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Préambule

L'hydrologie est l'une des sciences les plus anciennes, mais son évolution a été extrêmement lente
dans l'histoire de l'humanité. On peut expliquer cette lenteur par le fait que l'épanouissement
d'une discipline est toujours fonction des besoins du moment et des problèmes particuliers que
peut causer son ignorance. L'hydrologie a été, en fait, l'une des dernières disciplines à être
incorporée à un programme de formation universitaire. En effet, c'est seulement en 1912, que le
professeur H.W.King offrit, à titre expérimental, le premier cours d'hydrologie à l'université de
Michigan. Le véritable essor de l'hydrologie a commencé à partir de 1930. Le développement
agricole, industriel et social des dernières années et la croissance démographique accompagnée
d'une amélioration notable du niveau de vie ont obligé ingénieurs et planificateurs à penser
sérieusement à l'éventualité d'une pénurie d'eau à plus ou moins court terme. A mesure que les
besoins nouveaux exigeaient des volumes d'eau de plus en plus grands et que la pollution
industrielle faisait son apparition, réduisant ainsi les disponibilités hydriques, les gens comprirent
qu'une étude approfondie de cette ressource était urgente afin d'assurer et de planifier son
utilisation de façon optimale et rationnelle pour les années à venir.

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CHAPITRE I

Le Cycle et Bilan Hydrologique

1- Présentation de la Science hydrologique :

2- L’eau dans la planète

3- Cycle et processus hydrologiques

4- Les facteurs du mouvement de l’eau :

5- Le Bilan hydrologique

6- Conclusion sur le bilan hydrique

7- Cycle de l’eau à l’échelle du Maroc

8- Bassins et ressources en eau au Maroc

9- Le contexte climatique du Maroc

Exercices sur des exemples de bilan :


• bilan d'un réservoir de surface
• bilan d'un aménagement multi réservoir

Prof N.SERHIR -EHTP- -1- Chap1 : cycle et bilan hydrologiques


CHAPITRE I
LE CYCLE ET BILAN HYDROLOGIQUE

1- Présentation de la Science hydrologique:

La question de la disponibilité de l’eau, tant quantitative que qualitative,pose un des problèmes


majeurs auquel fait face l'humanité au cours de ce siècle et des siècles à venir et est au centre des
préoccupations actuelles de l’homme . Des statistiques ont permis d’ estimer en effet qu'un habitant
sur cinq de la planète n'a pas accès à l'eau en suffisance et seulement un sur trois a une eau de
qualité. Dans ce contexte, on conclue que le suivi et l'analyse spatio-temporelle du cycle de l'eau par
une mesure quantitative et qualitative de ses éléments ainsi que le contrôle par une mesure continue,
des autres caractéristiques de l'environnement qui influent sur l'eau constituent la base essentielle
pour toute étude d’aménagement et de réflexion pour une gestion rationnelle de l’eau et un
développement durable de cette ressource précieuse bien qu’apparemment abondante.

D’une façon large , L'hydrologie a été définie par « la science qui étudie les eaux
terrestres, leur origine, leur mouvement et leur répartition sur notre planète, leurs propriétés
physiques et chimiques, leurs interactions avec l'environnement physique et biologique et
leur influence sur les activités humaines. »
Cette définition est très générale car elle couvre un très grand nombre de branches telle l’hydraulique
souterraine ou hydrogéologie , l’hydrologie fluviale , la météorologie , l’océanographie …, qui sont
actuellement enseignées indépendamment.

Dans ce cours, on va s’intéresser à l’hydrologie de surface s’articulant autour de l’hydrologie


opérationnelle de l'ingénieur, et dont les disciplines météo climatologie et géologie servent de base.
On notera également que les données hydrologiques représentent un grand champ d’application aux
traitements probabilistes , statistiques et numériques...

L’hydrologie opérationnelle traite de l'aspect pratique de l’évaluation des composantes hydrologiques


pour une meilleure connaissance des ressources en eau d'une région donnée .Elle s’intéresse au
traitement de l’information hydrologique observée pour une analyse de l’évolution spatio-temporelle
des processus hydrologiques et pour la conception des ouvrages hydrauliques dans un objectif de
gestion de la ressource eau et de protection contre les catastrophes naturelles : inondation et
sécheresse .

2- L’eau dans la planète :


L’eau apparaît comme une ressource abondante. Elle occupe, en effet, près des 3/4 de la surface de
notre planète. Ainsi, la terre, vue de l'espace, apparaît comme une planète recouverte en grande partie
d'eau (planète bleue). La réserve totale d'eau y est de 1 342 409 250 km3. Les océans occupent une
superficie à peu près égale à 70% de la surface du globe et en représentent 97% de la masse totale
d'eau. On peut encore remarquer que la superficie des terres émergées de l'hémisphère Nord est deux
fois supérieure à celle de l'hémisphère sud.
La distribution quantitative des eaux sur terre fait apparaître que les eaux douces ne représentent
qu'environ 3% du volume total des eaux du globe, confinée dans plusieurs milieux. Elles se
répartissent dans les glaciers (77,2%), le sol et le sous-sol (22,5%), les lacs, rivières et fleuves (0,3%)
et l'atmosphère (0,03%). Elles se retrouvent donc à plus que 99% dans les calottes polaires, les
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glaciers et les eaux souterraines de grandes
profondeurs qui représentent des réserves d'eau douce difficilement accessibles. ( source :
Medhycos .mpl.ird.fr)
Toutefois, dans certaines régions montagneuses, dont les Alpes, les eaux de fonte alimentent la
plupart des cours d'eau et le débit des fleuves est étroitement lié au taux de fonte des glaciers.
On notera que les eaux souterraines occupent le 2ème rang des réserves mondiales en eau douce
après les eaux contenues dans les glaciers. Elles dépassent largement les eaux continentales de
surface. Leur apport est d'autant plus important que, dans certaines parties du globe, les populations
s'alimentent presque exclusivement en eau souterraine par l'intermédiaire de puits, comme c'est le cas
dans la majorité des zones semi-arides et arides. On doit cependant garder à l'esprit que plus de la
moitié de l'eau souterraine se trouve à plus de 800 mètres de profondeur et que son captage demeure
en conséquence difficile et onéreux.
Les eaux continentales de surface (lacs d'eau douce, rivières, fleuves, etc.) sont, à l'inverse des
eaux souterraines, très accessibles. Par contre, elles sont quantitativement infimes et représentent une
ressource susceptible d’être facilement polluée malgré l'effort fait depuis plusieurs années pour en
améliorer la qualité.
Quant aux eaux météoriques, elles peuvent paraître quantitativement très modestes, du moins dans
certaines régions. Néanmoins, elles constituent une étape essentielle du cycle de l'eau.
Rappelons enfin que l’eau existe sous forme de trois états : l'état solide (glaces, neige et grêle), l'état
liquide, chimiquement pure ou chargée en solutés (mers, lacs, fleuves et rivières, nuages, sols) et l'état
gazeux à différents degrés de pression et de saturation (vapeur dans l'atmosphère).
Le changement de phase de l'eau dépend essentiellement de la température et de la pression mais
aussi du degré de pollution de l'atmosphère.
Composante principale de notre environnement, Les eaux, sont en constante circulation sur la terre
et subissent des successions de transformation d'état.
L'importance de ces modifications fait de l'eau le principal véhicule de transport des éléments
physiques, chimiques et biologiques.
Les précipitations annuelles moyennes sont estimées sur les océans à 870 mm pour 970 mm
d'évaporation et sur les continents à 670 mm pour une évaporation de 420 mm et un écoulement de
250 mm.

3- Cycle de l’eau et Processus hydrologiques

L’eau conditionne la vie et l’équilibre sur Terre. Les transformations de l'eau sous ses différents états
sont organisées dans la nature et comprennent différents processus.
L'ensemble de ces processus forme le cycle hydrologique. C'est un mécanisme naturel qui assure la
production de l'eau douce. C’est, en fait, un concept qui englobe les phénomènes du mouvement et
du renouvellement des eaux sur la terre tel que le schématise la figure 1-1 ci-dessous.

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Figure 1-1 : Représentation du cycle hydrologique
Source : http://www.ac.ucl.ac.be/hydr/cycle.html

¾ Grâce à l'énergie solaire, l'eau s'évapore des plans d'eau (océans, lacs, rivières, retenues,...), de
la surface du sol humide, de la végétation (transpiration des plantes).

¾ Cette vapeur d'eau contenue dans l'atmosphère est transportée sur de grandes distances grâce
à la circulation atmosphérique générée par un déséquilibre hydrodynamique de l'atmosphère
duquel résultent les vents.

¾ L'élévation d'une masse d'air humide permet le refroidissement général nécessaire pour
l'amener à saturation et provoquer la condensation de la vapeur d'eau sous forme de
gouttelettes constituant les nuages, en présence de noyaux de condensation.

¾ Puis la vapeur d'eau, transportée et temporairement emmagasinée dans les nuages, est
restituée par le biais des précipitations aux océans et aux continents sous forme de pluie,
neige, grêle, rosée,...
Cette précipitation est perdue pour tout usage utile à l'homme lorsqu'elle tombe sur les
mers et océans. Cependant elle joue un rôle primordial à toute forme de vie lorsqu'elle se
produit sur les continents. Et les phénomènes suivants en découlent :
¾ Une partie de l'eau issue des précipitations est interceptée par la végétation. Une portion sert
à remplir les dépressions de surface du sol (stockage Superficiel ) . Ces quantités retenues
sont souvent groupées sous le terme "rétention de surface". Les volumes d'eau servant à
ces fins finissent par s'évaporer pendant ou après la pluie et sont donc perdus à tout usage
utile à l'homme.

¾ Dès que la pluie atteint le sol, l'infiltration se produit : c'est la pénétration de l'eau dans
les sols perméables. La portion infiltrée sert à augmenter l'humidité du sol au bénéfice de
la végétation ou chemine vers les couches plus profondes pour alimenter la réserve d'eau
souterraine : figure 1-2
Prof N.SERHIR -EHTP- -4- Chap1 : cycle et bilan hydrologiques
Figure 1.2 Les processus du cycle hydrologique

¾ Les quantités d’eau absorbées par le sol et par le couvert végétal sont restituées à
l'atmosphère par transpiration des plantes et évaporation des sols . On désigne
conventionnellement ces pertes par L'évapotranspiration .
¾ L'eau non restituée à l'atmosphère migre sous forme :
™ d'écoulements de surface rapides (fleuves, rivières), transitant parfois par des
zones de stockage naturels (étangs, mares) ou artificielles (retenues, barrages) ;
Selon le sol et les conditions initiales d'humidité, il existe une capacité d'infiltration maximale qui ne
peut être dépassée même si la source d'eau est illimitée au niveau de la surface. Donc si la pluie se
produit à un taux qui dépasse cette capacité d'infiltration, le surplus s'accumule en surface et s'écoule
au gré des pentes : c’est l'écoulement de surface Hortonien aussi appelé écoulement par
dépassement de la capacité d’infiltration.
Ce ruissellement fait monter le niveau de l'eau dans les lacs et les cours d'eau qui absorbent ainsi
temporairement une partie du ruissellement pour satisfaire cet emmagasinement.
™ d'écoulements souterrains lents intervenant après infiltration.
Ces eaux sont souvent stockées en profondeur dans des réservoirs constitués de roches poreuses et
perméables formant les aquifères.

Une variation d'emmagasinement souterrain se reflète par un changement de niveau de la nappe


phréatique. A cause du relief du sol et de la géologie des terrains, la nappe phréatique n'est pas
nécessairement horizontale ce qui crée des écoulements souterrains dans le sens du gradient
maximum. L'eau peut ainsi retourner en surface vers les cours d'eau et les lacs ou vers la mer. C'est
ainsi que les cours d'eau sont alimentés en période de beau temps, une fois le ruissellement de surface
terminé : c'est l'apport ou écoulement de base

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¾ Si elles ne sont pas utilisées par l'homme,
les eaux de surface et les eaux souterraines se déchargent finalement dans la mer ou l’océan .
Et le cycle de l'eau se poursuit : ce sont les milieux marins et terrestres qui par évaporation et
évapotranspiration humidifient les masses d'air véhiculées par les vents. Par condensation, il y
a formation de nuages et à nouveau précipitations sur les continents et les îles, et bien
évidemment sur les océans eux-mêmes.

Une telle représentation du cycle hydrologique est nécessairement simplifiée et idéalisée. Il faut
réaliser que tous ces phénomènes se produisent simultanément et à des taux variables dans le temps
et que certains sont intermittents. Le problème posé est donc essentiellement non permanent et très
complexe.

4- Les facteurs du mouvement de l’eau :

Le cycle de l’eau constitue un équilibre dynamique complexe qui met en jeu des quantités d’énergie
très importantes. L'énergie solaire, à travers le rayonnement solaire, entre dans les différents
domaines où se produit le cycle de l'eau : l'atmosphère, l'océan et la lithosphère. Un transport
d'énergie et de masse a lieu , d'une part, entre l'Océan et l'atmosphère ,et d'autre part ,entre la
lithosphère et l'atmosphère . Un transport de masse et d'énergie a lieu dans l'océan lui-même.

D’autres facteurs interviennent, à des degrés plus ou moins importants, dans le mouvement de l’eau
dans la nature :
• L'énergie thermique du soleil produit une circulation de l'air dans l'atmosphère, en raison du fait
que la surface terrestre est réchauffée de façon inégale.
• La force de gravité est responsable des phénomènes de précipitations, de ruissellement,
d'infiltration et de courant de convection.
• L'attraction solaire et lunaire est à l'origine des marées et des courants marins.
• Les différences de pression atmosphérique occasionnent les déplacements horizontaux de l'air.
Les vents sont eux-mêmes responsables du mouvement des couches superficielles dans les lacs et
les océans.
• Les forces intermoléculaires dans le sol provoquent les phénomènes capillaires ainsi que la
viscosité et influencent donc la vitesse d'écoulement.
• Finalement, l'homme agit aussi directement dans le processus du mouvement et de
transformation de l'eau. Son action peut conduire à une meilleure gestion de cette ressource
naturelle, mais elle peut aussi causer de nombreux problèmes, notamment en perturbant le cycle
hydrologique, tant au niveau quantitatif que qualitatif.
En effet, L’ensemble de la communauté scientifique est d’accord sur le principe que l’équilibre
actuel est très fragilisé par des perturbations naturelles et d’autres d’origine anthropique humaines
.
Pour les perturbations naturelles, ce sont essentiellement les variations de l’activité solaire ou
encore l’activité des volcans.
Pour ce qui est des perturbations humaines, elles sont de plus en plus nombreuses :
• Les hommes ont multiplié les barrages hydroélectriques qui perturbent les systèmes
fluviaux, en réduisant les apports aux océans. Au barrage d’Assouan, les apports d’eau et de
sédiments sont maintenant insuffisants.
• Les détournements d’écoulement interbassins : de bassins excédentaires vers des bassins
déficitaires.
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• L’assèchement des grands marais et des zones humides, le drainage et l’irrigation
agricole
• Les grandes déforestations équatoriales. L’Amérique du Sud a perdu 40% de ses forêts
originelles, l’Asie du Sud-est environ 45% et l’Afrique équatoriale et centrale environ 65%.
Ce qui débouche à des modifications du climat localement.
• L’extension des zones urbanisées, dont la perméabilité est beaucoup plus faible qu’à l’état
naturel, donc il y a une accentuation des crues et des étiages.
• Les grands aménagements des cours d’eau, les canalisations pour supprimer les zones
d’inondations, mais cela provoque des accentuations des vitesses de crues et des échanges
nappes/rivières.

Ces activités modifient les caractéristiques hydroclimatiques de la planète, il y a des


problèmes de compensation et les prévisions sont difficiles à faire. Le cycle de l’eau est
en train d’évoluer. Les problèmes sont plus accrus lorsque l’on travaille à l’échelle du
bassin versant.
5- Bilan hydrologique :

La notion du cycle hydrologique est associée à un espace physique bien défini. Celle-ci conduit à y
établir un bilan hydrologique s'exprimant par un équilibre entre les apports et les sorties du système
et s'étalant sur une période de temps fixée.

Par rapport au système physique, il est d'usage de travailler à l'échelle d'un bassin versant. C’est le
champ spatial qui représente le cadre géographique dans lequel se déroule le cycle de l'eau dans la
lithosphère. Pour l'hydrologue, c'est le bassin versant défini par sa structure physique (surface, relief,
forme, pentes, géologie, couverture végétale- occupation des sols) et par sa capacité à stocker et à
conduire l'eau (réseau hydrographique, système aquifère) ainsi que par les quantités d'eau qui s'y
écoulent. (Entité structurelle définie en détail au chapitre 2).

Le temporel introduit la notion de l'année hydrologique. En principe, cette période d'une année est
choisie en fonction des conditions climatiques, ceci afin d'introduire les variations saisonnières des
réserves d'eau dans les nappes d’eau superficielle et souterraine. L’année hydrologique peut débuter à
des dates différentes de celle du calendrier ordinaire. Au Maroc à climat océanique, l’année
hydrologique débute au mois de septembre, celle des pays à climat de mousson (régions tropicales)
débute au mois d’Avril.

En vue de la gestion des ressources en eau d'un bassin, l’hydrologue est emmené à établir un
bilan d'eau ou budget d'eau (flux moyens annuels) pour chaque région géographique en liaison avec
les données physiques, climatiques, socio-économiques et de qualité des eaux recensées sur ce
bassin.

Le bilan hydrologique s'exprime par le principe de la conservation de la masse appliquée à la


ressource eau disponible dans le système physique étudié. Ce principe s'écrit d'après la loi de
continuité classique : (I - 0) = dS/dt

I = entrées par unité de temps = Apports


0 = sorties par unité de temps
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dS/dt = variation de
l'emmagasinement dans le temps.

¾ Les apports d'eau reçus par le système peuvent être les précipitations (apports internes)
et/ou les importations de l’extérieur (infiltration pour une nappe souterraine).

Dans les apports internes, on peut avoir à distinguer entre les apports bruts constitués par les
précipitations totales observées, et les apports nets constitués par les précipitations effectives ou
nets qui sont effectivement entrés au système (précipitations moins l’interception).
Les apports d'eau d'origine externe correspondent aux volumes d'eau des affluents du cours d'eau à
l’amont du système défini ou des nappes souterraines, dépendamment de la nature du système
physique étudié (recharge artificielle d’une nappe, lâchers d’un barrage de stockage vers un
compensateur).
¾ Les sorties intègrent tous les flux sortant du système : évaporation, évapotranspiration
réelle, infiltration, écoulements à travers une section donnée de la rivière ou de l'aquifère,
lâchers contrôlés (si elles existent) pour des utilisations humaines (irrigation, pompage,
production électrique).
On conclut alors que l’établissement du bilan en eau d'un bassin versant, sur une période de temps
donnée, suppose que l’on puisse estimer les quantités d'eau qui y entrent et qui en sortent.
Dans le cas d’un bassin versant topographique, sans ouvrage de stockage à l’exutoire, Le bilan
hydrologique peut s’exprimer schématiquement par la relation :
P = E + Q + I+ U + dS
P : précipitation E : évaporation + évapotranspiration réelle
Q : écoulement par l’exutoire , U : Utilisation humaine contrôlée
I : infiltration et dS : variation de stock d’eau en surface

Figure 1-3 Les processus sur un système hydrologique :


Source : http://www.ac.ucl.ac.be/hydr/cycle.html
Les variables apports, sorties sont exprimées habituellement en unités linéaires par unité de surface.
La difficulté principale de ce bilan est la quantification des variables. Ces derniers peuvent être
estimés par des mesures in situ, par l'utilisation de formules empiriques ou parfois par simulation
mathématique ou physique du phénomène. La mesure de chacune de ces composantes est nécessaire
sur une période de temps de plusieurs années, pour pouvoir dresser un bilan hydrique significatif.
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La série des TD en relation avec le chapitre
traitera de différents cas de calcul de bilans hydrologiques
6 - Conclusion sur le bilan hydrique
L'application de la méthode du bilan hydrique est limitée par la difficulté de quantifier les variables.
Effectivement, les processus hydrologiques sont difficiles à observer et mesurer directement sur le
terrain. On notera aussi que les erreurs de mesure éventuelles des termes de l'équation hydrologique
simplifiée se répercutent directement sur les valeurs calculées par bilan. Devant ces imprécisions, on
suggère l'emploi de cette méthode dans le cas d'un avant-projet par exemple, pour vérifier l'état du
système et surtout la validité (la fiabilité) des mesures.

Enfin un bon dimensionnement, sécuritaire et économique, et une bonne exploitation des


ouvrages hydrauliques nécessitent obligatoirement des études hydrologiques généralisées au niveau
de tous les bassins versants du pays. Ce qui permettra de dresser les inventaires des ressources en
eau de surface et souterraines dans les différentes régions : données nécessaires pour apporter une
nouvelle vision de gestion de la demande en eau et de la rationalisation de sa consommation

7- Cycle de l’eau à l’échelle du MAROC :

140 milliards de m3
118 Milliards de m3
EVAPO-TRANSPIRATION

22 Milliards de m3
RESSOURCES EN EAU
MOBILISABLES

18 Milliards de m3 4 Milliards de m3
EAU DE SURFACE Eaux souterraines
MOBILISABLE

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8-Bassins et ressources en eau au Maroc :

Le Maroc dispose, selon le niveau de connaissance actuel, basé sur des résultats provisoires des
études récentes réalisées par les Agences des Bassins Hydrauliques et les Directions Régionales
Hydrauliques, d’un potentiel de ressources en eau naturelle, estimée en année moyenne à près de 22
Milliards de m3, réparti par bassin selon le tableau 1-1 :
Source : Débat National sur l’Eau– Plate Forme – Nov 2006

Tableau 1-1 :

9- Le contexte climatique du Maroc


Le Maroc assure la transition entre le désert et la zone tempérée humide, et son climat est
caractérisé par toute la gamme des intermédiaires entre le totalement sec et l’humide. Son régime
pluviométrique est dominé par une forte irrégularité dans l’espace et dans le temps et par une
alternance de séquences d’années de forte hydraulicité et de séquences de sécheresse sévère,
pouvant durer plusieurs années.
Les précipitations annuelles se répartissent comme suit :
- Supérieurs à 800 mm dans la région la plus arrosée du nord-ouest ;
- Entre 400 à 600 mm dans la région du centre ;
- Entre 200 et 400 mm dans les régions de l’oriental et du Souss ;
- Et moins de 200 mm dans les zones sud atlasiques et le Sahara.

Les températures sont également très contrastées dans l’espace et dans le temps ; elles peuvent
dépasser 50°C dans le Sahara pendant l’été et descendre en dessous de 0°C dans les zones
intérieures en hiver.

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hydrologiques
TANER

AL

RABA FE
OUJD
CASABLANC
EL

FIGUI
SAF
ERRACHIDI
MARRAKEC

OUARZAZAT
AGADI

LAAYOUN
SMAR

BOUJDOU

LEGEND

Supérieure à 800

de 600 à 800

ADDAKHL de 400 à 600

de 200 à 400

Inférieure à 200

LAGWIR

Figure 1.4 Variation de la pluie annuelle au Maroc

• Pluviométrie très variable dans l’espace :


• Inférieure à 300 mm sur 85% superficie du Royaume

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hydrologiques
Figure 1.5 Les Bassins
Hydrauliques du Maroc

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hydrologiques
Chap 1 : Bilan hydro
Application :
Une étude hydrologique a été menée sur un petit bassin versant de 500 ha. Une commune envisage de
construire un barrage pour créer une retenue de 1000 m2 à l’exutoire de ce bassin versant . Le débit moyen
annuel qui y est mesuré est de 35 litres/s (exutoire est le point le plus bas du bassin où on recueille la
totalité des eaux du bassin).

La région concernée connaît des précipitations de l’ordre de 600 mm, et les mesures de l’évaporation
donnent une valeur moyenne annuelle de 202 mm.

Admettant qu’il n’y a pas de perte par infiltration, ni d’autre forme d’apport, calculer le volume d’eau
moyen annuel disponible dans cette retenue.

Problème : Calcul de bilan dans un bassin multi réservoir :

Le problème consiste à étudier le comportement hydrologique d’un bassin versant de 10 000 km²
en vue de construire un aménagement à deux réservoirs pour faire face à une demande en eau
importante. Il est prévu un barrage de stockage à l’exutoire de ce bassin. Les eaux stockées serviront
à la production hydroélectrique. Et on prévoit un barrage compensateur à l’aval du barrage de
stockage Son but sera de récupérer les eaux turbinées pour la production de l’électricité. Ces eaux
seront réutilisées pour l’AEP , l’irrigation et le maintien d’étiage .

ƒ le module pluviométrique annuel mesuré dans le bassin est de 486.2 mm


ƒ le débit moyen annuel mesuré juste à l’amont du barrage de stockage est de 34.306 m3/s

L’aménagement global est pour répondre aux besoins suivants :

Les eaux de l’aménagement sont destinées à alimenter des zones urbaines de 3 millions
d’habitants, l'irrigation de 100 000 ha en céréaliculture et la production énergétique à hauteur de 2 106
m3/jour. La consommation des céréales est de 5000 m3/ha/an. Le besoin des habitants de la ville est
de 100 litres/jour/habitant.

Un débit sanitaire de 50 litres/s doit être garanti dans la rivière en aval des barrages pour véhiculer
les pollutions et offrir un cadre environnemental propre.

La superficie de la retenue du barrage de stockage est, en année moyenne de 10 000 ha et


l'évaporation dans la région du barrage mesurée de 2000 mm/an.
On demande de dresser et calculer :

ƒ Tous les termes du bilan hydrologique associé à l’aménagement global


ƒ L’emmagasinement moyen annuel dans le barrage de stockage
ƒ Le volume de l’énergie exclusive
ƒ Déduire le coefficient d’écoulement moyen annuel.
ƒ Calculer le déficit moyen annuel dans ce bassin
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hydrologiques
Exercice:
Pour une année hydrologique ( = 31.6 106 sec ) , un bassin versant d’une superficie de 100 km2
reçoit des précipitations correspondant à une hauteur d’eau de 1000 mm. Sachant que le débit
moyen mesuré à l’exutoire du bassin est de 2.0 m3/s, on vous demande de répondre aux
questions suivantes :

¾ Pour cette année hydrologique, quel est le volume d’eau total écoulé à l’exutoire (en
Mm3) ?
¾ Quelles sont les pertes en eau dues à la combinaison des effets de l’interception,
l’évaporation , l’évapotranspiration réelle et l’infiltration (en mm).
¾ Calculer le coefficient de ruissellement (de l’écoulement) ?
¾ Calculer ces pertes par le bilan hydrologique, Sachant qu’il n’y a pas d’ouvrage de
stockage d’eau à l’exutoire du bassin et qu’il n’y a pas eu de variation de stock au cours
de cette année.

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hydrologiques
TD Chap 1 : Bilan hydro

Exercice 1/
L'étude hydrologique d'un réservoir de 400 Km² de superficie, construit sur un cours d’eau
donné,
montre que le débit d'alimentation du réservoir est de 20 m3/s, et les lâchers pour consommation
est de 16 m3 /s. Si les grandeurs hydrologiques mensuelles mesurées au niveau de la région sont
9 pertes totale par infiltration de 25 mm
9 précipitation moyennes de 45 mm
9 évaporation moyenne de 105 mm
Estimer le changement mensuel d'emmagasinement dans le réservoir.

Exercice 2:
Dans un barrage de stockage de surface moyenne inondée de 50 000 ha reçoit une précipitation
annuelle de 500 mm et des apports d’écoulement annuel du cours d'eau de 100 Mm3. Le volume
annuel de turbinage de 80 Mm3 est récupéré dans un barrage compensateur à l'aval pour être
utilisé dans l'irrigation à hauteur de 50 Mm3 et en eau potable et industrielle à hauteur de 20 Mm3
La variation du stock dans le barrage de stockage à la fin de l'année est de 15 Mm3 .
On demande de déterminer:
9 le volume de l'énergie exclusive?
9 la hauteur de l'évaporation en mm?
9 la lame d’eau écoulée si la surface du bassin versant est de 4000 km²?
9 le cœfficient d’écoulement moyen annuel

Exercice 3:
Pour l’ année 2001 (une année = 31.6 106 sec) , les données suivantes sont disponibles pour un
bassin versant de 100 km2 : Précipitations = 1000 mm ; Evaporation et évapotranspiration réelle
= 500 mm ; Débit moyen annuel observé à l’exutoire du bassin est de 2.0 m3/s
a- Calculer la variation de stock ∆S dans ce bassin et en déduire le stock à disposition à la fin
de l’année 2001 en admettant un stock initial de 23.2 Mm3. Conclure .
b- L’année suivante , alors que les valeurs moyennes des précipitations et de l’évaporation et
évapotranspiration ont été sensiblement les mêmes, le débit moyen annuel a diminué.
Quelle est la conséquence sur ∆S ??.
Dans le cas où ce stock correspond à des réserves d’eau souterraines, Expliquer ce
phénomène

Prof N.SERHIR -EHTP- - 15 - Chap1 : cycle et bilan


hydrologiques
Prof N.SERHIR -EHTP- - 16 - Chap1 : cycle et bilan
hydrologiques
ANNEXE : Cycle de l'eau

Précipitation :
Neige, pluie, grêle, etc.

