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CARTOGRAPHIE EN LIGNE ET GÉNÉRALISATION

par Julien Gaffuri


JRC – IES – SDI unit
Via Enrico Fermi, 21027 Ispra, Italie
Julien.Gaffuri@gmail.com

Les cartes en ligne pourraient être améliorées par l’utilisation des méthodes de cartographie numérique
existantes, en particulier de généralisation automatique. Cet article analyse les raisons de la sous-utilisation
des méthodes de généralisation automatique pour la cartographie en ligne et présente des solutions pour
introduire ces méthodes sur Internet.

1 Introduction Cet article s’intéresse à l’utilisation de ces techniques


dans le contexte de la cartographie en ligne. Dans une
Internet est devenu le principal moyen de diffusion de première partie, les raisons de la difficulté d’utiliser la
l’information géographique. Une part importante des généralisation en ligne sont présentées en comparant
cartes est de nos jours diffusées en ligne. Ce change- les architectures des systèmes de cartographie en ligne
ment a permis de faire émerger de nouveaux usages de et de généralisation. Nous donnons ensuite des recom-
l’information géographique et a également dynamisé la
mandations pour évoluer vers une architecture permet-
démocratisation et la visibilité des sciences de l’informa-
tant la généralisation en ligne.
tion géographique. La plupart des applications en ligne
qui nécessitent une prise en compte de l’espace géogra-
phique s’appuient désormais sur des outils de cartogra-
2 Généralisation et cartographie en
phie. Dans la majorité des cas, les utilisateurs sont satis- ligne: état des lieux
faits par les cartes qu’ils trouvent – il semble cependant Dans cette partie est présentée l’architecture des sys-
possible d’améliorer la lisibilité de la plupart d’entre elles tèmes de généralisation et de cartographie en ligne afin
en utilisant des techniques de cartographie numérique de déterminer les obstacles à leur utilisation conjointe.
largement utilisées en cartographie « hors-ligne ».
2.1 Architecture des systèmes de générali-
La figure 1 montre des exemples de cartes en ligne
comportant des problèmes évidents de conception. Sur
sation
les cartes a et b, des groupes de symboles ponctuels Les techniques de généralisation existantes sont lar-
trop denses sont illisibles et devraient être remplacés par gement basées sur la séparation entre généralisation de
des symboles agrégés. Les réseaux représentés sur les modèle et généralisation graphique.
cartes c et d sont trop denses – leur lisibilité pourrait être
améliorée s’ils étaient convenablement simplifiés. La généralisation de modèle (aussi appelée géné-
Finalement, le tronçon routier représenté en orange sur ralisation conceptuelle) est la transformation de concepts
la carte se superpose à lui-même et pourrait être défor- détaillés en concepts plus généraux lorsque l’échelle de
mé pour être plus lisible. représentation diminue. La figure 3 présente l’exemple
du concept « bâtiment » qui, lorsque l’échelle diminue,
L’opération qui a pour objectif de résoudre de tels pro- tend à disparaître pour laisser la place au concept plus
blèmes de lisibilité est la généralisation cartographique. général de « zone bâtie », qui est à son tour remplacé
C’est une opération de simplification des données carto- par le concept de « ville » à une échelle encore plus peti-
graphiques lorsque leur échelle de représentation dimi- te. Bâtiments, zones bâties et villes représentent la
nue. Elle améliore la lisibilité de la carte en la simplifiant, même réalité, mais à différentes échelles de perception
tout en conservant et en mettant en valeur l’information et niveaux de détail.
importante (qui dépend du besoin de l’utilisateur). Pour
atteindre cet objectif, différents types de transformation La généralisation graphique est la transforma-
sont appliqués aux objets représentés (fig. 2). La géné- tion des objets pour les rendre lisibles : les objets trop
ralisation cartographique est une étape clef dans la petits sont agrandis, ceux qui se superposent ou sont
conception d’une carte – son automatisation a fait l’objet trop proches sont déplacés, etc. La figure 4 présente
de nombreux travaux de recherche. De nos jours, des deux exemples de généralisation graphique pour un
techniques de généralisation automatique existent et groupe de bâtiments et une ligne sinueuse. Avec une
sont de plus en plus utilisées. simple symbolisation des objets vecteurs initiaux, des
problèmes de lisibilité apparaissent : bâtiments et

