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© LAVOISIER, 2004
LAVOISIER
11, rue Lavoisier
75008 Paris
Serveur web : www.hermes-science.com
ISBN 2-7462-0894-6
Tous les noms de sociétés ou de produits cités dans cet ouvrage sont utilisés à des fins
d’identification et sont des marques de leurs détenteurs respectifs.
Vincent Boly
Table des matières
Préambule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
6
Table des matières 7
7
8 Ingénierie de l’innovation
8
Table des matières 9
9
10 Ingénierie de l’innovation
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
10
Préambule
Dans ce livre nous avons voulu présenter les éléments importants lorsque l’on a à
prendre des décisions et agir pour :
– rendre l’entreprise plus innovante,
– gagner en efficacité au niveau de chaque projet,
– stimuler le goût pour la nouveauté au niveau des individus.
Enfin, la recherche se développe (tant bien que mal !) dans le domaine des
processus d’innovation. Des équipes analysent la transformation des savoirs
technologiques dans les entreprises et les modes de pilotage de ceux-ci. Elles
proposent des approches descriptives originales des phénomènes qui révolutionnent
les entreprises et les marchés, et, élaborent des outils de management. Ce document
représente une contribution à ces recherches : synthèse de diverses productions et
apports nouveaux.
Des choix ont dû être opérés lors des travaux de rédaction. Ainsi, nous n’avons
pas traité des aspects macroéconomiques de l’innovation : son poids économique,
son impact sur l’emploi… Nous avons privilégié une vision de l’innovation « de
l’intérieur » de l’entreprise.
Pour relever les enjeux précédents l’une des voies de développement possible
réside dans l’innovation technologique. Ce second chapitre est donc un état de l’art
sur les concepts d’innovation d’une part et de technologie d’autre part. Il précise le
vocabulaire relatif à l’innovation. Mais au-delà des définitions, une vision originale
de l’innovation technologique est proposée, qui met en avant des notions de
complexité, de loi d’évolution technologique, de principe d’émergence… Le but est
de montrer que l’innovation est un domaine à multiples facettes. De ce fait son
analyse et son pilotage requièrent des approches diversifiées.
14 L’ingénierie de l’innovation
Chapitre trois : Les grands principes à respecter pour réussir son ingénierie de
l’innovation
Dans ce chapitre, le plus long du document, nous décrivons les aspects pratiques
et opérationnels : comment sont gérées les entreprises innovantes et comment sont
managés les projets attestant d’un caractère nouveau. Treize pratiques de pilotage
sont ainsi décrites et explicitées. Le manager trouvera ainsi les moyens d’auto-
diagnostiquer les modes de pilotage de l’innovation de sa structure ainsi que des
voies d’amélioration. Le chercheur pourra s’appuyer sur cette classification pour
organiser des campagnes d’observation en entreprises.
Nous avons rassemblé treize compétences et comportements clés qui sont autant
d’atouts individuels et collectifs pour piloter des projets innovants et rendre
globalement l’entreprise plus innovante. On citera entre autres :
– créativité,
– autonomie,
– savoir développer différents points de vue,
– être apte à l’expérimentation,
– capacité à formuler un problème.
Introduction 15
Dans ce chapitre, nous abordons le domaine des méthodes de travail et les outils
de collecte et de traitement de données adaptés au contexte de l’innovation. Il ne
s’agit pas d’un catalogue complet et exhaustif mais plutôt d’une analyse des apports
et de l’intérêt de ces outils. Quelques d’éléments d’aide au choix sont présentés.
Chapitre 1
On considère aujourd’hui que plus du tiers des articles vendus dans les
linéaires alimentaires en GMS n’existaient pas il y a 5 ans. Enfin,
selon une récente étude sur l’ensemble des ventes aux Etats Unis, la
part des produits lancés il y a moins de 5 ans, serait passée de 30 % en
1990 à 38 % en 1995 et pour près de 44 % en 2000.
Volume
Temps
Cycle de vie traditionnel Cycles raccourcis
On constate donc que la longueur de cette courbe tend à décroître pour la plupart
des produits. Si l’on se réfère aux théories schumpéteriennes, cette innovation dans
les produits viserait à pallier les récessions économiques telles qu’il en existe de
manière cyclique (cycle de 50 ans de Kondratiev). L’entreprise se trouve donc
devant une situation telle que son maintien sur le marché dépend en partie de sa
capacité à proposer de nouveaux produits. L’innovation est devenue un critère de
compétitivité et même une condition d’accès au marché dans certains cas
(informatique, électronique…).
réduction des cycles de vie. L’entreprise doit être plus créative et donc accorder du
temps à son personnel qui le consacrera à rechercher de l’information, à réfléchir et
à laisser libre cours à sa curiosité et son imagination. Mais simultanément, elle devra
réussir à limiter ses temps de développement et de lancement sur les marchés.
Comment accordez plus de temps aux acteurs de l’innovation tout en réduisant la
durée des projets dans lesquels ils sont impliqués ! On retrouve là un des enjeux de
l’ingénierie simultanée : accélérer la phase de lancement des produits par
parallélisation des tâches ;
– élaborer de nouvelles stratégies (voir la troisième pratique de l’ingénierie de
l’innovation du chapitre quatre).
Un nouveau défi industriel émerge : initier une gestion active du cycle de vie
pour ne plus le constater et le subir. Certaines sociétés mettent donc un terme aux
ventes d’un modèle dont la distribution reste pourtant conséquente, pour le
remplacer sur le marché par un produit de nouvelle génération (ce fut le cas de la
Renault 19 par exemple). Elles espèrent que les concurrents seront peu réactifs et
perdront ainsi en compétitivité. Par ailleurs, les entreprises japonaises ont longtemps
mis en pratique le principe « d’innovation pas à pas ». Cela consiste à élaborer un
unique produit innovant mais à organiser son lancement par phases successives :
d’abord avec une version juste acceptable (mais nouvelle !), puis par périodes
régulières, lancement d’une option. Faire plusieurs courbes de vie courtes à partir
d’un unique travail de conception en quelque sorte. Constatons immédiatement que
cette pratique touche l’ingénieur, le commercial, le financier voir tous les métiers de
l’entreprise et qu’elle influence les choix techniques eux-mêmes.
Pour BIENAYME, il n’est pas sûr que l’hypothèse selon laquelle notre époque
serait marquée par un rythme important de découvertes scientifiques soit exacte. Par
contre la durée nécessaire à la valorisation d’une découverte sous forme d’activité
industrielle s’est énormément raccourcie. Ce temps que nous qualifiions de maturité
d’une technologie, serait passé durant la dernière moitié du siècle de 50 à 25 ans en
moyenne. La conséquence est claire : le temps de développement d’une technologie
devient un critère de choix au même titre que les coûts, les fonctionnalités.
20 L’ingénierie de l’innovation
Années 50 Délai
découverte-
application
Années Délai
2000 découverte-application
0 25 ans 50 ans
Produire et vendre un produit de qualité bien positionné sur son marché tout en
maîtrisant ses coûts ne suffit plus. Il faut savoir piloter la « naissance » du produit.
L’innovation gérée de manière satisfaisante donne l’opportunité à l’entreprise
d’accéder à un potentiel de marge supérieur à tout concurrent mal organisé dans ce
domaine. La qualité et le prix ne sont plus les seuls éléments majeurs influençant la
rentabilité d’une initiative.
Modes de conception
Finance
SUCCÈS Coûts, prix de vente
Qualité
Positionnement
Des produits, services, Marketing
de la production, …
Ces phénomènes font-ils émerger un nouveau métier ? Nous pensons en tout cas
que de nouvelles connaissances sont à développer auprès des ingénieurs et de tous
ceux qui s’impliquent dans l’innovation : des savoirs en Ingénierie de l’innovation.
Comme nous venons de le voir, cette acquisition de connaissances peut s’avérer
hautement rentable.
donc au gré des choix retenus par les concepteurs puis par les responsables de
production (œuvrant pour l’optimisation de leur unité). Du point de vue financier,
chaque décision constitutive du produit influence le coût total de celui-ci. De ce fait,
les approches visant à améliorer les pratiques et les organisations concernées par les
phases amont du cycle de vie du produit deviennent fondamentales. Investir sur le
pilotage du processus d’innovation c’est cibler les tâches les plus porteuses de valeur
Ajoutée. L’entreprise gagnerait-elle plus lors des tâches de conception qu’en phase
de production ? Ou peut-être faut-il parler de pertes ?
80%
Lancement
Temps
Conception Optimisation
La nature et la durée des tâches assurées par les entreprises avant le lancement
effectif de leur produit évoluent très sensiblement.
De plus, si le temps imparti pour les opérations unitaires à assurer pour innover
change, on peut faire l’hypothèse que la nature de ces opérations évolue également.
Citons deux exemples : les techniques de simulation gagnent en importance et les
prototypes sont élaborés dans les conditions réelles de fabrication. Les dirigeants
doivent donc choisir le produit à développer mais aussi la technique de
développement. Peut-on parler d’optimisation de l’innovation ?
Figure 1.5. Réduction des délais et nouvelle répartition des tâches pour des projets
de conception de systèmes électroniques innovants (d’après FABRICINO)
Il est possible pour une entreprise de se positionner de manière à moins subir les
contraintes de la baisse concurrentielle des coûts. Sur des marchés de spécialités, les
sociétés peuvent faire valoir leurs compétences de haut niveau et la rareté de celles-
ci. Elles peuvent alors justifier des prix de vente élevés.
Cette position stratégique est confirmée par les recommandations découlant des
tableaux d’analyse McKINSEY ou BOSTON CONSULTING GROUP/MARAKON.
Par des activités valorisant un atout concurrentiel fort, en particulier la maîtrise d’un
savoir-faire innovant et par des investissements continus en recherche, une société
de petite taille peut accéder à des marchés de niche. Ceux-ci se caractérisent parfois
par de hauts niveaux de rentabilité. L’innovation est donc une voie de
développement particulièrement adaptée à une PME choisissant de cibler des
marchés de spécialité.
Nombre de critères de
distinction du produit
FRAGMENTE SPECIALITE
IMPASSE VOLUME
Figure 1.6. Typologie des marchés (d’après les travaux du Boston Consulting Group)
1.7. Bibliographie
Il est difficile de présenter l’innovation tant ce terme est très largement diffusé
voir banalisé. Nous en reviendrons donc aux définitions rencontrées dans la
bibliographie scientifique. Ces définitions se distinguent souvent du sens commun.
De plus, il nous est apparu nécessaire de définir plusieurs représentations du concept
d’innovation. Selon leur discipline d’origine, selon leur expérience, selon leurs
intérêts, les auteurs abordent en effet cette notion de manière excessivement variée.
De plus, comment imaginer qu’un processus aussi complexe ne nécessite pas
plusieurs modes d’appréhension ?
Car notre objectif est bien là : montrer que le pilotage de l’innovation réclame
des approches multiples, des compétences spécialisées comme des approches
interdisciplinaires. Le management de l’innovation ne se réduit pas à des décisions
stratégiques, à des tâches de conception technique et à des pratiques de gestion de
projet.
30 L’ingénierie de l’innovation
Nous complèterons cet état de l’art par notre propre représentation du concept
d’innovation technologique.
Vision économique
Vision
biologique Vision
Processus opératoire
d’innovation
Vision Vision
sociologique cognitive
Vision systémique
Ainsi il apparaît que l’innovation ne peut pas être que purement technique ou
scientifique et que les concepts d’innovation et de conception doivent être
distingués. Lorsque, par exemple, on passe du pare-chocs en métal à un article en
composite, toute la chaîne logistique pour aboutir au montage de la pièce sur le
véhicule évolue. Concevoir, c’est prendre un ensemble de décisions et créer des
objets répondant aux besoins des clients. Innover consiste plus généralement à
étudier et agir pour qu’une nouvelle activité trouve sa place dans l’environnement
technique, économique et social.
s’agit d’une rupture avec des méthodes de production, des modes de raisonnement,
des organisations, et, l’adoption (ou l’expérimentation) d’une nouvelle pratique.