Nuages et
condensation
S’évapore (Atteint la végétation)
- Interception - Nuages et
condensation

Atteint le sol

D
Déficit d’écoulement Ecoulement E

S’évapore sur le sol Ecoulement superficiel


(rivières)

S’infiltre

Absorbée par les plantes et Ecoulement


transpirée par les végétaux souterrain
- Transpiration ( nappes)

Evaporation de l’eau dans le sol-

Prof N.SERHIR -EHTP- - 17 - Chap1 : cycle et bilan


hydrologiques
CHAPITRE II

Le complexe physique :
Bassin versant ou Bassin de drainage
1/ Définitions et limitation d'un bassin versant

2 / Modèle Numérique de Terrain

3/ Le comportement hydrologique du bassin

4/ Les caractéristiques physiographiques d'un bassin versant

4-1/ Les caractéristiques de forme et de pente

4-2/ Les caractéristiques du réseau de drainage

4-3/ Les caractéristiques du sol et de son utilisation

La nature du sol , la géologie du substratum – le couvert végétal

5/ Les paramètres en relation avec l’écoulement

5-1/ Coefficient de ruissellement

5-2/ Le temps de concentration

6 / Application de caractérisation du bassin Tsalat

Annexe : Etude de cas sur la délimitation d’un bassin sous ArcGIS

Applications

Prof N.SERHIR - EHTP - -1 - Chap Bassin versant


CHAPITRE II

Le bassin versant ou bassin de drainage

Introduction :

Les problèmes pratiques en hydrologie tel que la construction d'un barrage, l'aménagement d’une
région hydraulique… concernent en général une étendue de surface limitée dans laquelle le projet
va être réalisé. De même l'analyse des composantes du cycle hydrologique est effectuée sur une
unité géographique restreinte caractérisée par sa structure qui est définie par certains paramètres
tel que l'importance des apports naturels, la spécificité de la végétation existante, des
caractéristiques topographiques, géologiques, et aussi géographiques.

Ces paramètres constituent les caractéristiques principales influençant le comportement


hydrologique de la région considérée.

Il convient donc de délimiter cette unité géographique et de présenter les formules et méthodes
qui permettent d’évaluer ses paramètres.

1/ Définitions et délimitation d'un bassin versant :


Le bassin versant se définit en une section d'un cours d'eau et représente la surface
topographique drainée par ce cours d'eau et ses affluents à l’amont de telle façon que tout
écoulement prenant naissance à l'intérieur de cette surface doit traverser la section normale
considérée, appelée exutoire, pour poursuivre son trajet vers l'aval.

L’exutoire d'un bassin est le point le plus en aval du réseau hydrographique par lequel passent
toutes les eaux de ruissellement drainées par le bassin.

La délimitation d’un bassin versant par rapport à un point d'un cours d'eau est donc
l’opération qui consiste à déterminer les surfaces qui contribuent à alimenter l'écoulement de ce
cours d'eau. Le bassin versant regroupe alors toutes ces surfaces qui, par ruissellement superficiel,
contribuent à l'écoulement au niveau de son exutoire.

Le bassin versant fonctionne alors comme un collecteur chargé de collecter les eaux de pluie , de
les restituer et les transformer en écoulement passant obligatoirement par son exutoire . Cette
transformation se produit avec des pertes d’eau qui dépendent des conditions climatologiques
régnant dans la région et des caractéristiques physiques , géologiques , de végétation… du bassin .

On délimite le bassin versant topographique par une ligne des partages des eaux reliant les
points les plus élevés ou crêtes. On se base alors sur la variation du relief (courbes de niveau ) et
sur la ramification du réseau hydrographique de drainage des eaux. On peut travailler sur des
cartes topographiques et/ou sur un modèle numérique de terrain avec les outils de ARCGIS

Il faut cependant conserver à l'esprit que l'alimentation d'un cours d'eau ne se fait pas uniquement
par ruissellement superficiel. Des écoulements souterrains guidés par le pendage des couches
géologiques (inclinaison des formations géologiques) les moins perméables ou par un réseau
karstique (formations sédimentaires calcaires ), s’il en existe , peuvent contribuer à l’écoulement
observé dans un cours d’eau.
Prof N.SERHIR - EHTP - -2 - Chap Bassin versant
Au cours des illustrations et applications réalisées en classe on illustrera le tracé d’une ligne de
partage des eaux selon les deux critères : courbes de niveau et réseau de drainage représentés sur
une carte topographique.

Un bassin topographique délimité sur une carte topographique peut être décomposé en plusieurs
sous bassins. Chacun pouvant être traité de façon indépendante au même titre que le bassin d'où
il est extrait, tel que montré sur la figure 2-2 ci-dessous du bassin Bouregreg de la zone d’action
de l’Agence du Bassin Hydraulique du Bouregreg et de la Chaouia ( ABHBC) : figure 2-1.

Figure 2-1 : Grand bassin de Bouregreg et de la Chaouia

Figure 2-2

Les sous bassins du


grand bassin du
Bouregreg

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2/ Modèle Numérique de Terrain
La demande de données spatiales s'est accrue ces dernières années car la représentation et la
connaissance du terrain sont essentielles pour comprendre les processus hydrologiques, d'érosion,
de sédimentation, de salinisation et de pollution via des cartes de risque
Aujourd'hui, le développement de techniques modernes d'acquisition et de mise à disposition
d'informations digitales a rendu possible la représentation de la topographie et du terrain d’un
bassin par le biais de Modèles Numériques de Terrain (MNT) ainsi que la représentation de
l'occupation des sols par le biais de photographies aériennes ou de données satellitaires. Ces
informations servent de plus en plus à la description des caractéristiques physiques des bassins
versants et à la cartographie numérique de leur couverture.
A partir de la densité locale de courbes de niveau ou de traitement stéréoscopique d'images
satellitaires, il est possible de produire une spatialisation du milieu qui aboutit à l'élaboration de
modèles numériques de terrain (MNT). Ces MNT sont des représentations numériques, discrètes
ou continues, des variations altimétriques d’une surface ( cad de sa topographie : forme et la
position de la surface du sol. ) , sous forme matricielle ou vectorielle. Outre les altitudes, les
fichiers qui le constituent peuvent intéresser d’autres paramètres dont les pentes, l’orientation,
l’occupation et la nature géologique des sols.
L’analyse de l’occupation des sols se réalise en utilisant la carte de l’occupation des sols issue de
l’image Landsat d’une résolution connue, issue du programme Landsat, qui est un des plus
anciens programmes d’observation par satellite de la surface terrestre.
On travaille avec des MNT Raster. .C’ est une matrice d’altitude. Il s’agit d’un ensemble de valeur
numérique régulièrement espacées. Chaque valeur d’altitude représente une moyenne d’un
élément de surface de terrain. Cette distribution définit un maillage de surface, la dimension de la
maille définit la résolution planimétrique du MNT. Plus la résolution est grande, plus le MNT est
riche en détail.
Le MNT le plus fréquent d’utilisation est le MNT GDEM-ASTER, d’une résolution de 30m ,
créé en utilisant les processus de la stéréoscopie des images satellites du capteur ASTER.
Ce MNT est téléchargeable à partir du site « ASTER Global Digital Elevation Map ». Il est
organisé sous forme d’un ensemble de fichiers Raster s’étalant chacune sur 1 degré en longitude
et 1 degré en latitude. Le système de coordonnées associé à ce MNT est le système
international « WGS84 ».
Une étude de cas est préparée et remise en annexe . Elle comporte l’ensemble des étapes
à suivre et réaliser pour la délimitation et la mesure et la détermination de certaines
caractéristiques d’un bassin à partir d’un MNT . le logiciel à télécharger et l’ARCGIS et
ses extensions

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3/ Comportement hydrologique d’un Bassin :

Un bassin est un système qui reçoit des impulsions auxquelles il répond. Sa réponse dépend de
sa structure. Il s’agit de comprendre cette réponse appelée communément comportement
hydrologique, et qui consiste à évaluer comment (en termes de forme, volume et rapidité) le
bassin transforme les pluies reçues en un écoulement vers son exutoire

Ainsi, l’analyse du comportement hydrologique du système hydrologique s'effectue le plus


souvent par le biais de l'étude de la réaction hydrologique du bassin face à une sollicitation qui est
la précipitation. Cette réaction est mesurée par l'observation de la quantité d'eau qui s'écoule à
l'exutoire du système. La représentation graphique de l'évolution du débit noté Q en fonction du
temps t définit un hydrogramme de débit.

La réaction hydrologique d'un bassin versant à une sollicitation particulière (Figure 2.3) est
caractérisée par :

• Sa vitesse : temps de montée tm, défini comme le temps qui s'écoule entre l'arrivée de la
crue à l’exutoire et le maximum de l’hydrogramme,

• Son débit de pointe Qmax ,

• Son volume calculé à partir de la forme de l’hydrogramme de débit observé .

Ces paramètres sont, d’une part, fonction du type et de l'intensité de la précipitation qui le
sollicitent (confier chapitres 3 et 4 ) mais aussi de paramètres caractérisant le bassin
versant d’autre part. Ces paramètres sont de différentes natures :relief , pentes , forme , sol ,
géologie , végétation .. D’une façon générale, on calcule deux coefficients caractéristiques de
l’état du bassin et influençant les écoulements qui y sont générés: le coefficient de ruissellement
et le temps de concentration du bassin ( paragraphe 4 de ce chapitre ).

La figure 2.3 fournit un exemple d'hydrogramme de crue résultant d'un hyétogramme donné. Le
hyétogramme est la courbe représentant la variation de la pluie précipitée en fonction du temps.

Figure 2.3 : Exemple de réaction hydrologique pour un bassin versant

4- Les caractéristiques physiographiques d'un bassin versant :


Prof N.SERHIR - EHTP - -5 - Chap Bassin versant
On distingue trois groupes de paramètres caractérisant un bassin versant et influençant son temps
et la forme de sa réponse:
- Les caractéristiques physiques de forme, de relief et de pente
- Les caractéristiques du réseau de drainage
- Les caractéristiques du sol et de végétation

4-1 / Les caractéristiques physiques de forme, de relief et de pente:

Les premières caractéristiques physiques du bassin qu’on doit mesurer sont sa surface et son
périmètre. Ils se mesurent par un planimètre et curvimètre respectivement. Avec le
développement des SIG, on utilise actuellement les utilitaires ArcView et autres sur ArcGIS .

ª Les caractéristiques de forme :

Permettent de déterminer la configuration géométrique et la forme du bassin telle que projetée


sur un plan horizontal. On peut utiliser deux indices :

ƒ Indice de compacité de Gravelius :

Il est défini par le rapport de périmètre du bassin au périmètre du cercle ayant même superficie :
P P P : périmètre du bassin2(Km)
K = = 0.28 A : aire du bassin (Km )
G 2 πA A
ƒ Indice de forme de Horton :

Il exprime le rapport de la largeur moyenne du bassin versant à la longueur du cours d'eau


principal.
A 1 A A : aire du bassin (km2)
KH = × = 2 L : longueur du cours d'eau le plus long (km)
L L L
- 1.5 < KG < 1. 8 et KH < 1 si la forme du bassin est allongée : Bassin A
- 1.0 < KG < 1.15 et KH > 1 si la forme du bassin est ramassée : Bassin C

Figure 2.4 :
Influence de la forme sur la réponse
d’un bassin

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• Les caractéristiques de relief

De nombreux paramètres hydrologiques comme par exemple les températures, les précipitations
varient en fonction de l'altitude. On note l'influence de l'altitude à 3 niveaux :
¾ au niveau du type et de l'intensité des précipitations
¾ au niveau de la répartition spatiale des précipitations
¾ au niveau de la valeur de la température

Il est donc du plus grand intérêt, pour l'hydrologue, de connaître la répartition des surfaces d'un
bassin versant, en fonction de l'altitude.

ƒ La courbe hypsométrique :
C’est une courbe où l’on représente l’altitude en fonction de la superficie. Celle–ci est
obtenue en mesurant les surfaces comprises entre certaines tranches d'altitude ou courbes de
niveaux.
La courbe hypsométrique se trace en représentant en abscisse le pourcentage de la
surface totale du bassin qui se trouve au dessus des altitudes portées en ordonnées .

Un exemple de courbe hypsométrique est donné à la figure 2-5 . Les valeurs du tableau 2-1 ont
servi à bâtir cette courbe .

ƒ le diagramme hypsométrique
On définit aussi le diagramme hypsométrique en représentant en abscisses la valeur de la
superficie partielle comprise entre deux tranches d'altitudes successives portées en ordonnées :
figure 2-6.
Ces courbes permettent de relever des altitudes caractéristiques du relief :

ƒ L'altitude moyenne du bassin versant :


Elle permet d'analyser les lois réglant les précipitations et le ruissellement superficiel .
Elle se définit comme l'ordonnée moyenne de la courbe hypsométrique et correspond au rapport
de l'aire sous la courbe hypsométrique à la surface totale du bassin .
On peut la calculer à partir de la relation:
1 ( h i + h i+1 )
h moy =
A
∑i
S i
2

hmoy est l’ altitude moyenne en m et A = aire du bassin en Km²


Si est l’aire comprise entre 2 courbes de niveau consécutives hi et hi+1 (Km²)

ƒ l'altitude médiane :
Elle correspond au point d'abscisse 50 % sur la courbe hypsométrique : h50% .

ƒ L’altitude minimale :
Se situe à l'exutoire du bassin qui représente son point de contrôle : hmin

ƒ l'altitude maximale :
C'est l'altitude la plus forte relevée au cours de la limitation du bassin, : hmax
point culminant du bassin.

ƒ le mode ou l'altitude la plus fréquente :


Elle est relevée sur le diagramme hypsométrique et correspond au milieu de la tranche d'altitude à
laquelle correspond le maximum de superficie.
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Tableau 2-1 : Exemple de tableau hypsométrique
Altitudes (m) Superficie (km2) Surface (%) Surface cumulée (km2) Surface cumulée (%)
3600-3747 4,5 0,75 4,5 0,75
3200-3600 26 4,3 30,5 5,05
2800-3200 71 11,75 101,5 16,8
2400-2800 113 18,7 214,5 35,5
2000-2400 237,5 39,3 452 74,8
1900-2000 70 11,6 522 86,4
1800-1900 56 9,3 578 95,7
1700-1800 25,5 4,2 603,5 99,9
1680-1700 0,5 0,1 604 100

Figure 2-5 : Exemple de courbe hypsométrique

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ª Le rectangle équivalent :

Cette notion a été introduite par Roche et elle est utilisée pour pouvoir comparer le
comportement hydrologique de deux bassins.
Il s'agit d'une transformation purement géométrique en vertu de laquelle on assimile le bassin à
un rectangle ayant le même périmètre et la même superficie. De cette façon les courbes de niveau
deviennent des droites parallèles aux petits côtés du rectangle. L'exutoire se situe à l'un de ses
petits côtés.
Les dimensions du rectangle équivalent se calculent à partir des relations suivantes :

⎡ ⎤ 2
K A ⎢ ⎛ 1 . 12 ⎞ ⎥
⎧leq × Leq = A Leq = G
⎢1 + 1 − ⎜ ⎟

⎪⎪ 1 . 12 ⎜ K ⎟
⎢ ⎝ G ⎠ ⎥
⎨ Leq + leq = P / 2 ⎣ ⎦

⎪⎩ KG = 0.28 P / A ⎡ 2 ⎤
K A ⎢ ⎛ 1 . 12 ⎞ ⎥
l eq = G
⎢1 − 1 − ⎜ ⎟
1 . 12 ⎜ K ⎟ ⎥
⎢ ⎝ G ⎠ ⎥
⎣ ⎦
Lorsque K G ≤ 1.12 , le bassin a une forme circulaire et la transformation géométrique en
rectangle équivalent n'est plus réalisable, le bassin sera assimilé à un carré.

Le tracé des droites de niveau du rectangle équivalent découle directement de la


répartition hypsométrique cumulée. Il s'agira de calculer la distance, en terme de longueur, entre
deux tranches d'altitude hi et hi+1 dont la superficie partielle est Si sachant que la superficie
totale du bassin correspond à la longueur Leq du rectangle équivalent.

ª Les indices de pente d'un bassin :

Leur connaissance est d'une grande importance car il est évident que les eaux ruissellent
d'autant plus que la pente des versants est grande, c'est ainsi qu'en montagne on rencontre, pour
une averse donnée, des crues plus importantes qu'en plaine où les pentes sont beaucoup plus
faibles .

Le calcul de la pente moyenne du bassin tient compte de la dénivellation et de la longueur L mais


non de la position relative des différentes courbes de niveau . Le temps et l'amplitude du
ruissellement dans les bassins sont très influencés par la répartition de la superficie en fonction du
relief . C'est pour cela que les hydrologues calculent d'autres indices de pente pour mieux analyser
le ruissellement dans un bassin donné .

ƒ La pente moyenne du bassin :


Elle joue un rôle important dans le ruissellement. Des pentes raides accélèrent le temps de
réponse d'un bassin. On estime la pente moyenne d'un bassin à partir de la courbe
hypsométrique du bassin.

h moy
Pente moy = 2 en m / km
L

hmoy est l’ altitude moyenne du bassin (m)


L =Longueur du talweg ( cours d’eau) le plus long (en km)

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ƒ Indice de pente de roche
Il sert à définir la pente moyenne du bassin. C’est en fait une pente moyenne pondérée par la
surface des racines carrées des pentes partielles. Il se calcule par la formule :
1
I r =
L eq
∑ i
S i ( h i+1 − h i )

Si = pourcentage de la surface totale comprise entre 2 tranches d'altitude hi et hi+1


Leq = longueur équivalente exprimée en m

L'indice de pente de roche est donc la somme des racines carrées des pentes moyennes de chaque
élément partiel compris entre deux courbes de niveau, pondéré par la surface partielle qui lui est
associée .

ƒ Indice de pente global :

Pour éviter les valeurs extrêmes, L'IRD (Institut de Recherche et Développement en France ) a
proposé la définition d'un indice global de pente d'un bassin versant . il sert à classer le relief des
bassins .
où D
Ig = u
Leq
Du est la dénivelé utile :
Du = h5% - h95%

La dénivelé utile est l'altitude entre laquelle


s'inscrit 90% de la surface du bassin
h5% : altitude correspondant à 5% de la
surface totale du bassin au dessus de h5%
h95%: altitude correspondant à 95% de la
surface totale du bassin au dessus de h95%

L'IRD a ainsi défini des groupes permettant d’apprécier l’importance des pentes :

Nature de relief Intervalle

Bassin de plaine Ig < 0.5 %


Entre plaine et ondulation du terrain 0.5 % < Ig < 1 %
Zone à ondulation di terrain 1 % < Ig < 2 %
Région de collines 2 % < Ig < 5 %
Région montagneuse 5 % < Ig

Tableau 2-2 : Critères de classification des sous bassins par nature de relief
ƒ Indice de pente classique
L'indice de pente classique consiste à rapporter la dénivelé d’altitude entre les deux points
extrêmes du bassin à la longueur du bassin définie par la longueur du rectangle équivalent.
I classique = ( h max − h min )
L eq

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Les indices de pente influencent la réponse du bassin au niveau du volume écoulé , de la forme
de l’hydrogramme de débit écoulé et très particulièrement au niveau de la durée de l’écoulement
et de l’enregistrement du débit max ( figure 2-6) .

P lu ie T em p s

D é b it

T em p s

Figure 2-6 : Effet de la pente sur la réponse du bassin

ª La dénivelé spécifique

L’indice de pente global décroît pour un même bassin lorsque sa surface augmente.
La comparaison des pentes de bassins de taille différente se fait en se basant sur la dénivelé
spécifique qui dérive de la pente globale en la corrigeant de l’effet de la surface .

Ds = I g A

Valeurs de Ds Type de relief Caractéristiques

Ds < 10 m R1 Relief très faible

10< DS < 25 R2 faible

25< DS < 50 R3 Assez faible

50< DS < 100 R4 modéré

100< DS < 250 R5 Assez fort

250< DS < 500 R6 fort

DS > 500 R7 Très fort

4-2/ Les caractéristiques du réseau de drainage


Le réseau de drainage de définit comme l'ensemble des canaux de drainage naturel où s'écoulent
les eaux provenant du ruissellement ou restituées par les nappes souterraines soit sous forme de
source, soit par restitution continue le long du lit du cours d'eau .
Plusieurs caractéristiques servent à le décrire :

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ª Ordre du cours d'eau :

Le réseau de drainage se compose d'un cours d'eau principal et d'une série de tributaires
alimentant le cours d'eau principal . Ce sont les affluents secondaires , tertiaires... L'ordre d'un
cours d'eau x est une classification qui reflète la ramification du réseau. Il existe plusieurs
méthodes de classification et nous retenons celle de Schumm (1952) qui a pour base :
ƒ Tout cours d'eau sans affluent est d'ordre 1
ƒ Tout cours d'eau formé par la réunion de deux cours d'eau d'ordre x est
d'ordre x + 1

On calcule l'ordre par tronçon ou vecteur du cours d'eau .


Pour déterminer l'ordre des cours d'eau, il faut d'abord disposer d'un tracé en plan du réseau .
C'est une carte à une échelle donnée du réseau de drainage .
Le tracé y est aisé pour les cours d'eau permanent . Les cours d'eau temporaires ne sont pas
toujours évidents à repérer . La figure 2-7 illustre l'approche de classification de Shumm
Strahler .

Figure 2-7 Ordre d'un cours d'eau

Le calcul de l'ordre dans un réseau hydrographique définit le chevelu du bassin qu'il draine .
Si n est l'ordre maximal du réseau, on dira que le bassin est d'ordre n .

ª Densité de drainage

Elle est définie comme le rapport de la longueur totale des cours d'eau permanents et temporaires
à la surface totale du bassin .


n
Dd = Li A
i=1

Avec Li : Longueur totale de tous les cours d'eau d'ordre i


Elle représente une longueur moyenne des cours d'eau par unité de surface du bassin.
La densité de drainage est en quelque sorte un reflet de la dynamique du bassin et du type du
ruissellement de surface.

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ª Le rapport de confluence ou de bifurcation :

Un paramètre qui caractérise l’importance du développement du réseau d ‘écoulement. Il se


calcule par deux façons :

¾ Numériquement après avoir compté le nombre Ni de tronçons de cours d’eau


d’un
même 1 n −1
N i
ordre i ; R c =
n−1

R c i avec R c i =
i=1 N i+1

n est l'ordre maximal du chevelu.

¾ Graphiquement

Le calcul de Rc peut se faire sachant que la relation suivante a été établie entre Rc et Nx .
Nx = Rcn-x
où x est un ordre et n est l'ordre max
Nx est le nombre de tronçons de cours d'eau d'ordre x

Un changement de variable logarithmique permet de linéariser cette relation :

log (Nx) = n logRc – x logRc

Et la détermination de Rc se fait graphiquement en portant Nx et x sur un graphique semi


logarithmique. La pente de la meilleure droite graphique (pouvant aussi être calculée aussi
par régression linéaire) permet de déterminer la valeur de Rc .

Cette méthode graphique permet de vérifier l’exactitude des Nombres Nx obtenus par le
comptage. D’une façon générale, les deux approches de calcul sont à effectuer pour avoir une
meilleure estimation de ce coefficient.

ª Types de bassins versants

Les réseaux hydrographiques sont toujours dendritiques, c'est-à-dire ramifiés comme les branches
d'un arbre : certains auteurs distinguent 3 principaux types de réseaux :

ƒ chêne: la ramification est bien développée avec un espacement régulier des


confluences . Le rapport de confluence est inférieur à 5 (exemple Amazone) ;

ƒ peuplier : le bassin versant nettement plus long que large, présente de nombreux
affluents parallèles et un rapport de confluence élevé, supérieur à 10 ;

ƒ pin: le bassin se caractérise par une concentration des confluences dans le secteur
amont d'où sort un tronc qui ne reçoit plus d'affluents importants. Le rapport

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est faible .

Cette organisation est très importante pour la formation des crues du cours d'eau principal.
Selon le type de géométrie du réseau, les crues des différents affluents confluent plus ou moins
rapidement dans l'espace et dans le temps. Elles se superposent plus ou moins les unes sur les
autres, ou au contraire se succèdent, les unes après les autres. Les risques de superposition
croissent du type peuplier au type pin parasol. Ceci est vrai pour les bassins qui sont globalement
affectés par un événement pluvieux.
Les trois types présentés dans fa figure 2-8 sont des types simples d’organisation de réseaux
hydrographiques.
L'histoire géomorphologique et la structure géologique sont à l'origine de réseaux d'organisation
plus complexe.

Figure 2-8 : Types de bassins versants

ª Profil en long et profil en travers :

ƒ Le profil en long :

Il est représenté par une coupe longitudinale du cours d'eau suivant l'axe de l’écoulement. C'est
un diagramme réduit à une échelle convenable sur lequel on reporte les points (Xi , Hi) avec Xi la
distance d'un point i à l'exutoire et Hi l'altitude du fond du lit au point i . Il nous permet de
calculer la pente moyenne de l’écoulement.

Dans la représentation du profil en long, des ruptures de pentes peuvent être mises en relief .
Ce sont des accidents topographiques qui correspondent à de brusques augmentations de la pente
dans le cours d'eau (ensemble d'une chute ou cascade) .

Il faut noter que la connaissance de ces ruptures est particulièrement intéressante pour
l'établissement des aménagements hydrauliques.

ƒ Le profil en travers : représente un lever de la section transversale de l'écoulement en


un point donné du cours d’eau. En réalité les sections sont irrégulières.

Les profils en travers des rivières permettent de mettre en relief l'existence d'un lit mineur
d'écoulement et / ou d'un lit majeur correspondant au champ d’inondation.
Prof N.SERHIR - EHTP - - 14 - Chap Bassin versant
ƒ Le lit mineur : identifie l'espace compris entre les berges de la rivière et résulte d'une
adaptation naturelle, plus ou moins parfaite, de l’écoulement. On l'appelle aussi le lit
ordinaire de l’écoulement.

ƒ Le lit majeur : correspond au champ d'inondation pouvant être formé en période de


fortes pluies engendrant des crues faisant rehausser le niveau d'eau dans la rivière d'une
façon considérable.

ƒ les lacs : les lacs sont des sortes de champs d'inondation particulièrement efficaces parce
que sans pente. Quand ils ont des dimensions importantes, ils ont un effet régulateur et
modérateur des crues.

ƒ On définit aussi l’endoréisme : C’est un phénomène rencontré dans certains bassins


versants pour lesquels le réseau hydrographique n'est relié à aucun autre réseau .C’est une
forme spéciale où l'eau y est concentrée soit sous forme de lac ou de mare permanente,
soit par accumulation souterraine. Tous les apports sont consommés sur place par
évapotranspiration.
L'endoréisme est généralement caractéristique des Zones arides et souvent présent
dans les régions karstiques : mare d'Oursi au Burkina Faso, lac Tchad, mer Morte…

ª La pente moyenne du cours d'eau principal

C'est le facteur moteur qui détermine la vitesse avec laquelle l'eau va s'écouler pour se rendre à
l’exutoire. Parmi les méthodes que l'on rencontre, nous citerons les suivantes :

¾ La pente moyenne se calcule par le rapport entre la dénivellation maximale du cours


d'eau et sa longueur totale L.
H −Hmax
en m/km
min
Pmoy =
L
où Hmax et Hmin sont les altitudes extrêmes relevées sur le cours d'eau .

¾ La pente moyenne se calcule par la moyenne arithmétique des pentes relevées sur chaque
tronçon du profil en long du cours d’eau.

¾ Un calcul s'effectue aussi à partir du profil en long en déterminant une hauteur moyenne,
Hmoy, qui correspond à la surface sous la courbe du profil en long du cours d'eau divisée par
sa longueur totale L.
La pente moyenne est égale au rapport du double de la hauteur moyenne du profil divisé
par la longueur L.
2H
Pmoy =
moy
en m / km
L ( km )

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4-3/ Les caractéristiques du sol et de son utilisation
Le type des sols, la nature géologique et le type de végétation et utilisation des terres dans un
bassin jouent un rôle très important dans sa réponse naturelle hydrologique.