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route sont trop proches et se superposent. La route carte. La carte est finalement produite en appliquant
sinueuse se superpose à elle-même. Des opérations les symboles de la légende aux objets de la base de
de généralisation graphique (déplacement, déforma- données cartographique.
tion, simplification, agrégation, suppressions, etc.)
améliorent la lisibilité. 2.2 Architecture des systèmes de carto-
graphie en ligne
La généralisation cartographique nécessite les
deux types de transformation : pour améliorer la lisi- Les techniques et normes de cartographie en ligne
bilité d’une carte, les objets doivent être agrégés pour font l’objet de nombreux travaux de recherche.
représenter les concepts adaptés à l’échelle, et les Depuis l’apparition de normes et formats ouverts et
objets cartographiques doivent être transformés pour d’interfaces de programmation (API) cartographique,
être lisibles. La généralisation de modèle est habi- l’utilisation de la cartographie en ligne a explosé ces
tuellement appliquée avant la généralisation gra- dernières années. (Peterson, 2005 ; Peterson, 2008)
phique. décrit les principes de la cartographie en ligne, com-
ment elle est utilisée de nos jours, et l’impact de ses
De nombreuses méthodes ont été développées principes sur notre façon de faire des cartes. Des
pour automatiser les deux types de généralisation. Il nombreuses publications issues, en particulier, des
existe de nombreux algorithmes géométriques auto- travaux de la commission de l’ACI sur la cartographie
matisant les opérations présentées sur les figures 2, et l’Internet (http://maps.unomaha.edu/ica) attestent
3 et 4. Des méthodes d’analyse spatiale dédiées à la de l’évolution de la cartographie depuis l’apparition
généralisation ont également été mises au point. d’Internet.
Enfin, des méthodes d’intelligence artificielle ont été
appliquées avec succès pour permettre d’automati- Comme toute application en ligne, les systèmes
ser le processus complet de généralisation. La plu- de cartographie ont une architecture client-serveur.
part des techniques de généralisation actuelles sont Leur architecture est celle qui est présentée en figu-
présentées dans (Mackaness et al., 2007) et sur le re 6.
site Internet de la commission de l’ACI [Association
cartographique internationale] en généralisation et Les serveurs stockent et diffusent des données
représentation multiple (http://aci.ign.fr). cartographiques à travers le réseau. Les serveurs de
cartographie en ligne diffusent deux types de don-
De nos jours, la plupart de ces techniques sont uti- nées : des données raster (ou images), et des don-
lisées par des producteurs de données de plus en nées vecteur.
plus nombreux, en particulier par les agences carto-
graphiques pour automatiser leurs processus de pro- Les serveurs raster fournissent des données ras-
duction de données et de cartes. L’architecture ter qui sont habituellement stockées dans un dépôt
des systèmes de généralisation est présentée en d’images tuilées multi-échelle, chaque niveau corres-
figure 5. pondant à une échelle de visualisation. Ces images
tuilées peuvent provenir de photos aériennes ou de
Un système de généralisation produit des don- cartes scannées. Souvent, ces tuiles proviennent de
nées généralisées et des cartes à partir de données cartes produites à partir d’une base de données vec-
géographiques vectorielles en entrée. Ces données teur multi-échelle à partir de méthodes de cartogra-
sont intégrées au sein d’une unique base de données phie numérique usuelles. Cette étape de symbolisa-
maîtresse. De cette base de données maîtresse sont tion des objets vecteurs est parfois appelée « rendu »
dérivées d’autres bases de données à l’aide de tech- dans le contexte de la cartographie en ligne. Les don-
niques de généralisation de modèle. Les bases de nées sont diffusées via des normes de diffusion
données maîtresses et dérivées sont habituellement comme par exemple WMS.
intégrées dans une base de données unifiée multi-
échelle – dans une telle base de données, les liens Les serveurs vecteur diffusent des données vec-
entre les différentes représentations des objets à dif- teur dans différents formats souvent basés sur XML
férentes échelles sont explicites. Pour produire une (KML, SVG, GML, etc.). Cette diffusion se base sur
carte, une base de données cartographique est tout des normes de diffusion telles que WFS. Des styles
d’abord dérivée par généralisation graphique de la d’affichage de ces données sont également diffusés
base qui contient les concepts pertinents (le choix de dans différent formats tels que GSS [Geo Style
ces concepts dépend du besoin de l’utilisateur final et Sheets], MapCSS [Map Cascading Style Sheets] ou
de l’échelle de la carte). Le processus de généralisa- encore SLD [Styled Layer Descriptor].
tion graphique prend en compte la légende de la