BIENAYME confirme que les entreprises qui innovent, modifient leur manière de
concevoir et de fabriquer leurs produits. Le Président Directeur Général de la société
3M (cité par BUCKLER) n’affirme t il pas : « les gens de 3M ont la possibilité (et le
savent) de briser les règles de fonctionnement, de lancer des défis aux procédures et
de se confronter à leurs dirigeants. Tout cela pour innover et rester proche du
client ». Nous avons nous-mêmes constaté dans certaines entreprises, telles que
Allied Signal Turbo SA, que le changement de règles fait partie de la culture interne.
Les séances de travail en groupe pour réfléchir à une nouvelle organisation du flux
de production font partie de la vie des techniciens. On peut alors déduire qu’innover
c’est chercher à augmenter l’entropie du système industriel et créer du chaos.
L’innovation réside dans le out of the box thinking. Innover c’est penser
différemment, soit en développant un mode de représentation des objets différents
ou en se basant sur de nouveaux modes de raisonnement. Considérons en effet la
séquence suivante : représentation/ mode de raisonnement/ action et idée. La
représentation est l’image mentale que chaque individu à de l’objet (plus ou moins
consciemment). Le mode de raisonnement est la construction logique que l’individu
va développer à partir des informations, de ses connaissances et de ses
représentations. La nouveauté au stade de l’action ou de l’idée peut alors résulter de
la mise en œuvre d’un mode de raisonnement novateur et/ou d’une représentation
non traditionnelle de l’objet étudié.
Pour reprendre des éléments présentés dans le résumé introductif nous pouvons
présenter l’innovation comme un cycle étude-essai-mémorisation-création-diffusion
(l’ordre dans le cycle étant variable).
Il existe alors des marges de manœuvre, des espaces libres que l’on peut investir
par modification des règles de fonctionnement (voir les travaux de SIMON).
L’innovation se définit comme un espace à conquérir par des ajustements et des
adaptations d’outils et de modes opératoires d’une part et d’organisation d’autre part
(modification des mandats confiés au personnel, du système de contrôle…).
L’entreprise se déplace alors vers des domaines favorables et nouveaux.
Il apparaît alors qu’à l’innovation est associée une évolution continuelle des
modes d’organisation formels des entreprises (mise en place d’équipes interservices
chargées de projets par exemple), des mandats attribués aux différents responsables
(un chef de service devient chef de projet par exemple), mais aussi des jeux de
pouvoir internes et donc des interrelations informelles.
L’analogie entre les principes d’évolution des systèmes vivants et des systèmes
industriels est intéressante. Il est clair qu’il ne s’agit là que de propositions à valider.
Les modifications subies par les systèmes vivants prennent une forme résultant
des lois de la matière et du hasard comme le « chante » Bertrand JORDAN (« Le
chant d’amour des concombres de mer » au Seuil). Doit-on y ajouter, pour ce qui
concerne les systèmes technologiques, les lois de la socio-économie et la conscience
limitée de l’Homme ?
– Si l’on reprend les évolutions actuelles de l’école de pensée nord-américaine
en matière de systémique industrielle, quelques conjonctures peuvent être formulées.
En particulier, l’innovation peut être considérée comme le processus d’évolution,
dans son environnement, de l’entreprise vue comme un système complexe adaptatif.
On rappellera les caractéristiques de ces systèmes adaptatifs :
– plusieurs personnes travaillant en parallèle et pas systématiquement de manière
hiérarchique,
– une structure en constante évolution, générant des niveaux multiples de
décision,
44 L’ingénierie de l’innovation
On peut aussi établir des distinctions selon l’intensité de l’innovation, que l’on
qualifiera alors de :
– radicale ou de rupture : un écart important sépare le nouvel objet de ce qui
préexistait,
46 L’ingénierie de l’innovation
Ceci se traduirait par l’écart entre les compétences du personnel, les choix de
conception, les techniques de production, le niveau d’investissement, le type de
machines nécessaires… avant et après l’innovation.
On peut naturellement croiser ces deux typologies pour, par exemple, observer
des innovations relatives de procédé.
On notera que le principal intérêt de ces typologies est de fournir des critères
d’audit pour des décideurs et des consultants. Elles permettent également la création
Définitions de l’innovation 47
d’un référentiel commun pour les chercheurs. On peut en effet réaliser une carte des
innovations passées et en cours dans l’entreprise. On peut ainsi mettre en avant
certains phénomènes. Par exemple, si l’on constate qu’une société génère
exclusivement des innovations de ruptures on est en droit de s’interroger sur la
valorisation de ces initiatives. N’est-il pas possible sur la base des innovations
principales de créer des innovations secondaires et ceci à moindre investissement ?
Enfin, on notera qu’il n’y a pas toujours de corrélation entre l’intensité novatrice
d’une innovation donnée et la capacité à innover de l’entreprise correspondante. La
capacité à innover d’une entreprise réside dans ses aptitudes à générer des projets, à
développer de nouveaux produits et à intégrer des innovations (voir chapitre quatre
de ce document). De toute évidence ces trois aptitudes ne sont pas évaluables par le
degré de nouveauté d’un produit lancé récemment.
2.2.1. Bibliographie
GARCIA R., CALANTONE R., A critical look at technological innovation typology and
innovativeness terminology : a literature review, Journal of Product Innovation
Management, 19, p 110/132, 2002.
GAVIDARAYAN V., GUPTA. A., Strategic innovation : a conceptual road map, Business
Horizons, august, p3/12, 2001.
HETZEL P., Pour renouveler les processus de l’Innovation en entreprise, Revue Française de
Gestion, 103, p. 87-98, mars/mai 1995.
IANSITI M., WEST J., Technology and integration: turning great research into great
products, Harvard Business Review, 75, 69/79, 1997.
LEMOIGNE J.L., La modélisation des systèmes complexes, Dunod, 1990.
MARCH J., SIMON H., Les organisations, Paris, Dunod, 1974.
MILLER D., Stratégie et Marketing de l’Innovation Technologique, Paris, Edition Dunod,
1997.
O’CONNEL F., How to run successful projects, Pearson edition, 1999.
NONAKA P., Toward Middle Up-down Management : Accelerating Information Creation,
Sloan Management Review, MIT Press, Spring 1998
PASCALE R.T., Surfing the edge of chaos, Sloan management review, MIT press, 40-3,
p83/94, 1999.
SERRES M., Le tiers instruit, Paris, Edition Bourin, 1991.
SHERVANI T., ZERILLO P., The albatros of product innovation, Business Horizons, p.
57/62, janv/fev 1997.
The MINNESOTA STUDIES, Research on the management of innovation, edited by AH Van
de Ven and HL Angle, Oxford University Press, 2000
2.3 La technologie
Toute technologie se fonde donc sur des outils et des objets techniques, mais
aussi sur un ensemble de connaissances que les hommes de l’entreprise ont
accumulé et partagé. L’entreprise dispose de connaissances individuelles et
50 L’ingénierie de l’innovation
Gérer les ressources technologiques, c’est alors veiller à disposer (en interne ou
en externe) des équipements et des connaissances mises à jour dans chaque
domaine. Mais c’est aussi trouver à un moment donné l’optimum pour chacune
interrelation. Pour notre fabricant d’outillage, il faut mettre en œuvre le meilleur
système pour fixer les manches et les fers des outils (au niveau coût, flexibilité…) et
réfléchir à l’optimisation entre le système de gestion des stocks et cette technique
d’emmanchement. On constate bien sûr que prit individuellement, le meilleur
système d’emmanchement peut ne pas convenir si l’on considère le système
technologique dans son ensemble.
On peut spécifier que la technologie est liée à un métier donné. Une personne ou
des groupes d’individus s’accaparent une technique pour en tirer un ou des savoir-
faire industriels particuliers. La technologie apparaît à cette condition. Elle a donc
un caractère beaucoup plus local que la technique.
C’est parce qu’elle est complexe que la technologie est difficile à acquérir.
L’obtention d’une technologie exige de l’acquéreur comme d’un éventuel
transmetteur, des efforts, des investissements, une mobilisation matérielle et
humaine. Durant l’étape de transfert, des méthodes de travail collectives originales
doivent même être trouvées. La notion généralement retenue de transfert de
technologie est un non-sens. On nomme souvent ainsi une collaboration entre un
centre de recherche et une entreprise. Or l’échange ne porte que sur la dimension
technique. Reste, et c’est bien entendu le plus difficile, à intégrer les nouvelles
données techniques dans un ensemble de savoirs connexes (certains de ceux-ci étant
à créer). Ce processus d’intégration requière des conditions particulières très
éloignées des pratiques actuelles dites de transfert : collaborations la plus amont
possible, apprentissage simultané des deux protagonistes, confiance réciproque,
connaissance des contraintes réciproques, liens directs par échange de personnel …
Tout d’abord il se peut que l’on soit limité par les connaissances scientifiques à
la base de la technologie (exemple : la purification de certains principes actifs en
pharmacie est limitée par les connaissances scientifiques dans le domaine de la
chromatographie). De plus, un pallier peut se présenter entre les atouts d’une
technologie et des conséquences secondaires (exemple : la quantité de déchets à
retraiter).
Performances
Temps
Cette modélisation présente toutefois des limites. En effet, elle masque les
phénomènes d’influence entre technologies. La filière agroalimentaire, par exemple,
a fait évoluer ses technologies en matière de conservation de produits laitiers du fait
de l’apparition d’une nouvelle technologie de filtration (ultrafiltration du lait).
Selon cet auteur, l’innovation technique suit la loi dites d’Idéalité : tout système
technique tend vers plus de fiabilité, simplicité et efficacité :
Ce type d’approches pourrait à terme avoir un impact majeur sur le travail des
concepteurs et des personnes impliquées dans des choix d’ordre stratégique. Il est
possible d’accélérer les phases de recherche de solutions si l’on a à sa disposition
des connaissances relatives aux grandes tendances de l’évolution. L’impact de
logiciels basés sur la méthode Triz par exemple n’est plus à démontrer pour certaines
phases précises du processus d’innovation (recherche de concepts techniques
essentiellement). Le concepteur va systématiquement tester si son problème trouve
un principe de résolution dans l’application de ces tendances majeures.
La technologie est donc un concept qui intègre des variables descriptives sociales
et culturelles de la société ou de l’entreprise qui la valorise.
Investir dans une technologie, c’est s’adapter aux normes en vigueur, adopter les
pratiques de la profession, tisser des partenariats avec des fournisseurs ou des
clients, ou encore des prescripteurs, communiquer avec des cibles prioritaires...
Cette PME fabriquant du matériel de bureau à innové pour se lancer dans les
produits acoustiques, mais son développement a nécessité des accords particuliers
avec des bureaux d’études et des contacts avec les fédérations professionnelles
correspondantes.
2.3.8. Bibliographie
Dans les trois paragraphes précédents nous avons présenté les concepts
d’innovation puis de technologie. L’innovation technologique se définit en effet à la
confluence de ces deux domaines.
– il existe un lien étroit entre les notions d’innovation technologique, d’une part,
et de valeur, d’autre part.
Avant de développer ces deux points nous tirerons des conclusions quant à notre
définition de la technologie.
Figure 2.8. Les trois niveaux d’innovation possibles dans un système technologique
Considérant un état final différent d’un état initial : nous nous intéressons ici au
bilan relatif à la discontinuité technologique constatée.
Puis prenant en compte les goûts et les besoins des consommateurs, la notion de
valeur d’usage est apparue : la valeur est liée au rapport besoins/besoins satisfaits.
La valeur d’un produit est alors jugée contingente de la société, de son
environnement et du type d’usager : une machine à découpe au jet d’eau a moins de
valeur pour un scieur que pour un fabricant de pièces de micromécanique.
62 L’ingénierie de l’innovation
Si l’on reprend notre assertion selon laquelle l’innovation consiste en une activité
économique (ou une entreprise humaine) en devenir, alors nous pouvons affirmer
que l’innovation est un phénomène d’évolution d’un système anthroposocial.
MORIN affirme que « la vie n’est pas une substance mais un phénomène d’auto-
organisation très complexe qui produit de l’autonomie. Dès lors, il est évident que
les phénomènes anthroposociaux (dans notre cas l’innovation) ne sauraient obéir à
des principes d’intelligibilité moins complexes que ceux des phénomènes naturels ».
