de
l’œil.
aucune décision pour son peuple et faisait partie d’une escadrille en tant que
Lizovyk porta donc son attention vers les plus puissants des dieux ailés.
Ce qu’il trouva dans la tête d’Océani le fascina. Cet homme n’avait pas
toujours porté ce nom. Il avait passé de longues années en tant que Tayaress,
découvrit qu’il avait trahi son maître céleste et qu’il avait même tué une
occuper un poste important dans son peuple, car il possédait un grand sens
le sorcier.
Il sonda donc Sappheiros, l’autre dieu ailé qui exerçait une certaine
autorité sur les siens. Il s’étonna de constater qu’il était le fils de Salocin, ce
casse-pied qui n’arrêtait pas de faire échouer ses plans. Cependant, malgré
les qualités supplémentaires que lui conférait son sang mêlé, Sappheiros
n’était pas aussi solide que Lizovyk l’avait soupçonné. En fait, il était la
victime parfaite. Pour venger sa famille que le panthéon d’Achéron avait fait
assassiner des années plus tôt, ce dieu ailé avait poursuivi Kimaati jusqu’au
bout de la galaxie et avait même réussi à lui faire payer son crime en lui
plongeant une épée enflammée dans le cœur. « Les Deusalas sont donc
raison que celui-ci tient tant à les voir disparaître de la surface d’Alnilam. »
demeurait pas moins obsédé par la perte de sa femme et de ses trois enfants.
doute par manque de concentration que Sappheiros avait été écarté des
plongea dans son cœur et y trouva un océan de chagrin. Son seul intérêt
dans toutes ces activités martiales, c’était d’éviter que la nouvelle génération
hommes ailés à leur perte, Lizovyk voulut en savoir plus long sur les dieux
étrangers qui s’étaient établis eux aussi sur la falaise. Il avait déjà affronté
Sage chez les Basilics. Il ignorait toutefois l’étendue de ses pouvoirs, car il
avait été protégé par le puissant talisman qu’il portait au cou et qui provenait
d’un autre univers. Tout comme Sappheiros, Sage avait perdu la femme qu’il
aimait, sauf qu’elle n’avait pas été tuée. Elle avait simplement choisi de
À cette époque, il ignorait que son père avait souffert dans sa jeunesse et
la colonie n’avait rien à voir avec le conflit qui opposerait les Deusalas aux
Le sorcier se tourna alors vers Eanraig, ce jeune humain qui lui avait
d’abord semblé sans aucun lien avec la colonie. Ce qu’il trouva dans sa tête
lui donna un grand choc. Son énergie était celle de Javad lui-même ! Il
poussa plus loin son examen et comprit qu’il était son fils. « Mais que fait-il
était surtout dirigée vers les hommes-scorpions qui avaient détruit son
« Et pourquoi s’apprête-t-il à affronter les soldats de Javad ? » Au bout d’un
mais aussi la terrible bête qui se cachait sous son paisible visage. « Un
dragon ? » Il était plus puissant que tous les Deusalas réunis ! Était-il leur
encore plus loin dans l’esprit de Nemeroff et découvrit qu’il était également
supérieur au dieu-rhinocéros sur tous les plans. Lorsqu’il voulut percer les
cime des arbres comme s’il cherchait quelque chose. « Il ne peut pas avoir
noires dans son dos et prit son envol afin d’attaquer celui qui épiait la
resta assis sur sa branche tandis que l’homme-oiseau s’élevait vers lui. Mais
Encore une fois privé de son repos éternel, le pauvre sorcier se consola
— C’est bien la première fois que tu reviens ici de ton plein gré, nota
— J’ai besoin de m’amuser un peu. Les humains sont trop faciles à tuer.
— Parle.
ennemis. Si j’y parviens, je serai ensuite libre de le faire souffrir à son tour.
— Je savais que tu avais du potentiel quand je t’ai choisi. J’aime bien
que tu sèmes le chaos en attendant que je sois enfin prêt à écraser cette
planète.
— Accéder au monde des morts où vont les dieux qui ont quitté cette
vie.
— J’ai l’habitude d’y envoyer des millions de personnes, pas d’y
pénétrer.
serviront d’appât.
— Tu pourrais aussi choisir des vivants. Ce n’est pas ce qui manque par
ici.
— Vous êtes bien trop puissant pour ne pas connaître une autre façon
d’y accéder.
— Pourquoi hésitez-vous ?
l’aurai accordé.
me suicider.
— Sois bien conscient que si tu abuses une seule fois de ces nouvelles
— L’entrée de ce lieu est gardée par des créatures magiques qui ont
reçu l’ordre de ne laisser ni entrer ni sortir qui que ce soit. Une fois que tu
les emmener, sinon vous errerez tous dans l’Éther pour l’éternité.
d’autre ?
avait une grande plaine sur la rive ouest du fleuve Caléana, entre deux des
Lizovyk fut alors pris de panique, mais il n’avait pas le choix. Une
énergie glaciale pénétra dans ses pieds, le clouant sur place, puis remonta
dans ses jambes et dans tout son corps. Elle se mit à l’étouffer à la manière
d’un boa sans pitié. Il voulut crier, mais sa gorge était si compressée qu’il
n’y parvint pas. L’air cessa d’entrer dans ses poumons et ce fut le noir.
