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Hydrogène
H2
H2
02
Transformateur
Oxygène
H,
Pileàcombustible
Anode cathode
Can
Produire sa propre énergie de manière renouvelable et ce toute l’année est une aspiration partagée par de nombreux visionnaires de notre société. Ce rêve se
concrétise aujourd’hui sur les sites isolés grâce aux énergies renouvelables et aux technologies de l’hydrogène. Cet article présente cet aspect de la transition
énergétique en s’appuyant sur la start-up innovante Atawey.
Un des enjeux du 21ème siècle réside dans la capacité d’adaptation des sociétés au changement de leur environnement par l’innovation technologique. Les énergies
renouvelables et l’hydrogène en sont de remarquables illustrations. Comment viennent-elles à maturité ? Elles ont besoin de commencer à être utilisées, ce à quoi
servent les marchés de niche. L’alimentation en énergie de sites isolés en font partie. C’est donc par leur présentation sous différents aspects, caractéristiques et
contraintes, qu’il faut commencer, avant d’analyser les problèmes de leur approvisionnement en énergie. Parmi les solutions possibles, l’innovation de l’entreprise
Atawey mérite d’être examinée sous l’angle de sa technique et du potentiel que recèle son marché dont l’évolution dépend en partie des règlements et normes en
vigueur.
Le concept de site isolé est illustré ci-dessous par l’île de Sein (Bretagne, France) qui, de par son éloignement de la côte, n’est pas raccordé au réseau national.
Dans cet exemple, l’énergie est acheminée vers l’île depuis le continent sous forme de diesel transporté par bateau.
Les puissances installées et les consommations d’énergie des sites isolés sont très variables
(Tableau 1)[1].
Les sites isolés font face à des problèmes de différentes natures qui les distinguent d’un site de
Fig. 1 : Île de Sein (Bretagne, France)
Île habitée (ex. île de Sein, 215 250 kW 3 MWh/jour (420 000 L
habitants) diesel/an)
consommation classique. La première contrainte est causée par l’accessibilité, ce qui signifie que les voies d’accès telles que les routes carrossables, les chemins
de fer ou encore les voies maritimes sont rares voire inexistantes. Qu’il se situe à flanc d’une montagne, à proximité d’un récif ou au milieu du désert, le site isolé est
la plupart du temps difficile d’accès pour les personnes et surtout pour les moyens de transport (train, voiture, bateau). Cette contrainte d’accessibilité rend difficile
l’approvisionnement en énergie ainsi que toute maintenance nécessaire au bon fonctionnement du système. C’est pourquoi, compte tenu de la faible fréquence
d’approvisionnement, il est important que l’énergie puisse être apportée en grande quantité et qu’elle soit stockable le plus longtemps possible. Cela dit, la
contrainte d’approvisionnement n’est pas l’unique problème. Dans certaines régions du monde lorsque les populations n’ont pas d’accès à l’énergie, il est fréquent
que le carburant ou les équipements fassent l’objet de vols. Enfin, la contrainte environnementale (sonore, visuel, pollution de l’air) est de plus en plus présente (voir
plus loin).
Pour répondre à la contrainte d’approvisionnement et de stockage de l’énergie la solution, la plus courante est l’importation d’énergies fossiles. Ces dernières
permettront par la suite d’alimenter un groupe électrogène ou une micro-centrale pour convertir l’énergie en électricité et en chaleur. Le combustible le plus
fréquemment utilisé est le diesel qui est un dérivé liquide du pétrole et qui affiche le meilleur compromis entre facilité de stockage, contenu énergétique et prix. Le
gaz naturel, moins facile à transporter mais moins cher et moins polluant, est parfois utilisé selon les besoins des sites. Le charbon quant à lui est très facilement
transportable mais n’est pas assez dense énergétiquement, c’est pourquoi il est uniquement utilisé pour les îles lorsque que l’approvisionnement est relativement
facile. L’inconvénient principal de ces différentes solutions vient de la nécessité d’un approvisionnement régulier en combustible. Ainsi, le site isolé ne peut être
autonome et reste dépendant d’un ravitaillement coûteux en logistique.
Une autre solution est le recours aux énergies renouvelables lorsqu’un site isolé possède un potentiel plus ou moins important de ces sources en fonction de son
ensoleillement, de son exposition au vent, de la topologie du terrain, de sa géothermie ou encore de la proximité de la mer. Ce potentiel pour être exploité afin de
satisfaire une partie, voire la totalité des besoins d’un site. Étant basé sur une production locale, ces énergies renouvelables peuvent éviter l’importation de
combustible ce qui diminue les coûts d’approvisionnement.