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Les clients chargent et affichent des données tivité toujours plus élevé : les utilisateurs veulent des
issues des serveurs en fonction de la localisation, de cartes adaptées à des besoins différents, plus ou
l’échelle et des couches de données sélectionnées moins explicites (Reichenbacher, 2007). Ils souhai-
par l’utilisateur. Les données chargées (raster et vec- tent choisir leur échelle, les données dont ils ont
teur) sont habituellement stockées côté client dans besoin, les styles qu’ils aiment, avec leurs couleurs
un cache. Les données raster sont souvent affichées préférées. Les cartes en ligne ne sont plus statiques :
en fond – lorsque plusieurs couches raster sont utili- « Si la représentation de l’information n’est pas
sées, différents niveaux de transparence apparais- contrôlée par l’utilisateur, ce n’est pas une carte. S’il
sent. Les données vecteur sont affichées au-dessus n’y a pas d’interaction, ce n’est pas une carte »
des données raster, avec une symbolisation (ou (Peterson, 2007, traduction). La généralisation carto-
rendu) à la volée prenant en compte une légende. graphique est nécessaire pour répondre à ces nou-
Certains clients comme Cartagen veaux besoins.
(http://cartagen.org) et Cloudmade (http://cloudma-
de.com) permettent à l’utilisateur de spécifier leur 2.3.2 Obstacles
style. Une fonctionnalité intéressante des clients car- L’utilisation de techniques de généralisation auto-
tographiques est leur capacité à afficher des données matiques dans le contexte de la cartographie en ligne
provenant de différents serveurs (le désormais n’est pas directe. L’intégration des deux types de sys-
célèbre effet « mashup »). Cependant, les clients car- tèmes n’est pas simple. Les systèmes de généralisa-
tographiques ne peuvent afficher qu’un nombre limi- tion n’ont pas été conçus pour la cartographie en
té de couches de données à cause des problèmes de ligne, et les systèmes de cartographie en ligne ne
lisibilité – l’immense majorité des clients affichent un sont pas prêts à accueillir les outils de généralisation.
simple fond raster avec une couche d’objets ponc- Nous avons identifié les obstacles suivants.
tuels, voire linéaires (fig. 7).
L’obstacle des données raster : les techniques
2.3 Généralisation et cartographie en de généralisation nécessitent des données vecteur,
alors que les serveurs de données cartographiques
ligne
fournissent encore, dans la grande majorité des cas,
Dans cette partie, nous présentons les bénéfices uniquement des données raster.
potentiels et les obstacles à l’application de tech-
niques de généralisation en cartographie en ligne. La contrainte temporelle : la cartographie hors
ligne n’a pas (ou relativement peu) de contrainte de
2.3.1 Bénéfices délai. Au contraire, les cartes en ligne doivent être
Lorsque la question « la généralisation cartogra- produites rapidement, voire instantanément. Si la
phique est-elle toujours nécessaire ? » est posée, la généralisation est intégralement effectuée en prétrai-
réponse fréquente est que « la généralisation est tement côté serveur, les données publiées sont sta-
devenue inutile, car il est maintenant possible pour tiques et il n’y a aucune interactivité. Une généralisa-
l’utilisateur de zoomer et dé-zoomer où et quand il tion à la volée intégralement effectuée côté client
veut ». Cette réponse n’est pas valide car le rôle de n’est pas réaliste non plus ; elle nécessite le transfert
la généralisation est justement de montrer à l’utilisa- d’une part des données les plus détaillées, mais
teur où il a besoin de zoomer. Si l’utilisateur ne par- aussi des bibliothèques de généralisation vers le
vient pas à déchiffrer correctement l’information dont client. Les terminaux clients sont souvent, et de plus
il a besoin à une petite échelle, il ne pourra trouver en plus, pour des clients légers avec peu de mémoi-
l’endroit où il a besoin de zoomer et sera obligé de re, des capacités faibles de calcul et de transfert de
faire une recherche fastidieuse dans l’arbre des données – ils ne permettent pas une généralisation
représentations. Le temps de recherche dans une des données dans un temps satisfaisant. Le proces-
structure hiérarchique croît exponentiellement avec sus de généralisation doit donc être partagé entre
le nombre de niveaux, et peut être un obstacle pour des prétraitements côté serveur et des traitements à
l’utilisateur en quête de performance. Nous pensons la volée côté client. Il faut trouver un bon équilibre,
que le passage de la cartographie sur l’Internet ne qui dépend des capacités disponibles côtés serveur
permet pas de s’abstraire de la généralisation – l’op- et client ainsi que du degré d’interactivité.
posé est même vrai : parce que la cartographie en
ligne permet à l’utilisateur de naviguer à travers les L’obstacle de l’intégration : en généralisation,
échelles, la façon de gérer les différentes représenta- les données sont intégrées pour être généralisées
tions à différentes échelles, et donc l’utilisation de ensemble. En cartographie en ligne, il n’y a pas d’in-
techniques de généralisation, devient cruciale. La tégration – les données sont simplement affichées
cartographie en ligne évolue vers un degré d’interac- par simple superposition côté client. Les systèmes