Pendant plusieurs secondes, il lui sembla flotter dans une eau sombre et
visqueuse. Ses yeux s’ouvrirent alors à nouveau sur le monde des vivants,
mais il n’en faisait plus partie. Il éprouva une si grande sensation d’euphorie
— Tu t’habitueras à ton nouvel état, pour le peu de temps qu’il te reste
intervenir d’aucune façon. Une fois à l’entrée du hall des disparus, ce sera
immense portail doré gardé par deux créatures humanoïdes à tête de chacal
armées de lances qui faisaient au moins quatre fois sa taille. Le sorcier
regarda autour de lui. Il se tenait sur une plaine de terre battue qui s’étendait
à l’infini de tous côtés. Le ciel n’était pas bleu comme à Alnilam. Il était
plutôt de la même couleur que le sol, mais dans une nuance un peu plus
pâle. Ce qui le frappa le plus, ce fut l’absence de murs de chaque côté des
grandes portes. « Pourquoi suis-je obligé de passer par-là quand je n’ai qu’à
rapidement que l’enceinte du hall était protégée par une muraille invisible
— Il m’a confié un message que je dois répéter à son défunt père, mentit
le sorcier.
— Dois-je retourner lui dire que vous m’avez refusé l’accès au hall des
l’éternité.
— Le temps n’existe pas au-delà du portail. Il est facile d’en perdre la
notion.
Les portes se mirent alors à grincer sur leurs gonds sans que les chacals
remuent un seul muscle. Lizovyk rassembla son courage et passa entre eux,
la tête haute. Ce ne fut qu’une fois les portes refermées derrière lui qu’il
regretta de ne pas avoir demandé aux gardiens de quel côté aller. Il se
avait l’impression d’être revenu sur la terre des humains. Le cours d’eau
était bordé d’un côté par de hautes falaises et de l’autre par une savane qui
s’étendait à perte de vue. Il semblait n’y avoir personne dans le monde des
morts, pourtant Tramail venait de lui avouer qu’il y avait envoyé des
millions d’âmes…
Lizovyk se rappela alors que, de leur vivant, les Deusalas aimaient vivre
choses auprès de ses parents, mais jamais l’alpinisme. Son vortex ne pouvait
silencieusement le vœu de s’élever dans les airs. Ses pieds cessèrent aussitôt
Il atterrit sur le sol rocheux et tenta de localiser les dieux ailés avec ses
celui-ci, il pourrait sans doute les reconnaître, mais cette façon de procéder
risquait de lui faire perdre du temps. Au bout d’un moment, il tomba sur une
Au centre de tous ces abris, il trouva une grande place où des centaines
entre eux. Il avait besoin d’un plan. En faisant semblant d’être une âme
Il vit alors une femme se lever au milieu du groupe et pivoter sur elle-
même.
lesquels. »
être que les morts n’entendent pas aussi bien que les vivants ? » se dit-il. En
faisant un grand arc de cercle autour des Deusalas, Lizovyk les suivit de
loin. Il comprit alors ce que tentait de faire Azarine lorsqu’elle fit entrer ses
trois enfants dans un grand nid et qu’elle leur recommanda d’y rester avant
de retourner vers le groupe pour leur annoncer que son mari avait enfin
franchi les grandes portes. Les défunts ailés se mirent à pousser des cris de
que s’il n’agissait pas maintenant, il aurait à faire face à toute la bande. Il
Les deux plus jeunes s’élancèrent naïvement vers lui, mais leur grande
parenté, Lizovyk tenta sa chance. Il sauta dans le nid, s’empara des deux
plus jeunes et disparut avec eux. Il fila dans l’Éther avec son butin sans
même se demander dans quel état seraient les enfants à leur arrivée dans le
monde des vivants. Il avait choisi pour y attirer les escadrilles de Deusalas
Antarès, à des lieues des falaises des Aculéos et suffisamment loin des
enfants qui se débattaient comme des forcenés. Il les jeta brutalement sur le
sol et leur lança un sort tranquillisant, ce qui ne les empêcha pas d’éclater en
sanglots.
temps que Sappheiros. Vous la reverrez, votre mère. Mais en attendant, j’ai
besoin de vous.
autre arbre non loin de celui où se tortillait son frère pour se débarrasser de
ses liens. « S’ils tiennent de leur père, mon duel sera très intéressant »,
songea le sorcier.
— Je vous ai ramenés dans le monde des vivants pour me servir d’appât.
sous vos yeux pour que vous puissiez enfin être tous réunis.
Les enfants se mirent à pousser des cris d’effroi. Lizovyk leva les yeux
au ciel : le jour allait bientôt céder sa place à la nuit. Afin de s’assurer que
leur secours, il s’assit devant eux et leur présenta son visage le plus hideux.
— Pour que vous puissiez partir tous ensemble rejoindre votre famille, il
faudra évidemment que je vous tue encore une fois, leur dit-il. Je pense que
je vous ferai rôtir au-dessus d’un grand feu jusqu’à ce que votre âme quitte
votre corps.
sur ces terres que même les chasseurs ne fréquentaient plus. Les
désirait le sorcier.
LE PIÈGE
S appheiros
lorsqu’il
était
crut
en
entendre
train de
pleurer
manger
ses
seul
enfants.
dans
Il
sa
lui
d’être victime de telles hallucinations depuis qu’il avait trouvé leurs corps
grotte
arrivait
à Girtab
souvent
Il prit une profonde inspiration pour chasser ses idées noires et se força à
poursuivre son repas. Mais les pleurs firent bientôt place à des cris de
chercha ses petits à l’aide de ses sens magiques et les localisa au nord-ouest
d’Alnilam.
questions et sans avertir qui que ce soit, Sappheiros utilisa son vortex pour
Afin de gagner du temps, au lieu de se servir de ses ailes pour remonter vers
troisième pont de métal s’étendait une vaste plaine. C’était du fond de celle-
— Je suis là !
tous vers Antarès. Lizovyk demeura donc dissimulé derrière un gros tronc,
rêver ?
— Celui qui est venu nous chercher dans notre nouveau nid.
sautèrent dans les bras, alors il fut bien forcé de constater qu’ils n’étaient ni
— J’ai bien peur que ce ne soit plus possible, annonça une voix
Le Deusalas fit volte-face.
bouclier en même temps que son épée enflammée avec laquelle il para cette
première salve.