Cependant, contrairement aux combustibles fossiles, la plupart des énergies renouvelables sont des énergies variables. En effet, une éolienne ou un panneau solaire
produira respectivement de l’électricité en fonction de la vitesse du vent ou de l’ensoleillement mais une fois ces flux interrompus, la production s’arrêtera quasiment
instantanément. Contrairement aux solutions fossiles, les énergies renouvelables produisent donc indépendamment de la demande en électricité. Cette particularité
peut engendrer un défaut d’approvisionnement ou, à l’inverse, une surproduction d’énergie lorsque que la production ne correspond pas à la consommation. C’est
pourquoi le stockage de cette énergie renouvelable sur site devient un enjeu majeur[2].
Ainsi, le stockage de l’énergie produite, et plus particulièrement de l’électricité, à partir des sources renouvelables devient un frein à l’autonomie énergétique des
sites isolés. C’est à cette étape qu’interviennent les technologies de stockage de l’électricité. Il existe de nombreuses solutions mais aucune ne satisfait toutes les
situations.
Parmi les nombreux critères techniques pour la sélection d’un type de stockage, les sites isolés sont exigeants en matière de durée de stockage sur de longues
périodes, de quantité d’énergie stockée, de fiabilité pour limiter la maintenance et d’adaptation du système au terrain. Le croisement de ces différents critères
aboutit aux solutions technologiques suivantes (Tableau 2).
Deux solutions, identifiées ci-dessus, répondent aux besoins d’un site isolé et ce de manières complémentaires. La batterie permet en effet le stockage et la
restitution de l’électricité de manière rapide (quelques secondes), efficace (95%), fiable et en quantité significative. C’est pourquoi 99% des sites isolés sont
actuellement équipés de batteries pour stocker leur énergie. Cependant, cette solution seule ne satisfait pas à 100% le besoin de stockage car les quantités
d’énergie en jeu sont trop importantes et nécessiteraient des batteries trop volumineuses. L’hydrogène s’avère donc être un bon complément pour les surplus que
les batteries ne seraient pas en mesure de stocker.
:
Cette deuxième technologie consiste à convertir l’électricité renouvelable en hydrogène à l’aide d’eau déminéralisée et d’un électrolyseur avec une efficacité d’environ
70%. Cet hydrogène est particulier puisqu’il est très dense énergétiquement (33 kWh/kg) mais est à la fois très volatile et donc difficile à stocker. Afin de résoudre
ce problème, l’hydrogène est stocké sous forme gazeuse ou sous forme solide à l’aide de galettes d’hydrures métalliques. Lorsque la source renouvelable ne satisfait
pas la consommation électrique du site, l’hydrogène est consommé dans une pile à combustible qui convertit l’énergie chimique en énergie électrique avec un
rendement de 50% en rejetant de l’eau et de la chaleur. Cette chaîne énergétique permet donc un stockage à long terme (sur l’année) avec un rendement énergétique
global de 35% et ce avec un volume et un poids compétitifs. Une faible contrainte pèse cependant sur cette technologie puisque l’électrolyseur a besoin d’être
alimenté en eau à raison de 0,2 litre d’eau par kWh électrique entrant. Il est cependant possible de réutiliser l’eau générée par la pile à combustible pour alimenter
l’électrolyseur ce qui permet de fonctionner en circuit fermé.
Ainsi, la combinaison des deux technologies semble être le compromis technique idéal. D’un côté la batterie permet un stockage de l’énergie journalier pendant que
l’hydrogène assure la conservation de quantité d’énergie plus importante d’une saison à l’autre comme le montre le schéma ci-contre.
Tous ces éléments fonctionnent en courant continu (DC) alors qu’une éolienne ou une turbine hydraulique génère du courant alternatif (AC) ce qui implique la
présence d’un redresseur afin de convertir le courant AC en courant DC. De même, si le site isolé consomme du courant alternatif il faudra installer un onduleur pour
convertir le courant DC de la pile à combustible ou de la batterie en courant AC. Ces dispositifs bénéficient de très bons rendements de conversion supérieurs à 95%.
Quels sont les impacts de cette solution sur son environnement écologique, social et économique en comparaison de ceux d’une option basée sur les énergies
fossiles ?
:
4.1. Impacts écologiques
L’impact écologique majeur consiste en une réduction de la pollution locale. L’absence de moteur à explosion (groupe électrogène diesel) supprime en effet la
nuisance sonore inhérente à cette technologie, les émissions de particules fines ainsi que les émissions de monoxyde d’azote (NOx). Toujours à l’échelle locale,
l’arrêt de la livraison du combustible permet d’éviter des catastrophes naturelles telles que le naufrage du pétrolier Jessica au large des îles Galápagos en 2001 ou
encore des accidents de fuite de carburant sur le site. À plus grande échelle, le site isolé alimenté par des énergies renouvelables n’émet pas de CO2 et limite ainsi sa
contribution au réchauffement climatique.
