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MANIFESTATION FORUM DE LA TOPOGRAPHIE 2012

Webservices et CloudComputing
Thomas DAVID

Chaque jour, nous utilisons des services en ligne simples qui nous facilitent - ils respectent des normes de diffusion
géographique.
la vie. Nous pouvons consulter nos mails, rédiger des documents, gérer nos
agendas et ce, où que nous soyons, à la seule condition de disposer d’une Informatiquement parlant, les services
connexion Internet. Ces applications favorisent la collaboration, l’échange, web s’appuient sur des standards et
surtout le protocole REST (Representa-
le partage de l’information. L’information géographique profite également
tional StateTransfer) le plus communé-
de ces nouvelles possibilités. C’était d’ailleurs le thème du forum de l’AFT ment utilisé sur le web.
qui s’est déroulé au Lycée Eugène Livet de Nantes. Cet article fait suite Ce protocole part du principe qu’inter-
à la présentation “Webservices et CloudComputing” de ce forum. net est une immense collection de res-
sources et que chaque ressource est
accessible via une url.

A
u cours de cet article, nous allons métiers nécessitant une formation spé-
Les services web de type REST expo-
essayer de mieux comprendre cifique. Les échanges avec les autres
sent entièrement les fonctionnalités du
les principales caractéristiques organisations se résument souvent à
SIG comme un ensemble de ressources
de ces services web et leurs spécifi- l’édition de cartes papier ou à des
accessibles par la syntaxe du protocole
cités dans le domaine de la géogra- copies de fichiers.
HTTP.
phie. Nous verrons également que
L’arrivée des services web va amorcer L’énorme avantage de l’utilisation de ce
grâce aux nouveaux concepts informa-
un virage crucial dans les méthodes de protocole est l’intégration des res-
tiques qu’ils apportent, tout un chacun
partage de l’information géographique. sources du SIG dans des applications
peut créer et partager de l’information
Aujourd’hui, l’information géographique diverses et variées à partir du moment
géographique sans même disposer
est accessible en ligne, sur des portails où ces applications peuvent communi-
d’un logiciel dédié sur son ordinateur.
comme le Géoportail de l’IGN ou celui quer via des adresses url.
Mais, gardons d’abord à l’esprit que ce de Géofoncier par exemple. Elle est
Autre avantage : la relation de récipro-
qui est au cœur de nos échanges, c’est désormais diffusée entre les organisa-
cité entre les services et les clients : un
la carte que l’on souhaite transmettre. tions, via les réseaux informatiques,
service devient le client d’un autre ser-
La carte est un outil de communication sans duplication. Le mode d’accès est
vice, mais reste lui-même un service
unique, vecteur universel de collabora- élargi, à la fois en terme de capacité de
accessible par d’autres clients. On
tion. Par exemple, pour discuter d’un diffusion, de nombre et de variété des
appelle cela le “mash-up”. Appliqué à la
projet d’aménagement, chacun des utilisations. L’accès ne se fait plus uni-
cartographie, ce mash-up permet de
acteurs vient autour de la table avec ses quement depuis un logiciel profession-
superposer dans une application web,
cartes représentant sa vision du terri- nel, mais également via des applications
des services de cartes issus de différents
toire. C’est la carte de la démographie internet cartographiques riches dans un
serveurs, de différentes organisations
pour l’un, la carte des levés topogra- simple navigateur web.
pour composer une nouvelle carte.
phiques pour un autre ou celle du
Mais que sont ces services web géo-
zonage d’urbanisme pour un troisième. Mais comment ce mash-up peut-il se
graphiques et comment favorisent-ils
réaliser lorsqu’il s’agit de données géo-
Historiquement, le papier a donc long- la diffusion de l’information géogra-
graphiques ? Comment sont réglés les
temps été – et reste encore – le support phique ?
problèmes de superposition spatiale
de diffusion de la carte réalisée par des Sommairement, les services web sont
notamment ?
spécialistes : cartographes, topo- une manière d’ouvrir, d’exposer les
Là encore, la réponse vient de l’utilisa-
graphes, géomètres, experts, etc. Ces fonctionnalités d’un SIG (Système d’in-
tion de standards, non plus informa-
derniers travaillant d’abord à la main, formation géographique) via le web.
tiques cette fois, mais géographiques.
puis sur un poste de travail informatique. L’information géographique peut être
Ces normes sont gérées au niveau
diffusée au plus grand nombre, expert
Plus tard, dans les organisations, le mondial par un organisme : l’Open
ou simple usager grâce à ces services
mode client-serveur a incité à la centra- Geographic Consortium. Tout comme
web.
lisation de l’information géographique le W3C (World Wide Web Consortium)
et à son partage entre les postes de tra- Deux raisons leur permettent d’offrir un gère les standards du web, l’OGC gère
vail. A ce moment, la diffusion des don- maximum d’information géographique les normes de diffusion de l’information
nées se fait en interne et est dédiée à un au plus grand nombre : géographique. Cela garantit l’intéropé-
public averti travaillant avec des logi- - ils sont accessibles à travers des stan- rabilité des échanges de données géo-
ciels “experts” ou des applications dards informatiques, graphiques.