La fillette saisit la main de son frère et le tira entre les sapins. Pour leur
survie de ses enfants en dépendait. Il serra les dents et ouvrit les ailes pour
facilement le prendre par surprise. Plus rapide que lui, Lizovyk décocha une
— Est-ce que je t’achève tout de suite ou est-ce que je le fais après avoir
Lizovyk chargea encore une fois ses mains et avec un sourire cruel, il
leva ses paumes vers l’homme ailé. Avant que les faisceaux mortels puissent
s’en échapper, quelqu’un lui sauta sur le dos. Il crut d’abord que c’étaient
les enfants qui cherchaient à protéger leur père, mais la douleur que lui
causa la lame d’un couteau qui s’enfonçait entre ses omoplates lui fit
voir qui l’attaquait et encore moins de retourner ses mains pour lui lancer
des rayons mortels. Il ne comprenait pas non plus pourquoi des armes aussi
achever son adversaire. Elle bondit sur ses pieds et se plaça en position de
défense, mais dut en venir à l’évidence que son opposant n’était plus nulle
part. La Salamandre glissa ses poignards dans ses bottes et se précipita sur
l’homme qui se tordait de douleur sur le sol. Elle aurait préféré caresser ses
ramassa rapidement du petit bois et alluma un feu avec le briquet que lui
avait offert Gavril, puis elle y fit chauffer la lame d’une de ses dagues.
douleur qui fit fuir tous les oiseaux qui s’étaient installés dans les hautes
dérangez pas.
mieux, puis utilisa toute sa force physique pour l’aider à se relever. Elle le fit
à plat ventre sur la selle et à refermer ses ailes sur son dos. Elle les attacha
ensemble pour qu’elles ne s’ouvrent pas durant le trajet, puis prit ensuite les
connaissait bien.
— L’homme qui collectionne les étoiles possède un abri sûr non loin
d’ici.
effrayés, mais ils avaient au moins retrouvé leur père. Au bout d’une heure,
ils s’arrêtèrent devant une cabane si bien dissimulée dans les branches
d’énormes sapins qu’on n’en apercevait que les faibles lueurs qui
— Ravenne ! appela-t-elle.
d’Antarès, grâce à des vêtements que Massilia avait ravis à ses frères
d’armes.
— Qui est-ce ? s’inquiéta l’ermite. Pourquoi est-ce qu’il a des ailes ? Qui
— Elle ne le sait pas, mais elle ne veut pas qu’il souffre. Est-ce que tu
peux l’aider ?
par enchantement.
était en fait l’une des deux pièces de la cabane. Les yeux écarquillés, ils
mains.
sécurité pour que le sorcier ne les retrouve pas et elle reviendra, d’accord ?
s’ils devaient se réjouir d’être là avec leur père ou pleurer d’avoir été
— Votre papa nécessite des soins spéciaux, mais elle n’a aucune magie
pour le soigner.
plastron.
— Rien ne pourra lui arriver s’il ne sort pas de cette maison, poursuivit
— Vous êtes en danger dans cette forêt parce que les enfants n’écoutent
jamais les conseils des grands et qu’ils sortent même quand on leur dit de
Massilia fit monter la fillette devant elle sur son cheval et le petit garçon
derrière, car il avait des bras plus solides et qu’il pourrait se cramponner
Pour éviter d’être repérée par le sorcier, Massi fit galoper sa monture jusqu’à
ce qu’elle atteigne le pont, puis la mit au pas pour lui permettre de reprendre
son souffle. Morts de peur, les jeunes Deusalas luttaient pour ne pas fermer
l’œil.
la plage de sable. Elle laissa boire le cheval dans le fleuve et en profita pour
levé et les petits avaient du mal à rester en selle. Massilia s’arrêta aux
— Mais non. Elle a décidé de les emmener ici en attendant que leur père
soit guéri. Pourrais-tu t’occuper de Képhéus et préparer une autre bête bien
solide ? Elle doit repartir tout de suite après avoir avalé quelque chose.
descendre de cheval. Elle les prit par la main et les entraîna entre les abris
d’habitude.
hutte d’Alésia. Elle repoussa le tapis qui bloquait la porte et poussa les
enfants à l’intérieur.
son lit.
— Ce sont ceux de l’homme qui a des ailes. Il faut les protéger contre le
commandante ?
direction du lit.
besoin, leur dit-elle. Vous pourrez manger quand vous vous réveillerez.
— Mais…
qui n’avait jamais partagé ses quartiers avec qui que ce soit.
Massilia sortit de l’abri. Elle se dirigea tout droit vers les marmites qui
— Merci, Léo.
collectionneur.
— Il commençait à faire noir quand elle a vu des éclats de lumière dans
la forêt. Elle est tout de suite allée voir ce que c’était. Elle a vu un sorcier
qui s’en prenait à un pauvre homme avec du feu qui sortait de ses mains,
— Parfaitement. Continue.
— Elle a sauvé les enfants et, maintenant, elle doit retourner s’occuper
de leur père.
Son écuelle dans une main, Massilia mit le pied à l’étrier et se hissa en
— Au moins, elle n’a pas inventé ces enfants, puisque je les ai vus de
mes propres yeux, soupira Domenti. Sans doute pourront-ils me fournir plus
fardeau.
— C’est Gavril qui a montré à Massi comment le faire. Est-ce qu’il s’est
réveillé ?
— J’ai vu bien des soldats magiques faire la même chose sur les champs
de bataille.
les idées. Elles sont encore plus belles que toutes les autres.
— Elle les a trouvées dans un autre ruisseau, un peu plus loin. Elle n’est
— Parce que ces pierres ont besoin d’un peu de persuasion magique. Je
Ils traversèrent dans l’autre pièce. Ravenne versa du ragoût dans deux
écuelles que Massi lui avait rapportées du village quelques années plus tôt.