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de cartographie en ligne ne prennent pas en comp- sible de généraliser toutes ces données pour le client.
te les relations entre les objets provenant de ser- De plus, l’interactivité est plus grande avec des données
veurs différents. Certaines étapes du processus de vecteur : les styles peuvent être personnalisés ; les
généralisation qui nécessitent la prise en compte objets peuvent être sélectionnés, etc. Un obstacle à l’uti-
de ces relations nécessitent une intégration des lisation des données vecteur côté client est que les trans-
données côté client. ferts, stockage et symbolisation des données vecteur
peuvent être lourds à effectuer. Cet obstacle peut être
L’obstacle de généricité : les techniques de dépassé si une part suffisante du processus de généra-
généralisation en ligne doivent être suffisamment lisation est effectuée côté serveur : des données généra-
génériques pour être utilisables dans la grande lisées prennent moins de mémoire et sont donc plus
diversité des données géographiques disponibles rapides à transférer, charger et traiter que des données
sur Internet. Les nouveaux usages des appareils détaillées. Si le client ne peut pas afficher la quantité de
de géolocalisation (majoritairement basés sur le données fournies par le serveur, c’est que ces données
GPS) et des réseaux sociaux contribuent à l’appa- n’ont pas été suffisamment simplifiées côté serveur.
rition d’applications cartographiques basées sur de Bien sûr, les serveurs raster peuvent toujours être utilisés
nouveaux types de données, bien différents des s’il n’est pas nécessaire de les intégrer à d’autres don-
données topographiques usuelles. Également, nées vecteur. Dans ce cas, des techniques de générali-
l’augmentation du nombre de serveurs fournissant sation cartographique peuvent être utilisées pour produi-
des données spatiales faisant partie d’infrastruc- re le dépôt d’images tuilées à partir de données vecteur.
tures de données spatiales (IDS) rend l’utilisation
des traitements de généralisation génériques enco- Généralisation de modèle côté serveur – géné-
re plus nécessaire . ralisation graphique côté client : le processus de
généralisation doit être partagé entre le serveur et le
L’obstacle de la complexité : les méthodes de client. Comme proposé par (Harrie et al., 2002 ; Sester
généralisation peuvent être complexes à utiliser et Brenner, 2005), un bon équilibre résulte de traite-
pour les développeurs Internet. ments de généralisation de modèle côté serveur,
comme un prétraitement, et du stockage du résultat
L’obstacle de la disponibilité de biblio- dans une base de données multi-échelle. Le client doit
thèques de généralisation : de nombreux compo- être capable d’interroger un tel serveur multi-échelle
sants logiciels pour la cartographie en ligne sont pour récupérer les objets pertinents pour son échelle
disponibles et largement utilisés par des commu- de visualisation, et d’effectuer des opérations de géné-
nautés d’utilisateurs nombreux et très réactifs. Ce ralisation graphique à la volée. Ce partage entre ser-
n’est pas le cas des bibliothèques de généralisation veurs et clients permet de réduire le transfert des don-
automatique. De telles bibliothèques basées sur les nées au minimum. Le client devient responsable de
normes de l’Internet devraient être mieux diffusées. l’intégration et de l’affichage de données vecteur pro-
L’interopérabilité de ces bibliothèques est aussi un venant de différents serveurs.
besoin important.
Chargement, puis généralisation progressive
La partie suivante présente des recommanda- des données : la plupart des clients cartographiques
tions pour dépasser ces obstacles et propose une actuels utilisent un affichage progressif des données.
architecture pour un système de cartographie en Les objets et images sont affichés dès qu’ils ont fini
ligne avec généralisation. d’être transférés et chargés chez le client – le client
n’attend pas que la totalité des données envoyées par
3 Vers une cartographie en ligne le serveur lui soit parvenue pour les afficher. Le même
avec généralisation affichage progressif peut être utilisé pour la généralisa-
tion : dès que les objets sont chargés, ils sont affichés,
3.1 Recommandations et commencent à être généralisés. Au fur et à mesure
La partie précédente présente les principaux pro- de leur généralisation, les états intermédiaires sont
blèmes liés à l’utilisation de la généralisation pour la affichés. Pour le permettre, il est nécessaire d’utiliser
cartographie en ligne. Nous présentons ici des solu- des algorithmes de généralisation « any time ». Les
tions possibles et des recommandations. techniques de généralisation à base de système multi
agents y sont particulièrement adaptées.
Préférence pour des serveurs cartographiques de
données vecteur : la généralisation n’est possible que Chargement des bibliothèques de généralisa-
sur des données vecteur. Si des données raster doivent tion graphique : les traitements de généralisation
être affichées avec des données vecteur, il n’est pas pos- nécessitent plusieurs composants logiciels (comme

