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Mme GHARBI EYA Module: Economie Numérique 2BC /2020_2021

CHAPITRE I

LES GRANDES TENDANCES DE L’ECONOMIE NUMERIQUE

I/. A propos de l’économie numérique:


L’économie numérique est mondialement reconnue comme étant un vecteur de croissance, de
productivité et de compétitivité des entreprises, des organisations et des pays. Son caractère
transversal fait qu’elle impacte tous les domaines de la vie et les secteurs de l’économie. Il
importe de définir ce concept et ceux qui y sont relatifs pour en circonscrire l’usage par la
suite.
1. Définition de l’économie numérique :
Il n’en existe pas une seule qui soit universellement reconnue. Nous donnons ci-après celle
de la CNUCED (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement) .
Selon le Rapport 2017 de la CNUCED l’économie de l’information, ou l’économie
numérique est caractérisée par son champ d’application de base qui peut être étroit ou large.
Le champ d’application étroit concerne le secteur de la production télématique et englobent
divers services numériques (par exemple, les services des centres d’appel externalisés) et les
services de l’économie des plateformes (par exemple Facebook et Google). Le champ
d’application large comprend l’utilisation de diverses technologies numériques dans
l’exécution d’activités telles que celles menées dans les secteurs des affaires électroniques,
du commerce électronique, de l’automatisation et de l’intelligence artificielle. Cette
définition est illustrée par la figure ci-après: Représentation de l’économie numérique
Source : Rapport 2017 de la CNUCED sur l’économie de l’information

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Toujours selon la CNUCED et extrait du Rapport sur l’investissement dans le monde 2017 :
« L’investissement et l’économie numérique », l’économie numérique est l’application des
technologies numériques fondées sur internet à la production et au commerce des biens
et services. La dite production et ledit commerce des biens et services sont subdivisés en deux
: la production et le commerce des biens et services TIC et la production et le commerce des
biens et services fondés sur les TIC.

La figure suivante donne une composition de l’économie numérique qui permet également de
cerner davantage cette notion. Cette Figure illustration en trois cercles concentriques présente
une nette similarité avec la définition portant sur trois dimensions de l’encadré ci-dessus.

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2. Les drivers de l'économie numérique:

Il est tout à fait indiqué d’examiner les facteurs qui sont à la base des progrès continus que
connait le développement de l’économie numérique, à savoir les drivers. En effet, l’économie
numérique de demain est tirée par cinq drivers :
(1) le réseau, (2) les usages, (3) l’accès, (4) la régulation et business model, et (5)
l’évolution de l’écosystème.
Ces cinq drivers sont interdépendants à travers un processus vertueux qui fait que le
développement de l’un entraine celui des autres.

i. Réseau:
Une infrastructure informatique comprend les composants nécessaires au fonctionnement
et à la gestion des environnements informatiques d'entreprise. Il est possible de déployer
une infrastructure informatique au sein d'un système.
Une infrastructure informatique comprend des composants matériels, logiciels et réseau,
un système d'exploitation ainsi qu'un système de stockage des données qui sont utilisés
pour fournir des services et solutions informatiques. Ces produits peuvent être des
applications logicielles téléchargeables qui s'exécutent sur les ressources informatiques
existantes (une solution de stockage logiciel par exemple), ou des solutions en ligne
proposées par des prestataires de services

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Matériel Logiciels Réseau

• les serveurs, les Les logiciels font Les composants réseau


Datacenter, les référence aux applications interconnectés permettent
ordinateurs, les utilisées par l'entreprise, d'assurer le
routeurs, les telles que les serveurs fonctionnement et la
commutateurs et web, les systèmes de gestion du réseau, ainsi
d'autres équipements. gestion de contenu et le que la communication
système d'exploitation, par entre les systèmes
• les installations qui exemple Linux . internes et externes.
hébergent,
refroidissent et Le système d'exploitation Ces composants
alimentent un est responsable de la englobent la connexion à
Datacenter sont gestion des ressources du Internet, la compatibilité
également considérés système et du matériel. du réseau, les pare-feu et
comme des C'est lui qui établit les la sécurité, ainsi que le
composants matériels connexions entre tous les matériel tel que les
de l'infrastructure. logiciels et les ressources routeurs, les
physiques requises pour commutateurs et les
l'exécution des différentes câbles.
tâches.