Des interactions très fortes et d’autres négligeables existent entre ces différents
processus qui justifient : un pilotage par processus et une supervision globale du
système. Plus précisément on peut déterminer des liens entre processus en tant que :
– résultats pouvant être le fruit de plusieurs processus : ainsi un bon prototype
résulte des processus de conception et de maîtrise de la qualité,
– activités dites « horizontales » participant à plusieurs processus : pour être
référencées dans le domaine automobile, les pièces de série et les prototypes doivent
être fabriqués sur les mêmes machines. On est à l’intersection des processus de
conception et de fabrication (prototypes fabriqués sur la chaîne de production de
série),
– ressources mobilisables dans divers processus : on peut citer le cas des
répartitions de budgets d’investissements,
Définitions de l’innovation 65
Prenons l’exemple de cette entreprise fabriquant des machines à bois. Elle doit
régulièrement faire face à des problèmes d’approvisionnement de la part de certains
fournisseurs (pièces mécaniques notamment) et ceci malgré sa propre certification
Iso 9001 et ses efforts de concertation et de sélection auprès de ses partenaires
économiques. Des retards en résultent pour quelques livraisons dans l’année mais la
société les gèrent sans trop de difficultés grâce au savoir-faire de ses commerciaux.
Sous la pression d’un concurrent, elle doit s’engager dans un processus d’innovation
sur ces machines : étude des nouveaux besoins de ses clients, développement de
nouvelles machines, recherche de partenaires commerciaux pour l’exportation… Un
retard (encore un) d’un fournisseur induit un décalage qui touche cette fois la date de
montage d’un prototype prévu pour… le salon professionnel bisannuel le plus
important ! L’entreprise ne pourra pas exposer son nouveau produit et en assurer la
promotion. En conséquence les prévisions de vente de première année sont revues à
la baisse, les coûts de publicité accrus... La société est devenue hautement sensible
aux retards de ses fournisseurs.
Enfin on note que l’incertitude et donc l’innovation, peut conduire aux doutes et
au manque de confiance. La dimension humaine est donc essentielle en innovation
et ceci est d’autant plus vrai que se développe la gestion des projets par équipe.
On peut alors recenser les liens entre incertitude et innovation comme suit :
– en considérant l’innovation en tant que processus décisionnel (entre autres), il
apparaît alors que l’incertitude est due, en partie, à la qualité variable de
l’information mobilisée lors de la prise de décision. Ce niveau de qualité dépend de
la précision de l’information brute et de notre capacité à l’interpréter. On peut citer
l’exemple de la différence entre la demande formulée par des clients potentiels et le
besoin réel à identifier (dans le cas du Polaroïd, revenons à la période précédent le
lancement : entre le rêve de disposer immédiatement de ses clichés et l’acte d’achat
d’un appareil à développement instantané : quelle adéquation ?). De plus, la variable
temps joue un rôle important : le délai que s’accorde un décideur pour arrêter un
choix influence la précision et le volume de ses informations ressources. Avec le
raccourcissement des délais de développement des produits, l’incertitude augmente,
– l’incertitude est associée à la notion de complexité des phénomènes liés à
l’innovation. Nous avons vu que toute innovation a un impact sur le système
industriel qui la supporte. Or, un système industriel est constitué de plusieurs sous-
72 L’ingénierie de l’innovation
– l’innovation considérée comme une forme d’infraction aux règles est, bien sûr,
associée au concept d’incertitude car la confiance vient souvent de la connaissance
et du respect d’un référentiel,
– l’incertitude est liée à la capacité de l’entreprise à déterminer des opportunités
dans les signaux qui lui parviennent de l’environnement. On peut, en effet
considérer que dans de nombreuses situations, menaces et opportunités apparaissent
conjointement. Le succès d’un projet innovant dépend en partie des initiatives prises
pour saisir une opportunité. Un projet est donc incertain car il dépend de la capacité
des acteurs à « lire « les opportunités et à s’engager à un moment donné (au temps t,
l’acteur est-il en enclin à se mobiliser pour percevoir l’opportunité ?). Pas facile
pour les acteurs du secteur agroalimentaire pour lire des opportunités dans les
nombreuses crises du à des problèmes de sécurité alimentaire : ESB ou fièvre
aphteuse,
– l’incertitude est également liée à la taille de l’entreprise. On peut considérer en
effet que, de part leurs ressources intellectuelles et financières réduites, les PME
sont face à un contexte plus incertain. Les moyens disponibles pour assurer le succès
de l’innovation sont inférieurs à ceux des grands groupes et l’impact d’un échec
possible crée davantage de doute,
– l’incertitude est associée à la spécificité de la technologie vis-à-vis du système
industriel support. Le succès d’un projet est dépendant de la qualité de l’ajustement
entre le système productif et les caractéristiques de la nouvelle technologie.
L’entreprise traditionnelle saura-t-elle s’organiser par exemple pour intégrer de
l’électronique dans ses produits ? La capacité des acteurs à faire évoluer leurs
pratiques génère de l’incertitude,
– la dimension sociale de l’innovation crée l’incertitude. Un renversement de
pouvoir, l’émergence d’un individu très entreprenant au sein de l’entreprise (voir la
notion de « champion » au chapitre traitant de l’organisation) ou du groupe-projet
peut induire une inflexion dans les orientations des travaux. Le jeu des acteurs est
incertain et instable et, par voie de conséquences, la transformation de la technologie
l’est aussi,
– enfin, peut-on repérer des phénomènes chaotiques en gestion de projet ? Il
s’agit là d’une interrogation. La mise en œuvre répétitive des mêmes méthodes
(exemple : systématiser les analyses fonctionnelles), des même techniques de
gestion, peut-elle conduire à des situations chaotiques, des résultats très différents
des attentes initiales ? L’incertitude naîtrait alors de la répétitivité des approches.
Dans de nombreux cas (et pourquoi ne pas écrire dans tous les cas ?),
l’émergence d’une nouvelle technologie est liée à celle d’un nouveau mode de
pensée. D’ailleurs, on est parfois surpris par la simplicité et l’étonnante pertinence
du changement d’analyse d’un problème ou d’une situation. Une colle qui colle sans
toujours coller : et voilà le Post-It. On peut découper un matériau dur avec un
élément qui lui ne l’est pas : et voici la découpe au jet d’eau. A travers l’image du
paradoxe de la grenouille, DEBAIG décrit de nombreux cas où cette rupture dans les
schémas de pensée, cette remise en cause de certains savoirs conduit à l’innovation.
capter des matières polluantes dans des résidus de combustion en sortie de process
industriel, émerge des procédés non polluants. Ainsi, une différence notoire peut-
elle être souvent constaté entre des démarches d’innovation et d’optimisation. Dans
ce dernier cas, les acteurs ne s’autorisent pas à remettre en cause les principes
fondateurs de l’objet à améliorer et ne se donnent pas accès au champ des situations
paradoxales.
Nous avons effectué une campagne de collecte de données dans des PME
innovantes françaises. Nous avons opté pour un mode de description des processus
d’innovation, basé sur la dimension opérationnelle. Plus précisément, nous
décrivions les projets en formalisant la transformation des données. La figure ci-
après illustre une séquence obtenue dans une entreprise.
Commande Contrôle
de pièces pièces de pièces
Spécifications
Dossier
Liste des Liste Proposition Dossier industriel
besoins en validée de prix industriel validé
équipements
Entre-
Idée Projet papier Activité ancrée
prise
Fabrication et distribution Activité d’ingénierie et de
Fabrication d’un
A d’un isolant et d’un gestion de portefeuille de
isolant.
support de culture. licence.
Fabrication et Pilotage d’un pool
exploitation d’un Fabrication et exploitation industriel cotraitant et
B
nouveau distributeur d’un nouveau distributeur. exploitation d’un nouveau
de boisson. distributeur de boisson.
Conception et Conception et montage Conception, montage d’un
C fabrication d’un turbo d’un turbo compresseur turbo compresseur (pièces
compresseur. (pièces sous-traitées). sous-traitées).
Cette grille résume l’état du projet à 3 stades donnés : l’idée initiale, le concept
présenté dans un dossier intermédiaire et l’activité finalement lancée.
Cette évolution touche les caractéristiques du produit, ce qui est évident, du fait
de l’activité d’étude technique et d’analyse de la faisabilité, mais aussi la définition
même de l’activité industrielle correspondante.
Plus précisément nous avons relevé quatre situations au niveau de notre panel
expérimental (ce qui ne représente en aucun cas une tentative de généralisation).
b) Il existe des phases de travail toujours menées de la même façon quel que soit le
projet…
A partir des diagrammes consignant les observations nous avons toutefois
cherché à identifier des invariants, c’est-à-dire :
Définitions de l’innovation 81
– des activités systématiquement réalisées par les acteurs dans chaque projet,
– des résultats systématiquement échangés par les acteurs dans chaque projet,
– des séries de résultats ou activités communes à tous les projets,
– des séquences qui n’existent pas dans tous les projets, mais qui s’avèrent
stables lorsque les acteurs les mobilisent.
On constate donc, dans notre panel, la présence d’invariants : non pas des
activités ou des résultats prenant la même forme dans chaque projet, mais des
séquences de travail qui, lorsqu’on les assume, le sont toujours de la même manière.
On retrouve là les tentatives de normalisation conduites en interne de certaines
sociétés (entreprise C) ou encore au niveau international (exemple : norme
fournisseur dans le secteur automobile).
Dans le domaine stratégique, toutes les entreprises n’entrent pas en relation avec
des partenaires potentiels (ex : projets E, G), et lorsqu’elle existe, cette politique
partenariale est initiée à des stades très différents (avant la réalisation des plans dans
le cas B, après les essais techniques dans le cas H). De plus ces collaborations ne
sont pas toujours décidées, elles peuvent s’imposer aux acteurs après certains
contacts (projet J).
personnes qui pourront intervenir dans le futur sur les projets. Les
points à aborder durant ces phases de bilan correspondent à notre
chapitre relatif aux 13 pratiques des entreprises les plus innovantes.
Seconde conséquence : il fait partie de la mission du responsable de
projet de réfléchir au processus de travail des personnes associées. Il
convient d’avoir un processus prévisionnel, de chercher à l’optimiser
(en termes de coût, de délais, de fiabilité), de le faire évoluer en
fonction des événements et de le faire adopter par les participants. Ce
travail s’ajoute à la supervision de l’avancement des actions et des
études liées au projet.
2.4.7. Conclusion
Que sont divers les regards portés par les spécialistes sur l’innovation ! Mais
n’est-ce pas la conséquence logique de la nature même de ce processus. Bien sûr on
peut arguer du caractère relativement récent des investigations dans ce domaine.
Toutefois l’innovation que nous avons analysée sous l’angle des technologies,
apparaît :
– complexe,
– incertaine,
– sous forme de processus de transformation technique, de processus cognitif,
d’évolution sociale…
– formelle et informelle.
Elle peut être abordée selon diverses échelles de référence : les structures (les
entreprises et toutes les organisations de production de biens et services), les équipes
ou les individus. On peut considérer encore l’ensemble des initiatives de l’entreprise
ou uniquement ses projets innovants parfaitement structurés (individuellement ou
sous forme de portefeuille).
De plus, il nous semble important d’établir un lien avec les sciences de l’action.
L’information ne nous apparaît pas recouvrir l’ensemble des éléments à intégrer à
notre vision de l’innovation, nous retiendrons le terme d’événement. C’est parfois en
faisant, en agissant qu’émerge un nouveau concept.
Dans cette partie, nous avons cherché à mieux décrire la diversité des processus
d’innovation et à faire émerger des phénomènes sous-jacents à cette apparente
hétérogénéité.
