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Séquence pédagogique 1

Agatha Christie
Mort sur le Nil
Dossier rédigé par Muriel Chemouny.

Le Livre de Poche, n°  5632, 288 pages.

Introduction Agatha Christie est une virtuose du roman d’énigme et, en publiant en 1937 Mort sur le Nil,
elle développe une autre intrigue à huis clos : alors que Le Crime de l’Orient-Express (1934)
nous embarquait à bord d’un train luxueux, nous voici cette fois à bord d’un bateau de
croisière. Il ne s’agit toutefois pas d’une simple variation du moyen de transport : c’est une
nouvelle aventure, qui exploite de manière originale le thème du voyage et des dangers de
l’amour. L’Égypte est plus qu’une toile de fond exotique, c’est une métaphore du roman
policier, l’activité du détective s’apparentant à celle de l’archéologue. Linnet Ridgeway, jeune
femme riche et belle, vole le fiancé, Simon Doyle, de sa meilleure amie Jackie de Bellefort :
son voyage de noces sur le Nil prend alors une tournure inattendue et inquiétante.
Les élèves de Seconde apprécieront sans doute la lecture de Mort sur le Nil, car ils pour-
ront allier plaisir de lecture, consolidation de leurs compétences en termes de narration et
découverte des subtilités d’une lecture littéraire plus complexe, telle qu’on la pratique au
lycée. La séquence trouve sa place, en début d’année par exemple, à l’occasion du travail
sur le roman.
Plan de la séquence 2

Introduction

I. Le thème du voyage
1. L’amour en danger
2. Le tourisme dévalorisé

II. Une enquête d’Hercule Poirot


1. Une galerie de personnages
2. Le personnage du détective

III. La fabrique du roman policier


1. Le Crime de l’Orient-Express
2. Qu’est-ce qu’un (bon) roman policier ?
3. Une œuvre visuelle
I. Le thème du voyage 3

Il est judicieux de s’appuyer sur la biographie d’Agatha Christie qui a fait plusieurs croi-
sières sur le Nil et qui s’est mariée avec un archéologue. Cela peut faire l’objet d’une brève
recherche préalable des élèves.

1. L’amour
Proposition d’activité :
en danger Relevez tous les signes montrant dès le début du roman que l’histoire d’amour de Linnet
est vouée à l’échec.

Dès le début du roman, lors d’un échange entre les deux amies Jackie et Linnet, l’amour
est présenté comme intrinsèquement lié à la mort. C’est Jackie qui répète plusieurs fois
« J’en mourrai ! » (p.  13). Elle utilise bien entendu cette hyperbole pour dire l’intensité de
sa passion pour Simon Doyle, mais le lecteur attentif remarquera que le verbe « mourir » est
souligné à plusieurs reprises par l’utilisation de l’italique, ce qui entache une vision apaisée
de l’amour. Plus loin, Jackie s’assombrit et confie à son amie qu’elle a peur (p.  14).

Une hyperbole est une figure de l’exagération, qui grossit excessivement ce dont elle
parle 1.

Par la suite, Hercule Poirot, qui dîne dans un bistrot, surprend une conversation qui retient
son attention  : Jackie et Simon évoquent leur désir de voyage de noces en Égypte, mais
l’enthousiasme de Simon est tempéré par les remarques de Jackie (p.  19)  :
—  Nous irons ensemble, Jackie. Ensemble…, dit l’homme d’une voix presque indistincte.
Ce ne sera pas merveilleux ?
—  Je me pose des questions… Est-ce que ce sera aussi merveilleux pour toi que pour
moi ? Est-ce que tu m’aimes vraiment… autant que je t’aie ?
Sa voix s’était faite soudain plus aiguë. Ses yeux s’étaient dilatés, comme sous l’effet de
la terreur.

Jackie aimerait trop, plus en tout cas que son compagnon ne l’aime, et ce déséquilibre serait
un mauvais présage pour leur avenir commun. Hercule Poirot fait part de son inquiétude
à la fin de cette conversation, et il reviendra sur ce point à la toute fin du roman, lors des
aveux de Jackie : « Et pour vous, l’amour suffisait, dit Poirot. Mais pas pour lui » (p. 279).
Finalement, c’est avec Linnet que Simon part en Égypte, mais tout leur voyage de noces est
perturbé par la présence de Jackie. Le lecteur pense alors que l’attitude de Jackie est motivée
par la jalousie, dans la mesure où sa meilleure amie Linnet s’est mariée avec l’homme qu’elle
aime. Les réjouissances se révèlent impossibles à bord du bateau de croisière, le voyage de
noces est gâché par une sorte de harcèlement infligé par Jackie. Linnet confie son inquiétude
à Hercule Poirot  : « elle nous suit partout où nous allons » (p.  52).