ii. Les usages:


Changements fondamentaux dans les habitudes de consommations des utilisateurs et
nouveaux concepts: L’individu est devenu ATAWAD (Any Time, Any Where, Any Device).
L’individu-consommateur que nous sommes tous a muté, au moins sur trois comportements :
 l’acte d’achat,
 le magasin
 et la recherche d’information.
Les points de vente ont évolué, sont devenus connectés, passant du rôle unique de lieu d’achat
au statut de centre d’exposition, de contact avec le produit, de showroom.
Ils ont assimilé le fait que le numérique est omniprésent dans notre quotidien et a transformé
notre façon d’acheter, intégré les nouvelles attentes et nouveaux comportements : plus de 8
consommateurs sur 10 vont chercher de l‘information sur Internet avant leur sortie en
magasin. Désormais, le magasin se place dans la continuité du digital.

iii. L'accès:
Les évolutions technologiques en termes de terminaux; d’OS; et d’interfaces utilisateurs
(nouveaux écrans et objets connectés; exemples: smartphones, tablettes, smartwatch, IOT…)
ont largement contribué à étendre et faciliter l’accès de «monsieur tout le monde » aux
plateformes et aux applications que fournissent les prestataires de services sur le net.

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Quelques exemples de modèles d’accés:


 Les plates-formes multifaces: elles mettent en contact plusieurs groupes de clients
distincts mais interdépendants (avec des possibilités d'interactions)

Per exemple: AIRbnb; offre une plateforme communautaire de recherche et de réservations


entre la personne qui met à disposition son logement (le bailleur) et un locataire (ou un
client).)

 Le modèle de la première dose gratuite : un segment de clients important a la


possibilité de bénéficier de manière continue d'une offre gratuite, grâce à différentes
configurations. La gratuité assure l'effet de levier pour établir la notoriété et la
popularité.
Par exemple, le groupe de clients qui ne paye pas est « subventionné » par un autre groupe
qui achète des espaces de publicité

 Le modèle Lead-time. Le produit immatériel (logiciel, service sur le web) est payant
dans sa version la plus évoluée, la dernière version. Puis le produit devient gratuit
quelque temps après sa phase de commercialisation.
Par exemple, dans le cas d'une mise à jour d'un logiciel, le fabricant peut décider de rendre
gratuite une version antérieure (exemple les antivirus)
 Le modèle ouvert ou collaboratif : certaines entreprises innovent ou créent de la
valeur en collaborant avec des partenaires extérieurs indépendants. Il ne s'agit pas
d'une simple externalisation de l'innovation, mais d'une association aux bénéfices
mutuels pour les parties. L'entreprise partage avec l'extérieur (partenaires,
communauté de clients) ses projets, ses innovations (brevets), le travail de son
département Recherche et Développement(R&D).
Par exemple, IBM a utilisé le système d'exploitation (OS) GNU/Linux pour la promotion de
ses applications qui tournent sur cet OS, bénéficiant au passage de l'innovation de la
communauté du logiciel libre.

iv. Régulation et business model

La plupart des acquis de l’économie traditionnelle ont été largement remis en cause, ou même
complètement détruis, par internet.
Désintermédiation des chaînes de valeur, accélération des échanges commerciaux, importance
de la sociologie des marques, méthodes de ventes éclairs, transformation des produits en
services, perméabilité des frontières, abondance et volatilité de l’offre…
Tous ces phénomènes rendent les marchés du numérique difficilement accessibles pour ceux
qui manient encore les outils de la gestion de l’entreprise du XXe siècle.
Des profondes questions doivent être poser:

 Quels sont les grands principes qui distinguent l’économie numérique de l’économie
traditionnelle.