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par exemple des programmes de transformation géo- permettant d’afficher ses données correctement.
métrique) qui ne sont pas utiles dans tous les cas. Pour aller plus loin, ces bibliothèques pourraient être
Afin de rendre le programme client plus léger, le char- publiées comme partie intégrante des jeux de don-
gement de composants logiciels nécessaires à la nées, sous la forme de méthodes d’objet.
généralisation graphique pourrait être adaptatif. Un
composant de généralisation ne serait chargé que s’il Des serveurs de légendes fournissent des styles
est utile à l’affichage des données spécifiées. cartographiques à appliquer aux données vecteur.
Afin de rendre les styles cartographiques réutilisables
Utilisation de traitements de généralisation pour des jeux de données analogues diffusés par dif-
génériques : afin de rendre la généralisation adap- férents serveurs, une harmonisation des schémas de
table à l’immense variété des données géogra- données est nécessaire. Par exemple, les schémas
phiques en ligne, les techniques de généralisation de données INSPIRE (http://inspire.jrc.ec.europa.eu)
qui ont été principalement développées pour des pourraient être utilisés dans ce but.
données spécifiques (surtout des données topogra-
phiques) doivent être « généralisées » à d’autres Le dernier composant de cette architecture est le
thèmes de données. client cartographique. Ce client est capable,
comme tous les clients actuels, de charger des don-
3.2 Architecture nées raster qu’il stocke localement dans un cache
Dans cette partie, nous proposons une nouvelle multi-échelle de tuiles. Il a aussi la capacité de char-
architecture de système de cartographie en ligne, qui ger et d’intégrer des données vecteur de différents
respecte la plupart des recommandations données serveurs. Ces données sont reçues en réponse à des
précédemment (fig. 8). Son but est d’intégrer les requêtes envoyées à des serveurs de données vec-
deux architectures présentées en figures 5 et 6. teur multi-échelles. Bien sûr, les données retournées
sont adaptées à l’échelle de visualisation. Elles sont
Ce système est composé de quatre types de ser- stockées elles aussi localement dans un cache multi-
veurs : échelle. Le client adapte les objets vecteur à afficher
en effectuant des traitements de généralisation gra-
Les serveurs raster sont identiques à ceux de la phique à la volée. Ces traitements prennent en
figure 6, sauf qu’ils utilisent des traitements de géné- compte des styles diffusés par un serveur de styles
ralisation de modèle et des traitements graphiques (ou spécifiés par l’utilisateur). L’affichage des don-
pour produire les images tuilées à partir de données nées raster et vecteur généralisées est progressif :
vecteur. les objets apparaissent dès qu’ils sont chargés à par-
tir du serveur, et leur généralisation progressive est
Les serveurs vecteur diffusent des données vec- visible. Plus l’utilisateur laisse s’écouler de temps à
teur stockées dans des bases de données multi- un endroit donné, plus le client améliore la lisibilité de
échelles. Les différentes représentations des objets à la carte à cet endroit. Parce que les différentes ver-
différentes échelles sont pré-calculées à l’aide de sions généralisées des objets sont stockées locale-
techniques de généralisation de modèle. De tels ser- ment, cette généralisation n’est pas répétée lorsque
veurs sont capables de fournir des données à un l’utilisateur navigue à travers les échelles. Aussi,
client en fonction de l’échelle de visualisation. Par lorsque l’utilisateur ajuste le style cartographique
exemple, un client va obtenir des objets « bâtiment » appliqué aux données, les objets s’adaptent-ils auto-
pour une visualisation à grande échelle, et des objets matiquement et progressivement à ce nouveau style.
« surface bâtie » pour une échelle plus petite. Une Le fonctionnement de ce client est présenté plus en
conséquence bénéfique particulièrement importante détail dans (Gaffuri, 2011).
de ce transfert dépendant de l’échelle est que la taille
des données à transférer par le réseau est quasiment 3.3 Transition
constante quelle que soit l’échelle de visualisation. La transition des systèmes de généralisation et de
cartographie en ligne existants vers celui proposé ici
Des serveurs de bibliothèques de généralisa- peut être progressive. On peut générer les actions
tion graphique diffusent des bibliothèques de géné- suivantes.
ralisation graphique à charger dynamiquement par
les clients en fonction de leur besoin en généralisa- L’amélioration des cartes raster par l’addition de
tion. Cela permet de garder un programme client techniques de généralisation au sein des logiciels de
léger. Idéalement, un fournisseur de données vecteur symbolisation (ou « rendu »), traditionnellement utili-
devrait fournir, en plus de ses données, des biblio- sés pour produire les images tuilées à partir de don-
thèques de traitement de généralisation graphique nées vecteur.