— Elle ne sait rien de plus. Elle a seulement fait fuir le sorcier qui
— Elle y a pensé, mais elle s’est rappelé que les poignards que tu lui as
donnés sont ensorcelés. Elle était certaine qu’ils perceraient la peau d’un
— Elle n’a pas pensé à ça. Elle a frappé et frappé jusqu’à ce qu’il
qu’il est parti, elle a transporté le blessé jusqu’à toi parce que tu sais
de guérison avec la magie. Elle a pensé que ça t’en ferait une de plus.
s’assurer Ravenne.
même quand Wellan a voulu savoir c’était quoi la croix qu’elle a peinte sur
la hutte de Sierra.
— Un soldat arrivé d’un autre univers, tout comme toi. Il dit qu’il était
Ravenne fut si ébranlé par cette révélation qu’il faillit en lâcher son
écuelle.
— Je n’ai connu aucune capitaine qui portait ce nom quand j’ai servi
Alnilam ?
— Eux aussi, ils veulent retourner dans leur monde. Peut-être qu’ils
ailé, il ne doit pas savoir non plus que je vis dans cette forêt.
— Dès qu’il ouvrira les yeux, tu n’as qu’à aller vérifier tes collets.
Comme ça, elle pourra le faire monter sur son cheval sans qu’il te voie et le
en profitèrent pour trier les étoiles et les ranger dans des bacs, puis ils
son compagnon montait la garde. Lorsque le soleil envahit une fois de plus
écuelle et alla manger dehors pour qu’il ne sache pas qu’il habitait là.
— Tout le monde est en sécurité. Dès que tu seras plus fort, elle te
puis lui apporta une écuelle qui contenait des crêpes qu’elle avait découpées
ailé. Ses cheveux marron retombaient en boucles sur ses épaules, ses iris
étaient bleus comme le ciel et sa peau aussi parfaite que celle des bébés.
— Tes yeux sont aussi beaux que les étoiles, laissa-t-elle tomber.
— Qui ?
— As-tu un nom ?
magique…
Démasqué, Ravenne, qui était revenu porter son écuelle en douce dans la
— Je ne voulais pas que vous appreniez mon existence, avoua-t-il, car je
répondit la Salamandre.
bons traitements ?
un curieux brouillard s’est levé sur la route. Je me suis retrouvé séparé des
— Si tu désires continuer de vivre en ermite parmi nous, c’est ton choix,
froide.
— Ça m’est égal. Il n’est pas question que je me présente à mes enfants
parvint à marcher jusqu’au lac en s’appuyant sur les troncs d’arbre. Il enleva
son plastron de cuir blanc et se débarrassa du sang séché sur ses bras et sur
sa poitrine pendant que Massilia tentait de nettoyer les taches sur son
tous les trois dans sa bulle de protection pendant qu’il sondait les alentours.
— Quel dôme ?
— Je vais tout de même devoir contenir subtilement le brasier pour que
lâcha-t-il.
Massilia siffla son cheval. Il sortit en trottant d’entre les arbres, suivi de
celui de Ravenne.
maison. Ils préparèrent donc leurs montures pour le trajet jusqu’à Altaïr.
n’était pas encore très solide sur ses jambes. Elle prit les rênes et suivit
Une fois sur la plaine, ils scrutèrent encore une fois la région. Massilia
finalement Sappheiros.
Ils atteignirent enfin le pont sans encombre et s’y engagèrent côte à côte.
Ravenne.
— Elles ne sont pas à elle, mais ses compagnons sont très accueillants.
Ils n’ont jamais maltraité Wellan. Et si Sappheiros ouvre ses ailes devant
réchauffer sous un grand dôme de protection qui incluait même les chevaux.
déposer chez lui. « Il ne s’est pas encore rendu compte que je ne suis plus
là », constata-t-il.
croissance s’accélérera.
Ravenne.
— Je n’en aurai pas besoin pour rentrer chez moi quand j’aurai récupéré
Massilia.
— Hélas, non. Il ne peut m’emmener que là où je suis déjà allé.
d’avertir Alésia. Tout le village vint alors à la rencontre des étrangers qui
joué au ballon.
Venez, je vais tous vous installer dans la hutte de Sierra puisqu’elle est chez
— Laissez-moi y penser.
Ils suivirent les Chevaliers jusqu’au village et prirent place autour des
feux pour manger avec eux. Nienna leur avait préparé des pâtes avec de la
retrouver subitement dans le monde des vivants. « Et si ce n’étaient pas mes
enfants ? » songea-t-il. Après avoir félicité les danseurs, les joueurs de tams-
tams et toutes les Salamandres, il prit Argus et Azurée dans ses bras et
essaieras demain.
dans celui de Sierra pour pouvoir répondre à leurs besoins durant la nuit.
— Je suis trop respectueux pour le partager avec toi, lui dit Ravenne.
former un feu magique, mais n’y parvint pas. Ressentant son désarroi,
Massilia alla chercher des bûches et alluma un vrai feu. Tous se couchèrent
sous les filets. Épuisée par les derniers événements, la guerrière sombra
aussitôt dans le sommeil, mais elle fut réveillée au milieu de la nuit par les
enfants qui venaient de grimper dans son lit et qui la secouaient doucement.
— Est-ce qu’on nous attaque ? demanda Massilia en se redressant.
Ils lui obéirent sans discuter. Elle fouilla dans le coffre de Wellan et
trouva sa couverture de laine jaune, puis dans le coffre de Sierra d’où elle
retira sa couverture orange. Elle les jeta sur Sappheiros et se glissa près de
Au matin, lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle se souleva tout de suite sur ses
coudes pour observer les traits du dieu ailé. Il ne semblait pas souffrant.
jeune femme risqua un baiser sur les lèvres du Deusalas et écarquilla les
Azurée étaient assis sur l’autre lit et attendaient patiemment qu’on leur dise
quoi faire. Massilia leur prit la main et les emmena à l’extérieur. Au lieu de
rentrer.