2. Le tourisme
Proposition d’activité :
dévalorisé Analyse d’un passage (de « Ils étaient arrivés », p. 105, à la fin du chapitre, p. 109). Reli-
sez attentivement cet extrait et expliquez quel rôle joue le cadre spatial dans l’action.

Le décor égyptien, tout au long du roman, n’est jamais mis au service d’un éloge du tourisme
procurant évasion et sérénité : il est plutôt la toile de fond d’une atmosphère lourde, pleine
de tensions. C’est particulièrement le cas dans l’extrait que l’on propose de relire  : il s’agit

1.  Lexique des termes littéraires, dir. M. Jarrety, Le Livre de Poche, 2001, p. 216.
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d’une excursion à Philae, au cours de laquelle Linnet et Simon pensent avoir échappé à la
traque de Jackie, et s’offrir un moment de répit. Linnet prend un bain de soleil, lasse des
visites, lorsque survient ceci  : « Un énorme rocher qui dégringolait la falaise vint s’écraser
près d’eux. Si Linnet n’avait pas bougé, elle aurait été réduite en bouillie » (p.  107‑108).
Cet accident, qui ne semble pas imputable à Jackie (p.  108), apparaît comme un moment
de tension particulièrement intense dans l’intrigue, un climax.

Un climax est le point culminant d’un récit, le moment où la tension dramatique est à
son comble.

Prolongement :
Recherche et analyse d’affiches sur le thème du voyage en Égypte et de la croisière sur
le Nil, à travers l’Histoire.

Ce travail pourrait être mené en collaboration avec les documentalistes, afin de consolider
les compétences des élèves en matière de recherche documentaire sur Internet.
Le matériau est foisonnant, on pourra aiguiller les élèves sur quelques aspects en particulier :
–  Les affiches touristiques promotionnelles au e  siècle  : c’est l’occasion de souligner le
point de départ historique des croisières sur le Nil. En 1869, l’ouverture du canal de Suez
est célébrée devant les représentants des puissances coloniales et de l’aristocratie européenne ;
Thomas Cook crée sa première agence de voyages et joue un rôle majeur dans cet essor
du tourisme.
Au début des années 1920, le nombre de touristes en Égypte augmente, en raison de la
découverte du tombeau de Toutankhamon. Dans le roman d’Agatha Christie, le guide
touristique édité par Baedeker, référence par excellence à l’époque, est cité, utilisé par l’un
des personnages, le Dr  Bessner (p.  93). On le sait, Agatha Christie se sert de sa propre
expérience puisqu’elle a fait deux croisières au Moyen-Orient, et rencontré en 1930 l’archéo-
logue sir Max Mallowan, qu’elle épousera ; elle a participé à plusieurs chantiers de fouilles
à ses côtés dans les années 1930.
–  L’affiche du film Mort sur le Nil de John Guillermin (1978) : Hercule Poirot au premier
plan, vêtu de blanc, avec chapeau et cigare ; à l’arrière-plan une pyramide d’Égypte ; dans la
partie basse de l’affiche, une frise avec en médaillons les principaux personnages de l’histoire.
Détail amusant que les élèves noteront peut-être au cours de leurs investigations : un voya-
giste actuel propose une croisière sur le Nil en indiquant comme argument de vente, « sur
les pas d’Agatha Christie »… !
Au terme de ce travail de mise en contexte, il semble important de revenir sur plusieurs
passages de Mort sur le Nil qui auront pu choquer les élèves pour leur racisme (utilisation
du mot « nègre » à propos de l’orchestre dans le bistrot à la p.  17, vision stéréotypée et
dégradante des vendeurs égyptiens à bord du bateau à la p. 39, reprise à la p. 75). La vision
du monde d’Agatha Christie rejoint celle de l’Anglais des années 1930, que l’on pourrait
qualifier de « racialiste »  : tout en haut de l’échelle, il y a les Anglais, et leur vision colo-
nialiste 1 dévalorise souvent les étrangers, ou plus généralement tous ceux qui ne sont pas
anglais. C’est dans le même esprit que les Italiens sont présentés comme ayant « le sang vif »
(p.  211), dans un cliché simpliste. Sans chercher à ignorer ces passages ou à les minimiser,
il s’agira simplement de les signaler.