ª La nature du sol

La nature du sol intervient sur la rapidité de montée des crues et sur leur volume. En particulier le
taux d'infiltration, le taux d'humidité, la capacité de rétention, les pertes initiales avant le début du
ruissellement, le coefficient de ruissellement Cr (cf paragraphe 4 ) sont fonction du type de
sol.
Deux caractéristiques du sol sont importantes: son état d'humidité et son taux de
perméabilité
L état d’humidité d’un sol est cependant très difficile à mesurer car très variable dans l'espace et le
temps. En hydrologie, on utilise souvent des indices caractérisant les conditions d'humidité
antécédentes à une pluie. Il en existe plusieurs et sont pour la plupart basés sur les précipitations
tombées au cours d'une certaine période précédant un événement. Ils sont généralement notés
IPA : Indices de Précipitations Antécédentes (cours Hydrologie Approfondie)
D’un point de vue géologique , la nature du sol dépend de :

- La nature ou type des roches


- La dimension des grains qui le forment
- La perméabilité
- et de sa porosité

ª La géologie du substratum

La connaissance de la géologie d'un bassin versant s'avère importante pour cerner l'influence des
caractéristiques physiographiques. La géologie du substratum influe non seulement sur
l'écoulement de l'eau souterraine mais également sur le ruissellement de surface. Dans ce dernier
cas, les caractères géologiques principaux à considérer sont la lithologie (nature des roches) et la
structure tectonique du substratum en sous sol .
L'étude géologique d'un bassin versant dans le cadre d'un projet hydrologique a surtout pour
objet de déterminer la perméabilité du substratum. Celle-ci joue un rôle important dans
l’explication du régime d'écoulement du bassin. En effet, elle intervient sur la vitesse de
montée des crues, sur leur volume et sur le soutien apporté aux débits d'étiage par les nappes
souterraines.
Les terrains perméables tels que les sables, les cailloutis non agglomérés, les calcaires, les
basaltes, les grès permettent la circulation de l'eau à travers les fissures . Celle-ci est d'autant plus
importante et rapide que les fissures sont profondes et larges .Les eaux ainsi infiltrées alimentent
les nappes souterraines au contact des couches imperméables. On assistera alors à une
modération des crues, l’infiltration étant favorisée par rapport au ruissellement qui lui sera
retardé.

Cependant , Un bassin à substratum imperméable formé de roches cristallines et


métamorphiques : granite - schistes - argiles - marbres - sables argileux....., favorise le
ruissellement par rapport à l'infiltration et présente une réaction plus rapide et plus violente qu'un
bassin à substratum perméable, soumis à une même averse. Ce dernier retient l'eau plus aisément,
Prof N.SERHIR - EHTP - - 16 - Chap Bassin versant
et en période de sécheresse, un débit de base sera ainsi assuré plus longtemps : c’est le soutien
apporté aux débits d'étiage .
Néanmoins, un substratum imperméable peut absorber une certaine quantité d'eau dans les
fissures et diaclases des roches naturellement imperméables ou dans les formations rocheuses
altérées. Pour ces dernières, la dissolution de certains éléments et leur migration, menant à la
formation de canaux, peut créer une circulation souterraine importante. Ce phénomène se
retrouve sans exception dans les régions karstiques. Dans ce cas, l'étude géologique devra être
beaucoup plus détaillée de manière à localiser les nappes d'eaux souterraines, leur zone
d'alimentation et leurs résurgences (points de sources). Cette étude devra être réalisée par un
hydrogéologue

La perméabilité du sol peut être mesurée de façon assez précise, soit en laboratoire, soit in situ.
En revanche, et à l’échelle d’un bassin versant, il est très difficile de définir la perméabilité de
façon précise, compte tenu de I’hétérogénéité des terrains rencontrés.

En particulier, la perméabilité dans le cas des petits bassins versants urbanisés ou en cours
d’urbanisation, est différente de la perméabilité des zones non urbanisées. Et de façon générale,
l’urbanisation se traduit par une diminution de la perméabilité du bassin versant, certaines parties
étant totalement imperméables (toitures, chaussées goudronnées, trottoirs en béton).

On notera toutefois l'influence de la nature géologique du sol sur le phénomène de l’érosion


hydrique des sols

En effet , toutes les rivières transportent ou charrient des matières solides dont le débit est
fonction de la vitesse et du débit d'écoulement des eaux . La connaissance de ces débits solides
est très importante dans l'étude des réservoirs et prises directes d'eau pour l'alimentation des
usines (Les machines peuvent s'user si elles fonctionnent avec l'eau contenant de la matière en
suspension) . Ainsi l'érosion diminue la capacité de stockage d'une retenue d'eau et
diminue de la qualité de l'eau à cause de la turbidité .

La répartition spatiale des divers types de sol à l'intérieur d'un bassin versant est donc très
importante car elle permet de définir les zones de ruissellement élevés qui participent le
plus à l'écoulement direct (rapide) et les zones qui participent à l'écoulement retardé ainsi que la
situation des nappes souterraines.

ª Le couvert végétal

Il a une action très importante sur tout le processus de transformation des pluies en débits. En
effet, le pourcentage des surfaces de forêts et de cultures ainsi que leur nature et degré de
développement, interviennent pour conditionner la rapidité du ruissellement superficiel. Elles
favorisent l'évapotranspiration et l'interception et limitent le ruissellement puisqu'elles offrent une
plus grande rugosité à l'écoulement des eaux.
En particulier, les forêts jouent un rôle régulateur des crues et diminuent l'érosion hydrique .

La carte d’occupation des sols est un document de travail important pour l’hydrologue. Elle
permet de délimiter les zones de différente nature végétale et d’apprécier leur extension spatiale.
On peut en distinguer des zones couvertes de forêts, des prairies, des cultures générales ou de la
végétation désertiques. On peut en déduire un diagramme de répartition de la couverture végétale
en fonction de la surface.

La figure 2-9 à la page suivante présente la carte d’occupation des sols du bassin de Bouregreg
au Maroc
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Figure 2-9 : Périmètre = 598 km et Surface = 9574 km2.

II faut enfin remarquer que la couverture végétale dans un pays tropical varie considérablement
entre le début et la fin de la saison des pluies. Et que les activités humaines culturales finissent par
modifier les pentes de la surface du sol et sa nature et donc sa capacité d'infiltration et sa rugosité
à la surface.

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5/ Paramètres en relation avec les écoulements :
La connaissance de l’écoulement de surface dépend essentiellement des facteurs morphologiques,
de l'état et nature du sol ainsi que de la taille du bassin versant.
Deux paramètres importants caractérisent la capacité et la rapidité de l’écoulement et permettent
de mettre en relation les précipitations et les débits dans un bassin versant .

5-1/ Le coefficient de ruissellement

Le coefficient de ruissellement est l’un des paramètres clés qui caractérise le comportement
hydrologique global du bassin versant.

Il est souvent considéré comme un paramètre constant. Cependant il est plus réaliste de
préconiser sa variation dans le temps au cours d’une pluie, le sol se saturant progressivement au
fur et à mesure que la pluie tombe. Dans des conditions de non humidité après une longue
période de sécheresse, il est faible puis croit pour atteindre une valeur limite une fois le sol saturé
d’eau. Les valeurs du coefficient de ruissellement dépendent donc de l’état d’humidité antérieure
des sols du bassin.

Le coefficient de ruissellement noté Cr est un indice très utilisé en hydrologie de surface. Il


permet de quantifier la part de la pluie qui s’est écoulée au niveau de l’exutoire par
rapport à la pluie moyenne qui est reçue par le bassin. Il est défini par :

Hauteur (ou volume) d ' eau ruisselée


Cr = ≤100%
Hauteur (ou volume) d ' eau précipitée
Avec :
Hauteur d’eau précipitée = Hauteur moyenne précipitée (dans le bassin)
Hauteur ruisselée = Hauteur moyenne précipitée – Pertes

Le coefficient de ruissellement est alors un coefficient déductif des pertes.

La littérature propose quelques valeurs indicatives de ce coefficient pour chaque type de sol et
très souvent, en rapport avec d'autres facteurs tels que la taille du bassin, la couverture végétale et
la pente et utilisation du terrain .
Des conditions expérimentales tenant compte de l’état de saturation préalable des sols sont
souvent recommandées.

Une synthèse est donnée dans les tableaux ci-dessous :

Type de bassin versant Grand Petit et escarpé


Rocheux et imperméable 0.80 1.00
Légèrement perméable, nu 0.60 0.80
Légèrement perméable, partiellement cultivé et couvert de végétation 0.40 0.60
Sol cultivé, perméable 0.30 0.40
Sol sableux perméable 0.20 0.30
Forêt dense 0.10 0.20

Tableau 2-3: Coefficient de ruissellement en fonction du type de bassin versant

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Tableau 2-4 : Coefficient de ruissellement en fonction de la couverture végétale et de
La morphologie du bassin versant.
Nature superficielle du bassin versant Coefficient de ruissellement Cr
Bois 0.1
Prés,champs cultivés 0.2
Vignes,terrains nus 0.5
Rochers 0.7
Routes sans revêtement 0.7
Routes avec revêtement 0.9
Villages, toitures 0.9

Comme on peut le voir sur le tableau 2-4, les valeurs reflètent la capacité des sols à ruisseler en
fonction uniquement de la couverture du sol. On remarque notamment le très fort taux du
coefficient de ruissellement donné pour les routes et toitures car ces surfaces sont pratiquement
imperméables

Tableau 2-5 : Valeurs types du coefficient de Ruissellement Cr extrait du manuel


D’utilisation du logiciel Hydroutil

Coefficients de ruissellement Cr
Topographie et Texture du sol
Végétation
Sablonneux Argile et Argile
Silt Compacte
BOISE
Presque Plat Pente 0- 5% 0.10 0.30 0.40
Valonneux Pente 5- 10% 0.25 0.35 0.50
Montagneux Pente 10- 0.30 0.50 0.60
30%
PATURAGE
Presque plat Pente 0- 5% 0.10 0.30 0.40
Valonneux Pente 5- 10% 0.16 0.36 0.55
Montagneux Pente 10- 30% 0.22 0.42 0.60
CULTURES DRAINEES
Presque Plat Pente 0- 5% 0.30 0.50 0.60
Valonneux Pente 5- 10% 0.40 0.60 0.70
Montagneux Pente 10- 0.52 0.72 0.82
30%

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Son calcul et son emploi sont simples, mais il conduit à faire des calculs approximatifs quant tenu
des incertitudes commises lors de sa détermination, en particulier lorsque le bassin est de taille
importante et comporte de grandes hétérogénéités par rapport aux paramètres qui influencent le
ruissellement de surface.
Un découpage du bassin en zones homogènes, chacune ayant un coefficient Cr,,i et une
superficie ai , est nécessaire . On calculera alors un coefficient de ruissellement moyen par :

C =
∑ c r ,i a i


r
a i
Le tableau 2-6 en annexe permet de déterminer aussi le
coefficient de ruissellement Il est recommandé pour la méthode rationnelle de calcul d’un débit
max généré par une pluie uniforme de durée au moins égale au temps de concentration .

5-2/ Le temps de concentration


Le débit à l’exutoire augmente progressivement suite à la participation progressive des
zones ( les plus proches d’abord ensuite les plus éloignées ) à l’écoulement à l’exutoire. Quant
toute le surface du bassin aura contribué à l’écoulement, le débit connaîtra une valeur maximale.
On définit le temps de concentration, tc, comme le temps au bout duquel la particule d’eau
tombée dans la zone la plus éloignée de l’exutoire va atteindre celui-ci.

En fait si on suppose une pluie uniforme de durée illimitée qui tombe sur un bassin ,le
débit rapporté à la surface du bassin (ou débit spécifique) va atteindre un palier de valeur max
au bout du temps de concentration tc .
La pluie théoriquement la plus pénalisante pour un bassin versant est donc celle dont la durée est
égale ou dépasse son temps de concentration. En effet, si la durée de la pluie est courte, la
totalité de bassin versant ne contribue pas en même temps au débit de l'exutoire.
Le temps de concentration est une caractéristique du bassin qui dépend essentiellement de la
superficie du bassin, des pentes, de la longueur et de la densité du réseau hydrographique.
On définit, dans ce cadre, les courbes isochrones qui représentent les courbes d'égal temps de
concentration sur le bassin versant. Ainsi, l'isochrone la plus éloignée de l'exutoire représente le
temps mis pour que toute la surface du bassin versant contribue à l'écoulement à l'exutoire après
une averse uniforme donnée .

La littérature propose plusieurs formules empiriques pour le calcul du temps de


concentration. Certaines sont plus répandues au Maroc. On citera :

• formule de Giandotti :

4 S + 1 .5 L
tc =
0 .8 H m
tc : Temps de concentration en heures
S: Surface du bassin en km2
L: Longueur du talweg (cours d’eau) le plus long en km
Hm : Dénivelé du talweg en m (différence entre l’altitude moyenne et son altitude min à
l’exutoire )

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• formule du Turazza ( appelée aussi Passini )
0 . 108
tc (h ) = 3
S .L
I
S : surface du bassin en km2
I = pente moyenne du talweg le plus long en m/m
L = longueur du talweg le plus long en km

ƒ formule de Kirpich : (Cette formule donne en particulier des tc faibles )


L 1 . 155
t c ( h ) = 0 . 945 L : Longueur du talweg le plus long en km
H 0 . 385
H : Dénivelé max du talweg le plus long en m
L 0 , 77
t c ( mn ) = 0 . 0195 L : Longueur du talweg le plus long en m
I 0 . 385
I : Pente moyenne du talweg en m/m
ƒ formule de Ventura

tc (h) = 0.1272 S / I
S : Surface du bassin en km2
I : Pente moyenne du talweg en m/m

ƒ Formule Van Te Chow

(
tc ( h) = 0.868 × L / H 3
)0.385

L : Longueur du talweg le plus long (km)


H : Dénivelé max du talweg en m

ƒ Formule Espagnole :
0 . 77
⎛ L ⎞
t c ( h ) = 0 . 3 × ⎜⎜ 0 .25 ⎟⎟
⎝I ⎠
L : longueur du Talweg le plus long en km ;
I : pente moyenne du plus long Talweg en m/m

• La formule de Dujardin :
1 . 78 S 0 . 35
tc =
C 0 .2 I 0 .4
tc : temps de concentration en min
S : surface du bassin versant en ha
I : pente moyenne du talweg en m/m
C : coefficient de ruissellement
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• Formule de SOGREAH
0.35
t c = 0 .9 S
C 0.35 . I

tc : temps de concentration en min


S : surface du bassin versant en ha
C : coefficient de ruissellement
Les formules peuvent donner des valeurs très différentes On peut prendre comme tc la
moyenne arrondie entre les valeurs calculées qui se rapprochent.

De préférence et dans la mesure du possible, on conseille de vérifier régionalement la


validité de ces formules sur la base de données hydro pluviométriques disponibles.

6/ Application : Données de base et Caractéristiques calculées pour le


bassin Tsalat

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Tableau 2-6 : Coefficient de ruissellement dans la méthode rationnelle

Valeur de C
Nature de la couverture végétale Petits bassins de 0 à 10 ha présentant une Bassins moyens de 10 à 400 ha présentant une
pente de pente de
moins de de 5 à 10% de 10 à plus de moins de de 5 à 10% de 10 à plus de
5% 30% 30% 5% 30% 30%
Plates-formes et chaussées de
routes : cours............................................................ 0.95 " " " " " " "
Terrains dénudés, ou à végétation non couvrante......
Terrains déjà attaqués par l'érosion........................... 0.80 0.85 0.90 0.95 0.70 0.75 0.80 0.85
Labours frais.............................................................
Culture couvrantes, céréales hautes..........................
Terrains de parcours chiendent ras............................ 0.75 0.80 0.85 0.90 0.52 0.60 0.72 0.80
Petite brousse clairsemée..........................................
Praires......................................................................
Brousse dense, savane à sous bois............................ 0.70 0.75 0.80 0.55 0.30 0.36 0.12 0.50
Forêt ordinaire en futaie
Sous-bois touffus...................................................... 0.30 0.50 0.60 0.70 0.13 0.20 0.25 0.30
Grande forêt primaire................................................ 0.20 0.25 0.30 0.40 0.15 0.18 0.22 0.25

Rapport de J.L BONNENFANT et R.PELTIER - Publication BCEOM - Mai, Juin 1950


retiré du Livre "Hydraulique Routière"
CHAPITRE

LES COMPOSANTES HYDROLOGIQUES

I/ Les précipitations

Introduction
I-1/ La mesure des Précipitations liquides
Pluviomètre et pluviographe à augets basculeurs

I-2/ Le dépouillement des pluviogrammes


• Intensités et Hyétogrammes
I-3/ Typologie des donnés de précipitation
• Modules – isohyètes

II/ L'évaporation/L’évapotranspiration
II-1/ Définitions
II-2 / Facteurs affectant l’évaporation et l’évapotranspiration
II-3/ Mesure et calcul de l’évaporation
II-4 / Calcul de l’évapotranspiration

III/ L'interception et le stockage dans les dépressions

VI/ L'infiltration et la percolation


VI-1/ Quelques définitions
VI-2/ Le modèle Hortonien pour le calcul de l’infiltration
VI-3/ Application

V / L’écoulement
V-1/ Différents types d’écoulement
V-2/ Quelques définitions de base :
V-3/ Méthodes utilisées pour la mesure des écoulements
V-4 / Les crues

IV/ Conclusion sur le chapitre :


Les étapes dans une étude en Hydrologie

Exercices

Prof N.SERHIR – EHTP 1 Composantes hydrologiques


CHAPITRE
LES COMPOSANTES HYDROLOGIQUES
Le cycle de l'eau est donc , d’après ce que nous avons vu au chapitre 1, sujet à des processus
complexes et variés parmi lesquels nous citerons les précipitations, l'évaporation, la transpiration (des
végétaux), l'interception, le ruissellement, l'infiltration, les écoulements souterrains
,l’emmagasinement qui constituent les principaux chapitres de l'hydrologie. Ces mécanismes ,
conditionnés par l’élément moteur soleil, ne surviennent pas seulement les uns à la suite des autres,
mais interagissent d’une façon concomitante d’où la complexité dans leur analyse et modélisation .

I/ LES PRÉCIPITATIONS
On dénomme précipitations toutes les eaux météoriques qui tombent sur la surface de la terre, tant
sous forme liquide (bruine, pluie, averse) que sous forme solide (neige, grêle) et les précipitations
déposées ou occultes (rosée, givre).

Des éléments météo-climatologiques sont étudiés dans des cours de météorologie et expliquent les
processus de déclenchement des précipitations et les facteurs principaux qui l’influencent dont La
latitude , Le relief et la continentalité
Ce processus de formation de la pluie est expliqué de manière très pédagogique sur le site :
http://galileo.cyberscol.qc.ca/InterMet/precipitation/formation_precipitation.htm
D’autres connaissances peuvent être acquises sur : http://zebulon1er.free.fr/pluie.htm .

L’absence de pluies génère des périodes de sécheresse provoquant une diminution et un manque
des ressources en eau pour répondre aux besoins prioritaires tel que l’Alimentation en Eau
Potable (AEP) et l’agriculture . Il faut noter que cette diminution est suivie nécessairement d’une
augmentation des impacts de la pollution et dégradation de l’environnement. Leur excès
provoque aussi des inondations et de fortes crues destructrices des ouvrages hydrauliques , des
ouvrages de franchissement , de l’ infrastructure routière et de communication ,des pertes
agricoles et d’autres dégâts .
Il s’en suit que tout projet d’aménagement de bassins versants, tant en génie rural que en génie
urbain, nécessite la connaissance des précipitations et par conséquent leur mesure et suivi dans le
temps et l’espace .

I-1 / Mesure des précipitations liquides :

La mesure est effectuée par deux types d'appareils : pluviomètre et pluviographe. Ces appareils sont
normalisés : les dimensions et conditions d'installation sont imposées par l’Organisation Mondiale de
la Météorologie pour pouvoir disposer des mesures comparables entre elles dans différents pays et
régions.

Les précipitations sont exprimées en lame d'eau précipitée (mm) (rapport de la quantité d'eau
précipitée uniformément répartie sur une surface). Ou en intensité (mm/h), exprimant la
vitesse de chute des précipitations.

Prof N.SERHIR – EHTP 2 Composantes hydrologiques


 Le pluviomètre est un appareil simple qui comporte un cône dit collerette, matérialisant
une surface réceptrice bien horizontale alimentant un sceau. Il permet de donner la pluie
tombée pendant un intervalle de temps séparant deux relevés consécutifs. D'une façon
générale, les observateurs effectuent une à deux mesures par jour, suivant la capacité de
l'appareil et l'importance des pluies.

la figure 3-1 ci-dessous présente le cas d'un pluviomètre type association, la hauteur d'ancrage est
indiquée à 1.50 m. Une hauteur de 1 m est aussi utilisée.

Figure 3-
1 : Pluviomètre Association
Le plus souvent, la lecture se fait soit tous les matins à 6h ( dans ce cas ,on appelle "pluie du jour j "
la pluie tombée entre 6h du jour j et 6h du jour j+1 ), soit à 6h et à 18h si la lecture se fait à raison de
deux fois par jour . ( voir schéma de lecture à la figure 3-2 ).
La précision de la mesure est au mieux de l'ordre de 0,1 mm. Au Maroc, toute précipitation
supérieure à 0,1 mm est considérée comme pluie effective
Fi
g u
r e
3-
2
:

lecture de la Pluie journalière

A partir des pluies journalières , on calcule les modules pluviométriques mensuel, annuel et inter
annuel (moyenne arithmétique des modules annuels sur N années )

Prof N.SERHIR – EHTP 3 Composantes hydrologiques


La pluie maximale journalière annuelle : C'est la hauteur de pluie la plus forte enregistrée en 24
heures, sur 365 jours de l'année.

 Le pluviographe se distingue du pluviomètre dans ce sens où la précipitation, au lieu de s'écouler


directement dans un récipient collecteur, passe d'abord dans un dispositif particulier qui permet
l'enregistrement à distance et automatique de la hauteur instantanée de précipitation. ( figures 3-3)

L'enregistrement automatique est graphique et permet de déterminer la hauteur de précipitation


cumulée et sa variation instantanée dans le temps. Le captage des pluies se fait dans le pluviographe
de la même manière que dans le pluviomètre.

Figure 3-3: Pluviographe à enregistrement automatique

 Le pluviographe à augets basculeurs :

Il est constitué d'un double récepteur appelé augets ( A et B : fig3-4 ) . La pluie y est conduite
dans un entonnoir collecteur ordinaire. Le récepteur est fait en métal léger placé en équilibre instable.
Il est prévu que l'auget A se remplisse jusqu'à un certain volume fixé au préalable, l'ordre de 20g, Dès
lors un déséquilibre a lieu, ce qui entraîne un basculement de l'axe plaçant l'auget B en attente sous le
tube collecteur. Ce basculement provoque en même temps le déclenchement du dispositif enregistreur
formé par le tambour et plume inscriptible (figures 3-4 et 3-5). Alors qu'un auget se remplit, l'autre se
vide dans un récipient de grande dimension placé au bas de l'appareil. (figure 3-3 )

La vitesse d’entraînement du tambour est variable, un système de démultiplication permet d’établir


une rotation complète en un jour , une semaine, deux semaines ou un mois .Le système
d’enregistrement est muni d’un système de retournement automatique de l’inscription .

Prof N.SERHIR – EHTP 4 Composantes hydrologiques


Figure 3-4 : Principe du pluviographe à augets Figure 3-5 : Système enregistreur
basculeurs

L'enregistrement permet de représenter un pluviogramme (figure 3-6). C'est une suite de "marches
d'escaliers" de hauteur correspondant au volume fixé, soit 0.2 mm si la surface réceptrice de la
collerette est de 1000 cm2 ou 0.1 mm si la surface réceptrice de la collerette est de 2000 cm2 .

Il faut noter que l'enregistrement ne se fait que si la pluie tombée est au moins égale au volume fixé
soit 20 cm3.

Figure 3-6 : Exemple de pluviogramme horaire

Les pluviogrammes enregistrés sont dépouillés pour en extraire des informations pluviométriques
exploitables. Le dépouillement se fait pour un intervalle de temps donné, dit de référence, pouvant
aller de quelques minutes (5 à 10) à quelques heures

Prof N.SERHIR – EHTP 5 Composantes hydrologiques


I-2/ Dépouillement des pluviogrammes

On appelle dépouillement l’opération de lecture des enregistrements pluviographiques . Il permet


d’obtenir des pluies partielles ∆P , de durée allant de 5mn , 10mn , 20mn , 30mn , 1h à plusieurs
heures selon la durée du pluviogramme (horaire , hebdomadaire ou mensuel) et la durée ∆t de
dépouillement .

Ces pluies partielles permettent de tracer les hyétogrammes et de définir l’intensité de pluie : fig 3-7.

En effet, dans l’analyse des données de pluie, la notion du temps est importante, celle de la hauteur
est insuffisante. Une pluie de 10mm tombée dans un bassin sur une durée de 24 h ne provoquera pas
la même réponse de ce bassin que si elle est tombée en une durée plus petite ou plus grande. On
définit alors l’intensité de pluie au temps t. Elle représente la lame d'eau tombée par unité de temps et
caractérise une énergie provoquée par la hauteur de pluie ∆P de durée, ∆t .
En particulier, dans l'étude et dimensionnement de certains ouvrages hydrauliques tel que les
réseaux d'assainissement des eaux pluviales en hydrologie urbaine, on considère plutôt la
notion d'intensité de la pluie.

 L'intensité de précipitation
∆P
I= en mm / h ou mm / mn
∆t
 Hyétogramme
L’ hyétogramme est la représentation, sous la forme d'un histogramme, de la variation de la pluie
dans le temps tel que présenté à la figure 3-7 ci-dessous. C'est donc un graphique chronologique où
l'on porte en ordonnée les pluies partielles en mm et en abscisse la période de temps du
dépouillement.

Figure 3-7 : Exemples d’hyétogrammes et courbe cumulée des pluies

 L'intensité maximale :
On relève aussi les intervalles pour lesquels on aura enregistré la plus grande hauteur de pluie . Le
rapport de cette hauteur ∆hmax à la durée ∆t considérée est l'intensité maximale de durée ∆t .
∆ h max
i max = en mm/h ou mm/min
∆t
Prof N.SERHIR – EHTP 6 Composantes hydrologiques
Conclusion

La mesure précise des précipitations est loin d'être aussi simple qu'il peut paraître au premier abord.
Un certain nombre d'incertitudes est à noter et dont on citera celles liées à la réception de la pluie
dans la collerette (déversement, jaillissement, évaporation), celles liées aux perturbations : effet du
vent et effet du site et de la distance au sol. Des erreurs humaines ou liées au fonctionnement du
pluviographe (mécanisme automatique d’enregistrement ou de vidange) peuvent entacher les séries
pluviométriques.
Il faut toujours avoir dans l'esprit que la pluie mesurée n'est pas la pluie réelle. Elle n'est
qu'une estimation, qu’on considère cependant comme un bon index.

I-3/ Typologie des données pluviométriques :

Les archives pluviométriques regroupent, pour chacune des stations de mesure installées dans un
bassin donné et connus par leur coordonnées en X,Y et Z, les résultats suivants :
• La hauteur pluviométrique journalière, mensuelle, et annuelle,
• Les hauteurs normales ‘’ moyennes ‘’mensuelles, saisonnières et annuelles.
• Les moyennes et le nombre moyen de jours de pluie par mois, saison et année.
• Les cartes de la pluviométrie mensuelle et annuelle appelées isohyètes.
• Les intensités maximales de pluie par pas de temps de (5mn, 10mn, 15mn, 30mn, 1 h, 2h,
3h, 4h ,…, 12 h)

Les données des hauteurs des précipitations journalières sont publiées dans des brochures
paraissant trimestriellement. Des annuaires de pluie sont aussi établis et permettent de donner,
année par année, et station par station les totaux mensuels et annuels. Ce qui permet d’établir des
fiches pluviométriques par station.
Ces enregistrements sont stockés aussi dans une banque de donnée informatisée. Cependant, on
note qu'il n'y a pas généralement de dépouillement systématique des pluviogrammes.
Les données relevés sont en fait d'une grande importance pour la statistique climatique,
l’agriculture, la gestion et planification des ressources en eau et les projets de construction en
génie civil .

• Les cartes des isohyètes :

Ce sont des courbes d'égales pluviosités (annuelle ou mensuelle) reportés sur une carte dite carte
des isohyètes permettant d’estimer la précipitation en tout point du bassin.
Le calcul des isohyètes tient compte de la répartition spatiale des postes pluviométriques dans le
bassin ainsi que du relief que l'on connaît en tout point.
On peut tracer ces courbes en considérant une simple interpolation linéaire entre les différents
postes pris deux à deux.
Une méthode plus rigoureuse consiste à étudier les relations pluie relief aux différents points
d'observation de la pluie. Le calcul tient compte ainsi de la position en altitude de chaque poste
d’observation.

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II/L'évaporation/L’évapotranspiration
II-1/ définitions : On définit les termes suivants :

L’Evaporation, est un processus physique au cours duquel un liquide se transforme en vapeur.


On parle de sublimation lors du passage direct de l'eau sous forme solide (glace) en vapeur. Le
principal facteur régissant l'évaporation est l’énergie solaire.

La Transpiration, est un processus physiologique par lequel l’eau s’évapore par l’intermédiaire
du couvert végétal. L’eau étant absorbée par les racines, est ensuite acheminée à travers les
canaux du système vasculaire jusqu’aux branches et feuilles où la transpiration a lieu.