Notons toutefois, quelques limites évidentes à nos présentations. Nous avons peu
abordé certains aspects sociaux individuels du processus d’innovation. Pourtant, au
centre de ces processus on observe des comportements particuliers tant individuels
que collectifs. Au niveau individuel, par exemple, les décisions arrêtées au cours des
travaux d’étude dépendent de la place que chacun s’autorise au sein du système
industriel. Un acteur de l’innovation énoncera ou mettra en œuvre des idées selon sa
propre vision de sa marge de liberté et de son aire de responsabilité. Au niveau
collectif, les choix fixés sont influencés par le partage du sens de développement par
le groupe considéré ou encore par des référentiels normatifs collectifs (ce que
l’entreprise nous autorise, ou la vision collective du métier de base de celle-ci).
cercle mais une ellipse avec ses deux foyers. Définir un domaine de connaissances
est donc un exercice complexe qui nécessite une analyse complète dont nous
n’avons pas le loisir ici.
Peut-on identifier des foyers, les « centres multiples » pour les « sciences de
l’innovation » ? Le schéma ci-après en donne une représentation succincte et sans
doute simplificatrice.
2.4.8. Bibliographie
BENGHOZI R., CHARUE-DUBOC L., Innovation based competition and design system
dynamics, Paris, Harmattan edition, 2000.
BOLY V., MOREL L., RENAUD J., Towards a constructivist approach to technological
innovation management, An overview of the phenomena in French SME’s, in
International Handbook on Innovation, Toronto, elsevier edition, 2003.
GIARD V., MIDLER C., Pilotage de projet et entreprise; diversités et convergences,
Economica, 1993.
GODET M., Manuel de prospective stratégique, Dunod, 1997.
HAMEL G., Leading the revolution, Boston, Harvard Business School Press, 2000.
LORINO P., Le déploiement de la valeur par les processus, Revue Française de Gestion, juin,
juillet, août 1995
Chapitre 3
L’objet de cette partie n’est pas le pilotage des projets en tant que tel, mais les
facteurs clés de succès d’une ingénierie plus globale ayant pour objet le management
du processus d’innovation.
88 L’ingénierie de l’innovation
Nous avons vu qu’il existe une grande diversité dans l’évolution des projets
innovants et une non moins grande diversité dans leur management, on peut donc
supposer qu’il n’y a pas de méthode unique ou d’organisation idéale pour rendre
continuel le lancement de projets d’innovation. C’est notre première hypothèse.
Nous considérons donc qu’il existe une nécessaire amélioration et adaptation
continuelle des pratiques liées à la conduite de l’innovation et que ceci constitue en
soi un véritable processus. Chaque projet, chaque entreprise, chaque technologie
doit trouver le processus d’innovation le plus adapté à un moment donné. Eh oui ! le
processus d’innovation est managé par un ensemble d’étapes qui forment elles-
mêmes un processus : complexe non ?
Des méthodes
Des organisations
temps
Technologie Technologie Technologie
1 2 3
Autre question de base : à quel niveau intervenir pour accroître les chances de
réussite ? Il existe quatre niveaux d’intervention en ingénierie de l’innovation
technologique :
– l’objet : c’est l’élément innovant qui est créé par l’entreprise. Il s’agit d’une
activité industrielle valorisant un produit, un procédé ou tout autre forme. Son étude
peut entrer dans le champ de la conception d’activité (ce niveau n’est pas étudié
dans cet ouvrage mais nous n’en mésestimons pas l’importance),
– l’individu ou le groupe d’individus : à certaines périodes chaque personne au
sein de l’entreprise peut devenir un acteur du processus d’innovation. Il jouera un
rôle personnel ou participera à un phénomène collectif,
– le projet : c’est le niveau organisationnel support des activités de conception de
l’objet. Selon l’AFITEP, le projet est un système complexe d’intervenants, de
moyens et d’actions, constitué pour apporter une réponse à une demande élaborée
pour satisfaire au besoin d’un maître d’ouvrage. Sa caractéristique principale réside
dans sa durée limitée dans le temps. L’étude du projet relève naturellement du
domaine de la gestion de projets, tout en précisant qu’il existe des différences
notoires entre des initiatives classiques et celles qui intègrent la nouveauté,
90 L’ingénierie de l’innovation
Ces trois niveaux doivent être abordés de manière cohérente pour réussir
l’innovation. Concrètement, tout responsable prenant une décision doit alors se
poser systématiquement les questions suivantes : quel est l’impact de la nouveauté
sur :
– les individus qui travaillent avec moi,
– le projet auquel je participe,
– l’ensemble de l’organisation et de la stratégie de l’entreprise ?
Enfin rappelons que les idées, les savoirs sont souvent individualisés. Or
l’émergence de projets est généralement collective et d’autre part l’évolution
technologique de l’entreprise s’appuie aussi sur des savoirs collectifs. Il convient
donc de créer les conditions de l’émergence, de la diffusion et du partage des savoirs
et de l’action.
Trois éléments vont conditionner l’impact des actions assurées par les pilotes de
l’innovation technologique (figure 3.3.) :
Un partage du sens
général de l’évolution
NOUVEAUTE
Une culture Une architecture
de la prise d’initiative pour l’action individuelle
et de l’ouverture et collective
L’une des clés du succès réside dans la capacité des dirigeants à définir un sens
général aux actions, à formaliser le futur à atteindre par les acteurs de l’innovation
technologique. Il s’agit de préciser des tendances d’évolution et d’aider le personnel
à les adopter.
Parmi les variables du futur à expliciter, citons entre autres : les savoir-faire de
base, les valeurs éthiques, les atouts à pérenniser, les particularité vis-à-vis de la
concurrence. L’équipe innovante se pose alors la question suivante : comment
concrétiser cette vision de l’avenir ? Quel nouveau produit, quelle nouvelle activité,
quelle nouvelle méthode de travail, quelle organisation permettra sa mise en place ?
3.3.2. Deuxième facteur clé. Structurer les actions individuelles et collectives pour
accroître les chances de succès et superviser l’acquisition de valeur
Ces opérations sont essentielles pour lever des obstacles classiques liés à
l’innovation : projets ayant une durée extrêmement longue, dérive des coûts ou
multiplicité des coûts cachés, projets ne donnant pas de bons résultats mais
perdurant quand même.
Chaque membre du personnel doit savoir que proposer des modifications (sur le
produit, le procédé, l’organisation, la stratégie), participer à la mise en œuvre des
évolutions fait partie intégrante du poste occupé. Chez un sous-traitant automobile,
les cadres participent pendant les arrêts de production à des opérations de génie civil
pour déplacer des machines pendant que les opérateurs se réunissent pour envisager
l’organisation du travail après réimplantation de l’atelier !
3.3.4. En synthèse
Une stratégie claire et partagée, une architecture précise pour les actions
individuelles et collectives, de même qu’une culture spécifique constituent trois
éléments basiques pour l’ingénierie de l’innovation. Ces trois éléments sont
importants pour le praticien mais aussi le chercheur qui peut les utiliser pour
observer et analyser les situations en entreprise.
L’ingénierie de l’innovation :
que font concrètement les entreprises
les plus innovantes ?
A ce stade, nous nous sommes basés sur notre propre expérience du management
de l’innovation technologique en entreprise et en particulier en PME, mais aussi sur
un travail de recensement bibliographique effectué dans la littérature scientifique
internationale. Nous avons cherché à diversifier les sources en fonction des
communautés d’origine des auteurs. Nous avons veillé en particulier à couvrir le
champ des travaux développés en Amérique du Nord que l’on pourrait qualifier
d’école des « Best Practices ». Nous avons également entrepris des enquêtes auprès
d’experts industriels et académiques : rencontres directes ou questionnaires.
100 L’ingénierie de l’innovation
Expérience
Bibliographie Avis d’experts industrielle
Recensement
des phénomènes
observables en entreprises
Cette liste dont on peut assurer qu’elle évoluera à terme car le pilotage de
l’innovation ne peut être stable, est en soit une source d’information intéressante
pour le praticien. Elle lui fournit un « benchmarking » des pratiques actuelles. Grâce
à cette classification, un auto-bilan de l’entreprise peut être mené avant de réfléchir à
l’adaptation au contexte unique de l’entreprise considérée. Notre objectif est
également pédagogique, notre liste servant de référentiel d’action et d’apprentissage
pour des cadres et des étudiants.
Les entreprises innovantes ont une réflexion sur leurs tâches de conception :
comment travaillons-nous, que devons nous changer, quelles sont les méthodes
émergentes ? Le but est généralement de :
Que font concrètement les entreprises ? 103
Pour faciliter la mise en place d’une conception plus efficace, il convient de bien
identifier les tâches élémentaires de conception. Nous reprendrons et généraliserons
pour cela un modèle développé par CHRISTOPHOL (du Laboratoire de Conception
de Produits Nouveaux de l’ENSAM Paris).
Les tâches de conception entreprises par les acteurs d’un projet peuvent être
classées en six catégories :
– l’initialisation : elle consiste à établir le cadre de travail, le sens du projet,
intégrer la stratégie de la direction, constituer une équipe et définir des objectifs si
cela est possible.
– la modélisation : c’est l’étape de formalisation des problèmes techniques,
commerciaux, économiques, et interdisciplinaires que l’on doit résoudre.
– la création : c’est l’étape de réalisation des études et de proposition des
solutions techniques.
– la mesure de la faisabilité : il s’agit des études et des tests permettant de
vérifier la validité des solutions proposées.
– la validation : elle consiste à vérifier la cohérence entre les solutions, ainsi que
l’adéquation entre celles-ci, les besoins du client et la stratégie de l’entreprise.
– la communication : ce sont les échanges de données entre personnes
impliquées dans le projet.
des tâches de conception par CHRISTOFOL nous semble plus complète que les 4
phases amont que détermine EDELHEIT :
– la préparation : collecte et accumulation d’informations diverses,
– l’incubation : réflexion plus ou moins structurée avec des recoupements
conscients ou inconscients,
– l’inspiration : l’idée émerge,
– la vérification : l’idée est confrontée à tous les critères de faisabilité.
Initialiser
Valider Créer
Faisabilité
Des études ont été menées aux Etats-Unis sur ces phases de conception en
abordant à la fois la place de l’action et des modes de raisonnement. Ils montrent,
entre autres, que l’évidence apparente qui consisterait à dire que l’on formalise
toujours avant de créer puis de tester n’est pas de règle en innovation. Parfois
l’expérimentation peut être le préalable. E. LANG, le créateur de la société
POLAROID annonce à ce propos : « Il faut que mes employés développent leur
esprit expérimental. Quand quelque chose ne marche pas, qu’ils tentent strictement
l’inverse. Si cela ne conduit pas à la solution, cela permet d’élargir le champ de
réflexion ». Et de citer une anecdote personnelle très illustrative : « Ayant égaré mes
lunettes dans les bois, je décidai de retourner à mon domicile à la tombée du jour et
de revenir dès que le soleil se lèverait. J’appliquai alors à moi-même mes
Que font concrètement les entreprises ? 105
également à leurs équipes un travail de réflexion sur l’importance et les coûts des
expérimentations. Les outils de simulation permettent parfois de limiter des
campagnes d’essais onéreuses. Les expérimentations sont menées en interne en
insistant sur l’implication du service qualité (homologation des sous-ensembles
testés, traçabilité des tests…) ou en externe. Notons que dans le domaine financier,
l’application de la méthode CCO (conception à coût objectif : voir chapitre sur les
outils) facilite les études de faisabilité. Elle repose en effet sur la fixation dès le
début du projet du coût limite du produit pour atteindre une activité rentable,
– la validation : les entreprises innovantes impliquent le client le plus tôt
possible dans le processus de conception. Cette customerization se traduit par la
présence de représentant du ou des clients dans les phases de création ou par des
échanges formels réguliers (les « top clients » de la gestion du projet) et par
l’utilisation de systèmes d’information communs. Pour des produits grand public, il
est parfois fait appel à la critique de panels (sur le principe des tests organoleptiques
de l’agroalimentaire) ou à des utilisateurs intensifs (exemple : des athlètes de haut
niveau pour des articles de sport). On constate une diminution sensible des tâches
(hélas souvent peu évidentes à repérer) de re-modification lorsque cette validation
est bien intégrée dans le projet,
– la communication : les solutions retenues sont diverses. Lettres éditées
régulièrement, intranet, compte rendu, réunion, vidéoconférences. Certains outils
tels que le QFD et son « toit de la qualité » (voir chapitre sur les outils) permettent
de pointer les choix techniques devant relever impérativement d’un travail collectif,
d’un échange entre des experts donnés. Dans les entreprises innovantes, c’est le
caractère systématique et très cadencé de la communication qui est à retenir. En
termes de contenu, il est difficile de généraliser. Précisons qu’en majorité,
l’information est pluridisciplinaire : données techniques et financières par exemple.