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 Quelle est l’importance des marchés bifaces ou multi-faces, et en particulier


l’économie de la gratuité ou l’économie de partage?
 Quel impact sur la sphère financière suite à l’extension des modèles de monétisation
que le web permet aujourd’hui (crypto monnaie)?

 Que sera la nouvelle approche de la création de la valeur et de la valeur ajoutée d’une


entreprise numérique pour ses clients, et que sera la nouvelle place de la notion
d’écosystèmes?

v. Evolution de l’écosystème

La notion d'écosystème d'affaire (Business Ecosystem) est un concept issu de l’analyse


stratégique des entreprises.

L’écosystème des affaires permet de comprendre la multiplicité des liens plus ou moins
directs que va tisser une entreprise avec une multitude de partenaires, formant ce que l'on
nomme une communauté de destin stratégique.

 Afin de dynamiser leurs efforts digitaux, nombreux sont les grands groupes qui
s’entourent de sociétés de service, de start-up innovantes, d’investisseurs ou d’experts
et inscrivent leurs actions dans un environnement ouvert sur l’extérieur

le cas chez Michelin( Groupe Michelin _Stratégie d'Open Innovation.html; Groupe Michelin
_Stratégie d'Open Innovation.html)

3. La transformation technologique:

La transformation numérique désigne le processus qui consiste, pour une organisation, à


intégrer pleinement les technologies digitales dans l’ensemble de ses activités. Ainsi, la
transformation numérique est une démarche continue qui consiste en l’automatisation, par le
biais des TIC, des processus internes (production, ressources humaines, administration et
finance), l’utilisation des TIC pour la dématérialisation de la gestion de la relation client et la
désintermédiation, et la réinvention du modèle économique pour se démarquer de ses
concurrents et disposer d’un avantage compétitif. La transformation numérique des
entreprises et des organisations est devenue un enjeu capital.
En effet, selon une étude du cabinet McKinsey effectuée en 2014 intitulée « Accélérer la
mutation numérique des entreprises : un gisement de croissance et de compétitivité pour la
France», les entreprises qui réussissent leur mutation numérique ont une augmentation brute
potentielle de leur résultat opérationnel de 40% alors que celles qui ne parviennent pas à
s’adapter au numérique courent le risque de voir leur résultat opérationnel baisser de 20%.
Les résultats de cette étude extrapolés dans le contexte africain où l’arrimage au numérique
est plus faible, laissent entrevoir un risque plus grand pour les entreprises dans leur processus
de transformation numérique.
La transformation numérique est ainsi, et très souvent, un phénomène disruptif. A titre
d’exemple les plateformes de gestion de la mobilité urbaine, de la finance (Fintech), des
assurances (Insurtech) ou les réseaux sociaux offrant des services de télécommunications