Le terme évapotranspiration réfère au volume d’eau exsudé par évaporation et transpiration


d’un sol couvert de végétation. Elle inclut donc l’évaporation du sol et la transpiration des
plantes.
A ce niveau , On parle de l’évapotranspiration potentielle notée communément par l’ETP ou
l’ET0 et l’évapotranspiration maximale : ETM.
En effet, Si la quantité d’eau disponible sous forme d’humidité du sol est suffisante pour que un
couvert végétal quelconque puisse maintenir le taux de transpiration à un niveau maximal, en
d’autres termes, si l’eau n’est pas un facteur limitatif de la transpiration des plantes, alors
l’évapotranspiration s’appelle d’après Thornthwaite, ETM.
Cependant L’ETP est une sorte d’ETM de « référence » car elle se définit par la lame d’eau
qu’un sol de référence couvert particulièrement de gazon , bas et homogène devrait
théoriquement perdre , ce dernier étant suffisamment alimenté en eau . Elle est, par
convention, un critère qui permet de simplifier la multiplicité des paramètres susceptibles
d’influencer l’évapotranspiration des sols .

Alors que L’ETM dépend de la culture considérée, de son stade de développement et des
conditions météorologiques, l’ETP ne dépend que des conditions météorologiques observées
et représente une demande climatique pour le sol de référence « gazon ».

On distingue aussi entre deux types d’évapotranspiration : l’ETP (potentielle/maximale) et l’ETR


(réelle) : Si on se trouve près d’un lac ou d’une forêt, l’évapotranspiration va atteindre le
maximum possible et la demande atmosphérique est satisfaite par les conditions d’humidité dans
le sol. Dans les régions sèches où les couverts végétaux subissent la contrainte d’un manque
d’eau à cause d’une insuffisance de pluie ou d’arrosage, on parle plutôt d’évapotranspiration
réelle : ETR < ETP .

L’évaporation, la transpiration et l’évapotranspiration sont exprimées en mm d’eau. Elles


constituent un élément important du cycle hydrologique. Il est estimé qu’à l’échelle continentale
75% de la précipitation totale annuelle retourne dans l’atmosphère par le biais de ces processus.

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II-2 / Facteurs affectant l’évaporation et l’évapotranspiration

Autre l’énergie solaire, le pouvoir évaporant de l’atmosphère est influencé par d’autres facteurs
qui sont de deux origines :

 facteurs climatiques: température, humidité de l’air, pression atmosphérique et vents....


 facteurs d’environnement, caractérisent la nature et l’état de la surface évaporante, son
rythme d’alimentation (température de l’eau, qualité de l’eau, caractéristiques du bassin, ...)

En particulier le taux d’évaporation dépend de l’étendue du plan d’eau et de sa profondeur. Si la


nappe d’eau est petite et peu profonde, la température y varie fortement et l’évaporation sera plus
élevée que si l’étendue est profonde. En fait, les couches inférieures jouent le rôle d’un volant
thermique et régularise l’évaporation au cours de l’année.

La qualité de l’eau influence aussi le taux d’évaporation d’un plan d’eau. A titre d’exemple, l’eau
saline s’évapore à un taux moindre que l’eau douce. Il a été constaté que lorsque la densité de
l’eau augmente de 1%, le taux d’évaporation diminue de 1%.

La transpiration dépend, en plus des conditions climatologiques, de l’âge et de l’espèce des


plantes, du développement de son feuillage ainsi que de l’état hydrique du sol.
L’ETM dépend de la culture considérée, de son stade de développement et des conditions
météorologiques. Alors que l’ETP ne dépend que des conditions climatiques.

II-3 / Mesure et calcul de l’évaporation physique

On peut estimer l’évaporation physique à partir d’une surface d’eau libre par des mesures directes
à l’endroit où elle se produit, par des méthodes empiriques basées sur des corrélations entre
l’évaporation et certains paramètres physiques ou atmosphériques facilement mesurables et par
des méthodes analytiques qui font appel au bilan hydrique étudié au premier chapitre de ce cours.

1. Mesure par les méthodes directes consistent à utiliser des instruments mesurant la quantité
d’eau évaporée dans un temps déterminé : les évaporomètres. On en distingue les bacs
d’évaporations utilisés par les hydrologues et l’évoporomètre de Piche, utilisé dans les
stations de météorologie.

 Les bacs d’évaporation :

Ce sont des contenants cylindriques ou bassins d’un diamètre de 1 à 1.2 m et entre 25 à 46


cm de profondeur. Ils sont posés sur ou dans le sol ou encore dans l’eau (bacs flottants). Le
principe d’utilisation est de relever les variations du niveau d’eau, mesurées à des intervalles
de temps fixes.

Les principaux types sont les suivants :

 le bac classe A, utilisé aux USA, placé au-dessus du sol, Cb = 0.70 - figure 3-8
 le bac CGI 3000, utilisé plutôt en URSS, enterré, Cb ≅ 0.95 ;

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 le bac Colorado des USA, également enterré, Cb = 0.78 à 0.80, - figure 3-9
 les bacs flottants, utilisés pour l’étude de l’évaporation des réservoirs ou des grands lacs
: Cb ≅ 0.8 à 0.86.

Pour apprécier l’évaporation d’une grande surface (lac ou retenue) à partir d’un bac, on
introduit un facteur correctif Cb compris entre 0,6 et 1, tel que :

Elac = Cb . Ebac

En fait, l’évaporation est d’autant plus importante que la surface du plan d’eau est plus petite, la
masse d’eau s'y réchauffe plus rapidement.

Figure 3-8 : Bac classe A, Cb = 0.70 Figure 3-9 : Bac Colorado enterré
Cb = 0.78 à 0.80

 L'évaporomètre de Piche :

c’est un tube gradué rempli d'eau dont


l'orifice supérieur est fermé et l'orifice
inférieur obstrué par un papier buvard
constituant la surface évaporante. La
hauteur d'eau évaporée correspond à la
diminution du niveau dans le tube.
L'évaporomètre de Piche doit être placé
sous abri pour limiter l'influence du vent
sur la mesure. : figure 3-10

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2. Calcul par les méthodes empiriques

La plupart de ces méthodes reposent sur des relations entre l’évaporation E à un endroit donné et
les facteurs atmosphériques qui y sont responsables .
Les coefficients empiriques des formules sont évalués par des mesures directes .
La grande majorité des relations empiriques sont établies d’après l’équation de DALTON :

E = K (ew – ea)

où E = taux d’évaporation (mm/jour),


K = coefficient de proportionnalité, fonction de la vitesse du vent
ew = pression de vapeur à la surface de l’eau et à la température en surface, en Kpa.
ea = pression de vapeur de l'air à une certaine hauteur exprimée en KPa.
Pour de grandes surfaces d’eau, nous citons la formule de MEYER :

E = C. (ew – ea) . (1+ 0,062 ω)

où E = évaporation en mm/mois,
ω = vitesse du vent en km/h,
C = coefficient variant entre 110 pour les lacs peu profonds et 80 pour les nappes d’eau
de grande profondeur.
ew peut se calculer à partir de la formule de MAGNUS , connaissant la température t,
exprimée en °C, de l’eau à la surface.
7.447 * t
t + 234.67
e ω ≅ es = 0.603 × 10 en Kpa

La pression ea , représentant la tension de vapeur de l’air se calcule connaissant l’humidité


relative de l’air hr , exprimée en % , par :

e
hr =  a  * 1 0 0
 es 
II-4 / Calcul de l’évapotranspiration

1) La méthode directe consiste à faire des mesures au moyen d’un lysimètre qui est un bac
cylindrique contenant un sol couvert de végétation, le contrôle des apports et des pertes se
faisant par pesée.

2) Les méthodes empiriques : La plupart des formules sont des formules établies sur un certain
nombre de bassins versants et destinées aux calculs d’irrigation.

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 Formule de TURC (établie pour la zone méditerranéenne et l’Afrique du Nord).

Tm
ETP = .4 ( Ig + 50)
Tm + 15
ETP =Evapotranspiration potentielle mensuelle en mm d'eau
tm = température moyenne mensuelle, positive, en °C
Ig = radiation solaire globale en cal/cm2/jour

Si la radiation globale Ig n'est pas mesurée, on pourra l'évaluer à partir de la durée d'insolation
mensuelle h (en heures) par la formule suivante :
 h
I g = I gA . 0.18 + 0.62 
 H
AVEC : IgA radiation globale théorique (en cal/cm2/jour)
H durée théorique d'insolation en heures/mois
Les formules suivantes permettent d'évaluer H et IgA dans les unités souhaitées en fonction de la
latitude( lat) en degrés et du mois .
i correspond au rang du mois (1 pour janvier, 2 pour février ...), la valeur dont on calcule le
cosinus est en degrés.

H = 362.7 + 0.201 lat + (4.085lat − 80.99) cos (30.01i − 188.9)


IgA = 1035 + 9.078 lat + (7.050lat − 49.90) cos (29.92i − 182.5)

La formule de Turc est d'un emploi aisée et est réputée donner des estimations assez précises
à l'échelle mensuelle.

 Formule de THORNTHWAITE (1948) :

La formule de Thornthwaite relie l'évapotranspiration potentielle mensuelle à la température


moyenne du mois m considéré.

ETP = 16 (10 tm /I)a . k


Où ETP = évapotranspiration moyenne mensuelle en mm d’eau
tm = température moyenne mensuelle en °C
12
I = indice thermique annuel, somme des 12 indices thermiques mensuels = ∑ im
m
im = indice de chaleur (thermique) mensuel, se calcule pour le mois m par :
1.514
t 
im =  m 
 5
tm = température moyenne du mois m

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Le coefficient a se calcule en fonction de l’indice thermique annuel I par :
1.6 I
a= + ( 0.5)
100
k = facteur de correction tenant compte de la durée réelle du mois et de l’éclairement
relatif, en fonction de la latitude du lieu.On peut le tirer du tableau ci-dessous :

mois J F M A M J J A S O N D

K 0.73 0.78 1.02 1.15 1.32 1.33 1.33 1.24 1.05 0.91 0.75
0.70

En première approche et pour les besoins de la modélisation pluie- débit, la formule de


Thornthwaite est généralement très satisfaisante.

III/ L'interception et le stockage dans les dépressions

La pluie retenue par la végétation est redistribuée en une partie qui parvient au sol et une autre
qui s'évapore. Elle peut se répartir en trois catégories :
1• Une partie est directement évaporée à partir de la plante: il s’agit donc de pertes au niveau
du bilan hydrologique : c’est ce que définit l’interception
2 • Une autre partie atteint le sol à travers l’écran végétal par égouttage de la végétation
• Une troisième partie enfin circule le long des branches et ruisselle sur les troncs avant
d’atteindre le sol. Ces deux dernières catégories constituent une précipitation différée, mais pas
une perte du point de vue hydrologique.
La quantité d'eau susceptible d'être interceptée varie considérablement. Si la végétation offre une
grande couverture végétale soit une importante densité végétale, la rétention d'eau peut atteindre
jusqu'à 30% de la précipitation totale pour une forêt mixte, 25% pour les prairies et 15% pour les
cultures. Et d’une façon générale, l’importance de l’interception est difficile à évaluer et est
souvent marginale sous les climats tempérés et méditerranéens, donc souvent négligée dans la
pratique.

L’étude des composantes du cycle de l'eau ne peut s’effectuer sans la détermination du


stockage d'eau et de ses variations. Rappelons que l'équation du bilan hydrologique peut s'écrire
pour une période de temps donnée :
E = Input − Output ± ∆ S
Avec : E : évaporation [mm] ou [m3],
Inputs sont les volumes entrant [mm] ou [m3],
Outputs sont les volumes sortant [mm] ou [m3],
∆S : variation de stockage [mm].

D’une façon générale, le stockage d'eau se présente sous différentes formes. On peut distinguer
les types de réservoirs suivants :
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 Les lacs et les plaines inondées (retenues de barrages ) sont des réservoirs où l'eau de
surface peut s’accumuler. Ils sont naturels ou artificiels, de volume et superficie pouvant
être très importants. Ils interviennent directement dans le bilan hydrologique par les
échanges d'eau avec le sol en favorisant l'évaporation à leur surface ou encore, en
retardant l'écoulement en rivière par laminage..
 Les petites dépressions de surface qui se remplissent dès que l'intensité des
précipitations devienne supérieure à la capacité d'absorption du sol. Après l'averse, l'eau
emmagasinée dans ces dépressions s'infiltre dans le sol, ou est utilisée par les végétaux ou
encore s'évapore directement. Ces dépressions ne sont que de petits réservoirs
temporaires, qui peuvent cependant agir en provoquant un retard dans le démarrage du
ruissellement de surface.
 Le sol et le sous-sol dans lesquelles l'eau est emmagasinée. C'est le stock d'eau
souterraine.
 Les couvertures neigeuses et glaciaires qui constituent le stock d'eau sous forme solide.

En particulier, le stockage dans les petites dépressions est, tout comme l'interception, souvent
associé aux pertes. On les définit par la rétention de surface.

VI/ L'infiltration et la percolation


VI -1 / Quelques Définitions :

L'infiltration désigne le mouvement de l'eau pénétrant dans les couches superficielles du sol et
l'écoulement de cette eau dans le sous-sol, sous l'action de la gravité et des effets de pression.
La percolation représente plutôt l'infiltration profonde dans le sol gouvernée par les forces
gravitaires, en direction de la nappe phréatique. Le taux d'infiltration est donné par le volume
d'eau qui s'infiltre par unité de temps (mm/h ou m3/s).
La capacité d'infiltration appelée aussi le régime d'infiltration est la hauteur d'eau qui peut
s'infiltrer par unité de temps dans le sol et dans des conditions données.
L'infiltration est nécessaire pour renouveler le stock d'eau du sol, alimenter les eaux souterraines
et reconstituer les réserves aquifères. En revanche, en absorbant une partie des eaux de
précipitation, l'infiltration réduit les débits de ruissellement et amortit donc les crues.

VI -2/ Le modèle Hortonien pour le calcul de l’infiltration :

L’infiltration est un processus qui varie dans l’espace, d’un sol à un autre, et dans le temps.
L’hydrologue américain HORTON, a effectué plusieurs essais sur plusieurs types de sol et sous
différentes conditions et a conclu que le processus d’infiltration suit un épuisement exponentiel
décroissant.
En effet, au début de l’averse, le sol présentant une capacité d’infiltration (d’absorption) initiale
égale à fo , va s’humidifier jusqu’à un certain temps, où il devient assez saturé pour ne pas
absorber toute l’eau précipitée. Un ruissellement se forme et l’infiltration tendra vers une valeur
limite minimale fc pouvant aller à zéro, fonction de la nature du sol à l’horizon et en profondeur.
Si au début de l'averse, le sol est dans les conditions les plus défavorables de manque d'eau, alors
fo représentera le taux d’infiltration maximum, égal à la capacité maximale d’absorption.
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Plusieurs modèles de calcul de l’infiltration existent. nous citerons le modèle de Horton qui
s’écrit :
f (t ) = f c + ( f 0 − f c )e − kt
Où k, fc et fo sont des caractéristiques empiriques qui ne dépendent que du sol où l’averse est
tombée et sont donc indépendants de cette averse.
k est une constante positive en h-1 et t le temps écoulé depuis le début de l’averse.

Ainsi on définit l'écoulement de surface Hortonien aussi appelé écoulement par dépassement
de la capacité d’infiltration. Il apparaît à partir du temps de submersion définie à l’instant où
l’intensité de la pluie dépasse la capacité du sol à absorber l’eau. L'écoulement de surface se
produit donc lorsque le taux d’infiltration devient inférieure à l’intensité des précipitations :
figure 3.11

On conclut finalement que en cas d'averse, le processus d'écoulement se développe en deux


phases :
1 A
 u début de l'averse, f(t) > i(t) et la pluie s’infiltre intégralement.
Lorsque f(t)=i(t), on a atteint le seuil de submersion qui marque le début du ruissellement.

2  Puis , f(t) < i(t) et l’eau ne peut pas s’infiltrer en totalité et s’écoule en surface. La différence
entre ces deux termes constitue la quantité d’eau écoulée

Pluie nette

Régime d’infiltration f

Intensité de pluie i(t)

Figure 3-11 : Ecoulement de surface Hortonien

VI -3 / Application :

Un pluviomètre a enregistré une précipitation totale de 72 mm. On connait la fonction d’infiltration de


Horton définie par :
f (t ) = f c + ( f 0 − f c )e − kt
fc capacité d’infiltration limite (finale ) du sol = 10 mm/h

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fo capacité d’infiltration initiale = 200mm/h
k est une constante positive = 1.5 h-1 et t le temps écoulé depuis le début de l’averse en heures.

Le tracé de l’hyétogramme de pluie et la courbe d’infiltrabilité sur la figure ci-dessous nous


permet de calculer :

• le temps de submersion : c’est le temps


qui s’écoule entre le début de la
précipitation et le début du
ruissellement : soit Lorsque f(t)=i(t) on
atteint le seuil de submersion : ts =5h

• La pluie nette : correspond à la hauteur


de pluie ruisselée en mm : la partie de
l’hyétogramme de pluie au dessus de la
courbe d’infiltrabilité = 20 mm

• Le volume ruisselé au cours de l’averse :


Pluie nette * Surface du bassin représenté par ce pluviomètre
• Le temps efficace : c’est la durée de la pluie nette = 1h
• le coefficient de ruissellement du bassin au cours de cet évènement : le rapport entre la
lame ruisselée et la lame de pluie tombée
Cr = Pluie nette/ Pluie totale = 20/72 =28%.
• A quel occupation du sol pourrait correspondre le bassin ?
Un coefficient de ruissellement de 28% pourrait correspondre à des prés ou des terrains cultivés.
• Les pertes ou volume infiltré au cours de l’averse :
La différence entre la lame précipitée et la lame ruisselée : 72 – 20 = 52 mm
soit 72% (= 1 – Cr) de la pluie totale

Remarques :
Notons que le processus d'écoulement Hortonien n’est dominant que dans les hauts des versants.
Dans le bas des versants, c’est généralement l’écoulement sur surface saturée qui domine. En
effet, le bas des versants favorise la saturation « par-dessous » du fait de la remontée possible de
la nappe qui est plus proche de la surface en fond de vallée, de la convergence des lignes de
courant et des pentes faibles…
En particulier, l’écoulement de surface sur surfaces saturées se retrouvent dans les bassins
versants composés essentiellement de forêts. L'écoulement de surface de type hortonien se
produit essentiellement sous les climats semi-arides, pour des bassins peu imperméables ou lors
de très fortes intensités pluviométriques.

Rappelons aussi que suite à une période de sécheresse prolongée, le sol devient sec et
compacté ; Ce qui limitera l’infiltration et favorisera l’écoulement de surface selon le processus
de Horton. L’eau arrivera plus rapidement au cours d’eau, et cela pourra provoquer des crues
rapides

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V/ Les écoulements
V-1/ Différents types d’écoulement :
De par la diversité de ses formes, on peut distinguer les écoulements rapides des écoulements
souterrains plus lents. Les écoulements qui gagnent rapidement les exutoires pour constituer les
crues se subdivisent en écoulement de surface (mouvement de l'eau sur la surface du sol) et
écoulement de subsurface (mouvement de l'eau dans les premiers horizons du sol). L'écoulement
souterrain le plus lent désigne le mouvement de l'eau dans le sol : figure 3-12.
L'écoulement de surface caractérise un écoulement sur une surface et s'exprime généralement par
un rapport volume / surface / temps. Il est ainsi souvent exprimé en millimètre par année
hydrologique dans les études de bilans ou encore en litres par secondes et par hectares dans le
cadre de projet d'aménagement des terres et des eaux (drainage ou irrigation).
Les écoulements souterrains et en rivière font explicitement référence à la notion de débit.

Les débits observés à l’exutoire d’un bassin versant ,ou au niveau d’une station de mesure des
débits, sont constitués de trois types d’écoulement : l’écoulement de base , généré par l’échange
entre la nappe phréatique et le cours d’eau, l’écoulement hypodermique et retardé apporté par
l’écoulement de subsurface ainsi que de l’écoulement de surface direct de crue apporté par
l’apport pluviométrique

Figure 3-12 : les différentes formes d’écoulement

On définit le tarissement par la diminution régulière du débit qui correspond à la vidange lente et
progressive des stocks d’eau souterraine du bassin versant.
On parlera d’exoréisme lorsque l’écoulement va jusqu’à un océan et on parlera d’endoréisme
dans le cas où le cours d’eau s’écoule vers un lac intérieur.
De nombreux facteurs interviennent pour l’écoulement : la lithologie, les caractéristiques du sol,
l’occupation des sols ,et les activités humaines.

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V-2/ Quelques définitions de base :
On manipule des volumes d’eau calculées et estimées, rapportées à un intervalle de temps et à
une surface donnée.
• Le débit Q : c’est le volume d’eau traversant une section donnée d’un cours d’eau dans une
unité de temps, En m3/s ou en L/s. Il correspond à un débit instantané, mais on trouve aussi des
débits annuels ou interannuels moyens. C’est le rapport entre le volume d’eau qui s’est écoulé
pendant un intervalle de temps considéré et le nombre de secondes de cet intervalle de temps.

On parle de modules pour le débit moyen annuel, et on parle de modules interannuels pour les débits
moyens interannuels.
Exemple 1:
Le bassin Souss Massa ( Sud Maroc) d’une surface de 27880 km2 connait un apport moyen
annuel en eau de surface de 626 Mm3 qui varie entre un apport minimal de l’ordre de 35 Mm 3 et
un apport max de 2160 Mm3 enregistré en 1962-63.
(Réf : Débat national sur l’eau , Doc produit par l’Agence du Bassin Hydraulique Sous Massa )

Le module de ce bassin en année moyenne (= Apport en m3 / Nombre de seconde par année) est
alors : 19.8 m3/s, avec un maximum de 68 m3/s et un minimum de 1.1 m3/s

• Le débit spécifique Q’ : c’est l’écoulement que produit le bassin par unité de surface du
bassin, cela facilite les comparaisons des écoulements dans différents bassins de surface
différentes . Q’ = Q/surface bassin en L/sec/ ha (ou km2)

• La lame d’eau écoulée en mm: c’est le rapport d’un volume d’eau sur une surface. Elle donne
l’équivalent d’un débit mais exprimé en mm.
Dans le bassin de Souss Massa, la lame écoulée en année moyenne est 626 Mm3 / 27880 km2
soit 22.45 mm. La lame maximale est de l’ordre de 77.5 mm

• Le coefficient d’écoulement : Ce = débit Qécoulé /Pluie tombée .


Exemple 2:
Surface = 1500 km² ; module annuel = 35 m3/s ;
Module annuel spécifique = 35/1500 = 0.0233 m3/s/km2
Calcul de la lame d’eau écoulée de la même année :
35 * 365j * 24 h * 3600 sec / 1500 106 = 736 mm
Le volume écoulé moyen annuel est de 35 * 31.6 106 = 1106 Mm3
Si P = 1200 mm ; alors Ce = 736/1200 = ~0.6 . SOIT 60% du volume d’eau
précipité s’est écoulé par les cours d’eau de cette station

• L’année hydrologique moyenne :


On calcule sur un certain nombre d’années la moyenne des débits de chaque mois . On obtient ainsi
les caractéristiques de l’année moyenne dans laquelle on effectue une compensation entre les
années humides et les années sèches .Ceci permet de conclure sur le type du régime d’écoulement
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d’un cours d’eau donné et de comparer entre les régimes des cours d’eau de différents bassins .
V-3/ Méthodes de mesure des écoulements dans un cours d’eau :

On appelle hydrométrie l'ensemble des techniques de mesures des différents paramètres caractérisant
les écoulements dans les cours d'eau naturels ou artificiels et dans les conduites. Les deux variables
principales qui caractérisent l'écoulement sont :
• La cote de la surface d'eau libre, notée H et exprimée en mètre. Sa mesure concerne la
limnimétrie.
• Le débit du cours d'eau, représentant le volume total d'eau qui s'écoule à travers une
section droite du cours d'eau pendant l'unité de temps considérée. Sa mesure est du ressort
de la débitmétrie.

Figure 3-13 : Transformation Pluie- débit

Le niveau d'eau dans un canal est facilement observable, mais n'est représentatif que de la section
d'observation et peut être soumis à des modifications dans le temps. Seule la variable débit reflète
physiquement le comportement du bassin versant, et peut être interprétée dans le temps et l'espace.

Des méthodes utilisées consistent en la mesure de la hauteur d'eau dans la section de contrôle ou en
l'exploration du champ de vitesse .Ce qui permet par l'intermédiaire d'une relation avec le débit
d'évaluer celui-ci.
Les méthodes "d'exploration du champ de vitesse" consistent à déterminer la vitesse de
l'écoulement en différents points de la section de contrôle , tout en mesurant la surface de la section
mouillée. Ces techniques nécessitent un matériel spécifique (moulinet, perche, saumon,
courantomètre...) et un personnel formé à son utilisation. Parmi les nombreuses méthodes
d'exploration du champ de vitesse, les jaugeages au moulinet et au flotteur .
Les méthodes ‘’de mesure de la hauteur d’eau’’ consistent en la lecture sur des limnimétres et/ou
l’enregistrement graphique, par un limnigraphe, des variations de la hauteur d'eau effectués au niveau
de la station hydrométrique.
Ne disposant pas d'une mesure directe et continue des débits, on passe de la courbe des hauteurs d'eau
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en fonction du temps H=f(t) (appelée limnigramme ) à celle des débits Q=f(t) (appelée Hydrogramme
) par l'établissement d'une courbe de tarage Q=f(H) : figure 3-14

Figure 3-14 :

Relation entre le débit et le niveau


d’eau : Q = aHn

V-4/ Les crues


Une crue est définie comme un débit très fort généré par une surélévation du niveau d'eau d'un cours
d'eau. Cette surélévation , rapide à brutale , excessive et de volume très important est capable de
submerger l’aval et causer des dégâts importants.
Il faut distinguer entre les crues des hautes eaux où l'on observe une augmentation progressive du
niveau d'eau suite à la fusion nivale par exemple et qui peut durer plusieurs mois. Cependant,une crue
ne dure pas longtemps, quelques heures à quelques jours et peut se répéter plusieurs fois en dedans
d'une période longue (année).

Une crue se caractérise par sa forme , son volume , sa durée et la durée de ses phases ( phases de
montée ou de concentration , de la décrue et du tarissement ) ainsi que de sa pointe : figure 3-15.
Les durées les plus importantes définissant une crue sont :
• Le temps de base: représente la durée de l'écoulement de surface généré par le ruissellement de
surface soit donc depuis le moment de l’arrivée des eaux de pluie à la station de contrôle jusqu’à
l’arrêt de toute forme d’écoulement généré par l’apport de surface pluviométrique
• Le temps de montée : c'est la durée entre le début de la courbe de montée de l’hydrogramme et
sa pointe
Phase de la montée
mmmmmonmontées
Figure 3-15 : mntéemontée

Caractéristiques d’une crue Phase de la décrue

Phase du tarissement
Prof N.SERHIR – EHTP 20 Composantes hydrologiques
IV / Conclusion sur le chapitre : Les étapes dans une étude en Hydrologie
L’étude du cycle de l’eau se base essentiellement sur le suivi continu de l’évolution spatio-
temporelle, tant quantitatif que qualitatif, des différentes composantes hydrologiques. D’une façon
générale, on doit passe par les étapes suivantes pour réaliser une étude en hydrologie :
• Phase hydrométrique de l’observation et collecte de données. Elle consiste en la mesure des
composantes du cycle de l'eau qui sont les variables aléatoires : précipitations, débits de cours
d'eau, évaporation, infiltration...
• Phase descriptive qui consiste en la description graphique ou numérique des processus
hydrologiques observés. On émet des hypothèses et procède par des techniques
d’échantillonnage pour extraire des résultats donnant un ordre de grandeur sur un processus
hydrologique observé donné ( exemple de la régionalisation des précipitations )
• Phase scientifique de traitement des données dans laquelle on utilise des outils adéquats plus
souvent des techniques graphiques et statistiques pour le contrôle et la prévision.
• Phase de modélisation (conceptuelle déterministe, empirique, probabiliste..) des processus
hydrologiques et dont l’objectif est d’étudier et comprendre le fonctionnement des systèmes
hydrologiques bassins pour en prédire et déduire le comportement afin de proposer des
programmes de gestion de ses ressources en eau et des projets d’aménagement pour la protection
contre les catastrophes naturelles . On gardera à l’esprit que un modèle restera toujours une
représentation simplifiée de la réalité complexe. En fait, les mécanismes régissant les processus
hydrologiques sont complexes ne survenant pas seulement les uns à la suite des autres, mais sont
aussi concomitants et interagissent entre eux

Prof N.SERHIR – EHTP 21 Composantes hydrologiques


CHAPITRE

CONTRÖLE ET REGIONALISATION DES DONNEES


DE PLUIE

I/ Critique et Contrôle des données pluviométriques


I-1 / Traitement primaire des données de pluie
I-2/ Les lacunes dans les séries pluviométriques
I-3/Le contrôle graphique des séries pluviométriques :
- Simple cumul , double cumuls et vecteur régional

II/ / Evaluation régionale des précipitations


II-1/ L’interpolation Spatiale des précipitations
II-2/ Calcul d’une pluie moyenne bassin
- Méthodes de calcul d’une précipitation moyenne dans un bassin
- Applications

III/ Le déficit d’écoulement


Méthodes de Turc et de Coutagne

VI / Etude de cas :
Contrôle des données de pluie par la méthode du double cumul
Comblement par régression linéaire

Prof N.SERHIR – EHTP -1- Contrôle et régionalisation des données de pluie


I / Critique et Contrôle des données pluviométriques
Les données pluviométriques proviennent de sources différentes. Au Maroc, ces données peuvent être
fournies par les services de la Météorologie Nationale mais également par ceux de l’Hydraulique
(Agences de Bassins), de l’Agriculture (Offices régionaux de mise en valeur Agricole, Centres de
Travaux, etc.), des Eaux et Forêts ou de l’Intérieur. La disparité des sources pose souvent un problème
de la qualité des données.
La critique et le contrôle de la qualité des données hydrologiques sont donc des traitements qui
doivent être effectués par l’hydrologue pour s’assurer de l’homogénéité et la fiabilité des séries
pluviométriques à utiliser dans une étude hydrologique donnée. Ces traitements peuvent consister en
un simple traitement primaire comme ils peuvent consister en un comblement de données manquantes,
en une extension de séries courtes, ou en une homogénéisation des séries hétérogènes par le biais de
méthodes statistiques, numériques ou graphiques.