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Figure 1. Partage de l’information géographique
Cependant, pour répondre à la diversité norme plus récente : Web Processing Les utilisateurs grand public, eux, sont
des possibilités offertes par les services Service. plus familiers de l’utilisation des ser-
géographiques, il n’existe pas une, vices web dans des applications de
L’offre de services est donc vaste, et
mais plusieurs normes selon les types type Explorer 3D comme Google Earth
pour référencer ces services des méta-
de services. La figure 1 illustre par ou ArcGIS Explorer.
données sont utilisées. Elles servent à
exemple la variété des types de ser- Sur le web, les applications internet
rechercher de l’information au travers
vices exposés par ArcGIS for Server. riches utilisant des composants d’in-
notamment des Infrastructures de
terface client (on parle d’API) savent
Parmi eux, citons les plus usités : Données Spatiales et des catalogues de
interpréter le flux des services (une
- les services dédiés à la diffusion de métadonnées en ligne, qui s’appuient
longue chaîne de caractères) pour le
cartes, ou services de cartes, qui eux-mêmes sur des services web : les
représenter sous forme de cartes dans
répondent à la norme OGC Web Map services de métadonnées. Ces derniers
un navigateur.
Service (WMS). discutent entre eux au travers d’une
- Les services exposant plus spécifique- norme : Catalog Services Web (CSW). Sur le terrain, par l’intermédiaire des
ment des couches d’informations géo- tablettes durcies pour le professionnel
Comme le montre l’illustration de la
graphiques pouvant être exposées ou des smartphones pour le grand
figure 1, pour consommer ces services,
selon la norme Web Feature Service public, des applications cartogra-
il faut des clients ou applications. Parmi
(WFS). Lorsque les entités de ces ser- phiques utilisent des API spécifiques à
eux, se trouvent bien entendu les pos-
vices sont éditables, on parle alors de ces terminaux pour exploiter les ser-
tes bureautiques SIG ou CAO/DAO, dans
norme WFS-Transactionnel (WFS-T). vices.
lesquels, il est commun d’afficher un ser-
Mais il existe aussi d’autres types de vice de carte en guise de fond de plan Pour résumer les points que nous
services : des services de cartes en (image aérienne, carte IGN…). Ainsi, un venons de voir sur ces services web :
3D ou services de globes qui utilisent utilisateur d’une collectivité peut consom- - Les services web fournissent l’inter-
une norme héritée de Google : le KML. mer des services de fond de carte issus opérabilité entre divers logiciels fonc-
Des services de géotraitement offrant du Géoportail de l’IGN. Un topographe tionnant sur diverses plates-formes.
des possibilités avancées de mani- d’un bureau d’études peut afficher le - Ils utilisent des standards et proto-
pulation des données spatiales (ana- service web du cadastre fourni par sa coles ouverts qui les rendent acces-
lyses spatiales, extraction, croisements collectivité pour y superposer ces sibles depuis n’importe quelle page
statistiques…) accessibles selon la points de délimitation d’un projet. web. Ces standards permettent la q
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MANIFESTATION