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traditionnelles (OTT-Over the top) ont non seulement intégré les TIC dans l’ensemble de leur
processus, mais elles ont innové en mettant en place un modèle économique leur permettant
de devancer les concurrents se trouvant déjà sur le marché. La transformation numérique, telle
que définie ci-dessus, ne saurait donc se limiter à numériser les processus et les outils
auparavant utilisés pour faire la même chose que ce que l’on faisait avant. Il s’agit en effet de
réoptimiser l’ensemble du système de production, des offres et de la relation clientèle en
tenant compte des TIC.
De manière générale et de plus en plus, la société de l’information est associée à ce qu’il est
convenu d’appeler la 4ème révolution industrielle ou encore « Industrie 4.0 ». Dans un
monde interconnecté, et qui l'est encore davantage avec l’avènement de la technologie mobile
5G, de plus en plus d’objets connectés (Internet des objets), de gigantesques volumes de
données (Big data) concernant tout (individus, organisations, équipements, services
d’éducation ou de santé, etc.) vont être échangés et traités au moyen de l’intelligence
artificielle (IA). C’est l’IA qui est à la base des systèmes dits intelligents qui ont donné lieu à
des innovations majeures comme la voiture autonome, la reconnaissance vocale ou la vision
intelligente. L’importance des données dans l’économie numérique est telle qu’elles sont
qualifiées de nouvel « or noir » en comparaison au rôle joué antérieurement par les
hydrocarbures dans l’économie.
Les services et les usages (e-santé, e-éducation, e-gouvernement, e-sécurité, e-finance, etc.) se
développent grâce aux innovations de l’IA qui devient un enjeu principal de la recherche &
développement de ce 21e siècle, comme l’a été par exemple la recherche spatiale. Cette
importance est telle que les Ministres des TIC et de l’innovation du G7ont adopté, au cours de leur
réunion en 2017, une déclaration au sujet de l’IA dans laquelle ils ont exprimé une vision de l’IA
centrée sur l’humain et axée sur l’innovation et la croissance économique et se sont engagés à
investir dans la R-D de base et la R-D appliquée précoce en vue de produire des innovations en
IA, et soutenir l’entrepreneuriat en IA.

II/. L’économie numérique au niveau mondial

1. L'évolution de l’écosystème de l’économie numérique:

Telle que précédemment définie, l’économie numérique renvoie à la production et au


commerce des biens et services TIC, ainsi qu’à la production et au commerce des biens
fondés les TIC. Dans la chaine des valeurs, les équipementiers télécom et réseaux qui
conçoivent et fabriquent les composants, matériels et logiciels (terminaux, centraux, routeurs,
passerelles, répéteur de transmission, etc.) viennent en premier, suivis par les opérateurs de
télécommunications fixes, mobiles et d’internet, puis les fournisseurs de services et
autres plateformes complètent la chaine.

La chaine des valeurs complète de l’économie numérique.

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Pour ce qui est des biens TIC (ordinateurs personnels (PC) et smartphones), les récentes
tendances montrent que les ordinateurs personnels, toutes catégories confondues (de bureau
ou portables, bureautiques) ont vu leur vente décliner de 3,6 % au troisième trimestre 2017
(juin à septembre) par rapport à la même période en 2016, selon le cabinet Gartner. Ainsi,
seulement 67 millions d'unités se sont écoulées en 2017, contre 69,5 millions d’unités en
2016. Il s'agit là du 12e trimestre consécutif de baisse des ventes. En revanche, selon le
cabinet IDC, les ventes de Smartphone dans le monde en nombre d’unités, se sont accrues de
manière soutenue, de 2011 à 2016, avant de connaitre un léger ralentissement par la suite. Il y
a lieu de noter que six équipementiers seulement détiennent 75% des parts de marché. Durant
toute cette période, leur chiffre d’affaires a constamment augmenté, malgré le léger repli, en
termes d’unités vendues. En début de la période considérée, c’est-à-dire en 2011, Nokia était
le numéro un mondial, mais il ne figure plus parmi les leaders du domaine. Samsung a pris la
1ère place depuis 2012, et se démarque de ses concurrents par les innovations ; la dernière en
date étant le smartphone pliable.

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Pour ce qui est des services TIC, et notamment des activités de fourniture des services de
télécommunications fixes et mobiles, et d’internet dans le monde, plusieurs indicateurs sont
utilisés dont

i) le taux de pénétration du téléphone fixe, du téléphone mobile, de téléphonie mobile large


bande,

ii) le pourcentage de foyers disposant d’un ordinateur,

iii) le pourcentage de foyers ayant un accès internet à domicile et

iv) le pourcentage d’individus utilisant l’internet.

De manière générale, le taux de pénétration des télécommunications fixe décline, alors que
celui du mobile et de l’internet est en hausse. Ces taux, qui constituent en fait des moyennes
mondiales, masquent les disparités énormes existant entre les pays développés et ceux en
développement.