I-1 / Traitement primaire des données de pluie :


Avant toute étude hydrologique ou statistique même très simple, comme le calcul d'une pluie
annuelle ou une moyenne inter annuelle, il est recommandé de faire un traitement primaire des
données brutes recueillies par un observateur ou un instrument de mesures. Ce traitement
consiste à rendre l’information brute lisible et exploitable comme le passage d’un
enregistrement pluviographique à un hyétogramme par exemple. Il comprend également un
contrôle primaire des données, par exemple déceler d'éventuelles erreurs de saisie, à l'exclusion
de tous traitements statistique ou graphique qui consistent à vérifier si la série des pluies
annuelles sur laquelle on veut travailler est homogène, c'est à dire si l'échantillon fait bien partie
de la même population, ou de deux populations distinctes, artificiellement groupées à notre insu
en une série hétérogène.
Les erreurs les plus souvent rencontrées relèvent de deux catégories.

 Les types d’erreur dans les données Pluviométriques :

 .Les erreurs accidentelles et aléatoires :


Sont les erreurs que peut subir une donnée de pluie relevée au niveau des opérations par lesquelles
elle passe avant d'arriver aux différents services qui vont l'utiliser :

 pertes d'eau de pluie au cours de l'observation


 absence de l'observateur non signalée,
 déguisement de la donnée non lue à temps ou décalage de jour
 oublis de virgules, mauvaises interprétations des chiffres
 transmission et saisie des données
 calcul des cumuls, moyenne etc.
 Les erreurs systématiques : Elles sont généralement dues à :
 un déplacement du site d’observation,
 une modification de l'environnement immédiat du poste de mesure ,
- déboisement ou boisement
- urbanisation, construction d'un barrage
 remplacement de l'observateur

Prof N.SERHIR – EHTP -2- Contrôle et régionalisation des données de pluie


 non conformité du matériel de mesure ou à des défauts d'appareillage non
remarqués par le service gestionnaire : éprouvette ne correspondant pas au diamètre
de la bague du pluviomètre, mauvais réglage des augets du Pluviographe.

Un examen attentif des bordereaux et fichiers de données peut permettre de détecter des anomalies
accidentelles « à l’œil ». C’est toujours nécessaire. Mais des méthodes graphiques et numériques plus
élaborées et des tests statistiques seront généralement indispensables pour mettre en évidence
l’existence d’erreurs systématiques et contrôler la fiabilité et l’homogénéité des données.

I-2 / Les lacunes dans les séries pluviométriques :


Il est important de signaler que les séries des données de pluie mensuelles sont souvent incomplètes.
Le manque de la donnée dans une station peut être du à une panne de l’appareil, absence de
l'observateur ,arrêt de la station….
Dans des cas simples, on peut procéder par le comblement d’une lacune de pluie journalière par :
 remplacer la pluie manquante par celle observée à la station la plus proche. Il faut vérifier la
position en altitude des deux stations.
 estimer la pluie manquante par la moyenne des pluies des stations voisines. Cette méthode est fiable
lorsque les précipitations ne sont pas très irrégulières d'un poste à l'autre. une différence de 10%
est tolérable.
 Méthode basée sur la tendance annuelle des pluies observées à l’échelle régionale

D’autres méthodes plus élaborées dont la méthode basée sur la régression linéaire entre données de
plusieurs stations régionales et la méthode de l’IDWA (Inverse Distance Weighted Averaging) sont
recommandées : aspects traités en TD
Le tableau 1 illustre ce problème de données manquantes
Année Sept Oct Nov Déc Janv Févr Mars Avr Mai Juin Juil Août
1970 M M M 117 250 16 189 325 95 25 M 0
1971 0 6 110 100 231 182 157 51 96 22 M 0
1972 39 M 23 52 102 54 79 1 50 M M 3
1973 M 10 11 269 46 99 72 195 11 12 M M
1974 M 19 19 M 99 102 198 58 32 12 M M
1975 0 6 23 162 53 126 97 129 73 0 1 5
1976 10 206 35 331 335 153 21 2 12 9 6 1
1977 0 74 47 198 129 167 51 162 114 24 M 0
1978 3 1 16 253 204 282 125 57 3 2 6 M
1979 0 162 50 32 55 34 91 50 137 4 M M
1980 25 77 196 43 8 19 82 166 66 6 M M
1981 6 6 0 268 110 117 50 100 6 1 3 0
1982 4 118 146 61 M 112 29 43 6 M M 0
1983 1 6 324 309 40 39 124 47 208 10 M M
1984 3 23 241 18 118 122 33 59 47 3 M M
1985 3 M 190 124 145 225 89 80 2 1 M M
1986 5 12 101 53 302 199 2 54 4 2 17 12
1987 2 55 119 167 167 28 33 57 30 8 M M
1988 M 88 123 33 66 179 76 121 18 0 2 0
1989 12 46 358 239 105 M 41 111 5 0 0 M
1990 3 93 108 213 5 172 179 38 4 14 M 3
1991 51 93 43 64 2 54 33 141 9 45 M 0
1992 3 89 7 54 26 24 62 147 96 2 M M
1993 35 164 191 15 88 149 0 63 18 0 0 0
1994 10 79 64 0 60 21 31 43 0 37 11 0
1995 14 0 104 254 551 84 83 98 166 16 M M
1996 47 113 92 549 250 M 1 64 12 16 3 14
1997 60 77 418 278 76 218 7 41 57 16 M 0
1998 44 12 M 94 96 61 28 12 23 0 M 0
1999 17 178 88 M M M 10 149 67 0 0 0

Tableau 1 : Données de pluies moyennes mensuelles (mm) relevées à la Station Mdouar


bassin Loukkos ( de 1970 à 1999)

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I-3 / Le contrôle graphique des séries pluviométriques :

La représentation graphique de la série chronologique de la pluie annuelle et le tracé de la moyenne


interannuelle donnent une idée sur la tendance pluviométrique. On peut également ressortir les
excédents et les déficits d'apports pluviométriques soit respectivement les années humides et les années
sèches enregistrées (figure 1).

Figure 1 : Série chronologique des pluies annuelles à la station Mdouar complétée

Cependant des techniques graphiques existent et permettent à l'ingénieur de vérifier et confirmer


l'existence d'une hétérogénéité dans une série pluviométrique :

 La méthode de simple masse : Elle consiste à représenter le cumul des pluies annuelles
enregistrées à la station à contrôler en fonction des années. La linéarité du graphique est un indice
d'homogénéité. L’hétérogénéité de la série se traduit par un changement de pente indiquant l’année
de l’hétérogénéité.

 La méthode du double cumul : plus puissante et plus répandue


L’homogénéisation par cette technique graphique nécessite la connaissance d’une série de
données annuelles homogènes et observées dans une station de référence dite station témoin, ou
station de base, voisine et régionale avec la station à corriger.
La méthode du double cumul a l’avantage de permettre de mettre en évidence la présence d'une
anomalie dans la série étudiée et de la corriger.

 Principe de la méthode :
Il s’agit de comparer la tendance de la station étudiée par rapport à celle de la station témoin, en traçant
le graphe des données cumulées à la station étudiée par rapport aux données cumulées de la station
témoin.
La méthode est fondée sur le principe qu’ en l’absence d’anomalie, deux stations A , B , voisines et
régionales mesurent chaque année une pluviométrie annuelle dans un rapport sensiblement constant
d’une année à l’autre, que l’année soit sèche ou humide :

Soit donc : PA(i) / PB(i) est pratiquement indépendant de l’année i.

En conséquence les points M(i) de coordonnées les pluies cumulées calculées à chaque station A et B
jusqu’à l’année i sont pratiquement alignés .En revanche si une erreur systématique à la station étudiée

Prof N.SERHIR – EHTP -4- Contrôle et régionalisation des données de pluie


s’est produite alors la droite des doubles cumuls présenterait une cassure de sa pente à l’année de
l’introduction de l’erreur.

 Interprétation graphique de la méthode :

Soient 2 stations X et Y ayant fourni les pluies annuelles X (x1, ....... xn) et Y ( y1, ...... yn).
n et le nombre d'observations annuelles communes à X et Y, et soit X la station de base .

On veut donc homogénéiser la station Y à partir des données de la station X.


La corrélation graphique obtenue en représentant le cumul des yi en fonction du cumul des xi
devrait être linéaire si les deux stations sont situées dans la même région climatique et à une
distance relativement faible.

1. S’il n’existe pas d’anomalie dans la série Y alors la pente de la droite sera constante :
 La série Y est alors homogène par rapport à la série témoin X ( figure 2)

Méthode double cumul: Station Tabouazant

9000
8000
7000
Cum-Tabouaz

6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
0 1000 2000 3000 4000 5000
Cum-Anseg

Figure 2 : graphe des doubles cumuls : station homogène

2. Dans le cas où la série étudiée a été perturbée par une modification des conditions de mesures,
la droite de double cumul présentera une ou plusieurs points de cassures qui vont être mis en
relief par un changement de la pente de la droite. La figure 3 illustre ce cas.
 La série Y contrôlée présente des hétérogénéités. Il faut procéder à son
homogénéisation .

Méthode du double cumul:Station Louggagh

10000
9000
8000
7000

B
Cum-Loug

6000
5000 Série1
4000
3000 A
2000
1000
0
0 1000 2000 3000 4000 5000
Cum-Ansg

Figure 3: Graphe des doubles cumuls : station hétérogène

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 Procédure de l’homogénéisation :

Dans le cas de présence de points de cassure, deux questions se posent :


 Quelle portion du graphe faudrait-il corriger, soit donc sur quelle période d’observation il faut
corriger les observations de la série Y ?
 Et comment procéder à la correction ?

En général, on regarde l'historique de la station : récente, contexte modifié ou non, arrêt du


fonctionnement de la station pour une certaine période ou non...etc. La procédure consiste à chercher
des éléments indicatifs pouvant faciliter la prise de décision sur la période à partir de laquelle on
soupçonne l'introduction d'erreurs systématiques dans les mesures.
Dans le cas où aucun élément indicatif n'est disponible, on considérera que les données les plus
récentes sont les plus fiables.

Afin de minimiser l’influence des erreurs systématiques qui existeraient dans l’une ou l’autre des stations
jugées de référence (si plusieurs existent), il est préférable d’élaborer une station témoin par la moyenne
de ces stations.

La procédure générale d’homogénéisation des données par la courbe des doubles masses consiste à
comparer chaque station à la moyenne des autres, la corriger et ensuite corriger chaque station
successivement. Le processus est répété jusqu’à homogénéisation de toutes les stations.

Ainsi, on peut conclure que le choix d’un groupe de base exige au préalable la comparaison deux à deux
de tous les postes susceptibles d’être intégrés dans ce groupe. A défaut, on peut se contenter d’un poste
de base par région.

 Comment procéder à l’homogénéisation ?

La procédure de correction des données de la portion du graphe non fiable se fait en prolongeant la
pente la plus fiable selon la formule :
majusté
Pcorrigé  *P observé
m
observé
majusté est la pent ede la port iondu graphefiable
mobservé est la pent ede la port ion du grapheà corriger

Le graphe de la figure 3 indique trois tronçons linéaires avec deux points de cassure A et B
On calcule les pentes graphiquement du graphe des doubles cumuls .On a trouvé :
 tronçon des données récentes s’étalant de 1991/92 à 2001/02 : m1=1.98
 tronçon central s’étalant de 1986/87à 1991/92 m2 = 2.84
 tronçon s’étalant de 1978/79 à 1986/87, la pente m3 est de l’ordre de m1.
Ceci justifie que la station a vécu des perturbations des conditions de mesure au cours de la
période 1986/87 à 1991/92
Prof N.SERHIR – EHTP -6- Contrôle et régionalisation des données de pluie
On doit donc corriger les données observées sur cette période seulement par :
Pcorr =(m1/m2) Pobservée
L’homogénéisation doit se faire après avoir comblé les lacunes ou l’insuffisance d’observations de
certaines stations en prenant en considération les observations sans lacune et de longue durée
effectuées en d’autres stations.

 La méthode du vecteur régional


Il est souvent conseillé d’utiliser l’approche du vecteur régional comme méthode de contrôle des
erreurs systématiques pouvant exister dans les stations d’une même région .En fait, il s’agit de
constituer un vecteur formé par des indices calculés sur les données de pluies annuelles des stations
d’une zone homogène régionale, de point de vue pluviométrie et climatologie.

L’indice régional à l’année j se calcule, sur la période commune d’observation disponible entre
l’ensemble des stations de la zone par :

1 n Pi , j
Vj  
n i 1 Pi
Pi , j  pluie annuelle de l ' année j à la station i
Pi  module int er annuel de la station i

L’approche est basée sur la technique du double cumul et consiste à comparer le cumul de la station à
contrôler par rapport au cumul des indices du vecteur régional ainsi calculé .

II/ Évaluation régionale des précipitations

Le problème qui est posé est de déterminer à partir de valeurs des précipitations observées en un
nombre de points répartis de manière irrégulière sur un bassin versant donné, la valeur d’une
précipitation moyenne représentative des précipitations dans le bassin ainsi que la valeur de pluie en
tout point non instrumenté (non équipé d’un pluviomètre) de ce bassin.
Les méthodes les plus simples et les plus couramment utilisées sont les méthodes de calcul de
moyennes ou les méthodes d'interpolation des données pluviométriques collectées localement.

Les pluies sont caractérisées par une grande variabilité spatiale et temporelle. On notera que
L'hétérogénéité spatiale de la pluie est fonction de la variabilité du relief et du type de précipitations
.Des pluies convectives souvent de forte intensité peuvent intéresser une zone de superficie très
restreinte (averses estivales pouvant toucher les versants ouest de l’Atlas).
Par contre, les précipitations frontales, associées à d'importantes perturbations d’ouest sur l’Europe
occidentale et débordant largement sur le Maroc, peuvent concerner une région très étendue de
plusieurs centaines de km2.

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II-1 / L’interpolation Spatiale des précipitations
L'interpolation spatiale permet de reconstituer l'ensemble de la distribution spatiale d'une surface pour
laquelle on ne dispose que d'un échantillon de valeurs observées en certains points de l'espace tel que
une station pluviométrique connue par sa situation en X,Y et Z.

L’interpolation consiste à chercher l'équation d'une fonction P= f(X,Y) qui s'ajuste le mieux aux
informations connues, puis à extrapoler les résultats de cette fonction à l'ensemble de l'espace étudié, de
telle manière qu'une seule valeur de P existe pour chaque X,Y.
Le principe donc de base de ces méthodes est invariant : c'est fournir des valeurs en des lieux
non échantillonnés.

Les méthodes d'interpolation sont nombreuses .Les plus sophistiquées font appel à des notions
mathématiques et statistiques rigoureuses, comme la méthode des splines ou le krigeage universel. Ces
méthodes ainsi que celle de l’IDWA ,sont largement utilisées et intégrées dans la plupart des systèmes
d'informations géographiques, tel que SIG- ARCVIEW qui permet la représentation d’un champ
physique sur une région définie par ses coordonnées géographiques (confier cours de SIG...)

 La méthode de l’IDWA :
Elle consiste à pondérer les précipitations observées dans les stations voisines par l'inverse des carrés
des distances Di qui séparent ces stations avec le lieu ou l’on veut estimer la pluie.

P W i i
P X  
1
Wi  i
Di2 W i
i

Avec : Pi sont les précipitations observées aux stations i


Di distance qui sépare la station i avec le lieu de l’interpolation

II-2 / Calcul de la précipitation moyenne dans un bassin


La pluie P n'étant pas connue d'une façon continue,il s’agit de déterminer la fonction P(x,y) entre les
points d'échantillonnages qui sont les stations pluviométriques pour en calculer la pluie moyenne ou
lame d’eau précipitée moyenne P sur une surface S , telle que :
1
soit P * volume d ' eau tombé
S

 Pi x, y dxdy
1
P
S

On se propose donc de calculer une pluie moyenne P , représentative le plus possible de la


pluviométrie réelle d’un bassin à partir de plusieurs postes d’observation.
Des méthodes sont utilisées et sont basées sur la pondération des précipitations observées par un
coefficient de pondération à calculer en fonction de la méthode de calcul .

Prof N.SERHIR – EHTP -8- Contrôle et régionalisation des données de pluie


Cette précipitation moyenne est d'autant plus précise que le nombre de stations est bien
réparti spatialement et qu’il est proche d'un nombre de stations optimal à installer.

En supposant un réseau pluviométrique de n stations dans un bassin donné et connaissant les pluies Pi
(X,Y,t) relevées à chaque station i, on peut procéder par :

 Une moyenne arithmétique:


Si la pluie est répartie de façon relativement homogène, si la topographie n'est pas trop accidentée et si
la répartition des postes est suffisamment homogène sur la région d'étude, on pourra appliquer une
simple moyenne arithmétique des observations faites à tous les postes.
Il faut lui préférer des méthodes graphiques qui permettent de donner un poids différent à chacun des
points de mesures (moyennes pondérées)

 La méthode des polygones de Thiessen :

Elle convient notamment quand le réseau pluviométrique n'est pas homogène spatialement
(pluviomètres distribués irrégulièrement).
Cette méthode permet d’affecter à chaque pluviomètre une zone d'influence dont l'aire, exprimée en
% de l’aire totale du bassin, représente le facteur de pondération de la valeur locale mesurée. Les
différentes zones d'influence sont déterminées par découpage géométrique du bassin sur une carte
topographique suivant la démarche mentionnée ci-dessous (figure 4:
 Les stations disponibles étant reportées sur la carte topographique de la région étudiée,
 on trace une série de droites reliant les stations deux à deux, sans former d'angles entrants ,c'est
à dire qu'une droite entre une station i et une station j ne doit pas couper une autre droite entre
deux autres stations.
 On trace les médiatrices de chacune de ces droites.
 Les intersections de ces médiatrices forment un certain nombre de polygones, chacun associé
à une station donnée.
 On mesure la superficie Si de chaque polygone associé à une station i.
 Le calcul de la précipitation moyenne par cette méthode s'obtient par la relation :
P   P
n
i i
i 1
n = nombre de stations
  S S
n
i i
i
i 1
Si = superficie du polygone associé à la station i et Pi = précipitation enregistrée à la station i
i sont appelés coefficients de Thiessen

Remarques d’ordre pratique :


 Les stations à l'extérieur du bassin devraient être prises en compte et traitées de la même
manière que les stations internes au bassin.
 Les intersections des médiatrices se trouvant à l'extérieur du bassin devraient être rejetées et
remplacées par leurs intersections avec la limite du bassin.

Prof N.SERHIR – EHTP -9- Contrôle et régionalisation des données de pluie


 Pour tracer un polygone associé à une station i, il faudrait repérer les intersections des
médiatrices des liens qui passent par la station .

On conclut alors que la construction géométrique permet de déterminer les coefficients de Thiessen
qui ne dépendent que de la répartition spatiale des postes dans le bassin versant et ne dépendent
nullement de la pluie et sa durée.

Figure 4
Polygones de Thiessen

Application :
Sur le bassin versant ci-dessus, les pluies annuelles sur les 3 stations (A, B et C) sont respectivement de
1100, 1130 et 1015 mm .Les superficies des 3 polygones associés sont respectivement de 185 ha, 102 ha
et 48 ha.
La pluie annuelle moyenne sur le bassin versant calculée par la méthode de Thiessen est
de 1097 mm. Et par une simple moyenne arithmétique est de 1081.7mm
Les trois stations A, B et C se situent en dessous de 780 m alors que plus de la moitié du bassin se situe
à plus de 800m d’altitude. Or en milieu de montagne la pluie est fortement influencée par le relief
(gradient altimétrique fort, effet orographique…). Ce qui permet de conclure que ni la méthode des
polygones de Thiessen ni la moyenne arithmétique ne sont vraiment adaptée dans ce cas. Il y’a lieu de
faire recours à une méthode qui fait intervenir la dépendance entre le relief et les précipitations.

 La méthode des isohyètes :


Une méthode plus rigoureuse ( bien que un peu lourde ) car elle est fondée sur l’utilisation des isohyètes
qui doivent être calculées, pour chaque période de temps étudiée, sur la base des données
pluviométriques acquises aux stations du bassin et aux autres stations avoisinantes. Il existe aujourd'hui
des méthodes automatiques qui effectuent le tracé d'iso valeurs par des moyens statistiques élaborés
intégrés aux SIG comme les technique de krigeage par exemple.
Il faut ensuite mesurer les superficies internes au bassin comprises entre chaque deux isohyètes
successives (figure 5).

Prof N.SERHIR – EHTP - 10 - Contrôle et régionalisation des données de pluie


Si m est e nombre d’isohyètes et ST est la surface totale du bassin
1 m1
Pmoy  Si Pi
ST i1
Pi 
Pi  Pi  1
2

Figure 5: méthode des isohyètes

 La méthode mixte

C'est une combinaison de la méthode de Thiessen et celle des isohyètes. Elle consiste à associer à
chaque polygone la précipitation qui s'est produite au centre de gravité du polygone. Cette précipitation
étant déterminée par le tracé des isohyètes.
Soit donc PGi, la précipitation calculée, au centre de gravité G du polygone associé à la station i,
fonction des isohyètes les plus proches de G. Et soit Si la surface du polygone.
La précipitation moyenne dans le bassin se calcule par :

 PGi  Si 
1n
P
ST i 1
Cette méthode est plus rigoureuse mais plus difficile mettre en oeuvre.

▪ Le Hyétogramme moyen

Le calcul du Hyétogramme moyen permet de connaître la quantité et surtout la distribution temporelle


de la précipitation pour un événement pluvieux sur un bassin versant donné, même s'il est dépourvu
d'enregistrements pluviographiques.
Le calcul se fait selon les étapes suivantes :

Prof N.SERHIR – EHTP - 11 - Contrôle et régionalisation des données de pluie


 Recueil des données des pluviomètres situés sur et autour du bassin.
 Etablissement des hyétogrammes ponctuels à un pas de temps donné (régulier et identique
pour tous).
 Pour chaque pas de temps, calcul de la moyenne arithmétique ou pondérée (méthode des
polygones de Thiessen, etc), puis reconstitution du Hyétogramme moyen pour le bassin
versant considéré.

III / Le déficit d’écoulement

Le déficit d’écoulement se définit par la différence entre la pluviométrie tombée sur un bassin et
la lame d’eau qui a transité par son exutoire. Sur une période de temps assez longue, le déficit
représente essentiellement les pertes dues à l'évaporation et l’évapotranspiration. Il peut être estimé
à l'aide de méthodes empiriques ou par des mesures .
D = P - Q en mm
Avec :
 P la lame d’eau moyenne annuelle précipitée dans le bassin (en mm)
 Q la lame d’eau moyenne annuelle écoulée (en mm) .
 D le déficit moyen annuel en mm
Certains auteurs (WUNDT, COUTAGNE, TURC) ont relié le déficit d’écoulement à la
température moyenne annuelle et à la pluviométrie. Des expériences réalisées sur 254 bassins
versants situés sous tous les climats du globe ont abouti à la relation empirique de TURC qui
exprime la dépendance entre le déficit moyen annuel, la pluviométrie moyenne annuelle et la
température moyenne annuelle :
 Formule de TURC
P :
D
0 .9   P / L 
2

D = Déficit moyen annuel en mm


P = Pluie moyenne annuelle, en mm
L = 300 + 25 T + 0.05 T3
T = T° moyenne annuelle °C
= évaporation calculée par la formule de TURC, en mm

 Formule de Coutagne
D  P  m.P2
Où m est un coefficient régional m= 1/(0.8 + 0.16 T)

(m=0.42 pour la France).

La connaissance du déficit d'écoulement permet d'évaluer le comportement du système bassin ou la


fiabilité des données censées le décrire, par comparaison entre les valeurs du déficit calculées
directement et les valeurs estimées dans un bassin versant plus grand.

Notons que la méthode de Turc permet de donner une estimation de l’écoulement en surface à
partir d’une simple connaissance de la température et de la pluviométrie.

Prof N.SERHIR – EHTP - 12 - Contrôle et régionalisation des données de pluie


Application : Homogénéité des données pluviométriques et

Correction des données

En utilisant les données de précipitations annuelles enregistrées en deux stations P1 et P2 ainsi que
les valeurs obtenues pour une station de référence on vous demande de :

1) contrôler l'existence d'anomalies dans les lames précipitées annuelles aux stations P1 et P2

2 ) éventuellement corriger les données erronées par la méthode du double cumul.

Données :

Année Référence P1 P2
[mm] [mm] [mm]

1990 806 763 764

1989 912 906 902

1988 931 915 918

1987 766 666 663

1986 1235 1263 1265

1985 964 1070 1072

1984 1145 1035 1051

1983 1218 1065 1063

1982 1269 1155 1120

1981 1360 1132 1195

1980 895 950 930

1979 1021 1014 1135

1978 1100 1022 1292

1977 1080 1037 1166

1976 1025 1012 1150

Prof N.SERHIR – EHTP - 13 - Contrôle et régionalisation des données de pluie


1975 1175 1100 1300

1974 1088 1041 1250

1973 1105 1021 1242

1972 1208 1165 1356

1971 1125 1050 1275

Méthodologie à suivre

1. Pour la station de référence, calculer la somme cumulée des lames précipitées X(t) de 1990 à
1971.
2. Démarche identique à 1) pour la station à contrôler Y(t).
3. Représenter graphiquement les couples (X(t),Y(t)).
4. Identifier la cassure de pente de la somme cumulée des précipitations, ainsi que la valeur des
pentes respectives.
5. En comparant avec le cumul de la station P1, il semble que la dérive de la station P2 se
produit entre 1971 et 1980.
6. Il faut multiplier le rapport pente "1990-1980"/ pente "1980-1971" pour corriger les valeurs
de la station P2 entre 1980 et 1971.

Résultats obtenus :

On obtient les graphiques suivants pour la méthode du double cumul :

Prof N.SERHIR – EHTP - 14 - Contrôle et régionalisation des données de pluie


Les données erronées de la station P2 sont observées entre 1971 et 1980.

Pente de la droite de régression entre 1971 et 1980=1.12

Pente de la droite de régression entre 1980 et 1990 = 0.94

Prof N.SERHIR – EHTP - 15 - Contrôle et régionalisation des données de pluie


VI/ Étude de cas
1. Contrôle des données de deux stations pluviométriques

Les données des pluies annuelles enregistrées en deux postes pluviométriques Régionales A et B sont
présentées au tableau ci dessous .
On vous demande de :

1. Tracer la pluie annuelle en fonction des années pour chaque poste pluviométrique ;

2. Représenter la variation de la pluie annuelle du poste A en fonction de la pluie annuelle du


poste B et analyser la relation entre les données des deux postes;

3. Contrôler l'existence d'anomalies dans les données du poste A en appliquant les méthodes
suivantes :
 la méthode du simple cumul ,
 la méthode du double cumul en prenant comme poste témoin celui de poste B
Dresser les graphiques correspondants et analyser les résultats obtenus

 Procéder à la correction des données en cas d'hétérogénéité confirmée


 Calculer le module pluviométrique interannuel de la station A contrôlée

Année Poste A Poste B Année Poste A Poste B


1938 340 353 1955 338 244
1939 272 251 1956 414 259
1940 277 257 1957 577 404
1941 305 348 1958 353 277
1942 338 333 1959 373 259
1943 371 335 1960 356 262
1944 229 277 1961 290 259
1945 300 290 1962 351 300
1946 246 259 1963 254 234
1947 391 353 1964 267 259
1948 318 330 1965 424 356
1949 292 333 1966 236 213
1950 277 234 1967 467 292
1951 353 277 1968 358 231
1952 358 335 1969 503 330
1953 264 254 1970 434 332
1954 201 223 1971 406 272

Prof N.SERHIR – EHTP - 16 - Contrôle et régionalisation des données de pluie


CHAPITRE

METHODES DE CALCUL D'UN DEBIT DE PROJET

1/ Choix d’une crue de projet


Une crue de projet se présente sous forme d’un hydrogramme de crue ou simplement d’un débit de
pointe ( débit de projet ) qui sert de base à la conception et le dimensionnement du projet en question

En théorie, la période de retour T d’un événement se définit par l’inverse de la probabilité de


dépassement F1 d’observer cet événement : T = 1/F1.
Statistiquement l’occurrence pour que le débit de projet de période de retour T soit dépassé au moins
une fois durant n années successives est donné par le risque hydrologique :
Rh (%) = 1-(1-1/T)n * 100
Le choix de la période de retour est dicté par l’importance des risques encourus en cas de défection de
l’ouvrage réalisé et par des considérations d’ordre économique . On compare le coût des
investissements à ceux de la réparation et des dégâts lors d’une éventuelle rupture .