Aucune réponse ne lui parvint. Il lui faudrait des mois pour atteindre
se dit-il plutôt.
COMMANDEMENT TEMPORAIRE
était encore très tôt et personne n’était levé. Même les sentinelles n’étaient
ce qui n’était pas étonnant, car la veille, Sierra avait annoncé aux Chimères
qu’Ilo, leur commandant, les avait trahies et qu’il avait choisi de quitter
l’Ordre. La plupart des Chevaliers avaient mal réagi. Ils avaient brisé les
rangs pour aller digérer la nouvelle à leur façon. Sierra ne leur en avait pas
pour manger et aperçut une silhouette familière assise devant le seul feu qui
brûlait encore. Elle prit place à côté de Wellan et vit qu’il était en train
— C’est souvent lorsqu’on est très près d’une personne qu’on ne fait
retenu ma famille en otage, je suis de plus en plus certain que j’aurais agi
comme lui.
— Pour moi, c’est plus difficile à accepter. Je suis furieuse contre moi-
même de lui avoir fait confiance. J’ai même rêvé que je lui arrachais la
tête…
train d’écrire.
— J’ai été enlevé par des sorciers et transporté dans le désert de Mirach.
Shanzerr et Olsson.
— Qui sont-ils ?
ne parlent pas d’eux, ils ont donc été forcés d’inviter Rewain à notre petite
réunion. Il en savait bien plus long que moi sur le sujet. Imagine-toi que
Patris a conçu une vingtaine d’enfants divins qui règnent sur plusieurs
Viatla. Je n’avais ni plume, ni papier, alors j’ai dû mémoriser tous ces noms
la pieuvre galactique qui rôde dans notre univers, alors ils cherchent une
Lizovyk est apparemment une pieuvre géante qui vit dans l’espace.
— Et il n’y a rien que de simples mortels comme moi puissent faire pour
— Et moi qui comptais sur toi pour m’égayer ce matin… soupira Sierra.
riant.
place.
— Il y a dans cette division des soldats qui ont beaucoup d’expérience,
— Moi ? Je suis flatté, Sierra, mais ne te suis-je pas plus utile en tant
d’Émeraude.
seconde chance.
— Même si j’en avais envie, ce qui n’est pas le cas, c’est un Eltanien. Il
pourrait se tenir à deux pas de moi dans la forêt que je ne le verrais même
pas.
— Alésia.
— Ne me dis pas que les Aculéos ont lancé d’autres radeaux sur le
— Parle.
fois, elle nous a ramené son collectionneur d’étoiles, un soi-disant dieu ailé
— Elle prétend qu’ils ont été attaqués par un sorcier qui lance des
boules de feu.
— Wallasse ?
— J’ai bien peur que ce ne soit pas de la fabulation, ma chère. Tous ces
gens sont dans mon village en chair et en os. On vient aussi de m’apprendre
que le dieu ailé est en panne d’énergie et qu’il ne peut plus rentrer chez lui.
j’arrive.
— Communication terminée.
Wellan.
— Je pense que les Salamandres ont mangé les mêmes champignons que
toi.
Chimère.
chausson. Slava arriva quelques minutes plus tard en se frottant les yeux.
— Je ne suis pourtant pas de garde avant la nuit prochaine, fit-il en
— Je dois me rendre chez les Salamandres, lui annonça Sierra. Te sens-
— Cette division est meurtrie par les récents événements qu’elle vient
de Slava, Wellan en profita pour ranger ses affaires dans ses sacoches.
appuyait son front contre celui du chef intérimaire des Chimères avant de
Wellan lui tendit la main. Puisqu’il était trop tôt pour la prière matinale
blesser personne. Les flambeaux n’avaient pas encore été éteints et un voile
de brume flottait au-dessus du sol. Ils marchèrent vers le village. Alésia vint
— Je veux juste que tu me dises quoi en faire, parce qu’il n’y a rien dans
— Mais je les connais par cœur, Sierra. Je ne vois juste pas l’utilité de
Sierra décida de ne pas entamer une discussion qui n’aurait pas de fin.
trouvaient déjà quatre personnes. Il y avait Massilia assise entre deux jeunes
enfants, et un homme aux cheveux châtain clair qui portait l’uniforme des
que ça va se compliquer.
— Les enfants, dites à Sierra d’où vous venez, les pria Alésia.
— Nous étions dans le hall des disparus quand un sorcier nous a enlevés
Azurée.
— Qui est cet homme qui est allé vous chercher dans le monde des
morts ?
— Nous ne connaissons pas son nom, lui dit Argus, mais il est très
méchant. Il nous a attachés à des arbres et il nous a fait très peur pour que
— Il a lancé des flammes sur notre papa quand il est arrivé, mais
— Qui t’a fait croire une chose pareille, Massi ? s’exclama Sierra.
— Il existe ?
— Eh oui, intervint Ravenne. C’est moi. Depuis des années, j’accumule
Wellan.
Le seul dont je me souviens, c’est Hadrian. Tous les autres étaient ses
lieutenants.
d’Onyx.
— Tu n’as pourtant pas l’air aussi vieux, Ravenne, lâcha Massilia.
l’Empereur Noir.
— Est-ce qu’on pourrait revenir au sorcier qui, lui, n’a pas été vaincu ?
— La guerre entre les dieux est donc commencée, comprit Wellan.
Massilia.
Sierra. Je pense que nous devrions laisser d’abord les sorciers essayer
d’intervenir.