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L’inclusion de représentations multi-échelles dans – L’amélioration de la visualisation des données
les serveurs de données vectorielles, avec l’utilisa- vecteur vers le client avec l’inclusion de techniques
tion de traitements de généralisation de modèle pour de généralisation graphique.
générer les différentes représentations. Le service
Maptimize (http://v2.maptimize.com) donne un Un élément clef de cette nouvelle architecture est
exemple de tel serveur vecteur. Ce service utilise une le client décrit dans la partie précédente. Étendre les
base de données multi-échelle pour représenter des programmes client cartographique existants est cer-
données ponctuelles. Les données initiales sont tainement une tâche difficile car ils ont été conçus
chargées, puis des représentations agrégées à diffé- principalement pour des données raster. Le projet
rentes échelles sont calculées et stockées dans un OpenCarto a pour objectif de fournir des composants
serveur de données vecteur. Cette opération d’agré- logiciels pour la généralisation en ligne à l’intention
gation est une opération de généralisation de modè- d’un client cartographique tel que celui que décrit cet
le : les symboles ponctuels sont remplacés par des article. Un prototype est visible sur le site Internet du
symboles de groupes de points. La figure 9 montre projet (https://sourceforge.net/projects/opencarto/).
un exemple de ce résultat. Un tel service pourrait être
étendu à d’autres types de données. 4 Conclusion
– L’amélioration des formats de représentation Dans cet article, nous avons analysé les obstacles
vectoriels et des langages de requête associés et bénéfices potentiels de l’introduction de la généra-
(comme WFS) pour inclure l’échelle comme une lisation en cartographie en ligne. Nous avons propo-
dimension à part entière. sé une nouvelle architecture pour permettre la géné-
ralisation sur Internet. Les clients cartographiques ne
– L’harmonisation des données vectorielles diffu- sont pas des clients comme les autres : les règles
sée sur Internet et de leurs styles associés. Le projet d’affichage des cartes ne sont pas les mêmes que
INSPIRE est un exemple d’une telle initiative. celles d’autres images ou de simples pages HTML.
Serveurs et clients devraient davantage prendre en
– L’amélioration des formats de représentation des compte les spécificités des cartes, et les carto-
styles, tels que GSS et SLD. Il n’existe actuellement graphes contribuer à l’introduction de leur savoir faire
aucun format de style permettant de spécifier les sur Internet. Ce travail montre que l’amélioration des
styles cartographiques traditionnels, même les plus cartes en ligne est possible.
simples. Des formats de styles plus aboutis permet-
tant une plus grande variété et une plus grande liber-
té sont donc nécessaires.

Bibliographie
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phy, Lantmäteriet & Lund University, 2011.
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Figure 1 : Exemples de cartes en ligne comportant des problèmes de lisibilité

Figure 2 : Exemples d’opérations de généralisation (Mustière, 2001)

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Figure 3 : Généralisation de modèle : bâtiments, zones bâties et villes

Figure 4 : Deux exemples de généralisation graphique

Figure 5 : Architecture des systèmes de généralisation

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Figure 6 : Architecture des systèmes de cartographie en ligne

Figure 7 : Deux exemples de cartes en ligne typiques : une image de fond,


avec une couche vecteur (ponctuelle ou linéaire)

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Figure 8 : Proposition d’architecture pour un système de cartographie en ligne avec généralisation

Figure 9 : Résultat du service Maptimize : avant et après généralisation.

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