Les services fournis au sein de l’écosystème de l’économie numérique sont divers et


variés, et en constituent le principal driver. Les plateformes (e-mail, e-commerce, musique,
vidéo, réseau social, service télécom et informatique) connaissent un essor phénoménal et
tirent vers le haut le développement des réseaux dont elles siphonnent en partie les revenus
(OTT). Certaines de ces plateformes telles que les GAFAM (Google, Apple, Facebook,
Amazon et Microsoft) ont vu leurs chiffres d’affaires (CA) exploser (326 milliards de dollars
US de CA en 2014, soit l’équivalent du PIB du Danemark, 35è puissance économique
mondiale). Elles occupent une position dominante sur le marché, après avoir racheté leurs
concurrents, innové ou développé une politique commerciale offensive. Leur croissance est
telle que, parmi les plus dix grandes capitalisations boursières, leur nombre est passé de deux
(à un moment les entreprises pétrolières dominaient) à six de 2011 à 2018. Le graphique
suivant montre que les principales capitalisations boursières en 2011 étaient constituées de
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sociétés pétrolières telles que Exxon mobil, Petrochina ou Petrobras, mais qu’en 2018, elles
ont toutes cédées la place aux GAFAM.

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Pour ce qui est des services fondés sur les TIC, malgré le manque de statistiques officielles
tel que souligné dans le rapport sur l’économie de l’information 2017 de la CNUCED «
Numérisation, commerce et développement16 », nous pouvons souligner les évolutions, par
exemple, de L'e-Gouvernement. L'utilisation des technologies de l'information et de la
communication (TIC) par les administrations publiques pour rendre les services publics
accessibles à leurs usagers et pour améliorer leur fonctionnement interne, voire les repenser
pour améliorer la transparence ainsi que la productivité de l'administration et des services
rendus, est un aspect important pour apprécier le développement de l’économie numérique.
En fait, il s’agit de rendre les informations au sein des administrations disponibles et
accessibles en ligne, de délivrer des services directement en ligne (obtention d’autorisations et
de permis divers tels que le permis de conduire, le permis de bâtir, les visas ou la déclaration
et le paiement des impôts) ou de rendre ces services publics plus accessibles. Le graphique ci-
après montre comment, de par le monde, les administrations publiques ont de plus tendance à
utiliser les TIC dans leur relation avec les citoyens.

2. l'impact économique de l'activité numérique:

L’économie numérique impacte la vie des citoyens, des entreprises, des administrations et
autres organisations en favorisant le tissage de liens sociaux, en minimisant les coûts et les
délais, en élargissant l’accès aux marchés, et en simplifiant et dématérialisant les procédures
administratives. Au niveau macro-économique, la contribution des TIC et du numérique au
PIB permet de chiffrer leur apport. Des études ont d’ailleurs montré que la croissance du
numérique et la croissance du PIB sont positivement corrélées. De même, avec la réduction
des coûts et des délais, on arrive à accroitre la productivité du travail et la rentabilisation du
capital.

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En ce qui concerne les entreprises, l’automatisation des processus et des moyens de