— Si l’ennemi des Deusalas utilise les mêmes soldats-taureaux qu’à An-
Anshar, je pense que nous pourrons leur donner un coup de main, se réjouit
Wellan.
l’endroit. Le dieu ailé était couché dans son lit sous deux épaisseurs de
couvertures.
murmura-t-il faiblement.
l’épaule et brûlé quelques plumes, mais le mal est bien plus profond. Je ne
pure.
— Nemeroff ?
Lizovyk avait commencé par soigner ses blessures dans la forêt, puis
qu’il s’y trouvait encore avec ses enfants, il avait fait exploser la petite
avoir éliminés fut de courte durée, car, en réalité, il n’avait pas tenu sa
promesse à Javad.
pu lui causer autant de douleur. Pour lui faire payer cet affront, il éliminerait
Javad. S’il ne pouvait pas attirer les dieux ailés en terrain découvert, il les
détruirait lui-même sur leur falaise. Une fois guéri, Lizovyk se matérialisa
ciel. Il aurait pu descendre les hommes ailés un à un, mais cela aurait
Dès que les Deusalas se furent tous posés, le sorcier se transporta sur le
colonie n’était pas au grand complet, car il ne voyait aucun enfant. Il devrait
Maridz était en train de goûter à un des fruits exotiques que leur avait
indésirable.
Ils chargèrent leurs mains en cherchant l’intrus autant avec leurs yeux
sur le mur invisible, mais elle était si puissante qu’elle faillit le faire
— Ne vous envolez pas ! ordonna-t-il avec son esprit. C’est exactement
ce qu’il veut ! Chargez vos épées, levez vos boucliers et attendez mon signal
Eanraig voulut alors rejoindre ses mentors. Kiev le saisit aussitôt par le
bras.
— Ce n’est pas ton combat. Je t’en conjure, reste derrière moi.
— Fais confiance à nos alliés et conserve tes forces pour le terrible duel
qui t’attend.
— Mais tous vous tuer, chère dame, répondit Lizovyk avec un sourire
cruel.
— Est-il seul ? chuchota Sage à ses amis.
convaincu qu’il arriverait à percer encore une fois ces boucliers ridicules
qu’aucun d’entre eux n’avait le temps de riposter. S’ils avaient laissé tomber
leur bulle de protection, même un seul instant, ils auraient sûrement subi de
graves brûlures.
de ses lèvres la bague que Wallasse lui avait offerte et murmura son nom.
L’effet fut immédiat. Wallasse apparut entre deux des arbres qui bordaient
peine de Lizovyk, mais celui-ci était trop occupé à bombarder les Deusalas
alliés n’avaient aucune chance contre cet adversaire qui semblait canaliser
feu sur Lizovyk. Pris par surprise, le sorcier leva son bouclier pour éviter
Azcatchi en profitèrent pour faire disparaître les leurs et joindre leurs tirs à
ceux de Wallasse.
communiquer avec ses amis par voie de télépathie sans que le sorcier
qu’il était sur le point de faire. Même si Lizovyk s’alimentait à une source
Lizovyk jusqu’à ce que Nemeroff fonde sur lui. Il attendit qu’un fleuve de
flammes s’échappe de la gueule du dragon pour s’abriter lui aussi dans une
bulle de protection.
projeter une dévastatrice colonne de feu sur son bouclier, qui se mit à fléchir.
Le sorcier ne pouvait rien contre une attaque d’une pareille intensité sinon
Nemeroff ne lâcha pas sa proie. Lizovyk n’avait pas l’intention de lui céder
l’instinct de survie dont l’avait doté Tramail prit encore une fois le dessus et
rassemblement.
homme, intervint le Roi Sandjiv, mais ne tenons rien pour acquis, d’accord ?
Sandjiv fit signe à Avali de lui laisser ses illusions. Plus loin, Wallasse
— Oui, mais il s’en est fallu de peu. Merci d’être venu à notre secours.
En voyant que tous les Deusalas convergeaient vers lui, Wallasse, le loup
— Non. Mais nous avons grandi ensemble et il est très attaché à moi.
— Tant mieux.
côté est-il parti ? » Il allait pousser son enquête vers le reste du continent
Maridz, intriguée.
— Réponds-moi, insista-t-elle.
Maridz se rendit alors compte qu’il hésitait à parler au milieu de tous les
Deusalas.
— Mais…
— Maintenant.
Il ouvrit ses ailes, la prit dans ses bras et s’élança dans le vide. Maridz
poussa un cri d’effroi, car elle avait cru qu’il utiliserait plutôt un vortex. Il la
Deusalas, la sorcière vivait dans la forêt, sur le plateau, où elle s’était bâti
une petite cabane en pierre avec l’aide des hommes ailés qui lui avaient
pas en couple.
— Pourquoi moi ?
guerrier.
d’Alnilam, mais n’alla pas très loin. Maridz se colla contre sa poitrine et le
fixa dans les yeux. Il pouvait même entendre battre son cœur à travers son
plastron immaculé.
avait rencontré plusieurs femmes depuis qu’il avait atteint l’âge adulte, tant
— Moi non plus, avoua le dieu-dragon. Ce n’est pas bon signe. Je crains
qu’il n’ait été enlevé et torturé par le sorcier qui voulait savoir où vous aviez
— Tu as raison.
Océani se rendit à la cabane de la jeune femme. Elle était installée
— Assieds-toi.
Face contre terre, Lizovyk se releva avec difficulté. Encore une fois, il
avait été retiré d’un duel qui lui aurait permis de mesurer l’étendue de ses
nouveaux pouvoirs.
les laissa se consumer sur le sol. Nu comme un ver, il fonça vers sa maison
et s’installa devant l’âtre pour réfléchir. Il n’avait que sondé les esprits des
Deusalas et de leurs alliés lorsqu’il les avait épiés à Girtab. Il avait oublié
d’évaluer leur potentiel magique et cela lui avait coûté la victoire. Il ne lui
restait plus maintenant qu’à trouver une façon de faire grimper l’armée de
Javad jusque sur la falaise des hommes ailés et de les soutenir durant le
carnage.
levant.
bottes de cuir noires et d’une tunique dorée serrée à la taille par une ceinture
rouge parée de rubis. Il alla s’admirer devant un grand miroir encastré dans
royal. Les bovins qui en gardaient les portes les lui ouvrirent sans hésitation.