L’évaluation du débit de projet d’un ouvrage résulte donc d’une étude hydrologique, mais aussi
d’une analyse socio-économique permettant de définir :
 le coût de l’ouvrage et son entretien en fonction de sa capacité
 les conséquences socio-économiques dues à l’inondation et à la destruction de l’ouvrage.

le coût de l’ouvrage ou tout simplement l’investissement augmente avec le degré de protection, alors
que, le coût d’entretien et d’exploitation ainsi que celui des dommages causés par une défaillance
diminue avec le degré de protection, c’est à dire avec la période de retour adoptée.

Le choix d’une période de retour convenable revient donc à trouver un optimum du rapport entre ces
deux composantes : investissement et exploitation d’une part et dommages d’autre part.
Si le coût de l’ouvrage ainsi que les frais d’entretien peuvent être facilement approchés, les autres
composantes de l’équation le sont difficilement . C’est le cas particulièrement des coûts supportés
par les usagers.
De telles analyses socio-économiques approfondies ne se font pratiquement pas et le choix de la
période de retour reste basé sur l’expérience et la tradition.

Au Maroc les ponts sont dimensionnés traditionnellement pour la crue centennale, les ouvrages
d’assainissement, moins important, pour la crue décennale , Les grands barrages pour la crue
décamillénaire et les petits pour la crue millénaire . Il est conseillé de se confier pour plus de détails
sur la période de retour et ses ordres de grandeur au chapitre sur le traitement statistique des données
hydrologiques .

Prof N. SERHIR 1- Calcul Débit de projet


2 - Méthodes opérationnelles pour le calcul d'un débit de projet
Le calcul d’un débit de période de retour donnée implique la connaissance d'un certain
nombre d'informations hydrologiques qui, malheureusement, font souvent partiellement ou
totalement défaut, surtout pour des bassins versants de faible superficie.
Ainsi c’est selon le but assigné à l’étude et les données hydrologiques de base disponibles qu’on
choisira la méthode de calcul des débits de projet.
Dans le cas où l'ingénieur ne dispose d'aucune donnée hydrologique (pluies et/ou débits) au lieu du
site étudié ou dans le bassin versant concerné, il y a deux manières de procéder:

 Par analogie: dans la mesure où des données de bassins représentatifs sont disponibles.
 Si tel n'est pas le cas et si les délais sont trop courts pour procéder à l'acquisition des informations
nécessaires, il faudra recourir à l'emploi des formules empiriques.
 Si toutefois, l'ingénieur dispose des données pluviométriques à défaut des données de débit, il
pourra utiliser une formule de type rationnelle ou toute autre formule élaborée faisant intervenir
"l'information pluie" en plus des paramètres caractéristiques du bassin versant.
 Dans le cas où l’ingénieur dispose simultanément des données de pluie et de débits, même
sous forme d'une courte série de mesures , il pourra procéder à l'analyse des relations "pluie -
débit" des événements enregistrés et mettre ainsi en oeuvre des méthodes plus sophistiquées de
calcul des débits de projet, telles que les méthodes statistiques, les régressions hydro
pluviométriques et la méthode du Gradex

2-1 / Les méthodes analogiques :


Elles se basent sur la comparaison avec des bassins versants régionaux sur lesquels existent des
données hydrologiques Ces méthodes consistent à extrapoler le débit de projet au site non jaugé à
partir des données observées dans un bassin jaugé qui lui est hydrologiquement comparable.

On se base dans cette comparaison sur les paramètres qui définissent géométriquement et
morphologiquement le bassin : forme, pentes et indices de pente, paramètres du rectangle équivalent ,
caractéristiques du relief ,densité de drainage et rapport de confluence ainsi que des paramètres
climatiques , géologiques et pédologiques renseignant sur les types de précipitations, les perméabilités
des sols, la nature de végétation. Toutes ces informations sont capables d'aider l'ingénieur à
comprendre le comportement hydrologique du bassin et par conséquent son régime d'écoulement.

Les méthodes les plus utilisées au Maroc sont la méthode des débits spécifiques et la méthode
régionale de Francou Rodier .

 Méthode des débits spécifiques

On indice par A les données relatives au bassin jaugé et dans lequel une station hydrométrique a
fourni des données formant une base pour une étude statistique qui permettra de calculer le débit
QA(T) ;

Et par B les données relatives au bassin non jaugé et dont lequel on veut calculer le débit de
projet pour la réalisation d’un ouvrage hydraulique.

Prof N. SERHIR 2- Calcul Débit de projet


La méthode des débits spécifiques consiste à évaluer le débit QB recherché à partir de QA en tenant
compte uniquement de l'influence respective des surfaces des bassins versants.
Cela revient donc à négliger les autres facteurs qui contribuent au comportement hydrologique de
chacun des bassins: ,nature sol et végétation , topographie, ....
Elle suppose que si ces facteurs sont identiques pour les deux bassins, (Ce qui n'est pas toujours vrai.),
alors les débits spécifiques pour une même période de retour seront identiques .
Ce qui permet d'écrire :
QA (T ) QB (T )

SA SB
 La méthode régionale de Francou – Rodier

La méthode utilise une formule empirique régionale. La plus utilisée au Maroc est celle de Francou -
Rodier : K
S (1 )
Q  106 ( 8 ) 10
10
K est le paramètre de Francou Rodier. La méthode
consiste à transférer ce paramètre régional estimé pour un bassin jaugé, au bassin non jaugé concerné
par la détermination du débit de projet.

La première étape de l'utilisation de la méthode régionale consiste à calculer le paramètre K ,


connaissant le débit de crue QA , calculé pour une période de retour T, dans le bassin jaugé de
superficie SA.
QA peut être calculé par une étude statistique appliquée aux données observées dans le bassin, ou par
la méthode rationnelle . Le choix de la méthode dépend des données disponibles dans le bassin
jaugé et de la période de retour T de la prévision .

La deuxième étape du calcul consiste à utiliser la même valeur de K pour calculer le débit de crue
dans le bassin non jaugé de superficie SB . La formule de Francou Rodier est donc utilisée pour cette
extrapolation.

Le calcul de K peut s'effectuer facilement en procédant par un changement de variable logarithmique


sur la formule de Rodier :
K (T )
log(QA (T ))  6  (1  ) (logS A  8)  K (T )
10
ensuite l'extrapolation au bassin B donne :
K (T )
S 1
QB (T )  10 ( B8 )6 10
10
Une bonne connaissance est acquise sur la variation de ce
facteur en fonction des régions marocaines : 4.0  k  5.0

2-2 / Les méthodes empiriques de prédétermination

Plusieurs formules empiriques existent dans dans la littérature. On en citera les relations suivantes:

Prof N. SERHIR 3- Calcul Débit de projet


 Formules empiriques fonction de la superficie du bassin
D'une manière générale, le débit spécifique d'une crue diminue lorsque la surface du bassin
augmente. Cette observation a amené de nombreux auteurs à lier le débit maximum de crue à la
surface du bassin.
La plupart des formules donnant les débits maximums Q (m3/s) en fonction de l'aire du bassin versant
S (km²) s'apparentent à la formule de Myer: Q = C . S
Où C = cote "Myer" du bassin, fonction des caractéristiques du bassin
 = exposant généralement pris au Maroc égal à 0.5 (variant de 0.4 à 0.8 suivant les régions)

Appartiennent également à ce premier groupe les formules de M Hazan et Lazarevic, déterminées


particulièrement dans différentes régions marocaines. Le débit de pointe de la crue millénaire est
donné par une relation du type Q1000 = a Sb dont les coefficients varient, en fonction de la superficie
du bassin, des zones géographiques et des tranches de pluviométrie annuelle . Le tableau 1 en
présente la synthèse :

Table Zone géographique Relation (m3/s) Pluviométrie (mm)


au 1: Rif central Q1000 = 15.55 S0.776 1000-1300
formul Rif occidental Q1000 = 9.78 S0.793 800-1000
es de Rif oriental Q1000 = 7.58 S0.808 600-800
Hazen Haut Atlas Saharien Q1000 = 9.38 S0.742 200-400
et Moyen Atlas Q1000 = 14.94 S0.636 700-900
Lazare Moyen Atlas Q1000 = 13.51 S0.613 500-700
vic MoyenAtlas (Karsts) Q1000 = 13.47 S0.587 400-700

Des formules régionales ont été déterminées dans le bassin du Sebou :


Ces formules sont de la forme : Q(T) = a(T) Sb.

QT : débit de pointe en m3 /s de la crue de période de retour T .


S : superficie de bassin versant (km2).
b : coefficient régional égal à 0,752.
a(T): paramètre variable suivant la zone considérée dans le bassin du Sebou et dépend de T
Le paramètre a(T) ainsi régionalisé dans le bassin du Sebou intègre l’influence de divers facteurs
de genèse des crues

Formules fonction de la période de retour de la crue


Ces méthodes sont généralement rencontrées dans la bibliographie relative à « l’étude
l’hydrologique» de dimensionnement des ouvrages de franchissement des cours d’eau au Maroc .

 Formule de Fuller

La relation suivante est proposée pour être utilisée au Maroc :

Q p = q (1 + a log (T) )(1+ 2.66/S0.3)

Avec :
Prof N. SERHIR 4- Calcul Débit de projet
Qp = débit max pour la période de retour T en m3 /s ,
S = aire du bassin versant (km2)
q = moyenne des débits maxima de chaque année, calculée d’après les données
disponibles en m3 /s , Où

a = 0.8 à 1.2 pour les oueds rifains


a = 3.0 à 3.5 pour les oueds sahariens
 Formule de Mallet et Gauthier :

Q(T )  2 K log(1  a * Pan ) * S * 1  4 log(T )  log( S ) 


1/ 2

L1/ 2
Q(T) : débit max en m3/s de période de retour T.
S = Superficie du bassin versant en km2
Pan = pluie moyenne annuelle en m
L = Longueur du talweg principal en km
K = coefficient variant de 0.5 à 6 ( 0,5 pour les grands bassins et 6 pour les petits bassins )
a = coefficient variant de 20 à 30

Au Maroc les valeurs habituellement utilisées sont k =2 et a=20.


Elle est d’une utilisation difficile à cause de l’incertitude qui pèse sur l’estimation des
coefficients k et a

 Formule de Mac – Math :

Cette formule est basée sur les observations faites sur la région sud de la Californie où les terres sont
arides.
Q(T)= K x P(24h,T) x (S0.58) x (I 0.42)

Q(T) : Débit maximal de période de retour T en (m3/s).


S : superficie bassin versant (en km2).
I : pente du plus long talweg (en m/m).
P(24,T) : Précipitation maximale de durée 24h de période de retour T (en mm).
K : Coefficient qui dépend du couvert végétal et de la topographie du
bassin versant, il varie de 0.11 à 0.43 :

K = 0.11 : bassin versant de grande dimension et de végétation.


K = 0.22 : superficie cultivée et terrain vague des zones suburbaines
K = 0.32 : terrain non aménagé , non rocheux, de pente moyenne
K = 0.43 : terrain non aménagés rocheux à forte pente.

 Formule fonction des précipitations

Parmi les formules les plus utilisées faisant intervenir les précipitations et le temps de
concentration, nous citerons spécialement celle de Turazza: (formule Italienne) :
C H (tc , F )S
Qmax ( F ) 
3.6 tc
Prof N. SERHIR 5- Calcul Débit de projet
Q = débit maximum de crue (m3/s),
C = coefficient d’écoulement du bassin pour la crue considérée,
H = Précipitation relevée pendant une durée égale au temps de concentration tc du bassin, en mm
tc = temps de concentration (h),
S = aire du bassin versant (km²).

Cette formule, qui n'est rien d'autre qu'une formule de type rationnelle, est très adaptée dans le cas
d'études de petits bassins ou de réseaux d'assainissement urbains.
Avec cette formule apparaît implicitement la notion de fréquence du débit de crue. On admet, en
effet, en première approximation que la fréquence du débit déterminé est égale à celle de l'intensité
maximale, qui est égale à la pluie maximale sur le temps de concentration, soit H/ tc, exprimée en
mm/heure.

 Remarque importante :

Les formules empiriques sont nombreuses et il faut être conscient de la fragilité et de l'étroitesse du
champ d'application de chacune d'elles. Ne perdons pas de vue que ces relations sont basées sur
l'analyse de données recueillies dans des bassins aux conditions climatologiques et topographiques
particulières, et qu'on ne peut sans vérification les extrapoler à d'autres bassins ayant des
conditions différentes de celles pour lesquelles elles ont été établies. Les dangers d'une extrapolation
inconsidérée de ces formules sont certains. Il suffit pour s'en convaincre de comparer les débits de
crue obtenus par l'application de ces différentes formules pour une même valeur des paramètres pris
en compte.
Par conséquent, il faut les utiliser avec beaucoup de réserve .

Une des façons d’optimiser l’utilisation de telles formules est de les confronter aux données de la
station hydrologique du bassin limitrophe ou du bassin similaire le plus proche, de façon à cerner au
mieux le choix des paramètres. les résultats des études de crues doivent être aussi confrontées aux
données recueillies sur le terrain de l’étude. Et ce en menant des enquêtes de crues auprès des
riverains.
Toutefois ,il faut toujours se rappeler que:
"Une mauvaise mesure vaut mieux qu'un long calcul"

2-3 / Méthode probabiliste


(confier le chapitre sur l’analyse statistique (fréquentielle) des données hydrologiques

Les méthodes probabilistes consistent à ajuster des lois de probabilité aux crues observées et à
extrapoler la meilleure loi qui représente la distribution empirique pour des périodes de retour
données. Deux problèmes majeurs se posent :

 L'ajustement:

Dans la plupart des cas, il est possible de trouver plusieurs lois de probabilité s'ajustant correctement
aux données disponibles; Selon l’objectif de l’analyse fréquentielle établie ( interpolation ou
extrapolation , prévision des crues ou étiages ) on devrait plutôt dire que l’échantillon s’ajuste bien à
telle loi dans un intervalle a-b . La confirmation avec le test d’adéquation de KHI2 et le calcul des
intervalles de confiance autour des observations s’avéreront nécessaires dans certains cas pour mieux
qualifier le choix définitif de la loi

 L'extrapolation:
Prof N. SERHIR 6- Calcul Débit de projet
L’extrapolation suite aux ajustements réalisés à des fréquences faibles nous laisse supposer que les
crues de fréquence rare ne sont qu'un prolongement des crues courantes observées. Signalons aussi
que toute
extrapolation peut donner parfois, selon la loi adoptée , des résultats qui peuvent différer de 50 à
100% pour des crues très rares.

L'ajustement et l'extrapolation des débits de crues doivent ainsi être maniés avec beaucoup de
précautions quand au choix de la loi probabiliste

2- 4 / Les méthodes hydrométéorologiques


Le principe de ces méthodes est de relier les débits de crue aux précipitations. Il s'agit d'utiliser
l'information pluviométrique pour calculer le débit de crue. La méthode rationnelle recommandée
pour des petits bassins versants permet d’établir des prévisions acceptables à des période de retour
allant de 2 à 20-25 ans et la méthode élaborée du Gradex peut être utilisée pour de grands bassins
et donne des valeurs très sécuritaires pour la prévision d’événements très rares dont T varie de 100 à
10000 ans

2-4-1 / Calcul par la méthode rationnelle :


Cette méthode est bien adaptée aux petits bassins versants dont la superficie n'excède par 150 km 2.
Elle suppose que le débit de pointe de l’écoulement ne peut être observé à l'exutoire d'un bassin
versant que lorsque toute la superficie y contribue, soit donc si la durée de l'averse généralisée est au
moins égale au temps de concentration tc du bassin.

Elle admet, entre autres, que la fréquence ou période de retour du débit maximum déterminé
est égale à celle de la pluie maximale moyenne observée dans le bassin au cours de la durée tc
La forme pratique de la relation s'écrit :
C P(tc , T ) S
Qmax (T )
3.6 tc
qui est en fait équivalente à :
C I (tc , T ) S
Qmax (T )
3.6
I (tc,T) représente l'intensité de la pluie moyenne maximale tombée au cours de tc et de période de
retour T.
I est exprimée en mm/h
S est la superficie du bassin en km2
C est le coefficient d’écoulement moyen
tc est le temps de concentration du bassin, exprimé en heures
Qmax est calculé en m3/s

L'utilisation de la méthode rationnelle nécessite le calcul du temps de concentration (confier


chapitre bassin versant ) et le Calcul de la pluie moyenne de fréquence donnée et de durée égale
au temps de concentration . Le calcul se fait selon les données de base disponibles .
On peut soit :

Prof N. SERHIR 7- Calcul Débit de projet


1. Utiliser des courbes IDF déjà définies dans la région ( confier chapitre qui traite de l’étude des
averses en hydrologie approfondie) .Les paramètres régionaux de Montana ou Talbot connus ,
on calcule l'intensité de fréquence F et de durée tc

2. Sinon il faudra traiter statistiquement les pluies max jour par poste pour calculer la pluie max
jour de fréquence F par poste et en déduire par la suite la pluie moyenne max jour bassin de
fréquence F . On calcule ensuite une pluie moyenne de durée temps de concentration , de
fréquence F , à partir de formules régionales ( voir méthode de Gradex ). Ce qui permet d’aboutir
à l'intensité moyenne max de durée tc et de fréquence F

2-4-2 / La méthode du Gradex


Cette méthode est due à MM Guillot et Duband de l'EDF Grenoble (1970), qui l'ont conçue
pour des bassins relativement imperméables dans lesquels les crues exceptionnelles sont
provoquées essentiellement par les pluies et non par la fonte des neiges.

Elle présente l'intérêt de tenir compte de l'information "pluie" pour compléter l'information "débit"
qui est en général plus courte. Généralement les échantillons de débits sont beaucoup moins étoffés
que les échantillons de pluie. Ceci veut dire que si l'on se base uniquement sur l'échantillon de débit
on aura du mal à dépasser en extrapolation des durées de retour de l'ordre de 10 ou 20 ans. Au
contraire les échantillons de pluie étant généralement plus longs, il sera plus facile de déterminer avec
suffisamment de précision la valeur centennale , millénaire par exemple. La méthode permet alors, de
remédier à la faiblesse de l'échantillon "débit" en utilisant l'échantillon "pluie", mieux connu parce que
plus long.

 Limites de la méthode

Selon le schéma classique de transformation de pluie en débit, on va s'intéresser à une pluie de durée tc
(temps de concentration) qui fait participer tout le bassin versant à l'écoulement. Si la pluie a une
durée supérieure ou égale à tc , il s'établit un équilibre et le débit à l'exutoire atteint un maximum.
On extrapolera alors les débits max dans le bassin pour les pluies de durée tc. On doit disposer
de plusieurs années de mesures pluviométriques moyennes journalières dans le bassin ( > à 10 ans) de
bonne qualité. Les débits peuvent ne pas être disponibles ou existent sur une durée très courte.

En général , il est recommandé d’appliquer cette méthode aux bassins versants assez
imperméables (pouvant atteindre la saturation pour un seuil de pluie reçu) , d'une superficie
allant jusqu'à 5000 km2 et dont le temps de concentration est compris entre 1h et 4 jours.

 fondements de la méthode

Partant de l’hypothèse de perméabilité relative vérifiée , le bassin doit avoir une capacité d’absorption
limitée . il est donc capable d’atteindre la saturation pour un seuil de pluie reçu qu’on notera P0 .
La méthode du Gradex s'appuie sur deux hypothèses :

 Pour toute pluie P reçue par le bassin supérieure à P0, l’écoulement serait intégral .

Si on note T0 la période de retour correspondant au seuil P0 pour lequel la saturation d'équilibre du sol
est atteinte alors l’écoulement généré par P0(T0) sera un débit Q(T0) de même période de retour . Il
est appelé "la charnière ou débit de saturation ".
Prof N. SERHIR 8- Calcul Débit de projet
Les auteurs préconisent que la loi probabiliste du comportement du bassin , soit la loi des
écoulements extrêmes peut être déduite de la loi probabiliste des pluies au-delà de Q(T0)

 Ils se sont aussi appuyés, à travers plusieurs études fréquentielles sur les précipitations journalières
maximales, sur le principe statistique que la loi Gumbel s'ajuste bien à cette variable hydrologique.
Ainsi si les plus fortes pluies suivent cette loi probabiliste, la représentation graphique de la
loi Gumbel, sur le papier Gumbel sera linéaire de pente 1/a (en fonction de la variable réduite
de Gumbel y )

La pente 1/a de la droite des pluies est ce qu'on appelle par le Gradex des pluies, qu’on notera Gp .
C’est un facteur climatologique qui caractérise, en fait, les risques des fortes pluies dans le bassin.

De ces deux hypothèses découle le fait que la fonction de répartition des débits extrêmes s'extrapole,
au-delà du débit de crue charnière, parallèlement à celle des pluies extrêmes, soit donc le débit Q
sera aussi linéaire par rapport à y à partir de la période de retour T0, puisque au delà de T0 ,
l’écoulement est intégral.

Ainsi, pour tout T> T0, la courbe des débits va tendre vers une loi de Gumbel (donc une droite)
parallèle à la droite des pluies extrêmes. Aux changements d'unités près ,le Gradex des débits se
déduit du Gradex des pluies de durée 24h par :
Gradex des débits (m3 /s) = Gradex des pluies(mm) * S (km2 )
3.6 * 24(h)
La figure 2 explicite graphiquement ces interprétations

Le Gradex des pluies de 24h se calcule sur les données de pluie moyennes max journalières .
Nous rappelons que le calcul du Gradex des pluies se fait par les formules étudiées dans le cadre du
chapitre de l’analyse statistique des données hydrologiques : voir loi Gumbel .

Figure 2:

Méthode du Gradex :
Extrapolation de la loi des
débits

 Calcul du Gradex des débits de durée tc :

Comme on s’intéresse au calcul du débit max ,de période de retour T pendant le temps de
concentration donc on doit calculer le Gradex des débits à partir du Gradex des pluies de durée tc .
On doit alors :
1. Calculer le temps de concentration soit tc = N heures
2. Calculer le Gradex des pluies pour une durée égale à tc :
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 On se base sur la relation régionale expérimentée au Maroc

 N 
K
P ( N heures) P ( 24 h)
24
Et on l’applique sur le Gradex de pluie moyenne de durée 24h
K un paramètre régional compris entre 0,3 et 0,5 . Une valeur de 0.3 est souvent adoptée.

3. Calculer le Gradex de débit pour une durée égale à tc :


Sbas sin
Gd (tc )  G p (tc )
tc * 3,6

Où Gp est exprimé en mm
et Gd est exprimé en m3/ s et tc en heures
S la surface du bassin en km2

 Calcul de la loi sur les débits max en période de retour T :

La loi de probabilité de Gumbel sur les débits max est valable à partir de la période de retour T0.
Elle s’écrit d’après les hypthèses précitées par :
Q( T ) = Gd ( tc ) . y (T) + Qo

Où y(T) est la variable réduite de Gumbel pour la période de retour T .


Ainsi le calcul de Qo s’effectue à partir du débit de saturation Q (T0) qui doit être connu et calculé
dans le bassin .
La méthode préconise une période de retour décennal : T0 = 10 ans , sauf recommandation
différente.
Le calcul de Q (T0) peut se faire par une méthode analogique , ou par la méthode rationnelle ou par
une formule empirique , méthodes qui restent valables pour une période de retour de 10 ans.

Si On considère Ts = 10 ans , comme le préconise la méthode , alors on peut écrire que :

Q(10) = Gd ( tc ) . y (10) + Qo

y(10) = - Ln-Ln (0.90 )= 2.25

Qo = Q(10) - Gd( tc ) . y (10)

Ainsi la relation finale s’écrit :


Q(T )  G (tc ) * y(T )  2.25 Q(10)
d
C’est la loi de probabilité de Gumbel qui permettra de calculer le débit max par Gradex pour
la période de retour T

On applique souvent un coefficient de sécurité à la valeur calculée par la méthode de Gradex ,pour
déterminer le débit de pointe de la crue de projet qu’on utilisera pour la conception d’un ouvrage
important, de période de retour dépassant les 100 ans.
Un coefficient moyen appelé de passage de l’ordre de : rp = 1.5 est recommandé .

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On peut aussi se confier aux résultats du tableau ci dessous . Il a été trouvé par des études réalisés au
Maroc et en France que rp varie entre :

1.2 et 1.7 pour des bassins versants français et de


1.2 à 3 pour des bassins versants marocains.

Zone Climat Crues Rp Ordre de grandeur de rp


FRANCE faibles faible de 1.2 à 1.7
AFRIQUE NOIRE violentes fort de 2.0 à 2.5
MAROC méditerranéen violentes fort de 2 à 2.5
MAROC atlantique faibles faible de 1.2 à 1.5
MAROC saharien extrêmes grand de 2.5 à 3

 Résumé des étapes de la méthode GRADEX

Cette méthode est basée sur le principe, selon lequel l’extrapolation de la courbe des débits vers les
fortes valeurs correspondant aux faibles probabilités de dépassement ne peut se faire raisonnablement
que de façon parallèle à la courbe des précipitations, puisqu’il ne peut pas ruisseler plus d’eau qu’il
n’en tombe et que la rétention du sol est limitée. Cela veut dire que le coefficient d’écoulement tend
vers 1 après saturation du sol .
Cette méthode admet les principes suivants :

 Les précipitations journalières s’ajustent par des lois à comportement exponentiel


simple. Donc, les valeurs maximales mensuelles ou annuelles des précipitations
s’ajustent au moins dans les valeurs fortes par la loi de Gumbel.

 Au-delà de la crue charnière, l’extrapolation de la loi des débits la plus raisonnable


consiste à porter une parallèle à la loi des précipitations.

 La loi des débits instantanés est obtenue par une affinité faite sur la loi des débits
journaliers.
Autrement dit, le passage du débit journalier se fera via un coefficient de pointe. Le choix de ce
coefficient dépendra de l’analyse des débits maximums instantanés et les débits journaliers maximums.
La conduite de la méthode du Gradex est comme suit :

 Etudier la variable aléatoire « pluie reçue par les bassins versants en 24 heures » ;
l’ajuster selon la loi de Gumbel et calculer son Gradex moyen ;

 Transformer cette valeur journalière en une valeur correspondante au temps de


concentration ;

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 Considérer le débit décennal pour chaque bassin ;

 Extrapoler la fonction de répartition débits au-delà de 10 ans (F= 0,9) par une droite
de pente égale au Gradex de pluie converti en valeur de débit en utilisant les surfaces
des bassins versants.

 Considérer un coefficient de pointe pour transformer les débits moyens en débits de


pointe.

3 - Méthode hydraulique pour le calcul d’un débit max historique


Cette méthode complémentaire permet de calculer le débit maximal instantané (Qmax) sans
fréquence . Comme elle se base sur les témoignages des riverains, nous pouvons être certains que la
fréquence de la crue la plus forte vécue au cours d’une vie humaine est proche de la centennale.
Les renseignements recueillis auprès des riverains ou les traces laissées par la crue exceptionnelle,
permettraient de lever les profils topographiques nécessaires. Il est indispensable de disposer d’un
profil en travers du cours d’eau aux environs du site considéré (jusqu’à la côte atteinte par les plus
hautes eaux Hmax) et d’un profil en long développé sur 200m au moins, répartis assez
équitablement entre l’amont et l’aval du site (à défaut des traces laissées par la crue le long des
berges, suivre le talweg du lit de l’oued).
Le calcul du Qmax historique se fera au moyen des relations bien connues en hydraulique :

Qmax = A x V (m3/s) où V =C RhI et C = 1/n Rh1/6


Dans lesquelles :

A = section mouillée pour la côte Hmax, en m2


V = vitesse moyenne, en m/s
C = coefficient de Chezy
Rh = Rayon Hydraulique, en m, il est égale au rapport de la section mouillée par le périmètre mouillé
qui se mesure au curvimètre sur le profil en travers
I = pente du lit de l’oued en mm ; elle s’extrait du profil en long ;
n = coefficient de rugosité de Manning,est tabulé en fonction de la nature du lit de l’oued et de ses
berges

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 Conclusion :
Plusieurs méthodes ont également été utilisées pour l'évaluation des débits de pointe. Nous
citerons notamment la méthode S.C.S (Soil Conservation Service), l'hydrogramme unitaire.
L'inconvénient de ces méthodes est qu'elles doivent d'abord être calées sur des bassins expérimentaux
ou disposer de données suffisantes.