1.  Le colonel Race est présent en Égypte dans ce contexte colonial : « On le rencontrait d’ordinaire dans les avant-
postes de l’Empire, là où sévissaient des troubles » (p. 114) ; « De nombreux troubles ont éclaté çà et là. Nous ne
cherchons pas les hommes qui sont ouvertement à la tête des émeutiers. Nous cherchons ceux qui mettent la main
à la pâte » (p. 115).
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II. Une enquête d’Hercule Poirot


1. Une galerie
de personnages Proposition d’activité :
Faites la liste des principaux personnages du roman, et établissez une fiche permettant
d’identifier chacun d’entre eux. Approfondissez votre recherche sur Linnet, et rédigez
un article sur elle, qui pourrait paraître dans un magazine people, en l’illustrant (cherchez
des images susceptibles de la représenter).

Agatha Christie procède souvent ainsi dans ses romans  : de nombreux personnages sont
présentés dans le premier tiers du roman, sans que le lecteur sache d’emblée ce qui les
rassemble ; puis, tous se retrouvent embarqués dans le même voyage, avec des motivations
qui convergent toutes autour du nœud de la trame policière. Les protagonistes présents à
bord du bateau sont soulignés. Pour aider le lecteur, Mrs Allerton s’amuse à identifier tous
les passagers du Karnak (à partir de la p.  88). Par ordre d’apparition, on trouve  :
–  Linnet Ridgeway (p.  5)  : l’héroïne du roman, sur laquelle nous reviendrons, c’est une
jeune et riche héritière ;
–  Joanna Southwood (p.  6)  : amie de Linnet ;
–  Jacqueline de Bellefort (p.  12)  : souvent appelée Jackie, amie d’enfance de Linnet, en
couple avec Simon Doyle au début du roman ;
–  Hercule Poirot (p.  16)  : le célèbre détective belge ;
–  Simon Doyle (p.  22)  : fiancé de Jackie, puis mari de Linnet ;
–  Tim Allerton et sa mère (p. 23) : cousin de Joanna Southwood, il entretient une relation
fusionnelle avec sa mère ;
–  Miss Van Schuyler (p.  30)  : vieille et riche femme américaine ;
–  Cornelia Robson (p.  30)  : nièce de miss Van Schuyler ;
–  Mrs Bowers (p.  30)  : infirmière de miss Van Schuyler ;
–  Andrew Pennington (p.  31)  : oncle de Linnet, chargé de gérer sa fortune ;
–  William Carmichael (p.  33)  : avocat anglais de Linnet ;
–  Mr  James (p.  33)  : neveu et employé de Carmichael ;
–  Salomé Otterbourne et sa fille Rosalie (p.  35)  : romancière ;
–  Dr  Bessner (p.  88)  : collabore à l’enquête avec Hercule Poirot et le colonel Race ;
–  Colonel Race (p.  114)  : une connaissance d’Hercule Poirot, qui collabore à l’enquête.
La proposition d’écrire un article d’un magazine people se justifie par la façon dont Agatha
Christie nous présente son personnage dès le début : pour la situer, c’est un supposé « extrait
des potins mondains du Daily Blague » (p.  6‑7) qui nous est donné à lire. Riche, belle,
elle apparaît comme une figure admirée et jalousée, au centre de l’attention : « Linnet était
habillée aussi parfaitement que si elle devait se produire en vedette dans un spectacle de
music-hall. Elle avait également l’assurance d’une star. Où qu’elle aille, elle avait l’habitude
d’être regardée, admirée, d’occuper le centre du plateau » (p.  41). Son destin est  inextrica-
blement lié au thème de l’argent. À ce titre, son collier de perles véritables apparaît comme
l’accessoire parfait d’une star glamour –  bijou qui fait l’objet d’un vol et joue un rôle
important dans l’intrigue policière.