L’installation d’énergies renouvelables peut cependant générer d’autres impacts. En effet, une installation éolienne peut être source de nuisance sonore significative
selon sa taille et peut aussi représenter un danger pour la faune locale (oiseaux notamment). De même, l’hydroélectricité peut perturber un cours d’eau et donc son
écosystème. On pourra aussi mentionner l’impact sur la faune marine pour les installations hydroliennes. Le solaire nécessite quant à lui une surface au sol
importante qui peut entrainer un réaménagement du terrain. Les technologies de stockage quant à elles ne perturbent pas significativement l’environnement autant
local que global.
C’est notamment pour ces avantages environnementaux significatifs que certains sites isolés refusent désormais la livraison de combustible (îles Galápagos, 2015)
ou entament des politiques cherchant à en limiter l’usage (île de la Réunion, 2016).
5. La start-up ATAWEY
L’assemblage de technologies assurant le stockage d’énergies renouvelables a été réalisé par l’entreprise Atawey [5] .
Forte aujourd’hui de trois ans d’expérience, l’équipe compte désormais huit personnes dont la majorité est dédiée à la technique et aux opérations. L’entreprise fait
partie de l’AFHYPAC (Association française pour l’hydrogène et les piles à combustible) ainsi que du pôle de compétitivité Tenerrdis spécialisé dans l’innovation et
l’énergie. Forte de son dynamisme et de son caractère innovant la start-up a rapidement été reconnue à travers de nombreux Prix tels que le Trophée Innov’R (2013),
le Concours Énergie Intelligente (EDF, 2014) ou encore le Prix Innovation Day (ENGIE, 2015).
*Signifie que le comburant de la pile qu’est l’oxygène alimente la réaction tout en évacuant la chaleur contrairement à une cathode fermée où un circuit de
refroidissement dédié (circuit d’eau) évacue la chaleur de la pile.
:
Fonction Technologie Commentaire
Stockage court terme Batterie Plomb-Acide Bien que moins compact que la
technologie lithium, l’option Plomb-Acide
est moins chère et plus mature
Stockage long terme Hydrure métallique ou gazeux Le choix de la technologie dépendra des
besoins du site (espace au sol et poids)
Lors de la sélection d’une technologie, il est important d’arbitrer entre la performance énergétique du produit, son coût d’achat mais aussi son coût de maintenance.
En effet, les critères les plus importants pour Atawey dans le choix de ses composants sont la fiabilité et la robustesse. Ce critère est mis en avant puisque les
conditions météo des sites isolés sont difficiles si bien que la défaillance d’un composant peut paralyser l’ensemble du système. De plus, le contenu de la
maintenance doit être simplifié au maximum afin qu’elle puisse être réalisée par des techniciens ne maîtrisant pas nécessairement cette technologie trop complexe.
Ainsi, grâce aux propriétés inhérentes de la technologie hydrogène et aux choix de fiabilité d’Atawey, la maintenance se limite à une opération annuelle sur site.
Cette technologie est bien représentée par les deux réalisations suivantes :
MYE 1
Afin de démontrer la faisabilité et la fiabilité de son système, la start-up savoyarde a lancé en 2014 un premier système nommé Mye 1. Cette installation, en
opération sur le site de l’Institut national de l’énergie solaire (INES) à Technolac, est en capacité d’alimenter un hôtel de montagne (50 places) pour un coût du kWh
compris entre 1€ et 5€.
Projet THEMIS
Fig. 6 : Couplage de panneaux solaire et de la solution de stockage
Le Projet Themis se veut un projet à visée industrielle puisqu’il s’agit d’un démonstrateur pour Atawey
l’alimentation d’un système de communication de type antenne relais. Initié et coordonné par Atawey
en 2014, ce projet est labellisé par le pôle de compétitivité Tenerrdis et compte parmi ses partenaires le groupe Air Liquide. L’objectif est de démontrer la faisabilité à
plus grande échelle de ces technologies pour des utilisations nécessitant une consommation de 4 à 500MWh/an.