Il existe parfois des accès sélectifs à certaines bases de données selon les
participants à un même projet (exemple : informations confidentielles sur un client).
Dans les entreprises innovantes, une véritable veille des pratiques des
concurrents ou des entreprises d’autres secteurs est faite relativement à ces six
activités de base. Lors de la dernière décennie, la filière automobile a ainsi servi de
source d’inspiration pour l’ensemble de la mécanique et de la fabrication des
produits manufacturés.
précédent). Ils doivent évoluer au même titre que les outils de marketing, de
changement organisationnel, d’analyse du fonctionnement de la production... et
traduire ainsi la culture de progrès continu de l’entreprise. Nous consacrerons plus
loin dans ce document un chapitre aux outils de pilotage de l’innovation. Notons que
nous avons délibérément éludé les outils de CAO, DAO et autres systèmes de
gestion de données informatiques
Les entreprises innovantes mettent en place un pilotage des projets pour s’assurer
que :
– le prix de vente du futur produit (résultant de toutes les étapes d’élaboration du
projet) garantisse un bon ancrage dans l’environnement et un fonctionnement
possible et rentable de l’entreprise,
– la qualité du produit sera maîtrisable en interne,
– les délais permettront une arrivée à temps sur le marché et une satisfaction des
clients,
– le degré de nouveauté sera compatible avec les savoir-faire de l’entreprise et
de ses partenaires (acceptabilité par les clients, atout vis-à-vis de la concurrence...).
Les dirigeants des entreprises notent que la maîtrise des ressources représente
l’enjeu majeur du pilotage de projets innovants. Plus précisément, il s’agit du suivi
de l’utilisation, de la qualité et de la disponibilité des compétences des individus
mobilisés par le projet, des équipements, des moyens financiers, des informations
disponibles et du matériel. Cette affectation des ressources vise à :
– se donner davantage de chance pour atteindre un bon niveau de rentabilité
puisque les frais de développement pèsent sur le coût de la future activité,
– inciter les participants à tendre vers des délais minimum.
Notons que l’on retrouve alors l’un des très beaux paradoxes de l’innovation. Il
faut stimuler la créativité pour accroître le rythme d’émergence des nouveaux
produits. Or la créativité nécessite du temps « non directement productif » :
s’informer, découvrir de nouveaux savoirs et de nouvelles techniques, s’adonner à sa
curiosité. De plus, puisque la durée de vie des produits est plus courte, il faut réduire
les délais de développement, diminuer la période consacrée au projet. Dit
simplement : comment faire plus vite en accordant plus de temps aux individus ?
Réduction
des délais
Parallélisation des tâches
temps
Les outils de pilotage de projet sont largement utilisés dans les entreprises
innovantes. Ils sont pour la plupart bien connus puisqu’ils font l’objet d’une norme
AFNOR (X50-150), et de nombreuses publications de l’AFITEP (Association pour
la Gestion de Projet) : pert, gantt, outils de coûtenance... Ils facilitent la maîtrise des
ressources : temps, personnel, finances.
On notera toutefois que ces outils de gestion ont été, pour la majorité, conçus et
utilisés pour piloter des projets ne se caractérisant pas par leur aspect innovant
(chantier de construction d’unités industrielles par exemple). Nous avons vu que
l’analyse du risque peut s’avérer critiquable dans notre cadre. D’autres méthodes
peuvent également mal s’accommoder des notions d’incertitude ou de nouveauté.
Nous avons par exemple constaté que parfois les diagrammes PERT complets sont
délaissés ou non mis à jour. Le chef de projet considérant que l’outil informatique
réclamait trop de temps pour une intégration précise des nombreuses évolutions du
projet. Des tableaux manuels sont alors utilisés.
les décisions prises sur chaque projet. Elles prennent en compte non seulement la
nécessité d’aboutir au niveau d’un projet donné mais elles vérifient aussi la
compatibilité avec les autres activités de l’entreprise. Il s’agit d’un élément
fondamental : la stratégie devant être intégrée à tout développement.
On notera que pour cette dernière décision les données objectives ne sont pas
toujours utilisées. Très peu de dirigeants savent arrêter un projet qui s’avère peu
rentable après de longs mois d’études et ceci malgré des prévisions négatives.
112 L’ingénierie de l’innovation
Faisons aussi référence aux études recensant les options politiques des
entreprises innovantes. On citera entre autres les célèbres travaux de BOOZ et
ALLEN décrivant des prospecteurs, des analystes/suiveurs, des défensifs et des
réactionnaires : faut-il être pionnier en matière de nouveauté ou suivre en faisant
mieux ?
On réservera toutefois une place particulière aux grilles de MEYER qui aident à
valoriser une innovation à travers une gamme étendue de produits et sur des niches
variées (haut et bas de gamme).
Rapport
Prix/performance
HAUT S2
S3
MOYEN
S4
S1
BAS
Notons encore que les tâches stratégiques peuvent être assumées grâce à des
outils méthodologiques mais aussi de manière empirique ou encore intuitive. Nous
n’avons pas identifié d’étude quantitative de ce dernier phénomène : il s’agirait
d’évaluer la part des décisions prises sur la base d’outils d’aide à la décision ou sans
ces méthodes. Toutefois nous avons souvent observé le recours à des approches
intuitives. Nous serions même enclins à penser que l’incertitude et la difficulté de
programmer un projet innovant impliquent un développement de ce type d’attitude.
Notons encore que les Directions initialisent leur réflexion en se référant à des
données très diverses : de la veille technologique, à des valeurs de base et à des
aspirations fondamentales. Dans le cas des PME, par exemple, la notion de
transmissibilité de l’entreprise à un proche peut s’avérer importante (innover pour
accroître la valeur), au même titre que le respect d’un capital maîtrisé par une
famille.
Cette pratique porte sur tous les projets en cours ou en attente dans l’entreprise.
Son objet est la cohérence entre toutes les pistes de développement. Naturellement
cette fonction n’a de sens que pour les entreprises qui mènent conjointement
plusieurs initiatives nouvelles, ce qui n’est pas le cas de toutes les PME.
Cette cohérence va dans le sens des facteurs clés de succès vus dans le chapitre
précédent. Notons que certains experts avancent que la mise en cohérence interprojet
réduit le champ de l’innovation mais que ceci est rendu nécessaire par le fait que les
moyens à disposition ne sont pas illimités.
La cohérence au sein d’un portefeuille porte sur les ressources affectées aux
différents projets. L’entreprise dédie des ressources financières, humaines,
matérielles... à l’ensemble des projets dont il convient de veiller à une juste
répartition. Concrètement, les ressources financières vont nécessiter des arbitrages
en termes de priorités d’investissements et de dépenses de développement. Les
ressources humaines induisent des décisions d’affectation de personnel. A la
ressource « temps » va correspondre une mise en cohérence des plannings. Le
matériel nécessite également des clefs de répartition et des plannings d’utilisation.
Dans les entreprises innovantes, une coordination existe également au niveau des
décisions « locales » prises par les équipes- projets pour :
– les prix : ceux-ci ayant un impact fort au niveau marketing (image de marque
cohérente de l’entreprise, complémentarité de gammes...) et de la distribution (choix
des lieux de vente dépendant des tarifs),
– les marchés-cibles : il convient d’analyser les phénomènes de complémentarité
et d’effet de levier entre des activités visant des marchés identiques, proches, très
différents. A ce stade, les risques de cannibalisation entre gammes de produits sont
étudiés, ainsi que les risques d’éparpillement de la force de vente,
– les délais (rythme et époques de lancement des innovations) : la coordination
en ce domaine ayant des implications logistiques et financières, l’entreprise doit
disposer des moyens pour assurer l’ensemble des délais et peut avec une bonne
coordination bénéficier d’économies d’échelle,
– la qualité : une entreprise ne possède qu’un système de management de la
qualité pour l’ensemble de ses activités,
– la nouveauté : la coordination à ce niveau sous-entend essentiellement une
répartition des risques encourus par la société à un moment donné. Beaucoup
d’innovations de ruptures représentent un risque élevé ; peu d’innovation peut mener
à une obsolescence technologique générale. Il y a encore des impacts marketing.
Citons à titre d’illustration le slogan « PHILIPS innove ».
les possibles synergies entre projets pour une activité de base donnée. Par exemple,
peut-on coordonner les travaux de création entre différents projets ? Lors d’une
collaboration avec une entreprise de services, nous avons ainsi constaté que, parmi
la vingtaine d’équipes-projets développant des applications informatiques innovantes
pour des clients, il n’était pas rare de recenser des études redondantes.
L’une des pratiques les plus courantes consiste à organiser les retours
d’expérience à l’issue des projets et à diffuser les bilans établis à toutes les
personnes susceptibles de prendre en charge un projet. Dans les grandes entreprises,
on trouve encore des systèmes plus ou moins complets de gestion documentaire
automatique qui permettent en temps réel de prendre connaissance des plans
d’action en cours dans les équipes-projets.
Nous verrons dans le chapitre consacré aux organisations, des solutions adoptées
par certaines entreprises.
Nous avons recensé peu d’outils standards dans ce domaine. Nous avons
développé en partenariat avec le laboratoire de F. Romon de l’Université
Technologique de Compiègne un didacticiel servant de guide d’action pour un
responsable de portefeuille. Il permet de suivre des étapes précises et de confronter
les données saisies projet par projet.
Que font concrètement les entreprises ? 119
4.5.1. Les objectifs d’un contrôle et d’une rétroaction sur les processus innovants
Trois axes majeurs émergent lorsque l’on veut remettre en cause le pilotage de
l’innovation dans l’entreprise ou celui des projets innovants :
– La modélisation des processus en cours. Il faut savoir collecter l’information
sur les pratiques des individus et des groupes participant à des projets puis décrire
ces contributions sous forme de phases de travail,
– l’évaluation des processus en cours. Il faut mesurer si le mode de pilotage de
l’innovation donne lieu à des performances satisfaisantes,
– la mise en œuvre de démarches de changement. Au vu de l’évaluation on
identifie des voies de changement (nouvelles méthodes de pilotage à initier par
exemple).
Précisons ces trois aspects. Nous avons vu dans le paragraphe « Pour une autre
vision de l’innovation », section 2.4.6, deux modèles permettant de représenter le
processus d’innovation (Gantt des activités et flux de résultats). Il en existe de
nombreux autres. L’intérêt est d’obtenir un diagramme compréhensible par tous
les acteurs impliqués et pouvant faire l’objet d’une réflexion en termes
« d’optimisation ».
SMITH décrit une démarche qui peut permettre de satisfaire ce besoin d’ajuster
le processus au contexte et aux finalités. Ces préconisations sont les suivantes :
– trouver un nom correct (nous ajouterons porteur de sens) à la démarche,
– utiliser des modes d’analyse et des critères qui, pour certains, sont déjà mis en
œuvre dans l’entreprise,
– définir un mode d’analyse des projets: un mode de collecte de l’information
sur le pilotage de ceux-ci. Quatre formules sont proposées: une réunion de bilan à
l’issue de chaque projet, une réunion annuelle de tous les projets, des réunions plus
courtes à des moments-clés, la création d’un groupe permanent qui étudie toutes les
initiatives en continu,
– trouver un auditeur « neutre »,
– aborder les aspects positifs et négatifs, les opportunités et les menaces. Eviter
la recherche de coupables, et l’écueil de la revendication ou de l’autosatisfaction,
– chercher un mode d’évaluation centré sur la recherche d’information
pertinente, des améliorations et de meilleures méthodes de travail. Ne pas aborder
les performances individuelles ou de groupe,
– il faut en premier lieu analyser la position des clients du processus et les gens
en contact avec ce processus. Ensuite les personnes ayant une vision globale du
système-projet sont contactées,
– l’analyse doit se baser sur des données dont une partie crédibilise l’étude
auprès des acteurs de l’innovation. Le bilan doit être reconnu valide (utiliser en
particulier des mesures techniques: durée, coût...),
122 L’ingénierie de l’innovation
La Direction influence le
processus de travail de modification
l’équipe-projet de la
stratégie
Ces éléments nous semblent intéressants tout en considérant que l’on ne peut pas
en tirer une procédure à long terme pour l’entreprise.