— As-tu réussi à attirer les Deusalas sur une plaine d’Alnilam ? espéra
Javad.
m’attendais pas. Ces dieux ont de puissants alliés que je devrai continuer de
neutraliser séparément, sinon ils anéantiront ton armée sans la moindre
longtemps.
d’en faire autant. Il avait quitté son groupe pour examiner l’endroit où
des Deusalas
elle, agitée.
— C’est vrai, mais personne ne peut nous dire ce que nous devrons
affronter.
nous, à ton avis ? Nos boucliers nous ont permis de survivre cette fois-ci,
advenu de nous ?
congé à tout le monde aujourd’hui. Nous avons tous besoin de nous remettre
Assis devant Maridz, dans son abri en pierre, Océani attendait que celle-
ci localise enfin son mentor en utilisant ses méthodes de sorcière. Les yeux
rivés sur les flammes, elle demeura immobile un long moment avant de lever
jadis.
part.
de la falaise.
— Wellan ?
parler ?
— Il ne nous l’a pas dit. Ce ne fut pas facile, mais nous avons réussi à
le faire fuir.
— Non, personne n’a été blessé, mais nous ne trouvons plus Sappheiros.
qu’il fait là ?
problème, c’est que le mage noir lui a enlevé tous ses pouvoirs.
— Mais Sappheiros est un dieu, Wellan. Depuis quand les sorciers
certainement trop faible pour se joindre à votre armée. Il serait une cible
rappela Sage.
— Sans problème.
rassura Océani.
fleuve Caléana.
nord. Veux-tu faire le reste du chemin sur mon dos ? Ainsi, je serai certain
que le sorcier ne s’en prendra pas à nous. Il sait désormais de quoi je suis
capable.
— Pourquoi pas ?
base de son cou avant de prendre son envol. Il plana au-dessus du cours
descente.
géant qui approchait dans le ciel. Il courut jusqu’à la tour de guet, grimpa
d’accord ?
— C’est bien la première fois que je vois un dragon par ici ! s’étonna
l’ermite.
Nemeroff.
nuage de sable. Il rabattit ses ailes et laissa Océani sauter sur le sol.
— Par ici.
humaine.
Sierra vint à la rencontre du jeune roi. Elle lui serra le bras et appuya
d’Émeraude.
— Je suis Ravenne. J’ai servi sous ton père durant l’invasion des
répliqua-t-il.
— Est-ce qu’il a des ailes, lui aussi ? voulut savoir Massilia, qui
Tandis que le jeune roi suivait Sierra et Alésia en direction des feux,
Massilia décida plutôt d’aller voir cet Océani de plus près. Elle se faufila
— Promis.
entraînant dehors.
La même chose qu’un vrai château, mais ce n’en est pas un.
— Quoi ?
Dès qu’ils furent entre adultes, Sappheiros se sentit plus libre de parler
— En fait, il est habité par une entité qui a la puissance de détruire des
— Un autre sorcier du nom de Wallasse est venu nous prêter main-forte.
— Je suis content de te voir, Océani, mais tu ne dois pas rester auprès de
magiques et il a réussi. Il voudra sans doute vous faire subir le même sort.
— Oui, tu as raison. Mais avant que je parte, dis-moi qui sont les deux
— Argus et Azurée.
— Mais ils sont morts avec tous les autres à Gaellans… se rappela
Océani.
piège.
— Les protéger de mon mieux, car le seul moyen de leur rendre leur
dehors.
— Merci, Wellan.
L’Émérien quitta la hutte pour le laisser dormir. C’est alors qu’il aperçut
— Ce sont donc vous les Salamandres dont Wellan fait l’éloge ? était en
— Nous traitons toujours les visiteurs avec le plus grand égard, même
Séïa.
— Ou que ce sont eux qui ne nous comprennent pas, précisa Pergame.
Sierra trouva leur déférence plutôt amusante. « On dirait que je suis à la
s’excusa le roi-dragon.
esprit.
— Je vais aller chercher Massi et nos petits anges, décida Léokadia.
— Ça va de soi.
Léokadia trouva les jeunes Deusalas à genoux dans le sable avec leur
gardienne du moment.
Azurée.
Dès que Léokadia se fut éloignée avec les enfants, Massilia se dirigea
vers la hutte de Sierra pour s’assurer que leur père tenait le coup. Sappheiros
reposait sur le lit de Wellan, les yeux fermés. Son teint était de plus en plus
pâle. La Salamandre n’avait pas une grande expérience médicale, mais elle
savait que lorsque les gens mouraient, ils devenaient tout blancs. Elle fouilla
dans les pochettes attachées à sa ceinture et en sortit deux des étoiles
blanches qu’elle avait oublié de remettre à Ravenne ainsi qu’un petit pot de
colle. Elle en badigeonna au dos des pierres et grimpa sur le lit pour les
coller au milieu du mur pour que Sappheiros puisse les voir lorsqu’il se
réveillerait.
— Je n’ai pas besoin de ça pour penser à toi, Massi. Elle se coucha près
de lui.
— Je sais…
la meilleure façon de les reprendre afin de les exécuter devant tout son
peuple. Il ne supportait pas la trahison. C’est alors qu’il eut une idée !
— Olsson !
la caverne.
maussade.
déloyauté.