2. Le personnage
Proposition d’activité :
du détective Commencez par réunir toutes les informations utiles pour réaliser le portrait d’Hercule
Poirot. Présentez ensuite votre travail à l’oral, dans une courte scène où vous dites
« je » et jouez le rôle du célèbre détective.
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Mort sur le Nil n’est pas le premier roman dans lequel apparaît le personnage d’Hercule Poirot
et ce passé romanesque de l’enquêteur, qui l’a rendu célèbre, est évoqué à plusieurs reprises.
Gaston Blondin, le patron du bistrot Chez ma Tante à Londres, octroie rarement des faveurs,
mais Hercule Poirot fait partie des rares personnes à en bénéficier. On remarque d’ailleurs que
le détective n’est pas d’emblée nommé, mais décrit ainsi : « un bout d’homme à la mine assez
grotesque et à l’invraisemblable moustache noire dont personne n’aurait été imaginer que la
seule présence pouvait en quoi que ce soit rehausser l’éclat des lieux » (p.  15). C’est lors de
cet épisode que l’on apprend qu’Hercule Poirot mène une « existence oisive » (p.  16) et ne
travaille pas à ce moment-là, d’où son projet de faire un voyage en Égypte. Son physique est
également rappelé par Mrs  Allerton, qui le qualifie de « drôle de petit bonhomme » (p.  36).
Le caractère d’Hercule Poirot est indiqué  : il est « méticuleux » (p.  81), même pour ranger
ses affaires dans sa valise. Ce sens de l’ordre le sert bien entendu dans sa façon de mener
l’enquête. Le dialogue est son outil privilégié pour faire émerger la vérité, et il « n’avanc[e]
jamais rien dont il ne soit certain » (p.  115). Sa devise pourrait être la suivante  : « Il faut
toujours procéder avec ordre et méthode » (p.  172). Il ne se laisse jamais décourager par la
difficulté d’une enquête et affirme que « ce sont toujours les faits qui ne s’adaptent pas qui
sont les plus significatifs » (p. 224). Il apparaît donc comme un expert du raisonnement, et
chaque enquête est une mise à l’épreuve de son intelligence. Surnommé « Vieux Limier » par
Mr  Ferguson (p.  235), il se vante lui-même de sa perspicacité et de sa capacité de déduc-
tion (p.  256). Une enquête est comme une fouille archéologique (p.  264). Hercule Poirot
reconnaît qu’il aime avoir du public et en retire une certaine vanité (p.  267).
On peut faire écouter aux élèves des extraits du roman lu par Guillaume Gallienne, pour
les aider à théâtraliser l’exercice 1.

III. La fabrique du roman policier


1. Le Crime
Proposition d’activité :
de l’Orient- Lisez le roman d’Agatha Christie Le Crime de l’Orient-Express, ou une présentation de son
Express intrigue, et établissez ses points de ressemblance avec Mort sur le Nil.

La comparaison entre les deux romans est pleinement justifiée dans la mesure où Agatha
Christie s’amuse à faire référence à l’intrigue du Crime de l’Orient-Express dans Mort sur
le Nil. C’est Hercule Poirot qui confie son souvenir au colonel Race, lors de la fouille des
cabines des passagers du bateau, au chapitre  22  : « Un jour, j’ai enquêté à propos d’un
meurtre commis dans l’Orient-Express. Il y avait un problème avec un kimono écarlate. Il
avait disparu, et pourtant, il devait être dans le train. Eh bien, où croyez-vous que je l’ai
retrouvé ? Dans ma propre valise, fermée à clef ! Non mais ! Vous vous rendez compte de
cette insolence ? » (p.  207). Cette mention, au-delà du clin d’œil adressé au lecteur fidèle,
est une façon de donner de la consistance au personnage d’Hercule Poirot, de renforcer sa
crédibilité, puisqu’il a un passé prestigieux.
Les principaux points communs sont le huis clos, la présence d’un moyen de transport,
lui-même décliné en plusieurs étapes ou excursions à l’intérieur du périple principal. D’autres
ressemblances ne sont pas spécifiques à ces deux romans, mais pourront être mentionnées
par les élèves  : Hercule Poirot comme enquêteur principal, la présence de personnages
appartenant à l’aristocratie anglaise et européenne – il faut des moyens financiers conséquents
pour entreprendre de tels voyages  –, la présence de nombreux dialogues.

1.  Mort sur le Nil, traduit par Vanessa Aucanot, lu par Guillaume Gallienne, Paris, Éditions Thélème, 2004, 3 CD.
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2. Qu’est-ce
Proposition d’activité :
qu’un (bon) Relevez dans le roman toutes les remarques métalittéraires. Ordonnez-les et utilisez-les
roman policier ? pour imaginer la réponse qu’Agatha Christie pourrait donner à la question « qu’est-ce
qu’un bon roman policier ? »

Le mot métalittéraire est formé du préfixe méta-, issu du grec, qui peut signifier « au-
delà » : il s’agit des indications qui vont au-delà de la fiction elle-même, réfléchissent sur
le roman, et sont presque de l’ordre de l’essai, bien que parfaitement intégrées dans la
trame narrative.