incluant tous les aspects stockage,


infrastructure, plate-forme et applica-
tion – est certainement la plate-forme
d’esri : ArcGIS Online.

“ArcGIS Online est un nouveau sys-


tème de cartographie pour les organi-
sations, basé sur le Cloud, qui va chan-
ger la manière dont les chefs de projets
géomatiques et les responsables infor-
matiques vont envisager la cartogra-
phie et les SIG”, annonce Jack
Dangermond, président fondateur
d’Esri. ArcGIS Online fonctionne avec
tout type de données et repose sur une
plate-forme de cartographie qui permet
aux utilisateurs – sans qu’ils soient spé-
cialistes – de gérer simplement leurs
contenus géospatiaux : données,
cartes, images, applications et autres
types d’information géographique.
Cette plate-forme qui fait partie du sys-
tème ArcGIS est née début 2008 et évo-
lue rapidement. Les premières res-
sources disponibles ont été mises en
ligne par ESRI. Il s’agissait – et il s’agit
Figure 2. ArcGIS Online
toujours – d’un bouquet de services :
des services ArcGis for Server diffusant
q création d’applications clientes les données ne se trouvent plus sur l’or-
des cartes et des traitements. C’est une
consommant ces services. dinateur local – mais comme une méta-
cartographie mondiale qui s’enrichit
phore – dans un nuage (cloud) composé
Les quelques concepts informatiques année après année : image satellite,
d’un certain nombre de serveurs dis-
décrits précédemment montrent bien photographie aérienne, plan de ville et
tants interconnectés.
que la mise en œuvre de ces services plus récemment un plan topogra-
Hormis ce stockage de l’information,
nécessite de disposer d’une infrastruc- phique, des services de traitement en
d’autres principes interviennent dans
ture informatique, des compétences et ligne comme le géocodage mondial, le
une architecture “cloud”. Tout d’abord,
des moyens adéquats. géocodage inverse, le calcul d’itiné-
“l’élasticité” qui permet d’ajuster le
Cela exclut rapidement le simple utili- raire, les calculs géométriques.
nombre des serveurs à la charge
sateur qui voudrait diffuser une infor-
demandée. Et enfin, la partie visible A partir de 2010, l’espace collaboratif
mation géographique vers le plus
pour l’utilisateur : l’interface. Cette inter- ArcGIS Online est venu enrichir cette
grand nombre mais qui ne dispose
face est elle-même fournie en temps plate-forme avec pour slogan : Faciliter
pas de l’infrastructure ni des compé-
que service : c’est le SaaS ou “Software l’accès, la découverte, la visualisation et
tences informatiques nécessaires. A
as a Service”. la diffusion de l’information géogra-
ce besoin, le cloud computing offre
Le “software as a service” est facile- phique.
une réponse….
ment disponible, la plupart du temps au
Parmi les nombreuses innovations, la
Pour définir le cloud computing, travers d’un navigateur web. Il est
plus importante est la possibilité de réa-
Wikipédia, un bel exemple de partage de consommé et payé à la demande (en
liser en ligne des cartes qui elles-
l’information, nous dit que le cloud com- fonction du nombre d’utilisateurs, en
mêmes combinent des contenus en
puting ou “informatique dans le nuage” fonction du nombre de zooms sur une
ligne. ArcGIS Online ouvre ainsi de
est un concept qui consiste à déporter carte par exemple) et non plus par
nouvelles perspectives et opportunités
sur des serveurs distants, des stockages l’achat de licences.
pour visualiser géographiquement les
et des traitements informatiques tradi- Il existe déjà plusieurs systèmes de
informations et les transformer rapide-
tionnellement localisés sur des serveurs cloud computing que l’on utilise dans
ment en services web partagés et
locaux ou sur le poste de l’utilisateur. Les notre vie quotidienne : stockage en
accessibles de n’importe où.
utilisateurs ou les organisations ne sont ligne, iCloud, Google Apps, Office Web
plus gérants de leurs serveurs informa- Apps ou LotusLive… Les non-professionnels des SIG, tels
tiques mais peuvent ainsi accéder à de L’exemple le plus complet de cloud que les chargés d’études ou les déci-
nombreux services en ligne sans avoir à computing dans le domaine de l’infor- deurs ayant besoin d’information géo-
gérer l’infrastructure. Les applications et mation géographique – c’est-à-dire graphique, disposent désormais d’ou-