production et de commercialisation accroit leur productivité. Le rapport sur le
développement dans le monde 2016 du Groupe de la Banque Mondiale « Les dividendes du
numérique18» précise que les technologies numériques augmentent la productivité du capital
humain et la rentabilité dans la quasi-totalité des secteurs de l’économie. Il illustre cela par
l’exemple du Viêt-Nam où les entreprises qui font le commerce en ligne ont une productivité
totale des facteurs supérieure de 3,6 points à celle des entreprises qui n’en font pas.
Pour ce qui est de la création d’entreprises et d’emplois, deux effets sont enregistrés : D’un
côté on observe une création d’emplois et de l’autre leur destruction et redistribution. La
création d’entreprises et d’emplois est entrainée par l’innovation et la disruption qui sont au
centre des progrès de l’économie numérique. Selon le même rapport sur « Le développement
dans le monde 2016 » du Groupe de la Banque Mondiale, dans les pays en développement, le
secteur des TIC n’emploie en moyenne que 1 % environ de la population active alors que
dans les pays de l’OCDE, environ 3 à 5 % des emplois sont dans ce secteur, ce qui est faible
en comparaison de leur poids global dans l’économie. Cependant, une création d’emploi dans
le secteur des TIC crée d’autres emplois dans d’autres secteurs à cause de ses effets
multiplicateurs et dynamisant. En outre, de nouvelles opportunités de création d’entreprises et
d’emplois indépendants s’ouvrent rapidement dans l’économie numérique. Il s’agit très
souvent d’emplois de haute technicité nécessaires pour la conception et la production de
solutions logicielles et matérielles adaptées. Pour les pays et régions disposant d’une main
d’oeuvre qualifiée et bon marché, l’externalisation (à l’instar des centres d’appels) est une
source de création d’emplois non négligeable.
En revanche, la plupart des emplois manuels et les tâches répétitives et routinières (secrétaires
et employés de bureau, techniciens de fabrication ou de réparation, caissiers, chauffeurs,
gardiens, etc.) risquent d’être supprimés. Or ce type d’emplois étant habituellement peu
rémunéré et exercé par ceux ayant de faibles qualifications, il y a des risques de pertes
d’emplois. Bien plus, grâce aux avancées de l’intelligence artificielle et de la robotique,
certaines activités intellectuelles (traducteur, conseil juridique ou fiscal, etc.) pourront être
automatisées, entrainant ainsi de possibles suppressions d’emplois.

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Les experts considèrent globalement que les créations d’emplois pourront largement
compenser les pertes si des dispositions appropriées sont prises, car on assiste moins à une
destruction qu’à une redistribution des emplois. Selon le rapport 2017 du cabinet McKinsey &
Co « Jobs lost, jobs gained : work-force transitions in a time of automation20 » d’ici 2030,
ceux-ci peuvent atteindre soit 800 millions d'emplois humains, 400 millions d’emplois
humains ou 10 millions d’emplois humains, selon que le rythme de transformation soit élevé,
moyen ou lent. Malgré ces pertes d’emplois, ce même rapport prévoit qu’il y aura une
croissance de la demande de travail et par conséquent une création d’emplois nouveaux liée à
la transformation numérique estimée entre 555 millions et 890 millions d’emplois créés, soit
des valeurs largement supérieures au nombre de destruction d’emplois, et quelle que soit
l’hypothèse considérée.
La figure ci-jointe extraite du Rapport sur l’économie de l’information 2017 de la CNUCED «
Numérisation, commerce et développement» donne quelques indicateurs de mesure de
l’économie numérique.

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Conclusion

L’économie numérique a attiré beaucoup d’attention, avec des titres de plus en plus forts
offrant des scénarios apocalyptiques et à couper le souffle. Certains avertissent des pertes
d’emplois dues à l’automatisation, d’autres se demandent ce que la technologie numérique
peut faire. Et puis il y a un réel scepticisme quant à savoir si cela se traduira par une livraison
aux personnes qui en ont le plus besoin.
Cependant, avec toutes ces discussions, il y a rarement une explication de ce qu’est réellement
l’économie numérique. Qu’est-ce qui la différencie de l’économie traditionnelle? Pourquoi
devrions-nous nous en soucier?
L’économie numérique est un terme qui saisit l’impact de la technologie numérique sur les
modes de production et de consommation. Cela comprend la façon dont les biens et services
sont commercialisés, échangés et payés.

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On a exposé que les révolutions technologiques de ces dernières années induisent de


nouveaux comportements de consommateurs, de nouveaux métiers, de nouveaux marchés.
Une nouvelle économie numérique a vu le jour, réactive, mobile, multiforme, elle est en
pleine croissance, et les opportunités sont nombreuses.

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