L’on pourra dire aux élèves, que c’est comme si, par endroits, le roman était en train de
se faire sous nos yeux, que l’auteur cherchait volontairement à nous montrer les détails de
sa fabrication. On trouve par exemple une figure d’écrivaine ratée, Mrs  Otterbourne qui,
par contraste, révèle ce qui fait que ce n’est pas une bonne romancière aux yeux d’Agatha
Christie. Mrs Otterbourne semble en effet fascinée par l’exotisme, le sexe, les effets voyants,
le succès facile 1.
Pour Agatha Christie, le bon roman policier s’inspire de l’archéologie, comme l’explique
Hercule Poirot au colonel Race lassé d’attendre la résolution de l’énigme : « Vous croyez que
je prends plaisir à faire des détours ? […] J’ai participé un jour à une expédition archéolo-
gique et cela m’a appris au moins une chose  : quand tout à coup, au cours d’une fouille,
un objet émerge de la terre, on fait soigneusement le ménage tout autour. On déblaye,
on gratte tout autour avec un couteau et l’objet apparaît enfin, seul, prêt à être dessiné et
photographié sans que rien d’étranger n’en déforme l’image. C’est ce que je cherche à faire
ici : écarter tout ce qui est étranger à l’affaire de façon à ce que nous puissions voir la vérité
–  la vérité toute nue et dans son infinie splendeur » (p.  264).

Prolongement :
Lisez la nouvelle d’Agatha Christie également intitulée « Mort sur le Nil », que vous
trouverez dans le recueil Mr Parker Pyne. La contrainte du genre de la nouvelle oblige
Agatha Christie à concentrer l’intrigue, à réduire les personnages, à doser l’effet du
suspense : que pensez-vous du résultat ? Préférez-vous le roman ? Expliquez pourquoi.

3. Une œuvre
Proposition d’activité :
visuelle Après avoir souligné en quoi Mort sur le Nil est un roman visuel, cherchez des adapta-
tions en bande dessinée ou au cinéma, et faites part de vos impressions personnelles.

La comparaison avec le cinéma est présente dès le début du texte, avec cette remarque de
Mr  Burnaby  : « On se croirait au cinéma, pas vrai ? » (p.  6). Les personnages du roman
étant particulièrement visuels, le lecteur imagine sans peine les paysages fabuleux d’Égypte.
Œuvre très visuelle, Mort sur le Nil a été adapté en bande dessinée à plusieurs reprises  :

1.  On relira avec intérêt le dialogue entre Mrs Otterbourne et Hercule Poirot aux p. 46‑47, ainsi que les remarques
de la p. 226.
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–  Mort sur le Nil, François Rivière, Proust éditions, 2010.


–  Hercule Poirot, Mort sur le Nil, Isabelle Bottier et Damien Callixte, édition Paquet, 2019 :
adaptation très fidèle, visuellement assez classique ; on fera remarquer aux élèves que le
traitement en images de certains passages contraint à dévoiler d’emblée au lecteur certains
éléments, car le dessinateur doit choisir un point de vue pour raconter (épisode au cours
duquel Linnet blesse accidentellement Simon).
Le roman a également fait l’objet de plusieurs adaptations sur écran  :
–  Death on the Nile (1978), film de John Guillermin, avec Peter Ustinov dans le rôle de
Poirot.
–  Téléfilm de la série Hercule Poirot, pour la télévision britannique (2004), avec David
Suchet dans le rôle d’Hercule Poirot.
–  Mort sur le Nil (2021), film de Kenneth Branagh avec Kenneth Branagh dans le rôle de
Poirot.

Conclusion Au terme d’une analyse de Mort sur le Nil, on aura pu rendre les élèves plus sensibles à la
notion d’enquête textuelle, grâce au plaisir de lecture provoqué par le roman d’énigme. Le
travail du commentaire littéraire s’apparente en effet aux recherches de l’archéologue, qui
fouille patiemment pour reconstituer une histoire, des significations, un contexte. Lorsque
l’enquête dissipe finalement le mystère, la joie interprétative, elle, reste intacte.

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