6. Normes et réglementation
Comme tout projet de construction l’installation d’énergie renouvelable sur un site isolé doit faire l’objet d’un permis de construire délivré par les autorités [6] . De
même, si l’installation consiste en une modification d’un bâtiment existant, la réglementation du pays peut aussi impacter la construction. Dans le même registre, si
le site isolé constitue un monument classé, l’autorisation d’un organisme spécialisé est obligatoire (Architectes des Bâtiments de France par exemple). La plupart
des sites isolés se trouvant en montagne ou dans des sites naturels protégés, il est important de se conformer à la législation de ces lieux. Dans le cas de la France,
la loi Montagne de 1985 vise à maîtriser le développement urbain en milieu montagnard et peut donc s’opposer au projet.
Ce cadre institutionnel est fait de normes et règlements. Les normes se traduisent notamment à travers des standards internationaux appelés ISO (International
Standard Organisation) ou IEC (International Electrotechnical Commission) que l’on retrouve tout au de la chaîne de valeur de l’hydrogène (électrolyseur, stockage
solide et pile à combustible) :
ISO 16111: Stockage de l’hydrogène sous forme solide (hydrures métalliques réversibles)
Du côté de la réglementation, les installations produisant de l’hydrogène sont concernées par la nomenclature 4715 ICPE (Installations classées pour la protection
de l’environnement). Cette nomenclature contraint le propriétaire à réaliser une étude de risque mais des dérogations sont accordées puisqu’il s’agit d’une
consommation sur site et non d’une production industrielle. Compte tenu de la quantité relativement faible d’hydrogène produit (<100 kg) les installations
concernées sont exemptes de nombreuses contraintes liées à l’exploitation de l’hydrogène comme la directive SEVESO 3.
Le couplage d’un électrolyseur et d’une pile à combustible peut aussi avoir d’autres applications, et ce dans de nombreux domaines. En effet, le stockage des
énergies renouvelables valable pour un site isolé ne l’est pas moins pour un réseau électrique au niveau national. On pourra donc souligner que la variabilité des
énergies renouvelables peut être maîtrisée par un ensemble électrolyseur + pile à combustible afin de stabiliser un réseau électrique de grande dimension et ainsi
permettre une meilleure pénétration de énergies propres dans le mix énergétique national.
Dans le cas où d’importantes ressources renouvelables sont loin des foyers de consommation (éolien offshore ou zones reculées), il est sérieusement envisagé de
convertir entièrement l’électricité, au rendement d’électrolyse près, en hydrogène. La finalité de cet hydrogène serait d’être exporté vers les foyers de
consommations. On pourra citer comme exemple la construction de champs éolien de plusieurs GWe au nord de la Norvège dont l’hydrogène produit sur place servira à
la consommation du sud du pays mais aussi à l’exportation vers l’Europe et le Japon.
Conclusions
La technologie permet aujourd’hui de stocker les énergies renouvelables sous forme d’hydrogène pour les sites isolés. Il n’existe cependant pas une solution unique,
mais le mix entre stockage batterie et stockage hydrogène parait la meilleure. D’une manière générale, les énergies renouvelables s’avèrent avoir un impact positif en
comparaison des énergies fossiles tant sur le plan environnemental, que social et économique mais elles ne sont pas dénuées d’effets néfastes qu’il convient de
limiter. À travers l’exemple d’Atawey il a été montré que l’émergence d’une nouvelle technologie est complexe et longue et qu’une activité diversifiée permet de
gagner en compétence en attendant le réel lancement du marché des sites isolés. Bien qu’il s’agisse d’un marché de niche, on a pu vérifier d’une application à une
autre (du stationnaire vers la mobilité) que les systèmes sont sensiblement identiques ce qui permet un transfert d’expérience. Compte tenu de l’engouement pour
l’autoconsommation, de la baisse régulière des prix des composants et de la pression environnementale croissante, il est prévisible que sur un horizon à cinq ans des
systèmes tels que ceux proposés par Atawey seront compétitifs sur la plupart des sites isolés à condition que le prix du baril de pétrole retrouve un prix plus
conforme au coût d’exploitation des nouvelles réserves.
Notes et références
[1]Bharti Infratel Limited (2012). Green Networks: Transforming Telecommunications on Sustainable Energy Alternatives
[2] La géothermie basse température n’est pas prise en compte parce qu’elle fournit essentiellement de la chaleur. La géothermie haute température est bien une
source de production d’électricité mais elle est rarissime sur un site isolé.
[6] AFHYPAC (2012). La sécurité hydrogène en France, en Europe et dans le monde : Normes et règlements
Gérard Nicoud & al. (2007). Guide technique, énergie en site isolé d’altitude
:
L’Encyclopédie de l’Énergie est publiée par l’Association des Encyclopédies de l’Environnement et de l’Énergie (www.a3e.fr), contractuellement liée à l’université
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