Enfin nous insisterons sur le fait que tous les résultats des études de crues doivent être
confrontées aux données recueillies sur le terrain. D'où la nécessité de mener des enquêtes de crues
auprès des riverains. L'expérience a montré que ces renseignements précieux permettent de connaître
avec précision les débits de pointe, du moins jusqu'à la fréquence centenaire. C'est donc une opération
indispensable quelque soit l'aménagement, grand ou petit.

Toute valeur sur le débit obtenu doit être placée dans son contexte régional: d'où l'intérêt de
comparer entre eux les débits spécifiques. Cette approche est fort indispensable pour assurer
l'homogénéité hydrologique.

Pour conclure nous dirons tout simplement qu'il n'est pas recommandé d'utiliser telle ou telle
méthode. En effet le choix est dicté à la fois par la banque de données disponible , le bon sens et
l'initiative de l'ingénieur chargé de l'étude.

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CHAPITRE

TRAITEMENT STATISTIQUE DES DONNEES


1- Pourquoi l'analyse statistique en hydrologie ?
2- Etapes d'une analyse statistique

2-1 L'hydrologie descriptive


2-2 L'analyse
2-3 La prévision

3- Concepts de l'analyse statistique

3-1 Variable aléatoire, homogénéité, indépendance


3-2 Probabilité d'apparition d'une valeur - intervalle moyen de récurrence
3-3 Distribution d'une série statistique
3-4 La notion du risque hydrologique

4- La population , l'échantillon et leurs paramètres

- Caractéristiques de la population
- Caractéristiques de l'échantillon

5- Lois de distribution utilisés en hydrologie

5-1 Présentation des lois


5-2 Distribution normale : loi de Gauss
5-3 Distribution des valeurs extrêmes : loi de Gumbel
5-4 Principe des distributions des lois de Galton et Frechet , Pearson III

6- Pratique de l'ajustement
7- Prévision en temps de retour
8- Conclusion générale
9- Tests d’adéquation
10- Calcul des intervalles de confiance

Etudes de cas traitées en travaux Pratiques sur le logiciel HYFRAN :

 Etude statistique des pluies annuelles :


 Etude statistique des crues sur un bassin versant
 Calcul des paramètres et distribution empiriques
Ajustement à la loi de Gauss log normal, à la loi Gumbel et Frechet
 Application des tests d’adéquation
 Prévision en temps de retour
 lntervalles de confiance

Prof N.SERHIR -1- Traitement statistique


CHAPITRE

TRAITEMENT STATISTIQUE DES DONNEES

1- Pourquoi l'analyse statistique en hydrologie ?


Comment définir l'analyse statistique ?

C'est un ensemble de méthodes permettant d'étudier des phénomènes se produisant de façon


aléatoire, donc en présence d'incertitudes.

Au cours des siècles derniers, la statistique était la science de dénombrement. Il s'agissait donc
d'établir des statistiques en relevant des tableaux de chiffres à partir d'observations systématiques
concernant le phénomène étudié.

Avec le développement des mathématiques et des probabilités, il ya eu cette nouvelle conception


de la statistique introduisant la notion d'induction, c'est à dire, à partir des résultats d'expérience,
utiliser des modes de raisonnement probabilistes pour expliquer et connaître la structure interne
d'un phénomène observé. Ce qui permettra d'extraire des informations concernant ce
phénomène et par la suite faire de la prévision à court ou à long terme.

Les phénomènes hydrologiques tels que les précipitations et les écoulements sont à caractère
incertain vu le grand nombre de mécanismes et processus qui interviennent dans leur formation.
Ils constituent donc un champ d'application idéal pour ces méthodes statistiques.

En particulier, l'ensemble des hauteurs de précipitations journalières, mensuelles ou même


annuelles relevées pendant de longues périodes à une station forme une vaste série de données
assez ou même difficilement maniable. Il est donc indispensable de résumer et de condenser cette
multitude de chiffres en quelques éléments synthétiques, en nombre assez faible mais suffisant
pour caractériser la station et pour estimer l'évolution du phénomène dans le temps afin
d'extraire l'information recherchée.
La statistique est l'outillage de base dans ce type d'analyse.

Nous citons à titre d'exemple le cas d'un étude où l'ingénieur voudrait construire des ouvrages de
protection contre les inondations. Il dispose d'une série de données pluviométriques ou
hydrométriques relevées en un point du bassin. Si on résonne à court-terme, les constructions se
faisant en été, celui-ci ne connaît pas exactement l'importance de la crue printanière de l'année
suivante, ni de crues futures (à long terme). Or l'ingénieur doit assurer la sécurité des ouvrages et
se protéger contre les fortes pluies. Il doit donc dimensionner les ouvrages pour une crue
maximale probable durant toute la durée de vie du barrage (100 à 1000 ans)

Il devient donc obligatoire au concepteur d'analyser les données disponibles pour pouvoir estimer
l'importance des événements pouvant surgir pendant la période de construction (crue de
chantier) et la durée de vie de l'ouvrage (crue du projet). Il aura donc à faire une analyse
statistique fondée sur un comportement probabiliste pour évaluer l'évolution des précipitations et
des écoulements dans ce bassin à court et à long terme.
Prof N.SERHIR -2- Traitement statistique
2- Etapes d'une analyse statistique
Dans toute analyse d'un phénomène donné, la collecte des données observées pour des
périodes plus ou moins longues et en des points différents de l'espace demeure le point de départ.

Ces données doivent cependant subir des traitements spécifiques selon la nature du
phénomène à analyser et le but escompté de cette analyse.
Le traitement des données est l'ensemble des opérations qui consistent à extraire une
information précise et résumée à partir d'une série de valeurs numériques ou graphiques.

En particulier, les données hydrologiques doivent être traitées statistiquement selon trois
étapes principales :

2.1 Description
Il est de pratique de condenser l'information hydrologique s'étendant sur de nombreuses
années à une station fixe et de la remplacer par quelques caractéristiques bien choisies, à
condition, toutefois, que ces dernières représentent la série chronologique de manière quasi-
exhaustive.

Le statistique descriptive s'adapte parfaitement à ce type de problème. Elle définit certains


paramètres types analysant fidèlement le phénomène à étudier.

La série d'observations définie sera classée en ordre et décrite par trois types de paramètres :

- valeurs centrales
- paramètres de dispersion
- caractéristiques de forme des courbes de fréquence : hystogrammes

2.2 L'analyse
Cette étape consiste à formaliser les données expérimentales par une expression mathématique
tenant compte des valeurs types calculées à la première étape.

Le problème à résoudre sera de choisir le modèle probabiliste adéquat qui représente au mieux la
série expérimentale. On appelle cette phase la recherche d'un ajustement théorique adéquat.

2.3 La prévision
Dans cette étape, l'ingénieur aura à projeter dans l'avenir le modèle choisi pour pouvoir
organiser l'avenir de la façon la plus avantageuse et pour pouvoir prendre des décisions optimales
et sécuritaires.

Remarque :

Ces 3 phases de l'analyse statistique supposent que les données utilisées sont homogènes,
indépendantes et qu'elles ont subi la phase de contrôle et de critique, phase ultime pour la
fiabilité des résultats qui est en fonction de la qualité des données.
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2.4 Enchaînement des opérations dans une étude hydrologique statistique
Nous pouvons donc résumer l'enchaînement des opérations par le schéma suivant :

fixer l'objectif de l'étude

inventorier le Réseau de mesure disponible

Collecte et saisie des données brutes

Contrôle et critique
des données hydrologiques

Description : données nettes


réduites

Traitement des
Analyse : modèle Probabiliste données

Phases de l'analyse
statistique

Prévision :exploitation du modèle

3- Concepts de l'analyse statistique


3.1 Variable aléatoire - homogénéité - indépendance

L'ensemble des données obtenues par la mesure dans le temps d'un phénomène hydrologique
constitue un échantillon plus ou moins représentatif du phénomène à l'étude : population. Du
point du vue de la théorie statistique, un échantillon est un ensemble de valeurs situées au hasard
parmi une population mère qui suit une loi statistique définie.

Prof N.SERHIR -4- Traitement statistique


Comme tous les phénomènes hydrologiques sont la résultante d'une série de facteurs ayant une
influence plus ou moins grande sur le phénomène, les méthodes statistiques sont utilisées avec
avantage pour la détermination des lois du phénomène.
Il faut réaliser cependant que nous n'avons aucune liberté quant au choix de la méthode
d'échantillonnage puisque nous mesurons des phénomènes naturels, dont l'importance des
événements peut varier de l'ordinaire (cas des événements observés sur des séries de plusieurs
dizaines années) à l'exceptionnel dans les deux extrêmes (cas des crues dévastatrices rares : les
typhons, ou des étiages).

Toute déduction sur les propriétés de la population exige que l'échantillon ait été choisi au hasard
donc qu'il définit une variable aléatoire, que les diverses valeurs constituant l'échantillon soient
indépendantes les unes des autres, et que l'échantillon soit homogène, (tiré d'une même
population).
Nous n'avons pas de contrôle sur la méthode d'échantillonnage et il est raisonnable d'admettre
que chaque donnée est fournie selon les lois du hasard.

L'indépendance varie selon la nature des données. En fait, il faut noter que les débits journaliers
successifs ne sont pas indépendants les uns des autres car un débit fort une journée laisse prévoir
un débit fort pour le lendemain. Les ruissellements mensuels ou annuels, par contre, sont plus
indépendants les uns des autres et se prêtent donc mieux à des analyses statistiques.

L'homogénéité peut être vérifiée soit par des procédés purement graphiques : double-masse,
soit par des calculs statistiques : tests. Toute modification physique connue pouvant modifier le
phénomène ou les lectures des appareils de mesure laisse supposer que les échantillons pris avant
et après cette modification ne sont pas tirés d'une même population et donc que l'échantillon
global n'est pas homogène ( construction d'un réservoir qui change le régime d'un cours d'eau,
déplacement d'une station hydrométrique, etc).

Dans les exposés des méthodes statistiques qui suivront, nous supposerons que
l'indépendance et l'homogénéité existent soit de prime d'abord, soit après correction des
données .

3.2 Probabilité d'apparition d'une valeur - Intervalle moyen de récurrence


Pour le dimensionnement des structures conditionnées par un phénomène naturel, il est
important que l'ingénieur connaisse la probabilité d'apparition de ce phénomène et son
importance afin d'établir des critères de dimensionnement adéquats. Des considérations socio-
économiques ont établi certaines règles (règles de I'Art) qui font que l'ingénieur assurera des
capacités hydrauliques variables, selon le dommage qui peut résulter d'un événement dépassant
cette capacité.

Un déversoir de barrage sera conçu pour évacuer une crue d'une fréquence probable
de 0.001 à cause des dommages à la propriété et des pertes de vie qui résulteraient d'une crue
supérieure à la capacité du déversoir ( danger pour la stabilité du barrage lui-même). Par contre
un égout pluvial peut être insuffisant de temps à autre, créant certains dommages à la propriété,
dommages d'un montant inférieur toutefois au capitale qu'il aurait fallu investir pour construire
l'égout plus gros et éviter l'inondation. La capacité de l'égout pluvial sera basée sur un débit
de fréquence probable plus forte que le déversoir, de l'ordre de 0.2.

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On définit l'intervalle moyen de récurrence, dit période de retour, par l'équation :
l
T
P
P : probabilité qu'une valeur au moins égale à une valeur donnée se produise. La probabilité est
exprimée en fraction.

Un débit d'inondation dont la probabilité d'apparition ou de dépassement est 0.033 est appelé
1
crue de 30 ans ( T   30 ) car la probabilité est établie à l'aide des crues annuelles. L'unité
0.033
de temps de T est la même que celle de la variable qui a servi à déterminer la probabilité.

Il ne faut pas conclure qu'un débit de 30 ans se produira à intervalles fixes de 30 ans ou
que, s'étant produit une fois, il ne se produira plus pendant 30 ans. On doit comprendre
plutôt que sur une longue période, 300 ans par exemple, 10 crues au moins égales à ce
débit se produiront. Autrement, on peut dire qu'à chaque année, il ya 3.3% de chance
qu'un tel débit soit atteint.

Les intervalles de récurrence recommandés pour le dimensionnement de certaines structures sont


comme suit :

a- déversoirs de barrages où un crue dépassant la capacité peut mettre le barrage en


danger et créer des dommages considérables et des pertes de vie : 500 à 1000 ans ou 10
000 ans

b- ponts sur routes importantes où l'exhaussement de l'eau crée par le pont peut
entraîner des dommages importants ou la perte du pont : 50 à 100 ans

c- ponts sur routes secondaires ou ponceaux sur routes importantes : 25 ans


d- ponceaux sur routes secondaires, égouts pluviaux, fossés de drainage : 5 à 10 ans
e- égouts pluviaux de moindre importance : 1 à 2 ans

Le calcul des probabilités permet de calculer quelles sont les chances de non apparition d'une
valeur égale ou supérieure à X connaissant sa probabilité d'apparition au cours de l'année calculé
l
par : p
T
1
la probabilité de non apparition se calcule par : q  1  P  1 
T

3.3 Distribution d'une série statistique


Un échantillon hydrologique formé de n valeurs constitue une série continue dont l'effectif ou la
fréquence d'apparition varie avec la valeur de la variable. On peut construire avec cet échantillon
un histogramme ou polygone des fréquences d'apparition, une courbe des valeurs classées,
une courbe de distribution des fréquences.

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a- Polygone des fréquences d'apparition

Soit un échantillon de N observations décrivant une variable aléatoire X (x1, x2,.....xN).

La construction d'un histogramme des fréquences de la variable X consiste à graduer l'axe des
abscisses en valeur croissante de la variable étudiée et découpée en intervalles de classes. On
porte alors en ordonnée le nombre d'apparitions constatées dans chaque intervalle. On obtient
ainsi un graphique en "escalier".

b- Courbe des valeurs classées Ces courbes sont obtenues en portant :

en ordonnée : les valeurs observées, classées en ordre décroissant

en abscisse : la fréquence d'apparition de l'ensemble des valeurs supérieures à la


valeur portée en ordonnée.

Ce sont des courbes qui permettent de donner le pourcentage de probabilité où une valeur
observée a été égalée ou dépassée. Elles ont généralement l'allure d'un S horizontale.

c- La courbe de distribution des fréquences

On peut construire soit la distribution des fréquences cumulées au non dépassement soit la
distribution des fréquences cumulées au dépassement.
Si on calcule les fréquences cumulatives de toutes les valeurs inférieures ou égales à une valeur
donnée xi, on obtient la fréquence cumulée au non dépassement de cette valeur. Le classement,
dans ce cas, des valeurs observées, doit être fait en ordre croissant.

Inversement, le classement des données de l'échantillon par ordre décroissant et le calcul de la


fréquence cumulée de toutes les valeurs supérieures à une valeur donnée xi, permet de tracer la
graphique des fréquences cumulées au dépassement.

d- Fonction de densité de probabilité - Fonction de répartition

Si la taille de l'échantillon devient grande et l'intervalle de classe tend vers zéro, le polygone des
fréquences relatives sera décrit par une courbe à laquelle correspond une certaine fonction de
distribution continue f(x) dite fonction de densité de probabilité, notée fdp. Ainsi l'effectif ou
la fréquence d'apparition d'une valeur xi deviendra, la densité de probabilité f'(xi).
Soit la courbe décrivant les fréquences d'apparition des événements d'une variable X.

Fonction de distribution

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Si P(b) est la probabilité d'obtenir x < b
et si P(a)) est la probabilité d'obtenir x < a, alors la probabilité d'avoir a < x < b est :
Prob (a  x  b) = P(b) - P(a)

L'on peut démontrer que la probabilité d'avoir a < x <b


 f (x ). dx
b
Prob (a  x  b) = P(b) - P(a) = a
C'est-à-dire égale à la surface hachurée de la courbe
Si  est la plus petite valeur possible de x et  la plus grande, on aura par définition :


  f (x ). dx  1
x
f ( x ). dx  P( x ) et
 
La dernière expression est évidente, puisqu'elle exprime que la probabilité pour que x soit situé
entre les deux extrêmes possibles, est égale à 1 (ou 100% de chances).

Elle exprime aussi que la totalité de l'aire sous la courbe de la fonction de distribution est égale à
l'unité.

Une fonction de distribution f(x) est caractérisée par sa moyenne m et son écart type .

De même, la limite du polygone des fréquences cumulées définit une fonction de répartition
appelée loi de répartition de la population, notée F(x) telle que :

dF ( x )
 f ( x)
dx

Fonction de répartition

Soit un échantillon X de valeurs observées (x1, ........xN), classées en ordre croissant.

F( xi )  P( X  xi )   f ( xk )
xk xi
C'est la probabilité qu'une valeur de la variable X soit inférieure ou égale à la valeur xi.
xi
F( xi )   f ( x ) dx


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Cette fonction est connue aussi sous le nom de la fonction de répartition au Non dépassement.
Elle prend des valeurs de 0 à 1.

Par opposition, le complément de cette fonction s'appelle la fonction de répartition au


Dépassement et se définit par :

F1 (xi) = P(X > xi) = 1 - F(xi)

Le calcul au dépassement nécessite le classement de l'échantillon en ordre décroissant.


Les lois mathématiques de distribution de probabilité peuvent être comparées à la distribution de
l'échantillon disponible. Si la loi mathématique s'applique à l'échantillon, on peut déclarer que
cette loi s'applique au phénomène et en déduire les probabilités de toutes les valeurs que peut
prendre la variable étudiée.

Les échantillons étant petits en hydrologie, il sera parfois difficile de déclarer si une loi de
probabilité s'applique d'une façon absolue à un phénomène. On devra souvent se contenter
d'utiliser la loi qui semble le mieux s'appliquer au phénomène étudié, représenté d'une façon plus
ou moins parfaite par l'échantillon disponible.

3.4 Notion du risque hydrologique


Le concept du risque hydrologique est à la base du choix de la période de récurrence utilisée pour
la conception des ouvrages hydrauliques. Il représente la probabilité qu'un critère de conception
soit dépassé au moins une fois (1, 2,...........ou n fois) pendant la période de retour T calculée.

Exemple 1
Considérons la conception d'un ouvrage hydraulique : un canal conçu pour transporter un débit
de crue centenaire Q100 doit laisser passer ce débit sans qu'il y'ait inondation.
La probabilité d'apparition ou de dépassement de ce débit au cours de la 1ère année est
1
P( Q  Q100 )   F1  0 .01
100
La probabilité de non dépassement au cours de cette même année est :
P(Q  Q100) = 1 - F1 = 0.99

Si le canal doit servir pendant n années, ce qui représente la vie du projet et pendant lesquelles le
débit dans le canal doit rester inférieur à Q100, chaque année devient une expérience de type
binomial, c'est à dire à deux éventualités : dépassement ou non dépassement.

1
La probabilité au non dépassement au cours d'une année étant égale à ( 1  ), celle au cours de
T
n années est : (relation d'intersection).
n
 1
P( Q  Q100 ) , durant n années   1  
 T

On définit le risque hydrologique R comme étant la probabilité de dépassement de Q100


au cours des n années de la vie du projet. Soit donc :

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n
 1
R  1  1  
 T
Exemple 2
Quelle est la période de retour que l'ingénieur doit considérer dans le dimensionnement d'un
écluse en acceptant un risque de 10% et pour 5 années prochaines.
5
 1
R  1  1  
 T
5
 1
10%  1   1    T  48.1
 T
 T = 48 années
Exemple 3

Si on connaît qu'un débit x a une durée de retour de 100 ans , quelle est la probabilité
d'apparition de ce débit dans les 30 prochaines années ?
30
 1 
P30  R 30  1  1  
 100 
R 30  0.26

4- La population - l'échantillon et leurs paramètres

4-1 /Caractéristiques de la population


L'analyse statistique permet de définir les caractéristiques de l'échantillon. Toutefois, ce dernier ne
donne qu'une image déformée (approximative) de la population. Ces caractéristiques convergent
vers celles de la population quand sa taille grandit.

Il faudrait noter que les caractéristiques de l'échantillon sont elles mêmes de réalisations de
variables aléatoires régies par des lois de distribution. Elles sont plus ou moins dispersées autour
des caractéristiques théoriques de la population qui sont :

* l'espérance mathématique ou moyenne :


E( x )   x f ( x ) dx  m

* la variance de la population : ²

E  x  m 
2
   x  m
2
f ( x ) dx = ²

* les moments d'ordre k par rapport à la moyenne



E  x  m
k
    x  m f (x) dx = 
k
k

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4-2 / Caractéristiques de l'échantillon
Il est de pratique de condenser l'information hydrologique s'étendant sur de nombreuses années
à une station fixe et de la remplacer par quelques caractéristiques bien choisies, à condition,
toutefois, que ces dernières représentent la série chronologique de manière quasi-exhaustive.

La statistique descriptive s'adapte parfaitement à ce type de problème. Elle définit certains


paramètres types, analysant fidèlement le phénomène à étudier. Ainsi une série d'observations
peut être décrite statistiquement par trois types de caractéristiques :

- la valeur centrale ou dominante (moyenne, médiane, mode) ;


- la dispersion ou fluctuation autour de la valeur centrale (écart-type, variance,
moments centrés, quartiles) ;
- les caractéristiques de forme des courbes de fréquence des observations
(coefficient d'asymétrie, d'aplatissement) ;

Les principales valeurs calculées sont :

a- Valeur centrale ou dominante d'une série

On cherche à caractériser l'ensemble par une "valeur type", c'est à dire par un nombre unique qui
représentera, en première approximation, l'ordre de grandeur de l'ensemble des observations et
permettra la plus sommaire des comparaisons rationnelles entre deux séries ; ainsi, s'il s'agit de
résumer brièvement la série de hauteurs de précipitations annuelles afférentes à une longue
période, on choisit le plus souvent comme valeur type le "module pluviométrique annuel
moyen" défini comme la moyenne arithmétique des hauteurs de précipitations annuelles sur une
série aussi longue que possible.

Dans certains cas (répartitions dissymétriques), il peut être plus logique statistiquement parlant -
de remplacer la moyenne arithmétique par la médiane définie plus bas.

Si n est le nombre d'années d'observations et xi la valeur de l'observation afférente à l'année de


rang i, la moyenne arithmétique de la série a pour expression
n

x i
x 1

n
b- Les moyennes de position
Elles demandent pour leur détermination que la série ait été ordonnée suivant les valeurs
croissantes ou décroissantes du caractère. La plus importante est la médiane, valeur telle que la
fréquence des données plus petites et celle des données plus grandes que la médiane soient égales
à 1/2 . La médiane sépare donc l'ensemble des données en deux groupes également
nombreux.

Le premier quartile Q1 sépare la série de telle sorte que l'effectif des données inférieures soit le
quart de l'effectif total. La médiane est parfois appelée deuxième quartile. Le troisième quartile
Q3 et les centiles seraient définis d'une façon analogue.

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c- Dispersion ou fluctuation des diverses observations autour de la valeur
centrale
Cette caractéristique d'une série d'observations est essentielle pour l'ingénieur qui ne peut
généralement se contenter de la seule considération des valeurs moyennes ; elle pourra être
traduite quantitativement par l'un des procédés suivants qui sont classés par ordre de complexité
croissante :

 Intervalle de variation ou l'étendue

C'est, dans le cas que nous avons pris comme exemple, la différence entre les modules
pluviométriques de l'année la plus humide xmax et de l'année la plus sèche xmin :

W = xmax - xmin

 Coefficient de dissymétrie

Il se détermine à l'aide des quartiles trouvés sur la courbe de distribution des fréquences par la
formule :
(Q3  Q2 )  (Q2  Q1 )
C
(Q3  Q1 )
La valeur de ce coefficient C est nulle lorsque
la distribution est symétrique (loi normale).

 Variance
C'est la moyenne arithmétique des carrés des écarts par rapport à la moyenne x :

S² 
1
(n  1)
 xi  x 
2

L'on peut montrer que S² peut se mettre sous la forme :

S² 
1
 xi 2  1  xi 2
(n  1) n(n  1)
Cette dernière expression facilite
le calcul de la variance en évitant le calcul des écarts.

 Ecart type
L'écart type de l'échantillon est la notion de dispersion la plus utilisée ; elle se définit comme la
racine carrée de la variance. Il est à noter que S est l'écart type de l'échantillon, formé des n
valeurs connues ; il ne faudra pas le confondre avec  , l'écart type de la loi de distribution
théorique dont il est question plus loin.

 Le coefficient de variation Cv
Il caractérise l'importance de la dispersion autour de la moyenne :

Cv = S/ x

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 Le Coefficient d'aplatissement

C'est un coefficient de forme de la distribution. On peut l'estimer soit :


1 Q  Q1
par la formule de Kelley : Ca  . 3
2 D9  D1
4
par la formule de Pearson : Ca = 3
S4

D1 et D9 sont le 1er et le 9ème décile de la série.


4 est le moment d'ordre 4.

d- Les moments empiriques de l'échantillon

Une estimation des principaux moments utilisés en hydrologie est donnée par les formulations
Suivantes :
1
 1  x   xi
N
1
  
2
 2  S²  xi  x
N1
N
  
3
3  xi  x
N  1N  2

N  1N  2N  3   
4
4  xi  x

i : moment empirique d'ordre i

5- Lois de distribution utilisées en hydrologie


5-1/ Présentation des lois

Vu la mauvaise qualité des données (échantillons trop réduits en particulier), l'hydrologue ne peut
se montrer très difficile sur les lois théoriques qu'il utilise : aussi se contente-il d'un nombre limité
de lois :

 La loi de Gauss est utilisée pour des échantillons constitués de moyennes (en effet, la
somme de variable aléatoires quelconques tend à devenir normale si le nombre de variable pris
en compte augmente) : distribution de modules, de débits ou apports mensuels, de pluie
annuelle ou mensuelle.

 La loi de Gumbel est la seconde loi de base : sa dissymétrie constante semble très bien
adaptée aux événements extrêmes habituellement rencontrés : maxima annuels de
précipitations journalières en particulier - à condition que les précipitations soient homogènes.
Mais également débits de pointe de crues etc.
Il est parfois nécessaire d'utiliser une variable transformée Y = g(x), qui s'adaptera mieux à

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la loi de Gumbel.

 La loi de Pearson III complète ces deux lois fondamentales : à faible coefficient de
variation, elle tend vers la loi de Gauss, à coefficient de variation plus fort, elle se rapproche
de la loi de Gumbel.

 On utilise également les lois de Galton, où le logarithme de la variable suit une loi de
Gauss et la loi de Fréchet, où le logarithme de la variable suit une loi de Gumbel.

Ces lois présentent l'avantage de pouvoir être utilisées comme des lois à trois paramètres, ce qui
leur confère une souplesse presque aussi grande que celle de la loi de Pearson III.
Enfin, on trouve dans la littérature les lois de Pearson , les lois de Halphen, la loi harmonique et
bien d'autres, dont l'utilisation, beaucoup moins pratique, (sauf cas très particuliers) n'apporte rien
de plus à l'hydrologue.

Nous traiterons , avec des étude de cas détaillées , les lois de Gauss,log normale ,
Gumbel et frechet.

Distribution normale : loi de Gauss


Lorsqu'une variable x subit l'influence de causes nombreuses très petites et indépendantes les
unes des autres, les valeurs de cette variable se distribuent suivant une fonction de distribution,
dite "normale". C'est la loi la plus commune et la mieux étudiée. Elle est définie par :
1  ( x  m )²
f (x )  exp
 2 2 ²
dont les deux seuls paramètres sont la moyenne m et l'écart type .
Dans cette distribution, x peut varier de manière continue de - à + et

 f ( x). dx  1
La fonction f(x) se représente par une courbe en forme de cloche, symétrique par rapport à x =
m, admettant un maximum pour x = m et tendant asymptotiquement vers 0 pour x- et
x+.

Les points d'inflexion se situent à (m - ) et (m + ) .

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Ainsi , il ya une probabilité de 95.5% d'avoir une valeur de x dans un intervalle de 2 de part et
d'autre de la moyenne et pratiquement toutes les valeurs de x se trouveront dans un intervalle de
3 de part et d'autre de la moyenne.

Ceci explique que cette distribution s'adapte avec suffisamment de précision au


domaine de variation réel des variables observées, bien qu'en principe x puisse aller de -
 à +.

Notons maintenant que se on opère le changement de variable


x m
t

La distribution devient :
1  t²
 ( t)  .e 2 
2
(t) est appelé "distribution normale réduite" et t "variable réduite".

La distribution normale ne contient plus aucun des paramètres de la distribution de x. C'est une
loi normale de moyenne 0 et d'écart type 1.