— À la différence que Quihoit n’est pas un sorcier qui s’est donné pour
mien. Alors voilà, je possède une barque bien cachée dans un tunnel qui
qu’elle soit invisible à leurs yeux, ainsi que ses occupants, je pourrais partir
— Merveilleux !
dans son hall. Zakhar marcha jusqu’à la large ouverture au ras de l’eau et
jeta un œil de l’autre côté du canal. Il ne pouvait pas voir les sentinelles
invisible, il pourrait déjouer leur surveillance et pister les traîtres. Toutes les
constater qu’ils étaient désormais tous les deux de la taille des humains.
— Ai-je besoin de te dire que j’en ferai partie, Zakhar ? offrit le soldat.
plaisir.
peu de guerriers avaient réchappé aux raids qu’ils avaient menés chez les
d’Antarès.
lui, puis alla chercher sa cape et sa massue. Les sept guerriers arrivèrent
après le repas du soir. Zakhar s’assura qu’aucun d’entre eux n’avait été un
ami de son fils. Puis, sans dire un seul mot, ils suivirent leur souverain
jusqu’à l’embarcation.
— Je devrai souvent descendre pour aller voir si ceux que je cherche se
leur côté du canal. Pendant que j’explorerai les terres des humains avec cinq
remonter de temps en temps. Lorsque nous aurons capturé les traîtres, nous
l’absence de leurs pinces et leur taille plus petite, les Aculéos n’avaient rien
n’avaient jamais navigué, Zakhar dut leur montrer comment utiliser les
vraiment rendu l’embarcation invisible, car il pouvait très bien la voir lui-
même, ainsi que ses hommes qui la faisaient avancer. « Je le saurai bien
assez vite », se dit-il finalement. Il leva les yeux sur les étoiles en se
Chimères, il n’avait pas pour autant délaissé ses tours de garde. Il continuait
de s’en tenir à l’horaire qu’Ilo avait établi pour les sentinelles en se fiant à
commandant avait soigneusement choisi ses hommes et les heures qui leur
Assis sur une branche à ne rien faire sinon surveiller la falaise, Slava
était répréhensible, mais, aussi, qu’il n’aurait pas pu agir autrement. Lui-
même n’avait pas de famille, alors il ne pouvait pas savoir ce qui s’était
passé dans le cœur de son commandant. « Qu’est-ce que j’aurais fait à la
C’est alors qu’il crut voir quelque chose d’inhabituel sur le canal. Il se
une petite baleine finirait par venir respirer à la surface. Lorsque l’étrange
Chimères craignit tout de suite qu’il s’agisse d’une autre attaque de la part
d’un sorcier. Il décrocha le movibilis qui pendait à une branche près de lui et
encore assise aux feux avec Wellan et Ravenne. Nemeroff était reparti chez
commandante était occupée par les Deusalas et Massilia qui veillait sur eux
celle d’Alésia. Pour laisser à celle-ci tout le temps dont elle avait besoin
pour ses préparatifs avant de se mettre au lit, elle décida d’attendre qu’elle
avaient été invités par Domenti à partager sa hutte. Ce n’était pas une
Celle-ci l’en retira aussi vite que possible et appuya au centre du cadran.
— Que se passe-t-il ?
— Je suis témoin d’un phénomène qui est peut-être naturel, mais mon
instinct me fait penser que non. Il y a comme un sillon qui avance à l’envers
du courant sur le canal et ça ressemble un peu trop à ceux que crée la proue
— Où es-tu ?
— Bien compris.
— Slava. Je pense que nous devrions aller nous assurer que ce n’est pas
d’origine maléfique.
— Sans doute, répondit-il, mais nous n’en avons pas encore discuté.
— Il ne faut pas oublier non plus que Wallasse réagirait aussi, lui
— Je n’ai rien oublié de ce que j’ai appris jadis, affirma-t-il en utilisant
ce moyen de communication.
et l’autre sorcier.
sentier qui menait à la trouée, par où ils étaient arrivés le soir où ils avaient
surpris Ilo en compagnie de Lizovyk.
Sierra entendit des pas et incita Wellan à s’accroupir près d’elle. Slava
arriva alors derrière eux, mais ce n’était pas son approche qu’elle avait
perçue.
— Combien sont-ils ?
Sierra allait s’élancer sur son adversaire, elle reçut un violent coup sur la
tête. Elle laissa tomber son arme et s’écroula, mais n’eut pas le temps de
toucher le sol. Un bras vigoureux arrêta sa chute. Zakhar la chargea sur son
Ascensum – ascenseur
Boliscalum – météorite
Frigidarium – réfrigérateur
Horologium – horloge
Kithara – guitare
Locomotivus – locomotive
Mistraille – mitraillette
Muruscom – interphone
Notarius – notaire
Ordinis – ordinateur
Parabellum – pistolet
Pendulus – réveille-matin
Réflexus – photographie
Scanographie – radiographie
Vidéoxus – vidéo
Déjà paru dans
la même collection :
À paraître en 2017 :
À ce jour, Anne Robillard a publié soixante romans. Parmi eux, les sagas à succès Les Chevaliers
d’Émeraude et Les héritiers d’Enkidiev, la mystérieuse série A.N.G.E., Qui est Terra Wilder ?,
Capitaine Wilder, la série surnaturelle Les ailes d’Alexanne, la trilogie ésotérique Le retour de
l’oiseau-tonnerre, la série rock’n roll Les cordes de cristal ainsi que plusieurs livres compagnons et
BD.
Ses œuvres ont franchi les frontières du Québec et font la joie de lecteurs partout dans le monde.
Pour obtenir plus de détails sur ces autres parutions, n’hésitez pas à consulter son site officiel et sa
boutique en ligne :
www.anne-robillard.com / www.parandar.com
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et
Robillard, Anne
PS9585.Q325C432 2016
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Distribution : Prologue