Là encore nous avons recensé très peu d’outils standards. Notons que tous les
outils classiques de modélisation de processus sont utilisables (on se reportera à la
section g/ du chapitre pour une nouvelle vision de l’innovation). Citons entre autres
System Analysis and Design Technic (SADT) permettant de caractériser des phases
de travail ainsi que les données d’entrée et de sorties correspondantes. Il est
également possible d’utiliser des techniques proches de Métaplan : les acteurs du
processus représentent chaque phase de leur travail par un post-it. Toutes
modifications d’un post-it (par exemple son déplacement vers l’amont du projet),
s’accompagne de la rédaction d’une fiche « nouvelles règles » qui précise les
conditions à respecter par le groupe-projet s’il modifie la phase en question.
Il est évident que de manière indirecte, les conditions de travail ont une influence
sur l’objet du travail des acteurs : l’organisation influence le processus d’innovation.
GUPTA affirme, par exemple, que la mise en place du Total Quality Management
(TQM) et de ses règles de fonctionnement facilite l’innovation
Nous avons cherché à définir certaines des aptitudes caractéristiques des acteurs
ou des équipes impliquées dans le processus d’innovation. Elles sont recensées dans
Que font concrètement les entreprises ? 127
notre chapitre consacré aux aptitudes des acteurs de l’innovation. Puis, nous avons
retenu deux domaines visant spécifiquement le développement de ces aptitudes et
qui représentent les principaux leviers d’actions des entreprises innovantes :
– la formation et le recrutement,
– l’évolution des carrières.
Formation et recrutement
Ce sont les deux voies traditionnelles d’enrichissement du potentiel humain de
l’entreprise.
Nous avons vu qu’innovation et incertitude sont deux notions liées et que même
l’innovation peut naître de l’incertain. Or le besoin de sécurité est présent en tout
individu. Assumer l’innovation est donc parfois difficile à vivre, même si, durant
certaines périodes, participer à une innovation génère un enthousiasme et fédère les
équipes.
Dans les entreprises innovantes, les acteurs de l’innovation trouvent des appuis
au cours de leurs activités. Il s’agit d’éléments visant à créer un contexte favorable à
la nouveauté et la prise d’initiative tant au niveau individuel que collectif. On fait ici
référence au facteur clé de succès lié à la culture interne. Plus précisément, nous
avons relevé des pratiques relatives :
– au rôle du dirigeant,
– au management, à la qualité des relations hiérarchiques et aux relations
interpersonnelles de manière générale,
– aux valeurs,
– aux rémunérations.
Le rôle du dirigeant
Le dirigeant joue souvent un rôle moteur dans l’innovation. Sans prétendre à
l’exhaustivité remarquons les comportements suivants :
– faire preuve d’exemplarité pour rassurer et fédérer,
Que font concrètement les entreprises ? 129
Le management
Les auteurs sont unanimes pour mettre en évidence l’importance du
management.
Les relations entre personnes ont un impact très important puisque l’ingénierie
de l’innovation tend à supprimer et à modifier les barrières dans l’entreprise. Des
relations de qualité sont stimulantes : clarté dans les rapports, convivialité et respect.
Les valeurs
La culture et les valeurs collectives revêtent une importance notoire. Les
changements technologiques s’accompagnent toujours d’évolution culturelle
majeure. L’innovation est donc influencée par le passé collectif et agit sur la culture
résultante. CHATEAUBRIAND disait : « on ne dirige pas une nation avec des
Que font concrètement les entreprises ? 131
Les rémunérations
Faut-il donner au personnel des entreprises des gratifications en fonction de
l’évolution des projets innovants ? La question ne trouve pas de réponse définitive.
La rémunération est en partie la traduction de la culture et des valeurs de l’entreprise
et de ses dirigeants.
acquisition de compétences pour des groupes d’individus. Le but ultime est d’être à
l’origine de nouvelles représentations et de modes de raisonnement différents pour
les acteurs de l’innovation.
On peut donc affirmer que la capacité à développer une nouvelle technologie est
directement influencée par la pertinence du processus d’apprentissage collectif dans
l’entreprise. La facilité avec laquelle un nombre important d’employés acquière un
nouveau savoir-faire suite à l’émergence d’une innovation est un critère clé de
succès. Certains experts parlent de la vitesse entre innovation et standardisation,
entre un nouveau savoir (original et discriminant sur le marché) détenu par quelques
individus et un savoir partagé.
associé à l’innovation. Bien connaître une technologie c’est fédérer les approches de
plusieurs experts et diffuser l’expérience ainsi acquise. Exemples : l’impact de
certaines options techniques sur le choix du réseau de distribution ou le mode de
maintenance chez le client, les conséquences d’un choix marketing sur
l’organisation du management de la qualité.
Le but des pratiques dans ce domaine est d’aider chaque individu à comprendre
sa place dans le collectif de l’entreprise et de stimuler de manière accrue la réflexion
dans et sur l’action. Ceci permettant à chacun et au collectif d’identifier rapidement
ses erreurs, de les corriger et de mémoriser l’acquis correspondant.
réflexion est ensuite menée pour retenir les éléments qui ont un intérêt pour toute
l’entreprise à court et long terme. Par exemple : un nouvel algorithme d’optimisation
du procédé a été découvert, il peut concerner tous les personnels des services
méthodes et travaux neufs. Un nouveau type de contrat a été passé avec un
fournisseur, il concerne tous les futurs chefs de projets et les membres du service
achat. Ce travail de détection des acquis est suivi d’une phase de diffusion : par
formation, compagnonnage ou information (formalisée par écrit le plus souvent).
– l’existence d’un groupe de « sages » (parfois intitulé comité nouveaux
produits). Ce sont des personnes (ayant une expérience en innovation le plus
souvent) qui ont des contacts réguliers avec les chefs de projets. Ils recueillent les
retours d’expérience de ceux-ci et interviennent en conseils auprès des nouveaux
chefs de projets. Ce groupe joue donc le rôle de diffuseur des acquis de chaque
équipe-projet, c’est la mémoire active de l’entreprise en matière de gestion de projet.
acquis dans d’autres projets ou les vendre). Ceci fait partie des mécanismes
importants pour l’entreprise innovante.
Les données ont un caractère « métier ». Ce sont moins des données scientifiques
et techniques de base que des informations spécifiques à l’entreprise et à sa
technologie. On retrouve là une partie des savoir-faire caractéristiques de la structure.
Exemple : les limites possibles pour certaines caractéristiques de production dans
une entreprise de traitement de surface (taille des pièces pouvant être traitées en
fonction de la régularité du traitement obtenu).
Des nombreux outils logiciels spécifiques existent et une offre commerciale est
disponible dans ce domaine. Ces outils sont plus ou moins performants en fonction :
– du domaine technique : chimie, mécanique, agroalimentaire, etc.,
– du nombre de dossiers à capitaliser,
– du nombre d’utilisateurs,
– de la diversité des familles d’information à saisir (textes, documents
techniques, plans…),
– des fonctions attendues : moteur de recherche, codification automatique…
ce sens, cette onzième pratique se rapporte au facteur clé de succès lié à une
stratégie claire. La veille apparaît donc clairement comme une opération structurante
de la réflexion stratégique.
Mais elle ne concerne pas uniquement cette activité de veille stratégique, elle
aborde également l’ouverture de l’entreprise sur l’extérieur. Les tâches de vigie
influencent les préoccupations individuelles et collectives et donc la culture interne.
Ces deux aspects de la veille technologique sont prioritaires.
mobilisé par des approches cherchant à déterminer des éléments favorables dans des
situations menaçantes,
– faire comprendre que le changement est à la base du développement (et de la
survie) : là encore ce sont des exemples industriels extérieurs qui stimulent cette
culture du changement,
– développer de nouveaux raisonnements: le personnel de l’entreprise adopte, de
par sa formation et son expérience, des modes de raisonnement et des méthodes de
traitement des données. Or nous avons vu que l’innovation consiste en particulier à
changer de règles. La veille technologique peut stimuler l’innovation en faisant
découvrir de nouveaux modes de raisonnement au personnel. C’est une façon de
créer de nouveaux référentiels. Nous citerons à titre d’exemple, le cas de la
conception à coût objectif qui représente une forte évolution des pratiques pour les
ingénieurs des entreprises qui décident de son adoption : considérer le coût du futur
produit comme une donnée de départ et non plus comme la résultante économique
des choix techniques,
– suivre une logique client : La veille technologique est une voie de
renforcement de la culture orientée clients. En intégrant très tôt dans le processus
d’innovation, des informations concernant les utilisateurs (collecte de données,
visites, réunions de travail…), les acteurs de l’innovation seront davantage soucieux
de l’adéquation produit/besoin et conscients de l’impact possible de leur innovation
sur l’organisation interne de leurs acheteurs.
– les fournisseurs,
– les concurrents directs (même produit et même marché),
– les intrants potentiels : entreprises ayant les mêmes savoir-faire mais
n’élaborant pas (encore ?) les mêmes produits ou ne se situant pas sur le même
marché,
– les industries de substitution : entreprises ayant des savoir-faire très différents
mais ayant la capacité de proposer un produit pouvant se substituer à celui de
l’entreprise (fonctions identiques),
– les experts internes et externes (centres de recherches, centres techniques).
Les données doivent être collectées, voire centralisées. La collecte se fait grâce à
des moteurs de recherche sur Internet, par lecture de revues scientifiques et
techniques, de la presse (plus ou moins spécialisée), par une présence dans des
Que font concrètement les entreprises ? 141
Nous ne ferons pas ici de longs développements sur les outils de la veille. Leur
nombre est particulièrement important.
Bien sûr, ce mode de fonctionnement n’est pas spécifique à notre domaine. Nous
nous intéressons ici aux réseaux concernés par l’innovation sachant qu’il en existe
une grande variété : réseau de production, logistique, commerciaux...
Il existe un lien entre la nature des réseaux et les objectifs attendus par les
entreprises participantes.
faible fort
degré d'autorité
du donneur
d'ordre
réseau
structure dépendant
fordiste
faible
Ce sont ces derniers qui ont le plus d’importance en termes d’innovation. Plus
précisément c’est là que le dirigeant (ou le cadre) sera le plus souvent confronté à
une situation ou à une information qui peut impulser le processus d’innovation. En
effet, de nombreuses informations circulent au sein de ces entités plus ou moins
formelles. De plus, les enjeux entre membres des réseaux à signaux faibles sont
moins prégnants (moins de rétention).
On ne peut parler d’outils de gestion de réseaux en tant que tel. Notons toutefois
que l’on peut utiliser les outils de diagnostic stratégique pour s’auto-évaluer mais
aussi pour faire émerger des complémentarités utiles et donc identifier le profil idéal
du partenaire.
Citons le cas des chaînes de valeur de Porter. Elles permettent d’identifier les
caractéristiques de l’entreprise en matière de logistique amont, production,
logistique aval, commercialisation et services connexes. De la même manière elles
permettent de préciser les « maillons » à enrichir dans cette chaîne et donc d’en
déduire un cahier des charges du partenaire souhaité. Ce partenaire aura pour rôle de
s’insérer dans la chaîne de valeur de l’entreprise.
Le test d’excellence technologique sert alors de plan pour le cahier des charges
du partenaire idéal. Nous avons par exemple procéder de la sorte pour trouver un
partenaire fabricant pour un centre de recherche ayant mis au point la formulation
d’un nouveau produit laitier.
Que font concrètement les entreprises ? 147
Il est souvent considéré qu’être innovant c’est être créatif. Toutefois certains
experts notent qu’il est parfois plus rentable d’être curieux et observateur que
créatif.
un cadre contractuel (propriété intellectuelle) très strict lorsqu’elle sort des limites
de l’entreprise.