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modèles d’application web proposés.
Néanmoins, cette ouverture est maîtri-
sée par l’utilisateur car sur cette plate-
forme qui peut être privative, l’organi-
sation conserve la totalité de la
propriété intellectuelle et des droits sur
l’ensemble des contenus qu’elle publie.

En résumé, le cloud computing offre la


nouvelle possibilité d’ouvrir l’informa-
tion géographique au plus grand
nombre, au sein de son organisation ou
auprès du grand public, sans disposer
d’une infrastructure dédiée. Un nou-
veau mode de partage de l’information
géographique apparaît : c’est la géo-
collaboration.

En conclusion, nous sommes passés en


Figure 3. Utilisation d’une carte web ArcGIS Online
quelques années du SIG mono-poste
tils pour créer rapidement des cartes à personne de l’organisation peut visua- expert au SIG client-serveur, puis aux
partir des informations dont ils dispo- liser et interagir avec ces cartes via un services SIG web et maintenant au SIG
sent dans leurs tableaux de données ou navigateur, un smartphone, une dans le nuage disponible partout, à tout
leur fichiers texte. Un géomètre peut tablette ou tout autre périphérique moment, de n’importe quelle manière.
ainsi par un simple glisser-déposer d’un mobile. Nos acteurs réunis autour d’une table
fichier “shape”, afficher sur une carte pour discuter d’un projet d’aménage-
Au travers de cette plate-forme, il est
en ligne de ses relevés et la partager ment échangeront désormais à dis-
donc possible de faire remonter l’infor-
avec les autres interlocuteurs du projet. tance, via des plates-formes collabora-
mation, ce qui est une nouveauté. Les
tives sur lesquelles se partagent les
Une fois réalisées, ces cartes sont utili- utilisateurs peuvent découvrir des
cartes dynamiques et les points de vue
sables sur tous les environnements cartes et des applications, mais aussi
sur un même territoire. ●
informatiques : poste bureautique, définir des groupes pour collaborer et
tablette, smartphone, application web. partager leurs contenus. N’importe
C’est la notion de carte Web. La langue quel utilisateur d’un abonnement Contact
anglaise se prête bien aux formules : ArcGIS Online peut rapidement parta-
“One map. Any device. Any where”. ger des cartes en les incorporant dans Thomas DAVID
“Une seule carte accessible de partout un site web ou un blog, via un réseau Esri France
et sur n’importe quel support”. Toute social, ou en utilisant un des nombreux tdavid@esrifrance.fr

Olivier Reis Reinhard Stölzel


Ingénieur géomètre-topographe Ingénieur géomètre-topographe
ENSAI Strasbourg - Diplômé de l’Institut Interprète diplômé de la Chambre de commerce
de traducteurs et d’interprètes (ITI) de Strasbourg et d’industrie de Berlin
9, rue des Champs F-57200 SARREGUEMINES
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Télécopie : 00 49 30 97 00 52 61
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