Des tables ont été construites et permettent de donner : :

a- la probabilité d'apparition des valeurs comprises entre 0 et 1


t 1 t²
( t )  
0 2 e
2 dt

b- la probabilité cumulée au non dépassement

t 1  t²
F( t )   2 e 2 dt
On remarque que la loi normale est entièrement déterminée lorsqu'on connaît sa
moyenne m et son écart type .
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A partir d'un échantillon, la meilleure estimation de la moyenne de la distribution théorique est
la moyenne de l'échantillon x . Par contre la meilleure estimation de l'écart type de la
fonction de distribution théorique, à partir de n valeurs connues, est donné par :

  x
2

 x² 
n
S
n1

Distribution des valeurs extrêmes : loi de Gumbel

Certains phénomènes naturels de nature continue s'écartent parfois considérablement de leurs


limites normales de variation et l'analyse statistique de ces valeurs extrêmes (maximums ou
minimums) permet de prévoir leur fréquence d'apparition grâce à la théorie de Gumbel
concernant la distribution des valeurs extrêmes d'un phénomène.

Cette théorie permet de déterminer les débits de crues de longues périodes de retour, par l'étude
de la série des crues annuelles. L'échantillon est donc formé en prenant à chaque année une seule
valeur, le débit journalier maximum mesuré au cours de cette année. On pourrait faire une étude
analogue des sécheresses extrêmes en étudiant la série des débits minimums annuels. Les
pressions atmosphériques extrêmes, les températures extrêmes, les précipitations extrêmes sont
des phénomènes qui se prêtent à ce type d'analyse.

Toutefois, cette loi n'est citée que dans la littérature hydrologique. Les calculs théoriques sont très
simples à effectuer car la fonction de répartition est de forme très simple.

 a( x x 0 )
ee

F( x) 
où F(x) représente la probabilité au non dépassement de la variable x.

La variable réduite y dite de Gumbel (comparable à t, variable réduite de Gauss) est définie par :
y = a(x - x0) d'où
 e y
F( x)  e
où x est la variable étudiée
a et xo sont les paramètres de la loi.
a est un paramètre caractéristique de la dispersion

On démontre que xo est le mode : valeur la plus probable.

La loi de distributionde la variable réduite de Gumbel y est donnée par :

y = -Log (-Log (F)) F est la probabilité au Non dépassement, le Log


est népérien.

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Il suffit donc de déterminer les valeurs numériques de a et x0 lorsqu'on étudie un échantillon
donné pour connaître la probabilité de n'importe quelle valeur de x,. A cette fin, on utilise les
équations suivantes :
1
  0.78S
a
et
x  x 0.577


0
a

où S est l'écart type de l'échantillon X


x est la moyenne de l'échantillon X

Ces relations sont vraies pour un échantillon de très grande taille supérieure à 100. En fait, des
développements poussés en statistiques ont montré que ces divers coefficients sont fonction de
la taille de l'échantillon N et que pratiquement, on devrait utiliser les relations suivantes pour
calculer les paramètres de la loi de Gumbel.

1
a  N
S

x  x  1 y
 0 a
N

Dans lesquelles :
y N est la moyenne de la variable réduite de Gumbel calculée sur un échantillon de taille N
N est l'écart type de la variable réduite de Gumbel calculé sur un tel échantillon

Ces valeurs sont données au tableau 5, en fonction de N.

La loi de Galton : Loi Log Normale


Lorsque les valeurs d'une variable X ne sont pas distribuées normalement, il arrive que le
logarithme de ces valeurs soit normalement distribué.
Cette loi résulte donc de la loi Normale rendue dissymétrique positive par un changement de
variable. Ainsi, au lieu de travailler avec la variable aléatoire X(x 1 , ........xn), on travaillera avec son
logarithme (népéreen ou décimal) ou encore avec une fonction linéaire de ce logarithme. En
pratique deux applications de cette loi sont utilisées :
L x  Ln x
1. u n où
SL x
n
Ln x est la moyenne arithmétique des logarithmes népéréens des x.
SL x est l'écart type des LnX.
n

l'équation de la variable réduite u se présente sous forme d'une droite :


L x = L n x + u SL n x
n

qu'on peut tracer sur un papier gausso-logarithmique qui est le papier de la loi Log Normale.
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Cette loi est donc entièrement définie par les paramètres Ln x et SL n x .
Ainsi, la variable X suit une loi de Galton, si la variable Log X suit la loi de Gauss.
2. u = a log (x - x0) + b est une autre forme de la loi Galton
a, b et x0 sont les paramètres de la loi.
u est la variable log normale réduite centrée.

Calcul des paramètres de cette nouvelle forme

x0 se détermine en résolvant les équations :

x  x 
3
4
S 0

3 S ²  3x  x  ² 0

a et b peuvent être estimés par deux méthodes.

 La méthode du maximum de vraisemblance

1
a²  2
N 
 log ²x  x0    logxi  x 0 
N
i
i
 i 
N N²
 logx  x0 
N
i
b  a i
N

N : taille de l'échantillon
xi : les observations
log est décimal

 Méthode des moments méthode d'estimation qui considère les caractéristiques


de l'échantillon :
1.517
a
 
 S² 
log   1
 x  x0   
2
 

 a log x  x 
1.1513
b 0
a

Ce changement nous permet donc de calculer le quantile X[T], connaissant la période de retour
T. En fait, on calcule la probabilité au dépassement F :
1
F  1
T
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et on détermine la variable réduite u(F) sur les tables de Gauss. Enfin, on calcule
u ( F)  b
X( T)  10 a  x0

L'ajustement graphique à la loi log normale reste analogue à celui de la loi de Gauss, il
faudrait reporter par contre les couples (xi , fréquence expérimentale) sur un diagramme Gausso-
logarithmique.

Le plus pratique

1- On vérifie d'abord l'ajustement de la distribution empirique par rapport à la droite


L n x u S L x
théorique : x  e n

( Ln x et S L n x doivent être calculés à partir des données de l'échantillon).

Si l'alignement est visible et bon alors l'ajustement graphique est accordé.

2- Si non, on vérifie l'ajustement par rapport à la deuxième forme de u = a log (x-x0)+b

Loi de Frechet : Gumbel - logarithmique.


De la même manière, on dit que la variable X suit une loi de Frechet si la variable Log X suit
une loi de Gumbel.
La variable réduite y est définie par :

y = a (Log x - (Log X)0) où


y = -Log (-Log (F))
F est la probabilité au Non dépassement,
le Log est népérien.

On devrait utiliser les mêmes relations pour calculer les paramètres de la loi de Frechet :

Si N 100 1 S LogX
a  N

( Logx)  Logx  1 y


0
a
N

Sinon

1
  0.78S LogX
a
et 
( Logx)  Logx  0.577


0
a

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Loi Gamma incomplète à deux paramètres : loi Pearson III
Sa fonction de répartition s'écrit :
a  1 x  ax  1
 (  ) 0 e
F( x)  . x . dx

où a est un paramètre d'échelle


 est le paramètre de forme
X = a x Pour faciliter les calculs, ou posera :
1  X  1
la fdp devient : f ( X)  e .X
( )
avec (x) l'intégrale eulérienne définie par :

 x 1  t
( x)   t e dt
0

et (x) = (x-1) (x-1)


en particulier si x est un entier :
(x) = (x-1) !

La fonction factorielle d'Euler est tabulée. ( voir annexe des tables de probabilité)

La méthode des moments appliquée à la fonction Gamma permet d'obtenir les relations
suivantes :
a = x /S²
 = x² /S²

la fonction est donc entièrement définie par sa moyenne et sa variance.

 est un paramètre de forme. En fait, cette fonction admet différentes représentations en fonction
de la valeur de  qui varie de 0 à . En particulier ,si  = 25, la dissymétrie est déjà très atténuée
et pour  > 60 on obtient une courbe pratiquement symétrique et approximable par la fonction
gaussienne.

La méthode de vraisemblance permet aussi de déterminer les paramètres a et  :

Il a été démontré que  est relié à l'échantillon X(x1 ,.....xn) par la relation

 () = log x  log x

 () est la fonction complexe dont les valeurs sont tabulées Ainsi connaissant  () on
détermine  puis on calcule a par la relation.

a = / x
En particulier si  < 10, il est préférable de calculer a et  par la méthode de vraisemblance.

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-Connaissant  :
 On se fixe un certain nombre de probabilités au non dépassement (10%, 20% ,
30%) ,......90%).

 On détermine à partir des tables de la loi de Pearson III la variable X


correspondante à chaque F.
1
 On calcule ensuite le quantile x(T) correspondant à la probabilité F = 1- par
T
la
X( F )
relation : x( T) 
a

Conclusion sur le choix d'une loi


Il existe en hydrologie un arsenal fort important de fonctions de répartitions. Dans la pratique, la
seule justification à l'emploi d'une fonction de répartition est en général purement empirique : on
constate la cohérence des résultats dans un grand nombre d'applications comparables (régionales
surtout).

Parfois plusieurs fonctions de répartition peuvent être pratiquement confondues dans un


domaine d'intervalle. Pour caractériser un phénomène ; si l'on ne dispose pas d'éléments
complémentaires permettant d'aider au choix, la règle générale consiste à utiliser la fonction la
plus simple qui contient le moins de paramètres.

On peut être aussi guider dans le choix par un certain nombre de considérations empiriques. En
effet, des études menées en hydrologie ont montré que le choix peut être limité par le type de la
variable hydrologique étudiée. Ainsi pour les :

Précipitations
annuelles : loi normale - Galton - Pearson
mensuelles : loi normale - Galton - Pearson
journalières : Gamma incomplète
extrêmes : Gumbel – Goodrich

Débits annuels : loi normale - Galton - Pearson


extrêmes : Gumbel (crues), Frechet (étiages)

Dans la pratique, le lissage des distributions empiriques se fait sur un graphique gradué en
probabilité. Ceci permet d'estimer un événement de période de retour fixée ou aussi de
déterminer la probabilité d'un événement observé. Cette procédure est sans doute acceptable et
sans grand risque entre les quantiles 20% et 80% pour des échantillons de 30 à 50 observations.

A l'extérieur de cet intervalle cela devient dangereux car on s'expose à de graves incertitudes
générées par des aléas de l'échantillonnage et de certaines valeurs extrêmes. De plus ce type de
lissage est trop subjectif, deux personnes effectueront rarement un ajustement graphique
identique sur le même échantillon. Des expériences de ce genre, faites sur un grand nombre de
cas, ont montré la grande variabilité des résultats.

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6 - Pratique de l'ajustement
Quand un hydrologue fait l'ajustement d'une loi à un échantillon, c'est à peu près toujours pour
en déduire les valeurs de "Temps de retour" donné, c'est à dire pour prévoir les valeurs rares du
phénomène caractérisé par l'échantillon des valeurs observées.

Extrapoler la courbe hors de l'intervalle des points de mesure pour déterminer les valeurs du
phénomène rare est équivalent à essayer de déterminer la courbe expérimentale que
'on aurait obtenue à partir d'une série beaucoup plus longue de relevés.

Des papiers graphiques appropriés sont construits pour effectuer l’ajustement des fonctions les
plus courantes : normale, Galton et Gumbel. Ils présentent l'avantage de représenter linéairement
la fonction (x, F(x)).
Quand on étudie la distribution empirique des n valeurs d'un échantillon, on peut s'assurer
visuellement qu'une fonction choisie pour représenter cet échantillon, convient ou non. On
pourrait, éventuellement l'ajuster et estimer ainsi graphiquement les paramètres de cette loi.
Un exemplaire de chacun de ces papiers est fournie à la fin de ce chapitre .

 fréquence empirique

Dans la pratique de l'ajustement statistique, il est nécessaire d'estimer la fréquence d'apparition de


chaque événement xi de l'échantillon X de taille N (xi, i = 1 à N) étudié.

La taille des échantillons hydrologiques est le plus souvent petite (inférieure à 50). Ceci ne permet
pas de tracer un histogramme réaliste des fréquences relatives car les effectifs de chaque classe
sont faibles. Les hydrologues travaillent avec les fréquences empiriques pour établir la courbe
expérimentale des fréquences, représentative de l'échantillon.

Quelle est l'approche utilisée ?


Supposons que l'on ait observé une variable hydrologique quelconque. La pluie moyenne
annuelle, le débit maximal annuel etc.... Ceci permet de composer un échantillon de N valeurs.

On va classer les événements xi , observés dans un ordre chronologique donné, par ordre
décroissant, de sorte que x1 sera la plus grande valeur et xN la plus petite :
(x1 > x2 > ...> xi > ...... > xN).

On peut alors dire que x1 a été atteinte ou dépassée 1 fois sur ces N années, x2 a été atteinte et
dépassée 2 fois sur N années, ....., xN a été atteinte et dépassée N fois sur N années. On pourrait
donc attribuer en première approche à x1 la durée de retour N (sachant que T = l'inverse de la
N
probabilité au dépassement) à x2 , on affecterait la durée de retour ,....etc.
2
On peut donc estimer pour chaque valeur classée de rang i, une fréquence dite empirique de
dépassement qui sera assimilée à la probabilité de dépassement de la population mère infinie,
définie par :

P = Prob (X > x) = x f ( x ) dx

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La formulation exacte de cette fréquence empirique a fait l'objet de plusieurs critiques
controversées de la part des spécialistes. L'expression :
Fexp  i N : C’est la formule de Californie
i
Elle a été améliorée en introduisant des termes correctifs pour tenir compte de la taille réduite de
l'échantillon et du type des données hydrologiques étudiées.
Une formule générale est donnée par : ia
F expi ( xi )  N  1  2a
Nous retiendrons enfin de compte deux expressions les plus utilisées au Maroc :

Cas des valeurs moyennes : i  0.5 Formule de Hazen


F expi
( xi ) 
N
i
Cas des valeurs extrêmes : F expi ( xi )  N  1 Formule de Gumbel
i est le rang dans l'échantillon classé et N la taille de l’échantillon

Remarquons que si l'échantillon est classé en ordre croissant, la fréquence empirique ainsi
calculée est assimilée à la fréquence au non dépassement. S'il est classé en ordre décroissant, elle
est assimilée à la fréquence au dépassement.

7 - Prévision en temps de retour


La statistique part d'un échantillon de valeurs observées de taille N finie.
L'ajustement d'une loi probabiliste à cet échantillon, permet de :
- résumer l'échantillon
- prévoir statistiquement

Cette seconde fonction du calcul statistique, qu'est la prévision, s'opère par un calcul probabiliste
sur la loi ajustée à l'échantillon. Elle consiste à :

- extrapoler les valeurs observées : chercher la valeur centennale ou milléniale,


du phénomène à partir d'un échantillon de taille 50.

- interpoler les valeurs observées : chercher à partir de 50 ans d'observations la


valeur décennale ou médiane par exemple.

L'extrapolation permettra de prévoir les phénomènes catastrophiques : crues et étiages


exceptionnels.
L'interpolation détermine les phénomènes ordinaires, permettent de réaliser une gestion
optimale d'une retenue, d'un réseau agricole, de faire des calculs économiques etc......

Ainsi, connaissant la période de retour T de l'événement X à prévoir, on calculera le quantile X


(T) par exemple pour :

Loi de Gauss : X (T) = x + u (T) * S


u (T) est la variable réduite de Gauss, à déterminer sur les tables connaissant la
Prof N.SERHIR - 23 - Traitement statistique
1
probabilité F de non apparition de l'événement : F  1
T
x et S sont les paramètres empiriques de l’échantillon
1
Loi de Gumbel X ( T) 
y  x0
a
y est la variable réduite de Gumbel définie, connaissant la probabilité F, par :

y = -Log (-log F) , Log népérien.


1/a et x0 sont les paramètres de la loi Gumbel.

Loi Log Normale :


Suivant le changement de variable adopté , on calcule par :
L x u( F ) S L x
X (T )  e n n

OU u ( F )b
X (T )  10 a  x0
Loi de Frechet : 1
Log ( X (T ))  y (T )  ( Logx ) 0
a
y est la variable réduite de Gumbel définie, connaissant
la probabilité F, par :
y = -Log (-log (1-1/T)) , Log népérien.

8- Conclusion générale
Dans un traitement statistique des données hydrologiques, on conçoit qu'il ne faudra pas attendre
de l'échantillon une précision extraordinaire surtout dans les grandes durées de retour. En effet,
celle-ci va dépendre :

- du type de "loi" ajustée


- du mode d'ajustement
- de la qualité des mesures
- de la taille de l'échantillon

Il restera, après ajustement et prévision, à chiffrer convenablement la confiance, à accorder aux


résultats obtenus. Les tests d’adéquation de l’ajustement ( KHI deux par exemple ) et le calcul des
intervalles de confiance autour des paramètres et quantiles estimés permettent de qualifier la
validité des résultats obtenus .
De même, il faut signaler que, vu les progrès de l'informatique, il ya eu mise au point de logiciels
de calcul ( et de tracé) d'ajustement fréquentiel. Ils permettent, après introduction des N données
observées de connaître pour une ou plusieurs lois choisies:
- les paramètres estimés par telle ou telle méthode
- les quantiles calculés par une loi donnée à une probabilité donnée
- le tracé graphique des ajustements statistiques choisis
- la validité d'adéquation (test  )
2

 Les intervalles de confiance autour des paramètres et observations.

Prof N.SERHIR - 24 - Traitement statistique


9 - Les tests d’adéquation :
Il y'a toujours des écarts entre les fréquences expérimentales des valeurs observées et les
fréquences des mêmes valeurs calculées à partir d'une fonction de répartition quelconque.
Certains tests ont été développés pour évaluer l'importance de ces écarts. Ces tests peuvent
mener au rejet ou à l'acceptation de certaines fonctions de répartition.

Les tests les plus utilisés en hydrologie sont le test de  (Khi - deux) et le test de Kolmogorov
2

Smirnov.

9-1/ Le test d'adéquation de  ²


Il est donc difficile de choisir à priori, une forme de distribution théorique susceptible de s'ajuster
de manière adéquate à la distribution empirique.
L'ajustement graphique est la première étape à faire mais il ne suffit pas pour conclure sur le
choix définitif de la loi théorique.
Le test de  permet de tester la qualité d'un ajustement graphique ou numérique réalisé.
2

Principe du test
Le test de  permet de faire une comparaison entre la distribution empirique et la distribution
2

théorique.

Le principe consiste à faire l'hypothèse que les deux distributions ne diffèrent presque
pas. Si la probabilité qu'il en soit ainsi est très faible, on rejettera l'hypothèse et on conclura que
la distribution théorique ne s'ajuste pas à l'échantillon étudié.

Si au contraire, cette probabilité est forte, la loi théorique sera adoptée pour le calage de
l'échantillon.

La mise en oeuvre du test de 


2

On dispose d'un échantillon de taille N formé par les événements (X1 , X2.....XN).

On voudrait le confronter à une variable aléatoire, issue d'une population distribuée selon la loi
de probabilité F(x) à p paramètres pour laquelle on veut tester l'adéquation.

La mise en oeuvre consiste à subdiviser l'échantillon en k classes équiprobables, chacune ayant


une probabilité théorique : Pi telle que Pi = vi /N où vi est l'effectif théorique (nombre
d'éléments) de chaque classe i ( vi = N.Pi).

En réalité, l'effectif réel de chacune des classes i est une valeur ni , plus ou moins différente de vi .
Le problème est de vérifier si l'écart entre les vi et ni des différentes classes est significatif ou non.
La vérification se fait par le calcul de la moyenne des carrés des écarts entre ces deux effectifs.
Soit donc par le biais de la quantité statistique.
ni  vi 
2
k
Z²   vi
i 1
Cette quantité suit une loi de  à  degré de liberté.
2

Prof N.SERHIR - 25 - Traitement statistique


 (se lit nu) se calcule connaissant le nombre de paramètres p de la loi théorique F(x) et le
nombre de classes k.
 = k-p- 11

k  p + 2 ce qui impliquera que :

Il est évident que plus Z², notée  calculée, est faible, meilleure sera la proximité de la loi et de
2

l'échantillon.

 2 calculée dépend du découpage en k classes et le chiffre obtenu n'a un sens que si la taille de
l'échantillon est importante.
En fait, le test n'est significatif que si :
vi 
5
Critère du test d'adéquation

Dans la pratique  calculée est comparée à une valeur tabulée,  , fonction du nombre de
2 2

degrés de liberté, et du seuil de signification  imposé en général égal à 5%.

Des tables donnant la loi de  à la probabilité  de dépassement existent. D'autres tables


2

permettent de donner la loi à la probabilité au Non dépassement (1 - ).

Le critère du test se résume à la vérification suivante :

Soit Ho l'hypothèse de la validité de la loi : "l'échantillon empirique est représenté par la


loi théorique".

Ho sera rejetée si, nous avons, au seuil de signification  fixé :


 2 calculée >  2 tabulée,  , 

Nous retiendrons la loi lorsque :


 2 calculée  2 tabulée,  , 

Insistons sur le fait que ceci ne permet pas de choisir la loi mais simplement de rejeter les plus
mauvaises.

Exemple :

Supposons par exemple que pour un échantillon de taille N = 30 , on obtienne  cal = 2.


2

La loi de Gauss étant testée pour une subdivision de 6 classes.

Pour faire le test de  il faut donc avoir k  p +2 et vi  5


2

p = 2 donc k  4

Prof N.SERHIR - 26 - Traitement statistique


N = 30 donc on peut faire le test pour les subdivisions suivantes :

 30
k  4 vi 
4
5

 30
k  5 vi  6
 5  test possibe
k  6 vi  5

k7 vi  5  test non possible

faisons le test pour k = 6. On obtient alors :  2 calculée = 2

Le  tabulée devrait être déterminé pour  = k - p - 1 = 6 - 2 -1 = 3 ddl et pour un seuil de


2

5%, par exemple :  2 tab = 7.81 >  2 calculée

Ceci indique que l'on ne peut au seuil de 5% rejeter l'hypothèse de validité de la loi de Gauss. On
aura 5% de risque de se tromper sur la validité de la loi.

9-2/ Le test de Kolmogorov - Smirnov


Ce test se base sur la fonction de répartition empirique Fn (x) définie par :
Nombre d'observations
Fn ( x )  x
N
On comparera la fonction théorique F(x) qu'on veut appliquer à l'échantillon par le principe
suivant :
 On calcule la quantité Dn telle que :
N
Dn  max F ( xi )  Fn ( xi )
i 1
Pour chaque événement xi , observé, on calcule sa fréquence théorique F(xi) et Fn (xi).

Dn est la valeur maximale de toute les quantités calculées F( x i )  Fn ( x i ) .


 Le test repose sur la valeur de Dn. Si celle-ci est assez grande, la loi sera rejetée.

 Le principe consiste à déterminer la quantité DN, , fonction de la taille de l'échantillon


N, et d'un seuil de risque imposé  sur des tables appropriées au test de Kolmogorov -
Smirnov.

Dn > DN, Si alors l'hypothèse de validité est


rejetée.

Prof N.SERHIR - 27 - Traitement statistique


10 -Intervalles de confiance, limites de validité :
Pour chiffrer de façon plus précise la validité des résultats, il est bon de passer par le
calcul de l'intervalle de confiance (IC) pour un niveau de confiance p% donné.

Intervalle de Confiance sur les observations :


Il s'agit de trouver la limite du domaine à l'intérieur duquel on doit comptabiliser p% des
observations ( soit p % = 80 à 90%).

Le problème posé ici est celui de la légitimité du choix de la loi.


Est-il raisonnable de penser que tel échantillon expérimental est issu de telle loi ?

La démarche adoptée consiste à rechercher l'enveloppe théorique des points expérimentaux à


90% par exemple et à vérifier qu'il y'a bien 90% des points observés à l'intérieur de cette
enveloppe. Confier les études de cas traitées en classe.

2
On suppose que l'échantillon de N valeurs étudié ( de paramétres empiriques x et s ) est
une réalisation possibles sur une infinité de tirages possibles à N valeurs. La moyenne m et
l'écart type  sont donc deux réalisations de ce tirage. S'il s'agit d'un échantillon normal et si
l'effectif est suffisant, on peut calculer la validité de la ième valeur tirée et en déduire le
pourcentage de chance p% de la trouver entre deux limites calculées par les formules ci dessous
pour un échantillon de type gaussique et de type gumbel .

Intervalle de confiance autour d'un quantile normal X (T)



X (T )  u  .S X  X (T ) X (T ) u  .S X
1 1
2 2

S
avec S X  2  u ²(T )
2N
Intervalle de confiance autour d'un quantile de Gumbel X (T) :

X (T ) X (T )u
1
S
X
2

S 
 1  1.13t 1.1t 2
X N F F

 Ln( Ln F )0,577
t 
F 1.28

On calcule aussi l’incertitude sur les l’estimation des paramètres de la loi : moyenne et variance
en particulier :

Prof N.SERHIR - 28 - Traitement statistique


Intervalle de confiance autour de la moyenne m

 
m est intérieur à
 x  u1 S N ,x  u
1
 S N
 2 2 
 = seuil de risque : 5 à 10%
u = variable réduite de Gauss si N  30
variable de student à (N - 1) ddl si N < 30

Intervalle de confiance autour de l'écart type 

si N  50
Su  S 2N    S  u  S 2N
1 1
2 2

S² S²
si N  50 N  ²  N 2
1
2
2
 12 = valeur de  ² à /2 et (N - 1) ddl
 22 = valeur de  ² à 1-/2 et (N - 1) ddl

Prof N.SERHIR - 29 - Traitement statistique


Travaux Pratiques avec le logiciel HYFRAN
TP 1 : rang F1 Pluies annuelles
Une station pluviométrique a été classées ( en mm )
observée sur une période de 38 ans 1 0,01316 1757
Les modules annuels obtenus sont 2 0,03947 1675
résumés dans le tableau ci-aprés. 3 0,06579 1624
Ils sont classées par ordre décroissant 4 0,09211 1599
F1 la fréquence au dépassement 5 0,11842 1456
donnée par Hazen :
F1 = ( i - 0.5) / N 6 0,14474 1396
i est le rang du classement 7 0,17105 1387
8 0,19737 1344
Le but de l'application est d'étudier 9 0,22368 1337
l'ajustement de ces pluies annuelles à 10 0,25000 1312
une loi de Gauss et à une loi log
normale et de Choisir la meilleure loi 11 0,27632 1310
qui s'ajuste à cet échantillon. 12 0,30263 1293
13 0,32895 1276
 Calculer les caractéristiques 14 0,35526 1269
empiriques de l’échantillon: 15 0,38158 1269
centrales et de dispersion ;
 Tracer les histogrammes de
16 0,40789 1261
fréquences et courbes
17 0,43421 1231
expérimentales correspondants ;
18 0,46053 1228
 Calculer les courbes 19 0,48684 1226
20 0,51316 1197
correspondantes aux deux lois
étudiées : Gauss et log normale 21 0,53947 1190
22 0,56379 1182
 Effectuer l’ajustement de 23 0,59211 1153
l’échantillon aux deux lois et 24 0,61842 1149
conclure.
25 0,64474 1145
 Confirmer avec le test
d’adéquation de KHI 2
26 0,67105 1131
 Calculer les modules 27 0,69737 1118
pluviométriques de 100 , 500 et 28 0,72368 1107
1000 ans et leur IC à 95 % 29 0,75000 1047
30 0,77632 1010
 Calculer le module décennal
faible et son intervalle de 31 0,80263 998
confiance à 95% 32 0,82895 986
33 0,85526 917
 Déterminer la période de 34 0,88158 900
retour du module pluviométrique 35 0,90789 878
observé le plus fort.
36 0,93421 874
Prof N.SERHIR - 30 -
37 0,96053
Traitement statistique
794
38 0,98684 757
TP HYFRAN
Application2 : Étude des crues sur un bassin versant de 110 km².

On dispose d'un échantillon, noté X, de 18 valeurs de débit max instantanés, classés


par ordre décroissant,(cf tableau 1). On propose de lui ajuster deux lois de probabilités :
Gumbel, et Frechet. La fréquence expérimentale est calculée par Hazen.

I) Ajustement à la loi Gumbel


a) représenter la distribution empirique sur le papier Gumbel.
b) Calculer la droite de Gumbel et la tracer .

II) Ajustement à la loi Frechet

On procède à la transformation des valeurs des débits du tableau 1 en logarithmes


népériens et on ajuste à cette nouvelle variable, notée Z, la loi de Gumbel classique :
c'est ce qu'on définit par la loi de Frechet.

a) Calculer les paramètres de la loi Frechet.


b) Tracer la courbe de cette nouvelle loi sur le même papier de Gumbel utilisé en I/
c) Laquelle parmi ces deux lois s'ajuste le mieux à l'échantillon?
En déduire le débit millénaire (T = 1000).

Tableau des débits max instantannées classes en ordre décroissant

Prof N.SERHIR - 31 - Traitement statistique


TP sur HYFRAN
Application 3 : Étude Statistique des Pluies Journalières Maximales
Les tableaux ci dessous donnent les valeurs de pluie journalière maximale de 1921 à 1965.
ainsi que le classement de ces pluies par ordre croissant, avec leur fréquence de non-
dépassement calculé par Weibull.

 Tracer la courbe chronologique des pluies max


 Calculer la moyenne et l’écart type de l’échantillon.

 Calculer les paramètres de la loi de Gumbel, ainsi que la moyenne et l’écart type de la
population,
 Calculer et tracer la droite de Gumbel.
 Calculer la pluie centennale humide et son intervalle de confiance au niveau 80% et 90%.
 Conclure.

Prof N.SERHIR - 32 - Traitement statistique


Prof N.SERHIR - 33 - Traitement statistique

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