– une grande frustration pour tous ceux dont les propositions ne sont pas
retenues (essentiellement pour une inadéquation avec les orientations stratégiques de
base),
– pas ou peu de pistes impliquant des technologies inconnues de la direction,
– beaucoup de propositions dont la généralisation à tous les sites de production
n’est pas possible.
Les outils de production d’idées peuvent être classés en première analyse en trois
catégories :
– les outils de créativité de groupes : on utilise des systèmes permettant de
stimuler l’expression de nouveaux concepts au sein d’un groupe de personnes. Le
Que font concrètement les entreprises ? 151
Brainstorming est le plus connu. Il en existe bien d’autres (matrice des découvertes,
méthode des scénarios…) qui chacun organise le travail selon des principes de
stimulation cognitive. On cherche en fait à modifier les représentations individuelles
des « objets » et à multiplier les modes de raisonnement. La matrice des découvertes
par exemple, repose sur une logique combinatoire (que peut-il se passer de nouveau
à l’intersection de la variable en ligne et de la variable en colonne de la matrice).
L’utilisation de ces outils réclame une organisation en groupes de réflexion,
– les outils de libre expression : ces outils sont disponibles à tout moment pour
des individus et des groupes. Ils permettent essentiellement de faciliter l’acte de
collecte et une éventuelle diffusion dans l’entreprise. On compte entre autres dans
cette catégorie la fameuse boîte à idées ainsi que des panneaux basés sur une
communication visuelle,
– les outils issus des théories sur l’invention. Les plus connus et utilisés par les
entreprises innovantes sont les outils liés à Triz. On se reportera au dernier chapitre
pour plus de détails. Mais précisons que ces outils servent essentiellement à faire
émerger de nouvelles idées dans le domaine technique après une aide à la
formulation des problèmes. Des logiciels sont disponibles sur le marché.
4.14. Synthèse
4.15. Bibliographie
Quelles organisations
pour l’ingénierie de l’innovation ?
Nous avons vu qu’un lien étroit existait entre le schéma organisationnel d’une
entreprise et son processus d’innovation. Les pratiques d’innovation influencent
l’organisation et inversement. Dans ce chapitre nous présenterons les principales
organisations support de l’ingénierie de l’innovation. On constate une grande
évolutivité dans ce domaine. Cette tendance au changement dans la façon de
structurer les initiatives peut s’interpréter comme :
– une caractéristique des processus d’innovation. La nouveauté dans le contenu
des projets induit une accélération dans le renouvellement des structures,
– un manque d’expérience des entreprises : les connaissances dans ce domaine
ne sont pas encore largement diffusées,
– une preuve de la diversité des situations : il n’ y a pas d’organisation idéale,
– un apprentissage en cours de la part des dirigeants.
Nous présenterons ici ceux à qui l’entreprise innovante fait appel. On distingue :
154 L’ingénierie de l’innovation
5.3. Bibliographie
GRIFFIN A., « PDMA research new product development practices, updating trend and
benchmarking best practices », Journal of Product Innovation Management, 14, 429-459,
1997.
PONS F., RAMECOURT M., L’innovation à tous les étages : comment associer les salariés
à une démarche d’organisation, Paris, Editions d’organisation, 2001.
Chapitre 6
Nous avons cherché à rassembler ici une liste des principales aptitudes ou savoir
être individuels qui se trouvent valoriser dans le contexte de l’innovation. Là encore
nous ne prétendons pas à l’exhaustivité mais ce recensement nous semble
particulièrement indicatif de profils adaptés au processus décrit précédemment dans
cet ouvrage.
Quatorze caractéristiques ont été identifiées que nous présenterons en tant que
compétences et comportements-clés. Le but du responsable de l’innovation dans une
entreprise ou d’un chef de projet va être d’identifier les compétences à sa disposition
et celles qui lui manquent pour mettre en œuvre une politique de management global
et de management des compétences adaptées à l’innovation.
6.1. La créativité
6.2. L’autonomie
L’autonomie est un critère parmi les plus cités dans la bibliographie. L’innovation
est étroitement liée à la capacité des individus à déterminer leurs propres règles et à
se gérer selon celles-ci. Cette indépendance intellectuelle et parfois matérielle est
bien sûr influencée par le management pratiqué par les dirigeants des entreprises.
Notons que les notions de responsabilisation et d’autonomie sont voisines.
L’innovation est influencée par les obligations que chaque acteur concerné accepte
d’assumer et du risque qu’il accepte de prendre. De ce fait, la nouveauté est stimulée
par l’étendue du degré de liberté accordé aux concepteurs, en particulier dans les
choix techniques et les actions visant à se confronter à l’extérieur. Les dirigeants des
sociétés innovantes ont des avis très tranchés. Pour certains, si nécessaire, un
innovateur ne doit pas hésiter à court-circuiter sa hiérarchie pour défendre des idées
novatrices. Développer l’esprit d’entreprise, l’autonomie et la responsabilisation à
tous niveaux permet d’éviter ces phénomènes.
Des auteurs ont étudié la corrélation entre la capacité à innover des organisations
et l’application de démarches expérimentales. L’innovation résulterait souvent non
pas de démarches hypothético-déductives mais de confrontations à l’expérimentation.
Pourtant les organisations recrutent en majorité des personnes dont la formation les
Avec quelles compétences ? 159
Les projets d’innovation sont initiés le plus souvent dans des environnements
complexes et fortement évolutifs. Tout groupe chargé de développer une innovation
se voit donc confronter à de nombreuses incertitudes et à des événements pouvant
conduire à une remise en cause de tout ou partie du projet. Godet rappelle que la
notion de crise se traduit dans la culture japonaise par une double représentation :
une menace et une opportunité. Un des atouts des ingénieurs et des managers réside
alors dans leur capacité à rechercher systématiquement les aspects favorables dans
les situations perturbées. Cette aptitude apparaît importante pour les organisations
orientées vers une plus grande capacité à innover. On notera que nous avons retenu
cette compétence malgré la faiblesse de la littérature dans ce domaine. En pratique,
on constate que c’est en faisant appel à leur intuition que de nombreux dirigeants ont
su saisir des opportunités. Notons que des réunions au cours desquelles on cherche à
repérer en groupe des éléments favorables dans une description de l’environnement
de l’entreprise suffisent parfois à stimuler cette aptitude.
La nouveauté peut être stimulée par la recherche des germes de changement dans
l’environnement mais aussi par un refus d’adopter sans réflexion ce qui est
considéré comme traditionnel.
Les entreprises élaborent des solutions innovantes pour répondre aux besoins des
futurs utilisateurs. De toute évidence il est plus facile de générer une bonne solution
lorsque le problème initial est parfaitement décrit. Il s’agit de se poser la bonne
question. Faut-il trouver un nouveau procédé de traitement des déchets ou chercher
un process de production qui génère moins de résidus ? Or la phase de formulation
du problème ou de définition du système à étudier est souvent éludée ou mal
formalisée, chacun présupposant que l’expertise individuelle affranchit de cette
tâche. « On va droit à la solution »
Les dirigeants doivent veiller alors à la reconnaissance de ceux qui mènent à leur
terme leurs initiatives.
Tout ce qui concourre à la proximité avec le client va dans le sens des aptitudes à
« raisonner client » : diffusion d’informations, visites ou stages chez le client, outils
informatiques de GRC (gestion de la relation client)… Les méthodes de travail telles
que l’analyse fonctionnelle développe aussi cet état d’esprit
L’innovation impose que les acteurs portent leur regard vers l’avenir. Ceci
nécessite de la curiosité, de l’imagination, le goût de la nouveauté et une envie de
construire. Toutes aptitudes et comportements qui lèvent les forces conservatrices
individuelles et collectives.
Le dirigeant joue un rôle important dans ce domaine, car il doit être exemplaire.
L’information diffusée sur les projets (en particulier lorsqu’ils aboutissent) permet
de créer une culture interne orientée vers l’avenir. Elle peut conduire à forger une
image de modernisme au sein de l’entreprise. Certains dirigeants n’hésitent pas à
diffuser la « petite histoire » des projets. De plus, le retour d’opinion des clients peut
également avoir un impact positif. Associé le plus grand nombre dans certaines
164 L’ingénierie de l’innovation
phases du processus représente une autre pratique : par exemple quand il s’agit de
tester le futur produit.
L’une des aptitudes des individus fortement impliqués dans les processus
d’innovation est de comprendre et savoir expliquer que le changement est la clef de
la survie et même du développement de l’entreprise. Tout naturellement, il ne s’agit
pas d’une compétence acquise sur le long terme, elle dépend de l’individu et du
contexte dans lequel il est placé. Les acteurs de l’innovation doivent pouvoir
s’engager dans le processus de changement et non le combattre. Les leaders de
l’entreprise peuvent adopter des approches positives en ne cherchant pas uniquement
à combattre les résistances.
En interne, les acteurs doivent modéliser et prédire les impacts des décisions de
conception sur toutes composantes de l’entreprise (production, maintenance,
qualité…). Les liens portent aussi sur les relations interservices (une nouveauté sur
un produit change-t-elle le mode planification de la maintenance préventive
associant Maintenance et Production) ou encore sur les liens hiérarchiques.
Nous avons décrit les organisations mises en place dans les entreprises
innovantes. En pratique, l’animation de ces organisations pose un certain nombre de
problèmes.
168 L’ingénierie de l’innovation
L’un des buts des outils et démarches d’aide à l’innovation est de traiter toutes
ces données grâce à une unique approche : qu’elles soient technique, sociales,
marketing, psychologiques.
Enfin, précisions que les outils et démarches sont indispensables lorsque l’on
s’engage dans l’ingénierie concourante. Passer d’une série de tâches se succédant
linéairement à un travail où certaines activités sont menées en parallèle, exige une
formalisation rigoureuse des phases. Grâce aux démarches, il devient possible de
définir la nature de l’étape future à initier ainsi que le moment exact pour le faire.
L’une des clés du succès réside dans l’utilisation d’informations à jour. Le but de
l’équipe-projet est entre autres d’apporter de la valeur à ces informations obtenues
dans l’entreprise ou dans son environnement.
Bien sûr, cette fonctionnalité reste incertaine tant la notion d’information utile
est aléatoire a priori.
L’esprit humain n’est pas toujours apte à aborder la complexité des problèmes et
des situations. Ainsi la multiplicité des liens caractérisant les variables d’une
technologie pose un problème d’appréhension. Les démarches et outils d’aide à
l’innovation, parfois intitulés approches systématiques de résolution de problèmes
complexes, visent à aider l’innovateur face à la complexité. Les matrices (dans le
cas du QFD), les arborescences (analyse fonctionnelle) et d’autres modèles facilitent
Les outils de l’innovation 171
les tâches de formalisation des problèmes et aide dans les étapes de prise de
décisions (analyses multicritères).
Par conséquent, le projet doit être aussi le lieu de travaux ne reposant pas sur des
approches logiques. Les confrontations d’idées et l’action sont source de créativité.
Comme nous l’avons vu dans le chapitre consacré aux pratiques de pilotage, les
échanges entre acteurs de l’innovation sont fondamentaux. Que ce soit pour les
Les outils de l’innovation 173
tâches de conception ou pour s’ajuster à la stratégie. De plus, il est parfois fait appel
à des experts extérieurs ou à des partenaires. La qualité de la communication est
donc un facteur de succès. Les acteurs doivent en effet partager des données
communes pour résoudre les contradictions techniques et aborder les liens entre
variables. De plus chacun doit être informé du contexte et des objectifs : stratégie,
délais, besoins à satisfaire…
7.1.10. Permettre une véritable traçabilité des premières étapes du cycle de vie du
produit
7.1.11. Conclusions
Nous nous bornerons ici à une présentation des principaux. Le lecteur intéressé
par une description détaillée se reportera à la bibliographie. Notre but est d’orienter
la recherche d’information du praticien, du chercheur et de l’étudiant. Notons que
pour comprendre le positionnement exact de ces outils et démarches dans le
processus d’innovation, il convient de se référer aux chapitres précédents.
La démarche
Etape une
Les besoins des clients sont listés grâce aux données marketing ou à une analyse
de besoins. Ces éléments sont classés selon deux modes :
– 100 points sont répartis entre les différents besoins à satisfaire,
– une note entre 1 (secondaire) et 5 (crucial) est affecté à chaque besoin.
Etape deux
Les besoins sont traduits sous forme de spécifications mesurables. Tenant
compte qu’un besoin est rempli par diverses spécifications et qu’une spécification
peut satisfaire plusieurs besoins, une matrice de corrélation est établie. Dans cette
première matrice la relation besoin/spécification est évaluée.
Taux
Taux de Concent. Matière Point de
Priorité Azote pH de mat
protéines en sel sèche fusion
grasse
Croûte
10 3 3
égale
Croûte
5 3
cireuse
Pâte
5 1 1 1
homogène
Couleur 5 1
Trous 5 3
Pâte ferme 15 9
Fondant 20 9
Goût 20 1 3 3
Hygiène 15 3
Nouv.
100 1,7 13 20 0 10,1 0 55,2
Classif
Etape trois
La même démarche qu’en étape une est reproduite plusieurs fois. On compile en
général et au minimum les matrices suivantes : entre les spécifications du produit
(ou la formulation) et celles du procédé, entre les spécifications du procédé et
l’organisation industrielle, entre le procédé et les équipements.
Etape quatre
Il est possible de mettre en évidence les corrélations positives et/ou négatives
entre deux variables en colonnes (la qualité d’une variable et son coût par exemple).
C’est le « Toit de la qualité ». Cela indique les décisions nécessitant un consensus
entre plusieurs acteurs de l’innovation.
Etape cinq
Il est intéressant d’établir les même matrices pour les concurrents. Ainsi il est
possible d’obtenir une comparaison objective des forces et faiblesses de notre futur
produit.
Les outils de l’innovation 177
7.2.2. TRIZ
TRIZ est une théorie élaborée par Genrich Altshuller issue de l’analyse de
milliers de brevets dans des champs techniques très divers. TRIZ est une théorie,
une démarche et des outils (dont des logiciels). Althshuller avance en effet que des
lois objectives gouvernent l’évolution des systèmes techniques. La prise en compte
de ces lois en cherchant à mesurer le degré d’évolution de sa propre technique (ou
de son produit) permet au concepteur d’envisager le futur possible dans son
domaine. Précisons que TRIZ intervient uniquement sur les variables techniques de
la technologie.
Un autre principe fondamental proposé à Altschuller est la référence aux huit lois
d’évolution. Le concepteur va donc positionner le système technique à faire évoluer
par rapport à : un cycle de vie (émergence-usage-fin), la dynamisation (d’une forme
rigide à flexible), la multiplication (transition d’un mono à un pluri-système), la
transition d’un niveau macro à micro, la synchronisation (réduction des problèmes
de flux), l’automatisation, le changement d’échelle (vers le haut ou vers le bas), et le
développement inégal des parties.
Démarche
Etape une
La première étape consiste en la reformulation du problème. Il s’agit traduire les
aspects critiques du problème par des formules simples. On représente ensuite les
paradoxes techniques sous forme d’un diagramme. Il est alors possible d’extraire la
principale contradiction à résoudre : elle est d’ordre physique, chimique ou
biologique (les outils actuels sont plus performants pour la première catégorie).
178 L’ingénierie de l’innovation
L’exemple suivant a été réalisé sur le cas du séchage de tranches de pommes de terre
pour la fabrication de chips (par Barry WINKLESS de l’ Université de Cork -
Irlande). Le mode de reformulation retenu est intitulé « Modèle en S ». Le problème
de variabilité des résultats de séchage pour des tranches de pomme de terre de taille
différentes est traduit sous la forme : comment obtenir un effet homogène dans un
milieu hétérogène ?
AIR CHAUD
Faible
S1 S2
rendement
Tranches
Sécheur à lit de p. de Terre
fluidisé
Le modèle en S d’Altshuller :
deux ensembles reliés par un effet
Effet négatif
Effet utile
Etape deux
Dans un second temps le concepteur recherche le concept technique permettant
de résoudre la contradiction. Ainsi après avoir transformé son problème particulier
en un problème générique, il va élaborer une solution générique. Pour cela il se
réfère aux 40 principes, aux 72 standards ou aux 8 lois. Cette tâche est souvent
menée à l’aide de base de données. Il est souvent nécessaire à ce stade de faire une
itération (retour à l’étape une) afin de détailler la description du problème.
Etape trois
Finalement le concepteur va mener une étude technique pour appliquer la
solution générique, l’adapter à son contexte particulier. Il va entre autres étudier
l’impact de ce concept sur les autres éléments de son problème.
Dans l’exemple des chips, on étudiera les phases de nettoyage des cellules ainsi
que l’impact des parois des cellules sur les phases de vidange des chips.
Principes
L’analyse fonctionnelle considère tout produit comme une somme de services
(ou fonctions) davantage que comme l’addition d’éléments physiques ou chimiques
au sein d’un système. Le produit est alors décrit par ses relations avec son
environnement. L’analyse fonctionnelle repose sur une vision systémique.
d’une certaine valeur. Simple, n’est-ce pas ? Mais cette démarche entraîne souvent
un changement de raisonnement drastique : généralement on engage la conception
technique puis on réalise une étude de faisabilité financière des solutions.
Démarche
Etape une
La première étape consiste à rechercher de l’information sur le produit, les
technologies correspondantes, le marché et tous éléments concernant le cycle de vie
(de la création jusqu’à la destruction finale). Notons ici que toutes ces phases du
cycle de vie seront analysées pendant l’analyse fonctionnelle. L’obstacle majeur de
cette étape résidera dans la parfaite définition des frontières du système à concevoir.
Exemple : comment enrober de manière homogène des amandes de formes très
variées ? Le système considéré peut être défini comme la couche d’enrobage d’une
confiserie.
Etape deux
L’équipe va ensuite élaborer une décomposition fonctionnelle du futur produit en
listant les relations de celui-ci avec son environnement. Le diagramme de la
« pieuvre » est un outil utile pour tendre vers l’exhaustivité de la liste des fonctions
du produit. Chaque fonction est rédigée sous forme de finalité grâce à un verbe suivi
de plusieurs compléments. On retient in fine, un ensemble de fonctions d’usage
(utiles pour l’utilisateur), de fonctions techniques (indispensable pour fabriquer,
distribuer et faire fonctionner le produit) et des fonctions d’estime (l’image du
produit).
Etape trois
Les fonctions sont ensuite classées selon leur importance au sein d’un
diagramme en forme d’arborescence (le FAST). Cette figure représente les priorités
stratégiques du projet.
Les outils de l’innovation 181
Etape quatre
Chaque fonction est ensuite caractérisée par les éléments suivants :
– des indicateurs : ils indiquent l’adéquation entre la fonction et les besoins à
satisfaire,
– des unités : chaque indicateur est associé à une ou plusieurs unités de mesures,
– des niveaux d’acceptabilité : ce sont les objectifs que le concepteur se fixe
pour chaque indicateur,
– la flexibilité : c’est le degré de liberté que s’accorde le concepteur pour chaque
niveau d’acceptabilité.
Niveau
Indicateur Unité de mesure Flexibilité
acceptable
F1 Température de fusion Degré C 25 Faible
F2 Tests organoleptiques Pourcent 94 Nulle
F3 Divergence Nombre Zéro Nulle
F4 Temps d’ensachage Seconde 1.5 Faible
F5 Emballage Prix en euro xF Moyenne
F6 Déchets Pourcent 1 Moyenne
F7 Taille (statistique) Mm 1+- 0,1 Nulle
Etape cinq
Les fonctions ainsi définies sont hiérarchisées (en les répartissant en
pourcentage) selon leur impact sur le succès possible sur le marché. Il est alors
possible selon la logique CCO de préciser le coût exact de chaque fonction en
répartissant le coût total entre les fonctions au prorata du pourcentage d’importance.
Un Pareto est souvent établi pour visualiser cette répartition financière.
Etape six
La dernière tâche consiste à lister tous les principes scientifiques ou les concepts
techniques permettant de « matérialiser » chaque fonction. Il est recommandé de
multiplier les variantes envisagées. On retient finalement le concept répondant au
mieux au tableau de spécification de l’étape quatre et aux contraintes de coût.
182 L’ingénierie de l’innovation
Notre exemple : les principes techniques pour enrober des amandes sont :
mélanger les uns après les autres les matières à enrober avec les amandes dans une
machine circulaire en rotation, couvrir les amandes de poudre puis chauffer, tremper
les amandes dans un liquide puis les sécher, projeter un liquide sur les amandes puis
sécher. A priori, le premier principe correspond au mieux à la table des
spécifications.
La figure 7.6 décrit les spectres d’utilisation des outils d’aide à l’innovation.
Formulation/conception
Communication interne
du champ d’application
Description des besoins
Autres développement
Conception du prcédé
Process modification
management valeur
et des séquipements
Screening des idées
Génération d’idées
benchmarking
(eg logistique)
du produit
Ana Fonction
Ana de la valeur
CCO
QFD
TRIZ
AMDEC
DFMA
Prospective
Créativité
Ana de besoin
Cette figure facilite le choix d’un outil afin de développer la démarche la plus
adaptée. Insistons : la clé d’entrée du tableau est représentée par les outils. Sont pris
en compte : les objectifs du concepteur, les personnes et compétences à disposition,
l’expérience des acteurs vis-à-vis de l’outil et le contexte extérieur. Bien évidement
ce guide pourrait être enrichi par d’autres critères de sélection (type de technologie
abordée, taille du projet) mais nous optons pour une formule pragmatique.
Rappelons que ces outils et démarches sont des supports dont le principal intérêt
est de développer de nouvelles représentations de l’objet de multiplier les modes de
raisonnement. Ils doivent être soutenus par les compétences techniques, logistiques,
marketing, financières… des individus.
7.4. Bibliographie
Bien sûr pour innover il faudra toujours gérer des projets et les tâches principales
consisteront à concevoir un produit, un procédé ou un service. De plus, la définition
de la stratégie restera une phase décisive.
ingénierie Q, R
concourante 109, 170
QFD 105, 106, 127, 160, 168, 170, 173-
simultanée 19, 25, 32, 160
176, 182, 183
qualité 21, 32, 41, 42, 50, 51, 61, 64, 65,
K, L, M 68, 71, 73, 103, 106-108, 111, 117,
knowledge management 152 121, 124, 127, 128, 130, 133, 136, 141,
loi d’évolution 13, 55 144, 149, 154, 164, 168, 171, 173, 176
management réorganisation 129
des connaissances 11, 151, 152 réseaux 56, 101, 136, 142-146
des ressources technologiques 92 ressources
marketing 23, 31, 69, 74, 101-104, 107, financières 69, 116
112, 117, 124, 127, 130, 133, 147, 149, humaines 45, 51, 116, 123, 155
155, 169, 175, 183 technologiques 50
méthodologie 154
métier 13, 23, 28, 51, 52, 57, 66, 79, 85, S, T
136 sauvegarde 113, 124
sous-traitance 23, 26, 82, 125, 142
N, O, P systémique 37, 39, 43, 44, 179
norme 82, 107, 110, 179 transfert de technologie 52
opportunités 38, 73, 111, 113, 117, 121, Triz 56, 77, 105, 151
129, 138, 140, 141, 159, 164, 185
V
partenariat 38, 61, 80, 82, 92, 111-113,
116, 118, 142, 144-146 valeur 11, 24, 28, 31, 51, 59, 61, 62, 63,
portefeuille de projets 90, 93, 100, 115, 65, 73, 74, 77, 86, 93, 106, 113, 115,
116, 118 117, 131, 134, 141, 146, 148, 150, 170,
Porter 146 173, 180, 182, 183
processus cognitif 35, 75, 84 veille technologique 11, 21, 28, 67, 68,
propriété industrielle 112, 113, 135, 146 94, 96, 101, 109, 115, 137, 138, 139,
prospective 57, 86, 93, 141, 142 140, 145, 148, 158